1 1932, Esprit, articles (1932–1962). À l’index (Première liste) : Candide (octobre 1932)
1 andes pages de dessins inspirés à M. Hermann-Paul par l’actualité (peut-être même faudrait-il dire : par la nécessité) la p
2 ar l’actualité (peut-être même faudrait-il dire : par la nécessité) la plus brûlante : Américains et Allemands chez nous. L
3 e avarice ou de cette férocité spéciales décrites par Léon Bloy. Joli monde, comme disent les échotiers. Remercions Candide
2 1932, Esprit, articles (1932–1962). On oubliera les juges (novembre 1932)
4 oux, dans les remarques à mon sens si importantes par lesquelles il inaugurait la rubrique au premier numéro, suggérait une
5 ds en uniforme, vautrés sur un banc qui la divise par le milieu, fument des cigarettes en taquinant du pied la crosse de le
6 Ils n’auront pas à s’exprimer, d’ailleurs, sinon par la voix de leur président, et la mimique d’un jeune aviateur, dont la
7 r si Martin, « objecteur de conscience », a donné par son acte la preuve d’une obéissance à Dieu qui devrait être celle de
8 is de plus, que le monde fabriqué pour leur usage par les hommes de ce temps est à tous points de vue le plus irrespirable
9 mieux, tant ils sont enrobés de crasse hypocrisie par la bureaucratie bourgeoise et militaire qu’ils engendrèrent légitimem
10  »). Cette vertu laïque et démodée, confectionnée par les idéologues de la Troisième République, a gardé parmi nous quelque
11 eoise. Mais qu’elle se mêle un jour de s’affirmer par une personnalité, et par là même de ne plus coïncider avec les intérê
12 iction formelle avec les actes juridiques déduits par voie de faits — si l’on peut dire — des mêmes principes. Sangnier dev
13 ste. Dans un régime social où tout se tient, mais par la seule logique de la décomposition nécessaire de principes faux en
3 1933, Esprit, articles (1932–1962). Comment rompre ? (mars 1933)
14 éveil. Et quand bien même il ne serait poussé que par quelques-uns, rien ni personne ne pourra faire qu’il n’y ait eu cette
15 mêmes, qui auraient été introduites dans le monde par Dieu, que nous aurions mal dirigées, compromises par maladresse, et q
16 Dieu, que nous aurions mal dirigées, compromises par maladresse, et que nous pourrions, par exemple, dégager de leurs comp
17 cette possession serait en quelque sorte garantie par des institutions de plus en plus humaines, de plus en plus semblables
18 e l’Europe 3 ». L’on voit des von Papen, délégués par l’industrie lourde au gouvernement d’une nation « chrétienne » revend
19 n, quand ils se donnent pour chrétiens ? ⁂ Quand, par la maladie du monde, la « chrétienté » se trouve menacée, c’est déjà
20 rit, en ce siècle ! Il a été admirablement défini par la Sorbonne, entre autres. 7. Traité du désespoir, trad. Gateau (Ga
4 1933, Esprit, articles (1932–1962). Protestants (mars 1933)
21 glises catholiques, puisque il se trouve condamné par la dogmatique réformée, et plus encore par la révolte de la foi réfor
22 ndamné par la dogmatique réformée, et plus encore par la révolte de la foi réformée contre toutes les « synthèses » humanis
23 tatistes, il n’en reste pas moins non conformiste par la façon dont il pose les problèmes. Beaucoup plus « existentielle »
24 llement beaucoup d’ampleur sur le terrain préparé par Ford. Une récente enquête publiée en volume chez Macmillan sous ce ti
25 tanés de travailleurs sur la religion (recueillis par Jerome Davis) se fait l’écho de ces revendications antiecclésiastique
26 me optimiste et moralisant. Mais qu’entendent-ils par « christianisation, de l’ordre social » ? Ont-ils distingué clairemen
5 1933, Esprit, articles (1932–1962). Loisir ou temps vide ? (juillet 1933)
27 sera la condition du libre abrutissement de tous par la propagande électorale. Prendre le travail comme point de départ d’
28 nos sommations, tout le mal moderne est symbolisé par cette disjonction du travail et du loisir, dont il faut maintenant dé
29 ide sûrement.) Qu’une classe possédante en vienne par fatigue à décréter vides les loisirs que ses ancêtres consacraient à
30 is la création. Nous n’avons pas le goût du vide. Par cet acte, travail et loisir retrouveront leur commun sens : dans l’ac
31 de la création ; activité purement « nécessitée » par la révolte de 17, qui décréta l’instauration en Russie d’une civilisa
6 1934, Esprit, articles (1932–1962). Préface à une littérature (octobre 1934)
32 tat un peu plus noir qu’il n’est, afin d’éclairer par contraste un avenir qui devra son éclat moins à lui-même qu’à nos omb
33 ue sous les coups. Il nous faut apprendre le bien par la considération du désordre. Mais cet examen misérable ne mènera-t-i
34 re a mangé ses mouches. Certes, il faut commencer par dénoncer le mal. Mais que l’on sache d’abord au nom de quoi l’on parl
35 en fait, des valeurs établies ; liée, en fait et par ses conséquences pratiques, à l’établissement des bourgeois. Mais cet
36 itif et populaire — n’ait été finalement utilisée par des puissances qu’elle avait négligées ou dont elle s’était faite com
37 avant peu, cette même littérature « mise au pas » par l’État fasciste13. Que pourrait-elle lui opposer ? Où donc est la mes
38 as d’ombres grouillants d’êtres révélés et saisis par le droit flot de la lumière, les replis de la vie quotidienne fouillé
39 de la vie quotidienne fouillés comme un cauchemar par le brusque soleil, et l’homme au centre, campé dans sa stature réelle
40 t avec les buts qui leur sont réellement assignés par leur raison d’être profonde. C’est un amer divertissement que nous of
41 s une société décadente. Il est poussé à la manie par les suiveurs des maîtres d’après-guerre. Les mauvais écrivains d’aujo
7 1934, Esprit, articles (1932–1962). Sur une nouvelle de Jean Giono (novembre 1934)
42 no s’en mêle trop — et qui a cherché à s’en tirer par ses moyens. Je cite : J’essayai de me sauver par l’esprit. Vous qui
43 par ses moyens. Je cite : J’essayai de me sauver par l’esprit. Vous qui êtes Français, dites-moi pourquoi, dans tout votre
44 xpressions des philosophes sont sans cesse repris par les simples — et aussi par les autres, bien sûr — et détournés de leu
45 sont sans cesse repris par les simples — et aussi par les autres, bien sûr — et détournés de leur sens primitif, de sorte q
46 innocents, d’une humanité émouvante, — émouvante par l’erreur même. La femme poursuit : Mais ne vante-t-on pas partout vo
47 t à ces choses-là quand on en trouve), mais aussi par manière de conclusion à cette Préface à une littérature, qu’on a pu
48 re temps, vous autres. Ah ! vous n’êtes pas aimés par les pauvres. Non. Vous me laissez désespérée et sans secours devant l
49 iance. Pauvre gaieté de la vie de garçon, reprise par nécessité… Nous arrivons sur la place de mon village. « Je vous dépos
50 re au mot les pauvres hommes préalablement abêtis par l’école, par la presse, par les partis et par le cinéma. Mais croyez-
51 pauvres hommes préalablement abêtis par l’école, par la presse, par les partis et par le cinéma. Mais croyez-vous vraiment
52 préalablement abêtis par l’école, par la presse, par les partis et par le cinéma. Mais croyez-vous vraiment que mon bagnol
53 tis par l’école, par la presse, par les partis et par le cinéma. Mais croyez-vous vraiment que mon bagnolard, mon lecteur e
8 1934, Esprit, articles (1932–1962). Définition de la personne (décembre 1934)
54 n va lire n’est pas un résumé des idées défendues par les deux groupes cités (et qui sont absolument indépendants l’un de l
55 e concret, il faut une mise en présence certifiée par un événement ; il faut que la rencontre d’un sujet avec un objet soit
56 rencontre d’un sujet avec un objet soit attestée par quelque modification sensible. Les objets matériels ne sont vraiment
57 encontre une occasion de s’exercer, et la saisit. Par ces deux phrases, nous n’avons pas encore défini le concret comme tel
58 qui transcende nos définitions. Elles sont jugées par lui, et non point lui par elles. Et c’est de lui qu’elles tirent leur
59 ions. Elles sont jugées par lui, et non point lui par elles. Et c’est de lui qu’elles tirent leur justification, et non l’i
60 ive ; elle est de résister. Mais l’objet ne peut, par lui-même, provoquer aucune présence. C’est là le rôle du sujet, et sa
61 joie, de provoquer le corps-à-corps avec l’objet. Par où l’on voit que le sujet détient une primauté de fait. Il peut s’épr
62 ne songe d’ailleurs à contester le fait, démontré par l’existence même des psychologues. L’apparition de la psychologie est
63 présentent. À la faveur de cette image, autorisée par l’étymologie du mot personne, nous pouvons voir d’abord que de l’indi
64 e puisse être qualifié de jeu, et légèrement pris par toute espèce de sceptiques ou d’heureux ignorants, — il est le seul.
65 e commune à des concepts très diversement définis par les philosophes de l’école : présence, événement, concret, acte, pers
66 être saisis dans le temps ni dans l’espace conçus par notre entendement, si bien que les apparitions irréfutables de leurs
67 re. Ils sont là en dépit de la forme du monde, et par eux seuls s’opèrent ces transformations qui scandent la durée, qui ma
68 acte, c’est le rythme imprimé à l’action générale par cette apparition qui s’y insère. C’est une nouvelle qualité du concre
69 nait me saisir ? C’est parce que j’en ai témoigné par mon acte. Admirable cercle vicieux ! Oui, rien n’est plus vicieux pou
70 re est visible : l’éternel ne touche le temps que par l’individu en acte, et qui devient à cet instant une personne. L’homm
71 sence est l’événement de l’éternel dans le temps, par le moyen de l’homme, si l’homme n’est vraiment homme que dans l’acte
72 eins de problèmes, peuplés de fantômes et séparés par eux de nous-mêmes et du monde. Nous nous voyons dominés fréquemment p
73 et du monde. Nous nous voyons dominés fréquemment par les objets que nous imaginons sans les saisir, et notre « individu »
74 nnateurs et créateurs, sont simplement déterminés par une mécanique impersonnelle. Ils ne sont pas les actes d’un auteur, m
75 is les contrecoups nécessaires d’un procès initié par d’autres, d’un procès anonyme étranger à notre être, et que nous bapt
76 ns sa communication, laquelle doit être certifiée par quelque signe matériel. L’idée d’une personne isolée ou n’entretenant
77 numérique, indifférencié, objectif. On l’obtient par un processus d’isolation. Quel rôle peut jouer la personne dans cette
78 se de fond en comble l’ordre des valeurs établies par le rationalisme et le collectivisme, elle prend pour mesure de tout l
79 dans un ordre contractuel où la personne abritée par la loi perde à la fois son risque et son pouvoir de création (démocra
80 semble demeure indéfendable s’il n’est pas imposé par le fait humain primordial. Le droit divin n’est pas un droit humain é
81 ple raison qu’il n’y a de rapport humain réel que par l’apparition première de la personne, fondement nécessaire et suffisa
82 cette liberté. C’est une usurpation de l’éternel par la conscience contingente, par cette conscience insinuée comme un ret
83 ation de l’éternel par la conscience contingente, par cette conscience insinuée comme un retard entre l’individu et sa pres
84 ’initiation fondamentale de toute histoire. C’est par le verbe seul, créant de rien, que « l’impossible, ici, devient événe
9 1934, Esprit, articles (1932–1962). André Breton, Point du jour (décembre 1934)
85 lasser dans les catégories du désespoir analysées par Kierkegaard, si nous étions assez détachés d’eux pour ne plus sentir
86 de trop nombreux exemples. On est frappé d’abord par une certaine noblesse du port, par une certaine allure hautaine de la
87 frappé d’abord par une certaine noblesse du port, par une certaine allure hautaine de la phrase. Mais que cet homme est emp
88 aine de la phrase. Mais que cet homme est empêtré par le scrupule de ce qu’il se doit ! Et qu’il est attentif à sa propre d
89 homme qui le prend de si haut ? Son livre s’ouvre par un discours lyrique « sur le peu de réalité » et se termine par des c
90 s lyrique « sur le peu de réalité » et se termine par des considérations décousues sur quelques résultats récents d’une sci
91 qu’il aborde une matière tant soit peu résistante par elle-même, et dont il ne saurait avoir raison en quelques tours de ph
10 1935, Esprit, articles (1932–1962). André Rouveyre, Singulier (janvier 1935)
92 lus émouvant que l’effort vers eux-mêmes, et l’un par l’autre, de ces deux êtres dont la vocation paraît inséparable de l’a
93 e à gagner un sens religieux. Ce livre enfin vaut par un style inoubliable. Rouveyre ne laisse pas un instant de faire sent
94 in, disqualifié dans la littérature d’aujourd’hui par trop d’indiscrétions excitées et vulgaires. Que dire encore qui fasse
11 1935, Esprit, articles (1932–1962). Albert Soulillou, Nitro (février 1935)
95 us de valeur que d’avoir traîné son vague à l’âme par les rues d’une ville de province ; mais cela donne au moins une matiè
96 vre : vous avez vécu quelque chose, tout au moins par la sympathie, dans une communion de révolte. Par malheur, l’auteur a
97 par la sympathie, dans une communion de révolte. Par malheur, l’auteur a voulu romancer ce documentaire authentique, et il
98 s éprouvent simultanément le besoin de s’exprimer par des romans du format standard : 224 ou 600 pages exactement. Il me se
12 1935, Esprit, articles (1932–1962). Roger Breuil, Les Uns les Autres (avril 1935)
99 alité de discrétion qui semble ici encore imposée par l’objet du livre. Roger Breuil nous révèle une espèce de Français don
100 rd que Breuil n’aborde pas une « classe » définie par les sociologues. Son roman tendrait à prouver au contraire l’inexiste
101 de concrète de la communauté qui peut s’instituer par le jeu des passions, ou les liens du métier, ou certains accidents he
13 1935, Esprit, articles (1932–1962). Kasimir Edschmid, Destin allemand (mai 1935)
102 us sommes, nous ne pouvons plus nous affirmer que par le sacrifice. » Sacrifice et fidélité, voilà ce qui définit leur dern
103 s pas la race de fer qui sauvera l’Europe menacée par tous les peuples de couleur ? Aux dernières pages, nous voyons Bell,
104 pas un clou. Mais la communauté des gens cimentés par le malheur, ça c’est la seule vraie communauté qui puisse exister pou
105 lleurs d’autant plus absurde que ce livre — écrit par un juif ! — a été condamné en Allemagne. p. Rougemont Denis de, « 
14 1935, Esprit, articles (1932–1962). Tristan Tzara, Grains et Issues (juin 1935)
106 ns. Suivons-le. La syntaxe de Tzara est commandée par des associations verbales d’un type particulier, dont la page 39 donn
107 hore, selon Tzara, est « absorbée intégralement » par le second terme, « en vue d’une conciliation » dans laquelle la quali
108 n Proust) que la métaphore est un acte, j’entends par acte, justement, la position d’une qualité incomparable, jaillie de l
109 . Si l’un des termes était réellement « absorbé » par l’autre, le langage poétique ne serait plus qu’un vaste télescopage,
110 magma larvaire de la réalité non encore informée par la raison de l’homme. Mais j’en viens à l’explication psychanalytique
111 zara donne du monde actuel. Monde dominé, dit-il, par l’angoisse de vivre (complexe de castration). La cause de cette angoi
112 exploiteurs, la raison. Le rêve se trouve refoulé par le langage rationnel. Il s’agit donc de faire sauter tous ces « barra
113 e constate que ce complexe se manifeste justement par l’adoption des hypothèses du matérialisme historique. Cette croyance
114 ntégrer les formes nouvelles de penser instituées par la physique relativiste. Mais Staline, on le sait, a condamné Einstei
115 dément ancrée en l’homme pour qu’elle disparaisse par une simple incantation de mots d’ordre, détermine néanmoins… la compo
116 ner l’action du poète à un phénomène de mimétisme par son assimilation à un objet extérieur » (p. 283). Autrement dit, le s
15 1935, Esprit, articles (1932–1962). « L’Esprit n’a pas son palais » (octobre 1935)
117  L’Esprit n’a pas son palais » (octobre 1935)r Par une belle matinée de mars 1935, le journal Le Journal répandait brusq
118 s. L’Exposition de 1937 doit lui en donner un »   Par Hippolyte Ducos Député, ancien ministre, président de la commission
119 cations pratiques, la production et le gain, qui, par leurs explorations et leurs découvertes dans le domaine de la nature,
120 herche et de la science, qui, au degré supérieur, par ses laboratoires, ses subventions, ses missions, ses grands instituts
121 reconnaître enfin que ce rapport n’est plus perçu par un chacun comme évident ni comme allant de soi, mais qu’à la faveur d
122 es projets que le politicien, sans doute intimidé par son sujet. En bref, M. Duhamel proposait au moins deux palais. « Comm
123 avois ? La réponse est simple. L’esprit s’exprime par l’écrit et la parole. Un sanctuaire de l’esprit sera donc un sanctuai
124 s pures, ce ne serait jamais qu’un musée. Et créé par l’État, et contrôlé par lui, ce ne serait jamais qu’un musée des lieu
125 mais qu’un musée. Et créé par l’État, et contrôlé par lui, ce ne serait jamais qu’un musée des lieux communs de la Troisièm
126 élèbre un esprit « pur » dans un temple construit par l’État, la pensée s’évanouit, le temple est vide. Un Palais de l’Espr
127 Esprit, ce n’est point pour me ménager une partie par trop facile. C’est que la grossièreté même de l’écart, et le fait qu’
128 ns son excès le plus monumental. Or il se trouve, par une sorte de chance, que l’article du député n’est pas seulement l’il
129 e succès de l’erreur eût été forcément limité, si par malheur elle n’avait pas rejoint d’une manière aussi naturelle le « s
130 rtésienne de l’esprit (exagérée jusqu’à l’absurde par les idéalistes romantiques) peut encore figurer la foi commune des cl
131 urer la foi commune des clercs, pourtant molestés par l’époque avec une vigueur qui devrait, semble-t-il, les réveiller. To
132 tèmes, qu’elle décrit sortant les uns des autres, par un jeu purement dialectique. Procès rarement troublé — le moins possi
133 ue. Procès rarement troublé — le moins possible — par des inventions personnelles, passionnées et irréductibles, auxquelles
134 me de l’étude des « facultés » ayant été démasqué par la science dès le début du xxe siècle, on a cru sauver l’apparence e
135 r séculier, et le refus de l’intellectuel, dégagé par nature de toute responsabilité temporelle. Ce raisonnement a l’appare
136 celui du doit et de l’avoir, contrôlé tôt ou tard par la constatation du rendement ou de la perte. Le clerc qui ne sert à r
137 ’idées fausses mais courantes39. Or il se trouve, par un curieux hasard, que l’Esprit pur et le Palais de l’Esprit pur ne s
138 recommandable pour l’intellectuel soucieux d’agir par sa pensée. Cette vie « mal compassée » qu’on nomme la vie pratique, a
139 és, ses rencontres, ses courtes habitudes (louées par Nietzsche), ses brusques changements de décor suivis de guerre d’usur
140 d’autre part, les intellectuels jetés au chômage par la crise — plutôt que par leur volonté d’indépendance — dès qu’ils so
141 ctuels jetés au chômage par la crise — plutôt que par leur volonté d’indépendance — dès qu’ils sont en assez grand nombre p
142 rroi général40 ; vu la situation culturelle créée par le décret de séparation de l’esprit et du corps, de la raison pure et
143 on pure et de la morale pratique, décret prononcé par Descartes en 1637 — aggravé par l’idéalisme romantique, exploité par
144 , décret prononcé par Descartes en 1637 — aggravé par l’idéalisme romantique, exploité par l’élite bourgeoise, visant à fai
145 37 — aggravé par l’idéalisme romantique, exploité par l’élite bourgeoise, visant à faire du clerc un inutile ; vu la situat
146 un inutile ; vu la situation économique inaugurée par le krach de Wall Street (1930) et nommée crise ; vu la commercialisat
147 rcialisation croissante de l’esprit, conditionnée par ladite crise ; vu l’existence de la presse et la puissance de la publ
148 sent ; que ce problème n’est plus jamais posé que par des penseurs sans audience et sans prestige dans l’État ; — et décide
149 ? Les discussions seront introduites chaque matin par l’exposé des principales tendances qui s’affirment dans l’Europe d’au
150 us, il faut que le terme — la fin — soit proclamé par des prophètes. Non pas des hommes grandiloquents ou excités, mais sim
151 e serait pas grave — elle est inculquée au peuple par les clercs bourgeois, dont l’enseignement converge ici avec celui du
152 ens du terme, par suite inapte à modifier le réel par son jeu même, d’une manière immédiate. L’idéalisme excessif n’a pu qu
153 ctions de la loi, ce qui exige une décision prise par une personne responsable. 34. « Nous éprouvons une sorte de honte à
154 u philosophe sincère est, de nos jours, suspendue par un fait, l’existence de la science. » Cet aveu est de Rauh (Avant-pro
155 ont il escompte le triomphe temporel automatique ( par le moyen de l’enseignement) ou magique (par l’évolution de l’humanité
156 ique (par le moyen de l’enseignement) ou magique ( par l’évolution de l’humanité). Il espère une souveraineté qu’il ne fait
157 ernement) s’opérera sans qu’il y mette les mains. Par malheur, le droit dont il se targue ne comportant aucune espèce de vé
158 ôt les méprise cordialement, tout en les honorant par habitude, et pour la même raison : en tant qu’hommes inutiles, distin
16 1936, Esprit, articles (1932–1962). Francfort, 16 mars 1936 (avril 1936)
159 ue le fait-nation est une méchante farce inventée par la bourgeoisie, en guise de dernière défense contre le communisme. Ce
160 mandait l’heure. Des fifres jouaient, accompagnés par le roulement monotone des tambours au rythme lent, deux coups très es
161 dans le Peuple allemand est sans cesse renforcée par la foi et la confiance du Peuple en moi ! — un seul cri des masses co
17 1936, Esprit, articles (1932–1962). Vues sur C. F. Ramuz (mai 1936)
162 te mesure, il est exact de dire qu’elle s’ordonne par avance à sa fin. On n’imagine pas d’aborder l’œuvre et la personne de
163 t la loi nouvelle et la réalité d’une ère dominée par ce fait historique : l’Incarnation de la Parole. Les grands docteurs
164 , un Claudel, un Ramuz qui détiennent les simples par quoi nous guérirons du platonisme et du cartésianisme. Les clercs s’é
165 es — où toute une théologie s’exprime entièrement par des choses (s’agît-il du profond mystère de la liberté des humains en
166 paraît toujours s’excuser de l’emploi qu’il fait, par occasion, d’un terme roturier, commun, non littéraire. Ramuz, c’est l
167 concret pour se confondre avec l’artificiel créé par la publicité. (On pousse les gens au crime en les hypnotisant sur la
168 t celui du goût (c’est-à-dire des poncifs imposés par la cour de Louis XIV). ⁂ La même volonté d’incarnation se manifeste d
169 toutes les singularités de son style s’expliquent par cette seule intention, de concentrer notre vision sur l’objet brut, l
170 ut-elle signifier dans ce monde physionomique, et par quoi va-t-elle s’exprimer dans une vision qui ne veut rien connaître
171 ous les romans à la Bourget, consiste à rattacher par convention, presque par accident, une série d’attitudes et de causes
172 r sous la forme, qui ne peut être interprétée que par ses relations organiques à d’autres formes. Et c’est encore l’office
173 t), mythe du génie racial, mythe de la rédemption par la souffrance (La Guérison des Maladies), etc. Et le roman n’a pas d’
174 vement que le mouvement même des images propagées par l’apparition du mythe au sein d’une communauté. Le bourgeois reste ju
175 seule psychologie, en tant qu’on peut le définir par le divorce de ses idées et de ses actes. D’où naît une certaine litté
176 ilieu où tout « être » se traduisît immédiatement par un « paraître » ; en sorte qu’on pût faire l’économie des relations a
177 ire l’économie des relations abstraites inventées par les psychologues, et dans lesquelles vit le bourgeois46. Ce milieu, c
178 . Goethe sait mal le grec, et connaît les statues par l’estampe. Il lui faut les intermédiaires de la culture, les assuranc
179 us achevé. Le mouvement de Ramuz paraît inverse : par la ligne de plus grande résistance, il fait retour aux origines éléme
180 fait d’expliquer cette esthétique de l’objet brut par une mauvaise humeur d’artiste en réaction contre l’académisme. Si pui
181 té qu’un homme recherchera jamais l’effort ; mais par goût de l’effort. Si Ramuz tend à rejeter tous les intermédiaires cul
182 ils se montrent, dégradés, désunis, informes ; et par l’effort d’une imagination qui retrouve leur raison d’être, les pouss
183 ail est malédiction), jusqu’à ce que tout à coup, par une espèce de renversement, la bénédiction intervienne, tout à coup i
184 sement faudrait-il dire50, éducation de la vision par l’acte. Instauration de la personne dans la tension entre l’objet et
185 ntre l’objet et la volonté formatrice. Rédemption par l’effort créateur… Autant de formules d’un art dont la genèse se conf
186 magine parfois davantage. Certaines paroles dites par cette voix. Celui qui se refuse à poser les questions dernières, s’au
187 t ses fins. Voici le temps où l’homme est attaqué par des puissances qui veulent son abdication totale, — ou sa révolte, ma
188 rité a été reconnue sur la figure » (Pascal, cité par Ramuz). 44. Comme Ramuz l’a fait dans Six Cahiers. 45. Est-il néces
189 dirigé contre la religion des Grecs, et justifié par la seule connaissance qu’on a du premier sens. 46. C’est là ce qu’il
190 . L’allemand dit Ernüchterung. 51. Rimbaud, cité par Ramuz dans Six Cahiers. t. Rougemont Denis de, « Vues sur C. F. Ram
18 1936, Esprit, articles (1932–1962). Culture et commune mesure (novembre 1936)
191 sympathisent avec la jeune révolution. Angoissés par la crise occidentale et l’isolement où ils se voient ; séduits par ce
192 dentale et l’isolement où ils se voient ; séduits par certains résultats matériels et même moraux, et par l’euphorie juvéni
193 r certains résultats matériels et même moraux, et par l’euphorie juvénile qui paraît bien s’être emparée d’une partie du pe
194 roits », c’est à nous de les lui rendre. ⁂ Poussé par les nécessités de la polémique antispiritualiste52, Marx avait affirm
195 ut : culture socialiste, configuration d’une Idée par des hommes qui y croient, et qui, à cause de cette foi, voudraient en
196 asses. Et cette évolution s’est trouvée confirmée par les récents congrès d’écrivains soviétiques ou favorables aux Soviets
197 e, sous la même loi supérieure de la fin proposée par le socialisme. Il faut alors définir la culture comme « une forme co
198 sibles : c’est que le Plan est l’instrument forgé par la dictature communiste pour unifier la pensée et l’action du peuple
199 btils « dialecticiens »56. Les écrivains délégués par les Soviets au congrès de Paris pour la défense de la culture, en 193
200 ions de ce genre « Le niveau culturel a été élevé par le Torgsin (magasin de produits étrangers). Le Torgsin en effet a rép
201 ition intellectuelle, morale et policière exercée par ce Parti d’autre part, nous permettent d’affirmer que, de gré ou de f
202 en ce rappel permanent des fins dernières conçues par le Parti : l’établissement dans cent ans ou mille ans d’un paradis un
203 us borner à un exemple : les disciplines imposées par le Plan à la création artistique sont-elles vraiment des disciplines
204 ort des aveux mêmes, faits à titre d’autocritique par divers écrivains communistes, que la littérature conforme au Plan n’e
205 ouvelle Russie s’est développée en marge du Plan, par anticipation ou régression sur les « décrets culturels » de Staline.
206 ses, au hasard des tendances politiques affichées par leurs grands auteurs. C’était réintroduire l’anarchie culturelle dans
207 it. Il serait vain de le nier : la mesure imposée par le Plan et qui régit encore l’action pratique des communistes, est d’
208 que des communistes, est d’ores et déjà combattue par une mesure spirituelle toute différente, et à certains égards, contra
209 de masse. Mais elle est réfutée dans son principe par la création culturelle, dès lors que cette création vient s’« insérer
210 er, et seule l’inquisition intellectuelle exercée par les chefs soviétiques réussit à masquer son étendue. Le désir d’une m
211 plus vague que celui des économistes, mythe créé par l’angoisse et l’orgueil des prisonniers d’une raison brutale : il aur
212 e matérialiste. Est-ce que tout le progrès acquis par une si dure révolution n’aura été que de donner aux hommes, avec quel
213 s économiques et morales incalculables provoquées par le socialisme d’État ; enfin le défaut complet, jusqu’à présent, de g
214 ont échoué jusqu’ici dans leur tentative de créer par la force une commune mesure pour la pensée et l’action. La démonstrat
215 our l’hitlérisme. Je puis la compléter maintenant par trois remarques, qui se dégagent des pages précédentes. 1. La ressemb
216 yens d’approche du problème culturel mis en œuvre par les deux régimes, alors que leurs fins sont hostiles et leurs situati
217 réussit pas. Le schématisme de la propagande est par nature contraire à toute culture imaginable. Il peut au plus favorise
218 tre anarchie, vous serez bien forcés de commencer par rétablir l’ordre extérieur. Et vous ferez du collectivisme. C’est la
219 Il est faux que nous soyons obligés de commencer par l’extérieur, si nous voulons rétablir une mesure commune à la pensée
220 rer une civilisation défaite, il faudra commencer par ce qui détermine toute mesure : il faudra commencer par la fin ! Et n
221 qui détermine toute mesure : il faudra commencer par la fin ! Et non pas emprunter ici ou là, dans les temps révolus, ou l
222 olus, ou l’espace étranger, certains signes créés par d’autres pour des fins qui ne sont pas les nôtres. On ne refait une c
223 acer chacun des termes abstraits de cette formule par un fait ou un nom contemporains.   1. Temps et lieux : l’Europe d’auj
224 t en Allemagne.) Leur opinion publique est dictée par l’État, et l’opinion privée, bon gré mal gré, se rapporte à ces seuls
225 ques collectives. Et l’on se rassure en attendant par de faciles railleries à l’adresse des États libéraux.   2. Situation
226 adresser à ces régimes, leurs partisans finissent par me répondre : Bon ou mauvais selon vos idées, c’est ce régime qui nou
227 aussi que cet appel profond du siècle a commencé par se manifester dans les pays les plus atteints matériellement. La misè
228 eler à une mesure commune. Seul l’homme déterminé par ses relations prochaines et actives peut se sentir à la mesure des te
229 ie : la ruine des grands idéalismes est consommée par le triomphe des philosophes « existentiels » qui cherchent à saisir l
230 la tempête à l’aide de leurs filets à papillons. Par contre il est aisé de prévoir à coup sûr qu’une certaine dépression a
231 s à l’état de colonies économiques et culturelles par l’expansion normale de nos voisins ; — ou bien nous recréerons notre
232 s si nous ne marquons pas notre avance historique par des créations aussi fortes que celles qui nous défient là-bas, nous s
233 ent là-bas, nous serons colonisés, comme la Grèce par Rome. Cessons de loucher avec méfiance vers les empires étrangers. Re
234 ne sommes pas, et qui nous est hostile, non point par volonté méchante, ni par avidité ou jalousie, mais par nature, par le
235 s est hostile, non point par volonté méchante, ni par avidité ou jalousie, mais par nature, par le seul fait que sa religio
236 olonté méchante, ni par avidité ou jalousie, mais par nature, par le seul fait que sa religion n’est pas la nôtre. Étudions
237 nte, ni par avidité ou jalousie, mais par nature, par le seul fait que sa religion n’est pas la nôtre. Étudions les doctrin
238 mesure qui doit les incarner ne sera inventée que par nous. Non seulement nos meilleures traditions, mais encore notre situ
239 Car alors il faudra subir les brutalités excitées par nos négations irritantes. Contre les brutales poussées de masses qui
19 1936, Esprit, articles (1932–1962). Henri Petit, Un homme veut rester vivant (novembre 1936)
240 nal revient à cette scandaleuse opposition, créée par notre société, entre les deux sens du mot « vivre » : gagner sa vie e
241 itude d’une enquête menée dans sa vie quotidienne par un Français lucide qui veut rester humain. J’aime un peu moins les pa
20 1936, Esprit, articles (1932–1962). Note sur nos notes (novembre 1936)
242 ais la dernière est la plus difficile… On décline par un affaissement général auquel on s’est acheminé par des symptômes im
243 un affaissement général auquel on s’est acheminé par des symptômes imperceptibles répandus sur toute la durée fastidieuse
244 es jeunes talents » soit si visiblement déterminé par les clauses d’un contrat commercial. La littérature d’aujourd’hui pos
245 i n’existe plus aujourd’hui, qu’il faut commencer par refaire et qui suppose le développement sur tous les plans de la révo
21 1936, Esprit, articles (1932–1962). André Gide, Retour de l’URSS (décembre 1936)
246  ; plutôt l’effet d’une permanente correction que par scrupule humain, et par prudence aussi, il oppose à ses entraînements
247 permanente correction que par scrupule humain, et par prudence aussi, il oppose à ses entraînements. L’âge venant, je me s
248 attrayants au possible, de sorte qu’on achèterait par grand besoin, mais non jamais par gourmandise. » (Il est plaisant de
249 u’on achèterait par grand besoin, mais non jamais par gourmandise. » (Il est plaisant de rapprocher Goethe et Gide ; mais c
250 u texte en deux petites phrases : l’une prononcée par Gide au début de son voyage, l’autre écrite au retour en France. Poin
251 ociété sans classes ? « Comment n’être pas choqué par le mépris, ou tout au moins l’indifférence, que ceux qui sont et qui
252 éviations humaines et historiques. Elle est jugée par ces déviations. Elle est jugée par ce que les hommes en ont fait, et
253 Elle est jugée par ces déviations. Elle est jugée par ce que les hommes en ont fait, et par la réussite ou bien l’échec de
254 e est jugée par ce que les hommes en ont fait, et par la réussite ou bien l’échec de ses prévisions pratiques. Gide le sent
255 t honnête, serait encore plus gênée que la gauche par ce portrait de l’URSS fascisée et embourgeoisée. Mais nous, personnal
256 ersonnalistes, que dirons-nous ? Le livre s’ouvre par une fable. L’enfant Démophon est soigné par Déméter, déguisée en nour
257 ouvre par une fable. L’enfant Démophon est soigné par Déméter, déguisée en nourrice. Elle veut en faire un dieu, et pour ce
258 i, la création d’un « homme nouveau ») se termine par d’horribles brûlures — ou par l’intervention de Staline-Métaneire. Po
259 uveau ») se termine par d’horribles brûlures — ou par l’intervention de Staline-Métaneire. Pourquoi Gide continue-t-il à cr
260 si ? Sa croyance est d’ordre mystique, contredite par les faits connus. C’est une espèce d’acte de foi. Ou mieux : un négat
22 1937, Esprit, articles (1932–1962). Défense de la culture (janvier 1937)
261 937)ab Le palais des ducs d’Albe a été détruit par les obus de Franco, et Commune, par la voix d’Aragon, exprime sa just
262 a été détruit par les obus de Franco, et Commune, par la voix d’Aragon, exprime sa juste indignation. Crime contre la cultu
23 1937, Esprit, articles (1932–1962). La fièvre romanesque (janvier 1937)
263 tes mémorables, c’est dans l’ordre. Qu’on atteste par une publication tel acte victorieux de l’homme contre ses servitudes
24 1937, Esprit, articles (1932–1962). Jean Blanzat, Septembre (janvier 1937)
264 ad Roman d’une jalousie qui se crée son objet, par masochisme. Un jeune mari trouble sa femme, et la perd enfin, à force
25 1937, Esprit, articles (1932–1962). Robert Briffaut, Europe (janvier 1937)
265 omplaisance ? C’est peut-être que le monde décrit par Briffaut est en réalité aussi conventionnel qu’on l’imagine. Monde où
266 ou à se laisser charmer — ceci pour moi lecteur — par le tableau de sa déchéance. ae. Rougemont Denis de, « [Compte rend
26 1937, Esprit, articles (1932–1962). Paul Vaillant-Couturier, Au service de l’Esprit (février 1937)
267 af Ce « rapport » a été approuvé à l’unanimité par le Comité central du Parti communiste français, le 16 octobre 1936. C
268 ent, qui furent alors qualifiées de « fascistes » par les doctrinaires du PC. Mais nous nous garderons bien de marquer le p
269 bsolue » du Parti (p. 16) — curieusement appuyées par ce mot d’ordre qu’on lit p. 10 : « Ni Rome, ni Berlin, ni Moscou ! »
270 vres de Gide et de Céline.   P.-S. — On a corrigé par un erratum manuscrit la faute de la page 13 : « La paix ne se conçoit
271 es plus grands écrivains de ce temps » embrigadés par les vrais communistes. af. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Pa
27 1937, Esprit, articles (1932–1962). Vassily Photiadès, Marylène ou à qui le dire ? (février 1937)
272 dans un style un peu chantant, voilé, énigmatique par endroits. On croit assister du jardin à quelque scène intime, entrevu
28 1937, Esprit, articles (1932–1962). Jacques Benoist-Méchin, Histoire de l’armée allemande depuis l’armistice (mars 1937)
273 iquement le fait d’initiatives follement risquées par quelques officiers du grand état-major. Du point de vue de la tactiqu
274 rxiste au pouvoir, de « l’homme à poigne » touché par la grâce nationale, et qui se charge d’écraser la révolution avec une
29 1937, Esprit, articles (1932–1962). Retour de Nietzsche (mai 1937)
275 les admirables fragments posthumes édités en 1934 par H.-J. Bolle68, ces trois volumes donnent une image définitive et nouv
276 lisme européen (résultant de la « mort de Dieu ») par la pensée du Retour éternel. Mais en même temps, il s’acharne à compe
277 , il s’acharne à compenser ce fatalisme mécanique par une glorification de la volonté humaine, qui doit vouloir son destin
278 n : L’Introduction à la philosophie de N. publiée par Karl Jaspers. Je signale ce grand livre à ceux qui lisent l’allemand,
30 1937, Esprit, articles (1932–1962). Journal d’un intellectuel en chômage (fragments) (juin 1937)
279 rd), 15 janvier Matinées d’hiver au midi Et voici par la grâce du soleil de janvier qu’un mot devient le plus beau de la la
280 bandon à la force sereine de l’air, tout cela dit par les trois syllabes de ce mot qui décrit et embrasse les trois dimensi
281 se les trois dimensions de la joie, est dit aussi par le vallon des oliviers et par sa jeune nudité. Pas une vapeur ne s’él
282 joie, est dit aussi par le vallon des oliviers et par sa jeune nudité. Pas une vapeur ne s’élève de l’herbe pauvre des terr
283 petits escaliers tout simplets, suivant une piste par jeu. Le ciel est d’un bleu sec et pur, tranché au sommet du vallon pa
284 d’un bleu sec et pur, tranché au sommet du vallon par un cyprès grandiloquent. Et cette maison couleur de terre et festonné
285 vieilles paysannes de par ici, recuite et mordue par le temps, sobre et gaie, pauvre et spirituelle… 28 janvier Avoir la v
286 immobile. Les plumes du cou sont un peu hérissées par le vent. Voici trois jours que je le vois chaque matin. Quand je l’ap
287 vient-il ? On m’a dit qu’il n’y a pas de pigeons par ici. Que vient-il attendre ? Pourquoi feint-il de ne pas me voir ? Il
288 ù ma femme allait secouer les miettes de la nappe par la fenêtre, au-dessus du poulailler, elle a vu le pigeon et m’a appel
289 secrets désespoirs chez les adolescents troublés par le désir, s’apaisent tout d’un coup le jour où ils découvrent que leu
290 coup le jour où ils découvrent que leur état jugé par eux « exceptionnel » — et dont la honte alors les opprimait — est jus
291 udain, que l’on est un homme « comme les autres » par cela même que l’on s’éprouve absolument distinct de tous les autres.
292 in, mouvant, tendu, doit être orienté constamment par un léger excès de la composante « personnelle ». Il doit en permanenc
293 uilibre tendu, mouvant, réellement progressif. Si par l’effet d’une perversion, elle se met à jouer au profit de la politiq
294 itions » personnelles (son quant-à-soi), vaincues par une crise dont ce n’est pas ici le lieu de mentionner les causes prof
295 on se voit naturellement contraint, ne fût-ce que par la proximité matérielle70, de se mettre moralement à la portée de ces
296 écrit sans l’avoir jamais vu. Il n’est pas arrêté par nos tabous critiques. Il va tout droit à ce qui le concerne, et c’éta
297 ins ornements de la pensée que le critique, blasé par des lectures trop rapides, et plus sensible aux tics qu’à la pensée f
298 es, ce n’est jamais qu’avec des êtres singuliers, par le biais de leur singularité même, qu’on entre vraiment en contact. C
299 sant tinter son grelot, respectueusement talonnée par un grand flandrin de métis aux oreilles pendantes. De temps en temps
300 ue la chose est sûre. Et on l’entend ! Trois fois par jour, le bruit d’effroyables discussions nous parvient de la cuisine
301 partage. C’est toujours assez compliqué. La nuit, par un dernier respect pour la moribonde qu’ils veillent à tour de rôle,
302 ous n’avez qu’à le leur dire ! » Je passe la tête par la fenêtre. Qu’est-ce que c’est, Simard ? — Il est rouge et boursoufl
303 ant qu’ils vivent ? — Déjà les voisines arrivent, par petits groupes, parlant beaucoup. 9 mai Me voilà brouillé avec Simard
304 ’autant qu’il n’a vraiment pas l’air trop affecté par la perte de cette belle-mère (sauf que les discussions avec le beau-f
305 t à l’orée d’un bois de châtaigniers. On y accède par une rampe monumentale coupée régulièrement de marches nobles. La ramp
306 e font qu’un. Vous voyez que l’Église est réfutée par l’arithmétique. En effet, prenez l’addition : un, plus un, plus un, c
31 1937, Esprit, articles (1932–1962). Marius Richard, Le Procès (juin 1937)
307 esse que si j’ai le sentiment que ce que j’écris, par la forme et par le fond, serait de nature à modifier la conscience hu
308 le sentiment que ce que j’écris, par la forme et par le fond, serait de nature à modifier la conscience humaine, si celle-
309 ocès Stavisky, que l’auteur suit au jour le jour, par profession, s’étend ainsi à toute la société, à tout cet embrouillami
32 1937, Esprit, articles (1932–1962). Paul Éluard, L’Évidence poétique (juin 1937)
310 pris de Lautréamont : « La poésie doit être faite par tous. Non par un. » On a mis le poète sur un sommet. Mais voici : « A
311 amont : « La poésie doit être faite par tous. Non par un. » On a mis le poète sur un sommet. Mais voici : « Au sommet de to
312 rtes du merveilleux. » Phrase étonnante à la fois par la grandeur de l’espérance qu’elle proclame et par la confusion de sa
313 ar la grandeur de l’espérance qu’elle proclame et par la confusion de sa proclamation. Que « toutes les paroles soient sacr
33 1937, Esprit, articles (1932–1962). M. Benda nous « cherche », mais ne nous trouve pas (juillet 1937)
314 ans, est une génération particulièrement éprouvée par les circonstances. » D’où résulte que les anciens, les heureux, mépri
315 ectuels », et que les jeunes se voient contraints par la logique des circonstances à se montrer plutôt… « moraux ». On goût
34 1937, Esprit, articles (1932–1962). Brève introduction à quelques témoignages littéraires (septembre 1937)
316 ttérature donnée, en tant qu’ensemble caractérisé par certaines formes, par certains partis pris, et par un certain ordre d
317 ant qu’ensemble caractérisé par certaines formes, par certains partis pris, et par un certain ordre d’objets qu’elle se cho
318 ar certaines formes, par certains partis pris, et par un certain ordre d’objets qu’elle se choisit, est aussi le produit d’
319 re social personnaliste. Elle se fait en faisant, par ce mouvement d’interaction à quoi se réduit en fin de compte la « dia
320 ion concomitante de l’une et de l’autre, de l’une par l’autre. Ce n’est donc pas à une enquête que nous allons nous livrer
321 iter dans une direction générale qui se précisera par les obstacles mêmes que nous aurons à surmonter. Quoi qu’en pensent
322 vain de le prouver en les réunissant ici, fût-ce par le lien tout provisoire d’une sorte d’anthologie mensuelle. S’il fall
323 un souci de l’action possible ou nécessaire, mais par les moyens propres de l’art ; une considération constante des tenants
324 e « génération » nouvelle de celle qui s’illustra par le surréalisme. Littérature présente au monde dans lequel et contre l
35 1937, Esprit, articles (1932–1962). Martin Lamm, Swedenborg (septembre 1937)
325 tation normale — et normative — doive se traduire par un appauvrissement de notre curiosité intellectuelle. Bien au contrai
326 siècle, qui aboutit — c’est la thèse de Lamm —, par une évolution très raisonnable, à des « rêveries » purement mystiques
327 endre que l’un des auteurs les plus souvent cités par Lamm. Je voudrais dégager ici trois points qui peuvent intéresser plu
328 ec une assurance doctorale, me paraissant prêcher par un je ne sais quoi qui rappelle d’une double manière la fameuse « ver
329 s de Swedenborg sur le temps et l’espace « vécu » par les anges relevaient également de la fantaisie la plus échevelée aux
330 alité) telle qu’elle se trouve donnée à cet homme par sa naissance, et telle qu’il la développait pour ses fins propres, in
36 1937, Esprit, articles (1932–1962). Neutralité oblige (octobre 1937)
331 us croyez tout d’abord qu’il interroge simplement par curiosité, ou par une sorte de prudence, pour voir venir, et puis vou
332 bord qu’il interroge simplement par curiosité, ou par une sorte de prudence, pour voir venir, et puis vous vous apercevez q
333 t à lui donner, qui se trouvent mises en question par sa méfiance paysanne. Cela n’est pas sans irriter certains. Pour moi,
334 en avouer, dès le départ, que l’état de fait créé par le traité de Vienne est aussi mal interprété par ses garants que par
335 par le traité de Vienne est aussi mal interprété par ses garants que par ses soi-disant bénéficiaires. Hors de chez nous,
336 enne est aussi mal interprété par ses garants que par ses soi-disant bénéficiaires. Hors de chez nous, l’on pense généralem
337 ui s’y trouvaient liées. D’où le malaise provoqué par l’application des sanctions, premier avertissement que nous donnaient
338 aise et de sa politique particulière conditionnée par le nationalisme unitaire et antiallemand, l’on voit une méfiance host
339 mace — qu’un Barrès, constamment tenté et enrichi par le génie du Rhin ? Pour nous qui n’avons pas les mêmes raisons de con
340 t finale, des diversités de l’Europe, symbolisées par nos trois langues, nos deux religions, nos vingt-cinq républiques. Et
341 Overbeck, le jeune Nietzsche. Et tout cela fait, par le moyen de la Suisse, une assez belle culture européenne77. Je ne vo
342 récentes organisant la couverture des frontières par les habitants de la région sont absolument dans la ligne du fédéralis
343 re l’esprit de caste si c’était pour le remplacer par un esprit de classe bourgeois (d’une valeur militaire d’ailleurs bien
344 mythiques à des réalités qui se sont constituées par le jeu d’intérêts et de routines médiocres. Vous donnez par exemple u
345 une paresse spirituelle entretenue tyranniquement par nos écoles, la tentation de copier nos voisins dans les mœurs politiq
346 nnaliste. 79. La place occupée dans nos journaux par les moindres manœuvres de régiment ou de brigade stupéfie le lecteur
347 ne dissocient le lien des cantons, et l’on avait par trop souffert de la grande politique des voisins. 82. Dans toutes le
348 ème suisse : personne et fédéralisme », coordonné par Denis de Rougemont et ouvert par une lettre de C. F. Ramuz, que Rouge
349 sme », coordonné par Denis de Rougemont et ouvert par une lettre de C. F. Ramuz, que Rougemont commente ici en introduction
37 1938, Esprit, articles (1932–1962). La passion contre le mariage (septembre 1938)
350 Amour mystique, bientôt sécularisé et « profané » par la littérature, qui donne naissance, dès le xiie siècle, à une forme
351  : la passion. Ignorée des Anciens, ou considérée par eux comme une maladie, la passion sera désormais le grand sujet d’exa
352 térature occidentale. Son vocabulaire sera repris par les mystiques orthodoxes. Sa rhétorique, d’origine sacrée, transforme
353 nce actuelle du mythe manichéen (mais « profané » par la littérature) que l’on décrit dans le présent chapitre. On s’est ef
354 le présent chapitre. On s’est efforcé de remédier par quelques notes aux obscurités qu’entraînaient trop d’allusions à d’au
355 t tout d’abord le sacrement, comme n’étant établi par aucun texte univoque de l’Évangile83. Elle condamnait la procréation
356 le bourgeoise ; d’autre part, une morale inspirée par l’ambiance culturelle, littéraire, artistique — c’est la morale passi
357 baigner dans une atmosphère romantique entretenue par leurs lectures, par les spectacles, et par mille allusions quotidienn
358 osphère romantique entretenue par leurs lectures, par les spectacles, et par mille allusions quotidiennes, dont le sous-ent
359 etenue par leurs lectures, par les spectacles, et par mille allusions quotidiennes, dont le sous-entendu est à peu près que
360 , et que la vie ne saurait être à plein vécue que par ceux qui « ont passé par là ». Or la passion et le mariage sont par e
361 e besoin « superstitieux » d’aller se faire bénir par un prêtre.   2. — Contraintes sociales. Les questions de rang, de san
362 du bonheur Le mariage, cessant d’être garanti par un système de contraintes sociales, ne peut plus se fonder, désormais
363 lyser et de le goûter afin de pouvoir l’améliorer par des retouches bien calculées. Votre bonheur, répètent les prêches des
364 c’est toujours quelque chose qu’il faut acquérir, par de l’argent le plus souvent. Le résultat de cette propagande dont le
365 moral de l’époque, est à la fois de nous obséder par l’idée d’un bonheur facile, et du même coup de nous rendre inaptes à
366 on veut tenir à sa merci — au lieu d’y être comme par grâce — se transforme instantanément en une absence insupportable. Fo
367 mation en passion. Et c’est de là que nous vient, par la littérature, cette idée toute moderne et romantique que la passion
368 vaut trop. J’entends décrire une illusion apprise par la majorité des hommes du xxe siècle : or plus encore que l’image de
369 t de nos jours une puissance inconnue, développée par tous les moyens techniques, et bientôt politiques, en sorte que le ch
370 plus au mystère personnel, et se trouve déterminé par Hollywood — et bientôt par l’État. Double influence de la beauté-stan
371 et se trouve déterminé par Hollywood — et bientôt par l’État. Double influence de la beauté-standard : elle définit d’avanc
372 on » type de femme se trouve intimement déterminé par des facteurs de mode ou de commerce qui changent au moins tous les si
373 ime du mythe profané. Mais il fallait faire voir, par quelques traits, comment cette passion développe un certain nombre de
374 e mariage, précisément, sur les valeurs élaborées par une éthique de la passion. Certes, il serait excessif d’estimer que l
375 e le philtre, et j’en vois moins encore être élus par le sort pour succomber au tourment exemplaire. Mais tous ou presque t
376 tage que le mirage d’infini dépassement entretenu par le souvenir du mythe. Essayer de prendre conscience de la nature du p
377 manente que représente le mariage moderne fondé — par antiphrase — sur les débris du mythe, entraîne des menaces évidemment
378 chefs bolchéviques, se traduisit dans la réalité par une généralisation de l’union libre, de l’avortement, de l’abandon de
379 aires, qu’on se figurait, bien à tort, entretenus par le capitalisme. Dans une lettre fameuse adressée par Lénine à la cama
380 le capitalisme. Dans une lettre fameuse adressée par Lénine à la camarade Zetkin, le chef décrit ce désastre des mœurs, et
381 d, le « redressement des mœurs » s’est opéré, non par quelque sursaut vertueux, non par l’initiative d’une ligue philanthro
382 ’est opéré, non par quelque sursaut vertueux, non par l’initiative d’une ligue philanthropique, mais par les soins d’une di
383 ar l’initiative d’une ligue philanthropique, mais par les soins d’une dictature exactement consciente des conditions de sa
384 s baltes, les crimes dits « politiques » exécutés par des ligues de jeunes gens, certaines formes de naturisme, les « fianç
385 autant de signes de la panique sexuelle provoquée par la décadence des contraintes matrimoniales et du mythe de l’amour mor
386 e de surmonter cette crise des mœurs. On commença par opposer à l’idéal antisocial de « bonheur » et de « vie dangereuse »
387  ! Le bien commun prime l’intérêt particulier. Et par tous les moyens spectaculaires, pédagogiques, voire religieux, on opé
388 ssible à la passion : l’idée de nation symbolisée par le Führer. D’abord on prive la femme de son auréole romantique : on l
389 Ainsi le « type de femme » se trouve prescrit non par les souvenirs inconscients, ni par des modes étrangères, mais par la
390 e prescrit non par les souvenirs inconscients, ni par des modes étrangères, mais par la section scientifique du ministère d
391 s inconscients, ni par des modes étrangères, mais par la section scientifique du ministère de la Propagande. En 1938, on in
392 » la fille du patron, il est abondamment exploité par le film allemand, depuis l’hitlérisme. 88. Le titre d’un roman de Ma
38 1938, Esprit, articles (1932–1962). Revue des revues (septembre 1938)
393 e qu’il demande ce soit l’honneur d’être exploité par ses propres compatriotes. » Robert Francis, après Bernanos, met en ga
394 les manuels d’histoire littéraire Mme de Sévigné par Louise Labé, La Rochefoucauld par Retz, Bernardin de Saint-Pierre par
395 Mme de Sévigné par Louise Labé, La Rochefoucauld par Retz, Bernardin de Saint-Pierre par Laclos, et Lamartine par Rimbaud.
396 Rochefoucauld par Retz, Bernardin de Saint-Pierre par Laclos, et Lamartine par Rimbaud. Un tel « signe » n’est pas négligea
397 ernardin de Saint-Pierre par Laclos, et Lamartine par Rimbaud. Un tel « signe » n’est pas négligeable : la vieille droite s
398 oculte mensuel, cite tous les éloges qu’il reçoit par l’argus ou le courrier, renchérit encore, et prétend qu’on a tenu au
39 1938, Esprit, articles (1932–1962). L’amour action, ou de la fidélité (novembre 1938)
399 forme d’existence sans y participer, fût-ce même par une révolte contre la décision dont elle est née. Et pour tout dire,
400 entier sur la passion sans achever ma description par ce trait qui enfin la situe, non dans l’abstrait où la passion ne peu
401 mantique. Mais elles sont mises en pleine déroute par la simple véracité. La fameuse « paix du foyer » n’existe guère qu’au
402 etournez ensemble de peur que Satan ne vous tente par votre incontinence. Je dis cela par condescendance, je n’en fais pas
403 ne vous tente par votre incontinence. Je dis cela par condescendance, je n’en fais pas un ordre… Car il vaut mieux se marie
404 aître honnêtement : le problème qui nous est posé par la nécessité pratique du mariage apparaît d’autant plus insoluble que
405 ui soit possible, n’étant pas compromise en germe par un calcul forcément inexact. 4. Sur la fidélité On fausse l’éth
406 cipline imposée (aux humeurs et désirs spontanés) par un absurde et cruel parti pris ; ou comme une abstention prudente… Ou
407 ne de tous les côtés. Voyez les excuses invoquées par le mari qui trompe sa femme ; il dit tantôt : « Cela n’a pas d’import
408 à contre-courant des valeurs aujourd’hui vénérées par presque tous. Elle représente le plus profond non-conformisme. Elle n
409 t que la passion, elle se distingue de la passion par un refus constant de subir ses rêves, par un besoin constant d’agir p
410 passion par un refus constant de subir ses rêves, par un besoin constant d’agir pour l’être aimé, par une constante prise s
411 , par un besoin constant d’agir pour l’être aimé, par une constante prise sur le réel, qu’elle cherche à dominer, non pas à
412 raison de foi, d’une promesse faite à Dieu, gagée par Dieu… (Et peut-être, plus tard, après coup, l’homme découvre que la f
413 e la « jeune fille éblouissante » qui l’accueille par ces paroles : « Je suis toi-même ! » Ainsi de la fidélité du mythe, e
414 elle crée devant elle le prochain. Et c’est alors par ce détour, à travers l’autre, que le moi rejoint sa personne — au-del
415 une obsession que l’on subit ?) 5. Éros sauvé par Agapè Alors l’amour de charité, l’amour chrétien, qui est Agapè, p
416 voit soudain le cercle s’ouvrir : il est délivré par la foi de sa religion naturelle. Il peut maintenant espérer autre cho
417 rcroît de vie. J’essaierai de le faire concevoir par l’examen d’un fait connu. Le christianisme a proclamé l’égalité parfa
418 un illusoire ou fugitif aspect, projeté peut-être par sa seule rêverie. Alors la tentation se dissipe, déconcertée, au lieu
419 de se faire obsédante, et la fidélité se garantit par la lucidité qu’elle développe. L’emprise du mythe faiblit d’autant ;
420 de foudre » est sans doute une légende accréditée par Don Juan, comme la « fatalité » de la passion est accréditée par Tris
421 omme la « fatalité » de la passion est accréditée par Tristan. Excuse et alibi qui ne peuvent tromper que celui qui veut êt
422 se laisse aller à des « rapprochements » idiots. Par contre, dans un état normal du corps et de l’esprit, le risque de cou
423 talisme). L’amour sauvage et naturel se manifeste par le viol, preuve d’amour chez tous les barbares. Mais le viol, comme l
424 ur sauvage dépersonnalise les relations humaines. Par contre, l’homme qui se domine, ce n’est pas faute de « passion » (au
425 eut d’abord le bien de l’autre. Son égoïsme passe par l’autre. On admettra que c’est une révolution sérieuse. Et nous pourr
426 ette institution qui contient la passion non plus par la morale, mais par l’amour. 6. Les paradoxes de l’Occident Ces
427 contient la passion non plus par la morale, mais par l’amour. 6. Les paradoxes de l’Occident Ces quelques remarques
428 t établir. ⁂ Les Orientaux caractérisent l’Europe par l’importance qu’elle donne aux forces passionnelles. Ils y voient l’h
429 st notre délire guerrier que l’on entend désigner par ce terme, il se rattache de la manière la plus précise, historiquemen
430 luence indirecte de l’ambition chrétienne définie par l’Apôtre (Romains 8), et qui tendrait à restaurer le Cosmos dans sa l
431 staurer le Cosmos dans sa loi primitive, troublée par le péché ? La volonté chrétienne de transformer le pécheur dans son â
432 e). Reste à savoir si le christianisme, accueilli par les Indes ou la Chine, y eût produit les mêmes effets. Mais la répons
433 e créateurs) du dynamisme européen, sont orientés par une volonté exactement contraire à celle de passion. Ce qui peut indu
434 tures qu’à partir des xiie et xiiie siècles, et par l’impulsion décisive de l’hérésie méridionale, il apparaît que c’est
435 hance dramatique est d’avoir résisté à la passion par des moyens prédestinés à l’exalter. Telle fut la tension permanente d
436 al christianisé se distingue du mystique oriental par son pouvoir d’approfondir l’être créé dans ce qu’il a de particulier.
437 oésie de l’évasion, l’envahissement de la culture par les passions nationalistes : tout ce qui tend à ruiner la personne. M
438 Dieu crée tout ex nihilo » et celui que Dieu élit par son amour, « il commence par le réduire à néant ». Du point de vue du
439 celui que Dieu élit par son amour, « il commence par le réduire à néant ». Du point de vue du monde et de la vie naturelle
440 tienne ! Car voici : cet homme mort au monde, tué par l’amour infini, devra marcher maintenant et vivre dans le monde comme
441 une infinie résignation, et s’il a tout ressaisi par la suite, c’est en vertu de l’absurde (c’est-à-dire de la foi). Il fa
442 ste — ne trouve son au-delà réel et son salut que par cette action d’obéissance qui est la vie de fidélité. Vivre alors « c
443 stique, ne saurait être dépassée et accomplie que par la rencontre d’un autre, par l’admission de sa vie étrangère, de sa p
444 sée et accomplie que par la rencontre d’un autre, par l’admission de sa vie étrangère, de sa personne à tout jamais distinc
445 itiant un dialogue vrai. Alors l’angoisse comblée par la réponse, la nostalgie comblée par la présence cessent d’appeler un
446 isse comblée par la réponse, la nostalgie comblée par la présence cessent d’appeler un bonheur sensible, cessent de souffri
447 tion kantienne, c’est ce qui ne peut être utilisé par l’homme comme une chose, comme un instrument. 100. Je répète toutefo
448 e problème de la passion est admirablement défini par ce petit livre, dans ses données actuelles, psychologiques. 103. À p
449 i est le salut, mais l’acte de la grâce, accompli par Dieu seul. 106. Ce dernier chapitre est la conclusion de L’Amour et
450 s tentatives multiples d’explication « modernes » par la physiologie, la psychiatrie, la psychanalyse en particulier. Aucun
40 1939, Esprit, articles (1932–1962). D’une critique stérile (mai 1939)
451 ’une dictature qui s’affirmerait malgré elle, non par volonté mais par crainte, pour assurer le « salut » de nos libertés…
452 i s’affirmerait malgré elle, non par volonté mais par crainte, pour assurer le « salut » de nos libertés… Ils ont écrit et
453 ont souffre le mouvement personnaliste s’explique par un excès de critique négative, d’origine universitaire, ou comme on d
454 rains bien qu’au contraire le mouvement ait péché par défaut de radicalisme dans sa critique négative. Mon expérience des
455 e ou de la CGT — qui pratiquement vaut un parti — par les groupes ou par des « isolés ». 7. Ainsi l’écart entre action et d
456 i pratiquement vaut un parti — par les groupes ou par des « isolés ». 7. Ainsi l’écart entre action et doctrine s’accentue
41 1939, Esprit, articles (1932–1962). Autour de L’Amour et l’Occident (septembre 1939)
457 ant, méditerranéen sur mon Amour et l’Occident , par sa forme même d’apostrophe amicale et ironique, provoque et engage un
458 e dite « sérieuse », elle se constitue proprement par le refus d’admettre quoi que ce soit de ce genre. Elle se condamne à
459 cherche pas à esquiver des objections précises111 par un recours aux vérités les plus redoutables de la loi. Mais il faut b
460 our dont l’exaltation cependant, était considérée par les anciens comme une maladie de l’âme. Mais à partir du xiie siècle
461 ladie de l’âme. Mais à partir du xiie siècle, et par l’effet de confusions mystiques, l’exaltation de cet amour naturel es
462 st l’amour qui est venu de Dieu, rendu aux hommes par le Christ, cette Agapè qui seule sauvera l’Éros et qui, loin de le su
463 um. — J’avais commencé de lire le numéro d’Esprit par la fin, comme tout le monde. Cette réponse écrite, j’ai lu votre « Tr
464 m’opposez, par exemple, pose un problème délicat. Par contre, le paragraphe sur Dante et Ibn Arabi, que vous jugez sommaire
42 1946, Esprit, articles (1932–1962). Épilogue (novembre 1946)
465 a question d’une répartition des huiles et savons par l’État, et vous serez bientôt en plein délire : tous les partis nomme
466 ef et son remplacement à la dernière seconde soit par un antifasciste convaincu, soit par un bénéficiaire éprouvé de la tra
467 seconde soit par un antifasciste convaincu, soit par un bénéficiaire éprouvé de la tradition dite nationale… Et si nous n
468 masse et sans y regarder de trop près, du travail par équipes, pour battre un record, du gaspillage, des chants et des beuv
469 e la Russie. Pourquoi donc aurions-nous organisé, par les soins de la marine de guerre, et comme pour démontrer sa force à
470 ux qui décrivent une nation étrangère, j’ai péché par stylisation. Ajouter des nuances à mon tableau n’arrangerait pas gran
471 lait, à être à l’heure, à ne pas couper les files par principe, à observer les règles du jeu dans la mesure où elles sont r
472 notre économie minutieuse des moyens, surestimée par l’École et l’État, et par toute la morale bourgeoise, trahit aussi un
473 des moyens, surestimée par l’École et l’État, et par toute la morale bourgeoise, trahit aussi un vice de l’âme. Apprenons
43 1948, Esprit, articles (1932–1962). Thèses du fédéralisme (novembre 1948)
474 ugés locaux ; les subversifs et les conservateurs par profession ou position. Ne demandons pas l’instauration d’une fédérat
475 ssible et praticable. Les USA ne sont pas dirigés par une assemblée des gouverneurs des quarante-huit États, ni la Suisse p
476 gouverneurs des quarante-huit États, ni la Suisse par les délégués des vingt-deux cantons. Ce serait impraticable. Ces deux
477 es, au-dessus de leurs États, et en dehors d’eux, par un exécutif et un législatif issus des peuples. […] Seul, le fédérali
478 ’agit d’extraits de différents discours prononcés par Denis de Rougemont, et réunis dans L’Europe en jeu . Ils sont reprod
44 1962, Esprit, articles (1932–1962). Lettre à Jean-Marie Domenach, à propos de « Sartre et l’Europe » (mai 1962)
479 évidemment défaut s’il est vrai qu’il se définit par « la conscience épouvantée d’une déchéance et d’un reniement », tandi
480 rd des peuples décolonisés. Je concluais en effet par ces lignes : « Devant la crise économique et la fièvre nationaliste d
481 re nationaliste — et donc de l’ère colonialiste — par le moyen d’une grande fédération. Ceux qui perdront la face aux yeux
482 ougemont comme symbole d’un “européanisme” obsédé par le progrès économique ; je m’étais étonné qu’un “Européen” aussi conv
483 tier, je reste, comme au premier jour, déconcerté par certaine psychanalyse des intentions, et ne parviens pas à me trouver