1 1939, Le Figaro, articles (1939–1953). L’ère des religions (22 février 1939)
1 L’ ère des religions (22 février 1939)a La nouvelle de la mort du pape
2 L’ère des religions (22 février 1939)a La nouvelle de la mort du pape a répandu bien au-delà des frontières du
3 e des religions (22 février 1939)a La nouvelle de la mort du pape a répandu bien au-delà des frontières du catholicisme
4 es religions (22 février 1939)a La nouvelle de la mort du pape a répandu bien au-delà des frontières du catholicisme un
5 ères du catholicisme une émotion dont chacun sent l’ arrière-pensée, l’arrière-angoisse. Cette mort en plein combat dans l’
6 me une émotion dont chacun sent l’arrière-pensée, l’ arrière-angoisse. Cette mort en plein combat dans l’invisible spiritue
7 arrière-angoisse. Cette mort en plein combat dans l’ invisible spirituel, à la veille d’un discours qui devait être un acte
8 ort en plein combat dans l’invisible spirituel, à la veille d’un discours qui devait être un acte, nous laisse tous en sus
9 in combat dans l’invisible spirituel, à la veille d’ un discours qui devait être un acte, nous laisse tous en suspens sur l
10 ait être un acte, nous laisse tous en suspens sur le mystère de notre époque : un mystère de nature religieuse. Vous l’épr
11 acte, nous laisse tous en suspens sur le mystère de notre époque : un mystère de nature religieuse. Vous l’éprouverez san
12 spens sur le mystère de notre époque : un mystère de nature religieuse. Vous l’éprouverez sans doute comme moi dans les sa
13 re époque : un mystère de nature religieuse. Vous l’ éprouverez sans doute comme moi dans les salles d’actualités, à consid
14 euse. Vous l’éprouverez sans doute comme moi dans les salles d’actualités, à considérer le public quand passe le film des f
15 l’éprouverez sans doute comme moi dans les salles d’ actualités, à considérer le public quand passe le film des funérailles
16 me moi dans les salles d’actualités, à considérer le public quand passe le film des funérailles romaines. Quelque chose vi
17 d’actualités, à considérer le public quand passe le film des funérailles romaines. Quelque chose vibre dans l’obscurité,
18 es funérailles romaines. Quelque chose vibre dans l’ obscurité, des régions endormies de la conscience humaine de nouveau s
19 ose vibre dans l’obscurité, des régions endormies de la conscience humaine de nouveau se sensibilisent… Possibilités ambig
20 vibre dans l’obscurité, des régions endormies de la conscience humaine de nouveau se sensibilisent… Possibilités ambiguës
21 faudrait pas trop vite se réjouir. Il se peut que les temps qui viennent voient s’éveiller dans l’âme des masses une grande
22 que les temps qui viennent voient s’éveiller dans l’ âme des masses une grande faim élémentaire trop longtemps refoulée et
23 faim élémentaire trop longtemps refoulée et niée. L’ histoire de l’après-guerre aux yeux de nos descendants sera peut-être
24 taire trop longtemps refoulée et niée. L’histoire de l’après-guerre aux yeux de nos descendants sera peut-être moins l’his
25 re trop longtemps refoulée et niée. L’histoire de l’ après-guerre aux yeux de nos descendants sera peut-être moins l’histoi
26 aux yeux de nos descendants sera peut-être moins l’ histoire des traités et de leur périlleux ajustement, que l’histoire d
27 ts sera peut-être moins l’histoire des traités et de leur périlleux ajustement, que l’histoire du réveil des religions au
28 des traités et de leur périlleux ajustement, que l’ histoire du réveil des religions au terme de l’ère rationaliste. Ce n’
29 , que l’histoire du réveil des religions au terme de l’ère rationaliste. Ce n’est pas le phénomène en soi, mais son ampleu
30 ue l’histoire du réveil des religions au terme de l’ ère rationaliste. Ce n’est pas le phénomène en soi, mais son ampleur,
31 ions au terme de l’ère rationaliste. Ce n’est pas le phénomène en soi, mais son ampleur, qui s’annonce sans précédent. Le
32 , mais son ampleur, qui s’annonce sans précédent. Le siècle des Lumières, puis le siècle individualiste, ont relâché et pa
33 once sans précédent. Le siècle des Lumières, puis le siècle individualiste, ont relâché et parfois même dissout les liens
34 dividualiste, ont relâché et parfois même dissout les liens « sacrés » du corps social. Le xixe siècle a vu la décadence d
35 ême dissout les liens « sacrés » du corps social. Le xixe siècle a vu la décadence des formes, conventions, cérémonies et
36 « sacrés » du corps social. Le xixe siècle a vu la décadence des formes, conventions, cérémonies et lieux communs qui ét
37 ventions, cérémonies et lieux communs qui étaient les signes extérieurs d’une communion tacite entre les hommes. Nous somme
38 t lieux communs qui étaient les signes extérieurs d’ une communion tacite entre les hommes. Nous sommes là, petits individu
39 es signes extérieurs d’une communion tacite entre les hommes. Nous sommes là, petits individus, impuissants, isolés, méfian
40 s individus, impuissants, isolés, méfiants, posés les uns auprès des autres, à nous demander pourquoi nous sommes ensemble.
41 urquoi nous sommes ensemble. Il s’est formé, dans la cité un sentiment encore diffus de vide social, analogue à celui qui
42 st formé, dans la cité un sentiment encore diffus de vide social, analogue à celui qui dut marquer la décadence de l’Empir
43 de vide social, analogue à celui qui dut marquer la décadence de l’Empire romain. Mais de ce vide naît un appel. Et cet a
44 al, analogue à celui qui dut marquer la décadence de l’Empire romain. Mais de ce vide naît un appel. Et cet appel à une co
45 analogue à celui qui dut marquer la décadence de l’ Empire romain. Mais de ce vide naît un appel. Et cet appel à une commu
46 dut marquer la décadence de l’Empire romain. Mais de ce vide naît un appel. Et cet appel à une communauté nouvelle, à une
47 communauté nouvelle, à une « mystique » comme on le répète un peu partout, plus simplement : à des raisons de se regroupe
48 e un peu partout, plus simplement : à des raisons de se regrouper, c’est l’affleurement d’un inconscient désir de « ce qui
49 simplement : à des raisons de se regrouper, c’est l’ affleurement d’un inconscient désir de « ce qui lie », d’une religion.
50 des raisons de se regrouper, c’est l’affleurement d’ un inconscient désir de « ce qui lie », d’une religion. De n’importe q
51 uper, c’est l’affleurement d’un inconscient désir de « ce qui lie », d’une religion. De n’importe quelle religion. Il est
52 urement d’un inconscient désir de « ce qui lie », d’ une religion. De n’importe quelle religion. Il est temps que le monde
53 onscient désir de « ce qui lie », d’une religion. De n’importe quelle religion. Il est temps que le monde chrétien prenne
54 n. De n’importe quelle religion. Il est temps que le monde chrétien prenne conscience à la fois de cette chance et des ris
55 que le monde chrétien prenne conscience à la fois de cette chance et des risques immenses qu’elle ouvre. Car on ne peut pl
56 es immenses qu’elle ouvre. Car on ne peut plus se le dissimuler : les masses modernes, privées de culture spirituelle, ath
57 lle ouvre. Car on ne peut plus se le dissimuler : les masses modernes, privées de culture spirituelle, athéisées jusqu’à un
58 s se le dissimuler : les masses modernes, privées de culture spirituelle, athéisées jusqu’à un point que les chrétiens, so
59 lture spirituelle, athéisées jusqu’à un point que les chrétiens, souvent, n’imaginent guère, se trouvent devant le fait rel
60 s, souvent, n’imaginent guère, se trouvent devant le fait religieux plus ignorantes, plus démunies et plus « barbares » qu
61 gnorantes, plus démunies et plus « barbares » que les peuplades polynésiennes avec leurs rites et leurs sorciers. Si la fai
62 ynésiennes avec leurs rites et leurs sorciers. Si la faim religieuse s’éveille dans ces masses, elles risquent aussi bien
63 veille dans ces masses, elles risquent aussi bien de se satisfaire par les moyens les plus grossiers, et par exemple par l
64 s, elles risquent aussi bien de se satisfaire par les moyens les plus grossiers, et par exemple par le seul sentiment d’une
65 squent aussi bien de se satisfaire par les moyens les plus grossiers, et par exemple par le seul sentiment d’une fraternité
66 les moyens les plus grossiers, et par exemple par le seul sentiment d’une fraternité charnelle, d’un coude à coude pathéti
67 s grossiers, et par exemple par le seul sentiment d’ une fraternité charnelle, d’un coude à coude pathétique. Ce n’est pas
68 par le seul sentiment d’une fraternité charnelle, d’ un coude à coude pathétique. Ce n’est pas là une hypothèse : il suffit
69 étique. Ce n’est pas là une hypothèse : il suffit de traverser le Rhin pour ressentir, jusqu’au frisson de l’horreur sacré
70 est pas là une hypothèse : il suffit de traverser le Rhin pour ressentir, jusqu’au frisson de l’horreur sacrée, la réalité
71 raverser le Rhin pour ressentir, jusqu’au frisson de l’horreur sacrée, la réalité monstrueuse d’une de ces religions larva
72 erser le Rhin pour ressentir, jusqu’au frisson de l’ horreur sacrée, la réalité monstrueuse d’une de ces religions larvaire
73 ressentir, jusqu’au frisson de l’horreur sacrée, la réalité monstrueuse d’une de ces religions larvaires. On demande souv
74 isson de l’horreur sacrée, la réalité monstrueuse d’ une de ces religions larvaires. On demande souvent quel est le contenu
75 de l’horreur sacrée, la réalité monstrueuse d’une de ces religions larvaires. On demande souvent quel est le contenu de la
76 religions larvaires. On demande souvent quel est le contenu de la « mystique » nationale-socialiste. L’effrayant, c’est q
77 larvaires. On demande souvent quel est le contenu de la « mystique » nationale-socialiste. L’effrayant, c’est qu’il n’y en
78 vaires. On demande souvent quel est le contenu de la « mystique » nationale-socialiste. L’effrayant, c’est qu’il n’y en a
79 contenu de la « mystique » nationale-socialiste. L’ effrayant, c’est qu’il n’y en a pas. Il n’y a rien que des masses qui
80 que des masses qui se ressentent comme telles, à la faveur d’un déploiement théâtral et géométrique, autour d’un chef qui
81 asses qui se ressentent comme telles, à la faveur d’ un déploiement théâtral et géométrique, autour d’un chef qui ne veut ê
82 d’un déploiement théâtral et géométrique, autour d’ un chef qui ne veut être que leur incarnation et leur symbole. Des mas
83 cherchent pourtant une doctrine. N’étant pas nées d’ une création spirituelle, d’une espérance ouvrant l’avenir, elles ne s
84 ine. N’étant pas nées d’une création spirituelle, d’ une espérance ouvrant l’avenir, elles ne savent justifier leur existen
85 une création spirituelle, d’une espérance ouvrant l’ avenir, elles ne savent justifier leur existence que par le fait qui r
86 elles ne savent justifier leur existence que par le fait qui rassemble les masses : l’origine commune, le passé. Le chris
87 fier leur existence que par le fait qui rassemble les masses : l’origine commune, le passé. Le christianisme fondait une so
88 stence que par le fait qui rassemble les masses : l’ origine commune, le passé. Le christianisme fondait une société ouvert
89 ait qui rassemble les masses : l’origine commune, le passé. Le christianisme fondait une société ouverte, liée par l’atten
90 ssemble les masses : l’origine commune, le passé. Le christianisme fondait une société ouverte, liée par l’attente unanime
91 ristianisme fondait une société ouverte, liée par l’ attente unanime d’un au-delà libérateur. « Les choses vieilles sont pa
92 t une société ouverte, liée par l’attente unanime d’ un au-delà libérateur. « Les choses vieilles sont passées », dit saint
93 par l’attente unanime d’un au-delà libérateur. «  Les choses vieilles sont passées », dit saint Paul, « il n’y a plus ni Ju
94 n’y a plus ni Juif ni Grec, et tu es mon frère en la cité nouvelle si tu partages mon espérance. Et tu es mon frère encore
95 es mon espérance. Et tu es mon frère encore si tu la refuses, parce que j’espère pour toi, mon ennemi… » Mais le national-
96 , parce que j’espère pour toi, mon ennemi… » Mais le national-socialisme se trouve avoir donné le type d’une communauté ré
97 Mais le national-socialisme se trouve avoir donné le type d’une communauté régressive, fondée sur les seules choses révolu
98 national-socialisme se trouve avoir donné le type d’ une communauté régressive, fondée sur les seules choses révolues, sur
99 é le type d’une communauté régressive, fondée sur les seules choses révolues, sur tout ce que l’on a derrière soi et qui ne
100 e sur les seules choses révolues, sur tout ce que l’ on a derrière soi et qui ne peut plus être changé : le sang, la race,
101 a derrière soi et qui ne peut plus être changé : le sang, la race, la tradition, les morts, tout ce qui impose un destin
102 re soi et qui ne peut plus être changé : le sang, la race, la tradition, les morts, tout ce qui impose un destin sans reco
103 qui ne peut plus être changé : le sang, la race, la tradition, les morts, tout ce qui impose un destin sans recours. Voi
104 lus être changé : le sang, la race, la tradition, les morts, tout ce qui impose un destin sans recours. Voilà pourquoi cet
105 olérante : on ne peut même pas s’y convertir ! Si l’ on n’a pas le même passé, l’on ne pourra jamais y entrer — si l’on n’e
106 ne peut même pas s’y convertir ! Si l’on n’a pas le même passé, l’on ne pourra jamais y entrer — si l’on n’est pas de san
107 as s’y convertir ! Si l’on n’a pas le même passé, l’ on ne pourra jamais y entrer — si l’on n’est pas de sang aryen, par ex
108 e même passé, l’on ne pourra jamais y entrer — si l’ on n’est pas de sang aryen, par exemple. Car cette religion n’admet pa
109 ’on ne pourra jamais y entrer — si l’on n’est pas de sang aryen, par exemple. Car cette religion n’admet pas que « les cho
110 par exemple. Car cette religion n’admet pas que «  les choses vieilles sont passées ». Elle n’admet pas cette nouvelle naiss
111 uelle il n’y a plus ni Juifs ni Grecs aux yeux de l’ esprit. Elle ne demande pas : que crois-tu ? qu’espères-tu ? mais elle
112 des morts, des cortèges funèbres, des cérémonies d’ imprécation, des sacrifices propitiatoires, le tam-tam des tambours lu
113 ies d’imprécation, des sacrifices propitiatoires, le tam-tam des tambours lugubres, d’hallucinants sabbats de nègres blanc
114 propitiatoires, le tam-tam des tambours lugubres, d’ hallucinants sabbats de nègres blancs ! Qui ne voit qu’une telle relig
115 tam des tambours lugubres, d’hallucinants sabbats de nègres blancs ! Qui ne voit qu’une telle religion hait mortellement l
116 i ne voit qu’une telle religion hait mortellement la foi chrétienne, tournée vers le pardon, le futur éternel, le rachat d
117 hait mortellement la foi chrétienne, tournée vers le pardon, le futur éternel, le rachat du péché d’origine ? Ce n’est pas
118 lement la foi chrétienne, tournée vers le pardon, le futur éternel, le rachat du péché d’origine ? Ce n’est pas un conflit
119 tienne, tournée vers le pardon, le futur éternel, le rachat du péché d’origine ? Ce n’est pas un conflit accidentel, c’est
120 s le pardon, le futur éternel, le rachat du péché d’ origine ? Ce n’est pas un conflit accidentel, c’est encore moins un co
121 moins un conflit politique qu’il faut chercher à l’ origine réelle des persécutions hitlériennes contre les Églises du Chr
122 igine réelle des persécutions hitlériennes contre les Églises du Christ. C’est une opposition de nature et d’essence, radic
123 ontre les Églises du Christ. C’est une opposition de nature et d’essence, radicale et insurmontable ; c’est l’affrontement
124 ises du Christ. C’est une opposition de nature et d’ essence, radicale et insurmontable ; c’est l’affrontement du destin so
125 e et d’essence, radicale et insurmontable ; c’est l’ affrontement du destin sombre et de la foi libératrice, des choses fat
126 ntable ; c’est l’affrontement du destin sombre et de la foi libératrice, des choses fatales et des « choses espérées », du
127 ble ; c’est l’affrontement du destin sombre et de la foi libératrice, des choses fatales et des « choses espérées », du cu
128 et des « choses espérées », du culte des morts et de celui du Dieu vivant. L’ère des religions s’ouvre à nous, chargée de
129 », du culte des morts et de celui du Dieu vivant. L’ ère des religions s’ouvre à nous, chargée de promesses, mais aussi de
130 vant. L’ère des religions s’ouvre à nous, chargée de promesses, mais aussi de menaces. Ère nouvelle pour les chrétiens qui
131 s’ouvre à nous, chargée de promesses, mais aussi de menaces. Ère nouvelle pour les chrétiens qui pensaient n’avoir plus à
132 omesses, mais aussi de menaces. Ère nouvelle pour les chrétiens qui pensaient n’avoir plus à redouter que l’incroyance et l
133 rétiens qui pensaient n’avoir plus à redouter que l’ incroyance et l’inertie. Peut-être vont-ils découvrir que l’adversaire
134 aient n’avoir plus à redouter que l’incroyance et l’ inertie. Peut-être vont-ils découvrir que l’adversaire fanatisé les dé
135 ce et l’inertie. Peut-être vont-ils découvrir que l’ adversaire fanatisé les défie mieux que le sceptique et les ramène mie
136 être vont-ils découvrir que l’adversaire fanatisé les défie mieux que le sceptique et les ramène mieux à leur vraie force.
137 rir que l’adversaire fanatisé les défie mieux que le sceptique et les ramène mieux à leur vraie force. Car il ne suffit pl
138 aire fanatisé les défie mieux que le sceptique et les ramène mieux à leur vraie force. Car il ne suffit plus d’entretenir u
139 e mieux à leur vraie force. Car il ne suffit plus d’ entretenir un vague sentiment religieux, vestige d’un passé touchant,
140 ’entretenir un vague sentiment religieux, vestige d’ un passé touchant, pour répondre à une religion dans sa jeunesse virul
141 ire aux vérités solides. À celles qui nourrissent l’ espérance, et non la peur ou la haine du voisin. Il faut surtout répon
142 des. À celles qui nourrissent l’espérance, et non la peur ou la haine du voisin. Il faut surtout répondre mieux que l’adve
143 es qui nourrissent l’espérance, et non la peur ou la haine du voisin. Il faut surtout répondre mieux que l’adversaire au p
144 ine du voisin. Il faut surtout répondre mieux que l’ adversaire au problème qu’il tentait de résoudre, à ce problème du vid
145 mieux que l’adversaire au problème qu’il tentait de résoudre, à ce problème du vide social, communautaire, qui dès mainte
146 à nous aussi. Car si d’autres y ont mal répondu — les communistes et les fascistes — nous ne pourrons pas nous en tirer, po
147 i d’autres y ont mal répondu — les communistes et les fascistes — nous ne pourrons pas nous en tirer, pour notre part, en c
148 ritiquant simplement leurs erreurs. Il est facile d’ avoir raison de loin ; plus difficile de découvrir une voie meilleure
149 ement leurs erreurs. Il est facile d’avoir raison de loin ; plus difficile de découvrir une voie meilleure où l’on soit pr
150 st facile d’avoir raison de loin ; plus difficile de découvrir une voie meilleure où l’on soit prêt à se risquer soi-même.
151 plus difficile de découvrir une voie meilleure où l’ on soit prêt à se risquer soi-même. a. Rougemont Denis de, « L’ère
152 prêt à se risquer soi-même. a. Rougemont Denis de , « L’ère des religions », Le Figaro, Paris, 22 février 1939, p. 1 et
153 se risquer soi-même. a. Rougemont Denis de, «  L’ ère des religions », Le Figaro, Paris, 22 février 1939, p. 1 et 3.
154 a. Rougemont Denis de, « L’ère des religions », Le Figaro, Paris, 22 février 1939, p. 1 et 3.
2 1939, Le Figaro, articles (1939–1953). Le bon vieux temps présent (20 mars 1939)
155 Le bon vieux temps présent (20 mars 1939)b « Le Führer a passé la nui
156 Le bon vieux temps présent (20 mars 1939)b «  Le Führer a passé la nuit au Hradschin. » Après Vienne, avec Prague, c’e
157 ps présent (20 mars 1939)b « Le Führer a passé la nuit au Hradschin. » Après Vienne, avec Prague, c’est une Europe qui
158 qui vient de mourir. Europe du sentiment, patrie de nostalgie de tous ceux qu’a touchés le romantisme — encore un paradis
159 mourir. Europe du sentiment, patrie de nostalgie de tous ceux qu’a touchés le romantisme — encore un paradis perdu ! Mais
160 nt, patrie de nostalgie de tous ceux qu’a touchés le romantisme — encore un paradis perdu ! Mais les vrais paradis seront
161 és le romantisme — encore un paradis perdu ! Mais les vrais paradis seront toujours perdus : ils naissent à l’heure où on l
162 s paradis seront toujours perdus : ils naissent à l’ heure où on les perd. Souvenirs de Salzbourg et de Prague, Mozart et R
163 nt toujours perdus : ils naissent à l’heure où on les perd. Souvenirs de Salzbourg et de Prague, Mozart et Rilke, et la Vie
164 ils naissent à l’heure où on les perd. Souvenirs de Salzbourg et de Prague, Mozart et Rilke, et la Vienne de Schubert — à
165 l’heure où on les perd. Souvenirs de Salzbourg et de Prague, Mozart et Rilke, et la Vienne de Schubert — à l’heure où somb
166 rs de Salzbourg et de Prague, Mozart et Rilke, et la Vienne de Schubert — à l’heure où sombrent des nations sous l’uniform
167 ue, Mozart et Rilke, et la Vienne de Schubert — à l’ heure où sombrent des nations sous l’uniforme barbarie — je les vois s
168 Schubert — à l’heure où sombrent des nations sous l’ uniforme barbarie — je les vois s’élever rayonnants dans la lueur éter
169 ombrent des nations sous l’uniforme barbarie — je les vois s’élever rayonnants dans la lueur éternisée d’un soir d’été, apr
170 e barbarie — je les vois s’élever rayonnants dans la lueur éternisée d’un soir d’été, après l’orage, avant la nuit, dans u
171 vois s’élever rayonnants dans la lueur éternisée d’ un soir d’été, après l’orage, avant la nuit, dans une gloire déchirant
172 ever rayonnants dans la lueur éternisée d’un soir d’ été, après l’orage, avant la nuit, dans une gloire déchirante et délic
173 ts dans la lueur éternisée d’un soir d’été, après l’ orage, avant la nuit, dans une gloire déchirante et délicieuse comme l
174 r éternisée d’un soir d’été, après l’orage, avant la nuit, dans une gloire déchirante et délicieuse comme les secondes voi
175 déchirante et délicieuse comme les secondes voix de Schumann. Un mythe nouveau prend son essor au sein même de la catastr
176 nn. Un mythe nouveau prend son essor au sein même de la catastrophe. Tout un âge, un climat de musiques, soudain se fixe e
177 Un mythe nouveau prend son essor au sein même de la catastrophe. Tout un âge, un climat de musiques, soudain se fixe en n
178 in même de la catastrophe. Tout un âge, un climat de musiques, soudain se fixe en nos mémoires, s’idéalise. Un « bon vieux
179 n « bon vieux temps » de plus, tout près de nous… Le bon vieux temps, pour nos ancêtres, c’était très loin dans le passé,
180 temps, pour nos ancêtres, c’était très loin dans le passé, dans la légende, si loin que nul, en vérité, ne l’avait vu. Ma
181 s ancêtres, c’était très loin dans le passé, dans la légende, si loin que nul, en vérité, ne l’avait vu. Mais déjà, pour b
182 , dans la légende, si loin que nul, en vérité, ne l’ avait vu. Mais déjà, pour beaucoup d’entre nous, ce fut simplement l’a
183 jà, pour beaucoup d’entre nous, ce fut simplement l’ avant-guerre, les souvenirs de notre enfance. Et voici que ce Temps Pe
184 p d’entre nous, ce fut simplement l’avant-guerre, les souvenirs de notre enfance. Et voici que ce Temps Perdu, tout d’un co
185 , ce fut simplement l’avant-guerre, les souvenirs de notre enfance. Et voici que ce Temps Perdu, tout d’un coup, est encor
186 notre enfance. Et voici que ce Temps Perdu, tout d’ un coup, est encore plus proche : c’est l’an passé, c’est avant-hier —
187 u, tout d’un coup, est encore plus proche : c’est l’ an passé, c’est avant-hier — peut-être même est-ce… aujourd’hui ? Mais
188 is oui, peut-être vivons-nous, ici, dans ce Paris de mars 1939, les derniers jours du bon vieux temps européen. Jours de s
189 tre vivons-nous, ici, dans ce Paris de mars 1939, les derniers jours du bon vieux temps européen. Jours de sursis d’une lib
190 derniers jours du bon vieux temps européen. Jours de sursis d’une liberté dont nous avions à peine conscience, parce qu’el
191 ours du bon vieux temps européen. Jours de sursis d’ une liberté dont nous avions à peine conscience, parce qu’elle était n
192 parce qu’elle était notre manière toute naturelle de respirer et de penser, d’aller et venir, et d’entretenir nos soucis,
193 tait notre manière toute naturelle de respirer et de penser, d’aller et venir, et d’entretenir nos soucis, nos plaisirs pe
194 manière toute naturelle de respirer et de penser, d’ aller et venir, et d’entretenir nos soucis, nos plaisirs personnels. C
195 le de respirer et de penser, d’aller et venir, et d’ entretenir nos soucis, nos plaisirs personnels. Combien de temps encor
196 enir nos soucis, nos plaisirs personnels. Combien de temps encore, combien de semaines pourrons-nous goûter ce répit, et s
197 sirs personnels. Combien de temps encore, combien de semaines pourrons-nous goûter ce répit, et sentir que nous prolongeon
198 ns une existence que nos fils appelleront douceur de vivre ? Déjà nous éprouvons que le monde a glissé dans une ère étrang
199 leront douceur de vivre ? Déjà nous éprouvons que le monde a glissé dans une ère étrange et brutale, où ces formes de vie,
200 sé dans une ère étrange et brutale, où ces formes de vie, qui sont encore les nôtres, ne peuvent plus apprivoiser le desti
201 nt encore les nôtres, ne peuvent plus apprivoiser le destin. Soit que les tyrans nous accablent, soit qu’un sursaut nous d
202 , ne peuvent plus apprivoiser le destin. Soit que les tyrans nous accablent, soit qu’un sursaut nous dresse à résister, il
203 sursaut nous dresse à résister, il faudra changer de rythme et rectifier la tenue, bander tous les ressorts, mobiliser les
204 ésister, il faudra changer de rythme et rectifier la tenue, bander tous les ressorts, mobiliser les cœurs… C’est le crime
205 nger de rythme et rectifier la tenue, bander tous les ressorts, mobiliser les cœurs… C’est le crime des dictatures : elles
206 ier la tenue, bander tous les ressorts, mobiliser les cœurs… C’est le crime des dictatures : elles ne tuent pas seulement l
207 der tous les ressorts, mobiliser les cœurs… C’est le crime des dictatures : elles ne tuent pas seulement la liberté dans l
208 ime des dictatures : elles ne tuent pas seulement la liberté dans les pays où elles sévissent, mais aussi bien chez les vo
209 es : elles ne tuent pas seulement la liberté dans les pays où elles sévissent, mais aussi bien chez les voisins qu’elles se
210 les pays où elles sévissent, mais aussi bien chez les voisins qu’elles secouent d’un défi grossier. La liberté ne peut surv
211 ais aussi bien chez les voisins qu’elles secouent d’ un défi grossier. La liberté ne peut survivre à de tels chocs. Car ell
212 les voisins qu’elles secouent d’un défi grossier. La liberté ne peut survivre à de tels chocs. Car elle est vraiment comme
213 d’un défi grossier. La liberté ne peut survivre à de tels chocs. Car elle est vraiment comme un rêve, un rêve heureux où l
214 le est vraiment comme un rêve, un rêve heureux où l’ on circule avec aisance, gardant seulement l’arrière-conscience d’un m
215 x où l’on circule avec aisance, gardant seulement l’ arrière-conscience d’un miracle. Elle est encore une œuvre d’art qui n
216 c aisance, gardant seulement l’arrière-conscience d’ un miracle. Elle est encore une œuvre d’art qui n’agit que par l’atmos
217 lle est encore une œuvre d’art qui n’agit que par l’ atmosphère, par le « charme » qu’elle fait régner. Des lois adroites e
218 œuvre d’art qui n’agit que par l’atmosphère, par le « charme » qu’elle fait régner. Des lois adroites et humaines ne suff
219 s lois adroites et humaines ne suffiront jamais à l’ assurer : il y faut ce climat sentimental, cette espèce de naturel qui
220 r : il y faut ce climat sentimental, cette espèce de naturel qui naît d’une entente tacite, d’une confiance, presque d’une
221 mat sentimental, cette espèce de naturel qui naît d’ une entente tacite, d’une confiance, presque d’une insouciance… C’est
222 espèce de naturel qui naît d’une entente tacite, d’ une confiance, presque d’une insouciance… C’est tout cela que vient de
223 ît d’une entente tacite, d’une confiance, presque d’ une insouciance… C’est tout cela que vient de mettre en question l’usu
224 … C’est tout cela que vient de mettre en question l’ usurpateur du Hradschin. Et dès lors qu’il l’a mis en question, et qu’
225 tion l’usurpateur du Hradschin. Et dès lors qu’il l’ a mis en question, et qu’il nous force au « réalisme » à sa manière, l
226 et qu’il nous force au « réalisme » à sa manière, le charme est détruit dans nos vies. Nous sommes pareils à celui qui s’é
227 i qui s’éveille et goûte encore quelques instants les délices d’un rêve inachevé. Mais il sait bien que c’est fini. Brève d
228 lle et goûte encore quelques instants les délices d’ un rêve inachevé. Mais il sait bien que c’est fini. Brève dispense, le
229 Mais il sait bien que c’est fini. Brève dispense, le temps d’un peu se souvenir… Il faut se lever. Il faut entrer résolume
230 ait bien que c’est fini. Brève dispense, le temps d’ un peu se souvenir… Il faut se lever. Il faut entrer résolument dans l
231 Il faut se lever. Il faut entrer résolument dans le grand jour du siècle mécanique, accepter pour un temps sa loi, en pré
232 réservant, s’il se peut, dans nos cœurs, ce droit d’ aimer, cette bonté humaine, plus « inutile » que jamais, dominatrice e
233 is, dominatrice et bafouée. b. Rougemont Denis de , « Le bon vieux temps présent », Le Figaro, Paris, 20 mars 1939, p. 1
234 minatrice et bafouée. b. Rougemont Denis de, «  Le bon vieux temps présent », Le Figaro, Paris, 20 mars 1939, p. 1.
235 ugemont Denis de, « Le bon vieux temps présent », Le Figaro, Paris, 20 mars 1939, p. 1.
3 1939, Le Figaro, articles (1939–1953). Directeurs d’inconscience (11 avril 1939)
236 Directeurs d’ inconscience (11 avril 1939)c Quels sont nos vrais directeurs de co
237 1 avril 1939)c Quels sont nos vrais directeurs de conscience, depuis que le monde s’est, en partie, détourné de la foi
238 nt nos vrais directeurs de conscience, depuis que le monde s’est, en partie, détourné de la foi chrétienne ? Cette questio
239 e, depuis que le monde s’est, en partie, détourné de la foi chrétienne ? Cette question, qu’une revue de jeunes vient de p
240 depuis que le monde s’est, en partie, détourné de la foi chrétienne ? Cette question, qu’une revue de jeunes vient de pose
241 la foi chrétienne ? Cette question, qu’une revue de jeunes vient de poser aux écrivains et aux sociologues, on voudrait q
242 x sociologues, on voudrait qu’elle atteigne aussi le grand public, que l’enquêteur attrape le premier venu par le revers d
243 drait qu’elle atteigne aussi le grand public, que l’ enquêteur attrape le premier venu par le revers de son veston pour lui
244 blic, que l’enquêteur attrape le premier venu par le revers de son veston pour lui demander sans préambule : « Et vous don
245 l’enquêteur attrape le premier venu par le revers de son veston pour lui demander sans préambule : « Et vous donc, en qui
246 préambule : « Et vous donc, en qui croyez-vous ? De qui suivez-vous les conseils ? » La réponse étonnerait souvent celui-
247 ous donc, en qui croyez-vous ? De qui suivez-vous les conseils ? » La réponse étonnerait souvent celui-là même qui parviend
248 croyez-vous ? De qui suivez-vous les conseils ? » La réponse étonnerait souvent celui-là même qui parviendrait à la donner
249 onnerait souvent celui-là même qui parviendrait à la donner. Tant il est vrai que bien peu d’entre nous connaissent leurs
250 urs maîtres véritables, ou s’en soucient. Meneurs de foules, savants, écrivains, journalistes, médecins : le questionnaire
251 les, savants, écrivains, journalistes, médecins : le questionnaire, pour fixer les idées, énumère ces catégories de nouvea
252 nalistes, médecins : le questionnaire, pour fixer les idées, énumère ces catégories de nouveaux directeurs de conscience. L
253 ire, pour fixer les idées, énumère ces catégories de nouveaux directeurs de conscience. Là-dessus, chacun fera ses petites
254 es, énumère ces catégories de nouveaux directeurs de conscience. Là-dessus, chacun fera ses petites observations, ajoutera
255 servations, ajoutera ou retranchera. C’est un jeu de société qui en vaut bien un autre. Je retranche pour ma part les jour
256 en vaut bien un autre. Je retranche pour ma part les journalistes : ils dirigent en partie l’opinion, mais non pas nos act
257 ma part les journalistes : ils dirigent en partie l’ opinion, mais non pas nos actions personnelles. Je réserve les cas des
258 mais non pas nos actions personnelles. Je réserve les cas des meneurs. Et j’ajoute aux grands romanciers les directrices de
259 as des meneurs. Et j’ajoute aux grands romanciers les directrices de magazines féminins, qui tiennent boutique de consultat
260 Et j’ajoute aux grands romanciers les directrices de magazines féminins, qui tiennent boutique de consultations pour leurs
261 ices de magazines féminins, qui tiennent boutique de consultations pour leurs lectrices avides de « bonheur » à la recette
262 ique de consultations pour leurs lectrices avides de « bonheur » à la recette. Quoi qu’il en soit, deux choses me frappent
263 ions pour leurs lectrices avides de « bonheur » à la recette. Quoi qu’il en soit, deux choses me frappent dans cette enquê
264 oit, deux choses me frappent dans cette enquête : le profond désarroi moral qu’elle avoue et, d’autre part, la multiplicit
265 nd désarroi moral qu’elle avoue et, d’autre part, la multiplicité, c’est-à-dire l’impuissance pratique des organes de « di
266 e et, d’autre part, la multiplicité, c’est-à-dire l’ impuissance pratique des organes de « direction » qui se disputent nos
267 , c’est-à-dire l’impuissance pratique des organes de « direction » qui se disputent nos consciences. Sous prétexte de nous
268 nt nos consciences. Sous prétexte de nous libérer de la tutelle d’une Église ou d’une foi, nous nous sommes soumis naïveme
269 nos consciences. Sous prétexte de nous libérer de la tutelle d’une Église ou d’une foi, nous nous sommes soumis naïvement
270 nces. Sous prétexte de nous libérer de la tutelle d’ une Église ou d’une foi, nous nous sommes soumis naïvement à d’innombr
271 xte de nous libérer de la tutelle d’une Église ou d’ une foi, nous nous sommes soumis naïvement à d’innombrables influences
272 ou d’une foi, nous nous sommes soumis naïvement à d’ innombrables influences incontrôlées, donc tyranniques, et au surplus
273 urplus contradictoires. Nous croyons aux recettes de la Science avec la plus touchante superstition. Nous emboîtons le pas
274 lus contradictoires. Nous croyons aux recettes de la Science avec la plus touchante superstition. Nous emboîtons le pas de
275 res. Nous croyons aux recettes de la Science avec la plus touchante superstition. Nous emboîtons le pas de la mode les yeu
276 ec la plus touchante superstition. Nous emboîtons le pas de la mode les yeux fermés. Mais quand la Science vous dit de por
277 lus touchante superstition. Nous emboîtons le pas de la mode les yeux fermés. Mais quand la Science vous dit de porter des
278 touchante superstition. Nous emboîtons le pas de la mode les yeux fermés. Mais quand la Science vous dit de porter des ba
279 te superstition. Nous emboîtons le pas de la mode les yeux fermés. Mais quand la Science vous dit de porter des bas de lain
280 ons le pas de la mode les yeux fermés. Mais quand la Science vous dit de porter des bas de laine, la Mode vous impose des
281 e les yeux fermés. Mais quand la Science vous dit de porter des bas de laine, la Mode vous impose des bas de soie. Les rom
282 Mais quand la Science vous dit de porter des bas de laine, la Mode vous impose des bas de soie. Les romans et les films n
283 d la Science vous dit de porter des bas de laine, la Mode vous impose des bas de soie. Les romans et les films nous enfièv
284 ter des bas de laine, la Mode vous impose des bas de soie. Les romans et les films nous enfièvrent d’une nostalgie d’amour
285 as de laine, la Mode vous impose des bas de soie. Les romans et les films nous enfièvrent d’une nostalgie d’amour-passion d
286 a Mode vous impose des bas de soie. Les romans et les films nous enfièvrent d’une nostalgie d’amour-passion dont nous ne sa
287 de soie. Les romans et les films nous enfièvrent d’ une nostalgie d’amour-passion dont nous ne savons plus même distinguer
288 mans et les films nous enfièvrent d’une nostalgie d’ amour-passion dont nous ne savons plus même distinguer qu’elle contred
289 ui nous parle à mi-voix, ces appels pathétiques à la radio. Le monde moderne retentit d’En avant ! qui ne savent pas où il
290 rle à mi-voix, ces appels pathétiques à la radio. Le monde moderne retentit d’En avant ! qui ne savent pas où ils vont. Et
291 pathétiques à la radio. Le monde moderne retentit d’ En avant ! qui ne savent pas où ils vont. Et toutes ces « directions »
292 ions nerveuses aux alentours du zéro vital. Voici la chance alors des grands meneurs, et l’heure des Guides. Un Duce, un F
293 tal. Voici la chance alors des grands meneurs, et l’ heure des Guides. Un Duce, un Führer vont se dresser et nous cingler d
294 n Duce, un Führer vont se dresser et nous cingler de grosses ironies. Nous avons perdu le sens de la grandeur, nous n’avon
295 nous cingler de grosses ironies. Nous avons perdu le sens de la grandeur, nous n’avons plus de buts communs ? Ils vont nou
296 gler de grosses ironies. Nous avons perdu le sens de la grandeur, nous n’avons plus de buts communs ? Ils vont nous rendre
297 r de grosses ironies. Nous avons perdu le sens de la grandeur, nous n’avons plus de buts communs ? Ils vont nous rendre to
298 s perdu le sens de la grandeur, nous n’avons plus de buts communs ? Ils vont nous rendre tout cela en nous rendant une dir
299 us rendre tout cela en nous rendant une direction de marche. Mais ce n’est plus à nos consciences qu’ils s’adressent, à no
300 nos haines et nos orgueils puérils, nos réflexes d’ animaux attroupés. Les grands meneurs, à proprement parler, sont des d
301 gueils puérils, nos réflexes d’animaux attroupés. Les grands meneurs, à proprement parler, sont des directeurs d’inconscien
302 meneurs, à proprement parler, sont des directeurs d’ inconscience. Et leur succès c’est de nous délivrer de nos contradicti
303 s directeurs d’inconscience. Et leur succès c’est de nous délivrer de nos contradictions morales, par anesthésie collectiv
304 conscience. Et leur succès c’est de nous délivrer de nos contradictions morales, par anesthésie collective. Voilà pourquoi
305 nesthésie collective. Voilà pourquoi des millions d’ hommes sont heureux d’être « mis au pas ». Faut-il choisir entre anarc
306 Voilà pourquoi des millions d’hommes sont heureux d’ être « mis au pas ». Faut-il choisir entre anarchie et dictature ? Mai
307 re ? Mais l’une et l’autre sont désorientées. Car la seule direction réelle, elle est dans la marche à l’Étoile, dans la m
308 ées. Car la seule direction réelle, elle est dans la marche à l’Étoile, dans la marche unanime vers un point qui se trouve
309 seule direction réelle, elle est dans la marche à l’ Étoile, dans la marche unanime vers un point qui se trouve au-delà de
310 réelle, elle est dans la marche à l’Étoile, dans la marche unanime vers un point qui se trouve au-delà de la terre, égale
311 arche unanime vers un point qui se trouve au-delà de la terre, également lointain de chacun, également proche de chacun de
312 he unanime vers un point qui se trouve au-delà de la terre, également lointain de chacun, également proche de chacun de no
313 se trouve au-delà de la terre, également lointain de chacun, également proche de chacun de nos cœurs. c. Rougemont Deni
314 nt lointain de chacun, également proche de chacun de nos cœurs. c. Rougemont Denis de, « Directeurs d’inconscience », L
315 che de chacun de nos cœurs. c. Rougemont Denis de , « Directeurs d’inconscience », Le Figaro, Paris, 11 avril 1939, p. 1
316 nos cœurs. c. Rougemont Denis de, « Directeurs d’ inconscience », Le Figaro, Paris, 11 avril 1939, p. 1.
317 ougemont Denis de, « Directeurs d’inconscience », Le Figaro, Paris, 11 avril 1939, p. 1.
4 1939, Le Figaro, articles (1939–1953). Une simple question de mots (24 avril 1939)
318 Une simple question de mots (24 avril 1939)d On ne fait pas de révolution sans changer le
319 estion de mots (24 avril 1939)d On ne fait pas de révolution sans changer le vocabulaire. Car la force principale d’un
320 39)d On ne fait pas de révolution sans changer le vocabulaire. Car la force principale d’un mouvement politique n’est p
321 as de révolution sans changer le vocabulaire. Car la force principale d’un mouvement politique n’est pas la vérité de sa d
322 s changer le vocabulaire. Car la force principale d’ un mouvement politique n’est pas la vérité de sa doctrine, mais l’oppo
323 rce principale d’un mouvement politique n’est pas la vérité de sa doctrine, mais l’opportunité de sa propagande. La révolu
324 pale d’un mouvement politique n’est pas la vérité de sa doctrine, mais l’opportunité de sa propagande. La révolution, de n
325 olitique n’est pas la vérité de sa doctrine, mais l’ opportunité de sa propagande. La révolution, de nos jours, c’est d’abo
326 pas la vérité de sa doctrine, mais l’opportunité de sa propagande. La révolution, de nos jours, c’est d’abord une questio
327 sa doctrine, mais l’opportunité de sa propagande. La révolution, de nos jours, c’est d’abord une question de mots, une que
328 is l’opportunité de sa propagande. La révolution, de nos jours, c’est d’abord une question de mots, une question de slogan
329 olution, de nos jours, c’est d’abord une question de mots, une question de slogans, un cas particulier de cette science de
330 c’est d’abord une question de mots, une question de slogans, un cas particulier de cette science de l’opinion qui s’appel
331 mots, une question de slogans, un cas particulier de cette science de l’opinion qui s’appelle la Publicité. C’est pourquoi
332 n de slogans, un cas particulier de cette science de l’opinion qui s’appelle la Publicité. C’est pourquoi la conversation
333 e slogans, un cas particulier de cette science de l’ opinion qui s’appelle la Publicité. C’est pourquoi la conversation dev
334 ulier de cette science de l’opinion qui s’appelle la Publicité. C’est pourquoi la conversation devient parfois si difficil
335 pinion qui s’appelle la Publicité. C’est pourquoi la conversation devient parfois si difficile entre un pays qui a fait un
336 utres, ou qui n’en ont pas fait depuis longtemps. La fameuse « incompréhension » que l’on observe entre les peuples, je ne
337 uis longtemps. La fameuse « incompréhension » que l’ on observe entre les peuples, je ne la crois pas de nature sentimental
338 ameuse « incompréhension » que l’on observe entre les peuples, je ne la crois pas de nature sentimentale d’abord. Dans tout
339 nsion » que l’on observe entre les peuples, je ne la crois pas de nature sentimentale d’abord. Dans toutes ces querelles d
340 ’on observe entre les peuples, je ne la crois pas de nature sentimentale d’abord. Dans toutes ces querelles de ménage que
341 e sentimentale d’abord. Dans toutes ces querelles de ménage que se font les nations d’Europe, il s’agit moins d’humeurs qu
342 . Dans toutes ces querelles de ménage que se font les nations d’Europe, il s’agit moins d’humeurs que de lexiques incompati
343 s ces querelles de ménage que se font les nations d’ Europe, il s’agit moins d’humeurs que de lexiques incompatibles. Ainsi
344 que se font les nations d’Europe, il s’agit moins d’ humeurs que de lexiques incompatibles. Ainsi du dialogue France-Allema
345 s nations d’Europe, il s’agit moins d’humeurs que de lexiques incompatibles. Ainsi du dialogue France-Allemagne. Il fut lo
346 des plus malaisés, à cause du pathos jacobin dont les Allemands avaient souffert pendant l’Empire. Cette « liberté » qu’app
347 cobin dont les Allemands avaient souffert pendant l’ Empire. Cette « liberté » qu’apportaient les Français à la pointe de l
348 endant l’Empire. Cette « liberté » qu’apportaient les Français à la pointe de leurs baïonnettes ne correspondait pas à des
349 . Cette « liberté » qu’apportaient les Français à la pointe de leurs baïonnettes ne correspondait pas à des notions bien c
350 liberté » qu’apportaient les Français à la pointe de leurs baïonnettes ne correspondait pas à des notions bien claires dan
351 correspondait pas à des notions bien claires dans le cerveau d’un paysan prussien. D’où les malentendus que l’on sait, et
352 it pas à des notions bien claires dans le cerveau d’ un paysan prussien. D’où les malentendus que l’on sait, et les « expli
353 ien claires dans le cerveau d’un paysan prussien. D’ où les malentendus que l’on sait, et les « explications » un peu bruta
354 laires dans le cerveau d’un paysan prussien. D’où les malentendus que l’on sait, et les « explications » un peu brutales qu
355 au d’un paysan prussien. D’où les malentendus que l’ on sait, et les « explications » un peu brutales qui aboutirent au com
356 prussien. D’où les malentendus que l’on sait, et les « explications » un peu brutales qui aboutirent au compromis boiteux
357 peu brutales qui aboutirent au compromis boiteux de Versailles. Le Reich promettait de comprendre, il proclamait la Répub
358 ui aboutirent au compromis boiteux de Versailles. Le Reich promettait de comprendre, il proclamait la République, il allai
359 promis boiteux de Versailles. Le Reich promettait de comprendre, il proclamait la République, il allait essayer, lui aussi
360 Le Reich promettait de comprendre, il proclamait la République, il allait essayer, lui aussi, de pratiquer les droits de
361 mait la République, il allait essayer, lui aussi, de pratiquer les droits de l’homme… Et puis l’on fut contraint de se ren
362 lique, il allait essayer, lui aussi, de pratiquer les droits de l’homme… Et puis l’on fut contraint de se rendre à l’éviden
363 ussi, de pratiquer les droits de l’homme… Et puis l’ on fut contraint de se rendre à l’évidence ; décidément, cela ne prena
364 les droits de l’homme… Et puis l’on fut contraint de se rendre à l’évidence ; décidément, cela ne prenait pas, cela n’entr
365 ’homme… Et puis l’on fut contraint de se rendre à l’ évidence ; décidément, cela ne prenait pas, cela n’entrait pas dans le
366 ent, cela ne prenait pas, cela n’entrait pas dans les coutumes germaniques. Alors parut M. Hitler. Il a fallu cinq ou six a
367 itler. Il a fallu cinq ou six ans pour déchiffrer la clé de son langage. Les récents événements y ont beaucoup aidé. Aujou
368 Il a fallu cinq ou six ans pour déchiffrer la clé de son langage. Les récents événements y ont beaucoup aidé. Aujourd’hui
369 ou six ans pour déchiffrer la clé de son langage. Les récents événements y ont beaucoup aidé. Aujourd’hui je crois pouvoir
370 ucoup aidé. Aujourd’hui je crois pouvoir dire que le système est assez simple, et qu’il consiste à peu près en ceci : repr
371 et qu’il consiste à peu près en ceci : reprendre le vocabulaire démocratique, mais changer le signe de chacun de ses term
372 prendre le vocabulaire démocratique, mais changer le signe de chacun de ses termes. Exemples : le droit des peuples à disp
373 e vocabulaire démocratique, mais changer le signe de chacun de ses termes. Exemples : le droit des peuples à disposer d’eu
374 ire démocratique, mais changer le signe de chacun de ses termes. Exemples : le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes si
375 nger le signe de chacun de ses termes. Exemples : le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes signifie, dans le langage to
376 ermes. Exemples : le droit des peuples à disposer d’ eux-mêmes signifie, dans le langage totalitaire ; le droit des peuples
377 des peuples à disposer d’eux-mêmes signifie, dans le langage totalitaire ; le droit des peuples les plus forts à disposer
378 eux-mêmes signifie, dans le langage totalitaire ; le droit des peuples les plus forts à disposer de leurs voisins les plus
379 ans le langage totalitaire ; le droit des peuples les plus forts à disposer de leurs voisins les plus faibles ; consolider
380  ; le droit des peuples les plus forts à disposer de leurs voisins les plus faibles ; consolider la paix signifiera : enva
381 euples les plus forts à disposer de leurs voisins les plus faibles ; consolider la paix signifiera : envahir un pays à dix
382 er de leurs voisins les plus faibles ; consolider la paix signifiera : envahir un pays à dix contre un sans avoir à tirer
383 pays à dix contre un sans avoir à tirer un obus. La presse italienne, dans son ardeur de néophyte, vend la mèche lorsqu’e
384 rer un obus. La presse italienne, dans son ardeur de néophyte, vend la mèche lorsqu’elle oppose à la violence et au bellic
385 esse italienne, dans son ardeur de néophyte, vend la mèche lorsqu’elle oppose à la violence et au bellicisme de Roosevelt
386 r de néophyte, vend la mèche lorsqu’elle oppose à la violence et au bellicisme de Roosevelt le sens du droit et le pacifis
387 lorsqu’elle oppose à la violence et au bellicisme de Roosevelt le sens du droit et le pacifisme des dictateurs. Ce n’était
388 ppose à la violence et au bellicisme de Roosevelt le sens du droit et le pacifisme des dictateurs. Ce n’était donc pas plu
389 et au bellicisme de Roosevelt le sens du droit et le pacifisme des dictateurs. Ce n’était donc pas plus malin que cela ? I
390 n’était donc pas plus malin que cela ? Il suffit de poser à la clé : noir égale blanc, et ainsi de suite. Enfin l’on va p
391 nc pas plus malin que cela ? Il suffit de poser à la clé : noir égale blanc, et ainsi de suite. Enfin l’on va pouvoir s’en
392 it de poser à la clé : noir égale blanc, et ainsi de suite. Enfin l’on va pouvoir s’entendre ! Toutefois, comme en pareil
393 clé : noir égale blanc, et ainsi de suite. Enfin l’ on va pouvoir s’entendre ! Toutefois, comme en pareil domaine tout est
394 utefois, comme en pareil domaine tout est affaire de nuances, parfois subtiles, il n’est pas superflu d’entrer dans le dét
395 nuances, parfois subtiles, il n’est pas superflu d’ entrer dans le détail de quelques-unes de ces transpositions. J’examin
396 ois subtiles, il n’est pas superflu d’entrer dans le détail de quelques-unes de ces transpositions. J’examinerai à cet éga
397 es, il n’est pas superflu d’entrer dans le détail de quelques-unes de ces transpositions. J’examinerai à cet égard trois t
398 superflu d’entrer dans le détail de quelques-unes de ces transpositions. J’examinerai à cet égard trois termes : liberté e
399 berté et justice, qui viennent de notre fonds, et le néologisme espace vital. On ignore trop souvent que la liberté signif
400 ologisme espace vital. On ignore trop souvent que la liberté signifiait pour les vieux Germains le droit de porter une arm
401 gnore trop souvent que la liberté signifiait pour les vieux Germains le droit de porter une arme et de la garder chez soi.
402 que la liberté signifiait pour les vieux Germains le droit de porter une arme et de la garder chez soi. Il est donc assez
403 berté signifiait pour les vieux Germains le droit de porter une arme et de la garder chez soi. Il est donc assez naturel q
404 les vieux Germains le droit de porter une arme et de la garder chez soi. Il est donc assez naturel que le congrès de Nurem
405 vieux Germains le droit de porter une arme et de la garder chez soi. Il est donc assez naturel que le congrès de Nurember
406 la garder chez soi. Il est donc assez naturel que le congrès de Nuremberg, qui célébra le réarmement du Reich, se soit int
407 hez soi. Il est donc assez naturel que le congrès de Nuremberg, qui célébra le réarmement du Reich, se soit intitulé : Jou
408 naturel que le congrès de Nuremberg, qui célébra le réarmement du Reich, se soit intitulé : Journée de la liberté. Précis
409 e réarmement du Reich, se soit intitulé : Journée de la liberté. Précisons : l’armement pour les Allemands n’est pas comme
410 éarmement du Reich, se soit intitulé : Journée de la liberté. Précisons : l’armement pour les Allemands n’est pas comme po
411 oit intitulé : Journée de la liberté. Précisons : l’ armement pour les Allemands n’est pas comme pour nous autres démocrate
412 ournée de la liberté. Précisons : l’armement pour les Allemands n’est pas comme pour nous autres démocrates un moyen de pro
413 st pas comme pour nous autres démocrates un moyen de protéger des libertés d’ordre civil. Il est en soi la liberté, et nul
414 tres démocrates un moyen de protéger des libertés d’ ordre civil. Il est en soi la liberté, et nulle autre n’est concevable
415 rotéger des libertés d’ordre civil. Il est en soi la liberté, et nulle autre n’est concevable… La justice est pour nous le
416 soi la liberté, et nulle autre n’est concevable… La justice est pour nous le respect du droit, et au-delà de la lettre d’
417 autre n’est concevable… La justice est pour nous le respect du droit, et au-delà de la lettre d’un code, une manière obje
418 ice est pour nous le respect du droit, et au-delà de la lettre d’un code, une manière objective de jauger les arguments de
419 est pour nous le respect du droit, et au-delà de la lettre d’un code, une manière objective de jauger les arguments de de
420 nous le respect du droit, et au-delà de la lettre d’ un code, une manière objective de jauger les arguments de deux parties
421 elà de la lettre d’un code, une manière objective de jauger les arguments de deux parties adverses. C’est dans ce sens que
422 lettre d’un code, une manière objective de jauger les arguments de deux parties adverses. C’est dans ce sens que j’avais es
423 de, une manière objective de jauger les arguments de deux parties adverses. C’est dans ce sens que j’avais essayé d’être «
424 s adverses. C’est dans ce sens que j’avais essayé d’ être « juste » vis-à-vis de l’Allemagne dans un petit ouvrage paru l’a
425 que j’avais essayé d’être « juste » vis-à-vis de l’ Allemagne dans un petit ouvrage paru l’automne dernier. Or, voici ce q
426 s-à-vis de l’Allemagne dans un petit ouvrage paru l’ automne dernier. Or, voici ce que m’écrit un hitlérien : « Juste, votr
427 ue m’écrit un hitlérien : « Juste, votre livre ne l’ est certainement pas. Car la justice jaillit de la plénitude d’une vit
428 Juste, votre livre ne l’est certainement pas. Car la justice jaillit de la plénitude d’une vitalité sûre d’elle-même, et n
429 ne l’est certainement pas. Car la justice jaillit de la plénitude d’une vitalité sûre d’elle-même, et non pas de comparais
430 l’est certainement pas. Car la justice jaillit de la plénitude d’une vitalité sûre d’elle-même, et non pas de comparaisons
431 ement pas. Car la justice jaillit de la plénitude d’ une vitalité sûre d’elle-même, et non pas de comparaisons abstraites.
432 stice jaillit de la plénitude d’une vitalité sûre d’ elle-même, et non pas de comparaisons abstraites. C’est en quoi les no
433 itude d’une vitalité sûre d’elle-même, et non pas de comparaisons abstraites. C’est en quoi les notions française et allem
434 non pas de comparaisons abstraites. C’est en quoi les notions française et allemande de justice s’opposeront pendant plusie
435 C’est en quoi les notions française et allemande de justice s’opposeront pendant plusieurs décades encore. » Effectiveme
436 endant plusieurs décades encore. » Effectivement la définition de la justice allemande que veut bien me donner mon corres
437 rs décades encore. » Effectivement la définition de la justice allemande que veut bien me donner mon correspondant signif
438 décades encore. » Effectivement la définition de la justice allemande que veut bien me donner mon correspondant signifie
439 plus fort, donc injustice. Ici encore, il suffit de changer le signe. Quant à l’espace vital des dictatures, on n’aura pa
440 donc injustice. Ici encore, il suffit de changer le signe. Quant à l’espace vital des dictatures, on n’aura pas été sans
441 ci encore, il suffit de changer le signe. Quant à l’ espace vital des dictatures, on n’aura pas été sans remarquer que sa q
442 , on n’aura pas été sans remarquer que sa qualité la plus frappante est l’élasticité illimitée. Plus la vitalité d’un peup
443 ns remarquer que sa qualité la plus frappante est l’ élasticité illimitée. Plus la vitalité d’un peuple est « sûre d’elle-m
444 a plus frappante est l’élasticité illimitée. Plus la vitalité d’un peuple est « sûre d’elle-même », plus ses nécessités di
445 ante est l’élasticité illimitée. Plus la vitalité d’ un peuple est « sûre d’elle-même », plus ses nécessités dites vitales
446 llimitée. Plus la vitalité d’un peuple est « sûre d’ elle-même », plus ses nécessités dites vitales s’accroissent. Que sign
447 s dites vitales s’accroissent. Que signifie alors le mot vital ? Non pas ce qu’un vain puriste pourrait croire, non pas ce
448 on pas ce qui serait indispensable pour préserver les Allemands de la famine, mais au contraire ce qui est indispensable po
449 serait indispensable pour préserver les Allemands de la famine, mais au contraire ce qui est indispensable pour satisfaire
450 ait indispensable pour préserver les Allemands de la famine, mais au contraire ce qui est indispensable pour satisfaire et
451 pour satisfaire et augmenter une « vitalité sûre d’ elle-même ». L’espace vital, c’est celui que réclament non la misère e
452 e et augmenter une « vitalité sûre d’elle-même ». L’ espace vital, c’est celui que réclament non la misère et la famine, ma
453  ». L’espace vital, c’est celui que réclament non la misère et la famine, mais l’orgueil et la boulimie. Ce sont les blés
454 vital, c’est celui que réclament non la misère et la famine, mais l’orgueil et la boulimie. Ce sont les blés moraves et le
455 ui que réclament non la misère et la famine, mais l’ orgueil et la boulimie. Ce sont les blés moraves et les pétroles rouma
456 ent non la misère et la famine, mais l’orgueil et la boulimie. Ce sont les blés moraves et les pétroles roumains, réserves
457 la famine, mais l’orgueil et la boulimie. Ce sont les blés moraves et les pétroles roumains, réserves de guerre. Ce qui est
458 gueil et la boulimie. Ce sont les blés moraves et les pétroles roumains, réserves de guerre. Ce qui est vital, c’est donc t
459 s blés moraves et les pétroles roumains, réserves de guerre. Ce qui est vital, c’est donc tout simplement ce qui permettra
460 ital, c’est donc tout simplement ce qui permettra de faire la guerre, c’est-à-dire — traduit en allemand — d’affirmer une
461 st donc tout simplement ce qui permettra de faire la guerre, c’est-à-dire — traduit en allemand — d’affirmer une « vitalit
462 e la guerre, c’est-à-dire — traduit en allemand — d’ affirmer une « vitalité sûre d’elle-même » et de « consolider la paix 
463 duit en allemand — d’affirmer une « vitalité sûre d’ elle-même » et de « consolider la paix »… Bornons-nous à remarquer qu’
464 — d’affirmer une « vitalité sûre d’elle-même » et de « consolider la paix »… Bornons-nous à remarquer qu’aux yeux des peup
465 « vitalité sûre d’elle-même » et de « consolider la paix »… Bornons-nous à remarquer qu’aux yeux des peuples revendiqués
466 remarquer qu’aux yeux des peuples revendiqués par le Reich dans ces termes, ce qui est espace vital pour un nazi risque ma
467 espace vital pour un nazi risque malheureusement de s’appeler bientôt champ de bataille, ou espace mortel. d. Rougemon
468 bataille, ou espace mortel. d. Rougemont Denis de , « Une simple question de mots », Le Figaro, Paris, 24 avril 1939, p.
469 . d. Rougemont Denis de, « Une simple question de mots », Le Figaro, Paris, 24 avril 1939, p. 1 et 3.
470 gemont Denis de, « Une simple question de mots », Le Figaro, Paris, 24 avril 1939, p. 1 et 3.
5 1939, Le Figaro, articles (1939–1953). « Le matin vient, et la nuit aussi » (7 juin 1939)
471 «  Le matin vient, et la nuit aussi » (7 juin 1939)e Le désarroi de l’ép
472 « Le matin vient, et la nuit aussi » (7 juin 1939)e Le désarroi de l’époque — nous lisons
473 matin vient, et la nuit aussi » (7 juin 1939)e Le désarroi de l’époque — nous lisons cela partout, depuis vingt ans. Co
474 et la nuit aussi » (7 juin 1939)e Le désarroi de l’époque — nous lisons cela partout, depuis vingt ans. Comme si rien
475 la nuit aussi » (7 juin 1939)e Le désarroi de l’ époque — nous lisons cela partout, depuis vingt ans. Comme si rien de
476 ons cela partout, depuis vingt ans. Comme si rien de pire n’était imaginable. Comme si le désordre était sans précédent et
477 omme si rien de pire n’était imaginable. Comme si le désordre était sans précédent et sans lendemain prévisible. Et pourta
478 écédent et sans lendemain prévisible. Et pourtant le désordre dure. Il se confond avec notre vie même, avec la Vie ! Certe
479 dre dure. Il se confond avec notre vie même, avec la Vie ! Certes, l’anarchie des mœurs et des idées s’accroît d’une anxié
480 onfond avec notre vie même, avec la Vie ! Certes, l’ anarchie des mœurs et des idées s’accroît d’une anxiété de jour en jou
481 rtes, l’anarchie des mœurs et des idées s’accroît d’ une anxiété de jour en jour plus justifiée, à cause des crises sociale
482 ie des mœurs et des idées s’accroît d’une anxiété de jour en jour plus justifiée, à cause des crises sociales et politique
483 us vivons ! Et notre vie, loin de se replier dans la crainte, s’exalte aux approches du péril et s’en nourrit plus qu’on n
484 hes du péril et s’en nourrit plus qu’on n’oserait l’ avouer. Après tout, nous ne sommes pas les premiers à croire que notre
485 es pas les premiers à croire que notre époque est l’ époque même de la Crise. S’il est juste et salutaire de la considérer
486 miers à croire que notre époque est l’époque même de la Crise. S’il est juste et salutaire de la considérer dans ce qu’ell
487 rs à croire que notre époque est l’époque même de la Crise. S’il est juste et salutaire de la considérer dans ce qu’elle a
488 que même de la Crise. S’il est juste et salutaire de la considérer dans ce qu’elle a d’unique, dans sa réalité qui nous me
489 même de la Crise. S’il est juste et salutaire de la considérer dans ce qu’elle a d’unique, dans sa réalité qui nous met,
490 e et salutaire de la considérer dans ce qu’elle a d’ unique, dans sa réalité qui nous met, en question, n’oublions pas que
491 n’oublions pas que toute réalité, à toute époque de l’histoire des hommes, est, apparue comme une réalité sans précédent,
492 oublions pas que toute réalité, à toute époque de l’ histoire des hommes, est, apparue comme une réalité sans précédent, à
493 alité sans précédent, à ceux du moins qui osaient la vivre avec lucidité. L’Europe a connu des paniques et des nuits plus
494 ceux du moins qui osaient la vivre avec lucidité. L’ Europe a connu des paniques et des nuits plus terribles que les nôtres
495 in des grandes invasions, du ve siècle au viiie de notre ère, avant l’an mille, pendant les pestes noires, pendant les g
496 ions, du ve siècle au viiie de notre ère, avant l’ an mille, pendant les pestes noires, pendant les guerres de religion q
497 au viiie de notre ère, avant l’an mille, pendant les pestes noires, pendant les guerres de religion qui obscurcissent l’im
498 nt l’an mille, pendant les pestes noires, pendant les guerres de religion qui obscurcissent l’image du monde chrétien. Quel
499 e, pendant les pestes noires, pendant les guerres de religion qui obscurcissent l’image du monde chrétien. Quel pouvait êt
500 pendant les guerres de religion qui obscurcissent l’ image du monde chrétien. Quel pouvait être l’avenir pour un Allemand d
501 sent l’image du monde chrétien. Quel pouvait être l’ avenir pour un Allemand de la guerre de Trente Ans ? Pour les vaincus
502 tien. Quel pouvait être l’avenir pour un Allemand de la guerre de Trente Ans ? Pour les vaincus des guerres de l’Empire ?
503 n. Quel pouvait être l’avenir pour un Allemand de la guerre de Trente Ans ? Pour les vaincus des guerres de l’Empire ? On
504 uvait être l’avenir pour un Allemand de la guerre de Trente Ans ? Pour les vaincus des guerres de l’Empire ? On me dira qu
505 our un Allemand de la guerre de Trente Ans ? Pour les vaincus des guerres de l’Empire ? On me dira que la mécanique des gue
506 erre de Trente Ans ? Pour les vaincus des guerres de l’Empire ? On me dira que la mécanique des guerres modernes, cette te
507 e de Trente Ans ? Pour les vaincus des guerres de l’ Empire ? On me dira que la mécanique des guerres modernes, cette techn
508 vaincus des guerres de l’Empire ? On me dira que la mécanique des guerres modernes, cette technique de la mort à grande d
509 a mécanique des guerres modernes, cette technique de la mort à grande distance, les moyens de propagande et de pression mo
510 écanique des guerres modernes, cette technique de la mort à grande distance, les moyens de propagande et de pression moral
511 es, cette technique de la mort à grande distance, les moyens de propagande et de pression morale tels que radio, police et
512 echnique de la mort à grande distance, les moyens de propagande et de pression morale tels que radio, police et presse, in
513 rt à grande distance, les moyens de propagande et de pression morale tels que radio, police et presse, introduisent dans l
514 ls que radio, police et presse, introduisent dans le monde actuel des possibilités plus radicales d’anéantir la guerre hum
515 s le monde actuel des possibilités plus radicales d’ anéantir la guerre humaine. On me dira qu’autrefois les catastrophes é
516 actuel des possibilités plus radicales d’anéantir la guerre humaine. On me dira qu’autrefois les catastrophes étaient au m
517 éantir la guerre humaine. On me dira qu’autrefois les catastrophes étaient au moins localisées. Pendant qu’on massacrait ju
518 t qu’on massacrait jusqu’au dernier des habitants de Magdebourg, sous Wallenstein, le paysan et l’artisan français jouissa
519 er des habitants de Magdebourg, sous Wallenstein, le paysan et l’artisan français jouissaient d’une quiétude parfaite. Ain
520 nts de Magdebourg, sous Wallenstein, le paysan et l’ artisan français jouissaient d’une quiétude parfaite. Ainsi la vie pai
521 tein, le paysan et l’artisan français jouissaient d’ une quiétude parfaite. Ainsi la vie paisible fut toujours l’avantage d
522 ançais jouissaient d’une quiétude parfaite. Ainsi la vie paisible fut toujours l’avantage d’une certaine inconscience, d’u
523 tude parfaite. Ainsi la vie paisible fut toujours l’ avantage d’une certaine inconscience, d’une ignorance dont la presse,
524 te. Ainsi la vie paisible fut toujours l’avantage d’ une certaine inconscience, d’une ignorance dont la presse, de nos jour
525 toujours l’avantage d’une certaine inconscience, d’ une ignorance dont la presse, de nos jours, nous prive avec acharnemen
526 d’une certaine inconscience, d’une ignorance dont la presse, de nos jours, nous prive avec acharnement. Du moins voudrait-
527 ine inconscience, d’une ignorance dont la presse, de nos jours, nous prive avec acharnement. Du moins voudrait-on rappeler
528 rappeler à tous ces fronts disparaissant derrière les titres des journaux du soir que le malheur des temps est une vieille
529 sant derrière les titres des journaux du soir que le malheur des temps est une vieille expression… Oui, de tout temps, le
530 alheur des temps est une vieille expression… Oui, de tout temps, le sort du monde a été quasiment désespéré. Seulement, ma
531 s est une vieille expression… Oui, de tout temps, le sort du monde a été quasiment désespéré. Seulement, maintenant, cela
532 spéré. Seulement, maintenant, cela se sait. Voilà la grande et la seule différence. Et voilà notre chance aussi. L’homme n
533 ent, maintenant, cela se sait. Voilà la grande et la seule différence. Et voilà notre chance aussi. L’homme n’est pas fait
534 la seule différence. Et voilà notre chance aussi. L’ homme n’est pas fait pour vivre en état de guerre, au sens moderne de
535 aussi. L’homme n’est pas fait pour vivre en état de guerre, au sens moderne de l’expression. Mais il n’est pas fait davan
536 ait pour vivre en état de guerre, au sens moderne de l’expression. Mais il n’est pas fait davantage pour vivre en l’état d
537 pour vivre en état de guerre, au sens moderne de l’ expression. Mais il n’est pas fait davantage pour vivre en l’état d’il
538 n. Mais il n’est pas fait davantage pour vivre en l’ état d’illusion qu’on nomme généralement la paix : cette ignorance sat
539 il n’est pas fait davantage pour vivre en l’état d’ illusion qu’on nomme généralement la paix : cette ignorance satisfaite
540 vre en l’état d’illusion qu’on nomme généralement la paix : cette ignorance satisfaite du désordre et des injustices établ
541 atisfaite du désordre et des injustices établies. La menace de guerre qui pèse sur nous pourrait et devrait être le remède
542 du désordre et des injustices établies. La menace de guerre qui pèse sur nous pourrait et devrait être le remède à cette p
543 guerre qui pèse sur nous pourrait et devrait être le remède à cette paix-là. Tout dépend de l’usage que l’on en fait. Le m
544 vrait être le remède à cette paix-là. Tout dépend de l’usage que l’on en fait. Le même poison, selon la dose, paralyse, ou
545 it être le remède à cette paix-là. Tout dépend de l’ usage que l’on en fait. Le même poison, selon la dose, paralyse, ou to
546 emède à cette paix-là. Tout dépend de l’usage que l’ on en fait. Le même poison, selon la dose, paralyse, ou tonifie. Dans
547 paix-là. Tout dépend de l’usage que l’on en fait. Le même poison, selon la dose, paralyse, ou tonifie. Dans l’atmosphère d
548 e l’usage que l’on en fait. Le même poison, selon la dose, paralyse, ou tonifie. Dans l’atmosphère de catastrophes où nous
549 poison, selon la dose, paralyse, ou tonifie. Dans l’ atmosphère de catastrophes où nous vivons, une profonde ambiguïté se m
550 la dose, paralyse, ou tonifie. Dans l’atmosphère de catastrophes où nous vivons, une profonde ambiguïté se manifeste. Tou
551 ïté se manifeste. Tout invite à désespérer ? Mais l’ espoir est toujours « malgré tout », et c’est alors qu’il est vraiment
552  malgré tout », et c’est alors qu’il est vraiment le gage d’une vie qui vaille d’être vécue. Les générations d’avant-guerr
553 tout », et c’est alors qu’il est vraiment le gage d’ une vie qui vaille d’être vécue. Les générations d’avant-guerre eurent
554 s qu’il est vraiment le gage d’une vie qui vaille d’ être vécue. Les générations d’avant-guerre eurent sans doute l’existen
555 aiment le gage d’une vie qui vaille d’être vécue. Les générations d’avant-guerre eurent sans doute l’existence plus facile,
556 ’une vie qui vaille d’être vécue. Les générations d’ avant-guerre eurent sans doute l’existence plus facile, mais de quel p
557 Les générations d’avant-guerre eurent sans doute l’ existence plus facile, mais de quel prix spirituel ont-elles payé l’il
558 e eurent sans doute l’existence plus facile, mais de quel prix spirituel ont-elles payé l’illusion du Progrès ? Je songe à
559 acile, mais de quel prix spirituel ont-elles payé l’ illusion du Progrès ? Je songe à la colombe de Kantf qui croyait voler
560 ont-elles payé l’illusion du Progrès ? Je songe à la colombe de Kantf qui croyait voler mieux dans le vide… L’homme n’est
561 ayé l’illusion du Progrès ? Je songe à la colombe de Kantf qui croyait voler mieux dans le vide… L’homme n’est pas fait po
562 la colombe de Kantf qui croyait voler mieux dans le vide… L’homme n’est pas fait pour vivre sans menaces, sans résistance
563 be de Kantf qui croyait voler mieux dans le vide… L’ homme n’est pas fait pour vivre sans menaces, sans résistances, sans v
564 ance. Notre génération trouve, au contraire, dans la connaissance du désordre et des périls inhérents au progrès, la chanc
565 e du désordre et des périls inhérents au progrès, la chance d’une grandeur qui, elle aussi, pourrait être sans précédent.
566 dre et des périls inhérents au progrès, la chance d’ une grandeur qui, elle aussi, pourrait être sans précédent. Comme tout
567 Comme toute génération sérieusement avertie, par les faits ou par les prophètes. Isaïe réveillait son peuple par le sublim
568 ration sérieusement avertie, par les faits ou par les prophètes. Isaïe réveillait son peuple par le sublime oracle de Séir 
569 ar les prophètes. Isaïe réveillait son peuple par le sublime oracle de Séir : « Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? — Le m
570 Isaïe réveillait son peuple par le sublime oracle de Séir : « Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? — Le matin vient, et la
571 sublime oracle de Séir : « Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? — Le matin vient, et la nuit aussi ! » C’est toujours le mê
572 lime oracle de Séir : « Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? — Le matin vient, et la nuit aussi ! » C’est toujours le même
573 de Séir : « Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? —  Le matin vient, et la nuit aussi ! » C’est toujours le même drame que no
574 lle, que dis-tu de la nuit ? — Le matin vient, et la nuit aussi ! » C’est toujours le même drame que nous vivons, qu’il s’
575 matin vient, et la nuit aussi ! » C’est toujours le même drame que nous vivons, qu’il s’agisse de flèches ou d’obus. Car
576 urs le même drame que nous vivons, qu’il s’agisse de flèches ou d’obus. Car ce qui compte, en fin de compte, ce n’est pas
577 ame que nous vivons, qu’il s’agisse de flèches ou d’ obus. Car ce qui compte, en fin de compte, ce n’est pas le sort matéri
578 Car ce qui compte, en fin de compte, ce n’est pas le sort matériel et le bonheur plus ou moins grand de la cité, mais les
579 n fin de compte, ce n’est pas le sort matériel et le bonheur plus ou moins grand de la cité, mais les raisons de vivre des
580 e sort matériel et le bonheur plus ou moins grand de la cité, mais les raisons de vivre des hommes qui l’habitent. Ce n’es
581 ort matériel et le bonheur plus ou moins grand de la cité, mais les raisons de vivre des hommes qui l’habitent. Ce n’est p
582 t le bonheur plus ou moins grand de la cité, mais les raisons de vivre des hommes qui l’habitent. Ce n’est pas la somme de
583 plus ou moins grand de la cité, mais les raisons de vivre des hommes qui l’habitent. Ce n’est pas la somme de leurs souci
584 la cité, mais les raisons de vivre des hommes qui l’ habitent. Ce n’est pas la somme de leurs soucis et de leurs plaisirs,
585 de vivre des hommes qui l’habitent. Ce n’est pas la somme de leurs soucis et de leurs plaisirs, mais le sens qu’ils décou
586 des hommes qui l’habitent. Ce n’est pas la somme de leurs soucis et de leurs plaisirs, mais le sens qu’ils découvrent à l
587 abitent. Ce n’est pas la somme de leurs soucis et de leurs plaisirs, mais le sens qu’ils découvrent à l’existence, à la fa
588 somme de leurs soucis et de leurs plaisirs, mais le sens qu’ils découvrent à l’existence, à la faveur de ces vicissitudes
589 leurs plaisirs, mais le sens qu’ils découvrent à l’ existence, à la faveur de ces vicissitudes acceptées. Acceptons notre
590 , mais le sens qu’ils découvrent à l’existence, à la faveur de ces vicissitudes acceptées. Acceptons notre chance de vivr
591 sens qu’ils découvrent à l’existence, à la faveur de ces vicissitudes acceptées. Acceptons notre chance de vivre une vie
592 s vicissitudes acceptées. Acceptons notre chance de vivre une vie plus consciente et réelle. Quoi qu’il advienne, sachons
593 uoi qu’il advienne, sachons voir en toutes choses la double possibilité qu’elles offrent, le matin et la nuit qui viennent
594 es choses la double possibilité qu’elles offrent, le matin et la nuit qui viennent, et qui ne cesseront de venir jusqu’au
595 double possibilité qu’elles offrent, le matin et la nuit qui viennent, et qui ne cesseront de venir jusqu’au Jour éternel
596 atin et la nuit qui viennent, et qui ne cesseront de venir jusqu’au Jour éternel ! Prenons notre régime de vie tendue ; il
597 enir jusqu’au Jour éternel ! Prenons notre régime de vie tendue ; il suffit de savoir ce qui compte, et que la Joie ne dép
598  ! Prenons notre régime de vie tendue ; il suffit de savoir ce qui compte, et que la Joie ne dépend pas de nos misères. J’
599 endue ; il suffit de savoir ce qui compte, et que la Joie ne dépend pas de nos misères. J’y songeais l’autre soir, à Orléa
600 avoir ce qui compte, et que la Joie ne dépend pas de nos misères. J’y songeais l’autre soir, à Orléans, en entendant la Je
601 ’y songeais l’autre soir, à Orléans, en entendant la Jeanne d’Arc au bûcher de Paul Claudel et Arthur Honegger, cette boul
602 à Orléans, en entendant la Jeanne d’Arc au bûcher de Paul Claudel et Arthur Honegger, cette bouleversante déclamation chor
603 er, cette bouleversante déclamation chorale, vers la fin : « Il y a l’espérance, qui est la plus forte ! Il y a la joie, q
604 sante déclamation chorale, vers la fin : « Il y a l’ espérance, qui est la plus forte ! Il y a la joie, qui est la plus for
605 rale, vers la fin : « Il y a l’espérance, qui est la plus forte ! Il y a la joie, qui est la plus forte ! Il y a Dieu ! Il
606 l y a l’espérance, qui est la plus forte ! Il y a la joie, qui est la plus forte ! Il y a Dieu ! Il y a Dieu qui est le pl
607 , qui est la plus forte ! Il y a la joie, qui est la plus forte ! Il y a Dieu ! Il y a Dieu qui est le plus fort ! » C’éta
608 la plus forte ! Il y a Dieu ! Il y a Dieu qui est le plus fort ! » C’était l’invincible évidence, la délivrance, le « malg
609 eu ! Il y a Dieu qui est le plus fort ! » C’était l’ invincible évidence, la délivrance, le « malgré tout » dont nous vivro
610 t le plus fort ! » C’était l’invincible évidence, la délivrance, le « malgré tout » dont nous vivrons ! e. Rougemont De
611 ! » C’était l’invincible évidence, la délivrance, le « malgré tout » dont nous vivrons ! e. Rougemont Denis de, « ‟Le m
612 tout » dont nous vivrons ! e. Rougemont Denis de , « ‟Le matin vient et la nuit aussi” », Le Figaro, Paris, 7 juin 1939
613 dont nous vivrons ! e. Rougemont Denis de, « ‟ Le matin vient et la nuit aussi” », Le Figaro, Paris, 7 juin 1939, p. 1
614  ! e. Rougemont Denis de, « ‟Le matin vient et la nuit aussi” », Le Figaro, Paris, 7 juin 1939, p. 1 et 3. f. « Kaur »
615 Denis de, « ‟Le matin vient et la nuit aussi” », Le Figaro, Paris, 7 juin 1939, p. 1 et 3. f. « Kaur » dans la version o
616 Paris, 7 juin 1939, p. 1 et 3. f. « Kaur » dans la version originale imprimée, manifestement une erreur.
6 1945, Le Figaro, articles (1939–1953). Le mensonge allemand (16 août 1945)
617 Le mensonge allemand (16 août 1945)g New York, août. « Quelques-uns
618 6 août 1945)g New York, août. « Quelques-uns de mes meilleurs amis sont des Juifs… » commença le bonhomme antisémite,
619 de mes meilleurs amis sont des Juifs… » commença le bonhomme antisémite, affirmant son humanité et sa parfaite liberté d’
620 te, affirmant son humanité et sa parfaite liberté d’ esprit. Puis s’étant excepté de la commune sottise, ayant sauvé l’honn
621 a parfaite liberté d’esprit. Puis s’étant excepté de la commune sottise, ayant sauvé l’honneur pour ainsi dire, et donné à
622 arfaite liberté d’esprit. Puis s’étant excepté de la commune sottise, ayant sauvé l’honneur pour ainsi dire, et donné à to
623 ’étant excepté de la commune sottise, ayant sauvé l’ honneur pour ainsi dire, et donné à tout son discours un cachet d’obje
624 insi dire, et donné à tout son discours un cachet d’ objectivité — « Je n’en fais pas une question personnelle, vous voyez
625  » — il put s’abandonner avec ivresse aux délices d’ une diatribe que chacun sait par cœur : « Some of my best friends are
626 par cœur : « Some of my best friends are Jews… ». La phrase est devenue proverbiale en Amérique, et c’est fort bien : on n
627 biale en Amérique, et c’est fort bien : on ne tue les préjugés que par le ridicule ; quand on les tue. Dirai-je que j’ai de
628 c’est fort bien : on ne tue les préjugés que par le ridicule ; quand on les tue. Dirai-je que j’ai de bons amis antisémit
629 e tue les préjugés que par le ridicule ; quand on les tue. Dirai-je que j’ai de bons amis antisémites ? Au fait, je ne voul
630 le ridicule ; quand on les tue. Dirai-je que j’ai de bons amis antisémites ? Au fait, je ne voulais pas parler du peuple m
631 je ne voulais pas parler du peuple massacré, mais de ses massacreurs. Quelques-uns des Américains que j’estime le plus pen
632 acreurs. Quelques-uns des Américains que j’estime le plus pensent qu’il existe encore de « bons Allemands ». Dorothy Thomp
633 que j’estime le plus pensent qu’il existe encore de « bons Allemands ». Dorothy Thompson par exemple, dont l’influence de
634 s Allemands ». Dorothy Thompson par exemple, dont l’ influence demeure considérable dans la presse de « gauche modérée ». E
635 emple, dont l’influence demeure considérable dans la presse de « gauche modérée ». Et d’autres pensent que non, ainsi Glen
636 t l’influence demeure considérable dans la presse de « gauche modérée ». Et d’autres pensent que non, ainsi Glenway Wescot
637 sent que non, ainsi Glenway Wescott, qui vient de le démontrer dans un roman intitulé Appartements d’Athènes (l’a-t-on pub
638 le démontrer dans un roman intitulé Appartements d’ Athènes (l’a-t-on publié en français ?). Nous avons en commun, d’autre
639 er dans un roman intitulé Appartements d’Athènes ( l’ a-t-on publié en français ?). Nous avons en commun, d’autre part, quel
640 ès bons amis allemands réfugiés à New York depuis la guerre ou depuis 1933. Nous n’en sortirons donc jamais par ce biais-l
641 s par ce biais-là. Abandonnons toute prétention à l’ objectivité stellaire, comme tous aménagements personnels. Prenons la
642 aire, comme tous aménagements personnels. Prenons la situation telle qu’elle s’offre en Allemagne et aujourd’hui, aux yeux
643 yeux de ceux qui doivent en décider. Une anecdote la résumera. Dans une ville allemande occupée par les Américains, un off
644 la résumera. Dans une ville allemande occupée par les Américains, un officier chargé du gouvernement civil réunit cent pers
645 uvernement civil réunit cent personnes, au hasard de la rue, et se met à les interroger. « Êtes-vous nazis ? » Tous jurent
646 rnement civil réunit cent personnes, au hasard de la rue, et se met à les interroger. « Êtes-vous nazis ? » Tous jurent qu
647 cent personnes, au hasard de la rue, et se met à les interroger. « Êtes-vous nazis ? » Tous jurent que non. L’officier s’é
648 roger. « Êtes-vous nazis ? » Tous jurent que non. L’ officier s’étonne, puis se fâche. Ne sait-on pas dans le monde entier
649 cier s’étonne, puis se fâche. Ne sait-on pas dans le monde entier que le peuple allemand plébiscita cinq fois le régime hi
650 se fâche. Ne sait-on pas dans le monde entier que le peuple allemand plébiscita cinq fois le régime hitlérien, par d’écras
651 ntier que le peuple allemand plébiscita cinq fois le régime hitlérien, par d’écrasantes majorités ? Il doit donc bien y av
652 and plébiscita cinq fois le régime hitlérien, par d’ écrasantes majorités ? Il doit donc bien y avoir des nazis en Allemagn
653 is en Allemagne et même en assez grande quantité… Le porte-parole du groupe allemand — vite désigné — interrompt à ce poin
654 e allemand — vite désigné — interrompt à ce point l’ Américain : « Ce que vous dites là, crie-t-il, ce ne sont que des mens
655 rie-t-il, ce ne sont que des mensonges propagés à l’ étranger par les Juifs, les ploutocrates américains, les démocrates et
656 sont que des mensonges propagés à l’étranger par les Juifs, les ploutocrates américains, les démocrates et les bolchévique
657 es mensonges propagés à l’étranger par les Juifs, les ploutocrates américains, les démocrates et les bolchéviques ! » Qu’il
658 anger par les Juifs, les ploutocrates américains, les démocrates et les bolchéviques ! » Qu’il y ait ou non de « bons Allem
659 s, les ploutocrates américains, les démocrates et les bolchéviques ! » Qu’il y ait ou non de « bons Allemands », cette hist
660 crates et les bolchéviques ! » Qu’il y ait ou non de « bons Allemands », cette histoire vraie pose le vrai problème. Ce n’
661 de « bons Allemands », cette histoire vraie pose le vrai problème. Ce n’est pas d’hier que je l’ai observé : les Allemand
662 istoire vraie pose le vrai problème. Ce n’est pas d’ hier que je l’ai observé : les Allemands ne mentent pas comme nous. Et
663 pose le vrai problème. Ce n’est pas d’hier que je l’ ai observé : les Allemands ne mentent pas comme nous. Et c’est un fait
664 oblème. Ce n’est pas d’hier que je l’ai observé : les Allemands ne mentent pas comme nous. Et c’est un fait fondamental don
665 us. Et c’est un fait fondamental dont il convient de tenir compte quand on parle du « problème allemand ». Ils mentent ave
666 science. Quand nous mentons, nous savons bien que la vérité ne change pas pour si peu. Elle subsiste intacte et nous juge.
667 intacte et nous juge. Eux croient, s’ils changent d’ avis par « intérêt vital », que tout a changé dans le monde. Les critè
668 vis par « intérêt vital », que tout a changé dans le monde. Les critères mêmes du vrai sont modifiés. Menteur, celui qui s
669 intérêt vital », que tout a changé dans le monde. Les critères mêmes du vrai sont modifiés. Menteur, celui qui s’y réfère e
670 réfère encore ; sincère, celui qui se conforme à la nouvelle vérité germanique, car le droit, leur a-t-on enseigné, c’est
671 se conforme à la nouvelle vérité germanique, car le droit, leur a-t-on enseigné, c’est « ce qui sert le peuple allemand »
672 droit, leur a-t-on enseigné, c’est « ce qui sert le peuple allemand ». Plan d’éducation politique pour les nouvelles géné
673 é, c’est « ce qui sert le peuple allemand ». Plan d’ éducation politique pour les nouvelles générations allemandes : leur i
674 euple allemand ». Plan d’éducation politique pour les nouvelles générations allemandes : leur inculquer dès la plus tendre
675 elles générations allemandes : leur inculquer dès la plus tendre enfance le respect sacré de la définition légale et objec
676 andes : leur inculquer dès la plus tendre enfance le respect sacré de la définition légale et objective de quelques mots.
677 lquer dès la plus tendre enfance le respect sacré de la définition légale et objective de quelques mots. Responsable est c
678 er dès la plus tendre enfance le respect sacré de la définition légale et objective de quelques mots. Responsable est celu
679 espect sacré de la définition légale et objective de quelques mots. Responsable est celui qui a tiré le premier. Battu, ce
680 lui qui touche des deux épaules et se met à faire le bon apôtre. Nazi, celui qui accuse dans la même phrase « les Juifs, l
681 faire le bon apôtre. Nazi, celui qui accuse dans la même phrase « les Juifs, les ploutocrates américains, les démocrates
682 tre. Nazi, celui qui accuse dans la même phrase «  les Juifs, les ploutocrates américains, les démocrates et les bolchévique
683 celui qui accuse dans la même phrase « les Juifs, les ploutocrates américains, les démocrates et les bolchéviques ». Et cet
684 phrase « les Juifs, les ploutocrates américains, les démocrates et les bolchéviques ». Et cette définition vaut pour tous
685 s, les ploutocrates américains, les démocrates et les bolchéviques ». Et cette définition vaut pour tous les pays. g. Ro
686 olchéviques ». Et cette définition vaut pour tous les pays. g. Rougemont Denis de, « Le mensonge allemand », Le Figaro,
687 on vaut pour tous les pays. g. Rougemont Denis de , « Le mensonge allemand », Le Figaro, Paris, 16 août 1945, p. 1.
688 t pour tous les pays. g. Rougemont Denis de, «  Le mensonge allemand », Le Figaro, Paris, 16 août 1945, p. 1.
689 g. Rougemont Denis de, « Le mensonge allemand », Le Figaro, Paris, 16 août 1945, p. 1.
7 1945, Le Figaro, articles (1939–1953). Un climat tempéré (22 août 1945)
690 oût 1945)h New York, août Une nouvelle vague de chaleur sur New York, et voici les balcons, les terrasses, les jardin
691 nouvelle vague de chaleur sur New York, et voici les balcons, les terrasses, les jardins suspendus jusqu’au trentième étag
692 ue de chaleur sur New York, et voici les balcons, les terrasses, les jardins suspendus jusqu’au trentième étage qui se couv
693 ur New York, et voici les balcons, les terrasses, les jardins suspendus jusqu’au trentième étage qui se couvrent d’un peupl
694 uspendus jusqu’au trentième étage qui se couvrent d’ un peuple nu, quêtant un souffle de la mer, un courant d’air de l’East
695 ui se couvrent d’un peuple nu, quêtant un souffle de la mer, un courant d’air de l’East River, quelque soupir… La vie s’ar
696 se couvrent d’un peuple nu, quêtant un souffle de la mer, un courant d’air de l’East River, quelque soupir… La vie s’arrêt
697 uple nu, quêtant un souffle de la mer, un courant d’ air de l’East River, quelque soupir… La vie s’arrête. Le business même
698 u, quêtant un souffle de la mer, un courant d’air de l’East River, quelque soupir… La vie s’arrête. Le business même s’alo
699 quêtant un souffle de la mer, un courant d’air de l’ East River, quelque soupir… La vie s’arrête. Le business même s’alourd
700 un courant d’air de l’East River, quelque soupir… La vie s’arrête. Le business même s’alourdit et s’endort. Dans la rue de
701 de l’East River, quelque soupir… La vie s’arrête. Le business même s’alourdit et s’endort. Dans la rue des gens tombent. L
702 te. Le business même s’alourdit et s’endort. Dans la rue des gens tombent. Le veston sur le bras, on erre dans un bain de
703 ourdit et s’endort. Dans la rue des gens tombent. Le veston sur le bras, on erre dans un bain de vapeur, cherchant les sal
704 dort. Dans la rue des gens tombent. Le veston sur le bras, on erre dans un bain de vapeur, cherchant les salles réfrigérée
705 bent. Le veston sur le bras, on erre dans un bain de vapeur, cherchant les salles réfrigérées où l’on entre le souffle cou
706 e bras, on erre dans un bain de vapeur, cherchant les salles réfrigérées où l’on entre le souffle coupé et d’où l’on ressor
707 in de vapeur, cherchant les salles réfrigérées où l’ on entre le souffle coupé et d’où l’on ressort avec un rhume. La semai
708 r, cherchant les salles réfrigérées où l’on entre le souffle coupé et d’où l’on ressort avec un rhume. La semaine dernière
709 les réfrigérées où l’on entre le souffle coupé et d’ où l’on ressort avec un rhume. La semaine dernière, il gelait presque.
710 éfrigérées où l’on entre le souffle coupé et d’où l’ on ressort avec un rhume. La semaine dernière, il gelait presque. L’Am
711 souffle coupé et d’où l’on ressort avec un rhume. La semaine dernière, il gelait presque. L’Américain doit conserver sa ga
712 un rhume. La semaine dernière, il gelait presque. L’ Américain doit conserver sa garde-robe entière et tout son équipement
713 rver sa garde-robe entière et tout son équipement d’ appareils électriques à chauffer, à glacer, à tempérer, en état de mob
714 triques à chauffer, à glacer, à tempérer, en état de mobilisation permanente, d’un bout à l’autre de l’année. Une bonne pa
715 , à tempérer, en état de mobilisation permanente, d’ un bout à l’autre de l’année. Une bonne partie de ses soucis, de ses i
716 e mobilisation permanente, d’un bout à l’autre de l’ année. Une bonne partie de ses soucis, de ses inventions, de ses dépen
717 d’un bout à l’autre de l’année. Une bonne partie de ses soucis, de ses inventions, de ses dépenses, vont à neutraliser le
718 autre de l’année. Une bonne partie de ses soucis, de ses inventions, de ses dépenses, vont à neutraliser les sautes d’hume
719 ne bonne partie de ses soucis, de ses inventions, de ses dépenses, vont à neutraliser les sautes d’humeur d’un climat fant
720 s inventions, de ses dépenses, vont à neutraliser les sautes d’humeur d’un climat fantaisiste à l’extrême, souvent brutal.
721 s, de ses dépenses, vont à neutraliser les sautes d’ humeur d’un climat fantaisiste à l’extrême, souvent brutal. Comme chaq
722 dépenses, vont à neutraliser les sautes d’humeur d’ un climat fantaisiste à l’extrême, souvent brutal. Comme chaque jour à
723 ser les sautes d’humeur d’un climat fantaisiste à l’ extrême, souvent brutal. Comme chaque jour à New York, je pense à la p
724 brutal. Comme chaque jour à New York, je pense à la planète. Mais je ne puis penser aujourd’hui qu’aux climats inhumains
725 puis penser aujourd’hui qu’aux climats inhumains de la planète. À ces îles des tropiques où le litre de rhum qu’on boit p
726 is penser aujourd’hui qu’aux climats inhumains de la planète. À ces îles des tropiques où le litre de rhum qu’on boit par
727 umains de la planète. À ces îles des tropiques où le litre de rhum qu’on boit par jour et par personne, enfants compris, n
728 la planète. À ces îles des tropiques où le litre de rhum qu’on boit par jour et par personne, enfants compris, n’est qu’u
729 est qu’une défense, d’ailleurs désespérée, contre la torpeur écrasante qui tombe des arbres et du ciel. Aux régions polair
730 ns polaires sans été. Au faux printemps perpétuel de carte postale qui baigne la cuvette californienne et qui explique cet
731 x printemps perpétuel de carte postale qui baigne la cuvette californienne et qui explique cette irréalité fade et flatteu
732 et qui explique cette irréalité fade et flatteuse de tant de films tournés à Hollywood. Aux toundras, steppes, déserts, pa
733 ntinents… Notre terre est à peine habitable, dans l’ ensemble ! Et dans les régions plutôt rares où les conditions naturell
734 est à peine habitable, dans l’ensemble ! Et dans les régions plutôt rares où les conditions naturelles tolèrent la subsist
735 l’ensemble ! Et dans les régions plutôt rares où les conditions naturelles tolèrent la subsistance des vies humaines, c’es
736 lutôt rares où les conditions naturelles tolèrent la subsistance des vies humaines, c’est au prix d’un effort épuisant d’a
737 t la subsistance des vies humaines, c’est au prix d’ un effort épuisant d’adaptation, de protection, de réaction ou de réfr
738 vies humaines, c’est au prix d’un effort épuisant d’ adaptation, de protection, de réaction ou de réfrigération, qui laisse
739 c’est au prix d’un effort épuisant d’adaptation, de protection, de réaction ou de réfrigération, qui laisse peu d’énergie
740 d’un effort épuisant d’adaptation, de protection, de réaction ou de réfrigération, qui laisse peu d’énergie de surcroît. O
741 isant d’adaptation, de protection, de réaction ou de réfrigération, qui laisse peu d’énergie de surcroît. Où trouver un pa
742 , de réaction ou de réfrigération, qui laisse peu d’ énergie de surcroît. Où trouver un pays qui ne harcèle pas l’homme, et
743 ion ou de réfrigération, qui laisse peu d’énergie de surcroît. Où trouver un pays qui ne harcèle pas l’homme, et qui lui l
744 e surcroît. Où trouver un pays qui ne harcèle pas l’ homme, et qui lui laisse le loisir d’être humain, au lieu de le forcer
745 ays qui ne harcèle pas l’homme, et qui lui laisse le loisir d’être humain, au lieu de le forcer sans trêve à défendre sa v
746 harcèle pas l’homme, et qui lui laisse le loisir d’ être humain, au lieu de le forcer sans trêve à défendre sa vie d’anima
747 ui lui laisse le loisir d’être humain, au lieu de le forcer sans trêve à défendre sa vie d’animal ? J’en vois un, c’est pe
748 au lieu de le forcer sans trêve à défendre sa vie d’ animal ? J’en vois un, c’est peut-être le seul. Là, point de catastrop
749 e sa vie d’animal ? J’en vois un, c’est peut-être le seul. Là, point de catastrophes naturelles, d’avalanches, de tornades
750 J’en vois un, c’est peut-être le seul. Là, point de catastrophes naturelles, d’avalanches, de tornades, de volcans, d’inv
751 re le seul. Là, point de catastrophes naturelles, d’ avalanches, de tornades, de volcans, d’invasions de sauterelles ou de
752 , point de catastrophes naturelles, d’avalanches, de tornades, de volcans, d’invasions de sauterelles ou de termites ; rie
753 tastrophes naturelles, d’avalanches, de tornades, de volcans, d’invasions de sauterelles ou de termites ; rien à craindre
754 aturelles, d’avalanches, de tornades, de volcans, d’ invasions de sauterelles ou de termites ; rien à craindre des tremblem
755 ’avalanches, de tornades, de volcans, d’invasions de sauterelles ou de termites ; rien à craindre des tremblements de terr
756 rnades, de volcans, d’invasions de sauterelles ou de termites ; rien à craindre des tremblements de terre, des fleuves env
757 ou de termites ; rien à craindre des tremblements de terre, des fleuves envahissants, des sécheresses périodiques ou de ce
758 uves envahissants, des sécheresses périodiques ou de ces moiteurs dissolvantes. Les quatre saisons bien distinctes s’y suc
759 sses périodiques ou de ces moiteurs dissolvantes. Les quatre saisons bien distinctes s’y succèdent dans un ordre classique.
760 l tombe en hiver, non pas en plein été comme dans l’ hémisphère sud. Pays qui ne connaît d’autres désastres que ceux qu’org
761 e connaît d’autres désastres que ceux qu’organise l’ homme lui-même : la guerre et la révolution. Seul pays dont tous les m
762 désastres que ceux qu’organise l’homme lui-même : la guerre et la révolution. Seul pays dont tous les manuels nous apprenn
763 ceux qu’organise l’homme lui-même : la guerre et la révolution. Seul pays dont tous les manuels nous apprennent dès l’enf
764 : la guerre et la révolution. Seul pays dont tous les manuels nous apprennent dès l’enfance — et nul ne s’en étonne — qu’il
765 ul pays dont tous les manuels nous apprennent dès l’ enfance — et nul ne s’en étonne — qu’il possède un climat tempéré. C’e
766 n étonne — qu’il possède un climat tempéré. C’est la France. Ses habitants croient que la nature dont ils jouissent est le
767 mpéré. C’est la France. Ses habitants croient que la nature dont ils jouissent est le climat normal de l’homme. Ils ont ra
768 ants croient que la nature dont ils jouissent est le climat normal de l’homme. Ils ont raison, s’ils n’oublient pas toutef
769 la nature dont ils jouissent est le climat normal de l’homme. Ils ont raison, s’ils n’oublient pas toutefois que ce climat
770 nature dont ils jouissent est le climat normal de l’ homme. Ils ont raison, s’ils n’oublient pas toutefois que ce climat « 
771 lient pas toutefois que ce climat « normal », sur la planète, est une exception surprenante. Tout ce que nos pères considé
772 ent comme simple, typique, évident et « normal », la paix, la lumière blanche, l’atome d’hydrogène, la géométrie d’Euclide
773 simple, typique, évident et « normal », la paix, la lumière blanche, l’atome d’hydrogène, la géométrie d’Euclide, ou le F
774 ident et « normal », la paix, la lumière blanche, l’ atome d’hydrogène, la géométrie d’Euclide, ou le Français moyen, se ré
775 « normal », la paix, la lumière blanche, l’atome d’ hydrogène, la géométrie d’Euclide, ou le Français moyen, se révèle à l
776 la paix, la lumière blanche, l’atome d’hydrogène, la géométrie d’Euclide, ou le Français moyen, se révèle à l’analyse du x
777 umière blanche, l’atome d’hydrogène, la géométrie d’ Euclide, ou le Français moyen, se révèle à l’analyse du xxe siècle co
778 , l’atome d’hydrogène, la géométrie d’Euclide, ou le Français moyen, se révèle à l’analyse du xxe siècle comme autant de
779 trie d’Euclide, ou le Français moyen, se révèle à l’ analyse du xxe siècle comme autant de cas d’exception, dont il est st
780 se révèle à l’analyse du xxe siècle comme autant de cas d’exception, dont il est stupéfiant qu’ils se produisent si l’on
781 le à l’analyse du xxe siècle comme autant de cas d’ exception, dont il est stupéfiant qu’ils se produisent si l’on parcour
782 n, dont il est stupéfiant qu’ils se produisent si l’ on parcourt les statistiques. La France au climat tempéré, avec son ty
783 stupéfiant qu’ils se produisent si l’on parcourt les statistiques. La France au climat tempéré, avec son type d’humains no
784 se produisent si l’on parcourt les statistiques. La France au climat tempéré, avec son type d’humains normalement adaptés
785 iques. La France au climat tempéré, avec son type d’ humains normalement adaptés à une nature jugée normale, est une réussi
786 ais c’est par cela même qu’elle se trouve chargée d’ une mission universelle. Pendant des siècles, l’homme a pu y consacrer
787 e d’une mission universelle. Pendant des siècles, l’ homme a pu y consacrer son ingéniosité à faire des arts, des armes et
788 éniosité à faire des arts, des armes et des lois, de la politique, des robes et une littérature, plus quelques âmes de cli
789 osité à faire des arts, des armes et des lois, de la politique, des robes et une littérature, plus quelques âmes de climat
790 des robes et une littérature, plus quelques âmes de climat dur, de Pascal à Rimbaud, de Calvin à Saint-Just. Chance anorm
791 ne littérature, plus quelques âmes de climat dur, de Pascal à Rimbaud, de Calvin à Saint-Just. Chance anormale : chance de
792 quelques âmes de climat dur, de Pascal à Rimbaud, de Calvin à Saint-Just. Chance anormale : chance de créer, pour l’ensemb
793 de Calvin à Saint-Just. Chance anormale : chance de créer, pour l’ensemble du genre humain, des normes idéales de l’homme
794 int-Just. Chance anormale : chance de créer, pour l’ ensemble du genre humain, des normes idéales de l’homme, le luxe même.
795 ur l’ensemble du genre humain, des normes idéales de l’homme, le luxe même. La France, disposant des énergies que libère u
796 l’ensemble du genre humain, des normes idéales de l’ homme, le luxe même. La France, disposant des énergies que libère une
797 e du genre humain, des normes idéales de l’homme, le luxe même. La France, disposant des énergies que libère une nature am
798 ain, des normes idéales de l’homme, le luxe même. La France, disposant des énergies que libère une nature amie de l’homme,
799 disposant des énergies que libère une nature amie de l’homme, se trouve placée par cette nature même au rang de grande pui
800 posant des énergies que libère une nature amie de l’ homme, se trouve placée par cette nature même au rang de grande puissa
801 e, se trouve placée par cette nature même au rang de grande puissance d’invention — et je prends le mot puissance au sens
802 par cette nature même au rang de grande puissance d’ invention — et je prends le mot puissance au sens de potentiel. Si ell
803 ng de grande puissance d’invention — et je prends le mot puissance au sens de potentiel. Si elle doit cesser demain de tir
804 invention — et je prends le mot puissance au sens de potentiel. Si elle doit cesser demain de tirer d’un privilège unique
805 au sens de potentiel. Si elle doit cesser demain de tirer d’un privilège unique les créations qu’on attend d’elle dans to
806 de potentiel. Si elle doit cesser demain de tirer d’ un privilège unique les créations qu’on attend d’elle dans tous les or
807 doit cesser demain de tirer d’un privilège unique les créations qu’on attend d’elle dans tous les ordres, que se passera-t-
808 d’un privilège unique les créations qu’on attend d’ elle dans tous les ordres, que se passera-t-il ? On verra le reste du
809 nique les créations qu’on attend d’elle dans tous les ordres, que se passera-t-il ? On verra le reste du monde, et pendant
810 s tous les ordres, que se passera-t-il ? On verra le reste du monde, et pendant des siècles peut-être, s’efforcer de repro
811 nde, et pendant des siècles peut-être, s’efforcer de reproduire et de rejoindre par les plus coûteux artifices, ce climat
812 es siècles peut-être, s’efforcer de reproduire et de rejoindre par les plus coûteux artifices, ce climat qu’un Français mo
813 tre, s’efforcer de reproduire et de rejoindre par les plus coûteux artifices, ce climat qu’un Français moyen reçoit à son b
814 eçoit à son berceau, cadeau des fées, comme point de départ d’une vie vraiment humaine. h. Rougemont Denis de, « Un cli
815 n berceau, cadeau des fées, comme point de départ d’ une vie vraiment humaine. h. Rougemont Denis de, « Un climat tempér
816 d’une vie vraiment humaine. h. Rougemont Denis de , « Un climat tempéré », Le Figaro, Paris, 22 août 1945, p. 1.
817 h. Rougemont Denis de, « Un climat tempéré », Le Figaro, Paris, 22 août 1945, p. 1.
8 1945, Le Figaro, articles (1939–1953). La guerre est morte (5 septembre 1945)
818 La guerre est morte (5 septembre 1945)i La principale victime de la b
819 La guerre est morte (5 septembre 1945)i La principale victime de la bombe atomique a été la guerre, qui en est m
820 orte (5 septembre 1945)i La principale victime de la bombe atomique a été la guerre, qui en est morte en trois jours. S
821 e (5 septembre 1945)i La principale victime de la bombe atomique a été la guerre, qui en est morte en trois jours. Sous
822 La principale victime de la bombe atomique a été la guerre, qui en est morte en trois jours. Sous sa forme militaire — c’
823 en trois jours. Sous sa forme militaire — c’était la guerre tout court — elle a moins de chances de renaître et moins d’av
824 ire — c’était la guerre tout court — elle a moins de chances de renaître et moins d’avenir que les ordres de chevalerie. E
825 it la guerre tout court — elle a moins de chances de renaître et moins d’avenir que les ordres de chevalerie. Et je ne dis
826 rt — elle a moins de chances de renaître et moins d’ avenir que les ordres de chevalerie. Et je ne dis pas que les conflits
827 oins de chances de renaître et moins d’avenir que les ordres de chevalerie. Et je ne dis pas que les conflits vont cesser ;
828 nces de renaître et moins d’avenir que les ordres de chevalerie. Et je ne dis pas que les conflits vont cesser ; que les f
829 ue les ordres de chevalerie. Et je ne dis pas que les conflits vont cesser ; que les forts vont renoncer à se montrer forts
830 je ne dis pas que les conflits vont cesser ; que les forts vont renoncer à se montrer forts, ou les faibles à s’agglutiner
831 ue les forts vont renoncer à se montrer forts, ou les faibles à s’agglutiner pour les abattre ; que les classes vont se fon
832 montrer forts, ou les faibles à s’agglutiner pour les abattre ; que les classes vont se fondre, les frontières s’évanouir,
833 les faibles à s’agglutiner pour les abattre ; que les classes vont se fondre, les frontières s’évanouir, les gangsters de t
834 our les abattre ; que les classes vont se fondre, les frontières s’évanouir, les gangsters de tous ordres modérer leurs ard
835 lasses vont se fondre, les frontières s’évanouir, les gangsters de tous ordres modérer leurs ardeurs ; que les microbes von
836 fondre, les frontières s’évanouir, les gangsters de tous ordres modérer leurs ardeurs ; que les microbes vont faire la pa
837 gsters de tous ordres modérer leurs ardeurs ; que les microbes vont faire la paix avec les globules blancs, et les tigres d
838 dérer leurs ardeurs ; que les microbes vont faire la paix avec les globules blancs, et les tigres devenir végétariens. Mai
839 rdeurs ; que les microbes vont faire la paix avec les globules blancs, et les tigres devenir végétariens. Mais je dis que l
840 s vont faire la paix avec les globules blancs, et les tigres devenir végétariens. Mais je dis que les militaires n’ont plus
841 t les tigres devenir végétariens. Mais je dis que les militaires n’ont plus qu’à se consacrer aux sports. Que la guerre n’e
842 ires n’ont plus qu’à se consacrer aux sports. Que la guerre n’est plus leur métier. Et que par conséquent il n’y aura plus
843 ur métier. Et que par conséquent il n’y aura plus de guerre au sens classique et multimillénaire du mot. « Il y aura toujo
844 disaient-ils. Sans doute, mais ce ne seront plus les leurs, les « vraies », les héroïques, costumées et casquées, avec mou
845 ls. Sans doute, mais ce ne seront plus les leurs, les « vraies », les héroïques, costumées et casquées, avec mouvements tou
846 mais ce ne seront plus les leurs, les « vraies », les héroïques, costumées et casquées, avec mouvements tournants, percées
847 ercées au centre, retraites stratégiques, mordant de l’infanterie, ordres du jour électrisants et grands chefs adulés par
848 ées au centre, retraites stratégiques, mordant de l’ infanterie, ordres du jour électrisants et grands chefs adulés par des
849 ifs considérables. Il faut en prendre son parti : l’ ère des militaires a pris fin le 6 août à Hiroshima. L’arithmétique él
850 endre son parti : l’ère des militaires a pris fin le 6 août à Hiroshima. L’arithmétique élémentaire qui suffisait à combin
851 des militaires a pris fin le 6 août à Hiroshima. L’ arithmétique élémentaire qui suffisait à combiner grosso modo des kilo
852 des bataillons, des trajectoires et des vitesses d’ avions, fait place aux raffinements ultramathématiques de la physique
853 s, fait place aux raffinements ultramathématiques de la physique post-einsteinienne. La question de compétence est tranché
854 fait place aux raffinements ultramathématiques de la physique post-einsteinienne. La question de compétence est tranchée s
855 amathématiques de la physique post-einsteinienne. La question de compétence est tranchée sans réplique au détriment défini
856 es de la physique post-einsteinienne. La question de compétence est tranchée sans réplique au détriment définitif des géné
857 ux, au bénéfice des « intellectuels à lunettes ». La bravoure, la prestance, la discipline aveugle, les grands coups de gu
858 ce des « intellectuels à lunettes ». La bravoure, la prestance, la discipline aveugle, les grands coups de gueule, les tra
859 lectuels à lunettes ». La bravoure, la prestance, la discipline aveugle, les grands coups de gueule, les traditions de cor
860 La bravoure, la prestance, la discipline aveugle, les grands coups de gueule, les traditions de corps, le génie du poker et
861 restance, la discipline aveugle, les grands coups de gueule, les traditions de corps, le génie du poker et la cravache, n’
862 a discipline aveugle, les grands coups de gueule, les traditions de corps, le génie du poker et la cravache, n’ont pas d’em
863 eugle, les grands coups de gueule, les traditions de corps, le génie du poker et la cravache, n’ont pas d’emploi dans les
864 grands coups de gueule, les traditions de corps, le génie du poker et la cravache, n’ont pas d’emploi dans les laboratoir
865 le, les traditions de corps, le génie du poker et la cravache, n’ont pas d’emploi dans les laboratoires. Les capitaines au
866 orps, le génie du poker et la cravache, n’ont pas d’ emploi dans les laboratoires. Les capitaines au grand cœur et les armé
867 du poker et la cravache, n’ont pas d’emploi dans les laboratoires. Les capitaines au grand cœur et les armées en bel arroi
868 avache, n’ont pas d’emploi dans les laboratoires. Les capitaines au grand cœur et les armées en bel arroi qui s’avanceraien
869 les laboratoires. Les capitaines au grand cœur et les armées en bel arroi qui s’avanceraient avec une mâle vertu au-devant
870 qui s’avanceraient avec une mâle vertu au-devant de la bombe atomique, nous reviendraient après quelques minutes sous for
871 i s’avanceraient avec une mâle vertu au-devant de la bombe atomique, nous reviendraient après quelques minutes sous forme
872 utes sous forme de buée légère. N’insistons pas : l’ appareil militaire qu’ont chanté les Déroulède de tous les temps, appa
873 nsistons pas : l’appareil militaire qu’ont chanté les Déroulède de tous les temps, appartient en principe aux musées, depui
874 l’appareil militaire qu’ont chanté les Déroulède de tous les temps, appartient en principe aux musées, depuis le 6 août.
875 eil militaire qu’ont chanté les Déroulède de tous les temps, appartient en principe aux musées, depuis le 6 août. Les Alexa
876 temps, appartient en principe aux musées, depuis le 6 août. Les Alexandre, les Condé, les MacArthur et leurs troupes même
877 artient en principe aux musées, depuis le 6 août. Les Alexandre, les Condé, les MacArthur et leurs troupes même motorisées,
878 cipe aux musées, depuis le 6 août. Les Alexandre, les Condé, les MacArthur et leurs troupes même motorisées, ne pourront pl
879 sées, depuis le 6 août. Les Alexandre, les Condé, les MacArthur et leurs troupes même motorisées, ne pourront plus servir,
880 oupes même motorisées, ne pourront plus servir, à l’ occasion, que pour le combat de rues, les petites guerres civiles et a
881 , ne pourront plus servir, à l’occasion, que pour le combat de rues, les petites guerres civiles et autres différends d’in
882 ont plus servir, à l’occasion, que pour le combat de rues, les petites guerres civiles et autres différends d’intérêt loca
883 servir, à l’occasion, que pour le combat de rues, les petites guerres civiles et autres différends d’intérêt local, voire m
884 les petites guerres civiles et autres différends d’ intérêt local, voire municipal, au titre de la police et des pompiers.
885 érends d’intérêt local, voire municipal, au titre de la police et des pompiers. Il ne faut pas se dissimuler que ce déclas
886 nds d’intérêt local, voire municipal, au titre de la police et des pompiers. Il ne faut pas se dissimuler que ce déclassem
887 aut pas se dissimuler que ce déclassement brusque de la guerre va provoquer dans le monde entier un sentiment de vague et
888 pas se dissimuler que ce déclassement brusque de la guerre va provoquer dans le monde entier un sentiment de vague et vas
889 classement brusque de la guerre va provoquer dans le monde entier un sentiment de vague et vaste frustration. (L’Europe se
890 re va provoquer dans le monde entier un sentiment de vague et vaste frustration. (L’Europe sera plus touchée que l’Amériqu
891 tier un sentiment de vague et vaste frustration. ( L’ Europe sera plus touchée que l’Amérique.) On ne se guérit pas facileme
892 aste frustration. (L’Europe sera plus touchée que l’ Amérique.) On ne se guérit pas facilement de l’ablation à chaud d’une
893 e que l’Amérique.) On ne se guérit pas facilement de l’ablation à chaud d’une coutume ancestrale, du goût des uniformes, d
894 ue l’Amérique.) On ne se guérit pas facilement de l’ ablation à chaud d’une coutume ancestrale, du goût des uniformes, du j
895 ne se guérit pas facilement de l’ablation à chaud d’ une coutume ancestrale, du goût des uniformes, du jeu des soldats de p
896 strale, du goût des uniformes, du jeu des soldats de plomb, et de l’usage quotidien de métaphores guerrières, intimement l
897 ût des uniformes, du jeu des soldats de plomb, et de l’usage quotidien de métaphores guerrières, intimement lié, depuis La
898 des uniformes, du jeu des soldats de plomb, et de l’ usage quotidien de métaphores guerrières, intimement lié, depuis Lance
899 jeu des soldats de plomb, et de l’usage quotidien de métaphores guerrières, intimement lié, depuis Lancelot, à la sexualit
900 es guerrières, intimement lié, depuis Lancelot, à la sexualité occidentale. Quelles fêtes, quels carnavals mondiaux rempla
901 remplaceront désormais, pour nous et nos enfants, les « grandes parades » qui firent le principal de notre Histoire ? Tel e
902 t nos enfants, les « grandes parades » qui firent le principal de notre Histoire ? Tel est l’un des problèmes psychologiqu
903 , les « grandes parades » qui firent le principal de notre Histoire ? Tel est l’un des problèmes psychologiques que pose a
904 n des problèmes psychologiques que pose au siècle la bipartition d’un seul atome. Il en est d’autres, dont nous avons parl
905 psychologiques que pose au siècle la bipartition d’ un seul atome. Il en est d’autres, dont nous avons parlé abondamment c
906 nous avons parlé abondamment ces derniers jours : les maisons à hélicoptères vont rétablir le nomadisme ; les grandes cités
907 jours : les maisons à hélicoptères vont rétablir le nomadisme ; les grandes cités deviendront mobiles — leur seule défens
908 isons à hélicoptères vont rétablir le nomadisme ; les grandes cités deviendront mobiles — leur seule défense imaginable — e
909 ront mobiles — leur seule défense imaginable — et la circulation sera dégorgée dans l’invisible stratosphère… Quant aux vo
910 imaginable — et la circulation sera dégorgée dans l’ invisible stratosphère… Quant aux voyages ? Ils vont mourir aussi, ave
911 … Quant aux voyages ? Ils vont mourir aussi, avec la poésie de la durée, de la distance et de la nostalgie. Jusqu’au jour
912 x voyages ? Ils vont mourir aussi, avec la poésie de la durée, de la distance et de la nostalgie. Jusqu’au jour où l’human
913 oyages ? Ils vont mourir aussi, avec la poésie de la durée, de la distance et de la nostalgie. Jusqu’au jour où l’humanité
914 ls vont mourir aussi, avec la poésie de la durée, de la distance et de la nostalgie. Jusqu’au jour où l’humanité, sur les
915 vont mourir aussi, avec la poésie de la durée, de la distance et de la nostalgie. Jusqu’au jour où l’humanité, sur les tra
916 si, avec la poésie de la durée, de la distance et de la nostalgie. Jusqu’au jour où l’humanité, sur les traces d’un grand
917 avec la poésie de la durée, de la distance et de la nostalgie. Jusqu’au jour où l’humanité, sur les traces d’un grand phi
918 la distance et de la nostalgie. Jusqu’au jour où l’ humanité, sur les traces d’un grand philosophe, découvrira ce luxe ino
919 de la nostalgie. Jusqu’au jour où l’humanité, sur les traces d’un grand philosophe, découvrira ce luxe inouï : la lenteur a
920 lgie. Jusqu’au jour où l’humanité, sur les traces d’ un grand philosophe, découvrira ce luxe inouï : la lenteur au sein du
921 d’un grand philosophe, découvrira ce luxe inouï : la lenteur au sein du silence. i. Rougemont Denis de, « La guerre est
922 lenteur au sein du silence. i. Rougemont Denis de , « La guerre est morte », Le Figaro, Paris, 5 septembre 1945, p. 1.
923 r au sein du silence. i. Rougemont Denis de, «  La guerre est morte », Le Figaro, Paris, 5 septembre 1945, p. 1.
924 i. Rougemont Denis de, « La guerre est morte », Le Figaro, Paris, 5 septembre 1945, p. 1.
9 1945, Le Figaro, articles (1939–1953). Le dernier des Mohicans (11 octobre 1945)
925 ohicans (11 octobre 1945)j Lake George (USA) Le clapotis doux d’une pagaie trahit seul le glissement d’un canoë vers
926 re 1945)j Lake George (USA) Le clapotis doux d’ une pagaie trahit seul le glissement d’un canoë vers le pied du rocher
927 (USA) Le clapotis doux d’une pagaie trahit seul le glissement d’un canoë vers le pied du rocher où j’écris. Deux voiles
928 potis doux d’une pagaie trahit seul le glissement d’ un canoë vers le pied du rocher où j’écris. Deux voiles inclinées se c
929 pagaie trahit seul le glissement d’un canoë vers le pied du rocher où j’écris. Deux voiles inclinées se croisent lentemen
930 Deux voiles inclinées se croisent lentement entre les troncs des pins sur un vert d’eau limpide. Une grande flèche rouge ra
931 t lentement entre les troncs des pins sur un vert d’ eau limpide. Une grande flèche rouge rase les cimes en silence, devien
932 vert d’eau limpide. Une grande flèche rouge rase les cimes en silence, devient oiseau, devient petit avion luisant au cirq
933 ue lumineux des collines, et va creuser un sillon d’ or neigeux. Sur l’autre rive, la cloche du couvent des frères pauliste
934 creuser un sillon d’or neigeux. Sur l’autre rive, la cloche du couvent des frères paulistes — joyeux nageurs, plongeurs br
935 — joyeux nageurs, plongeurs bruyants — sonne pour les vêpres. Ce lac clair, qu’un jésuite français, au début du xviie sièc
936 viie siècle, baptisa lac du Saint-Sacrement pour la pureté lustrale de ses eaux, se nomme aujourd’hui le Lake George et f
937 sa lac du Saint-Sacrement pour la pureté lustrale de ses eaux, se nomme aujourd’hui le Lake George et fut le Horicon de Fe
938 pureté lustrale de ses eaux, se nomme aujourd’hui le Lake George et fut le Horicon de Fenimore Cooper, le lieu des aventur
939 eaux, se nomme aujourd’hui le Lake George et fut le Horicon de Fenimore Cooper, le lieu des aventures et de la mort d’Œil
940 Lake George et fut le Horicon de Fenimore Cooper, le lieu des aventures et de la mort d’Œil de faucon et du dernier des Mo
941 icon de Fenimore Cooper, le lieu des aventures et de la mort d’Œil de faucon et du dernier des Mohicans. Rien n’a changé d
942 n de Fenimore Cooper, le lieu des aventures et de la mort d’Œil de faucon et du dernier des Mohicans. Rien n’a changé dans
943 imore Cooper, le lieu des aventures et de la mort d’ Œil de faucon et du dernier des Mohicans. Rien n’a changé dans le pays
944 Cooper, le lieu des aventures et de la mort d’Œil de faucon et du dernier des Mohicans. Rien n’a changé dans le paysage de
945 et du dernier des Mohicans. Rien n’a changé dans le paysage depuis Cooper, lequel notait dans sa préface que tout était r
946 ans sa préface que tout était resté pareil depuis l’ époque des Iroquois et des Hurons. Les villages et les villes portent
947 areil depuis l’époque des Iroquois et des Hurons. Les villages et les villes portent encore des noms de Sagamores ou de tri
948 poque des Iroquois et des Hurons. Les villages et les villes portent encore des noms de Sagamores ou de tribus fameuses : S
949 es villages et les villes portent encore des noms de Sagamores ou de tribus fameuses : Saratoga, Mohawk ou Ticonderoga. Le
950 es villes portent encore des noms de Sagamores ou de tribus fameuses : Saratoga, Mohawk ou Ticonderoga. Les maisons sont p
951 ribus fameuses : Saratoga, Mohawk ou Ticonderoga. Les maisons sont presque invisibles, dissimulées à l’ombrage des pins cas
952 es maisons sont presque invisibles, dissimulées à l’ ombrage des pins cascadant en désordre des hauteurs, jusqu’aux bouleau
953 squ’aux bouleaux enchevêtrés des rives, parcourus d’ écureuils et d’oiseaux-mouches. C’est ici l’Amérique de mon enfance. N
954 x enchevêtrés des rives, parcourus d’écureuils et d’ oiseaux-mouches. C’est ici l’Amérique de mon enfance. Non point la vra
955 ourus d’écureuils et d’oiseaux-mouches. C’est ici l’ Amérique de mon enfance. Non point la vraie — il n’y en a point — mais
956 reuils et d’oiseaux-mouches. C’est ici l’Amérique de mon enfance. Non point la vraie — il n’y en a point — mais l’une des
957 s. C’est ici l’Amérique de mon enfance. Non point la vraie — il n’y en a point — mais l’une des vraies — elles le sont pre
958 il n’y en a point — mais l’une des vraies — elles le sont presque toutes. Entre les pages de l’exemplaire de Cooper trouvé
959 des vraies — elles le sont presque toutes. Entre les pages de l’exemplaire de Cooper trouvé dans la bibliothèque du salon,
960 s — elles le sont presque toutes. Entre les pages de l’exemplaire de Cooper trouvé dans la bibliothèque du salon, une peti
961 elles le sont presque toutes. Entre les pages de l’ exemplaire de Cooper trouvé dans la bibliothèque du salon, une petite
962 t presque toutes. Entre les pages de l’exemplaire de Cooper trouvé dans la bibliothèque du salon, une petite carte de visi
963 e les pages de l’exemplaire de Cooper trouvé dans la bibliothèque du salon, une petite carte de visite jaunie porte le nom
964 é dans la bibliothèque du salon, une petite carte de visite jaunie porte le nom d’un révérend qui fut évêque anglican d’Al
965 du salon, une petite carte de visite jaunie porte le nom d’un révérend qui fut évêque anglican d’Albany. Je connais bien s
966 n, une petite carte de visite jaunie porte le nom d’ un révérend qui fut évêque anglican d’Albany. Je connais bien son peti
967 orte le nom d’un révérend qui fut évêque anglican d’ Albany. Je connais bien son petit-fils. Roi du pays et chef de tribu p
968 connais bien son petit-fils. Roi du pays et chef de tribu politique, il possède la plupart des maisons riveraines, dont c
969 rt des maisons riveraines, dont celle où je suis, la plus vieille : elle aura cent ans l’an prochain. Mr T… fut jadis cand
970 où je suis, la plus vieille : elle aura cent ans l’ an prochain. Mr T… fut jadis candidat républicain contre Roosevelt pou
971 jadis candidat républicain contre Roosevelt pour l’ élection au poste de gouverneur de cet État. Il est tanné comme un Ind
972 blicain contre Roosevelt pour l’élection au poste de gouverneur de cet État. Il est tanné comme un Indien, juste juge, rou
973 Roosevelt pour l’élection au poste de gouverneur de cet État. Il est tanné comme un Indien, juste juge, roublard, riche e
974 Sa femme préside, avec un optimisme effervescent le Comité pour les étudiants pauvres et démocrates de New York, qu’elle
975 de, avec un optimisme effervescent le Comité pour les étudiants pauvres et démocrates de New York, qu’elle voudrait arrache
976 e Comité pour les étudiants pauvres et démocrates de New York, qu’elle voudrait arracher au « totalitarisme », entendez au
977 ez aux idées communistes. Elle élève des milliers de poulets dans un domaine qu’elle a nommé le « Sommet du Monde », parce
978 lliers de poulets dans un domaine qu’elle a nommé le « Sommet du Monde », parce qu’il s’étend sur une colline dominant le
979 e », parce qu’il s’étend sur une colline dominant le lac aux cent îles. L’aînée des filles vient d’épouser un avocat socia
980 nd sur une colline dominant le lac aux cent îles. L’ aînée des filles vient d’épouser un avocat socialiste et sportif. La s
981 nt le lac aux cent îles. L’aînée des filles vient d’ épouser un avocat socialiste et sportif. La seconde est femme de paste
982 vocat socialiste et sportif. La seconde est femme de pasteur. La cadette rêvant d’être actrice, on lui a bâti sur le Somme
983 iste et sportif. La seconde est femme de pasteur. La cadette rêvant d’être actrice, on lui a bâti sur le Sommet du Monde u
984 a seconde est femme de pasteur. La cadette rêvant d’ être actrice, on lui a bâti sur le Sommet du Monde un amphithéâtre de
985 cadette rêvant d’être actrice, on lui a bâti sur le Sommet du Monde un amphithéâtre de pierre où les amateurs du pays jou
986 lui a bâti sur le Sommet du Monde un amphithéâtre de pierre où les amateurs du pays jouaient du Shakespeare avant la guerr
987 r le Sommet du Monde un amphithéâtre de pierre où les amateurs du pays jouaient du Shakespeare avant la guerre. Les deux fi
988 es amateurs du pays jouaient du Shakespeare avant la guerre. Les deux fils, officiers de marine, se sont battus dans le Pa
989 du pays jouaient du Shakespeare avant la guerre. Les deux fils, officiers de marine, se sont battus dans le Pacifique. Les
990 espeare avant la guerre. Les deux fils, officiers de marine, se sont battus dans le Pacifique. Les disputes politiques, à
991 ux fils, officiers de marine, se sont battus dans le Pacifique. Les disputes politiques, à la table des T…, semblent passé
992 iers de marine, se sont battus dans le Pacifique. Les disputes politiques, à la table des T…, semblent passées depuis longt
993 tus dans le Pacifique. Les disputes politiques, à la table des T…, semblent passées depuis longtemps au rang de taquinerie
994 des T…, semblent passées depuis longtemps au rang de taquineries de famille. Simple question de générations, en apparence.
995 t passées depuis longtemps au rang de taquineries de famille. Simple question de générations, en apparence. On dit le bene
996 u rang de taquineries de famille. Simple question de générations, en apparence. On dit le benedicite avant de s’asseoir et
997 ple question de générations, en apparence. On dit le benedicite avant de s’asseoir et l’on pose au café des problèmes de r
998 rence. On dit le benedicite avant de s’asseoir et l’ on pose au café des problèmes de roman détective. Les Européens vus d’
999 t de s’asseoir et l’on pose au café des problèmes de roman détective. Les Européens vus d’ici, au travers des questions qu
1000 on pose au café des problèmes de roman détective. Les Européens vus d’ici, au travers des questions qu’on m’adresse, appara
1001 raissent inquiétants et inquiets, amers et pleins d’ idées nouvelles. La vie de ce district est restée communale, patriarca
1002 s et inquiets, amers et pleins d’idées nouvelles. La vie de ce district est restée communale, patriarcale et paroissiale,
1003 quiets, amers et pleins d’idées nouvelles. La vie de ce district est restée communale, patriarcale et paroissiale, dans la
1004 estée communale, patriarcale et paroissiale, dans la vraie tradition républicaine que « ces gens » de Washington sont en t
1005 la vraie tradition républicaine que « ces gens » de Washington sont en train de détruire à coups de décrets socialisants,
1006 » de Washington sont en train de détruire à coups de décrets socialisants, capitalistes et centralisateurs. Point d’usine
1007 ialisants, capitalistes et centralisateurs. Point d’ usine au village, mais quatre églises : l’anglicane, la presbytérienne
1008 . Point d’usine au village, mais quatre églises : l’ anglicane, la presbytérienne, la catholique, la méthodiste. Un curé ca
1009 ne au village, mais quatre églises : l’anglicane, la presbytérienne, la catholique, la méthodiste. Un curé canadien prêche
1010 quatre églises : l’anglicane, la presbytérienne, la catholique, la méthodiste. Un curé canadien prêche en français : nous
1011  : l’anglicane, la presbytérienne, la catholique, la méthodiste. Un curé canadien prêche en français : nous sommes ici un
1012 nous sommes ici un peu plus près de Montréal que de New York. L’hôtel se nomme le Sagamore. Un avis discret à l’entrée di
1013 ici un peu plus près de Montréal que de New York. L’ hôtel se nomme le Sagamore. Un avis discret à l’entrée disait l’an der
1014 rès de Montréal que de New York. L’hôtel se nomme le Sagamore. Un avis discret à l’entrée disait l’an dernier restricted,
1015 . L’hôtel se nomme le Sagamore. Un avis discret à l’ entrée disait l’an dernier restricted, signifiant que les Juifs n’étai
1016 me le Sagamore. Un avis discret à l’entrée disait l’ an dernier restricted, signifiant que les Juifs n’étaient pas désirés.
1017 ée disait l’an dernier restricted, signifiant que les Juifs n’étaient pas désirés. Des lois « contre les préjugés de race »
1018 es Juifs n’étaient pas désirés. Des lois « contre les préjugés de race » ayant passé cet hiver dans l’État, la pancarte por
1019 aient pas désirés. Des lois « contre les préjugés de race » ayant passé cet hiver dans l’État, la pancarte porte aujourd’h
1020 les préjugés de race » ayant passé cet hiver dans l’ État, la pancarte porte aujourd’hui : « Nous sommes catholiques et pro
1021 ugés de race » ayant passé cet hiver dans l’État, la pancarte porte aujourd’hui : « Nous sommes catholiques et protestants
1022 hui : « Nous sommes catholiques et protestants. » Les rives, les îles s’ornent de monuments souvent couverts de noms frança
1023 s sommes catholiques et protestants. » Les rives, les îles s’ornent de monuments souvent couverts de noms français : morts
1024 es et protestants. » Les rives, les îles s’ornent de monuments souvent couverts de noms français : morts de Montcalm et mo
1025 , les îles s’ornent de monuments souvent couverts de noms français : morts de Montcalm et morts des guerres d’Indépendance
1026 numents souvent couverts de noms français : morts de Montcalm et morts des guerres d’Indépendance. La liberté et la démocr
1027 français : morts de Montcalm et morts des guerres d’ Indépendance. La liberté et la démocratie montrent ici plus d’un visag
1028 de Montcalm et morts des guerres d’Indépendance. La liberté et la démocratie montrent ici plus d’un visage. Comme ailleur
1029 t morts des guerres d’Indépendance. La liberté et la démocratie montrent ici plus d’un visage. Comme ailleurs. Mais ici pl
1030 ce. La liberté et la démocratie montrent ici plus d’ un visage. Comme ailleurs. Mais ici plus qu’ailleurs, on sent que libe
1031 leurs, on sent que liberté signifie quelque chose d’ élémentaire : la possibilité de se mettre à l’abri des menaces naturel
1032 ue liberté signifie quelque chose d’élémentaire : la possibilité de se mettre à l’abri des menaces naturelles et matériell
1033 ifie quelque chose d’élémentaire : la possibilité de se mettre à l’abri des menaces naturelles et matérielles, d’une sauva
1034 ose d’élémentaire : la possibilité de se mettre à l’ abri des menaces naturelles et matérielles, d’une sauvagerie profonde
1035 e à l’abri des menaces naturelles et matérielles, d’ une sauvagerie profonde à portée de la main. D’où la méticuleuse propr
1036 t matérielles, d’une sauvagerie profonde à portée de la main. D’où la méticuleuse propreté des maisons de bois blanc de ce
1037 atérielles, d’une sauvagerie profonde à portée de la main. D’où la méticuleuse propreté des maisons de bois blanc de cette
1038 s, d’une sauvagerie profonde à portée de la main. D’ où la méticuleuse propreté des maisons de bois blanc de cette contrée,
1039 une sauvagerie profonde à portée de la main. D’où la méticuleuse propreté des maisons de bois blanc de cette contrée, et l
1040 la main. D’où la méticuleuse propreté des maisons de bois blanc de cette contrée, et la rigidité de sa morale, de ses préj
1041 la méticuleuse propreté des maisons de bois blanc de cette contrée, et la rigidité de sa morale, de ses préjugés séculaire
1042 té des maisons de bois blanc de cette contrée, et la rigidité de sa morale, de ses préjugés séculaires. Il me semble avoir
1043 ns de bois blanc de cette contrée, et la rigidité de sa morale, de ses préjugés séculaires. Il me semble avoir lu parfois
1044 nc de cette contrée, et la rigidité de sa morale, de ses préjugés séculaires. Il me semble avoir lu parfois que l’Amérique
1045 gés séculaires. Il me semble avoir lu parfois que l’ Amérique est un pays sans traditions ni religion, où toutes les races
1046 st un pays sans traditions ni religion, où toutes les races se mêlent, où l’argent seul existe… On voit New York et Chicago
1047 ns ni religion, où toutes les races se mêlent, où l’ argent seul existe… On voit New York et Chicago, Pittsburg sans doute.
1048 Chicago, Pittsburg sans doute. Qu’on n’oublie pas l’ esprit qui règne encore sur les forêts et sur les lacs innombrables du
1049 Qu’on n’oublie pas l’esprit qui règne encore sur les forêts et sur les lacs innombrables du continent, l’esprit subtil et
1050 s l’esprit qui règne encore sur les forêts et sur les lacs innombrables du continent, l’esprit subtil et ombrageux de l’éte
1051 forêts et sur les lacs innombrables du continent, l’ esprit subtil et ombrageux de l’éternel dernier des Mohicans ! Vaincu,
1052 rables du continent, l’esprit subtil et ombrageux de l’éternel dernier des Mohicans ! Vaincu, il a conquis l’âme des pionn
1053 les du continent, l’esprit subtil et ombrageux de l’ éternel dernier des Mohicans ! Vaincu, il a conquis l’âme des pionnier
1054 ernel dernier des Mohicans ! Vaincu, il a conquis l’ âme des pionniers et gouverne par elle une Amérique secrète, qui sent
1055 s sur un avenir planétaire. j. Rougemont Denis de , « Le dernier des Mohicans », Le Figaro, Paris, 11 octobre 1945, p. 1
1056 Rougemont Denis de, « Le dernier des Mohicans », Le Figaro, Paris, 11 octobre 1945, p. 1.
10 1945, Le Figaro, articles (1939–1953). Le savant et le général (8 novembre 1945)
1057 Le savant et le général (8 novembre 1945)k À une heure de New York, à
1058 Le savant et le général (8 novembre 1945)k À une heure de New York, à Princeton où
1059 t et le général (8 novembre 1945)k À une heure de New York, à Princeton où je suis en train de m’installer, tout respir
1060 de m’installer, tout respire une paix claustrale. Les bâtiments de l’Université, en style néogothique d’Oxford, dernier con
1061 , tout respire une paix claustrale. Les bâtiments de l’Université, en style néogothique d’Oxford, dernier confort, s’espac
1062 out respire une paix claustrale. Les bâtiments de l’ Université, en style néogothique d’Oxford, dernier confort, s’espacent
1063 s bâtiments de l’Université, en style néogothique d’ Oxford, dernier confort, s’espacent dans des parcs dont l’automne enco
1064 , dernier confort, s’espacent dans des parcs dont l’ automne encore tiède glorifie le luxe songeur. C’est dans ce cadre tro
1065 ns des parcs dont l’automne encore tiède glorifie le luxe songeur. C’est dans ce cadre trop parfait, cette ambiance d’inno
1066 C’est dans ce cadre trop parfait, cette ambiance d’ innocence, de sports et d’ombres vertes, que vivent et pensent quelque
1067 e cadre trop parfait, cette ambiance d’innocence, de sports et d’ombres vertes, que vivent et pensent quelques-uns des esp
1068 parfait, cette ambiance d’innocence, de sports et d’ ombres vertes, que vivent et pensent quelques-uns des esprits qui auro
1069 nt et pensent quelques-uns des esprits qui auront le plus contribué à transformer la condition du siècle. Hier soir, au ci
1070 sprits qui auront le plus contribué à transformer la condition du siècle. Hier soir, au cinéma, un hello derrière moi, c’é
1071 moi, c’était N., l’un des as du très petit groupe de mathématiciens et de physiciens qui a mis au point la bombe atomique.
1072 des as du très petit groupe de mathématiciens et de physiciens qui a mis au point la bombe atomique. Tout à l’heure, deva
1073 athématiciens et de physiciens qui a mis au point la bombe atomique. Tout à l’heure, devant ma fenêtre, un homme en sweate
1074 iens qui a mis au point la bombe atomique. Tout à l’ heure, devant ma fenêtre, un homme en sweater bleu et pantalon de flan
1075 ma fenêtre, un homme en sweater bleu et pantalon de flanelle passait les cheveux au vent — deux belles touffes blanches e
1076 e en sweater bleu et pantalon de flanelle passait les cheveux au vent — deux belles touffes blanches en désordre « génial »
1077 blanches en désordre « génial » — et c’était l’un de mes voisins, Albert Einstein, le patriarche du nouvel âge, le Moïse d
1078 et c’était l’un de mes voisins, Albert Einstein, le patriarche du nouvel âge, le Moïse de la Terre atomique. Il passe ain
1079 ns, Albert Einstein, le patriarche du nouvel âge, le Moïse de la Terre atomique. Il passe ainsi chaque jour, vers onze heu
1080 il porte un manteau noir. Sa chevelure m’indique la direction du vent, et son aspect met en fuite ma petite fille. À quoi
1081 met en fuite ma petite fille. À quoi pense-t-il ? De ce cerveau est sortie l’équation qui est en train de bouleverser le m
1082 lle. À quoi pense-t-il ? De ce cerveau est sortie l’ équation qui est en train de bouleverser le monde. Je me la répète cha
1083 sortie l’équation qui est en train de bouleverser le monde. Je me la répète chaque fois que je le vois : E = mc2. L’énergi
1084 n qui est en train de bouleverser le monde. Je me la répète chaque fois que je le vois : E = mc2. L’énergie est égale au p
1085 rser le monde. Je me la répète chaque fois que je le vois : E = mc2. L’énergie est égale au produit de la masse par le car
1086 e la répète chaque fois que je le vois : E = mc2. L’ énergie est égale au produit de la masse par le carré de la vitesse lu
1087 le vois : E = mc2. L’énergie est égale au produit de la masse par le carré de la vitesse lumineuse. On n’a jamais tant dit
1088 vois : E = mc2. L’énergie est égale au produit de la masse par le carré de la vitesse lumineuse. On n’a jamais tant dit en
1089 2. L’énergie est égale au produit de la masse par le carré de la vitesse lumineuse. On n’a jamais tant dit en si peu de si
1090 gie est égale au produit de la masse par le carré de la vitesse lumineuse. On n’a jamais tant dit en si peu de signes. Mai
1091 est égale au produit de la masse par le carré de la vitesse lumineuse. On n’a jamais tant dit en si peu de signes. Mais j
1092 signes. Mais je ne suis pas un physicien, et n’ai d’ autre spécialité que de réfléchir aux conséquences générales des décou
1093 pas un physicien, et n’ai d’autre spécialité que de réfléchir aux conséquences générales des découvertes particulières, e
1094 mme partout en Amérique — mais dans notre réserve d’ intellectuels avec plus de compétence qu’ailleurs — la discussion sur
1095 mais dans notre réserve d’intellectuels avec plus de compétence qu’ailleurs — la discussion sur l’avenir de la Bombe bat s
1096 tellectuels avec plus de compétence qu’ailleurs — la discussion sur l’avenir de la Bombe bat son plein. Bien entendu, l’op
1097 lus de compétence qu’ailleurs — la discussion sur l’ avenir de la Bombe bat son plein. Bien entendu, l’opinion des savants
1098 mpétence qu’ailleurs — la discussion sur l’avenir de la Bombe bat son plein. Bien entendu, l’opinion des savants domine to
1099 tence qu’ailleurs — la discussion sur l’avenir de la Bombe bat son plein. Bien entendu, l’opinion des savants domine tout.
1100 l’avenir de la Bombe bat son plein. Bien entendu, l’ opinion des savants domine tout. Leur mauvaise conscience les a rendus
1101 des savants domine tout. Leur mauvaise conscience les a rendus prudents et sages. Ils se sentent accusés sourdement d’avoir
1102 dents et sages. Ils se sentent accusés sourdement d’ avoir causé trois-cent-mille morts et créé une menace planétaire. Auss
1103 é une menace planétaire. Aussi défendent-ils tous l’ idée que la guerre des bombes serait la fin des hommes, et que le seul
1104 e planétaire. Aussi défendent-ils tous l’idée que la guerre des bombes serait la fin des hommes, et que le seul moyen de l
1105 t-ils tous l’idée que la guerre des bombes serait la fin des hommes, et que le seul moyen de l’empêcher est un gouvernemen
1106 uerre des bombes serait la fin des hommes, et que le seul moyen de l’empêcher est un gouvernement mondial. Ils partagent m
1107 es serait la fin des hommes, et que le seul moyen de l’empêcher est un gouvernement mondial. Ils partagent mon avis sur l’
1108 serait la fin des hommes, et que le seul moyen de l’ empêcher est un gouvernement mondial. Ils partagent mon avis sur l’inu
1109 gouvernement mondial. Ils partagent mon avis sur l’ inutilité des armées et des flottes de l’air ou de la mer, cependant q
1110 on avis sur l’inutilité des armées et des flottes de l’air ou de la mer, cependant que les généraux, les journalistes et l
1111 avis sur l’inutilité des armées et des flottes de l’ air ou de la mer, cependant que les généraux, les journalistes et les
1112 l’inutilité des armées et des flottes de l’air ou de la mer, cependant que les généraux, les journalistes et les politicie
1113 nutilité des armées et des flottes de l’air ou de la mer, cependant que les généraux, les journalistes et les politiciens
1114 des flottes de l’air ou de la mer, cependant que les généraux, les journalistes et les politiciens continuent de déraisonn
1115 e l’air ou de la mer, cependant que les généraux, les journalistes et les politiciens continuent de déraisonner comme un se
1116 , cependant que les généraux, les journalistes et les politiciens continuent de déraisonner comme un seul homme. Le New Yor
1117 x, les journalistes et les politiciens continuent de déraisonner comme un seul homme. Le New York Times de ce matin fourni
1118 ns continuent de déraisonner comme un seul homme. Le New York Times de ce matin fournit de nouveaux arguments, très puissa
1119 éraisonner comme un seul homme. Le New York Times de ce matin fournit de nouveaux arguments, très puissants mais contradic
1120 seul homme. Le New York Times de ce matin fournit de nouveaux arguments, très puissants mais contradictoires, aux deux fac
1121 adictoires, aux deux factions. Je dis puissants : les uns par la logique, le bon sens et le réalisme, les autres par l’auto
1122 aux deux factions. Je dis puissants : les uns par la logique, le bon sens et le réalisme, les autres par l’autorité et les
1123 tions. Je dis puissants : les uns par la logique, le bon sens et le réalisme, les autres par l’autorité et les passions qu
1124 uissants : les uns par la logique, le bon sens et le réalisme, les autres par l’autorité et les passions qui les soutienne
1125 s uns par la logique, le bon sens et le réalisme, les autres par l’autorité et les passions qui les soutiennent. Voici d’ab
1126 gique, le bon sens et le réalisme, les autres par l’ autorité et les passions qui les soutiennent. Voici d’abord l’opinion
1127 sens et le réalisme, les autres par l’autorité et les passions qui les soutiennent. Voici d’abord l’opinion du chef suprême
1128 me, les autres par l’autorité et les passions qui les soutiennent. Voici d’abord l’opinion du chef suprême des forces améri
1129 t les passions qui les soutiennent. Voici d’abord l’ opinion du chef suprême des forces américaines, le général Marshall. L
1130 l’opinion du chef suprême des forces américaines, le général Marshall. La bombe atomique, déclare-t-il, devant une commiss
1131 rême des forces américaines, le général Marshall. La bombe atomique, déclare-t-il, devant une commission parlementaire, lo
1132 vant une commission parlementaire, loin de rendre l’ armée superflue, ne peut qu’augmenter l’importance des troupes de terr
1133 de rendre l’armée superflue, ne peut qu’augmenter l’ importance des troupes de terre. C’est bien l’avis qu’on attendait d’u
1134 ue, ne peut qu’augmenter l’importance des troupes de terre. C’est bien l’avis qu’on attendait d’un général. Et il illustre
1135 ter l’importance des troupes de terre. C’est bien l’ avis qu’on attendait d’un général. Et il illustre sa pensée. « Suppose
1136 oupes de terre. C’est bien l’avis qu’on attendait d’ un général. Et il illustre sa pensée. « Supposez, dit-il, deux savants
1137 ton, et une terrifiante explosion se produit dans le territoire de l’autre. Le processus se poursuit, jusqu’au jour où que
1138 rrifiante explosion se produit dans le territoire de l’autre. Le processus se poursuit, jusqu’au jour où quelqu’un s’empar
1139 plosion se produit dans le territoire de l’autre. Le processus se poursuit, jusqu’au jour où quelqu’un s’empare d’un des b
1140 se poursuit, jusqu’au jour où quelqu’un s’empare d’ un des boutons : et voilà qui suppose une force armée. » Le général Ma
1141 boutons : et voilà qui suppose une force armée. » Le général Marshall ajoute : « Les gens qui parlent d’une guerre puremen
1142 une force armée. » Le général Marshall ajoute : «  Les gens qui parlent d’une guerre purement technique oublient le fait qu’
1143 général Marshall ajoute : « Les gens qui parlent d’ une guerre purement technique oublient le fait qu’une pareille guerre
1144 parlent d’une guerre purement technique oublient le fait qu’une pareille guerre exige des effectifs plus importants que p
1145 uerre exige des effectifs plus importants que par le passé. Il faut des troupes pour mettre les instruments en position, i
1146 que par le passé. Il faut des troupes pour mettre les instruments en position, il faut des troupes pour s’emparer d’une île
1147 s en position, il faut des troupes pour s’emparer d’ une île qui nous servira de base de tir. » Et il conclut que les condi
1148 troupes pour s’emparer d’une île qui nous servira de base de tir. » Et il conclut que les conditions fondamentales de la g
1149 pour s’emparer d’une île qui nous servira de base de tir. » Et il conclut que les conditions fondamentales de la guerre n’
1150 nous servira de base de tir. » Et il conclut que les conditions fondamentales de la guerre n’ont pas changé davantage qu’e
1151  » Et il conclut que les conditions fondamentales de la guerre n’ont pas changé davantage qu’elles ne le firent lors de l’
1152 Et il conclut que les conditions fondamentales de la guerre n’ont pas changé davantage qu’elles ne le firent lors de l’inv
1153 la guerre n’ont pas changé davantage qu’elles ne le firent lors de l’invention de la poudre. Mais trois colonnes plus loi
1154 as changé davantage qu’elles ne le firent lors de l’ invention de la poudre. Mais trois colonnes plus loin, sur la même pag
1155 vantage qu’elles ne le firent lors de l’invention de la poudre. Mais trois colonnes plus loin, sur la même page du New Yor
1156 tage qu’elles ne le firent lors de l’invention de la poudre. Mais trois colonnes plus loin, sur la même page du New York T
1157 de la poudre. Mais trois colonnes plus loin, sur la même page du New York Times, je lis ceci : « Le docteur Oppenheimer,
1158 r la même page du New York Times, je lis ceci : «  Le docteur Oppenheimer, chef du service des recherches atomiques à Los A
1159 s, a été interrogé hier par un comité du Sénat. À la question : “Est-il vraisemblable qu’un seul raid atomique contre les
1160 -il vraisemblable qu’un seul raid atomique contre les centres populeux des États-Unis puisse tuer 40 millions d’Américains 
1161 s populeux des États-Unis puisse tuer 40 millions d’ Américains ?”, le savant a répondu : “Je crains que oui.” » Or ceci tu
1162 ats-Unis puisse tuer 40 millions d’Américains ?”, le savant a répondu : “Je crains que oui.” » Or ceci tue cela, me semble
1163 la, me semble-t-il. Si impertinent qu’il paraisse de critiquer l’avis d’un militaire que le président Truman déclarait réc
1164 -t-il. Si impertinent qu’il paraisse de critiquer l’ avis d’un militaire que le président Truman déclarait récemment « plus
1165 Si impertinent qu’il paraisse de critiquer l’avis d’ un militaire que le président Truman déclarait récemment « plus grand
1166 l paraisse de critiquer l’avis d’un militaire que le président Truman déclarait récemment « plus grand que tous les capita
1167 Truman déclarait récemment « plus grand que tous les capitaines connus, y compris Alexandre », je pense que le général Mar
1168 aines connus, y compris Alexandre », je pense que le général Marshall a tort, si le docteur Oppenheimer a raison. Mettons-
1169 re », je pense que le général Marshall a tort, si le docteur Oppenheimer a raison. Mettons-nous dans la situation. Pour tr
1170 e docteur Oppenheimer a raison. Mettons-nous dans la situation. Pour transporter l’infanterie et les chars nécessaires à l
1171 Mettons-nous dans la situation. Pour transporter l’ infanterie et les chars nécessaires à la conquête d’une île ou des bas
1172 ns la situation. Pour transporter l’infanterie et les chars nécessaires à la conquête d’une île ou des bases ennemies, il f
1173 ansporter l’infanterie et les chars nécessaires à la conquête d’une île ou des bases ennemies, il faudra plusieurs heures,
1174 infanterie et les chars nécessaires à la conquête d’ une île ou des bases ennemies, il faudra plusieurs heures, sinon plusi
1175 . Or au moment où ces troupes partiront, un tiers de la population aura été tué. Pendant le voyage, un autre tiers subira
1176 r au moment où ces troupes partiront, un tiers de la population aura été tué. Pendant le voyage, un autre tiers subira pro
1177 , un tiers de la population aura été tué. Pendant le voyage, un autre tiers subira probablement le même sort. Imaginons le
1178 ant le voyage, un autre tiers subira probablement le même sort. Imaginons le moral de ces soldats. Ils sauront qu’ils ont
1179 tiers subira probablement le même sort. Imaginons le moral de ces soldats. Ils sauront qu’ils ont peu de chances de recevo
1180 ira probablement le même sort. Imaginons le moral de ces soldats. Ils sauront qu’ils ont peu de chances de recevoir des re
1181 es soldats. Ils sauront qu’ils ont peu de chances de recevoir des renforts et des munitions de leur pays, plus qu’à moitié
1182 chances de recevoir des renforts et des munitions de leur pays, plus qu’à moitié détruit. Ils verront que la guerre n’a pl
1183 r pays, plus qu’à moitié détruit. Ils verront que la guerre n’a plus de sens humain. D’ailleurs l’île qu’ils iront conquér
1184 oitié détruit. Ils verront que la guerre n’a plus de sens humain. D’ailleurs l’île qu’ils iront conquérir sera déjà réduit
1185 que la guerre n’a plus de sens humain. D’ailleurs l’ île qu’ils iront conquérir sera déjà réduite en fine poussière, si l’e
1186 conquérir sera déjà réduite en fine poussière, si l’ ennemi n’est pas stupide. Supposez encore que la Russie attaque l’Amér
1187 i l’ennemi n’est pas stupide. Supposez encore que la Russie attaque l’Amérique par la stratosphère. Que peut faire l’infan
1188 as stupide. Supposez encore que la Russie attaque l’ Amérique par la stratosphère. Que peut faire l’infanterie américaine ?
1189 posez encore que la Russie attaque l’Amérique par la stratosphère. Que peut faire l’infanterie américaine ? Attaquer ? Où
1190 ue l’Amérique par la stratosphère. Que peut faire l’ infanterie américaine ? Attaquer ? Où et quand ? Se défendre ? Contre
1191 défendre ? Contre qui ? On dit : « C’est toujours l’ infanterie qui termine une campagne en occupant le terrain. Mais dans
1192 l’infanterie qui termine une campagne en occupant le terrain. Mais dans le cas d’une guerre atomique, il n’est pas sûr, ni
1193 ne une campagne en occupant le terrain. Mais dans le cas d’une guerre atomique, il n’est pas sûr, ni même probable, que l’
1194 campagne en occupant le terrain. Mais dans le cas d’ une guerre atomique, il n’est pas sûr, ni même probable, que l’agresse
1195 atomique, il n’est pas sûr, ni même probable, que l’ agresseur juge bien utile de venir disputer à ses victimes des ruines
1196 ni même probable, que l’agresseur juge bien utile de venir disputer à ses victimes des ruines encore radioactives. De même
1197 times des ruines encore radioactives. De même, si la Russie est attaquée par l’Amérique, ou encore si l’une des deux attaq
1198 ioactives. De même, si la Russie est attaquée par l’ Amérique, ou encore si l’une des deux attaque l’Europe. Calculez les d
1199 r l’Amérique, ou encore si l’une des deux attaque l’ Europe. Calculez les distances. Supputez le temps qu’il faut à un corp
1200 core si l’une des deux attaque l’Europe. Calculez les distances. Supputez le temps qu’il faut à un corps expéditionnaire po
1201 ttaque l’Europe. Calculez les distances. Supputez le temps qu’il faut à un corps expéditionnaire pour les franchir, et les
1202 temps qu’il faut à un corps expéditionnaire pour les franchir, et les conditions dans lesquelles il s’ébranlera. Il a fall
1203 à un corps expéditionnaire pour les franchir, et les conditions dans lesquelles il s’ébranlera. Il a fallu deux ans aux Am
1204 r débarquer en Europe, et leur pays était resté à l’ abri des bombardements. Même s’il leur faut seulement deux heures la p
1205 ements. Même s’il leur faut seulement deux heures la prochaine fois, ils arriveront une heure trop tard. Il se peut que le
1206 ls arriveront une heure trop tard. Il se peut que le général Marshall, qui a su tout cela mieux que personne au monde, ait
1207 ment raison ; mais ce n’est certainement pas pour les raisons qu’il donne. Et pourquoi n’en pas donner d’autres, si elles e
1208 uoi n’en pas donner d’autres, si elles existent ? La guerre n’a plus d’autres secrets que ceux de l’industrie, qui sont ce
1209 nt ? La guerre n’a plus d’autres secrets que ceux de l’industrie, qui sont ceux de la science, qui n’a d’autre désir que d
1210 ? La guerre n’a plus d’autres secrets que ceux de l’ industrie, qui sont ceux de la science, qui n’a d’autre désir que de l
1211 es secrets que ceux de l’industrie, qui sont ceux de la science, qui n’a d’autre désir que de les publier. Je maintiens qu
1212 secrets que ceux de l’industrie, qui sont ceux de la science, qui n’a d’autre désir que de les publier. Je maintiens que l
1213 l’industrie, qui sont ceux de la science, qui n’a d’ autre désir que de les publier. Je maintiens que la guerre est morte,
1214 ont ceux de la science, qui n’a d’autre désir que de les publier. Je maintiens que la guerre est morte, la guerre des mili
1215 ceux de la science, qui n’a d’autre désir que de les publier. Je maintiens que la guerre est morte, la guerre des militair
1216 ’autre désir que de les publier. Je maintiens que la guerre est morte, la guerre des militaires, la vraie. Parce que nous
1217 es publier. Je maintiens que la guerre est morte, la guerre des militaires, la vraie. Parce que nous avons passé l’âge des
1218 ue la guerre est morte, la guerre des militaires, la vraie. Parce que nous avons passé l’âge des guerres considérées comme
1219 militaires, la vraie. Parce que nous avons passé l’ âge des guerres considérées comme jeux réglés. Si l’un des partis en p
1220 partis en présence disait à l’autre : — Messieurs les Anglais, tirez les premiers ! il n’y aurait plus personne pour tirer
1221 plus personne pour tirer en second, et retourner le feu, comme on disait naguère. Le général Marshall l’aurait-il oublié,
1222 nd, et retourner le feu, comme on disait naguère. Le général Marshall l’aurait-il oublié, lorsqu’il parle tout tranquillem
1223 feu, comme on disait naguère. Le général Marshall l’ aurait-il oublié, lorsqu’il parle tout tranquillement d’« un processus
1224 it-il oublié, lorsqu’il parle tout tranquillement d’ « un processus qui se poursuit » ? La discussion, comme on dit, reste
1225 anquillement d’« un processus qui se poursuit » ? La discussion, comme on dit, reste ouverte. Souhaitons qu’elle le reste
1226 , comme on dit, reste ouverte. Souhaitons qu’elle le reste longtemps. Car il s’agit d’un problème dont la preuve, si elle
1227 haitons qu’elle le reste longtemps. Car il s’agit d’ un problème dont la preuve, si elle était jamais administrée, ne pourr
1228 reste longtemps. Car il s’agit d’un problème dont la preuve, si elle était jamais administrée, ne pourrait plus intéresser
1229 itoire brusquement raréfié. k. Rougemont Denis de , « Le savant et le général », Le Figaro, Paris, 8 novembre 1945, p. 1
1230 brusquement raréfié. k. Rougemont Denis de, «  Le savant et le général », Le Figaro, Paris, 8 novembre 1945, p. 1.
1231 raréfié. k. Rougemont Denis de, « Le savant et le général », Le Figaro, Paris, 8 novembre 1945, p. 1.
1232 Rougemont Denis de, « Le savant et le général », Le Figaro, Paris, 8 novembre 1945, p. 1.
11 1945, Le Figaro, articles (1939–1953). Les résultats de la guerre (21 décembre 1945)
1233 Les résultats de la guerre (21 décembre 1945)l Depuis des mois, les gr
1234 Les résultats de la guerre (21 décembre 1945)l Depuis des mois, les grandes manchet
1235 Les résultats de la guerre (21 décembre 1945)l Depuis des mois, les grandes manchettes
1236 la guerre (21 décembre 1945)l Depuis des mois, les grandes manchettes sur huit colonnes ont disparu de la première page
1237 grandes manchettes sur huit colonnes ont disparu de la première page des journaux américains. Libéré de la pression d’une
1238 la première page des journaux américains. Libéré de la pression d’une actualité haletante qui renouvelait chaque matin de
1239 première page des journaux américains. Libéré de la pression d’une actualité haletante qui renouvelait chaque matin depui
1240 ge des journaux américains. Libéré de la pression d’ une actualité haletante qui renouvelait chaque matin depuis six ans se
1241 aque matin depuis six ans ses énormes péripéties, l’ esprit se sent soudain menacé d’ennui. Mais en même temps, c’est comme
1242 ormes péripéties, l’esprit se sent soudain menacé d’ ennui. Mais en même temps, c’est comme s’il s’éveillait d’une longue t
1243 Mais en même temps, c’est comme s’il s’éveillait d’ une longue torpeur stupéfiée. Le temps de réfléchir est revenu. S’il n
1244 s’il s’éveillait d’une longue torpeur stupéfiée. Le temps de réfléchir est revenu. S’il n’y a rien dans le journal, cherc
1245 veillait d’une longue torpeur stupéfiée. Le temps de réfléchir est revenu. S’il n’y a rien dans le journal, cherchons dans
1246 mps de réfléchir est revenu. S’il n’y a rien dans le journal, cherchons dans notre tête. Nous y trouverons d’abord une gra
1247 ’abord une grande question : qu’est-il donc sorti de cette guerre ? Quelles nouveautés ? Aucune, répondent beaucoup. Rien
1248 Aucune, répondent beaucoup. Rien que du négatif : l’ écrasement matériel des nazis, et des ruines. Trois grandes nouveautés
1249 is grandes nouveautés, répondrai-je au contraire. Le triomphe d’un régime. Une idée. Et une arme. (Je n’ai guère parlé que
1250 ouveautés, répondrai-je au contraire. Le triomphe d’ un régime. Une idée. Et une arme. (Je n’ai guère parlé que de ces troi
1251 . Une idée. Et une arme. (Je n’ai guère parlé que de ces trois sujets dans mes chroniques précédentes.) Ce régime, c’est l
1252 ans mes chroniques précédentes.) Ce régime, c’est la démocratie, que plus personne qui compte n’ose attaquer, et dont tout
1253 ersonne qui compte n’ose attaquer, et dont toutes les puissances dignes du nom se réclament aujourd’hui par les bouches off
1254 sances dignes du nom se réclament aujourd’hui par les bouches officielles. Cette idée, c’est l’unité des peuples de la plan
1255 ui par les bouches officielles. Cette idée, c’est l’ unité des peuples de la planète, c’est le rêve d’un gouvernement plané
1256 fficielles. Cette idée, c’est l’unité des peuples de la planète, c’est le rêve d’un gouvernement planétaire, c’est la « pe
1257 cielles. Cette idée, c’est l’unité des peuples de la planète, c’est le rêve d’un gouvernement planétaire, c’est la « pensé
1258 e, c’est l’unité des peuples de la planète, c’est le rêve d’un gouvernement planétaire, c’est la « pensée globale », comme
1259 l’unité des peuples de la planète, c’est le rêve d’ un gouvernement planétaire, c’est la « pensée globale », comme disent
1260 c’est le rêve d’un gouvernement planétaire, c’est la « pensée globale », comme disent les Anglo-Saxons. Et cette arme, c’e
1261 étaire, c’est la « pensée globale », comme disent les Anglo-Saxons. Et cette arme, c’est la bombe atomique. Or, remarquez q
1262 mme disent les Anglo-Saxons. Et cette arme, c’est la bombe atomique. Or, remarquez que la démocratie triomphante (en théor
1263 arme, c’est la bombe atomique. Or, remarquez que la démocratie triomphante (en théorie), l’idée planétaire, et l’arme vin
1264 rquez que la démocratie triomphante (en théorie), l’ idée planétaire, et l’arme vingt mille fois plus puissante que toutes
1265 e triomphante (en théorie), l’idée planétaire, et l’ arme vingt mille fois plus puissante que toutes les autres jouent dans
1266 l’arme vingt mille fois plus puissante que toutes les autres jouent dans le même sens, se prêtent appui et se renforcent mu
1267 plus puissante que toutes les autres jouent dans le même sens, se prêtent appui et se renforcent mutuellement. Voici comm
1268 ent mondial court deux risques principaux : celui d’ être trop faible pour gouverner effectivement, et celui d’être trop fo
1269 rop faible pour gouverner effectivement, et celui d’ être trop fort pour que survivent les libertés nationales ou régionale
1270 ent, et celui d’être trop fort pour que survivent les libertés nationales ou régionales. Mais si ce gouvernement devient se
1271 s. Mais si ce gouvernement devient seul détenteur de la bombe atomique, il se voit doté du même coup d’une arme proportion
1272 Mais si ce gouvernement devient seul détenteur de la bombe atomique, il se voit doté du même coup d’une arme proportionnée
1273 e la bombe atomique, il se voit doté du même coup d’ une arme proportionnée à l’ampleur de sa tâche, qui est de faire la po
1274 voit doté du même coup d’une arme proportionnée à l’ ampleur de sa tâche, qui est de faire la police des nations, et d’une
1275 du même coup d’une arme proportionnée à l’ampleur de sa tâche, qui est de faire la police des nations, et d’une arme qui,
1276 me proportionnée à l’ampleur de sa tâche, qui est de faire la police des nations, et d’une arme qui, par nature, serait dé
1277 tionnée à l’ampleur de sa tâche, qui est de faire la police des nations, et d’une arme qui, par nature, serait démesurée p
1278 tâche, qui est de faire la police des nations, et d’ une arme qui, par nature, serait démesurée pour un seul peuple, tandis
1279 n seul peuple, tandis qu’elle devient effective à l’ échelle planétaire, précisément. Voici donc le danger de faiblesse éca
1280 e à l’échelle planétaire, précisément. Voici donc le danger de faiblesse écarté. D’autre part, le triomphe universel du pr
1281 lle planétaire, précisément. Voici donc le danger de faiblesse écarté. D’autre part, le triomphe universel du principe dém
1282 donc le danger de faiblesse écarté. D’autre part, le triomphe universel du principe démocratique fournit une garantie de c
1283 sel du principe démocratique fournit une garantie de contrôle des autorités élues, et diminue le danger d’un coup de force
1284 antie de contrôle des autorités élues, et diminue le danger d’un coup de force opéré contre le pouvoir international par u
1285 ontrôle des autorités élues, et diminue le danger d’ un coup de force opéré contre le pouvoir international par une des nat
1286 s autorités élues, et diminue le danger d’un coup de force opéré contre le pouvoir international par une des nations const
1287 diminue le danger d’un coup de force opéré contre le pouvoir international par une des nations constituantes : la guerre n
1288 international par une des nations constituantes : la guerre ne vient-elle pas d’éliminer les dictatures impérialistes ? Ce
1289 tions constituantes : la guerre ne vient-elle pas d’ éliminer les dictatures impérialistes ? Ces trois nouveautés, ces troi
1290 ituantes : la guerre ne vient-elle pas d’éliminer les dictatures impérialistes ? Ces trois nouveautés, ces trois grands rés
1291 Ces trois nouveautés, ces trois grands résultats de la lutte dont nous sortons, semblent donc converger vers un seul et m
1292 s trois nouveautés, ces trois grands résultats de la lutte dont nous sortons, semblent donc converger vers un seul et même
1293 proche et définitive des conflits internationaux. L’ idée, la nécessité, et la possibilité pratique d’un gouvernement fédér
1294 t définitive des conflits internationaux. L’idée, la nécessité, et la possibilité pratique d’un gouvernement fédéral de la
1295 conflits internationaux. L’idée, la nécessité, et la possibilité pratique d’un gouvernement fédéral de la planète nous son
1296 L’idée, la nécessité, et la possibilité pratique d’ un gouvernement fédéral de la planète nous sont apparues simultanément
1297 la possibilité pratique d’un gouvernement fédéral de la planète nous sont apparues simultanément. Elles se proposent à l’e
1298 possibilité pratique d’un gouvernement fédéral de la planète nous sont apparues simultanément. Elles se proposent à l’espr
1299 sont apparues simultanément. Elles se proposent à l’ esprit avec tant de clarté qu’on est tenté d’y voir l’indication d’une
1300 nt à l’esprit avec tant de clarté qu’on est tenté d’ y voir l’indication d’une fatalité : il n’est pas d’autre voie pratica
1301 prit avec tant de clarté qu’on est tenté d’y voir l’ indication d’une fatalité : il n’est pas d’autre voie praticable, la r
1302 t de clarté qu’on est tenté d’y voir l’indication d’ une fatalité : il n’est pas d’autre voie praticable, la raison nous po
1303 y voir l’indication d’une fatalité : il n’est pas d’ autre voie praticable, la raison nous pousse à la suivre, nous devons
1304 fatalité : il n’est pas d’autre voie praticable, la raison nous pousse à la suivre, nous devons donc arriver très vite au
1305 d’autre voie praticable, la raison nous pousse à la suivre, nous devons donc arriver très vite au but… Telles sont les pe
1306 devons donc arriver très vite au but… Telles sont les perspectives théoriques. L’Histoire n’en a pas connu de plus vastes,
1307 au but… Telles sont les perspectives théoriques. L’ Histoire n’en a pas connu de plus vastes, ni de plus pacifiantes. Mais
1308 onnu de plus vastes, ni de plus pacifiantes. Mais l’ Histoire nous apprend aussi que l’homme est stupide et mauvais, qu’il
1309 cifiantes. Mais l’Histoire nous apprend aussi que l’ homme est stupide et mauvais, qu’il a peur de voir grand, et qu’il pré
1310 que l’homme est stupide et mauvais, qu’il a peur de voir grand, et qu’il préfère en général ses vieux litiges locaux, qu’
1311 êts, à ses vrais intérêts, qu’il appelle utopies. La grande tâche politique du siècle, dans ces conditions, paraît claire.
1312 ns, paraît claire. Il faut d’abord dresser devant les peuples une vision simple des possibilités d’union mondiale qui sont
1313 nt les peuples une vision simple des possibilités d’ union mondiale qui sont ouvertes désormais, et insister sur le caractè
1314 iale qui sont ouvertes désormais, et insister sur le caractère inévitable de cette solution : tout nous y mène, et tôt ou
1315 ésormais, et insister sur le caractère inévitable de cette solution : tout nous y mène, et tôt ou tard elle s’imposera, ma
1316 si ce n’est par notre action. Ensuite, il s’agit de combattre les obstacles à cette union. Ils sont dans l’étroitesse de
1317 par notre action. Ensuite, il s’agit de combattre les obstacles à cette union. Ils sont dans l’étroitesse de nos esprits, n
1318 battre les obstacles à cette union. Ils sont dans l’ étroitesse de nos esprits, non pas dans la raison, ni dans les faits.
1319 stacles à cette union. Ils sont dans l’étroitesse de nos esprits, non pas dans la raison, ni dans les faits. Au premier ra
1320 nt dans l’étroitesse de nos esprits, non pas dans la raison, ni dans les faits. Au premier rang, on ne manquera pas de dés
1321 e de nos esprits, non pas dans la raison, ni dans les faits. Au premier rang, on ne manquera pas de désigner le nationalism
1322 ns les faits. Au premier rang, on ne manquera pas de désigner le nationalisme en plein essor, contrecoup fatal de la guerr
1323 . Au premier rang, on ne manquera pas de désigner le nationalisme en plein essor, contrecoup fatal de la guerre, et fièvre
1324 le nationalisme en plein essor, contrecoup fatal de la guerre, et fièvre spécifique des démocraties physiquement ou moral
1325 nationalisme en plein essor, contrecoup fatal de la guerre, et fièvre spécifique des démocraties physiquement ou moraleme
1326 déprimées. J’y reviendrai. l. Rougemont Denis de , « Les résultats de la guerre », Le Figaro, Paris, 21 décembre 1945,
1327 mées. J’y reviendrai. l. Rougemont Denis de, «  Les résultats de la guerre », Le Figaro, Paris, 21 décembre 1945, p. 1.
1328 endrai. l. Rougemont Denis de, « Les résultats de la guerre », Le Figaro, Paris, 21 décembre 1945, p. 1.
1329 rai. l. Rougemont Denis de, « Les résultats de la guerre », Le Figaro, Paris, 21 décembre 1945, p. 1.
1330 ugemont Denis de, « Les résultats de la guerre », Le Figaro, Paris, 21 décembre 1945, p. 1.
12 1945, Le Figaro, articles (1939–1953). Un salon atomique (26 décembre 1945)
1331 embre 1945)m Cette capitale qui ne fait partie d’ aucun des États de l’Union m’a toujours paru peu réelle : c’est comme
1332 toujours paru peu réelle : c’est comme une ville d’ exposition qu’on aurait décidé de ne pas détruire. Je m’y perds réguli
1333 comme une ville d’exposition qu’on aurait décidé de ne pas détruire. Je m’y perds régulièrement, cherchant d’un œil anxie
1334 s détruire. Je m’y perds régulièrement, cherchant d’ un œil anxieux l’Obélisque, qui n’est même pas au centre. Faut-il vous
1335 y perds régulièrement, cherchant d’un œil anxieux l’ Obélisque, qui n’est même pas au centre. Faut-il vous donner toute la
1336 est même pas au centre. Faut-il vous donner toute la mesure du désespoir qui fond sur moi dès que je suis à Washington ? J
1337 ington ? Je vous avouerai que je m’y réfugie dans les salons. L’Europe avait des salons littéraires. À Washington, ils sont
1338 vous avouerai que je m’y réfugie dans les salons. L’ Europe avait des salons littéraires. À Washington, ils sont tous polit
1339 je sors, qui est l’un des mieux courus, est aussi le plus atomique. Parmi les sous-secrétaires d’État, les diplomates et l
1340 s mieux courus, est aussi le plus atomique. Parmi les sous-secrétaires d’État, les diplomates et les virtuoses, j’ai trouvé
1341 ussi le plus atomique. Parmi les sous-secrétaires d’ État, les diplomates et les virtuoses, j’ai trouvé deux ou trois prix
1342 plus atomique. Parmi les sous-secrétaires d’État, les diplomates et les virtuoses, j’ai trouvé deux ou trois prix Nobel, tr
1343 mi les sous-secrétaires d’État, les diplomates et les virtuoses, j’ai trouvé deux ou trois prix Nobel, très entourés. — Une
1344 ès entourés. — Une campagne atomique, disait l’un d’ eux, orné d’une paire d’énormes sourcils blancs, laisserait environ 2 
1345 — Une campagne atomique, disait l’un d’eux, orné d’ une paire d’énormes sourcils blancs, laisserait environ 2 % de la popu
1346 gne atomique, disait l’un d’eux, orné d’une paire d’ énormes sourcils blancs, laisserait environ 2 % de la population améri
1347 d’énormes sourcils blancs, laisserait environ 2 % de la population américaine, grattant la terre entre les ruines, pour y
1348 normes sourcils blancs, laisserait environ 2 % de la population américaine, grattant la terre entre les ruines, pour y che
1349 environ 2 % de la population américaine, grattant la terre entre les ruines, pour y chercher sa subsistance. — Comme c’est
1350 la population américaine, grattant la terre entre les ruines, pour y chercher sa subsistance. — Comme c’est passionnant ! m
1351 y, I love him, he is fascinating ! J’observai que la panique de l’an mille, dont on pouvait penser que la Bombe allait ren
1352 im, he is fascinating ! J’observai que la panique de l’an mille, dont on pouvait penser que la Bombe allait renouveler l’h
1353 he is fascinating ! J’observai que la panique de l’ an mille, dont on pouvait penser que la Bombe allait renouveler l’hyst
1354 panique de l’an mille, dont on pouvait penser que la Bombe allait renouveler l’hystérie, ne paraissait pas dominer l’assem
1355 on pouvait penser que la Bombe allait renouveler l’ hystérie, ne paraissait pas dominer l’assemblée. — C’est qu’on croyait
1356 renouveler l’hystérie, ne paraissait pas dominer l’ assemblée. — C’est qu’on croyait alors, me dit le savant. Nous n’avons
1357 l’assemblée. — C’est qu’on croyait alors, me dit le savant. Nous n’avons devant nous que des faits mesurables. Et cela tu
1358 devant nous que des faits mesurables. Et cela tue l’ imagination. — Pensez-vous, dit une autre dame, que la Bombe puisse fa
1359 agination. — Pensez-vous, dit une autre dame, que la Bombe puisse faire sauter la terre ? — Cela se discute… Certains de m
1360 une autre dame, que la Bombe puisse faire sauter la terre ? — Cela se discute… Certains de mes collègues ont envisagé l’h
1361 ire sauter la terre ? — Cela se discute… Certains de mes collègues ont envisagé l’hypothèse, et sont de l’avis qu’elle n’e
1362 e discute… Certains de mes collègues ont envisagé l’ hypothèse, et sont de l’avis qu’elle n’est pas improbable. D’autres, c
1363 e mes collègues ont envisagé l’hypothèse, et sont de l’avis qu’elle n’est pas improbable. D’autres, comme moi, pensent qu’
1364 es collègues ont envisagé l’hypothèse, et sont de l’ avis qu’elle n’est pas improbable. D’autres, comme moi, pensent qu’on
1365 oi, pensent qu’on ne fera sauter que des tranches de l’écorce terrestre, comme si vous peliez une orange. Les dames étaien
1366 pensent qu’on ne fera sauter que des tranches de l’ écorce terrestre, comme si vous peliez une orange. Les dames étaient r
1367 corce terrestre, comme si vous peliez une orange. Les dames étaient ravies, les hommes pensifs. On eût dit qu’ils réfléchis
1368 vous peliez une orange. Les dames étaient ravies, les hommes pensifs. On eût dit qu’ils réfléchissaient. La conversation de
1369 ommes pensifs. On eût dit qu’ils réfléchissaient. La conversation devint générale. Le savant se montrait plein d’humour. O
1370 réfléchissaient. La conversation devint générale. Le savant se montrait plein d’humour. On n’avait jamais été plus plaisan
1371 tion devint générale. Le savant se montrait plein d’ humour. On n’avait jamais été plus plaisant à propos de massacres en m
1372 ropos de massacres en masses. Ce que j’aime, dans le monde, c’est qu’on part quand on veut. À peine sorti, je me suis mis
1373 e me suis mis à réfléchir, et m’étant égaré comme de coutume, j’ai eu le temps de trouver une ou deux conclusions avant la
1374 échir, et m’étant égaré comme de coutume, j’ai eu le temps de trouver une ou deux conclusions avant la maison de mes hôtes
1375 m’étant égaré comme de coutume, j’ai eu le temps de trouver une ou deux conclusions avant la maison de mes hôtes, d’où je
1376 le temps de trouver une ou deux conclusions avant la maison de mes hôtes, d’où je vous écris. En fait, nous sommes devant
1377 e trouver une ou deux conclusions avant la maison de mes hôtes, d’où je vous écris. En fait, nous sommes devant l’an mille
1378 ou deux conclusions avant la maison de mes hôtes, d’ où je vous écris. En fait, nous sommes devant l’an mille. Tous les pro
1379 , d’où je vous écris. En fait, nous sommes devant l’ an mille. Tous les problèmes derniers nous sont posés, dans des termes
1380 ris. En fait, nous sommes devant l’an mille. Tous les problèmes derniers nous sont posés, dans des termes urgents et concre
1381 és, dans des termes urgents et concrets. Quel est le sens de la vie si elle finit demain ? Qu’est-ce que cette mort de l’h
1382 des termes urgents et concrets. Quel est le sens de la vie si elle finit demain ? Qu’est-ce que cette mort de l’homme cau
1383 s termes urgents et concrets. Quel est le sens de la vie si elle finit demain ? Qu’est-ce que cette mort de l’homme causée
1384 e si elle finit demain ? Qu’est-ce que cette mort de l’homme causée par son génie ? Pourquoi l’intelligence conduit-elle a
1385 i elle finit demain ? Qu’est-ce que cette mort de l’ homme causée par son génie ? Pourquoi l’intelligence conduit-elle au s
1386 e mort de l’homme causée par son génie ? Pourquoi l’ intelligence conduit-elle au suicide, alors qu’elle ne croit pas à la
1387 uit-elle au suicide, alors qu’elle ne croit pas à la survie, tandis que la foi des anciens temps redoutait une fin qui l’e
1388 lors qu’elle ne croit pas à la survie, tandis que la foi des anciens temps redoutait une fin qui l’eût pourtant jetée dans
1389 ue la foi des anciens temps redoutait une fin qui l’ eût pourtant jetée dans l’Éternel ? J’arpentais des avenues interminab
1390 s redoutait une fin qui l’eût pourtant jetée dans l’ Éternel ? J’arpentais des avenues interminables, sillonnées de taxis b
1391 J’arpentais des avenues interminables, sillonnées de taxis bondés. Je me disais : on discute gentiment dans les salons la
1392 bondés. Je me disais : on discute gentiment dans les salons la possibilité de faire sauter la planète. Les événements qui
1393 me disais : on discute gentiment dans les salons la possibilité de faire sauter la planète. Les événements qui dépassent
1394 discute gentiment dans les salons la possibilité de faire sauter la planète. Les événements qui dépassent l’imagination —
1395 nt dans les salons la possibilité de faire sauter la planète. Les événements qui dépassent l’imagination — et celui-ci ne
1396 salons la possibilité de faire sauter la planète. Les événements qui dépassent l’imagination — et celui-ci ne saurait être
1397 e sauter la planète. Les événements qui dépassent l’ imagination — et celui-ci ne saurait être dépassé lui-même — n’intéres
1398 ils amusent plus qu’ils n’angoissent. D’ailleurs, l’ idée d’un naufrage commun ou d’une explosion unanime nous paraît plutô
1399 sent plus qu’ils n’angoissent. D’ailleurs, l’idée d’ un naufrage commun ou d’une explosion unanime nous paraît plutôt rassu
1400 ssent. D’ailleurs, l’idée d’un naufrage commun ou d’ une explosion unanime nous paraît plutôt rassurante. C’est le danger o
1401 sion unanime nous paraît plutôt rassurante. C’est le danger ou le malheur individuel que l’on redoute, et dont on souffre,
1402 nous paraît plutôt rassurante. C’est le danger ou le malheur individuel que l’on redoute, et dont on souffre, surtout par
1403 nte. C’est le danger ou le malheur individuel que l’ on redoute, et dont on souffre, surtout par la comparaison avec la mei
1404 que l’on redoute, et dont on souffre, surtout par la comparaison avec la meilleure chance d’autrui. Or la Bombe détruirait
1405 dont on souffre, surtout par la comparaison avec la meilleure chance d’autrui. Or la Bombe détruirait probablement toute
1406 rtout par la comparaison avec la meilleure chance d’ autrui. Or la Bombe détruirait probablement toute possibilité de compa
1407 comparaison avec la meilleure chance d’autrui. Or la Bombe détruirait probablement toute possibilité de comparaison. Les é
1408 a Bombe détruirait probablement toute possibilité de comparaison. Les événements mondiaux ne nous saisissent que par les f
1409 it probablement toute possibilité de comparaison. Les événements mondiaux ne nous saisissent que par les franges de notre v
1410 es événements mondiaux ne nous saisissent que par les franges de notre vanité, ou par quelques répercussions accidentelles
1411 s mondiaux ne nous saisissent que par les franges de notre vanité, ou par quelques répercussions accidentelles sur nos amo
1412 amours ou notre compte en banque. Rien ne laisse les hommes aussi indifférents que le sort de l’humanité, dont les chefs d
1413 Rien ne laisse les hommes aussi indifférents que le sort de l’humanité, dont les chefs d’État parlent tant… J’ai fini par
1414 laisse les hommes aussi indifférents que le sort de l’humanité, dont les chefs d’État parlent tant… J’ai fini par trouver
1415 isse les hommes aussi indifférents que le sort de l’ humanité, dont les chefs d’État parlent tant… J’ai fini par trouver un
1416 ussi indifférents que le sort de l’humanité, dont les chefs d’État parlent tant… J’ai fini par trouver une place dans un ta
1417 ilitaires, rentrant du Pacifique, s’y racontaient le détail de leurs campagnes. Aucun d’eux ne donnait l’impression de s’ê
1418 rentrant du Pacifique, s’y racontaient le détail de leurs campagnes. Aucun d’eux ne donnait l’impression de s’être battu
1419 y racontaient le détail de leurs campagnes. Aucun d’ eux ne donnait l’impression de s’être battu pour l’idéal démocratique.
1420 rs campagnes. Aucun d’eux ne donnait l’impression de s’être battu pour l’idéal démocratique. Ils m’ont demandé le résultat
1421 ’eux ne donnait l’impression de s’être battu pour l’ idéal démocratique. Ils m’ont demandé le résultat du dernier match Arm
1422 attu pour l’idéal démocratique. Ils m’ont demandé le résultat du dernier match Armée-Marine. Je ne savais pas. Et j’étais
1423 e savais pas. Et j’étais en civil ! Voilà comment l’ arrière trahit ! m. Rougemont Denis de, « Un salon atomique », Le F
1424 comment l’arrière trahit ! m. Rougemont Denis de , « Un salon atomique », Le Figaro, Paris, 26 décembre 1945, p. 1.
1425 m. Rougemont Denis de, « Un salon atomique », Le Figaro, Paris, 26 décembre 1945, p. 1.
13 1946, Le Figaro, articles (1939–1953). Pour la suppression des visas (23 avril 1946)
1426 Pour la suppression des visas (23 avril 1946)n On m’écrit cela de Paris et
1427 ion des visas (23 avril 1946)n On m’écrit cela de Paris et l’on ajoute que je ferais bien de rentrer, sous peine de ne
1428 s (23 avril 1946)n On m’écrit cela de Paris et l’ on ajoute que je ferais bien de rentrer, sous peine de ne pas comprend
1429 t cela de Paris et l’on ajoute que je ferais bien de rentrer, sous peine de ne pas comprendre la réalité européenne en gén
1430 bien de rentrer, sous peine de ne pas comprendre la réalité européenne en général, et française en particulier. Je pourra
1431 rançaise en particulier. Je pourrais me contenter de répondre : c’est plutôt vous qui devriez sortir, sous peine de ne pas
1432 i devriez sortir, sous peine de ne pas comprendre la réalité mondiale. Après tout, il y a quarante millions de Français, d
1433 té mondiale. Après tout, il y a quarante millions de Français, deux-mille-millions d’habitants de la planète, non moins ré
1434 uarante millions de Français, deux-mille-millions d’ habitants de la planète, non moins réels, guère moins accablés de prob
1435 ions de Français, deux-mille-millions d’habitants de la planète, non moins réels, guère moins accablés de problèmes. Mais
1436 s de Français, deux-mille-millions d’habitants de la planète, non moins réels, guère moins accablés de problèmes. Mais je
1437 la planète, non moins réels, guère moins accablés de problèmes. Mais je ne cherche pas à m’en tirer par une réplique, même
1438 e cherche pas à m’en tirer par une réplique, même de bon sens, et j’ai quelques raisons de prendre la France plus au série
1439 lique, même de bon sens, et j’ai quelques raisons de prendre la France plus au sérieux, plus au tragique, que les chiffres
1440 de bon sens, et j’ai quelques raisons de prendre la France plus au sérieux, plus au tragique, que les chiffres stupides n
1441 la France plus au sérieux, plus au tragique, que les chiffres stupides n’y inviteraient. Je reprends la question dans les
1442 s chiffres stupides n’y inviteraient. Je reprends la question dans les termes où l’on me dit qu’elle est posée dans nos pa
1443 es n’y inviteraient. Je reprends la question dans les termes où l’on me dit qu’elle est posée dans nos pays : Faut-il parti
1444 aient. Je reprends la question dans les termes où l’ on me dit qu’elle est posée dans nos pays : Faut-il partir ? (Peut-on
1445 habite, pour quelques semaines encore, du côté où les jeunes Européens devraient aller s’il s’agissait pour eux de partir.
1446 uropéens devraient aller s’il s’agissait pour eux de partir. Je vois les avantages de l’Amérique et ses défauts, mieux qu’
1447 aller s’il s’agissait pour eux de partir. Je vois les avantages de l’Amérique et ses défauts, mieux qu’ils ne sont en mesur
1448 gissait pour eux de partir. Je vois les avantages de l’Amérique et ses défauts, mieux qu’ils ne sont en mesure de les imag
1449 sait pour eux de partir. Je vois les avantages de l’ Amérique et ses défauts, mieux qu’ils ne sont en mesure de les imagine
1450 ue et ses défauts, mieux qu’ils ne sont en mesure de les imaginer. Cela se discuterait à l’infini. Il n’est qu’une solutio
1451 et ses défauts, mieux qu’ils ne sont en mesure de les imaginer. Cela se discuterait à l’infini. Il n’est qu’une solution, q
1452 en mesure de les imaginer. Cela se discuterait à l’ infini. Il n’est qu’une solution, qui est d’aller voir, et d’essayer l
1453 ait à l’infini. Il n’est qu’une solution, qui est d’ aller voir, et d’essayer le pays comme un nouveau costume. Et je me di
1454 l n’est qu’une solution, qui est d’aller voir, et d’ essayer le pays comme un nouveau costume. Et je me dis que le problème
1455 ’une solution, qui est d’aller voir, et d’essayer le pays comme un nouveau costume. Et je me dis que le problème est mal p
1456 e pays comme un nouveau costume. Et je me dis que le problème est mal posé. Il ne s’agit ni de « partir » ni de rester, au
1457 dis que le problème est mal posé. Il ne s’agit ni de « partir » ni de rester, au sens pathétique de ces mots. Il s’agit si
1458 me est mal posé. Il ne s’agit ni de « partir » ni de rester, au sens pathétique de ces mots. Il s’agit simplement de circu
1459 ni de « partir » ni de rester, au sens pathétique de ces mots. Il s’agit simplement de circuler. Ce n’est pas très facile,
1460 sens pathétique de ces mots. Il s’agit simplement de circuler. Ce n’est pas très facile, pratiquement ? Mais partir, ou re
1461 facile, pratiquement ? Mais partir, ou rester, ne le sont pas non plus, apparemment, puisqu’on pose le problème. Supposez
1462 le sont pas non plus, apparemment, puisqu’on pose le problème. Supposez que nous soyons libres de circuler à notre guise.
1463 pose le problème. Supposez que nous soyons libres de circuler à notre guise. Je répondrais sans hésiter : il ne s’agit ni
1464 ise. Je répondrais sans hésiter : il ne s’agit ni de choisir une terre et ses morts contre le globe et ses vivants ; ni de
1465 ’agit ni de choisir une terre et ses morts contre le globe et ses vivants ; ni de choisir le nomadisme permanent et l’exil
1466 et ses morts contre le globe et ses vivants ; ni de choisir le nomadisme permanent et l’exil par principe ou dégoût. Mais
1467 ts contre le globe et ses vivants ; ni de choisir le nomadisme permanent et l’exil par principe ou dégoût. Mais simplement
1468 vivants ; ni de choisir le nomadisme permanent et l’ exil par principe ou dégoût. Mais simplement de vivre au xxe siècle,
1469 et l’exil par principe ou dégoût. Mais simplement de vivre au xxe siècle, en tenant compte des réalités que nous avons cr
1470 lités que nous avons créées ou laissé s’imposer ; de la rapidité des transports, par exemple. Combien d’hommes d’aujourd’h
1471 és que nous avons créées ou laissé s’imposer ; de la rapidité des transports, par exemple. Combien d’hommes d’aujourd’hui
1472 la rapidité des transports, par exemple. Combien d’ hommes d’aujourd’hui vivent leur temps et se trouvent pratiquement en
1473 ité des transports, par exemple. Combien d’hommes d’ aujourd’hui vivent leur temps et se trouvent pratiquement en mesure de
1474 leur temps et se trouvent pratiquement en mesure de le vivre ? Combien sont-ils encore du Moyen Âge, ou du bourgeois et l
1475 ur temps et se trouvent pratiquement en mesure de le vivre ? Combien sont-ils encore du Moyen Âge, ou du bourgeois et lent
1476 bourgeois et lent xixe siècle ! Serait-ce manque d’ imagination ? Certes, il en faut une dose non ordinaire pour se rendre
1477 ne dose non ordinaire pour se rendre contemporain d’ un monde qui change beaucoup plus vite que Jules Verne n’a pu le rêver
1478 change beaucoup plus vite que Jules Verne n’a pu le rêver. C’est cela, et c’est aussi le cauchemar des visas. Si cette fo
1479 Verne n’a pu le rêver. C’est cela, et c’est aussi le cauchemar des visas. Si cette folie furieuse et inutile ne régnait pa
1480 ette folie furieuse et inutile ne régnait pas sur le monde d’après-guerre, le problème partir ou rester se résoudrait en t
1481 e furieuse et inutile ne régnait pas sur le monde d’ après-guerre, le problème partir ou rester se résoudrait en termes sim
1482 utile ne régnait pas sur le monde d’après-guerre, le problème partir ou rester se résoudrait en termes simples : on verrai
1483 ples : on verrait vite que c’est un faux dilemme. Le fait est là : nous allons en dix heures de Lisbonne à New York au Pac
1484 lemme. Le fait est là : nous allons en dix heures de Lisbonne à New York au Pacifique. Un très long voyage aujourd’hui nou
1485 jourd’hui nous ramènerait nécessairement au point de départ, après un petit tour de planète. Nous changeons de continent c
1486 sairement au point de départ, après un petit tour de planète. Nous changeons de continent comme on part en week-end. Le mo
1487 t, après un petit tour de planète. Nous changeons de continent comme on part en week-end. Le mot partir a donc changé de s
1488 changeons de continent comme on part en week-end. Le mot partir a donc changé de sens. Il a perdu son aura dramatique. Plu
1489 on part en week-end. Le mot partir a donc changé de sens. Il a perdu son aura dramatique. Plus question de couper les pon
1490 ns. Il a perdu son aura dramatique. Plus question de couper les ponts, de brûler ses pénates, et autres rites attestant de
1491 erdu son aura dramatique. Plus question de couper les ponts, de brûler ses pénates, et autres rites attestant devant les mâ
1492 ra dramatique. Plus question de couper les ponts, de brûler ses pénates, et autres rites attestant devant les mânes des an
1493 ler ses pénates, et autres rites attestant devant les mânes des ancêtres un choix farouche, irrévocable. Se déplacer devien
1494 t partir annonce revenir comme on prend un billet d’ aller et retour. La poésie des voyages a vécu, la tragédie des départs
1495 venir comme on prend un billet d’aller et retour. La poésie des voyages a vécu, la tragédie des départs a vécu. Mais ce qu
1496 d’aller et retour. La poésie des voyages a vécu, la tragédie des départs a vécu. Mais ce qui naît, ce qui peut naître par
1497 peut naître parmi nous, c’est un amour plus large de l’humain, une conception de la fidélité qui ne soit plus exclusive de
1498 t naître parmi nous, c’est un amour plus large de l’ humain, une conception de la fidélité qui ne soit plus exclusive de la
1499 t un amour plus large de l’humain, une conception de la fidélité qui ne soit plus exclusive de la curiosité, un accueil pl
1500 n amour plus large de l’humain, une conception de la fidélité qui ne soit plus exclusive de la curiosité, un accueil plus
1501 ception de la fidélité qui ne soit plus exclusive de la curiosité, un accueil plus ferme et plus souple de la diversité de
1502 tion de la fidélité qui ne soit plus exclusive de la curiosité, un accueil plus ferme et plus souple de la diversité des ê
1503 a curiosité, un accueil plus ferme et plus souple de la diversité des êtres et des coutumes. Aimez votre terre et quittez-
1504 uriosité, un accueil plus ferme et plus souple de la diversité des êtres et des coutumes. Aimez votre terre et quittez-la.
1505 res et des coutumes. Aimez votre terre et quittez- la . Quittez-la trois fois et revenez-y trois et quatre fois, selon l’ari
1506 outumes. Aimez votre terre et quittez-la. Quittez- la trois fois et revenez-y trois et quatre fois, selon l’arithmétique du
1507 ois fois et revenez-y trois et quatre fois, selon l’ arithmétique du cœur. Le nomade n’aime pas sa terre, n’y revient donc
1508 ois et quatre fois, selon l’arithmétique du cœur. Le nomade n’aime pas sa terre, n’y revient donc jamais vraiment. Le pays
1509 e pas sa terre, n’y revient donc jamais vraiment. Le paysan n’aime que sa terre, ne l’aime donc pas de la meilleure manièr
1510 amais vraiment. Le paysan n’aime que sa terre, ne l’ aime donc pas de la meilleure manière, s’il refuse tout le reste, et l
1511 Le paysan n’aime que sa terre, ne l’aime donc pas de la meilleure manière, s’il refuse tout le reste, et la comparaison. I
1512 paysan n’aime que sa terre, ne l’aime donc pas de la meilleure manière, s’il refuse tout le reste, et la comparaison. Il f
1513 onc pas de la meilleure manière, s’il refuse tout le reste, et la comparaison. Il faut s’ouvrir. Il faut aimer. Il faut ce
1514 meilleure manière, s’il refuse tout le reste, et la comparaison. Il faut s’ouvrir. Il faut aimer. Il faut cesser de trouv
1515 . Il faut s’ouvrir. Il faut aimer. Il faut cesser de trouver cela nigaud, et de faire le coq de village tout hérissé, grif
1516 aimer. Il faut cesser de trouver cela nigaud, et de faire le coq de village tout hérissé, griffu, inefficace. Circulez do
1517 l faut cesser de trouver cela nigaud, et de faire le coq de village tout hérissé, griffu, inefficace. Circulez donc, allez
1518 cesser de trouver cela nigaud, et de faire le coq de village tout hérissé, griffu, inefficace. Circulez donc, allez voir,
1519 allez voir, et aimez. Puis choisissez. Revenez si le cœur vous en dit. Mais je sais bien qu’il y a les visas. N’acceptons
1520 le cœur vous en dit. Mais je sais bien qu’il y a les visas. N’acceptons pas que cet accident tardif de la démence national
1521 es visas. N’acceptons pas que cet accident tardif de la démence nationaliste dénature le problème humain. Lançons une camp
1522 visas. N’acceptons pas que cet accident tardif de la démence nationaliste dénature le problème humain. Lançons une campagn
1523 cident tardif de la démence nationaliste dénature le problème humain. Lançons une campagne mondiale pour la suppression de
1524 oblème humain. Lançons une campagne mondiale pour la suppression des visas, de ces anachronismes scandaleux qui nous empêc
1525 campagne mondiale pour la suppression des visas, de ces anachronismes scandaleux qui nous empêchent de rejoindre le siècl
1526 e ces anachronismes scandaleux qui nous empêchent de rejoindre le siècle, de l’habiter et d’user de ses dons. Forçons les
1527 nismes scandaleux qui nous empêchent de rejoindre le siècle, de l’habiter et d’user de ses dons. Forçons les gouvernants à
1528 daleux qui nous empêchent de rejoindre le siècle, de l’habiter et d’user de ses dons. Forçons les gouvernants à nous répon
1529 eux qui nous empêchent de rejoindre le siècle, de l’ habiter et d’user de ses dons. Forçons les gouvernants à nous répondre
1530 empêchent de rejoindre le siècle, de l’habiter et d’ user de ses dons. Forçons les gouvernants à nous répondre : à quoi ser
1531 nt de rejoindre le siècle, de l’habiter et d’user de ses dons. Forçons les gouvernants à nous répondre : à quoi servent ce
1532 ècle, de l’habiter et d’user de ses dons. Forçons les gouvernants à nous répondre : à quoi servent ces barrages de tampons 
1533 nts à nous répondre : à quoi servent ces barrages de tampons ? Comment peut-on les justifier ? Ils n’ont pas arrêté un seu
1534 servent ces barrages de tampons ? Comment peut-on les justifier ? Ils n’ont pas arrêté un seul espion, tout en causant la p
1535 n’ont pas arrêté un seul espion, tout en causant la perte de milliers d’innocents. Ils rendent vains les progrès matériel
1536 s arrêté un seul espion, tout en causant la perte de milliers d’innocents. Ils rendent vains les progrès matériels dont no
1537 seul espion, tout en causant la perte de milliers d’ innocents. Ils rendent vains les progrès matériels dont notre époque p
1538 perte de milliers d’innocents. Ils rendent vains les progrès matériels dont notre époque pourrait enfin s’enorgueillir. Il
1539 rrait enfin s’enorgueillir. Ils représentent dans l’ esprit des modernes la Fatalité imbécile. Pourquoi donc les acceptons-
1540 llir. Ils représentent dans l’esprit des modernes la Fatalité imbécile. Pourquoi donc les acceptons-nous comme des moutons
1541 des modernes la Fatalité imbécile. Pourquoi donc les acceptons-nous comme des moutons, sans qu’une seule voix proteste ?
1542 u’une seule voix proteste ? n. Rougemont Denis de , « Pour la suppression des visas », Le Figaro, Paris, 23 avril 1946,
1543 voix proteste ? n. Rougemont Denis de, « Pour la suppression des visas », Le Figaro, Paris, 23 avril 1946, p. 1.
1544 mont Denis de, « Pour la suppression des visas », Le Figaro, Paris, 23 avril 1946, p. 1.
14 1946, Le Figaro, articles (1939–1953). Les nouveaux aspects du problème allemand (30 mai 1946)
1545 Les nouveaux aspects du problème allemand (30 mai 1946)o p Faut-il «
1546 problème allemand (30 mai 1946)o p Faut-il «  les  » craindre ? Genève, 29 mai. Débarquant en Europe après cinq ans
1547 ève, 29 mai. Débarquant en Europe après cinq ans d’ absence, je n’y trouve plus d’Allemagne mais une question allemande. E
1548 rope après cinq ans d’absence, je n’y trouve plus d’ Allemagne mais une question allemande. Et ce qui me frappe d’abord, c’
1549 ion allemande. Et ce qui me frappe d’abord, c’est de la trouver posée de manière si contradictoire pour peu que je passe u
1550 allemande. Et ce qui me frappe d’abord, c’est de la trouver posée de manière si contradictoire pour peu que je passe une
1551 qui me frappe d’abord, c’est de la trouver posée de manière si contradictoire pour peu que je passe une frontière. Sujet
1552 ctoire pour peu que je passe une frontière. Sujet de crainte en deçà du Jura, occasion de pitié au-delà. Mais je m’aperçoi
1553 tière. Sujet de crainte en deçà du Jura, occasion de pitié au-delà. Mais je m’aperçois aussitôt que ce contraste n’est si
1554 s aussitôt que ce contraste n’est si net qu’entre les opinions que l’on publie. Un Gallup-poll me révèlerait probablement u
1555 contraste n’est si net qu’entre les opinions que l’ on publie. Un Gallup-poll me révèlerait probablement une situation bie
1556 n bien différente. Beaucoup de Français, rentrant de Suisse, s’étonnent de voir que chez des neutres on manifeste tant de
1557 ucoup de Français, rentrant de Suisse, s’étonnent de voir que chez des neutres on manifeste tant de haine pour les Alleman
1558 chez des neutres on manifeste tant de haine pour les Allemands. Et beaucoup de Suisses s’étonnent de voir des résistants p
1559 les Allemands. Et beaucoup de Suisses s’étonnent de voir des résistants parler avec humanité de leurs bourreaux… Cependan
1560 nnent de voir des résistants parler avec humanité de leurs bourreaux… Cependant, je rencontre aussi quelques Français qui,
1561 , je rencontre aussi quelques Français qui, avant la guerre refusaient de croire Hitler si dangereux que ça, et qui, maint
1562 quelques Français qui, avant la guerre refusaient de croire Hitler si dangereux que ça, et qui, maintenant que Hitler est
1563 r contre un réveil allemand. Et des Suisses, dont le sens démocratique a toujours violemment répugné à la lâcheté civique
1564 sens démocratique a toujours violemment répugné à la lâcheté civique de l’Allemand autant qu’à la brutalité de ses chefs,
1565 toujours violemment répugné à la lâcheté civique de l’Allemand autant qu’à la brutalité de ses chefs, se préoccupent, auj
1566 ujours violemment répugné à la lâcheté civique de l’ Allemand autant qu’à la brutalité de ses chefs, se préoccupent, aujour
1567 né à la lâcheté civique de l’Allemand autant qu’à la brutalité de ses chefs, se préoccupent, aujourd’hui, de le « guérir »
1568 té civique de l’Allemand autant qu’à la brutalité de ses chefs, se préoccupent, aujourd’hui, de le « guérir » plutôt que d
1569 talité de ses chefs, se préoccupent, aujourd’hui, de le « guérir » plutôt que de l’enfermer dans sa misère. Ces deux derni
1570 ité de ses chefs, se préoccupent, aujourd’hui, de le « guérir » plutôt que de l’enfermer dans sa misère. Ces deux dernière
1571 ccupent, aujourd’hui, de le « guérir » plutôt que de l’enfermer dans sa misère. Ces deux dernières prises de position, min
1572 pent, aujourd’hui, de le « guérir » plutôt que de l’ enfermer dans sa misère. Ces deux dernières prises de position, minori
1573 nfermer dans sa misère. Ces deux dernières prises de position, minoritaires sans doute, mais seules capables de définir un
1574 on, minoritaires sans doute, mais seules capables de définir une politique, appellent plus que les autres un commentaire.
1575 bles de définir une politique, appellent plus que les autres un commentaire. Une guerre de retard Sous la rubrique « P
1576 plus que les autres un commentaire. Une guerre de retard Sous la rubrique « Problème allemand », nombre de journaux
1577 es un commentaire. Une guerre de retard Sous la rubrique « Problème allemand », nombre de journaux parisiens me sembl
1578 Sous la rubrique « Problème allemand », nombre de journaux parisiens me semblent s’occuper principalement du statut de
1579 ns me semblent s’occuper principalement du statut de la Ruhr, d’alliances préventives et de garanties à obtenir contre un
1580 me semblent s’occuper principalement du statut de la Ruhr, d’alliances préventives et de garanties à obtenir contre un réa
1581 nt s’occuper principalement du statut de la Ruhr, d’ alliances préventives et de garanties à obtenir contre un réarmement s
1582 du statut de la Ruhr, d’alliances préventives et de garanties à obtenir contre un réarmement secret du Reich. Les aspects
1583 s à obtenir contre un réarmement secret du Reich. Les aspects politiques et militaires apparaissent donc comme décisifs. To
1584 -t-on leur accorder le premier rang dans un ordre d’ urgence. Et soudain je me demande non sans angoisse : n’est-on pas en
1585 dernière guerre ? N’est-on pas en train d’adopter l’ attitude ferme qu’il eût fallu prendre, et maintenir en dépit des Angl
1586 fallu prendre, et maintenir en dépit des Anglais, de 1919 à 1938 ? N’est-on pas en train de bien poser, mais avec toute un
1587 n train de bien poser, mais avec toute une guerre de retard, une question qui n’existe plus ? Ou qui s’est totalement tran
1588 t transformée ? Quand je disais dans mon Journal d’ Allemagne  : attention, c’est très grave, ils ne songent qu’à la guerr
1589 attention, c’est très grave, ils ne songent qu’à la guerre, toute leur pensée et tous leurs actes y tendent, et ils sont
1590 sagréable. Certains allèrent jusqu’à me reprocher de servir la cause ennemie en décrivant la puissance d’Hitler, au lieu d
1591 Certains allèrent jusqu’à me reprocher de servir la cause ennemie en décrivant la puissance d’Hitler, au lieu d’en rire e
1592 reprocher de servir la cause ennemie en décrivant la puissance d’Hitler, au lieu d’en rire et de répéter qu’il n’avait pas
1593 servir la cause ennemie en décrivant la puissance d’ Hitler, au lieu d’en rire et de répéter qu’il n’avait pas l’appui des
1594 ivant la puissance d’Hitler, au lieu d’en rire et de répéter qu’il n’avait pas l’appui des masses prolétariennes. C’était
1595 au lieu d’en rire et de répéter qu’il n’avait pas l’ appui des masses prolétariennes. C’était en 1938… Aujourd’hui, les don
1596 ses prolétariennes. C’était en 1938… Aujourd’hui, les données du problème ont changé. Trouvera-t-on de nouveau désagréable
1597 Trouvera-t-on de nouveau désagréable que j’attire l’ attention, cette fois-ci, sur un « péril allemand » d’une tout autre n
1598 tention, cette fois-ci, sur un « péril allemand » d’ une tout autre nature ? J’en prends le risque. Voici les faits tels qu
1599 allemand » d’une tout autre nature ? J’en prends le risque. Voici les faits tels que je les vois. Un glacis désolé
1600 tout autre nature ? J’en prends le risque. Voici les faits tels que je les vois. Un glacis désolé L’Allemagne était
1601 ’en prends le risque. Voici les faits tels que je les vois. Un glacis désolé L’Allemagne était avant la guerre la plu
1602 aits tels que je les vois. Un glacis désolé L’ Allemagne était avant la guerre la plus grande puissance militaire du
1603 s. Un glacis désolé L’Allemagne était avant la guerre la plus grande puissance militaire du monde, avec son armée mo
1604 lacis désolé L’Allemagne était avant la guerre la plus grande puissance militaire du monde, avec son armée motorisée, s
1605 vec son armée motorisée, son industrie prête pour la lutte, et ses 80 millions d’habitants. Aujourd’hui le colosse est à t
1606 industrie prête pour la lutte, et ses 80 millions d’ habitants. Aujourd’hui le colosse est à terre et deux super-colosses s
1607 utte, et ses 80 millions d’habitants. Aujourd’hui le colosse est à terre et deux super-colosses se sont levés, projetant l
1608 t levés, projetant leurs ombres démesurées — l’un de tout près — sur les débris d’un Reich amputé d’un bon tiers. Va-t-on
1609 leurs ombres démesurées — l’un de tout près — sur les débris d’un Reich amputé d’un bon tiers. Va-t-on trembler devant le f
1610 s démesurées — l’un de tout près — sur les débris d’ un Reich amputé d’un bon tiers. Va-t-on trembler devant le fantôme d’u
1611 n de tout près — sur les débris d’un Reich amputé d’ un bon tiers. Va-t-on trembler devant le fantôme d’un empire que l’on
1612 ch amputé d’un bon tiers. Va-t-on trembler devant le fantôme d’un empire que l’on n’avait pas su redouter de la bonne mani
1613 ’un bon tiers. Va-t-on trembler devant le fantôme d’ un empire que l’on n’avait pas su redouter de la bonne manière quand i
1614 a-t-on trembler devant le fantôme d’un empire que l’ on n’avait pas su redouter de la bonne manière quand il vivait ? Les g
1615 tôme d’un empire que l’on n’avait pas su redouter de la bonne manière quand il vivait ? Les grands vivants du jour sont l’
1616 e d’un empire que l’on n’avait pas su redouter de la bonne manière quand il vivait ? Les grands vivants du jour sont l’URS
1617 su redouter de la bonne manière quand il vivait ? Les grands vivants du jour sont l’URSS et l’Amérique. Voilà qui modifie r
1618 quand il vivait ? Les grands vivants du jour sont l’ URSS et l’Amérique. Voilà qui modifie radicalement les proportions du
1619 ivait ? Les grands vivants du jour sont l’URSS et l’ Amérique. Voilà qui modifie radicalement les proportions du conflit sé
1620 RSS et l’Amérique. Voilà qui modifie radicalement les proportions du conflit séculaire qui opposait l’Allemagne et la Franc
1621 les proportions du conflit séculaire qui opposait l’ Allemagne et la France. À vrai dire, on ne voit plus de conflit. La Fr
1622 du conflit séculaire qui opposait l’Allemagne et la France. À vrai dire, on ne voit plus de conflit. La France n’est plus
1623 emagne et la France. À vrai dire, on ne voit plus de conflit. La France n’est plus en face d’une Puissance, mais d’un vast
1624 France. À vrai dire, on ne voit plus de conflit. La France n’est plus en face d’une Puissance, mais d’un vaste glacis dés
1625 a France n’est plus en face d’une Puissance, mais d’ un vaste glacis désolé sur lequel s’allonge et se cherchent les deux g
1626 lacis désolé sur lequel s’allonge et se cherchent les deux grandes ombres que j’ai dites. Considérons dans cette perspectiv
1627 ue j’ai dites. Considérons dans cette perspective les craintes de ceux qui vont disant : « Ne retombons pas dans les erreur
1628 . Considérons dans cette perspective les craintes de ceux qui vont disant : « Ne retombons pas dans les erreurs anciennes 
1629 de ceux qui vont disant : « Ne retombons pas dans les erreurs anciennes ! Nous sommes payés pour les connaître, ces Alleman
1630 ns les erreurs anciennes ! Nous sommes payés pour les connaître, ces Allemands ! ils vont s’armer de nouveau en secret. Ils
1631 t, comme l’autre fois… » Chat échaudé craint même l’ eau froide. Supposons dans ce cas qu’il ait raison. Supposons une Alle
1632 lemagne réarmée, dans ses limites rétrécies entre la France et l’Union soviétique : 50 millions d’Allemands, au plus, que
1633 ée, dans ses limites rétrécies entre la France et l’ Union soviétique : 50 millions d’Allemands, au plus, que touchent 200
1634 tre la France et l’Union soviétique : 50 millions d’ Allemands, au plus, que touchent 200 millions de Russes. Que se passer
1635 s d’Allemands, au plus, que touchent 200 millions de Russes. Que se passera-t-il ? Seuls, ils ne peuvent attaquer la Franc
1636 se passera-t-il ? Seuls, ils ne peuvent attaquer la France. Même forts, même réarmés, même n’ayant rien appris, et justif
1637 réarmés, même n’ayant rien appris, et justifiant les pires méfiances qu’inspire l’histoire des vingt dernières années, ils
1638 ris, et justifiant les pires méfiances qu’inspire l’ histoire des vingt dernières années, ils ne peuvent être plus rien d’a
1639 t dernières années, ils ne peuvent être plus rien d’ autre que la pointe d’une offensive russe, ou d’une offensive européo-
1640 années, ils ne peuvent être plus rien d’autre que la pointe d’une offensive russe, ou d’une offensive européo-américaine.
1641 s ne peuvent être plus rien d’autre que la pointe d’ une offensive russe, ou d’une offensive européo-américaine. D’où il su
1642 n d’autre que la pointe d’une offensive russe, ou d’ une offensive européo-américaine. D’où il suit que le problème alleman
1643 ive russe, ou d’une offensive européo-américaine. D’ où il suit que le problème allemand, considéré sur les plans politique
1644 ne offensive européo-américaine. D’où il suit que le problème allemand, considéré sur les plans politique et militaire exc
1645 ù il suit que le problème allemand, considéré sur les plans politique et militaire exclusivement, se ramène au problème des
1646 vement, se ramène au problème des relations entre l’ URSS et les États-Unis. Mais il y a bien d’autres plans ! Il y a celui
1647 ramène au problème des relations entre l’URSS et les États-Unis. Mais il y a bien d’autres plans ! Il y a celui de la sant
1648 s. Mais il y a bien d’autres plans ! Il y a celui de la santé morale de l’Europe. Et c’est cela que je crains qu’on oublie
1649 Mais il y a bien d’autres plans ! Il y a celui de la santé morale de l’Europe. Et c’est cela que je crains qu’on oublie, à
1650 d’autres plans ! Il y a celui de la santé morale de l’Europe. Et c’est cela que je crains qu’on oublie, à trop parler Ruh
1651 autres plans ! Il y a celui de la santé morale de l’ Europe. Et c’est cela que je crains qu’on oublie, à trop parler Ruhr,
1652 , à trop parler Ruhr, garanties, réarmement. Dans l’ état où menace de la laisser un politique de répression négative et an
1653 uhr, garanties, réarmement. Dans l’état où menace de la laisser un politique de répression négative et anachronique, l’All
1654 , garanties, réarmement. Dans l’état où menace de la laisser un politique de répression négative et anachronique, l’Allema
1655 Dans l’état où menace de la laisser un politique de répression négative et anachronique, l’Allemagne est un danger nouvea
1656 politique de répression négative et anachronique, l’ Allemagne est un danger nouveau bien aussi grave qu’au temps d’Hitler.
1657 st un danger nouveau bien aussi grave qu’au temps d’ Hitler. C’est un enfer à notre porte. Et rien n’est aussi contagieux.
1658 rte. Et rien n’est aussi contagieux. Il s’agirait de l’exorciser. Mais l’attitude que je viens de décrire me paraît propre
1659 . Et rien n’est aussi contagieux. Il s’agirait de l’ exorciser. Mais l’attitude que je viens de décrire me paraît propre à
1660 ssi contagieux. Il s’agirait de l’exorciser. Mais l’ attitude que je viens de décrire me paraît propre à maintenir le mal.
1661 je viens de décrire me paraît propre à maintenir le mal. Comment le guérir là-bas, et le prévenir ici ? Faut-il « les
1662 rire me paraît propre à maintenir le mal. Comment le guérir là-bas, et le prévenir ici ? Faut-il « les » aider ? La
1663 à maintenir le mal. Comment le guérir là-bas, et le prévenir ici ? Faut-il « les » aider ? La Suisse, dans sa part
1664 guérir là-bas, et le prévenir ici ? Faut-il «  les  » aider ? La Suisse, dans sa partie alémanique surtout, entretenai
1665 le prévenir ici ? Faut-il « les » aider ? La Suisse, dans sa partie alémanique surtout, entretenait peu d’illusion
1666 ans sa partie alémanique surtout, entretenait peu d’ illusions, jusqu’en 1939, au sujet du régime hitlérien. Zurich et Bâle
1667 gime hitlérien. Zurich et Bâle étaient sans doute les villes d’Europe qui se sentaient les plus directement menacées, non s
1668 ien. Zurich et Bâle étaient sans doute les villes d’ Europe qui se sentaient les plus directement menacées, non seulement e
1669 t sans doute les villes d’Europe qui se sentaient les plus directement menacées, non seulement en vertu de la géographie, m
1670 s directement menacées, non seulement en vertu de la géographie, mais parce que l’hitlérisme tranchait l’un après l’autre
1671 ulement en vertu de la géographie, mais parce que l’ hitlérisme tranchait l’un après l’autre les liens traditionnels et nat
1672 rce que l’hitlérisme tranchait l’un après l’autre les liens traditionnels et naturels qui rattachaient la Suisse allemande
1673 liens traditionnels et naturels qui rattachaient la Suisse allemande aux sources vives de sa culture et de sa langue. Ce
1674 attachaient la Suisse allemande aux sources vives de sa culture et de sa langue. Ce qu’on ne pardonnait pas à Hitler et à
1675 isse allemande aux sources vives de sa culture et de sa langue. Ce qu’on ne pardonnait pas à Hitler et à Goebbels, c’était
1676 ne pardonnait pas à Hitler et à Goebbels, c’était de dénaturer le germanisme et de ravager l’espace vital qu’avait toujour
1677 pas à Hitler et à Goebbels, c’était de dénaturer le germanisme et de ravager l’espace vital qu’avait toujours été l’Allem
1678 à Goebbels, c’était de dénaturer le germanisme et de ravager l’espace vital qu’avait toujours été l’Allemagne pour les sav
1679 c’était de dénaturer le germanisme et de ravager l’ espace vital qu’avait toujours été l’Allemagne pour les savants, les é
1680 t de ravager l’espace vital qu’avait toujours été l’ Allemagne pour les savants, les écrivains, les théologiens, les commer
1681 pace vital qu’avait toujours été l’Allemagne pour les savants, les écrivains, les théologiens, les commerçants et les indus
1682 ’avait toujours été l’Allemagne pour les savants, les écrivains, les théologiens, les commerçants et les industriels de la
1683 été l’Allemagne pour les savants, les écrivains, les théologiens, les commerçants et les industriels de la petite patrie d
1684 pour les savants, les écrivains, les théologiens, les commerçants et les industriels de la petite patrie de Gottfried Kelle
1685 es écrivains, les théologiens, les commerçants et les industriels de la petite patrie de Gottfried Keller. Et c’est pourquo
1686 s théologiens, les commerçants et les industriels de la petite patrie de Gottfried Keller. Et c’est pourquoi la résistance
1687 héologiens, les commerçants et les industriels de la petite patrie de Gottfried Keller. Et c’est pourquoi la résistance mo
1688 ommerçants et les industriels de la petite patrie de Gottfried Keller. Et c’est pourquoi la résistance morale des Suisses,
1689 ite patrie de Gottfried Keller. Et c’est pourquoi la résistance morale des Suisses, cernés par les totalitaires pendant qu
1690 quoi la résistance morale des Suisses, cernés par les totalitaires pendant quatre ans, fut à la fois si unanime et si astuc
1691 et si astucieusement prudente. On était presque à la merci de l’ennemi, mais on le connaissait par l’intérieur, et l’on sa
1692 ucieusement prudente. On était presque à la merci de l’ennemi, mais on le connaissait par l’intérieur, et l’on savait qu’i
1693 eusement prudente. On était presque à la merci de l’ ennemi, mais on le connaissait par l’intérieur, et l’on savait qu’il s
1694 On était presque à la merci de l’ennemi, mais on le connaissait par l’intérieur, et l’on savait qu’il s’agissait de vie o
1695 la merci de l’ennemi, mais on le connaissait par l’ intérieur, et l’on savait qu’il s’agissait de vie ou de mort, sans com
1696 nnemi, mais on le connaissait par l’intérieur, et l’ on savait qu’il s’agissait de vie ou de mort, sans compromis imaginabl
1697 par l’intérieur, et l’on savait qu’il s’agissait de vie ou de mort, sans compromis imaginable. Je me rappelle ces écoles
1698 érieur, et l’on savait qu’il s’agissait de vie ou de mort, sans compromis imaginable. Je me rappelle ces écoles de Zurich
1699 s compromis imaginable. Je me rappelle ces écoles de Zurich rétablissant l’usage du dialecte cantonal, en haine de l’allem
1700 Je me rappelle ces écoles de Zurich rétablissant l’ usage du dialecte cantonal, en haine de l’allemand officiel ; et la mé
1701 tablissant l’usage du dialecte cantonal, en haine de l’allemand officiel ; et la méfiance glaciale que je m’attirais en pa
1702 lissant l’usage du dialecte cantonal, en haine de l’ allemand officiel ; et la méfiance glaciale que je m’attirais en parla
1703 te cantonal, en haine de l’allemand officiel ; et la méfiance glaciale que je m’attirais en parlant le hochdeutsch dans le
1704 la méfiance glaciale que je m’attirais en parlant le hochdeutsch dans les magasins de Berne : on me répondait en français,
1705 que je m’attirais en parlant le hochdeutsch dans les magasins de Berne : on me répondait en français, et tant pis pour l’a
1706 irais en parlant le hochdeutsch dans les magasins de Berne : on me répondait en français, et tant pis pour l’accent et les
1707 e : on me répondait en français, et tant pis pour l’ accent et les fautes. La pitié active Aujourd’hui, je découvre qu
1708 pondait en français, et tant pis pour l’accent et les fautes. La pitié active Aujourd’hui, je découvre qu’à la haine a
1709 nçais, et tant pis pour l’accent et les fautes. La pitié active Aujourd’hui, je découvre qu’à la haine a succédé chez
1710 La pitié active Aujourd’hui, je découvre qu’à la haine a succédé chez les meilleurs et les mieux informés un élan de p
1711 urd’hui, je découvre qu’à la haine a succédé chez les meilleurs et les mieux informés un élan de pitié. Non pas de pitié se
1712 vre qu’à la haine a succédé chez les meilleurs et les mieux informés un élan de pitié. Non pas de pitié sentimentale. (Qu’o
1713 chez les meilleurs et les mieux informés un élan de pitié. Non pas de pitié sentimentale. (Qu’on ne pense pas un instant
1714 s et les mieux informés un élan de pitié. Non pas de pitié sentimentale. (Qu’on ne pense pas un instant que la Suisse s’es
1715 sentimentale. (Qu’on ne pense pas un instant que la Suisse s’est mise à aimer les Allemands !) mais de pitié active, j’en
1716 e pas un instant que la Suisse s’est mise à aimer les Allemands !) mais de pitié active, j’entends par là : de volonté d’ai
1717 a Suisse s’est mise à aimer les Allemands !) mais de pitié active, j’entends par là : de volonté d’aider un peuple que l’o
1718 mands !) mais de pitié active, j’entends par là : de volonté d’aider un peuple que l’on tient cependant pour coupable d’un
1719 is de pitié active, j’entends par là : de volonté d’ aider un peuple que l’on tient cependant pour coupable d’une catastrop
1720 entends par là : de volonté d’aider un peuple que l’ on tient cependant pour coupable d’une catastrophe continentale et res
1721 un peuple que l’on tient cependant pour coupable d’ une catastrophe continentale et responsable du sort effrayant qu’il su
1722 t effrayant qu’il subit par un juste retour. Pour les Suisses, ou du moins pour leur élite, si j’en crois les nombreux arti
1723 isses, ou du moins pour leur élite, si j’en crois les nombreux articles que je viens de lire dans les revues et les journau
1724 s les nombreux articles que je viens de lire dans les revues et les journaux alémaniques, la question allemande, aujourd’hu
1725 articles que je viens de lire dans les revues et les journaux alémaniques, la question allemande, aujourd’hui, se pose de
1726 lire dans les revues et les journaux alémaniques, la question allemande, aujourd’hui, se pose de la manière suivante : Voi
1727 ques, la question allemande, aujourd’hui, se pose de la manière suivante : Voici un pays abattu comme jamais pays ne le fu
1728 s, la question allemande, aujourd’hui, se pose de la manière suivante : Voici un pays abattu comme jamais pays ne le fut ;
1729 vante : Voici un pays abattu comme jamais pays ne le fut ; voici un peuple qui se réveille du cauchemar d’un bombardement
1730 ut ; voici un peuple qui se réveille du cauchemar d’ un bombardement moral, politique et physique dont chaque phase a duré
1731 ase a duré quatre ans. Il remonte des abris, dans les ruines de ses villes, pour découvrir qu’il n’a plus de gouvernement,
1732 quatre ans. Il remonte des abris, dans les ruines de ses villes, pour découvrir qu’il n’a plus de gouvernement, qu’il est
1733 ines de ses villes, pour découvrir qu’il n’a plus de gouvernement, qu’il est entièrement occupé par quatre armées étrangèr
1734 quatre armées étrangères, qu’il a perdu un tiers de son territoire à l’Est, qu’il n’a plus de quoi manger et qu’au surplu
1735 gères, qu’il a perdu un tiers de son territoire à l’ Est, qu’il n’a plus de quoi manger et qu’au surplus, loin qu’on le pla
1736 n tiers de son territoire à l’Est, qu’il n’a plus de quoi manger et qu’au surplus, loin qu’on le plaigne, on l’accuse form
1737 plus de quoi manger et qu’au surplus, loin qu’on le plaigne, on l’accuse formellement de s’être rendu coupable du crime l
1738 anger et qu’au surplus, loin qu’on le plaigne, on l’ accuse formellement de s’être rendu coupable du crime le plus énorme d
1739 , loin qu’on le plaigne, on l’accuse formellement de s’être rendu coupable du crime le plus énorme de l’Histoire. Une c
1740 se formellement de s’être rendu coupable du crime le plus énorme de l’Histoire. Une conception réaliste et prudente
1741 de s’être rendu coupable du crime le plus énorme de l’Histoire. Une conception réaliste et prudente Que faut-il fai
1742 s’être rendu coupable du crime le plus énorme de l’ Histoire. Une conception réaliste et prudente Que faut-il faire
1743 aliste et prudente Que faut-il faire vis-à-vis d’ un tel peuple ? Il faut l’aider à redevenir humain. Il faut premièreme
1744 faut-il faire vis-à-vis d’un tel peuple ? Il faut l’ aider à redevenir humain. Il faut premièrement lui expliquer ce qui s’
1745 r ; ensuite il faut détruire son autarcie morale, l’ ouvrir aux grands courants de l’Europe et du Monde ; enfin, il faut lu
1746 son autarcie morale, l’ouvrir aux grands courants de l’Europe et du Monde ; enfin, il faut lui proposer un rôle normal, ni
1747 autarcie morale, l’ouvrir aux grands courants de l’ Europe et du Monde ; enfin, il faut lui proposer un rôle normal, ni ty
1748 le normal, ni tyran ni victime intéressante, dans la communauté européenne. Tout cela revient à le mettre en mesure de rec
1749 ans la communauté européenne. Tout cela revient à le mettre en mesure de reconnaître sa culpabilité, et de se guérir de sa
1750 ropéenne. Tout cela revient à le mettre en mesure de reconnaître sa culpabilité, et de se guérir de sa névrose. Cette conc
1751 ettre en mesure de reconnaître sa culpabilité, et de se guérir de sa névrose. Cette conception me paraît réaliste, et prud
1752 re de reconnaître sa culpabilité, et de se guérir de sa névrose. Cette conception me paraît réaliste, et prudente autant q
1753 réaliste, et prudente autant que chrétienne. Car le vrai danger allemand, en l’an 1946, ne réside plus dans un état-major
1754 t que chrétienne. Car le vrai danger allemand, en l’ an 1946, ne réside plus dans un état-major, dans un parti, dans une do
1755 s un état-major, dans un parti, dans une doctrine de conquête, ou dans une religion du sang. Le danger allemand aujourd’hu
1756 ctrine de conquête, ou dans une religion du sang. Le danger allemand aujourd’hui, c’est qu’il ne crée au centre de l’Europ
1757 lemand aujourd’hui, c’est qu’il ne crée au centre de l’Europe un terrain vague, non pas peuplé, mais hanté par cinquante m
1758 and aujourd’hui, c’est qu’il ne crée au centre de l’ Europe un terrain vague, non pas peuplé, mais hanté par cinquante mill
1759 non pas peuplé, mais hanté par cinquante millions de prolétaires politiques, irresponsables et sans espoir, candidats au s
1760 ponsables et sans espoir, candidats au suicide, à la stupidité, à l’illuminisme et au crime. Les Alliés sauront-ils choisi
1761 s espoir, candidats au suicide, à la stupidité, à l’ illuminisme et au crime. Les Alliés sauront-ils choisir entre une poli
1762 ide, à la stupidité, à l’illuminisme et au crime. Les Alliés sauront-ils choisir entre une politique de camisole de force,
1763 es Alliés sauront-ils choisir entre une politique de camisole de force, propre à créer des fous furieux, et une politique
1764 uront-ils choisir entre une politique de camisole de force, propre à créer des fous furieux, et une politique de cure sévè
1765 propre à créer des fous furieux, et une politique de cure sévère, propre à guérir un peuple intoxiqué ? Je pressens que l’
1766 re à guérir un peuple intoxiqué ? Je pressens que l’ exercice de la seconde méthode n’aurait pas seulement pour effet de re
1767 un peuple intoxiqué ? Je pressens que l’exercice de la seconde méthode n’aurait pas seulement pour effet de rendre à l’Eu
1768 seconde méthode n’aurait pas seulement pour effet de rendre à l’Europe une nation, mais aussi de prévenir chez les vainque
1769 ode n’aurait pas seulement pour effet de rendre à l’ Europe une nation, mais aussi de prévenir chez les vainqueurs la conta
1770 effet de rendre à l’Europe une nation, mais aussi de prévenir chez les vainqueurs la contagion d’un mal partout latent.
1771 l’Europe une nation, mais aussi de prévenir chez les vainqueurs la contagion d’un mal partout latent. o. Rougemont De
1772 ation, mais aussi de prévenir chez les vainqueurs la contagion d’un mal partout latent. o. Rougemont Denis de, « Les
1773 ussi de prévenir chez les vainqueurs la contagion d’ un mal partout latent. o. Rougemont Denis de, « Les nouveaux aspe
1774 d’un mal partout latent. o. Rougemont Denis de , « Les nouveaux aspects du problème allemand », Le Figaro, Paris, 30
1775 mal partout latent. o. Rougemont Denis de, «  Les nouveaux aspects du problème allemand », Le Figaro, Paris, 30 mai 194
1776 e, « Les nouveaux aspects du problème allemand », Le Figaro, Paris, 30 mai 1946, p. 3. p. Le texte est précédé du chapeau
1777 emand », Le Figaro, Paris, 30 mai 1946, p. 3. p. Le texte est précédé du chapeau suivant : « Notre brillant collaborateur
1778 aborateur, Denis de Rougemont, avait publié avant la guerre de prophétiques études sur l’Allemagne hitlérienne. Après un l
1779 Denis de Rougemont, avait publié avant la guerre de prophétiques études sur l’Allemagne hitlérienne. Après un long séjour
1780 publié avant la guerre de prophétiques études sur l’ Allemagne hitlérienne. Après un long séjour aux États-Unis, il revient
1781 tats-Unis, il revient, avec un œil neuf, regarder l’ Europe. Nous lui avons demandé ses impressions sur l’Allemagne d’aujou
1782 urope. Nous lui avons demandé ses impressions sur l’ Allemagne d’aujourd’hui. De Suisse, son pays natal, plateforme d’obser
1783 lui avons demandé ses impressions sur l’Allemagne d’ aujourd’hui. De Suisse, son pays natal, plateforme d’observation excel
1784 dé ses impressions sur l’Allemagne d’aujourd’hui. De Suisse, son pays natal, plateforme d’observation excellente, il nous
1785 ujourd’hui. De Suisse, son pays natal, plateforme d’ observation excellente, il nous envoie l’article que nous publions ici
1786 ateforme d’observation excellente, il nous envoie l’ article que nous publions ici. »
15 1946, Le Figaro, articles (1939–1953). Demain la bombe, ou une chance d’en finir avec la terre (30 juin 1946)
1787 Demain la bombe, ou une chance d’en finir avec la terre (30 juin 1946)q Il e
1788 Demain la bombe, ou une chance d’ en finir avec la terre (30 juin 1946)q Il est des lieux où souffle
1789 Demain la bombe, ou une chance d’en finir avec la terre (30 juin 1946)q Il est des lieux où souffle l’esprit de dest
1790 re (30 juin 1946)q Il est des lieux où souffle l’ esprit de destruction. Herman Melville, grand romancier américain du d
1791 in 1946)q Il est des lieux où souffle l’esprit de destruction. Herman Melville, grand romancier américain du dernier si
1792 romancier américain du dernier siècle, décrivant les Îles enchantées d’un archipel du Pacifique, disait qu’elles « évoquen
1793 du dernier siècle, décrivant les Îles enchantées d’ un archipel du Pacifique, disait qu’elles « évoquent assez bien l’imag
1794 Pacifique, disait qu’elles « évoquent assez bien l’ image que ce monde pourrait offrir après une conflagration punitive ».
1795 les, malignement réduites en cendres : des pommes de Sodome après le contact flétrisseur… Le principal bruit vivant, ici,
1796 réduites en cendres : des pommes de Sodome après le contact flétrisseur… Le principal bruit vivant, ici, est le sifflemen
1797 es pommes de Sodome après le contact flétrisseur… Le principal bruit vivant, ici, est le sifflement… Les sombres masses vi
1798 flétrisseur… Le principal bruit vivant, ici, est le sifflement… Les sombres masses vitrifiées, dont un grand nombre s’élè
1799 e principal bruit vivant, ici, est le sifflement… Les sombres masses vitrifiées, dont un grand nombre s’élèvent à quelque d
1800 mbre s’élèvent à quelque distance du rivage parmi les blancs remous et les brisants, forment un spectacle vraiment plutonie
1801 que distance du rivage parmi les blancs remous et les brisants, forment un spectacle vraiment plutonien ». Il y a près de t
1802 vraiment plutonien ». Il y a près de trois quarts de siècle que Melville eut cette vision prophétique, et d’une peu croyab
1803 cle que Melville eut cette vision prophétique, et d’ une peu croyable précision, de Bikini telle qu’elle sera demain, après
1804 ion prophétique, et d’une peu croyable précision, de Bikini telle qu’elle sera demain, après le « sifflement » d’une bombe
1805 ision, de Bikini telle qu’elle sera demain, après le « sifflement » d’une bombe « plutonienne » qui « réduira malignement
1806 elle qu’elle sera demain, après le « sifflement » d’ une bombe « plutonienne » qui « réduira malignement en cendres » et en
1807 en cendres » et en « énormes masses vitrifiées » les coraux, les vaisseaux de guerre et les cochons en uniforme qu’on y a
1808 » et en « énormes masses vitrifiées » les coraux, les vaisseaux de guerre et les cochons en uniforme qu’on y a mis en place
1809 mes masses vitrifiées » les coraux, les vaisseaux de guerre et les cochons en uniforme qu’on y a mis en place d’équipages.
1810 trifiées » les coraux, les vaisseaux de guerre et les cochons en uniforme qu’on y a mis en place d’équipages. Opération-ca
1811 et les cochons en uniforme qu’on y a mis en place d’ équipages. Opération-carrefour vraiment. Carrefour de la panique et d
1812 uipages. Opération-carrefour vraiment. Carrefour de la panique et de l’orgueil humain. Carrefour d’une guerre enfin total
1813 ages. Opération-carrefour vraiment. Carrefour de la panique et de l’orgueil humain. Carrefour d’une guerre enfin totale e
1814 on-carrefour vraiment. Carrefour de la panique et de l’orgueil humain. Carrefour d’une guerre enfin totale et d’une paix e
1815 carrefour vraiment. Carrefour de la panique et de l’ orgueil humain. Carrefour d’une guerre enfin totale et d’une paix enfi
1816 r de la panique et de l’orgueil humain. Carrefour d’ une guerre enfin totale et d’une paix enfin mondiale. Mais l’idée même
1817 il humain. Carrefour d’une guerre enfin totale et d’ une paix enfin mondiale. Mais l’idée même de carrefour évoque celle d’
1818 e enfin totale et d’une paix enfin mondiale. Mais l’ idée même de carrefour évoque celle d’une incertitude. Non seulement n
1819 le et d’une paix enfin mondiale. Mais l’idée même de carrefour évoque celle d’une incertitude. Non seulement nous ne savon
1820 diale. Mais l’idée même de carrefour évoque celle d’ une incertitude. Non seulement nous ne savons pas dans quelles voies n
1821 elles voies nous engagent ces expériences — celle de demain et celle, beaucoup plus grave, projetée pour la fin du mois —,
1822 main et celle, beaucoup plus grave, projetée pour la fin du mois —, mais encore nous sommes dans un doute entretenu par no
1823 re nous sommes dans un doute entretenu par nombre de savants quant à leurs effets immédiats. Depuis des mois, en Amérique,
1824 rance, on nous prédit des catastrophes possibles, de dimensions continentales. Un physicien de New York a cru de son devoi
1825 sibles, de dimensions continentales. Un physicien de New York a cru de son devoir d’avertir son gouvernement que l’évapora
1826 ons continentales. Un physicien de New York a cru de son devoir d’avertir son gouvernement que l’évaporation instantanée d
1827 les. Un physicien de New York a cru de son devoir d’ avertir son gouvernement que l’évaporation instantanée de dizaines de
1828 cru de son devoir d’avertir son gouvernement que l’ évaporation instantanée de dizaines de millions de litres d’eau provoq
1829 ir son gouvernement que l’évaporation instantanée de dizaines de millions de litres d’eau provoquerait un tel raz-de-marée
1830 rnement que l’évaporation instantanée de dizaines de millions de litres d’eau provoquerait un tel raz-de-marée que le Délu
1831 l’évaporation instantanée de dizaines de millions de litres d’eau provoquerait un tel raz-de-marée que le Déluge, en compa
1832 ion instantanée de dizaines de millions de litres d’ eau provoquerait un tel raz-de-marée que le Déluge, en comparaison, n’
1833 litres d’eau provoquerait un tel raz-de-marée que le Déluge, en comparaison, n’aurait été qu’un bain de pieds. D’autres no
1834 e Déluge, en comparaison, n’aurait été qu’un bain de pieds. D’autres nous parlent d’une contamination des atomes d’uranium
1835 it été qu’un bain de pieds. D’autres nous parlent d’ une contamination des atomes d’uranium nageant dans l’Océan. Ou de nua
1836 utres nous parlent d’une contamination des atomes d’ uranium nageant dans l’Océan. Ou de nuages radioactifs qui se promèner
1837 e contamination des atomes d’uranium nageant dans l’ Océan. Ou de nuages radioactifs qui se promèneraient autour du globe,
1838 ion des atomes d’uranium nageant dans l’Océan. Ou de nuages radioactifs qui se promèneraient autour du globe, semant la mo
1839 tifs qui se promèneraient autour du globe, semant la mort et la consomption lente dans les pays les plus lointains, aveugl
1840 promèneraient autour du globe, semant la mort et la consomption lente dans les pays les plus lointains, aveuglant les avi
1841 lobe, semant la mort et la consomption lente dans les pays les plus lointains, aveuglant les avions, affolant les boussoles
1842 ant la mort et la consomption lente dans les pays les plus lointains, aveuglant les avions, affolant les boussoles, rendant
1843 lente dans les pays les plus lointains, aveuglant les avions, affolant les boussoles, rendant chauve ou stérile, rongeant l
1844 es plus lointains, aveuglant les avions, affolant les boussoles, rendant chauve ou stérile, rongeant les moelles… Mais tout
1845 es boussoles, rendant chauve ou stérile, rongeant les moelles… Mais tout cela ne fait peur à personne. Le fait est que pers
1846 moelles… Mais tout cela ne fait peur à personne. Le fait est que personne n’a protesté, et la première des expériences es
1847 est pour demain. À cette apathie plus qu’étrange de l’opinion et de ses organes, je distingue au moins trois raisons. La
1848 t pour demain. À cette apathie plus qu’étrange de l’ opinion et de ses organes, je distingue au moins trois raisons. La pre
1849 . À cette apathie plus qu’étrange de l’opinion et de ses organes, je distingue au moins trois raisons. La première, c’est
1850 ue au moins trois raisons. La première, c’est que la mort en masse, ou la menace d’une mort instantanée s’abattant au hasa
1851 sons. La première, c’est que la mort en masse, ou la menace d’une mort instantanée s’abattant au hasard sur tout un peuple
1852 remière, c’est que la mort en masse, ou la menace d’ une mort instantanée s’abattant au hasard sur tout un peuple, effraye
1853 tout un peuple, effraye moins qu’une séance chez le dentiste. La seconde, c’est que la curiosité est plus forte que la cr
1854 ne séance chez le dentiste. La seconde, c’est que la curiosité est plus forte que la crainte chez les enfants. Or l’opinio
1855 econde, c’est que la curiosité est plus forte que la crainte chez les enfants. Or l’opinion publique est un enfant que rie
1856 e la curiosité est plus forte que la crainte chez les enfants. Or l’opinion publique est un enfant que rien au monde ne sau
1857 st plus forte que la crainte chez les enfants. Or l’ opinion publique est un enfant que rien au monde ne saurait empêcher d
1858 t un enfant que rien au monde ne saurait empêcher de jouer avec les allumettes. Et tant de gens s’ennuient sur la Terre, q
1859 e rien au monde ne saurait empêcher de jouer avec les allumettes. Et tant de gens s’ennuient sur la Terre, qu’ils la verrai
1860 ec les allumettes. Et tant de gens s’ennuient sur la Terre, qu’ils la verraient bien volontiers sauter pour qu’il se passe
1861 . Et tant de gens s’ennuient sur la Terre, qu’ils la verraient bien volontiers sauter pour qu’il se passe quelque chose. M
1862 passe quelque chose. Mais la troisième raison est la plus remarquable. Si la menace d’un raz-de-marée continental — pour s
1863 s la troisième raison est la plus remarquable. Si la menace d’un raz-de-marée continental — pour si faibles qu’en soient l
1864 ième raison est la plus remarquable. Si la menace d’ un raz-de-marée continental — pour si faibles qu’en soient les chances
1865 -marée continental — pour si faibles qu’en soient les chances — n’a pas déclenché en retour un raz-de-marée de protestation
1866 ces — n’a pas déclenché en retour un raz-de-marée de protestations dans le monde entier, c’est qu’on affirme que l’opérati
1867 é en retour un raz-de-marée de protestations dans le monde entier, c’est qu’on affirme que l’opération sera faite « dans u
1868 ons dans le monde entier, c’est qu’on affirme que l’ opération sera faite « dans un but militaire ». Ces quatre mots (et ce
1869 te de français) réduisent au silence toute espèce d’ objection humanitaire ou même scientifique. Posons ici une question gr
1870 oir au monde qu’il va se livrer à des expériences de cet ordre, « dans un but » de connaissance pure, de poésie, de philos
1871 r à des expériences de cet ordre, « dans un but » de connaissance pure, de poésie, de philosophie, ou de lucre, ou de simp
1872 cet ordre, « dans un but » de connaissance pure, de poésie, de philosophie, ou de lucre, ou de simples amusement ? Quel t
1873 « dans un but » de connaissance pure, de poésie, de philosophie, ou de lucre, ou de simples amusement ? Quel tollé mondia
1874 connaissance pure, de poésie, de philosophie, ou de lucre, ou de simples amusement ? Quel tollé mondial, aussitôt ! Quel
1875 pure, de poésie, de philosophie, ou de lucre, ou de simples amusement ? Quel tollé mondial, aussitôt ! Quel fracas de cri
1876 ment ? Quel tollé mondial, aussitôt ! Quel fracas de cris au fou ! au gaspillage ! à l’existentialisme ou au surréalisme !
1877  ! Quel fracas de cris au fou ! au gaspillage ! à l’ existentialisme ou au surréalisme ! et pire encore : à l’hitléro-trots
1878 entialisme ou au surréalisme ! et pire encore : à l’ hitléro-trotskisme, à l’anarcho-cléricalisme sournoisement soutenu par
1879 isme ! et pire encore : à l’hitléro-trotskisme, à l’ anarcho-cléricalisme sournoisement soutenu par Wall Street ! Mais non,
1880 par Wall Street ! Mais non, ni tôle ni murmures. Le sérieux le plus méthodique a présidé à la préparation d’une expérienc
1881 treet ! Mais non, ni tôle ni murmures. Le sérieux le plus méthodique a présidé à la préparation d’une expérience dont l’ut
1882 rmures. Le sérieux le plus méthodique a présidé à la préparation d’une expérience dont l’utilité n’est point trop claire,
1883 eux le plus méthodique a présidé à la préparation d’ une expérience dont l’utilité n’est point trop claire, si l’un des ris
1884 a présidé à la préparation d’une expérience dont l’ utilité n’est point trop claire, si l’un des risques en est la fin du
1885 est point trop claire, si l’un des risques en est la fin du monde. Personne ne rit, ne ricane, ou ne hurle. Serait-ce qu’a
1886 rit, ne ricane, ou ne hurle. Serait-ce qu’au fond de nous-mêmes, à l’insu de nous-mêmes, au tréfonds de notre inconscient,
1887 u ne hurle. Serait-ce qu’au fond de nous-mêmes, à l’ insu de nous-mêmes, au tréfonds de notre inconscient, la guerre nous p
1888 rle. Serait-ce qu’au fond de nous-mêmes, à l’insu de nous-mêmes, au tréfonds de notre inconscient, la guerre nous plaît ?
1889 e nous-mêmes, à l’insu de nous-mêmes, au tréfonds de notre inconscient, la guerre nous plaît ? Il est clair que nous juron
1890 de nous-mêmes, au tréfonds de notre inconscient, la guerre nous plaît ? Il est clair que nous jurons tous, sans exception
1891 nous sommes sincères, nous n’aimons vraiment que la paix. La paix nous comble. La paix ne nous ennuie jamais... Si c’étai
1892 mes sincères, nous n’aimons vraiment que la paix. La paix nous comble. La paix ne nous ennuie jamais... Si c’était vrai, i
1893 aimons vraiment que la paix. La paix nous comble. La paix ne nous ennuie jamais... Si c’était vrai, il n’y aurait pas de g
1894 nuie jamais... Si c’était vrai, il n’y aurait pas de guerres. (Je ne parle pas de tel ou tel pays, mais de l’ensemble de l
1895 i, il n’y aurait pas de guerres. (Je ne parle pas de tel ou tel pays, mais de l’ensemble de l’humanité.) Et maintenant, ve
1896 uerres. (Je ne parle pas de tel ou tel pays, mais de l’ensemble de l’humanité.) Et maintenant, veuillez écouter la retrans
1897 res. (Je ne parle pas de tel ou tel pays, mais de l’ ensemble de l’humanité.) Et maintenant, veuillez écouter la retransmis
1898 parle pas de tel ou tel pays, mais de l’ensemble de l’humanité.) Et maintenant, veuillez écouter la retransmission planét
1899 rle pas de tel ou tel pays, mais de l’ensemble de l’ humanité.) Et maintenant, veuillez écouter la retransmission planétair
1900 e de l’humanité.) Et maintenant, veuillez écouter la retransmission planétaire de la première répétition des trompettes fr
1901 nt, veuillez écouter la retransmission planétaire de la première répétition des trompettes fracassantes de l’Apocalypse, —
1902 a première répétition des trompettes fracassantes de l’Apocalypse, — « et le tiers des navires périt ». Si c’est un four,
1903 remière répétition des trompettes fracassantes de l’ Apocalypse, — « et le tiers des navires périt ». Si c’est un four, com
1904 s trompettes fracassantes de l’Apocalypse, — « et le tiers des navires périt ». Si c’est un four, comme certains le prévoi
1905 navires périt ». Si c’est un four, comme certains le prévoient, je vous conseille de n’en pas rire, ou pas si vite : atten
1906 r, comme certains le prévoient, je vous conseille de n’en pas rire, ou pas si vite : attendons le grand concert de la fin
1907 ille de n’en pas rire, ou pas si vite : attendons le grand concert de la fin de juillet. q. Rougemont Denis de, « Demai
1908 rire, ou pas si vite : attendons le grand concert de la fin de juillet. q. Rougemont Denis de, « Demain la bombe ou la
1909 e, ou pas si vite : attendons le grand concert de la fin de juillet. q. Rougemont Denis de, « Demain la bombe ou la cha
1910 as si vite : attendons le grand concert de la fin de juillet. q. Rougemont Denis de, « Demain la bombe ou la chance d’e
1911 ncert de la fin de juillet. q. Rougemont Denis de , « Demain la bombe ou la chance d’en finir avec la terre », Le Figaro
1912 in de juillet. q. Rougemont Denis de, « Demain la bombe ou la chance d’en finir avec la terre », Le Figaro, Paris, 1 ju
1913 t. q. Rougemont Denis de, « Demain la bombe ou la chance d’en finir avec la terre », Le Figaro, Paris, 1 juillet 1946,
1914 ougemont Denis de, « Demain la bombe ou la chance d’ en finir avec la terre », Le Figaro, Paris, 1 juillet 1946, p. 1.
1915 e, « Demain la bombe ou la chance d’en finir avec la terre », Le Figaro, Paris, 1 juillet 1946, p. 1.
1916 la bombe ou la chance d’en finir avec la terre », Le Figaro, Paris, 1 juillet 1946, p. 1.
16 1947, Le Figaro, articles (1939–1953). Le droit d’opposition (3 avril 1947)
1917 Le droit d’opposition (3 avril 1947)r Il s’agissait de « démocratiser
1918 Le droit d’ opposition (3 avril 1947)r Il s’agissait de « démocratiser » l’Alle
1919 oit d’opposition (3 avril 1947)r Il s’agissait de « démocratiser » l’Allemagne. On en parlait depuis des années. Divers
1920 avril 1947)r Il s’agissait de « démocratiser » l’ Allemagne. On en parlait depuis des années. Divers moyens avaient été
1921 moyens avaient été proposés ou essayés, tels que la déportation en masse, la destruction des industries, le démembrement
1922 sés ou essayés, tels que la déportation en masse, la destruction des industries, le démembrement politique, ou même la dic
1923 ortation en masse, la destruction des industries, le démembrement politique, ou même la dictature, en l’occurrence celle d
1924 es industries, le démembrement politique, ou même la dictature, en l’occurrence celle d’un parti qui se fût nommé démocrat
1925 démembrement politique, ou même la dictature, en l’ occurrence celle d’un parti qui se fût nommé démocratique pour éviter
1926 ique, ou même la dictature, en l’occurrence celle d’ un parti qui se fût nommé démocratique pour éviter toute confusion. C’
1927 n. C’était cependant un peu confus. Subitement, à la conférence de Moscou, quelqu’un propose une méthode, aussi simple que
1928 endant un peu confus. Subitement, à la conférence de Moscou, quelqu’un propose une méthode, aussi simple que neuve en ce d
1929 que neuve en ce domaine : qu’on définisse — et il le fait sur l’heure — les conditions d’une vraie démocratie, et puis qu’
1930 ce domaine : qu’on définisse — et il le fait sur l’ heure — les conditions d’une vraie démocratie, et puis qu’on les crée
1931 e : qu’on définisse — et il le fait sur l’heure — les conditions d’une vraie démocratie, et puis qu’on les crée en Allemagn
1932 isse — et il le fait sur l’heure — les conditions d’ une vraie démocratie, et puis qu’on les crée en Allemagne. Inutile de
1933 conditions d’une vraie démocratie, et puis qu’on les crée en Allemagne. Inutile de dire que l’auteur de cette proposition
1934 tie, et puis qu’on les crée en Allemagne. Inutile de dire que l’auteur de cette proposition déconcertante n’est pas un vie
1935 qu’on les crée en Allemagne. Inutile de dire que l’ auteur de cette proposition déconcertante n’est pas un vieux routier d
1936 s crée en Allemagne. Inutile de dire que l’auteur de cette proposition déconcertante n’est pas un vieux routier de la poli
1937 position déconcertante n’est pas un vieux routier de la politique. C’est un général : il a gardé le réflexe de désigner ne
1938 ition déconcertante n’est pas un vieux routier de la politique. C’est un général : il a gardé le réflexe de désigner nette
1939 er de la politique. C’est un général : il a gardé le réflexe de désigner nettement l’objectif. Et c’est un Américain : il
1940 litique. C’est un général : il a gardé le réflexe de désigner nettement l’objectif. Et c’est un Américain : il se souvient
1941 ral : il a gardé le réflexe de désigner nettement l’ objectif. Et c’est un Américain : il se souvient de l’œuf de Colomb. D
1942 ’objectif. Et c’est un Américain : il se souvient de l’œuf de Colomb. De plus, il voudrait bien que les Russes s’expliquen
1943 jectif. Et c’est un Américain : il se souvient de l’ œuf de Colomb. De plus, il voudrait bien que les Russes s’expliquent.
1944 . Et c’est un Américain : il se souvient de l’œuf de Colomb. De plus, il voudrait bien que les Russes s’expliquent. M. Mol
1945 de l’œuf de Colomb. De plus, il voudrait bien que les Russes s’expliquent. M. Molotov demande le temps de réfléchir. Pour o
1946 n que les Russes s’expliquent. M. Molotov demande le temps de réfléchir. Pour occuper l’attente, la presse soviétique se l
1947 Russes s’expliquent. M. Molotov demande le temps de réfléchir. Pour occuper l’attente, la presse soviétique se livre à d’
1948 lotov demande le temps de réfléchir. Pour occuper l’ attente, la presse soviétique se livre à d’habiles variations sur un t
1949 de le temps de réfléchir. Pour occuper l’attente, la presse soviétique se livre à d’habiles variations sur un thème prévu 
1950 ccuper l’attente, la presse soviétique se livre à d’ habiles variations sur un thème prévu : « Entre la théorie de la démoc
1951 d’habiles variations sur un thème prévu : « Entre la théorie de la démocratie et sa pratique, dit-elle, il y a souvent d’é
1952 ariations sur un thème prévu : « Entre la théorie de la démocratie et sa pratique, dit-elle, il y a souvent d’énormes diff
1953 ations sur un thème prévu : « Entre la théorie de la démocratie et sa pratique, dit-elle, il y a souvent d’énormes différe
1954 mocratie et sa pratique, dit-elle, il y a souvent d’ énormes différences. » Elle marque les différences qu’on voit en Améri
1955 y a souvent d’énormes différences. » Elle marque les différences qu’on voit en Amérique, mais ne dit rien de celles qu’on
1956 férences qu’on voit en Amérique, mais ne dit rien de celles qu’on observe ailleurs. Elle ne rate pas la question nègre. Et
1957 e celles qu’on observe ailleurs. Elle ne rate pas la question nègre. Et, sur ce point, elle a beau jeu. Car il faut bien a
1958 ement dans une dictature que dans une démocratie… Le secrétaire d’État Marshall a proposé une sorte de credo démocratique,
1959 dictature que dans une démocratie… Le secrétaire d’ État Marshall a proposé une sorte de credo démocratique, exigeant une
1960 Le secrétaire d’État Marshall a proposé une sorte de credo démocratique, exigeant une presse libre, des élections libres e
1961 as libre tant que ses loyaux citoyens vivent dans la crainte d’être privés de la vie, de la prospérité et de la poursuite
1962 nt que ses loyaux citoyens vivent dans la crainte d’ être privés de la vie, de la prospérité et de la poursuite du bonheur 
1963 aux citoyens vivent dans la crainte d’être privés de la vie, de la prospérité et de la poursuite du bonheur » (termes empr
1964 citoyens vivent dans la crainte d’être privés de la vie, de la prospérité et de la poursuite du bonheur » (termes emprunt
1965 s vivent dans la crainte d’être privés de la vie, de la prospérité et de la poursuite du bonheur » (termes empruntés, comm
1966 ivent dans la crainte d’être privés de la vie, de la prospérité et de la poursuite du bonheur » (termes empruntés, comme o
1967 inte d’être privés de la vie, de la prospérité et de la poursuite du bonheur » (termes empruntés, comme on sait, au préamb
1968 e d’être privés de la vie, de la prospérité et de la poursuite du bonheur » (termes empruntés, comme on sait, au préambule
1969  » (termes empruntés, comme on sait, au préambule de la Constitution américaine). Pendant que M. Molotov se prépare à donn
1970 (termes empruntés, comme on sait, au préambule de la Constitution américaine). Pendant que M. Molotov se prépare à donner
1971 Molotov se prépare à donner sa propre définition de la démocratie, je me permettrai d’offrir une suggestion. Le caractère
1972 lotov se prépare à donner sa propre définition de la démocratie, je me permettrai d’offrir une suggestion. Le caractère le
1973 pre définition de la démocratie, je me permettrai d’ offrir une suggestion. Le caractère le plus spécifique d’une démocrati
1974 cratie, je me permettrai d’offrir une suggestion. Le caractère le plus spécifique d’une démocratie me paraît être le droit
1975 permettrai d’offrir une suggestion. Le caractère le plus spécifique d’une démocratie me paraît être le droit d’opposition
1976 r une suggestion. Le caractère le plus spécifique d’ une démocratie me paraît être le droit d’opposition. Et je parle d’une
1977 e plus spécifique d’une démocratie me paraît être le droit d’opposition. Et je parle d’une opposition non seulement toléré
1978 écifique d’une démocratie me paraît être le droit d’ opposition. Et je parle d’une opposition non seulement tolérée, ou res
1979 me paraît être le droit d’opposition. Et je parle d’ une opposition non seulement tolérée, ou respectée, mais nécessaire et
1980 ou respectée, mais nécessaire et organique, selon le modèle anglo-saxon. Ce caractère suffit à distinguer d’un seul coup d
1981 . Ce caractère suffit à distinguer d’un seul coup d’ œil les régimes démocratiques des régimes totalitaires. Ces derniers,
1982 aractère suffit à distinguer d’un seul coup d’œil les régimes démocratiques des régimes totalitaires. Ces derniers, en effe
1983 ogie, se comportent en réalité comme des Églises. L’ opposition aux dogmes d’une Église s’est toujours vue qualifiée d’héré
1984 éalité comme des Églises. L’opposition aux dogmes d’ une Église s’est toujours vue qualifiée d’hérésie, et non d’opinion di
1985 dogmes d’une Église s’est toujours vue qualifiée d’ hérésie, et non d’opinion différente. De même, l’opposition aux théori
1986 se s’est toujours vue qualifiée d’hérésie, et non d’ opinion différente. De même, l’opposition aux théories du parti au pou
1987 d’hérésie, et non d’opinion différente. De même, l’ opposition aux théories du parti au pouvoir, chez les totalitaires, se
1988 opposition aux théories du parti au pouvoir, chez les totalitaires, se voit qualifiée non point d’opinion minoritaire, mais
1989 hez les totalitaires, se voit qualifiée non point d’ opinion minoritaire, mais de trahison. On la punit comme telle et, dan
1990 t qualifiée non point d’opinion minoritaire, mais de trahison. On la punit comme telle et, dans le fait, elle est forcée d
1991 point d’opinion minoritaire, mais de trahison. On la punit comme telle et, dans le fait, elle est forcée d’agir comme tell
1992 ais de trahison. On la punit comme telle et, dans le fait, elle est forcée d’agir comme telle. Je sais bien que les Russes
1993 nit comme telle et, dans le fait, elle est forcée d’ agir comme telle. Je sais bien que les Russes n’aiment guère qu’on les
1994 e est forcée d’agir comme telle. Je sais bien que les Russes n’aiment guère qu’on les appelle totalitaires, mais je vois au
1995 Je sais bien que les Russes n’aiment guère qu’on les appelle totalitaires, mais je vois aussi qu’ils n’ont jamais eu le se
1996 taires, mais je vois aussi qu’ils n’ont jamais eu le sens de l’opposition organique. L’autorité suprême de leur Église ne
1997 mais je vois aussi qu’ils n’ont jamais eu le sens de l’opposition organique. L’autorité suprême de leur Église ne réside p
1998 s je vois aussi qu’ils n’ont jamais eu le sens de l’ opposition organique. L’autorité suprême de leur Église ne réside pas
1999 ’ont jamais eu le sens de l’opposition organique. L’ autorité suprême de leur Église ne réside pas dans la majorité, mais b
2000 ens de l’opposition organique. L’autorité suprême de leur Église ne réside pas dans la majorité, mais bien dans l’unanimit
2001 utorité suprême de leur Église ne réside pas dans la majorité, mais bien dans l’unanimité (le sobornots). C’est au nom d’u
2002 se ne réside pas dans la majorité, mais bien dans l’ unanimité (le sobornots). C’est au nom d’une doctrine semblable que le
2003 pas dans la majorité, mais bien dans l’unanimité ( le sobornots). C’est au nom d’une doctrine semblable que les Soviets ont
2004 rnots). C’est au nom d’une doctrine semblable que les Soviets ont exigé le veto dans tous les cas où l’unanimité ne pourrai
2005 ’une doctrine semblable que les Soviets ont exigé le veto dans tous les cas où l’unanimité ne pourrait pas s’établir à l’O
2006 lable que les Soviets ont exigé le veto dans tous les cas où l’unanimité ne pourrait pas s’établir à l’ONU. Appelons donc d
2007 es Soviets ont exigé le veto dans tous les cas où l’ unanimité ne pourrait pas s’établir à l’ONU. Appelons donc démocratiqu
2008 es cas où l’unanimité ne pourrait pas s’établir à l’ ONU. Appelons donc démocratique un régime où l’opposition est libre de
2009 à l’ONU. Appelons donc démocratique un régime où l’ opposition est libre de jouer son rôle. Appelons ensuite totalitaire u
2010 démocratique un régime où l’opposition est libre de jouer son rôle. Appelons ensuite totalitaire un régime où l’oppositio
2011 n rôle. Appelons ensuite totalitaire un régime où l’ opposition équivaut à la trahison, et se paye tôt ou tard de la vie. Q
2012 totalitaire un régime où l’opposition équivaut à la trahison, et se paye tôt ou tard de la vie. Que si l’on estime trop é
2013 on équivaut à la trahison, et se paye tôt ou tard de la vie. Que si l’on estime trop étroites les définitions précédentes,
2014 équivaut à la trahison, et se paye tôt ou tard de la vie. Que si l’on estime trop étroites les définitions précédentes, j’
2015 rahison, et se paye tôt ou tard de la vie. Que si l’ on estime trop étroites les définitions précédentes, j’indiquerai leur
2016 tard de la vie. Que si l’on estime trop étroites les définitions précédentes, j’indiquerai leur possible élargissement. Pr
2017 j’indiquerai leur possible élargissement. Prenons les Quatre Libertés proclamées par Franklin Roosevelt : elles supposent t
2018 s par Franklin Roosevelt : elles supposent toutes le droit d’opposition, et sans lui resteraient de vains mots. La liberté
2019 nklin Roosevelt : elles supposent toutes le droit d’ opposition, et sans lui resteraient de vains mots. La liberté de relig
2020 es le droit d’opposition, et sans lui resteraient de vains mots. La liberté de religion. Toute religion vivante s’oppose a
2021 pposition, et sans lui resteraient de vains mots. La liberté de religion. Toute religion vivante s’oppose au train du mond
2022 et sans lui resteraient de vains mots. La liberté de religion. Toute religion vivante s’oppose au train du monde. « Ne vou
2023 résent, mais soyez transformés », dit saint Paul. La liberté de parole. Si elle ne consiste qu’à hurler avec les loups, à
2024 s soyez transformés », dit saint Paul. La liberté de parole. Si elle ne consiste qu’à hurler avec les loups, à réciter les
2025 é de parole. Si elle ne consiste qu’à hurler avec les loups, à réciter les slogans officiels, elle est vide. La libération
2026 ne consiste qu’à hurler avec les loups, à réciter les slogans officiels, elle est vide. La libération de la misère. Je pens
2027 , à réciter les slogans officiels, elle est vide. La libération de la misère. Je pense qu’elle s’est rarement produite dan
2028 s slogans officiels, elle est vide. La libération de la misère. Je pense qu’elle s’est rarement produite dans les pays où
2029 logans officiels, elle est vide. La libération de la misère. Je pense qu’elle s’est rarement produite dans les pays où la
2030 re. Je pense qu’elle s’est rarement produite dans les pays où la revendication des miséreux est étouffée comme subversive,
2031 qu’elle s’est rarement produite dans les pays où la revendication des miséreux est étouffée comme subversive, ou qualifié
2032 éreux est étouffée comme subversive, ou qualifiée de sabotage. La libération de la crainte, enfin. Elle consiste, à mon se
2033 uffée comme subversive, ou qualifiée de sabotage. La libération de la crainte, enfin. Elle consiste, à mon sens, en premie
2034 bversive, ou qualifiée de sabotage. La libération de la crainte, enfin. Elle consiste, à mon sens, en premier lieu, dans l
2035 rsive, ou qualifiée de sabotage. La libération de la crainte, enfin. Elle consiste, à mon sens, en premier lieu, dans la c
2036 Elle consiste, à mon sens, en premier lieu, dans la certitude que, si l’on diffère d’opinion avec le Pouvoir, on n’en mou
2037 sens, en premier lieu, dans la certitude que, si l’ on diffère d’opinion avec le Pouvoir, on n’en mourra pas. r. Rougem
2038 mier lieu, dans la certitude que, si l’on diffère d’ opinion avec le Pouvoir, on n’en mourra pas. r. Rougemont Denis de,
2039 la certitude que, si l’on diffère d’opinion avec le Pouvoir, on n’en mourra pas. r. Rougemont Denis de, « Le droit d’o
2040 ouvoir, on n’en mourra pas. r. Rougemont Denis de , « Le droit d’opposition », Le Figaro, Paris, 3 avril 1947, p. 1.
2041 , on n’en mourra pas. r. Rougemont Denis de, «  Le droit d’opposition », Le Figaro, Paris, 3 avril 1947, p. 1.
2042 mourra pas. r. Rougemont Denis de, « Le droit d’ opposition », Le Figaro, Paris, 3 avril 1947, p. 1.
2043 . Rougemont Denis de, « Le droit d’opposition », Le Figaro, Paris, 3 avril 1947, p. 1.
17 1948, Le Figaro, articles (1939–1953). Sagesse et folie de la Suisse (13 octobre 1948)
2044 Sagesse et folie de la Suisse (13 octobre 1948)s « Le Suisse trait sa vache et vit pai
2045 Sagesse et folie de la Suisse (13 octobre 1948)s « Le Suisse trait sa vache et vit paisib
2046 sse et folie de la Suisse (13 octobre 1948)s «  Le Suisse trait sa vache et vit paisiblement. » La carte postale est de
2047 « Le Suisse trait sa vache et vit paisiblement. » La carte postale est de Victor Hugo et date d’il y a près de cent ans. A
2048 vache et vit paisiblement. » La carte postale est de Victor Hugo et date d’il y a près de cent ans. Aujourd’hui, ce qui fr
2049 nt. » La carte postale est de Victor Hugo et date d’ il y a près de cent ans. Aujourd’hui, ce qui frappe l’observateur en S
2050 y a près de cent ans. Aujourd’hui, ce qui frappe l’ observateur en Suisse, c’est la présence quasi universelle de l’indust
2051 hui, ce qui frappe l’observateur en Suisse, c’est la présence quasi universelle de l’industrie. Un cinquième de la populat
2052 ur en Suisse, c’est la présence quasi universelle de l’industrie. Un cinquième de la population vit de l’agriculture ; prè
2053 en Suisse, c’est la présence quasi universelle de l’ industrie. Un cinquième de la population vit de l’agriculture ; près d
2054 ce quasi universelle de l’industrie. Un cinquième de la population vit de l’agriculture ; près de trois cinquièmes de l’in
2055 quasi universelle de l’industrie. Un cinquième de la population vit de l’agriculture ; près de trois cinquièmes de l’indus
2056 de l’industrie. Un cinquième de la population vit de l’agriculture ; près de trois cinquièmes de l’industrie et du commerc
2057 l’industrie. Un cinquième de la population vit de l’ agriculture ; près de trois cinquièmes de l’industrie et du commerce.
2058 n vit de l’agriculture ; près de trois cinquièmes de l’industrie et du commerce. Ces deux chiffres détruisent l’idylle, év
2059 it de l’agriculture ; près de trois cinquièmes de l’ industrie et du commerce. Ces deux chiffres détruisent l’idylle, évoqu
2060 trie et du commerce. Ces deux chiffres détruisent l’ idylle, évoquent les luttes sociales, les crises, les grèves, les pous
2061 . Ces deux chiffres détruisent l’idylle, évoquent les luttes sociales, les crises, les grèves, les poussées de fièvre polit
2062 étruisent l’idylle, évoquent les luttes sociales, les crises, les grèves, les poussées de fièvre politique… Mais non, la Su
2063 idylle, évoquent les luttes sociales, les crises, les grèves, les poussées de fièvre politique… Mais non, la Suisse s’obsti
2064 uent les luttes sociales, les crises, les grèves, les poussées de fièvre politique… Mais non, la Suisse s’obstine et, presq
2065 es sociales, les crises, les grèves, les poussées de fièvre politique… Mais non, la Suisse s’obstine et, presque seule dan
2066 èves, les poussées de fièvre politique… Mais non, la Suisse s’obstine et, presque seule dans le monde depuis cent ans, ell
2067 s non, la Suisse s’obstine et, presque seule dans le monde depuis cent ans, elle vit paisiblement. Le miracle est patent.
2068 le monde depuis cent ans, elle vit paisiblement. Le miracle est patent. Va-t-il durer ? La Suisse est-elle une survivance
2069 siblement. Le miracle est patent. Va-t-il durer ? La Suisse est-elle une survivance ou bien le signe avant-coureur d’un av
2070 durer ? La Suisse est-elle une survivance ou bien le signe avant-coureur d’un avenir possible de l’Europe ? Tout au long d
2071 lle une survivance ou bien le signe avant-coureur d’ un avenir possible de l’Europe ? Tout au long de l’ouvrage exemplaire
2072 bien le signe avant-coureur d’un avenir possible de l’Europe ? Tout au long de l’ouvrage exemplaire qu’il vient de nous d
2073 en le signe avant-coureur d’un avenir possible de l’ Europe ? Tout au long de l’ouvrage exemplaire qu’il vient de nous donn
2074 r d’un avenir possible de l’Europe ? Tout au long de l’ouvrage exemplaire qu’il vient de nous donner sur ce pays, La Suiss
2075 ’un avenir possible de l’Europe ? Tout au long de l’ ouvrage exemplaire qu’il vient de nous donner sur ce pays, La Suisse,
2076 xemplaire qu’il vient de nous donner sur ce pays, La Suisse, démocratie-témoin, André Siegfried s’est posé la question. Ma
2077 fried s’est posé la question. Mais il s’est gardé d’ y répondre, ou plutôt n’y répond que par la bande, la bande rouge qui
2078 gardé d’y répondre, ou plutôt n’y répond que par la bande, la bande rouge qui orne le livre : « C’est une grande folie de
2079 répondre, ou plutôt n’y répond que par la bande, la bande rouge qui orne le livre : « C’est une grande folie de croire qu
2080 répond que par la bande, la bande rouge qui orne le livre : « C’est une grande folie de croire qu’on peut être sage tout
2081 ouge qui orne le livre : « C’est une grande folie de croire qu’on peut être sage tout seul. » (La Rochefoucauld) Maxime qu
2082 olie de croire qu’on peut être sage tout seul. » ( La Rochefoucauld) Maxime qui n’est pas aussi claire qu’il y paraît à pre
2083 pas collectionné des impressions. Il raisonne sur l’ irréfutable. Il joue de la statistique comme un champion de tennis de
2084 pressions. Il raisonne sur l’irréfutable. Il joue de la statistique comme un champion de tennis de sa raquette, élégance e
2085 ssions. Il raisonne sur l’irréfutable. Il joue de la statistique comme un champion de tennis de sa raquette, élégance et d
2086 able. Il joue de la statistique comme un champion de tennis de sa raquette, élégance et dextérité. Il triomphe tour à tour
2087 oue de la statistique comme un champion de tennis de sa raquette, élégance et dextérité. Il triomphe tour à tour dans la t
2088 égance et dextérité. Il triomphe tour à tour dans la topographie politique et dans la géographie morale, dans l’analyse éc
2089 tour à tour dans la topographie politique et dans la géographie morale, dans l’analyse économique et dans la synthèse en u
2090 phie politique et dans la géographie morale, dans l’ analyse économique et dans la synthèse en une formule. Il nous montre
2091 graphie morale, dans l’analyse économique et dans la synthèse en une formule. Il nous montre la Suisse telle qu’elle est :
2092 t dans la synthèse en une formule. Il nous montre la Suisse telle qu’elle est : prospère, mécanisée, démocrate à l’extrême
2093 le qu’elle est : prospère, mécanisée, démocrate à l’ extrême (beaucoup plus en fait qu’en doctrine), jalouse de ses diversi
2094 e (beaucoup plus en fait qu’en doctrine), jalouse de ses diversités, unie par le refus de les uniformiser, libérale et dis
2095 en doctrine), jalouse de ses diversités, unie par le refus de les uniformiser, libérale et disciplinée, traditionnelle et
2096 ne), jalouse de ses diversités, unie par le refus de les uniformiser, libérale et disciplinée, traditionnelle et progressi
2097 , jalouse de ses diversités, unie par le refus de les uniformiser, libérale et disciplinée, traditionnelle et progressiste,
2098 t s’engrène avec nécessité dans ce beau mouvement d’ horlogerie que compose la fédération de vingt-deux États inégaux, de d
2099 é dans ce beau mouvement d’horlogerie que compose la fédération de vingt-deux États inégaux, de deux religions, de trois o
2100 mouvement d’horlogerie que compose la fédération de vingt-deux États inégaux, de deux religions, de trois ou quatre langu
2101 ompose la fédération de vingt-deux États inégaux, de deux religions, de trois ou quatre langues d’importance inégale elles
2102 n de vingt-deux États inégaux, de deux religions, de trois ou quatre langues d’importance inégale elles aussi. (Et tout ce
2103 ux, de deux religions, de trois ou quatre langues d’ importance inégale elles aussi. (Et tout cela n’est rien encore, car l
2104 elles aussi. (Et tout cela n’est rien encore, car les frontières de ces États et de ces religions, ou de ces religions et d
2105 t tout cela n’est rien encore, car les frontières de ces États et de ces religions, ou de ces religions et de ces langues
2106 t rien encore, car les frontières de ces États et de ces religions, ou de ces religions et de ces langues ne coïncident pr
2107 s frontières de ces États et de ces religions, ou de ces religions et de ces langues ne coïncident presque jamais : calcul
2108 États et de ces religions, ou de ces religions et de ces langues ne coïncident presque jamais : calculez les combinaisons 
2109 s langues ne coïncident presque jamais : calculez les combinaisons !) Il nous décrit un pays que la Nature a privé de matiè
2110 ez les combinaisons !) Il nous décrit un pays que la Nature a privé de matières premières et dont le sol est en partie sté
2111 s !) Il nous décrit un pays que la Nature a privé de matières premières et dont le sol est en partie stérile, mais qui par
2112 e la Nature a privé de matières premières et dont le sol est en partie stérile, mais qui parvient à exporter près du tiers
2113 érile, mais qui parvient à exporter près du tiers de sa production, à n’importer que 20 % de sa consommation en calories,
2114 du tiers de sa production, à n’importer que 20 % de sa consommation en calories, vrai tour de force technique « à base de
2115 ue 20 % de sa consommation en calories, vrai tour de force technique « à base de culture », c’est-à-dire de science appliq
2116 rce technique « à base de culture », c’est-à-dire de science appliquée. Il nous fait suivre, enfin, un jeu d’institutions
2117 nce appliquée. Il nous fait suivre, enfin, un jeu d’ institutions dont la complexité s’est révélée pratique, parce qu’elle
2118 us fait suivre, enfin, un jeu d’institutions dont la complexité s’est révélée pratique, parce qu’elle sert les diversités
2119 lexité s’est révélée pratique, parce qu’elle sert les diversités au lieu de prétendre à les réduire. M. Siegfried est, je c
2120 u’elle sert les diversités au lieu de prétendre à les réduire. M. Siegfried est, je crois bien, le seul auteur non suisse q
2121 e à les réduire. M. Siegfried est, je crois bien, le seul auteur non suisse qui soit allé si loin dans l’analyse des varié
2122 seul auteur non suisse qui soit allé si loin dans l’ analyse des variétés de l’expérience fédérale, sans s’exposer aux déme
2123 qui soit allé si loin dans l’analyse des variétés de l’expérience fédérale, sans s’exposer aux démentis amers de ceux qui
2124 soit allé si loin dans l’analyse des variétés de l’ expérience fédérale, sans s’exposer aux démentis amers de ceux qui en
2125 ience fédérale, sans s’exposer aux démentis amers de ceux qui en vivent et qui en chérissent toutes les nuances. Sa pruden
2126 de ceux qui en vivent et qui en chérissent toutes les nuances. Sa prudence est d’ailleurs égale aux périls qu’il affronte à
2127 e aux périls qu’il affronte à chaque pas, écoutez- le  : « Je me garderai bien de dire que certains cantons sont moins authe
2128 à chaque pas, écoutez-le : « Je me garderai bien de dire que certains cantons sont moins authentiquement suisses que d’au
2129 mais peut-être pourrait-on suggérer que certains le sont davantage… » Personne n’a mieux marqué les différences entre le
2130 ns le sont davantage… » Personne n’a mieux marqué les différences entre le Suisse alémanique et le Suisse romand, entre cel
2131 » Personne n’a mieux marqué les différences entre le Suisse alémanique et le Suisse romand, entre celui-ci et le Français.
2132 qué les différences entre le Suisse alémanique et le Suisse romand, entre celui-ci et le Français. Personne n’a mieux mont
2133 alémanique et le Suisse romand, entre celui-ci et le Français. Personne n’a mieux montré pourquoi la politique se confond,
2134 t le Français. Personne n’a mieux montré pourquoi la politique se confond, chez ce peuple insolite, avec une administratio
2135 lite, avec une administration bien entendue, dont le seul but est d’assurer aux hommes plus de bien-être et d’avantages so
2136 dministration bien entendue, dont le seul but est d’ assurer aux hommes plus de bien-être et d’avantages sociaux. En somme,
2137 e, dont le seul but est d’assurer aux hommes plus de bien-être et d’avantages sociaux. En somme, à cette « démocratie-témo
2138 but est d’assurer aux hommes plus de bien-être et d’ avantages sociaux. En somme, à cette « démocratie-témoin », André Sieg
2139 « démocratie-témoin », André Siegfried n’adresse d’ autre critique — si c’en est une — que d’avoir résolu ses problèmes pa
2140 ’adresse d’autre critique — si c’en est une — que d’ avoir résolu ses problèmes par des moyens valables pour elle seule. Da
2141 mes par des moyens valables pour elle seule. Dans le monde où nous vivons, semble-t-il dire, n’est-il pas fou d’être aussi
2142 ù nous vivons, semble-t-il dire, n’est-il pas fou d’ être aussi sage ? On en revient à la maxime du moraliste. Je voudrais
2143 st-il pas fou d’être aussi sage ? On en revient à la maxime du moraliste. Je voudrais en déduire des conclusions qu’André
2144 des conclusions qu’André Siegfried s’est interdit de suggérer. Influencé, pourrait-on croire, par l’objet de sa descriptio
2145 t de suggérer. Influencé, pourrait-on croire, par l’ objet de sa description, M Siegfried, à propos de la Suisse et de sa r
2146 gérer. Influencé, pourrait-on croire, par l’objet de sa description, M Siegfried, à propos de la Suisse et de sa réussite
2147 objet de sa description, M Siegfried, à propos de la Suisse et de sa réussite fédéraliste, montre autant de méfiance qu’un
2148 escription, M Siegfried, à propos de la Suisse et de sa réussite fédéraliste, montre autant de méfiance qu’un vrai Bernois
2149 isse et de sa réussite fédéraliste, montre autant de méfiance qu’un vrai Bernois pour la généralisation. Qu’il me permette
2150 montre autant de méfiance qu’un vrai Bernois pour la généralisation. Qu’il me permette ici de jouer le rôle du Français. I
2151 ois pour la généralisation. Qu’il me permette ici de jouer le rôle du Français. Il est fou d’être sage tout seul, mais non
2152 la généralisation. Qu’il me permette ici de jouer le rôle du Français. Il est fou d’être sage tout seul, mais non moins fo
2153 ette ici de jouer le rôle du Français. Il est fou d’ être sage tout seul, mais non moins fou de renoncer à cette sagesse pa
2154 est fou d’être sage tout seul, mais non moins fou de renoncer à cette sagesse parce qu’on se voit seul à la professer. Voi
2155 noncer à cette sagesse parce qu’on se voit seul à la professer. Voici donc le sage condamné à périr ou à faire école. En d
2156 rce qu’on se voit seul à la professer. Voici donc le sage condamné à périr ou à faire école. En d’autres termes si l’Europ
2157 é à périr ou à faire école. En d’autres termes si l’ Europe continue d’être folle à l’unanimité, la Suisse est perdue sans
2158 re école. En d’autres termes si l’Europe continue d’ être folle à l’unanimité, la Suisse est perdue sans nul doute. Mais l’
2159 autres termes si l’Europe continue d’être folle à l’ unanimité, la Suisse est perdue sans nul doute. Mais l’Europe aussi se
2160 si l’Europe continue d’être folle à l’unanimité, la Suisse est perdue sans nul doute. Mais l’Europe aussi sera perdue. Or
2161 nimité, la Suisse est perdue sans nul doute. Mais l’ Europe aussi sera perdue. Or je crois qu’elle peut être sauvée d’une b
2162 sera perdue. Or je crois qu’elle peut être sauvée d’ une balkanisation presque fatale si elle accepte de s’helvétiser. Dans
2163 ’une balkanisation presque fatale si elle accepte de s’helvétiser. Dans ce cas, la Suisse aussi serait sauvée. Le dilemme
2164 ale si elle accepte de s’helvétiser. Dans ce cas, la Suisse aussi serait sauvée. Le dilemme suisse est donc : mission ou d
2165 iser. Dans ce cas, la Suisse aussi serait sauvée. Le dilemme suisse est donc : mission ou démission. M. Siegfried pense q
2166 c : mission ou démission. M. Siegfried pense que la sagesse suisse, qui est le bon sens fédéraliste, n’est pas objet d’ex
2167 M. Siegfried pense que la sagesse suisse, qui est le bon sens fédéraliste, n’est pas objet d’exportation, n’a pas de valeu
2168 qui est le bon sens fédéraliste, n’est pas objet d’ exportation, n’a pas de valeur universelle. C’est ce que pensent encor
2169 déraliste, n’est pas objet d’exportation, n’a pas de valeur universelle. C’est ce que pensent encore trop de Suisses, et v
2170 eur universelle. C’est ce que pensent encore trop de Suisses, et voilà bien le reproche qu’il faut leur faire si l’on admi
2171 que pensent encore trop de Suisses, et voilà bien le reproche qu’il faut leur faire si l’on admire leur solution. Certes,
2172 t voilà bien le reproche qu’il faut leur faire si l’ on admire leur solution. Certes, le fédéralisme est le contraire d’un
2173 leur faire si l’on admire leur solution. Certes, le fédéralisme est le contraire d’un système. Ce n’est pas une structure
2174 admire leur solution. Certes, le fédéralisme est le contraire d’un système. Ce n’est pas une structure abstraite et géomé
2175 solution. Certes, le fédéralisme est le contraire d’ un système. Ce n’est pas une structure abstraite et géométrique, ce n’
2176 principes, et ceux-ci m’apparaissent susceptibles d’ être appliqués à l’échelle de l’Europe, mutatis mutandis bien entendu 
2177 ci m’apparaissent susceptibles d’être appliqués à l’ échelle de l’Europe, mutatis mutandis bien entendu : c’est précisément
2178 aissent susceptibles d’être appliqués à l’échelle de l’Europe, mutatis mutandis bien entendu : c’est précisément la méthod
2179 sent susceptibles d’être appliqués à l’échelle de l’ Europe, mutatis mutandis bien entendu : c’est précisément la méthode d
2180 mutatis mutandis bien entendu : c’est précisément la méthode du fédéralisme authentique. La Suisse vient de fêter le cente
2181 récisément la méthode du fédéralisme authentique. La Suisse vient de fêter le centenaire de sa constitution présente. Je n
2182 fédéralisme authentique. La Suisse vient de fêter le centenaire de sa constitution présente. Je ne sais pas d’histoire plu
2183 thentique. La Suisse vient de fêter le centenaire de sa constitution présente. Je ne sais pas d’histoire plus instructive,
2184 naire de sa constitution présente. Je ne sais pas d’ histoire plus instructive, pour l’Européen d’aujourd’hui, que celle de
2185 Je ne sais pas d’histoire plus instructive, pour l’ Européen d’aujourd’hui, que celle des discussions qui précédèrent l’ad
2186 pas d’histoire plus instructive, pour l’Européen d’ aujourd’hui, que celle des discussions qui précédèrent l’adoption de c
2187 rd’hui, que celle des discussions qui précédèrent l’ adoption de cette charte exemplaire. C’est le microcosme de nos vrais
2188 celle des discussions qui précédèrent l’adoption de cette charte exemplaire. C’est le microcosme de nos vrais débats. Les
2189 rent l’adoption de cette charte exemplaire. C’est le microcosme de nos vrais débats. Les mêmes menaces, les mêmes espoirs,
2190 n de cette charte exemplaire. C’est le microcosme de nos vrais débats. Les mêmes menaces, les mêmes espoirs, les mêmes obj
2191 mplaire. C’est le microcosme de nos vrais débats. Les mêmes menaces, les mêmes espoirs, les mêmes objections s’y retrouvent
2192 icrocosme de nos vrais débats. Les mêmes menaces, les mêmes espoirs, les mêmes objections s’y retrouvent. Les cantons disen
2193 ais débats. Les mêmes menaces, les mêmes espoirs, les mêmes objections s’y retrouvent. Les cantons disent : nos industries
2194 mes espoirs, les mêmes objections s’y retrouvent. Les cantons disent : nos industries seront ruinées si nous supprimons les
2195 nos industries seront ruinées si nous supprimons les péages. On les supprime : c’est la prospérité. Les minorités disent :
2196 seront ruinées si nous supprimons les péages. On les supprime : c’est la prospérité. Les minorités disent : nous serons éc
2197 us supprimons les péages. On les supprime : c’est la prospérité. Les minorités disent : nous serons écrasés si l’on admet
2198 es péages. On les supprime : c’est la prospérité. Les minorités disent : nous serons écrasés si l’on admet un pouvoir fédér
2199 té. Les minorités disent : nous serons écrasés si l’ on admet un pouvoir fédéral. On l’admet, et ces minorités jouent aussi
2200 rons écrasés si l’on admet un pouvoir fédéral. On l’ admet, et ces minorités jouent aussitôt un rôle de premier plan. L’Eur
2201 l’admet, et ces minorités jouent aussitôt un rôle de premier plan. L’Europe du xxe siècle est l’image agrandie de la Suis
2202 inorités jouent aussitôt un rôle de premier plan. L’ Europe du xxe siècle est l’image agrandie de la Suisse à la veille de
2203 rôle de premier plan. L’Europe du xxe siècle est l’ image agrandie de la Suisse à la veille de sa fédération. En plus trag
2204 lan. L’Europe du xxe siècle est l’image agrandie de la Suisse à la veille de sa fédération. En plus tragique, bien sûr. L
2205 . L’Europe du xxe siècle est l’image agrandie de la Suisse à la veille de sa fédération. En plus tragique, bien sûr. L’ur
2206 u xxe siècle est l’image agrandie de la Suisse à la veille de sa fédération. En plus tragique, bien sûr. L’urgence est do
2207 cle est l’image agrandie de la Suisse à la veille de sa fédération. En plus tragique, bien sûr. L’urgence est donc plus gr
2208 lle de sa fédération. En plus tragique, bien sûr. L’ urgence est donc plus grande. Mais les problèmes sont analogues, et l’
2209 e, bien sûr. L’urgence est donc plus grande. Mais les problèmes sont analogues, et l’attente des peuples est la même. « Oui
2210 lus grande. Mais les problèmes sont analogues, et l’ attente des peuples est la même. « Oui, l’idée d’une commune patrie ne
2211 èmes sont analogues, et l’attente des peuples est la même. « Oui, l’idée d’une commune patrie ne nous est plus étrangère !
2212 ues, et l’attente des peuples est la même. « Oui, l’ idée d’une commune patrie ne nous est plus étrangère ! s’écriait l’un
2213 l’attente des peuples est la même. « Oui, l’idée d’ une commune patrie ne nous est plus étrangère ! s’écriait l’un des pré
2214 t plus étrangère ! s’écriait l’un des précurseurs de la Constitution de 1848. Et quoi qu’en disent les détracteurs des tem
2215 lus étrangère ! s’écriait l’un des précurseurs de la Constitution de 1848. Et quoi qu’en disent les détracteurs des temps
2216 s’écriait l’un des précurseurs de la Constitution de 1848. Et quoi qu’en disent les détracteurs des temps modernes, c’est
2217 de la Constitution de 1848. Et quoi qu’en disent les détracteurs des temps modernes, c’est une des gloires de ces temps qu
2218 acteurs des temps modernes, c’est une des gloires de ces temps que cette idée ait acquis plus de netteté, ce sentiment plu
2219 oires de ces temps que cette idée ait acquis plus de netteté, ce sentiment plus d’énergie. » Les adversaires de la fédérat
2220 dée ait acquis plus de netteté, ce sentiment plus d’ énergie. » Les adversaires de la fédération du continent (peu s’avouen
2221 s plus de netteté, ce sentiment plus d’énergie. » Les adversaires de la fédération du continent (peu s’avouent tels) et les
2222 é, ce sentiment plus d’énergie. » Les adversaires de la fédération du continent (peu s’avouent tels) et les sceptiques (do
2223 ce sentiment plus d’énergie. » Les adversaires de la fédération du continent (peu s’avouent tels) et les sceptiques (dont
2224 a fédération du continent (peu s’avouent tels) et les sceptiques (dont l’espèce est courante) ne peuvent pourtant pas nier
2225 nent (peu s’avouent tels) et les sceptiques (dont l’ espèce est courante) ne peuvent pourtant pas nier l’existence de la Su
2226 espèce est courante) ne peuvent pourtant pas nier l’ existence de la Suisse. C’est un fait qui réfute les meilleurs argumen
2227 ourante) ne peuvent pourtant pas nier l’existence de la Suisse. C’est un fait qui réfute les meilleurs arguments contre le
2228 ante) ne peuvent pourtant pas nier l’existence de la Suisse. C’est un fait qui réfute les meilleurs arguments contre le fé
2229 ’existence de la Suisse. C’est un fait qui réfute les meilleurs arguments contre le fédéralisme en soi. Quant à ceux qui mi
2230 un fait qui réfute les meilleurs arguments contre le fédéralisme en soi. Quant à ceux qui militent pour l’union de nos peu
2231 édéralisme en soi. Quant à ceux qui militent pour l’ union de nos peuples, ils ne sauraient étudier d’assez près cette expé
2232 me en soi. Quant à ceux qui militent pour l’union de nos peuples, ils ne sauraient étudier d’assez près cette expérience d
2233 l’union de nos peuples, ils ne sauraient étudier d’ assez près cette expérience de laboratoire, poursuivie depuis un siècl
2234 e sauraient étudier d’assez près cette expérience de laboratoire, poursuivie depuis un siècle au cœur même de l’Europe, av
2235 ratoire, poursuivie depuis un siècle au cœur même de l’Europe, avec un succès indéniable. Aux uns comme aux autres, il fau
2236 oire, poursuivie depuis un siècle au cœur même de l’ Europe, avec un succès indéniable. Aux uns comme aux autres, il faut d
2237 e. Aux uns comme aux autres, il faut dire : lisez de toute urgence l’ouvrage d’André Siegfried. Vous y trouverez, amplemen
2238 aux autres, il faut dire : lisez de toute urgence l’ ouvrage d’André Siegfried. Vous y trouverez, amplement confirmée, l’un
2239 , il faut dire : lisez de toute urgence l’ouvrage d’ André Siegfried. Vous y trouverez, amplement confirmée, l’une des rare
2240 ement confirmée, l’une des rares bonnes nouvelles de notre temps. Et vous pourrez y lire dans le concret une histoire qui
2241 elles de notre temps. Et vous pourrez y lire dans le concret une histoire qui dément la sagesse proverbiale : l’histoire d
2242 ez y lire dans le concret une histoire qui dément la sagesse proverbiale : l’histoire d’un peuple heureux. s. Rougemont
2243 une histoire qui dément la sagesse proverbiale : l’ histoire d’un peuple heureux. s. Rougemont Denis de, « [Compte rend
2244 re qui dément la sagesse proverbiale : l’histoire d’ un peuple heureux. s. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Sagesse
2245 stoire d’un peuple heureux. s. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Sagesse et folie de la Suisse », Le Figaro, Paris,
2246 emont Denis de, « [Compte rendu] Sagesse et folie de la Suisse », Le Figaro, Paris, 13 octobre 1948, p. 1 et 4.
2247 nt Denis de, « [Compte rendu] Sagesse et folie de la Suisse », Le Figaro, Paris, 13 octobre 1948, p. 1 et 4.
2248 « [Compte rendu] Sagesse et folie de la Suisse », Le Figaro, Paris, 13 octobre 1948, p. 1 et 4.
18 1953, Le Figaro, articles (1939–1953). « Nous ne sommes pas des esclaves ! » (25 juin 1953)
2249 25 juin 1953)t « Ils ont tiré ! Ils tirent sur les ouvriers ! » Le vieux cri de douleur des villes européennes, le cri d
2250 « Ils ont tiré ! Ils tirent sur les ouvriers ! » Le vieux cri de douleur des villes européennes, le cri de douleur des fa
2251 ré ! Ils tirent sur les ouvriers ! » Le vieux cri de douleur des villes européennes, le cri de douleur des faubourgs s’est
2252 » Le vieux cri de douleur des villes européennes, le cri de douleur des faubourgs s’est propagé dans les avenues lugubres
2253 eux cri de douleur des villes européennes, le cri de douleur des faubourgs s’est propagé dans les avenues lugubres de Berl
2254 e cri de douleur des faubourgs s’est propagé dans les avenues lugubres de Berlin, entre leurs façades sur le vide, les bloc
2255 faubourgs s’est propagé dans les avenues lugubres de Berlin, entre leurs façades sur le vide, les blocs blanchis aux petit
2256 enues lugubres de Berlin, entre leurs façades sur le vide, les blocs blanchis aux petites fenêtres myopes des privilégiés
2257 ubres de Berlin, entre leurs façades sur le vide, les blocs blanchis aux petites fenêtres myopes des privilégiés du régime,
2258 etites fenêtres myopes des privilégiés du régime, le palais de marbre rose de l’ambassade de l’URSS, seul battant neuf par
2259 êtres myopes des privilégiés du régime, le palais de marbre rose de l’ambassade de l’URSS, seul battant neuf parmi les rui
2260 s privilégiés du régime, le palais de marbre rose de l’ambassade de l’URSS, seul battant neuf parmi les ruines. Les tanks
2261 rivilégiés du régime, le palais de marbre rose de l’ ambassade de l’URSS, seul battant neuf parmi les ruines. Les tanks sov
2262 u régime, le palais de marbre rose de l’ambassade de l’URSS, seul battant neuf parmi les ruines. Les tanks soviétiques, l’
2263 égime, le palais de marbre rose de l’ambassade de l’ URSS, seul battant neuf parmi les ruines. Les tanks soviétiques, l’Arm
2264 de l’ambassade de l’URSS, seul battant neuf parmi les ruines. Les tanks soviétiques, l’Armée rouge, la police « populaire »
2265 de de l’URSS, seul battant neuf parmi les ruines. Les tanks soviétiques, l’Armée rouge, la police « populaire » ont tiré su
2266 ant neuf parmi les ruines. Les tanks soviétiques, l’ Armée rouge, la police « populaire » ont tiré sur les ouvriers qui ava
2267 les ruines. Les tanks soviétiques, l’Armée rouge, la police « populaire » ont tiré sur les ouvriers qui avaient osé se ras
2268 Armée rouge, la police « populaire » ont tiré sur les ouvriers qui avaient osé se rassembler, sans armes, pour proclamer :
2269 er : « Nous ne sommes pas des esclaves ! » Ainsi, les Soviétiques ont perpétré le premier massacre de grévistes que l’Europ
2270 les Soviétiques ont perpétré le premier massacre de grévistes que l’Europe ait connu depuis 1905 ; depuis ce Dimanche Rou
2271 ont perpétré le premier massacre de grévistes que l’ Europe ait connu depuis 1905 ; depuis ce Dimanche Rouge, où le tsar fi
2272 connu depuis 1905 ; depuis ce Dimanche Rouge, où le tsar fit tirer sur la foule qui marchait vers le Palais d’Hiver. Ce s
2273 epuis ce Dimanche Rouge, où le tsar fit tirer sur la foule qui marchait vers le Palais d’Hiver. Ce sont les descendants de
2274 le tsar fit tirer sur la foule qui marchait vers le Palais d’Hiver. Ce sont les descendants des ouvriers d’alors, ce sont
2275 it tirer sur la foule qui marchait vers le Palais d’ Hiver. Ce sont les descendants des ouvriers d’alors, ce sont leurs pet
2276 oule qui marchait vers le Palais d’Hiver. Ce sont les descendants des ouvriers d’alors, ce sont leurs petits-fils en unifor
2277 ais d’Hiver. Ce sont les descendants des ouvriers d’ alors, ce sont leurs petits-fils en uniforme, passés aux ordres du Kre
2278 res du Kremlin, qui ont tiré sur leurs camarades, les ouvriers sans armes de la Staline-Allee. Les tanks soviétiques ont ti
2279 tiré sur leurs camarades, les ouvriers sans armes de la Staline-Allee. Les tanks soviétiques ont tiré sur la foule ouvrièr
2280 é sur leurs camarades, les ouvriers sans armes de la Staline-Allee. Les tanks soviétiques ont tiré sur la foule ouvrière.
2281 des, les ouvriers sans armes de la Staline-Allee. Les tanks soviétiques ont tiré sur la foule ouvrière. Cette phrase qu’on
2282 Staline-Allee. Les tanks soviétiques ont tiré sur la foule ouvrière. Cette phrase qu’on n’a pas lue dans la presse communi
2283 ule ouvrière. Cette phrase qu’on n’a pas lue dans la presse communiste, nos enfants la liront dans leurs livres d’histoire
2284 ’a pas lue dans la presse communiste, nos enfants la liront dans leurs livres d’histoire. Cette phrase a été dite, une foi
2285 mmuniste, nos enfants la liront dans leurs livres d’ histoire. Cette phrase a été dite, une fois pour toutes. Elle n’est pa
2286 pas mensongère, elle est gagée sur des centaines de morts et de blessés. Étant dite, et de cette manière, non par certain
2287 ère, elle est gagée sur des centaines de morts et de blessés. Étant dite, et de cette manière, non par certains pour les b
2288 centaines de morts et de blessés. Étant dite, et de cette manière, non par certains pour les besoins d’une polémique, non
2289 dite, et de cette manière, non par certains pour les besoins d’une polémique, non par la presse d’un seul pays, d’un seul
2290 cette manière, non par certains pour les besoins d’ une polémique, non par la presse d’un seul pays, d’un seul parti, non
2291 ertains pour les besoins d’une polémique, non par la presse d’un seul pays, d’un seul parti, non par erreur ou exagération
2292 ur les besoins d’une polémique, non par la presse d’ un seul pays, d’un seul parti, non par erreur ou exagération, ni par r
2293 ’une polémique, non par la presse d’un seul pays, d’ un seul parti, non par erreur ou exagération, ni par rien que l’on pui
2294 i, non par erreur ou exagération, ni par rien que l’ on puisse « expliquer », sophistiquer dialectiquement à l’aide de Marx
2295 sophistiquer dialectiquement à l’aide de Marx, ou de Lénine, ou de Staline, mais dite, et sans retour, et de cette manière
2296 ialectiquement à l’aide de Marx, ou de Lénine, ou de Staline, mais dite, et sans retour, et de cette manière-là, par la ré
2297 ine, ou de Staline, mais dite, et sans retour, et de cette manière-là, par la révolte et les blessures et les cadavres des
2298 dite, et sans retour, et de cette manière-là, par la révolte et les blessures et les cadavres des ouvriers de Berlin-Est,
2299 retour, et de cette manière-là, par la révolte et les blessures et les cadavres des ouvriers de Berlin-Est, cette phrase cr
2300 te manière-là, par la révolte et les blessures et les cadavres des ouvriers de Berlin-Est, cette phrase crie sur la terre e
2301 lte et les blessures et les cadavres des ouvriers de Berlin-Est, cette phrase crie sur la terre entière une vérité que l’o
2302 des ouvriers de Berlin-Est, cette phrase crie sur la terre entière une vérité que l’on n’éteindra plus : la tyrannie total
2303 e phrase crie sur la terre entière une vérité que l’ on n’éteindra plus : la tyrannie totalitaire est un crime contre l’hom
2304 rre entière une vérité que l’on n’éteindra plus : la tyrannie totalitaire est un crime contre l’homme et ses jours, désorm
2305 lus : la tyrannie totalitaire est un crime contre l’ homme et ses jours, désormais, sont comptés. L’insurrection de toutes
2306 re l’homme et ses jours, désormais, sont comptés. L’ insurrection de toutes les villes de la zone Est, bien qu’écrasée dans
2307 es jours, désormais, sont comptés. L’insurrection de toutes les villes de la zone Est, bien qu’écrasée dans le sang, marqu
2308 désormais, sont comptés. L’insurrection de toutes les villes de la zone Est, bien qu’écrasée dans le sang, marque la fin d’
2309 sont comptés. L’insurrection de toutes les villes de la zone Est, bien qu’écrasée dans le sang, marque la fin d’une ère :
2310 t comptés. L’insurrection de toutes les villes de la zone Est, bien qu’écrasée dans le sang, marque la fin d’une ère : cel
2311 s les villes de la zone Est, bien qu’écrasée dans le sang, marque la fin d’une ère : celle du mythe communiste qui, pendan
2312 la zone Est, bien qu’écrasée dans le sang, marque la fin d’une ère : celle du mythe communiste qui, pendant trente-six ans
2313 Est, bien qu’écrasée dans le sang, marque la fin d’ une ère : celle du mythe communiste qui, pendant trente-six ans, domin
2314 he communiste qui, pendant trente-six ans, domina la conscience prolétarienne (de France et d’Italie, surtout) et l’incons
2315 ente-six ans, domina la conscience prolétarienne ( de France et d’Italie, surtout) et l’inconscient de millions de bourgeoi
2316 domina la conscience prolétarienne (de France et d’ Italie, surtout) et l’inconscient de millions de bourgeois. Fin d’un m
2317 prolétarienne (de France et d’Italie, surtout) et l’ inconscient de millions de bourgeois. Fin d’un mythe, mais aussi d’un
2318 (de France et d’Italie, surtout) et l’inconscient de millions de bourgeois. Fin d’un mythe, mais aussi d’un monstrueux sop
2319 t d’Italie, surtout) et l’inconscient de millions de bourgeois. Fin d’un mythe, mais aussi d’un monstrueux sophisme. Allez
2320 t) et l’inconscient de millions de bourgeois. Fin d’ un mythe, mais aussi d’un monstrueux sophisme. Allez redire, ô philoso
2321 millions de bourgeois. Fin d’un mythe, mais aussi d’ un monstrueux sophisme. Allez redire, ô philosophes qui vantiez la vio
2322 sophisme. Allez redire, ô philosophes qui vantiez la violence ouvrière, substance et force du PC », allez redire aux Berli
2323 t force du PC », allez redire aux Berlinois que «  la classe ouvrière se reconnaît dans les épreuves de force que le PC ins
2324 linois que « la classe ouvrière se reconnaît dans les épreuves de force que le PC institue en son nom ! » (J.-P. Sartre). A
2325 la classe ouvrière se reconnaît dans les épreuves de force que le PC institue en son nom ! » (J.-P. Sartre). Allez redire
2326 rière se reconnaît dans les épreuves de force que le PC institue en son nom ! » (J.-P. Sartre). Allez redire devant ces mo
2327 Sartre). Allez redire devant ces morts, en bleus de travail, que le parti communiste a forcément raison, puisqu’il est le
2328 redire devant ces morts, en bleus de travail, que le parti communiste a forcément raison, puisqu’il est le parti des trava
2329 arti communiste a forcément raison, puisqu’il est le parti des travailleurs ! On savait qu’il était le parti qui avait sup
2330 le parti des travailleurs ! On savait qu’il était le parti qui avait supprimé le droit de grève, sous l’impudent prétexte
2331 On savait qu’il était le parti qui avait supprimé le droit de grève, sous l’impudent prétexte qu’en régime socialiste les
2332 qu’il était le parti qui avait supprimé le droit de grève, sous l’impudent prétexte qu’en régime socialiste les ouvriers
2333 parti qui avait supprimé le droit de grève, sous l’ impudent prétexte qu’en régime socialiste les ouvriers n’auraient plus
2334 sous l’impudent prétexte qu’en régime socialiste les ouvriers n’auraient plus l’occasion de s’en servir… On savait aussi q
2335 en régime socialiste les ouvriers n’auraient plus l’ occasion de s’en servir… On savait aussi qu’il était le parti du trava
2336 ocialiste les ouvriers n’auraient plus l’occasion de s’en servir… On savait aussi qu’il était le parti du travail forcé, c
2337 asion de s’en servir… On savait aussi qu’il était le parti du travail forcé, celui qui venait de « réaliser », par les mai
2338 vail forcé, celui qui venait de « réaliser », par les mains de cent-mille esclaves, le canal de la Volga au Don. Mais les j
2339 , celui qui venait de « réaliser », par les mains de cent-mille esclaves, le canal de la Volga au Don. Mais les journées d
2340 réaliser », par les mains de cent-mille esclaves, le canal de la Volga au Don. Mais les journées de Berlin l’ont démasqué
2341 », par les mains de cent-mille esclaves, le canal de la Volga au Don. Mais les journées de Berlin l’ont démasqué comme le
2342 par les mains de cent-mille esclaves, le canal de la Volga au Don. Mais les journées de Berlin l’ont démasqué comme le par
2343 mille esclaves, le canal de la Volga au Don. Mais les journées de Berlin l’ont démasqué comme le parti de la répression san
2344 s, le canal de la Volga au Don. Mais les journées de Berlin l’ont démasqué comme le parti de la répression sanglante et de
2345 l de la Volga au Don. Mais les journées de Berlin l’ ont démasqué comme le parti de la répression sanglante et de la déport
2346 Mais les journées de Berlin l’ont démasqué comme le parti de la répression sanglante et de la déportation massive des tra
2347 journées de Berlin l’ont démasqué comme le parti de la répression sanglante et de la déportation massive des travailleurs
2348 urnées de Berlin l’ont démasqué comme le parti de la répression sanglante et de la déportation massive des travailleurs. C
2349 squé comme le parti de la répression sanglante et de la déportation massive des travailleurs. C’est ici le lieu et le temp
2350 é comme le parti de la répression sanglante et de la déportation massive des travailleurs. C’est ici le lieu et le temps d
2351 a déportation massive des travailleurs. C’est ici le lieu et le temps de le répéter ou jamais : d’autres que les Soviets o
2352 on massive des travailleurs. C’est ici le lieu et le temps de le répéter ou jamais : d’autres que les Soviets ont tiré sur
2353 e des travailleurs. C’est ici le lieu et le temps de le répéter ou jamais : d’autres que les Soviets ont tiré sur la foule
2354 es travailleurs. C’est ici le lieu et le temps de le répéter ou jamais : d’autres que les Soviets ont tiré sur la foule de
2355 t le temps de le répéter ou jamais : d’autres que les Soviets ont tiré sur la foule des prolétaires revendiquant leur droit
2356 ou jamais : d’autres que les Soviets ont tiré sur la foule des prolétaires revendiquant leur droit de vivre. D’autres mass
2357 la foule des prolétaires revendiquant leur droit de vivre. D’autres massacres d’ouvriers ont sali notre Histoire depuis l
2358 endiquant leur droit de vivre. D’autres massacres d’ ouvriers ont sali notre Histoire depuis le xviiie siècle. Au nom de l
2359 ssacres d’ouvriers ont sali notre Histoire depuis le xviiie siècle. Au nom de l’Ordre et de la Loi, au nom des droits sac
2360 otre Histoire depuis le xviiie siècle. Au nom de l’ Ordre et de la Loi, au nom des droits sacrés de la Propriété, au nom d
2361 re depuis le xviiie siècle. Au nom de l’Ordre et de la Loi, au nom des droits sacrés de la Propriété, au nom des intérêts
2362 depuis le xviiie siècle. Au nom de l’Ordre et de la Loi, au nom des droits sacrés de la Propriété, au nom des intérêts de
2363 de l’Ordre et de la Loi, au nom des droits sacrés de la Propriété, au nom des intérêts de la Production, les policiers de
2364 l’Ordre et de la Loi, au nom des droits sacrés de la Propriété, au nom des intérêts de la Production, les policiers de tou
2365 roits sacrés de la Propriété, au nom des intérêts de la Production, les policiers de toutes nos bourgeoisies ont tué des t
2366 ts sacrés de la Propriété, au nom des intérêts de la Production, les policiers de toutes nos bourgeoisies ont tué des trav
2367 Propriété, au nom des intérêts de la Production, les policiers de toutes nos bourgeoisies ont tué des travailleurs qui, eu
2368 nom des intérêts de la Production, les policiers de toutes nos bourgeoisies ont tué des travailleurs qui, eux, se révolta
2369 s travailleurs qui, eux, se révoltaient au nom de la Liberté et de leur dignité d’homme. C’était ignoble, et nous voyons b
2370 qui, eux, se révoltaient au nom de la Liberté et de leur dignité d’homme. C’était ignoble, et nous voyons bien pis. Il ét
2371 voltaient au nom de la Liberté et de leur dignité d’ homme. C’était ignoble, et nous voyons bien pis. Il était réservé au r
2372 s bien pis. Il était réservé au régime communiste de faire ce métier-là au nom des ouvriers — d’ajouter l’imposture au cri
2373 niste de faire ce métier-là au nom des ouvriers — d’ ajouter l’imposture au crime. Il était réservé au régime communiste d’
2374 aire ce métier-là au nom des ouvriers — d’ajouter l’ imposture au crime. Il était réservé au régime communiste d’aggraver d
2375 e au crime. Il était réservé au régime communiste d’ aggraver d’un contrôle policier la condition de l’ouvrier d’usine, de
2376 Il était réservé au régime communiste d’aggraver d’ un contrôle policier la condition de l’ouvrier d’usine, de l’appeler d
2377 gime communiste d’aggraver d’un contrôle policier la condition de l’ouvrier d’usine, de l’appeler dès lors « liberté » et
2378 te d’aggraver d’un contrôle policier la condition de l’ouvrier d’usine, de l’appeler dès lors « liberté » et d’exiger que
2379 d’aggraver d’un contrôle policier la condition de l’ ouvrier d’usine, de l’appeler dès lors « liberté » et d’exiger que les
2380 d’un contrôle policier la condition de l’ouvrier d’ usine, de l’appeler dès lors « liberté » et d’exiger que les prolétair
2381 trôle policier la condition de l’ouvrier d’usine, de l’appeler dès lors « liberté » et d’exiger que les prolétaires, « spo
2382 le policier la condition de l’ouvrier d’usine, de l’ appeler dès lors « liberté » et d’exiger que les prolétaires, « sponta
2383 ier d’usine, de l’appeler dès lors « liberté » et d’ exiger que les prolétaires, « spontanément », réclament au lieu d’augm
2384 de l’appeler dès lors « liberté » et d’exiger que les prolétaires, « spontanément », réclament au lieu d’augmentations de s
2385 spontanément », réclament au lieu d’augmentations de salaire l’augmentation des « normes de travail », 10 % cette fois-ci,
2386 t », réclament au lieu d’augmentations de salaire l’ augmentation des « normes de travail », 10 % cette fois-ci, pour le mê
2387 mentations de salaire l’augmentation des « normes de travail », 10 % cette fois-ci, pour le même prix. Quand les capitalis
2388 s « normes de travail », 10 % cette fois-ci, pour le même prix. Quand les capitalistes, honnis du xixe siècle, exigeaient
2389 l », 10 % cette fois-ci, pour le même prix. Quand les capitalistes, honnis du xixe siècle, exigeaient de telles normes, ou
2390 capitalistes, honnis du xixe siècle, exigeaient de telles normes, ou trois fois plus, ils le faisaient au nom de leurs i
2391 geaient de telles normes, ou trois fois plus, ils le faisaient au nom de leurs intérêts ou de valeurs couvrant ces intérêt
2392 lus, ils le faisaient au nom de leurs intérêts ou de valeurs couvrant ces intérêts ; jamais au nom de la justice et des li
2393 valeurs couvrant ces intérêts ; jamais au nom de la justice et des libertés populaires. J’imagine deux choses pires que l
2394 ertés populaires. J’imagine deux choses pires que la pire injustice : la première serait d’excuser le péché des bourgeois
2395 pires que la pire injustice : la première serait d’ excuser le péché des bourgeois par celui des Soviets ; mais la seconde
2396 la pire injustice : la première serait d’excuser le péché des bourgeois par celui des Soviets ; mais la seconde, nous l’a
2397 ois par celui des Soviets ; mais la seconde, nous l’ avons sous les yeux, consiste à s’emparer de la cause ouvrière, à se p
2398 des Soviets ; mais la seconde, nous l’avons sous les yeux, consiste à s’emparer de la cause ouvrière, à se parer de sa jus
2399 nous l’avons sous les yeux, consiste à s’emparer de la cause ouvrière, à se parer de sa justice et de son nom, pour l’écr
2400 us l’avons sous les yeux, consiste à s’emparer de la cause ouvrière, à se parer de sa justice et de son nom, pour l’écrase
2401 iste à s’emparer de la cause ouvrière, à se parer de sa justice et de son nom, pour l’écraser ensuite, une fois qu’on a le
2402 de la cause ouvrière, à se parer de sa justice et de son nom, pour l’écraser ensuite, une fois qu’on a le Pouvoir, en répé
2403 ère, à se parer de sa justice et de son nom, pour l’ écraser ensuite, une fois qu’on a le Pouvoir, en répétant ses vieux mo
2404 son nom, pour l’écraser ensuite, une fois qu’on a le Pouvoir, en répétant ses vieux mots d’ordre d’unité, d’amélioration d
2405 a le Pouvoir, en répétant ses vieux mots d’ordre d’ unité, d’amélioration de la vie, de haine contre le fascisme et les pr
2406 voir, en répétant ses vieux mots d’ordre d’unité, d’ amélioration de la vie, de haine contre le fascisme et les provocateur
2407 nt ses vieux mots d’ordre d’unité, d’amélioration de la vie, de haine contre le fascisme et les provocateurs. Qui ne voit
2408 ses vieux mots d’ordre d’unité, d’amélioration de la vie, de haine contre le fascisme et les provocateurs. Qui ne voit auj
2409 x mots d’ordre d’unité, d’amélioration de la vie, de haine contre le fascisme et les provocateurs. Qui ne voit aujourd’hui
2410 ’unité, d’amélioration de la vie, de haine contre le fascisme et les provocateurs. Qui ne voit aujourd’hui quels furent à
2411 oration de la vie, de haine contre le fascisme et les provocateurs. Qui ne voit aujourd’hui quels furent à Berlin-Est ces «
2412 méricain » au milieu du secteur soviétique, comme l’ ont écrit dans leur panique les communistes ? Pouvaient-ils pratiqueme
2413 r soviétique, comme l’ont écrit dans leur panique les communistes ? Pouvaient-ils pratiquement n’être pas Russes ou à la so
2414 Pouvaient-ils pratiquement n’être pas Russes ou à la solde de Moscou ? On demande aux ouvriers de les dénoncer. Mais ils l
2415 -ils pratiquement n’être pas Russes ou à la solde de Moscou ? On demande aux ouvriers de les dénoncer. Mais ils l’ont fait
2416 ou à la solde de Moscou ? On demande aux ouvriers de les dénoncer. Mais ils l’ont fait avec éclat le 17 juin ! En criant :
2417 à la solde de Moscou ? On demande aux ouvriers de les dénoncer. Mais ils l’ont fait avec éclat le 17 juin ! En criant : « N
2418 On demande aux ouvriers de les dénoncer. Mais ils l’ ont fait avec éclat le 17 juin ! En criant : « Nous ne sommes pas des
2419 s de les dénoncer. Mais ils l’ont fait avec éclat le 17 juin ! En criant : « Nous ne sommes pas des esclaves ! » les ouvri
2420 En criant : « Nous ne sommes pas des esclaves ! » les ouvriers de Berlin ont rétabli d’un coup la vérité profonde de toute
2421  Nous ne sommes pas des esclaves ! » les ouvriers de Berlin ont rétabli d’un coup la vérité profonde de toute la situation
2422 s esclaves ! » les ouvriers de Berlin ont rétabli d’ un coup la vérité profonde de toute la situation, une vérité qui vaut
2423  ! » les ouvriers de Berlin ont rétabli d’un coup la vérité profonde de toute la situation, une vérité qui vaut pour tous
2424 e Berlin ont rétabli d’un coup la vérité profonde de toute la situation, une vérité qui vaut pour tous leurs camarades des
2425 ont rétabli d’un coup la vérité profonde de toute la situation, une vérité qui vaut pour tous leurs camarades des pays sat
2426 pour tous leurs camarades des pays satellites et de l’URSS, et les tyrans l’ont confirmé en ouvrant le feu. L’imposture c
2427 ur tous leurs camarades des pays satellites et de l’ URSS, et les tyrans l’ont confirmé en ouvrant le feu. L’imposture comm
2428 rs camarades des pays satellites et de l’URSS, et les tyrans l’ont confirmé en ouvrant le feu. L’imposture communiste est d
2429 s des pays satellites et de l’URSS, et les tyrans l’ ont confirmé en ouvrant le feu. L’imposture communiste est devenue man
2430 e l’URSS, et les tyrans l’ont confirmé en ouvrant le feu. L’imposture communiste est devenue manifeste. Il ne reste à ses
2431 , et les tyrans l’ont confirmé en ouvrant le feu. L’ imposture communiste est devenue manifeste. Il ne reste à ses partisan
2432 à ses partisans, dans nos démocraties, qu’à nier les faits. Il leur reste à nier ceci : devant la porte de Brandebourg, le
2433 ier les faits. Il leur reste à nier ceci : devant la porte de Brandebourg, le vieux chant populaire socialiste s’est fait
2434 aits. Il leur reste à nier ceci : devant la porte de Brandebourg, le vieux chant populaire socialiste s’est fait entendre
2435 ste à nier ceci : devant la porte de Brandebourg, le vieux chant populaire socialiste s’est fait entendre pour la première
2436 t entendre pour la première fois depuis vingt ans de silence, vingt ans de dictature : « Frères, marchons ensemble vers la
2437 mière fois depuis vingt ans de silence, vingt ans de dictature : « Frères, marchons ensemble vers la liberté ! » Mais rien
2438 s de dictature : « Frères, marchons ensemble vers la liberté ! » Mais rien de tout cela ne sera plus effacé. Rien ne peut
2439 , marchons ensemble vers la liberté ! » Mais rien de tout cela ne sera plus effacé. Rien ne peut plus faire que les héros
2440 ne sera plus effacé. Rien ne peut plus faire que les héros de Berlin soient morts en vain. Aux jours les plus découragés d
2441 lus effacé. Rien ne peut plus faire que les héros de Berlin soient morts en vain. Aux jours les plus découragés de l’Occid
2442 s héros de Berlin soient morts en vain. Aux jours les plus découragés de l’Occident, ils ont fait renaître l’espoir. Le sur
2443 ient morts en vain. Aux jours les plus découragés de l’Occident, ils ont fait renaître l’espoir. Le sursaut de l’Europe no
2444 t morts en vain. Aux jours les plus découragés de l’ Occident, ils ont fait renaître l’espoir. Le sursaut de l’Europe nouve
2445 s découragés de l’Occident, ils ont fait renaître l’ espoir. Le sursaut de l’Europe nouvelle, on vient de le sentir à Berli
2446 és de l’Occident, ils ont fait renaître l’espoir. Le sursaut de l’Europe nouvelle, on vient de le sentir à Berlin, surgiss
2447 ident, ils ont fait renaître l’espoir. Le sursaut de l’Europe nouvelle, on vient de le sentir à Berlin, surgissant d’un pe
2448 nt, ils ont fait renaître l’espoir. Le sursaut de l’ Europe nouvelle, on vient de le sentir à Berlin, surgissant d’un peupl
2449 oir. Le sursaut de l’Europe nouvelle, on vient de le sentir à Berlin, surgissant d’un peuple écrasé. Et ce n’est pas l’Eur
2450 velle, on vient de le sentir à Berlin, surgissant d’ un peuple écrasé. Et ce n’est pas l’Europe des marchandages entre nati
2451 n, surgissant d’un peuple écrasé. Et ce n’est pas l’ Europe des marchandages entre nations qui entendent chacune recevoir l
2452 ages entre nations qui entendent chacune recevoir le plus et croiraient trahir en donnant. C’est l’Europe qui crée son ave
2453 ir le plus et croiraient trahir en donnant. C’est l’ Europe qui crée son avenir et justifie sa raison d’être par des hommes
2454 ’Europe qui crée son avenir et justifie sa raison d’ être par des hommes qui se sacrifient au service de la Liberté. t.
2455 ’être par des hommes qui se sacrifient au service de la Liberté. t. Rougemont Denis de, « “Nous ne sommes pas des escla
2456 re par des hommes qui se sacrifient au service de la Liberté. t. Rougemont Denis de, « “Nous ne sommes pas des esclaves
2457 t au service de la Liberté. t. Rougemont Denis de , « “Nous ne sommes pas des esclaves !” », Le Figaro, Paris, 25 juin 1
2458 enis de, « “Nous ne sommes pas des esclaves !” », Le Figaro, Paris, 25 juin 1953, p. 1 et 12.