1 1939, Le Figaro, articles (1939–1953). L’ère des religions (22 février 1939)
1 e « mystique » comme on le répète un peu partout, plus simplement : à des raisons de se regrouper, c’est l’affleurement d’un
2 es risques immenses qu’elle ouvre. Car on ne peut plus se le dissimuler : les masses modernes, privées de culture spirituell
3 inent guère, se trouvent devant le fait religieux plus ignorantes, plus démunies et plus « barbares » que les peuplades poly
4 rouvent devant le fait religieux plus ignorantes, plus démunies et plus « barbares » que les peuplades polynésiennes avec le
5 fait religieux plus ignorantes, plus démunies et plus « barbares » que les peuplades polynésiennes avec leurs rites et leur
6 nt aussi bien de se satisfaire par les moyens les plus grossiers, et par exemple par le seul sentiment d’une fraternité char
7 eilles sont passées », dit saint Paul, « il n’y a plus ni Juif ni Grec, et tu es mon frère en la cité nouvelle si tu partage
8 ur tout ce que l’on a derrière soi et qui ne peut plus être changé : le sang, la race, la tradition, les morts, tout ce qui
9 e religion est, au suprême degré, intolérante, et plus qu’intolérante : on ne peut même pas s’y convertir ! Si l’on n’a pas
10 e, cette conversion à partir de laquelle il n’y a plus ni Juifs ni Grecs aux yeux de l’esprit. Elle ne demande pas : que cro
11 nouvelle pour les chrétiens qui pensaient n’avoir plus à redouter que l’incroyance et l’inertie. Peut-être vont-ils découvri
12 ramène mieux à leur vraie force. Car il ne suffit plus d’entretenir un vague sentiment religieux, vestige d’un passé touchan
13 s erreurs. Il est facile d’avoir raison de loin ; plus difficile de découvrir une voie meilleure où l’on soit prêt à se risq
2 1939, Le Figaro, articles (1939–1953). Le bon vieux temps présent (20 mars 1939)
14 ci que ce Temps Perdu, tout d’un coup, est encore plus proche : c’est l’an passé, c’est avant-hier — peut-être même est-ce…
15 es de vie, qui sont encore les nôtres, ne peuvent plus apprivoiser le destin. Soit que les tyrans nous accablent, soit qu’un
16 nos cœurs, ce droit d’aimer, cette bonté humaine, plus « inutile » que jamais, dominatrice et bafouée. b. Rougemont Denis
3 1939, Le Figaro, articles (1939–1953). Directeurs d’inconscience (11 avril 1939)
17 . Nous croyons aux recettes de la Science avec la plus touchante superstition. Nous emboîtons le pas de la mode les yeux fer
18 une nostalgie d’amour-passion dont nous ne savons plus même distinguer qu’elle contredit radicalement notre morale. Au lieu
19 avons perdu le sens de la grandeur, nous n’avons plus de buts communs ? Ils vont nous rendre tout cela en nous rendant une
20 us rendant une direction de marche. Mais ce n’est plus à nos consciences qu’ils s’adressent, à nos petites consciences anarc
4 1939, Le Figaro, articles (1939–1953). Une simple question de mots (24 avril 1939)
21 logue France-Allemagne. Il fut longtemps l’un des plus malaisés, à cause du pathos jacobin dont les Allemands avaient souffe
22 le langage totalitaire ; le droit des peuples les plus forts à disposer de leurs voisins les plus faibles ; consolider la pa
23 es les plus forts à disposer de leurs voisins les plus faibles ; consolider la paix signifiera : envahir un pays à dix contr
24 le pacifisme des dictateurs. Ce n’était donc pas plus malin que cela ? Il suffit de poser à la clé : noir égale blanc, et a
25 mon correspondant signifie en français : droit du plus fort, donc injustice. Ici encore, il suffit de changer le signe. Quan
26 n n’aura pas été sans remarquer que sa qualité la plus frappante est l’élasticité illimitée. Plus la vitalité d’un peuple es
27 ité la plus frappante est l’élasticité illimitée. Plus la vitalité d’un peuple est « sûre d’elle-même », plus ses nécessités
28 la vitalité d’un peuple est « sûre d’elle-même », plus ses nécessités dites vitales s’accroissent. Que signifie alors le mot
5 1939, Le Figaro, articles (1939–1953). « Le matin vient, et la nuit aussi » (7 juin 1939)
29 des idées s’accroît d’une anxiété de jour en jour plus justifiée, à cause des crises sociales et politiques. Et pourtant nou
30 , s’exalte aux approches du péril et s’en nourrit plus qu’on n’oserait l’avouer. Après tout, nous ne sommes pas les premiers
31 idité. L’Europe a connu des paniques et des nuits plus terribles que les nôtres, au lendemain des grandes invasions, du ve
32 ntroduisent dans le monde actuel des possibilités plus radicales d’anéantir la guerre humaine. On me dira qu’autrefois les c
33 ions d’avant-guerre eurent sans doute l’existence plus facile, mais de quel prix spirituel ont-elles payé l’illusion du Prog
34 mpte, ce n’est pas le sort matériel et le bonheur plus ou moins grand de la cité, mais les raisons de vivre des hommes qui l
35 ceptées. Acceptons notre chance de vivre une vie plus consciente et réelle. Quoi qu’il advienne, sachons voir en toutes cho
36 e, vers la fin : « Il y a l’espérance, qui est la plus forte ! Il y a la joie, qui est la plus forte ! Il y a Dieu ! Il y a
37 ui est la plus forte ! Il y a la joie, qui est la plus forte ! Il y a Dieu ! Il y a Dieu qui est le plus fort ! » C’était l’
38 plus forte ! Il y a Dieu ! Il y a Dieu qui est le plus fort ! » C’était l’invincible évidence, la délivrance, le « malgré to
6 1945, Le Figaro, articles (1939–1953). Le mensonge allemand (16 août 1945)
39 eurs. Quelques-uns des Américains que j’estime le plus pensent qu’il existe encore de « bons Allemands ». Dorothy Thompson p
40 es générations allemandes : leur inculquer dès la plus tendre enfance le respect sacré de la définition légale et objective
7 1945, Le Figaro, articles (1939–1953). Un climat tempéré (22 août 1945)
41 s, de la politique, des robes et une littérature, plus quelques âmes de climat dur, de Pascal à Rimbaud, de Calvin à Saint-J
42 s’efforcer de reproduire et de rejoindre par les plus coûteux artifices, ce climat qu’un Français moyen reçoit à son bercea
8 1945, Le Figaro, articles (1939–1953). La guerre est morte (5 septembre 1945)
43 végétariens. Mais je dis que les militaires n’ont plus qu’à se consacrer aux sports. Que la guerre n’est plus leur métier. E
44 qu’à se consacrer aux sports. Que la guerre n’est plus leur métier. Et que par conséquent il n’y aura plus de guerre au sens
45 us leur métier. Et que par conséquent il n’y aura plus de guerre au sens classique et multimillénaire du mot. « Il y aura to
46 nous disaient-ils. Sans doute, mais ce ne seront plus les leurs, les « vraies », les héroïques, costumées et casquées, avec
47 hur et leurs troupes même motorisées, ne pourront plus servir, à l’occasion, que pour le combat de rues, les petites guerres
48 ent de vague et vaste frustration. (L’Europe sera plus touchée que l’Amérique.) On ne se guérit pas facilement de l’ablation
9 1945, Le Figaro, articles (1939–1953). Le dernier des Mohicans (11 octobre 1945)
49 des maisons riveraines, dont celle où je suis, la plus vieille : elle aura cent ans l’an prochain. Mr T… fut jadis candidat
50 adien prêche en français : nous sommes ici un peu plus près de Montréal que de New York. L’hôtel se nomme le Sagamore. Un av
51 endance. La liberté et la démocratie montrent ici plus d’un visage. Comme ailleurs. Mais ici plus qu’ailleurs, on sent que l
52 nt ici plus d’un visage. Comme ailleurs. Mais ici plus qu’ailleurs, on sent que liberté signifie quelque chose d’élémentaire
10 1945, Le Figaro, articles (1939–1953). Le savant et le général (8 novembre 1945)
53 et pensent quelques-uns des esprits qui auront le plus contribué à transformer la condition du siècle. Hier soir, au cinéma,
54 ue — mais dans notre réserve d’intellectuels avec plus de compétence qu’ailleurs — la discussion sur l’avenir de la Bombe ba
55 e fait qu’une pareille guerre exige des effectifs plus importants que par le passé. Il faut des troupes pour mettre les inst
56 de l’invention de la poudre. Mais trois colonnes plus loin, sur la même page du New York Times, je lis ceci : « Le docteur
57 ire que le président Truman déclarait récemment «  plus grand que tous les capitaines connus, y compris Alexandre », je pense
58 evoir des renforts et des munitions de leur pays, plus qu’à moitié détruit. Ils verront que la guerre n’a plus de sens humai
59 u’à moitié détruit. Ils verront que la guerre n’a plus de sens humain. D’ailleurs l’île qu’ils iront conquérir sera déjà réd
60 onner d’autres, si elles existent ? La guerre n’a plus d’autres secrets que ceux de l’industrie, qui sont ceux de la science
61 s les Anglais, tirez les premiers ! il n’y aurait plus personne pour tirer en second, et retourner le feu, comme on disait n
62 ve, si elle était jamais administrée, ne pourrait plus intéresser qu’un auditoire brusquement raréfié. k. Rougemont Denis
11 1945, Le Figaro, articles (1939–1953). Les résultats de la guerre (21 décembre 1945)
63 précédentes.) Ce régime, c’est la démocratie, que plus personne qui compte n’ose attaquer, et dont toutes les puissances dig
64 e), l’idée planétaire, et l’arme vingt mille fois plus puissante que toutes les autres jouent dans le même sens, se prêtent
12 1945, Le Figaro, articles (1939–1953). Un salon atomique (26 décembre 1945)
65 sors, qui est l’un des mieux courus, est aussi le plus atomique. Parmi les sous-secrétaires d’État, les diplomates et les vi
66 se montrait plein d’humour. On n’avait jamais été plus plaisant à propos de massacres en masses. Ce que j’aime, dans le mond
67 t que superficiellement. À vrai dire, ils amusent plus qu’ils n’angoissent. D’ailleurs, l’idée d’un naufrage commun ou d’une
13 1946, Le Figaro, articles (1939–1953). Pour la suppression des visas (23 avril 1946)
68 ns, et j’ai quelques raisons de prendre la France plus au sérieux, plus au tragique, que les chiffres stupides n’y inviterai
69 ues raisons de prendre la France plus au sérieux, plus au tragique, que les chiffres stupides n’y inviteraient. Je reprends
70 ment ? Mais partir, ou rester, ne le sont pas non plus , apparemment, puisqu’on pose le problème. Supposez que nous soyons li
71 endre contemporain d’un monde qui change beaucoup plus vite que Jules Verne n’a pu le rêver. C’est cela, et c’est aussi le c
72 c changé de sens. Il a perdu son aura dramatique. Plus question de couper les ponts, de brûler ses pénates, et autres rites
73 ît, ce qui peut naître parmi nous, c’est un amour plus large de l’humain, une conception de la fidélité qui ne soit plus exc
74 humain, une conception de la fidélité qui ne soit plus exclusive de la curiosité, un accueil plus ferme et plus souple de la
75 e soit plus exclusive de la curiosité, un accueil plus ferme et plus souple de la diversité des êtres et des coutumes. Aimez
76 clusive de la curiosité, un accueil plus ferme et plus souple de la diversité des êtres et des coutumes. Aimez votre terre e
14 1946, Le Figaro, articles (1939–1953). Les nouveaux aspects du problème allemand (30 mai 1946)
77 en Europe après cinq ans d’absence, je n’y trouve plus d’Allemagne mais une question allemande. Et ce qui me frappe d’abord,
78 ules capables de définir une politique, appellent plus que les autres un commentaire. Une guerre de retard Sous la rubr
79 e une guerre de retard, une question qui n’existe plus  ? Ou qui s’est totalement transformée ? Quand je disais dans mon Jou
80 is désolé L’Allemagne était avant la guerre la plus grande puissance militaire du monde, avec son armée motorisée, son in
81 l’Allemagne et la France. À vrai dire, on ne voit plus de conflit. La France n’est plus en face d’une Puissance, mais d’un v
82 dire, on ne voit plus de conflit. La France n’est plus en face d’une Puissance, mais d’un vaste glacis désolé sur lequel s’a
83 l’Union soviétique : 50 millions d’Allemands, au plus , que touchent 200 millions de Russes. Que se passera-t-il ? Seuls, il
84 e des vingt dernières années, ils ne peuvent être plus rien d’autre que la pointe d’une offensive russe, ou d’une offensive
85 ns doute les villes d’Europe qui se sentaient les plus directement menacées, non seulement en vertu de la géographie, mais p
86 es ruines de ses villes, pour découvrir qu’il n’a plus de gouvernement, qu’il est entièrement occupé par quatre armées étran
87 rdu un tiers de son territoire à l’Est, qu’il n’a plus de quoi manger et qu’au surplus, loin qu’on le plaigne, on l’accuse f
88 formellement de s’être rendu coupable du crime le plus énorme de l’Histoire. Une conception réaliste et prudente Que f
89 le vrai danger allemand, en l’an 1946, ne réside plus dans un état-major, dans un parti, dans une doctrine de conquête, ou
15 1946, Le Figaro, articles (1939–1953). Demain la bombe, ou une chance d’en finir avec la terre (30 juin 1946)
90 expériences — celle de demain et celle, beaucoup plus grave, projetée pour la fin du mois —, mais encore nous sommes dans u
91 la mort et la consomption lente dans les pays les plus lointains, aveuglant les avions, affolant les boussoles, rendant chau
92 des expériences est pour demain. À cette apathie plus qu’étrange de l’opinion et de ses organes, je distingue au moins troi
93 dentiste. La seconde, c’est que la curiosité est plus forte que la crainte chez les enfants. Or l’opinion publique est un e
94 se quelque chose. Mais la troisième raison est la plus remarquable. Si la menace d’un raz-de-marée continental — pour si fai
95 et ! Mais non, ni tôle ni murmures. Le sérieux le plus méthodique a présidé à la préparation d’une expérience dont l’utilité
16 1947, Le Figaro, articles (1939–1953). Le droit d’opposition (3 avril 1947)
96 comme celui des Noirs ou des Koulaks, se liquide plus facilement dans une dictature que dans une démocratie… Le secrétaire
97 rmettrai d’offrir une suggestion. Le caractère le plus spécifique d’une démocratie me paraît être le droit d’opposition. Et
17 1948, Le Figaro, articles (1939–1953). Sagesse et folie de la Suisse (13 octobre 1948)
98 spère, mécanisée, démocrate à l’extrême (beaucoup plus en fait qu’en doctrine), jalouse de ses diversités, unie par le refus
99 tendue, dont le seul but est d’assurer aux hommes plus de bien-être et d’avantages sociaux. En somme, à cette « démocratie-t
100 constitution présente. Je ne sais pas d’histoire plus instructive, pour l’Européen d’aujourd’hui, que celle des discussions
101 die de la Suisse à la veille de sa fédération. En plus tragique, bien sûr. L’urgence est donc plus grande. Mais les problème
102 n. En plus tragique, bien sûr. L’urgence est donc plus grande. Mais les problèmes sont analogues, et l’attente des peuples e
103 e. « Oui, l’idée d’une commune patrie ne nous est plus étrangère ! s’écriait l’un des précurseurs de la Constitution de 1848
104 es gloires de ces temps que cette idée ait acquis plus de netteté, ce sentiment plus d’énergie. » Les adversaires de la fédé
105 tte idée ait acquis plus de netteté, ce sentiment plus d’énergie. » Les adversaires de la fédération du continent (peu s’avo
18 1953, Le Figaro, articles (1939–1953). « Nous ne sommes pas des esclaves ! » (25 juin 1953)
106 r la terre entière une vérité que l’on n’éteindra plus  : la tyrannie totalitaire est un crime contre l’homme et ses jours, d
107 e qu’en régime socialiste les ouvriers n’auraient plus l’occasion de s’en servir… On savait aussi qu’il était le parti du tr
108 iècle, exigeaient de telles normes, ou trois fois plus , ils le faisaient au nom de leurs intérêts ou de valeurs couvrant ces
109 ers la liberté ! » Mais rien de tout cela ne sera plus effacé. Rien ne peut plus faire que les héros de Berlin soient morts
110 en de tout cela ne sera plus effacé. Rien ne peut plus faire que les héros de Berlin soient morts en vain. Aux jours les plu
111 ros de Berlin soient morts en vain. Aux jours les plus découragés de l’Occident, ils ont fait renaître l’espoir. Le sursaut
112 s entre nations qui entendent chacune recevoir le plus et croiraient trahir en donnant. C’est l’Europe qui crée son avenir e