1 1932, Esprit, articles (1932–1962). À l’index (Première liste) : Candide (octobre 1932)
1 numéro « exceptionnel » du 8 septembre de Candide nous apporte, pour l’anniversaire de la Marne, la mesure de ce qu’on pourr
2 ppeler la politique des « laquais de forges ». On nous entendra. Six grandes pages de dessins inspirés à M. Hermann-Paul par
3 ) la plus brûlante : Américains et Allemands chez nous . Laissons les Américains. Ils réussissent mal à nos satiristes. M. He
4 s. Laissons les Américains. Ils réussissent mal à nos satiristes. M. Hermann-Paul en les peignant « chez nous » — d’après s
5 atiristes. M. Hermann-Paul en les peignant « chez nous  » — d’après ses souvenirs d’avant-crise sans doute — ne parvient pas
6 ète qu’on se sent pris de malaise. Voyons, sommes- nous encore en 1916 ? s’agit-il encore de revanche ? S’agit-il encore de «
7 u bout et à tout prix ? Au niveau de jugement où nous place M. Hermann, tout Allemand a le crâne rasé, s’appelle Fritz, a v
8 sait pas la géographie. Il faut tout de même que nos camarades de la jeunesse allemande, qui s’en inquiètent à juste titre
9 qui s’en inquiètent à juste titre, sachent ce que nous pensons des manifestations récentes de l’état d’esprit candidard : le
10 ce bourgeois au faciès atroce que M. Abel Faivre nous montre, chaque semaine, non sans sadisme, dans l’exercice de cette av
2 1932, Esprit, articles (1932–1962). On oubliera les juges (novembre 1932)
11 ensée débrayée, une action anarchique, voilà bien notre monde. Mais une pensée qui n’agit pas n’est plus de la pensée ; une a
12 de vue central et seul efficacement critique que nous devons envisager les perspectives de la vie publique et privée, dans
13 e une description méthodique des circonstances de notre vie concrète, à seule fin d’en démontrer l’absurdité latente et souve
14 Ce serait faire la part trop belle au monde, que nous refusons. Mais il peut être utile d’en dégager ce que l’on appellerai
15 cet angle que l’affaire Jacques Martin prend pour nous une signification précise, et que nous en parlons à cette place. Andr
16 prend pour nous une signification précise, et que nous en parlons à cette place. André Bridoux, dans les remarques à mon sen
17 n était faite déjà ! Elle ne l’est guère que dans nos cœurs, — et toujours à recommencer. Ce que l’instant commande, dans l
18 lus urgente, « l’observation révolutionnaire » de nos comportements ? ⁂ Une conviction intime et péremptoire s’élabore et s
19 ologues de la Troisième République, a gardé parmi nous quelque prestige. Un je ne sais quoi de rassurant et d’avouable, qui
20 apport de trahison entre les idéaux pour lesquels nous nous ferions tuer, et les buts de ceux qui nous feraient volontiers t
21 t de trahison entre les idéaux pour lesquels nous nous ferions tuer, et les buts de ceux qui nous feraient volontiers tuer.
22 s nous nous ferions tuer, et les buts de ceux qui nous feraient volontiers tuer. Jean-Richard Bloch l’a dit à la barre des t
23 n chrétienne et la religion de l’Écho de Paris. «  Nous avons proposé un maître à ce jeune homme, dit le pasteur Cooreman. C’
24 nons garde que la fameuse « cause de la paix » ne nous détourne de l’action nécessaire, qui ne saurait longtemps demeurer pa
3 1933, Esprit, articles (1932–1962). Comment rompre ? (mars 1933)
25 e, de l’Église, le désordre se trouve « établi ». Notre jeunesse s’éveille au milieu des statuts de cette confusion. C’est co
26 mal, et la douleur tient réveillé. On a essayé de nous faire croire que cet « ordre » social qui nous blessait, c’était un a
27 de nous faire croire que cet « ordre » social qui nous blessait, c’était un aspect nécessaire de l’« ordre chrétien » du mon
28 pect nécessaire de l’« ordre chrétien » du monde. Nous ne l’avons pas cru longtemps, — le temps de nous souvenir de la guerr
29 Nous ne l’avons pas cru longtemps, — le temps de nous souvenir de la guerre. Aujourd’hui, des imprécations montent de toute
30 e et sa nouveauté menaçante. ⁂ Que la passion qui nous arrache ce cri, nous rende aussi lucides et efficaces ! Nous voulons
31 açante. ⁂ Que la passion qui nous arrache ce cri, nous rende aussi lucides et efficaces ! Nous voulons rompre, et nous savon
32 e ce cri, nous rende aussi lucides et efficaces ! Nous voulons rompre, et nous savons qu’il y faudra de la violence. Mais où
33 si lucides et efficaces ! Nous voulons rompre, et nous savons qu’il y faudra de la violence. Mais où porter le coup ? qui dé
34 préfecture de police. Qu’on n’attende donc pas de nous un appel aux églises en tant que corps constitués et officiels1. Non,
35 sent ses canons. Bien moins encore que tout cela, nous attendons de nos églises qu’elles énoncent une doctrine sociale nouve
36 ien moins encore que tout cela, nous attendons de nos églises qu’elles énoncent une doctrine sociale nouvelle opposée aux d
37 sociale nouvelle opposée aux doctrines régnantes. Nous n’attendons rien d’aucun acte délibéré, pesé et calculé, tendant à dé
38 sme. ⁂ Le christianisme n’est pas une puissance à notre disposition, puissance que les hommes auraient eu le tort, simplement
39 aient été introduites dans le monde par Dieu, que nous aurions mal dirigées, compromises par maladresse, et que nous pourrio
40 mal dirigées, compromises par maladresse, et que nous pourrions, par exemple, dégager de leurs complicités avec les « force
41 ge à l’Amérique moderne, la grande Imposture dont nous avons à dénoncer l’origine permanente et les manifestations actuelles
42 permanente et les manifestations actuelles. ⁂ Ne nous excusons pas d’avoir recours ici à des formules théologiques, puisque
43 désordre, et plus encore dans son établissement, nous trouvons ce désir trop humain de parler des choses de la foi dans le
44 s le langage du bonheur terrestre. La rupture que nous voulons n’aura de conséquences politiques que si nous posons le probl
45 voulons n’aura de conséquences politiques que si nous posons le problème sur son plan réel. Or, le lieu de sa décision n’es
46 iscours chaleureux du Père de la Brière4 voudrait nous enflammer contre une espèce de bolchévisme qu’il décrit ainsi : « Dan
47 ère lance un vibrant appel aux écrivains : qu’ils nous écrivent des romans contre le bolchévisme, et l’on donnera 50 000 fr.
48 ent de l’esprit à ce dérèglement8 ». Et pourtant, nous n’avons jamais à dresser notre christianisme contre le monde, comme u
49 nt8 ». Et pourtant, nous n’avons jamais à dresser notre christianisme contre le monde, comme une force positive contre une fo
50 e, étant la rupture de toute durée. Mais dès lors nous savons le véritable nom de la rupture, son lieu, son mode et son enje
51 cette seule Rupture effective surpasse absolument nos forces, en même temps qu’elle en exige tout : c’est la conversion.
52 ésespoir, trad. Gateau (Gallimard), p. 178. C’est nous qui soulignons. 8. Ibid., p. 170. d. Rougemont Denis de, « Commen
4 1933, Esprit, articles (1932–1962). Protestants (mars 1933)
53 nder, de révolutionner ses formes. C’est pourquoi nous voyons aujourd’hui à l’avant-garde du mouvement révolutionnaire, dans
54 our l’acuité qu’elles ont, depuis la guerre, chez nos voisins. Du Front noir national-socialiste (Otto Strasser) jusqu’au N
55 les tentatives de rupture proprement théologiques nous paraissent encore plus significatives et plus riches de possibilité.
56 a doctrine pourrait éclairer et aérer beaucoup de nos polémiques byzantines autour du marxisme. Il le rejette en définitive
57 nt de premier ordre sur la « rupture » à laquelle nous travaillons tous ici. 9. Son autobiographie a été traduite en franç
5 1933, Esprit, articles (1932–1962). Loisir ou temps vide ? (juillet 1933)
58 oisirs est née la présente corruption du travail. Notre siècle ne connaît plus ni le travail ni le loisir depuis qu’il a coup
59 loisir depuis qu’il a coupé leurs liens vivants. Nous le voyons lourdement se débattre dans une amère contradiction : labeu
60 d’esclaves, consternante misère : une misère qui nous rabat au sol. L’homme dit « j’agis », et il trouve dans l’acte sa me
61 ice, d’isolement et d’impuissance. La division de nos journées en 8 heures de travail et 8 heures de loisir est une dérisio
62 l d’un conflit absurde entre deux opérations dont nous avons perdu le contrôle, pour les avoir follement décrétées autonomes
63 sommation. Cette division n’est pas humaine. Elle nous asservit. Je veux dire que nous en pâtissons dans une mesure qui n’es
64 pas humaine. Elle nous asservit. Je veux dire que nous en pâtissons dans une mesure qui n’est pas celle de la condamnation p
65 qui n’est pas celle de la condamnation portée sur notre race. On peut dire que nous en remettons. Fausse dignité du travai
66 damnation portée sur notre race. On peut dire que nous en remettons. Fausse dignité du travail Les nécessités anonymes
67 mes naissent et grandissent à la mesure exacte de nos démissions personnelles : genèse des mythiques lois de l’économie, de
68 oisième République, de l’Amérique et des Soviets. Nous croyons ici que la dignité de l’homme consiste à mettre en jeu sa vie
69 e, à la risquer jusqu’à la perdre si la mesure de notre acte nous dépasse. « Primauté du spirituel » n’a pas d’autre sens pou
70 quer jusqu’à la perdre si la mesure de notre acte nous dépasse. « Primauté du spirituel » n’a pas d’autre sens pour nous. Bo
71 Primauté du spirituel » n’a pas d’autre sens pour nous . Bourgeois et marxistes partent de la nécessité du gain, — gagner sa
72 partent de la nécessité du gain, — gagner sa vie. Nous partons de la liberté du risque, — perdre sa vie. Cette opposition es
73 llement radicale, tellement fondamentale, qu’elle nous interdit de prendre au tragique l’opposition toute relative du commun
74 ier ce qu’il répugne à considérer comme sa peine. Nous assistons au triple échec du cynisme grossier — « Je gagne mon biftec
75 ’un libéral voudra bien reconnaître insuffisante, nous a valu le siècle d’égarement que nous tentons maintenant de solder. U
76 suffisante, nous a valu le siècle d’égarement que nous tentons maintenant de solder. Un siècle de machinisme, ou plutôt d’in
77 té humaine d’utiliser les effets du travail. Mais nous savons le vrai nom du « temps vuide » et c’est chômage. Tout le mal e
78 , car les choses sont toujours plus complexes que nos sommations, tout le mal moderne est symbolisé par cette disjonction d
79 dire du travail forcé. (La logique du langage ici nous guide sûrement.) Qu’une classe possédante en vienne par fatigue à déc
80 surer ce loisir. C’est créer un monde impensable, le nôtre . Car si le loisir est simplement le contraire du travail, et son but 
81 La tâche restauratrice de l’esprit, dévolue à notre génération, apparaît maintenant évidente : remontant à la racine du m
82 intenant évidente : remontant à la racine du mal, nous réduirons d’abord l’erreur cartésianiste11, la séparation de la « pen
83 a séparation de la « pensée » et de l’« action ». Nous réapprendrons à penser en hommes responsables, à penser dans le risqu
84 r dans le risque total de l’être, qui est l’acte. Nous penserons avec des mains créatrices. Nous dirons : le but du travail,
85 l’acte. Nous penserons avec des mains créatrices. Nous dirons : le but du travail, ce n’est pas le loisir, mais la création.
86 ir, ce n’est pas la jouissance, mais la création. Nous n’avons pas le goût du vide. Par cet acte, travail et loisir retrouve
87 ffit. J’aurais pu faire l’économie du reste. Mais nous vivons dans une époque impatiente : il faut tout expliquer. J’indique
88 1° que si l’erreur initiale fut bien spirituelle, notre tâche constructive est d’abord d’ordre spirituel. Qui dit précédence
6 1934, Esprit, articles (1932–1962). Préface à une littérature (octobre 1934)
89 34)g D’un présent confus et mauvais, qu’allons- nous tirer, mes amis, sinon la négation d’un mal, et ce n’est pas encore l
90 l, et ce n’est pas encore le bien sauveur ! Voici notre erreur perpétuelle : nous peignons notre état un peu plus noir qu’il
91 e bien sauveur ! Voici notre erreur perpétuelle : nous peignons notre état un peu plus noir qu’il n’est, afin d’éclairer par
92  ! Voici notre erreur perpétuelle : nous peignons notre état un peu plus noir qu’il n’est, afin d’éclairer par contraste un a
93 avenir qui devra son éclat moins à lui-même qu’à nos ombres, et moins à sa jeunesse incomparable qu’au souvenir récent de
94 sa jeunesse incomparable qu’au souvenir récent de nos décrépitudes. Si la préface à l’avenir n’était qu’anathème au présent
95 ’avenir n’était qu’anathème au présent, où serait notre création ? Et si l’ordre que nous voulons n’était rien d’autre que la
96 ent, où serait notre création ? Et si l’ordre que nous voulons n’était rien d’autre que la subversion du désordre où nous so
97 ait rien d’autre que la subversion du désordre où nous sommes nés, d’où viendrait donc l’ordre vivant ? On ne crée pas la vi
98 ourner ailleurs. Il faudra remonter à ce qui juge nos faiblesses, non point pour les confondre éloquemment et périr ensuite
99 te avec elles, mais pour restaurer le pouvoir qui nous désigne en même temps les méfaits du désordre établi et le principe v
100 t le principe vivant du nouvel ordre. Ce pouvoir, nous le connaissons, dans la mesure où nous sommes humains. Mais cette mes
101 e pouvoir, nous le connaissons, dans la mesure où nous sommes humains. Mais cette mesure est peut-être assez faible. Et c’es
102 ure est peut-être assez faible. Et c’est pourquoi nous avons tant de peine à définir et nommer clairement les maux dont nous
103 eine à définir et nommer clairement les maux dont nous souffrons, et le bien qui nous les révèle. En vérité, nous connaisson
104 ment les maux dont nous souffrons, et le bien qui nous les révèle. En vérité, nous connaissons bien mieux ce qui nous blesse
105 frons, et le bien qui nous les révèle. En vérité, nous connaissons bien mieux ce qui nous blesse que la nature des réalités
106 le. En vérité, nous connaissons bien mieux ce qui nous blesse que la nature des réalités que nous sentons, en nous, obscurém
107 ce qui nous blesse que la nature des réalités que nous sentons, en nous, obscurément blessées. Notre conscience à moitié end
108 e que la nature des réalités que nous sentons, en nous , obscurément blessées. Notre conscience à moitié endormie ne se révei
109 que nous sentons, en nous, obscurément blessées. Notre conscience à moitié endormie ne se réveille plus que sous les coups.
110 dormie ne se réveille plus que sous les coups. Il nous faut apprendre le bien par la considération du désordre. Mais cet exa
111 force de le parcourir toujours plus rageusement ? Nous avons vu plusieurs générations mener cette course épuisante, et s’aba
112 magazines de gauche, pâture des bourgeois snobs. Nous avons vu ce spectacle indécent : le cadavre a mangé ses mouches. Cert
113 ssique… Ils n’étaient que le non d’un non. Dirons- nous non à notre tour ? Que ce soit le non décisif de ceux qui savent ce q
114 n’étaient que le non d’un non. Dirons-nous non à notre tour ? Que ce soit le non décisif de ceux qui savent ce qu’ils affirm
115 t dire oui, à l’homme total, à l’homme renouvelé. Nous ne clamons pas la fin de la littérature des autres au nom d’une litté
116 littérature des autres au nom d’une littérature à nous . Nous constatons la fin d’un art au nom de ce qui juge l’art, — et le
117 ature des autres au nom d’une littérature à nous. Nous constatons la fin d’un art au nom de ce qui juge l’art, — et le recré
118 art au nom de ce qui juge l’art, — et le recrée. Nos griefs ne sont pas littéraires ; ils sont, ils veulent être humains.
119 e. « Littérature », opium des peuples incroyants. Notre troisième espèce est plus rare, et vaut un peu mieux, si l’on estime
120 bourgeoise les ignore avec une rigueur obstinée. Nous pourrions simplifier encore et dire : il y a d’une part les moraliste
121 se persuadent de l’importance de leurs caprices, nous persuadent bien davantage de la gratuité de leurs drames. Personne ne
122 de l’ancienne bourgeoisie a perdu tout prestige à nos yeux. Et les critères « nouveaux » de l’immoralisme bourgeois trahiss
123 s. Si l’on voulait trouver un critère général qui nous permît d’évaluer les œuvres et leur influence sur les hommes, je croi
124 acte indépendant des mécanismes de la société. Il nous faut faire un pas de plus. Il nous faut dire enfin que c’est l’homme
125 la société. Il nous faut faire un pas de plus. Il nous faut dire enfin que c’est l’homme en tant qu’homme — et pas seulement
126 le non-bourgeois — qui pâtit du désordre établi. Notre littérature déshumanise l’homme, soit qu’elle refuse de l’enseigner,
127 es masses, qu’il abandonne à d’autres influences. Nous voici parvenus au grand tournant. Les œuvres de l’esprit, dès que l’e
128 it négligées ou dont elle s’était faite complice. Nous avons vu déjà que le roman bourgeois servait à toutes fins capitalist
129 man bourgeois servait à toutes fins capitalistes. Nous risquons de voir, avant peu, cette même littérature « mise au pas » p
130 ommes, est déjà au service de ce qui les opprime. Notre individualisme travaille pour l’État. Notre littérature travaille con
131 rime. Notre individualisme travaille pour l’État. Notre littérature travaille contre l’esprit. Préface à l’imprévisible
132 nne ses œuvres à une commune mesure humaine. Mais notre siècle est justement le siècle de la décadence des lieux communs. L’O
133 chevé de disqualifier l’esprit pur, il ne reste à nos « hommes d’action » d’autres normes et d’autre mesure que l’argent, c
134 n, — hors la monnaie. Un monde sans mesure, comme le nôtre , est aussi un monde sans grandeur. Telle est notre médiocrité. La seu
135 ôtre, est aussi un monde sans grandeur. Telle est notre médiocrité. La seule mesure extérieure qui subsiste est à nos yeux la
136 té. La seule mesure extérieure qui subsiste est à nos yeux la plus dégradante qui soit. Il faut donc renoncer à chercher da
137 grandeur qui n’est plus que dans l’homme. Mais si nous trouvons ce principe, nous aurons trouvé du même coup la mesure du mo
138 dans l’homme. Mais si nous trouvons ce principe, nous aurons trouvé du même coup la mesure du monde nouveau. Cette mesure c
139 éférence universelle, ce principe de grandeur que nous proposons tous ici, c’est l’homme considéré dans sa vocation créatric
140 ère heure de l’État, première heure des hommes. » Nous dirons première heure de la personne. Ceux qui n’ont pas en eux cette
141 que pourraient-ils voir d’autre, dans le monde où nous sommes, qu’un désordre impensable, appel aux dictateurs ? Mais ceux q
142 ure connaîtront bientôt l’ordre et la culture que nous voulons. Nous rejoignons ici le propos de ces pages. La littérature n
143 t bientôt l’ordre et la culture que nous voulons. Nous rejoignons ici le propos de ces pages. La littérature nouvelle sera l
144 ance inconditionnée à mon unique raison d’être14. Nous sommes ici très loin de la notion bourgeoise de liberté, qui est abse
145 spirituels d’une littérature rénovée, qu’aurions- nous la témérité et la naïveté de prévoir ? On ne prévoit pas un chef-d’œu
146 née, son attitude créatrice. Je dirai donc ce que notre désir invoque. Je vois un grand dessin véhément et humble de Rembrand
147 ersonnel ; initiation à la vision constituante de notre vie, celle qui unit dans un même regard les apparences actuelles et l
148 is le comique jaillir à la moindre comparaison de nos coutumes et de nos idéaux. Il nous faut une équipe d’écrivains qui en
149 ir à la moindre comparaison de nos coutumes et de nos idéaux. Il nous faut une équipe d’écrivains qui entreprennent de conf
150 comparaison de nos coutumes et de nos idéaux. Il nous faut une équipe d’écrivains qui entreprennent de confronter la vie pr
151 d’être profonde. C’est un amer divertissement que nous offre la vie quotidienne des citadins : ils ont en tête trente-six mo
152 La littérature romanesque décrit depuis cent ans nos mœurs et nos malheurs avec une croissante application à la stupidité,
153 re romanesque décrit depuis cent ans nos mœurs et nos malheurs avec une croissante application à la stupidité, j’entends à
154 ds à l’absence de jugement. S’il est un genre que nos critiques sont unanimes à condamner sans nul recours, c’est celui du
155 à lui seul un refus aussi opportun de la part de nos romanciers. La vérité, c’est que la bourgeoisie n’ose plus défendre s
156 vrais buts, et préfère parler d’autre chose. Tous nos romans ne sont que diversions, idéalistes ou immoralistes, s’ils ne s
157 èses », à développer des lieux communs puissants. Nous voyons la Russie contemporaine restaurer le pouvoir de la littérature
158 s, parce qu’elle restaure une conscience commune. Nous voyons aussi le bourgeois s’émerveiller de ce rajeunissement. Craigno
159 Craignons que le fascisme ne tire bénéfice, avant nous , d’une faim trop facile à tromper. Il est bon, il est nécessaire que
160 fins. Il y faut bien autant de talent qu’en exige notre littérature, et quelques vertus d’homme et de « penseur » en plus. J’
161 s vertus qui me paraissent fort peu de mode parmi nos scribes assis ou accroupis. Le respect de la culture, tout d’abord. N
162 ccroupis. Le respect de la culture, tout d’abord. Nos romanciers sont très mal cultivés. Ils influencent leurs lecteurs au
163 encore à ne rien penser qui n’engage en puissance notre être tout entier, corps et âme sans distinction. Apprenons à penser c
7 1934, Esprit, articles (1932–1962). Sur une nouvelle de Jean Giono (novembre 1934)
164 ur Gorki, comment avez-vous fait pour savoir ?… » Nous voici à l’endroit de cette confession que je voulais vous citer non s
165 ature, qu’on a pu lire ici le mois dernier. Ah ! nous sommes loin — (avec ces auteurs-là) — de ceux qui écrivent merde cent
166 n, qui arrive avec son violon. Dresse-toi, viens, nous partons dans le vaste monde. À ceux-là, je dois la nourriture de ma m
167 femme. Mais la plupart des autres, la plupart de nos contemporains, est-ce qu’ils ne disent pas plutôt. « Fichez-moi la pa
168 . Le conducteur est seul. Il me prend volontiers. Nous causons. C’est un commerçant de Lyon, la cinquantaine, assez bavard.
169 aieté de la vie de garçon, reprise par nécessité… Nous arrivons sur la place de mon village. « Je vous dépose ici ? Où voule
8 1934, Esprit, articles (1932–1962). Définition de la personne (décembre 1934)
170 cret Il ne faut pas estimer que les objets que nous touchons de nos mains et voyons de nos yeux soient du tout plus concr
171 t pas estimer que les objets que nous touchons de nos mains et voyons de nos yeux soient du tout plus concrets que l’acte q
172 bjets que nous touchons de nos mains et voyons de nos yeux soient du tout plus concrets que l’acte qui consiste à les touch
173 de s’exercer, et la saisit. Par ces deux phrases, nous n’avons pas encore défini le concret comme tel, mais nous avons plutô
174 vons pas encore défini le concret comme tel, mais nous avons plutôt donné deux équations dont le concret constitue l’inconnu
175 très mal à cette limitation de leur pouvoir : il nous faut pourtant bien admettre que le concret est justement ce qui trans
176 re que le concret est justement ce qui transcende nos définitions. Elles sont jugées par lui, et non point lui par elles. E
177 on, et non l’inverse. En d’autres termes, lorsque nous parlons du concret, nous supposons le problème résolu. Seule, une val
178 d’autres termes, lorsque nous parlons du concret, nous supposons le problème résolu. Seule, une valeur déterminée de l’incon
179 de l’inconnue donne une réalité aux relations que nous venons de proposer, transforme l’équation sujet en vrai sujet, et l’é
180 criptive est exacte dans la mesure où elle décrit notre dégradation. L’erreur est simplement de nommer homme cette dégradatio
181 ette science mesure assez exactement l’ampleur de notre défection au monde et à nous-mêmes. Dans l’homme entièrement humain,
182 t manifeste que l’acte est le perpétuel auteur de notre humanité, nous ne pouvons connaître cette humanité, sinon dans la mes
183 l’acte est le perpétuel auteur de notre humanité, nous ne pouvons connaître cette humanité, sinon dans la mesure où nous som
184 connaître cette humanité, sinon dans la mesure où nous sommes agissants. L’acte seul témoigne de l’acte, et joue en nous le
185 sants. L’acte seul témoigne de l’acte, et joue en nous le rôle de l’homme. C’est lui qui rend l’homme visible à l’homme, et
186 C’est lui qui rend l’homme visible à l’homme, et nous sculpte un visage lisible. Sur la scène du monde, où nous avons été p
187 lpte un visage lisible. Sur la scène du monde, où nous avons été placés, dans ce drame qu’il nous faut jouer sans le connaît
188 de, où nous avons été placés, dans ce drame qu’il nous faut jouer sans le connaître, c’est-à-dire qu’il nous faut inventer,
189 faut jouer sans le connaître, c’est-à-dire qu’il nous faut inventer, il y a des figurants qui n’ont pas de visage ; mais ce
190 mage, autorisée par l’étymologie du mot personne, nous pouvons voir d’abord que de l’individu à la personne, la différence e
191 t loi, de celui qui regarde à celui qui s’engage. Nous pouvons voir ensuite un premier caractère de la personne immédiatemen
192 n des lieux où l’action générale avait dessein de nous placer. Ainsi donc, encore que ce drame puisse être qualifié de jeu,
193 la vie. C’est pourquoi le drame est sérieux ; et notre vie n’est pas une farce, pour la simple raison qu’elle est unique, et
194 et à ma vraie responsabilité. C’est à bon droit, nous l’avons vu, que nous pouvons attribuer un sens commun, ou plus exacte
195 sabilité. C’est à bon droit, nous l’avons vu, que nous pouvons attribuer un sens commun, ou plus exactement une réalité d’ex
196 saisis dans le temps ni dans l’espace conçus par notre entendement, si bien que les apparitions irréfutables de leurs conten
197 itions irréfutables de leurs contenus, telles que nous les constatons dans l’histoire, font figure de coups de force contre
198 ansformations qui scandent la durée, qui marquent nos mémoires, qui nient le temps, mais aussi nous permettent d’en prendre
199 uent nos mémoires, qui nient le temps, mais aussi nous permettent d’en prendre une mesure humaine. Toute présence est un écl
200 nt dans l’intemporel, parce que l’éternel vient à nous , dans notre temps, où nous sommes, tout entier. L’éternité pour nous
201 ntemporel, parce que l’éternel vient à nous, dans notre temps, où nous sommes, tout entier. L’éternité pour nous n’existe pas
202 que l’éternel vient à nous, dans notre temps, où nous sommes, tout entier. L’éternité pour nous n’existe pas en dehors de l
203 mps, où nous sommes, tout entier. L’éternité pour nous n’existe pas en dehors de l’appel qu’elle nous adresse ici et mainten
204 ur nous n’existe pas en dehors de l’appel qu’elle nous adresse ici et maintenant, et qui nous meut. Nous avons établi que la
205 el qu’elle nous adresse ici et maintenant, et qui nous meut. Nous avons établi que la présence est le fait de l’homme sujet
206 nous adresse ici et maintenant, et qui nous meut. Nous avons établi que la présence est le fait de l’homme sujet à l’instant
207 lement assujetti à l’impulsion indescriptible que nous appelons l’éternel. La personne est le témoignage d’une vocation reç
208 À la série d’« implications inexplicables » que nous venons de parcourir, il faut ajouter maintenant un dernier terme qui
209 ce sens, elle n’aurait aucune problématique. Or, nous nous connaissons complexes et impurs, pleins de problèmes, peuplés de
210 ens, elle n’aurait aucune problématique. Or, nous nous connaissons complexes et impurs, pleins de problèmes, peuplés de fant
211 mes et séparés par eux de nous-mêmes et du monde. Nous nous voyons dominés fréquemment par les objets que nous imaginons san
212 t séparés par eux de nous-mêmes et du monde. Nous nous voyons dominés fréquemment par les objets que nous imaginons sans les
213 ous voyons dominés fréquemment par les objets que nous imaginons sans les saisir, et notre « individu » n’est certes pas le
214 les objets que nous imaginons sans les saisir, et notre « individu » n’est certes pas le moindre. Dans l’espoir incertain de
215 certes pas le moindre. Dans l’espoir incertain de nous munir contre eux, notre raison cherche à trouver leurs lois. Elle les
216 Dans l’espoir incertain de nous munir contre eux, notre raison cherche à trouver leurs lois. Elle les trouve, mais ce sont al
217 les trouve, mais ce sont alors les lois mêmes de notre absence, celles du monde abandonné et qui paraît déterminé de soi, pu
218 est vu précisément comme n’étant pas assujetti à notre action. C’est pourquoi la plupart de nos gestes, loin d’être ordonnat
219 etti à notre action. C’est pourquoi la plupart de nos gestes, loin d’être ordonnateurs et créateurs, sont simplement déterm
220 itié par d’autres, d’un procès anonyme étranger à notre être, et que nous baptisons fatalité, parce que nous sommes ses impui
221 d’un procès anonyme étranger à notre être, et que nous baptisons fatalité, parce que nous sommes ses impuissants objets. No
222 e être, et que nous baptisons fatalité, parce que nous sommes ses impuissants objets. Nous sommes très peu personnels. Nous
223 é, parce que nous sommes ses impuissants objets. Nous sommes très peu personnels. Nous sommes aliénés au monde des objets.
224 issants objets. Nous sommes très peu personnels. Nous sommes aliénés au monde des objets. Nous sommes surtout les jouets hu
225 sonnels. Nous sommes aliénés au monde des objets. Nous sommes surtout les jouets humiliés de ce qui nie notre dignité d’homm
226 sommes surtout les jouets humiliés de ce qui nie notre dignité d’hommes, de ce qui nous traite en objets neutres et en objet
227 s de ce qui nie notre dignité d’hommes, de ce qui nous traite en objets neutres et en objets d’autant moins résistants qu’il
228 agination de la personne à l’état pur resterait à nos yeux une espèce d’utopie ontologique, si la Révélation n’en attestait
229 e fait extrême, le concretissimum à partir duquel nous puissions penser activement la personne, c’est-à-dire réduire la dist
230 onne, c’est-à-dire réduire la distance qui sépare notre vie de notre vocation. La foi au Christ, c’est la foi dans la personn
231 -dire réduire la distance qui sépare notre vie de notre vocation. La foi au Christ, c’est la foi dans la personne par excelle
232 te foi consiste en une action16. (Ce qui confirme nos propositions sur la nature actuelle de la personne). La foi au Christ
233 Tout ainsi que dans la Communion, Jésus-Christ nous est donné, dit Calvin, « comme substance et fondement de tout », nous
234 Calvin, « comme substance et fondement de tout », nous avons à connaître cette vérité de la personne : qu’elle est toute dan
235 personne, en vérité, ressort assez clairement de nos définitions, mais il peut être utile, pour fixer davantage les idées,
236 e la puissance de combinaison d’un atome. Mais il nous faut laisser ce modèle mécanique, puisqu’aussi bien la personne en el
237 eux négations de la personne Et maintenant, si nous savons ce que nous appelons : personne, si nous savons qu’elle est la
238 personne Et maintenant, si nous savons ce que nous appelons : personne, si nous savons qu’elle est la lumière de nos lum
239 i nous savons ce que nous appelons : personne, si nous savons qu’elle est la lumière de nos lumières, et le soleil que rien
240 ersonne, si nous savons qu’elle est la lumière de nos lumières, et le soleil que rien ne peut décrire, mais qui fait voir l
241 ut décrire, mais qui fait voir le monde et chasse nos fantômes, notre devoir n’est pas de revenir vers les ténèbres pour le
242 is qui fait voir le monde et chasse nos fantômes, notre devoir n’est pas de revenir vers les ténèbres pour les persuader qu’e
243 les persuader qu’elles ont tort d’être obscures, notre devoir est d’éclairer. À la lumière de la personne, on voit paraître
244 e équitable envers le spiritualisme : c’est qu’il nous a fait plus de mal, et que l’erreur matérialiste est bâtarde de ses e
245 que le matérialisme : il ne nie pas grossièrement notre puissance — ce serait une manière de la mieux provoquer — mais glorif
246 re l’« esprit » demeuré incapable de témoigner de notre liberté. Dans le plan d’ombre et d’abstractions, parfois violentes, o
247 éelle n’est plus permis18. Mais c’est ce plan que nous avons quitté en définissant la personne comme un acte. Hors l’acte, l
248 ère demeure abstraite ou tyrannique. Hors l’acte, notre « esprit » demeure abstrait ou impuissant. Dans l’acte, l’une et l’au
249 L’aspect corporel de l’homme est l’expression de notre solidarité avec le monde des objets ; l’aspect de l’âme est notre ori
250 avec le monde des objets ; l’aspect de l’âme est notre orientation, l’originalité essentielle de l’homme au sein du monde de
251 l’homme au sein du monde des objets, c’est-à-dire notre capacité de choisir librement nos contacts, comme aussi de n’en pas c
252 c’est-à-dire notre capacité de choisir librement nos contacts, comme aussi de n’en pas choisir. (Et c’est dans ce débat qu
253 te illusion provient d’une pensée qui se refuse à nos limites, faute parfois de les avoir assez sérieusement éprouvées, fau
254 d’une foi qui rendrait vain le plus consolant de nos rêves. C’est une tentative impie pour substituer la conscience à la v
255 , c’est-à-dire pour substituer, dans l’échelle de nos valeurs, notre capacité de liberté à l’exercice concret de cette libe
256 e pour substituer, dans l’échelle de nos valeurs, notre capacité de liberté à l’exercice concret de cette liberté. C’est une
257 glorifie dans l’abstrait. Qu’est-ce alors, parmi nous hommes de chair, que l’esprit ? Cet esprit qui souffle où il veut, et
258 l’esprit ? Cet esprit qui souffle où il veut, et nous mourons où nous pouvons, cet esprit qui dansait sur les eaux primitiv
259 esprit qui souffle où il veut, et nous mourons où nous pouvons, cet esprit qui dansait sur les eaux primitives, et les lois
260 t comprendre n’est rien qu’envisager les modes de notre esclavage. — Jusqu’à cet acte, que soudain j’ai fait ! Car je l’ai fa
261 révélé dans un corps d’homme que l’esprit, parmi nous , n’est rien — hors la démonstration charnelle et déchiffrable d’une a
262 n’est pas vaine. Dans la très confuse partie que nous menons, ignorants de la règle, distinguons cet enjeu admirable ! 1
263 ura vu tout au contraire que l’esse n’existe pour nous que in actu), mais bien dans le sens d’une norme éthique, que le péch
264 18. Politique : l’État est l’expression fatale de notre double erreur matérialiste-spiritualiste. Je me refuse à voir en lui
9 1934, Esprit, articles (1932–1962). André Breton, Point du jour (décembre 1934)
265 nne peut-être pour l’historien de la littérature. Nous n’avons pas le cœur à ces injures. Le surréalisme garde une valeur de
266 gories du désespoir analysées par Kierkegaard, si nous étions assez détachés d’eux pour ne plus sentir le tragique que ce fa
267 (Introduction aux contes d’Arnim). Mais pourquoi nous glisser ce vieux problème avec des airs de conspirateur traqué ? Alor
10 1935, Esprit, articles (1932–1962). André Rouveyre, Singulier (janvier 1935)
268 se morale soutenue. L’aîné, c’est ce Rouveyre que nous ont révélé des dessins cruellement dépouillés et des essais à coup de
269 reprend de conduire à la maîtrise de soi-même, il nous en donne un portrait minutieux, tendre cette fois, d’un trait classiq
270 plus « spirituel » ? On ne sait si l’auteur veut nous pousser vers cette conclusion. Peut-être n’est-ce ici qu’un cri d’app
271 t mesuré, la phrase ici, vraiment, réfléchit sous nos yeux. Ce n’est pas du récit. C’est une espèce de taraudage21. De temp
11 1935, Esprit, articles (1932–1962). Roger Breuil, Les Uns les Autres (avril 1935)
272 encore imposée par l’objet du livre. Roger Breuil nous révèle une espèce de Français dont il est, sauf erreur, le premier à
273 s près à l’existence de ses personnages : et le «  nous  » qui apparaît parfois dans certains chapitres lyriques — le « je » d
274 vraiment du nouveau dans cette œuvre, et c’est à nous plus qu’à quiconque qu’il appartient de le reconnaître. Un tel livre
12 1935, Esprit, articles (1932–1962). Kasimir Edschmid, Destin allemand (mai 1935)
275 Kasimir Edschmid, Destin allemand (mai 1935)p Nous ne cesserons de protester ici contre la négligence et la frivolité dé
276 issance dont on cherche en vain l’équivalent dans notre littérature d’après-guerre. Personne n’en a parlé : on s’occupait du
277 et une description étonnante de l’Amérique qu’il nous reste à découvrir : celle du Sud. Enfin, c’est un livre qui mériterai
278 de chefs-d’œuvre, de rétablir un peu l’échelle de nos jugements ? La critique se tait sur Edschmid, l’Académie refuse Claud
279 as en augmentant les dépenses de guerre. Edschmid nous conte les aventures de cinq sous-officiers de la dernière guerre que
280 a puissance militaire, le droit de parler haut. «  Nous avons perdu la guerre, Bell, et dans la situation où nous sommes, nou
281 ns perdu la guerre, Bell, et dans la situation où nous sommes, nous ne pouvons plus nous affirmer que par le sacrifice. » Sa
282 uerre, Bell, et dans la situation où nous sommes, nous ne pouvons plus nous affirmer que par le sacrifice. » Sacrifice et fi
283 la situation où nous sommes, nous ne pouvons plus nous affirmer que par le sacrifice. » Sacrifice et fidélité, voilà ce qui
284 ous les peuples de couleur ? Aux dernières pages, nous voyons Bell, le chef du groupe, agoniser dans une tranchée sous les m
285 ut. Ces jeunes Allemands qui doivent supporter de nos jours toutes les misères du monde au fond de leur exil, ceux-là devie
286 teur, qu’il est peu de problèmes plus graves pour notre avenir immédiat. Je n’ai rien dit de l’art d’Edschmid. Je ne lui vois
287 ues. Au total, Edschmid est plus fort. Attendrons- nous la prochaine guerre pour lire dans ce Destin allemand l’un des secret
288 lire dans ce Destin allemand l’un des secrets de notre destin à tous ? L’ostracisme de nos critiques est d’ailleurs d’autant
289 secrets de notre destin à tous ? L’ostracisme de nos critiques est d’ailleurs d’autant plus absurde que ce livre — écrit p
13 1935, Esprit, articles (1932–1962). Tristan Tzara, Grains et Issues (juin 1935)
290 nt l’intérêt dépasse tout ce que les surréalistes nous ont donné jusqu’ici. Il y a là une puissance de réflexion et de synth
291  l’acte de connaissance, qui est quantité, et que nous désignons sous le nom de poésie ». On peut toujours évidemment « dési
292 us une forme supérieure ». Selon Tzara, ceci doit nous mener à une société collectiviste, marxiste. Je ne comprends pas cett
293 ut que l’esprit soit un risque (p. 284 et suiv.). Nous le voulons aussi. Mais ce n’est pas là, n’est-ce pas, ce qu’on veut à
294 norent tous les partis, voilà qui rend un son que nous reconnaissons. Voilà qui appelle enfin la réalité. 22. Autres exemp
14 1935, Esprit, articles (1932–1962). « L’Esprit n’a pas son palais » (octobre 1935)
295 du même ordre dont s’est illuminé le passé. Mais nous entendons lui donner son caractère propre. Nous voulons que, dans le
296 s nous entendons lui donner son caractère propre. Nous voulons que, dans le déséquilibre qui déconcerte le monde, elle consa
297 r 1937, il y en ait un destiné à la Pensée. Qu’on nous entende bien. La pensée ne sera absente nulle part. Mais il faut un e
298 de l’esprit, qui fonde l’originalité puissante de notre culture. Peut-on imaginer un spectacle plus propre à éveiller l’imagi
299 tes, à ajouter des maillons à la chaîne sans fin. Nous le léguerons à l’avenir comme le témoin et le symbole de notre généra
300 erons à l’avenir comme le témoin et le symbole de notre génération. I. Résidence de l’Esprit dans la cité actuelle En p
301 e En publiant ce très curieux morceau lyrique, notre honorable député avait-il conscience de soulever l’un des problèmes l
302 rique, la question des relations qu’entretiennent notre cité et la nation des clercs. C’est mettre en discussion l’un des rap
303  », tremblons pour l’avenir de la nation. « Qu’on nous entende bien. La pensée ne sera absente nulle part. Mais il faut un e
304 s applications. L’accord parfait des « vues » de nos deux commissaires me remplit d’aise. Mais je goûtai surtout que le ro
305 allait éviter à tout prix de prononcer le mot que nous étions en train de chercher pour définir notre impression : ce palais
306 que nous étions en train de chercher pour définir notre impression : ce palais, ce « sanctuaire », cette « ruche active » où
307 elligence. Craignons toutefois que l’intention de nos auteurs n’ait été pure de toute espèce d’ironie. Le plus grave, sans
308 Piteuse en théorie, car les caricatures que l’on nous offre d’une réalité — ici l’esprit — sont des arguments de misère con
309 à ce qu’elle est une simplification. Celle qu’on nous présente de l’esprit comble si bien notre paresse, et peut-être certa
310 le qu’on nous présente de l’esprit comble si bien notre paresse, et peut-être certains intérêts, qu’il ne faut pas trop s’éto
311 ble et volatil, une entité qui plane au-dessus de nos vies, abandonnées, il faut l’avouer, à des soucis d’un tout autre ord
312 y « diffusera » seront aussi peu de l’esprit que nos commissaires sont de bons écrivains. IV. Le spiritualisme consacre
313 ientifique et de la raison universelle, donnera à notre Exposition son sens et sa portée. Je répugne à rendre Descartes resp
314 aire, mais la raison de fait qui l’autorisa parmi nous , il faut bien remonter à l’erreur initiale des clercs. Descartes reve
315 e » de l’esprit. Voilà l’erreur métaphysique — et nous y reviendrons plus tard tout à loisir, soit pour marquer les causes i
316 tte adoption pernicieuse. Mais pour l’affaire qui nous occupe ici, il me semble qu’il est suffisant de relever l’autorité qu
317 contre l’esprit n’a pas toujours été si fort que nous le voyons aujourd’hui, quand tout un siècle d’enseignement s’est appl
318 de l’action, qu’ont les capitaines d’industrie ? Nous essaierons plus tard31 de saisir dans l’histoire quelques raisons sec
319 s visées lointaines, observons le présent tel que nous le vivons. Demandons-nous comment la surestimation cartésienne de l’e
320 vons le présent tel que nous le vivons. Demandons- nous comment la surestimation cartésienne de l’esprit (exagérée jusqu’à l’
321 ur qui devrait, semble-t-il, les réveiller. Toute notre formation scolaire et universitaire repose sur une maxime d’autant pl
322 être tout justement la doctrine la plus propre à nous aveugler sur la réalité absurde et magnifique, enseignante et désordo
323 e esprit philosophique qu’elle conduit fatalement nos professeurs à mépriser les seuls philosophes de ce temps — Nietzsche
324 indiquer que l’amorce d’une critique générale de notre éducation. Je ne veux mettre en relief qu’un seul trait — à mon sens
325 nexistants. Ce qui revient d’une part à diviniser notre esprit ; d’autre part, à refuser pratiquement de s’intéresser au sort
326 on grossière, la simonie. Mais la protestation de nos spiritualistes distingués vise autre chose que cette banalité morale.
327 as. Et si la vérité n’existe pas, comment serions- nous donc fondés à juger, à risquer en son nom les réalités immédiates ?38
328 t donné son Palais. Mais que vient-il faire parmi nous  ? Qu’est-ce que la vérité ? demande encore Pilate. (Il lui tend encor
329 suite) b) Les réalités qui se payent. Donc, on nous dresse à ne servir à rien. Entendez : à ne rien servir. Le royaume de
330 ndez : à ne rien servir. Le royaume de l’esprit — notre Université — n’est pas de ce monde. C’est le royaume des lois « série
331 tacle de la culture européenne, depuis la guerre, nous enseigne deux grandes vérités empiriques : d’une part, les clercs nan
332 r d’ici une possibilité de repêchage du projet de nos commissaires. Voici donc mon contre-projet, sous forme de résolution.
333 problème de la culture est le problème central de notre temps, la culture étant responsable de concentrer, d’humaniser et de
334 les clercs prudents ne posent jamais, celles que nous pose le désordre établi. On imagine difficilement nos commissaires in
335 pose le désordre établi. On imagine difficilement nos commissaires inaugurant ces assises subversives, ces états généraux d
336 tant, c’est de voir hic et nunc où peut s’insérer notre action, et comment elle doit s’orienter. Je ne nie pas que les interv
337 oule. Il faut donner un sens à sa vision. Oserons- nous dire que c’est la vocation d’Esprit ? Donner un sens à la vision d’un
338 montrer à quelle fin doit tendre cette réalité, —  notre culture par exemple. C’est croire à cette fin, et prouver qu’on y cro
339 il s’agit d’une bibliothèque. » C’est pourquoi «  notre bibliothèque sera construite en dur ». — Déclaration fort équivoque.
340 N’est-ce pas pour les plus périssables choses que nous dépensons notre argent ? L’Éthique de Spinoza coûte moins cher qu’une
341 ur les plus périssables choses que nous dépensons notre argent ? L’Éthique de Spinoza coûte moins cher qu’une petite 5 chevau
342 ant l’application des résultats du raisonnement à notre action. Sur le mystère de cette opération magique, peu de lumières da
343 cision prise par une personne responsable. 34. «  Nous éprouvons une sorte de honte à poser les questions philosophiques : l
344 ophiques : la tâche du philosophe sincère est, de nos jours, suspendue par un fait, l’existence de la science. » Cet aveu e
345 prête à malentendu : le Saint-Esprit se moque de nos psychologies. 36. Histoire du peuple d’Israël, t. III, p. 497. Le
346 Science). L’évolution de Renan symbolise celle de notre culture : il part d’une conception spiritualiste dont il escompte le
347 le ruse de ces prétendants déçus consiste alors à nous faire croire que les faits obéissent à des lois sur lesquelles l’espr
348 , il a fait tout ce qu’un clerc doit faire, selon nos grands docteurs et leurs petits disciples. Mais encore : il a dit le
349  » — Malgré l’indignation que ce mot soulève chez nos clercs, il traduit bel et bien leur attitude de fait devant le monde 
15 1936, Esprit, articles (1932–1962). Francfort, 16 mars 1936 (avril 1936)
350 fort, 16 mars 1936 (avril 1936)s Un témoin de nos amis nous envoie ces notes. Nous les publions à titre documentaire. I
351 mars 1936 (avril 1936)s Un témoin de nos amis nous envoie ces notes. Nous les publions à titre documentaire. Il faut mes
352 Un témoin de nos amis nous envoie ces notes. Nous les publions à titre documentaire. Il faut mesurer tout le volume du
353 La vraie lutte commence là ». « Anti-fascistes », nous le sommes tous ici, s’il s’agit de prendre parti, en France, contre u
354 échaîné exploitant les haines les plus anormales. Nous n’irons pas loin avec ces innocentes caricatures. Il ne s’agit pas d’
16 1936, Esprit, articles (1932–1962). Vues sur C. F. Ramuz (mai 1936)
355 eut plus le distinguer des formes qu’il propose à notre vue. Il s’est transformé en domaine. Il faut le lire comme un visage.
356 la lumière qui crée les formes en même temps que notre œil. « La vérité est une pensée matérialisée, la vérité doit exister
357 rialisée, la vérité doit exister non seulement en nous , mais devant nous. Non seulement elle doit avoir un commencement et u
358 é doit exister non seulement en nous, mais devant nous . Non seulement elle doit avoir un commencement et une fin, mais des c
359 del, un Ramuz qui détiennent les simples par quoi nous guérirons du platonisme et du cartésianisme. Les clercs s’écrient : E
360  : les choses « viennent », le monde « vient » (à nous ), le ciel, le lac et les montagnes « viennent » : et on les voit veni
361 ’est d’abord une apparition, — une image venant à nous . « … on les voit sortir des bois dans le rose du lever du jour et ils
362 nt tangible, le matériel lisible et significatif. Nous sommes ici au lieu de l’incarnation des images — ou de la création im
363 nation son sens fort : c’est la natura naturans. ( Nous pourrons dire aussi, un peu plus tard, que c’est la faculté du concre
364 nt ne point penser à ce Livre de Job — dont Ramuz nous a retraduit quelques passages — où toute une théologie s’exprime enti
365 us de choses, c’est une tromperie. C’est pourquoi nos journaux contiennent tant de mensonges, surtout lorsqu’ils essaient d
366 uver la langue à cet état naissant dont la chimie nous dit qu’il est l’état de virulence extrême des corps. Les journalistes
367 ngage des hommes de ce temps, et par là même, ils nous démoralisent plus sûrement que ne le font les scandales qu’ils dénonc
368 , je nommerais Ramuz président de ce tribunal. Et nous aurions enfin un langage « châtié », comme on disait dans les salons,
369 non point sur les modèles rhétoriques que l’école nous a mis dans la tête. Presque toutes les singularités de son style s’ex
370 pliquent par cette seule intention, de concentrer notre vision sur l’objet brut, le sentiment élémentaire. Ainsi les changeme
371 n du monde (Présence de la Mort, Les Signes parmi nous ), mythe de l’or (Farinet), mythe du génie racial, mythe de la rédempt
372 ds mythologique de la race. (Si Ramuz par exemple nous parle d’une Antiquité, il faut entendre qu’il s’agit de celle du pays
373 l’incarnation du mythe. ⁂ Voyez Les Signes parmi nous . Dans la simplicité de son sujet, ce récit réalise d’une manière exem
374 e ce livre lue avec cette lenteur qu’elle impose, nous replace dans la vision grande et efficace des gestes les plus simples
375 re. Mais il ne faut pas oublier que la culture de notre temps n’est plus du tout ce qu’elle était au temps de Goethe. Plus en
376 réactionnaire de Ramuz, dans les contingences où nous sommes, soit, plus qu’il n’y paraît, conforme à l’éducation goethéenn
377 e, aux objets de vitrine, à la poésie poétique, à nos formes habituées. Il prétend qu’il lui a fallu quinze ans pour découv
378 n coule en bronze, — à cela, à nulle autre chose. Nous atteignons pour un instant à l’homme des commencements, à l’homme d’a
379 on, où on sent bien qu’on est (car rien autour de nous n’est vraiment éclos, vraiment abouti ; aucune musique n’est parfaite
380 de son apparition. Aussi bien la suite du passage nous ramène au niveau proprement ramuzien : « J’ai la haine du confort. J’
381 ence active au monde (« Toute résistance, dit-il, nous oblige à être présent »). Je vois ce grand exemple d’une volonté tend
382 et qu’on taise le reste, tout cela qui échappe à nos prises. Ainsi fait Goethe, et c’est là sa vertu. Mais notre siècle po
383 es. Ainsi fait Goethe, et c’est là sa vertu. Mais notre siècle pose d’autres questions, des questions que Ramuz ne veut pas e
384 vérité qu’il faudrait dire. Maintenant il y va de notre tout. La question dernière est posée : celle de notre destination. Le
385 e tout. La question dernière est posée : celle de notre destination. Le silence perd alors son pouvoir ; mais la parole n’app
386 ble de nous-mêmes, il s’agit d’autre chose que de nous . « Tout notre embrassement n’est qu’une question51 ». Mais une questi
387 êmes, il s’agit d’autre chose que de nous. « Tout notre embrassement n’est qu’une question51 ». Mais une question ne peut êtr
388 ue si l’on sait que la réponse existe… Il fallait nous apprendre cet embrassement, cette saisie des choses et des êtres, cet
389 omme « radical ». Ramuz l’a fait plus qu’aucun de nos maîtres. De lui donc, plus que d’aucun autre, nous attendons qu’il ai
390 nos maîtres. De lui donc, plus que d’aucun autre, nous attendons qu’il aille jusqu’au terme. Le fondement dernier de la pers
391 oncret. Mais ses racines plongent dans la vérité. Nous aussi, nous dirons qu’il faut « faire ». Nous ajoutons : tout ce que
392 ses racines plongent dans la vérité. Nous aussi, nous dirons qu’il faut « faire ». Nous ajoutons : tout ce que l’on fait se
393 té. Nous aussi, nous dirons qu’il faut « faire ». Nous ajoutons : tout ce que l’on fait se voit. L’acte le plus secret, fût-
394 laïque. Rien n’est plus facile à concevoir, dans notre état social, qu’un patriote qui, entre deux discours nationalistes, s
17 1936, Esprit, articles (1932–1962). Culture et commune mesure (novembre 1936)
395 ique, qui leur paraissent sans gravité pratique. ( Nous avons dit souvent sur quelle notion bourgeoise et libérale de l’espri
396 t actuellement plus importantes et plus dignes de nous retenir que l’élan titanique du Troisième Plan. Je comprends très bie
397 e de plus, d’essayer d’élargir cette critique, et notre idée de la culture s’il le faut. Quand l’esprit « perd ses droits »,
398 faut. Quand l’esprit « perd ses droits », c’est à nous de les lui rendre. ⁂ Poussé par les nécessités de la polémique antisp
399 er que l’on en rie… Poursuivons donc avec sérieux notre examen de la valeur du Plan considéré comme mesure culturelle, sans p
400 onse me paraît évidente. Tous les témoignages que nous possédons sur l’état d’esprit des membres du Parti communiste d’une p
401 e et policière exercée par ce Parti d’autre part, nous permettent d’affirmer que, de gré ou de force, le Plan est bien ce ra
402 es yeux. Si les Russes sont de bonne humeur et si nous sommes de mauvaise humeur, c’est qu’ils savent pourquoi ils travaille
403 est qu’ils savent pourquoi ils travaillent et que nous l’ignorons généralement ; c’est qu’ils acceptent les buts de leur tra
404 qu’ils acceptent les buts de leur travail, et que nous nous méfions généralement des buts obscurs, peut-être criminels, du n
405 s acceptent les buts de leur travail, et que nous nous méfions généralement des buts obscurs, peut-être criminels, du nôtre.
406 alement des buts obscurs, peut-être criminels, du nôtre . 2) Mais le Plan possède-t-il vraiment cette actualité intrinsèque, c
407 humaines de création, d’espérance, d’amour ? Pour nous borner à un exemple : les disciplines imposées par le Plan à la créat
408 he de la classe ouvrière. La phrase de de Man que nous citions plus haut donne la formule de ce changement de méthode : pour
409 ure d’opposition, de la culture séparée, qui sous nos yeux, vient de se renouer au cœur de la construction socialiste. La t
410 er de tout cela une conclusion concrète, qui peut nous être utile pour une future construction : la mesure pseudo-marxiste q
411 l’heure sa malfaisance « culturelle ». Mais pour nous il ne s’agit plus de découvrir les semelles-crêpe et le métro. Notre
412 plus de découvrir les semelles-crêpe et le métro. Notre espérance est au-delà de ces réussites utiles. Vis-à-vis de la jeune
413 s réussites utiles. Vis-à-vis de la jeune Russie, notre devoir n’est pas de railler des naïvetés plus sympathiques que nos as
414 pas de railler des naïvetés plus sympathiques que nos astuces, mais il n’est pas non plus de les admirer ; il n’est pas de
415 ns la mesure où les jeunes communistes viennent à nous avec cette morgue que l’on disait naguère américaine, et qui ressembl
416 le à celle des nouveaux riches de tous les temps. Nous avons fait des expériences dont ils ne soupçonnent pas la gravité, et
417 avant longtemps les problèmes spirituels qui sont les nôtres . Toute la question est de savoir si nous les aurons résolus, dans nos
418 nt les nôtres. Toute la question est de savoir si nous les aurons résolus, dans nos catégories occidentales. Sinon, il sera
419 on est de savoir si nous les aurons résolus, dans nos catégories occidentales. Sinon, il sera toujours temps d’aller demand
420 era toujours temps d’aller demander là-bas ce qui nous manque. II. Leçon de dictature De tout ce qui précède, il serai
421 indétermination, ou tout au moins de facteurs que nous ne sommes pas outillés pour mesurer dès maintenant. Le seul fait qui
422 t de tout jugement politique, est aussi celui qui nous intéresse ici directement : les dictatures totalitaires ont échoué ju
423 Ils me diront comme ils ont dit souvent déjà : a) Nous ne pouvions pas faire autre chose. Nos circonstances économiques et h
424 déjà : a) Nous ne pouvions pas faire autre chose. Nos circonstances économiques et historiques étaient telles qu’il fallait
425 e à la vie de continuer. Il est incontestable que nous avons établi cet ordre : on ne se mitraille plus dans nos rues, l’Éta
426 s établi cet ordre : on ne se mitraille plus dans nos rues, l’État combat la misère et le chômage, nous avons supprimé les
427 nos rues, l’État combat la misère et le chômage, nous avons supprimé les partis et leurs luttes épuisantes et stériles. Le
428 malade, il fallait l’opérer d’urgence, à chaud et nous y avons porté le fer d’une main assurée. Vos critiques ne nous touche
429 porté le fer d’une main assurée. Vos critiques ne nous touchent pas, parce qu’elles ne tiennent pas compte des faits qui nou
430 rce qu’elles ne tiennent pas compte des faits qui nous ont imposé leurs conditions. b) Vous souffrez vous aussi, dans vos dé
431 entaires, des maux qui étaient devenus aigus chez nous  : luttes sociales, injustices économiques, décadence d’une culture sé
432 nduit ses adeptes. Si vous ne faites rien, que de nous critiquer, vous en serez bientôt au point où nous étions quand la rév
433 nous critiquer, vous en serez bientôt au point où nous étions quand la révolution a éclaté. Si au contraire vous essayez de
434 je ne sais ; mais ce que je sais, c’est que tous nos pays se trouveront un jour futur en face des mêmes tâches décisives d
435 d’un matériel de base beaucoup plus puissant que le nôtre  ; mais nous gardons l’avantage important d’une tradition de liberté.
436 e base beaucoup plus puissant que le nôtre ; mais nous gardons l’avantage important d’une tradition de liberté. Et vos premi
437 radition de liberté. Et vos premières expériences nous enseignent. Toute la question est alors de savoir si nous saurons uti
438 eignent. Toute la question est alors de savoir si nous saurons utiliser ces avantages, et le temps de réflexion ou de manœuv
439 ages, et le temps de réflexion ou de manœuvre qui nous reste, pour calculer et préparer spirituellement une révolution qui s
440 préparer spirituellement une révolution qui soit nôtre , sans brutalités extérieures, sans destructions aveugles, sans propag
441 s propagande de masse abêtissante. Autrement dit, nous avons à créer un nouveau type de révolution, dont l’exemple vous sera
442 sera certainement plus utile que les critiques de nos vieillards. Dans cette tâche-là, je vois le seul fondement d’une nouv
443 e nouvelle culture européenne… b) Il est faux que nous soyons obligés de commencer par l’extérieur, si nous voulons rétablir
444 s soyons obligés de commencer par l’extérieur, si nous voulons rétablir une mesure commune à la pensée et à l’action. Car un
445 minées, et tirant justement de ces mesures ce que nous appelons leur grandeur. L’Inde ancienne, la Grèce d’Homère et la Grèc
446 Seul, le jugement porté sur cette fin déterminera notre jugement sur cette mesure. Si donc nous voulons restaurer une civilis
447 erminera notre jugement sur cette mesure. Si donc nous voulons restaurer une civilisation défaite, il faudra commencer par c
448 créés par d’autres pour des fins qui ne sont pas les nôtres . On ne refait une culture qu’en retrouvant une foi. Mais on ne retrou
449 el unique. C’est là seulement qu’elle se révèle à nous , comme un jugement porté sur cette situation. Je ne crois pas aux voi
450 des faits. Considérons les temps et les lieux où nous vivons, la situation précise qui nous est faite, et l’appel concret q
451 es lieux où nous vivons, la situation précise qui nous est faite, et l’appel concret qui en résulte ; et après cela jugeons,
452 ; et après cela jugeons, c’est-à-dire choisissons nos buts prochains au nom d’une vérité finale qui ne connaît pas nos cont
453 ins au nom d’une vérité finale qui ne connaît pas nos contingences. Voilà la tension créatrice : réalité et vérité assumées
454 l’adresse des États libéraux.   2. Situation qui nous est faite. Au terme du libéralisme, à l’origine des dictatures, une s
455 n ou mauvais selon vos idées, c’est ce régime qui nous a délivrés de la misère61. Et cela suffit à le justifier pour le mome
456 unauté moderne. Elle est la toile de fond de tous nos drames, de nos pensées, de nos actions et même de nos utopies. La dic
457 Elle est la toile de fond de tous nos drames, de nos pensées, de nos actions et même de nos utopies. La dictature de cette
458 le de fond de tous nos drames, de nos pensées, de nos actions et même de nos utopies. La dictature de cette crise sur nos e
459 drames, de nos pensées, de nos actions et même de nos utopies. La dictature de cette crise sur nos esprits et sur nos corps
460 e de nos utopies. La dictature de cette crise sur nos esprits et sur nos corps signifie sans erreur possible que toute comm
461 a dictature de cette crise sur nos esprits et sur nos corps signifie sans erreur possible que toute commune mesure est mort
462 possible que toute commune mesure est morte parmi nous , et que nulle mesure vraie n’est encore restaurée.   3. L’appel. De
463 la raison, l’individu et la science cartésienne. Nous savons aujourd’hui que la raison n’est pas un idéal, mais un outil ;
464 s. Je parle ici du vide ou du vertige que crée en nous la ruine de l’individualisme. Là où nulle conscience nationale ne pou
465 qui désarme instantanément les hommes d’État que nous leur opposons, vieux juristes ou parlementaires professionnels, coupé
466 tradition qui survit sans grandeur à ses racines. Notre seule chance de salut, à nous autres nations libérales, est dans la c
467 eur à ses racines. Notre seule chance de salut, à nous autres nations libérales, est dans la création d’une communauté libre
468 les, est dans la création d’une communauté libre. Notre chance est dans l’invention, et non dans la défense, ou dans l’imitat
469 rce nouvelle qui résolve la crise dans le sens de notre destin.   5. Le dilemme. Je parle ici de forces totales, de crise to
470 es et culturels. L’Europe des religions nouvelles nous met au défi de résoudre sur tous les plans le grand dilemme que voici
471 les plans le grand dilemme que voici : — ou bien nous perdrons notre temps et notre chance dans l’histoire à critiquer ce q
472 grand dilemme que voici : — ou bien nous perdrons notre temps et notre chance dans l’histoire à critiquer ce que d’autres ont
473 ue voici : — ou bien nous perdrons notre temps et notre chance dans l’histoire à critiquer ce que d’autres ont dû faire ; et
474 ont dû faire ; et alors, d’ici vingt ou cent ans, nous serons réduits à l’état de colonies économiques et culturelles par l’
475 omiques et culturelles par l’expansion normale de nos voisins ; — ou bien nous recréerons notre commune mesure originale, à
476 ar l’expansion normale de nos voisins ; — ou bien nous recréerons notre commune mesure originale, à la faveur d’une révoluti
477 ormale de nos voisins ; — ou bien nous recréerons notre commune mesure originale, à la faveur d’une révolution qui nous appor
478 esure originale, à la faveur d’une révolution qui nous apporte au moins l’équivalent des dynamismes nationaux. Nous avons de
479 e au moins l’équivalent des dynamismes nationaux. Nous avons des valeurs à défendre. Mais nous avons surtout des valeurs à c
480 ationaux. Nous avons des valeurs à défendre. Mais nous avons surtout des valeurs à créer, et que nous seuls pouvons créer. N
481 is nous avons surtout des valeurs à créer, et que nous seuls pouvons créer. Nous ne sommes pas en retard sur les Soviets ou
482 valeurs à créer, et que nous seuls pouvons créer. Nous ne sommes pas en retard sur les Soviets ou sur l’Allemagne, tout au c
483 ts ou sur l’Allemagne, tout au contraire. Mais si nous ne marquons pas notre avance historique par des créations aussi forte
484 , tout au contraire. Mais si nous ne marquons pas notre avance historique par des créations aussi fortes que celles qui nous
485 que par des créations aussi fortes que celles qui nous défient là-bas, nous serons colonisés, comme la Grèce par Rome. Cesso
486 aussi fortes que celles qui nous défient là-bas, nous serons colonisés, comme la Grèce par Rome. Cessons de loucher avec mé
487 en face, connaissons-les : c’est le seul moyen de nous reconnaître. Ils ont fondé des religions dont le but est la force com
488 su se créer des symboles grandioses. Ces symboles nous paraissent barbares, et cela est juste. Nous pouvons éprouver la puis
489 oles nous paraissent barbares, et cela est juste. Nous pouvons éprouver la puissance de ces nouvelles religions, nous pouvon
490 éprouver la puissance de ces nouvelles religions, nous pouvons nous mêler à leurs cérémonies, vibrer à l’unisson de leur pan
491 uissance de ces nouvelles religions, nous pouvons nous mêler à leurs cérémonies, vibrer à l’unisson de leur panique sacrée :
492 nisson de leur panique sacrée : c’est l’animal en nous qui frémira. Mais la protestation totale de notre esprit nous avertir
493 nous qui frémira. Mais la protestation totale de notre esprit nous avertira d’un danger : ici commence un monde étrange, ici
494 mira. Mais la protestation totale de notre esprit nous avertira d’un danger : ici commence un monde étrange, ici règne une n
495 mence un monde étrange, ici règne une nation dont nous ne sommes pas, et qui nous est hostile, non point par volonté méchant
496 règne une nation dont nous ne sommes pas, et qui nous est hostile, non point par volonté méchante, ni par avidité ou jalous
497 re, par le seul fait que sa religion n’est pas la nôtre . Étudions les doctrines provisoires ou les tactiques de ces révolutio
498 oires ou les tactiques de ces révolutions, mêlons- nous à leurs masses déifiées, distinguons leurs raisons profondes, leurs n
499 ue certaines erreurs que commettent leurs chefs : nous ne pourrons jamais faire davantage, nous ne pourrons jamais en être,
500 chefs : nous ne pourrons jamais faire davantage, nous ne pourrons jamais en être, nous sommes nés sous d’autres astres, et
501 faire davantage, nous ne pourrons jamais en être, nous sommes nés sous d’autres astres, et notre vocation est différente. No
502 en être, nous sommes nés sous d’autres astres, et notre vocation est différente. Nous ne sommes pas de ces religions. Leur li
503 ’autres astres, et notre vocation est différente. Nous ne sommes pas de ces religions. Leur lieu saint nous demeure impénétr
504 s ne sommes pas de ces religions. Leur lieu saint nous demeure impénétrable. Nos fins sont d’autres fins, et la mesure qui d
505 gions. Leur lieu saint nous demeure impénétrable. Nos fins sont d’autres fins, et la mesure qui doit les incarner ne sera i
506 re qui doit les incarner ne sera inventée que par nous . Non seulement nos meilleures traditions, mais encore notre situation
507 rner ne sera inventée que par nous. Non seulement nos meilleures traditions, mais encore notre situation dans l’histoire co
508 seulement nos meilleures traditions, mais encore notre situation dans l’histoire contemporaine nous indiquent aujourd’hui pl
509 ore notre situation dans l’histoire contemporaine nous indiquent aujourd’hui plus clairement que jamais nos buts prochains,
510 indiquent aujourd’hui plus clairement que jamais nos buts prochains, nos fins dernières. Si nous condamnons ces religions,
511 ui plus clairement que jamais nos buts prochains, nos fins dernières. Si nous condamnons ces religions, c’est dans leur ter
512 jamais nos buts prochains, nos fins dernières. Si nous condamnons ces religions, c’est dans leur terme, au nom d’un acte de
513 acte de foi contraire. Elles veulent la force et nous voulons la vérité. Elles veulent la force du grand nombre, et nous vo
514 érité. Elles veulent la force du grand nombre, et nous voulons la force personnelle, celle que donne la vérité. Notre mesure
515 la force personnelle, celle que donne la vérité. Notre mesure commune ne sera pas collective, extérieure à notre personne :
516 sure commune ne sera pas collective, extérieure à notre personne : cela n’a pas de sens pour nous. Elle ne sera pas non plus
517 eure à notre personne : cela n’a pas de sens pour nous . Elle ne sera pas non plus individuelle : on ne peut pas ressusciter
518 elations actives avec tous ses prochains. C’est à nous qu’il incombe aujourd’hui d’opérer cette synthèse concrète qui résoud
519 et de la masse.   6. La violence nécessaire. Car notre force est personnelle et non pas collective. Elle réside dans les pet
520 personnes et de groupes organiques, c’est obéir à notre vocation présente, mais c’est aussi assurer pour l’avenir l’efficacit
521 c’est aussi assurer pour l’avenir l’efficacité de notre action dans la culture européenne. Sinon nous serons colonisés, je n’
522 de notre action dans la culture européenne. Sinon nous serons colonisés, je n’ai pas fini de le répéter. Est-ce à dire qu’af
523 pas fini de le répéter. Est-ce à dire qu’affirmer notre force en face d’impérialismes conquérants mène à la guerre ? Oui, si
524 érialismes conquérants mène à la guerre ? Oui, si nous l’affirmons sans l’exercer avec puissance, si nous refusons d’aller j
525 ous l’affirmons sans l’exercer avec puissance, si nous refusons d’aller jusqu’au terme concret de nos pensées. Car alors il
526 i nous refusons d’aller jusqu’au terme concret de nos pensées. Car alors il faudra subir les brutalités excitées par nos né
527 alors il faudra subir les brutalités excitées par nos négations irritantes. Contre les brutales poussées de masses qui ne s
528 us, seule la violence de l’esprit est pacifiante. Notre seule chance de collaboration féconde avec les peuples impériaux est
529 leurs monuments sacrés à l’Est. Pour le présent, notre devoir européen est d’exercer la vocation de vérité qui est la nôtre
530 en est d’exercer la vocation de vérité qui est la nôtre avec un maximum de violence créatrice. 52. C’était, à cette époque
18 1936, Esprit, articles (1932–1962). Henri Petit, Un homme veut rester vivant (novembre 1936)
531 orien futur étudiant l’inventaire de Petit, comme nous lisons le Journal d’un bourgeois de Paris pour essayer de « voir » le
532 prit et d’une âme — le corps, ici, a peu de part, nous sommes en France — au fait social de notre époque, affronté dans le d
533 e part, nous sommes en France — au fait social de notre époque, affronté dans le détail quotidien d’une profession. Henri Pet
534 avoir été l’ami d’Ulysse. Le bref chapitre où il nous livre cet aveu éclaire une bonne part de son œuvre. Rien n’est plus r
535 art de son œuvre. Rien n’est plus redoutable pour notre société que le regard tranquille, apparemment modeste, d’un homme que
536 de l’auteur tout comme de son modèle légendaire, nous voyons bien que « ses ruses sont aussi ses plus chères pensées », cel
537 revient à cette scandaleuse opposition, créée par notre société, entre les deux sens du mot « vivre » : gagner sa vie et méri
538 eut-être au contraire parce qu’ici tout porte, et nous met du coup en présence du concret d’une vie située. Il faut s’arrête
539 ienne, telle qu’il songe que ses pères l’ont eue. Nos lecteurs se souviennent des pages sur le journalisme, la condition du
540 ns le vouloir, le plus féroce réquisitoire contre notre appareil social. On trouvera dans le volume, faisant suite à ces docu
541 t — « Le Tous contre un » — et de son emprise sur nos vies. Critique dont la portée directe et l’évidence insupportable nai
542 ntenu, — j’admire qu’un incroyant ait su donner à notre position personnaliste sa plus solide justification humaine. Henri Pe
543 l avait pour mes ancêtres », il sait aussi, et il nous fait savoir, que c’est à nous de recréer un monde où notre vie s’acce
544 l sait aussi, et il nous fait savoir, que c’est à nous de recréer un monde où notre vie s’accepte. Aux premières pages j’ai
545 t savoir, que c’est à nous de recréer un monde où notre vie s’accepte. Aux premières pages j’ai pensé : document sur les déce
546 s la fin : « Retour à la passion ». Et maintenant nos routes se joignent. x. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Henri
19 1936, Esprit, articles (1932–1962). Note sur nos notes (novembre 1936)
547 Note sur nos notes (novembre 1936)y Il y a longtemps que Diderot l’a dit : Tir
548 venir ce qu’elle est ; et plus encore à chacun de nous dans le cœur duquel ce régime plonge ses dernières racines vivantes.
549 aut bien constater d’abord qu’elle n’est plus là. Nous ne sommes pas une école littéraire. Nous ne pensons pas que le temps
550 plus là. Nous ne sommes pas une école littéraire. Nous ne pensons pas que le temps soit venu d’inventer des canons esthétiqu
551 u je ne sais quel sabir personnaliste. Au jour où nous en sommes, on ne refait pas un art avec un point de vue d’art, ou de
552 ur tous les plans de la révolution personnaliste. Nous ne répétons ces choses, ici, que pour mieux définir notre rôle, notre
553 répétons ces choses, ici, que pour mieux définir notre rôle, notre « partialité » fondamentale dans la critique. Nous serons
554 s choses, ici, que pour mieux définir notre rôle, notre « partialité » fondamentale dans la critique. Nous serons ramenés à t
555 tre « partialité » fondamentale dans la critique. Nous serons ramenés à tout propos, bon gré mal gré, aux mêmes questions :
556 es que l’on donne au problème éternel : où sommes- nous , d’où venons-nous, où allons-nous ? Alors seulement, après cela seule
557 au problème éternel : où sommes-nous, d’où venons- nous , où allons-nous ? Alors seulement, après cela seulement, le reste aur
558 nel : où sommes-nous, d’où venons-nous, où allons- nous  ? Alors seulement, après cela seulement, le reste aura le droit d’êtr
559 littérature. y. Rougemont Denis de, « Note sur nos notes », Esprit, Paris, novembre 1936, p. 346-347.
20 1936, Esprit, articles (1932–1962). Erskine Caldwell, Le Petit Arpent du Bon Dieu (novembre 1936)
560 ain de prendre une revanche qui fait pâlir toutes nos petites pornographies romancées. Lawrence, Faulkner, aujourd’hui Cald
21 1936, Esprit, articles (1932–1962). André Gide, Retour de l’URSS (décembre 1936)
561 admirables. » Épilogue : « L’URSS n’a pas fini de nous instruire et de nous étonner. » Précautions, je sais bien. Mais ici,
562 e : « L’URSS n’a pas fini de nous instruire et de nous étonner. » Précautions, je sais bien. Mais ici, sont-elles efficaces 
563 de départ : « Le sort de la culture est lié dans nos esprits au destin même de l’URSS » (discours aux obsèques de Gorki).
564 plus vassalisé. » — Dictature du prolétariat ? «  Nous sommes loin de compte. Oui, dictature, évidemment ; mais celle d’un h
565 , trop comparable à la petite bourgeoisie de chez nous . J’en vois partout les symptômes annonciateurs. » — On pourrait allon
566 rxisme] n’est peut-être qu’apparent, et si ce qui nous apparaît comme une dérogation n’est pas une conséquence fatale de cer
567 aintenant était en germe dès le principe. (Ce que nous écrivions ici le mois dernier.) C’est ici tout le problème que pose c
568 ortrait de l’URSS fascisée et embourgeoisée. Mais nous , personnalistes, que dirons-nous ? Le livre s’ouvre par une fable. L’
569 ourgeoisée. Mais nous, personnalistes, que dirons- nous  ? Le livre s’ouvre par une fable. L’enfant Démophon est soigné par Dé
570 péché. Mais moi, je ne crois pas aux dieux. Pour nous , la révolution ne créera pas un homme nouveau ou un surhomme, mais un
571 rdre nouveau à hauteur d’homme. Voilà le point de notre différend. Nous n’y insisterons jamais assez. Mais il faut dire aussi
572 uteur d’homme. Voilà le point de notre différend. Nous n’y insisterons jamais assez. Mais il faut dire aussi la joie que nou
573 jamais assez. Mais il faut dire aussi la joie que nous éprouvons à voir Gide, en dépit de tout, et avec tant de courage malg
574 nale de ce livre sur l’URSS, c’est à l’auteur que nous l’appliquerons : c’est lui, c’est Gide « qui n’a pas fini de nous ins
575 ons : c’est lui, c’est Gide « qui n’a pas fini de nous instruire et de nous étonner ». 63. Journal de voyage en Italie, 29
576 t Gide « qui n’a pas fini de nous instruire et de nous étonner ». 63. Journal de voyage en Italie, 29 septembre 1786. 64.
577 ’il en admire, ce sont excuses et admirations que nous proposent identiquement les régimes fascistes (autarchie nécessaire,
22 1937, Esprit, articles (1932–1962). Défense de la culture (janvier 1937)
578 Ce n’est pas le « fascisme » qui expliquera cela. Nous savons, nous aussi, caresser un petit chien, donner sa feuille de sal
579 le « fascisme » qui expliquera cela. Nous savons, nous aussi, caresser un petit chien, donner sa feuille de salade verte au
580 , donner sa feuille de salade verte au canari. Et nous ne sommes pas « communistes » pour si peu. Je constate simplement cec
581 ce n’est pas Paris-Soir-Dimanche. Quels chiffres nos éditeurs pourraient-ils opposer aux tirages invraisemblables des Alle
23 1937, Esprit, articles (1932–1962). La fièvre romanesque (janvier 1937)
582 c’est toujours sa fièvre que le romancier moderne nous propose, mais très diversement vêtue, et il essaie de nous intéresser
583 ose, mais très diversement vêtue, et il essaie de nous intéresser d’abord aux vêtements. Il entend bien nous la faire attrap
584 intéresser d’abord aux vêtements. Il entend bien nous la faire attraper cette fièvre mais secrètement, à la faveur de mille
585 le « observations » dites objectives, chargées de nous distraire pendant l’opération, et de nous faire croire que ce n’est p
586 gées de nous distraire pendant l’opération, et de nous faire croire que ce n’est pas lui qui agit… Pourtant ses personnages
24 1937, Esprit, articles (1932–1962). Jean Blanzat, Septembre (janvier 1937)
587 l’exige de nouveau en URSS et en Allemagne.) Mais nos romans ne veulent plus de morale — à cause de « l’art » — et l’art co
588 il est clair qu’il n’y aurait pas de roman. Mais, nous dit-il : « le plus petit geste m’a toujours coûté ». ad. Rougemont
25 1937, Esprit, articles (1932–1962). Robert Briffaut, Europe (janvier 1937)
589 e souvient de la guerre des Balkans. Elle éclata, nous apprend M. Briffaut, parce qu’une baronne juive avait refusé de couch
26 1937, Esprit, articles (1932–1962). Paul Vaillant-Couturier, Au service de l’Esprit (février 1937)
590 mme ne peut penser et créer que s’il est libre. —  Nous avons toujours admis la légitimité de la propriété. — Dans le monde c
591 ière. — Au-dessus de tout, ils placent l’homme. —  Notre sens de la solidarité ne nous empêche pas de voir — bien au contraire
592 placent l’homme. — Notre sens de la solidarité ne nous empêche pas de voir — bien au contraire — ce qu’il y a d’humain dans
593 de « fascistes » par les doctrinaires du PC. Mais nous nous garderons bien de marquer le point. (Ce qui équivaudrait à recon
594 fascistes » par les doctrinaires du PC. Mais nous nous garderons bien de marquer le point. (Ce qui équivaudrait à reconnaîtr
595 ommunisme est un moment de la France éternelle. —  Nous continuons la France, la France généreuse, accueillante, compréhensiv
596 ensive, rayonnante, toute de mesure et de goût. —  Nous sommes attachés à cette sélection de grâce et de mesure qui s’appelle
27 1937, Esprit, articles (1932–1962). Albert Thibaudet, Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours (mars 1937)
597 t, Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours (mars 1937)ah Comment juger ce qui ne veut pas être jugement
598 ut-être arrive-t-il un peu tard. Peut-être posons- nous déjà d’autres questions, qu’il n’a pas devinées, ou qu’il a négligées
599 ons gisent dans la rue », comme disait Nietzsche. Nous disons « existence » (dure, naïve et banale) quand il parle d’élan vi
600 arle d’élan vital. (Heidegger succède à Bergson.) Nous n’aimons plus cette autarchie des Lettres, où les problèmes réels, so
601 t au snobisme furtif d’une génération littéraire. Nous sommes heureux de lire enfin un manuel où Rimbaud, Sénancour et Stend
602 elle de Nietzsche, sans qui Gide et tant d’autres nous demeurent inexplicables ? Ceci dit, l’on pourra déguster, car il s’a
603 du conteur, du fabulateur d’idées que reste pour nous Thibaudet. Dans cette critique que je voudrais appeler une critique d
604 t, Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours  », Esprit, Paris, mars 1937, p. 970-971.
28 1937, Esprit, articles (1932–1962). Retour de Nietzsche (mai 1937)
605 générale et commune n’apparaîtra sans doute qu’à nos après-venants. Ce qui semble certain, dès aujourd’hui, c’est que les
606 s. (Je ne dis pas qu’elle est plus efficace…) Que nous annonce le renouveau nietzschéen ? On a vite fait de dire : fascisme.
607 ’est à peu près ce qu’en termes moins romantiques nous appelons fédération. Sur ce point, qui est central, l’accord de Nietz
608 actement le pseudo-personnalisme hitlérien. (Voir notre revue des revues, sur les Cahiers franco-allemands.) 67. Zarathoust
29 1937, Esprit, articles (1932–1962). Journal d’un intellectuel en chômage (fragments) (juin 1937)
609 c’est démentir les lois les plus fondamentales de notre science la plus élémentaire et la plus sûre, l’arithmétique. Mais qui
610 ins individus « ont la veine » dans ces loteries, notre image scientifique (physico-mathématique) du monde, est fausse. Il es
611 t impossible de concevoir la vérité simultanée de notre science et de la « veine » individuelle. C’est l’un ou l’autre ; ou m
612 gieux le plus obtus s’opposent infiniment moins à notre image scientifique du monde que cette petite phrase si courante : il
613 e petite phrase si courante : il a la veine. Mais notre jacobin ne croit à la Raison et à la Science mère du Progrès, que dan
614 l est tourné du côté de la plaine. Signe qu’il va nous arriver quelque chose par là ? Du côté de Marseille… Et soudain je me
615 s, mais n’est-ce pas une étrangeté plus aiguë que nous révèle cette foi toute quotidienne aux « signes », cette activité cré
616 l’exception vécue, reconnue, c’est cela même qui nous fait découvrir notre commune condition. Car en effet la condition com
617 reconnue, c’est cela même qui nous fait découvrir notre commune condition. Car en effet la condition commune, c’est de se sen
618 n tant qu’il s’oppose au réel, lequel est fait de nos monades superstitieuses ? Accorder libre cours à nos superstitions, q
619 monades superstitieuses ? Accorder libre cours à nos superstitions, qui au point de vue psychologique sont notre vraie réa
620 rstitions, qui au point de vue psychologique sont notre vraie réalité, ce serait jeter la société dans l’anarchie la plus san
621 expansion, de combattre en définitive le réel que nous incarnons. Toute politique est normative, mais seulement de l’extérie
622 excessif du général dans la vie réelle. Telle est notre situation — celle du monde bourgeois-capitaliste, mais aussi celle de
623 res, d’une manière encore plus frappante. Certes, nos institutions n’ont guère changé depuis un siècle, et c’est pourquoi l
624 ombattre, le désordre s’installe et grandit. Dans notre cas, l’État devient totalitaire. « Là où l’homme veut être total, l’É
625 cauchemar qu’elles affectent, — dont les affecte notre démission. Et c’est ainsi d’un refoulement, puis d’un transfert fatal
626 si d’un refoulement, puis d’un transfert fatal de nos superstitions les plus valables que naissent par exemple la menace fa
627 ameuses « lois » économiques ou sociologiques que nous pensons avoir récemment « découvertes » ne sont, au sens freudien du
628 au sens freudien du terme, que les phantasmes de notre peur de vivre. On les ramènerait aisément à ce « complexe de castrati
629 ante — ce qu’il y a d’inhumain dans la plupart de nos habiletés littéraires, et au contraire ce qu’il y a d’humain dans cer
630 aïves — ce qu’il y a d’inutile dans la plupart de nos précautions oratoires, logiques ou mondaines, et ce qu’il y a au cont
631 t sans l’avoir jamais vu. Il n’est pas arrêté par nos tabous critiques. Il va tout droit à ce qui le concerne, et c’était j
632 ience la vérification in concreto à l’occasion de nos prochains écrits. Cette conclusion est la suivante : le lecteur en so
633 mps. Ce ne sont pas des abstractions qui achètent nos livres. Ce qu’il s’agit de retrouver, c’est le contact avec l’homme q
634 arfois dramatique, c’est bien la seule qui puisse nous rendre peu à peu le sens de la responsabilité de l’écrivain. Pour l’a
635 abilité de l’écrivain. Pour l’avoir négligée dans nos villes, au milieu des feuilletonistes et des snobs, nous en sommes ar
636 lles, au milieu des feuilletonistes et des snobs, nous en sommes arrivés à parler dans le vide, à ne parler qu’à ces lecteur
637 livres pour remplir les rayons d’un studio-divan. Nous sommes des ingénieux, des amuseurs, des spécialistes, des éléments de
638 de publicité, des académiciens, des journalistes. Nous ne sommes plus des gens utiles. Nous ne sommes plus des hommes normau
639 ournalistes. Nous ne sommes plus des gens utiles. Nous ne sommes plus des hommes normaux chargés d’une vocation d’expression
640 rgés d’une vocation d’expression et de réflexion. Nous sommes des hommes spéciaux exploitant leur spécialité pour arriver à
641 our arriver à un succès sur le marché. Combien de nos romanciers devraient être classés dans la catégorie des femmes à barb
642 à deux têtes qu’on montre aux foires. On dit que nous avons trahi l’esprit : mais l’esprit n’a pas besoin de nous. Il vit s
643 trahi l’esprit : mais l’esprit n’a pas besoin de nous . Il vit sans nous. Nous le retrouverons intact. C’est le lecteur que
644 mais l’esprit n’a pas besoin de nous. Il vit sans nous . Nous le retrouverons intact. C’est le lecteur que nous avons trahi,
645 ’esprit n’a pas besoin de nous. Il vit sans nous. Nous le retrouverons intact. C’est le lecteur que nous avons trahi, c’est
646 Nous le retrouverons intact. C’est le lecteur que nous avons trahi, c’est avec lui que nous devons retrouver un contact qui
647 lecteur que nous avons trahi, c’est avec lui que nous devons retrouver un contact qui nous renverra, plus sûrement que tout
648 avec lui que nous devons retrouver un contact qui nous renverra, plus sûrement que toutes les diatribes, au respect des vale
649 grands soulèvements de l’instinct vers la clarté, notre raison les repousse au lieu de les transfigurer. En présence de tout
650 « personnes »). 15 avril La sieste de la Marquise Nous espérions pouvoir dormir de nouveau, après la grande semaine des chat
651 battus dans la remise qui est juste au-dessous de notre chambre, et dans la cour, et sur toutes les terrasses. Avec des cris
652 a nature ! Littérateurs, allez-y voir de près ! «  Nous savons en effet que jusqu’à ce jour, la création tout entière gémit d
653 enfantement. Et ce n’est pas elle seulement, mais nous aussi, qui avons les prémices de l’Esprit, nous aussi nous soupirons
654 s nous aussi, qui avons les prémices de l’Esprit, nous aussi nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l’adoption, la rédem
655 i, qui avons les prémices de l’Esprit, nous aussi nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l’adoption, la rédemption de no
656 -mêmes, en attendant l’adoption, la rédemption de notre corps. Car c’est en espérance que nous sommes sauvés » (Romains 8. 22
657 mption de notre corps. Car c’est en espérance que nous sommes sauvés » (Romains 8. 22-24). Parler de la Nature comme le fire
658 re a su percevoir. C’est la nature qui cherche en nous ce que notre délire allait lui demander : les prémices d’une nouvelle
659 evoir. C’est la nature qui cherche en nous ce que notre délire allait lui demander : les prémices d’une nouvelle création, et
660 ils ont fait imprimer en lettres grasses : « Tout notre programme municipal tient en un seul mot : nous sommes antifascistes 
661 notre programme municipal tient en un seul mot : nous sommes antifascistes ! » Après quoi viennent les revendications prati
662 et qu’on m’avait laissé ignorer : une belle-mère. Nous apprenons son existence en même temps que l’imminence de sa mort — et
663 ’esprit du lecteur philosophe. Déjà huit mois que nous sommes ici, et combien de fois ne sommes-nous pas entrés dans la gran
664 que nous sommes ici, et combien de fois ne sommes- nous pas entrés dans la grande cuisine qui était, pensions-nous, tout leur
665 entrés dans la grande cuisine qui était, pensions- nous , tout leur logis — nous avions cru comprendre que les autres pièces é
666 isine qui était, pensions-nous, tout leur logis —  nous avions cru comprendre que les autres pièces étaient vides ou ne serva
667 e servaient que de débarras —, et rien ne pouvait nous faire soupçonner cette présence, à côté. Hier matin, la mère Calixte
668 fois par jour, le bruit d’effroyables discussions nous parvient de la cuisine des Simard. Un beau-frère est arrivé, et on pa
669 nus discuter dans la remise qui est au-dessous de notre chambre, et leurs éclats de voix nous ont plusieurs fois réveillés. 7
670 dessous de notre chambre, et leurs éclats de voix nous ont plusieurs fois réveillés. 7 mai — Alors, Madame Calixte, comment
671 Il y a eu du bruit toute la nuit. Vers 2 heures, nous nous réveillons. Une âcre fumée remplit la chambre, des lueurs d’ince
672 a eu du bruit toute la nuit. Vers 2 heures, nous nous réveillons. Une âcre fumée remplit la chambre, des lueurs d’incendie
673 l’apprend ce matin. Le ménage Simard est furieux. Nous n’avons pas du tout fait ce qu’il fallait. Je me récrie : mais commen
674 t que je vous explique. Une visite de deuil, chez nous , ça doit se faire dans la cuisine. Aussi, je lui ai dit, à Fernann, i
675 crivant ici que leurs charmes ont cessé d’opérer. Nous avons épuisé les environs, dans un rayon d’exploration normal — metto
676 monte jamais là-haut, ni maréchaussée ni gabelle. Nous aurions des fusils et des bibles, nous serions camisés de rouge, et l
677 i gabelle. Nous aurions des fusils et des bibles, nous serions camisés de rouge, et l’on irait de temps à autre arraisonner
678 uté », mot de passe de cette génération, n’aurons- nous fait que l’appeler de loin, ne sera-t-elle pour nous qu’une évasion h
679 s fait que l’appeler de loin, ne sera-t-elle pour nous qu’une évasion hors de cette société maussade, défaite, un alibi pour
30 1937, Esprit, articles (1932–1962). Marius Richard, Le Procès (juin 1937)
680 an Un petit livre qui sait s’arrêter dès qu’il nous a fait voir le monde pitoyable : sans ajouter à ce qui est, dire ce q
31 1937, Esprit, articles (1932–1962). Paul Éluard, L’Évidence poétique (juin 1937)
681 s non pas cet « in-16 » standard. Le feuillet qui nous apporte la conférence d’Éluard à Londres, sur la poésie surréaliste,
682 (arts, techniques, mystique). Éluard parle, comme nous , de « construire un monde à la taille de l’homme » et de « mettre l’h
683 rgeois et les staliniens se font de ces réalités, nous combattrons ensemble. Mais avec cela nous n’aurons pas liquidé la rel
684 alités, nous combattrons ensemble. Mais avec cela nous n’aurons pas liquidé la religion et la patrie, nous n’aurons liquidé
685 us n’aurons pas liquidé la religion et la patrie, nous n’aurons liquidé que leur « ignoble » exploitation, nous les sauveron
686 aurons liquidé que leur « ignoble » exploitation, nous les sauverons ! (De nous-mêmes s’il le faut.) Et enfin : « Voici que
32 1937, Esprit, articles (1932–1962). M. Benda nous « cherche », mais ne nous trouve pas (juillet 1937)
687 M. Benda nous « cherche », mais ne nous trouve pas (juillet 1937)ap aq M. Benda
688 M. Benda nous « cherche », mais ne nous trouve pas (juillet 1937)ap aq M. Benda décrivait l’autre jour à l
689 a) ont défendu les thèses que M. Benda attribue à notre jeunesse « malheureuse », — M. Benda refusa de répondre. La génératio
690 nda ou Barrès. La jeunesse personnaliste, déclara notre ami, repousse l’une et l’autre de ces trahisons, et affirme que la pe
691 eau, dans la salle étouffante de la rue Visconti, nous apprend tout de même quelque chose. S’il est vrai que penser, pour le
692 vaut à gagner de l’argent, M. Benda est auprès de nous un grand penseur, mais M. Dekobra est notre maître à tous. Et s’il es
693 rès de nous un grand penseur, mais M. Dekobra est notre maître à tous. Et s’il est vrai que celui qui refuse d’endosser les c
694 u’il rattache ces divers traits au « malheur » de notre jeunesse, lequel ne saurait, en bonne logique, expliquer les doctrine
695 trines d’un Barrès ou d’un Sorel, — qu’au surplus nous renions en bonne partie. Ce pataquès donne la mesure de la « cohérenc
696 e de payer. ap. Rougemont Denis de, « M. Benda nous “cherche” mais ne nous trouve pas », Esprit, Paris, juillet 1937, p. 
697 emont Denis de, « M. Benda nous “cherche” mais ne nous trouve pas », Esprit, Paris, juillet 1937, p. 616-618. aq. Signé : «
33 1937, Esprit, articles (1932–1962). Brève introduction à quelques témoignages littéraires (septembre 1937)
698 , dans Esprit , c’est une question qui se pose à nos lecteurs, parce que, sous une forme plus générale, la question de la
699 ne réflexion patiente — mais urgente — s’impose à nous sur ce point comme sur tant d’autres, dans la mesure où le personnali
700 estion d’une littérature personnaliste reste pour nous inséparable de la création, de l’avènement et de la durée d’un ordre
701 ommencer, de la littérature ou de l’ordre social. Notre effort ne saurait porter, avec quelque efficacité, que sur la réalisa
702 par l’autre. Ce n’est donc pas à une enquête que nous allons nous livrer cette année, mais à une réflexion active et créatr
703 . Ce n’est donc pas à une enquête que nous allons nous livrer cette année, mais à une réflexion active et créatrice sur les
704 t-être que certains le désirent…) Pour l’instant, nous ne pouvons que militer dans une direction générale qui se précisera p
705 rale qui se précisera par les obstacles mêmes que nous aurons à surmonter. Quoi qu’en pensent des observateurs trop pressés
706 ité comme une des conditions de leur création. Et nous pensons qu’il n’est pas vain de le prouver en les réunissant ici, fût
707 le. S’il fallait résumer ce qu’ils ont en commun, nous trouverions d’abord quelques refus (ceux que nous formulions dès les
708 nous trouverions d’abord quelques refus (ceux que nous formulions dès les débuts de cette revue : ni communisme, ni fascisme
709 il de la série de « témoignages » très divers que nous inaugurons avec ce numéro. Dans cette perspective générale, que l’on
710 verra se préciser ou se ramifier de mois en mois, nous avons réuni d’ores et déjà un certain nombre de textes qui paraîtront
711 ens étroit du mot. Quelques noms pour finir (mais nous comptons bien en donner prochainement un plus grand nombre) : Roger B
34 1937, Esprit, articles (1932–1962). Martin Lamm, Swedenborg (septembre 1937)
712 nt » ou « plein de talent ». (La discontinuité de notre chronique des Lettres ne traduit d’ailleurs pas nécessairement des in
713 iales que spirituelles, on le sait bien.) Mais si nous essayons de limiter notre critique aux ouvrages qui présentent un sen
714 n le sait bien.) Mais si nous essayons de limiter notre critique aux ouvrages qui présentent un sens quelconque pour notre ac
715 x ouvrages qui présentent un sens quelconque pour notre action — soit qu’ils militent pour ou contre elle, soit qu’il y ait i
716 r quelque chose, même s’ils préfèrent l’ignorer — nous ne pensons pas que cette limitation normale — et normative — doive se
717 ive — doive se traduire par un appauvrissement de notre curiosité intellectuelle. Bien au contraire. Il est totalement inutil
718  sens » — et n’y réussit que trop bien. Mais cela nous donne justement de la place pour parler d’ouvrages « spéciaux » que t
719 se trouvent des plus aptes à illustrer ou élargir notre vision personnaliste. Le Swedenborg de Martin Lamm nous en offre un e
720 ision personnaliste. Le Swedenborg de Martin Lamm nous en offre un exemple idéal. À tel point que je ne puis aujourd’hui qu’
721 ne puis aujourd’hui qu’indiquer les pistes qu’il nous ouvre ; il faudrait une équipe pour les suivre. Le professeur Martin
722 de ce grand mystique. L’excellente analyse qu’il nous donne des principaux écrits de son compatriote ne prend quelque chale
723 is points qui peuvent intéresser plus directement notre effort. 1. L’impartialité ou objectivité qu’affecte M. Lamm, selon la
724 cinations dites psychosensorielles…, etc. » On ne nous dit pas si l’on juge ces visions réelles ou non, on nous dit seulemen
725 t pas si l’on juge ces visions réelles ou non, on nous dit seulement, modestement, que ce sont de pseudo-hallucinations. Ce
726 Damas et beaucoup de « conversions religieuses de notre époque ». Or il se trouve que les récents travaux de Minkowski (en pa
727 es découvertes de la mécanique ondulatoire, — qui nous en donnent aujourd’hui l’équivalent le plus étonnamment exact. Les sp
728 t d’éthique personnalistes. On a souvent opposé à notre attitude, et à notre conception de la personne, l’idéal de « déperson
729 istes. On a souvent opposé à notre attitude, et à notre conception de la personne, l’idéal de « dépersonnalisation », ou d’an
730 ou factice (ou « personnage ») et la personne. Et nous retrouvons alors ce qu’on pourrait nommer l’ascèse personnaliste, la
731 ’ensemble cette deuxième voie. Sans doute aurions- nous ici une très belle occasion de développer en profondeur la dialectiqu
732 onnalité-personne, qui est fondamentale pour tout notre mouvement. Je me contenterai pour aujourd’hui de marquer le point d’i
733 rtion d’un problème qu’il faudra, évidemment, que nous traitions un jour en toute franchise, entre croyants de confessions d
35 1937, Esprit, articles (1932–1962). Neutralité oblige (octobre 1937)
734 e, dans un pays où tant de choses vont de soi. Il nous faut un homme comme Ramuz pour nous tirer de l’optimisme assez épais
735 nt de soi. Il nous faut un homme comme Ramuz pour nous tirer de l’optimisme assez épais où s’endorment les jeunes Suisses, t
736 gros bol de café au lait. Qu’on m’entende bien : nous avons eu Amiel, et nous ne manquons pas de douteurs, de tourmentés, d
737 t. Qu’on m’entende bien : nous avons eu Amiel, et nous ne manquons pas de douteurs, de tourmentés, de refoulés et d’hésitant
738 inquiétudes se limitent au « plan moral », comme nous aimons à dire. Elles sont d’usage interne, individuel. Les doutes que
739 d’usage interne, individuel. Les doutes que Ramuz nous proposent touchent au contraire les fondements mêmes de notre vie dan
740 ent touchent au contraire les fondements mêmes de notre vie dans la cité, de notre existence comme « Suisses ». Ils affectent
741 es fondements mêmes de notre vie dans la cité, de notre existence comme « Suisses ». Ils affectent nos tabous les plus inébra
742 notre existence comme « Suisses ». Ils affectent nos tabous les plus inébranlés, nos sécurités matérielles, ou sociales, o
743  ». Ils affectent nos tabous les plus inébranlés, nos sécurités matérielles, ou sociales, ou nationales. Ce que personne n’
744 n’a jamais eu l’idée de mettre en question parmi nous . Par exemple, demande Ramuz : Avons-nous autre chose à dire que propr
745 on parmi nous. Par exemple, demande Ramuz : Avons- nous autre chose à dire que propreté, confort et instruction ? Avons-nous
746 dire que propreté, confort et instruction ? Avons- nous d’autre but commun que la sécurité et le profit ? Pourquoi sommes-nou
747 un que la sécurité et le profit ? Pourquoi sommes- nous confédérés ? Et pourquoi, enfin, sommes-nous neutres ? Je voudrais s
748 mmes-nous confédérés ? Et pourquoi, enfin, sommes- nous neutres ? Je voudrais souligner ceci : que c’est aux Suisses, finale
749 s’il garde en même temps le souci d’expliquer qui nous sommes à nos voisins, c’est peut-être que notre lot, en tant que Suis
750 même temps le souci d’expliquer qui nous sommes à nos voisins, c’est peut-être que notre lot, en tant que Suisses, et non e
751 ui nous sommes à nos voisins, c’est peut-être que notre lot, en tant que Suisses, et non en tant que Vaudois, ou Genevois, ou
752 ue c’est à peu près l’idéal que Keyserling juge à notre mesure, celui du tenancier de grand palace. (Ramuz, plus dur, parle d
753 ue nul autre n’a reçue. La Suisse existe-t-elle ? nous demande Ramuz. Cela revient à dire : a-t-elle une raison d’être ? J’e
754 ent que c’est la question qui ne se pose pas. Que nous le voulions ou non, notre neutralité caractérise non seulement notre
755 qui ne se pose pas. Que nous le voulions ou non, notre neutralité caractérise non seulement notre rôle politique en Europe,
756 u non, notre neutralité caractérise non seulement notre rôle politique en Europe, mais encore notre mentalité par rapport aux
757 ement notre rôle politique en Europe, mais encore notre mentalité par rapport aux pays voisins. Or il faut bien avouer, dès l
758 ue par ses soi-disant bénéficiaires. Hors de chez nous , l’on pense généralement : la Suisse tire son épingle du jeu. Neutral
759 itions mesquines. Cela n’augmente pas précisément notre prestige. Chez nous, l’on considère volontiers que la neutralité nous
760 a n’augmente pas précisément notre prestige. Chez nous , l’on considère volontiers que la neutralité nous est due, comme l’ai
761 nous, l’on considère volontiers que la neutralité nous est due, comme l’air et les beautés de la nature. Privilège inconditi
762 s beautés de la nature. Privilège inconditionnel, nous laissant au surplus le droit de faire la leçon à toute l’Europe dans
763 ire la leçon à toute l’Europe dans les leaders de nos journaux. Et cela ne contribue guère à nous donner un sens actif de n
764 ers de nos journaux. Et cela ne contribue guère à nous donner un sens actif de nos chances et de nos destins, dans une époqu
765 ne contribue guère à nous donner un sens actif de nos chances et de nos destins, dans une époque où des choses plus ancienn
766 à nous donner un sens actif de nos chances et de nos destins, dans une époque où des choses plus anciennes et plus grandes
767 où des choses plus anciennes et plus grandes que notre statut se trouvent remises en discussion, bouleversées, brutalement n
768 du, il faudra bien sortir un jour. Les événements nous y obligeront si nous ne savons pas les prévenir. Si nous nous refuson
769 rtir un jour. Les événements nous y obligeront si nous ne savons pas les prévenir. Si nous nous refusons à voir, à dire, à i
770 obligeront si nous ne savons pas les prévenir. Si nous nous refusons à voir, à dire, à illustrer, à incarner aux yeux de tou
771 eront si nous ne savons pas les prévenir. Si nous nous refusons à voir, à dire, à illustrer, à incarner aux yeux de tous les
772 aux yeux de tous les grandes et fortes raisons de notre neutralité, celle-ci sera balayée un jour prochain avec les vieux chi
773 pier qui sont censés la garantir. Quand bien même nous aurions voté des milliards de crédits d’armement, et des mesures d’in
774 pourra jamais remplacer, pour un petit pays comme le nôtre , la conscience de sa raison d’être, et le prestige qui s’y attache. O
775 e qui s’y attache. On croit souvent, surtout chez nous , qu’un petit pays a, comme tel, l’obligation de rester neutre. D’où l
776 nullement dissipée, bien au contraire. Là encore, nous avons voulu bénéficier des garanties qu’offrait la SDN sans accepter
777 lication des sanctions, premier avertissement que nous donnaient les faits d’avoir à repenser notre neutralité dans le cadre
778 t que nous donnaient les faits d’avoir à repenser notre neutralité dans le cadre nouveau de l’Europe. Il est fatal que ces di
779 itorialité dont jouit la Suisse sur le continent, nous le voyons, lui aussi, se transformer d’année en année. Et nous voyons
780 s, lui aussi, se transformer d’année en année. Et nous voyons que lui aussi dépend d’un équilibre spirituel74 totalement bou
781 é et réorganisé, au sein duquel il est urgent que nous trouvions une place nettement redéfinie. Bref, tout nous pousse à un
782 ouvions une place nettement redéfinie. Bref, tout nous pousse à un réveil de notre conscience fédérale. Tout nous met au déf
783 redéfinie. Bref, tout nous pousse à un réveil de notre conscience fédérale. Tout nous met au défi d’agrandir cette conscienc
784 se à un réveil de notre conscience fédérale. Tout nous met au défi d’agrandir cette conscience aux proportions nouvelles des
785 s mystiques qui régissent l’Europe d’aujourd’hui. Notre chance et nos risques sont là.   Rien ne me paraît plus frappant que
786 régissent l’Europe d’aujourd’hui. Notre chance et nos risques sont là.   Rien ne me paraît plus frappant que la convergence
787 ues. La géographie et l’histoire, l’agencement de nos institutions, les méfiances de C. F. Ramuz et la confiance de Liehbur
788 i est la réalité fédéraliste. Or il se trouve que notre position personnaliste est fondamentalement liée à une forme fédérati
789 araît être la grande leçon qui doit se dégager de notre effort. La mission essentielle de la Suisse est une mission personnal
790 r ce qui est mesquin. Car ce qui est mesquin chez nous , n’est en fait qu’une dégradation de l’idéal qui devrait nous unir. L
791 en fait qu’une dégradation de l’idéal qui devrait nous unir. La première devise des Suisses, ce fut « Un pour tous, tous pou
792 elle prouve la réalité en assemblant dans un État nos trois plus grandes civilisations, la germanique, la latine et la fran
793 se. ⁂ De cette mission qui justifie en même temps notre statut européen de neutralité, et notre statut intérieur de confédéra
794 ême temps notre statut européen de neutralité, et notre statut intérieur de confédération de cantons, découlent des conséquen
795 e. 1. — L’opinion suisse, telle que la traduisent nos journaux — et spécialement dans les cantons romands — est en contradi
796 ons romands — est en contradiction constante avec notre neutralité, et ce qui est pire, avec la mission même qui justifie cet
797 de fermeté ou ces protestations intempestives que nous prodiguons chaque jour aux « nationaux » de tel pays ou aux « rouges 
798 ation bien définie et de portée européenne. Quand nos journaux font la leçon à Léon Blum, ce n’est pas — comme ce pourrait
799 ux. La même critique peut d’ailleurs s’adresser à notre presse d’extrême gauche lorsqu’elle défend le même Léon Blum pour des
800 ent inverses, et par suite non moins étrangères à notre ligne fédérale. Quand nous verrons nos grands journaux se préoccuper
801 on moins étrangères à notre ligne fédérale. Quand nous verrons nos grands journaux se préoccuper de juger ce qui se passe ch
802 ngères à notre ligne fédérale. Quand nous verrons nos grands journaux se préoccuper de juger ce qui se passe chez nos voisi
803 rnaux se préoccuper de juger ce qui se passe chez nos voisins non plus au nom de la droite française ou de la gauche allema
804 ande émigrée, mais au nom du principe fédéral que nous avons à incarner, on pourra dire que la Suisse a retrouvé sa raison d
805 us violemment centralistes, les plus contraires à nos statuts ! Nous ne pourrions en tirer qu’une seule leçon : les fascism
806 centralistes, les plus contraires à nos statuts ! Nous ne pourrions en tirer qu’une seule leçon : les fascismes se donnent p
807 ce est là, et qu’en les admirant, en les enviant, nous sommes précisément en train de perdre ce qu’ils ont trouvé, le sens d
808 e à l’étranger reposait justement sur le fait que nous étions seuls à juger dans une perspective européenne. (Nos trois cult
809 s seuls à juger dans une perspective européenne. ( Nos trois cultures nous y préparaient, nous y contraignaient même en quel
810 s une perspective européenne. (Nos trois cultures nous y préparaient, nous y contraignaient même en quelque mesure.) Mais un
811 ropéenne. (Nos trois cultures nous y préparaient, nous y contraignaient même en quelque mesure.) Mais une presse suisse part
812 st plus qu’une presse d’intérêt local. Là encore, nos chances sont uniques, nous pourrions être les premiers. Mais à cette
813 térêt local. Là encore, nos chances sont uniques, nous pourrions être les premiers. Mais à cette seule condition : de savoir
814 cette seule condition : de savoir au nom de quoi nous parlons. Et ce ne peut être qu’au nom de l’avenir de l’Europe, puisqu
815 m de l’avenir de l’Europe, puisque c’est cela que nous sommes dès maintenant. 2. — La culture. D’autres en ont parlé plus lo
816 ne l’envisage ici que sous l’angle particulier de nos responsabilités comme neutres. Ramuz insiste avec raison sur le fait
817 eutres. Ramuz insiste avec raison sur le fait que nous n’avons pas une culture nationale unifiée, mais des cultures diversif
818 ionales ou étrangères. Une fois de plus, c’est là notre chance. Mais savons-nous l’utiliser ? Il y faudrait une conscience tr
819 fois de plus, c’est là notre chance. Mais savons- nous l’utiliser ? Il y faudrait une conscience très forte de la réalité fé
820 vient à faiblir, quand par exemple on se met chez nous à l’école de la droite française et de sa politique particulière cond
821 mand, l’on voit une méfiance hostile poindre chez nos intellectuels à l’endroit de ce qui est « germanique » dans notre vie
822 els à l’endroit de ce qui est « germanique » dans notre vie confédérale. Réaction de faiblesse, et néfaste à un double titre.
823 sse, et néfaste à un double titre. Car d’une part nous y perdons ce qui fait notre valeur propre dans la culture de langue f
824 titre. Car d’une part nous y perdons ce qui fait notre valeur propre dans la culture de langue française ; et d’autre part,
825 culture de langue française ; et d’autre part, en nous refusant aux contacts et aux échanges, nous perdons la meilleure occa
826 t, en nous refusant aux contacts et aux échanges, nous perdons la meilleure occasion de prendre conscience de nous-mêmes, et
827 casion de prendre conscience de nous-mêmes, et de nos singularités sinon latines, du moins romanes. On se découvre en s’opp
828 à corps. Croit-on que Ramuz eût écrit ce Chant de notre Rhône, si « roman », sans le voisinage germanique qui l’a contraint à
829 ment tenté et enrichi par le génie du Rhin ? Pour nous qui n’avons pas les mêmes raisons de construire des Bastions de l’Est
830 rpétuelle de n’aboutir qu’à des mélanges bâtards. Notre unité existe, mais sur un plan à la fois plus élevé et plus vaste que
831 nale, des diversités de l’Europe, symbolisées par nos trois langues, nos deux religions, nos vingt-cinq républiques. Et sur
832 s de l’Europe, symbolisées par nos trois langues, nos deux religions, nos vingt-cinq républiques. Et surtout qu’on ne déplo
833 lisées par nos trois langues, nos deux religions, nos vingt-cinq républiques. Et surtout qu’on ne déplore pas le fait que l
834 e : un microcosme des valeurs que les nations qui nous entourent ont illustrées l’une après l’autre, mais n’ont pas pu synth
835 poésie ou la philosophie. Et peut-être ne serons- nous jamais aussi grands qu’aucune d’entre elles dans aucun de ces domaine
836 les dans aucun de ces domaines particuliers. Mais notre grandeur est ailleurs : elle est dans l’harmonie intime, ou dans l’op
837 vocations spéciales d’autres nations. Et c’est là notre vocation. Neutralité, sur le plan culturel, ce n’est pas mélange, ni
838 ir créer une « culture suisse », ce serait trahir notre mission, ce serait le péché même d’idolâtrie qui consiste dans son pr
839 èbre. Et pourquoi n’irais-je pas jusqu’à dire que notre grandeur culturelle est de n’avoir pas de culture suisse, mais seulem
840 uisse, mais seulement une culture européenne ? On nous a donné par-dessus un Gottfried Keller et un Ramuz. Ceux-là ne sont E
841 lle culture européenne77. Je ne vois pas pourquoi nous douterions d’une tradition que tout nous pousse à continuer, et qui,
842 pourquoi nous douterions d’une tradition que tout nous pousse à continuer, et qui, je le crois, n’a pas encore réalisé ses p
843 n’a pas encore réalisé ses possibilités extrêmes. Nous avons le goût du moyen, c’est entendu, et je l’accorde à Ramuz, et je
844 tion unique. Au niveau de l’instruction publique, nous étouffons dans le moyen ; mais au niveau de la vraie culture, nous po
845 ns le moyen ; mais au niveau de la vraie culture, nous pouvons être les moyens de la grandeur future de l’Europe. (Il y a là
846 d’une garde, et par là même, elle est conforme à notre vocation profonde. Garde montée autour des cols, dirait Liehburg ; mi
847 s justifications si convaincantes dans le plan de notre propre doctrine ? Armée démocratique, dit-on, milice populaire, dépou
848 ne s’agit ici que de nuances dans l’atmosphère de notre pays, mais il est important de les percevoir avant qu’elles ne devien
849 it que l’on soit un bon soldat. Peut-être oserons- nous rappeler qu’il existe d’autres manières se servir son pays et d’illus
850 , avec l’ardeur à revêtir l’uniforme. Après tout, notre armée n’est qu’un aspect de notre défense fédérale. Et un aspect subo
851 me. Après tout, notre armée n’est qu’un aspect de notre défense fédérale. Et un aspect subordonné. Si l’on néglige à son prof
852 d’ailleurs que les armes matérielles soient pour nous une défense suffisante. Je vois bien qu’elles sont nécessaires. Mais
853 nsacré à leur acquisition, on pourrait apporter à nos institutions de haute culture, à nos savants, artistes ou écrivains,
854 t apporter à nos institutions de haute culture, à nos savants, artistes ou écrivains, les moyens d’assurer au pays un prest
855 s d’assurer au pays un prestige international qui nous donnerait peut-être davantage qu’une garantie d’économie : une existe
856 Car le jour où il existera, l’on pourra dire que nos hommes politiques, si réellement représentatifs, dans ce pays, de l’o
857 ion moyenne des citoyens, ont retrouvé le sens de notre destinée, et notre chance unique de grandeur. ⁂ Je vois ce que l’on p
858 oyens, ont retrouvé le sens de notre destinée, et notre chance unique de grandeur. ⁂ Je vois ce que l’on peut m’objecter : « 
859 n n’est plus vrai, et c’est très consciemment que nous opérons ce redressement urgent ! Qu’est-ce donc qu’une révolution, si
860 tir des formes existantes ? Il ne s’agit pas pour nous de « révolutionner », au sens que le bourgeois craintif prête à ce te
861 sens que le bourgeois craintif prête à ce terme. Nous partons, dans ce pays, d’un certain nombre de structures politiques e
862 urs en intention, les « utopies » personnalistes. Nous n’avons donc pas à renverser l’ordre politique existant — comme c’est
863 paresse spirituelle entretenue tyranniquement par nos écoles, la tentation de copier nos voisins dans les mœurs politiques
864 nniquement par nos écoles, la tentation de copier nos voisins dans les mœurs politiques et dans la presse, tout cela menace
865 esse, tout cela menace et compromet non seulement nos chances à venir, mais les bases politiques et morales sur lesquelles
866 is les bases politiques et morales sur lesquelles nous pouvions compter, et la mission même de la Suisse. Tout cela tend à n
867 et la mission même de la Suisse. Tout cela tend à nous réduire à nos proportions matérielles, qui sont petites, qui sont méd
868 ême de la Suisse. Tout cela tend à nous réduire à nos proportions matérielles, qui sont petites, qui sont médiocres. J’ai c
869 ôle de presse locale. Il faut bien dire aussi que notre fédéralisme tend à se réduire à l’esprit de clocher, à une limitation
870 plutôt qu’il ne favorise de fécondes oppositions. Notre neutralité, conçue comme une prudence, devient la pire des imprudence
871 e des imprudences au milieu de l’Europe fasciste. Notre instruction publique très développée à tous les degrés, mais fondée s
872 des inégalités favorisées et protégées82.) Seule notre économie cherche à se mettre au pas des grandes économies européennes
873 tant vanté. Autant de constatations qui dictent à notre action des objectifs immédiats : ils seront révolutionnaires au sens
874 vant toute action précise, il importe de rendre à notre peuple le sens d’un destin qui le dépasse. Petit peuple chargé d’une
875 nd air de l’Europe et du monde reviendra vivifier nos pays. Il y aura de nouveau du jeu, de la passion, des communications
876 sumerai tout ce qui précède en une seule phrase : Nous sommes chargés symboliquement de la garde du Saint-Gothard : mais c’e
877 e, et non pas pour barrer le col sous prétexte de nous mettre à l’abri ! 73. Particulièrement, il faut le souligner, en Su
878 ouligner, en Suisse romande. 74. Les guerres qui nous menacent n’opposeront pas seulement des colonnes motorisées, mais des
879 comme Ferrero ou Thibaudet ; agence de liaison de nos cultures grâce à la très remarquable Revue de Genève de Robert de T
880 un État personnaliste. 79. La place occupée dans nos journaux par les moindres manœuvres de régiment ou de brigade stupéfi
881 de faire concourir l’éducation et l’instruction à notre préparation militaire, comme le réclament déjà certains ! S’il fallai
36 1938, Esprit, articles (1932–1962). La passion contre le mariage (septembre 1938)
882 roman, dont l’influence, du xiie siècle jusqu’à nos jours, se révèle exactement assimilable à celle d’un mythe. Tristan e
883 résie cathare ou albigeoise. Or il est établi, de nos jours, que les cathares étaient manichéens. Selon leur foi, le monde
884 torique, d’origine sacrée, transformera peu à peu nos sentiments, en leur prêtant des « couleurs » religieuses. Et cette im
885 squ’au contraire elle ordonnait la chasteté. Mais nous avons montré que le symbole courtois de l’amour pour une Dame spiritu
886 uer qu’elle joue un rôle restreint dans la vie de nos sociétés. Ce qui explique, à mon sens, l’état présent de dé-moralisat
887 — c’est la confuse dissension au sein de laquelle nous vivons de deux morales dont l’une est héritée de l’orthodoxie religie
888 sie dont l’expression « essentiellement lyrique » nous parvient totalement profanée, et par suite dénaturée. Voici les force
889 rs finalités s’excluent. De leur coexistence dans nos vies surgissent sans fin des problèmes insolubles, et ce conflit mena
890 lubles, et ce conflit menace en permanence toutes nos « sécurités » sociales. En d’autres temps, ce fut la fonction du myth
891 hie latente et de la composer symboliquement dans nos catégories morales. Rôle d’exutoire, rôle civilisateur. Mais le mythe
892 ivendi, et tous ces livres aggravant au contraire notre conscience du problème, contribuent à le rendre insoluble. Ils sont l
893 e. Ils sont les signes de la crise, mais aussi de notre impuissance à la réduire dans les cadres actuels. L’institution matri
894 s païens, s’est toujours entouré d’un rituel dont nos institutions gardèrent longtemps les éléments : rites de l’achat, du
895 , du rapt, de la quête et de l’exorcisme. Mais de nos jours, la dot perd de son importance, par suite de l’instabilité écon
896 ne occasion d’anodines galanteries picturales. De nos jours enfin, le « voyage de noces », pour autant qu’il subsiste et ga
897 que les modernes font dépendre leur « bonheur » ( nous reviendrons tout à l’heure sur cette notion centrale). Cette dépréci
898 térise l’état moral de l’époque, est à la fois de nous obséder par l’idée d’un bonheur facile, et du même coup de nous rendr
899 ar l’idée d’un bonheur facile, et du même coup de nous rendre inaptes à le posséder. Car tout ce qu’on nous propose nous int
900 s rendre inaptes à le posséder. Car tout ce qu’on nous propose nous introduit dans le monde de la comparaison, où nul bonheu
901 tes à le posséder. Car tout ce qu’on nous propose nous introduit dans le monde de la comparaison, où nul bonheur ne saurait
902 les moralistes de tous les temps l’ont répété, et notre temps n’apporte rien qui doive nous faire changer d’avis. Tout bonheu
903 t répété, et notre temps n’apporte rien qui doive nous faire changer d’avis. Tout bonheur que l’on veut sentir, que l’on veu
904 la passion : tel est le dilemme qu’introduit dans nos vies l’idée moderne du bonheur. Cela va de toute manière à la ruine d
905 sa transformation en passion. Et c’est de là que nous vient, par la littérature, cette idée toute moderne et romantique que
906 e que la passion est une noblesse morale, qu’elle nous met au-dessus des lois. Celui qui aime de passion accède à une humani
907 eut plus le croire, à l’âge du film et du roman — nous sommes tous plus ou moins intoxiqués, — et cette nuance est décisive.
908 ge de la mère, sans nul doute, et la psychanalyse nous apprend quels empêchements tragiques cela peut signifier. Mais l’exem
909 i les tyrannise, c’est la « beauté standard ». De nos jours — et ce n’est qu’un début —, un homme qui se prend de passion p
910 portive. Mais le panurgisme esthétique atteint de nos jours une puissance inconnue, développée par tous les moyens techniqu
911 e innombrable et écœurante littérature romanesque nous peint ce type du mari qui redoute la « platitude », le train-train de
912 il appelait, c’était la mort transfigurante. Mais nous avons perdu la transcendance. La mort n’est plus qu’une métaphore, co
913 n, une moindre-vie. À cette lumière que jette sur nos psychologies la connaissance du mythe primitif, le succès du roman et
914 outes les complications qui servent d’intrigues à nos auteurs se ramènent au schéma monotone des ruses de la passion pour s
915 onge à la psychologie de la jalousie, qui envahit nos analyses : jalousie désirée, provoquée, sournoisement favorisée, et n
916 s, il serait excessif d’estimer que la plupart de nos contemporains sont en proie au délire de Tristan. Bien peu ont assez
917 es m’ont porté déjà aux limites du désobligeant : nous aimons trop nos illusions pour souffrir même qu’on nous les nomme…
918 jà aux limites du désobligeant : nous aimons trop nos illusions pour souffrir même qu’on nous les nomme… 4. De l’anarchi
919 imons trop nos illusions pour souffrir même qu’on nous les nomme… 4. De l’anarchie à l’eugénisme Cependant, l’anarchie
920 tatives de « restauration » du mariage auxquelles nous assistons depuis la guerre. Les églises font un honorable effort de r
921 ncore osé dire que l’amour tel qu’on l’imagine de nos jours est la négation pure et simple du mariage, que l’on prétend fon
922 toujours existé, elle existera donc toujours, et nous ne sommes pas des Don Quichotte… » Je le crois bien ! C’est même à ca
923 xe collectif. ⁂ Deux exemples de grande envergure nous indiquent un type de réponse, une solution peut-être inévitable. La R
924 ue de l’enfance, probablement sans précédent dans notre histoire européenne. Quant au mariage, il fut proprement balayé duran
925 art des conséquences bien plus complexes que chez nous , et d’apparences fort hétéroclites. Le cynisme morbide de l’après-gue
926 ique forcée de l’eugénisme réussira, là où toutes nos morales échouent, entraînant l’effective abolition du besoin « spirit
927 sich sehnt (La femme que l’on désire, la femme de notre nostalgie) est la meilleure définition d’Iseut. C’est la femme que l’
37 1938, Esprit, articles (1932–1962). Revue des revues (septembre 1938)
928 « une aventure d’intolérance et d’inquisition où nous avons à peu près tout à perdre ». Enfin M. Haedens demande que l’on r
929 n des premiers actes du réveil « pluraliste » que nous appelons ici depuis nos débuts.   NRF (mai). — Notes et quatrains
930 éveil « pluraliste » que nous appelons ici depuis nos débuts.   NRF (mai). — Notes et quatrains de Jean Wahl. À retenir
931 demi-siècle, la poésie de la France », mais qu’il nous la ramène (sans calembour), aussi fraîche que lorsqu’il lui donna la
932 vait cloîtrée ? — Pour un collège de sociologie : Nous y reviendrons. aw. Rougemont Denis de, « Revue des revues », Espri
38 1938, Esprit, articles (1932–1962). L’amour action, ou de la fidélité (novembre 1938)
933 e, sans doute, puisqu’il n’est plus question pour nous de recourir au bras séculier. (Sans compter que la Croisade, au total
934 t être lui-même son dieu93. La passion brûle dans notre cœur sitôt que le serpent au sang-froid — le cynique pur — insinue sa
935 les raisons de la terre, et les conseils de tous nos arts de vivre, quand c’est la terre qui est méprisée, et la vie qui e
936 ctrine du salut). À vues humaines, la guérison de nos passions viendra de l’État, ce Sauveur anonyme qui assumera le poids
937 e Sauveur anonyme qui assumera le poids de toutes nos fautes, et de la faute initiale de vivre, pour les glorifier dans la
938 uprême obstacle du « stade religieux », puisqu’il nous lie au temps, précisément, quand la foi veut l’éternité ! Que répondr
939 e passion chrétienne est la seule vérité, et tous nos « devoirs » humains (dont le bonheur) ne peuvent que nous en détourne
940 evoirs » humains (dont le bonheur) ne peuvent que nous en détourner. Kierkegaard condamna d’abord les pasteurs qui refusaien
941 res à la nature pour sélectionner les espèces qui nous paraissent adaptées. Et nous aurions la prétention de résoudre d’un c
942 nner les espèces qui nous paraissent adaptées. Et nous aurions la prétention de résoudre d’un coup, en une seule vie, le pro
943 a sensiblement de son « bonheur ». Alors que tout nous montre que cent-mille essais ne seraient pas encore assez pour consti
944 faut le reconnaître honnêtement : le problème qui nous est posé par la nécessité pratique du mariage apparaît d’autant plus
945 st salutaire. Cela se discute à l’infini. Et cela nous sera des plus utile dès que les hommes se régleront sur la raison et
946  Cela n’a pas d’importance, cela ne change rien à nos rapports, c’est une passade, une erreur sans lendemain » et tantôt :
947 mantique, il n’y a pas de contradiction profonde, nous l’avons vu95. Dans les deux cas, il s’agit de s’évader hors de tout e
948 il se peut aussi que rien ne compense la perte : nous sommes ici dans un ordre de grandeur où nos mesures et nos équivalenc
949 te : nous sommes ici dans un ordre de grandeur où nos mesures et nos équivalences n’ont plus cours.) Mais savons-nous encor
950 s ici dans un ordre de grandeur où nos mesures et nos équivalences n’ont plus cours.) Mais savons-nous encore imaginer une
951 t nos équivalences n’ont plus cours.) Mais savons- nous encore imaginer une grandeur qui n’ait rien de romantique ? Et qui so
952 . (Pour ne rien dire des successives fidélités de nos « liaisons », et de tous ces Tristans qui ne sont au vrai que des Don
953 r pour l’autre. L’analyse des légendes courtoises nous a révélé que Tristan n’aime pas Iseut mais l’amour même, et au-delà d
954 iques, la « fidélité passionnée » n’a gardé parmi nous que l’illusion d’accéder à une vie plus ardente. Mais l’emprise de ce
955 e de la religion primitive. Religion antérieure à notre « instinct » moderne, et qui détient l’intime secret de la passion, a
956 là de ce que les psychologues peuvent y lire. ⁂ «  Notre engagement n’était pas pris pour ce monde », écrivait Novalis songean
957 gne que la volonté de Dieu, même quand elle ruine notre bonheur, est salutaire. L’amour de Tristan et d’Iseut c’était l’angoi
958 lus d’Isolde, plus de Tristan, plus aucun nom qui nous sépare ! » Il faut que l’autre cesse d’être l’autre, donc ne soit plu
959 l se tourne avec moi vers le Jour afin d’attester notre alliance. ⁂ Une vie qui m’est alliée — pour toute la vie, voilà le mi
960 ’amour-passion, l’amour païen, qui a répandu dans notre monde occidental le poison de l’ascèse idéaliste — et tout ce qu’un N
961 ile. C’est Éros, et non pas Agapè, qui a glorifié notre instinct de mort, et qui a voulu le « spiritualiser ». Mais Agapè se
962 mort parce qu’il veut exalter la vie au-dessus de notre condition finie et limitée de créatures. Ainsi le même mouvement qui
963 e créatures. Ainsi le même mouvement qui fait que nous adorons la vie nous précipite dans sa négation. C’est la profonde mis
964 e même mouvement qui fait que nous adorons la vie nous précipite dans sa négation. C’est la profonde misère, le désespoir d’
965 , mais le Jugement du Créateur. C’est ici-bas que notre sort se joue. C’est sur la terre qu’il faut aimer et recevoir le pard
966 s dès lors que le Verbe s’est fait chair et qu’il nous a parlé en mots humains, nous avons appris cette nouvelle : ce n’est
967 fait chair et qu’il nous a parlé en mots humains, nous avons appris cette nouvelle : ce n’est pas l’homme qui doit se délivr
968 s, dans l’obéissance à la Parole. ⁂ Et qu’aurions- nous alors à craindre du désir ? Cela seulement : qu’il nous détourne d’ob
969 lors à craindre du désir ? Cela seulement : qu’il nous détourne d’obéir. Mais il perd sa puissance absolue quand nous cesson
970 d’obéir. Mais il perd sa puissance absolue quand nous cessons de le diviniser. Et c’est ce qu’atteste l’expérience de la fi
971 rde de confondre avec des vérités psychologiques. Notre analyse du mythe nous a fait voir pourquoi l’on aime croire à la fata
972 es vérités psychologiques. Notre analyse du mythe nous a fait voir pourquoi l’on aime croire à la fatalité, qui est l’alibi
973 fier les écarts de Don Juan. Toute la littérature nous engage à y voir la preuve d’une très puissante nature sensuelle. Don
974 ». Mais c’est encore le mythe, naturellement, qui nous le fait croire, avec son obsession de l’amour contrarié. Il serait pl
975 On admettra que c’est une révolution sérieuse. Et nous pourrons maintenant dépasser la formule toute négative et privative d
976 c’est-à-dire des deux religions qui se disputent notre Occident. La connaissance de ce conflit, de ses origines historiques
977 ns doute de dégager le principe de correction que nos recherches sur la passion peuvent établir. ⁂ Les Orientaux caractéris
978 oient l’héritage du christianisme et le secret de notre dynamisme. Et il est vrai que ces trois termes : christianisme, passi
979 reils jugements. Cependant, si les conclusions de notre examen du mythe courtois sont justes, il faudra corriger sensiblement
980 il est né de la complicité de cette religion avec nos plus vieilles croyances, et du conflit de l’hérésie qui en résulta av
981 al » procède de deux sources distinctes. Si c’est notre délire guerrier que l’on entend désigner par ce terme, il se rattache
982 l’autre aspect du dynamisme occidental, j’entends notre génie technique, ne saurait être un seul instant ramené à la passion.
983 nt elle est née ne sauraient proposer comme but à notre vie la maîtrise de la Nature, puisque c’est là le but et la fonction
984 es effets. Mais la réponse n’importe pas ici : il nous suffit de marquer que les éléments occidentaux-chrétiens (c’est-à-dir
985 me moderne, c’est la collusion de la guerre et de notre génie technique. À partir de la Révolution, la guerre devenant « nati
986  ? S’il est vrai qu’elle ne s’est développée dans notre histoire et nos cultures qu’à partir des xiie et xiiie siècles, et
987 u’elle ne s’est développée dans notre histoire et nos cultures qu’à partir des xiie et xiiie siècles, et par l’impulsion
988 et de l’Iran, sources certaines de l’hérésie, que nous sont venues nos « mortelles » croyances. Mais dira-t-on, ces mêmes cr
989 rces certaines de l’hérésie, que nous sont venues nos « mortelles » croyances. Mais dira-t-on, ces mêmes croyances n’ont pa
990 es n’y ont pas trouvé les mêmes obstacles. Ainsi notre chance dramatique est d’avoir résisté à la passion par des moyens pré
991 . Telle fut la tension permanente d’où jaillirent nos plus belles créations. Mais ce qui produit la vie produit aussi la mo
992 e qu’il a de particulier. C’est tout le secret de notre fidélité. La sagesse orientale cherche la connaissance dans l’aboliti
993 naissance dans l’abolition progressive du divers. Nous , nous cherchons la densité de l’être dans la personne distincte, sans
994 nce dans l’abolition progressive du divers. Nous, nous cherchons la densité de l’être dans la personne distincte, sans cesse
995 ns cesse approfondie comme telle. « D’autant plus nous connaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons
996 nnaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons Dieu », dit Spinoza. Cette attitude, qui définit mon Occi
997 t donne des chances nouvelles à la passion. C’est notre vie et notre mort. Et c’est pourquoi la crise moderne du mariage est
998 hances nouvelles à la passion. C’est notre vie et notre mort. Et c’est pourquoi la crise moderne du mariage est le signe le m
999 ndividuelles. Le « signe » de la crise du mariage nous parle et nous avertit mieux : aucun autre n’est plus sensible et quot
1000 Le « signe » de la crise du mariage nous parle et nous avertit mieux : aucun autre n’est plus sensible et quotidien, plus in
1001 x domaines où il peut entraîner la destruction de notre civilisation. Tout cela est, tout cela nous menace, et d’autant plus
1002 n de notre civilisation. Tout cela est, tout cela nous menace, et d’autant plus qu’on voudrait le nier. Cependant, à plusieu
1003 plusieurs reprises, la connaissance de ces périls nous a fait entrevoir des possibilités de les surmonter. Par exemple, il s
1004 endemains qui obsède aujourd’hui tant de fronts ? Notre vie ne se joue pas dans l’au-delà temporel, mais dans les décisions t
1005 dans les décisions toujours actuelles qui fondent notre fidélité. Quoi qu’il arrive, heur ou malheur, le sort du monde nous i
1006 i qu’il arrive, heur ou malheur, le sort du monde nous importe bien moins que la connaissance de nos devoirs présents. Car «
1007 de nous importe bien moins que la connaissance de nos devoirs présents. Car « la figure de ce monde passe », mais l’obéissa
1008 toujours hic et nunc, dans l’acte de l’Éternel où notre espoir se fonde. ⁂ Deux thèmes de réflexion, amorcés çà et là dans ce
1009 si simpliste que le dilemme passion-fidélité peut nous le faire croire. De fait, on ne connaît jamais que les problèmes dont
1010 solution, le dépassement. Or le moyen de dépasser notre dilemme ne saurait être la pure et simple négation de l’un de ses ter
1011 pe, ce serait vouloir supprimer l’un des pôles de notre tension créatrice. De fait, cela n’est pas possible. Le philistin qui
1012 ion vécue jusqu’à l’impasse mortelle, que pouvons- nous désormais entrevoir ? Les deux thèmes que je vais esquisser indiquent
1013 un drame personnel dont les données biographiques nous sont suffisamment connues. On sait que l’événement qui devint pour Ki
1014 les avec Régine. La cause intime de cette rupture nous demeure en partie mystérieuse107 : c’est « le secret » essentiellemen
1015 Dieu apparaît alors comme « mon ennemi mortel ». Nous nous heurtons ici à l’extrême limite, à l’origine pure de la Passion,
1016 apparaît alors comme « mon ennemi mortel ». Nous nous heurtons ici à l’extrême limite, à l’origine pure de la Passion, — ma
1017 l’origine pure de la Passion, — mais du même coup nous sommes jetés au cœur même de la foi chrétienne ! Car voici : cet homm
1018 enne mettre ses délais entre la question qu’elles nous posent et la réponse de notre vie.) ⁂ Le second thème que j’esquisser
1019 la question qu’elles nous posent et la réponse de notre vie.) ⁂ Le second thème que j’esquisserai n’est peut-être pas d’une n
1020 gaard. Au sommet de l’ascension spirituelle qu’il nous raconte dans le langage de la plus ardente passion, saint Jean de la
1021 bonheur sensible, cessent de souffrir, acceptent notre jour. Et alors le mariage est possible. Nous sommes deux dans le cont
1022 ent notre jour. Et alors le mariage est possible. Nous sommes deux dans le contentement. ⁂ Une dernière fois pourtant nous r
1023 ans le contentement. ⁂ Une dernière fois pourtant nous reprendrons un parti de sobriété. Les mariés ne sont pas des saints,
1024 t un beau jour pour adopter une vérité meilleure. Nous sommes sans fin ni cesse dans le combat de la nature et de la grâce.
1025 élité gardée au nom de ce qui ne change pas comme nous , révèle peu à peu son mystère : c’est qu’au-delà de la tragédie, il y
1026 ais les catastrophes qu’elle annonce représentent notre châtiment et non pas notre délivrance. Ce n’est pas la mort, la désin
1027 e annonce représentent notre châtiment et non pas notre délivrance. Ce n’est pas la mort, la désincarnation, qui est le salut
39 1938, Esprit, articles (1932–1962). Suite à « La passion contre le mariage » (décembre 1938)
1028 passion contre le mariage » (décembre 1938)az Nous annoncions deux lettres dans notre dernier numéro. Une erreur de mont
1029 bre 1938)az Nous annoncions deux lettres dans notre dernier numéro. Une erreur de montage a fait sauter la seconde (où no
1030 ne erreur de montage a fait sauter la seconde (où notre ami Miatlev protestait de ne pas lire le nom de Lawrence parmi les pr
40 1939, Esprit, articles (1932–1962). D’une critique stérile (mai 1939)
1031 té mais par crainte, pour assurer le « salut » de nos libertés… Ils ont écrit et dit tout cela, avant les autres, dans Esp
1032 artisans de droite et de gauche seraient fondés à nous dire aujourd’hui : « Vous avez très bien vu pourquoi nous ne ferions
1033 e aujourd’hui : « Vous avez très bien vu pourquoi nous ne ferions rien. Mais dites-nous maintenant pourquoi vous-mêmes, conn
1034 bien vu pourquoi nous ne ferions rien. Mais dites- nous maintenant pourquoi vous-mêmes, connaissant nos erreurs, n’avez rien
1035 -nous maintenant pourquoi vous-mêmes, connaissant nos erreurs, n’avez rien fait de mieux ? » Certains seront tentés de répo
1036 un appareil centralisé — la négation parfaite de nos doctrines. 6. On croit si peu à la mort des partis qu’on n’imagine pa
1037 12. Et de même, ceux qui attendent pour agir que nous soyons « suffisamment nombreux ». 13. Pour former une communauté, il
41 1939, Esprit, articles (1932–1962). Autour de L’Amour et l’Occident (septembre 1939)
1038 moins égale à la mienne. C’est à partir de là que nous pouvons dialoguer. Car à partir de là, nous pouvons en appeler à l’ob
1039 à que nous pouvons dialoguer. Car à partir de là, nous pouvons en appeler à l’objectivité la plus réelle : celle de certaine
1040 taines formes fixes de l’esprit au nom desquelles nous portons nos jugements, et qui ne sont autres que les dogmes. — Ça exi
1041 fixes de l’esprit au nom desquelles nous portons nos jugements, et qui ne sont autres que les dogmes. — Ça existe, l’amour
1042 ait être que littérature (la plus belle qui soit, nous le savons à Neuchâtel comme à Marseille). C’est à cela, c’est à ce « 
1043 ut prix que je puisse l’assumer. » Eh bien quoi ? Nous en sommes tous là ! Mais faut-il vraiment s’en réjouir ? Si l’on appe
1044 médiable « consonance » dont un miracle seul peut nous sauver, en même temps qu’il sauvera ou restaurera l’humain, et comme
1045 peut-être que j’abuse en transportant à ce niveau notre « tenson », comme on disait au temps des troubadours. Croyez-moi, je
1046 loi. Mais il faut bien remarquer le point réel de notre divergence (en attendant nos psychographes). Votre insistance à me re
1047 r le point réel de notre divergence (en attendant nos psychographes). Votre insistance à me reprocher d’avoir sous-estimé c
1048 ntence paraît écrasante pour ma thèse. Seulement, nous sommes dans le monde concret de la chute, le monde des vérités second
1049 « Je trouve deux hommes en moi », écrit l’Apôtre. Nous trouvons en nous deux amours, et même trois. C’est là précisément le
1050 hommes en moi », écrit l’Apôtre. Nous trouvons en nous deux amours, et même trois. C’est là précisément le sujet de mon livr
1051 ore que vous êtes « plutôt contre » ? Voilà toute notre opposition : catholique et platonisant, vous insistez sur la nécessit
1052 vue « la seule chose nécessaire ». Car l’Écriture nous dit que si nous la gardons « tout le reste nous sera donné par-dessus
1053 hose nécessaire ». Car l’Écriture nous dit que si nous la gardons « tout le reste nous sera donné par-dessus » ; mais l’inve
1054 e nous dit que si nous la gardons « tout le reste nous sera donné par-dessus » ; mais l’inverse n’est pas prévu.   Post-Scri
1055 après la note de ce dernier dans Esprit d’avril, nous a paru propre à intéresser nos lecteurs. Voici d’abord une lettre de
1056 s Esprit d’avril, nous a paru propre à intéresser nos lecteurs. Voici d’abord une lettre de Rougemont. »
42 1946, Esprit, articles (1932–1962). « Un divorce entre le christianisme et le monde ? » (août-septembre 1946)
1057 te est précédé du chapeau suivant : « Certains de nos correspondants ont posé la question préalable. Un divorce entre le ch
43 1946, Esprit, articles (1932–1962). Épilogue (novembre 1946)
1058 ’à la mort. Plus question du savon. Brossez-vous. Nous ne posons pas de question de principe à propos de ce produit utile et
1059 fabrication et dans la répartition de l’article, nous étudions deux questions, et prenons les mesures nécessaires pour les
1060 s pour les résoudre, non pas pour qu’on en parle. Notre tendance est de nous en remettre à une agence d’État, qui généralemen
1061 on pas pour qu’on en parle. Notre tendance est de nous en remettre à une agence d’État, qui généralement fait le travail à l
1062 re éprouvé de la tradition dite nationale… Et si nous ne sommes pas là pour consentir un prêt, payant la casse, vous parlez
1063 onsentir un prêt, payant la casse, vous parlez de notre hypocrisie… Avec tout cela, je me demande bien pourquoi nous adorons
1064 isie… Avec tout cela, je me demande bien pourquoi nous adorons la France comme une femme ! Pour sa grâce et pour ses faibles
1065 gueur, un certain équilibre élégant et hardi, qui nous en imposent encore… Nous faisons à la France un crédit démesuré, plus
1066 re élégant et hardi, qui nous en imposent encore… Nous faisons à la France un crédit démesuré, plus qu’à nul autre pays du m
1067 les négociations, comme le fut votre Herriot, que nous respectons. Et cessez de répéter sur notre compte des sottises pittor
1068 ot, que nous respectons. Et cessez de répéter sur notre compte des sottises pittoresques ou méprisantes. Nous sommes adultes.
1069 compte des sottises pittoresques ou méprisantes. Nous sommes adultes. Comment un Américain moyen voit le Monde — Quel
1070 protestantes, ce qui doit rassurer. Ils ont donné nos meilleurs immigrants, ceux qui ont fondé nos vieilles familles. Quels
1071 onné nos meilleurs immigrants, ceux qui ont fondé nos vieilles familles. Quels sont les pays qui marchent mal et qui nous c
1072 lles. Quels sont les pays qui marchent mal et qui nous créent le plus d’ennuis ? L’Espagne et le Portugal, parce que ce sont
1073 sissent matériellement, elles n’achèteront jamais notre respect. L’Europe centrale et les Balkans, livrés aux Russes, qui les
1074 iper, puisque ce sont leurs colonies. L’Allemagne nous plaît mieux que la Pologne : pays de blonds et les noirs sont suspect
1075 et les noirs sont suspects, tous les villains de nos films ont les cheveux noirs. De plus l’Allemand est propre et travail
1076 re-grand-mère était du Wurtemberg. Les Italiens ? Nous en aurons bientôt autant chez nous qu’il en reste là-bas. Nous aimion
1077 Les Italiens ? Nous en aurons bientôt autant chez nous qu’il en reste là-bas. Nous aimions beaucoup La Guardia, que nous bap
1078 s bientôt autant chez nous qu’il en reste là-bas. Nous aimions beaucoup La Guardia, que nous baptisions la Fleurette. Nous n
1079 ste là-bas. Nous aimions beaucoup La Guardia, que nous baptisions la Fleurette. Nous n’avons jamais admiré Mussolini, comme
1080 oup La Guardia, que nous baptisions la Fleurette. Nous n’avons jamais admiré Mussolini, comme l’ont fait les bourgeois d’Eur
1081 ujours prêts et se battre. Oui, l’Europe, ce sont nos Balkans. Mais il y a l’Amérique du Sud, il y a les Russes, il y a l’A
1082 dont ils font montre même quand ils viennent chez nous . Cette moitié de moi n’irait peut-être pas jusqu’à demander une guerr
1083 es, qui se met à vous ressembler si curieusement. Nous n’avons guère plus que lui le sens de la vie privée, nous avons le mê
1084 vons guère plus que lui le sens de la vie privée, nous avons le même goût de la production en masse et sans y regarder de tr
1085 eries. On dit que c’est la question de l’Asie qui nous sépare. Car en réalité, nous touchons à l’Asie. Nous sommes une puiss
1086 estion de l’Asie qui nous sépare. Car en réalité, nous touchons à l’Asie. Nous sommes une puissance maritime et cela compens
1087 s sépare. Car en réalité, nous touchons à l’Asie. Nous sommes une puissance maritime et cela compense la proximité géographi
1088 géographique de la Russie. Pourquoi donc aurions- nous organisé, par les soins de la marine de guerre, et comme pour démontr
1089 lair avertissement aux Russes. La Chine est un de nos grands marchés, le Japon un de nos gros clients. C’est là que les cho
1090 hine est un de nos grands marchés, le Japon un de nos gros clients. C’est là que les choses pourraient se gâter… Quant à no
1091 st là que les choses pourraient se gâter… Quant à nos bons voisins « latins », je ne sais pourquoi, chaque fois que nous le
1092 « latins », je ne sais pourquoi, chaque fois que nous leur serrons la main, ils pincent les lèvres, comme si l’on venait de
1093 ne belle énergie et beaucoup moins de naïveté que nous ne le pensons, ils embrassent mieux que nous la confusion du siècle,
1094 que nous ne le pensons, ils embrassent mieux que nous la confusion du siècle, ils y sont installés carrément, et ils l’expl
1095 ce active dans une culture. Les meilleurs d’entre nous les ont encore, tandis que les masses chez eux les fuient et que leur
1096 urs élites ne s’en approchent qu’en hésitant. Ils nous sont supérieurs à tant d’autres égards ; saurons-nous garder au moins
1097 sont supérieurs à tant d’autres égards ; saurons- nous garder au moins cela ? Le goût de la complexité. La tendance à simpl
1098 e et la réussite est le signe d’une vue bornée de notre condition humaine, de même que le goût des formes parfaitement arrond
1099 qui a l’air gothique quand plus rien ne l’est en nous ni autour d’elle. Un peuple, s’il éduque son sens des formes, cesse d
1100 t. Sachez que les Américains ont beaucoup mieux à nous donner que des frigidaires, des capitaux et des avions. Ils ont libér
1101 aires, des capitaux et des avions. Ils ont libéré nos villages. Libérons-nous à leur contact, à leur exemple, de l’esprit v
1102 des avions. Ils ont libéré nos villages. Libérons- nous à leur contact, à leur exemple, de l’esprit villageois. Apprenons d’e
1103 urer le vaincu. Apprenons d’eux à tenir parole, à nous laver, à boire du lait, à être à l’heure, à ne pas couper les files p
1104 elles sont raisonnables, à faire crédit, à payer nos impôts, à exiger des fonctionnaires décents, à trouver drôles plutôt
1105 t que ridicules ceux qui ont d’autres allures que nous . Apprenons d’eux la valeur créatrice d’un certain gaspillage lyrique,
1106 e lyrique, dans tous les domaines de la vie ; car notre économie minutieuse des moyens, surestimée par l’École et l’État, et
1107 ue à tous risques d’un idéal même imparfait ; car notre rigorisme intellectuel masque souvent des lâchetés de frileux. Enfin,
1108 souci d’être dignes non seulement d’un passé qui nous a faits, mais surtout d’un avenir qu’il dépend de nous de faire. Cett
1109 a faits, mais surtout d’un avenir qu’il dépend de nous de faire. Cette attitude détient le secret de la liberté. Car il n’es
44 1948, Esprit, articles (1932–1962). Thèses du fédéralisme (novembre 1948)
1110 it perdue, perdue pour tous et non seulement pour nous  ! Ce n’est donc pas au nom de je ne sais quel nationalisme européen q
1111 om de je ne sais quel nationalisme européen qu’il nous faut défendre l’Europe, mais au seul nom de l’humanité la plus consci
1112 ctiviste ou de progrès capitaliste qui ont quitté notre continent, mais, à leur suite, les espoirs et les rêves des plus acti
1113 les espoirs et les rêves des plus actifs d’entre nous ont émigré. La bourgeoisie, dans son ensemble, se contente d’un doubl
1114 tionalisme aux dimensions continentales. Ce qu’il nous faut demander, et obtenir, nous tous, c’est que les nations européenn
1115 entales. Ce qu’il nous faut demander, et obtenir, nous tous, c’est que les nations européennes s’ouvrent d’abord les unes au
1116 ouvrent l’Europe au monde, du même coup. Ce qu’il nous faut demander et obtenir — obtenir de nous-mêmes tout d’abord — c’est
45 1962, Esprit, articles (1932–1962). Lettre à Jean-Marie Domenach, à propos de « Sartre et l’Europe » (mai 1962)
1117 millions de personnes déplacées, la torture et «  notre désastre spirituel » sont sans importance à mes yeux « quand le foie
1118 du tiers-monde, l’heure n’est pas de cracher sur nos valeurs, mais de les prendre nous-mêmes au sérieux et d’en tirer les
1119 s-monde et pour l’Europe qui doit l’aider… Ce que nous devons offrir au monde et à nos fils, ce n’est pas notre mauvaise con
1120 l’aider… Ce que nous devons offrir au monde et à nos fils, ce n’est pas notre mauvaise conscience, notre rage autopunitive
1121 evons offrir au monde et à nos fils, ce n’est pas notre mauvaise conscience, notre rage autopunitive ou l’alliance de nos ren
1122 nos fils, ce n’est pas notre mauvaise conscience, notre rage autopunitive ou l’alliance de nos reniements, mais un exemple ré
1123 science, notre rage autopunitive ou l’alliance de nos reniements, mais un exemple réussi de dépassement de l’ère nationalis