1 1939, Le Figaro, articles (1939–1953). L’ère des religions (22 février 1939)
1 l’invisible spirituel, à la veille d’un discours qui devait être un acte, nous laisse tous en suspens sur le mystère de no
2 as trop vite se réjouir. Il se peut que les temps qui viennent voient s’éveiller dans l’âme des masses une grande faim élém
3 n’est pas le phénomène en soi, mais son ampleur, qui s’annonce sans précédent. Le siècle des Lumières, puis le siècle indi
4 formes, conventions, cérémonies et lieux communs qui étaient les signes extérieurs d’une communion tacite entre les hommes
5 nt encore diffus de vide social, analogue à celui qui dut marquer la décadence de l’Empire romain. Mais de ce vide naît un
6 est l’affleurement d’un inconscient désir de « ce qui lie », d’une religion. De n’importe quelle religion. Il est temps que
7 qu’il n’y en a pas. Il n’y a rien que des masses qui se ressentent comme telles, à la faveur d’un déploiement théâtral et
8 oiement théâtral et géométrique, autour d’un chef qui ne veut être que leur incarnation et leur symbole. Des masses qui com
9 que leur incarnation et leur symbole. Des masses qui communient avec elles-mêmes dans un chant triste ou dans un cri. Or c
10 e savent justifier leur existence que par le fait qui rassemble les masses : l’origine commune, le passé. Le christianisme
11 révolues, sur tout ce que l’on a derrière soi et qui ne peut plus être changé : le sang, la race, la tradition, les morts,
12 e sang, la race, la tradition, les morts, tout ce qui impose un destin sans recours. Voilà pourquoi cette religion est, au
13 es depuis des millénaires, jamais « passées », et qui réclament encore du sang, des morts, des cortèges funèbres, des cérém
14 gubres, d’hallucinants sabbats de nègres blancs ! Qui ne voit qu’une telle religion hait mortellement la foi chrétienne, to
15 aussi de menaces. Ère nouvelle pour les chrétiens qui pensaient n’avoir plus à redouter que l’incroyance et l’inertie. Peut
16 Il faut se réduire aux vérités solides. À celles qui nourrissent l’espérance, et non la peur ou la haine du voisin. Il fau
17 dre, à ce problème du vide social, communautaire, qui dès maintenant se pose à nous aussi. Car si d’autres y ont mal répond
2 1939, Le Figaro, articles (1939–1953). Le bon vieux temps présent (20 mars 1939)
18 in. » Après Vienne, avec Prague, c’est une Europe qui vient de mourir. Europe du sentiment, patrie de nostalgie de tous ceu
19 une ère étrange et brutale, où ces formes de vie, qui sont encore les nôtres, ne peuvent plus apprivoiser le destin. Soit q
20 nce d’un miracle. Elle est encore une œuvre d’art qui n’agit que par l’atmosphère, par le « charme » qu’elle fait régner. D
21 ut ce climat sentimental, cette espèce de naturel qui naît d’une entente tacite, d’une confiance, presque d’une insouciance
22 étruit dans nos vies. Nous sommes pareils à celui qui s’éveille et goûte encore quelques instants les délices d’un rêve ina
3 1939, Le Figaro, articles (1939–1953). Directeurs d’inconscience (11 avril 1939)
23 lui demander sans préambule : « Et vous donc, en qui croyez-vous ? De qui suivez-vous les conseils ? » La réponse étonnera
24 éambule : « Et vous donc, en qui croyez-vous ? De qui suivez-vous les conseils ? » La réponse étonnerait souvent celui-là m
25 s ? » La réponse étonnerait souvent celui-là même qui parviendrait à la donner. Tant il est vrai que bien peu d’entre nous
26 ajoutera ou retranchera. C’est un jeu de société qui en vaut bien un autre. Je retranche pour ma part les journalistes : i
27 romanciers les directrices de magazines féminins, qui tiennent boutique de consultations pour leurs lectrices avides de « b
28 impuissance pratique des organes de « direction » qui se disputent nos consciences. Sous prétexte de nous libérer de la tut
29 Au lieu d’une discipline, nous avons vingt tyrans qui nous poussent à hue et à dia. Au lieu d’un directeur qui nous parle à
30 s poussent à hue et à dia. Au lieu d’un directeur qui nous parle à mi-voix, ces appels pathétiques à la radio. Le monde mod
31 la radio. Le monde moderne retentit d’En avant ! qui ne savent pas où ils vont. Et toutes ces « directions » désorientées,
32 à l’Étoile, dans la marche unanime vers un point qui se trouve au-delà de la terre, également lointain de chacun, égalemen
4 1939, Le Figaro, articles (1939–1953). Une simple question de mots (24 avril 1939)
33 un cas particulier de cette science de l’opinion qui s’appelle la Publicité. C’est pourquoi la conversation devient parfoi
34 sation devient parfois si difficile entre un pays qui a fait une révolution et ses voisins qui en ont fait d’autres, ou qui
35 un pays qui a fait une révolution et ses voisins qui en ont fait d’autres, ou qui n’en ont pas fait depuis longtemps. La f
36 ution et ses voisins qui en ont fait d’autres, ou qui n’en ont pas fait depuis longtemps. La fameuse « incompréhension » qu
37 ’on sait, et les « explications » un peu brutales qui aboutirent au compromis boiteux de Versailles. Le Reich promettait de
38 ai à cet égard trois termes : liberté et justice, qui viennent de notre fonds, et le néologisme espace vital. On ignore tro
39 t donc assez naturel que le congrès de Nuremberg, qui célébra le réarmement du Reich, se soit intitulé : Journée de la libe
40 ce qu’un vain puriste pourrait croire, non pas ce qui serait indispensable pour préserver les Allemands de la famine, mais
41 les Allemands de la famine, mais au contraire ce qui est indispensable pour satisfaire et augmenter une « vitalité sûre d’
42 et les pétroles roumains, réserves de guerre. Ce qui est vital, c’est donc tout simplement ce qui permettra de faire la gu
43 . Ce qui est vital, c’est donc tout simplement ce qui permettra de faire la guerre, c’est-à-dire — traduit en allemand — d’
44 ples revendiqués par le Reich dans ces termes, ce qui est espace vital pour un nazi risque malheureusement de s’appeler bie
5 1939, Le Figaro, articles (1939–1953). « Le matin vient, et la nuit aussi » (7 juin 1939)
45 dérer dans ce qu’elle a d’unique, dans sa réalité qui nous met, en question, n’oublions pas que toute réalité, à toute époq
46 comme une réalité sans précédent, à ceux du moins qui osaient la vivre avec lucidité. L’Europe a connu des paniques et des
47 es pestes noires, pendant les guerres de religion qui obscurcissent l’image du monde chrétien. Quel pouvait être l’avenir p
48 e et des injustices établies. La menace de guerre qui pèse sur nous pourrait et devrait être le remède à cette paix-là. Tou
49 c’est alors qu’il est vraiment le gage d’une vie qui vaille d’être vécue. Les générations d’avant-guerre eurent sans doute
50 usion du Progrès ? Je songe à la colombe de Kantf qui croyait voler mieux dans le vide… L’homme n’est pas fait pour vivre s
51 ls inhérents au progrès, la chance d’une grandeur qui , elle aussi, pourrait être sans précédent. Comme toute génération sér
52 vons, qu’il s’agisse de flèches ou d’obus. Car ce qui compte, en fin de compte, ce n’est pas le sort matériel et le bonheur
53 de la cité, mais les raisons de vivre des hommes qui l’habitent. Ce n’est pas la somme de leurs soucis et de leurs plaisir
54 possibilité qu’elles offrent, le matin et la nuit qui viennent, et qui ne cesseront de venir jusqu’au Jour éternel ! Prenon
55 les offrent, le matin et la nuit qui viennent, et qui ne cesseront de venir jusqu’au Jour éternel ! Prenons notre régime de
56 tre régime de vie tendue ; il suffit de savoir ce qui compte, et que la Joie ne dépend pas de nos misères. J’y songeais l’a
57 tion chorale, vers la fin : « Il y a l’espérance, qui est la plus forte ! Il y a la joie, qui est la plus forte ! Il y a Di
58 spérance, qui est la plus forte ! Il y a la joie, qui est la plus forte ! Il y a Dieu ! Il y a Dieu qui est le plus fort ! 
59 qui est la plus forte ! Il y a Dieu ! Il y a Dieu qui est le plus fort ! » C’était l’invincible évidence, la délivrance, le
6 1945, Le Figaro, articles (1939–1953). Le mensonge allemand (16 août 1945)
60 d’autres pensent que non, ainsi Glenway Wescott, qui vient de le démontrer dans un roman intitulé Appartements d’Athènes (
61 fre en Allemagne et aujourd’hui, aux yeux de ceux qui doivent en décider. Une anecdote la résumera. Dans une ville allemand
62 tères mêmes du vrai sont modifiés. Menteur, celui qui s’y réfère encore ; sincère, celui qui se conforme à la nouvelle véri
63 eur, celui qui s’y réfère encore ; sincère, celui qui se conforme à la nouvelle vérité germanique, car le droit, leur a-t-o
64 e, car le droit, leur a-t-on enseigné, c’est « ce qui sert le peuple allemand ». Plan d’éducation politique pour les nouvel
65 objective de quelques mots. Responsable est celui qui a tiré le premier. Battu, celui qui touche des deux épaules et se met
66 ble est celui qui a tiré le premier. Battu, celui qui touche des deux épaules et se met à faire le bon apôtre. Nazi, celui
67 ules et se met à faire le bon apôtre. Nazi, celui qui accuse dans la même phrase « les Juifs, les ploutocrates américains,
7 1945, Le Figaro, articles (1939–1953). Un climat tempéré (22 août 1945)
68 s, les jardins suspendus jusqu’au trentième étage qui se couvrent d’un peuple nu, quêtant un souffle de la mer, un courant
69 ’ailleurs désespérée, contre la torpeur écrasante qui tombe des arbres et du ciel. Aux régions polaires sans été. Au faux p
70 été. Au faux printemps perpétuel de carte postale qui baigne la cuvette californienne et qui explique cette irréalité fade
71 te postale qui baigne la cuvette californienne et qui explique cette irréalité fade et flatteuse de tant de films tournés à
72 s, steppes, déserts, pampas, glaciers, et jungles qui couvrent neuf dixièmes des continents… Notre terre est à peine habita
73 , de protection, de réaction ou de réfrigération, qui laisse peu d’énergie de surcroît. Où trouver un pays qui ne harcèle p
74 sse peu d’énergie de surcroît. Où trouver un pays qui ne harcèle pas l’homme, et qui lui laisse le loisir d’être humain, au
75 Où trouver un pays qui ne harcèle pas l’homme, et qui lui laisse le loisir d’être humain, au lieu de le forcer sans trêve à
76 as en plein été comme dans l’hémisphère sud. Pays qui ne connaît d’autres désastres que ceux qu’organise l’homme lui-même :
8 1945, Le Figaro, articles (1939–1953). La guerre est morte (5 septembre 1945)
77 ale victime de la bombe atomique a été la guerre, qui en est morte en trois jours. Sous sa forme militaire — c’était la gue
78 le 6 août à Hiroshima. L’arithmétique élémentaire qui suffisait à combiner grosso modo des kilomètres, des bataillons, des
79 pitaines au grand cœur et les armées en bel arroi qui s’avanceraient avec une mâle vertu au-devant de la bombe atomique, no
80 pour nous et nos enfants, les « grandes parades » qui firent le principal de notre Histoire ? Tel est l’un des problèmes ps
9 1945, Le Figaro, articles (1939–1953). Le dernier des Mohicans (11 octobre 1945)
81 carte de visite jaunie porte le nom d’un révérend qui fut évêque anglican d’Albany. Je connais bien son petit-fils. Roi du
82 Pittsburg sans doute. Qu’on n’oublie pas l’esprit qui règne encore sur les forêts et sur les lacs innombrables du continent
83 nniers et gouverne par elle une Amérique secrète, qui sent mieux son histoire réelle que ses trop larges ouvertures sur un
10 1945, Le Figaro, articles (1939–1953). Le savant et le général (8 novembre 1945)
84 s, que vivent et pensent quelques-uns des esprits qui auront le plus contribué à transformer la condition du siècle. Hier s
85 s petit groupe de mathématiciens et de physiciens qui a mis au point la bombe atomique. Tout à l’heure, devant ma fenêtre,
86 pense-t-il ? De ce cerveau est sortie l’équation qui est en train de bouleverser le monde. Je me la répète chaque fois que
87 alisme, les autres par l’autorité et les passions qui les soutiennent. Voici d’abord l’opinion du chef suprême des forces a
88 où quelqu’un s’empare d’un des boutons : et voilà qui suppose une force armée. » Le général Marshall ajoute : « Les gens qu
89 armée. » Le général Marshall ajoute : « Les gens qui parlent d’une guerre purement technique oublient le fait qu’une parei
90 ion, il faut des troupes pour s’emparer d’une île qui nous servira de base de tir. » Et il conclut que les conditions fonda
91 e ? Attaquer ? Où et quand ? Se défendre ? Contre qui  ? On dit : « C’est toujours l’infanterie qui termine une campagne en
92 ntre qui ? On dit : « C’est toujours l’infanterie qui termine une campagne en occupant le terrain. Mais dans le cas d’une g
93 re trop tard. Il se peut que le général Marshall, qui a su tout cela mieux que personne au monde, ait mystérieusement raiso
94 ’a plus d’autres secrets que ceux de l’industrie, qui sont ceux de la science, qui n’a d’autre désir que de les publier. Je
95 ceux de l’industrie, qui sont ceux de la science, qui n’a d’autre désir que de les publier. Je maintiens que la guerre est
96 squ’il parle tout tranquillement d’« un processus qui se poursuit » ? La discussion, comme on dit, reste ouverte. Souhaiton
11 1945, Le Figaro, articles (1939–1953). Les résultats de la guerre (21 décembre 1945)
97 . Libéré de la pression d’une actualité haletante qui renouvelait chaque matin depuis six ans ses énormes péripéties, l’esp
98 Ce régime, c’est la démocratie, que plus personne qui compte n’ose attaquer, et dont toutes les puissances dignes du nom se
99 d’une arme proportionnée à l’ampleur de sa tâche, qui est de faire la police des nations, et d’une arme qui, par nature, se
100 est de faire la police des nations, et d’une arme qui , par nature, serait démesurée pour un seul peuple, tandis qu’elle dev
101 e vision simple des possibilités d’union mondiale qui sont ouvertes désormais, et insister sur le caractère inévitable de c
12 1945, Le Figaro, articles (1939–1953). Un salon atomique (26 décembre 1945)
102 on atomique (26 décembre 1945)m Cette capitale qui ne fait partie d’aucun des États de l’Union m’a toujours paru peu rée
103 ièrement, cherchant d’un œil anxieux l’Obélisque, qui n’est même pas au centre. Faut-il vous donner toute la mesure du dése
104 Faut-il vous donner toute la mesure du désespoir qui fond sur moi dès que je suis à Washington ? Je vous avouerai que je m
105 on, ils sont tous politiques. Celui dont je sors, qui est l’un des mieux courus, est aussi le plus atomique. Parmi les sous
106 is que la foi des anciens temps redoutait une fin qui l’eût pourtant jetée dans l’Éternel ? J’arpentais des avenues intermi
107 bilité de faire sauter la planète. Les événements qui dépassent l’imagination — et celui-ci ne saurait être dépassé lui-mêm
13 1946, Le Figaro, articles (1939–1953). Pour la suppression des visas (23 avril 1946)
108 rais me contenter de répondre : c’est plutôt vous qui devriez sortir, sous peine de ne pas comprendre la réalité mondiale.
109 discuterait à l’infini. Il n’est qu’une solution, qui est d’aller voir, et d’essayer le pays comme un nouveau costume. Et j
110 ordinaire pour se rendre contemporain d’un monde qui change beaucoup plus vite que Jules Verne n’a pu le rêver. C’est cela
111 s a vécu, la tragédie des départs a vécu. Mais ce qui naît, ce qui peut naître parmi nous, c’est un amour plus large de l’h
112 tragédie des départs a vécu. Mais ce qui naît, ce qui peut naître parmi nous, c’est un amour plus large de l’humain, une co
113 large de l’humain, une conception de la fidélité qui ne soit plus exclusive de la curiosité, un accueil plus ferme et plus
114 ession des visas, de ces anachronismes scandaleux qui nous empêchent de rejoindre le siècle, de l’habiter et d’user de ses
14 1946, Le Figaro, articles (1939–1953). Les nouveaux aspects du problème allemand (30 mai 1946)
115 us d’Allemagne mais une question allemande. Et ce qui me frappe d’abord, c’est de la trouver posée de manière si contradict
116 … Cependant, je rencontre aussi quelques Français qui , avant la guerre refusaient de croire Hitler si dangereux que ça, et
117 fusaient de croire Hitler si dangereux que ça, et qui , maintenant que Hitler est abattu, ne pensent qu’à se protéger contre
118 ais avec toute une guerre de retard, une question qui n’existe plus ? Ou qui s’est totalement transformée ? Quand je disais
119 re de retard, une question qui n’existe plus ? Ou qui s’est totalement transformée ? Quand je disais dans mon Journal d’Al
120 vivants du jour sont l’URSS et l’Amérique. Voilà qui modifie radicalement les proportions du conflit séculaire qui opposai
121 radicalement les proportions du conflit séculaire qui opposait l’Allemagne et la France. À vrai dire, on ne voit plus de co
122 érons dans cette perspective les craintes de ceux qui vont disant : « Ne retombons pas dans les erreurs anciennes ! Nous so
123 ch et Bâle étaient sans doute les villes d’Europe qui se sentaient les plus directement menacées, non seulement en vertu de
124 après l’autre les liens traditionnels et naturels qui rattachaient la Suisse allemande aux sources vives de sa culture et d
125 ttu comme jamais pays ne le fut ; voici un peuple qui se réveille du cauchemar d’un bombardement moral, politique et physiq
126 nir humain. Il faut premièrement lui expliquer ce qui s’est passé, et lui montrer comment il fut complice des crimes qu’il
15 1946, Le Figaro, articles (1939–1953). Demain la bombe, ou une chance d’en finir avec la terre (30 juin 1946)
127 rès le « sifflement » d’une bombe « plutonienne » qui « réduira malignement en cendres » et en « énormes masses vitrifiées 
128 um nageant dans l’Océan. Ou de nuages radioactifs qui se promèneraient autour du globe, semant la mort et la consomption le
16 1947, Le Figaro, articles (1939–1953). Le droit d’opposition (3 avril 1947)
129 me la dictature, en l’occurrence celle d’un parti qui se fût nommé démocratique pour éviter toute confusion. C’était cepend
17 1948, Le Figaro, articles (1939–1953). Sagesse et folie de la Suisse (13 octobre 1948)
130 t date d’il y a près de cent ans. Aujourd’hui, ce qui frappe l’observateur en Suisse, c’est la présence quasi universelle d
131 lutôt n’y répond que par la bande, la bande rouge qui orne le livre : « C’est une grande folie de croire qu’on peut être sa
132 être sage tout seul. » (La Rochefoucauld) Maxime qui n’est pas aussi claire qu’il y paraît à première vue. M. Siegfried n’
133 mières et dont le sol est en partie stérile, mais qui parvient à exporter près du tiers de sa production, à n’importer que
134 ied est, je crois bien, le seul auteur non suisse qui soit allé si loin dans l’analyse des variétés de l’expérience fédéral
135 dérale, sans s’exposer aux démentis amers de ceux qui en vivent et qui en chérissent toutes les nuances. Sa prudence est d’
136 poser aux démentis amers de ceux qui en vivent et qui en chérissent toutes les nuances. Sa prudence est d’ailleurs égale au
137 ssion. M. Siegfried pense que la sagesse suisse, qui est le bon sens fédéraliste, n’est pas objet d’exportation, n’a pas d
138 Européen d’aujourd’hui, que celle des discussions qui précédèrent l’adoption de cette charte exemplaire. C’est le microcosm
139 pas nier l’existence de la Suisse. C’est un fait qui réfute les meilleurs arguments contre le fédéralisme en soi. Quant à
140 uments contre le fédéralisme en soi. Quant à ceux qui militent pour l’union de nos peuples, ils ne sauraient étudier d’asse
141 vous pourrez y lire dans le concret une histoire qui dément la sagesse proverbiale : l’histoire d’un peuple heureux. s.
18 1953, Le Figaro, articles (1939–1953). « Nous ne sommes pas des esclaves ! » (25 juin 1953)
142 la police « populaire » ont tiré sur les ouvriers qui avaient osé se rassembler, sans armes, pour proclamer : « Nous ne som
143 Dimanche Rouge, où le tsar fit tirer sur la foule qui marchait vers le Palais d’Hiver. Ce sont les descendants des ouvriers
144 s-fils en uniforme, passés aux ordres du Kremlin, qui ont tiré sur leurs camarades, les ouvriers sans armes de la Staline-A
145 rque la fin d’une ère : celle du mythe communiste qui , pendant trente-six ans, domina la conscience prolétarienne (de Franc
146 monstrueux sophisme. Allez redire, ô philosophes qui vantiez la violence ouvrière, substance et force du PC », allez redir
147 des travailleurs ! On savait qu’il était le parti qui avait supprimé le droit de grève, sous l’impudent prétexte qu’en régi
148 ussi qu’il était le parti du travail forcé, celui qui venait de « réaliser », par les mains de cent-mille esclaves, le cana
149 toutes nos bourgeoisies ont tué des travailleurs qui , eux, se révoltaient au nom de la Liberté et de leur dignité d’homme.
150 de haine contre le fascisme et les provocateurs. Qui ne voit aujourd’hui quels furent à Berlin-Est ces « provocateurs étra
151 vérité profonde de toute la situation, une vérité qui vaut pour tous leurs camarades des pays satellites et de l’URSS, et l
152 n’est pas l’Europe des marchandages entre nations qui entendent chacune recevoir le plus et croiraient trahir en donnant. C
153 s et croiraient trahir en donnant. C’est l’Europe qui crée son avenir et justifie sa raison d’être par des hommes qui se sa
154 venir et justifie sa raison d’être par des hommes qui se sacrifient au service de la Liberté. t. Rougemont Denis de, « “