1 1932, Esprit, articles (1932–1962). À l’index (Première liste) : Candide (octobre 1932)
1 ne conception de Français né paillard, décoré, et qui ne sait pas la géographie. Il faut tout de même que nos camarades de
2 même que nos camarades de la jeunesse allemande, qui s’en inquiètent à juste titre, sachent ce que nous pensons des manife
3 is, devant cette déjection, grassement payée mais qui peut coûter cher à ses producteurs, de la haine qui se bat les flancs
4 i peut coûter cher à ses producteurs, de la haine qui se bat les flancs. a. Rougemont Denis de, « À l’index (Première li
2 1932, Esprit, articles (1932–1962). On oubliera les juges (novembre 1932)
5 archique, voilà bien notre monde. Mais une pensée qui n’agit pas n’est plus de la pensée ; une action qu’on ne « pense » pa
6  : la loi de Dieu s’oppose à cette loi des hommes qui veut qu’on tue. Une décision se formule, peut-être pour la première f
7 aide de cette laideur pauvre et presque abstraite qui symbolise assez bien le régime. Quatre gaillards en uniforme, vautrés
8 Quatre gaillards en uniforme, vautrés sur un banc qui la divise par le milieu, fument des cigarettes en taquinant du pied l
9 aux) de l’éthique, devant huit officiers corrects qui n’ont jamais rien entendu de pareil, ainsi qu’en témoignent leurs vis
10 e prison pour ce garçon sérieux et maître de lui, qui sourit parfois doucement derrière ses lunettes d’écaille. C’est lui q
11 cement derrière ses lunettes d’écaille. C’est lui qui juge, ayant pesé son acte. Les autres appliquent un tarif. ⁂ Je ne su
12 i qu’il en pense, dans cette phalange de rhéteurs qui va de Jaurès à Sangnier ; car c’est, vous m’entendez, « au nom de la
13 né par son acte la preuve d’une obéissance à Dieu qui devrait être celle de tout croyant ; ou s’il a seulement manifesté sa
14 t le nom sert encore de recommandation (pour ceux qui croient aux « relations »). Cette vertu laïque et démodée, confection
15 e. Un je ne sais quoi de rassurant et d’avouable, qui fait qu’on invoque son nom dans tous les cas où il s’agit en vérité d
16 ors-la-loi, aux applaudissements des braves gens, qui par ailleurs mettent en prison Martin parce qu’il refuse de faire la
17 quels nous nous ferions tuer, et les buts de ceux qui nous feraient volontiers tuer. Jean-Richard Bloch l’a dit à la barre
18 gie païenne par excellence, celle de l’État-Dieu, qui veut l’obéissance aveugle… » 6° Il n’y a qu’un rapport de lâcheté ent
19 rement sans avocats ni simulacres d’aucune sorte. Qui trompe-t-on ici ? Les « grands principes » de 89 ou les commanditaire
20 a paix » ne nous détourne de l’action nécessaire, qui ne saurait longtemps demeurer pacifiste. Dans un régime social où tou
21 comme un signal de rupture consommée. Tout homme qui agit, sa pensée est en rupture de bourgeoisie. Jacques Martin, dans s
3 1933, Esprit, articles (1932–1962). Comment rompre ? (mars 1933)
22 ayé de nous faire croire que cet « ordre » social qui nous blessait, c’était un aspect nécessaire de l’« ordre chrétien » d
23 tes les parties de la terre contre une chrétienté qui , loin d’avoir maudit la guerre et surtout ce qui l’a permise, prétend
24 qui, loin d’avoir maudit la guerre et surtout ce qui l’a permise, prétend encore dominer sur l’Europe, et ne peut mainteni
25 nt scandaleusement sa cause avec la cause de ceux qui réellement gouvernent. (On sait ce qu’ils sont.) Il faut qu’un cri ja
26 ourd’hui, d’une volonté de rupture, ce témoignage qui chaque fois qu’il est porté, rétablit le christianisme et sa nouveaut
27 nisme et sa nouveauté menaçante. ⁂ Que la passion qui nous arrache ce cri, nous rende aussi lucides et efficaces ! Nous vou
28 y faudra de la violence. Mais où porter le coup ? qui dénoncer ? au nom de quoi ? La rupture ne pourra s’opérer qu’au lieu
29 ’il exclut l’autre. Ce n’est pas le christianisme qui a confondu sa cause avec celle de la bourgeoisie capitaliste. Mais c’
30 rgeoisie capitaliste. Mais c’est un parti de gens qui , ayant peut-être été chrétiens, veulent en tirer des intérêts, abusen
31 vec l’injustice dont il s’est fait le soutien, et qui , depuis, assure son succès relatif. Une église « établie » établissan
32 e christianisme véritable et cette « chrétienté » qui s’en réclame encore au moment où elle le trahit. Telle sera donc la f
33 spécifiques constituées, existant en elles-mêmes, qui auraient été introduites dans le monde par Dieu, que nous aurions mal
34 lle, d’une manière imprévisible. La seule liberté qui lui soit accordée vis-à-vis de la foi, c’est de la refuser. Comment d
35 il est à l’intérieur de la religion. Les églises qui se crurent en droit d’édicter un « ordre chrétien », se fondaient tou
36 l’éternel, elle juge et condamne ceux-là d’abord qui s’en réclament. Et c’est pourquoi il y a un imposteur dans tout homme
37 ’est pourquoi il y a un imposteur dans tout homme qui se dit chrétien. (Je ne dis pas cela d’un point de vue antichrétien.)
38 umaine organisée — fût-ce à la gloire de Dieu ! —  qui poursuivrait son plan sans se soucier de la justice de Dieu. Et la vo
39 ise : « Tes amis t’ont jouée, t’ont dominée, ceux qui mangeaient ton pain t’ont dressé des pièges — et tu n’as pas su t’en
40 ièges — et tu n’as pas su t’en apercevoir ! — Toi qui t’assieds sur les hauteurs et qui dis en toi-même : Qui me précipiter
41 rcevoir ! — Toi qui t’assieds sur les hauteurs et qui dis en toi-même : Qui me précipitera jusqu’à terre ? — Quand tu place
42 assieds sur les hauteurs et qui dis en toi-même : Qui me précipitera jusqu’à terre ? — Quand tu placerais ton nid aussi hau
43 de voir qualifier de « chrétienne » une « idée » qui sert l’injustice établie. Tu ne crois pas à ces paroles et tu fais bi
44 y a prescription : l’Esprit n’est plus avec ceux qui ont intérêt à le défendre. L’Esprit n’est plus avec ceux qui ont cru
45 érêt à le défendre. L’Esprit n’est plus avec ceux qui ont cru pouvoir l’utiliser. L’esprit n’est jamais avec ceux qui le dé
46 uvoir l’utiliser. L’esprit n’est jamais avec ceux qui le défendent6, mais peut-être avec ceux qu’il excite à l’attaque du d
47 tion élevée au rang d’Institution ecclésiastique, qui aujourd’hui prétend durer et se défendre contre le monde soulevé. Étr
48 sanctionnant naguère, elle a perdu la seule force qui le dominait. « Car le péché n’est pas le dérèglement de la chair et d
49 urs de vouloir sur le champ le plus juste. Car ce qui manifeste la foi, c’est le choix et non pas le système : il n’est de
50 s avec l’enjeu de son salut. Tel est le paradoxe, qui remonte au cœur même du christianisme, si le christianisme est la foi
51 2. Et non pas au nom d’un « ordre social chrétien qui s’opposerait au désordre actuel, capitaliste ou marxiste. Car la révo
52 eut pas le défendre, cela n’a aucun sens, et ceux qui prétendent le défendre mentent, et ne défendent que leur esprit. On s
53 oir, trad. Gateau (Gallimard), p. 178. C’est nous qui soulignons. 8. Ibid., p. 170. d. Rougemont Denis de, « Comment ro
4 1933, Esprit, articles (1932–1962). Protestants (mars 1933)
54 pays où le protestantisme domine, des protestants qui loin de renier leur foi se fondent sur elle pour attaquer le régime.
55 les groupements politiques, résolus à la rupture, qui se réclament hautement de leur foi. Les éléments extrémistes de la so
56 Les éléments extrémistes de la social-démocratie, qui s’expriment dans les Neue Blätter für den Sozialismus sont des élémen
57 vis-à-vis de votre prochain ? Lui laissez-vous ce qui lui revient, ou l’en privez-vous ? » ⁂ La caractéristique des mouveme
58 -à-dire les mouvements plus ou moins communistes, qui prennent actuellement beaucoup d’ampleur sur le terrain préparé par F
59 Jésus-Christ et de l’Église comme de deux choses qui n’ont rien en commun. » Il constate que l’Église est intervenue dans
60 e économique vient à l’appui de la thèse marxiste qui ne veut voir dans les Églises que des institutions de classe. Cette p
61 ion de l’Évangile impliqué dans leur attitude, et qui les ferait retomber dans les vieilles erreurs du capitalisme puritain
62 r s’appliquer également au groupement tout récent qui s’intitule Economic Justice et à la tête duquel on retrouve Jerome Da
63 tives réformistes ou révolutionnaires chrétiennes qui se manifestent en Amérique. On remarque dans la liste de ses collabor
64 é à Tokyo pendant le bombardement de Shanghai, et qui lui valut des menaces de mort. Plus radical que les socialistes, labo
65 ’ici peu d’écho. La revue Le Christianisme social qui représente l’aile gauche intellectuelle du protestantisme, s’attarde
66 étudiants. Mais il y a là le germe d’un mouvement qui demain peut se préciser et s’amplifier. Signalons enfin la revue inte
67 de la Fédération des étudiants, le Student World, qui sous l’impulsion de W. A. Visser ’t Hooft adopte une attitude très ne
5 1933, Esprit, articles (1932–1962). Loisir ou temps vide ? (juillet 1933)
68 ases d’esclaves, consternante misère : une misère qui nous rabat au sol. L’homme dit « j’agis », et il trouve dans l’acte
69 e veux dire que nous en pâtissons dans une mesure qui n’est pas celle de la condamnation portée sur notre race. On peut dir
70 ule défense efficace, c’est l’attaque. Un travail qui néglige la création, un travail sans loisir, sans liberté, laisse s’é
71 vicier à la base toutes les conceptions du loisir qui découlent de cette erreur spirituelle ; et principalement la concepti
72 rincipalement la conception abstraite et négative qui sévit aujourd’hui. On peut en dater l’origine. Dans l’Encyclopédie de
73 ulte, d’une déficience de cette tension créatrice qui seule définit un « temps plein ». En sorte que le « temps vuide » de
74 l dans le loisir ; s’il n’y a plus rien dans l’un qui permette de saisir la nature de l’autre, il n’y a plus alors que de l
75 n’y a plus alors que de l’absurdité pour l’esprit qui les confronte, il n’y a plus que du désordre et des souffrances pour
76 que du désordre et des souffrances pour le corps qui les subit. L’acte ordonnateur, ou révolution La tâche restaurat
77 nsables, à penser dans le risque total de l’être, qui est l’acte. Nous penserons avec des mains créatrices. Nous dirons : l
78 tâche constructive est d’abord d’ordre spirituel. Qui dit précédence dit primauté. 2° que dans l’ordre, immédiatement consé
79 ail), sinon toutefois l’organisation des loisirs, qui lui sera tôt ou tard conjointe. 3° que si l’on veut sauvegarder l’act
80 pour introduire un peu de joie dans une activité qui est la négation même de la création ; activité purement « nécessitée 
81 ité purement « nécessitée » par la révolte de 17, qui décréta l’instauration en Russie d’une civilisation américaine dont o
6 1934, Esprit, articles (1932–1962). Préface à une littérature (octobre 1934)
82 il n’est, afin d’éclairer par contraste un avenir qui devra son éclat moins à lui-même qu’à nos ombres, et moins à sa jeune
83 udra se tourner ailleurs. Il faudra remonter à ce qui juge nos faiblesses, non point pour les confondre éloquemment et péri
84 nsuite avec elles, mais pour restaurer le pouvoir qui nous désigne en même temps les méfaits du désordre établi et le princ
85 airement les maux dont nous souffrons, et le bien qui nous les révèle. En vérité, nous connaissons bien mieux ce qui nous b
86 révèle. En vérité, nous connaissons bien mieux ce qui nous blesse que la nature des réalités que nous sentons, en nous, obs
87 e phrase un peu grossière : c’est une littérature qui aime parler pour ne rien dire. Elle n’est occupée qu’à « bien » dire,
88 dire, — et c’est pourquoi elle parle mal. Or ceux qui l’ont attaquée jusqu’ici n’ont rien fait d’autre, ou n’ont rien fait
89 e mieux. Ils ont eu parfois de beaux cris, mais à qui les adressaient-ils ? À la galerie plus qu’à eux-mêmes, je le crains.
90 à notre tour ? Que ce soit le non décisif de ceux qui savent ce qu’ils affirment ! Que ce soit un non sans pathos, car l’af
91 ous. Nous constatons la fin d’un art au nom de ce qui juge l’art, — et le recrée. Nos griefs ne sont pas littéraires ; ils
92 simplifier. Dans la littérature bourgeoise, celle qui est née avec le romantisme, il me semble qu’on peut distinguer trois
93 euls moyens. Elle comprend la plupart des auteurs qui se gaussent des deux premières, ceux qui méprisent la vie bourgeoise,
94 auteurs qui se gaussent des deux premières, ceux qui méprisent la vie bourgeoise, l’amour et le mariage bourgeois, l’idéal
95 u jeu de pigeon vole. Il reste quelques écrivains qui échappent à toutes les « espèces » parce qu’ils en créeront de nouvel
96 éeront de nouvelles. Quelques-uns, deux ou trois, qui ne sont pas littérateurs, qui seront la littérature quand tous les au
97 uns, deux ou trois, qui ne sont pas littérateurs, qui seront la littérature quand tous les autres auront passé. Mais la con
98 elles. Si l’on voulait trouver un critère général qui nous permît d’évaluer les œuvres et leur influence sur les hommes, je
99 ourd’hui dans une science que je n’aime guère, et qui s’appelle la sociologie. La grande faiblesse de la littérature actuel
100 nt qu’homme — et pas seulement le non-bourgeois — qui pâtit du désordre établi. Notre littérature déshumanise l’homme, soit
101 lisme était populaire, il est mort. L’immoralisme qui lui a succédé reste sans prise sur les masses, qu’il abandonne à d’au
102 e peu de poids dans la balance politique. Tout ce qui n’est pas déjà au service des hommes, est déjà au service de ce qui l
103 au service des hommes, est déjà au service de ce qui les opprime. Notre individualisme travaille pour l’État. Notre littér
104 sont plus que malentendus, et la seule convention qui subsiste, c’est de les accepter pour tels. « Philosophe et guerrier,
105 est notre médiocrité. La seule mesure extérieure qui subsiste est à nos yeux la plus dégradante qui soit. Il faut donc ren
106 re qui subsiste est à nos yeux la plus dégradante qui soit. Il faut donc renoncer à chercher dans les choses, dans les part
107 l’État ou dans la nation un principe de grandeur qui n’est plus que dans l’homme. Mais si nous trouvons ce principe, nous
108 » Nous dirons première heure de la personne. Ceux qui n’ont pas en eux cette mesure de l’homme, que pourraient-ils voir d’a
109 rdre impensable, appel aux dictateurs ? Mais ceux qui connaissent la mesure connaîtront bientôt l’ordre et la culture que n
110 ici très loin de la notion bourgeoise de liberté, qui est absence d’obligations, de repères, de coordonnées. Très loin auss
111 e, — l’homme, vu dans l’élan peut-être chancelant qui le jette à sa vocation. Situation initiale de l’humain ! Initiation a
112 de l’humain ! Initiation au réalisme enfin total, qui est celui du combat personnel ; initiation à la vision constituante d
113 tion à la vision constituante de notre vie, celle qui unit dans un même regard les apparences actuelles et l’ordonnance fin
114 d les apparences actuelles et l’ordonnance finale qui les informe et qui les juge. J’imagine d’abord ce réalisme comme une
115 tuelles et l’ordonnance finale qui les informe et qui les juge. J’imagine d’abord ce réalisme comme une énorme satire à la
116 e nos idéaux. Il nous faut une équipe d’écrivains qui entreprennent de confronter la vie privée des hommes d’aujourd’hui av
117 viser, d’une part, et d’autre part avec les buts qui leur sont réellement assignés par leur raison d’être profonde. C’est
118 , et cependant ils suivent la coutume bourgeoise, qui est la négation de tous leurs idéaux. Certains verront peut-être dans
119 un vice fondamental de la pensée bourgeoise, vice qui le lie au monde ancien et le condamne à passer avec lui : il décrit l
120 s juger, avec le parti pris de n’en jamais avoir, qui est sans doute le pire des partis pris. La littérature romanesque déc
121 er de meilleures. Ce n’est pas l’échec de Bourget qui peut expliquer à lui seul un refus aussi opportun de la part de nos r
122 nseur » en plus. J’indiquerai trois de ces vertus qui me paraissent fort peu de mode parmi nos scribes assis ou accroupis.
123 penser avec les mains, ou encore à ne rien penser qui n’engage en puissance notre être tout entier, corps et âme sans disti
124 ivres de raison » rédigés sans littérature. Voilà qui est banal ? Je n’en suis pas fâché. Aucune révolution n’a jamais inve
125 littérature » la révolte surréaliste. Une révolte qui n’a pas su s’assigner des buts constructifs échoue toujours, et fatal
126 même qu’une révolution mal fondée en doctrine, ou qui trahit ses buts humains finaux, aboutit fatalement à l’étatisme renfo
7 1934, Esprit, articles (1932–1962). Sur une nouvelle de Jean Giono (novembre 1934)
127 une de ces feuilles une page digne de l’écrivain qui l’a signée : Montherlant par exemple, ou Giono. Marianne a publié, l
128 velle de Jean Giono intitulée « La femme morte », qui n’est pas une nouvelle bien faite, mais qui est un peu mieux que cela
129 te », qui n’est pas une nouvelle bien faite, mais qui est un peu mieux que cela, une présence, une plainte juste, une voix
130 eille fille) — une femme de la campagne vaudoise, qui a eu des malheurs, qui les conte assez mal — Giono s’en mêle trop — e
131 e de la campagne vaudoise, qui a eu des malheurs, qui les conte assez mal — Giono s’en mêle trop — et qui a cherché à s’en
132 i les conte assez mal — Giono s’en mêle trop — et qui a cherché à s’en tirer par ses moyens. Je cite : J’essayai de me sau
133 cite : J’essayai de me sauver par l’esprit. Vous qui êtes Français, dites-moi pourquoi, dans tout votre trésor littéraire,
134 vie, c’est surtout une formule nietzschéenne, et qui signifie chez Nietzsche à peu près le contraire de ce que cette femme
135 tif, de sorte qu’ils trahissent la pensée de ceux qui les répètent, mais se chargent alors, parfois, dans la bouche des inn
136 que le plus bas ? Ne penserez-vous jamais à ceux qui ont besoin de comprendre le monde ? — J’ai une grande dette de reconn
137 ous sommes loin — (avec ces auteurs-là) — de ceux qui écrivent merde cent fois la ligne pour faire croire qu’ils sont forts
138 automobiles, des divans, des hommes et des femmes qui couchaient tellement ensemble qu’ils en étaient perpétuellement imbri
139 le féroce maraudeur rouge. — D’autres sont venus, qui ont relevé mon front de la poussière. Ils ont mis leur douce main sou
140 . Je m’appelle Thoreau. Voilà le camarade Hamsun, qui arrive avec son violon. Dresse-toi, viens, nous partons dans le vaste
141 que ça s’appelle, je ne sais plus le nom du type qui a écrit le bouquin. Ah ça alors ! Tenez, c’est l’histoire d’une munic
142 lors ! Tenez, c’est l’histoire d’une municipalité qui fait construire un des trucs-là juste en face l’église du village, vo
8 1934, Esprit, articles (1932–1962). Définition de la personne (décembre 1934)
143 es idées défendues par les deux groupes cités (et qui sont absolument indépendants l’un de l’autre). Cet exposé traduit au
144 nos yeux soient du tout plus concrets que l’acte qui consiste à les toucher et à les voir. Car un objet que personne n’a v
145 partient à la connaissance qu’on nomme abstraite, qui est la connaissance des choses en tant qu’absentes. Mais c’est une au
146 ant bien admettre que le concret est justement ce qui transcende nos définitions. Elles sont jugées par lui, et non point l
147 e mutuelle. Il ne suit pas de là que cet instant, qui les réunit, les confonde : tout au contraire, il les révèle bien dist
148 iellement provocante. Il cherche partout un objet qui lui donne occasion de manifester son pouvoir. Et son angoisse est de
149 ant que l’objet, séparé du sujet, n’a rien en lui qui le pousse à chercher ce dont il manque, et n’a pas d’existence. Il ne
150 git. C’est pourquoi ils se trompent du tout, ceux qui considèrent l’homme, dans leurs calculs, comme un facteur indifférent
151 aible et petite dont ils ignorent la nature. Ceux qui calculent avec les hommes ne calculent qu’avec leur angoisse, ils s’e
152 ndre compte de ses déterminations suffisantes. Ce qui revient à reconnaître que la psychologie passe à côté de la fin qu’el
153 hologie passe à côté de la fin qu’elle s’assigne, qui est l’étude du comportement humain. Il n’est de science que du réguli
154 c’est encore à dire qu’une « science de l’homme » qui se veut purement descriptive est exacte dans la mesure où elle décrit
155 te, et joue en nous le rôle de l’homme. C’est lui qui rend l’homme visible à l’homme, et nous sculpte un visage lisible. Su
156 re qu’il nous faut inventer, il y a des figurants qui n’ont pas de visage ; mais ceux qu’on voit sont les acteurs qui jouen
157 de visage ; mais ceux qu’on voit sont les acteurs qui jouent leur rôle d’hommes et qui créent leur destin : ceux-là seuls s
158 sont les acteurs qui jouent leur rôle d’hommes et qui créent leur destin : ceux-là seuls sont les dramatis personae, ceux-l
159 st celle du figurant anonyme à l’acteur, de celui qui fait nombre à celui qui fait loi, de celui qui regarde à celui qui s’
160 nyme à l’acteur, de celui qui fait nombre à celui qui fait loi, de celui qui regarde à celui qui s’engage. Nous pouvons voi
161 ui qui fait nombre à celui qui fait loi, de celui qui regarde à celui qui s’engage. Nous pouvons voir ensuite un premier ca
162 celui qui fait loi, de celui qui regarde à celui qui s’engage. Nous pouvons voir ensuite un premier caractère de la person
163 voque autant qu’il leur répond, et la même raison qui fait qu’il est lui-même, fait aussi qu’il n’est plus un isolé, mais u
164 l n’est pas de réduit si secret où l’on se cache, qui ne soit justement l’un des lieux où l’action générale avait dessein d
165 e, et par eux seuls s’opèrent ces transformations qui scandent la durée, qui marquent nos mémoires, qui nient le temps, mai
166 pèrent ces transformations qui scandent la durée, qui marquent nos mémoires, qui nient le temps, mais aussi nous permettent
167 qui scandent la durée, qui marquent nos mémoires, qui nient le temps, mais aussi nous permettent d’en prendre une mesure hu
168 humaine. Toute présence est un éclair d’éternité qui rompt le temps pour initier un temps nouveau. De cette rupture, l’His
169 l’acte de présence, c’est le temps de la création qui naît de l’acte, c’est le rythme imprimé à l’action générale par cette
170 imprimé à l’action générale par cette apparition qui s’y insère. C’est une nouvelle qualité du concret. Mais ce mystère de
171 tiation : c’est le mystère de l’éternité, de cela qui échappe au temps, marque sa fin, et le recrée. De ce mystère, je puis
172 ’appel qu’elle nous adresse ici et maintenant, et qui nous meut. Nous avons établi que la présence est le fait de l’homme s
173 ne touche le temps que par l’individu en acte, et qui devient à cet instant une personne. L’homme n’est un vrai sujet que p
174 urir, il faut ajouter maintenant un dernier terme qui la résume tout entière : c’est le terme d’incarnation. Si toute prése
175 , si l’homme n’est vraiment homme que dans l’acte qui fonde sa qualité incomparable de sujet ; si l’on admet enfin que la p
176 es de notre absence, celles du monde abandonné et qui paraît déterminé de soi, puisqu’il est vu précisément comme n’étant p
177 ts. Nous sommes surtout les jouets humiliés de ce qui nie notre dignité d’hommes, de ce qui nous traite en objets neutres e
178 iliés de ce qui nie notre dignité d’hommes, de ce qui nous traite en objets neutres et en objets d’autant moins résistants
179 oins résistants qu’ils ont cru concevoir, dans ce qui les attaque, une fatale loi justifiée en raison. D’où vient alors l’i
180 ent la personne, c’est-à-dire réduire la distance qui sépare notre vie de notre vocation. La foi au Christ, c’est la foi da
181 nce : or, cette foi consiste en une action16. (Ce qui confirme nos propositions sur la nature actuelle de la personne). La
182 la personne). La foi au Christ est proprement ce qui « personnifie » le solitaire, ce qui le rend concret, c’est-à-dire pr
183 roprement ce qui « personnifie » le solitaire, ce qui le rend concret, c’est-à-dire présent à lui-même et aux autres dans u
184 ns du dernier siècle : il est l’élément insécable qui marque la limite de décomposition d’un corps quelconque. Autrement di
185 toute réalité collective. À l’utopie sociologique qui prophétise la dissolution du corps social en individus libres au term
186 , les relations les plus « valables » sont celles qui exigent de l’homme la plus constante proximité : l’œuvre, le mariage,
187 sion naturelle du risque et du concret de l’homme qui se dépasse. Qu’importe l’honneur d’un pays, s’il est le fruit de la d
188 ères, et le soleil que rien ne peut décrire, mais qui fait voir le monde et chasse nos fantômes, notre devoir n’est pas de
189 araître la vérité de plusieurs doctrines humaines qui s’entrebattent dans la confusion et nourrissent des haines bavardes.
190 t en fait qu’au niveau des objets, et que tout ce qui est doit pouvoir être vu, être touché, consister sous la main17 ; il
191 e conçu comme réel sans l’insistance particulière qui le forme, le tient debout et le dirige, ni l’âme n’est humainement im
192 est humainement imaginable hors de la consistance qui la révèle et l’effectue. Corps et âme sont un seul et même être ; ils
193 ir — ce que ne font ni la vie ni la mort, ni Dieu qui ressuscitera les morts20. En vérité, cette illusion provient d’une pe
194 . En vérité, cette illusion provient d’une pensée qui se refuse à nos limites, faute parfois de les avoir assez sérieusemen
195 z sérieusement éprouvées, faute surtout d’une foi qui rendrait vain le plus consolant de nos rêves. C’est une tentative imp
196 immortelle n’est rien que l’illusion d’un égoïsme qui se glorifie dans l’abstrait. Qu’est-ce alors, parmi nous hommes de ch
197 i nous hommes de chair, que l’esprit ? Cet esprit qui souffle où il veut, et nous mourons où nous pouvons, cet esprit qui d
198 veut, et nous mourons où nous pouvons, cet esprit qui dansait sur les eaux primitives, et les lois de mon corps sont celles
199 J’appelle esprit cette surprise pure de mon corps qui se voit conduit où rien en lui n’était nécessité d’aller. J’appelle e
200 e la personne existe et que l’acte transforme. Ce qui témoigne en moi de l’indicible réception de la parole, ce n’est point
201 toujours une plénitude de la joie, ni jamais rien qui fût à moi tel que j’étais, ni rien que j’aie, mais cet abandon un ins
202 sible et peu croyable distraction du monstre moi, qui suffit bien à l’éternelle vigilance pour me pousser un peu plus loin
203 le ! 16. Matthieu 7:21 : « Ce ne sont pas ceux qui me disent Seigneur ! Seigneur !… mais celui qui fait la volonté de mo
204 x qui me disent Seigneur ! Seigneur !… mais celui qui fait la volonté de mon Père » — c’est-à-dire celui — opposé à l’imper
205 ’est-à-dire celui — opposé à l’impersonnel ceux — qui agit sa vocation. 17. Ceci ne doit pas être entendu dans le sens res
206 otalement « chair » ; et ce ne sont que des morts qui ressusciteront, non pas des endormis ou des désincarnés. L’Église chr
9 1934, Esprit, articles (1932–1962). André Breton, Point du jour (décembre 1934)
207 mais mordait peu. C’est le surréalisme, en somme, qui demeure responsable des premières graves confusions commises depuis l
208 Je demande à ce qu’on tienne pour un crétin celui qui … » Je prends ces trois débuts de phrases dans une seule demi-page, au
209 ut pas dire autrement. Que dit-il donc, cet homme qui le prend de si haut ? Son livre s’ouvre par un discours lyrique « sur
210 f ». Idée platonicienne et surtout romantique, et qui vaut bien qu’on la prenne au sérieux, fût-ce après ce Schelling dont,
211 ns, un défaut de culture, au sens banal du terme, qui se trahit ici fâcheusement. Iront-ils au-delà du romantisme allemand
10 1935, Esprit, articles (1932–1962). André Rouveyre, Singulier (janvier 1935)
212 es dont la vocation paraît inséparable de l’amour qui les domine. Une analyse racinienne des sentiments s’unit ici à la rig
213 ts, plus avant. Fermeté de la main, regard sévère qui ne consent à la tendresse qu’après avoir épuisé ses rigueurs : il fau
214 iscrétions excitées et vulgaires. Que dire encore qui fasse un peu sentir la qualité, voisine de la grandeur, de cet ouvrag
11 1935, Esprit, articles (1932–1962). Maurice Meunier, Idoles (février 1935)
215 aguement subversif peut bien poursuivre l’éditeur qui publia ce résumé de la vie nulle d’un jeune bourgeois ? m. Rougemo
12 1935, Esprit, articles (1932–1962). Albert Soulillou, Nitro (février 1935)
216 omme de tout à l’heure. Mais ici c’est un ouvrier qui parle. D’avoir travaillé chez Ford ne donne pas forcément plus de val
217 onne au moins une matière. Les pages de Soulillou qui décrivent les conditions de travail dans l’industrie de la nitrocellu
218 ne fois de plus contre les poncifs populistes. Ce qui manque peut-être à M. Soulillou, c’est la patience de laisser mûrir s
13 1935, Esprit, articles (1932–1962). Roger Breuil, Les Uns les Autres (avril 1935)
219 ns les Autres (avril 1935)o L’un des critiques qui aient parlé le mieux, je crois, avec le plus de sympathie et de pénét
220 cret des êtres, enfin cette qualité de discrétion qui semble ici encore imposée par l’objet du livre. Roger Breuil nous rév
221 ute l’importance : c’est la circulation constante qui s’opère aujourd’hui entre les anciennes catégories sociales, d’ailleu
222 ai sujet, c’est l’étude concrète de la communauté qui peut s’instituer par le jeu des passions, ou les liens du métier, ou
223 sés » comme le sont aujourd’hui presque tous ceux qui entrent dans la vie. Mais en parlant d’étude, je fais tort au ton de
224 n humour particulier, à ses jeunes filles surtout qui suffiraient à déconcerter toute « étude ». Par exemple, un chapitre c
225 de ce terme ; je ne vois pas d’écrivain français qui ait jamais su faire vibrer un tel accord des paysages et des êtres —
226 à l’existence de ses personnages : et le « nous » qui apparaît parfois dans certains chapitres lyriques — le « je » de Marc
227 et spirituel, cette amitié des hommes et du pays, qui permettra peut-être un jour prochain, de parler de nouveau de patrie.
14 1935, Esprit, articles (1932–1962). Kasimir Edschmid, Destin allemand (mai 1935)
228 critique littéraire d’aujourd’hui. Voici un roman qui pose les questions les plus tragiques de l’heure avec une puissance d
229 à découvrir : celle du Sud. Enfin, c’est un livre qui mériterait, mieux que celui de Malraux, de s’intituler : la condition
230 cette patrie pour laquelle ils se sont battus et qui n’a plus la force d’utiliser leurs énergies, est incapable de les pro
231 r le sacrifice. » Sacrifice et fidélité, voilà ce qui définit leur dernière dignité d’Allemands dans les tortures qu’un des
232 haute pour l’Allemagne et de participer au destin qui lui était échu pour un temps. » Pour un temps… Il y a dans ces trois
233 ces trois mots le secret de l’espérance insensée qui possède la jeunesse hitlérienne. Leurs épreuves ne seraient-elles pas
234 leur élection ? Ne seront-ils pas la race de fer qui sauvera l’Europe menacée par tous les peuples de couleur ? Aux derniè
235 Pillau, le ministre d’Allemagne à La Paz — celui qui n’a pas pu sauver ses camarades — se dresse devant lui dans son délir
236 montre le sens du sacrifice de « ces jeunes gens qui sont entrés dans le malheur la tête haute ». Car ce sont « les jeunes
237 ur la tête haute ». Car ce sont « les jeunes gens qui ne possédaient rien qui ont écrit les pages héroïques de l’histoire,
238 ce sont « les jeunes gens qui ne possédaient rien qui ont écrit les pages héroïques de l’histoire, et non les gens âgés qui
239 ges héroïques de l’histoire, et non les gens âgés qui possédaient tout. Ces jeunes Allemands qui doivent supporter de nos j
240 s âgés qui possédaient tout. Ces jeunes Allemands qui doivent supporter de nos jours toutes les misères du monde au fond de
241 mmunauté comme le malheur. La communauté des gens qui vivent dans l’aisance, celle-là ne vaut pas un clou. Mais la communau
242 ar le malheur, ça c’est la seule vraie communauté qui puisse exister pour un peuple. » N’est-il point là le vrai tragique d
243 sacrifice. Mais il faut se représenter un Malraux qui aurait les nerfs solides ; moins intellectuel, moins impressionniste
15 1935, Esprit, articles (1932–1962). Tristan Tzara, Grains et Issues (juin 1935)
244 ée dont il vaudra la peine de chercher l’origine, qui est peut-être celle, permanente, de l’erreur hégélo-marxiste. Tzara e
245 ts : « Si les mots ne naissent que lorsque l’idée qui les désignent… » (p. 270) ou : « le processus… projettent des faits »
246 uve dans cette syntaxe le même mouvement d’esprit qui explique les fautes d’accord relevées plus haut : un linguiste dirait
247 fit) figure selon Tzara « l’acte de connaissance, qui est quantité, et que nous désignons sous le nom de poésie ». On peut
248 élienne vulgarisée. Le langage est précisément ce qui sépare, et non ce qui confond. C’est le verbe (qui est acte) qui dist
249 langage est précisément ce qui sépare, et non ce qui confond. C’est le verbe (qui est acte) qui distingue et caractérise l
250 ui sépare, et non ce qui confond. C’est le verbe ( qui est acte) qui distingue et caractérise les choses et les êtres, dans
251 non ce qui confond. C’est le verbe (qui est acte) qui distingue et caractérise les choses et les êtres, dans le magma larva
252 lemand. Le style reste baroque (un rococo jésuite qui n’économise pas sur les volutes !). Mais la pensée se dégage mieux.
253 ordre économique, c’est l’homme et sa libération qui en reste l’enjeu et le but ; il serait donc vain et dangereux qu’au l
254 général de choses en ignorant cette misère morale qui , trop profondément ancrée en l’homme pour qu’elle disparaisse par une
255 l d’une misère qu’ignorent tous les partis, voilà qui rend un son que nous reconnaissons. Voilà qui appelle enfin la réalit
256 ilà qui rend un son que nous reconnaissons. Voilà qui appelle enfin la réalité. 22. Autres exemples : p. 19 (« L’allure q
257 d’où aussi l’adoption du matérialisme historique qui décharge le sujet de son actualité. 23. Voir toutefois page 297 un e
16 1935, Esprit, articles (1932–1962). « L’Esprit n’a pas son palais » (octobre 1935)
258 re propre. Nous voulons que, dans le déséquilibre qui déconcerte le monde, elle consacre le triomphe des puissances d’audac
259 applications pratiques, la production et le gain, qui , par leurs explorations et leurs découvertes dans le domaine de la na
260 s travaux. En liaison étroite avec l’enseignement qui , à tous ses degrés, forme les esprits aux méthodes de la recherche et
261 ts aux méthodes de la recherche et de la science, qui , au degré supérieur, par ses laboratoires, ses subventions, ses missi
262 d’aujourd’hui, se sont déroulées les « chaînes » qui , des profondeurs de la nature ou des siècles, ont amené au jour les v
263 es unes des autres, éclatera l’unité de l’esprit, qui fonde l’originalité puissante de notre culture. Peut-on imaginer un s
264 salles destinées aux chercheurs de tous les pays, qui viendront se retremper à Paris, d’amphithéâtres pour les conférences
265 ttre en discussion l’un des rapports fondamentaux qui définissent une société. C’est reconnaître enfin que ce rapport n’est
266 uestion. Il faut voir, en effet, que la situation qui donne lieu à la proposition qu’on vient de lire ne saurait être celle
267 le et partout reconnue à des signes certains — et qui donc aurait même l’idée d’un pavillon de la Richesse ? ou du Succès ?
268 tion » tout à la fois flatteuse et rassurante. Et qui sait, ce Palais de l’Esprit ne va-t-il pas « réaliser » un vieux rêve
269 ace — s’écriait le fameux romancier —, à sa place qui est la première, et de l’y mettre en pleine clarté. Cela dit, tout le
270 lique. Non point de ceux que l’on révère en fait, qui règnent en fait, car on les avouerait difficilement, mais bien de ceu
271 cilement, mais bien de ceux que l’on enseigne, et qui composent la notion courante de l’esprit pur : ce sont ces lieux comm
272 sement vidés de toute espèce de « basse » réalité qui alimentent les discours des parlements et des académies. La bibliothè
273 connaissance n’a mis en question leur sérieux, ce qui précisément me paraît remarquable. L’accueil flatteur — ou flatté — e
274 n, voire d’un mépris de la culture et de l’esprit qui marque à son insu l’élite bourgeoise, et confirme sa décadence. Ils m
275 désintéressement d’un député et d’un littérateur qui se consacrent à la défense du spirituel ? La grâce moscovite vous aur
276 ’esprit tout à fait propre à aveugler les masses, qui ne savent plus reconnaître ni la nature ni l’action vraies du spiritu
277 l’ont jamais su. Je serais prêt à l’accorder. Ce qui est nouveau, c’est qu’elles croient le savoir. C’est que la caricatur
278 e espèce de luxe vénérable et volatil, une entité qui plane au-dessus de nos vies, abandonnées, il faut l’avouer, à des sou
279 storique. J’avais omis d’en citer quelques lignes qui trouvent ici leur opportunité : La Commission de l’enseignement vou
280 nie, savant, philosophe, écrivain, homme d’action qui , trois-cents ans plus tôt, en 1637 exactement, publiait le Discours d
281 gie. L’hommage rendu à l’auteur de ce petit livre qui , condensant la sagesse des vieux artisans passionnés du travail bien
282 ais bien que de ceux-ci au cartésianisme vulgaire qui traîne dans tous les journaux, il y a toute la distance d’une erreur
283 e de ce préjugé populaire, mais la raison de fait qui l’autorisa parmi nous, il faut bien remonter à l’erreur initiale des
284 à cette adoption pernicieuse. Mais pour l’affaire qui nous occupe ici, il me semble qu’il est suffisant de relever l’autori
285 technique du métier, peu soucieux par exemple de qui l’inventa, et de la place qui lui revient dans l’économie générale29.
286 ieux par exemple de qui l’inventa, et de la place qui lui revient dans l’économie générale29. De là à se figurer, d’ailleur
287 utôt s’en prendre au régime des classes sociales, qui codifia cette distinction, au point d’assimiler l’homme « distingué »
288 point d’assimiler l’homme « distingué » à l’homme qui ne fait rien de ses deux mains. Ce que je reproche à l’esprit cartési
289 s de cette situation, politiciens ou affairistes, qui l’ont froidement calculée à seule fin de donner le change sur leurs v
290 st toute une éducation culturelle, universitaire, qui l’a sans le vouloir autorisée. Je ne crois guère aux plans machiavéli
291 , pourtant molestés par l’époque avec une vigueur qui devrait, semble-t-il, les réveiller. Toute notre formation scolaire e
292 des actes. On tend à ne garder de ceux-ci que ce qui peut s’organiser en belles séries, selon les exigences d’une philosop
293 chologie. Mais là encore, ils ont trouvé le biais qui leur permet de vider cette discipline du contenu concret qu’elle mena
294 cace des doctrines intellectualistes, c’est celle qui consisterait dans une psychanalyse du sérieux universitaire, considér
295 meuses « lois » qu’on lui attribue après coup, et qui viennent comme par hasard justifier la noble impuissance de la pensée
296 la pensée « pure » et le réel confus et dangereux qui échappe à ses prises prudentes. Et ces lois confirment le penseur dan
297 bdication de tout rôle actif. L’avenir est à ceux qui ne sont pas désabusés36. Entendez que l’avenir appartient pratiquem
298 ent aux barbares, à ces clercs un peu méprisables qui croient que la pensée doit entrer en action, c’est-à-dire embrasser l
299 ent d’épouser les passions politiques ou sociales qui selon eux mènent le monde à sa perte ; qu’ils refusent de se faire le
300 refusent la gloire, ou le pouvoir, ou la richesse qui seraient le prix de leur intervention : ce ne sont là que les rudimen
301 r en principe que l’esprit soit responsable de ce qui se passe dans le monde. C’est affirmer que l’esprit n’est pas du mond
302 du monde réel sont pour lui comme inexistants. Ce qui revient d’une part à diviniser notre esprit ; d’autre part, à refuser
303 esponsable. Et s’il existe en apparence des êtres qui méritent le nom de clercs parfaits, c’est qu’en réalité, ils ont trah
304 u’en réalité, ils ont trahi leur fonction propre, qui était de juger, et de juger effectivement, dans le monde des corps et
305 le concerne ces pharisiens, ces docteurs d’Israël qui prêtent à la folie des masses leur voix : Crucifie, relâche Barrabas 
306 dernier mot de la sagesse des philosophes, celui qui excuse en fin de compte — à leurs yeux seuls — tous leurs refus de co
307 use : « La vérité est peut-être triste. » Réponse qui n’est encore qu’une question déguisée. Le soupçon de Renan trahit un
308 n trahit un doute, et un doute sur la vérité : ce qui est « peut-être triste », insondablement triste, c’est que « peut-êtr
309 sant » non sans un hochement de tête sur la plèbe qui les admire. Et comment cette pauvre plèbe n’aurait-elle pas d’admirat
310 d’admiration pour la sagesse des grands docteurs qui se lavent les mains avec tant d’élégance, — et l’abandonnent libérale
311 yeux… » Cet homme est l’Esprit incarné, l’Esprit qui s’est rendu mortel, car c’est ainsi qu’il peut changer le monde. Non
312 llectuels dans la cité (suite) b) Les réalités qui se payent. Donc, on nous dresse à ne servir à rien. Entendez : à ne r
313 ie de l’impuissance de l’esprit. Mais les hommes, qui sont bien méchants, savent à merveille tirer parti contre l’esprit de
314 ence. Puis ils s’occupent de choses « sérieuses » qui , elles, n’ont pas toujours cette précision d’épure qui séduisait les
315 elles, n’ont pas toujours cette précision d’épure qui séduisait les clercs méticuleux, mais bien une sorte d’implacable age
316 onstatation du rendement ou de la perte. Le clerc qui ne sert à rien, c’est flatteur et c’est distingué, mais il faut encor
317 ourrir. Une logique vulgaire voudrait que l’État, qui l’honore, se charge aussi de l’entretenir. Mais voilà le vice de cons
318 e d’esprit qu’on rétribue, en vertu d’une coutume qui tend à se préciser en loi. L’échelle des valeurs matérielles que « to
319 its. Ce n’est pas la création, c’est le rabâchage qui rapporte. Publiez un poème, un essai, un roman, dans une revue « de h
320 ’un fascisme culturel, de droite ou de gauche, et qui saura leur imposer un conformisme monstrueux, ou le silence. Il n’y a
321 s l’univers spiritualiste, pauvre paravent démodé qui ne pourra plus cacher longtemps l’universel complot des « hommes de m
322 . Ils ont au fond raison, leur instinct a raison, qui veut qu’on n’abatte le mal, cette négation perpétuelle, qu’à coups d’
323 égulatrice ; vu les revendications de la jeunesse qui repousse à l’unanimité un spiritualisme complice d’intérêts devenus c
324 ansmettre les doctrines des clercs de tous ordres qui devaient régir la cité et qui se vendent ou se désintéressent ; que c
325 ercs de tous ordres qui devaient régir la cité et qui se vendent ou se désintéressent ; que ce problème n’est plus jamais p
326 de l’Esprit destiné à servir de club à tous ceux qui voudront discuter en public les questions suivantes : a) définition d
327 t-elle encore un sens dans le monde d’aujourd’hui qui tend à s’établir sur de tout autres bases ? c) à quoi servent les cle
328 lercs ? quel doit être leur rôle dans la cité ? à qui s’adressent leurs écrits ? d) quelle est la source de leur autorité —
329 aque matin par l’exposé des principales tendances qui s’affirment dans l’Europe d’aujourd’hui. Ce projet positif présente u
330 es appliquer, un temps pour critiquer finement ce qui s’est fait, et un temps pour saisir à pleines mains les instruments d
331 à pleines mains les instruments de construction, qui sont aussi ceux des démolitions préparatoires. L’important, c’est de
332 t négligeables en regard de ce qu’ils ont à dire, qui les dépasse, et personnes parfaitement responsables de ce qu’elles on
333 itement responsables de ce qu’elles ont à donner, qui est à tous. 24. « Pour un Palais de l’Esprit », Nouvelles littérai
334 ntends : à la grande masse du peuple, à tous ceux qui ne sont pas intellectuels, et qui sont les premiers à souffrir de la
335 le, à tous ceux qui ne sont pas intellectuels, et qui sont les premiers à souffrir de la carence de l’esprit. 29. De ce mé
336 ins , que ces réflexions introduisent. 32. Voilà qui n’est pas dans l’esprit de Descartes, lequel défend dans de nombreuse
337 psychologie moderne. 33. Si le concret est « ce qui engage », ce qui est soumis aux sanctions de la loi, ce qui exige une
338 rne. 33. Si le concret est « ce qui engage », ce qui est soumis aux sanctions de la loi, ce qui exige une décision prise p
339  », ce qui est soumis aux sanctions de la loi, ce qui exige une décision prise par une personne responsable. 34. « Nous ép
340 du peuple d’Israël, t. III, p. 497. Le vieillard qui écrit cela, est-ce bien le même homme qui écrivait dans sa jeunesse :
341 eillard qui écrit cela, est-ce bien le même homme qui écrivait dans sa jeunesse : « La science maîtresse, le souverain… ce
342 … ce sera la philosophie, c’est-à-dire la science qui recherche le but et les conditions de la société. La révolution de l’
343 Comme si ce n’était pas justement cet « esprit » qui avait fabriqué ces « lois », dans l’espoir naïf qu’elles joueraient a
344 raient automatiquement en sa faveur. Et le peuple qui croit les clercs, croit aussi qu’ils ne peuvent rien faire, et bientô
345 s du public auprès de l’auteur, et non l’inverse, qui serait normal. Tout profit commercial se calcule de la sorte aux dépe
346 itude, le défaitisme, et les dégoûts mal formulés qui semblent déprimer depuis deux ans l’intelligentsia parisienne, pourra
347 science est une tentation fascinante pour l’homme qui a mauvaise conscience. P.-S. Ceci fut écrit en mai de cette année ; à
348 out du « congrès pour la défense de la culture », qui se préparait. Le rôle du public y fut d’ailleurs à peu près nul. r.
17 1936, Esprit, articles (1932–1962). Francfort, 16 mars 1936 (avril 1936)
349 i, en France, contre un mouvement politico-social qui voudrait refaire le coup de Mussolini, le coup d’Hitler. Simplement,
350 rait aucune justification historique dans un pays qui a fait la Révolution de 89, et qui est déjà une nation. Mais condamne
351 e dans un pays qui a fait la Révolution de 89, et qui est déjà une nation. Mais condamner le « fascisme » allemand, et fond
352 raisons idéologiques. On entend des gens à Paris, qui soutiennent que le fait-nation est une méchante farce inventée par la
353 aussi totalement « étranges » et « profonds », et qui transcendent toutes les catégories de pensée rationnelles, individual
354 ale-socialiste à un homme, même de bonne volonté, qui n’aurait pas « vécu » (comme disent les Allemands : Miterlebt) une de
355 ais ces pensées, hier soir, debout parmi la foule qui n’avait pas trouvé de places assises dans une halle de 30 000 places,
356 laces assises dans une halle de 30 000 places, et qui attendait, massée au fond, dans les travées et les porches, depuis qu
357 umèrent sur la voûte, convergeant vers le couloir qui des premières galeries menait à la tribune, et dans la lueur d’un fai
18 1936, Esprit, articles (1932–1962). Vues sur C. F. Ramuz (mai 1936)
358 muss man verstecken. Wo ? An der Oberfläche.  (Ce qui est profond doit être caché. Où donc ? À la surface.) Hofmannsthal.
359 moniste plutôt qu’à celle du psychologue. Méthode qui paraîtra d’autant plus opportune, appliquée à l’auteur de cette phras
360 ous les apparences. Car rien n’existe, hors de ce qui se manifeste ; rien ne se manifeste hors d’un mouvement. Et tout mouv
361 uvement. Et tout mouvement provient de la lumière qui crée les formes en même temps que notre œil. « La vérité est une pens
362 et certains romantiques allemands ; puis Rimbaud qui voulait « posséder la vérité dans une âme et un corps ». Aujourd’hui,
363 Aujourd’hui, c’est un Rilke, un Claudel, un Ramuz qui détiennent les simples par quoi nous guérirons du platonisme et du ca
364 hysionomique. Il n’est d’esprit que dans l’action qui saisit une forme pour la transformer. L’esprit n’a pas son siège dans
365 saisissement. L’esprit se manifeste dans la main qui réalise une vision. Et dans le visage qui conditionne le regard, et s
366 la main qui réalise une vision. Et dans le visage qui conditionne le regard, et se modèle selon les prises du regard. (En a
367 n les voit venir ainsi à la rencontre d’un regard qui les invente et les dénombre et les connaît dans leur sens primitif, d
368 s leur sens primitif, dans le sens de la création qui tout entière advient à l’homme. Ainsi l’Adam d’avant le Temps, d’avan
369 oses dans le ciel rose, avec des gouttes de rosée qui leur pendent à chaque poil et des souliers qui brillent. » Il y en a
370 ée qui leur pendent à chaque poil et des souliers qui brillent. » Il y en a dans presque tous les livres de Ramuz, de ces t
371 presque tous les livres de Ramuz, de ces taupiers qui portent des bonnets de poil de lapin. On pourrait s’amuser à recompos
372 te — mais qu’ils sont décrits dans leur forme, ce qui n’est pas du tout la même chose. La forme humaine, si l’homme est « a
373 se tient, avec son imagination, dans cette région qui n’est ni du dedans ni du dehors, qui est contact, et littéralement dr
374 cette région qui n’est ni du dedans ni du dehors, qui est contact, et littéralement drame entre la vision et l’objet, entre
375 nt nécessaires à une certaine circulation d’idées qui « représentent » les choses et le concret, comme les billets représen
376 nt sur la possession de l’argent et les bienfaits qui en découlent.) Si j’étais dictateur, je nommerais Ramuz président de
377 et par quoi va-t-elle s’exprimer dans une vision qui ne veut rien connaître hors de la forme ? La psychologie d’école, qui
378 naître hors de la forme ? La psychologie d’école, qui domina et qui domine encore tous les romans à la Bourget, consiste à
379 la forme ? La psychologie d’école, qui domina et qui domine encore tous les romans à la Bourget, consiste à rattacher par
380 n des âmes. Il est entendu désormais qu’un auteur qui n’utilise que des faits se range dans la catégorie du roman policier 
381 e montre. Il n’y a rien à chercher sous la forme, qui ne peut être interprétée que par ses relations organiques à d’autres
382 ffice de l’imagination c’est-à-dire de l’activité qui préside à la formation du réel. Ici plus de concepts, plus d’idées gé
383 e ou une contrée, plus rarement chez un individu, qui constitue le vrai sujet de ses romans. Passage du Poète — ou du diabl
384 , mais on dirait plus justement : d’avant. Un art qui vient du fonds mythologique de la race. (Si Ramuz par exemple nous pa
385 it de celle du pays de Vaud : non pas la grecque, qui est scolaire — pour eux — mais la biblique, qui est vivante.) Ainsi t
386 , qui est scolaire — pour eux — mais la biblique, qui est vivante.) Ainsi tous parlent un même langage, qu’ils l’inscrivent
387 t de Ramuz. Voici Caille, le colporteur biblique, qui s’avance dès le matin à travers le pays, et offre à tous la Parole « 
388 e Ramuz atteignit une autorité comparable à celle qui éclate dans cet ouvrage entièrement créé, entièrement « autorisé ». U
389 tièrement créé, entièrement « autorisé ». Un art, qui rend les choses à l’état naissant, rugueux, décapé de toute rhétoriqu
390 ù le reproche de puérilité que lui adressent ceux qui par exemple n’hésitent pas à prendre au sérieux l’intrigue d’un roman
391 pas très réussie, et il y en a, il faut le dire, qui ont un air raté, un air de pastiche de Ramuz —, c’est qu’une seule pa
392 upprimés. Goethe cherche une économie des moyens, qui permette d’aller au-delà de ce que la civilisation lui donne de plus
393 e Goethe. Plus encore que sa valeur, c’est sa fin qui est contestable, dès lors que cette fin n’est plus la plénitude de l’
394 nis, informes ; et par l’effort d’une imagination qui retrouve leur raison d’être, les pousser jusqu’à l’expression de leur
395 t citer ici une page des Souvenirs sur Stravinsky qui me paraît d’une importance extrême, non seulement parce qu’elle est l
396 à peu près seule dans son œuvre, une perspective qui est, je crois, celle de la plénitude de cette œuvre. Par-delà tous l
397 : « Certains hommes tiennent pour un gain tout ce qui leur apporte une facilité ; moi, je ne tiens pour un gain que ce qui
398 e facilité ; moi, je ne tiens pour un gain que ce qui m’apporte un exemple. » Comment, ici encore, ne point songer à Goethe
399 vert qu’on s’ingénie à allumer dans une cheminée qui tire mal. J’aime les choses qui sont à leur façon, tandis que je suis
400 dans une cheminée qui tire mal. J’aime les choses qui sont à leur façon, tandis que je suis à la mienne. » ⁂ Je vois, j’ai
401 d’un homme. C’est assez rare dans la littérature. Qui voudrait exiger davantage ? — J’imagine parfois davantage. Certaines
402 ge. Certaines paroles dites par cette voix. Celui qui se refuse à poser les questions dernières, s’autorise à borner sa vis
403 oilà l’utile ; et qu’on taise le reste, tout cela qui échappe à nos prises. Ainsi fait Goethe, et c’est là sa vertu. Mais n
404 e temps où l’homme est attaqué par des puissances qui veulent son abdication totale, — ou sa révolte, mais au nom d’une vér
405 est particulier — pour la porter sur l’intention qui relève du général. Ainsi le moralisme fut une doctrine abstraite du c
406 r que l’on prît ce mot pour synonyme de mensonge, qui n’est qu’un sens dérivé, purement polémique, dirigé contre la religio
407 concevoir, dans notre état social, qu’un patriote qui , entre deux discours nationalistes, s’occupe à faire passer ses capit
408 à l’étranger pour les mettre à l’abri du fisc. Ce qui est plus difficile, c’est d’expliquer rationnellement une telle condu
409 ne mise en présence effective de l’homme et de ce qui résiste à l’homme. C’est le contraire de l’activisme au sens américai
410 st le contraire de l’activisme au sens américain, qui cherche partout la ligne de plus grande facilité. 50. L’allemand dit
19 1936, Esprit, articles (1932–1962). Culture et commune mesure (novembre 1936)
411 oches de tout un groupe d’intellectuels bourgeois qui sympathisent avec la jeune révolution. Angoissés par la crise occiden
412 ériels et même moraux, et par l’euphorie juvénile qui paraît bien s’être emparée d’une partie du peuple russe ; assez ignor
413 s Soviets certaines erreurs d’ordre métaphysique, qui leur paraissent sans gravité pratique. (Nous avons dit souvent sur qu
414 ranscendantes, d’une certaine âpreté rationaliste qui rappelle les solides vertus de la bourgeoisie conquérante. Ce n’est p
415 ’on se refusait à l’examen critique des doctrines qui sont à sa base. Je ne dis pas qu’elles n’aient été souvent trahies. N
416 processus économique, et de la lutte des classes qui en résulte. De là sa théorie de la culture considérée comme une simpl
417 cialiste, configuration d’une Idée par des hommes qui y croient, et qui, à cause de cette foi, voudraient en remplir le pro
418 ation d’une Idée par des hommes qui y croient, et qui , à cause de cette foi, voudraient en remplir le prolétariat.53 C’ét
419 ues les hommes réels, les petits groupes d’hommes qui font la loi. C’était substituer au dogme de la toute-puissance des fa
420 généreuses ou cyniques, volontaires ou touchantes qui passionnèrent les débats de ces congrès, il se dégage une seule concl
421 bole de l’action — et la configuration de la vie, qui requiert surtout la pensée — doivent s’ordonner à une mesure commune
422 plus « russe » et plus léniniste que marxiste, et qui comporte même une négation précise de la croyance originelle en l’évo
423 nante réaction contre les conceptions bourgeoises qui assimilaient de plus en plus la culture à la « jouissance » d’un cons
424 tés spirituelles et pratiques. Mais la conception qui assimile l’élévation du niveau de la culture à l’épaisseur des semell
425 pérer, avec une bonne humeur et une bonne volonté qui devraient empêcher que l’on en rie… Poursuivons donc avec sérieux not
426 me de travail parfois beaucoup plus dur que celui qui existe encore dans les pays capitalistes. L’avantage d’une commune me
427 actualité intrinsèque, cette puissance animatrice qui doit être, en tous les domaines, le caractère d’une mesure vivante ?
428 ’une mesure vivante ? L’idéal du Plan soviétique, qui est le monde intégralement socialisé, embrasse-t-il réellement le tou
429 ères du régime. On comprend fort bien les raisons qui les empêchaient jusqu’ici de prendre conscience du danger. La littéra
430 ire des tracteurs, les poètes du tracteur et ceux qui le conduisaient parlaient naturellement le même langage qui était le
431 duisaient parlaient naturellement le même langage qui était le langage du Plan. Mais cet accord était en somme très limité
432 voit-on condamner la théorie marxiste originelle qui veut que la culture socialiste naisse comme une production automatiqu
433 romantisme et l’utopie, enfin le risque créateur qui reviennent tenter l’esprit. Il serait vain de le nier : la mesure imp
434 ain de le nier : la mesure imposée par le Plan et qui régit encore l’action pratique des communistes, est d’ores et déjà co
435 e la culture d’opposition, de la culture séparée, qui sous nos yeux, vient de se renouer au cœur de la construction sociali
436 us-estimer l’ennemi, j’entends la part de l’homme qui résiste, en créant, à toute espèce de dictature. De cette insuffisanc
437 tourmente. C’est ici le mythe de l’homme nouveau qui lui fournit son expression en même temps que son déguisement. Mythe p
438 e : il aura sans doute la vie dure, comme tout ce qui est irrationnel, et c’est la faute de la raison. Car cette raison, si
439 Alors il met son espoir et sa foi dans ce miracle qui résoudrait seul le conflit du calcul et du rêve, du matériel et de l’
440 oncevoir une illusion, une démesure ou une mesure qui fasse battre pendant cinq ans le cœur d’un peuple. Cela suffira sans
441 ois justement tourmentés dans leur conscience, et qui se rassurent en glorifiant l’URSS. Pour moi, je me bornerai à tirer d
442 rai à tirer de tout cela une conclusion concrète, qui peut nous être utile pour une future construction : la mesure pseudo-
443 ée. Et je ne préjuge rien de l’avenir d’un peuple qui dispose de ressources mystiques aussi puissantes. Peut-être était-ce
444 tte morgue que l’on disait naguère américaine, et qui ressemble à celle des nouveaux riches de tous les temps. Nous avons f
445 ouveront avant longtemps les problèmes spirituels qui sont les nôtres. Toute la question est de savoir si nous les aurons r
446 il sera toujours temps d’aller demander là-bas ce qui nous manque. II. Leçon de dictature De tout ce qui précède, il
447 s manque. II. Leçon de dictature De tout ce qui précède, il serait ridicule et vain de tirer une « condamnation » des
448 s sont fondés à parler du « vent de crétinisation qui souffle de l’URSS », mais les magnats de l’industrie lourde sont hypo
449 se française n’est pas toujours indemne, facilité qui consiste à assimiler dictature et crime, discipline sociale et brutal
450 ression des nouvelles générations, dont les chefs qui les ont formées avouent déjà qu’elles leur paraissent « incompréhensi
451 utillés pour mesurer dès maintenant. Le seul fait qui paraisse d’ores et déjà acquis, le seul qui tombe sous le coup d’une
452 fait qui paraisse d’ores et déjà acquis, le seul qui tombe sous le coup d’une critique générale, indépendamment de tout ju
453 mment de tout jugement politique, est aussi celui qui nous intéresse ici directement : les dictatures totalitaires ont écho
454 puis la compléter maintenant par trois remarques, qui se dégagent des pages précédentes. 1. La ressemblance formelle entre
455 ciété prolétarienne, et là la nation allemande, —  qui sont censées configurer la culture. 2. Or cette mesure partielle ne p
456 é des sources mêmes de toute création culturelle, qui jaillissent de la personne, de l’aventure personnelle, de la liberté
457 , parce qu’elles ne tiennent pas compte des faits qui nous ont imposé leurs conditions. b) Vous souffrez vous aussi, dans v
458 démocraties libérales et parlementaires, des maux qui étaient devenus aigus chez nous : luttes sociales, injustices économi
459 vantages, et le temps de réflexion ou de manœuvre qui nous reste, pour calculer et préparer spirituellement une révolution
460 lculer et préparer spirituellement une révolution qui soit nôtre, sans brutalités extérieures, sans destructions aveugles,
461 el au spirituel. C’est encore là une évidence, et qui n’est pas moins actuelle. III. L’appel à la commune mesure, ou l’E
462 t dans l’histoire ou l’action des signes visibles qui symbolisaient leur grandeur. Et l’histoire des mesures communes ordon
463 les fins dernières, le grand dessein, la religion qui la supportent et l’utilisent, qui la créent et qui meurent avec elle.
464 in, la religion qui la supportent et l’utilisent, qui la créent et qui meurent avec elle. L’Arche d’alliance n’est rien s’i
465 ui la supportent et l’utilisent, qui la créent et qui meurent avec elle. L’Arche d’alliance n’est rien s’il n’y a pas le me
466 rnation d’une mesure commune à tous les ordres et qui les harmonise. La question de la mesure d’une civilisation est sans n
467 civilisation défaite, il faudra commencer par ce qui détermine toute mesure : il faudra commencer par la fin ! Et non pas
468 certains signes créés par d’autres pour des fins qui ne sont pas les nôtres. On ne refait une culture qu’en retrouvant une
469 et les lieux où nous vivons, la situation précise qui nous est faite, et l’appel concret qui en résulte ; et après cela jug
470 on précise qui nous est faite, et l’appel concret qui en résulte ; et après cela jugeons, c’est-à-dire choisissons nos buts
471 ons nos buts prochains au nom d’une vérité finale qui ne connaît pas nos contingences. Voilà la tension créatrice : réalité
472 de nations : celles qu’on dit vieilles, et celles qui se disent rajeunies. Les vieilles nations mènent encore une vie à bie
473 n vivant. Les nations dites rajeunies sont celles qui ont fait ou subi depuis la guerre une révolution de masses. Elles mèn
474 , « tyrannie », « conformisme brutal », tout cela qui épouvante les libéraux n’est en fait que l’ensemble des conditions pr
475 es à l’adresse des États libéraux.   2. Situation qui nous est faite. Au terme du libéralisme, à l’origine des dictatures,
476 manque d’argent. C’est cette angoisse avant tout qui explique la carence des gouvernants, la timidité de leurs réformes, l
477 nce de leurs décrets. C’est cette angoisse encore qui explique pourquoi la jeunesse bourgeoise hésite à s’engager dans une
478 u pain si l’on veut prendre ou garder le pouvoir. Qui sait même si cette crainte, comme tout vertige, ne cache pas une secr
479 : Bon ou mauvais selon vos idées, c’est ce régime qui nous a délivrés de la misère61. Et cela suffit à le justifier pour le
480 eux Europes d’aujourd’hui, de cette seule crainte qui les unit encore, s’élève un même et formidable appel profond des peup
481 à où cette crise était la plus aiguë, la réponse, qui devait être totale, n’a été que « totalitaire ». Là où depuis cent an
482 vraie cause de la révolution mondiale, de l’appel qui surgit de l’inconscient des peuples vers une réalité commune, communa
483 par le triomphe des philosophes « existentiels » qui cherchent à saisir l’homme dans son actualité (dans son être de relat
484 sée dans ses effets. Elle agit dans la théologie, qui affirme à nouveau l’Église en tant que société de ceux qui croient, e
485 me à nouveau l’Église en tant que société de ceux qui croient, et qui revient à la doctrine du bien commun. Elle agit dans
486 glise en tant que société de ceux qui croient, et qui revient à la doctrine du bien commun. Elle agit dans le mouvement œcu
487 et dans le domaine pédagogique. C’est elle enfin qui pousse des milliers de jeunes gens dans les camps de vacances ou de s
488 ndes dictatures ne sont dangereuses que pour ceux qui s’y livrent. Ils n’arrêteront pas la tempête à l’aide de leurs filets
489 ellement considérable. Elles impriment aux masses qui les suivent un invincible dynamisme. Et dans leur communion avec ces
490 e occulte, une efficacité d’action et d’agression qui désarme instantanément les hommes d’État que nous leur opposons, vieu
491 la nation vivante et prisonniers d’une tradition qui survit sans grandeur à ses racines. Notre seule chance de salut, à no
492 e dénonce et rend caducs, mais une force nouvelle qui résolve la crise dans le sens de notre destin.   5. Le dilemme. Je p
493 et de destins communs : forces, crise et destins qui sont tout à la fois politiques et culturels. L’Europe des religions n
494 ne mesure originale, à la faveur d’une révolution qui nous apporte au moins l’équivalent des dynamismes nationaux. Nous avo
495 torique par des créations aussi fortes que celles qui nous défient là-bas, nous serons colonisés, comme la Grèce par Rome.
496 n de leur panique sacrée : c’est l’animal en nous qui frémira. Mais la protestation totale de notre esprit nous avertira d’
497 ici règne une nation dont nous ne sommes pas, et qui nous est hostile, non point par volonté méchante, ni par avidité ou j
498 trable. Nos fins sont d’autres fins, et la mesure qui doit les incarner ne sera inventée que par nous. Non seulement nos me
499 ombe aujourd’hui d’opérer cette synthèse concrète qui résoudra en créations toujours nouvelles le vieux conflit de l’indivi
500 rritantes. Contre les brutales poussées de masses qui ne se connaissent plus, seule la violence de l’esprit est pacifiante.
501 encer, à force égale, les révolutions religieuses qui dressent leurs monuments sacrés à l’Est. Pour le présent, notre devoi
502 voir européen est d’exercer la vocation de vérité qui est la nôtre avec un maximum de violence créatrice. 52. C’était, à
20 1936, Esprit, articles (1932–1962). Henri Petit, Un homme veut rester vivant (novembre 1936)
503 tre du papier noirci », et il rapporte 300 pages, qui resteront sans doute comme l’un des documents humains les plus fécond
504 ussi se méfier de certaines apparences d’intimité qui cachent sans doute encore une pensée plus inquiétante. (La division d
505 tion du fonctionnaire et le « moyen de parvenir » qui parurent ici même l’an dernier ; de cette patience, de cette justice
506 e mesure constamment observée — voilà sa ruse— et qui nourrit enfin, comme sans le vouloir, le plus féroce réquisitoire con
507 ée dans sa vie quotidienne par un Français lucide qui veut rester humain. J’aime un peu moins les pages sur Barrès, peut-êt
508 oici : l’homme a tué Dieu. Alors est venu l’État, qui n’a plus rien au-dessus de lui pour le juger. Il faudrait au contrair
21 1936, Esprit, articles (1932–1962). Note sur nos notes (novembre 1936)
509 d’aujourd’hui pose à chaque instant des questions qui ne sont pas du tout littéraires. Le monarque caduc c’est la culture,
510 la culture, c’est l’art, c’est cette littérature qui parle dans le vide, pour rien de grand, pour personne de concret, ni
511 a littérature seule, mais à tout un régime social qui l’a laissée devenir ce qu’elle est ; et plus encore à chacun de nous
512 cole se crée, il faut qu’une base commune existe, qui n’existe plus aujourd’hui, qu’il faut commencer par refaire et qui su
513 aujourd’hui, qu’il faut commencer par refaire et qui suppose le développement sur tous les plans de la révolution personna
514 s : pourquoi écrivez-vous ? et pour quoi, et pour qui  ? Or on ne peut poser ces questions-là que si l’on sait, pour son com
22 1936, Esprit, articles (1932–1962). Erskine Caldwell, Le Petit Arpent du Bon Dieu (novembre 1936)
515 s puritains sont en train de prendre une revanche qui fait pâlir toutes nos petites pornographies romancées. Lawrence, Faul
516 le Déclin du Moyen Âge 62, a là-dessus un passage qui pourrait être écrit tout exprès pour l’œuvre de Caldwell : On aime à
517 e sous une forme simplifiée et illusoire. Tout ce qui constitue la gauloiserie : la licence fantaisiste, le dédain de toute
23 1936, Esprit, articles (1932–1962). André Gide, Retour de l’URSS (décembre 1936)
518 ’est pas l’actualité toute passagère de son objet qui fait la faiblesse d’un ouvrage, mais bien l’insuffisance ou le menson
519 lassique : « Cessons de regarder les maisons : ce qui m’intéresse ici, c’est la foule. » Je me souviens alors de Goethe à V
520 i Venise, en dépit du progrès historique.) ⁂ Pour qui lirait, sans bien connaître Gide, l’avant-propos de son petit livre e
521 mais d’une dénonciation des slogans d’exportation qui ont fait, et font encore, les trois-quarts du succès de l’URSS auprès
522 mépris, ou tout au moins l’indifférence, que ceux qui sont et qui se sentent du “bon côté”, marquent à l’égard des “inférie
523 out au moins l’indifférence, que ceux qui sont et qui se sentent du “bon côté”, marquent à l’égard des “inférieurs”, des do
524 e est conforme à cette ligne sacrée. Et malheur à qui chercherait à pousser plus loin ! » Je demande alors si Gide pratique
525 de l’Église est relativement aisée pour un esprit qui reconnaît la transcendance de Dieu, seul auteur de la foi. Tandis que
526 u marxisme] n’est peut-être qu’apparent, et si ce qui nous apparaît comme une dérogation n’est pas une conséquence fatale d
527 e sauvée. Mais cela peut signifier aussi : le mal qui apparaît maintenant était en germe dès le principe. (Ce que nous écri
528 t le marxisme, pourquoi s’indigner d’une tactique qui paraît seule capable de l’imposer ? Ce n’est pas là toucher le fond r
529 n. « Elle repoussa la déesse et tout le surhumain qui se forgeait, écarta les braises et, pour sauver l’enfant, perdit le d
530 ne ne peut le sauver qu’au prix de la vie du Dieu qui est en lui, c’est que l’homme est pécheur, et ne peut pas outrepasser
531 peut pas outrepasser les limites de sa condition. Qui veut faire l’ange — l’Homme nouveau — appelle la bête, le dictateur.
532 que nous l’appliquerons : c’est lui, c’est Gide «  qui n’a pas fini de nous instruire et de nous étonner ». 63. Journal de
24 1937, Esprit, articles (1932–1962). Défense de la culture (janvier 1937)
533 ontre la culture. Car c’était le parti communiste qui avait pris soin de cette œuvre d’art, après la fuite du propriétaire.
534 munistes, écrit Aragon. Et le petit chien du duc, qui figure sur le portrait du gentilhomme, fait fête à ses nouveaux camar
535 ait fête à ses nouveaux camarades, les miliciens, qui jouent avec lui avec une infinie gentillesse. Ne donne-t-on pas au ca
536 cisme ! Si vous aimez Goya, adhérez au PC ! Voilà qui est simple. Mais croit-on que la culture vivante soit beaucoup moins
537 ce que l’on imagine. Ce n’est pas le « fascisme » qui expliquera cela. Nous savons, nous aussi, caresser un petit chien, do
538 tent pas en arrière : le jeune Gerhard Schuhmann, qui est nazi, a des tirages de douze-mille, et le vieux Ch. Morgenstern,
539 ages de douze-mille, et le vieux Ch. Morgenstern, qui ne l’est pas, un tirage de cinquante-mille. Repère : le dernier Lager
540 égime allemand est très supérieur au français. Ce qui est faux. Alors ? Alors on voit que les rapports de la politique, de
25 1937, Esprit, articles (1932–1962). La fièvre romanesque (janvier 1937)
541 ion, et de nous faire croire que ce n’est pas lui qui agit… Pourtant ses personnages ne sont pas plus vrais que lui ; le mi
26 1937, Esprit, articles (1932–1962). Jean Blanzat, Septembre (janvier 1937)
542 eptembre (janvier 1937)ad Roman d’une jalousie qui se crée son objet, par masochisme. Un jeune mari trouble sa femme, et
543 oi ; peut-être pour chercher, de page en page, ce qui a poussé l’auteur à publier un aussi désolant récit. On ne trouve pas
27 1937, Esprit, articles (1932–1962). Robert Briffaut, Europe (janvier 1937)
544 d’au moins 20 ans sur un mouvement de sensibilité qui fit naguère quelques ravages dans le beau monde. L’ensemble est assez
28 1937, Esprit, articles (1932–1962). Paul Vaillant-Couturier, Au service de l’Esprit (février 1937)
545 thèses figurent dans le Cahier de revendications qui présenta le mouvement personnaliste à son départ, en 1932 (n° de déce
546 e de la NRF). Ce sont ces thèses-là, précisément, qui furent alors qualifiées de « fascistes » par les doctrinaires du PC.
547 nous nous garderons bien de marquer le point. (Ce qui équivaudrait à reconnaître la conversion globale des communistes au p
548 ançais de l’universel, c’est l’humanisme français qui demeurent les meilleurs garants de la volonté française de paix. — Le
549 attachés à cette sélection de grâce et de mesure qui s’appelle la politesse française. Ensuite parce que les déclarations
550 érité. Ou alors, c’est que M. Vaillant-Couturier, qui pourtant n’hésite pas à déclarer que « les intellectuels sont en quel
551 e gogo intégral. Ce serait par exemple le lecteur qui n’aurait pas remarqué, entre autres, que cette brochure-manifeste ne
552 paix ne se conçoit pas dans la liberté. » (Phrase qui aurait pu faire croire que l’URSS est pacifiste). Mais on a laissé fi
29 1937, Esprit, articles (1932–1962). Vassily Photiadès, Marylène ou à qui le dire ? (février 1937)
553 Vassily Photiadès, Marylène ou à qui le dire ? (février 1937)ag On le dira donc au public. Ce sont des
554 « [Compte rendu] Vassily Photiadès, Marylène ou à qui le dire ?  », Esprit, Paris, février 1937, p. 824.
30 1937, Esprit, articles (1932–1962). Albert Thibaudet, Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours (mars 1937)
555 789 à nos jours (mars 1937)ah Comment juger ce qui ne veut pas être jugement, mais dégustation, claquements de langue, s
556 ôt au fondement de toute littérature… Célibataire qui ne voulut épouser que l’élan vital de la littérature (sans se demande
557 orges Sorel ? Et même de celle de Nietzsche, sans qui Gide et tant d’autres nous demeurent inexplicables ? Ceci dit, l’on
558 le, c’est-à-dire, dans ce cas, ordonnée à une loi qui n’est pas celle de l’objet mais du sujet. Son chapitre sur Balzac a d
559 poétique : reportez-vous à la phrase de 16 lignes qui termine la page 229 ! Et personne n’a jamais manié la métaphore conti
560 calicot et la grisette, vers un génie prétentieux qui est lui-même sujet de chanson, vers une plate-forme d’où s’étale à la
31 1937, Esprit, articles (1932–1962). Jacques Benoist-Méchin, Histoire de l’armée allemande depuis l’armistice (mars 1937)
561 e Clausewitz. Il passionnera d’ailleurs tous ceux qui cherchent à connaître l’état réel des forces dans le monde présent. Q
562 e de la première révolution allemande (1918-1919) qui se recompose autour de l’aventure du GQG prussien, au lendemain de l’
563 lonel Maercker, fondateur des fameux corps francs qui réduisirent les révoltes ouvrières et séparatistes, — et Noske, commi
564 omme à poigne » touché par la grâce nationale, et qui se charge d’écraser la révolution avec une brutalité qu’aucun bourgeo
32 1937, Esprit, articles (1932–1962). Retour de Nietzsche (mai 1937)
565 (mai 1937)aj Après la vague kierkegaardienne, qui marque un léger retrait dans les revues et la librairie — en attendan
566 ’apparaîtra sans doute qu’à nos après-venants. Ce qui semble certain, dès aujourd’hui, c’est que les effets d’une cause de
567 la volonté humaine, de l’athéisme et de la force, qui sont devenus les valeurs fondamentales du stalinisme, au moins autant
568 le société libre est la société bi ou polycéphale qui donne aux antagonismes fondamentaux de la vie une issue explosive con
569 mantiques nous appelons fédération. Sur ce point, qui est central, l’accord de Nietzsche et de ses disciples avec le person
570 aussi une doctrine métaphysique antichrétienne — qui , assimilant selon un mot de Nietzsche « Dieu » à « la plus parfaite o
571 de la littérature (parfois belle d’ailleurs). Ce qui résulte le plus nettement des tendances nietzschéennes d’Acéphale et
572 les « hommes de quarante ans » et certains jeunes qui ne les valent pas. Je ne pressens rien de créateur, ni rien de réelle
573 retour éternel » et de la volonté d’éternisation, qui est le véritable message « religieux » de Nietzsche. Les notes et aph
574  ; et : « Toute création est communication. Celui qui connaît, celui qui crée, celui qui aime ne font qu’un ». (Les deux so
575 ation est communication. Celui qui connaît, celui qui crée, celui qui aime ne font qu’un ». (Les deux sont justes.) ⁂ Sur l
576 ication. Celui qui connaît, celui qui crée, celui qui aime ne font qu’un ». (Les deux sont justes.) ⁂ Sur la contradiction
577 sont justes.) ⁂ Sur la contradiction fondamentale qui constitue la tension la plus féconde de l’œuvre de Nietzsche, on n’a
578 ique par une glorification de la volonté humaine, qui doit vouloir son destin éternel et nécessaire… Enfin, dernier événeme
579 ar Karl Jaspers. Je signale ce grand livre à ceux qui lisent l’allemand, en attendant une traduction, aussi nécessaire d’ai
33 1937, Esprit, articles (1932–1962). Journal d’un intellectuel en chômage (fragments) (juin 1937)
580 r, tout cela dit par les trois syllabes de ce mot qui décrit et embrasse les trois dimensions de la joie, est dit aussi par
581 terrasse invisible, au-dessous. Je vois un chien qui se promène de son petit pas élastique sur les restanques étroites, pa
582 auche, c’est le parti de la Raison et du Progrès, qui naît de la Science. C’est ce mari-là qui aura payé le billet, histoir
583 Progrès, qui naît de la Science. C’est ce mari-là qui aura payé le billet, histoire de voir s’il a la chance. Seulement, av
584 élémentaire et la plus sûre, l’arithmétique. Mais qui s’avise d’une telle contradiction ? Le gouvernement de la Troisième R
585 oyances spontanées et absolues en des « raisons » qui n’en sont pas, mais qui m’ont toujours convaincu beaucoup plus vite e
586 solues en des « raisons » qui n’en sont pas, mais qui m’ont toujours convaincu beaucoup plus vite et beaucoup mieux que les
587 c’est une étrangeté, une singularité irréductible qui m’introduit au général : je découvre, en la découvrant, les liens pro
588 je découvre, en la découvrant, les liens profonds qui m’unissent à ce peuple de paysans et d’ouvriers, si délibérément supe
589 se : l’exception vécue, reconnue, c’est cela même qui nous fait découvrir notre commune condition. Car en effet la conditio
590 titions, c’est sans doute en vertu d’une prudence qui est le fondement même de toute « politique ». Et si j’avoue et légiti
591 euses ? Accorder libre cours à nos superstitions, qui au point de vue psychologique sont notre vraie réalité, ce serait jet
592 deux faits, aussi importants l’un que l’autre, et qui donnent leur vrai sens aux remarques que je viens de formuler. Premie
593 personne ne cherchait plus à triompher de tout ce qui n’est pas elle, le simulacre d’équilibre que l’on constaterait alors
594 re est toujours à sens unique : c’est la personne qui cesse de se défendre, c’est l’anarchie qui renonce à ses droits. Et s
595 rsonne qui cesse de se défendre, c’est l’anarchie qui renonce à ses droits. Et si le cadre de l’État paraît demeurer identi
596 une réalité sentimentale, mystique ou sensuelle, qui ne saurait se traduire en termes de raison. Mais je la tiens pour néf
597 au profit de la politique et des doctrines d’État qui doivent justement la combattre, le désordre s’installe et grandit. Da
598 cessent d’agir et de faire effort contre les lois qui les limitaient normalement. L’homme cessant de croire à sa loi — à se
599 mènerait aisément à ce « complexe de castration » qui se noue au moment précis où l’agressivité normale de la personne se r
600 our à A…) Contact avec le public Dans le courrier qui est arrivé en mon absence, deux nouvelles demandes de « causeries » :
601 café, dans une salle d’Université. Cui bono ? À qui le bénéfice ? À moi d’abord, très certainement. C’est une joie qui va
602 À moi d’abord, très certainement. C’est une joie qui vaut bien les ennuis du voyage, le temps perdu et les fatigues, bien
603 e s’entretenir avec ces hommes et ces femmes pour qui l’on écrivait sans le savoir. Découverte des diversités merveilleuses
604 rnée à chaque fois dans une seule figure précise, qui porte un nom, des vêtements d’une certaine sorte, etc. Peu à peu, je
605 ic, c’est une série d’hommes et de femmes isolés, qui ont chacun leurs raisons très concrètes et singulières de lire ce qu’
606 ou son malheur. Mais celui qu’on peut voir, celui qui vous pose des questions, celui qui vous attend à la sortie, et ne sai
607 ut voir, celui qui vous pose des questions, celui qui vous attend à la sortie, et ne sait trop comment vous aborder, celui
608 rtie, et ne sait trop comment vous aborder, celui qui vous entraîne dans sa chambre ou au café, celui-là peut vous révéler
609 e deux hommes : c’est toujours une raison unique, qui ne vaut qu’entre lui et moi, et qui ne prend son vrai sens que dans c
610 aison unique, qui ne vaut qu’entre lui et moi, et qui ne prend son vrai sens que dans cette rencontre effective. Ce sont de
611 sans illusion. Ce n’est plus une pensée lointaine qui anime un rêve, dans une chambre nocturne. C’est un homme qui rencontr
612 n rêve, dans une chambre nocturne. C’est un homme qui rencontre un autre homme dans sa situation concrète et ses habits de
613 icace dans l’affirmation pure et simple de thèses qui paraîtraient très difficiles au jugement du clerc en chambre. Le lect
614 é par nos tabous critiques. Il va tout droit à ce qui le concerne, et c’était justement, parfois, cette idée qu’on avait ti
615 , en aucun temps. Ce ne sont pas des abstractions qui achètent nos livres. Ce qu’il s’agit de retrouver, c’est le contact a
616 ’agit de retrouver, c’est le contact avec l’homme qui réfléchit et qui fait la critique des idées non point à l’aide des op
617 r, c’est le contact avec l’homme qui réfléchit et qui fait la critique des idées non point à l’aide des opinions de son jou
618 . Celui-là seul peut faire sentir à l’écrivain ce qui est solide et ce qui est artificiel dans ce qu’il écrit. Et cette cri
619 faire sentir à l’écrivain ce qui est solide et ce qui est artificiel dans ce qu’il écrit. Et cette critique directe, inform
620 formulée, parfois dramatique, c’est bien la seule qui puisse nous rendre peu à peu le sens de la responsabilité de l’écriva
621 arler dans le vide, à ne parler qu’à ces lecteurs qui achètent les livres pour remplir les rayons d’un studio-divan. Nous s
622 est avec lui que nous devons retrouver un contact qui nous renverra, plus sûrement que toutes les diatribes, au respect des
623 lieu de les transfigurer. En présence de tout ce qui surgit formidablement à l’approche de la joie, elle se sent gênée, pa
624 et des bourgeois, c’est une manière de s’exprimer qui en dit plus long qu’on ne croirait. « J’ai mes brouillards et mon bea
625 ir de nouveau, après la grande semaine des chats, qui avaient fait retentir le vallon de leurs déchirements wagnériens. Et
626 Toute la nuit, ils se sont battus dans la remise qui est juste au-dessous de notre chambre, et dans la cour, et sur toutes
627 aut voir les yeux pitoyables de ces grands chiens qui tremblent sous la pluie, groupés au maigre abri des buissons de lauri
628 Et ce n’est pas elle seulement, mais nous aussi, qui avons les prémices de l’Esprit, nous aussi nous soupirons en nous-mêm
629 ntes que l’apôtre a su percevoir. C’est la nature qui cherche en nous ce que notre délire allait lui demander : les prémice
630 même temps que l’imminence de sa mort — et voici qui éveillera peut-être des réflexions fécondes dans l’esprit du lecteur
631 ne sommes-nous pas entrés dans la grande cuisine qui était, pensions-nous, tout leur logis — nous avions cru comprendre qu
632 r de rôle, ils sont venus discuter dans la remise qui est au-dessous de notre chambre, et leurs éclats de voix nous ont plu
633 enêtre. Je me précipite : ce sont les deux Simard qui font un grand feu dans la cour. Est-ce qu’ils la rôtissent ? On disti
634 ls la rôtissent ? On distingue des étoffes noires qui se gonflent sur le brasier… Je me suis réveillé tard. Tandis que je m
635 llé tard. Tandis que je me rase, j’entends Simard qui apostrophe la mère Calixte près du bassin. « Je ne veux pas qu’on lav
636 hier soir devant son seuil, entourée de commères qui entretiennent son chagrin décent. Aux premiers mots que j’ai dits, el
637 bien passé. Je me trompais. C’est la mère Calixte qui me l’apprend ce matin. Le ménage Simard est furieux. Nous n’avons pas
638 qu’on en trouve d’assez belles. Au fond d’un val qui paraît sans issue, ce grand mas nommé Montaigu… (Pourquoi ce nom ?) O
639 nord d’un bâtiment considérable, à trois étages, qui devait servir de communs, de magnanerie, de cellier et de grange. Au
640 défaite, un alibi pour la mauvaise humeur de ceux qui n’ont plus de « prochains » ? 69. À Montmartre, il y a deux ou troi
641 un », — Prenez la multiplication ! cria l’abbé V. qui était dans la salle. 70. Que ne connaît pas le grand conférencier li
34 1937, Esprit, articles (1932–1962). Marius Richard, Le Procès (juin 1937)
642 ard, Le Procès (juin 1937)am an Un petit livre qui sait s’arrêter dès qu’il nous a fait voir le monde pitoyable : sans a
643 fait voir le monde pitoyable : sans ajouter à ce qui est, dire ce qui est comme un homme l’a senti, — c’est assez rare. « 
644 de pitoyable : sans ajouter à ce qui est, dire ce qui est comme un homme l’a senti, — c’est assez rare. « Ce serait si bien
645 ue soir et chaque matin, écrire dans les journaux qui s’impriment quelques heures plus tard, exactement ce que l’on pense,
646 que l’on pense, ce que l’on a ressenti…, tout ce qui a pu vous frapper, quels qu’en soient le sens, l’esprit, le caractère
647 urgeois endormis, des malades dans les hôpitaux «  qui ont des chemises de prisonniers » et « n’ont plus guère que le nom de
648 enne à cette profondeur, donne la mesure d’un art qui ne se prend pas pour idole. am. Rougemont Denis de, « [Compte rend
35 1937, Esprit, articles (1932–1962). Paul Éluard, L’Évidence poétique (juin 1937)
649 mais non pas cet « in-16 » standard. Le feuillet qui nous apporte la conférence d’Éluard à Londres, sur la poésie surréali
650 ailleurs, plus qu’ailleurs peut-être, pour celui qui voit, le malheur défait et refait sans cesse un monde banal, vulgaire
651 poésie « s’applique… à refuser de servir un ordre qui n’est pas le sien ». C’est donc qu’elle veut instaurer un ordre plus
652 es et l’homme, s’étant enfin accordé à la réalité qui est sienne, n’aura plus qu’à fermer les yeux pour que s’ouvrent les p
653 de lire Feuerbach, cité à la page suivante. Voilà qui est antimarxiste d’une manière plus valable : « C’est l’espoir ou le
654 e plus valable : « C’est l’espoir ou le désespoir qui déterminera pour le rêveur éveillé — pour le poète — l’action de son
655 immédiatement. » Ou encore : « Le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré. » Mais peu après l’on dé
656 e poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré. » Mais peu après l’on dénonce les « ignobles appétits »
657 e famille, de religion, de patrie ». Les idées de qui  ? Si ce sont celles que les bourgeois et les staliniens se font de ce
36 1937, Esprit, articles (1932–1962). M. Benda nous « cherche », mais ne nous trouve pas (juillet 1937)
658 s-guerre, en appelant ainsi l’ensemble des hommes qui ont aujourd’hui de 25 à 40 ans, est une génération particulièrement é
659 el, de Péguy, de Claudel, de Rolland, de Bergson, qui tous, bien qu’« heureux » (selon Benda) ont défendu les thèses que M.
660 nes se veut active en ce sens qu’elle vénère « ce qui rapporte », matériellement, bien entendu. Après quoi, M. Benda apprit
661 t notre maître à tous. Et s’il est vrai que celui qui refuse d’endosser les conséquences de sa vérité prouve par là qu’il e
662 rouve par là qu’il en a plus de respect que celui qui s’efforce de la réaliser, — c’est que la vérité dont il s’agit ressem
663 donne la mesure de la « cohérence » d’une pensée qui a pris pour idéal de « constater » purement et simplement ce qui est.
664 idéal de « constater » purement et simplement ce qui est. Au surplus, M. Benda se trompe quand il croit juger de Sirius. I
665 el, mais il n’est guère qu’anachronique. Partisan qui survit à sa cause ; et pensée qui refuse de payer. ap. Rougemont D
666 nique. Partisan qui survit à sa cause ; et pensée qui refuse de payer. ap. Rougemont Denis de, « M. Benda nous “cherche”
37 1937, Esprit, articles (1932–1962). Brève introduction à quelques témoignages littéraires (septembre 1937)
667 la littérature, dans Esprit , c’est une question qui se pose à nos lecteurs, parce que, sous une forme plus générale, la q
668 ù le personnalisme entend refaire un ordre humain qui soit assez organique et complet pour pouvoir s’opposer valablement au
669 s cent ans. Ne perdons plus de temps à rechercher qui a commencé, de l’œuf ou de la poule ; et qui doit commencer, de la li
670 cher qui a commencé, de l’œuf ou de la poule ; et qui doit commencer, de la littérature ou de l’ordre social. Notre effort
671 doxie de la personne, une société et une économie qui la soutiennent, et qu’elle maintienne. (La question se posera un jour
672 e pouvons que militer dans une direction générale qui se précisera par les obstacles mêmes que nous aurons à surmonter. Qu
673 ains — prenons ces termes au sens le plus large — qui pour n’être point asservis aux disciplines extérieures d’un parti, ne
674 sans conséquence. Il existe des jeunes écrivains qui ne sont pas embrigadés mais qui savent que toute œuvre engage, et qui
675 jeunes écrivains qui ne sont pas embrigadés mais qui savent que toute œuvre engage, et qui acceptent cette nécessité comme
676 igadés mais qui savent que toute œuvre engage, et qui acceptent cette nécessité comme une des conditions de leur création.
677 orale et sociale…), bref : une gravité (un poids) qui suffit presque à distinguer cette « génération » nouvelle de celle qu
678 distinguer cette « génération » nouvelle de celle qui s’illustra par le surréalisme. Littérature présente au monde dans leq
679 réuni d’ores et déjà un certain nombre de textes qui paraîtront au cours de cet hiver. Romans, nouvelles, poèmes, essais s
680 t illustrations, — ou « signes » simplement, mais qui prendront du fait de leur confrontation une valeur autre que document
681 e orthodoxie personnaliste. Mais de « personnes » qui savent que l’exercice de leurs libertés implique des engagements conc
38 1937, Esprit, articles (1932–1962). Martin Lamm, Swedenborg (septembre 1937)
682 qu’il soit utile de parler dans Esprit de tout ce qui vient de paraître, sous prétexte que c’est « important » ou « intéres
683 s essayons de limiter notre critique aux ouvrages qui présentent un sens quelconque pour notre action — soit qu’ils militen
684 commencer chaque mois le procès d’une littérature qui se vante d’être « insignifiante » — c’est-à-dire sans but, privée de
685 éciaux » que tout le monde passe sous silence, et qui se trouvent des plus aptes à illustrer ou élargir notre vision person
686 eur intrinsèque de la thèse que défend M. Lamm et qui me paraît très convaincante, mais on se demande souvent pourquoi il l
687 a défend, et pourquoi il s’occupe d’un personnage qui ne semble exciter ni sa réprobation ni son enthousiasme. C’est ce que
688 ulations mystiques, et aux problèmes théologiques qui s’y rattachent étroitement, c’est cette étrangeté même de l’objet qui
689 troitement, c’est cette étrangeté même de l’objet qui semble l’avoir retenu, et elle lui pose des questions personnelles qu
690 aux disciplines rationalistes du xviiie siècle, qui aboutit — c’est la thèse de Lamm —, par une évolution très raisonnabl
691 és par Lamm. Je voudrais dégager ici trois points qui peuvent intéresser plus directement notre effort. 1. L’impartialité o
692 es hallucinations hypnagogiques, genre de visions qui sont loin d’être rares, même dans des états psychiques normaux. » (?)
693 être considérées comme des pseudo-hallucinations, qui , à la différence des hallucinations dites psychosensorielles…, etc. »
694 ale, me paraissant prêcher par un je ne sais quoi qui rappelle d’une double manière la fameuse « vertu dormitive »… 2. Les
695 re la fameuse « vertu dormitive »… 2. Les auteurs qui s’occupent des mystiques et, en général, d’objets religieux qui leur
696 des mystiques et, en général, d’objets religieux qui leur paraissent inquiétants pour l’intégrité de leur image « moderne 
697 toire » des plus fréquents chez les mystiques, et qui « expliqueraient » physiologiquement le chemin de Damas et beaucoup d
698 ui-même. De même, la cosmologie swedenborgienne, qui constitue à mon sens la partie la plus intéressante de l’œuvre du Sué
699 nt les découvertes de la mécanique ondulatoire, —  qui nous en donnent aujourd’hui l’équivalent le plus étonnamment exact. L
700 dépersonnalisation », ou d’anéantissement du moi, qui est sans conteste celui de tous les mystiques, orientaux ou occidenta
701 la mesure où cet effort est réel et aboutit — ce qui est encore une question — il aboutit évidemment à la négation absolue
702 e vit plus désormais de sa vie propre, c’est Dieu qui vit et agit en elle. » Il s’agit, au vrai, de la lutte entre le vieil
703 it nommer l’ascèse personnaliste, la tension même qui constitue la personne et l’identifie, l’effort de l’homme pour transc
704 logique, et se mettre au service de quelque chose qui le dépasse, mais où il trouve enfin sa plus profonde raison d’être. O
705 ur la dialectique individu-personnalité-personne, qui est fondamentale pour tout notre mouvement. Je me contenterai pour au
706 e son luthéranisme. Il faudrait d’abord expliquer qui était Luther, si mal connu du public « cultivé » français… Et précise
39 1937, Esprit, articles (1932–1962). Neutralité oblige (octobre 1937)
707 es, celles que déjà vous étiez prêt à lui donner, qui se trouvent mises en question par sa méfiance paysanne. Cela n’est pa
708 que s’il garde en même temps le souci d’expliquer qui nous sommes à nos voisins, c’est peut-être que notre lot, en tant que
709 n doit concevoir une tout autre forme d’existence qui serait « en fonction des voisins », et qui serait tout de même, ou pa
710 stence qui serait « en fonction des voisins », et qui serait tout de même, ou par là même, une existence, au sens plein de
711 tre ? J’essaierai de répondre ici du point de vue qui me paraît le plus fécond non seulement pour l’esprit et l’homme en gé
712 Suisse se figure justement que c’est la question qui ne se pose pas. Que nous le voulions ou non, notre neutralité caracté
713 n jour prochain avec les vieux chiffons de papier qui sont censés la garantir. Quand bien même nous aurions voté des millia
714 la conscience de sa raison d’être, et le prestige qui s’y attache. On croit souvent, surtout chez nous, qu’un petit pays a,
715 meilleure garantie d’un droit, la seule peut-être qui soit efficace, c’est l’exercice réel de la charge dont ce droit repré
716 l a fait naître. Or c’est une crise fort analogue qui menace la neutralité, dès l’instant où ceux qui en jouissent oublient
717 e qui menace la neutralité, dès l’instant où ceux qui en jouissent oublient pourquoi ils ont reçu ce droit. Je ne dirai pas
718 nties qu’offrait la SDN sans accepter les charges qui s’y trouvaient liées. D’où le malaise provoqué par l’application des
719 onscience aux proportions nouvelles des mystiques qui régissent l’Europe d’aujourd’hui. Notre chance et nos risques sont là
720 appelle dans ces pages une seule et même réalité, qui est la réalité fédéraliste. Or il se trouve que notre position person
721 rencontre idéale, me paraît être la grande leçon qui doit se dégager de notre effort. La mission essentielle de la Suisse
722 SDN et de celui de la Croix-Rouge, gardiens de ce qui est européen et commun à toutes les nations ; étant eux-mêmes dans la
723 e pas là je ne sais quelle manière d’idéaliser ce qui est mesquin. Car ce qui est mesquin chez nous, n’est en fait qu’une d
724 le manière d’idéaliser ce qui est mesquin. Car ce qui est mesquin chez nous, n’est en fait qu’une dégradation de l’idéal qu
725 nous, n’est en fait qu’une dégradation de l’idéal qui devrait nous unir. La première devise des Suisses, ce fut « Un pour t
726 ue, la latine et la française. ⁂ De cette mission qui justifie en même temps notre statut européen de neutralité, et notre
727 tradiction constante avec notre neutralité, et ce qui est pire, avec la mission même qui justifie cette neutralité. Elle se
728 tralité, et ce qui est pire, avec la mission même qui justifie cette neutralité. Elle se permet de prendre parti, dans les
729 et fédéraliste, mais au nom d’intérêts de classe qui ne sont ni démocratiques ni nationaux. La même critique peut d’ailleu
730 ons nos grands journaux se préoccuper de juger ce qui se passe chez nos voisins non plus au nom de la droite française ou d
731 poindre chez nos intellectuels à l’endroit de ce qui est « germanique » dans notre vie confédérale. Réaction de faiblesse,
732 un double titre. Car d’une part nous y perdons ce qui fait notre valeur propre dans la culture de langue française ; et d’a
733 Rhône, si « roman », sans le voisinage germanique qui l’a contraint à formuler sa différence spécifique ? En France même, q
734 tenté et enrichi par le génie du Rhin ? Pour nous qui n’avons pas les mêmes raisons de construire des Bastions de l’Est, la
735 lture : un microcosme des valeurs que les nations qui nous entourent ont illustrées l’une après l’autre, mais n’ont pas pu
736 otre mission, ce serait le péché même d’idolâtrie qui consiste dans son principe à adorer les instruments d’un culte, oubli
737 rope. De Genève, c’est une autre « école suisse » qui domine les lettres françaises ; après Rousseau : Constant et Staël, e
738 ne tradition que tout nous pousse à continuer, et qui , je le crois, n’a pas encore réalisé ses possibilités extrêmes. Nous
739 ’on ne croit pas à cette fédération et à la tâche qui lui incombe au milieu de voisins redoutables. Il est important de rap
740 mauvais Suisse, car c’est ce « reste » justement qui donne un sens à la fédération, donc à l’armée qui la défend. Je ne cr
741 qui donne un sens à la fédération, donc à l’armée qui la défend. Je ne crois pas d’ailleurs que les armes matérielles soien
742 oyens d’assurer au pays un prestige international qui nous donnerait peut-être davantage qu’une garantie d’économie : une e
743 s justifications parfois mythiques à des réalités qui se sont constituées par le jeu d’intérêts et de routines médiocres. V
744 ple une valeur positive à un principe fédéraliste qui ne traduit historiquement — de même que la neutralité — qu’une craint
745 iques et morales, et d’une tradition fédéraliste, qui se trouvent réaliser, en théorie, parfois en fait sinon toujours en i
746 donner ou à rendre à cet ordre une signification qui le maintienne vivant et pur contre les ennemis du dedans, afin d’être
747 end à nous réduire à nos proportions matérielles, qui sont petites, qui sont médiocres. J’ai cité le cas de la presse, se r
748 à nos proportions matérielles, qui sont petites, qui sont médiocres. J’ai cité le cas de la presse, se réduisant elle-même
749 oyablement étriquée, devient une espèce d’asepsie qui tue les germes de toute création. (La culture suppose plus de folie,
750 e fédéralisme tant vanté. Autant de constatations qui dictent à notre action des objectifs immédiats : ils seront révolutio
751 orte de rendre à notre peuple le sens d’un destin qui le dépasse. Petit peuple chargé d’une grande mission : s’il l’oublie,
752 n des cultures, une respiration des âmes. Et ceci qui est le plus important : des possibilités d’imaginer, donc d’innover e
753 ’innover et de voir grand. ⁂ Je résumerai tout ce qui précède en une seule phrase : Nous sommes chargés symboliquement de l
754 le souligner, en Suisse romande. 74. Les guerres qui nous menacent n’opposeront pas seulement des colonnes motorisées, mai
40 1938, Esprit, articles (1932–1962). La passion contre le mariage (septembre 1938)
755 septembre 1938)av Avertissement Les pages qui suivent sont extraites d’un ouvrage qui paraîtra sous ce titre : L’A
756 Les pages qui suivent sont extraites d’un ouvrage qui paraîtra sous ce titre : L’Amour et l’Occident . Partant d’une analy
757 tôt sécularisé et « profané » par la littérature, qui donne naissance, dès le xiie siècle, à une forme toute nouvelle de l
758 aux de l’espèce et les intérêts de la cité. Celui qui contrevenait à ce triple engagement ne se rendait pas « intéressant »
759 gne d’élection, tandis que pour saint Paul, celui qui reste vierge « fait mieux » que celui qui se marie, même chrétienneme
760 , celui qui reste vierge « fait mieux » que celui qui se marie, même chrétiennement. L’hérésie manichéenne qui est à l’orig
761 marie, même chrétiennement. L’hérésie manichéenne qui est à l’origine de la cortezia du Midi s’opposait au mariage catholiq
762 le. Elle tendait enfin à détruire un ordre social qui permettait et exigeait la guerre, comme expression du vouloir-vivre c
763 spect d’une aventure plus belle que la morale. Ce qui , pour le croyant manichéen, était l’expression dramatique du combat d
764 quer autrement qu’à partir du xiie siècle, celui qui commet l’adultère devienne soudain un personnage intéressant ? Le roi
765 ève Iseut, vit un roman, et se rend admirable… Ce qui était « faute » et ne pouvait donner lieu qu’à des commentaires édifi
766 un rôle restreint dans la vie de nos sociétés. Ce qui explique, à mon sens, l’état présent de dé-moralisation générale — no
767 la vie ne saurait être à plein vécue que par ceux qui « ont passé par là ». Or la passion et le mariage sont par essence in
768 se fondait en effet sur trois groupes de valeurs qui lui fournissaient ses « contraintes » — et c’est précisément dans le
769 de caractère, de goûts et de conditions externes qui ne manqueront pas de se produire un jour ou l’autre dans la vie du co
770 té moderne d’être le maître de son bonheur, ou ce qui revient peut-être au même, de sentir de quoi il est fait, de l’analys
771 temps l’ont répété, et notre temps n’apporte rien qui doive nous faire changer d’avis. Tout bonheur que l’on veut sentir, q
772 cédaient socialement au niveau de l’aristocratie, qui les traitait comme des égaux. On peut citer de très nombreux exemples
773 orale, qu’elle nous met au-dessus des lois. Celui qui aime de passion accède à une humanité plus haute, où les barrières so
774 e, la passion c’est toujours l’aventure. C’est ce qui va changer ma vie, l’enrichir d’imprévu, de risques exaltants, de jou
775 s violentes ou flatteuses. C’est tout le possible qui s’ouvre, un destin qui acquiesce au désir ! Je vais y entrer, je vais
776 es. C’est tout le possible qui s’ouvre, un destin qui acquiesce au désir ! Je vais y entrer, je vais y monter, je vais y êt
777 llusion de plénitude. Je nommerais libre un homme qui se possède. Mais l’homme de la passion cherche au contraire à être po
778 ans l’extase. Et de fait, c’est déjà sa nostalgie qui le « démeine » — pour parler comme l’auteur du Tristan — cette nostal
779 tte double ignorance. Le passionné, c’est l’homme qui veut trouver son « type de femme » et n’aimer qu’elle. Souvenez-vous
780 iècle : or plus encore que l’image de la Mère, ce qui les tyrannise, c’est la « beauté standard ». De nos jours — et ce n’e
781 e nos jours — et ce n’est qu’un début —, un homme qui se prend de passion pour une femme qu’il est seul à voir belle, est p
782 on relève des statistiques publicitaires. L’homme qui croit désirer « son » type de femme se trouve intimement déterminé pa
783 déterminé par des facteurs de mode ou de commerce qui changent au moins tous les six mois. Supposons, comme il est probable
784 issant et presque hostile dans un être, cela même qui invite à la poursuite et qui éveille l’avidité de posséder, plus déli
785 s un être, cela même qui invite à la poursuite et qui éveille l’avidité de posséder, plus délicieuse que toute possession a
786 e en rêve, on s’acharne à dépayser les sentiments qui sont en train de se nouer dans une durée étale et trop sereine. C’est
787 nfiniment intéressante… Or c’est la douleur seule qui rend consciente la passion, et c’est pourquoi l’on aime souffrir et f
788 e. Descendons quelques siècles et toute l’échelle qui va de l’héroïsme religieux à la confusion sans grandeur où se débatte
789 geois et sa femme, voici le rêve sournois du mari qui ne peut plus désirer sa femme qu’en l’imaginant sa maîtresse. (Balzac
790 littérature romanesque nous peint ce type du mari qui redoute la « platitude », le train-train des liens légitimes où la fe
791 de mener à la mort, elle se dénoue en infidélité. Qui ne sent la dégradation d’un Tristan qui a plusieurs Iseut ? Or ce n’e
792 fidélité. Qui ne sent la dégradation d’un Tristan qui a plusieurs Iseut ? Or ce n’est pas lui qu’il convient d’accuser, mai
793 il désire ne lui résiste, puisqu’il n’aime pas ce qui lui résiste. ⁂ Aimer, au sens de la passion, c’est alors le contraire
794 ladie de l’être. Presque toutes les complications qui servent d’intrigues à nos auteurs se ramènent au schéma monotone des
795 tacles. Je songe à la psychologie de la jalousie, qui envahit nos analyses : jalousie désirée, provoquée, sournoisement fav
796 On retombe sans cesse au monde de la comparaison, qui est le monde de la jalousie. « Hommes et femmes dès qu’ils passent le
797 ils se sentent privés, et motifs de comparaisons qui toujours tournent à leur détriment. Le mari souffre des beautés qu’il
798 ’est pourtant là qu’est le secret de l’inquiétude qui tourmente aujourd’hui les couples. Rien ne répugne autant à un esprit
799 e, c’est à quoi se résume l’ambition des analyses qui précèdent ; mais je sens bien qu’elles m’ont porté déjà aux limites d
800 fait courir à la personne l’éthique de l’évasion, qui est née du mythe.) D’où les multiples tentatives de « restauration »
801 le « conflit psychologique » et les « névroses » qui seraient à l’origine du mal (d’où l’on déduit que la médecine mentale
802 le combattant, de parler comme un philistin. (Ce qui se produirait fatalement !) Ainsi l’on passe avec une feinte légèreté
803 ant que quelque chose se fasse, la seule question qui se pose à l’historien, au sociologue, c’est de savoir quel mécanisme
804 rale des intellectuels nihilistes ou romantiques, qui inspirait les jeunes chefs bolchéviques, se traduisit dans la réalité
805 Ce fut le mécanisme de la dictature productiviste qui contraignit l’État dit socialiste à édicter une série de lois contre
806 lité très générale dans les associations secrètes qui préludèrent à l’hitlérisme, le déchaînement sadique des corps francs
807 s, voire religieux, on opéra cet énorme transfert qui consiste à donner pour seul objet légitime et possible à la passion :
808 t) les éléments plastiques, militaires et sacrés, qui lui font aujourd’hui défaut. Sa dialectique mortelle pourra de nouvea
809 une tension incalculablement plus forte que celle qui s’institua au xiie siècle. Mais l’éventualité de la guerre, c’est-à-
810 laboratoires. (à suivre)   Dans un second essai, qui paraîtra en octobre, on tentera de définir une forme d’amour exacteme
811 sque. Quant au thème de l’ouvrier ou du chauffeur qui « mérite » la fille du patron, il est abondamment exploité par le fil
812 en a pas — et toute la dialectique de la passion qui se distingue de celle du désir en ce qu’elle refuse la satisfaction.
813 etrouver quel est l’auteur — évidemment moderne — qui a parlé le premier d’un « problème sexuel » — idée comique pour un An
41 1938, Esprit, articles (1932–1962). Revue des revues (septembre 1938)
814 derniers numéros de ces cahiers. L’extrême droite qui ose dire son nom paraît souvent bien proche de la véritable extrême g
815 es d’avenir. C’est le ton et les sentimentalismes qui s’opposent encore. Mais enfin l’on s’apercevra bientôt que le capital
816 ans la hiérarchie de ses vénérations). Une droite qui abandonne Boileau pour Rimbaud, c’est un parti nouveau. Pourquoi faut
817 se de Friedland, nouvelle de Drieu la Rochelle. «  Qui n’a pas connu les années d’après-guerre n’a pas connu la douceur de v
818 ain pour la première fois en 1888. C’est donc lui qui l’avait cloîtrée ? — Pour un collège de sociologie : Nous y reviendro
42 1938, Esprit, articles (1932–1962). L’amour action, ou de la fidélité (novembre 1938)
819 n. Combien serait vaine l’attitude intellectuelle qui se définirait elle-même comme une condamnation de la passion : il suf
820 on. Car l’homme de la passion est justement celui qui choisit d’être dans son tort, aux yeux du monde — et dans ce tort maj
821 , il faudrait développer une violence spirituelle qui tue mieux que la passion d’amour : celle au moins de l’orthodoxie con
822 le » — mais une décision fondamentale de l’homme, qui veut être lui-même son dieu93. La passion brûle dans notre cœur sitôt
823  : eritis sicut dei. Infinie naïveté du moraliste qui prétendait détourner l’homme de cette voie mortelle, divinisante, en
824 s de tous nos arts de vivre, quand c’est la terre qui est méprisée, et la vie qui est la faute à racheter ! Mais tuer l’hom
825 quand c’est la terre qui est méprisée, et la vie qui est la faute à racheter ! Mais tuer l’homme avant qu’il ne se tue, et
826 est bien de cela, de cela seul qu’il s’agit, pour qui veut surpasser la passion. Quant à stériliser le milieu culturel où l
827 os passions viendra de l’État, ce Sauveur anonyme qui assumera le poids de toutes nos fautes, et de la faute initiale de vi
828 passion sans achever ma description par ce trait qui enfin la situe, non dans l’abstrait où la passion ne peut exister — e
829 en parler n’est qu’une farce — mais dans le choix qui détermine une existence. 2. Critique du mariage Si je ne vois p
830 ritique du mariage Si je ne vois pas de raison qui tienne contre la passion véritable, il m’apparaît en second lieu que
831 est censée ménager autour du vaillant travailleur qui rentre le soir, harassé, se retremper dans la paix familiale, vous ve
832 ue, au hasard, un de ces entretiens « paisibles » qui agrémentent le « foyer domestique » d’un bourgeois ou d’un ouvrier :
833 he. Et Kierkegaard a raison plus qu’eux tous, lui qui d’abord exalte la passion, comme étant la suprême valeur du « stade e
834 s à la fin il n’écrase pas seulement ce philistin qui se contente d’épouser la veuve du brasseur, ou ce jeune fou qui aime
835 e d’épouser la veuve du brasseur, ou ce jeune fou qui aime la fille du roi, mais l’homme pieux qui estimait que la religion
836 fou qui aime la fille du roi, mais l’homme pieux qui estimait que la religion devait être un amour heureux, un mariage ave
837 ourner. Kierkegaard condamna d’abord les pasteurs qui refusaient le célibat ; puis Luther et Calvin, tous deux mariés ; pui
838 ants sont renvoyés aux arguments des romantiques, qui valent contre leur moralisme ; et les croyants aux arguments de saint
839 me ; et les croyants aux arguments de saint Paul, qui valent contre leur humanisme. Que dit l’Apôtre ? « Je pense qu’il es
840 . 7, 1-32). Et voici le coup de grâce : « Celui qui n’est pas marié s’inquiète des choses du Seigneur, des moyens de plai
841 gneur, des moyens de plaire au Seigneur, et celui qui est marié s’inquiète des choses du monde, des moyens de plaire à sa f
842 —, soit du point de vue spirituel pur, pour ceux qui croient. Il n’est possible alors d’affirmer le mariage qu’au-delà des
843 ion, comme une question perpétuelle, un aiguillon qui empêche de retomber sous le coup des objections humaines. Si j’oublie
844 delà du mariage, mais aussi de tout ordre humain, qui s’appelle le Royaume de Dieu (« Il n’y aura plus ni hommes ni femmes 
845 turbable s’il témoigne sans cesse en faveur de ce qui transcende tout résultat, même excellent. 3. Le mariage comme déci
846 énaires à la nature pour sélectionner les espèces qui nous paraissent adaptées. Et nous aurions la prétention de résoudre d
847 Il faut le reconnaître honnêtement : le problème qui nous est posé par la nécessité pratique du mariage apparaît d’autant
848 isifs. Le sophisme est alors du côté du bon sens, qui recommandait un choix mûri et raisonné, selon des critères impersonne
849 sonnels. Mais enfin ce n’est pas l’erreur logique qui est grave, c’est l’erreur morale qu’elle suppose. Lorsqu’on incite le
850 tionnel d’une décision prise en dépit de tout, et qui fonde une nouvelle existence, initiant un risque nouveau. ⁂ Écartons
851 r ce serait là mentir et l’on ne peut rien fonder qui dure sur le mensonge. Il n’y a personne au monde qui puisse me comble
852 dure sur le mensonge. Il n’y a personne au monde qui puisse me combler : à peine comblé je changerais ! Choisir une femme
853 cela ! — comme le diront beaucoup de jeunes gens qui s’attendent, en vertu du mythe, à je ne sais quels transports divins
854 fidélité réelle ; et je ne dis pas à une fidélité qui soit une recette de « bonheur », mais bien à une fidélité qui soit po
855 recette de « bonheur », mais bien à une fidélité qui soit possible, n’étant pas compromise en germe par un calcul forcémen
856 u’il faudrait muer en savoir, mais dans un savoir qui exige sa réalisation. » Ce n’est pas l’engagement qui est problématiq
857 exige sa réalisation. » Ce n’est pas l’engagement qui est problématique, mais les conséquences qu’il entraîne. (De même on
858 sans raisons — ou elle n’est pas — comme tout ce qui porte une chance de grandeur. (Comme la passion !) ⁂ Les moralistes e
859 um et pour elle-même, sans plus se référer à rien qui « juge » et qui « mesure » la jouissance qu’on en tire. Seul un respe
860 même, sans plus se référer à rien qui « juge » et qui « mesure » la jouissance qu’on en tire. Seul un respect acquis de l’o
861 es côtés. Voyez les excuses invoquées par le mari qui trompe sa femme ; il dit tantôt : « Cela n’a pas d’importance, cela n
862 dont la première est la fidélité à quelque chose qui n’était pas, mais que l’on crée. Personne, œuvre, et fidélité : les t
863 s.) Mais savons-nous encore imaginer une grandeur qui n’ait rien de romantique ? Et qui soit le contraire d’une ardeur exal
864 er une grandeur qui n’ait rien de romantique ? Et qui soit le contraire d’une ardeur exaltée ? La fidélité dont je parle es
865 plus sobre et quotidienne. Une folie de sobriété qui mime assez bien la raison — et qui n’est pas un héroïsme, ni un défi,
866 ie de sobriété qui mime assez bien la raison — et qui n’est pas un héroïsme, ni un défi, mais une patiente et tendre applic
867 ités de nos « liaisons », et de tous ces Tristans qui ne sont au vrai que des Don Juan au ralenti.) Où est alors la différe
868 le mari fidèle, ne serait-ce pas simplement celui qui a reconnu dans sa femme une Iseut ? Lorsque l’amant de la légende man
869 souvenez-vous de la « jeune fille éblouissante » qui l’accueille par ces paroles : « Je suis toi-même ! » Ainsi de la fidé
870 t de Tristan. C’est un narcissisme mystique, mais qui s’ignore, naturellement, et qui croit être un vrai amour pour l’autre
871 me mystique, mais qui s’ignore, naturellement, et qui croit être un vrai amour pour l’autre. L’analyse des légendes courtoi
872 messe, ni à cet être symbolique, ce beau prétexte qui s’appelle Iseut, mais à sa plus profonde et secrète passion. Le mythe
873 la « joie suprême » d’Isolde agonisante. Fidélité qui consume la vie, mais qui consume aussi la faute, et divinise un moi p
874 lde agonisante. Fidélité qui consume la vie, mais qui consume aussi la faute, et divinise un moi purifié, « innocent » ! De
875 igion antérieure à notre « instinct » moderne, et qui détient l’intime secret de la passion, au-delà de ce que les psycholo
876 d’abord, et non pas à son moi d’abord, que celui qui aime voue sa fidélité. Et tandis que la fidélité de Tristan était un
877 le double aboutissement de « l’amour-action ». Ce qui niait l’individu et son naturel égoïsme, c’est cela qui édifie la per
878 ait l’individu et son naturel égoïsme, c’est cela qui édifie la personne. À ce terme, on découvrira que la fidélité dans le
879 on plus d’Isolde, plus de Tristan, plus aucun nom qui nous sépare ! » Il faut que l’autre cesse d’être l’autre, donc ne soi
880 le Jour afin d’attester notre alliance. ⁂ Une vie qui m’est alliée — pour toute la vie, voilà le miracle du mariage. Une vi
881 oute la vie, voilà le miracle du mariage. Une vie qui ne veut plus que mon bien, parce qu’il est confondu avec le sien : et
882 pè Alors l’amour de charité, l’amour chrétien, qui est Agapè, paraît enfin dans sa pleine stature : il est l’affirmation
883 e. Et c’est Éros, l’amour-passion, l’amour païen, qui a répandu dans notre monde occidental le poison de l’ascèse idéaliste
884 roche à l’Évangile. C’est Éros, et non pas Agapè, qui a glorifié notre instinct de mort, et qui a voulu le « spiritualiser 
885 Agapè, qui a glorifié notre instinct de mort, et qui a voulu le « spiritualiser ». Mais Agapè se venge d’Éros en le sauvan
886 sait pas détruire et ne veut même pas détruire ce qui détruit. « Je ne veux pas la mort du pécheur, mais sa vie. » ⁂ Éros s
887 et limitée de créatures. Ainsi le même mouvement qui fait que nous adorons la vie nous précipite dans sa négation. C’est l
888 ne pouvait le conduire qu’à la mort. Mais l’homme qui croit à la révélation de l’Agapè voit soudain le cercle s’ouvrir : il
889 tes cherchent un appui et un salut dans le Désir, qui devient aussitôt, et par là même, le pire ennemi de la vie, la séduct
890 vons appris cette nouvelle : ce n’est pas l’homme qui doit se délivrer lui-même, c’est Dieu qui l’a aimé le premier, et qui
891 l’homme qui doit se délivrer lui-même, c’est Dieu qui l’a aimé le premier, et qui s’est approché de lui. Le salut n’est plu
892 lui-même, c’est Dieu qui l’a aimé le premier, et qui s’est approché de lui. Le salut n’est plus au-delà, toujours plus hau
893 plus haut, dans l’ascension interminable du Désir qui consume la vie, mais ici-bas, dans l’obéissance à la Parole. ⁂ Et qu’
894 même temps, elle échappe à l’abaissement bestial qui tôt ou tard est la rançon d’une divinisation de la créature. Mais cet
895 lement réciproque exige et crée l’égalité de ceux qui s’aiment. Dieu manifeste son amour pour l’homme en exigeant que l’hom
896 moins perd-elle son efficace : ce n’est plus elle qui détermine la personne. En d’autres termes, on pourrait dire que la fi
897 pour révéler sa vérité. Et c’est pourquoi l’homme qui croit au mariage ne peut plus croire sérieusement au « coup de foudre
898 ssion est accréditée par Tristan. Excuse et alibi qui ne peuvent tromper que celui qui veut être trompé, parce qu’il y trou
899 Excuse et alibi qui ne peuvent tromper que celui qui veut être trompé, parce qu’il y trouve son intérêt ; figures de rhéto
900 ait voir pourquoi l’on aime croire à la fatalité, qui est l’alibi de la culpabilité : « Ce n’est pas moi qui ai commis la f
901 st l’alibi de la culpabilité : « Ce n’est pas moi qui ai commis la faute, je n’y étais pas, c’est cette puissance fatale qu
902 e, je n’y étais pas, c’est cette puissance fatale qui agissait en lieu et place de ma personne. » Pieux mensonge du servant
903 e, de surmâle. Mythe d’une puissance indéfinie et qui domine les contingences morales. Mais alors, on peut être certain qu’
904 à ces brusques écarts, comparables aux calembours qui obsèdent un esprit fatigué : on se laisse aller à des « rapprochement
905 our ». Mais c’est encore le mythe, naturellement, qui nous le fait croire, avec son obsession de l’amour contrarié. Il sera
906 alise les relations humaines. Par contre, l’homme qui se domine, ce n’est pas faute de « passion » (au sens de tempérament)
907 refuse de s’imposer, il se refuse à une violence qui nie et détruit la personne. Il prouve ainsi qu’il veut d’abord le bie
908 définir enfin le mariage comme cette institution qui contient la passion non plus par la morale, mais par l’amour. 6. L
909 os et de l’Agapè, c’est-à-dire des deux religions qui se disputent notre Occident. La connaissance de ce conflit, de ses or
910 ien. Tout d’abord : ce n’est pas le christianisme qui a fait naître la passion, mais c’est une hérésie d’origine orientale.
911 us vieilles croyances, et du conflit de l’hérésie qui en résulta avec l’orthodoxie chrétienne. Première correction d’import
912 guerre procède d’une conception de la vie ardente qui est un masque du désir de mort. Dynamisme inverti, et autodestructeur
913 n chrétienne définie par l’Apôtre (Romains 8), et qui tendrait à restaurer le Cosmos dans sa loi primitive, troublée par le
914 lonté exactement contraire à celle de passion. Ce qui peut induire en erreur, et ce qui a introduit de fait une fatale erre
915 de passion. Ce qui peut induire en erreur, et ce qui a introduit de fait une fatale erreur dans l’activisme moderne, c’est
916 ue. C’est alors la passion nationale et guerrière qui va devenir le principal moteur de la recherche mécanique : on l’a bie
917 ianisme — comme le répètent tant de publicistes — qui est responsable de la catastrophe. L’esprit catastrophique de l’Occid
918 manichéen. C’est ce qu’ignorent communément ceux qui assimilent le christianisme et l’Occident, comme si tout l’Occident é
919 ’où jaillirent nos plus belles créations. Mais ce qui produit la vie produit aussi la mort. Il suffit qu’un accent se dépla
920 connaissons Dieu », dit Spinoza. Cette attitude, qui définit mon Occident, définit en même temps les conditions profondes
921 aissance définit l’homme : un microcosme. Tout ce qui détruit cette volonté centrale, ou en dévie, compromet la fidélité, e
922 culture par les passions nationalistes : tout ce qui tend à ruiner la personne. Mais ce sont là des phénomènes complexes e
923 e sont là des phénomènes complexes et collectifs, qui échappent en partie aux vues individuelles. Le « signe » de la crise
924 ntation de la passion que ce souci des lendemains qui obsède aujourd’hui tant de fronts ? Notre vie ne se joue pas dans l’a
925 porel, mais dans les décisions toujours actuelles qui fondent notre fidélité. Quoi qu’il arrive, heur ou malheur, le sort d
926 les introduisent à une problématique nouvelle, et qui n’est pas toujours aussi simpliste que le dilemme passion-fidélité pe
927 e. De fait, cela n’est pas possible. Le philistin qui « condamne » de la sorte et à priori toute passion, c’est qu’il n’en
928 ont suffisamment connues. On sait que l’événement qui devint pour Kierkegaard le point de départ de toute sa réflexion, fut
929 ret » essentiellement impartageable et indicible, qui s’opposait aux yeux de Kierkegaard à un mariage heureux selon le mond
930 et pécheur ne saurait entretenir avec son Dieu, —  qui est l’Éternel et le Saint— que des relations d’amour mortellement mal
931 el et son salut que par cette action d’obéissance qui est la vie de fidélité. Vivre alors « comme tout le monde », mais « e
932 de », c’est une scandaleuse tricherie aux yeux de qui ne croit pas à l’absurde ; mais c’est plus qu’une synthèse, et infini
933 ent plus et autre chose qu’une « solution », pour qui croit que Dieu est fidèle, et que l’amour ne trompe jamais l’aimé. Ce
934 e veuille, elle est une avec lui dans la dualité, qui n’est plus qu’un dialogue de grâce et d’obéissance. Et le désir de la
935 ère, de sa personne à tout jamais distincte, mais qui offre une alliance sans fin, initiant un dialogue vrai. Alors l’angoi
936 st plus le même. Une fidélité gardée au nom de ce qui ne change pas comme nous, révèle peu à peu son mystère : c’est qu’au-
937 ragédie, il y a de nouveau le bonheur. Un bonheur qui ressemble à l’ancien, mais qui n’appartient plus à la forme du monde,
938 onheur. Un bonheur qui ressemble à l’ancien, mais qui n’appartient plus à la forme du monde, car c’est lui qui transforme l
939 ppartient plus à la forme du monde, car c’est lui qui transforme le monde. 93. Je m’en tiens au « cas-limite » de Trista
940 te » de Tristan ; j’ai connu des amants chrétiens qui eussent considéré cette phrase comme une cynique méconnaissance de le
941 e selon la fameuse définition kantienne, c’est ce qui ne peut être utilisé par l’homme comme une chose, comme un instrument
942 l s’agit ici, simplement, d’un fait d’observation qui réfute les croyances courantes, nées du mythe de Tristan et de son né
943 « raison » est tout à fait inefficace aux yeux de qui préfère le mythe, et veut croire aux révélations de la passion. 101.
944 ivrance. Ce n’est pas la mort, la désincarnation, qui est le salut, mais l’acte de la grâce, accompli par Dieu seul. 106.
43 1938, Esprit, articles (1932–1962). Suite à « La passion contre le mariage » (décembre 1938)
945 ire le nom de Lawrence parmi les premiers de ceux qui se sont attaqués à la fausse passion) et la réponse de Rougemont. La
946 tiques. Pour l’objet de mon essai (voir la phrase qui porte le renvoi en note) c’était le seul point à marquer. Il me sembl
947 comme je le pensais : ce n’est point le sacrement qui « fait question », selon M. Lavaud, mais bien son fondement biblique.
948 je ne « prétends pas classer Lawrence parmi ceux qui ont méconnu » le problème que j’aborde. Mais le chapitre qui paraît a
949 onnu » le problème que j’aborde. Mais le chapitre qui paraît aujourd’hui précise assez ma position : on a pu voir les motif
44 1939, Esprit, articles (1932–1962). D’une critique stérile (mai 1939)
950 1930 à 1932, avec une pertinence et une violence qui alors n’étaient pas sans mérites. Ils ont prédit l’évolution actuelle
951 trop peu novatrices, la naissance d’une dictature qui s’affirmerait malgré elle, non par volonté mais par crainte, pour ass
952 t le désir de « sortir du plan des vieux partis » qui rassemble ordinairement les premiers éléments d’un groupe local. 2. C
953 impuissance à « sortir du plan des vieux partis » qui paralyse l’action de ce groupe, après quelques séances d’études et de
954 pose la colonisation du socialisme ou de la CGT — qui pratiquement vaut un parti — par les groupes ou par des « isolés ». 7
955 entiel : la création de moyens d’action neufs, et qui seraient efficaces justement parce qu’ils ne seraient pas à l’échelle
956 omme, et non pas au niveau de l’opinion. 10. Ceux qui doutent de son efficace sont victimes de l’optique des partis. 11. Ce
957 e sont victimes de l’optique des partis. 11. Ceux qui demandent des directives au centre sont victimes de l’optique des par
958 mes de l’optique des partis. 12. Et de même, ceux qui attendent pour agir que nous soyons « suffisamment nombreux ». 13. Po
959 a fuite devant la véritable puissance de l’homme, qui est sa responsabilité personnelle. 16. Les partis sont mauvais non po
960 ndant « tout » régler selon son idéologie. Partis qui veulent se faire aussi grands que le tout. 21. L’injustice, c’est la
961 est tout ce qu’il y a de réel. 27. Une seule main qui travaille fait plus que cent-mille mains qui se lèvent. 28. La critiq
962 main qui travaille fait plus que cent-mille mains qui se lèvent. 28. La critique des partis n’est stérile que dans la mesur
45 1939, Esprit, articles (1932–1962). Autour de L’Amour et l’Occident (septembre 1939)
963 de m’y soustraire que les chapitres de mon livre qui furent publiés ici même sont, avec ceux ou plutôt celui que vous crit
964 ate que vous parlez de l’histoire comme quelqu’un qui y croit encore, et qui escompte que le lecteur y croit. Or moi je n’y
965 l’histoire comme quelqu’un qui y croit encore, et qui escompte que le lecteur y croit. Or moi je n’y crois pas du tout. Je
966 renseignements fixes et une capacité fabulatrice qui leur donne un sens et un nom, comme « victoire » et « bataille de la
967 itre : si par exemple on appelle pape un Léon III qui fut empereur. Je ne songe pas à défendre l’inexactitude ni les erreur
968 ct » non plus d’appliquer les mêmes critères à ce qui ne relève pas du même ordre. C’est à savoir : le sens d’une interprét
969 est l’erreur commune, bien moins des historiens — qui ne peuvent plus se faire d’illusions — que du public qui croit aux ma
970 peuvent plus se faire d’illusions — que du public qui croit aux manuels. Je ne dis pas cela contre vous. Je le dis pour sit
971 au nom desquelles nous portons nos jugements, et qui ne sont autres que les dogmes. — Ça existe, l’amour courtois !… dites
972 e, ne pouvait être que littérature (la plus belle qui soit, nous le savons à Neuchâtel comme à Marseille). C’est à cela, c’
973 attaque. « Je ne puis, moi, renoncer à rien de ce qui a été humain », dites-vous. « Il me faut à tout prix que je puisse l’
974 née, je considère que le chrétien, c’est un homme qui choisit sans retour, et qui décide de renoncer, comme malgré lui, à c
975 étien, c’est un homme qui choisit sans retour, et qui décide de renoncer, comme malgré lui, à ce qu’il y a de corrompu, de
976 lutôt, dans tout ce que l’on appelle l’Humain, et qui ne l’est plus depuis la Chute d’Adam. Oui certes, rien d’humain ne pe
977 telle qu’elle est, mais vers le moi rêvé de celui qui s’exalte. C’est une espèce de narcissisme. Le seul amour qui tende ve
978 e. C’est une espèce de narcissisme. Le seul amour qui tende vers Dieu et qui l’atteigne à travers la vraie créature, c’est
979 narcissisme. Le seul amour qui tende vers Dieu et qui l’atteigne à travers la vraie créature, c’est l’amour qui est venu de
980 teigne à travers la vraie créature, c’est l’amour qui est venu de Dieu, rendu aux hommes par le Christ, cette Agapè qui seu
981 Dieu, rendu aux hommes par le Christ, cette Agapè qui seule sauvera l’Éros et qui, loin de le sublimer, lui redonnera sa ju
982 e Christ, cette Agapè qui seule sauvera l’Éros et qui , loin de le sublimer, lui redonnera sa juste place dans l’humain. Ma
983 la nécessité de distinguer l’élément décisif, ce qui sauve. Vous me reprocherez de sacrifier la richesse émouvante du réel
984 bition scolastico-mirandolesque d’assumer tout ce qui existe en un corpus de conceptions réputées « adéquates », ne fasse p
985  Tristesse de l’historien ». (Mounier et Niklaus, qui sortent de chez moi, peuvent témoigner de l’authenticité de cette chr
986 Une note précise avant la lettre : « Le dialogue qui s’est poursuivi entre Rougemont et Davenson, après la note de ce dern
46 1946, Esprit, articles (1932–1962). « Un divorce entre le christianisme et le monde ? » (août-septembre 1946)
987 elques emprunts au christianisme. L’état d’Esprit qui fait enquête n’est pas celui d’une conquête. Attention. bd. Rougem
47 1946, Esprit, articles (1932–1962). Épilogue (novembre 1946)
988 plus ou moins littéraires, un torrent de clichés qui n’ont aucun rapport avec la question, et des affirmations grandiloque
989 ance est de nous en remettre à une agence d’État, qui généralement fait le travail à la satisfaction du plus grand nombre,
990 nt l’une après l’autre, sans trop d’histoires. Ce qui veut dire que pendant quatre ans, l’Amérique a « nationalisé » (ou pl
991 r des raisons bien évidentes, connues de tous, et qui ne relevaient point de la lutte des partis. C’est pourquoi les partis
992 union sacrée, et délèguent tout pouvoir à l’État, qui est en l’espèce un nouveau chef de gouvernement. Ce dernier pris au d
993 eau venu, encore tout étourdi de sa puissance, et qui ne sait pas où l’on cache les dossiers, doit juger plus sagement en 2
994 u rigueur, un certain équilibre élégant et hardi, qui nous en imposent encore… Nous faisons à la France un crédit démesuré,
995 oit le Monde — Quels sont, se dit-il, les pays qui marchent le mieux en Europe ? Les États scandinaves, la Suisse, la Ho
996 sont des démocraties en majorité socialistes, ce qui peut inquiéter, mais aussi en majorité protestantes, ce qui doit rass
997 nquiéter, mais aussi en majorité protestantes, ce qui doit rassurer. Ils ont donné nos meilleurs immigrants, ceux qui ont f
998 rer. Ils ont donné nos meilleurs immigrants, ceux qui ont fondé nos vieilles familles. Quels sont les pays qui marchent mal
999 fondé nos vieilles familles. Quels sont les pays qui marchent mal et qui nous créent le plus d’ennuis ? L’Espagne et le Po
1000 familles. Quels sont les pays qui marchent mal et qui nous créent le plus d’ennuis ? L’Espagne et le Portugal, parce que ce
1001 urope centrale et les Balkans, livrés aux Russes, qui les mettent au pillage, ce qui est peu rationnel : ils feraient mieux
1002 livrés aux Russes, qui les mettent au pillage, ce qui est peu rationnel : ils feraient mieux de les équiper, puisque ce son
1003 iplomatie secrète du monde : c’est sans doute lui qui sait le mieux comment traiter ces États turbulents, susceptibles et t
1004 u Sud, il y a les Russes, il y a l’Asie, voilà ce qui compte pour le commerce et pour l’avenir de la paix. Vous avez bien e
1005 ouvrir à l’amitié de ce grand peuple des plaines, qui se met à vous ressembler si curieusement. Nous n’avons guère plus que
1006 beuveries. On dit que c’est la question de l’Asie qui nous sépare. Car en réalité, nous touchons à l’Asie. Nous sommes une
1007 nombre en tire le plus de profit. Comme tous ceux qui décrivent une nation étrangère, j’ai péché par stylisation. Ajouter d
1008 eau n’arrangerait pas grand-chose à cet égard. Ce qui échappe par définition à toute formule ou forme d’expression, c’est l
1009 ique, c’est le respect des complexités organiques qui peut seul ménager des libertés réelles. Le sens de l’échec, de sa né
1010 xte que cela « fait bien », construire une banque qui a l’air d’une église, et une église qui a l’air gothique quand plus r
1011 ne banque qui a l’air d’une église, et une église qui a l’air gothique quand plus rien ne l’est en nous ni autour d’elle. U
1012 , aux faits bruts, c’est une timidité de l’esprit qui recule devant son acte propre : donner un sens, voir au-delà, relier
1013 qu’ils rêvent. J’ajouterai qu’ils détestent celui qui vient les réveiller. Ils le tiennent pour pervers et masochiste. Et i
1014 polis, luisants, emballés dans de la cellophane, qui n’offrent plus d’aspérités et ne posent plus aucune question ; de méc
1015 et ne posent plus aucune question ; de mécanismes qui répondent à leur place ; et de musiques qui empêchent d’entendre le s
1016 ismes qui répondent à leur place ; et de musiques qui empêchent d’entendre le silence. Ils s’imaginent qu’un certain nombre
1017 nsciemment. Ce sont là des secousses extérieures. Qui sait si une loi de l’esprit ne les rend pas d’autant plus fortes et f
1018 a conscience sont plus méthodiquement refoulées ? Qui sait quels malheurs historiques un réveil spirituel de l’Amérique ne
1019 ont trop dures pour l’Amérique les quelques pages qui précèdent. L’Amérique a les reins solides. Elle a, sur tout autre pay
1020 t de s’améliorer. J’y vois la marque de sa force. Qui n’a pas lu les éreintements de l’esprit américain auxquels se livrent
1021 cents, à trouver drôles plutôt que ridicules ceux qui ont d’autres allures que nous. Apprenons d’eux la valeur créatrice d’
1022 x le souci d’être dignes non seulement d’un passé qui nous a faits, mais surtout d’un avenir qu’il dépend de nous de faire.
1023 éricain ». bh. Il s’agit de Vivre en Amérique , qui paraîtra chez Stock en 1947.
48 1948, Esprit, articles (1932–1962). Thèses du fédéralisme (novembre 1948)
1024 ence » de l’humain, oui, l’âme d’une civilisation qui serait perdue, perdue pour tous et non seulement pour nous ! Ce n’est
1025 e progrès collectiviste ou de progrès capitaliste qui ont quitté notre continent, mais, à leur suite, les espoirs et les rê
1026 édération sera l’œuvre de groupes et de personnes qui prendront l’initiative de se fédérer en dehors des gouvernements nati
1027 ationaux. Et ce sont ces groupes et ces personnes qui formeront le gouvernement de l’Europe. Il n’y a pas d’autre voie poss
1028 ition chaque jour moins convaincante d’une gauche qui défend la contrainte et d’une droite qui revendique les libertés : le
1029 e gauche qui défend la contrainte et d’une droite qui revendique les libertés : le but, l’essence de la pensée fédéraliste
1030 conomiques) dans un corps, non dans un carcan. Ce qui est la politique par excellence, n’en déplaise aux sectaires de tous
49 1962, Esprit, articles (1932–1962). Lettre à Jean-Marie Domenach, à propos de « Sartre et l’Europe » (mai 1962)
1031 « le sens d’une responsabilité européenne », sens qui me fait évidemment défaut s’il est vrai qu’il se définit par « la con
1032 es pratiques pour le tiers-monde et pour l’Europe qui doit l’aider… Ce que nous devons offrir au monde et à nos fils, ce n’
1033 iste — par le moyen d’une grande fédération. Ceux qui perdront la face aux yeux de l’histoire, ce seront ceux qui auront di
1034 nt la face aux yeux de l’histoire, ce seront ceux qui auront dit que l’Europe était finie, quand il s’agissait de la faire.
1035 de Rougemont ne sente pas ce scandale de l’Europe qui inspirait la fureur de Sartre. Je suis heureux que Rougemont souligne
1036 e suis heureux que Rougemont souligne lui-même ce qui était, effectivement, un aspect de son article. Pour le reste, il se