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mort en plein combat dans l’invisible spirituel,
à
la veille d’un discours qui devait être un acte, nous laisse tous en
2
ans doute comme moi dans les salles d’actualités,
à
considérer le public quand passe le film des funérailles romaines. Qu
3
solés, méfiants, posés les uns auprès des autres,
à
nous demander pourquoi nous sommes ensemble. Il s’est formé, dans la
4
sentiment encore diffus de vide social, analogue
à
celui qui dut marquer la décadence de l’Empire romain. Mais de ce vid
5
main. Mais de ce vide naît un appel. Et cet appel
à
une communauté nouvelle, à une « mystique » comme on le répète un peu
6
un appel. Et cet appel à une communauté nouvelle,
à
une « mystique » comme on le répète un peu partout, plus simplement :
7
me on le répète un peu partout, plus simplement :
à
des raisons de se regrouper, c’est l’affleurement d’un inconscient dé
8
, privées de culture spirituelle, athéisées jusqu’
à
un point que les chrétiens, souvent, n’imaginent guère, se trouvent d
9
sentiment d’une fraternité charnelle, d’un coude
à
coude pathétique. Ce n’est pas là une hypothèse : il suffit de traver
10
en que des masses qui se ressentent comme telles,
à
la faveur d’un déploiement théâtral et géométrique, autour d’un chef
11
re moins un conflit politique qu’il faut chercher
à
l’origine réelle des persécutions hitlériennes contre les Églises du
12
celui du Dieu vivant. L’ère des religions s’ouvre
à
nous, chargée de promesses, mais aussi de menaces. Ère nouvelle pour
13
lle pour les chrétiens qui pensaient n’avoir plus
à
redouter que l’incroyance et l’inertie. Peut-être vont-ils découvrir
14
défie mieux que le sceptique et les ramène mieux
à
leur vraie force. Car il ne suffit plus d’entretenir un vague sentime
15
gieux, vestige d’un passé touchant, pour répondre
à
une religion dans sa jeunesse virulente et affamée. Il faut se réduir
16
affamée. Il faut se réduire aux vérités solides.
À
celles qui nourrissent l’espérance, et non la peur ou la haine du voi
17
adversaire au problème qu’il tentait de résoudre,
à
ce problème du vide social, communautaire, qui dès maintenant se pose
18
social, communautaire, qui dès maintenant se pose
à
nous aussi. Car si d’autres y ont mal répondu — les communistes et le
19
ais paradis seront toujours perdus : ils naissent
à
l’heure où on les perd. Souvenirs de Salzbourg et de Prague, Mozart e
20
ague, Mozart et Rilke, et la Vienne de Schubert —
à
l’heure où sombrent des nations sous l’uniforme barbarie — je les voi
21
ns nous accablent, soit qu’un sursaut nous dresse
à
résister, il faudra changer de rythme et rectifier la tenue, bander t
22
t d’un défi grossier. La liberté ne peut survivre
à
de tels chocs. Car elle est vraiment comme un rêve, un rêve heureux o
23
Des lois adroites et humaines ne suffiront jamais
à
l’assurer : il y faut ce climat sentimental, cette espèce de naturel
24
en question, et qu’il nous force au « réalisme »
à
sa manière, le charme est détruit dans nos vies. Nous sommes pareils
25
me est détruit dans nos vies. Nous sommes pareils
à
celui qui s’éveille et goûte encore quelques instants les délices d’u
26
étonnerait souvent celui-là même qui parviendrait
à
la donner. Tant il est vrai que bien peu d’entre nous connaissent leu
27
ations pour leurs lectrices avides de « bonheur »
à
la recette. Quoi qu’il en soit, deux choses me frappent dans cette en
28
e ou d’une foi, nous nous sommes soumis naïvement
à
d’innombrables influences incontrôlées, donc tyranniques, et au surpl
29
ipline, nous avons vingt tyrans qui nous poussent
à
hue et à dia. Au lieu d’un directeur qui nous parle à mi-voix, ces ap
30
ous avons vingt tyrans qui nous poussent à hue et
à
dia. Au lieu d’un directeur qui nous parle à mi-voix, ces appels path
31
e et à dia. Au lieu d’un directeur qui nous parle
à
mi-voix, ces appels pathétiques à la radio. Le monde moderne retentit
32
qui nous parle à mi-voix, ces appels pathétiques
à
la radio. Le monde moderne retentit d’En avant ! qui ne savent pas où
33
vont. Et toutes ces « directions » désorientées,
à
courte vue, se neutralisent en velléités, petites oscillations nerveu
34
ndant une direction de marche. Mais ce n’est plus
à
nos consciences qu’ils s’adressent, à nos petites consciences anarchi
35
n’est plus à nos consciences qu’ils s’adressent,
à
nos petites consciences anarchiques pour lesquelles ils n’ont que mép
36
a seule direction réelle, elle est dans la marche
à
l’Étoile, dans la marche unanime vers un point qui se trouve au-delà
37
lemagne. Il fut longtemps l’un des plus malaisés,
à
cause du pathos jacobin dont les Allemands avaient souffert pendant l
38
re. Cette « liberté » qu’apportaient les Français
à
la pointe de leurs baïonnettes ne correspondait pas à des notions bie
39
pointe de leurs baïonnettes ne correspondait pas
à
des notions bien claires dans le cerveau d’un paysan prussien. D’où l
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l’homme… Et puis l’on fut contraint de se rendre
à
l’évidence ; décidément, cela ne prenait pas, cela n’entrait pas dans
41
un de ses termes. Exemples : le droit des peuples
à
disposer d’eux-mêmes signifie, dans le langage totalitaire ; le droit
42
totalitaire ; le droit des peuples les plus forts
à
disposer de leurs voisins les plus faibles ; consolider la paix signi
43
; consolider la paix signifiera : envahir un pays
à
dix contre un sans avoir à tirer un obus. La presse italienne, dans s
44
iera : envahir un pays à dix contre un sans avoir
à
tirer un obus. La presse italienne, dans son ardeur de néophyte, vend
45
eur de néophyte, vend la mèche lorsqu’elle oppose
à
la violence et au bellicisme de Roosevelt le sens du droit et le paci
46
donc pas plus malin que cela ? Il suffit de poser
à
la clé : noir égale blanc, et ainsi de suite. Enfin l’on va pouvoir s
47
Ici encore, il suffit de changer le signe. Quant
à
l’espace vital des dictatures, on n’aura pas été sans remarquer que s
48
même » et de « consolider la paix »… Bornons-nous
à
remarquer qu’aux yeux des peuples revendiqués par le Reich dans ces t
49
oît d’une anxiété de jour en jour plus justifiée,
à
cause des crises sociales et politiques. Et pourtant nous vivons ! Et
50
ouer. Après tout, nous ne sommes pas les premiers
à
croire que notre époque est l’époque même de la Crise. S’il est juste
51
t, en question, n’oublions pas que toute réalité,
à
toute époque de l’histoire des hommes, est, apparue comme une réalité
52
s, est, apparue comme une réalité sans précédent,
à
ceux du moins qui osaient la vivre avec lucidité. L’Europe a connu de
53
des guerres modernes, cette technique de la mort
à
grande distance, les moyens de propagande et de pression morale tels
54
e avec acharnement. Du moins voudrait-on rappeler
à
tous ces fronts disparaissant derrière les titres des journaux du soi
55
pèse sur nous pourrait et devrait être le remède
à
cette paix-là. Tout dépend de l’usage que l’on en fait. Le même poiso
56
une profonde ambiguïté se manifeste. Tout invite
à
désespérer ? Mais l’espoir est toujours « malgré tout », et c’est alo
57
l ont-elles payé l’illusion du Progrès ? Je songe
à
la colombe de Kantf qui croyait voler mieux dans le vide… L’homme n’e
58
de leurs plaisirs, mais le sens qu’ils découvrent
à
l’existence, à la faveur de ces vicissitudes acceptées. Acceptons no
59
rs, mais le sens qu’ils découvrent à l’existence,
à
la faveur de ces vicissitudes acceptées. Acceptons notre chance de v
60
nd pas de nos misères. J’y songeais l’autre soir,
à
Orléans, en entendant la Jeanne d’Arc au bûcher de Paul Claudel et Ar
61
, ayant sauvé l’honneur pour ainsi dire, et donné
à
tout son discours un cachet d’objectivité — « Je n’en fais pas une qu
62
part, quelques très bons amis allemands réfugiés
à
New York depuis la guerre ou depuis 1933. Nous n’en sortirons donc ja
63
ais par ce biais-là. Abandonnons toute prétention
à
l’objectivité stellaire, comme tous aménagements personnels. Prenons
64
it cent personnes, au hasard de la rue, et se met
à
les interroger. « Êtes-vous nazis ? » Tous jurent que non. L’officier
65
le du groupe allemand — vite désigné — interrompt
à
ce point l’Américain : « Ce que vous dites là, crie-t-il, ce ne sont
66
crie-t-il, ce ne sont que des mensonges propagés
à
l’étranger par les Juifs, les ploutocrates américains, les démocrates
67
’y réfère encore ; sincère, celui qui se conforme
à
la nouvelle vérité germanique, car le droit, leur a-t-on enseigné, c’
68
attu, celui qui touche des deux épaules et se met
à
faire le bon apôtre. Nazi, celui qui accuse dans la même phrase « les
69
re et tout son équipement d’appareils électriques
à
chauffer, à glacer, à tempérer, en état de mobilisation permanente, d
70
on équipement d’appareils électriques à chauffer,
à
glacer, à tempérer, en état de mobilisation permanente, d’un bout à l
71
ent d’appareils électriques à chauffer, à glacer,
à
tempérer, en état de mobilisation permanente, d’un bout à l’autre de
72
er, en état de mobilisation permanente, d’un bout
à
l’autre de l’année. Une bonne partie de ses soucis, de ses inventions
73
soucis, de ses inventions, de ses dépenses, vont
à
neutraliser les sautes d’humeur d’un climat fantaisiste à l’extrême,
74
liser les sautes d’humeur d’un climat fantaisiste
à
l’extrême, souvent brutal. Comme chaque jour à New York, je pense à l
75
te à l’extrême, souvent brutal. Comme chaque jour
à
New York, je pense à la planète. Mais je ne puis penser aujourd’hui q
76
nt brutal. Comme chaque jour à New York, je pense
à
la planète. Mais je ne puis penser aujourd’hui qu’aux climats inhumai
77
jourd’hui qu’aux climats inhumains de la planète.
À
ces îles des tropiques où le litre de rhum qu’on boit par jour et par
78
éalité fade et flatteuse de tant de films tournés
à
Hollywood. Aux toundras, steppes, déserts, pampas, glaciers, et jungl
79
ir d’être humain, au lieu de le forcer sans trêve
à
défendre sa vie d’animal ? J’en vois un, c’est peut-être le seul. Là,
80
d’invasions de sauterelles ou de termites ; rien
à
craindre des tremblements de terre, des fleuves envahissants, des séc
81
métrie d’Euclide, ou le Français moyen, se révèle
à
l’analyse du xxe siècle comme autant de cas d’exception, dont il est
82
péré, avec son type d’humains normalement adaptés
à
une nature jugée normale, est une réussite hautement improbable. Mais
83
siècles, l’homme a pu y consacrer son ingéniosité
à
faire des arts, des armes et des lois, de la politique, des robes et
84
ture, plus quelques âmes de climat dur, de Pascal
à
Rimbaud, de Calvin à Saint-Just. Chance anormale : chance de créer, p
85
mes de climat dur, de Pascal à Rimbaud, de Calvin
à
Saint-Just. Chance anormale : chance de créer, pour l’ensemble du gen
86
artifices, ce climat qu’un Français moyen reçoit
à
son berceau, cadeau des fées, comme point de départ d’une vie vraimen
87
onflits vont cesser ; que les forts vont renoncer
à
se montrer forts, ou les faibles à s’agglutiner pour les abattre ; qu
88
vont renoncer à se montrer forts, ou les faibles
à
s’agglutiner pour les abattre ; que les classes vont se fondre, les f
89
ens. Mais je dis que les militaires n’ont plus qu’
à
se consacrer aux sports. Que la guerre n’est plus leur métier. Et que
90
parti : l’ère des militaires a pris fin le 6 août
à
Hiroshima. L’arithmétique élémentaire qui suffisait à combiner grosso
91
roshima. L’arithmétique élémentaire qui suffisait
à
combiner grosso modo des kilomètres, des bataillons, des trajectoires
92
tif des généraux, au bénéfice des « intellectuels
à
lunettes ». La bravoure, la prestance, la discipline aveugle, les gra
93
troupes même motorisées, ne pourront plus servir,
à
l’occasion, que pour le combat de rues, les petites guerres civiles e
94
ue.) On ne se guérit pas facilement de l’ablation
à
chaud d’une coutume ancestrale, du goût des uniformes, du jeu des sol
95
ores guerrières, intimement lié, depuis Lancelot,
à
la sexualité occidentale. Quelles fêtes, quels carnavals mondiaux rem
96
arlé abondamment ces derniers jours : les maisons
à
hélicoptères vont rétablir le nomadisme ; les grandes cités deviendro
97
Les maisons sont presque invisibles, dissimulées
à
l’ombrage des pins cascadant en désordre des hauteurs, jusqu’aux boul
98
attus dans le Pacifique. Les disputes politiques,
à
la table des T…, semblent passées depuis longtemps au rang de taquine
99
es gens » de Washington sont en train de détruire
à
coups de décrets socialisants, capitalistes et centralisateurs. Point
100
rk. L’hôtel se nomme le Sagamore. Un avis discret
à
l’entrée disait l’an dernier restricted, signifiant que les Juifs n’é
101
chose d’élémentaire : la possibilité de se mettre
à
l’abri des menaces naturelles et matérielles, d’une sauvagerie profon
102
urelles et matérielles, d’une sauvagerie profonde
à
portée de la main. D’où la méticuleuse propreté des maisons de bois b
103
Le savant et le général (8 novembre 1945)k
À
une heure de New York, à Princeton où je suis en train de m’installer
104
al (8 novembre 1945)k À une heure de New York,
à
Princeton où je suis en train de m’installer, tout respire une paix c
105
ques-uns des esprits qui auront le plus contribué
à
transformer la condition du siècle. Hier soir, au cinéma, un hello de
106
iciens qui a mis au point la bombe atomique. Tout
à
l’heure, devant ma fenêtre, un homme en sweater bleu et pantalon de f
107
vent, et son aspect met en fuite ma petite fille.
À
quoi pense-t-il ? De ce cerveau est sortie l’équation qui est en trai
108
it-il, deux savants, l’un en Allemagne et l’autre
à
Washington. Chacun pèse sur un bouton, et une terrifiante explosion s
109
nheimer, chef du service des recherches atomiques
à
Los Alamos, a été interrogé hier par un comité du Sénat. À la questio
110
mos, a été interrogé hier par un comité du Sénat.
À
la question : “Est-il vraisemblable qu’un seul raid atomique contre l
111
transporter l’infanterie et les chars nécessaires
à
la conquête d’une île ou des bases ennemies, il faudra plusieurs heur
112
s renforts et des munitions de leur pays, plus qu’
à
moitié détruit. Ils verront que la guerre n’a plus de sens humain. D’
113
que l’agresseur juge bien utile de venir disputer
à
ses victimes des ruines encore radioactives. De même, si la Russie es
114
culez les distances. Supputez le temps qu’il faut
à
un corps expéditionnaire pour les franchir, et les conditions dans le
115
our débarquer en Europe, et leur pays était resté
à
l’abri des bombardements. Même s’il leur faut seulement deux heures l
116
eux réglés. Si l’un des partis en présence disait
à
l’autre : — Messieurs les Anglais, tirez les premiers ! il n’y aurait
117
e voit doté du même coup d’une arme proportionnée
à
l’ampleur de sa tâche, qui est de faire la police des nations, et d’u
118
un seul peuple, tandis qu’elle devient effective
à
l’échelle planétaire, précisément. Voici donc le danger de faiblesse
119
s sont apparues simultanément. Elles se proposent
à
l’esprit avec tant de clarté qu’on est tenté d’y voir l’indication d’
120
as d’autre voie praticable, la raison nous pousse
à
la suivre, nous devons donc arriver très vite au but… Telles sont les
121
ses vieux litiges locaux, qu’il appelle intérêts,
à
ses vrais intérêts, qu’il appelle utopies. La grande tâche politique
122
on. Ensuite, il s’agit de combattre les obstacles
à
cette union. Ils sont dans l’étroitesse de nos esprits, non pas dans
123
ure du désespoir qui fond sur moi dès que je suis
à
Washington ? Je vous avouerai que je m’y réfugie dans les salons. L’E
124
es salons. L’Europe avait des salons littéraires.
À
Washington, ils sont tous politiques. Celui dont je sors, qui est l’u
125
part quand on veut. À peine sorti, je me suis mis
à
réfléchir, et m’étant égaré comme de coutume, j’ai eu le temps de tro
126
nduit-elle au suicide, alors qu’elle ne croit pas
à
la survie, tandis que la foi des anciens temps redoutait une fin qui
127
ins accablés de problèmes. Mais je ne cherche pas
à
m’en tirer par une réplique, même de bon sens, et j’ai quelques raiso
128
nt en mesure de les imaginer. Cela se discuterait
à
l’infini. Il n’est qu’une solution, qui est d’aller voir, et d’essaye
129
lème. Supposez que nous soyons libres de circuler
à
notre guise. Je répondrais sans hésiter : il ne s’agit ni de choisir
130
it est là : nous allons en dix heures de Lisbonne
à
New York au Pacifique. Un très long voyage aujourd’hui nous ramènerai
131
er et d’user de ses dons. Forçons les gouvernants
à
nous répondre : à quoi servent ces barrages de tampons ? Comment peut
132
s dons. Forçons les gouvernants à nous répondre :
à
quoi servent ces barrages de tampons ? Comment peut-on les justifier
133
, maintenant que Hitler est abattu, ne pensent qu’
à
se protéger contre un réveil allemand. Et des Suisses, dont le sens d
134
e sens démocratique a toujours violemment répugné
à
la lâcheté civique de l’Allemand autant qu’à la brutalité de ses chef
135
ugné à la lâcheté civique de l’Allemand autant qu’
à
la brutalité de ses chefs, se préoccupent, aujourd’hui, de le « guéri
136
la Ruhr, d’alliances préventives et de garanties
à
obtenir contre un réarmement secret du Reich. Les aspects politiques
137
endre, et maintenir en dépit des Anglais, de 1919
à
1938 ? N’est-on pas en train de bien poser, mais avec toute une guerr
138
: attention, c’est très grave, ils ne songent qu’
à
la guerre, toute leur pensée et tous leurs actes y tendent, et ils so
139
uvaient cela désagréable. Certains allèrent jusqu’
à
me reprocher de servir la cause ennemie en décrivant la puissance d’H
140
millions d’habitants. Aujourd’hui le colosse est
à
terre et deux super-colosses se sont levés, projetant leurs ombres dé
141
Europe. Et c’est cela que je crains qu’on oublie,
à
trop parler Ruhr, garanties, réarmement. Dans l’état où menace de la
142
aussi grave qu’au temps d’Hitler. C’est un enfer
à
notre porte. Et rien n’est aussi contagieux. Il s’agirait de l’exorci
143
attitude que je viens de décrire me paraît propre
à
maintenir le mal. Comment le guérir là-bas, et le prévenir ici ?
144
lture et de sa langue. Ce qu’on ne pardonnait pas
à
Hitler et à Goebbels, c’était de dénaturer le germanisme et de ravage
145
sa langue. Ce qu’on ne pardonnait pas à Hitler et
à
Goebbels, c’était de dénaturer le germanisme et de ravager l’espace v
146
e et si astucieusement prudente. On était presque
à
la merci de l’ennemi, mais on le connaissait par l’intérieur, et l’on
147
La pitié active Aujourd’hui, je découvre qu’
à
la haine a succédé chez les meilleurs et les mieux informés un élan d
148
ne pense pas un instant que la Suisse s’est mise
à
aimer les Allemands !) mais de pitié active, j’entends par là : de vo
149
angères, qu’il a perdu un tiers de son territoire
à
l’Est, qu’il n’a plus de quoi manger et qu’au surplus, loin qu’on le
150
faire vis-à-vis d’un tel peuple ? Il faut l’aider
à
redevenir humain. Il faut premièrement lui expliquer ce qui s’est pas
151
dans la communauté européenne. Tout cela revient
à
le mettre en mesure de reconnaître sa culpabilité, et de se guérir de
152
esponsables et sans espoir, candidats au suicide,
à
la stupidité, à l’illuminisme et au crime. Les Alliés sauront-ils cho
153
ans espoir, candidats au suicide, à la stupidité,
à
l’illuminisme et au crime. Les Alliés sauront-ils choisir entre une p
154
entre une politique de camisole de force, propre
à
créer des fous furieux, et une politique de cure sévère, propre à gué
155
furieux, et une politique de cure sévère, propre
à
guérir un peuple intoxiqué ? Je pressens que l’exercice de la seconde
156
thode n’aurait pas seulement pour effet de rendre
à
l’Europe une nation, mais aussi de prévenir chez les vainqueurs la co
157
flagration punitive ». Il ajoute qu’elles donnent
à
songer « à des choses vivantes et vermeilles, malignement réduites en
158
punitive ». Il ajoute qu’elles donnent à songer «
à
des choses vivantes et vermeilles, malignement réduites en cendres :
159
masses vitrifiées, dont un grand nombre s’élèvent
à
quelque distance du rivage parmi les blancs remous et les brisants, f
160
rongeant les moelles… Mais tout cela ne fait peur
à
personne. Le fait est que personne n’a protesté, et la première des e
161
, et la première des expériences est pour demain.
À
cette apathie plus qu’étrange de l’opinion et de ses organes, je dist
162
privé faisait savoir au monde qu’il va se livrer
à
des expériences de cet ordre, « dans un but » de connaissance pure, d
163
ôt ! Quel fracas de cris au fou ! au gaspillage !
à
l’existentialisme ou au surréalisme ! et pire encore : à l’hitléro-tr
164
stentialisme ou au surréalisme ! et pire encore :
à
l’hitléro-trotskisme, à l’anarcho-cléricalisme sournoisement soutenu
165
alisme ! et pire encore : à l’hitléro-trotskisme,
à
l’anarcho-cléricalisme sournoisement soutenu par Wall Street ! Mais n
166
murmures. Le sérieux le plus méthodique a présidé
à
la préparation d’une expérience dont l’utilité n’est point trop clair
167
ou ne hurle. Serait-ce qu’au fond de nous-mêmes,
à
l’insu de nous-mêmes, au tréfonds de notre inconscient, la guerre nou
168
jurons tous, sans exception, qu’il n’en est rien.
À
nous en croire, et nous sommes sincères, nous n’aimons vraiment que l
169
ion. C’était cependant un peu confus. Subitement,
à
la conférence de Moscou, quelqu’un propose une méthode, aussi simple
170
occuper l’attente, la presse soviétique se livre
à
d’habiles variations sur un thème prévu : « Entre la théorie de la dé
171
on américaine). Pendant que M. Molotov se prépare
à
donner sa propre définition de la démocratie, je me permettrai d’offr
172
selon le modèle anglo-saxon. Ce caractère suffit
à
distinguer d’un seul coup d’œil les régimes démocratiques des régimes
173
les cas où l’unanimité ne pourrait pas s’établir
à
l’ONU. Appelons donc démocratique un régime où l’opposition est libre
174
te totalitaire un régime où l’opposition équivaut
à
la trahison, et se paye tôt ou tard de la vie. Que si l’on estime tro
175
oppose au train du monde. « Ne vous conformez pas
à
ce siècle présent, mais soyez transformés », dit saint Paul. La liber
176
aul. La liberté de parole. Si elle ne consiste qu’
à
hurler avec les loups, à réciter les slogans officiels, elle est vide
177
. Si elle ne consiste qu’à hurler avec les loups,
à
réciter les slogans officiels, elle est vide. La libération de la mis
178
a libération de la crainte, enfin. Elle consiste,
à
mon sens, en premier lieu, dans la certitude que, si l’on diffère d’o
179
Maxime qui n’est pas aussi claire qu’il y paraît
à
première vue. M. Siegfried n’a pas collectionné des impressions. Il r
180
elle qu’elle est : prospère, mécanisée, démocrate
à
l’extrême (beaucoup plus en fait qu’en doctrine), jalouse de ses dive
181
t le sol est en partie stérile, mais qui parvient
à
exporter près du tiers de sa production, à n’importer que 20 % de sa
182
rvient à exporter près du tiers de sa production,
à
n’importer que 20 % de sa consommation en calories, vrai tour de forc
183
qu’elle sert les diversités au lieu de prétendre
à
les réduire. M. Siegfried est, je crois bien, le seul auteur non suis
184
ce est d’ailleurs égale aux périls qu’il affronte
à
chaque pas, écoutez-le : « Je me garderai bien de dire que certains c
185
us de bien-être et d’avantages sociaux. En somme,
à
cette « démocratie-témoin », André Siegfried n’adresse d’autre critiq
186
’est-il pas fou d’être aussi sage ? On en revient
à
la maxime du moraliste. Je voudrais en déduire des conclusions qu’And
187
re sage tout seul, mais non moins fou de renoncer
à
cette sagesse parce qu’on se voit seul à la professer. Voici donc le
188
renoncer à cette sagesse parce qu’on se voit seul
à
la professer. Voici donc le sage condamné à périr ou à faire école. E
189
seul à la professer. Voici donc le sage condamné
à
périr ou à faire école. En d’autres termes si l’Europe continue d’êtr
190
professer. Voici donc le sage condamné à périr ou
à
faire école. En d’autres termes si l’Europe continue d’être folle à l
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d’autres termes si l’Europe continue d’être folle
à
l’unanimité, la Suisse est perdue sans nul doute. Mais l’Europe aussi
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abstraite et géométrique, ce n’est pas un poncif
à
transporter. Mais il ne va pas sans principes, et ceux-ci m’apparaiss
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x-ci m’apparaissent susceptibles d’être appliqués
à
l’échelle de l’Europe, mutatis mutandis bien entendu : c’est précisém
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du xxe siècle est l’image agrandie de la Suisse
à
la veille de sa fédération. En plus tragique, bien sûr. L’urgence est
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urs arguments contre le fédéralisme en soi. Quant
à
ceux qui militent pour l’union de nos peuples, ils ne sauraient étudi
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la seconde, nous l’avons sous les yeux, consiste
à
s’emparer de la cause ouvrière, à se parer de sa justice et de son no
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yeux, consiste à s’emparer de la cause ouvrière,
à
se parer de sa justice et de son nom, pour l’écraser ensuite, une foi
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rovocateurs. Qui ne voit aujourd’hui quels furent
à
Berlin-Est ces « provocateurs étrangers » que dénonce rageusement Gro
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? Pouvaient-ils pratiquement n’être pas Russes ou
à
la solde de Moscou ? On demande aux ouvriers de les dénoncer. Mais il
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ure communiste est devenue manifeste. Il ne reste
à
ses partisans, dans nos démocraties, qu’à nier les faits. Il leur res
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e reste à ses partisans, dans nos démocraties, qu’
à
nier les faits. Il leur reste à nier ceci : devant la porte de Brande
202
s démocraties, qu’à nier les faits. Il leur reste
à
nier ceci : devant la porte de Brandebourg, le vieux chant populaire
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rsaut de l’Europe nouvelle, on vient de le sentir
à
Berlin, surgissant d’un peuple écrasé. Et ce n’est pas l’Europe des m