1 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Kierkegaard (mai 1931)
1 Kierkegaard  (mai 1931)i j L’entrée de l’œuvre de Kierkegaard dans le monde int
2 erkegaard (mai 1931)i j L’entrée de l’œuvre de Kierkegaard dans le monde intellectuel et religieux français, est un événement qu
3 en particulier. Depuis quelques années, le nom de Kierkegaard reparaît de loin en loin dans des revues comme Commerce, la Nouvelle
4 philosophie religieuses de Strasbourg (Pascal et Kierkegaard ), et dans la Revue de métaphysique et de morale. Et voici que l’on an
5 ster qui avait été très estimé au Danemark et que Kierkegaard lui-même avait aimé et honoré, comme ami de son père. Martensen, le s
6 é, dont la longue chaîne part des apôtres ». Mais Kierkegaard reste soucieux : Mynster est-il vraiment de la lignée des Apôtres, se
7 et avides d’avancement ? Les écrits polémiques de Kierkegaard , Le Moment et les Attaques contre le christianisme officiel ne peuven
8 iel ne peuvent être comparés qu’aux Provinciales. Kierkegaard est le Pascal du protestantisme, et il est caractéristique à la fois
9 contre le christianisme officiel furent l’acte de Kierkegaard . Après cet acte, il mourut. Comme Hamlet. » Et voici comment il faut
10 Comme Hamlet. » Et voici comment il faut situer Kierkegaard dans notre Panthéon spirituel : Kierkegaard fut le dernier grand pro
11 tuer Kierkegaard dans notre Panthéon spirituel : Kierkegaard fut le dernier grand protestant. On ne peut le comparer qu’aux grands
12 etits à côté de lui. La question essentielle pour Kierkegaard était : Comment deviendrai-je chrétien ? Seul un protestant pouvait t
13 ait trouver pareille formule. Le héros de la foi, Kierkegaard , « l’Isolé », n’a plus rien en lui ni de Faust, ni du Caïn de Byron,
14 L’œuvre la plus profonde et la plus originale de Kierkegaard est sa Psychologie de l’Angoisse, à laquelle on ne peut trouver d’ana
15 ne peut trouver d’analogie que chez Dostoïevski. Kierkegaard d’ailleurs ne peut être placé qu’à côté du poète russe. Tous deux mar
16 s espèces du fragment le moins caractéristique de Kierkegaard  : Le Journal du séducteur (Stock éd.). Kierkegaard lui-même avait exp
17 ierkegaard : Le Journal du séducteur (Stock éd.). Kierkegaard lui-même avait exprimé le souhait formel que l’on n’ouvrît pas par ce
18 tre du message de Karl Barth, disciple fervent de Kierkegaard , — nous pouvons y attacher la valeur d’un signe. Kierkegaard sera pou
19 , — nous pouvons y attacher la valeur d’un signe. Kierkegaard sera pour beaucoup d’esprits en quête d’absolus, le maître que fut Ni
20 Éditions « Je sers ». i. Rougemont Denis de, «  Kierkegaard  », Foi et Vie, Paris, mai 1931, p. 351-352. j. Texte non signé.
2 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). André Gide ou le style exquis (à propos de Divers) (octobre 1931)
21 . Un nom me hante, pendant que j’écris ces mots : Kierkegaard , — et c’est Gide qui, l’un des premiers, l’a prononcé en France. Kier
22 e qui, l’un des premiers, l’a prononcé en France. Kierkegaard , un homme qui ne vous lâche plus. Il a beaucoup parlé de lui-même. Ma
23 ’impression pénible de se montrer, il arrive chez Kierkegaard une chose extraordinaire : soudain c’est lui qui me regarde et qui me
3 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Deux essais de philosophes chrétiens (mai 1934)
24 é universelle du désespoir. Un rapprochement avec Kierkegaard me paraît s’imposer ici. 49. M. Marcel introduit ici le motif du rec
4 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Notice biographique [Kierkegaard] (août 1934)
25 Notice biographique [ Kierkegaard ] (août 1934)w Søren Kierkegaard naquit à Copenhague en 1813, et y
26 ’empêcha pas de faire fortune. Et c’est ainsi que Kierkegaard reçut en héritage de son père, après une sévère éducation piétiste, u
27 omplissait sa vocation chrétienne. ⁂ On a comparé Kierkegaard à Nietzsche, à Dostoïevski, à Pascal. Lui-même ne s’est jamais compar
28 e temps51 a porté sur l’ensemble de ses écrits : Kierkegaard fut le dernier grand protestant. On ne peut le comparer qu’aux grands
29 etits à côté de lui. La question essentielle pour Kierkegaard était : Comment deviendrai-je chrétien ? Seul, un protestant pouvait
30 L’œuvre la plus profonde et la plus originale de Kierkegaard est son Concept de l’angoisse, auquel on ne peut trouver d’analogie q
31 ne peut trouver d’analogie que chez Dostoïevski. Kierkegaard , d’ailleurs, ne peut être placé qu’à côté du poète russe. Tous deux m
32 . w. Rougemont Denis de, « Notice biographique [ Kierkegaard ] », Foi et Vie, Paris, août–septembre 1934, p. 602-604.
5 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Nécessité de Kierkegaard (août 1934)
33 Nécessité de Kierkegaard (août 1934)x On appelle l’esprit… De quoi se plaint l’intelli
34 on fait profession de défendre ? La biographie de Kierkegaard va nous l’apprendre. On commencera par mettre en doute son sérieux :
35 ra par mettre en doute son sérieux : « Qui est le docteur Søren Kierkegaard  ? C’est l’homme dépourvu de sérieux », lit-on dans un journal du temp
36 ’esprit. Qu’est-ce que l’esprit ? « L’esprit, dit Kierkegaard , c’est la puissance que le savoir d’un homme exerce sur sa vie.52 » C
37 n sait bien où l’on va. À quoi tend la pensée… de Kierkegaard  ? Contre la presse et l’opinion publique, il proteste en faveur de ce
38 se peut, si pourtant Dieu le veut. L’exigence de Kierkegaard se limite à l’instant du choix, où l’homme s’engage, « en vertu de l’
39 ns sa plénitude la primauté de l’acte spirituel : Kierkegaard . Le grand mal de l’époque, et la terreur que commencent d’y semer nos
40 rquants de l’époque, la vérité des anathèmes dont Kierkegaard salua leur naissance. Nous nous tournons vers ce prophète de nos malh
41 l’esprit parmi nous ? Si l’Opinion publique a tué Kierkegaard , elle n’a pas eu de prise sur les sarcasmes dont il l’a flétrie, plus
42 eparaître les traits ironiques du grand visage de Kierkegaard , il me vient à l’esprit une image dont le burlesque n’aurait pas dépl
43 e autour de cette angoissante mimique. Le rire de Kierkegaard sur notre temps ! Dans un monde où règne la masse, règne aussi le sér
44 ournal, — mais qui porte l’enfer dans son âme ! —  Kierkegaard a montré « le comique infini ». Il faut risquer cette expression : le
45 ien moyen de ce temps ? C’est ici que l’ironie de Kierkegaard tourne son aiguillon contre le « monde chrétien », celui qui se récla
46 x ; tous en seront… « Deux questions — dit encore Kierkegaard — témoignent de l’esprit : 1) Ce qu’on nous prêche, est-ce possible ?
47 ne rit ! »56. C’est alors que paraît le rire de Kierkegaard . Ce n’est pas le rire d’un Molière : Molière fait rire la foule au dé
48 it rire la foule au dépens de l’extravagant. Mais Kierkegaard rit tout seul de la foule, de son sérieux théâtral et fervent, et de
49 igmatique d’un Dostoïevski. Ici tout le visage de Kierkegaard se recompose. Et l’on voit que son rire n’est rien que la douleur du
50 son ordre ? La loi du Créateur. Le solitaire que Kierkegaard appelle, c’est l’homme seul devant son Dieu. Mais comment cela se peu
51 nce dans la mesure où sa vocation le dépasse ? Si Kierkegaard condamne la foule, ce n’est point qu’il la craigne, ou qu’il craigne
52 ce temps. Tout le génie paradoxal et réaliste de Kierkegaard consiste à l’avoir dénoncée au plus intime de l’existence individuell
53 une théologie de la dégradation. L’opposition de Kierkegaard et de Hegel59 trouve ici son sens à la fois le plus profond et le plu
54 en affranchir sera d’en revoir l’origine. » Seul, Kierkegaard sait nous la désigner, dans le refus de cette « catégorie du solitair
55 qui l’abandonne aux lois mythiques de l’histoire. Kierkegaard au contraire nous répète : « La subjectivité est la vérité. » La libe
56 idéale, je peux rêver ma vocation et ses périls… Kierkegaard nous attend au réveil. Il nous saisit à ce moment précis où tous les
57 vit en lui. C’est dans ce sens que la formule de Kierkegaard est vraie. La sujétion totale est seule active. Elle est aussi présen
58 enversant ce rapport il ne resterait à montrer de Kierkegaard que sa « catégorie du solitaire » est le seul fondement pratique d’un
59 et son risque absolu, ce qu’est la solitude dont Kierkegaard a témoigné, il n’apparaît plus nécessaire de réfuter les objections d
60 ections du « sens social ». Plusieurs ouvrages de Kierkegaard portent cette dédicace fameuse : « Au solitaire que j’appelle avec jo
61 elle avec joie et reconnaissance : mon lecteur. » Kierkegaard savait bien que lorsqu’on parle à tous ou contre tous, chacun croit q
62 au solitaire de son angoisse, c’est de la mienne. Kierkegaard s’adresse au chrétien, comme au seul responsable parmi nous. Il sait
63 tre « l’impossible » : il faut être le solitaire. Kierkegaard peut-il nous aider ? (Un homme pourrait-il nous aider ?). Ou bien seu
64 uvons pas tous devenir martyrs ! » Certes, répond Kierkegaard , mais il vaudrait mieux dire : « “Moi, je ne le puis pas.” Et s’il es
65 réalité. x. Rougemont Denis de, « Nécessité de Kierkegaard  », Foi et Vie, Paris, août–septembre 1934, p. 605-620.
6 1935, Foi et Vie, articles (1928–1977). Notes en marge de Nietzsche (mars 1935)
66 a quelque mille ans. On croirait presque lire du Kierkegaard  ! N’est-ce pas Kierkegaard, en effet, qui, cinquante ans avant Nietzs
67 oirait presque lire du Kierkegaard ! N’est-ce pas Kierkegaard , en effet, qui, cinquante ans avant Nietzsche, partait en guerre cont
68 ut une négation de la foi ? Car la foi est, selon Kierkegaard , cette opération paradoxale qui nous rend contemporains du Christ inc
69 quotidien est plus important que la Sainte-Cène. Kierkegaard n’eût pas mieux dit. « Pensées qui blessent — pour édifier » — c’est
70 pourquoi tant de bonnes âmes s’indignent lorsque Kierkegaard défend avec puissance cette vérité fondamentale. Mais si Nietzsche cr
7 1937, Foi et Vie, articles (1928–1977). Luther et la liberté (À propos du Traité du serf arbitre) (avril 1937)
71 out à tout instant. C’est là la santé de la foi. Kierkegaard . Une conscience moderne. — Selon Luther, nous n’avons aucune liber