1 1928, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le péril Ford (février 1928)
1 Le péril Ford (février 1928 )a On a trop dit que notre époque est chaotique. Je crois bien, au
2 buts que sa civilisation poursuit depuis près de deux siècles, l’Occidental est saisi d’un étrange malaise. Il soupçonne, p
3 que sa civilisation poursuit depuis près de deux siècles , l’Occidental est saisi d’un étrange malaise. Il soupçonne, par éclai
4 egarder autour de nous et d’en croire nos yeux. I . L’homme qui a réussi Je prends Henry Ford comme un symbole du mon
5 motive routière. « Depuis l’instant où, enfant de 12 ans, j’aperçus cette machine de route, jusqu’au jour présent, ma gran
6 son rêve, le type unique d’automobile utilitaire » 2. Dès lors, c’est une suite de chiffres indiquant le progrès de sa prod
7 née. On pourrait ajouter à ces chiffres celui des milliards qu’il possède, ou plutôt qu’il gère, mais ce n’est pour lui qu’un rés
8 é comme il est donné à peu d’hommes de le faire : 7000 voitures par jour, et la possibilité d’augmenter encore cette product
9 ave question qu’on puisse poser à notre temps. II . M. Ford a ses idées, ou la philosophie de ceux qui n’en veulent pas
10 téresse plus réellement. Il croit qu’il va gagner 5 francs en achetant 5 francs moins chers un objet que, sans cette bais
11 nt. Il croit qu’il va gagner 5 francs en achetant 5 francs moins chers un objet que, sans cette baisse, il n’eût pas ache
12 le intitulé « Le grand paradoxe du monde moderne » 3, ce qu’il y a de profondément antihumain dans la conception fordienne
13 de sa vie privée. Cette liberté particulière, et cent autres pareilles, composent, au total, la grande Liberté idéale et me
14 Réjouissons-nous… Mais, comment expliquer que des centaines de milliers de lecteurs, dans une Europe « chrétienne », applaudissen
15 ous… Mais, comment expliquer que des centaines de milliers de lecteurs, dans une Europe « chrétienne », applaudissent sans réser
16 ivement le divorce de l’esprit et de l’action. III . Le fordisme contre l’Esprit La formidable erreur de la bourgeoisi
17 hoses de l’âme avec une maladresse de barbare. IV . « En être » ou ne pas en être Une fois qu’on a compris à quel poi
18 er presque fatalement dans un anarchisme stérile. Accepter la technique et ses conditions. Dans cette mécanique bien hu
19 immuable comme la mort le restitue au monde vers 5 heures du soir, dans la détresse des dernières sirènes. Au monde, c’e
20 lui a donné une auto pour admirer la nature entre 17 et 19 heures : vraiment, il ne lui manque plus rien — que l’envie. Ma
21 donné une auto pour admirer la nature entre 17 et 19 heures : vraiment, il ne lui manque plus rien — que l’envie. Mauvais
22 ir, les forces mêmes qui nous la firent désirer. Accepter l’esprit, et ses conditions. Je dis que les êtres encore dou
23 anage d’une sorte de franc-maçonnerie de quelques centaines d’individus. Et cette franc-maçonnerie sera bientôt traquée avec la d
24 reste, je pense que c’est une question de foi. 1. Une enquête faite à Genève a révélé que les livres les plus lus du gr
25 eilleure qualité. Je ne parle pas de l’Amérique. 2. Victor Cambon, préface à Henry Ford, Ma vie et mon œuvre, Paris, Payo
26 à Henry Ford, Ma vie et mon œuvre, Paris, Payot, 1925. 3. L’Illustration, 20 novembre 1926. 4. Ici et là, la révolte perc
27 y Ford, Ma vie et mon œuvre, Paris, Payot, 1925. 3. L’Illustration, 20 novembre 1926. 4. Ici et là, la révolte perce :
28 n œuvre, Paris, Payot, 1925. 3. L’Illustration, 20 novembre 1926. 4. Ici et là, la révolte perce : « Jugendbewegung » e
29 is, Payot, 1925. 3. L’Illustration, 20 novembre 1926. 4. Ici et là, la révolte perce : « Jugendbewegung » en Allemagne ; s
30 ot, 1925. 3. L’Illustration, 20 novembre 1926. 4. Ici et là, la révolte perce : « Jugendbewegung » en Allemagne ; surré
31 de, « Le péril Ford », Foi et Vie, Paris, février 1928, p. 189-202.
2 1930, Foi et Vie, articles (1928–1977). « Pour un humanisme nouveau » [Réponse à une enquête] (1930)
32 r un humanisme nouveau » [Réponse à une enquête] ( 1930 )b c Deux menaces mortelles assiègent notre condition humaine : la
33 me nouveau » [Réponse à une enquête] (1930)b c Deux menaces mortelles assiègent notre condition humaine : la liberté de l
34 qu’en tant que son génie parvient à composer les deux périls en une résultante qui est la civilisation. Appelons humanisme
35 libre proprement humain. Ainsi passèrent quelques siècles  ; ainsi passa le xixe . On le laissa installer ses machines : elles a
36 esprit ne comporte pas l’égalité de droit de ces deux disciplines. Car la science à peine libérée, demande la tête de la mé
37 de faux dieux — le fascinant éclat de ce vide ? 5. Je songe à la « psychologie scientifique » et à ce leurre qu’est l’at
38 » et à ce leurre qu’est l’attitude paralléliste. 6. J’exagère probablement, car la sincérité de ce néo-scientisme tempéré
39 e doute. Mais c’est Stilicon défendant l’Empire. 7. Or, Bergson, dans un discours prononcé à l’Académie des sciences mora
40 l’Académie des sciences morales et politiques, en 1914, a posé le problème en termes fort nets. (Cités par M. Brunschvicg dan
41 cience dans la philosophie occidentale, p. 695.) 8. Les humanités y trouveraient bien leur place : la connaissance des ét
42 manisme nouveau », Cahiers de Foi et Vie , Paris, 1930, p. 242-245. c. Le texte est précédé de la note suivante : « M. Denis
43 diverses revues suisses et françaises. Il prépare trois volumes (Essais, Romans, Voyages). »
3 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). André Malraux, La Voie royale (février 1931)
44 André Malraux, La Voie royale (février 1931 )d M. André Malraux écrit des livres qu’on n’oublie pas facilement.
45 itulé La Tentation de l’Occident. La Voix royale 9, est, croyons-nous, le récit des événements qui précédèrent l’aventure
46 urant tout le récit, au travers des aventures des deux explorateurs aux prises avec les fièvres de la forêt tropicale, puis
47 ’effort désespéré de ces conquérants de désert. 9. Chez Grasset. 10. La Voie royale n’est que l’introduction à une sér
48 de ces conquérants de désert. 9. Chez Grasset. 10. La Voie royale n’est que l’introduction à une série de romans intitu
49 ie de romans intitulés Les Puissances du désert. 11. Le prix Goncourt, dit-on, eût été décerné à M. Malraux s’il n’avait n
50 ux, La Voie royale  », Foi et Vie, Paris, février 1931, p. 78-81.
4 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Sécularisme (mars 1931)
51 Sécularisme (mars 1931 )e Il nous plaît de faire converser ici les gens les moins faits po
52 neront le ton et les thèmes principaux : J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vi
53 blèmes venus à ma rencontre étaient justement les deux objets les plus révoltants de la terre : une église, une prison. » Tr
54 mée. Avec M. Brunschvicg, il pense qu’un homme de 1931 a dépassé ce « stade », qu’il n’est plus permis de nos jours… bref, q
55 uvelle Revue des jeunes publie dans son numéro du 15 février15. M. Marcel analyse trois attitudes typiquement sécularistes
56 ans son numéro du 15 février15. M. Marcel analyse trois attitudes typiquement sécularistes : la philosophie des lumières, cel
57 me ordre. Lui est des pieds à la tête un homme de 1930  ; et en même temps il se réclame d’un Esprit éternel qui cependant es
58 st déchirant en vérité, le chant d’orgueil que le siècle entonne pour annoncer son morne triomphe : « Vous n’avez pas su conju
59 tre, se demande, songeant à l’Europe, s’il y aura dix justes dans Sodome. 12. Aden Arabie, chez Rieder, Paris. 13. Mais
60 à l’Europe, s’il y aura dix justes dans Sodome. 12. Aden Arabie, chez Rieder, Paris. 13. Mais Bouddha, c’est l’Asie. Le
61 Sodome. 12. Aden Arabie, chez Rieder, Paris. 13. Mais Bouddha, c’est l’Asie. Les grèves, c’est encore l’Europe. 14. D
62 c’est l’Asie. Les grèves, c’est encore l’Europe. 14. Dans un article des Nouvelles littéraires du 20 février, inaugurant
63 4. Dans un article des Nouvelles littéraires du 20 février, inaugurant une série d’études sur un nouvel humanisme, à laq
64 e-Bastide publiée par Foi et Vie l’an dernier. 15. « Remarques sur l’irréligion contemporaine ». e. Rougemont Denis de
65 pte rendu] Sécularisme », Foi et Vie, Paris, mars 1931, p. 184-189.
5 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Une exposition d’artistes protestants modernes (avril 1931)
66 exposition d’artistes protestants modernes (avril 1931 )f C’est donc qu’il y en a ? avez-vous dit. Depuis le temps qu’on c
67 us reprenions toutes les mesures, tout redevenait neuf  : les mots « forme », « couleur », « architecture ». Et Dieu avait un
68 rrement au Pays de Montbéliard » grave et serein. Deux petits Lotiron font un coin de campagne lumineuse, et le « Douarnenez
69 t religieux qu’annonce cette grande composition : trois longues croix dans une lumière dramatique, le corps du Christ déjà pr
70 tholiques, concernant la Vierge et les saints. En deux mots, il y a des « sujets catholiques », il n’y a pas de « sujets pro
71 protestants modernes », Foi et Vie, Paris, avril 1931, p. 274-277.
6 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Conférences du comte Keyserling (avril 1931)
72 Conférences du comte Keyserling (avril 1931 )g L’auteur du Journal de voyage d’un philosophe, d’Analyse spectra
73 Sagesse de Darmstadt vient de donner au Trocadéro trois conférences sur les problèmes fondamentaux de la civilisation moderne
74 re, Keyserling, il faut le reconnaître, a su, par trois fois, tenir en haleine une salle énorme en parlant avec sérieux de pr
75 ormance qui vaut d’être enregistrée. Rien de très neuf dans cette trilogie philosophique, mais un bel ensemble d’observation
76 s du comte Keyserling », Foi et Vie, Paris, avril 1931, p. 287-288.
7 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Au sujet d’un grand roman : La Princesse Blanche par Maurice Baring (mai 1931)
77 an : La Princesse Blanche par Maurice Baring (mai 1931 )h M. Maurice Baring est entré dans l’intimité de milliers de lecte
78 M. Maurice Baring est entré dans l’intimité de milliers de lecteurs français avec un livre d’un rare prestige, Daphné Adeane.
79 à Daphné, beaucoup plus long, — il compte plus de 600 pages dans l’édition française — d’un rythme plus inégal aussi, il ne
80 ujourd’hui presque disparue, « roman-fleuve » que deux dates limitent : 1851-1914. Ainsi met-il en jeu les deux éléments don
81 parue, « roman-fleuve » que deux dates limitent : 1851-1914. Ainsi met-il en jeu les deux éléments dont l’antagonisme fait le fond
82 tes limitent : 1851-1914. Ainsi met-il en jeu les deux éléments dont l’antagonisme fait le fond de presque toutes les grande
83 ividualité et un milieu social bien défini. À ces deux éléments s’en ajoute un troisième qui est moins visible, mais dont la
84 té. Maurice Baring exprime ce troisième sujet par deux vers de son ami Hilaire Belloc dont voici la traduction : L’amour de
85 aire comprendre la réalité. Et c’est au cours des quarante pages qu’il consacre à la « conversion » au catholicisme de la prince
86 re de notre auteur : « La veille de la Chandeleur 1909, je fus reçu dans le sein de l’Église catholique… le seul acte de ma v
87 ntes de la Princesse, chargées ici de représenter deux églises anglaises. Ces deux respectables ladies, qui ne jouent pas d’
88 es ici de représenter deux églises anglaises. Ces deux respectables ladies, qui ne jouent pas d’autre rôle dans l’histoire,
89 Daphné Adeane, dans La Princesse Blanche, ce sont deux prêtres19 qui, au moment décisif, viennent apporter ce dur message à
90 rature religieuse. Celui de La Princesse Blanche 20 donne sans aucun doute l’accord le plus profond de l’œuvre de Baring.
91 cette joie « qui surpasse toute connaissance ». 16. La Princesse Blanche, Stock, éditeur. 17. Qu’on lise, par exemple,
92  ». 16. La Princesse Blanche, Stock, éditeur. 17. Qu’on lise, par exemple, l’admirable Goethe, histoire d’un homme, d’É
93 ge sur lequel nous aurons l’occasion de revenir. 18. Il est absurde, voire aux yeux de la foi scandaleux de parler de conv
94 ner cette insuffisance du vocabulaire religieux. 19. Soulignons qu’un pasteur ne parlerait pas autrement. 20. Pages 495-4
95 ignons qu’un pasteur ne parlerait pas autrement. 20. Pages 495-499. h. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Au sujet d’u
96 un pasteur ne parlerait pas autrement. 20. Pages 495-499. h. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Au sujet d’un grand roman :
97 nche par Maurice Baring », Foi et Vie, Paris, mai 1931, p. 344-350.
8 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Kierkegaard (mai 1931)
98 Kierkegaard (mai 1931 )i j L’entrée de l’œuvre de Kierkegaard dans le monde intellectuel
99 de tous. Søren Kierkegaard naquit à Copenhague en 1813, et y mourut en 1855. Voici comment le profond essayiste allemand Rudo
100 gaard naquit à Copenhague en 1813, et y mourut en 1855. Voici comment le profond essayiste allemand Rudolf Kassner caractéris
101 Kassner caractérise cette existence (Commerce, n°  XII ). Le grand événement de sa vie fut la mort de l’Évêque Mynster qui a
102 ne peut être placé qu’à côté du poète russe. Tous deux marchent de pair et aucun autre esprit du siècle ne les dépasse. On
103 us deux marchent de pair et aucun autre esprit du siècle ne les dépasse. On peut déplorer qu’une œuvre de cette envergure ait
104 la foi, certainement. Et « l’honneur de Dieu ». 21. Aux Éditions de la Nouvelle Revue française , chez Fourcade et aux É
105 Denis de, « Kierkegaard », Foi et Vie, Paris, mai 1931, p. 351-352. j. Texte non signé.
9 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Littérature alpestre (juillet 1931)
106 Littérature alpestre (juillet 1931 )k Mlle Claire-Éliane Engel, qui a conquis maint sommet du massif d
107 répidité pour entreprendre cette « traversée » de deux littératures. Combien d’heures de marche monotone à travers des morai
108 est là, la tranquille et solennelle Puissance aux mille aspects, aux mille bruits. » Ce n’est plus l’homme que ces poètes vie
109 le et solennelle Puissance aux mille aspects, aux mille bruits. » Ce n’est plus l’homme que ces poètes viennent interroger su
110 Robert de Traz intitula Nietzsche et les hauteurs 23, et qui, posé en face du tableau franco-anglais, fournit un contraste
111 Montherlant lui-même, récemment, le confessait.) Deux chances sont encore offertes aux amateurs de risques authentiques : l
112 ieux » autre chose qu’une intrigue de palaces ? 22. La Littérature alpestre en France et en Angleterre, aux xviiie et x
113 en France et en Angleterre, aux xviiie et xixe siècles . (Librairie Dardel, Chambéry.) 23. Dans Essais et Analyses. (Crès, 1
114 et xixe siècles. (Librairie Dardel, Chambéry.) 23. Dans Essais et Analyses. (Crès, 1926.) k. Rougemont Denis de, « [Co
115 , Chambéry.) 23. Dans Essais et Analyses. (Crès, 1926. ) k. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Littérature alpestre », Fo
116 ittérature alpestre », Foi et Vie, Paris, juillet 1931, p. 548-551.
10 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Avant l’Aube, par Kagawa (septembre 1931)
117 Avant l’Aube, par Kagawa (septembre 1931 )l m Dire de ce livre qu’il ne ressemble à rien serait une louange
118 tion de Kagawa, telles qu’il les raconte dans ces deux volumes, témoignent que l’amour chrétien peut encore aujourd’hui péné
119 létariat mondial, ni que nous ignorions que notre siècle est celui des meneurs. Mais le rare, c’est qu’un de ces meneurs écriv
120 à l’existence la plus quotidienne d’Eiichi, à ces mille petites difficultés précises et humiliantes, à ces moments de doute,
121 ent à être si émouvant. On peut dire que dans ces deux gros volumes si nourris, il n’y a pas deux lignes d’allure convention
122 ns ces deux gros volumes si nourris, il n’y a pas deux lignes d’allure conventionnelle, deux lignes qui ne traduisent une vé
123 l n’y a pas deux lignes d’allure conventionnelle, deux lignes qui ne traduisent une vérité vécue et particulière. Telle est
124 Osaka la nuit ! Il ne comprenait pas pourquoi ces deux mots lui semblaient avoir des rapports intimes et atroces. Quel horri
125 isite aux bas-fonds : Eiichi était partagé entre deux désirs. L’un était de se sauver au plus vite de cet horrible endroit
126 metière du Temple de Zuigan, quand les prêtres de douze temples et Eiichi à leur suite entourèrent le cercueil, il ne put ret
127 pensée à ce sujet. Eiichi se taisait. Une minute, deux minutes s’écoulèrent. Quatre ou cinq moineaux sautaient de branche en
128 e taisait. Une minute, deux minutes s’écoulèrent. Quatre ou cinq moineaux sautaient de branche en branche sur le camphrier du
129 Une minute, deux minutes s’écoulèrent. Quatre ou cinq moineaux sautaient de branche en branche sur le camphrier du jardin,
130 e de dire quoi que ce soit à cet homme en colère. Trois , quatre, cinq minutes s’écoulèrent. Le Procureur regardait distraitem
131 re quoi que ce soit à cet homme en colère. Trois, quatre , cinq minutes s’écoulèrent. Le Procureur regardait distraitement son
132 que ce soit à cet homme en colère. Trois, quatre, cinq minutes s’écoulèrent. Le Procureur regardait distraitement son carnet
133 doigts. Il eut été impossible de dire lequel des deux était le juge de l’autre. Eiichi est provisoirement libéré. Les enfa
134 is dans les merveilles du monde. Et voici que, le 14 février, il se décida à faire profession de disciple du Christ. Page
135 milieu des arbres, à côté d’un ruisseau, il passa trois heures et demie à lire tout l’Évangile selon saint Matthieu, du premi
136 re humaine, — cela ne saurait être sans fruits. 24. Ceux qui veulent assimiler christianisme et capitalisme feraient bien
137 wa, Avant l’Aube  », Foi et Vie, Paris, septembre 1931, p. 623-632. m. Une note précise : « Éditions “Je sers”, 1931. »
138 632. m. Une note précise : « Éditions “Je sers”, 1931.  »
11 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). André Gide ou le style exquis (à propos de Divers) (octobre 1931)
139 ou le style exquis (à propos de Divers) (octobre 1931 )n o La manière est toujours l’indice d’une complaisance, et vite
140 tégorie. (On sait qu’il y a dans le monde moderne trois sortes de gens, les pécheurs, les sauvés et les honnêtes gens.) Ensui
141 erce, — et me fait honte d’oublier la grandeur. 25. Remarquons le tour qu’il adopte : « mais celui qui veut la perdre… »
142 ou le style exquis », Foi et Vie, Paris, octobre 1931, p. 725-729. o. Une note précise : « Divers (« Caractères. — Un espri
12 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le protestantisme jugé (octobre 1931)
143 Le protestantisme jugé (octobre 1931 )p Parlant récemment, dans un article des Nouvelles littéraires d
144 ruction de l’Invincible Armada la mer devient aux trois quarts protestante — et l’est restée (la révocation fit quitter, selo
145 s’étalent à la fois toutes ensemble. Dès l’année 1886, où il publiait son essai, Frommel donnait ainsi le diagnostic du roma
146 ine : Et l’homme seul répond à l’homme épouvanté 27. Il nous manque une étude sur les critiques protestants du xixe sièc
147 c leurs sujets) d’une perspicacité prophétique. 26. Dire de Gide qu’il est un écrivain protestant est une façon de parler
148 aucoup contesteront, Gide sans doute le premier. 27. Paul Bourget, Les Aveux : Désespoir en Dieu, p. 264. p. Rougemont D
149 protestantisme jugé », Foi et Vie, Paris, octobre 1931, p. 751-754.
13 1932, Foi et Vie, articles (1928–1977). Romanciers protestants (janvier 1932)
150 Romanciers protestants (janvier 1932 )q Nos gloires nous jugent C’est un fait digne d’intérêt, et q
151 que les grands « succès » littéraires de l’année 1931 soient allés à trois romans d’écrivains protestants : Pierre Bost, Ja
152 ccès » littéraires de l’année 1931 soient allés à trois romans d’écrivains protestants : Pierre Bost, Jacques Chardonne et Je
153 — et toute la misère — des protestants sans foi » 31. Quoi qu’il en fût d’ailleurs de la portée religieuse des trois œuvres
154 ’il en fût d’ailleurs de la portée religieuse des trois œuvres, l’on se sentait tenté de marquer ici d’une pierre blanche « l
155 isme nous trahit Partons du cas concret de nos trois auteurs. Le problème, à vrai dire, les dépasse, mais il n’est pas mau
156 licitement religieux : cela n’a point empêché ces trois romans de faire figure, aux yeux de beaucoup, de livres « bien protes
157 p se plaisent à nommer « un caractère protestant » 32. Et c’est cela qui est grave, — d’autant plus grave que nombre de prot
158 radicalement contraire à notre foi originale. Le siècle , hélas, décorait du beau nom de libéralisme l’absence de toute exigen
159 Gide, le désenchanté, le stoïcien, le révolté, —  trois noms parfaitement représentatifs33. Bilan fort honorable du point de
160 mi. Morne triomphe de l’analyse psychologique. Un siècle de ce régime suffit à nous mener à ce trouble gâchis intérieur où Fre
161 lumière de l’observation scientifique. Reflet du siècle , le roman bientôt s’affaiblit à force de se compliquer, et tend à se
162 Rembrandt, les sœurs Brontë, Henrik Ibsen et ces deux Danois prodigieux, Hans-Christian Andersen et Søren Kierkegaard. (Fée
163 grandeur » comme il est dit au dernier psaume. 28. Denis Saurat, dans la Nouvelle Revue française et Marsyas. 29. Alber
164 at, dans la Nouvelle Revue française et Marsyas. 29. Albert Thibaudet, dans Candide. 30. À Mauriac, joignons Roger Martin
165 et Marsyas. 29. Albert Thibaudet, dans Candide. 30. À Mauriac, joignons Roger Martin du Gard, Montherlant, Bernanos ; à S
166 rlant, Bernanos ; à Schlumberger, André Chamson. 31. Charles Westphal, dans Le Semeur . 32. Il est entendu, même chez le
167 hamson. 31. Charles Westphal, dans Le Semeur . 32. Il est entendu, même chez les protestants, qu’un « protestant qui écr
168 malgré tout » révèlent ses origines. Triste jeu. 33. Représentatifs d’une atmosphère moraliste, quelles que soient les opi
169 ux que j’en ai, mais à ce dont ils ont souffert. 34. Tout ceci appellerait une foule de nuances. Mais il ne s’agit pas d’é
170 e de nuances. Mais il ne s’agit pas d’édulcorer. 35. Cf. A.-N. Bertrand, Protestantisme, p. 102, et tout le chapitre sur l
171 Jean de Saussure : À l’École de Calvin, passim. 36. Cf. dans le dernier numéro de cette revue l’article de E. Hæin, et pa
172 anciers protestants », Foi et Vie, Paris, janvier 1932, p. 56-63.
14 1932, Foi et Vie, articles (1928–1977). Goethe, chrétien, païen (avril 1932)
173 Goethe, chrétien, païen (avril 1932 )r Imaginez un membre de l’Académie des sciences qui serait aussi d
174 lière que les ennemis du christianisme, depuis un siècle , le revendiquent comme leur plus grand païen. Les fragments des Conve
175 e voilà libre à nouveau, écrit Goethe à un ami en 1768, au sortir d’une grave maladie — ; cette calcination a été très profit
176 ources éternelles ont déversé dans mon cœur. » Et deux ans plus tard : « Je suis ce que j’ai toujours été, à ceci près que m
177 éthique, en définitive, apparaît comme fondée sur deux des réalités centrales de l’Évangile : le renoncement et la réalisati
178 ertes, hic et nunc, dans la situation du monde de 1932, en présence du déchaînement orgueilleux et misérable d’une humanité q
179 nt d’être, efficacement. Et qu’il nous y aide ! 37. Numéro d’hommage à Goethe de la Nouvelle Revue française (mars 1932).
180 age à Goethe de la Nouvelle Revue française (mars 1932 ). r. Rougemont Denis de, « Goethe, chrétien, païen », Foi et Vie, P
181 , chrétien, païen », Foi et Vie, Paris, avril–mai 1932, p. 304-309.
15 1932, Foi et Vie, articles (1928–1977). Penser dangereusement (juin 1932)
182 Penser dangereusement (juin 1932 )s « L’esprit désintéressé est mort. » C’en est fait, les clercs on
183 t par suite, dans l’action qu’elle commande à des millions de nos contemporains. Il y a aussi ceux qui se bornent à affirmer la
184 es biens matériels. ⁂ Arrêtons-nous aujourd’hui à deux livres caractéristiques de ce double péril qui menace une génération 
185 ce journal. Le titre : La Crise est dans l’homme 38, s’oppose d’emblée aux thèses des économistes bourgeois ou marxistes,
186 îtres — par l’État bourgeois. Les Chiens de garde 39, tel est le titre de son pamphlet — ce sont les philosophes de la Troi
187 péremptoire, ironique et hargneux. Elles redisent trois ou quatre fois de suite la même chose, sans ajouter aucune clarté au
188 re, ironique et hargneux. Elles redisent trois ou quatre fois de suite la même chose, sans ajouter aucune clarté au dessein gé
189 angile est radicalement dangereux, — salutaire. 38. Aux Éditions de la Revue française, chez Alexis Rédier, Paris 1932.
190 de la Revue française, chez Alexis Rédier, Paris 1932. 39. Chez Rieder, collection « Europe ». 40. Et pourtant, M. Nizan c
191 Revue française, chez Alexis Rédier, Paris 1932. 39. Chez Rieder, collection « Europe ». 40. Et pourtant, M. Nizan cite p
192 s 1932. 39. Chez Rieder, collection « Europe ». 40. Et pourtant, M. Nizan cite pas mal de textes qui prouveraient le cont
193  Penser dangereusement », Foi et Vie, Paris, juin 1932, p. 478-484.
16 1933, Foi et Vie, articles (1928–1977). « Histoires du monde, s’il vous plaît ! » (janvier 1933)
194  Histoires du monde, s’il vous plaît ! » (janvier 1933 )t Le lecteur moderne est, paraît-il, un homme pressé, beaucoup plu
195 itaient. Les Allemands vivent « la crise » depuis 1919, et l’atmosphère de crise baigne toutes leurs activités, à un degré bi
196 au peuple. Le bourgeois qui rentre chez lui après 8 heures de bureau demande aux livres une évasion facile hors de la méd
197 éfère au cinéma, ce sont les actualités. » Phrase mille fois entendue. Les journaux se couvrent de photos. La couverture phot
198 lain Gerbault, les aventures d’Henri de Monfreid, cinquante volumes sur l’URSS et sur le Plan de cinq ans, autant sur les formes
199 d, cinquante volumes sur l’URSS et sur le Plan de cinq ans, autant sur les formes américaines de la vie sociale, des albums
200 nouvelle. Nous avons vu paraître, il y a quelque dix ans, les premières Explications de notre temps. Et depuis lors, que d
201 ndications » publié dans la NRF ). Lorsqu’il y a deux ans, Bernard Grasset, dans un article retentissant, annonça son inten
202 Autre signe : les jeunes maisons, fondées depuis deux ans, se spécialisent de plus en plus dans la publication de collectio
203 ignificatif : « Les Mœurs et l’Esprit des nations 41.  » Et l’on pense au titre de cet album de photos paru récemment en All
204 ment. Quand il y va de tous, il y va de chacun. 41. Dont le meilleur volume, à ce jour, est sans doute le recueil d’Essai
205 ous plaît ! », Foi et Vie, Paris, janvier–février 1933, p. 134-139.
17 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Destin du siècle ou vocation personnelle ? (février 1934)
206 Destin du siècle ou vocation personnelle ? (février 1934)u Depuis des années, dans
207 stin du siècle ou vocation personnelle ? (février 1934 )u Depuis des années, dans toutes les conférences, dans tous les jo
208 ploitations dont les bénéfices s’engloutissent en deux heures de panique boursière. Les inventeurs se voient refuser des bre
209 ’homme, du destin de l’homme en face du destin du siècle , tout se simplifie aussitôt ; et si, faisant un pas de plus, nous pos
210 r le mot simple, qui me paraît caractériser notre siècle . On dit le contraire un peu partout, je le sais bien. On répète que l
211 le risque est la santé de la pensée. ⁂ Destin du siècle  ! Expression curieuse et bien moderne ! Si nous y regardons de près,
212 nous allons voir que le simple assemblage de ces deux mots, destin et siècle, contient peut-être le secret de tout le mal d
213 le simple assemblage de ces deux mots, destin et siècle , contient peut-être le secret de tout le mal dont nous souffrons. Il
214 ître, de poser cette simple question : comment un siècle peut-il avoir un destin ? En réalité, il n’y a de destin que personne
215 ion. Si l’on admet facilement de nos jours, qu’un siècle ait un destin, c’est que l’on a pris l’habitude d’attribuer une sorte
216 collectifs. Je m’explique. Quand nous disons : le siècle , le xxe siècle par exemple, nous entendons par là une réalité histor
217 resque tous de nature collective. L’histoire d’un siècle , c’est l’histoire des collectivités, c’est l’histoire des peuples, de
218 génies, par exemple. Quand nous disons destin du siècle , nous disons destin des nations, destin du prolétariat, destin du cap
219 u capitalisme, destin du machinisme. Le destin du siècle , c’est le destin des ismes, qui sont — en fin de compte — des abstrac
220 udes, les intentions secrètes, les destins. Notre siècle , en tant que siècle, est athée, totalement athée, et consciemment ath
221 secrètes, les destins. Notre siècle, en tant que siècle , est athée, totalement athée, et consciemment athée. Mais, en même te
222 divinités maîtresses de cette première moitié du siècle . Qu’il s’agisse bien là de dieux, c’est ce que nous prouvent abondamm
223 héologie, scientifique, bien entendu, et dont les deux disciplines principales sont l’Histoire et la Sociologie. Nous trouv
224 ait que Trotski est un Juif. Voilà, n’est-ce pas, deux points de vue inconciliables et contradictoires ! Sur le plan politiq
225 inées par notre classe [ou] notre race. Destin du siècle contre destin de l’homme. Il faut bien reconnaître qu’en cette année
226 homme. Il faut bien reconnaître qu’en cette année 1934, l’homme se défend très mal. Et comment se défendrait-il quand il ador
227 le sacrifice et le suicide. L’élan qui jette des millions de nos contemporains dans les destins du siècle, c’est peut-être l’él
228 millions de nos contemporains dans les destins du siècle , c’est peut-être l’élan d’une fuite devant le destin particulier et l
229 par exemple, sur le développement économique des siècles passés, quand ce ne sont pas des statistiques de phrénologues. Ce son
230 n jour à quelques amis : « Il paraît qu’il existe deux théories tout à fait opposées concernant l’origine du genre humain. L
231 ux, nous ne saurions pas grand-chose des dieux du siècle , et peut-être aurions-nous un peu plus d’attention pour les vrais pro
232 out, il est tout et tous le servent. ⁂ Destin du siècle , destin des ismes, dévorants et inhumains. Je voudrais, avant de pour
233 ieux. L’individu, tel que le concevait le dernier siècle , l’homme isolé qui cultivait jalousement sa petite vie intérieure, à
234 ôt après la guerre, reparaître le fameux « mal du siècle  ». La jeunesse découvrait avec angoisse qu’elle n’avait plus rien ni
235 petits rentiers belges et jeter sur la paille des milliers d’ouvriers annamites. Oui, certes, tout se tient désormais. Mais la s
236 une solidarité catastrophique. Oui, le destin du siècle , le destin des ismes, ne nous laisse rien prévoir d’autre qu’un monde
237 urant de solitude. J’ai terminé ma description du siècle . Est-elle pessimiste à l’excès ? Ce n’est pas cela qu’il nous importe
238 ue chacun d’entre nous peut prendre. ⁂ Destin du siècle ou destin de l’homme ? Loi historique ou acte personnel ? Irresponsab
239 es positifs, cette fois. Les dieux, les mythes du siècle , sont tout-puissants sur nous. Dénoncer leurs méfaits, ce n’est pas e
240 e et vocation ne sont point séparables. Et toutes deux ne sont possibles que dans cet acte unique d’obéissance à l’ordre de
241 ement immédiat. Acte, présence et engagement, ces trois mots définissent la personne, mais aussi ce que Jésus-Christ nous ord
242 e monde. Lui seul suffit à vaincre les destins du siècle , lui seul atteint le mal à sa racine, qui est en nous, qui est au fon
243 ersonne au monde, avant d’avoir rencontré Dieu. 42. L’Histoire au sens hégélien du mot, c’est-à-dire, plus exactement :
244 l’Évolution. u. Rougemont Denis de, « Destin du siècle ou vocation personnelle ? », Foi et Vie, Paris, février–mars 1934, p.
245 personnelle ? », Foi et Vie, Paris, février–mars 1934, p. 143-157.
18 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Deux essais de philosophes chrétiens (mai 1934)
246 Deux essais de philosophes chrétiens (mai 1934)v Combien existe-t-il en
247 Deux essais de philosophes chrétiens (mai 1934 )v Combien existe-t-il en France de personnes intelligentes ? Pour
248 un ouvrage « difficile ». Seul, Bergson, avec ses Deux Sources pourrait s’aligner, dans cet ordre, avec un honnête romancier
249 s théologiens. Le Römerbrief, de Barth, en est au 20e mille. Un Keyserling, un Heidegger, un Karl Jaspers ont, dès longtemp
250 éologiens. Le Römerbrief, de Barth, en est au 20e mille . Un Keyserling, un Heidegger, un Karl Jaspers ont, dès longtemps, con
251 ous serviront, pour aujourd’hui, d’introduction à deux essais de philosophes chrétiens : L’Homme du ressentiment, de Max Sch
252 ion et approches concrètes du mystère ontologique 45, de Gabriel Marcel. L’un et l’autre, ils répondent au vœu que j’ai ten
253 t du moins où il écrivait L’Homme du ressentiment 47, M. Marcel est catholique. Sa méditation sur le Mystère ontologique es
254 doute fort étonnés d’apprendre qu’il fallait, en 1934, un courage véritable pour utiliser en philosophie des motifs tels que
255 p : qui suis-je, moi qui questionne sur l’être ? » 49 (p. 264). Le problème devient alors tout autre chose qu’un problème 
256 me disait Nietzsche — qui domine notre société. 43. On trouvera dans les excellents articles d’Henry Corbin, publiés par
257 icles d’Henry Corbin, publiés par Hic et Nunc (n°  1 et 2), le développement de cette thèse : que philosopher ne peut être
258 d’Henry Corbin, publiés par Hic et Nunc (n° 1 et 2 ), le développement de cette thèse : que philosopher ne peut être qu’u
259 philosopher ne peut être qu’une forme de vivre. 44. Librairie Gallimard, collect. Les Essais. Traduit de l’allemand par u
260 es Essais. Traduit de l’allemand par un anonyme. 45. Cet essai constitue la seconde partie d’un volume intitulé le Monde c
261 e Monde cassé. La première partie est un drame en quatre actes qui n’est pas à proprement parler une illustration de l’essai,
262 de la même problématique (Desclée, De Brouwer). 46. Cf. Généalogie de la Morale (Mercure de France). 47. Converti au cat
263 Cf. Généalogie de la Morale (Mercure de France). 47. Converti au catholicisme après avoir écrit ses premières œuvres, et d
264 une série d’erreurs assez grossières sur Luther. 48. L’auteur entend : relativement à la possibilité universelle du désesp
265 hement avec Kierkegaard me paraît s’imposer ici. 49. M. Marcel introduit ici le motif du recueillement, qui lui paraît ess
266 ns la vie du chrétien. v. Rougemont Denis de, «  Deux essais de philosophes chrétiens », Foi et Vie, Paris, mai 1934, p. 41
267 e philosophes chrétiens », Foi et Vie, Paris, mai 1934, p. 415-422.
19 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Notice biographique [Kierkegaard] (août 1934)
268 Notice biographique [Kierkegaard] (août 1934 )w Søren Kierkegaard naquit à Copenhague en 1813, et y mourut en 18
269 934)w Søren Kierkegaard naquit à Copenhague en 1813, et y mourut en 1855. Presque toute son œuvre, une vingtaine de volume
270 gaard naquit à Copenhague en 1813, et y mourut en 1855. Presque toute son œuvre, une vingtaine de volumes, à quoi nous pouvon
271 vingtaine de volumes, à quoi nous pouvons ajouter dix-huit volumes de papiers posthumes, fut composée en l’espace de douze année
272 de papiers posthumes, fut composée en l’espace de douze années. Le père de Kierkegaard avait passé son enfance à garder les m
273 as avoir affaire aux banques. Lorsqu’il mourut, à 42 ans, il n’en subsistait rien. L’argent provenait d’une malédiction, p
274 omprendre, le public s’écarta, effrayé. Lorsqu’en 1854 il se mit à attaquer de front, avec une extrême violence, le christia
275 christianisme, en passant par la Maladie mortelle 50 et le Concept d’angoisse, parurent sous divers pseudonymes symbolique
276 La philosophie allemande contemporaine, avec ses deux grands maîtres, Heidegger et Jaspers, procède de sa philosophie de l’
277 ne peut être placé qu’à côté du poète russe. Tous deux marchent de pair, et aucun autre esprit du siècle ne les dépasse.
278 s deux marchent de pair, et aucun autre esprit du siècle ne les dépasse. 50. Traduite en français sous le titre de Traité d
279 t aucun autre esprit du siècle ne les dépasse. 50. Traduite en français sous le titre de Traité du désespoir. 51. Rudo
280 français sous le titre de Traité du désespoir. 51. Rudolf Kassner, dans Commerce, n° XII. w. Rougemont Denis de, « Not
281 ésespoir. 51. Rudolf Kassner, dans Commerce, n°  XII . w. Rougemont Denis de, « Notice biographique [Kierkegaard] », Foi
282 Kierkegaard] », Foi et Vie, Paris, août–septembre 1934, p. 602-604.
20 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Nécessité de Kierkegaard (août 1934)
283 Nécessité de Kierkegaard (août 1934 )x On appelle l’esprit… De quoi se plaint l’intelligence ? Si
284 tous… » Cela se passait à Copenhague, en l’année 1855. Depuis lors, il est vrai, les choses ont bien changé. On dirait même
285 cin sévère que la santé moins déprimée d’un autre siècle avait tué. C’est aussi qu’il est devenu possible de saisir, dans le d
286 un porte le poids du monde et le sombre avenir du siècle . On a dépeint ce clerc moderne, accablé par tous les malheurs du temp
287 xistence ; et c’est la maladie mortelle (le péché) 54. L’homme naturel a beau dénombrer tout l’horrible, et tout épuiser, le
288 », c’est bien moins dangereux ; tous en seront… «  Deux questions — dit encore Kierkegaard — témoignent de l’esprit : 1) Ce q
289 dit encore Kierkegaard — témoignent de l’esprit : 1 ) Ce qu’on nous prêche, est-ce possible ? 2) Puis-je le faire ? Deux q
290 prit : 1) Ce qu’on nous prêche, est-ce possible ? 2 ) Puis-je le faire ? Deux questions témoignent de l’absence de l’espri
291 s prêche, est-ce possible ? 2) Puis-je le faire ? Deux questions témoignent de l’absence de l’esprit : 1) Est-ce réel ? 2) M
292 x questions témoignent de l’absence de l’esprit : 1 ) Est-ce réel ? 2) Mon voisin Christofersen l’a-t-il fait ? l’a-t-il r
293 gnent de l’absence de l’esprit : 1) Est-ce réel ? 2 ) Mon voisin Christofersen l’a-t-il fait ? l’a-t-il réellement fait ? 
294 ersen l’a-t-il fait ? l’a-t-il réellement fait ? » 55 Nous posons toujours la dernière question. Nous ne croyons pas à l’e
295 es petits et les méprisés”, et personne ne rit ! » 56. C’est alors que paraît le rire de Kierkegaard. Ce n’est pas le rire
296 ici possibles ; que l’on écarte, au premier pas, trois mots qui faussent tout : anarchie, romantisme, individu. Il n’est que
297 s’oppose à l’Ordre. « Ne vous conformez pas à ce siècle présent, mais soyez transformés », dit saint Paul. Le solitaire devan
298 nu. Il n’est pas d’autre « réaction » contre « le siècle  », pas d’autre révolution créatrice. Et tous nos appels à l’esprit, s
299 , et tout cela n’est que mythologie. Les dieux du siècle ont l’existence qu’on leur prête : hélas ! il serait faux de dire qu’
300 main sur Caïus Marius, telle est la vérité. Mais trois ou quatre femmes, dans l’illusion d’être une foule et que personne pe
301 Caïus Marius, telle est la vérité. Mais trois ou quatre femmes, dans l’illusion d’être une foule et que personne peut-être ne
302 mains, mais chaque homme isolé a, dans la règle, deux mains, et lorsqu’il porte ces deux mains sur Marius, ce sont ses main
303 dans la règle, deux mains, et lorsqu’il porte ces deux mains sur Marius, ce sont ses mains, non celles de son voisin et non
304 e-t-il pas que le temps court plus vite depuis un siècle  ? C’est que la fuite des hommes devant l’instant présent se précipite
305 garder d’insister sur un tel rétablissement. Pour deux raisons, je crois. Qui, d’abord, parmi nous, oserait affirmer que cet
306 ient pas de ce qu’elle est « sans Dieu », car nul siècle , comme tel, ne fut jamais chrétien, mais bien plutôt de ce qu’elle es
307 tre désespoir témoigne seul de la consolation. 52. Journal, tome X. 53. « Là encore, le clerc moderne est protestant »
308 gne seul de la consolation. 52. Journal, tome X. 53. « Là encore, le clerc moderne est protestant », ajoute M. Benda,
309 seul de la consolation. 52. Journal, tome X. 53. « Là encore, le clerc moderne est protestant », ajoute M. Benda, qui,
310 nts, ne connaît guère que Renouvier, son maître… 54. Jean XI, 4. 55. Stades sur le chemin de la vie. 56. L’instant. 5
311 ît guère que Renouvier, son maître… 54. Jean XI, 4. 55. Stades sur le chemin de la vie. 56. L’instant. 57. Journal.
312 uère que Renouvier, son maître… 54. Jean XI, 4. 55. Stades sur le chemin de la vie. 56. L’instant. 57. Journal. 58.
313 ean XI, 4. 55. Stades sur le chemin de la vie. 56. L’instant. 57. Journal. 58. Traité du désespoir, p. 156. 59. Je
314 Stades sur le chemin de la vie. 56. L’instant. 57. Journal. 58. Traité du désespoir, p. 156. 59. Je ne reviendrai pa
315 hemin de la vie. 56. L’instant. 57. Journal. 58. Traité du désespoir, p. 156. 59. Je ne reviendrai pas, ici, sur l’a
316 57. Journal. 58. Traité du désespoir, p. 156. 59. Je ne reviendrai pas, ici, sur l’aspect philosophique de cette opposi
317 s un article de la Revue philosophique (nov.-déc. 1931 ). 60. Journal. 61. Le chemin du paradis, p. 269. C’est moi qui so
318 icle de la Revue philosophique (nov.-déc. 1931). 60. Journal. 61. Le chemin du paradis, p. 269. C’est moi qui souligne.
319 e philosophique (nov.-déc. 1931). 60. Journal. 61. Le chemin du paradis, p. 269. C’est moi qui souligne. 62. Pourquoi
320 emin du paradis, p. 269. C’est moi qui souligne. 62. Pourquoi poser la question à propos d’un cas aussi exceptionnel que l
321 Kierkegaard », Foi et Vie, Paris, août–septembre 1934, p. 605-620.
21 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Kasimir Edschmid, Destin allemand (octobre 1934)
322 Kasimir Edschmid, Destin allemand (octobre 1934 )y Le meilleur livre de l’année. Je crois bien pouvoir l’affirmer.
323 et qui le dit avec une puissance assez austère. ⁂ Six chômeurs allemands, anciens officiers et sous-officiers pendant la gu
324 d’ailleurs, la crise mondiale l’aura précédé. Les quatre autres atteignent enfin La Paz, capitale de la Bolivie, ville étrange
325 , capitale de la Bolivie, ville étrange, perdue à 4000 mètres d’altitude dans un désert glacé, dominé par d’énormes cimes ne
326 sse de l’Allemagne sur le plan international. Les quatre hommes s’en vont à Buenos Aires, et, là, à bout de ressources, accept
327 sujet de l’œuvre, celui que désigne le titre. Ces six hommes63 ont été chassés de leur pays par une crise qui n’est pas seu
328 i se perdait à soupeser des objets trop petits. 63. Il est curieux de noter que pas une seule femme n’apparaît dans tout
329 s une seule femme n’apparaît dans tout le roman. 64. Je ne sais quel sort le Troisième Reich a réservé à ce livre, qui par
330 mplexe à la fois pour avoir l’agrément officiel. 65. Le parallélisme est vraiment frappant : Malraux, comme Edschmid, a vo
331 . Leurs manières de décrire des combats où, entre deux bandes de mitrailleuses, le héros médite sur son sort, sont presque i
332 allemand  », Foi et Vie, Paris, octobre–novembre 1934, p. 812-817.
22 1935, Foi et Vie, articles (1928–1977). Notes en marge de Nietzsche (mars 1935)
333 Notes en marge de Nietzsche (mars 1935 )z Il vient de paraître au Mercure de France un volumineux choix de
334 que de courts fragments des posthuma nietzschéens 66. Ce qui est certain, c’est qu’un choix tel que celui qu’on vient de no
335 ire. M. Bolle a réparti les fragments traduits en trois rubriques : le philosophe, le moraliste, le politique. Je ne vois pas
336 en comble non historique, parce qu’il nie que les millénaires à venir puissent produire quelque chose qui ne soit pas, dès maintena
337 e chose qui ne soit pas, dès maintenant et depuis 1800 ans, à la disposition de chacun. Si malgré cela, l’époque actuelle es
338 devenue païenne comme elle l’était il y a quelque mille ans. On croirait presque lire du Kierkegaard ! N’est-ce pas Kierkega
339 egaard ! N’est-ce pas Kierkegaard, en effet, qui, cinquante ans avant Nietzsche, partait en guerre contre la philosophie de l’Évo
340 rné, et qui nie par là même la valeur de tous les siècles qui nous séparent apparemment de cet événement éternel. N’est-il pas
341 a meilleure, sera plus près de son « salut » dans cent ans qu’elle ne l’est aujourd’hui. Mais que dis-je, cent ans ! Il faut
342 ns qu’elle ne l’est aujourd’hui. Mais que dis-je, cent ans ! Il faut à leur espoir de bien plus formidables chiffres. Ouvrez
343 un jour devant moi que nous avions derrière nous deux milliards d’années, devant nous dix mille milliards d’années. Nous so
344 our devant moi que nous avions derrière nous deux milliards d’années, devant nous dix mille milliards d’années. Nous sommes des e
345 errière nous deux milliards d’années, devant nous dix mille milliards d’années. Nous sommes des enfants de deux ans qui aur
346 ère nous deux milliards d’années, devant nous dix mille milliards d’années. Nous sommes des enfants de deux ans qui auraient
347 us deux milliards d’années, devant nous dix mille milliards d’années. Nous sommes des enfants de deux ans qui auraient encore dix
348 le milliards d’années. Nous sommes des enfants de deux ans qui auraient encore dix mille ans à vivre. L’esprit métaphysique
349 ommes des enfants de deux ans qui auraient encore dix mille ans à vivre. L’esprit métaphysique me souffle : “Et après ?” Ma
350 s des enfants de deux ans qui auraient encore dix mille ans à vivre. L’esprit métaphysique me souffle : “Et après ?” Mais je
351 ortable aux hommes » ? Nietzsche écrivait ceci en 1880. Cinquante-cinq ans plus tard, je serais tenté de dire que les hommes
352 e aux hommes » ? Nietzsche écrivait ceci en 1880. Cinquante-cinq ans plus tard, je serais tenté de dire que les hommes ne supportent p
353 onnêteté du positivisme primaire qui régna sur le siècle dernier, et dont l’œuvre de Nietzsche a subi trop souvent les atteint
354 i trop souvent les atteintes. Dans ce même livre, quatre pages plus bas, j’en trouve un autre exemple : Nietzsche croit découv
355 nt par cet aphorisme d’une éblouissante vérité. 66. Onze volumes des œuvres complètes ! 67. Journal d’un homme de 40 an
356 ar cet aphorisme d’une éblouissante vérité. 66. Onze volumes des œuvres complètes ! 67. Journal d’un homme de 40 ans (Gr
357 érité. 66. Onze volumes des œuvres complètes ! 67. Journal d’un homme de 40 ans (Grasset). z. Rougemont Denis de, « N
358 es œuvres complètes ! 67. Journal d’un homme de 40 ans (Grasset). z. Rougemont Denis de, « Notes en marge de Nietzsche
359 en marge de Nietzsche », Foi et Vie, Paris, mars 1935, p. 250-256.
23 1937, Foi et Vie, articles (1928–1977). Luther et la liberté (À propos du Traité du serf arbitre) (avril 1937)
360 berté (À propos du Traité du serf arbitre) (avril 1937 )aa Luther inconnu Dire qu’on ignore Luther en France serait e
361 t les revues n’hésitèrent pas lorsqu’il parut (en 1936 ) à louer la mesure et la sérieuse information théologique… Ceci dit,
362 ue luthérienne ou d’histoire de l’Église dans les trois Facultés françaises de théologie protestante. Il n’en reste pas moins
363 aître Luther, c’est ignorer ou méconnaître un des deux ou trois moments décisifs de la tradition fondamentale de l’Occident,
364 ther, c’est ignorer ou méconnaître un des deux ou trois moments décisifs de la tradition fondamentale de l’Occident, c’est s’
365 ction française va paraître, après un peu plus de 400 ans : je le vois au centre du débat occidental par excellence, — mais
366 rasme et son armée de grands docteurs de tous les siècles pour soutenir le libre arbitre religieux, c’est-à-dire le pouvoir qu’
367 tre l’individu et le Sort, cette idole païenne ? C. M. — J’ai besoin de le croire pour agir. L. — Mais qu’est-ce qu’agir
368 e ? C. M. — J’ai besoin de le croire pour agir. L. — Mais qu’est-ce qu’agir ? Est-ce vraiment toi qui agis ? Ou n’es-tu
369 t, à les découvrir ? Au besoin, à les inventer ? C. M. — Certes, mais ma dignité consiste à lutter contre de telles force
370 liberté, par un acte de révolte, s’il le faut ! L. — Tu crois donc détenir un tel pouvoir ? C. M. — Il me suffit de vou
371 t ! L. — Tu crois donc détenir un tel pouvoir ? C. M. — Il me suffit de vouloir l’affirmer. L. — Soit, c’est une hypoth
372 r ? C. M. — Il me suffit de vouloir l’affirmer. L. — Soit, c’est une hypothèse de travail… Pour moi, je crois que Dieu c
373 r la croix. Non seulement prévu, mais accompli ! C. M. — Si c’était vrai, je préférerais encore nier ce Dieu qui prétend
374 eu, comme Nietzsche a proclamé qu’il avait fait. L. — Mais l’homme est « chair », et cette chair est liée à l’espace et a
375 er l’éternité qui vient nous délivrer du temps ? C. M. — Mais mon temps est vivant, et plein de nouveauté, de création !
376 ternité immobile, c’est l’image même de la mort. L. — Que savons-nous de l’éternité ? Les philosophes et la raison ne peu
377 (dans un « atome » de temps, comme l’écrit Paul) ( I Cor. 15 : 52) ? Qui t’assure que notre raison, tout attachée à notre
378 n « atome » de temps, comme l’écrit Paul) (I Cor. 15  : 52) ? Qui t’assure que notre raison, tout attachée à notre chair, à
379 tome » de temps, comme l’écrit Paul) (I Cor. 15 : 52 ) ? Qui t’assure que notre raison, tout attachée à notre chair, à notr
380 ouvent, sur cette erreur des plus grossières ? … C. M. — On peut aussi nier l’éternité, et affirmer que seul existe notre
381 e notre temps. Dans ce cas, tu n’as rien prouvé. L. — On ne prouve rien de ce qui est essentiel ; on l’accepte ou on le r
382 n ecclésiastique », et tous les Pères et tous les siècles dont se réclame Érasme n’y changeront rien : « Travaillez à votre sal
383 produit en vous le vouloir et le faire. » (Phil. 2  : 12-13). C’est parce que Dieu fait tout que nous devons agir, selon
384 duit en vous le vouloir et le faire. » (Phil. 2 : 12-13 ). C’est parce que Dieu fait tout que nous devons agir, selon qu’il no
385 homme possède au moins « un faible libre arbitre » 71, dans les choses du salut. Mais que le Christ ait dû mourir — cet acte
386 t incarnée : « Emmanuel ! » — Dieu avec nous ! 68. À la proposition qu’on lui faisait, en 1537, d’éditer ses œuvres comp
387 s ! 68. À la proposition qu’on lui faisait, en 1537, d’éditer ses œuvres complètes, le réformateur répondit : « Je ne reco
388 ut-être le De servo arbitrio et le Catéchisme. » 69. Luther avertit à chaque fois : « nécessité conditionnelle et nécessit
389  les sophistes », c’est-à-dire les scolastiques. 70. Comme l’anarchiste Bakounine. 71. Modiculum et minimum, écrit Érasm
390 scolastiques. 70. Comme l’anarchiste Bakounine. 71. Modiculum et minimum, écrit Érasme ! 72. Voir Karl Löwith : Nietzsc
391 nine. 71. Modiculum et minimum, écrit Érasme ! 72. Voir Karl Löwith : Nietzsches Philosophie der ewigen Wiederkunft des
392 ophie der ewigen Wiederkunft des Gleichen. Berlin 1935. aa. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Luther et la liberté (À pr
393 du serf arbitre) », Foi et Vie, Paris, mars–avril 1937, p. 221-231.
24 1946, Foi et Vie, articles (1928–1977). Fédéralisme et œcuménisme (octobre 1946)
394 Fédéralisme et œcuménisme (octobre 1946 )ab ac Le mouvement œcuménique ne deviendra réel aux yeux des peupl
395 marquons ensuite que chacun de ces termes opposés deux à deux est également faux en soi, c’est-à-dire à la fois excessif et
396 s ensuite que chacun de ces termes opposés deux à deux est également faux en soi, c’est-à-dire à la fois excessif et incompl
397 nt inconciliables parce que, de la combinaison de deux erreurs, on ne peut faire sortir une vérité, mais seulement une erreu
398 on intermédiaire ou « libérale », à mi-chemin des deux erreurs en lutte. Il faut changer de plan, et retrouver l’attitude ce
399 e plan, et retrouver l’attitude centrale dont ces deux erreurs ne sont que des déviations morbides. Entre la peste et le cho
400 use s’appelle œcuménisme. Nous allons définir ces trois termes en insistant sur leur liaison fondamentale et sur leur nécessa
401 l’application est une politique du fédéralisme. 1. Théologie de l’œcuménisme Écartons d’abord le malentendu que pourr
402 x à faire qu’à fusionner le plus tôt possible. 2. Philosophie de la personne Les positions œcuméniques que nous veno
403 pecter les vocations individuelles. La liberté du siècle présent se réclame du slogan utopique : à chacun sa chance. Mais la l
404 trop esclave. Elle est l’homme intégral, dont les deux autres ne sont que des maladies. Dans le plan humain immanent, il n’y
405 es de cette théologie et de cette philosophie. 3. Politique du fédéralisme Nous en avons assez dit pour qu’il soit d
406 us, tous pour un », est également valable sur ces trois plans. L’œcuménisme exclut l’orthodoxie fermée, créatrice de schismes
407 talitarisme a diaboliquement utilisé et dévié. 4. Mission fédératrice de l’œcuménisme Et maintenant nous voici dans
408 Et maintenant nous voici dans le drame de l’année 194173. Nous constatons que le conflit en cours est insoluble dans son plan.
409 Tout le monde sent ou pressent d’ailleurs que les deux termes de cette alternative sont également improbables, et que les de
410 me ont reçu en Europe des coups mortels, dans les deux camps. Le totalitarisme est un état de guerre, qui ne peut subsister
411 u’elles comprennent qu’elles le doivent. Mais les deux termes ne se confondent-ils pas dans la réalité de la foi ? Certes !
412 rtifier des espérances ou à nourrir des volontés. 1. L’histoire du monde christianisé nous montre que les structures ecclé
413 structures politiques d’une nation. J’indiquerai trois groupes d’exemples de cette précédence des facteurs religieux. Voilà
414 l’État formaient un tout, et constituaient à eux deux le Pouvoir. Renverser l’un, c’était donc fatalement s’attaquer à l’au
415 xemples. Je ne les indique ici que pour montrer : que la connaissance intime des processus religieux dans un pays donné
416 us politiques qui s’y manifesteront tôt ou tard ; que l’action, que le mouvement œcuménique peut et doit exercer sur ce
417 nde nécessairement tout effort fédératif sérieux. 2. La théologie de l’œcuménisme, et la philosophie de la personne qu’ell
418 temps un indiscutable dynamisme révolutionnaire. 3. L’organisation du Conseil œcuménique se trouve être de fait la seule
419 s et politiques se sont désintégrées au cours des deux dernières décades. (Les partis socialistes subsistant dans les pays o
420 aine, et, n’hésitons pas à le dire, une vocation. 4. La renaissance liturgique qui va de pair, dans toutes les Églises, av
421 de l’antinomie individu isolé-masse militarisée. 5. La théologie de l’œcuménisme, la philosophie de la personne et la pol
422 uement, de ce que nous avons exposé aux chapitres 1-3. Le mouvement œcuménique est donc seul en mesure de préparer la réconc
423 temps qu’elle ré-axe les vérités égarées dans les deux camps. (N’oublions pas que l’on combat, de part et d’autre, sans gran
424 universelle, qu’il doit affronter maintenant. 73. Note de 1946 : Je n’ai pas un mot à changer au diagnostic qui suit.
425 , qu’il doit affronter maintenant. 73. Note de 1946  : Je n’ai pas un mot à changer au diagnostic qui suit. ab. Rougemon
426 cuménisme », Foi et Vie, Paris, septembre–octobre 1946, p. 621-639. ac. Il s’agit d’une traduction en français de « Ecumenic
427 icity and federalism », Christendom, New York, n°  2, printemps 1941, p. 219-233.
428 eralism », Christendom, New York, n° 2, printemps 1941, p. 219-233.
25 1977, Foi et Vie, articles (1928–1977). Pédagogie des catastrophes (avril 1977)
429 Pédagogie des catastrophes (avril 1977 )ad ae Tout ne fut pas toujours de notre faute. Ils souffraient de
430 à bien pourquoi plusieurs hommes politiques, dont quatre ou cinq du premier rang, en Amérique du Nord comme en Europe de l’Oue
431 rquoi plusieurs hommes politiques, dont quatre ou cinq du premier rang, en Amérique du Nord comme en Europe de l’Ouest, se v
432 tique, je la vois partagée dans sa majorité entre deux attitudes : — opportunisme à très court terme (trouver un job) et sou
433 pe, ni de régions, ni de la création d’un pouvoir neuf , mais très souvent, presque toujours de « pollution », notez cela !  
434 uel Berl « peuvent en avoir marre tout d’un coup » 74. Déjà s’opère en toutes classes sociales et toutes classes d’âge la mo
435 s chevaux de retour des partis grâce aux quelques centaines de voix qui font toute la différence. Déjà, un régime scandinave vien
436 régime scandinave vient de se voir renversé après trente ans de pouvoir, parce qu’il s’obstinait à confondre progrès social et
437 onc des mouvements, des signes favorables ? — Des milliers de mouvements sont à l’œuvre. Au premier rang, ceux des écologistes.
438 t défaut aux mouvements personnalistes des années 1930, puis aux fédéralistes européens ou mondialistes de l’après-guerre. Je
439 permettent une communication mondiale : dans les deux cas on échappe aux contrôles de l’État-nation, dont les monopoles cla
440 s unités intelligibles » ; des politologues comme C. N. Parkinson (de la loi du même nom), pour qui l’Europe de demain ne
441 e que si elle se recompose sur la base de quelque 140 régions autonomes, dont il dresse la carte. Je vois des architectes c
442 baines à l’échelle humaine », d’ampleur limitée à 50  000 habitants75 ; enfin des futurologues comme Hermann Kahn, qui voit
443 nes à l’échelle humaine », d’ampleur limitée à 50  000 habitants75 ; enfin des futurologues comme Hermann Kahn, qui voit nos
444 spoir fou qu’ils deviennent raisonnables dans les dix ou quinze ans prochains — et nous n’avons guère plus de temps pour dé
445 ou qu’ils deviennent raisonnables dans les dix ou quinze ans prochains — et nous n’avons guère plus de temps pour décider de l
446 sous le titre de « politique du pessimisme actif » 76, prenant ma devise au Taciturne. Si l’on me suivait, bien sûr, tout ir
447 de la TV française, dans l’après-midi lumineux du 24 août 1973, et donnais pour exemple la crise énergétique, industrielle
448 française, dans l’après-midi lumineux du 24 août 1973, et donnais pour exemple la crise énergétique, industrielle et monétai
449 a crise énergétique, industrielle et monétaire où cinq ou six émirs de droit divin, un roi madré et un dictateur fou pouvaie
450 énergétique, industrielle et monétaire où cinq ou six émirs de droit divin, un roi madré et un dictateur fou pouvaient nous
451 anier, pour cause de confirmation prématurée, une centaine de pages destinées à ce livre, et dont le ton prophétique eût paru pl
452 mencer trop tôt » : tout va trop vite. Il a fallu cinq siècles exactement (1300-1800) pour préparer l’État-nation, moins d’u
453 r trop tôt » : tout va trop vite. Il a fallu cinq siècles exactement (1300-1800) pour préparer l’État-nation, moins d’un siècle
454 va trop vite. Il a fallu cinq siècles exactement ( 1300-1800 ) pour préparer l’État-nation, moins d’un siècle pour en imposer le mo
455 300-1800) pour préparer l’État-nation, moins d’un siècle pour en imposer le modèle à toute l’Europe, et trente ans pour le pro
456 le pour en imposer le modèle à toute l’Europe, et trente ans pour le propager au monde entier. Mais depuis qu’il sévit, à caus
457 ni A ni B, mais incite à trouver des chemins vers V , je la vois déjà formulée par Héraclite au siècle d’or de Delphes, de
458 vers V, je la vois déjà formulée par Héraclite au siècle d’or de Delphes, de la Pythie et de la naissance des cités grecques :
459 u de se demander : « Que puis-je faire ? » À ces deux questions, curieusement, il n’est qu’une seule réponse possible et c’
460 r, interrogez ! Convertissez-vous et revenez ! 74. Interview à la TV française, avril 1973. 75. Constantin Doxiadis, « 
461 venez ! 74. Interview à la TV française, avril 1973. 75. Constantin Doxiadis, « Œcumenopolis ou la forêt dans la ville »,
462 74. Interview à la TV française, avril 1973. 75. Constantin Doxiadis, « Œcumenopolis ou la forêt dans la ville », Pre
463 ou la forêt dans la ville », Preuves , Paris, n°  8, 1971. 76. Politique de la personne , Paris, 1934. ad. Rougemont
464 la forêt dans la ville », Preuves , Paris, n° 8, 1971. 76. Politique de la personne , Paris, 1934. ad. Rougemont Denis
465 t dans la ville », Preuves , Paris, n° 8, 1971. 76. Politique de la personne , Paris, 1934. ad. Rougemont Denis de, «
466 8, 1971. 76. Politique de la personne , Paris, 1934. ad. Rougemont Denis de, « Pédagogie des catastrophes », Foi et Vie,
467 ogie des catastrophes », Foi et Vie, Paris, avril 1977, p. 145-155. ae. Une note précise : « Ces quelques pages forment la c