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la veille d’un discours qui devait être un acte,
nous
laisse tous en suspens sur le mystère de notre époque : un mystère de
2
te, nous laisse tous en suspens sur le mystère de
notre
époque : un mystère de nature religieuse. Vous l’éprouverez sans dout
3
et niée. L’histoire de l’après-guerre aux yeux de
nos
descendants sera peut-être moins l’histoire des traités et de leur pé
4
térieurs d’une communion tacite entre les hommes.
Nous
sommes là, petits individus, impuissants, isolés, méfiants, posés les
5
lés, méfiants, posés les uns auprès des autres, à
nous
demander pourquoi nous sommes ensemble. Il s’est formé, dans la cité
6
s uns auprès des autres, à nous demander pourquoi
nous
sommes ensemble. Il s’est formé, dans la cité un sentiment encore dif
7
lui du Dieu vivant. L’ère des religions s’ouvre à
nous
, chargée de promesses, mais aussi de menaces. Ère nouvelle pour les c
8
cial, communautaire, qui dès maintenant se pose à
nous
aussi. Car si d’autres y ont mal répondu — les communistes et les fas
9
mal répondu — les communistes et les fascistes —
nous
ne pourrons pas nous en tirer, pour notre part, en critiquant simplem
10
mmunistes et les fascistes — nous ne pourrons pas
nous
en tirer, pour notre part, en critiquant simplement leurs erreurs. Il
11
cistes — nous ne pourrons pas nous en tirer, pour
notre
part, en critiquant simplement leurs erreurs. Il est facile d’avoir r
12
un âge, un climat de musiques, soudain se fixe en
nos
mémoires, s’idéalise. Un « bon vieux temps » de plus, tout près de no
13
ise. Un « bon vieux temps » de plus, tout près de
nous
… Le bon vieux temps, pour nos ancêtres, c’était très loin dans le pas
14
plus, tout près de nous… Le bon vieux temps, pour
nos
ancêtres, c’était très loin dans le passé, dans la légende, si loin q
15
, ne l’avait vu. Mais déjà, pour beaucoup d’entre
nous
, ce fut simplement l’avant-guerre, les souvenirs de notre enfance. Et
16
e fut simplement l’avant-guerre, les souvenirs de
notre
enfance. Et voici que ce Temps Perdu, tout d’un coup, est encore plus
17
est-ce… aujourd’hui ? Mais oui, peut-être vivons-
nous
, ici, dans ce Paris de mars 1939, les derniers jours du bon vieux tem
18
emps européen. Jours de sursis d’une liberté dont
nous
avions à peine conscience, parce qu’elle était notre manière toute na
19
us avions à peine conscience, parce qu’elle était
notre
manière toute naturelle de respirer et de penser, d’aller et venir, e
20
r et de penser, d’aller et venir, et d’entretenir
nos
soucis, nos plaisirs personnels. Combien de temps encore, combien de
21
er, d’aller et venir, et d’entretenir nos soucis,
nos
plaisirs personnels. Combien de temps encore, combien de semaines pou
22
ien de temps encore, combien de semaines pourrons-
nous
goûter ce répit, et sentir que nous prolongeons une existence que nos
23
ines pourrons-nous goûter ce répit, et sentir que
nous
prolongeons une existence que nos fils appelleront douceur de vivre ?
24
et sentir que nous prolongeons une existence que
nos
fils appelleront douceur de vivre ? Déjà nous éprouvons que le monde
25
que nos fils appelleront douceur de vivre ? Déjà
nous
éprouvons que le monde a glissé dans une ère étrange et brutale, où c
26
et brutale, où ces formes de vie, qui sont encore
les nôtres
, ne peuvent plus apprivoiser le destin. Soit que les tyrans nous acca
27
t plus apprivoiser le destin. Soit que les tyrans
nous
accablent, soit qu’un sursaut nous dresse à résister, il faudra chang
28
que les tyrans nous accablent, soit qu’un sursaut
nous
dresse à résister, il faudra changer de rythme et rectifier la tenue,
29
. Et dès lors qu’il l’a mis en question, et qu’il
nous
force au « réalisme » à sa manière, le charme est détruit dans nos vi
30
alisme » à sa manière, le charme est détruit dans
nos
vies. Nous sommes pareils à celui qui s’éveille et goûte encore quelq
31
sa manière, le charme est détruit dans nos vies.
Nous
sommes pareils à celui qui s’éveille et goûte encore quelques instant
32
n temps sa loi, en préservant, s’il se peut, dans
nos
cœurs, ce droit d’aimer, cette bonté humaine, plus « inutile » que ja
33
urs d’inconscience (11 avril 1939)c Quels sont
nos
vrais directeurs de conscience, depuis que le monde s’est, en partie,
34
la donner. Tant il est vrai que bien peu d’entre
nous
connaissent leurs maîtres véritables, ou s’en soucient. Meneurs de fo
35
: ils dirigent en partie l’opinion, mais non pas
nos
actions personnelles. Je réserve les cas des meneurs. Et j’ajoute aux
36
que des organes de « direction » qui se disputent
nos
consciences. Sous prétexte de nous libérer de la tutelle d’une Église
37
ui se disputent nos consciences. Sous prétexte de
nous
libérer de la tutelle d’une Église ou d’une foi, nous nous sommes sou
38
libérer de la tutelle d’une Église ou d’une foi,
nous
nous sommes soumis naïvement à d’innombrables influences incontrôlées
39
rer de la tutelle d’une Église ou d’une foi, nous
nous
sommes soumis naïvement à d’innombrables influences incontrôlées, don
40
donc tyranniques, et au surplus contradictoires.
Nous
croyons aux recettes de la Science avec la plus touchante superstitio
41
e la Science avec la plus touchante superstition.
Nous
emboîtons le pas de la mode les yeux fermés. Mais quand la Science vo
42
s impose des bas de soie. Les romans et les films
nous
enfièvrent d’une nostalgie d’amour-passion dont nous ne savons plus m
43
s enfièvrent d’une nostalgie d’amour-passion dont
nous
ne savons plus même distinguer qu’elle contredit radicalement notre m
44
us même distinguer qu’elle contredit radicalement
notre
morale. Au lieu d’une discipline, nous avons vingt tyrans qui nous po
45
icalement notre morale. Au lieu d’une discipline,
nous
avons vingt tyrans qui nous poussent à hue et à dia. Au lieu d’un dir
46
ieu d’une discipline, nous avons vingt tyrans qui
nous
poussent à hue et à dia. Au lieu d’un directeur qui nous parle à mi-v
47
ussent à hue et à dia. Au lieu d’un directeur qui
nous
parle à mi-voix, ces appels pathétiques à la radio. Le monde moderne
48
des Guides. Un Duce, un Führer vont se dresser et
nous
cingler de grosses ironies. Nous avons perdu le sens de la grandeur,
49
nt se dresser et nous cingler de grosses ironies.
Nous
avons perdu le sens de la grandeur, nous n’avons plus de buts communs
50
ironies. Nous avons perdu le sens de la grandeur,
nous
n’avons plus de buts communs ? Ils vont nous rendre tout cela en nous
51
eur, nous n’avons plus de buts communs ? Ils vont
nous
rendre tout cela en nous rendant une direction de marche. Mais ce n’e
52
buts communs ? Ils vont nous rendre tout cela en
nous
rendant une direction de marche. Mais ce n’est plus à nos consciences
53
ant une direction de marche. Mais ce n’est plus à
nos
consciences qu’ils s’adressent, à nos petites consciences anarchiques
54
’est plus à nos consciences qu’ils s’adressent, à
nos
petites consciences anarchiques pour lesquelles ils n’ont que mépris.
55
nt que mépris. Ce qu’ils veulent diriger, ce sont
nos
lourds instincts, nos peurs, nos haines et nos orgueils puérils, nos
56
ls veulent diriger, ce sont nos lourds instincts,
nos
peurs, nos haines et nos orgueils puérils, nos réflexes d’animaux att
57
diriger, ce sont nos lourds instincts, nos peurs,
nos
haines et nos orgueils puérils, nos réflexes d’animaux attroupés. Les
58
nt nos lourds instincts, nos peurs, nos haines et
nos
orgueils puérils, nos réflexes d’animaux attroupés. Les grands meneur
59
s, nos peurs, nos haines et nos orgueils puérils,
nos
réflexes d’animaux attroupés. Les grands meneurs, à proprement parler
60
irecteurs d’inconscience. Et leur succès c’est de
nous
délivrer de nos contradictions morales, par anesthésie collective. Vo
61
science. Et leur succès c’est de nous délivrer de
nos
contradictions morales, par anesthésie collective. Voilà pourquoi des
62
lointain de chacun, également proche de chacun de
nos
cœurs. c. Rougemont Denis de, « Directeurs d’inconscience », Le Fi
63
l’opportunité de sa propagande. La révolution, de
nos
jours, c’est d’abord une question de mots, une question de slogans, u
64
rois termes : liberté et justice, qui viennent de
notre
fonds, et le néologisme espace vital. On ignore trop souvent que la l
65
’armement pour les Allemands n’est pas comme pour
nous
autres démocrates un moyen de protéger des libertés d’ordre civil. Il
66
nulle autre n’est concevable… La justice est pour
nous
le respect du droit, et au-delà de la lettre d’un code, une manière o
67
elle-même » et de « consolider la paix »… Bornons-
nous
à remarquer qu’aux yeux des peuples revendiqués par le Reich dans ces
68
ssi » (7 juin 1939)e Le désarroi de l’époque —
nous
lisons cela partout, depuis vingt ans. Comme si rien de pire n’était
69
Et pourtant le désordre dure. Il se confond avec
notre
vie même, avec la Vie ! Certes, l’anarchie des mœurs et des idées s’a
70
se des crises sociales et politiques. Et pourtant
nous
vivons ! Et notre vie, loin de se replier dans la crainte, s’exalte a
71
iales et politiques. Et pourtant nous vivons ! Et
notre
vie, loin de se replier dans la crainte, s’exalte aux approches du pé
72
ourrit plus qu’on n’oserait l’avouer. Après tout,
nous
ne sommes pas les premiers à croire que notre époque est l’époque mêm
73
out, nous ne sommes pas les premiers à croire que
notre
époque est l’époque même de la Crise. S’il est juste et salutaire de
74
r dans ce qu’elle a d’unique, dans sa réalité qui
nous
met, en question, n’oublions pas que toute réalité, à toute époque de
75
onnu des paniques et des nuits plus terribles que
les nôtres
, au lendemain des grandes invasions, du ve siècle au viiie de notre
76
des grandes invasions, du ve siècle au viiie de
notre
ère, avant l’an mille, pendant les pestes noires, pendant les guerres
77
inconscience, d’une ignorance dont la presse, de
nos
jours, nous prive avec acharnement. Du moins voudrait-on rappeler à t
78
ce, d’une ignorance dont la presse, de nos jours,
nous
prive avec acharnement. Du moins voudrait-on rappeler à tous ces fron
79
Voilà la grande et la seule différence. Et voilà
notre
chance aussi. L’homme n’est pas fait pour vivre en état de guerre, au
80
stices établies. La menace de guerre qui pèse sur
nous
pourrait et devrait être le remède à cette paix-là. Tout dépend de l’
81
ou tonifie. Dans l’atmosphère de catastrophes où
nous
vivons, une profonde ambiguïté se manifeste. Tout invite à désespérer
82
e sans menaces, sans résistances, sans vigilance.
Notre
génération trouve, au contraire, dans la connaissance du désordre et
83
a nuit aussi ! » C’est toujours le même drame que
nous
vivons, qu’il s’agisse de flèches ou d’obus. Car ce qui compte, en fi
84
faveur de ces vicissitudes acceptées. Acceptons
notre
chance de vivre une vie plus consciente et réelle. Quoi qu’il advienn
85
esseront de venir jusqu’au Jour éternel ! Prenons
notre
régime de vie tendue ; il suffit de savoir ce qui compte, et que la J
86
ir ce qui compte, et que la Joie ne dépend pas de
nos
misères. J’y songeais l’autre soir, à Orléans, en entendant la Jeanne
87
évidence, la délivrance, le « malgré tout » dont
nous
vivrons ! e. Rougemont Denis de, « ‟Le matin vient et la nuit auss
88
ements d’Athènes (l’a-t-on publié en français ?).
Nous
avons en commun, d’autre part, quelques très bons amis allemands réfu
89
ugiés à New York depuis la guerre ou depuis 1933.
Nous
n’en sortirons donc jamais par ce biais-là. Abandonnons toute prétent
90
l’ai observé : les Allemands ne mentent pas comme
nous
. Et c’est un fait fondamental dont il convient de tenir compte quand
91
oblème allemand ». Ils mentent avec sincérité, et
nous
mentons avec mauvaise conscience. Quand nous mentons, nous savons bie
92
, et nous mentons avec mauvaise conscience. Quand
nous
mentons, nous savons bien que la vérité ne change pas pour si peu. El
93
ons avec mauvaise conscience. Quand nous mentons,
nous
savons bien que la vérité ne change pas pour si peu. Elle subsiste in
94
change pas pour si peu. Elle subsiste intacte et
nous
juge. Eux croient, s’ils changent d’avis par « intérêt vital », que t
95
ungles qui couvrent neuf dixièmes des continents…
Notre
terre est à peine habitable, dans l’ensemble ! Et dans les régions pl
96
et la révolution. Seul pays dont tous les manuels
nous
apprennent dès l’enfance — et nul ne s’en étonne — qu’il possède un c
97
anète, est une exception surprenante. Tout ce que
nos
pères considéraient comme simple, typique, évident et « normal », la
98
ire du mot. « Il y aura toujours des guerres ! »,
nous
disaient-ils. Sans doute, mais ce ne seront plus les leurs, les « vra
99
ec une mâle vertu au-devant de la bombe atomique,
nous
reviendraient après quelques minutes sous forme de buée légère. N’ins
100
s carnavals mondiaux remplaceront désormais, pour
nous
et nos enfants, les « grandes parades » qui firent le principal de no
101
als mondiaux remplaceront désormais, pour nous et
nos
enfants, les « grandes parades » qui firent le principal de notre His
102
es « grandes parades » qui firent le principal de
notre
Histoire ? Tel est l’un des problèmes psychologiques que pose au sièc
103
rtition d’un seul atome. Il en est d’autres, dont
nous
avons parlé abondamment ces derniers jours : les maisons à hélicoptèr
104
méthodiste. Un curé canadien prêche en français :
nous
sommes ici un peu plus près de Montréal que de New York. L’hôtel se n
105
er dans l’État, la pancarte porte aujourd’hui : «
Nous
sommes catholiques et protestants. » Les rives, les îles s’ornent de
106
affectent. Comme partout en Amérique — mais dans
notre
réserve d’intellectuels avec plus de compétence qu’ailleurs — la disc
107
il faut des troupes pour s’emparer d’une île qui
nous
servira de base de tir. » Et il conclut que les conditions fondamenta
108
tort, si le docteur Oppenheimer a raison. Mettons-
nous
dans la situation. Pour transporter l’infanterie et les chars nécessa
109
te, la guerre des militaires, la vraie. Parce que
nous
avons passé l’âge des guerres considérées comme jeux réglés. Si l’un
110
. S’il n’y a rien dans le journal, cherchons dans
notre
tête. Nous y trouverons d’abord une grande question : qu’est-il donc
111
rien dans le journal, cherchons dans notre tête.
Nous
y trouverons d’abord une grande question : qu’est-il donc sorti de ce
112
utés, ces trois grands résultats de la lutte dont
nous
sortons, semblent donc converger vers un seul et même but, indiquer u
113
pratique d’un gouvernement fédéral de la planète
nous
sont apparues simultanément. Elles se proposent à l’esprit avec tant
114
: il n’est pas d’autre voie praticable, la raison
nous
pousse à la suivre, nous devons donc arriver très vite au but… Telles
115
ie praticable, la raison nous pousse à la suivre,
nous
devons donc arriver très vite au but… Telles sont les perspectives th
116
s vastes, ni de plus pacifiantes. Mais l’Histoire
nous
apprend aussi que l’homme est stupide et mauvais, qu’il a peur de voi
117
le caractère inévitable de cette solution : tout
nous
y mène, et tôt ou tard elle s’imposera, malgré nous, si ce n’est par
118
us y mène, et tôt ou tard elle s’imposera, malgré
nous
, si ce n’est par notre action. Ensuite, il s’agit de combattre les ob
119
ard elle s’imposera, malgré nous, si ce n’est par
notre
action. Ensuite, il s’agit de combattre les obstacles à cette union.
120
cles à cette union. Ils sont dans l’étroitesse de
nos
esprits, non pas dans la raison, ni dans les faits. Au premier rang,
121
e. — C’est qu’on croyait alors, me dit le savant.
Nous
n’avons devant nous que des faits mesurables. Et cela tue l’imaginati
122
yait alors, me dit le savant. Nous n’avons devant
nous
que des faits mesurables. Et cela tue l’imagination. — Pensez-vous, d
123
maison de mes hôtes, d’où je vous écris. En fait,
nous
sommes devant l’an mille. Tous les problèmes derniers nous sont posés
124
es devant l’an mille. Tous les problèmes derniers
nous
sont posés, dans des termes urgents et concrets. Quel est le sens de
125
e d’un naufrage commun ou d’une explosion unanime
nous
paraît plutôt rassurante. C’est le danger ou le malheur individuel qu
126
bilité de comparaison. Les événements mondiaux ne
nous
saisissent que par les franges de notre vanité, ou par quelques réper
127
ondiaux ne nous saisissent que par les franges de
notre
vanité, ou par quelques répercussions accidentelles sur nos amours ou
128
, ou par quelques répercussions accidentelles sur
nos
amours ou notre compte en banque. Rien ne laisse les hommes aussi ind
129
ues répercussions accidentelles sur nos amours ou
notre
compte en banque. Rien ne laisse les hommes aussi indifférents que le
130
les termes où l’on me dit qu’elle est posée dans
nos
pays : Faut-il partir ? (Peut-on partir est une tout autre affaire.)
131
remment, puisqu’on pose le problème. Supposez que
nous
soyons libres de circuler à notre guise. Je répondrais sans hésiter :
132
me. Supposez que nous soyons libres de circuler à
notre
guise. Je répondrais sans hésiter : il ne s’agit ni de choisir une te
133
au xxe siècle, en tenant compte des réalités que
nous
avons créées ou laissé s’imposer ; de la rapidité des transports, par
134
vite que c’est un faux dilemme. Le fait est là :
nous
allons en dix heures de Lisbonne à New York au Pacifique. Un très lon
135
ork au Pacifique. Un très long voyage aujourd’hui
nous
ramènerait nécessairement au point de départ, après un petit tour de
136
point de départ, après un petit tour de planète.
Nous
changeons de continent comme on part en week-end. Le mot partir a don
137
vécu. Mais ce qui naît, ce qui peut naître parmi
nous
, c’est un amour plus large de l’humain, une conception de la fidélité
138
on des visas, de ces anachronismes scandaleux qui
nous
empêchent de rejoindre le siècle, de l’habiter et d’user de ses dons.
139
et d’user de ses dons. Forçons les gouvernants à
nous
répondre : à quoi servent ces barrages de tampons ? Comment peut-on l
140
nts. Ils rendent vains les progrès matériels dont
notre
époque pourrait enfin s’enorgueillir. Ils représentent dans l’esprit
141
la Fatalité imbécile. Pourquoi donc les acceptons-
nous
comme des moutons, sans qu’une seule voix proteste ? n. Rougemont
142
: « Ne retombons pas dans les erreurs anciennes !
Nous
sommes payés pour les connaître, ces Allemands ! ils vont s’armer de
143
ussi grave qu’au temps d’Hitler. C’est un enfer à
notre
porte. Et rien n’est aussi contagieux. Il s’agirait de l’exorciser. M
144
. p. Le texte est précédé du chapeau suivant : «
Notre
brillant collaborateur, Denis de Rougemont, avait publié avant la gue
145
il revient, avec un œil neuf, regarder l’Europe.
Nous
lui avons demandé ses impressions sur l’Allemagne d’aujourd’hui. De S
146
ys natal, plateforme d’observation excellente, il
nous
envoie l’article que nous publions ici. »
147
ervation excellente, il nous envoie l’article que
nous
publions ici. »
148
our évoque celle d’une incertitude. Non seulement
nous
ne savons pas dans quelles voies nous engagent ces expériences — cell
149
n seulement nous ne savons pas dans quelles voies
nous
engagent ces expériences — celle de demain et celle, beaucoup plus gr
150
rave, projetée pour la fin du mois —, mais encore
nous
sommes dans un doute entretenu par nombre de savants quant à leurs ef
151
puis des mois, en Amérique, et hier en France, on
nous
prédit des catastrophes possibles, de dimensions continentales. Un ph
152
aison, n’aurait été qu’un bain de pieds. D’autres
nous
parlent d’une contamination des atomes d’uranium nageant dans l’Océan
153
ous-mêmes, à l’insu de nous-mêmes, au tréfonds de
notre
inconscient, la guerre nous plaît ? Il est clair que nous jurons tous
154
êmes, au tréfonds de notre inconscient, la guerre
nous
plaît ? Il est clair que nous jurons tous, sans exception, qu’il n’en
155
onscient, la guerre nous plaît ? Il est clair que
nous
jurons tous, sans exception, qu’il n’en est rien. À nous en croire, e
156
rons tous, sans exception, qu’il n’en est rien. À
nous
en croire, et nous sommes sincères, nous n’aimons vraiment que la pai
157
eption, qu’il n’en est rien. À nous en croire, et
nous
sommes sincères, nous n’aimons vraiment que la paix. La paix nous com
158
rien. À nous en croire, et nous sommes sincères,
nous
n’aimons vraiment que la paix. La paix nous comble. La paix ne nous e
159
ères, nous n’aimons vraiment que la paix. La paix
nous
comble. La paix ne nous ennuie jamais... Si c’était vrai, il n’y aura
160
ment que la paix. La paix nous comble. La paix ne
nous
ennuie jamais... Si c’était vrai, il n’y aurait pas de guerres. (Je n
161
ut au long de l’ouvrage exemplaire qu’il vient de
nous
donner sur ce pays, La Suisse, démocratie-témoin, André Siegfried s’e
162
économique et dans la synthèse en une formule. Il
nous
montre la Suisse telle qu’elle est : prospère, mécanisée, démocrate à
163
aditionnelle et progressiste, neutre et armée… Il
nous
fait voir que tout se tient, que tout s’engrène avec nécessité dans c
164
presque jamais : calculez les combinaisons !) Il
nous
décrit un pays que la Nature a privé de matières premières et dont le
165
culture », c’est-à-dire de science appliquée. Il
nous
fait suivre, enfin, un jeu d’institutions dont la complexité s’est ré
166
moyens valables pour elle seule. Dans le monde où
nous
vivons, semble-t-il dire, n’est-il pas fou d’être aussi sage ? On en
167
e cette charte exemplaire. C’est le microcosme de
nos
vrais débats. Les mêmes menaces, les mêmes espoirs, les mêmes objecti
168
s objections s’y retrouvent. Les cantons disent :
nos
industries seront ruinées si nous supprimons les péages. On les suppr
169
cantons disent : nos industries seront ruinées si
nous
supprimons les péages. On les supprime : c’est la prospérité. Les min
170
ime : c’est la prospérité. Les minorités disent :
nous
serons écrasés si l’on admet un pouvoir fédéral. On l’admet, et ces m
171
st la même. « Oui, l’idée d’une commune patrie ne
nous
est plus étrangère ! s’écriait l’un des précurseurs de la Constitutio
172
en soi. Quant à ceux qui militent pour l’union de
nos
peuples, ils ne sauraient étudier d’assez près cette expérience de la
173
nt confirmée, l’une des rares bonnes nouvelles de
notre
temps. Et vous pourrez y lire dans le concret une histoire qui dément
174
«
Nous
ne sommes pas des esclaves ! » (25 juin 1953)t « Ils ont tiré ! Il
175
osé se rassembler, sans armes, pour proclamer : «
Nous
ne sommes pas des esclaves ! » Ainsi, les Soviétiques ont perpétré le
176
rase qu’on n’a pas lue dans la presse communiste,
nos
enfants la liront dans leurs livres d’histoire. Cette phrase a été di
177
de vivre. D’autres massacres d’ouvriers ont sali
notre
Histoire depuis le xviiie siècle. Au nom de l’Ordre et de la Loi, au
178
ntérêts de la Production, les policiers de toutes
nos
bourgeoisies ont tué des travailleurs qui, eux, se révoltaient au nom
179
é et de leur dignité d’homme. C’était ignoble, et
nous
voyons bien pis. Il était réservé au régime communiste de faire ce mé
180
ourgeois par celui des Soviets ; mais la seconde,
nous
l’avons sous les yeux, consiste à s’emparer de la cause ouvrière, à s
181
l’ont fait avec éclat le 17 juin ! En criant : «
Nous
ne sommes pas des esclaves ! » les ouvriers de Berlin ont rétabli d’u
182
enue manifeste. Il ne reste à ses partisans, dans
nos
démocraties, qu’à nier les faits. Il leur reste à nier ceci : devant
183
rvice de la Liberté. t. Rougemont Denis de, « “
Nous
ne sommes pas des esclaves !” », Le Figaro, Paris, 25 juin 1953, p. 1