1 1928, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le péril Ford (février 1928)
1 l passe son enfance à jouer avec des outils, « et c’est avec des outils qu’il joue encore à présent », dit‑il. Le plus mémora
2 elle dose d’« humour » il met dans l’expression), c’est la rencontre d’une locomotive routière. « Depuis l’instant où, enfant
3 type unique d’automobile utilitaire »2. Dès lors, c’est une suite de chiffres indiquant le progrès de sa production, d’année
4 tive aux problèmes du surmenage et du paupérisme. C’est un résultat qu’on n’a pas le droit humainement de sous-estimer. Les g
5 venue l’heure de la juger. Le héros de l’époque, c’est l’homme qui a réussi. Mais à quoi ? C’est la plus grave question qu’o
6 époque, c’est l’homme qui a réussi. Mais à quoi ? C’est la plus grave question qu’on puisse poser à notre temps. II. M. Fo
7 e l’industriel n’ait plus qu’à plier bagage. Mais c’est ici que Ford montre le bout de l’oreille, et que son but réel est la
8 ouvriers et leur donne une apparence de liberté, c’est pour mieux les prendre dans son engrenage. L’emploi de leurs loisirs
9 que son attitude ne porte un nom philosophique : c’est au plus pur, au plus naïf matérialiste que nous avons affaire ici. Et
10 de ce monde un séjour meilleur pour les hommes. » C’est le bonheur, le salut par l’auto. Philosophie réclame. « Ce que j’ai à
11 ophie réclame. « Ce que j’ai à cœur, aujourd’hui, c’est de démontrer que les idées mises en pratique chez nous ne concernent
12 problèmes techniques où son triomphe est facile. C’est le technicien parfait qui combat les techniciens imparfaits. Il ne se
13 veux. Mais si j’insiste un peu sur ses « idées », c’est pour souligner ce hiatus étrange : l’homme qu’on pourrait appeler le
14 La formidable erreur de la bourgeoisie moderne c’est de croire que les choses pourront aller ainsi longtemps encore. On se
15 réfugie avec une paresse et une légèreté inouïes, c’est le signe d’une complicité avec un état de choses funeste pour l’Espri
16 uneste pour l’Esprit. Si l’Esprit nous abandonne, c’est que nous avons voulu tenter sans lui une aventure que nous pensions g
17 ossession véritable, la connaissance de l’Esprit. C’est déjà un fait d’expérience. Et qui n’en pourrait citer un exemple indi
18 t les supporter. Il abandonne donc la place, mais c’est pourtant lui seul qui nous permettrait de jouir de notre liberté. La
19 c netteté et courage. Pour le reste, je pense que c’est une question de foi. 1. Une enquête faite à Genève a révélé que le
2 1930, Foi et Vie, articles (1928–1977). « Pour un humanisme nouveau » [Réponse à une enquête] (1930)
20 in, doute s’il est encore maître de la redresser. C’est qu’il n’y a plus d’humanisme, s’il subsiste des humanités. L’humanism
21 ujours plus de mal à prouver la liberté humaine ? C’est que l’on s’est trop bien assimilé les tours de la pensée scientifique
22 déterminismes. Soumettre l’esprit à ses méthodes, c’est en réalité le soumettre aux lois de l’ordre matériel ; c’est se conda
23 alité le soumettre aux lois de l’ordre matériel ; c’est se condamner donc à ne l’apercevoir que dans ses servitudes5. Aussi l
24 eints. Mais ce qui parfait la stature de l’homme, c’est l’effort pour se dépasser — indéfiniment. L’homme ne se comprend lui-
25 t trop aisément. Ce qui manque à l’homme moderne, c’est un principe d’harmonie qui lui garantisse le caractère « d’humanité »
26 ir encore le surhumain. Être véritablement homme, c’est avoir accès au divin. Que sert de parler d’humanisme « chrétien » ? L
27 sinon vraiment converti — est hors de doute. Mais c’est Stilicon défendant l’Empire. 7. Or, Bergson, dans un discours pronon
3 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). André Malraux, La Voie royale (février 1931)
28 x écrit des livres qu’on n’oublie pas facilement. C’est qu’il y apporte un peu plus d’expérience humaine qu’on n’a coutume d’
29 qui précédèrent l’aventure chinoise de l’auteur. C’est un roman plus dépouillé, plus inégal aussi à certains égards et qui c
30 la nature la plus sauvage. Comme Les Conquérants, c’est une sorte de roman d’aventures significatives, et dont le tragique es
31 à quels mobiles extérieurs obéissait son action. C’est peut-être qu’il n’y en a pas. Perken, comme Garine, est de ces êtres
32 t marqué que leurs particularités extérieures, et c’est sans doute le tempérament de leur auteur. Qui n’a pas remarqué que le
4 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Sécularisme (mars 1931)
33 e gros problèmes à propos d’ouvrages bien minces. C’est qu’aujourd’hui le moindre chien écrasé pose toute la question sociale
34 . Nizan12, dans sa perspective la plus équitable. C’est le type du livre qui vaut surtout par l’attitude qu’il manifeste et c
35 vais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie… — Où était placé notre mal ? dans quelle p
36 tiser le tableau, car, pour lui, « être poétique, c’est avoir besoin d’illusions ». Je soutiendrais volontiers le contraire,
37 fait, la mesquinerie plus vraie que la grandeur. C’est sans doute qu’on les a par trop dupés ; ils ne marchent plus. La faut
38 istons pas sur ce Luther prêché par nos missions ( c’est si vraisemblable !) mais un normalien se devrait de savoir que l’œuvr
39 er à ces cris d’une révolte égarée par la haine ? C’est qu’ils caractérisent une attitude de plus en plus fréquente chez les
40 rs que ce qu’ils peuvent imaginer de la religion. C’est une forme aiguë de ce que les Anglais appellent « sécularisme ». Ce t
41 éfinition qu’en donnait ici même M. Pierre Maury. C’est à peu près dans le même sens que M. René Gillouin parle14 de l’effort
42 s jours… bref, que la science a changé tout cela. C’est précisément à ce sécularisme que répond M. Gabriel Marcel dans une be
43 Esprit de personne. Je répondrai tout d’abord que c’est ou que cela veut être l’Esprit de tout le monde ; et nous savons depu
44 on souvent en lisant les critiques marxistes — et c’est ici le nœud de divergence entre eux et nous — si le mal est si grand
45 en Arabie, chez Rieder, Paris. 13. Mais Bouddha, c’est l’Asie. Les grèves, c’est encore l’Europe. 14. Dans un article des
46 ris. 13. Mais Bouddha, c’est l’Asie. Les grèves, c’est encore l’Europe. 14. Dans un article des Nouvelles littéraires du
5 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Une exposition d’artistes protestants modernes (avril 1931)
47 d’artistes protestants modernes (avril 1931)f C’est donc qu’il y en a ? avez-vous dit. Depuis le temps qu’on cherchait à
48 ans doute la « Crucifixion » de R.-Th. Bosshardt. C’est un véritable renouvellement de la peinture à sujet religieux qu’annon
49 cherche du beau et le goût intransigeant du vrai, c’est le trait le plus évidemment « protestant » de l’art français.   Mais
50 conditionnés par un renouveau doctrinal. Car, et c’est un paradoxe qui n’étonnera pas ceux que le problème de la création in
51 is, dira-t-on, il y a tous les sujets chrétiens ! C’est bien là que nous voulions en venir : le dogme ne doit être qu’un stim
52 ermis de naître. La grandeur d’un art protestant, c’est de n’être qu’un art chrétien. f. Rougemont Denis de, « Une exposit
6 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Conférences du comte Keyserling (avril 1931)
53 en parlant avec sérieux de problèmes essentiels : c’est une performance qui vaut d’être enregistrée. Rien de très neuf dans c
54 rsement de presque tous les buts de civilisation. C’est ainsi que la pauvreté, considérée par les civilisations spiritualiste
55 érée de nos jours comme un mal absolu et honteux. C’est ainsi encore que l’idéal chrétien de l’amour du prochain a tourné pra
56 ende aux valeurs spirituelles leur primauté : car c’est à cette condition seulement que la vie humaine gardera sa significati
57 a condition humaine menacée par le matérialisme : c’est un idéal positif, immédiat parce qu’éternel. Là où Keyserling dit seu
7 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Au sujet d’un grand roman : La Princesse Blanche par Maurice Baring (mai 1931)
58 in, et sa qualité d’émotion n’est pas moins pure. C’est l’histoire de la vie d’une femme, et de la vie d’une société aujourd’
59 ques ne le diront pas non plus ; mais je sais que c’est beaucoup leur demander. » Eh bien ! non, c’est au contraire décharger
60 ue c’est beaucoup leur demander. » Eh bien ! non, c’est au contraire décharger ces critiques d’une tâche impossible. Car tout
61 ins » de Baring ne manquent pas à cette tâche, et c’est là l’important. Le mérite le plus rare de ce livre est sans doute de
62 pression concrète d’une loi divine et humaine, et c’est ici que l’on peut voir sa profonde ressemblance avec les Affinités él
63 es, ce qui compte chez les personnages de Baring, c’est la manière d’accepter une destinée, de la transfigurer ou d’y succomb
64 ne destinée, de la transfigurer ou d’y succomber. C’est cela qui forme le sujet implicite, nous l’avons dit, de son œuvre rom
65 te, nous l’avons dit, de son œuvre romanesque. Et c’est par tout ce qu’elle contient d’inexprimé qu’elle atteint en certains
66 thèse plus que de faire comprendre la réalité. Et c’est au cours des quarante pages qu’il consacre à la « conversion » au cat
67 ses tantes. Elle abjure secrètement, à Londres. C’est peut-être à l’endroit de cette œuvre où l’on parle le plus directemen
68 s l’Église catholique n’est pas une conversion18, c’est une adhésion à ce qui lui semble être la vérité. Sa vraie conversion
69 îne cela — bonheur ou catastrophe — non parce que c’est mal ou bien, mais en vertu d’une loi organique, inéluctable, amorale,
70 nte à ce que nous appelons bonheur ou malheur. Et c’est la vérité seule qu’il s’agit d’attendre. Dans Daphné Adeane, dans La
71 nd de l’œuvre de Baring. En voici la conclusion. ( C’est Blanche qui parle au père Michaël.) Vous comprenez tout à présent. J
72 rds au bord du désespoir, mais pas plus loin. Et c’est ainsi que de ce roman au charme pénétrant et presque trop certain, so
8 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Littérature alpestre (juillet 1931)
73 précises, de citations, de planches hors-texte ? C’est un repos de l’esprit en même temps qu’une nourriture pour l’imaginati
74 esquisser plus loin. ⁂ Ce qui frappe dès l’abord, c’est la pauvreté de la littérature alpestre en France. À part Sénancour, a
75 écrit contre elles ». Pour Rousseau, la montagne, c’est surtout le fond des vallées, — si l’on ose dire, — où il fait vivre d
76 he, effrayante, leur a semblé incompréhensible ». C’est que le mystère des choses les attire moins que le jeu des passions et
77 face de la montagne, l’homme est seul. Sénancour, c’est tout autre chose. Lui, cherche un refuge. « Dans l’isolement des cime
78 a, d’un mot admirable, « la lenteur des choses ». C’est qu’il a pénétré dans ces solitudes que les autres contemplaient d’en
79 anthéisme d’un Shelley au mysticisme d’un Ruskin, c’est un cantique d’adoration spirituelle que chante la poésie anglaise en
80 e jamais qu’un écrasant symbole de l’éternité ? —  C’est aussi quelque chose qui devrait être surmonté, nous souffle une voix
81 sait respirer l’atmosphère de mon œuvre sait que c’est une atmosphère des hauteurs, que l’air y est vif. Il faut être créé p
82 cipline qu’elles exigent de qui veut les vaincre, c’est un classicisme héroïque qu’elles inspirent. Ce thème éthique et philo
83 z austère, mais stimulant, et qui mène à la joie… C’est un thème très « protestant ». Nietzsche l’a développé avec une ampleu
84 our la vie que nous impose le monde contemporain, c’est l’habileté qui triomphe, et non plus la « virtu ». L’héroïsme, au vie
85 vie qui comporterait des risques extérieurs. Mais c’est là se contenter à bon marché, et personne ne croit plus à la vertu de
9 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Avant l’Aube, par Kagawa (septembre 1931)
86 semble à rien serait une louange trop littéraire. C’est un livre entièrement simple qui nous introduit dans la connaissance d
87 e physique et matérielle du monde où nous vivons. C’est un terrible péché du christianisme européen, que d’avoir pratiquement
88 notre siècle est celui des meneurs. Mais le rare, c’est qu’un de ces meneurs écrive un livre pour nous dire comment il voit l
89 eligieux, qui sont à l’origine de son entreprise. C’est même un des malheurs de notre temps, que l’action devenue trop rapide
90 hommes d’État. Le privilège admirable de Kagawa, c’est qu’il poursuit son action en pleine connaissance de cause et de buts,
91 ite n’est encore qu’un moyen de servir et d’agir. C’est un homme sans partage et sans failles. Quelques articles parus dans d
92 e attente, mais elle en fait naître une nouvelle. C’est , en effet, sous la forme d’un roman dont le héros, Eiichi, est évidem
93 ations. ⁂ Ce qui frappe, dès les premières pages, c’est l’extrême minutie du récit. Les auteurs qui écrivent leurs mémoires s
94 ais de la réalité psychologique et matérielle, et c’est par là que dans sa simplicité, il parvient à être si émouvant. On peu
95 nages et de descriptions des lieux où ils vivent. C’est dire que l’œuvre mérite l’effort d’attention soutenue que plusieurs c
96 les raisons de la popularité d’une telle œuvre : c’est toute la vie du Japon actuel qu’elle concrétise sous nos yeux. Certes
97 elle vérité, pourtant fort émouvante par moments. C’est là qu’il retrouve Tsuruko, la belle jeune fille qu’il aimait dans son
98 quit au Procureur toute la sympathie d’Eiichi… Si c’est à des tâches aussi inutiles que les procureurs passent leur vie, pens
99 ation dans son humilité ou dans son impartialité. C’est toujours à l’effarante sincérité de ce récit qu’il faut revenir, si l
100 ts : doutes, passions, conflits qu’il met en jeu, c’est toujours l’absence absolue d’hypocrisie de sa part qui donne aux chos
101 nt à son corps : “Meurs !”, mais sans résultat ». C’est dans un tel état de désespoir que soudain l’amour de la vie revient s
102 en patois de Chanaan. Mais ce qui me frappe ici, c’est de voir le reste du chapitre consacré au récit des actes qu’immédiate
103 ni rien du dogmatisme haineux des communistes. Et c’est l’un des secrets de sa puissance. ⁂ Mais il est temps de tirer de ce
104 uelques-uns s’en tirent en réfutant le marxisme — c’est un jeu intellectuel — ou bien en critiquant les réformes socialistes
105 « question » sociale et que l’on en « discute », c’est irritant, vain et irréductible. Car la question sociale n’admet peut-
10 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). André Gide ou le style exquis (à propos de Divers) (octobre 1931)
106 ce radicale. Ce qu’il faut certainement déplorer, c’est de le voir utiliser des dons incomparables et une sorte subtile de lo
107 -là ne fait qu’usurper la forme du sacrifice ; et c’est en vain qu’il tenterait d’y loger autre chose que son égoïsme et sa c
108 ent pas plus souvent chez d’autres « moralistes » c’est que ceux-ci sont moins intelligents, moins conséquents que M. Gide, o
109 d’agir, ni d’aimer, ni même de douter fortement. C’est constamment mesuré, conscient, exquis, mais, pour tout dire, complais
110 ce qui me plaît surtout dans ce récit frémissant, c’est sa noblesse. Les faiblesses, les abandons, les déchéances de l’homme,
111 surpassement de soi qu’obtient la volonté tendue, c’est là ce que nous avons surtout besoin qu’on nous montre… Je lui sais gr
112 pendant que j’écris ces mots : Kierkegaard, — et c’est Gide qui, l’un des premiers, l’a prononcé en France. Kierkegaard, un
113 ez Kierkegaard une chose extraordinaire : soudain c’est lui qui me regarde et qui me perce, — et me fait honte d’oublier la g
11 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le protestantisme jugé (octobre 1931)
114 el titre ne réponde pas à son attente. Selon lui, c’est un « André Gide vu de Genève » qu’il nous faudrait. M. Martinet a pri
115 re, et, si elle paraissait autrefois plus simple, c’est qu’elle était peut-être plus chaste. Au temps où le domaine intérieur
12 1932, Foi et Vie, articles (1928–1977). Romanciers protestants (janvier 1932)
116 s (janvier 1932)q Nos gloires nous jugent C’est un fait digne d’intérêt, et que personne, croyons-nous, n’a relevé, q
117 e, que d’une inspiration vraiment chrétienne. Car c’est à juste titre, croyons-nous, qu’on put écrire de Saint-Saturnin qu’un
118 a vraie question qu’elles posent, chrétiennement, c’est de savoir si nous les méritons encore. Comme le disait un homme d’esp
119 e est éloigné, moins on a de chances d’en tenir… C’est ainsi que nos gloires passées, martyrs, camisards et prophètes, nous
120 pitoyable et significative sévérité. Et dès lors, c’est cela qu’il nous paraît utile et nécessaire, aujourd’hui, de confesser
121 é (je pense au testament de la mère par exemple), c’est au « sort » que l’on s’en remet, ni plus ni moins que dans un drame a
122 aisent à nommer « un caractère protestant »32. Et c’est cela qui est grave, — d’autant plus grave que nombre de protestants t
123 e immédiate, dans notre monde tel qu’il est. Mais c’est parfois, bien au contraire, par leur succès et dans leur épanouisseme
124 craint le risque, que Jésus n’a jamais craint. Et c’est en quoi elle révèle la faiblesse de sa théologie. Car il est certains
125 bien plutôt de dénoncer un principe destructeur. C’est au nom d’une foi positive que l’on attaque ici le moralisme survivant
126 tive que l’on attaque ici le moralisme survivant, c’est au nom d’une grande espérance. Que devons-nous attendre ? Tout, d’un
127 ment tragique du péché et de la grâce souveraine. C’est cela qui donne aux romans de Dostoïevski ou d’Émily Brontë ces prolon
13 1932, Foi et Vie, articles (1928–1977). Goethe, chrétien, païen (avril 1932)
128 urs avec le Seigneur et Jésus son fils bien-aimé. C’est vous dire que j’ai acquis plus de raison et d’expérience : la crainte
129 plus loin parce qu’ils ignorent tout du reste. » C’est ce « reste » précisément que Goethe dès lors recherchera dans une sol
130 r certains protestants libéraux par exemple. Mais c’est précisément dans la facilité d’interprétation qu’offre Goethe dans ce
131 n. Ce qui, plus que tout, fait défaut à ce génie, c’est le sens tragique du péché. Car c’est bien dans le sens du péché que g
132 à ce génie, c’est le sens tragique du péché. Car c’est bien dans le sens du péché que gît l’irréductible, c’est-à-dire le tr
133 -à-dire le tragique essentiel de notre condition. C’est bien là que réside l’élément transcendant qui interdit à la pensée la
134 u péché entraîne la considération de la grâce. Et c’est en quoi la transcendance divine, sans cesse, se mêle à notre vie prat
135 ons, servir d’objet à notre jugement. Bien plutôt c’est lui qui nous juge. Il y a dans le Faust, et dans la vie de cet homme,
14 1932, Foi et Vie, articles (1928–1977). Penser dangereusement (juin 1932)
136 la jeune génération littéraire et philosophique, c’est en vain que l’on chercherait un « esprit libre » selon le vœu de ce p
137 t difficilement prévue au lendemain de la guerre, c’est sur la notion — et la pratique — du service nécessaire que se fait l’
138 le précisément que postule le christianisme. Mais c’est en vain que le lecteur cherchera la réalité constructive et absolue s
139 ractéristique de la pensée dite « de droite », et c’est par là surtout que M. Thierry Maulnier révèle ses origines politiques
140 ite le cœur des hommes. Ce n’est pas une férule : c’est un bon outil qu’il nous faut. Ce n’est pas son pessimisme que je repr
141 sa défense ; de ne pas voir que la vraie défense, c’est l’attaque. Nous avons moins besoin d’idées justes que d’idées efficac
142 au qu’à coups d’épingle. Ce qu’il veut dégonfler, c’est la philosophie avec grand P, la doctrine officielle de la Sorbonne, c
143 eprise est suffisamment justifiée. Pour le reste, c’est la politique, et dans un sens plus vaste, la religion, que cela regar
144 et qui vient se substituer à la réelle humanité. C’est , pour M. Brunschvicg, le bourgeois. C’est le prolétaire pour Marx. Il
145 manité. C’est, pour M. Brunschvicg, le bourgeois. C’est le prolétaire pour Marx. Il s’en faut de beaucoup que la notion du pr
146 u chrétien vis-à-vis de lui-même et de son passé. C’est le danger qui nous purifiera. « Toute plante que n’a pas plantée mon
147 pas plantée mon Père céleste sera déracinée. » Et c’est en quoi, du point de vue chrétien, le marxisme radical constitue un p
15 1933, Foi et Vie, articles (1928–1977). « Histoires du monde, s’il vous plaît ! » (janvier 1933)
148 ne le furent jusqu’à ces tout derniers temps. Et c’est là que gît l’explication du goût pour l’idéologie que manifeste le gr
149 romanesques. Le roman est un genre bourgeois — et c’est peut-être par là qu’il plaît tant au peuple. Le bourgeois qui rentre
150 nt divers que nul esprit ne pouvait le concevoir. C’est l’expérience de la Renaissance, étendue à toute la planète. Et c’est
151 de la Renaissance, étendue à toute la planète. Et c’est ici que j’en reviens à mon propos initial. Quels que soient les boule
152 académiques ou de mandarinades qu’il s’agit, mais c’est du sort de l’homme tel qu’il est, dans son effarante et magnifique di
16 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Destin du siècle ou vocation personnelle ? (février 1934)
153 nce par des journaux qui vivent de fonds secrets. C’est à tout cela que l’on pense lorsqu’on nous parle du « désarroi actuel 
154 tranquillité publique sont menacées ? La vérité, c’est que la situation du monde a été de tout temps désespérée. Seulement,
155 mpréhensibles et impensables. Ce n’est pas vrai ! C’est encore un vieux raisonnement que nous connaissons trop bien, et dont
156 t nous connaissons aussi la signification réelle. C’est l’argument des gens en place qui, chaque fois que nous venons dire :
157 qui est difficile, ce n’est pas de voir le vrai, c’est d’oser les actes qu’il faut, et que nous connaissons très bien. Trop
158 ilement de nos jours, qu’un siècle ait un destin, c’est que l’on a pris l’habitude d’attribuer une sorte de valeur indépendan
159 ous de nature collective. L’histoire d’un siècle, c’est l’histoire des collectivités, c’est l’histoire des peuples, des natio
160 d’un siècle, c’est l’histoire des collectivités, c’est l’histoire des peuples, des nations, des classes, des races, des entr
161 lisme, destin du machinisme. Le destin du siècle, c’est le destin des ismes, qui sont — en fin de compte — des abstractions.
162 encore un autre nom, et qui est commun à toutes : c’est le Nombre, c’est peut-être Légion… Sans doute n’avons-nous pas toujou
163 om, et qui est commun à toutes : c’est le Nombre, c’est peut-être Légion… Sans doute n’avons-nous pas toujours conscience de
164 oitié du siècle. Qu’il s’agisse bien là de dieux, c’est ce que nous prouvent abondamment leurs exigences, qui sont la foi ave
165 enez le dernier article de Trotski contre Hitler. C’est d’une logique parfaite. Tout s’y enchaîne en une démonstration inatta
166 ises. Quelles sont ces prémisses ? La principale, c’est que toute notre idéologie, toutes nos révoltes, toute notre attitude
167 e allemande. Son idéologie n’a rien de personnel, c’est l’idéologie des petits gradés d’une armée vaincue. L’hypothèse est sé
168 de nos contemporains dans les destins du siècle, c’est peut-être l’élan d’une fuite devant le destin particulier et la respo
169 jeunes bourgeois railleurs devraient leur envier. C’est juste. Aussi bien la question revient-elle en définitive à savoir si
170 seule chose qui intéresse chacune de nos vies —,  c’est qu’il y ait parfois, par exemple, un ivrogne qui s’arrête de boire, n
171 entièrement dominés par la classe ou la race, et c’est perdre son temps que de contester leur croyance. Ces hommes-là savent
172 plus en plus dans la masse anonyme. Je crois que c’est là ce qu’il peut faire de mieux. L’individu, tel que le concevait le
173 e qu’elle n’avait plus rien ni personne à servir. C’est l’état le plus dégradant qui soit. On vit alors, chez les meilleurs d
174 ’origine la plus certaine du triomphe des masses. C’est parce que l’individu des libéraux était sans destin, qu’il a cru au d
175 t sans destin, qu’il a cru au destin des autres ; c’est parce qu’il n’avait pas de vocation, qu’il a voulu servir la vocation
176 it que désormais « tout se tient » dans le monde, c’est l’exemple suivant : le krach d’une banque à Paris peut ruiner des pet
177 importe de savoir. Si j’ai simplifié le tableau, c’est que je veux maintenant dégager le choix, la décision que chacun d’ent
178 ement et simplement, ou désirer leur destruction, c’est de l’utopie. Ils sont là, et ils ont probablement leur raison d’être.
179 t la vie dure, et que le mieux à faire pour nous, c’est encore de compter avec eux. Mais compter avec eux, ce n’est pas les d
180 ectuels, m’apparaît alors dans toute sa grandeur. C’est à vous de rechercher dans vos pensées les origines concrètes de ces g
181 es de ces grands faits qui bouleversent le monde. C’est à vous de déceler, par exemple, l’origine permanente et virtuelle des
182 ne question dernière que je ne veux pas esquiver. C’est une question qu’on pose souvent aux groupements révolutionnaires que
183 l’homme qui s’abandonne au destin collectif, mais c’est peut-être votre orgueil qui parle ? Sur quelle vérité supérieure se f
184 Je ne vois qu’une réponse à toutes ces questions, c’est la réponse de l’Évangile. Faites toutes les sociétés que vous voudrez
185 octeur se disait sans doute : aimer son prochain, c’est bien vague, cela me paraît assez sentimental… Jésus lui répondit par
186 ’avait pas pu lui faire comprendre : le prochain, c’est celui qui exerce, en actes, la miséricorde. Cet acte, en chacun de no
187 e nous y trompons pas : l’acte de la miséricorde, c’est l’acte le plus révolutionnaire qui ait jamais paru dans notre monde.
188 une explication du désespoir qui le possède, mais c’est une consolation. Je prends ce mot dans son sens le plus fort, tel que
189 us fort, tel que le donne l’étymologie. Consoler, c’est littéralement : rendre complet, unifier l’être, réunir. L’homme déses
190 mme désespéré, l’homme sans vocation personnelle, c’est un homme incomplet, désuni. Et ce n’est pas la connaissance intellect
17 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Deux essais de philosophes chrétiens (mai 1934)
191 les ». Car les autres s’en passent fort bien. Or, c’est exactement le contraire qu’on peut voir. Le critique qui dispose d’un
192 qu’il avait fait en exil : « J’ai vécu, Monsieur, c’est bien assez ! ». Ou bien le primum vivere se révèle imparfait ; il lui
193 un acte avec des considérations sur cet acte ; ou c’est que la philosophie n’est qu’illusion et mystification. Une pensée viv
194 rait d’abord qu’elle soit elle-même un acte43. Et c’est ici la déficience des philosophes qui se montre. Sous prétexte de sci
195 ient. Un philosophe « sérieux » pour l’Université c’est trop souvent un homme que l’étude des problèmes posés par sa techniqu
196 lques cyniques, ou quelques révoltés ? Certes, et c’est cela que nous voyons depuis la guerre. On pourrait aussi supposer que
197 le furent jamais. Si la pensée chrétienne existe, c’est à ce seul niveau où pensée et action se confondent. Si elle veut être
198 e confondent. Si elle veut être digne de son nom, c’est à elle seule d’oser ce que les autres ne peuvent pas oser. C’est à el
199 ule d’oser ce que les autres ne peuvent pas oser. C’est à elle seule d’entreprendre la confrontation générale des valeurs don
200 croit vivre et des valeurs qui jugent cette vie. C’est à elle, en particulier, et non pas au marxisme ni au fascisme, à cond
201 cu. Le grand service rendu par la phénoménologie, c’est de nous avoir délivrés d’une psychologie qui dissociait les unités vi
202 vécues » que Scheler étudie dans ce petit livre, c’est le phénomène que Nietzsche a baptisé ressentiment. Pour Nietzsche, on
203 , ou que la vraie noblesse réside dans la misère. C’est ce renversement des valeurs « nobles » qu’il ne cesse de reprocher au
204 ile. Le « christianisme » qu’attaquait Nietzsche, c’est , en réalité, la morale bourgeoise. Scheler le démontre avec maîtrise
205 à l’amour du prochain commandé par le Christ : et c’est au nom de cet amour de l’humanité que nous revendiquons les fausses v
206 de ce que les chrétiens s’y sont laissés prendre. C’est tout le procès de la morale laïque, ou kantienne, qu’amorce ici Schel
207 ’homme du ressentiment, ce n’est pas le chrétien, c’est le bourgeois dont la morale usurpe l’apparence évangélique, en haine
208 « fidélité » vraiment chrétienne. « Philosopher, c’est apprendre à mourir », disait le triste Cicéron, et Montaigne l’en lou
209 lui ferait plus volontiers dire que philosopher, c’est apprendre à ne pas se suicider. « On pourrait même dire que la possib
210 à une histoire racontée par un idiot » (p. 261). C’est une histoire de ce genre qui caractérise malheureusement l’existence
211 ément à reconnaître qu’elle ne s’appartient pas ; c’est à partir de cette reconnaissance qu’elle peut agir, qu’elle peut crée
18 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Notice biographique [Kierkegaard] (août 1934)
212 sa vie ; il ne l’empêcha pas de faire fortune. Et c’est ainsi que Kierkegaard reçut en héritage de son père, après une sévère
213 igieuse » et non pas un « témoin de la vérité » ; c’est qu’il se faisait du christianisme une idée si pure et si absolue qu’i
19 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Nécessité de Kierkegaard (août 1934)
214 us forte, dans son humilité et devant Dieu, — car c’est la foi, — que les discours des réalistes et l’enthousiasme populaire 
215 érieux : « Qui est le docteur Søren Kierkegaard ? C’est l’homme dépourvu de sérieux », lit-on dans un journal du temps. On se
216 st-ce que l’esprit ? « L’esprit, dit Kierkegaard, c’est la puissance que le savoir d’un homme exerce sur sa vie.52 » Ce n’est
217 es biens que nulle violence ne peut dérober, mais c’est une triste réponse à la révolte de ces pauvres qu’on redoute plus qu’
218 santé moins déprimée d’un autre siècle avait tué. C’est aussi qu’il est devenu possible de saisir, dans le déploiement des fa
219 u à l’humeur shakespearienne de notre philosophe. C’est l’image du chat d’Alice in Wonderland. Souvenez-vous de ce chat, imme
220 ont l’homme ignore, comme homme, l’existence ; et c’est la maladie mortelle (le péché)54. L’homme naturel a beau dénombrer to
221 ent, caractériser le chrétien moyen de ce temps ? C’est ici que l’ironie de Kierkegaard tourne son aiguillon contre le « mond
222 e, que le chrétien souffre pour sa doctrine… » Et c’est la tragi-comédie du christianisme de la chrétienté. Pauvre chrétien m
223 vertu. Ou bien tu vois que la question brûlante, c’est de savoir si toi, tu es chrétien, ou bien tu vitupères les sans-Dieu
224 Mais non, nous appelons le « règne de l’esprit », c’est bien moins dangereux ; tous en seront… « Deux questions — dit encore
225 tits et les méprisés”, et personne ne rit ! »56. C’est alors que paraît le rire de Kierkegaard. Ce n’est pas le rire d’un Mo
226 ’agissent jamais seuls. » Mais ce que Dieu exige, c’est précisément le contraire : il veut l’originalité. « Voilà pourquoi la
227 ciples ne se trouvent bien que dans l’imitation : c’est pourquoi ils se sentent unis en elle d’une manière si touchante, et c
228 ntent unis en elle d’une manière si touchante, et c’est ce qu’ils appellent l’amour.57 » Rire du solitaire, qui ressemble peu
229 ée, ou si l’on veut, de son action. Et ce centre, c’est « la catégorie du solitaire ». Bien des malentendus seraient ici poss
230 u Créateur. Le solitaire que Kierkegaard appelle, c’est l’homme seul devant son Dieu. Mais comment cela se peut-il, sinon par
231 laire dans le troupeau. Le solitaire devant Dieu, c’est celui qui répond à la foi, cet appel. Quand on parle de romantisme, d
232 ui sera l’Ordre du Royaume. Et nier une négation, c’est s’enfoncer dans le néant. Seule la révolte du chrétien est position,
233 Si donc l’appel de Dieu isole du monde un homme, c’est que le monde, dans sa forme déchue, s’oppose au monde tel que Dieu l’
234 rmés », dit saint Paul. Le solitaire devant Dieu, c’est celui qui se tient à l’origine de sa réalité. Celui-là seul connaît s
235 n’est un aristocrate que s’il ne veut pas l’être. C’est qu’il se fonde sur sa vocation, et qu’il ne peut être lui-même que pa
236 re moi des psychologues, son reproche à la foule, c’est qu’elle n’exige rien de lui. La foule nous veut tout simplement irres
237 s que le temps court plus vite depuis un siècle ? C’est que la fuite des hommes devant l’instant présent se précipite. Ils n’
238 passé ! Car si les morts gouvernent les vivants, c’est que nul vivant n’ose vivre. Et comment vivrait-il sinon par l’appel d
239 solitaire peut-il agir ? Le maléfice hégélien, c’est l’objectivité : cette attitude de l’homme qui ne veut plus être sujet
240 t la vérité. » La liberté, la dignité de l’homme, c’est qu’il soit seul le sujet de sa vie. Mais encore faut-il se garder d’e
241 u moi pur, tel que Fichte l’a follement rêvé ? Si c’est le cas, je reste bien tranquille. Ce « moi pur » ne met pas en cause
242 si tu la suis, elle te méprisera sans doute, mais c’est le sort commun, tu ne cours pas grand risque. Si tu dis non, si tu ag
243 , si tu agis. Un « moi pur », son premier devoir, c’est de persévérer dans son être agissant : en cette extrémité, le comprom
244 t, et seul il peut être sujet de son action, mais c’est qu’il est, dans l’autre sens du terme, « assujetti » à la Parole qui
245 terme, « assujetti » à la Parole qui vit en lui. C’est dans ce sens que la formule de Kierkegaard est vraie. La sujétion tot
246 à développer les conséquences. Ou bien il est, et c’est l’acte de Dieu, ou bien je l’imagine, et mon discours est vain. À qui
247 mais si l’on parle au solitaire de son angoisse, c’est de la mienne. Kierkegaard s’adresse au chrétien, comme au seul respon
248 tres, c’est-à-dire sans martyrs pour l’enseigner. C’est au sel qu’il faut rendre sa saveur, c’est à lui seul que l’on peut re
249 eigner. C’est au sel qu’il faut rendre sa saveur, c’est à lui seul que l’on peut reprocher d’être insipide. Rien ne sera jama
250 60. Journal. 61. Le chemin du paradis, p. 269. C’est moi qui souligne. 62. Pourquoi poser la question à propos d’un cas a
251 r imperceptiblement », comme disait Nietzsche, et c’est là ce qu’ils appellent leur petit train-train journalier. La fameuse
20 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Kasimir Edschmid, Destin allemand (octobre 1934)
252 er de travail et de ne pas gagner leur pain, mais c’est surtout de constater que l’Allemagne, pour laquelle ils se sont battu
253 mage grandit en eux, prend forme et puissance, et c’est en elle qu’ils communient, c’est elle seule qui les soutient dans les
254 et puissance, et c’est en elle qu’ils communient, c’est elle seule qui les soutient dans les plus effroyables et dégradantes
255 a communauté des gens cimentés par le malheur, ça c’est la seule vraie communauté qui puisse exister pour un peuple ». ⁂ J’ai
256 l se crée quelque chose de durable dans le monde, c’est l’œuvre d’un blanc. Les blancs seuls ont su créer des empires solides
257 tituler tout aussi bien « La condition humaine ». C’est qu’elle éveille, en dépit de ses intentions nationalistes — au plus h
258 classe nettement supérieure. J’ajouterai même que c’est un bel éloge du talent de M. Malraux que de constater que ses livres
21 1935, Foi et Vie, articles (1928–1977). Notes en marge de Nietzsche (mars 1935)
259 des posthuma nietzschéens 66. Ce qui est certain, c’est qu’un choix tel que celui qu’on vient de nous donner, nous restitue l
260 es ! Mais il n’importe. Ce qui est admirable ici, c’est la lucidité avec laquelle Nietzsche décèle l’idolâtrie de notre temps
261 ux dit. « Pensées qui blessent — pour édifier » — c’est ainsi qu’il nommait les remarques amères qu’il ne pouvait s’empêcher
262 des autres ! Jugez de moi ! semble-t-il dire. Et c’est ainsi que l’incroyant se juge chaque fois qu’il prononce une vérité.
263 ble fort au croyant, — toutefois, sans le savoir, c’est là le point. Les hommes sont le plus superstitieux quand ils sont tr
264 tuant une autre crise plus radicale et salutaire) c’est , par exemple, le culte du Surhomme. Le « retour étemel » est alors le
265 en que j’aime, mais je fais le mal que je hais. » C’est pourquoi, lorsque Paul critique la vie des chrétiens de son temps, il
266 prit de pauvreté, confondu ici avec bêtise). Mais c’est bien là la malhonnêteté du positivisme primaire qui régna sur le sièc
267 e et de la liberté de Dieu devient insupportable. C’est le « Dieu moral » qui empêche, en particulier, une certaine théologie
22 1937, Foi et Vie, articles (1928–1977). Luther et la liberté (À propos du Traité du serf arbitre) (avril 1937)
268 ure générale. Car, ignorer ou méconnaître Luther, c’est ignorer ou méconnaître un des deux ou trois moments décisifs de la tr
269 isifs de la tradition fondamentale de l’Occident, c’est s’interdire de rien comprendre à la grande discussion millénaire, à l
270 bue tout à Dieu. Le Traité du serf arbitre C’est sans doute dans cette perspective que le lecteur peu familiarisé avec
271 cet ouvrage. S’ils n’y sont pas traités en forme, c’est qu’ils ne constituent pas un système, au sens philosophique du mot, m
272 une absurdité, une contradiction dans les termes. C’est à Érasme en tant que théologien que Luther s’applique à répondre, et
273 e théologien que Luther s’applique à répondre, et c’est même la plus dure ironie — quoique involontaire, je le suppose —, don
274 On ne saurait souligner trop fortement ce trait : c’est encore en théologien, en docteur de l’Église fidèle, en prédicateur r
275 Dialogue Car Dieu peut tout à tout instant. C’est là la santé de la foi. Kierkegaard. Une conscience moderne. — Sel
276 — Il me suffit de vouloir l’affirmer. L. — Soit, c’est une hypothèse de travail… Pour moi, je crois que Dieu connaît la fin,
277 qu’à se laisser aller à la manière des musulmans. C’est peut-être mal raisonner. Si ton effort aussi était prévu ? Pourrais-t
278 té, ce n’est pas la supprimer objectivement. Mais c’est peut-être se priver de son secours, ou encore la transformer en une m
279 e nouveauté, de création ! Ton éternité immobile, c’est l’image même de la mort. L. — Que savons-nous de l’éternité ? Les ph
280 xe ou ce scandale d’une éternité seule actuelle ? C’est un mystère plus profond que notre vie, et la raison n’est qu’un faibl
281 a raison n’est qu’un faible élément de notre vie. C’est un mystère que le croyant pressent et vit au seul moment de la prière
282 l’Éternel est une décision dans le passé ! Quand c’est elle seule qui définit notre présent ! Est-ce que nos objections « ph
283 termes extrêmes où elle revêt sa vraie réalité : c’est l’Éternel qui commande, — ou c’est moi. Il n’y a pas là de difficulté
284 raie réalité : c’est l’Éternel qui commande, — ou c’est moi. Il n’y a pas là de difficultés intellectuelles. Il n’y a que la
285 votre salut avec crainte et tremblement, puisque c’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire. » (Phil. 2 : 12-13).
286 vous le vouloir et le faire. » (Phil. 2 : 12-13). C’est parce que Dieu fait tout que nous devons agir, selon qu’il nous l’a c
287 nous devons agir, selon qu’il nous l’a commandé. C’est parce que Dieu a tout prévu que nous avons en lui, et en lui seul, la
288 her et Paul — et l’Évangile — posent à notre foi. C’est qu’il a poussé, comme Luther, jusqu’aux extrêmes limites de l’homme,
289 volontaire et joyeuse à la fatalité inéluctable. C’est dans cette volonté de reconnaître notre totale irresponsabilité, qu’i
290 dignité suprême de l’homme sans Dieu. Être libre, c’est vouloir l’éternité de son destin. (Pour le chrétien, c’est accepter,
291 loir l’éternité de son destin. (Pour le chrétien, c’est accepter, en acte, l’éternelle prévision du Dieu qui sauve.) La simil
292 , encore bien moins à une coïncidence. En vérité, c’est bien du même problème qu’il s’agit. Le seul problème, dès qu’on en vi
293 rnité souveraine, demeure entière. La différence, c’est que Nietzsche nous propose d’adorer un Destin muet, tandis que nous a
23 1946, Foi et Vie, articles (1928–1977). Fédéralisme et œcuménisme (octobre 1946)
294 sorte de conscience anxieuse de l’œuvre à faire, c’est ce que prouvent ses « encycliques » improvisées à la veille de la gue
295 oin d’une vision dynamique de l’action immédiate, c’est ce que prouvent ces mêmes déclarations. Elles souffrent avant tout d’
296 ’on excuse le schématisme des pages qui suivent : c’est celui d’un plan de travail, d’un sommaire. Certains conflits permane
297 théologies existantes. Ce qui nous intéresse ici, c’est la doctrine concernant l’Église universelle, implicitée par le fait m
298 umainement vérifiable, assurée et définitive. Car c’est précisément cette utopie qui a produit les schismes et les opposition
299 le mouvement œcuménique se propose de surmonter. C’est dans la mesure exacte où les Églises ont voulu transformer la foi à l
300 ctive de l’unité (d’organisation ou de doctrine), c’est dans la mesure exacte où elles ont douté d’une union par essence inco
301 meilleur que la première Épître aux Corinthiens : c’est dans ses appels à l’union, précisément, que Paul établit avec le plus
302 lus conscientes de leurs valeurs authentiques, et c’est par ce détour, précisément, qu’elle espère atteindre une communion d’
303 é immanent, c’est-à-dire humainement contrôlable. C’est la formule même de la tyrannie. Car, contre un principe d’unité imman
304 e d’obéir aux hommes plutôt qu’à Dieu. S’il sort, c’est avec amertume, et l’Église qu’il fondera peut-être sera opposée à l’a
305 diversité en division. Alors il y a scandale, et c’est alors que le corps souffre dans son chef et dans ses membres ! La vie
306 ssance signale la naissance même de l’hellénisme. C’est l’homme de la tribu qui se met à réfléchir « pour son compte », et qu
307 ce fait même, se distingue et s’isole. Raisonner, c’est d’abord douter, et c’est bientôt se révolter contre les tabous et les
308 e et s’isole. Raisonner, c’est d’abord douter, et c’est bientôt se révolter contre les tabous et les conventions sacrées du g
309 À ce moment se crée un sentiment de vide social. C’est une sorte d’angoisse diffuse d’où naît l’appel à une communauté nouve
310 le rassurent, et où l’État reprend sa puissance. C’est Rome alors qui nous donnera le symbole éternel de la réaction collect
311 ux accomplir son unification, sa « mise au pas ». C’est avec la poussière des individus que l’État fait son ciment. Mais cet
312 t adopté le terme latin de persona (rôle social). C’est ce même terme qui servira aux premiers philosophes chrétiens à désign
313 elle et les devoirs vis-à-vis de la collectivité. C’est le même Dieu qui, par la vocation qu’il envoie à l’homme, distingue c
314 leur (églises diverses, paroisses, ordres, etc.). C’est en effet dans le groupe local que la personne peut se réaliser. Car l
315 gurer le terme de démocratie dans ce qui précède. C’est qu’il recouvre actuellement de trop graves malentendus et abus. L’œcu
316 érance et aussi la seule possibilité qui demeure, c’est l’organisation fédéraliste du monde. Elle seule apporte du nouveau. E
317 se fédérer. Hitler abat les barrières, le passé. C’est toute sa force, et sa victoire même l’épuiserait. Il n’y aurait plus
318 disposer, mais de ce que Dieu voulait qu’il fît. C’est toujours une utopie apparente ; en réalité, ce n’est qu’une réponse.
319 lonté. Ce qui manque à ces tentatives dispersées, c’est un arrière-plan spirituel commun (œcuménisme), et une vision précise
24 1977, Foi et Vie, articles (1928–1977). Pédagogie des catastrophes (avril 1977)
320 encore de faim, mais en bien plus grand nombre — c’est un résultat du Progrès — cependant que l’on meurt chez nous de manger
321 er. Ils choisissent celle qui les a dominés, mais c’est choisir aussi celle qui les a perdus ! Je leur propose l’Europe des r
322 ner l’Europe et ne rien faire pour sa fédération, c’est priver le tiers-monde des seuls moyens de s’en tirer sans catastrophe
323 pas perdant et devenu sage. Mais ce qui est sûr, c’est qu’en refusant de faire les régions et de se « faire » du même mouvem
324 La seule raison pour laquelle il pourrait durer, c’est qu’il existe. Que cette raison est faible, comparée à toutes celles q
325 ser ce que le bon sens jamais n’aura pu faire, et c’est la réalité elle-même qui va recourir à la pédagogie des catastrophes.
326 a couronne, la tête d’un chef d’État ou autrement c’est Manhattan, Moscou, Paris rasés dans l’heure… Quelqu’un d’autre l’avai
327 eur en nous et par la force du désir, le devenir, c’est anticiper notre avenir, mieux : c’est le faire.   La décadence d’une
328 le devenir, c’est anticiper notre avenir, mieux : c’est le faire.   La décadence d’une société commence quand l’homme se dema
329 sement, il n’est qu’une seule réponse possible et c’est  : — Toi-même ! Car il arrivera ce que nous sommes : du mal au pire si
330 reste à vous convertir, à faire votre révolution, c’est le même mot. Je ne vais pas vous demander de devenir tous des saints.
331 s voulez changer l’avenir, changez vous-mêmes. Et c’est pourquoi la Sentinelle de Juda, le grand prophète, interrogé sur l’av
332 moins que renoncer à la puissance sur autrui. Et c’est littéralement se convertir. Tous les prophètes condamnent la volonté
333 i, et d’y trouver plus de saveur et plus de sens. C’est pourquoi cette génération ne recevra pas d’autre oracle que celui d’I
334 evra pas d’autre oracle que celui d’Isaïe à Séir, c’est de lui qu’elle devra tirer son espoir et sa résolution. Et ce n’est p