1 nvisible spirituel, à la veille d’un discours qui devait être un acte, nous laisse tous en suspens sur le mystère de notre épo

2 la veille d’un discours qui devait être un acte, nous laisse tous en suspens sur le mystère de notre époque : un mystère de

3 te, nous laisse tous en suspens sur le mystère de notre époque : un mystère de nature religieuse. Vous l’éprouverez sans dout

4 et niée. L’histoire de l’après-guerre aux yeux de nos descendants sera peut-être moins l’histoire des traités et de leur pé

5 térieurs d’une communion tacite entre les hommes. Nous sommes là, petits individus, impuissants, isolés, méfiants, posés les

6 lés, méfiants, posés les uns auprès des autres, à nous demander pourquoi nous sommes ensemble. Il s’est formé, dans la cité

7 s uns auprès des autres, à nous demander pourquoi nous sommes ensemble. Il s’est formé, dans la cité un sentiment encore dif

8 ncore diffus de vide social, analogue à celui qui dut marquer la décadence de l’Empire romain. Mais de ce vide naît un appe

9 lui du Dieu vivant. L’ère des religions s’ouvre à nous , chargée de promesses, mais aussi de menaces. Ère nouvelle pour les c

10 cial, communautaire, qui dès maintenant se pose à nous aussi. Car si d’autres y ont mal répondu — les communistes et les fas

11 mal répondu — les communistes et les fascistes — nous ne pourrons pas nous en tirer, pour notre part, en critiquant simplem

12 mmunistes et les fascistes — nous ne pourrons pas nous en tirer, pour notre part, en critiquant simplement leurs erreurs. Il

13 cistes — nous ne pourrons pas nous en tirer, pour notre part, en critiquant simplement leurs erreurs. Il est facile d’avoir r

14 un âge, un climat de musiques, soudain se fixe en nos mémoires, s’idéalise. Un « bon vieux temps » de plus, tout près de no

15 ise. Un « bon vieux temps » de plus, tout près de nous … Le bon vieux temps, pour nos ancêtres, c’était très loin dans le pas

16 plus, tout près de nous… Le bon vieux temps, pour nos ancêtres, c’était très loin dans le passé, dans la légende, si loin q

17 , ne l’avait vu. Mais déjà, pour beaucoup d’entre nous , ce fut simplement l’avant-guerre, les souvenirs de notre enfance. Et

18 e fut simplement l’avant-guerre, les souvenirs de notre enfance. Et voici que ce Temps Perdu, tout d’un coup, est encore plus

19 est-ce… aujourd’hui ? Mais oui, peut-être vivons- nous , ici, dans ce Paris de mars 1939, les derniers jours du bon vieux tem

20 emps européen. Jours de sursis d’une liberté dont nous avions à peine conscience, parce qu’elle était notre manière toute na

21 us avions à peine conscience, parce qu’elle était notre manière toute naturelle de respirer et de penser, d’aller et venir, e

22 r et de penser, d’aller et venir, et d’entretenir nos soucis, nos plaisirs personnels. Combien de temps encore, combien de

23 er, d’aller et venir, et d’entretenir nos soucis, nos plaisirs personnels. Combien de temps encore, combien de semaines pou

24 ien de temps encore, combien de semaines pourrons- nous goûter ce répit, et sentir que nous prolongeons une existence que nos

25 ines pourrons-nous goûter ce répit, et sentir que nous prolongeons une existence que nos fils appelleront douceur de vivre ?

26 et sentir que nous prolongeons une existence que nos fils appelleront douceur de vivre ? Déjà nous éprouvons que le monde

27 que nos fils appelleront douceur de vivre ? Déjà nous éprouvons que le monde a glissé dans une ère étrange et brutale, où c

28 et brutale, où ces formes de vie, qui sont encore les nôtres , ne peuvent plus apprivoiser le destin. Soit que les tyrans nous acca

29 t plus apprivoiser le destin. Soit que les tyrans nous accablent, soit qu’un sursaut nous dresse à résister, il faudra chang

30 que les tyrans nous accablent, soit qu’un sursaut nous dresse à résister, il faudra changer de rythme et rectifier la tenue,

31 . Et dès lors qu’il l’a mis en question, et qu’il nous force au « réalisme » à sa manière, le charme est détruit dans nos vi

32 alisme » à sa manière, le charme est détruit dans nos vies. Nous sommes pareils à celui qui s’éveille et goûte encore quelq

33 sa manière, le charme est détruit dans nos vies. Nous sommes pareils à celui qui s’éveille et goûte encore quelques instant

34 n temps sa loi, en préservant, s’il se peut, dans nos cœurs, ce droit d’aimer, cette bonté humaine, plus « inutile » que ja

35 urs d’inconscience (11 avril 1939)c Quels sont nos vrais directeurs de conscience, depuis que le monde s’est, en partie,

36 la donner. Tant il est vrai que bien peu d’entre nous connaissent leurs maîtres véritables, ou s’en soucient. Meneurs de fo

37  : ils dirigent en partie l’opinion, mais non pas nos actions personnelles. Je réserve les cas des meneurs. Et j’ajoute aux

38 que des organes de « direction » qui se disputent nos consciences. Sous prétexte de nous libérer de la tutelle d’une Église

39 ui se disputent nos consciences. Sous prétexte de nous libérer de la tutelle d’une Église ou d’une foi, nous nous sommes sou

40 libérer de la tutelle d’une Église ou d’une foi, nous nous sommes soumis naïvement à d’innombrables influences incontrôlées

41 rer de la tutelle d’une Église ou d’une foi, nous nous sommes soumis naïvement à d’innombrables influences incontrôlées, don

42 donc tyranniques, et au surplus contradictoires. Nous croyons aux recettes de la Science avec la plus touchante superstitio

43 e la Science avec la plus touchante superstition. Nous emboîtons le pas de la mode les yeux fermés. Mais quand la Science vo

44 s impose des bas de soie. Les romans et les films nous enfièvrent d’une nostalgie d’amour-passion dont nous ne savons plus m

45 s enfièvrent d’une nostalgie d’amour-passion dont nous ne savons plus même distinguer qu’elle contredit radicalement notre m

46 us même distinguer qu’elle contredit radicalement notre morale. Au lieu d’une discipline, nous avons vingt tyrans qui nous po

47 icalement notre morale. Au lieu d’une discipline, nous avons vingt tyrans qui nous poussent à hue et à dia. Au lieu d’un dir

48 ieu d’une discipline, nous avons vingt tyrans qui nous poussent à hue et à dia. Au lieu d’un directeur qui nous parle à mi-v

49 ussent à hue et à dia. Au lieu d’un directeur qui nous parle à mi-voix, ces appels pathétiques à la radio. Le monde moderne

50 des Guides. Un Duce, un Führer vont se dresser et nous cingler de grosses ironies. Nous avons perdu le sens de la grandeur,

51 nt se dresser et nous cingler de grosses ironies. Nous avons perdu le sens de la grandeur, nous n’avons plus de buts communs

52 ironies. Nous avons perdu le sens de la grandeur, nous n’avons plus de buts communs ? Ils vont nous rendre tout cela en nous

53 eur, nous n’avons plus de buts communs ? Ils vont nous rendre tout cela en nous rendant une direction de marche. Mais ce n’e

54 buts communs ? Ils vont nous rendre tout cela en nous rendant une direction de marche. Mais ce n’est plus à nos consciences

55 ant une direction de marche. Mais ce n’est plus à nos consciences qu’ils s’adressent, à nos petites consciences anarchiques

56 ’est plus à nos consciences qu’ils s’adressent, à nos petites consciences anarchiques pour lesquelles ils n’ont que mépris.

57 nt que mépris. Ce qu’ils veulent diriger, ce sont nos lourds instincts, nos peurs, nos haines et nos orgueils puérils, nos

58 ls veulent diriger, ce sont nos lourds instincts, nos peurs, nos haines et nos orgueils puérils, nos réflexes d’animaux att

59 diriger, ce sont nos lourds instincts, nos peurs, nos haines et nos orgueils puérils, nos réflexes d’animaux attroupés. Les

60 nt nos lourds instincts, nos peurs, nos haines et nos orgueils puérils, nos réflexes d’animaux attroupés. Les grands meneur

61 s, nos peurs, nos haines et nos orgueils puérils, nos réflexes d’animaux attroupés. Les grands meneurs, à proprement parler

62 irecteurs d’inconscience. Et leur succès c’est de nous délivrer de nos contradictions morales, par anesthésie collective. Vo

63 science. Et leur succès c’est de nous délivrer de nos contradictions morales, par anesthésie collective. Voilà pourquoi des

64 lointain de chacun, également proche de chacun de nos cœurs. c. Rougemont Denis de, « Directeurs d’inconscience », Le Fi

65 l’opportunité de sa propagande. La révolution, de nos jours, c’est d’abord une question de mots, une question de slogans, u

66 rois termes : liberté et justice, qui viennent de notre fonds, et le néologisme espace vital. On ignore trop souvent que la l

67 ’armement pour les Allemands n’est pas comme pour nous autres démocrates un moyen de protéger des libertés d’ordre civil. Il

68 nulle autre n’est concevable… La justice est pour nous le respect du droit, et au-delà de la lettre d’un code, une manière o

69 elle-même » et de « consolider la paix »… Bornons- nous à remarquer qu’aux yeux des peuples revendiqués par le Reich dans ces

70 ssi » (7 juin 1939)e Le désarroi de l’époque — nous lisons cela partout, depuis vingt ans. Comme si rien de pire n’était

71 Et pourtant le désordre dure. Il se confond avec notre vie même, avec la Vie ! Certes, l’anarchie des mœurs et des idées s’a

72 se des crises sociales et politiques. Et pourtant nous vivons ! Et notre vie, loin de se replier dans la crainte, s’exalte a

73 iales et politiques. Et pourtant nous vivons ! Et notre vie, loin de se replier dans la crainte, s’exalte aux approches du pé

74 ourrit plus qu’on n’oserait l’avouer. Après tout, nous ne sommes pas les premiers à croire que notre époque est l’époque mêm

75 out, nous ne sommes pas les premiers à croire que notre époque est l’époque même de la Crise. S’il est juste et salutaire de

76 r dans ce qu’elle a d’unique, dans sa réalité qui nous met, en question, n’oublions pas que toute réalité, à toute époque de

77 onnu des paniques et des nuits plus terribles que les nôtres , au lendemain des grandes invasions, du ve siècle au viiie de notre

78 des grandes invasions, du ve siècle au viiie de notre ère, avant l’an mille, pendant les pestes noires, pendant les guerres

79 inconscience, d’une ignorance dont la presse, de nos jours, nous prive avec acharnement. Du moins voudrait-on rappeler à t

80 ce, d’une ignorance dont la presse, de nos jours, nous prive avec acharnement. Du moins voudrait-on rappeler à tous ces fron

81 Voilà la grande et la seule différence. Et voilà notre chance aussi. L’homme n’est pas fait pour vivre en état de guerre, au

82 stices établies. La menace de guerre qui pèse sur nous pourrait et devrait être le remède à cette paix-là. Tout dépend de l’

83 La menace de guerre qui pèse sur nous pourrait et devrait être le remède à cette paix-là. Tout dépend de l’usage que l’on en fa

84 ou tonifie. Dans l’atmosphère de catastrophes où nous vivons, une profonde ambiguïté se manifeste. Tout invite à désespérer

85 e sans menaces, sans résistances, sans vigilance. Notre génération trouve, au contraire, dans la connaissance du désordre et

86 a nuit aussi ! » C’est toujours le même drame que nous vivons, qu’il s’agisse de flèches ou d’obus. Car ce qui compte, en fi

87 faveur de ces vicissitudes acceptées. Acceptons notre chance de vivre une vie plus consciente et réelle. Quoi qu’il advienn

88 esseront de venir jusqu’au Jour éternel ! Prenons notre régime de vie tendue ; il suffit de savoir ce qui compte, et que la J

89 ir ce qui compte, et que la Joie ne dépend pas de nos misères. J’y songeais l’autre soir, à Orléans, en entendant la Jeanne

90 évidence, la délivrance, le « malgré tout » dont nous vivrons ! e. Rougemont Denis de, « ‟Le matin vient et la nuit auss

91 ements d’Athènes (l’a-t-on publié en français ?). Nous avons en commun, d’autre part, quelques très bons amis allemands réfu

92 ugiés à New York depuis la guerre ou depuis 1933. Nous n’en sortirons donc jamais par ce biais-là. Abandonnons toute prétent

93 en Allemagne et aujourd’hui, aux yeux de ceux qui doivent en décider. Une anecdote la résumera. Dans une ville allemande occupé

94 régime hitlérien, par d’écrasantes majorités ? Il doit donc bien y avoir des nazis en Allemagne et même en assez grande quan

95 l’ai observé : les Allemands ne mentent pas comme nous . Et c’est un fait fondamental dont il convient de tenir compte quand

96 oblème allemand ». Ils mentent avec sincérité, et nous mentons avec mauvaise conscience. Quand nous mentons, nous savons bie

97 , et nous mentons avec mauvaise conscience. Quand nous mentons, nous savons bien que la vérité ne change pas pour si peu. El

98 ons avec mauvaise conscience. Quand nous mentons, nous savons bien que la vérité ne change pas pour si peu. Elle subsiste in

99 change pas pour si peu. Elle subsiste intacte et nous juge. Eux croient, s’ils changent d’avis par « intérêt vital », que t

100 semaine dernière, il gelait presque. L’Américain doit conserver sa garde-robe entière et tout son équipement d’appareils él

101 ungles qui couvrent neuf dixièmes des continents… Notre terre est à peine habitable, dans l’ensemble ! Et dans les régions pl

102 et la révolution. Seul pays dont tous les manuels nous apprennent dès l’enfance — et nul ne s’en étonne — qu’il possède un c

103 anète, est une exception surprenante. Tout ce que nos pères considéraient comme simple, typique, évident et « normal », la

104 ds le mot puissance au sens de potentiel. Si elle doit cesser demain de tirer d’un privilège unique les créations qu’on atte

105 ire du mot. « Il y aura toujours des guerres ! », nous disaient-ils. Sans doute, mais ce ne seront plus les leurs, les « vra

106 ec une mâle vertu au-devant de la bombe atomique, nous reviendraient après quelques minutes sous forme de buée légère. N’ins

107 s carnavals mondiaux remplaceront désormais, pour nous et nos enfants, les « grandes parades » qui firent le principal de no

108 als mondiaux remplaceront désormais, pour nous et nos enfants, les « grandes parades » qui firent le principal de notre His

109 es « grandes parades » qui firent le principal de notre Histoire ? Tel est l’un des problèmes psychologiques que pose au sièc

110 rtition d’un seul atome. Il en est d’autres, dont nous avons parlé abondamment ces derniers jours : les maisons à hélicoptèr

111 méthodiste. Un curé canadien prêche en français : nous sommes ici un peu plus près de Montréal que de New York. L’hôtel se n

112 er dans l’État, la pancarte porte aujourd’hui : «  Nous sommes catholiques et protestants. » Les rives, les îles s’ornent de

113 affectent. Comme partout en Amérique — mais dans notre réserve d’intellectuels avec plus de compétence qu’ailleurs — la disc

114 il faut des troupes pour s’emparer d’une île qui nous servira de base de tir. » Et il conclut que les conditions fondamenta

115 tort, si le docteur Oppenheimer a raison. Mettons- nous dans la situation. Pour transporter l’infanterie et les chars nécessa

116 te, la guerre des militaires, la vraie. Parce que nous avons passé l’âge des guerres considérées comme jeux réglés. Si l’un

117 . S’il n’y a rien dans le journal, cherchons dans notre tête. Nous y trouverons d’abord une grande question : qu’est-il donc

118 rien dans le journal, cherchons dans notre tête. Nous y trouverons d’abord une grande question : qu’est-il donc sorti de ce

119 utés, ces trois grands résultats de la lutte dont nous sortons, semblent donc converger vers un seul et même but, indiquer u

120 pratique d’un gouvernement fédéral de la planète nous sont apparues simultanément. Elles se proposent à l’esprit avec tant

121 : il n’est pas d’autre voie praticable, la raison nous pousse à la suivre, nous devons donc arriver très vite au but… Telles

122 ie praticable, la raison nous pousse à la suivre, nous devons donc arriver très vite au but… Telles sont les perspectives th

123 aticable, la raison nous pousse à la suivre, nous devons donc arriver très vite au but… Telles sont les perspectives théorique

124 s vastes, ni de plus pacifiantes. Mais l’Histoire nous apprend aussi que l’homme est stupide et mauvais, qu’il a peur de voi

125 le caractère inévitable de cette solution : tout nous y mène, et tôt ou tard elle s’imposera, malgré nous, si ce n’est par

126 us y mène, et tôt ou tard elle s’imposera, malgré nous , si ce n’est par notre action. Ensuite, il s’agit de combattre les ob

127 ard elle s’imposera, malgré nous, si ce n’est par notre action. Ensuite, il s’agit de combattre les obstacles à cette union.

128 cles à cette union. Ils sont dans l’étroitesse de nos esprits, non pas dans la raison, ni dans les faits. Au premier rang,

129 e. — C’est qu’on croyait alors, me dit le savant. Nous n’avons devant nous que des faits mesurables. Et cela tue l’imaginati

130 yait alors, me dit le savant. Nous n’avons devant nous que des faits mesurables. Et cela tue l’imagination. — Pensez-vous, d

131 maison de mes hôtes, d’où je vous écris. En fait, nous sommes devant l’an mille. Tous les problèmes derniers nous sont posés

132 es devant l’an mille. Tous les problèmes derniers nous sont posés, dans des termes urgents et concrets. Quel est le sens de

133 e d’un naufrage commun ou d’une explosion unanime nous paraît plutôt rassurante. C’est le danger ou le malheur individuel qu

134 bilité de comparaison. Les événements mondiaux ne nous saisissent que par les franges de notre vanité, ou par quelques réper

135 ondiaux ne nous saisissent que par les franges de notre vanité, ou par quelques répercussions accidentelles sur nos amours ou

136 , ou par quelques répercussions accidentelles sur nos amours ou notre compte en banque. Rien ne laisse les hommes aussi ind

137 ues répercussions accidentelles sur nos amours ou notre compte en banque. Rien ne laisse les hommes aussi indifférents que le

138 me contenter de répondre : c’est plutôt vous qui devriez sortir, sous peine de ne pas comprendre la réalité mondiale. Après to

139 les termes où l’on me dit qu’elle est posée dans nos pays : Faut-il partir ? (Peut-on partir est une tout autre affaire.)

140 semaines encore, du côté où les jeunes Européens devraient aller s’il s’agissait pour eux de partir. Je vois les avantages de l’

141 remment, puisqu’on pose le problème. Supposez que nous soyons libres de circuler à notre guise. Je répondrais sans hésiter :

142 me. Supposez que nous soyons libres de circuler à notre guise. Je répondrais sans hésiter : il ne s’agit ni de choisir une te

143 au xxe siècle, en tenant compte des réalités que nous avons créées ou laissé s’imposer ; de la rapidité des transports, par

144 vite que c’est un faux dilemme. Le fait est là : nous allons en dix heures de Lisbonne à New York au Pacifique. Un très lon

145 ork au Pacifique. Un très long voyage aujourd’hui nous ramènerait nécessairement au point de départ, après un petit tour de

146 point de départ, après un petit tour de planète. Nous changeons de continent comme on part en week-end. Le mot partir a don

147 vécu. Mais ce qui naît, ce qui peut naître parmi nous , c’est un amour plus large de l’humain, une conception de la fidélité

148 on des visas, de ces anachronismes scandaleux qui nous empêchent de rejoindre le siècle, de l’habiter et d’user de ses dons.

149 et d’user de ses dons. Forçons les gouvernants à nous répondre : à quoi servent ces barrages de tampons ? Comment peut-on l

150 nts. Ils rendent vains les progrès matériels dont notre époque pourrait enfin s’enorgueillir. Ils représentent dans l’esprit

151 la Fatalité imbécile. Pourquoi donc les acceptons- nous comme des moutons, sans qu’une seule voix proteste ? n. Rougemont

152 : « Ne retombons pas dans les erreurs anciennes ! Nous sommes payés pour les connaître, ces Allemands ! ils vont s’armer de

153 ussi grave qu’au temps d’Hitler. C’est un enfer à notre porte. Et rien n’est aussi contagieux. Il s’agirait de l’exorciser. M

154 . p. Le texte est précédé du chapeau suivant : «  Notre brillant collaborateur, Denis de Rougemont, avait publié avant la gue

155 il revient, avec un œil neuf, regarder l’Europe. Nous lui avons demandé ses impressions sur l’Allemagne d’aujourd’hui. De S

156 ys natal, plateforme d’observation excellente, il nous envoie l’article que nous publions ici. »

157 ervation excellente, il nous envoie l’article que nous publions ici. »

158 our évoque celle d’une incertitude. Non seulement nous ne savons pas dans quelles voies nous engagent ces expériences — cell

159 n seulement nous ne savons pas dans quelles voies nous engagent ces expériences — celle de demain et celle, beaucoup plus gr

160 rave, projetée pour la fin du mois —, mais encore nous sommes dans un doute entretenu par nombre de savants quant à leurs ef

161 puis des mois, en Amérique, et hier en France, on nous prédit des catastrophes possibles, de dimensions continentales. Un ph

162 tinentales. Un physicien de New York a cru de son devoir d’avertir son gouvernement que l’évaporation instantanée de dizaines

163 aison, n’aurait été qu’un bain de pieds. D’autres nous parlent d’une contamination des atomes d’uranium nageant dans l’Océan

164 ous-mêmes, à l’insu de nous-mêmes, au tréfonds de notre inconscient, la guerre nous plaît ? Il est clair que nous jurons tous

165 êmes, au tréfonds de notre inconscient, la guerre nous plaît ? Il est clair que nous jurons tous, sans exception, qu’il n’en

166 onscient, la guerre nous plaît ? Il est clair que nous jurons tous, sans exception, qu’il n’en est rien. À nous en croire, e

167 rons tous, sans exception, qu’il n’en est rien. À nous en croire, et nous sommes sincères, nous n’aimons vraiment que la pai

168 eption, qu’il n’en est rien. À nous en croire, et nous sommes sincères, nous n’aimons vraiment que la paix. La paix nous com

169 rien. À nous en croire, et nous sommes sincères, nous n’aimons vraiment que la paix. La paix nous comble. La paix ne nous e

170 ères, nous n’aimons vraiment que la paix. La paix nous comble. La paix ne nous ennuie jamais... Si c’était vrai, il n’y aura

171 ment que la paix. La paix nous comble. La paix ne nous ennuie jamais... Si c’était vrai, il n’y aurait pas de guerres. (Je n

172 ut au long de l’ouvrage exemplaire qu’il vient de nous donner sur ce pays, La Suisse, démocratie-témoin, André Siegfried s’e

173 économique et dans la synthèse en une formule. Il nous montre la Suisse telle qu’elle est : prospère, mécanisée, démocrate à

174 aditionnelle et progressiste, neutre et armée… Il nous fait voir que tout se tient, que tout s’engrène avec nécessité dans c

175 presque jamais : calculez les combinaisons !) Il nous décrit un pays que la Nature a privé de matières premières et dont le

176 culture », c’est-à-dire de science appliquée. Il nous fait suivre, enfin, un jeu d’institutions dont la complexité s’est ré

177 moyens valables pour elle seule. Dans le monde où nous vivons, semble-t-il dire, n’est-il pas fou d’être aussi sage ? On en

178 e cette charte exemplaire. C’est le microcosme de nos vrais débats. Les mêmes menaces, les mêmes espoirs, les mêmes objecti

179 s objections s’y retrouvent. Les cantons disent : nos industries seront ruinées si nous supprimons les péages. On les suppr

180 cantons disent : nos industries seront ruinées si nous supprimons les péages. On les supprime : c’est la prospérité. Les min

181 ime : c’est la prospérité. Les minorités disent : nous serons écrasés si l’on admet un pouvoir fédéral. On l’admet, et ces m

182 st la même. « Oui, l’idée d’une commune patrie ne nous est plus étrangère ! s’écriait l’un des précurseurs de la Constitutio

183 en soi. Quant à ceux qui militent pour l’union de nos peuples, ils ne sauraient étudier d’assez près cette expérience de la

184 nt confirmée, l’une des rares bonnes nouvelles de notre temps. Et vous pourrez y lire dans le concret une histoire qui dément

185 «  Nous ne sommes pas des esclaves ! » (25 juin 1953)t « Ils ont tiré ! Il

186 osé se rassembler, sans armes, pour proclamer : «  Nous ne sommes pas des esclaves ! » Ainsi, les Soviétiques ont perpétré le

187 rase qu’on n’a pas lue dans la presse communiste, nos enfants la liront dans leurs livres d’histoire. Cette phrase a été di

188 de vivre. D’autres massacres d’ouvriers ont sali notre Histoire depuis le xviiie siècle. Au nom de l’Ordre et de la Loi, au

189 ntérêts de la Production, les policiers de toutes nos bourgeoisies ont tué des travailleurs qui, eux, se révoltaient au nom

190 é et de leur dignité d’homme. C’était ignoble, et nous voyons bien pis. Il était réservé au régime communiste de faire ce mé

191 ourgeois par celui des Soviets ; mais la seconde, nous l’avons sous les yeux, consiste à s’emparer de la cause ouvrière, à s

192 l’ont fait avec éclat le 17 juin ! En criant : «  Nous ne sommes pas des esclaves ! » les ouvriers de Berlin ont rétabli d’u

193 enue manifeste. Il ne reste à ses partisans, dans nos démocraties, qu’à nier les faits. Il leur reste à nier ceci : devant

194 rvice de la Liberté. t. Rougemont Denis de, « “ Nous ne sommes pas des esclaves !” », Le Figaro, Paris, 25 juin 1953, p. 1