1 1932, Esprit, articles (1932–1962). À l’index (Première liste) : Candide (octobre 1932)
1 souvenirs d’avant-crise sans doute — ne parvient pas à égaler les célèbres galipettes du père de Salavin ou le « Français
2 n de Français né paillard, décoré, et qui ne sait pas la géographie. Il faut tout de même que nos camarades de la jeunesse
2 1932, Esprit, articles (1932–1962). On oubliera les juges (novembre 1932)
3 oilà bien notre monde. Mais une pensée qui n’agit pas n’est plus de la pensée ; une action qu’on ne « pense » pas ne peut p
4 plus de la pensée ; une action qu’on ne « pense » pas ne peut pas être créatrice. En tant que révolutionnaires, c’est de ce
5 ensée ; une action qu’on ne « pense » pas ne peut pas être créatrice. En tant que révolutionnaires, c’est de ce point de vu
6 t commande, dans le monde tel qu’il est, n’est-ce pas , d’une façon plus urgente, « l’observation révolutionnaire » de nos c
7 n témoignent leurs visages anonymes. Ils n’auront pas à s’exprimer, d’ailleurs, sinon par la voix de leur président, et la
8 éhensible colère de fauve en cage — mais il n’y a pas de cage. Et chacun sait qu’au bout du compte il y aura un an de priso
9 cte. Les autres appliquent un tarif. ⁂ Je ne suis pas antimilitariste. Je ne suis même pas pacifiste. Eussè-je été tenté de
10 ⁂ Je ne suis pas antimilitariste. Je ne suis même pas pacifiste. Eussè-je été tenté de le devenir qu’il m’eût été difficile
11 réquisitoire du Commissaire du gouvernement. Non pas que ses arguments fussent bien neufs, ni même honnêtement choisis. Ma
12 Pascal en l’attribuant à Pasteur. On peut n’être pas difficile : on tient tout de même à choisir ses complices. Sans entre
13 parce qu’il refuse de faire la guerre. (Ça n’est pas tout à fait des mêmes braves gens qu’il s’agit dans les deux cas, mai
14 ernement croit pouvoir remarquer « que l’on n’est pas ici pour parler de théologie et de subtile philosophie ». André Phili
3 1933, Esprit, articles (1932–1962). Comment rompre ? (mars 1933)
15 de l’« ordre chrétien » du monde. Nous ne l’avons pas cru longtemps, — le temps de nous souvenir de la guerre. Aujourd’hui,
16 ieu même où la collusion s’est faite. Or elle n’a pas pu se faire entre le christianisme et l’injustice de ce monde, l’un n
17 nt que pour autant qu’il exclut l’autre. Ce n’est pas le christianisme qui a confondu sa cause avec celle de la bourgeoisie
18 et le plus puissant de la chrétienté, — il n’est pas le christianisme, et ce n’est pas à lui de rompre avec l’injustice do
19 nté, — il n’est pas le christianisme, et ce n’est pas à lui de rompre avec l’injustice dont il s’est fait le soutien, et qu
20 de la préfecture de police. Qu’on n’attende donc pas de nous un appel aux églises en tant que corps constitués et officiel
21 au nom du christianisme. ⁂ Le christianisme n’est pas une puissance à notre disposition, puissance que les hommes auraient
22 implement, de mal utiliser, de négliger. Il n’y a pas , en vérité, de « forces chrétiennes » spécifiques constituées, exista
23 c les « forces du monde ». Le chrétien ne connaît pas d’autre force réelle que celle de la foi. Or cette unique force ne lu
24 e la foi. Or cette unique force ne lui appartient pas  ; tout au plus le saisit-elle, d’une manière imprévisible. La seule l
25 liserait-il à son gré ? Car d’une part il ne peut pas la compromettre, et ce qu’il compromet, c’est toujours autre chose. M
26 les manifestations actuelles. ⁂ Ne nous excusons pas d’avoir recours ici à des formules théologiques, puisque précisément,
27 r son plan réel. Or, le lieu de sa décision n’est pas le lieu des décisions et des calculs humains ; il est à l’intérieur d
28 r dans tout homme qui se dit chrétien. (Je ne dis pas cela d’un point de vue antichrétien.) Mais c’est aussi pourquoi il y
29 ent ton pain t’ont dressé des pièges — et tu n’as pas su t’en apercevoir ! — Toi qui t’assieds sur les hauteurs et qui dis
30 res de la foi. Et l’on a vu Babitt. Mais n’allons pas chercher si loin. Ouvrons un journal de Paris. Un discours chaleureux
31 Ah ! qu’un sans-Dieu vienne me dire : je ne crois pas à vos paroles, chrétiens menteurs ! — et je lui répondrai : Ta révolt
32  idée » qui sert l’injustice établie. Tu ne crois pas à ces paroles et tu fais bien, même si tu en souffres ; mais j’ai enc
33 e suis encore plus sceptique que toi… Tu ne crois pas , dis-tu à ces docteurs, mais pourquoi les crois-tu soudain, quand ils
34  établi ». Qu’il ait pu l’être, la faute n’en est pas à lui, mais à la défection du christianisme ; à cette défection élevé
35 seule force qui le dominait. « Car le péché n’est pas le dérèglement de la chair et du sang, mais le consentement de l’espr
36 e est en tout temps de dire au monde : Tu ne dois pas  ! Mais c’est à la foi seule de me dire : Tu dois ! En son nom je ne p
37 ar ce qui manifeste la foi, c’est le choix et non pas le système : il n’est de choix que personnel. Ainsi le rôle de l’Égli
38 e privilégié pour le chrétien, mais ne se confond pas avec l’enjeu de son salut. Tel est le paradoxe, qui remonte au cœur m
39 l ». Cette foi est inaliénable. Elle ne constitue pas un ordre : elle donne des ordres, simplement. Elle n’est jamais entré
40 onstitué dans la Troisième République… 2. Et non pas au nom d’un « ordre social chrétien qui s’opposerait au désordre actu
41 me entre Dieu et l’homme. 6. Parce qu’on ne peut pas le défendre, cela n’a aucun sens, et ceux qui prétendent le défendre
4 1933, Esprit, articles (1932–1962). Protestants (mars 1933)
42 conformisme des révoltés est le pire. Il ne suit pas de là, contrairement à ce que prétendent certains écrivains marxisant
43 nclusions sont nettement étatistes, il n’en reste pas moins non conformiste par la façon dont il pose les problèmes. Beauco
44 xisme. Il le rejette en définitive, mais ce n’est pas sans avoir reconnu que sa force persuasive vient de ce que seul, aujo
45 sonnages les plus influents du Japon, et l’on n’a pas oublié son fameux message aux peuples chinois, publié à Tokyo pendant
46 e aux solutions réformistes et pacifistes, et n’a pas tenté jusqu’ici d’édifier une doctrine originale. Elle semble reculer
5 1933, Esprit, articles (1932–1962). Loisir ou temps vide ? (juillet 1933)
47 oduction et la consommation. Cette division n’est pas humaine. Elle nous asservit. Je veux dire que nous en pâtissons dans
48 e que nous en pâtissons dans une mesure qui n’est pas celle de la condamnation portée sur notre race. On peut dire que nous
49 upérieure. Les singes gagnent leur vie et ne font pas d’histoires. Ils ne font pas tant de publicité et de plans quinquenna
50 leur vie et ne font pas d’histoires. Ils ne font pas tant de publicité et de plans quinquennaux. Leurs moyens sont plus si
51 acte nous dépasse. « Primauté du spirituel » n’a pas d’autre sens pour nous. Bourgeois et marxistes partent de la nécessit
52 la liberté, au loisir plein. Si la liberté n’est pas à l’origine d’un système, elle ne s’introduira jamais dans ses effets
53 trices. Nous dirons : le but du travail, ce n’est pas le loisir, mais la création. Et le but du loisir, ce n’est pas la jou
54 , mais la création. Et le but du loisir, ce n’est pas la jouissance, mais la création. Nous n’avons pas le goût du vide. Pa
55 pas la jouissance, mais la création. Nous n’avons pas le goût du vide. Par cet acte, travail et loisir retrouveront leur co
56 teur ? Un long travail d’enfantement ? Cela ne va pas sans douleur, non plus que sans volupté. Mais le sens et la fin seuls
57 tisfaire les exigences artificielles. 11. Et non pas cartésienne, comme on le dit souvent. f. Rougemont Denis de, « Lois
6 1934, Esprit, articles (1932–1962). Préface à une littérature (octobre 1934)
58 mes amis, sinon la négation d’un mal, et ce n’est pas encore le bien sauveur ! Voici notre erreur perpétuelle : nous peigno
59 , d’où viendrait donc l’ordre vivant ? On ne crée pas la vie en insultant la mort. Il faudra se tourner ailleurs. Il faudra
60 homme total, à l’homme renouvelé. Nous ne clamons pas la fin de la littérature des autres au nom d’une littérature à nous.
61 ui juge l’art, — et le recrée. Nos griefs ne sont pas littéraires ; ils sont, ils veulent être humains. Fin d’une littéra
62 romantiques, chantres de l’Idéal qu’on n’atteint pas , pour l’avoir mis trop haut. Soit que l’on gruge légalement son proch
63 éfendent, le jeune bourgeois émancipé ne pourrait pas « vivre sa vie ». Il se sentirait prisonnier. Il en viendrait peut-êt
64 uvelles. Quelques-uns, deux ou trois, qui ne sont pas littérateurs, qui seront la littérature quand tous les autres auront
65 — d’autre part les immoralistes, mais ils ne vont pas jusqu’au bout de leurs audaces. Ils sont sans foi dans leur révolte m
66 s mécanismes de la société. Il nous faut faire un pas de plus. Il nous faut dire enfin que c’est l’homme en tant qu’homme —
67 ire enfin que c’est l’homme en tant qu’homme — et pas seulement le non-bourgeois — qui pâtit du désordre établi. Notre litt
68 e de sa mission. Cette anarchie ne se développera pas impunément : elle va se résoudre en violences. Il n’y a pas d’exemple
69 ment : elle va se résoudre en violences. Il n’y a pas d’exemples, dans l’histoire, qu’une littérature sans nécessité intéri
70 voir, avant peu, cette même littérature « mise au pas  » par l’État fasciste13. Que pourrait-elle lui opposer ? Où donc est
71 ctible, au nom de quoi elle dirait non ? Elle n’a pas de visée humaine, elle n’est plus que littérature, et les fameuses « 
72 oids dans la balance politique. Tout ce qui n’est pas déjà au service des hommes, est déjà au service de ce qui les opprime
73 ons première heure de la personne. Ceux qui n’ont pas en eux cette mesure de l’homme, que pourraient-ils voir d’autre, dans
74 elle sera le fait de l’homme renouvelé, je ne dis pas de l’homme nouveau — je n’y crois pas — je dis : de l’homme rendu à l
75 , je ne dis pas de l’homme nouveau — je n’y crois pas — je dis : de l’homme rendu à la conscience de sa liberté. Toute créa
76 témérité et la naïveté de prévoir ? On ne prévoit pas un chef-d’œuvre, et la littérature, c’est d’abord les chefs-d’œuvre.
77 significative ! Les thèses de Bourget ne valaient pas grand-chose : pauvre prétexte à n’en point chercher de meilleures. Ce
78 xte à n’en point chercher de meilleures. Ce n’est pas l’échec de Bourget qui peut expliquer à lui seul un refus aussi oppor
79 rsions, idéalistes ou immoralistes, s’ils ne sont pas les descriptions désenchantées d’une société en voie de dissolution a
80 blic. Encore faut-il qu’elle enseigne assez haut. Pas trop haut — erreur romantique — ni trop bas — erreur soviétique. Mais
81 . Restaurer le prestige de la culture, cela ne va pas à la spéculation gratuite, dans un monde personnaliste. Les « idées p
82 s littérature. Voilà qui est banal ? Je n’en suis pas fâché. Aucune révolution n’a jamais inventé de vertu réellement nouve
83 ure » la révolte surréaliste. Une révolte qui n’a pas su s’assigner des buts constructifs échoue toujours, et fatalement, d
7 1934, Esprit, articles (1932–1962). Sur une nouvelle de Jean Giono (novembre 1934)
84 ean Giono intitulée « La femme morte », qui n’est pas une nouvelle bien faite, mais qui est un peu mieux que cela, une prés
85 i, dans tout votre trésor littéraire, vous n’avez pas de livres remèdes ? Pourquoi vous ne pensez jamais aux désespérés ? T
86 a vie. C’est facile d’être négatif. Et je n’avais pas besoin qu’on m’y aide. Pourquoi n’avez-vous jamais eu le courage, vou
87 eur même. La femme poursuit : Mais ne vante-t-on pas partout votre courage ? N’aurez-vous jamais que le plus bas ? Ne pens
88 igne pour faire croire qu’ils sont forts. Je n’ai pas besoin que vous me désespériez. Je le suis assez moi-même. — Aidez-mo
89 perdez votre temps, vous autres. Ah ! vous n’êtes pas aimés par les pauvres. Non. Vous me laissez désespérée et sans secour
90 art de nos contemporains, est-ce qu’ils ne disent pas plutôt. « Fichez-moi la paix ! Faites-moi rigoler, donnez-moi des sen
91 -moi des sensations, mais surtout ne vous occupez pas de cela en moi dont je ne veux pas m’occuper ! » À 10 kilomètres de m
92 e vous occupez pas de cela en moi dont je ne veux pas m’occuper ! » À 10 kilomètres de mon logis, l’autre jour, pressé de r
93 mais surtout et d’abord des écrivains, ne serait pas justement de savoir un peu mieux que « les gens » de quoi ils ont bes
94 demandent réellement ? Car les gens ne demandent pas ce qu’ils ont l’air de demander, et ce qu’on se montre si pressé de l
95 trahissent leur pensée, leurs désirs, ils n’osent pas dire, ils n’ont pas de formules pour avouer leur peine, pour demander
96 ée, leurs désirs, ils n’osent pas dire, ils n’ont pas de formules pour avouer leur peine, pour demander les « remèdes » qu’
97 r les « remèdes » qu’il faudrait. On ne le leur a pas appris. On a préféré se payer leur tête. On les a pris pour ce qu’ils
98 roient devoir se donner l’air d’être ou de n’être pas . Comme si le fin du fin, c’était de prendre au mot les pauvres hommes
99 croyez-vous que cet homme tout de même ne disait pas lui aussi « aidez-moi ! », à sa façon vulgaire, avec son rire insuppo
100 être bien fin pour le comprendre ? 15. Je n’ai pas suivi le conseil de cet homme, et n’ai pas lu le livre. Je lui laisse
101 e n’ai pas suivi le conseil de cet homme, et n’ai pas lu le livre. Je lui laisse donc la responsabilité du compte rendu qu’
8 1934, Esprit, articles (1932–1962). Définition de la personne (décembre 1934)
102 rituelle. Toutefois, l’exposé qu’on va lire n’est pas un résumé des idées défendues par les deux groupes cités (et qui sont
103 tion. 1. L’indéfinissable concret Il ne faut pas estimer que les objets que nous touchons de nos mains et voyons de no
104 et la saisit. Par ces deux phrases, nous n’avons pas encore défini le concret comme tel, mais nous avons plutôt donné deux
105 eul instant de leur présence mutuelle. Il ne suit pas de là que cet instant, qui les réunit, les confonde : tout au contrai
106 nifester son pouvoir. Et son angoisse est de n’en pas trouver ; sa joie, de provoquer le corps-à-corps avec l’objet. Par où
107 ui le pousse à chercher ce dont il manque, et n’a pas d’existence. Il ne devient objet que lorsque j’en fais mon objet. Tel
108 l’impression d’une impuissance. Alors l’objet n’a pas d’autre existence que celle d’une fatalité abstraite pesant sur la co
109 omme un objet ou comme un chiffre : ils ne savent pas de quoi ils parlent, l’homme dont ils parlent n’est pas un homme, mai
110 quoi ils parlent, l’homme dont ils parlent n’est pas un homme, mais une chose faible et petite dont ils ignorent la nature
111 e, un poseur de questions, un « prochain » et non pas un problème à résoudre à distance ; en un mot, si l’homme est un acte
112 s. Dans l’homme entièrement humain, il n’y aurait pas place pour la psychologie, car elle est liée à l’angoisse, c’est-à-di
113 e l’humain. Le droit usage de l’entendement n’est pas l’étude de l’homme, mais son éducation. Il n’est pas de décrire, mais
114 l’étude de l’homme, mais son éducation. Il n’est pas de décrire, mais d’inventer. L’acte étant sujet pur, il ne sera jamai
115 ous faut inventer, il y a des figurants qui n’ont pas de visage ; mais ceux qu’on voit sont les acteurs qui jouent leur rôl
116 6. La personne est une vocation Qu’on n’oublie pas que la scène du drame, tout bien compté, est aussi vaste que le monde
117 pté, est aussi vaste que le monde, et qu’il n’est pas de réduit si secret où l’on se cache, qui ne soit justement l’un des
118 l. Et l’on n’en peut sortir sans quitter, du même pas , la vie. C’est pourquoi le drame est sérieux ; et notre vie n’est pas
119 ourquoi le drame est sérieux ; et notre vie n’est pas une farce, pour la simple raison qu’elle est unique, et qu’on ne peut
120 que la vraie définition d’un de ces termes n’est pas ailleurs que dans son assimilation existentielle à tous les autres. M
121 e que la raison impersonnelle est incapable de ne pas porter sur le concret, juge en réalité la raison même, déclare sa per
122 ommes, tout entier. L’éternité pour nous n’existe pas en dehors de l’appel qu’elle nous adresse ici et maintenant, et qui n
123 ns les saisir, et notre « individu » n’est certes pas le moindre. Dans l’espoir incertain de nous munir contre eux, notre r
124 e soi, puisqu’il est vu précisément comme n’étant pas assujetti à notre action. C’est pourquoi la plupart de nos gestes, lo
125 inés par une mécanique impersonnelle. Ils ne sont pas les actes d’un auteur, mais les contrecoups nécessaires d’un procès i
126 er sur l’ensemble demeure indéfendable s’il n’est pas imposé par le fait humain primordial. Le droit divin n’est pas un dro
127 r le fait humain primordial. Le droit divin n’est pas un droit humain élevé dans l’absolu, mais la fin de tout droit humain
128 n contraire. La formule du rapport social ne doit pas contenir une revendication de droit, mais une position de fait. La vo
129 rochain de la personne ; il n’est rien s’il n’est pas l’extension naturelle du risque et du concret de l’homme qui se dépas
130 importe, en fin de compte, l’humanité, s’il n’y a pas d’abord des hommes présents les uns aux autres ? La personne ne sera
131 présents les uns aux autres ? La personne ne sera pas au terme d’une société parfaite, pour la simple raison qu’il n’y a de
132 monde et chasse nos fantômes, notre devoir n’est pas de revenir vers les ténèbres pour les persuader qu’elles ont tort d’ê
133 r sous la main17 ; il a compris que l’homme n’est pas un ange, qu’il est un corps jeté au milieu d’autres corps, et que c’e
134 l’homme est un sujet (au sens initiateur, et non pas ironique !) et qu’il dépend de lui que l’objet soit ou non présent. M
135 aucun. Il chante sa grandeur, mais n’en témoigne pas . Il est plus dangereux que le matérialisme : il ne nie pas grossièrem
136 st plus dangereux que le matérialisme : il ne nie pas grossièrement notre puissance — ce serait une manière de la mieux pro
137 oisir librement nos contacts, comme aussi de n’en pas choisir. (Et c’est dans ce débat qu’apparaît la conscience.) Mais ni
138 réfutablement est là, rendu visible. J’ai fait ce pas , je puis le mesurer — mais sa grandeur pourtant n’est pas un nombre.
139 puis le mesurer — mais sa grandeur pourtant n’est pas un nombre. J’appelle esprit cette surprise pure de mon corps qui se v
140 mence. Car la durée n’ajoute rien à l’éternel. Ce pas petit et triomphal à peine fait, je le reperds si je n’en fais pas un
141 mphal à peine fait, je le reperds si je n’en fais pas un second. Et pourtant mon espoir est gagé sur une promesse aussi cer
142 ’un doute ; mais la fidélité de la personne n’est pas vaine. Dans la très confuse partie que nous menons, ignorants de la r
143 u admirable ! 16. Matthieu 7:21 : « Ce ne sont pas ceux qui me disent Seigneur ! Seigneur !… mais celui qui fait la volo
144 el ceux — qui agit sa vocation. 17. Ceci ne doit pas être entendu dans le sens restrictif de l’esse est percipi des idéali
145 ; la bonté, par exemple, n’est rien si elle n’est pas un acte de miséricorde. 18. Politique : l’État est l’expression fata
146 ce ne sont que des morts qui ressusciteront, non pas des endormis ou des désincarnés. L’Église chrétienne, dans son Credo,
147 do, parle d’une « résurrection de la chair », non pas de l’âme ni du corps. i. Rougemont Denis de, « Définition de la per
9 1934, Esprit, articles (1932–1962). André Breton, Point du jour (décembre 1934)
148 pour l’historien de la littérature. Nous n’avons pas le cœur à ces injures. Le surréalisme garde une valeur de fait témoin
149 citer, en cherchant un peu. C’est très bien de ne pas faire le modeste, et même de prendre de grands airs, si l’on a quelqu
150 on a quelque chose de grand à dire, qu’on ne peut pas dire autrement. Que dit-il donc, cet homme qui le prend de si haut ?
151 l’on se demande alors si ce bel « abattage » n’a pas dissimulé, aux yeux des jeunes gens, un défaut de culture, au sens ba
10 1935, Esprit, articles (1932–1962). André Rouveyre, Singulier (janvier 1935)
152 s modernes ont inventé cela. On peut toutefois ne pas les croire, et le spectacle d’un pareil tragique ne perdra rien de sa
153 vaut par un style inoubliable. Rouveyre ne laisse pas un instant de faire sentir qu’il écrit, et l’on aime jusqu’au retors
154 ici, vraiment, réfléchit sous nos yeux. Ce n’est pas du récit. C’est une espèce de taraudage21. De temps en temps, il chan
155 ison très personnelle de l’aimer. 21. Je ne dis pas que tout cela aille sans fatigue pour le lecteur ; ni sans quelque fa
11 1935, Esprit, articles (1932–1962). Albert Soulillou, Nitro (février 1935)
156 r qui parle. D’avoir travaillé chez Ford ne donne pas forcément plus de valeur que d’avoir traîné son vague à l’âme par les
157 me, dont on sait les raisons commerciales, couvre pas mal d’infidélités profondes. Certains sujets mériteraient à peine 50
12 1935, Esprit, articles (1932–1962). Roger Breuil, Les Uns les Autres (avril 1935)
158 ls. Pour cette raison d’abord que Breuil n’aborde pas une « classe » définie par les sociologues. Son roman tendrait à prou
159 rel » dans tous les sens de ce terme ; je ne vois pas d’écrivain français qui ait jamais su faire vibrer un tel accord des
160 iner trop de choses pour qu’on lui pardonne de ne pas insister ; de ne pas réaliser plus carrément ses desseins. Mais parmi
161 our qu’on lui pardonne de ne pas insister ; de ne pas réaliser plus carrément ses desseins. Mais parmi toutes ces choses vi
162 d’autres fois si précise et heureuse, comment ne pas distinguer avec joie la plupart des thèmes humains auxquels Esprit vo
163 appartient de le reconnaître. Un tel livre n’est pas de ceux dont la carrière s’épuise en une saison, si j’en crois l’amit
13 1935, Esprit, articles (1932–1962). Kasimir Edschmid, Destin allemand (mai 1935)
164 s révélateurs d’une décadence que l’on n’arrêtera pas en augmentant les dépenses de guerre. Edschmid nous conte les aventur
165 sse hitlérienne. Leurs épreuves ne seraient-elles pas comme le signe de leur élection ? Ne seront-ils pas la race de fer qu
166 s comme le signe de leur élection ? Ne seront-ils pas la race de fer qui sauvera l’Europe menacée par tous les peuples de c
167 le ministre d’Allemagne à La Paz — celui qui n’a pas pu sauver ses camarades — se dresse devant lui dans son délire. Une f
168 gens qui vivent dans l’aisance, celle-là ne vaut pas un clou. Mais la communauté des gens cimentés par le malheur, ça c’es
14 1935, Esprit, articles (1932–1962). Tristan Tzara, Grains et Issues (juin 1935)
169 société collectiviste, marxiste. Je ne comprends pas cette déduction. La revendication de Tzara est exactement celle de l’
170 4 et suiv.). Nous le voulons aussi. Mais ce n’est pas là, n’est-ce pas, ce qu’on veut à Commune, revue officielle du PC. Il
171 le voulons aussi. Mais ce n’est pas là, n’est-ce pas , ce qu’on veut à Commune, revue officielle du PC. Il veut que le lang
172 reste baroque (un rococo jésuite qui n’économise pas sur les volutes !). Mais la pensée se dégage mieux. Quoique toute do
15 1935, Esprit, articles (1932–1962). « L’Esprit n’a pas son palais » (octobre 1935)
173 « L’Esprit n’a pas son palais » (octobre 1935)r Par une belle matinée de mars 1935, l
174 te à maints égards révélateur ?   « L’Esprit n’a pas son palais. L’Exposition de 1937 doit lui en donner un »   Par Hippol
175 essés de l’esprit, ceux dont les recherches n’ont pas pour objet immédiat les applications pratiques, la production et le g
176 sement, et dans l’intérêt général, ne vaudrait-il pas mieux le mettre à part ? Le séparer de ces réalités trop terre-à-terr
177 te. Et qui sait, ce Palais de l’Esprit ne va-t-il pas « réaliser » un vieux rêve positiviste et donner corps à l’utopie d’u
178 ? Il faudra le construire « en dur ». N’exagérons pas la portée de ces naïves fantaisies de commissions. Mais comment ne pa
179 naïves fantaisies de commissions. Mais comment ne pas voir qu’elles trahissent un doute infiniment curieux sur la nature et
180 manifestation sensible de l’esprit ; il n’en faut pas moins reconnaître que l’esprit n’est pas matière exposable : les ouvr
181 ’en faut pas moins reconnaître que l’esprit n’est pas matière exposable : les ouvrages essentiels de l’esprit, précisément
182 surplus que son « sanctuaire du livre » ne serait pas un « musée » mais bien une « ruche active ». Précaution pour le moins
183 se, et peut-être certains intérêts, qu’il ne faut pas trop s’étonner de son triomphe universel. Professeurs, députés ou com
184 if — ou le salon des arts ménagers. Ils ne voient pas que dès l’instant qu’on sépare l’esprit du « réel », pour le vénérer
185 », et le « réel », une marchandise. Ils ne voient pas que dès l’instant que l’on célèbre un esprit « pur » dans un temple c
186 lleurs il qualifie de bibliothèque, ne lui paraît pas moins naturel. Brochant sur ces deux faits une constatation évidente 
187 ne sorte de chance, que l’article du député n’est pas seulement l’illustration de cette erreur, mais la confirmation tout i
188 ur à un préjugé. Mais enfin pour saisir je ne dis pas la racine de ce préjugé populaire, mais la raison de fait qui l’autor
189 s et visitant le Palais de l’Esprit ne manquerait pas de redire le mot fameux : Je n’ai pas voulu cela ! Il n’a jamais voul
190 manquerait pas de redire le mot fameux : Je n’ai pas voulu cela ! Il n’a jamais voulu cette séparation de la pensée et de
191 été forcément limité, si par malheur elle n’avait pas rejoint d’une manière aussi naturelle le « sens commun ». Sans doute
192 mmun ». Sans doute ce préjugé contre l’esprit n’a pas toujours été si fort que nous le voyons aujourd’hui, quand tout un si
193 esse, ou d’une condition sociale privilégiée — le pas est aisément franchi. Et Descartes n’y est pour rien. Il faudrait bie
194 t nécessaire de la distinction cartésienne, n’est pas demeurée sans effet. Séparer soigneusement l’esprit du corps, et glor
195 andonner à sa lourdeur. Décréter que l’esprit n’a pas de mains, c’est libérer de son pouvoir arbitral et animateur le domai
196 tu d’une certaine attitude des clercs. Ce ne sont pas les bénéficiaires de cette situation, politiciens ou affairistes, qui
197 e paraît platement certaine. Pourtant, comment ne pas admirer la merveilleuse convergence d’une notion trop désintéressée d
198 ameux exemple — sous prétexte qu’ils ne répondent pas au signalement du « technicien de la pensée34 ». Quand ils ne sont pa
199 « technicien de la pensée34 ». Quand ils ne sont pas historiens, les « philosophes » de l’Université s’occupent de psychol
200 ontre une réalité qu’il s’agit de modifier et non pas seulement de décrire, on fera bien d’aller la chercher à cent lieues
201 tout rôle actif. L’avenir est à ceux qui ne sont pas désabusés36. Entendez que l’avenir appartient pratiquement aux barb
202 oses humaines » — oui, celles-là justement et non pas d’autres — ces choses encore informes, difficiles et vivantes, ces ch
203 bdication » du rôle actif de l’esprit, n’oublions pas qu’il la tient pour le gage du « désintéressement » des clercs parfai
204 tte espèce. Mais on pense bien que Renan n’aurait pas pris la peine de défendre ces lieux communs de la morale élémentaire.
205 e. Se montrer « désintéressé » pour lui, ce n’est pas tout bravement refuser de toucher le prix d’une noire trahison. Se mo
206 dans le monde. C’est affirmer que l’esprit n’est pas du monde, et que les intérêts du monde réel sont pour lui comme inexi
207 le monde des corps et des sanctions de fait, non pas seulement de « dire le vrai » dans le vide. La dénonciation des clerc
208 ang de ce juste. Cela vous regarde. » Ne vient-il pas d’avouer le dernier mot de la sagesse cléricale, le dernier mot de la
209 ù ils voient le sublime de l’esprit ? Ne vient-il pas de dire : « Qu’est-ce que la vérité ? » À vingt siècles de là, la voi
210 riste, c’est que « peut-être » la vérité n’existe pas . Et si la vérité n’existe pas, comment serions-nous donc fondés à jug
211 la vérité n’existe pas. Et si la vérité n’existe pas , comment serions-nous donc fondés à juger, à risquer en son nom les r
212 mire. Et comment cette pauvre plèbe n’aurait-elle pas d’admiration pour la sagesse des grands docteurs qui se lavent les ma
213 ercs de gauche, et de la foule. Pourquoi n’a-t-il pas dit seulement : Mon royaume n’est pas de ce monde ? Ce royaume n’eût
214 oi n’a-t-il pas dit seulement : Mon royaume n’est pas de ce monde ? Ce royaume n’eût gêné personne, tout semblable à celui
215 car c’est ainsi qu’il peut changer le monde. Non pas en planant hors du temps, comme un dieu, comme un « idéal » ou comme
216 Le royaume de l’esprit — notre Université — n’est pas de ce monde. C’est le royaume des lois « sérieuses et précises » que
217 ccupent de choses « sérieuses » qui, elles, n’ont pas toujours cette précision d’épure qui séduisait les clercs méticuleux,
218 ême sa vie. C’est la seule chose qu’on ne lui ait pas apprise. Considérez ce pauvre clerc parfait tel que le livre l’Univer
219 de la valeur spirituelle de ces écrits. Ce n’est pas la création, c’est le rabâchage qui rapporte. Publiez un poème, un es
220 e « de haute tenue intellectuelle » vous ne serez pas payé, ou vous serez payé dix francs, vingt ou trente francs la page a
221 t me permet d’affirmer sans ironie qu’il n’en est pas de plus recommandable pour l’intellectuel soucieux d’agir par sa pens
222 n conformisme monstrueux, ou le silence. Il n’y a pas de solution pratique dans l’économie actuelle. Ni de solution théoriq
223 rviennent, je demande la parole. Je ne me propose pas du tout de décevoir ce goût de positif que mes contemporains, à tort
224 miséricorde, dit le peuple, mais le pardon n’est pas l’oubli, il est toujours un acte créateur en même temps qu’une critiq
225 s, ces états généraux de la culture. Ne serait-ce pas inaugurer officiellement la révolution véritable ? Faudrait-il compte
226 ction, et comment elle doit s’orienter. Je ne nie pas que les interventions passionnées et simplistes du public ne puissent
227 lité rugueuse » de ce monde. Mais ce rappel n’est pas suffisant. Voir les faits n’est pas tout, il faut voir au-delà et plu
228 rappel n’est pas suffisant. Voir les faits n’est pas tout, il faut voir au-delà et plus profond que ne peut voir la foule.
229 t savoir où l’on va. Seuls les prophètes — et non pas les poètes — peuvent en vérité « donner un sens plus pur aux mots de
230 e — la fin — soit proclamé par des prophètes. Non pas des hommes grandiloquents ou excités, mais simplement des hommes de f
231 is il faut l’interpréter : cette conception n’est pas seulement spontanée dans le peuple — ce ne serait pas grave — elle es
232 seulement spontanée dans le peuple — ce ne serait pas grave — elle est inculquée au peuple par les clercs bourgeois, dont l
233 faudra-t-il réserver son bas de laine ? N’est-ce pas pour les plus périssables choses que nous dépensons notre argent ? L’
234 x. Quant au salut, il est gratuit. Et je ne pense pas que M. Duhamel compte acheter son « immortalité » académique. 28. J’
235 a grande masse du peuple, à tous ceux qui ne sont pas intellectuels, et qui sont les premiers à souffrir de la carence de l
236 ces réflexions introduisent. 32. Voilà qui n’est pas dans l’esprit de Descartes, lequel défend dans de nombreuses déclarat
237 uelles l’esprit ne peut rien. Comme si ce n’était pas justement cet « esprit » qui avait fabriqué ces « lois », dans l’espo
238 icile et l’essentiel pour un philosophe, ce n’est pas d’arriver le plus vite possible à la conclusion, mais au contraire, d
239 lque sorte de se boucher les yeux pour ne la voir pas , mais de continuer à analyser sans repos ». Cette phrase d’Alain mont
240 parti, d’un dictateur ou d’un soviet. Cela n’est pas invraisemblable : abdiquer toute espèce de conscience est une tentati
241 rès nul. r. Rougemont Denis de, « L’Esprit n’a pas son palais », Esprit, Paris, octobre 1935, p. 25-46.
16 1936, Esprit, articles (1932–1962). Francfort, 16 mars 1936 (avril 1936)
242 olution de masses, au sens moderne. Et que ça n’a pas le moindre rapport avec la « politique » au sens habituel ; mais les
243 e à un homme, même de bonne volonté, qui n’aurait pas « vécu » (comme disent les Allemands : Miterlebt) une des grandes cér
244 ées, hier soir, debout parmi la foule qui n’avait pas trouvé de places assises dans une halle de 30 000 places, et qui atte
245 itant les haines les plus anormales. Nous n’irons pas loin avec ces innocentes caricatures. Il ne s’agit pas d’hystérie : r
246 oin avec ces innocentes caricatures. Il ne s’agit pas d’hystérie : rien n’est plus discipliné que ces foules. Il ne s’agit
247 ’est plus discipliné que ces foules. Il ne s’agit pas d’un tribun déchaîné ; il élève rarement la voix, sauf à la fin ; il
248 té des années de combat, avant 1933. Il ne s’agit pas de haine : il s’agit d’amour. Il ne s’agit pas de politique, mais de
249 it pas de haine : il s’agit d’amour. Il ne s’agit pas de politique, mais de religion, mais de cérémonies monumentales et sa
17 1936, Esprit, articles (1932–1962). Vues sur C. F. Ramuz (mai 1936)
250 ’elle s’ordonne par avance à sa fin. On n’imagine pas d’aborder l’œuvre et la personne de Ramuz d’une façon systématique. N
251 nt de synonymes ou presque.42 » ⁂ « Qu’on n’aille pas chercher derrière les phénomènes : ils sont eux-mêmes enseignement »,
252 aisit une forme pour la transformer. L’esprit n’a pas son siège dans la cervelle. Ni dans le ciel. L’esprit n’a pas de sièg
253 e dans la cervelle. Ni dans le ciel. L’esprit n’a pas de siège. Il est passage, prise, saisissement. L’esprit se manifeste
254 qu’ils sont décrits dans leur forme, ce qui n’est pas du tout la même chose. La forme humaine, si l’homme est « authentique
255 où encore la nécessité quelquefois de refaire son pas , parce que la pente vous porte en arrière, parce qu’on l’a mal calcul
256 énomène d’incarnation (ce que l’école ne comprend pas ). » Toute l’esthétique de Ramuz me paraît centrée sur cette phrase. S
257 ité. Contre cette inflation nominaliste, il n’est pas de défense plus sûre que le recours à l’étymologie. Car le sens étymo
258 a phrase chez Ramuz. On a pu croire qu’il n’avait pas le sens du rythme : c’est qu’il veut le rythme formé sur la nature de
259 emps à l’intérieur d’une même phrase. Je ne crois pas qu’il soit possible de les ramener à une loi, ni même à un usage régu
260 ni même à un usage régulier ; ou plutôt ils n’ont pas d’autre loi que cette volonté de plier l’attention aux phases d’un ge
261 ange dans la catégorie du roman policier : il n’a pas de psychologie. Et la critique parle beaucoup de subjectivité et d’ob
262 mots n’ont plus aucun sens. Une forme donnée n’a pas à signifier autre chose que ce qu’elle montre. Il n’y a rien à cherch
263 (La Guérison des Maladies), etc. Et le roman n’a pas d’autre mouvement que le mouvement même des images propagées par l’ap
264 rigues pour laquelle il est clair que Ramuz n’est pas doué. La forme même que revêt chez Ramuz la faculté d’imaginer et de
265 er au niveau des simples ». Non, Ramuz ne descend pas au peuple, on devrait dire plutôt qu’il y remonte. Son art vient de p
266 endre qu’il s’agit de celle du pays de Vaud : non pas la grecque, qui est scolaire — pour eux — mais la biblique, qui est v
267 », ils se relèvent : « Il paraît bien qu’on n’est pas morts ! » Le monde renaît dans une soirée pure et le baiser d’un coup
268 scinante monotonie. Un art dont la mesure ne doit pas être cherchée dans le pittoresque, ni dans l’ingéniosité, ni dans l’h
269 par ailleurs, indique chez Ramuz la volonté de ne pas faire prendre une chose pour une autre, ni certain aspect convenu de
270 que lui adressent ceux qui par exemple n’hésitent pas à prendre au sérieux l’intrigue d’un roman bourgeois. On s’est trop a
271 style chez Ramuz. Ce qu’il a d’insolite, ce n’est pas tant sa forme que les vertus qu’elle suppose : la sobriété, la solidi
272 tant, je pense, c’est qu’une page de Ramuz — même pas très réussie, et il y en a, il faut le dire, qui ont un air raté, un
273 rmule d’une personne « Leur poésie ne commence pas pour eux avec le commencement de leur personne ; elle ne commence à v
274 ire que là où leur personne prend fin. Elle n’est pas dans le contact aussi direct que possible avec l’objet ; elle est dan
275 ppareil de la culture les sépare. Mais il ne faut pas oublier que la culture de notre temps n’est plus du tout ce qu’elle é
276 s de pioche ou de marteau ». Les glaciers ne sont pas « sublimes » comme on chante dans les écoles suisses. Et il est faux
277 nt les conventions dans un pays, elles ne peuvent pas nourrir une réaction créatrice. Et ce n’est point en haine de la faci
278 de l’homme créateur de sa forme. Si Ramuz n’aime pas les machines, s’il refuse l’économie d’efforts qu’elles représentent,
279 ’apprends, j’entends la voix d’un homme. N’est-ce pas assez ? Cette voix n’est-elle pas émouvante ? — Oui, c’est beaucoup,
280 homme. N’est-ce pas assez ? Cette voix n’est-elle pas émouvante ? — Oui, c’est beaucoup, la voix d’un homme. C’est assez ra
281 autres questions, des questions que Ramuz ne veut pas esquiver. Voici le temps où tout homme se voit mis en demeure de décl
282 des personnages de ses romans : « Je ne les aime pas en tant que “primitifs” comme on semble le croire : il ne faut pas êt
283 primitifs” comme on semble le croire : il ne faut pas être seulement un primitif, il faut être aussi un primitif ». C’est c
284 aussi un primitif ». C’est ce que l’école ne peut pas admettre. 49. Pour autant, bien entendu, qu’il implique une création
18 1936, Esprit, articles (1932–1962). Culture et commune mesure (novembre 1936)
285 oltaire, à l’appui de leur foi nouvelle. Ce n’est pas sans raison qu’ils se remettent à glorifier les mythes du Progrès ind
286 tique des doctrines qui sont à sa base. Je ne dis pas qu’elles n’aient été souvent trahies. Ni qu’elles soient actuellement
287 a lutte des classes au mouvement culturel n’obéit pas à la loi de cause à effet. Leur unité n’est pas quelque chose de donn
288 t pas à la loi de cause à effet. Leur unité n’est pas quelque chose de donné, mais quelque chose qu’il faut créer, quelque
289 crasse. Or le danger de cette assimilation n’est pas niable. Il est clair que les masses soviétiques sont toujours plus te
290 nistes, que la littérature conforme au Plan n’est pas un art, mais une forme assez basse de propagande politique, et de pub
291 es « décrets culturels » de Staline. Et je ne dis pas , ou pas encore contre le Plan, mais en vertu de tout autres raisons.
292 rets culturels » de Staline. Et je ne dis pas, ou pas encore contre le Plan, mais en vertu de tout autres raisons. Ce hiatu
293 alitative que le Plan ne pouvait fournir, n’ayant pas voulu en prévoir l’irrationnelle nécessité. Faute d’expressions ortho
294 tant que tel dans le domaine littéraire n’en est pas moins une évidence. ⁂ Les écrivains soviétiques l’ont compris. Aussi
295 soviétique, l’unité du peuple et des clercs n’est pas « quelque chose de donné »… mais « quelque chose qu’il faut vouloir »
296 tature. De cette insuffisance de l’idéal — et non pas des moyens mis en œuvre pour l’atteindre — devait résulter une scissi
297 mprise et à sa prétention totalitaire. Il ne veut pas se laisser mutiler. Fût-ce au prix de salaires merveilleux58. Il déco
298 e ; et que les fins qu’elle lui propose ne valent pas le prix qu’on les paye. Mais d’autre part, il ne peut renoncer à ses
299 Vis-à-vis de la jeune Russie, notre devoir n’est pas de railler des naïvetés plus sympathiques que nos astuces, mais il n’
300 plus sympathiques que nos astuces, mais il n’est pas non plus de les admirer ; il n’est pas de dire non à tout, ni oui à t
301 s il n’est pas non plus de les admirer ; il n’est pas de dire non à tout, ni oui à tout ; c’est un devoir de critique lucid
302 vons fait des expériences dont ils ne soupçonnent pas la gravité, et moins encore la vanité. Ils les feront avant longtemps
303 reprises, d’une envergure sans précédent, ne sont pas justiciables des critiques qu’on leur adresse d’ordinaire en France a
304 facilité sénile, dont la jeunesse française n’est pas toujours indemne, facilité qui consiste à assimiler dictature et crim
305 , ou tout au moins de facteurs que nous ne sommes pas outillés pour mesurer dès maintenant. Le seul fait qui paraisse d’ore
306 la mesure réelle, dans l’un et l’autre cas n’est pas la doctrine mais la technique de l’action sur les masses. C’est une m
307 la culture. 2. Or cette mesure partielle ne peut pas réussir à créer une communion vraiment vivante. En fait, elle n’y réu
308 union vraiment vivante. En fait, elle n’y réussit pas . Le schématisme de la propagande est par nature contraire à toute cul
309 me ils ont dit souvent déjà : a) Nous ne pouvions pas faire autre chose. Nos circonstances économiques et historiques étaie
310 ’une main assurée. Vos critiques ne nous touchent pas , parce qu’elles ne tiennent pas compte des faits qui nous ont imposé
311 ait un corps. Mais les problèmes spirituels n’ont pas été résolus pour autant. Vous avez reculé la question de dix ans ou d
312 rdre intérieur. Et cet ordre intérieur ne se crée pas à coups de décrets d’urgence et de propagande de masses. Pas d’ordre
313 de décrets d’urgence et de propagande de masses. Pas d’ordre spirituel sans un minimum matériel, c’est l’évidence. Mais pa
314 sans un minimum matériel, c’est l’évidence. Mais pas d’ordre total sans une soumission organique du matériel au spirituel.
315 ituel. C’est encore là une évidence, et qui n’est pas moins actuelle. III. L’appel à la commune mesure, ou l’Europe du x
316 ec elle. L’Arche d’alliance n’est rien s’il n’y a pas le messianisme, le latin s’il n’y a pas une catholicité, le Plan s’il
317 ’il n’y a pas le messianisme, le latin s’il n’y a pas une catholicité, le Plan s’il n’y a pas un Paradis à venir sur cette
318 ’il n’y a pas une catholicité, le Plan s’il n’y a pas un Paradis à venir sur cette terre, le Führer s’il n’y a pas l’Empire
319 dis à venir sur cette terre, le Führer s’il n’y a pas l’Empire populaire. Le signe irréfutable de la présence d’un grand de
320 mesure : il faudra commencer par la fin ! Et non pas emprunter ici ou là, dans les temps révolus, ou l’espace étranger, ce
321 gnes créés par d’autres pour des fins qui ne sont pas les nôtres. On ne refait une culture qu’en retrouvant une foi. Mais o
322 n jugement porté sur cette situation. Je ne crois pas aux voix mystérieuses mais je crois à l’appel des faits. Considérons
323 ochains au nom d’une vérité finale qui ne connaît pas nos contingences. Voilà la tension créatrice : réalité et vérité assu
324 de tous les sacrifices. Et comment ne croirait-on pas à la grandeur, même ou surtout la plus mythique, quand on y sacrifie
325 me si cette crainte, comme tout vertige, ne cache pas une secrète attirance, une secrète espérance dans le malheur total, o
326 te misère et de ses causes immédiates. Il n’exige pas seulement le bien-être physique, mais aussi une grandeur nouvelle. Mê
327 enne. Nous savons aujourd’hui que la raison n’est pas un idéal, mais un outil ; que l’individu n’est rien que la liberté du
328 olement, ou du refus de se dépasser ; qu’il n’y a pas de lignes droites dans l’univers, et qu’une vitesse ou une grandeur q
329 s que pour ceux qui s’y livrent. Ils n’arrêteront pas la tempête à l’aide de leurs filets à papillons. Par contre il est ai
330 sauraient combler l’attente réelle. Elles ne sont pas une réponse nécessaire. Elles ne sont qu’une tentation superficielle
331 e. Mais si ces religions nouvelles ne constituent pas un danger interne pour les vieilles nations libérales, elles constitu
332 la force vivante de destins impériaux, n’opposons pas des droits que justement toute la crise dénonce et rend caducs, mais
333 , et que nous seuls pouvons créer. Nous ne sommes pas en retard sur les Soviets ou sur l’Allemagne, tout au contraire. Mais
334 agne, tout au contraire. Mais si nous ne marquons pas notre avance historique par des créations aussi fortes que celles qui
335 étrange, ici règne une nation dont nous ne sommes pas , et qui nous est hostile, non point par volonté méchante, ni par avid
336 ar nature, par le seul fait que sa religion n’est pas la nôtre. Étudions les doctrines provisoires ou les tactiques de ces
337 et notre vocation est différente. Nous ne sommes pas de ces religions. Leur lieu saint nous demeure impénétrable. Nos fins
338 que donne la vérité. Notre mesure commune ne sera pas collective, extérieure à notre personne : cela n’a pas de sens pour n
339 ollective, extérieure à notre personne : cela n’a pas de sens pour nous. Elle ne sera pas non plus individuelle : on ne peu
340 ne : cela n’a pas de sens pour nous. Elle ne sera pas non plus individuelle : on ne peut pas ressusciter des mesures mortes
341 le ne sera pas non plus individuelle : on ne peut pas ressusciter des mesures mortes. Je dis qu’elle sera personnelle, qu’e
342 écessaire. Car notre force est personnelle et non pas collective. Elle réside dans les petits groupes, non dans l’État tota
343 isme national. La société doit être un corps, non pas une construction mécanisée. Et la santé et la force d’un corps suppos
344 européenne. Sinon nous serons colonisés, je n’ai pas fini de le répéter. Est-ce à dire qu’affirmer notre force en face d’i
345 t à l’édification de la culture. 56. On n’ignore pas que les partisans du « matérialisme dialectique » ou Diamat, refusent
19 1936, Esprit, articles (1932–1962). Henri Petit, Un homme veut rester vivant (novembre 1936)
346 trois formules, mais autrement, je n’en finirais pas , dans cette note, et j’ignore même si j’en viendrais jamais à bout da
20 1936, Esprit, articles (1932–1962). Note sur nos notes (novembre 1936)
347 la critique se montrait attentive. Mais on n’aime pas que « l’afflux des jeunes talents » soit si visiblement déterminé par
348 i pose à chaque instant des questions qui ne sont pas du tout littéraires. Le monarque caduc c’est la culture, c’est l’art,
349 « presque impossible à réparer ». La faute n’est pas à la littérature seule, mais à tout un régime social qui l’a laissée
350 onge ses dernières racines vivantes. Il ne s’agit pas de morale ! Ni de condamner pour le mauvais plaisir d’avoir raison. M
351 ter d’abord qu’elle n’est plus là. Nous ne sommes pas une école littéraire. Nous ne pensons pas que le temps soit venu d’in
352 sommes pas une école littéraire. Nous ne pensons pas que le temps soit venu d’inventer des canons esthétiques, ni même une
353 nnaliste. Au jour où nous en sommes, on ne refait pas un art avec un point de vue d’art, ou de philosophie, ou de morale, m
354 e du but commun. Bien écrit, mal écrit, talent ou pas talent, original, influencé, etc., tout cela n’importe qu’à partir de
21 1936, Esprit, articles (1932–1962). André Gide, Retour de l’URSS (décembre 1936)
355 bulaire sauvera Gide du journalisme. Car ce n’est pas l’actualité toute passagère de son objet qui fait la faiblesse d’un o
356 iser l’anecdote, l’aperçu. C’est qu’il ne cherche pas le pittoresque, ni le sentiment pour lui-même, mais l’enseignement ob
357 objectif, au sens goethéen de ce terme. Ce n’est pas là, je crois, sa pente naturelle ; plutôt l’effet d’une permanente co
358 lus souvent admirables. » Épilogue : « L’URSS n’a pas fini de nous instruire et de nous étonner. » Précautions, je sais bie
359 ut bien appeler le bluff stalinien ; et je ne dis pas du tout : d’une critique de ce qu’il y a de profond dans le marxisme,
360 Égalité, société sans classes ? « Comment n’être pas choqué par le mépris, ou tout au moins l’indifférence, que ceux qui s
361 cre, de la possession particulière, reprennent le pas sur le besoin de camaraderie, de partage et de vie commune. » On rica
362 der si ceci ou cela est dans la ligne ou ne l’est pas . Ce n’est pas elle, la ligne, que l’on discute. Ce que l’on discute,
363 cela est dans la ligne ou ne l’est pas. Ce n’est pas elle, la ligne, que l’on discute. Ce que l’on discute, c’est de savoi
364 i ce qui nous apparaît comme une dérogation n’est pas une conséquence fatale de certaines dispositions antérieures. » Phras
365 qui paraît seule capable de l’imposer ? Ce n’est pas là toucher le fond réel de la situation historique. Et la droite, si
366 en lui, c’est que l’homme est pécheur, et ne peut pas outrepasser les limites de sa condition. Qui veut faire l’ange — l’Ho
367 — appelle la bête, le dictateur. Gide voudrait ne pas croire au péché. Mais moi, je ne crois pas aux dieux. Pour nous, la r
368 ait ne pas croire au péché. Mais moi, je ne crois pas aux dieux. Pour nous, la révolution ne créera pas un homme nouveau ou
369 pas aux dieux. Pour nous, la révolution ne créera pas un homme nouveau ou un surhomme, mais un ordre nouveau à hauteur d’ho
370 l’appliquerons : c’est lui, c’est Gide « qui n’a pas fini de nous instruire et de nous étonner ». 63. Journal de voyage
371 zis savaient cela ! 65. Certes, Gide ne se prive pas d’admirer bien des choses en URSS (les « parcs d’enfants » surtout) ;
22 1937, Esprit, articles (1932–1962). Défense de la culture (janvier 1937)
372 c lui avec une infinie gentillesse. Ne donne-t-on pas au canari de la duchesse chaque jour sa feuille de salade bien verte 
373 r et de vendre tout ce que l’on imagine. Ce n’est pas le « fascisme » qui expliquera cela. Nous savons, nous aussi, caresse
374 ille de salade verte au canari. Et nous ne sommes pas « communistes » pour si peu. Je constate simplement ceci : le peuple
375 ure de Paris-Soir et Paris-Sports, quand ce n’est pas Paris-Soir-Dimanche. Quels chiffres nos éditeurs pourraient-ils oppos
376 an après sa publication. Et les poètes ne restent pas en arrière : le jeune Gerhard Schuhmann, qui est nazi, a des tirages
377 -mille, et le vieux Ch. Morgenstern, qui ne l’est pas , un tirage de cinquante-mille. Repère : le dernier Lagerlöf fait en A
378 que ces partisans ne le croient. Et que ce n’est pas d’abord contre le fascisme à l’étranger, mais d’abord contre l’incult
23 1937, Esprit, articles (1932–1962). La fièvre romanesque (janvier 1937)
379 nourrir que de la fièvre de l’auteur. » N’est-ce pas , en somme, toujours ainsi que les personnages naissent et se nourriss
380 l’opération, et de nous faire croire que ce n’est pas lui qui agit… Pourtant ses personnages ne sont pas plus vrais que lui
381 as lui qui agit… Pourtant ses personnages ne sont pas plus vrais que lui ; le mieux qu’on puisse attendre, c’est qu’ils le
382 sonnages se sont imposés à moi etc. » Je n’ignore pas que des visions parfois bizarres et amusantes, ou émouvantes, souvent
24 1937, Esprit, articles (1932–1962). Jean Blanzat, Septembre (janvier 1937)
383 lité qu’elle pourrait faire. Or elle n’y songeait pas … Qu’est-ce que ce livre ? Un document clinique ? Trop d’élégances lit
384 r à publier un aussi désolant récit. On ne trouve pas … Autrefois il fallait instruire ou amuser. (Comme on l’exige de nouve
385 ait un geste franc, il est clair qu’il n’y aurait pas de roman. Mais, nous dit-il : « le plus petit geste m’a toujours coût
25 1937, Esprit, articles (1932–1962). Paul Vaillant-Couturier, Au service de l’Esprit (février 1937)
386 sain dans la liberté. — Il est temps de donner le pas à l’esprit sur les forces de la matière. — Au-dessus de tout, ils pla
387 me. — Notre sens de la solidarité ne nous empêche pas de voir — bien au contraire — ce qu’il y a d’humain dans l’attendriss
388 d’Esprit et de l’ON depuis quatre ans, n’avaient pas même l’excuse de la sincérité. Ou alors, c’est que M. Vaillant-Coutur
389 que M. Vaillant-Couturier, qui pourtant n’hésite pas à déclarer que « les intellectuels sont en quelque sorte (sic) les id
390 al. Ce serait par exemple le lecteur qui n’aurait pas remarqué, entre autres, que cette brochure-manifeste ne touche pas un
391 re autres, que cette brochure-manifeste ne touche pas un traître-mot (sans calembour) des problèmes que pose le marxisme :
392 : étatisme, dictature, déterminisme économique et pas un mot de l’oppression stalinienne. Et pas un mot de la « dialectique
393 que et pas un mot de l’oppression stalinienne. Et pas un mot de la « dialectique ». Et puis, qu’est-ce que l’Esprit qu’il v
394 Esprit qu’il veut servir ? La majuscule ne suffit pas à le définir. Page 20, on croirait bien que c’est « la raison ». Mais
395 ôt la tactique… Si le Français, né malin, ne doit pas mourir gogo, la brochure de Vaillant-Couturier fera plus de mal au pa
396 la faute de la page 13 : « La paix ne se conçoit pas dans la liberté. » (Phrase qui aurait pu faire croire que l’URSS est
26 1937, Esprit, articles (1932–1962). Albert Thibaudet, Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours (mars 1937)
397 urs (mars 1937)ah Comment juger ce qui ne veut pas être jugement, mais dégustation, claquements de langue, savoureuse bo
398 a terrasse du café de leur commerce, emboîtant le pas à leurs musiques militaires, fier des mouvements de sa ville… ». Voil
399 re posons-nous déjà d’autres questions, qu’il n’a pas devinées, ou qu’il a négligées parce qu’elles lui paraissaient peu li
400 lent, devisant à la terrasse des Deux Magots, n’a pas eu le temps de s’apercevoir que « les grandes questions gisent dans l
401 à-dire, dans ce cas, ordonnée à une loi qui n’est pas celle de l’objet mais du sujet. Son chapitre sur Balzac a de la grand
27 1937, Esprit, articles (1932–1962). Jacques Benoist-Méchin, Histoire de l’armée allemande depuis l’armistice (mars 1937)
402 l des forces dans le monde présent. Qu’on n’aille pas se figurer qu’il s’agit d’un bouquin d’érudition ou d’un traité class
403 si solide qu’inattendue : si l’Allemagne ne s’est pas défaite en vingt morceaux, si la révolte spartakiste a pu être étouff
404 ionnaire et contre-révolutionnaire, je ne connais pas d’ouvrage plus riche et plus précis, sinon les mémoires de Trotski. D
28 1937, Esprit, articles (1932–1962). Retour de Nietzsche (mai 1937)
405 avant l’entrée en lice du personnalisme, ce n’est pas un hasard ni une coïncidence qu’il faut y voir, ni d’ailleurs une rel
406 e celle des masses ou des politiciens. (Je ne dis pas qu’elle est plus efficace…) Que nous annonce le renouveau nietzschéen
407 arante ans » et certains jeunes qui ne les valent pas . Je ne pressens rien de créateur, ni rien de réellement destructeur d
29 1937, Esprit, articles (1932–1962). Journal d’un intellectuel en chômage (fragments) (juin 1937)
408 ar le vallon des oliviers et par sa jeune nudité. Pas une vapeur ne s’élève de l’herbe pauvre des terrasses, ni de ces arbr
409 ous. Je vois un chien qui se promène de son petit pas élastique sur les restanques étroites, passant de l’une à l’autre par
410 turellement j’ai perdu ! Moi vous savez… Ce n’est pas comme Céline, ah celle-là ! Elle a la veine, que voulez-vous ! À la l
411 , il accuse les curés d’obscurantisme, il ne veut pas d’ennemis à gauche parce que la gauche, c’est le parti de la Raison e
412 les entreprises rétrogrades de l’Église, n’hésite pas à tirer bénéfice de la culture de cette superstition. S’il est vrai q
413 grès, que dans la mesure où cela lui permet de ne pas aller à l’église. Pour le reste, il demeure la proie du charlatanisme
414 détourne. D’où vient-il ? On m’a dit qu’il n’y a pas de pigeons par ici. Que vient-il attendre ? Pourquoi feint-il de ne p
415 . Que vient-il attendre ? Pourquoi feint-il de ne pas me voir ? Il se tient là des heures, sans bouger, et s’envole d’un co
416 s donner à Marseille dans 15 jours. Je ne voulais pas la préparer avant le dernier jour. Est-ce que cela signifie qu’elle e
417 action de ma conférence. Ce matin le pigeon n’est pas revenu. C’est évidemment absurde, cette histoire. Je le vois bien. Et
418 s que je mentirais si j’écrivais que je n’y crois pas . Superstition ! Je m’étonne de ce que ce « reproche », que je me form
419 colaire de critique, me touche si peu, ne trouble pas du tout ma bonne conscience. Au fond, je me sens assez heureux de cet
420 eu que je viens de m’en faire. Comment ne l’ai-je pas fait plus tôt ? Pour peu que je rappelle mes souvenirs, je retrouve p
421 nées et absolues en des « raisons » qui n’en sont pas , mais qui m’ont toujours convaincu beaucoup plus vite et beaucoup mie
422 les règles et les interdictions que je n’imagine pas pouvoir jamais m’en « rendre compte » en langage ordinaire, et surtou
423 dés avant leurs grandes décisions, mais n’est-ce pas une étrangeté plus aiguë que nous révèle cette foi toute quotidienne
424 nelle de l’homme : d’ailleurs elle ne le pourrait pas . Ma loi vaut tout juste pour moi. (Et s’il fallait tenir compte de to
425 e cherchait plus à triompher de tout ce qui n’est pas elle, le simulacre d’équilibre que l’on constaterait alors ne serait
426 idéal bien entendu puisque l’histoire ne connaît pas d’arrêt. En réalité, sous le couvert d’un équilibre apparemment stabi
427 uant-à-soi), vaincues par une crise dont ce n’est pas ici le lieu de mentionner les causes profondes, cessent d’agir et de
428 e quand on écrit sans l’avoir jamais vu. Il n’est pas arrêté par nos tabous critiques. Il va tout droit à ce qui le concern
429 ible aux tics qu’à la pensée fondamentale, n’aura pas manqué de signaler comme caractéristiques de l’ouvrage. Enfin, je com
430 écrivains comme tels, en aucun temps. Ce ne sont pas des abstractions qui achètent nos livres. Ce qu’il s’agit de retrouve
431 que nous avons trahi l’esprit : mais l’esprit n’a pas besoin de nous. Il vit sans nous. Nous le retrouverons intact. C’est
432 e fait. » Vertige de l’animalité. 17 avril Ça n’a pas encore cessé chez les chiens. Cette nuit, les crapauds s’y sont mis.
433 dans les angoisses de l’enfantement. Et ce n’est pas elle seulement, mais nous aussi, qui avons les prémices de l’Esprit,
434 t des créatures, ou plutôt c’est avouer qu’on n’a pas su les voir. Aller demander à la Nature la révélation d’une vie saine
435 et sur celles de la gauche. (Car la droite n’ose pas dire son nom dans ce canton.) Les partis de gauche ont fait liste com
436 ous sommes ici, et combien de fois ne sommes-nous pas entrés dans la grande cuisine qui était, pensions-nous, tout leur log
437 oir. Elle a un bâton sur son lit, qu’elle ne veut pas le lâcher, c’est pour lui tenir compagnie… On a été chercher le paste
438 ophe la mère Calixte près du bassin. « Je ne veux pas qu’on lave aujourd’hui ! Vous m’entendez ! Je l’ennterdis, vous n’ave
439 crie : « Je l’ai dit à madame Calixte, je ne veux pas qu’on lave aujourd’hui ! Ma belle-mère est morte cette nuit. Il ne fa
440  ! Ma belle-mère est morte cette nuit. Il ne faut pas se moquer des gens en deuil ! » — Mais, monsieur Simard… — Il est par
441 errasse qu’on ne peut voir d’ici. Je ne comprends pas très bien. S’il s’agit de respect, ne vaudrait-il pas mieux respecter
442 très bien. S’il s’agit de respect, ne vaudrait-il pas mieux respecter les vieux pendant qu’ils vivent ? — Déjà les voisines
443 . Après l’algarade d’hier matin, je ne me sentais pas le cœur à lui jouer une comédie de sympathie, d’autant qu’il n’a vrai
444 comédie de sympathie, d’autant qu’il n’a vraiment pas l’air trop affecté par la perte de cette belle-mère (sauf que les dis
445 matin. Le ménage Simard est furieux. Nous n’avons pas du tout fait ce qu’il fallait. Je me récrie : mais comment, j’ai pour
446 thie à Madame Simard. — Je sais, mais vous n’êtes pas entré chez eux. — Entré chez eux ? — Il faut que je vous explique. Un
447 ait dû venir chez vous pour dire qu’il ne voulait pas qu’on lave. Je le lui ai dit : c’est bien ta fôte ! Ça aurait été dan
448 y aurait eu un mort, je comprendrais, je n’aurais pas non plus lavé la vaisselle. Mais ce n’est pas la même maison. — Je ne
449 ais pas non plus lavé la vaisselle. Mais ce n’est pas la même maison. — Je ne comprends pas. Madame Calixte. Pourquoi ne pe
450 is ce n’est pas la même maison. — Je ne comprends pas . Madame Calixte. Pourquoi ne peut-on pas laver la vaisselle quand il
451 omprends pas. Madame Calixte. Pourquoi ne peut-on pas laver la vaisselle quand il y a un mort dans la maison ? II faut bien
452 manger, et à laver, il me semble ? — Je ne pense pas comme vous, Monsieur, mais il a tort pour la lessive. Voyez-vous ils
453 rotection très compliqués dont ils n’arriveraient pas à concevoir qu’on puisse même s’étonner. Et ne pas croire, surtout, q
454 as à concevoir qu’on puisse même s’étonner. Et ne pas croire, surtout, qu’il s’agit là de « préjugés », comme disent les je
455 plus proche est à une bonne demi-heure. Il n’y a pas de route. On imagine de vivre là, dans un style colonial-moyenâgeux.
456 s un, cela fait trois, si je ne me trompe, et non pas un », — Prenez la multiplication ! cria l’abbé V. qui était dans la s
457 é V. qui était dans la salle. 70. Que ne connaît pas le grand conférencier littéraire ou politique « en tournée ». ak. R
30 1937, Esprit, articles (1932–1962). Marius Richard, Le Procès (juin 1937)
458 le long du quai aux Fleurs. Mais la prière n’est pas un refuge ; elle est un acte d’accusation, et un aveu de chaque homme
459 fondeur, donne la mesure d’un art qui ne se prend pas pour idole. am. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Marius Richar
31 1937, Esprit, articles (1932–1962). Paul Éluard, L’Évidence poétique (juin 1937)
460 surréalistes ont un sens typographique étonnant : pas une de leurs publications que ne marque une invention heureuse et une
461 mmerce. Deux-mille pages ou un feuillet, mais non pas cet « in-16 » standard. Le feuillet qui nous apporte la conférence d’
462 ’applique… à refuser de servir un ordre qui n’est pas le sien ». C’est donc qu’elle veut instaurer un ordre plus grand et p
463 on état d’innocence et de grâce, et il n’y aurait pas de poésie — ni de prière — s’il n’y avait pas, consciente ou non, cet
464 ait pas de poésie — ni de prière — s’il n’y avait pas , consciente ou non, cette espérance ou cette « attente ardente de la
465 etomber dans le poncif onirique 1925 ? Ce n’était pas la peine de lire Feuerbach, cité à la page suivante. Voilà qui est an
466 itifs ». Comme si l’instinct primitif ne poussait pas l’homme à exploiter son semblable, pour peu qu’il en ait la force ! C
467 e si la civilisation, au vrai sens, ne consistait pas justement à réfréner ou à détourner cet instinct d’exploitation vers
468 ombattrons ensemble. Mais avec cela nous n’aurons pas liquidé la religion et la patrie, nous n’aurons liquidé que leur « ig
32 1937, Esprit, articles (1932–1962). M. Benda nous « cherche », mais ne nous trouve pas (juillet 1937)
469 M. Benda nous « cherche », mais ne nous trouve pas (juillet 1937)ap aq M. Benda décrivait l’autre jour à l’Union pour
470 observer, en mathématicien, que la gratuité n’est pas une méthode scientifique, et que toute pensée est un acte, M. Benda r
471 st un acte, M. Benda répliqua qu’il ne s’agissait pas du tout de cela, et que la pensée des jeunes se veut active en ce sen
472 irme que la pensée doit entrer dans l’action, non pas « à son service », mais au service de la vérité. Le mot d’incarnation
473 r, — c’est que la vérité dont il s’agit ressemble pas mal au néant. Soyons sérieux : la majorité des traits que M. Benda at
474 de, « M. Benda nous “cherche” mais ne nous trouve pas  », Esprit, Paris, juillet 1937, p. 616-618. aq. Signé : « L’auditeur
33 1937, Esprit, articles (1932–1962). Brève introduction à quelques témoignages littéraires (septembre 1937)
475 t de l’autre, de l’une par l’autre. Ce n’est donc pas à une enquête que nous allons nous livrer cette année, mais à une réf
476 e l’œuvre littéraire dans la communauté. Il n’y a pas , et il ne peut y avoir encore une école littéraire personnaliste. Pas
477 isciplines extérieures d’un parti, ne considèrent pas l’acte d’écrire comme un divertissement sans conséquence. Il existe d
478 uence. Il existe des jeunes écrivains qui ne sont pas embrigadés mais qui savent que toute œuvre engage, et qui acceptent c
479 ons de leur création. Et nous pensons qu’il n’est pas vain de le prouver en les réunissant ici, fût-ce par le lien tout pro
480 equel et contre lequel elle s’édifie. Je ne pense pas qu’il soit souhaitable d’en dire plus, au seuil de la série de « témo
481 el Seuphor, Jean Tardieu. On voit qu’il ne s’agit pas d’une école ; encore moins d’une orthodoxie personnaliste. Mais de « 
34 1937, Esprit, articles (1932–1962). Martin Lamm, Swedenborg (septembre 1937)
482 amm, Swedenborg (septembre 1937)as Je ne pense pas qu’il soit utile de parler dans Esprit de tout ce qui vient de paraît
483 notre chronique des Lettres ne traduit d’ailleurs pas nécessairement des intermittences de la production littéraire. Celle-
484 même s’ils préfèrent l’ignorer — nous ne pensons pas que cette limitation normale — et normative — doive se traduire par u
485 nde parle, parce qu’il n’apporte rien. On ne peut pas recommencer chaque mois le procès d’une littérature qui se vante d’êt
486 e… On a l’impression, à lire M. Lamm, qu’il n’eût pas accordé une attention extrême à Swedenborg du vivant de ce grand myst
487 les hypothèses d’un collègue historien. Je ne nie pas la valeur intrinsèque de la thèse que défend M. Lamm et qui me paraît
488 science dans le mysticisme ». Enfin, l’on ne voit pas du tout en quoi la logomachie particulière à l’époque de M. Lamm sera
489 dites psychosensorielles…, etc. » On ne nous dit pas si l’on juge ces visions réelles ou non, on nous dit seulement, modes
490 e les visions intérieures de Swedenborg « ne sont pas autre chose » que des photismes, « phénomènes d’automatisme sensoriel
491 ou chrétiens, hétérodoxes ou orthodoxes. Je n’ai pas la prétention de traiter un si grave problème en quelques lignes. Mai
35 1937, Esprit, articles (1932–1962). Neutralité oblige (octobre 1937)
492 en question par sa méfiance paysanne. Cela n’est pas sans irriter certains. Pour moi, je ne sais rien de plus salutaire, p
493 e bien : nous avons eu Amiel, et nous ne manquons pas de douteurs, de tourmentés, de refoulés et d’hésitants fort distingué
494 plus dur, parle de portier d’hôtel…) Et je ne dis pas que cette interprétation désobligeante soit toujours fausse dans le f
495 re justement que c’est la question qui ne se pose pas . Que nous le voulions ou non, notre neutralité caractérise non seulem
496 ce, égoïsme, ambitions mesquines. Cela n’augmente pas précisément notre prestige. Chez nous, l’on considère volontiers que
497 es événements nous y obligeront si nous ne savons pas les prévenir. Si nous nous refusons à voir, à dire, à illustrer, à in
498 lient pourquoi ils ont reçu ce droit. Je ne dirai pas que les Suisses l’aient déjà oublié. Mais la conscience qu’ils en gar
499 t mutuellement75. Cette conception du monde n’est pas nouvelle ; elle constitue l’apport spécifique de l’Europe à l’humanit
500 ainteneurs de ses communes mesures. Qu’on ne voie pas là je ne sais quelle manière d’idéaliser ce qui est mesquin. Car ce q
501 nos journaux font la leçon à Léon Blum, ce n’est pas — comme ce pourrait l’être — au nom de la démocratie réelle, communal
502 insiste avec raison sur le fait que nous n’avons pas une culture nationale unifiée, mais des cultures diversifiées, région
503 ichi par le génie du Rhin ? Pour nous qui n’avons pas les mêmes raisons de construire des Bastions de l’Est, la situation e
504 ngt-cinq républiques. Et surtout qu’on ne déplore pas le fait que les cultures des Suisses ne forment pas une culture homog
505 s le fait que les cultures des Suisses ne forment pas une culture homogène. Elles forment quelque chose de moins grandiose,
506 nt ont illustrées l’une après l’autre, mais n’ont pas pu synthétiser et relier. Elles avaient d’autres choses à faire. Elle
507 ation. Neutralité, sur le plan culturel, ce n’est pas mélange, ni accommodation et encore moins imitation médiocre. Ce n’es
508 tion et encore moins imitation médiocre. Ce n’est pas forcément cela. C’est au contraire (ou plutôt ce doit être) un combat
509 ant le dieu qu’il célèbre. Et pourquoi n’irais-je pas jusqu’à dire que notre grandeur culturelle est de n’avoir pas de cult
510 dire que notre grandeur culturelle est de n’avoir pas de culture suisse, mais seulement une culture européenne ? On nous a
511 rhodanien. Mais deux poètes « enracinés » ne font pas une culture suisse. Ce sont deux vocations personnelles, et la cultur
512 une assez belle culture européenne77. Je ne vois pas pourquoi nous douterions d’une tradition que tout nous pousse à conti
513 nous pousse à continuer, et qui, je le crois, n’a pas encore réalisé ses possibilités extrêmes. Nous avons le goût du moyen
514 l est clair, et on le dit assez pour que je n’aie pas à insister, que l’armée d’un petit pays neutre est très facilement ju
515 et c’est pourquoi elle appartient à l’État et non pas aux cantons. De plus, les mesures toutes récentes organisant la couve
516 rôle particulier de garde neutre. Mais je ne sens pas cette conscience très vivace. Et dès lors toutes ces belles vertus dé
517 tant de rappeler que l’armée d’une fédération n’a pas de raison d’être en soi, si l’on ne croit pas à cette fédération et à
518 n’a pas de raison d’être en soi, si l’on ne croit pas à cette fédération et à la tâche qui lui incombe au milieu de voisins
519 ce qu’on y appelle « le militaire » ne me paraît pas toujours proportionné au sens des raisons d’être de la Suisse dont té
520 ration, donc à l’armée qui la défend. Je ne crois pas d’ailleurs que les armes matérielles soient pour nous une défense suf
521 e80, un important budget de la culture. Je ne dis pas de l’instruction, mais de la culture. Et je l’appellerais volontiers
522 ela à partir des formes existantes ? Il ne s’agit pas pour nous de « révolutionner », au sens que le bourgeois craintif prê
523 les « utopies » personnalistes. Nous n’avons donc pas à renverser l’ordre politique existant — comme c’est le cas en France
524 s82.) Seule notre économie cherche à se mettre au pas des grandes économies européennes, mais de la manière la plus fatale
525 c’est pour assurer la liberté de passage, et non pas pour barrer le col sous prétexte de nous mettre à l’abri ! 73. Part
526 . 74. Les guerres qui nous menacent n’opposeront pas seulement des colonnes motorisées, mais des conceptions de l’homme, d
527 Paix, mais la Gazette de Lausanne ne le permet pas . » 77. La Genève des beaux jours de la SDN semblait devoir renouvele
528 t Rousseau) et de psychanalyse… Mais il ne semble pas que les Genevois aient su reconnaître à cette heure-là la renaissance
529 atique. 80. Qu’on entende bien que je ne demande pas de faire concourir l’éducation et l’instruction à notre préparation m
36 1938, Esprit, articles (1932–1962). La passion contre le mariage (septembre 1938)
530 Un tel Amour n’admet point le mariage, car il n’a pas pour fin suprême la vie, mais bien la mort libératrice des liens terr
531 contrevenait à ce triple engagement ne se rendait pas « intéressant », mais pitoyable ou méprisable. La synthèse catholique
532 e. Certes, la pure doctrine cathare ne prétendait pas légitimer la faute en soi, puisqu’au contraire elle ordonnait la chas
533 aventure troublante et attirante. ⁂ Je n’entends pas un instant ramener la crise actuelle du mariage au conflit de l’ortho
534 goûts et de conditions externes qui ne manqueront pas de se produire un jour ou l’autre dans la vie du couple. Or c’est de
535 ur ne saurait s’établir, tant que l’homme ne sera pas Dieu. Le bonheur est une Eurydice : on l’a perdu dès qu’on veut le sa
536 anesthésiant les révoltes de l’ennui. On n’ignore pas que la passion serait un malheur — mais on pressent que ce serait un
537 disqualifie le mariage, si l’épouse ne ressemble pas à la star la plus obsédante. (Encore la femme pourra-t-elle s’efforce
538 n ne compte en regard de la révélation mythique. ( Pas même la couronne s’il est roi.) Voilà le vrai « mariage d’amour » mod
539 d’un Tristan qui a plusieurs Iseut ? Or ce n’est pas lui qu’il convient d’accuser, mais il est la victime d’un ordre socia
540 ait à cette consomption. Mais Don Juan ne connaît pas d’Iseut, ni de passion inaccessible, ni de passé ni d’avenir, ni de d
541 ce qu’il désire ne lui résiste, puisqu’il n’aime pas ce qui lui résiste. ⁂ Aimer, au sens de la passion, c’est alors le co
542 issement n’est plus qu’une sensation, — n’aboutit pas . On retombe sans cesse au monde de la comparaison, qui est le monde d
543 côté, une exigence d’amour actif. ⁂ Je n’entends pas ici attaquer la passion : je me borne à la décrire et à la « réciter 
544 ontaigne, sachant fort bien que je ne convaincrai pas une seule victime du mythe profané. Mais il fallait faire voir, par q
545 dre social, quel qu’il soit. (Et je ne parle même pas du danger spirituel que fait courir à la personne l’éthique de l’évas
546 l’on prétend fonder sur lui. C’est qu’on ne sait pas au juste ce qu’est l’amour-passion, ni d’où il vient, ni où il va. On
547 faire lire et gagner la confiance ; on ne remonte pas le courant de toute l’époque ; la passion a toujours existé, elle exi
548 é, elle existera donc toujours, et nous ne sommes pas des Don Quichotte… » Je le crois bien ! C’est même à cause de cela qu
549 l qualifie de « petite-bourgeoise ». (On n’ignore pas le sens marxiste de l’expression.) Vingt ans plus tard, le « redresse
550 riclitait, et la « défense nationale » ne pouvait pas s’organiser sans un constant recours à la passion des premiers révolu
551 Certes, l’Allemagne de l’après-guerre n’atteignit pas un stade d’anarchie sexuelle comparable à celui de la Russie jusqu’à
552 toutes les femmes allemandes, et l’on ne manquera pas de les rendre obligatoires à bref délai. Le but dernier de l’entrepri
553 ref délai. Le but dernier de l’entreprise ne fait pas de doute : on en viendra à n’autoriser plus que les unions contractée
554 le passage où Jésus proclame que l’homme ne doit pas séparer ce que Dieu a uni ; soit enfin sur des entretiens de Jésus re
555 obstacles au désir — on les invente s’il n’y en a pas — et toute la dialectique de la passion qui se distingue de celle du
556 r en ce qu’elle refuse la satisfaction. On n’aime pas Iseut, on aime l’amour. On ne veut pas se satisfaire, on veut brûler.
557 On n’aime pas Iseut, on aime l’amour. On ne veut pas se satisfaire, on veut brûler. 89. Le Dict de Padma. 90. C’est l’u
37 1938, Esprit, articles (1932–1962). Revue des revues (septembre 1938)
558 une doctrine centriste, modérée-radicale, et non pas une doctrine de droite. D. Bertin attaque violemment M. Claude Farrèr
559 et Lamartine par Rimbaud. Un tel « signe » n’est pas négligeable : la vieille droite s’est toujours définie en termes de l
560 iedland, nouvelle de Drieu la Rochelle. « Qui n’a pas connu les années d’après-guerre n’a pas connu la douceur de vivre ».
561 « Qui n’a pas connu les années d’après-guerre n’a pas connu la douceur de vivre ». Illustration : « Il y avait de charmante
562 ière d’oraison funèbre. Et après ? « Vous n’allez pas me dire que vous êtes fasciste ? — Heu… » C’est la dernière réplique.
38 1938, Esprit, articles (1932–1962). L’amour action, ou de la fidélité (novembre 1938)
563 r le secret de son mythe. La découverte ne serait pas négligeable. Mais peut-on décrire la passion ? On ne décrit pas une f
564 e. Mais peut-on décrire la passion ? On ne décrit pas une forme d’existence sans y participer, fût-ce même par une révolte
565 , à l’origine et à la fin de la passion, il n’y a pas une « erreur » sur l’homme ou Dieu — a fortiori pas une erreur « mora
566 s une « erreur » sur l’homme ou Dieu — a fortiori pas une erreur « morale » — mais une décision fondamentale de l’homme, qu
567 r moi, ici et maintenant, le problème ne comporte pas d’échappatoire dans le temps à venir. S’il n’est peut-être pas possib
568 toire dans le temps à venir. S’il n’est peut-être pas possible à l’homme — à un homme déterminé — de connaître ses propres
569 outre qu’une telle solution probablement n’existe pas , si elle existait ce serait pour moi seul : on ne se décide jamais qu
570 tence. 2. Critique du mariage Si je ne vois pas de raison qui tienne contre la passion véritable, il m’apparaît en se
571 ois douté d’eux-mêmes ; mais à la fin il n’écrase pas seulement ce philistin qui se contente d’épouser la veuve du brasseur
572 e, et que chaque femme ait son mari… La femme n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est le mari ; et pareillement,
573 mais c’est le mari ; et pareillement, le mari n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est la femme. Ne vous privez pa
574 propre corps, mais c’est la femme. Ne vous privez pas l’un de l’autre, si ce n’est d’un commun accord pour un temps, afin d
575 nce. Je dis cela par condescendance, je n’en fais pas un ordre… Car il vaut mieux se marier que de brûler… Que chacun march
576 vierge ou marié)… usant du monde comme n’en usant pas , car la figure de ce monde passe. » (I. Cor. 7, 1-32). Et voici le c
577 . Et voici le coup de grâce : « Celui qui n’est pas marié s’inquiète des choses du Seigneur, des moyens de plaire au Seig
578 out nous montre que cent-mille essais ne seraient pas encore assez pour constituer les premiers éléments, tout balbutiants
579 on des critères impersonnels. Mais enfin ce n’est pas l’erreur logique qui est grave, c’est l’erreur morale qu’elle suppose
580 out se ramène à une sagesse, à un savoir ; et non pas à une décision. Or ce savoir ne pouvant être qu’imparfait, et proviso
581 à assumer les suites, heureuses ou non. Ce n’est pas là un éloge du « coup de tête » : car tant que l’on peut calculer, j’
582 isir une femme pour en faire son épouse, ce n’est pas dire à Mademoiselle Untel : « Vous êtes l’idéal de mes rêves, vous co
583 nt de départ à une fidélité réelle ; et je ne dis pas à une fidélité qui soit une recette de « bonheur », mais bien à une f
584 is bien à une fidélité qui soit possible, n’étant pas compromise en germe par un calcul forcément inexact. 4. Sur la fid
585 comme absolue. La problématique du mariage n’est pas du cur, mais du quomodo. « L’éthique ne commence pas, dit Kierkegaard
586 du cur, mais du quomodo. « L’éthique ne commence pas , dit Kierkegaard, dans une ignorance qu’il faudrait muer en savoir, m
587 ns un savoir qui exige sa réalisation. » Ce n’est pas l’engagement qui est problématique, mais les conséquences qu’il entra
588 e de Dieu » — exactement comme si l’on ne croyait pas — alors que le seul vrai problème est de savoir comment Lui obéir.) C
589 Car la fidélité est sans raisons — ou elle n’est pas — comme tout ce qui porte une chance de grandeur. (Comme la passion !
590 n fait, l’idée de fidélité. Mais l’obstacle n’est pas sérieux, on le tourne de tous les côtés. Voyez les excuses invoquées
591 qui trompe sa femme ; il dit tantôt : « Cela n’a pas d’importance, cela ne change rien à nos rapports, c’est une passade,
592 s ! » Du cynisme au tragique romantique, il n’y a pas de contradiction profonde, nous l’avons vu95. Dans les deux cas, il s
593 volonté de faire une œuvre. Car la fidélité n’est pas du tout une espèce de conservatisme. Elle est plutôt une construction
594 prise sur le réel, qu’elle cherche à dominer, non pas à fuir. Je dis qu’une telle fidélité fonde la personne. Car la person
595 mière est la fidélité à quelque chose qui n’était pas , mais que l’on crée. Personne, œuvre, et fidélité : les trois mots ne
596 condition bien entendu que cette promesse ne soit pas faite pour des « raisons » que l’on se réserve de répudier un jour, q
597 c fut rendu à Abraham. Mais alors il n’y songeait pas  ! Et il se peut aussi que rien ne compense la perte : nous sommes ici
598 iété qui mime assez bien la raison — et qui n’est pas un héroïsme, ni un défi, mais une patiente et tendre application. Le
599 ens moderne de ces mots… ⁂ Cependant, tout n’est pas encore clair. Tristan lui aussi fut fidèle ! Et toute passion véritab
600 s la différence ? Et le mari fidèle, ne serait-ce pas simplement celui qui a reconnu dans sa femme une Iseut ? Lorsque l’am
601 endes courtoises nous a révélé que Tristan n’aime pas Iseut mais l’amour même, et au-delà de cet amour, la mort, appelée co
602 ivrance du moi coupable et asservi. Tristan n’est pas fidèle à une promesse, ni à cet être symbolique, ce beau prétexte qui
603 gues peuvent y lire. ⁂ « Notre engagement n’était pas pris pour ce monde », écrivait Novalis songeant à sa fiancée perdue.
604 Dans le mariage, c’est à l’autre d’abord, et non pas à son moi d’abord, que celui qui aime voue sa fidélité. Et tandis que
605 . Insistons : la fidélité dans le mariage ne peut pas être cette attitude négative qu’on imagine habituellement ; elle ne p
606 le ne peut être qu’une action. Se contenter de ne pas tromper sa femme serait une preuve d’indigence et non d’amour. La fid
607 rdement reproche à l’Évangile. C’est Éros, et non pas Agapè, qui a glorifié notre instinct de mort, et qui a voulu le « spi
608 se venge d’Éros en le sauvant. Car Agapè ne sait pas détruire et ne veut même pas détruire ce qui détruit. « Je ne veux pa
609 t. Car Agapè ne sait pas détruire et ne veut même pas détruire ce qui détruit. « Je ne veux pas la mort du pécheur, mais sa
610 ut même pas détruire ce qui détruit. « Je ne veux pas la mort du pécheur, mais sa vie. » ⁂ Éros s’asservit à la mort parce
611 sait que la vie terrestre et temporelle ne mérite pas d’être adorée, ni même tuée, mais peut être acceptée dans l’obéissanc
612 Voilà le sens de la Révélation ; l’au-delà n’est pas la mort divinisante, mais le Jugement du Créateur. C’est ici-bas que
613 t recevoir le pardon. L’homme naturel ne pouvait pas l’imaginer. Il était donc condamné à croire Éros, c’est-à-dire à se c
614 ains, nous avons appris cette nouvelle : ce n’est pas l’homme qui doit se délivrer lui-même, c’est Dieu qui l’a aimé le pre
615 la de la manière la plus précise : La femme n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est le mari ; et pareillement l
616 mais c’est le mari ; et pareillement le mari n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est la femme. (I. Cor. 7.) La
617 sation de la créature. Mais cette égalité ne doit pas être entendue au sens moderne et revendicateur. Elle procède du mystè
618 , il engage vraiment toute une vie, et il n’exige pas moins que cet engagement pour révéler sa vérité. Et c’est pourquoi l’
619 é, qui est l’alibi de la culpabilité : « Ce n’est pas moi qui ai commis la faute, je n’y étais pas, c’est cette puissance f
620 ’est pas moi qui ai commis la faute, je n’y étais pas , c’est cette puissance fatale qui agissait en lieu et place de ma per
621 iol, comme la polygamie, révèle que l’homme n’est pas encore en mesure de concevoir la réalité de la personne chez la femme
622 ne chez la femme. C’est autant dire qu’il ne sait pas encore aimer. Le viol et la polygamie privent la femme de sa qualité
623 ines. Par contre, l’homme qui se domine, ce n’est pas faute de « passion » (au sens de tempérament) mais c’est qu’il aime,
624 a de l’Occident chrétien. Tout d’abord : ce n’est pas le christianisme qui a fait naître la passion, mais c’est une hérésie
625 ent encore une vie secrète. L’amour-passion n’est pas l’amour chrétien, ni même le « sous-produit du christianisme » ou le
626 oduit les mêmes effets. Mais la réponse n’importe pas ici : il nous suffit de marquer que les éléments occidentaux-chrétien
627 qu’il s’est forgé. Mais il est clair que ce n’est pas le christianisme — comme le répètent tant de publicistes — qui est re
628 ophe. L’esprit catastrophique de l’Occident n’est pas chrétien105. Il est tout au contraire manichéen. C’est ce qu’ignorent
629 yances. Mais dira-t-on, ces mêmes croyances n’ont pas produit les mêmes effets parmi les peuples de l’Orient ? C’est qu’ell
630 les peuples de l’Orient ? C’est qu’elles n’y ont pas trouvé les mêmes obstacles. Ainsi notre chance dramatique est d’avoi
631 alors un âge classique… Mais après tout, n’est-ce pas encore une tentation de la passion que ce souci des lendemains qui ob
632 aujourd’hui tant de fronts ? Notre vie ne se joue pas dans l’au-delà temporel, mais dans les décisions toujours actuelles q
633 jectives auxquelles je me suis vu conduit ne sont pas suffisantes en soi. Elles commandent certaines décisions. Elles intro
634 uisent à une problématique nouvelle, et qui n’est pas toujours aussi simpliste que le dilemme passion-fidélité peut nous le
635 s de notre tension créatrice. De fait, cela n’est pas possible. Le philistin qui « condamne » de la sorte et à priori toute
636 ntenant et vivre dans le monde comme s’il n’avait pas d’autre tâche ni plus urgente ni plus haute. Ce « chevalier de la foi
637 ne scandaleuse tricherie aux yeux de qui ne croit pas à l’absurde ; mais c’est plus qu’une synthèse, et infiniment plus et
638 nfiniment féconde pour son génie ; il ne recouvra pas Régine, mais ne cessa jamais de l’aimer et de lui dédier toute son œu
639 Le second thème que j’esquisserai n’est peut-être pas d’une nature essentiellement hétérogène. Peut-être même doit-il être
640 rendrons un parti de sobriété. Les mariés ne sont pas des saints, et le péché n’est pas comme une erreur à laquelle on reno
641 mariés ne sont pas des saints, et le péché n’est pas comme une erreur à laquelle on renoncerait un beau jour pour adopter
642 e. Une fidélité gardée au nom de ce qui ne change pas comme nous, révèle peu à peu son mystère : c’est qu’au-delà de la tra
643 veur de la monogamie. 95. La gauloiserie n’étant pas moins que la passion une évasion hors du réel, une façon de l’idéalis
644 doit accepter Éros, en tant qu’Éros, et justement pas en tant qu’Éros sublimé. Éros n’est pas le péché ; le péché, c’est la
645 justement pas en tant qu’Éros sublimé. Éros n’est pas le péché ; le péché, c’est la sublimation d’Éros. » 98. Comme le cro
646 ’elle annonce représentent notre châtiment et non pas notre délivrance. Ce n’est pas la mort, la désincarnation, qui est le
647 e châtiment et non pas notre délivrance. Ce n’est pas la mort, la désincarnation, qui est le salut, mais l’acte de la grâce
39 1938, Esprit, articles (1932–1962). Suite à « La passion contre le mariage » (décembre 1938)
648 la seconde (où notre ami Miatlev protestait de ne pas lire le nom de Lawrence parmi les premiers de ceux qui se sont attaqu
649 de la lettre de Miatlev. — Non, je ne « prétends pas classer Lawrence parmi ceux qui ont méconnu » le problème que j’abord
40 1939, Esprit, articles (1932–1962). D’une critique stérile (mai 1939)
650 ne pertinence et une violence qui alors n’étaient pas sans mérites. Ils ont prédit l’évolution actuelle, l’usure de la droi
651 ers à y croire, et à le prouver. Or, il ne paraît pas qu’à cette critique ait répondu jusqu’à présent un dynamisme construc
652 comme on dit : « intellectualiste ». Je ne pense pas que cela soit décisif. Je crains bien qu’au contraire le mouvement ai
653 d’études et de mises au point. 3. Car on ne croit pas suffisamment à ce qu’on affirme, à savoir la mort des partis. 4. On g
654 croit si peu à la mort des partis qu’on n’imagine pas d’autre action possible qu’au moyen des partis existants, et l’on pro
655 ient efficaces justement parce qu’ils ne seraient pas à l’échelle démesurée de l’action des partis politiques. 9. L’action
656 le veut être une action à hauteur d’homme, et non pas au niveau de l’opinion. 10. Ceux qui doutent de son efficace sont vic
657 de la justice. 23. Le but du personnalisme n’est pas de s’emparer des « centrales » pour établir ensuite un régime personn
658 but essentiellement fédéraliste. 25. Il ne s’agit pas de s’emparer d’un pouvoir impuissant, mais d’exercer le pouvoir sur p
659 is n’est stérile que dans la mesure où elle n’est pas radicale. ba. Rougemont Denis de, « D’une critique stérile », Espr
41 1939, Esprit, articles (1932–1962). Autour de L’Amour et l’Occident (septembre 1939)
660 vre « est un livre d’histoire » et que je ne suis pas un historien. Je vois bien que vous non plus ne voulez pas l’être com
661 storien. Je vois bien que vous non plus ne voulez pas l’être comme tant d’autres le furent et le restent. Toutefois, c’est
662 orien » que vous m’attaquez, et certes je ne fais pas de ce mot une injure, mais simplement je constate que vous parlez de
663 ompte que le lecteur y croit. Or moi je n’y crois pas du tout. Je ne crois pas aux « faits objectifs » dont l’historien pré
664 oit. Or moi je n’y crois pas du tout. Je ne crois pas aux « faits objectifs » dont l’historien prétend communément « partir
665 quable si l’ordre des rimes et des strophes n’est pas strictement respecté. La composition historique sera critiquable au m
666 le pape un Léon III qui fut empereur. Je ne songe pas à défendre l’inexactitude ni les erreurs typographiques, ou les négli
667 négligences de copie. Mais ceci dit, il ne serait pas « exact » non plus d’appliquer les mêmes critères à ce qui ne relève
668 d’appliquer les mêmes critères à ce qui ne relève pas du même ordre. C’est à savoir : le sens d’une interprétation. Or c’es
669 — que du public qui croit aux manuels. Je ne dis pas cela contre vous. Je le dis pour situer vos critiques dans l’esprit d
670 , dans ce sens « critiquable » du terme. Ce n’est pas même de l’histoire littéraire. C’est bien plutôt, s’il faut une étiqu
671 u’interprète et théologien de l’histoire, je n’ai pas été sans découvrir dans votre article une faculté d’interprétation cr
672 légende de Rudel, et vous me reprochez de n’avoir pas rêvé là-dessus et de n’en avoir tiré qu’un argument de tortionnaire.
673 ier en remarquant que mon objet principal n’était pas de décrire les différents aspects de l’amour courtois, mais seulement
674 pourrais, je devrais vous dire que si je n’avais pas rêvé (et un peu plus…) sur l’aventure de Rudel, si j’étais insensible
675 je croyais cette conception dépassée, je n’aurais pas écrit mon livre. L’amour courtois, ça existe tellement que j’en ai fa
676  », si « riche », si « émouvant », que ce n’était pas trop de tout un pesant livre pour essayer de formuler ce qu’il y a, a
677 ncer. C’est cela que vous me reprochez de n’avoir pas assez exalté. Mais alors, je vous pose cette question : si j’avais ex
678 aire. (Huguenot, cela va sans dire, mais ce n’est pas synonyme.) Et même dissonant, s’il le faut. Dans ma dissonance obstin
679 lieu de m’en vanter ; reste à savoir si ce n’est pas là, précisément la solidarité dans le péché, l’irrémédiable « consona
680 temps des troubadours. Croyez-moi, je ne cherche pas à esquiver des objections précises111 par un recours aux vérités les
681 e reconnaître qu’à l’origine de ce débat il n’y a pas seulement en cause une certaine conception « dissonante » de l’amour
682 lées de mensonge. Dans ce monde concret, il n’est pas vrai que tout amour tende vers Dieu. Il n’est pas vrai non plus que t
683 pas vrai que tout amour tende vers Dieu. Il n’est pas vrai non plus que tout l’humain soit humain. « Je trouve deux hommes
684 cœur humain » — si vous voulez… (Mais pourquoi ne pas dire du corps ?) Un amour dont l’exaltation cependant, était considér
685 e de l’amour-passion. Or cette exaltation ne tend pas vers le vrai Dieu, ni vers la créature telle qu’elle est, mais vers l
686 a thèse centrale présentée de la sorte — n’est-ce pas assez clair dans mon livre ? — me direz-vous encore que vous êtes « p
687 us sera donné par-dessus » ; mais l’inverse n’est pas prévu.   Post-Scriptum. — J’avais commencé de lire le numéro d’Esprit
688 des idées de Raymond Aron, que je ne connaissais pas , et que vous approuvez ! (C’est aussi, en réalité, le développement d
689 ’intuition. » — Tristesse de l’historien n’est-ce pas  ? Et c’est pourtant celui-là même qu’avec combien de raison vous offr
690 discuter — et on l’a fait ! — mais que je n’avais pas le droit d’ignorer. bb. Rougemont Denis de, « Autour de L’Amour et
42 1946, Esprit, articles (1932–1962). « Un divorce entre le christianisme et le monde ? » (août-septembre 1946)
691 onde ? » (août-septembre 1946)bd be Je ne vois pas le divorce en question. Pour qu’il y ait divorce, il faut qu’il y ait
692 -même qu’il faut mettre en question. On n’imagine pas saint Paul proposant un questionnaire sur le fossé entre le christian
693 stianisme. L’état d’Esprit qui fait enquête n’est pas celui d’une conquête. Attention. bd. Rougemont Denis de, « [Répons
43 1946, Esprit, articles (1932–1962). Épilogue (novembre 1946)
694 s question du savon. Brossez-vous. Nous ne posons pas de question de principe à propos de ce produit utile et hygiénique. S
695 ns les mesures nécessaires pour les résoudre, non pas pour qu’on en parle. Notre tendance est de nous en remettre à une age
696 core tout étourdi de sa puissance, et qui ne sait pas où l’on cache les dossiers, doit juger plus sagement en 24 heures que
697 mois. Les Anglais ont ce proverbe : « Ne changez pas de chevaux au milieu du fleuve ». Les Français prétendent empêcher un
698 a tradition dite nationale… Et si nous ne sommes pas là pour consentir un prêt, payant la casse, vous parlez de notre hypo
699 me l’ont fait les bourgeois d’Europe : ce n’était pas un regular guy. Le Vatican a la plus vieille diplomatie secrète du mo
700 chez nous. Cette moitié de moi n’irait peut-être pas jusqu’à demander une guerre préventive, mais elle l’accepterait sans
701 . Ajouter des nuances à mon tableau n’arrangerait pas grand-chose à cet égard. Ce qui échappe par définition à toute formul
702 ncohérence interne. Mais je vois bien que je n’ai pas su la faire sentir autant que je la sens et peut-être n’y parviendrai
703 es, des signes et des correspondances. On ne peut pas impunément se vêtir de n’importe quelle couleur, sous prétexte que ce
704 mais ils préfèrent l’anesthésie. Aussi n’ont-ils pas de philosophes, ni de mystiques, mais beaucoup de paradis artificiels
705 ient pour que chacun gagne. Enfin, ils ne croient pas au Mal… Le krach de 1928, Hitler, la guerre, et quelques privations o
706 ures. Qui sait si une loi de l’esprit ne les rend pas d’autant plus fortes et fréquentes que les poussées intimes de la con
707 ues un réveil spirituel de l’Amérique ne pourrait pas lui épargner ? Si l’Europe peut y contribuer, elle aura bien mérité d
708 méliorer. J’y vois la marque de sa force. Qui n’a pas lu les éreintements de l’esprit américain auxquels se livrent avec ex
709 nce les revues et les journaux américains ne sait pas ce que c’est que la confiance en soi. Ceci dit, je me retourne vers m
710 le reste du monde en a besoin — ne vous contentez pas d’appeler périodiquement l’Amérique à votre secours, quitte à la mépr
711 us laver, à boire du lait, à être à l’heure, à ne pas couper les files par principe, à observer les règles du jeu dans la m
44 1948, Esprit, articles (1932–1962). Thèses du fédéralisme (novembre 1948)
712 r tous et non seulement pour nous ! Ce n’est donc pas au nom de je ne sais quel nationalisme européen qu’il nous faut défen
713 ers l’Amérique. À tort ou à raison — je n’en juge pas ici — ils s’imaginent que ces pays réalisent mieux que leur nation ce
714 s attendent eux-mêmes de la vie. Ainsi ce ne sont pas seulement les idéaux de progrès collectiviste ou de progrès capitalis
715 rvateurs par profession ou position. Ne demandons pas l’instauration d’une fédération européenne pour que se crée un troisi
716 ns inventif. […] La fédération européenne ne sera pas l’œuvre des gouvernants chargés de défendre les intérêts de leur nati
717 i formeront le gouvernement de l’Europe. Il n’y a pas d’autre voie possible et praticable. Les USA ne sont pas dirigés par
718 utre voie possible et praticable. Les USA ne sont pas dirigés par une assemblée des gouverneurs des quarante-huit États, ni
45 1962, Esprit, articles (1932–1962). Lettre à Jean-Marie Domenach, à propos de « Sartre et l’Europe » (mai 1962)
719 hose. Un lecteur non prévenu s’y tromperait, mais pas vous. Car ma phrase signifie, à vous en croire, que deux millions de
720 ecteurs sachent aussi que mon article ne traitait pas de l’Algérie, ni de « l’Europe » mythique qu’injurie Sartre, mais du
721 fièvre nationaliste du tiers-monde, l’heure n’est pas de cracher sur nos valeurs, mais de les prendre nous-mêmes au sérieux
722 us devons offrir au monde et à nos fils, ce n’est pas notre mauvaise conscience, notre rage autopunitive ou l’alliance de n
723 éen” aussi convaincu que D. de Rougemont ne sente pas ce scandale de l’Europe qui inspirait la fureur de Sartre. Je suis he
724 taine psychanalyse des intentions, et ne parviens pas à me trouver tant d’astuce. Je me contente donc d’assurer Rougemont q