1 1928, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le péril Ford (février 1928)
1 temps encore. Ici et là, quelques cris s’élèvent dans le désert d’une époque déjà presque abandonnée par l’Esprit. À l’heur
2 l soupçonne, par éclairs, qu’il y avait peut-être dans ces buts une absurdité fondamentale. L’infaillible progrès aurait-il
3 irituel vers lequel il entraîne l’Occident ? Cris dans le désert. Déserts des villes fiévreuses où le fracas des machines co
4 contre l’époque et ceux qui cherchent à l’oublier dans le rêve, dans l’utopie, dans une belle doctrine… Il faudrait d’abord
5 e et ceux qui cherchent à l’oublier dans le rêve, dans l’utopie, dans une belle doctrine… Il faudrait d’abord prendre consci
6 herchent à l’oublier dans le rêve, dans l’utopie, dans une belle doctrine… Il faudrait d’abord prendre conscience du péril.
7 n d’autre ici. Il y a une lâcheté, croyons-nous, dans cette complaisance générale à proclamer le désordre du temps. On a pe
8 ssi. Voici la vie de Ford, telle qu’il la raconte dans Ma vie et mon œuvre. Il naît fils de paysan. Il passe son enfance à j
9 on sache au juste quelle dose d’« humour » il met dans l’expression), c’est la rencontre d’une locomotive routière. « Depuis
10 ée, méthode, technique — soit conditionnée jusque dans le détail par une idée fixe primitive. Considérons-la sous cet angle.
11 ulement, pour pouvoir continuer, il faut vendre ; dans l’intérêt de la production, il faut créer la consommation. La réclame
12 loisir. M. Guglielmo Ferrero a fort bien montré, dans un article intitulé « Le grand paradoxe du monde moderne »3, ce qu’il
13 derne »3, ce qu’il y a de profondément antihumain dans la conception fordienne de l’oisiveté. Ford a créé un second dimanche
14 nne de l’oisiveté. Ford a créé un second dimanche dans la semaine, « retouché l’œuvre de la Création », comme dit Ferrero. L
15 pparence de liberté, c’est pour mieux les prendre dans son engrenage. L’emploi de leurs loisirs est prévu. Il est déterminé
16 de l’ouvrier, puisqu’il englobe jusqu’à son repos dans le cycle de la production. Cercle vicieux : plus la production s’inte
17 l, la grande Liberté idéale et mettent de l’huile dans les rouages de la vie quotidienne. Cette Liberté idéale réduite au r
18 ne. Cette Liberté idéale réduite au rôle d’huile dans les rouages, n’est-ce pas charmant et prometteur ? Et que dire de cet
19 brique, on transporte. » « Toute notre gloire est dans nos œuvres, dans le prix que nous payons à la terre la satisfaction d
20 orte. » « Toute notre gloire est dans nos œuvres, dans le prix que nous payons à la terre la satisfaction de nos besoins. »
21 liquer que des centaines de milliers de lecteurs, dans une Europe « chrétienne », applaudissent sans réserve aux thèses de c
22 brillamment résolu… Mais nous nous absorbons trop dans ce que nous faisons et ne pensons pas assez aux raisons que nous avon
23 rs, les idées générales de cette sorte sont rares dans son livre. En général, il se borne à parler de problèmes techniques o
24 c : telle est l’idéologie de celui que M. Cambon, dans sa préface, égale aux plus grands esprits de tous les temps. On me di
25 pensions gratuite : nous avons cherché le bonheur dans le développement matériel, avec l’arrière-pensée sournoise que, si ce
26 uvais en soi. Mais par l’importance qu’il a prise dans notre vie, il détourne la civilisation de son but véritable : aller à
27 ires à l’américaine tient les choses de l’Esprit. Dans le cas le plus favorable, « il se passera bien de cette littérature »
28 oumettre à l’Esprit, et tomber presque fatalement dans un anarchisme stérile. 1° Accepter la technique et ses conditions. Da
29 rile. 1° Accepter la technique et ses conditions. Dans cette mécanique bien huilée, au mouvement si régulier qu’il en devien
30 mort le restitue au monde vers 5 heures du soir, dans la détresse des dernières sirènes. Au monde, c’est-à-dire à une natur
31 re vivre. Mais l’homme qui était un membre vivant dans le corps de la Nature, lié par les liens les plus subtils et les plus
32 erté et une certaine durée normale et capricieuse dans le plaisir, la conscience de ses besoins et de ses buts propres, huma
33 ain. Il ne peut plus situer son effort individuel dans le monde, lui attribuer sa véritable valeur. Il sent obscurément que
34 inaturel. Il le méprise ou le subit, mais, jusque dans son repos, il en est l’esclave. Pour s’être exclu lui-même de l’ordre
35 e deviennent par le seul fait de rester eux-mêmes dans un monde fordisé, des anarchistes. Car l’Esprit n’est pas un luxe, n’
36 eraient de faire grain de sable. Ils se réfugient dans ce qu’on pourrait appeler les classes privilégiées de l’esprit : fort
37 ngereuses, puisqu’elles les rendent inutilisables dans les rouages de la vie moderne. Le triomphe de Ford réduira l’Esprit à
38 lles d’un mysticisme exaspéré, devenu presque fou dans sa prison. Les intellectuels d’aujourd’hui ont une tâche pressante :
39 d et Mon curé chez les riches, de Clément Vautel. Dans les pays de langue allemande, son succès est encore plus grand, et de
2 1930, Foi et Vie, articles (1928–1977). « Pour un humanisme nouveau » [Réponse à une enquête] (1930)
40 sauvegarder au sein de nos connaissances même, et dans l’allure de leur progrès. Les humanités nous paraissaient devoir tran
41 l ; c’est se condamner donc à ne l’apercevoir que dans ses servitudes5. Aussi la critique du matérialisme entreprise par cer
42 des fatalités dont nous voyons l’empire s’étendre dans tous les domaines de notre existence, inclinant nos utopies mêmes, de
43 est Stilicon défendant l’Empire. 7. Or, Bergson, dans un discours prononcé à l’Académie des sciences morales et politiques,
44 me en termes fort nets. (Cités par M. Brunschvicg dans Le Progrès de la conscience dans la philosophie occidentale, p. 695.)
45 r M. Brunschvicg dans Le Progrès de la conscience dans la philosophie occidentale, p. 695.) 8. Les humanités y trouveraient
3 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). André Malraux, La Voie royale (février 1931)
46 à celle que M. Malraux venait justement d’exposer dans un petit ouvrage aigu et dense intitulé La Tentation de l’Occident.
47 le tragique est décuplé par la valeur qu’il prend dans l’esprit des héros. Un jeune Français a décidé d’aller fouiller les t
48 e de puissance militaire, sans doute irrégulière, dans le Siam, et auquel l’auteur prête des caractéristiques qui le rapproc
49 M. Malraux n’est pas fait pour dissiper. Perken, dans ses conversations, fait parfois penser à ces gens — on en rencontre d
50 fait parfois penser à ces gens — on en rencontre dans les affaires — qui se donnent une espèce d’autorité en ne parlant jam
51 it cercle d’esprits aventureux et atteints jusque dans leur goût de l’action par un intellectualisme anarchique. Je tiens au
52 lez. Les personnages de M. Malraux se ressemblent dans le souvenir du lecteur : leur tempérament est plus fortement marqué q
53 bsurde, parce qu’il refuse de lui trouver un sens dans la mort. L’homme qui pourrait se définir : « Dieu n’est pas, donc je
4 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Sécularisme (mars 1931)
54 ge d’ailleurs que d’ironie, qu’elle touche à tout dans l’homme et dans la société. Elle a l’absence de scrupules des gens qu
55 e d’ironie, qu’elle touche à tout dans l’homme et dans la société. Elle a l’absence de scrupules des gens qui ont une missio
56 faut pour situer le petit livre de M. P. Nizan12, dans sa perspective la plus équitable. C’est le type du livre qui vaut sur
57 s bel âge de la vie… — Où était placé notre mal ? dans quelle partie de notre vie. Voici ce que nous savons : les hommes ne
58 tible et sec ». Mais est-il bien légitime de voir dans un tel « résidu » l’essence de l’Europe, — « son état de pureté extrê
59 Tchéka régnante, il y aura toujours plus d’hommes dans les églises que dans les prisons, — et des hommes qui viendront y tro
60 aura toujours plus d’hommes dans les églises que dans les prisons, — et des hommes qui viendront y trouver leur liberté. M
61 isme ». Ce terme qui sans doute reviendra souvent dans les chroniques de Foi et Vie , « résume commodément cette volonté d’
62 onnait ici même M. Pierre Maury. C’est à peu près dans le même sens que M. René Gillouin parle14 de l’effort de notre monde
63 ent à ce sécularisme que répond M. Gabriel Marcel dans une belle conférence prononcée au Foyer des étudiants protestants, et
64 tants, et que la Nouvelle Revue des jeunes publie dans son numéro du 15 février15. M. Marcel analyse trois attitudes typique
65 t du loisir économique, il lui faudra se réfugier dans la sphère des abstractions les plus exsangues. Je pense quant à moi q
66 ique de l’autre. La preuve, je m’amuse à la voir dans le fait que le pamphlet de M. Nizan, communiste, est encore plus dur
67 ande, songeant à l’Europe, s’il y aura dix justes dans Sodome. 12. Aden Arabie, chez Rieder, Paris. 13. Mais Bouddha, c’
68 t l’Asie. Les grèves, c’est encore l’Europe. 14. Dans un article des Nouvelles littéraires du 20 février, inaugurant une
5 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Une exposition d’artistes protestants modernes (avril 1931)
69 rlent, nous avons demandé à ces artistes de venir dans notre cercle. Héritiers du plus grand affranchissement et de la plus
70 e notre maison on nous croyait peut-être enfermés dans un moralisme étriqué, ennuyeux et consciencieusement arriérés. Or nou
71 us faisions des projets dont on parlait, la nuit, dans les chambres où les curiosités et les enthousiasmes en désordre s’agi
72 chitecture ». Et Dieu avait une place plus grande dans la joyeuse lumière de notre ciel simplifié. Et voilà, n’est-ce pas,
73 érons qu’un prochain salon, organisé s’il le faut dans de plus vastes locaux, pourra donner accès à un ensemble aussi comple
74 nsemble aussi complet que possible d’artistes nés dans le protestantisme. Et l’on pourra se demander alors : qu’y a-t-il de
75 des autres. Au contraire, une vitalité, une joie dans l’invention, une hardiesse partout manifeste. Voici Dufy, le plus inv
76 ce cette grande composition : trois longues croix dans une lumière dramatique, le corps du Christ déjà presque transfiguré e
77 lissy. Ce goût de la belle matière mise en valeur dans sa pureté, sa nudité, ce sens de l’artisanat qui se refuse aux truqua
78 ne dis pas de cadres — qui lui servent de thèmes dans ses variations, d’appui dans ses tâtonnements, de réactif, de contrai
79 ui servent de thèmes dans ses variations, d’appui dans ses tâtonnements, de réactif, de contrainte, de stimulant dans l’atmo
80 nnements, de réactif, de contrainte, de stimulant dans l’atmosphère spirituelle qui préside à l’élaboration d’une œuvre. Pas
81 nt demandé non sans ironie où était le calvinisme dans tout ceci. Eussent-ils posé, à propos d’un salon d’art catholique, la
6 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Conférences du comte Keyserling (avril 1931)
82 ce qui vaut d’être enregistrée. Rien de très neuf dans cette trilogie philosophique, mais un bel ensemble d’observations jus
83 la cause du développement exagéré de la technique dans le fait qu’aujourd’hui les masses veulent conquérir des biens spiritu
84 e crise d’adaptation, et il s’agit de la résoudre dans le sens d’une philosophie de la vie qui rende aux valeurs spirituelle
7 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Au sujet d’un grand roman : La Princesse Blanche par Maurice Baring (mai 1931)
85 Baring (mai 1931)h M. Maurice Baring est entré dans l’intimité de milliers de lecteurs français avec un livre d’un rare p
86 beaucoup plus long, — il compte plus de 600 pages dans l’édition française — d’un rythme plus inégal aussi, il ne lui est pa
87 ment cela s’applique à mon histoire, dit l’auteur dans sa préface, lisez-la, et si vous la lisez, ne dites pas à vos amis ce
88 . Car toute la valeur de l’œuvre de Baring réside dans sa durée, dans son atmosphère et dans le son qu’elle rend. Il ne s’y
89 valeur de l’œuvre de Baring réside dans sa durée, dans son atmosphère et dans le son qu’elle rend. Il ne s’y passe rien de p
90 ring réside dans sa durée, dans son atmosphère et dans le son qu’elle rend. Il ne s’y passe rien de plus que ce qu’admet la
91 qui agacera un peu les autres. M. Charles Du Bos, dans la très belle préface qu’il a donnée à la traduction française note a
92 que M. Baring se montre « quelque peu inexorable dans la libéralité avec laquelle il nous invite à de multiples week-ends… 
93 cadre et les personnages, non par l’inspiration. ( Dans le cas de Baring, elle serait plutôt religieuse.) Il est incontestabl
94 l. Racine en est le plus haut exemple. La Société dans laquelle évoluent les héros de Baring est riche, « conformiste » à l’
95 aractère, d’une volonté, d’une âme virile, trouve dans sa durée même l’élément le plus convaincant de sa grandeur, et le plu
96 our étant d’essence éternelle, ses manifestations dans notre vie — dans la durée — sont nécessairement douloureuses. Certain
97 ce éternelle, ses manifestations dans notre vie — dans la durée — sont nécessairement douloureuses. Certains, peut-être, ver
98 ment parler de morale, malgré ce que dit l’auteur dans sa préface. Bien plutôt, elle est l’expression concrète d’une loi div
99 Aucune arrière-pensée de jugement moral ne perce dans le ton ni dans l’agencement des incidents. Ce n’est pas un auteur qui
100 -pensée de jugement moral ne perce dans le ton ni dans l’agencement des incidents. Ce n’est pas un auteur qui s’arroge un pe
101  : « La veille de la Chandeleur 1909, je fus reçu dans le sein de l’Église catholique… le seul acte de ma vie que je suis pa
102 « de naissance », a donc épousé un Italien et vit dans un milieu catholique qui n’exerce, dit-elle, aucune pression sur ses
103 oi on a. » Plus tard elle avoue franchement : « … dans nos églises j’éprouve un sentiment de détresse aiguë, ou bien je m’y
104 spectables ladies, qui ne jouent pas d’autre rôle dans l’histoire, sont ridicules et conventionnelles à souhait (ni plus ni
105 maine des « pervertis » : « Nous en avons eu trop dans la famille, votre pauvre oncle Charles… qui avait stupéfié la famille
106 cherchant une sécurité intérieure, ne trouve pas dans ces indignations sentimentales la réponse aux premiers troubles que l
107 réponse aux premiers troubles que la grâce jette dans son âme. D’autre part, tous les catholiques qu’elle rencontre et qui
108 avoir, il établit. En vérité, l’entrée de Blanche dans l’Église catholique n’est pas une conversion18, c’est une adhésion à
109 Et c’est la vérité seule qu’il s’agit d’attendre. Dans Daphné Adeane, dans La Princesse Blanche, ce sont deux prêtres19 qui,
110 eule qu’il s’agit d’attendre. Dans Daphné Adeane, dans La Princesse Blanche, ce sont deux prêtres19 qui, au moment décisif,
111 ount-Stratton lui avait dit presque la même chose dans le Podere à Florence. — Je sens, il est vrai, que j’ai commis des err
8 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Kierkegaard (mai 1931)
112 ai 1931)i j L’entrée de l’œuvre de Kierkegaard dans le monde intellectuel et religieux français, est un événement qui mér
113 tre signalé et qui aura un profond retentissement dans le protestantisme en particulier. Depuis quelques années, le nom de K
114 s, le nom de Kierkegaard reparaît de loin en loin dans des revues comme Commerce, la Nouvelle Revue française , la Revue d
115 ses études lui ont été consacrées, en particulier dans la Revue d’histoire et de philosophie religieuses de Strasbourg (Pasc
116 gieuses de Strasbourg (Pascal et Kierkegaard), et dans la Revue de métaphysique et de morale. Et voici que l’on annonce de p
117 Apôtres, se demande-t-il ? Les prêtres sont-ils, dans le vrai sens du mot, les successeurs du Christ ? Ne sont-ils pas plut
118 isme, que la polémique et la satire qui sévirent, dans le premier, dès ses origines, ne se donnèrent cours par contre qu’à l
119 t. » Et voici comment il faut situer Kierkegaard dans notre Panthéon spirituel : Kierkegaard fut le dernier grand protesta
120 vre la moins forte du Danois, n’en est pas moins, dans son dosage pré-gidien de cynisme et d’humanité un document peut-être
9 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Littérature alpestre (juillet 1931)
121 bles, pour mériter quelques instants de plénitude dans la contemplation de sommets assez rares. Personne, à notre connaissan
122 à notre connaissance, ne s’était risqué jusqu’ici dans pareille aventure. Personne même n’avait signalé cette curieuse lacun
123 vre, point trop volumineux — il trouvera sa place dans votre valise — et d’une érudition très aérée. Comment ne point partag
124 t Sénancour, aucun de nos écrivains n’a su puiser dans le thème de la montagne une inspiration lyrique ou philosophique géné
125 eux qui, après lui, feront intervenir la montagne dans leurs œuvres, elle n’est guère qu’un décor conventionnel, un élément
126 grands poètes français du xixe siècle ont échoué dans leur interprétation des montagnes. Ils ont tous étudié presque exclus
127 c’est tout autre chose. Lui, cherche un refuge. «  Dans l’isolement des cimes ou des hautes vallées, seul avec la nature dans
128 cimes ou des hautes vallées, seul avec la nature dans une sorte d’ivresse morne, il parvenait à oublier la fuite des heures
129 gues heures silencieuses qui s’égrènent une à une dans les solitudes de rocs et de glace. » Sénancour éprouvait ce qu’il app
130 « la lenteur des choses ». C’est qu’il a pénétré dans ces solitudes que les autres contemplaient d’en bas ; non pas en curi
131 surprendra pas un moderne ; mais elle est unique dans la littérature française du xixe . La littérature anglaise, au contra
132 , mais voyez avec quelle tranquillité tout repose dans la lumière… » Vous avez reconnu ce ton souverain. Pour la première fo
133 puisé ? Il y a depuis Nietzsche un style alpestre dans la pensée. Ne pourrait-il pas informer d’autres pensées que les maléd
134 ouffrons d’une carence inquiétante de l’héroïsme. Dans la lutte pour la vie que nous impose le monde contemporain, c’est l’h
135 est guère qu’au plus obscur de certains cœurs, et dans le secret de certains renoncements, que le regard spirituel saurait e
136 uables. Se trouvera-t-il un romancier pour animer dans le décor des « hauts lieux » autre chose qu’une intrigue de palaces ?
137 xixe siècles. (Librairie Dardel, Chambéry.) 23. Dans Essais et Analyses. (Crès, 1926.) k. Rougemont Denis de, « [Compte
10 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Avant l’Aube, par Kagawa (septembre 1931)
138 st un livre entièrement simple qui nous introduit dans la connaissance de la misère, et par là même nous fait sentir combien
139 e et l’action de Kagawa, telles qu’il les raconte dans ces deux volumes, témoignent que l’amour chrétien peut encore aujourd
140 nt, une incapacité organique à situer leur effort dans une vision du monde globale et cohérente, à le juger religieusement p
141 partage et sans failles. Quelques articles parus dans des revues françaises ou suisses nous avaient appris à connaître les
142 ateur de réformes de grande envergure, commencées dans les bas-fonds de la ville de Kobé et peu à peu élargies à tout ce vas
143 ticulier avait atteint des tirages sans précédent dans son pays. Il nous restait à entrer en contact personnel avec cette œu
144 s ce récit prend fin au moment où Kagawa débouche dans la vie publique et politique. Espérons qu’une biographie complète sui
145 vrai dire passionnante, et qui nous fait pénétrer dans l’intimité d’une vie, aux sources mêmes de ses déterminations. ⁂ Ce q
146 leur légende. Ici, bien au contraire, et surtout dans le premier volume, nous assistons à l’existence la plus quotidienne d
147 absence d’hypocrisie tout à fait insolite, et qui dans certains cas, paraîtra presque scandaleuse à maints lecteurs. Kagawa
148 psychologique et matérielle, et c’est par là que dans sa simplicité, il parvient à être si émouvant. On peut dire que dans
149 il parvient à être si émouvant. On peut dire que dans ces deux gros volumes si nourris, il n’y a pas deux lignes d’allure c
150 t somnola. Le train faisait un bruit épouvantable dans sa course. Il pensait que c’eût été bien agréable si le wagon entier
151 de gares tels que Tenman, Tamazukuri, tout à fait dans le genre d’Osaka, écrits sur des lampes carrées. Entre les stations,
152 mi à l’Université de Meiji Gakuin, près de Tokyo, dans une atmosphère de discussions philosophiques fort curieuse, où les do
153 étiennes, matérialistes et socialistes s’opposent dans des termes inusités pour l’Occident, mais sont oubliées, comme partou
154 nous le montre déjà tout entier : subit et absolu dans ses déterminations, farouchement idéaliste et pourtant jamais dupe de
155 ision. Il quitterait l’Université pour se plonger dans la vie active et mettre à l’épreuve son grand idéal. Que pouvait-il y
156 dont la description serait tout entière à citer, dans son inénarrable et cruelle vérité, pourtant fort émouvante par moment
157 trouve Tsuruko, la belle jeune fille qu’il aimait dans son adolescence. Et l’idylle passionnée se renoue, mais en même temps
158 se renoue, mais en même temps le drame s’éveille dans l’âme du jeune homme : comment concilier son bonheur personnel avec l
159 hropiques à tous les vents ; de rentrer bien vite dans sa maison garnie de belles nattes et de se plonger dans ses livres de
160 a maison garnie de belles nattes et de se plonger dans ses livres de philosophie. Il entendait une voix intérieure qui lui d
161 e folie. Tsuruko est obligée de le quitter. Alors dans un accès de désespoir, il tente de mettre le feu à sa maison. Il s’en
162 a maison. Il s’enfuit, et s’engage comme manœuvre dans les docks. La mort de son père l’oblige à en sortir, mais en même tem
163 il faut avoir une volonté de fer, lorsqu’on tombe dans la lie de la société. Le jour des funérailles, Eiichi essaya de garde
164 e qui depuis longtemps l’enfiévrait, le terrasse, dans la boue, sous la pluie. Il renaîtra bientôt à la vie, mais cette fois
165 euple misérable, des pires brutes qu’il recueille dans sa chambre, et qu’il couvre de ses propres habits, des prostituées qu
166 ’il faisait une étude pratique de désordre mental dans une classe d’école, tant il était calme et loin d’être troublé. En re
167 ts. Eiichi se demanda s’il y avait des procureurs dans le monde des moineaux. Il se taisait, car il savait qu’il était inuti
168 les excès lui sont possibles, en action, surtout dans le bien, dans la sainteté, mais toujours ils s’accompagnent d’une mes
169 sont possibles, en action, surtout dans le bien, dans la sainteté, mais toujours ils s’accompagnent d’une mesure parfaite d
170 toujours ils s’accompagnent d’une mesure parfaite dans l’appréciation. Il semble qu’il n’ait aucune peine à se juger imparti
171 es qui les provoquent. Et pas trace d’ostentation dans son humilité ou dans son impartialité. C’est toujours à l’effarante s
172 . Et pas trace d’ostentation dans son humilité ou dans son impartialité. C’est toujours à l’effarante sincérité de ce récit
173 nouveauté frappante. Cela éclate particulièrement dans l’analyse des motifs de ses actions journalières. Par là, il fait sou
174 on corps : “Meurs !”, mais sans résultat ». C’est dans un tel état de désespoir que soudain l’amour de la vie revient s’empa
175 l accepterait la vie et toutes ses manifestations dans le temps. Il était ressuscité de l’abîme du désespoir et revenu au mo
176 monde merveilleux. Il résolut de vivre fermement dans sa sphère actuelle, enrichi par la force de la mort. Tout était merve
177 ait aussi la religion avec le courage du suicide. Dans sa résolution, il se sentait graduellement attiré par le Christ. Il s
178 ré par le Christ. Il se disait que ce n’était pas dans la mer qu’il fallait se jeter, mais dans les merveilles du monde. Et
179 tait pas dans la mer qu’il fallait se jeter, mais dans les merveilles du monde. Et voici que, le 14 février, il se décida à
180 tes les formes du mal, jamais vous ne surprendrez dans ses yeux rien du moralisme glacial des « honnêtes gens », ni rien du
11 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). André Gide ou le style exquis (à propos de Divers) (octobre 1931)
181 ses récits, mais dont lui-même se révèle dépourvu dans une mesure qui est celle, exactement, de son art, — considérable. Art
182 ne à cette dernière catégorie. (On sait qu’il y a dans le monde moderne trois sortes de gens, les pécheurs, les sauvés et le
183 un plaidoyer pour André Gide. J’avoue qu’il sait dans un grand nombre de cas me convaincre ; et que, dans la plupart des au
184 ns un grand nombre de cas me convaincre ; et que, dans la plupart des autres, il est si admirablement habile qu’on vote l’ac
185 iques auxquels il adressa les lettres reproduites dans ce recueil en savent quelque chose, et le Père jésuite qui tenta de s
186 udain, l’on s’impatiente d’être ramené sans cesse dans un cercle de paradoxes et de malentendus où il semble qu’un esprit de
187 jamais Gide n’est plus loin du protestantisme que dans cette attitude sereinement contradictoire, où il voit l’essence de sa
188 Plus de sanctions transcendantes et irrévocables dans un tel univers. Suppression du tragique. Car le tragique naît dans un
189 rs. Suppression du tragique. Car le tragique naît dans une âme qui s’efforce vers l’unité, vers l’unification de ses aspirat
190 ’unification de ses aspirations et de ses actes ; dans une âme responsable de ses contradictions. Sans doute, la psychologie
191 surhumaine. Je crois que ce qui me plaît surtout dans ce récit frémissant, c’est sa noblesse. Les faiblesses, les abandons,
192 onsidérable : que le bonheur de l’homme n’est pas dans la liberté, mais dans l’acceptation d’un devoir. Gide aurait-il pres
193 onheur de l’homme n’est pas dans la liberté, mais dans l’acceptation d’un devoir. Gide aurait-il pressenti que l’ère n’est
12 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le protestantisme jugé (octobre 1931)
194 ntisme jugé (octobre 1931)p Parlant récemment, dans un article des Nouvelles littéraires d’un ouvrage de M. Édouard Mar
195 essai très fouillé et profond de Gaston Frommel, dans ses Études littéraires et morales. Nous sommes certains d’intéresser
196 ns attaches, cherchant uniquement à se satisfaire dans la jouissance présente. La structure même de ses romans est un indice
197 la pensée, la pensée contredit au sentiment, et, dans leur tumulte intérieur, les forces vives de l’être ont déchiré leur e
198 s se sont révélés et leur souffrance s’est écrite dans les pages innombrables de notre littérature. L’ouverture s’est faite,
199 choisi son confident : elle ne trouve aucune paix dans une intimité purement humaine : Et l’homme seul répond à l’homme épo
13 1932, Foi et Vie, articles (1928–1977). Romanciers protestants (janvier 1932)
200 es œuvres. La critique à peu près unanime a salué dans Le Scandale la meilleure œuvre de M. Bost, une espèce de somme romane
201 tous les suffrages féminins, et classe son auteur dans la lignée de ces fameux « moralistes français » auxquels nous pardonn
202 -d’œuvre d’une sorte de renaissance cornélienne. Dans la discordante après-guerre, Jean Schlumberger semblait devoir rester
203 ers protestants montrent de préférence la famille dans sa force de conservation morale, alors que le catholique Mauriac s’at
204 amille qui se défait30. Mais gardons-nous de voir dans ce contraste autre chose que la vieille opposition du sacrifice corné
205 qui se prolonge et trouve son expression moderne dans des œuvres bien plus caractéristiques d’une éducation protestante ou
206 et des œuvres. Délimiter un « parti protestant » dans nos Lettres, n’était-ce point, d’abord, céder à la tentation d’un nat
207 martyrs, camisards et prophètes, nous condamnent dans la mesure où elles furent authentiques. Mais d’autre part certaines «
208 itale nous apparaissent incapables de transporter dans ce décor les dilemmes religieux d’une vie intérieure que l’on sent pa
209 ’exprimer. Le couple que Jacques Chardonne étudie dans Claire poursuit un bonheur purement égoïste, et par là si précaire qu
210  sort » que l’on s’en remet, ni plus ni moins que dans un drame antique. M. Saurat doit se tromper, lorsqu’il note que dans
211 ue. M. Saurat doit se tromper, lorsqu’il note que dans ce conflit moral, Dieu est « tranquillement oublié ». Il y a visiblem
212 eur, ou commode. Cette espèce de stoïcisme moral, dans lequel nous voyons se complaire beaucoup de « protestants par traditi
213 erne, ne vont pas forcément à la ruine immédiate, dans notre monde tel qu’il est. Mais c’est parfois, bien au contraire, par
214 st parfois, bien au contraire, par leur succès et dans leur épanouissement qu’ils manifestent au jour leurs faussetés et qu’
215 ment jugés. Était-ce affaiblissement de notre foi dans l’avenir de la Réforme, besoin minoritaire de trouver des alliés à bo
216 e nos docteurs, un fait prit corps, irréfutable : dans l’esprit du Français moyen, « protestant » devint synonyme de « moral
217 synonyme de « moraliste ». Était-ce qu’il y avait dans l’accent de ces docteurs-là quelque chose qui les empêchait de convai
218 dariser de certaines formes de pensée ou d’action dans lesquelles nos pères crurent trouver des appuis, mais dont nous souff
219 uel nous met en demeure d’abandonner tout ce qui, dans notre éthique, s’inspire d’un conformisme bourgeois plutôt que de l’h
220 scients des fondements de notre foi pour récuser, dans « l’esprit protestant », tout ce qui rend inutile la grâce ? Il y va
221 ins se le représentent, ne pouvait s’exprimer que dans la forme du roman moraliste (forme qui par ailleurs flattait un pench
222 re vaut-il la peine de préciser ici et de pousser dans le détail une accusation que certains, déjà, disent banale, pour lui
223 ession d’une doctrine héroïque, pouvait provoquer dans les âmes des complexités merveilleuses, un pathétique aux résonances
224 alvin, pessimiste quant à l’homme, mais confiante dans la grâce, cède le champ aux idées de Rousseau, optimistes quant à l’h
225 homme et pratiquement athées. Voici donc l’homme, dans sa condition menacée, réduit aux seules défenses qu’invente son calcu
226 u’au jour où nous aurons compris que la santé est dans l’humilité de la prière, dans la reconnaissance éperdue de notre inca
227 is que la santé est dans l’humilité de la prière, dans la reconnaissance éperdue de notre incapacité à faire par nous-mêmes
228 notre incapacité à faire par nous-mêmes le bien, dans l’abandon aux mains de Dieu, — aux violentes mains de Dieu. Un can
229 ne soit plus favorable à l’art que l’évangélisme dans sa pureté, héroïque ou sereine, il faudrait pour en douter que l’on a
230 équate au libéralisme fut l’analyse d’états d’âme dans le doute, il est permis d’attendre de la violence même d’une théologi
231 l est dit au dernier psaume. 28. Denis Saurat, dans la Nouvelle Revue française et Marsyas. 29. Albert Thibaudet, dans C
232 evue française et Marsyas. 29. Albert Thibaudet, dans Candide. 30. À Mauriac, joignons Roger Martin du Gard, Montherlant,
233 hlumberger, André Chamson. 31. Charles Westphal, dans Le Semeur . 32. Il est entendu, même chez les protestants, qu’un « 
234 ses pères. Le jeu consiste uniquement à retrouver dans son œuvre des traces qui « malgré tout » révèlent ses origines. Trist
235 Saussure : À l’École de Calvin, passim. 36. Cf. dans le dernier numéro de cette revue l’article de E. Hæin, et particulièr
14 1932, Foi et Vie, articles (1928–1977). Goethe, chrétien, païen (avril 1932)
236 ieur, et qui, en marge des expériences accumulées dans l’exercice de ces activités, composerait des poèmes d’amour, des roma
237 n’y a peut-être pas d’individu plus significatif dans l’histoire de l’Occident moderne, c’est-à-dire dans l’histoire des pe
238 ns l’histoire de l’Occident moderne, c’est-à-dire dans l’histoire des peuples qui vivent sous le règne du christianisme. Mai
239 ental fut-il chrétien ? Nous ne saurions, surtout dans Foi et Vie , aborder cette question sous l’angle de la curiosité lit
240 des Conversations avec Eckermann que nous donnons dans ce numéro n’ont pas été choisis pour dissiper trop facilement une équ
241 effet, si nous ne savions rien des circonstances dans lesquelles Goethe évoluait. Un grand critique allemand, Ernst Robert
242 lemand, Ernst Robert Curtius, rappelait récemment dans un article qui fit quelque bruit37 les débuts piétistes du jeune Goet
243 ’était le temps du réveil sentimental et mystique dans une Allemagne luthérienne ravagée par l’Aufklärung et le rationalisme
244 ut le bien que les sources éternelles ont déversé dans mon cœur. » Et deux ans plus tard : « Je suis ce que j’ai toujours ét
245 ste » précisément que Goethe dès lors recherchera dans une solitude aggravée par l’agacement que lui causent les effusions p
246 ée naturelle. Dès lors, pourquoi faire intervenir dans notre vie une recherche qui risque surtout d’être nuisible à la vie ?
247 rnons-nous à l’utile. Bornons-nous à « réaliser » dans nos actions ce que Dieu jugea bon de nous révéler dans l’Évangile. Et
248 nos actions ce que Dieu jugea bon de nous révéler dans l’Évangile. Et en présence de l’intempérance de langage qui trop souv
249 e dont nous nous sentons incapables pour admettre dans la communauté de la foi chrétienne l’homme qui a pu dire qu’il s’incl
250 ants libéraux par exemple. Mais c’est précisément dans la facilité d’interprétation qu’offre Goethe dans cette espèce de sag
251 dans la facilité d’interprétation qu’offre Goethe dans cette espèce de sagesse large et optimiste si contraire au scandale c
252 , c’est le sens tragique du péché. Car c’est bien dans le sens du péché que gît l’irréductible, c’est-à-dire le tragique ess
253 t vient bouleverser nos sagesses. Goethe, prônant dans Faust le salut par l’effort humain au sein d’une nature harmonieuse —
254 sance autant que la sienne ? Certes, hic et nunc, dans la situation du monde de 1932, en présence du déchaînement orgueilleu
255 ment. Bien plutôt c’est lui qui nous juge. Il y a dans le Faust, et dans la vie de cet homme, dont le Faust n’est qu’une fig
256 c’est lui qui nous juge. Il y a dans le Faust, et dans la vie de cet homme, dont le Faust n’est qu’une figuration symbolique
15 1932, Foi et Vie, articles (1928–1977). Penser dangereusement (juin 1932)
257 M. Benda sont couverts par la rumeur de la place. Dans toute la jeune génération littéraire et philosophique, c’est en vain
258 éoccupé des conséquences nécessaires de la pensée dans l’ordre pratique) « est protestant ». Mais, d’autre part, cette soif
259 en faveur du marxisme, philosophie antichrétienne dans son essence, et par suite, dans l’action qu’elle commande à des milli
260 ie antichrétienne dans son essence, et par suite, dans l’action qu’elle commande à des millions de nos contemporains. Il y a
261 volume une suite d’études parues pour la plupart dans les pages de l’Action française, mais qui, marquons-le tout de suite,
262 politique de ce journal. Le titre : La Crise est dans l’homme 38, s’oppose d’emblée aux thèses des économistes bourgeois ou
263 ourgeois ou marxistes, pour lesquels la crise est dans les institutions. Il paraît supposer une rénovation intérieure, celle
264 tte personne humaine. Le choix des sujets abordés dans son livre montre un esprit averti des vraies valeurs de ce temps. Il
265 . Berl et Guéhenno, sur la question de la culture dans ses rapports avec le peuple. Il discute M. Malraux et son goût désesp
266 e. Mais il est inquiétant d’entendre M. Maulnier, dans sa préface, se déclarer satisfait d’indiquer « des positions de résis
267 ns dangereuses pour l’ordre établi. « Nous vivons dans un temps où les philosophes s’abstiennent. Ils vivent dans un état de
268 emps où les philosophes s’abstiennent. Ils vivent dans un état de scandaleuse absence. Il existe un scandaleux écart, une sc
269 par suite des reproches démesurés. Certes40. Mais dans la mesure, si faible soit-elle, où la philosophie actuelle exerce une
270 justifiée. Pour le reste, c’est la politique, et dans un sens plus vaste, la religion, que cela regarde. M. Nizan demande i
271 ncu. On sent bien que le triomphe de M. Nizan est dans l’insolence plus que dans le sacrifice à une cause. Je n’insisterais
272 riomphe de M. Nizan est dans l’insolence plus que dans le sacrifice à une cause. Je n’insisterais pas, si ces traits ne me p
273 Les philosophes ne s’adressent jamais à tel homme dans telle situation quotidienne, répète M. Nizan. Et il propose Marx. Je
274 humaine, dont les pensées concernent chaque homme dans chaque situation de sa vie de chaque jour, si cet appel n’a pas trouv
275 ’a pas trouvé la seule réponse possible et réelle dans le message évangélique. Et je demande maintenant aux chrétiens s’ils
276 leurs prêtres, ni tout leur appareil d’assurance dans le monde et contre Dieu —, seul l’Évangile est radicalement dangereux
16 1933, Foi et Vie, articles (1928–1977). « Histoires du monde, s’il vous plaît ! » (janvier 1933)
277 ’une relative sécurité cherche son divertissement dans des fictions romanesques. Le roman est un genre bourgeois — et c’est
278 n œuvre la menace des forces terribles déchaînées dans le monde contemporain voit bien que la question n’est plus de s’évade
279 d’arguments précis et « sérieux » qu’on exhibera dans un cercle aussi excité qu’incompétent. De là cette multitude d’écrits
280 gréablement ». Le goût des idées, même et surtout dans des cercles littéraires raffinés, était une sorte d’atteinte au « goû
281 Le roman était un genre bourgeois, en ce sens que dans le monde bourgeois, privé de risques et d’aventures réelles, il repré
282 sants. C’était ce qu’il y avait de plus subversif dans les salons. « Se nourrir de romans », dans certains milieux, c’était
283 versif dans les salons. « Se nourrir de romans », dans certains milieux, c’était le commencement de la fin, c’était se prépa
284 qu’un des effets du changement à vue qui s’opère dans toute notre conception du monde. Dans une époque qui a vu les frontiè
285 qui s’opère dans toute notre conception du monde. Dans une époque qui a vu les frontières et les peuples de l’Europe bouleve
286 n décadence, et rêver à son tour une révolution ; dans une époque où l’humanité risque de mourir pour la réalisation même de
287 pour la réalisation même de ses désirs matériels, dans cette énorme aventure qui « règne » sur le monde comme une fièvre, le
288 onné pour la vie du monde. Et ce fait est nouveau dans l’Histoire. Jamais le document n’a été recherché avec une telle avidi
289 récemment le « Cahier de revendications » publié dans la NRF ). Lorsqu’il y a deux ans, Bernard Grasset, dans un article r
290 NRF ). Lorsqu’il y a deux ans, Bernard Grasset, dans un article retentissant, annonça son intention de « casser les reins
291 veaux, mais le fait est que le seul grand succès, dans cet ordre, est allé au livre de Céline, Voyage au bout de la nuit, ch
292 depuis deux ans, se spécialisent de plus en plus dans la publication de collections d’essais : Denoël et Steele lancent des
293 git, mais c’est du sort de l’homme tel qu’il est, dans son effarante et magnifique diversité. Sort menacé, comme il le fut d
17 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Destin du siècle ou vocation personnelle ? (février 1934)
294 rsonnelle ? (février 1934)u Depuis des années, dans toutes les conférences, dans tous les journaux d’opinion, dans tous l
295 Depuis des années, dans toutes les conférences, dans tous les journaux d’opinion, dans tous les manifestes de partis ou de
296 es conférences, dans tous les journaux d’opinion, dans tous les manifestes de partis ou de ligues, une expression revient co
297 reuse, pour qui veut prendre position et pénétrer dans la bagarre universelle. Je vois bien le désordre et la contradiction.
298 remier homme, depuis le déluge, le monde se débat dans une crise millénaire dont les périodes dites « prospères » ne sont qu
299 os maîtres nous ont fourni des méthodes d’évasion dans la complexité. Trop souvent ils nous ont mis en garde contre un « cer
300 exités que nous créons à plaisir, qui ne sont pas dans la situation et qui sont autant de prétextes à refuser de prendre pos
301 n destin. Mais aussi chacun de nous a un destin ; dans la mesure où chacun de nous possède une raison d’être, quelle qu’elle
302 uverons les meilleurs exemples de cette théologie dans les écrits marxistes, plus intelligents et plus logiques surtout que
303 fait qu’il était, à la fin de la guerre, caporal dans l’armée allemande. Son idéologie n’a rien de personnel, c’est l’idéol
304 mais moins que rien, et que tout ce qui se passe dans le monde obéit à des lois générales et historiques qui échappent à no
305 ndonnez votre cher petit moi, fondez votre destin dans celui du prolétariat ou de la race aryenne, et toutes vos inquiétudes
306 ’élan qui jette des millions de nos contemporains dans les destins du siècle, c’est peut-être l’élan d’une fuite devant le d
307 s, achevées, mortes comme toutes les moyennes, et dans ce sens, abstraites. Sur quoi peut bien se fonder une loi historique 
308 ? Sur ce qui a été fait. Toute loi qu’on découvre dans la société humaine repose sur le principe démissionnaire par excellen
309 s, économiques ou sociales, sont toujours justes, dans la mesure où nous démissionnons de notre rôle d’hommes responsables e
310 ent au moins ce qui les mène et poussent le monde dans la direction où il doit tomber fatalement, si on le laisse tomber. En
311 n’en finirions pas. L’argent est partout, il est dans tout, il est tout et tous le servent. ⁂ Destin du siècle, destin des
312 alentendu que cette description a pu faire naître dans l’esprit de quelques-uns. Je sais que le bon ton, dans certains milie
313 l’esprit de quelques-uns. Je sais que le bon ton, dans certains milieux bien-pensants, veut qu’on dénonce le règne de la mas
314 pareils et qu’un homme n’a pas le droit de sortir dans la rue coiffé d’un chapeau de paille avant la date fixée par les gran
315 On prétend que l’individu se perd de plus en plus dans la masse anonyme. Je crois que c’est là ce qu’il peut faire de mieux.
316 me beaucoup plus souvent la forme d’un enrôlement dans quelque troupe d’assaut. En vérité, ce serait une erreur insondable q
317 r insondable que de voir le salut de notre époque dans un retour à l’individu. L’individu est l’origine la plus certaine du
318 individualiste des mythes collectifs, je la vois dans l’aboutissement de ces mythes. On a cru trouver en eux les principes
319 de haine déclarée. L’amour des hommes, transposé dans la collectivité, devient automatiquement de la haine. On me dira que
320 orsqu’on vous dit que désormais « tout se tient » dans le monde, c’est l’exemple suivant : le krach d’une banque à Paris peu
321 blés par la peur et la faim, et la haine, parqués dans des casernes ou des camps de travail, — et mourant de solitude. J’ai
322 nt leur raison d’être. La classe, la race, jouent dans le monde le même rôle que l’instinct dans l’homme. La culture du xixe
323 jouent dans le monde le même rôle que l’instinct dans l’homme. La culture du xixe siècle a voulu les ignorer et nous assis
324 oussait, je vois bien ce qu’il y avait d’émouvant dans leur élan vers une nouvelle communauté humaine. Mais ils se sont crue
325 e, dont on nous parle tant depuis quelques années dans les jeunes groupes révolutionnaires de France et de Belgique, dans la
326 roupes révolutionnaires de France et de Belgique, dans la revue Esprit, et surtout dans les cercles de L’Ordre nouveau. Qu’e
327 et de Belgique, dans la revue Esprit, et surtout dans les cercles de L’Ordre nouveau. Qu’est-ce que la personne ? Permettez
328 réatrice de l’homme. Tout, en définitive, se joue dans l’homme et se rapporte à lui. Dans l’homme, la masse n’a pas plus de
329 itive, se joue dans l’homme et se rapporte à lui. Dans l’homme, la masse n’a pas plus de puissance que la personne. Dans l’h
330 masse n’a pas plus de puissance que la personne. Dans l’homme, le choix peut avoir lieu, effectivement. Et votre rôle d’étu
331 s, c’est-à-dire d’intellectuels, m’apparaît alors dans toute sa grandeur. C’est à vous de rechercher dans vos pensées les or
332 ans toute sa grandeur. C’est à vous de rechercher dans vos pensées les origines concrètes de ces grands faits qui bouleverse
333 l’origine permanente et virtuelle des dictatures, dans un fléchissement, en vous, du sens de votre destinée personnelle. À l
334 e vous montrer l’attitude de celui qui se réfugie dans l’Histoire42, qui pense par périodes séculaires, qui rêve et qui pour
335 s. La personne, au contraire, de l’individu perdu dans l’Histoire, vit d’instant en instant, d’une tâche à une autre, d’un a
336 ours imprévisible, toujours aventureuse. Elle vit dans le risque et dans la décision, au lieu que l’homme des masses vit dan
337 toujours aventureuse. Elle vit dans le risque et dans la décision, au lieu que l’homme des masses vit dans l’attente, la ré
338 s la décision, au lieu que l’homme des masses vit dans l’attente, la révolte et l’impuissance. Je pourrais encore vous montr
339 itutions, organisez le monde par la contrainte ou dans la liberté, vous ne ferez pas une société si vous n’avez pas, avant t
340 us donc, nous avons reçu, chacun à notre place et dans nos circonstances particulières, une vocation personnelle. Personne e
341 séparables. Et toutes deux ne sont possibles que dans cet acte unique d’obéissance à l’ordre de Dieu, qui s’appelle l’amour
342 plus commode de vivre en société. On a transporté dans l’histoire cet amour qui doit être un acte, une présence et un engage
343 ’acte le plus révolutionnaire qui ait jamais paru dans notre monde. Lui seul suffit à vaincre les destins du siècle, lui seu
344 misère matérielle. Mais elles ne pénètrent jamais dans l’intimité de notre être, là où réside le désespoir de l’homme qui ne
345 ède, mais c’est une consolation. Je prends ce mot dans son sens le plus fort, tel que le donne l’étymologie. Consoler, c’est
18 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Deux essais de philosophes chrétiens (mai 1934)
346 ergson, avec ses Deux Sources pourrait s’aligner, dans cet ordre, avec un honnête romancier. On s’étonnera, sans doute, de m
347 Le critique qui dispose d’un feuilleton régulier dans un hebdomadaire ou un quotidien n’est, en réalité, pas un critique, m
348 nte, une pensée qui aide à vivre, trouve son lieu dans l’acte et nulle part ailleurs. Mais il faudrait d’abord qu’elle soit
349 périence et d’actions vécues » que Scheler étudie dans ce petit livre, c’est le phénomène que Nietzsche a baptisé ressentime
350 trouvé, selon Nietzsche, son expression détournée dans l’affirmation paradoxale que les premiers seront les derniers, ou que
351 ont les derniers, ou que la vraie noblesse réside dans la misère. C’est ce renversement des valeurs « nobles » qu’il ne cess
352 ale bourgeoise. Scheler le démontre avec maîtrise dans un chapitre consacré aux valeurs humanitaires, qui me paraît renferme
353 a profondeur et la gravité des confusions morales dans lesquelles nous vivons. Je ne connais pas de plus salutaire leçon pou
354 e paix annoncée par le Christ à ceux qui luttent ( dans leurs luttes et au-dessus d’elles) ; un égalitarisme qui renie la réa
355 nous devons attendre qu’il fasse passer de l’air dans la philosophie française ; un de ceux pour lesquels philosopher ne fi
356 sement l’existence de l’homme moderne, emprisonné dans la catégorie du « tout naturel » incapable, par suite, de s’interroge
357 tique » — démarche de la création qui va toujours dans le sens de l’être, à condition qu’elle soit soutenue par une fidélité
358 activement perpétuée ». Et tout cela tend à créer dans l’âme une disponibilité paradoxale : « parce que l’âme sait qu’elle n
359 aits qui nous assurent que les problèmes débattus dans ce livre sont de ceux qui se posent ; non point de ceux que l’on se p
360 che — qui domine notre société. 43. On trouvera dans les excellents articles d’Henry Corbin, publiés par Hic et Nunc (n° 1
361 rler une illustration de l’essai, mais qui est né dans le même temps, et participe de la même problématique (Desclée, De Bro
362 etzschéisme violent. On voit percer par endroits, dans ce livre, une espèce de ressentiment à l’égard de la Réforme : d’où u
363 entre la prière et l’acte, seuls moments d’unité dans la vie du chrétien. v. Rougemont Denis de, « Deux essais de philoso
19 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Notice biographique [Kierkegaard] (août 1934)
364 aard avait passé son enfance à garder les moutons dans la plaine du Jutland. Un jour, accablé par la misère, il était monté
365 nt loué ses premières œuvres, il se vit abandonné dans la plus complète solitude qu’ait jamais connue un grand esprit. Un an
366 t. Un an plus tard, épuisé par la lutte, il tomba dans la rue. On le transporta à l’hôpital, où il mourut paisiblement, en «
367 Le sens réel et profond de toute son œuvre réside dans sa protestation à la fois violente et humble, ironique et pourtant fo
368 tre de Traité du désespoir. 51. Rudolf Kassner, dans Commerce, n° XII. w. Rougemont Denis de, « Notice biographique [Kie
20 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Nécessité de Kierkegaard (août 1934)
369 ions physiques de l’existence. Que la justice est dans l’égalité de tous, et la vertu dans l’opinion publique. Que l’histoir
370 a justice est dans l’égalité de tous, et la vertu dans l’opinion publique. Que l’histoire évolue selon des lois fatales, et
371 les dément ; que la foi d’un seul est plus forte, dans son humilité et devant Dieu, — car c’est la foi, — que les discours d
372 ard ? C’est l’homme dépourvu de sérieux », lit-on dans un journal du temps. On se moquera de son aspect physique et de ses p
373 able de son destin. Mais tout cela va au martyre, dans le monde qu’on nous prépare ? Il se peut, si pourtant Dieu le veut. L
374 dont la mort, comme un sceau d’éternité, attesta dans sa plénitude la primauté de l’acte spirituel : Kierkegaard. Le grand
375 C’est aussi qu’il est devenu possible de saisir, dans le déploiement des faits, et des plus marquants de l’époque, la vérit
376 te, un rappel presque insupportable à la présence dans ce temps de l’éternel. Car il ne suffit pas d’applaudir à ses thèses
377 u’on lui coupe la tête ! » Alors, le chat s’élève dans les airs et peu à peu rend son corps invisible, seule subsiste sa fac
378 mimique. Le rire de Kierkegaard sur notre temps ! Dans un monde où règne la masse, règne aussi le sérieux le plus pesant. On
379 lus pesant. On ne rit pas devant le dictateur, ni dans les rangs des troupes d’assaut. Ah ! si le rire est le propre de l’ho
380 t, que l’Histoire fait trembler et qui se réfugie dans les soucis publics comme on va voir un film pour s’oublier dans un dr
381 s publics comme on va voir un film pour s’oublier dans un drame fictif, de cet homme affolé par la lecture de son journal, —
382 lecture de son journal, — mais qui porte l’enfer dans son âme ! — Kierkegaard a montré « le comique infini ». Il faut risqu
383 oisir. Ou bien tu crois à la seule grâce de Dieu, dans l’abîme infini où tu te vois, ou bien tu crois aussi à ce sérieux de
384 « croyant » qui tremble pour le sort de l’esprit dans le monde, et pour son sort dans le monde sans esprit, exactement comm
385 sort de l’esprit dans le monde, et pour son sort dans le monde sans esprit, exactement comme si l’Esprit n’existait pas ! S
386 rmons, à nous qui n’avons pas voulu souffrir ». «  Dans l’église somptueuse paraît le Très Vénérable et Très Noble Premier Pr
387 ur ce texte qu’il a choisi lui-même : “Dieu a élu dans le monde les petits et les méprisés”, et personne ne rit ! »56. C’es
388 professeurs et disciples ne se trouvent bien que dans l’imitation : c’est pourquoi ils se sentent unis en elle d’une manièr
389 re, autrement l’homme n’est rien qu’un exemplaire dans le troupeau. Le solitaire devant Dieu, c’est celui qui répond à la fo
390 u Royaume. Et nier une négation, c’est s’enfoncer dans le néant. Seule la révolte du chrétien est position, obéissance. Si d
391 Dieu isole du monde un homme, c’est que le monde, dans sa forme déchue, s’oppose au monde tel que Dieu l’a créé, s’oppose à
392 selon sa misère ». Cette révolte n’est pas fondée dans la transformation effective du monde. Elle participe encore de la dég
393 int simplifié qu’il n’est plus rien qu’obéissance dans la mesure où il agit, et pénitence dans la mesure où sa vocation le d
394 béissance dans la mesure où il agit, et pénitence dans la mesure où sa vocation le dépasse ? Si Kierkegaard condamne la foul
395 Elle n’est personne, et tire de là son assurance dans le crime. « Il ne s’est pas trouvé un seul soldat pour oser porter la
396 telle est la vérité. Mais trois ou quatre femmes, dans l’illusion d’être une foule et que personne peut-être ne saurait dire
397 qui n’a pas de mains, mais chaque homme isolé a, dans la règle, deux mains, et lorsqu’il porte ces deux mains sur Marius, c
398 a eu. Il faut aller plus loin. La foule n’est pas dans la rue seulement. Elle est dans la pensée des hommes de ce temps. Tou
399 a foule n’est pas dans la rue seulement. Elle est dans la pensée des hommes de ce temps. Tout le génie paradoxal et réaliste
400 Ils n’ont pas lu Hegel, bien sûr, mais Hegel est dans tous nos journaux, Hegel domine le marxisme et les fascismes, et la t
401 lle-même ? Les uns fuient en avant, et les autres dans le passé, mais qui voudrait se tenir, dans l’instant, « sous le regar
402 autres dans le passé, mais qui voudrait se tenir, dans l’instant, « sous le regard de Dieu », comme disent les chrétiens. (E
403 à l’homme, et j’entends, à l’homme tel qu’il est, dans l’ordre même de son péché. Ainsi Maurras, lorsqu’il dénonce les mythe
404 e, invisible, mystérieusement répandu et vaporisé dans les choses afin d’y exaucer (comment et pourquoi ?) nos désirs. Cette
405 que cette Âme du Monde le tient aussi, et jusque dans son scepticisme, lorsque Maurras proclame après Auguste Comte : « Les
406 igine. » Seul, Kierkegaard sait nous la désigner, dans le refus de cette « catégorie du solitaire », de l’homme qui vit de l
407 qui vit de la Parole seulement, entre les temps, dans l’instant éternel. Le solitaire peut-il agir ? Le maléfice hégé
408 use mon désespoir, ou si l’on veut, je peux rêver dans le sommeil du désespoir à ma perfection idéale, je peux rêver ma voca
409 sent devant l’effroi du choix concret, du risque, dans la passion du désespoir total. Maintenant, tu vas témoigner de la pui
410 oi pur », son premier devoir, c’est de persévérer dans son être agissant : en cette extrémité, le compromis se justifie… Mai
411 t être sujet de son action, mais c’est qu’il est, dans l’autre sens du terme, « assujetti » à la Parole qui vit en lui. C’es
412 , « assujetti » à la Parole qui vit en lui. C’est dans ce sens que la formule de Kierkegaard est vraie. La sujétion totale e
413 t seule active. Elle est aussi présence au monde. Dans ce temps de la masse, où nous vivons, le « solitaire devant Dieu » es
414 nc, quand la foule est ubiquité et fuite sans fin dans le passé ou l’avenir. Un seul utile à tous La phrase de Carlyle
415 magine, et mon discours est vain. À qui pressent, dans sa réalité brutale, dans son sérieux dernier, et son risque absolu, c
416 st vain. À qui pressent, dans sa réalité brutale, dans son sérieux dernier, et son risque absolu, ce qu’est la solitude dont
417 pposition, que Jean Wahl a remarquablement exposé dans un article de la Revue philosophique (nov.-déc. 1931). 60. Journal.
418 rien d’autre qu’un dernier méfait de « la foule » dans notre existence morale. Une question mal posée. Un regard trouble por
21 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Kasimir Edschmid, Destin allemand (octobre 1934)
419 ela ; un autre ira chercher fortune en Argentine, dans une plantation de thé où, d’ailleurs, la crise mondiale l’aura précéd
420 e, ville étrange, perdue à 4000 mètres d’altitude dans un désert glacé, dominé par d’énormes cimes neigeuses. Le ministre de
421 nt, pour se débarrasser d’eux, il les fait tomber dans un piège grossier : un agent provocateur leur offre un engagement au
422 ccusés de haute trahison, ils sont jetés aussitôt dans une prison infecte, avec des Indiens lépreux. Le ministre d’Allemagne
423 e grandeur brutale et grave à la fois qui demeure dans l’esprit, bien après qu’on l’a lu. En vérité, ce résumé laisse à pein
424 n’a pas voulu d’eux, là-bas. Et les voici lancés dans une vie d’aventures qu’ils n’avaient pas voulue, qui les détourne de
425 ce destin. « Nous avons perdu la guerre, Bell, et dans la situation où nous sommes, nous ne pouvons plus nous affirmer que p
426 ils communient, c’est elle seule qui les soutient dans les plus effroyables et dégradantes épreuves. Eux, les simples, ils s
427 souffrent physiquement. Mais leur drame s’exprime dans la méditation de Pillau, d’une manière non moins tragique. « Il décou
428 i obligeait l’Allemagne, après la guerre, à vivre dans un état de guerre encore plus cruel qu’auparavant, et qui en faisait
429 du sacrifice de « ces jeunes gens qui sont entrés dans le malheur la tête haute ». Car ce sont « les jeunes gens, qui ne pos
430 mme le malheur. La communauté des gens qui vivent dans l’aisance, celle-là ne vaut pas un clou. Mais la communauté des gens
431 gé. À vrai dire, il est malaisé de faire la part, dans ce drame, de ce qui est national et de ce qui est plus généralement h
432 n’importe quelle communauté. Le « fait nation », dans les dernières phrases de Pillau, n’apparaît-il pas lié au seul malheu
433 nt et en Amérique ; il s’est enfoncé profondément dans la vie africaine ; et, de toutes ces enquêtes passionnées, il rapport
434  : partout où il se crée quelque chose de durable dans le monde, c’est l’œuvre d’un blanc. Les blancs seuls ont su créer des
435 ut cette interrogation, cette anxieuse espérance, dans le livre d’Edschmid. Et l’on découvre, pour la première fois peut-êtr
436 diale, grandiose, qui soutient ce peuple fiévreux dans les épreuves qu’il traverse. Ce ne sont pas les journaux qui nous app
437 la. Il faut lire Destin allemand, comme on lirait dans la conscience même d’un peuple. Il faut avoir éprouvé par ce livre la
438 e que l’un et l’autre fassent figure d’hérétiques dans leurs camps respectifs). Mais sur le plan de l’art romanesque, autant
439 ître qu’Edschmid est le plus authentique. Il y a, dans Destin allemand, un timbre de voix métallique, une sobriété amère et
440 rieux de noter que pas une seule femme n’apparaît dans tout le roman. 64. Je ne sais quel sort le Troisième Reich a réservé
441 ment frappant : Malraux, comme Edschmid, a voyagé dans des pays où il a pu voir les Européens mêlés à des révolutions indigè
442 le. L’homme ne s’avouera-t-il jamais lui-même que dans les tortures ? y. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Kasimir Edsc
22 1935, Foi et Vie, articles (1928–1977). Notes en marge de Nietzsche (mars 1935)
443 aucoup plus directe que celle qu’adopta Nietzsche dans les écrits qu’il fit paraître. On ne saurait trop recommander la lect
444 de « la seule chose nécessaire ». Rien de grand, dans l’ordre humain, ne peut être vraiment dangereux pour un chrétien qui
445 sans autre ordre que celui-là même des aphorismes dans l’édition de M. Bolle. ⁂ Le sens historique n’est qu’une théologie m
446 de chacun. Si malgré cela, l’époque actuelle est, dans son esprit, tout à fait historique, elle témoigne par ce fait que l’h
447 appeler que le salut, pour le chrétien, n’est pas dans le Progrès indéfini de notre histoire, mais qu’il est venu sur la ter
448 s vrai que nos contemporains ont cessé de croire, dans l’ensemble, que le salut était déjà venu. Ils se sont mis à croire de
449 é sera meilleure, sera plus près de son « salut » dans cent ans qu’elle ne l’est aujourd’hui. Mais que dis-je, cent ans ! Il
450 quelle espèce déprimante de piétistes, arrogants dans leur bêtise, il se défend. Et pourtant, je puis donner à cette senten
451 pêcher de former au spectacle de la chrétienté et dans sa nostalgie d’un christianisme vrai. Mais Nietzsche ? Est-ce mépris
452 s sont très excités. Les religions se consolident dans des périodes de grands troubles et d’insécurité. Lorsque tout cède, o
453 auvaise. La foi nous montre qu’elle est mauvaise. Dans ce sens, il est vrai de dire : le christianisme est contre nature. Et
454 a justesse des critiques de Nietzsche — et jusque dans leur injustice, car il y a une manière « injuste » de dire des choses
455 s, elle aussi, mais Paul les a toutes rassemblées dans une formule unique qui renvoie au fondement même du christianisme : l
456 vie, et même de la religion, s’introduire jusque dans les sermons, et s’y substituer au respect de la vérité, soupçonnée, n
457 e de Nietzsche a subi trop souvent les atteintes. Dans ce même livre, quatre pages plus bas, j’en trouve un autre exemple :
458 pas cette même forme d’esprit sur un autre plan, dans le communisme russe ? On sait que ce régime s’est établi au nom de la
23 1937, Foi et Vie, articles (1928–1977). Luther et la liberté (À propos du Traité du serf arbitre) (avril 1937)
459 ’on ignore Luther en France serait exagérer, mais dans le sens contraire de celui qu’on imagine. Car, on fait pis que de l’i
460 dogmatique luthérienne ou d’histoire de l’Église dans les trois Facultés françaises de théologie protestante. Il n’en reste
461 ssion millénaire, à la grande tension spirituelle dans laquelle l’Europe a puisé son dynamisme créateur. Tension dont le déb
462 position qui, sur le plan théologique, ou mieux : dans la totalité de l’être, revient à celle d’un christianisme qui se met
463 Le Traité du serf arbitre C’est sans doute dans cette perspective que le lecteur peu familiarisé avec la pensée luthé
464 s les autres, et ne peuvent être mieux saisis que dans l’unique et perpétuelle question que nous posent toutes les pages de
465 reçu la foi, il n’est plus rien de « difficile » dans les assertions de Luther, ni dans sa négation joyeuse du libre arbitr
466 e « difficile » dans les assertions de Luther, ni dans sa négation joyeuse du libre arbitre. Ses coups violents n’ébranlent
467 t ses œuvres morales. Que trouveront-ils dès lors dans ce Traité ? Une verdeur de polémique qui peut flatter en nous le goût
468 ait le jargon d’aujourd’hui), tout est bien fait, dans ce Traité, pour heurter de front le lecteur incroyant, ou celui qui n
469 vivant pour faire de la psychologie ; trop engagé dans le réel pour prendre au sérieux ses reflets dans la conscience du spe
470 dans le réel pour prendre au sérieux ses reflets dans la conscience du spectateur.) Ce qui ne manquera pas de faire crier a
471 ement nié, comme une absurdité, une contradiction dans les termes. C’est à Érasme en tant que théologien que Luther s’appliq
472 r cette objection par un simple rappel de l’ordre dans lequel le Traité fut pensé. Je tenterai donc d’esquisser, tout au mo
473 prescience éternelle de Dieu, qui ne peut faillir dans sa promesse, et auquel nul obstacle ne s’oppose. Que devient alors no
474 , une fois que je les ai reconnues ; à m’affirmer dans mon autonomie par un acte qui crée ma liberté, par un acte de révolte
475 tions passées, présentes, futures, car elles sont dans le temps, Dieu dans l’Éternité qui est avant le temps, qui est en lui
476 ntes, futures, car elles sont dans le temps, Dieu dans l’Éternité qui est avant le temps, qui est en lui, et qui est encore
477 ulement calculable du temps, quand elle le touche dans l’instant (dans un « atome » de temps, comme l’écrit Paul) (I Cor. 15
478 le du temps, quand elle le touche dans l’instant ( dans un « atome » de temps, comme l’écrit Paul) (I Cor. 15 : 52) ? Qui t’a
479 ui, il est en nous lorsque l’Esprit dit la Parole dans notre cœur. Quelle étrange illusion nous ferait croire qu’une décisio
480 ire qu’une décision de l’Éternel est une décision dans le passé ! Quand c’est elle seule qui définit notre présent ! Est-ce
481 ternité, et affirmer que seul existe notre temps. Dans ce cas, tu n’as rien prouvé. L. — On ne prouve rien de ce qui est es
482 ternative du libre arbitre, telle qu’elle se pose dans les termes extrêmes où elle revêt sa vraie réalité : c’est l’Éternel
483 notre révolte… Réalité radicale du problème Dans l’Église, une fois acceptés le Credo et son fondement qui est la Paro
484 démonstration purement biblique qu’on en trouvera dans le Traité du serf arbitre, malgré quelques détails exégétiques discut
485 pas envisagé la doctrine de la pure grâce jusque dans son sérieux dernier, on peut soutenir que l’homme possède au moins « 
486 e possède au moins « un faible libre arbitre »71, dans les choses du salut. Mais que le Christ ait dû mourir — cet acte extr
487 que nous n’avons aucune liberté, par nous-mêmes, dans notre péché. Et, à l’inverse, il faut oser descendre jusqu’au fond de
488 ché pour voir qu’il n’y a de liberté possible que dans la grâce que Dieu nous fait. Toute l’argumentation de Luther vise le
489 si, au contraire, ils ne la retrouvent pas, mais dans un plan où elle reste insoluble. Érasme était encore catholique ; son
490 is le plus grand des adversaires du christianisme dans les temps modernes, Nietzsche, aboutit à un dilemme qui me paraît cor
491 taire et joyeuse à la fatalité inéluctable. C’est dans cette volonté de reconnaître notre totale irresponsabilité, qu’il cro
24 1946, Foi et Vie, articles (1928–1977). Fédéralisme et œcuménisme (octobre 1946)
492 Ce manque d’efficacité des messages œcuméniques, dans le plan politique, provient sans doute du fait qu’ils sont des compro
493 ui ont su plier les circonstances à leur dessein. Dans un certain sens, nous dirons qu’ils partaient sans cesse d’eux-mêmes,
494 pposées de leur époque. Leur action fut puissante dans la mesure exacte où elle fut l’expression directe de leur être. Si le
495 isation pratique les principes qui sont impliqués dans la vision de l’œcuménisme. Rien que cela, mais tout cela, avec confia
496 d’actualiser la politique impliquée dès le début dans la volonté et l’espérance œcuménique. Le présent essai n’a d’autre am
497 à la fois excessif et incomplet. Il s’ensuit que dans leur plan, il n’y a pas de solution possible. Ils sont inconciliables
498 gie de l’œcuménisme subsiste et tombe avec la foi dans l’union des chrétiens en Christ, cette foi pouvant être connotée par
499 uvement œcuménique se propose de surmonter. C’est dans la mesure exacte où les Églises ont voulu transformer la foi à l’Una
500 de l’unité (d’organisation ou de doctrine), c’est dans la mesure exacte où elles ont douté d’une union par essence incontrôl
501 me Père, ou doctrine de la pluralité des demeures dans un seul et même ciel, ou encore doctrine de la diversité des membres
502 ur que la première Épître aux Corinthiens : c’est dans ses appels à l’union, précisément, que Paul établit avec le plus de f
503 ommes un », qui établit le modèle même de l’union dans la distinction des personnes ? Posons ces questions-là aux docteurs d
504 vise pas à démanteler les orthodoxies existantes, dans les diverses Églises, mais au contraire, elle a pour premier effet de
505 iel à la droite de Dieu, et non pas sur la terre, dans telle ville, ou dans tels écrits, ou dans tel prophète local. Certes,
506 eu, et non pas sur la terre, dans telle ville, ou dans tels écrits, ou dans tel prophète local. Certes, aucune église ou sec
507 terre, dans telle ville, ou dans tels écrits, ou dans tel prophète local. Certes, aucune église ou secte n’a jamais été cap
508 me. D’où les schismes nombreux, dès cette époque, dans les Églises calvinistes. Une Église qui prétend se suffire et posséde
509 y a scandale, et c’est alors que le corps souffre dans son chef et dans ses membres ! La vie normale du corps dépend de la v
510 c’est alors que le corps souffre dans son chef et dans ses membres ! La vie normale du corps dépend de la vitalité de chacun
511 lérer » le cœur ! Il doit être un vrai poumon, et dans cette mesure même, il aidera le cœur à être un bon cœur. Notons aussi
512 mme. Au conflit qui oppose l’unité et la division dans le plan de l’Église, correspond terme à terme le conflit qui oppose l
513 conflit qui oppose la collectivité et l’individu dans le plan de la société. Et de même que l’œcuménisme retrouve la positi
514 a position spirituelle centrale qui fonde l’union dans la diversité, nous avons à chercher la position philosophique central
515 osophique centrale qui fonde la communion humaine dans la liberté. Je l’appelle le personnalisme. Cherchons à illustrer les
516 e de conduite entraînait l’exécration ou la mort. Dans la cité, au contraire, chacun cherche à se distinguer, à se singulari
517 uté barbare du sang. Mais plus tard elle a sombré dans l’anarchie. Rome a triomphé de l’anarchie et sombre maintenant sous l
518 lle société ? En ce point crucial de l’histoire — dans une situation qui rappelle étrangement la lutte présente entre démocr
519 le de l’Église. Qu’est-ce que l’Église primitive, dans la perspective sociologique où nous nous plaçons ici ? Une communauté
520 pas non plus le simple rouage, la simple fonction dans l’État qu’était le citoyen romain, puisqu’il possède une dignité indé
521 sophes chrétiens à désigner la réalité de l’homme dans un monde christianisé. Car cet homme est, lui aussi, à la fois autono
522 mieux dire, des créations de l’Église chrétienne. Dans la personne ainsi définie se résout l’éternel conflit entre la libert
523 mule : à chacun sa vocation. Nous avons retrouvé, dans cette doctrine de l’homme, les mêmes structures que dans la doctrine
524 tte doctrine de l’homme, les mêmes structures que dans la doctrine de l’Église universelle esquissée plus haut ; la même pos
525 l, dont les deux autres ne sont que des maladies. Dans le plan humain immanent, il n’y a pas d’équilibre possible entre l’an
526 iverses, paroisses, ordres, etc.). C’est en effet dans le groupe local que la personne peut se réaliser. Car les tâches civi
527 à l’échelle de l’individu et l’engagement concret dans la communauté y devient donc possible. Dans la petite congrégation, o
528 ncret dans la communauté y devient donc possible. Dans la petite congrégation, on se connaît, on sait à quels hommes et à qu
529 donc pas isolé, comme l’individu se trouve isolé dans une grande ville moderne ou dans un vaste État centralisé. D’autre pa
530 se trouve isolé dans une grande ville moderne ou dans un vaste État centralisé. D’autre part, on n’est pas non plus tyranni
531 tyrannisé par une loi rigide et uniforme, puisque dans une fédération l’on peut toujours adhérer à divers groupes, l’un reli
532 é d’appartenances — qui trouverait son équivalent dans l’œcuménisme ecclésiastique — est exclue par le régime totalitaire, q
533 et non cette caricature de l’ordre qu’est l’unité dans l’uniformité. Au lieu de pétrifier les frontières extérieures des gro
534 quant au moins ceci : que le fédéralisme implique dans l’ordre économique la vitalité des syndicats ouvriers et patronaux, e
535 un régime coopératif. Mais ceci nous entraînerait dans un exposé qui déborde le cadre de ce schéma doctrinal. Notre objet ét
536 tre de ne pas voir figurer le terme de démocratie dans ce qui précède. C’est qu’il recouvre actuellement de trop graves male
537 ime qui puisse allier la liberté à la communauté. Dans le fédéralisme, démocrates et totalitaires de droite et de gauche pou
538 de réaliser en même temps ce qu’il y a de valable dans l’appel communautaire que le totalitarisme a diaboliquement utilisé e
539 trice de l’œcuménisme Et maintenant nous voici dans le drame de l’année 194173. Nous constatons que le conflit en cours e
540 constatons que le conflit en cours est insoluble dans son plan. Si le totalitarisme triomphe définitivement des démocraties
541 ividualisme ont reçu en Europe des coups mortels, dans les deux camps. Le totalitarisme est un état de guerre, qui ne peut s
542 économique, idéologique et social sans précédent dans notre histoire. La seule espérance et aussi la seule possibilité qui
543 nt. Mais les deux termes ne se confondent-ils pas dans la réalité de la foi ? Certes ! Si les Églises sont fidèles à leur ch
544 croient la possibilité de faire ce qu’il demande. Dans l’état d’impuissance apparente où se voient aujourd’hui les Églises,
545 lie d’une manière satisfaisante. Il en résultait, dans le peuple, le sentiment que l’Église et l’État formaient un tout, et
546 uvoir qu’elle renverse, un Staline, un Hitler et, dans une mesure moindre, un Mussolini, se virent contraints par le sentime
547 rité spirituelle, et devinrent donc totalitaires. Dans les pays calvinistes, au contraire, la séparation de l’Église et de l
548 r politique. Lors donc que la foi s’est affaiblie dans ces pays, cette carence ne s’y est pas traduite par l’éclosion d’une
549 nouveau, calviniste ou luthérien, s’est introduit dans les cadres et les rites anciens, jugés utilisables. Or, nous voyons c
550 processus ecclésiastique se répéter de nos jours dans ces mêmes pays, cette fois-ci dans l’ordre politique et social. Les c
551 r de nos jours dans ces mêmes pays, cette fois-ci dans l’ordre politique et social. Les cadres traditionnels subsistent — ro
552 nous apparaît ici-bas, selon ses propres termes, dans la diversité « des Églises et des personnes particulières ». Elle doi
553 siastiques devait trouver sa traduction politique dans un fédéralisme plus ou moins accentué selon les nations : Confédérati
554 ue. (La forme de « l’individualisme par groupes » dans ce dernier pays, étant prédéterminée par le fait — d’ordre ecclésiast
555 ue la connaissance intime des processus religieux dans un pays donné fournit une clé des processus politiques qui s’y manife
556 que certains nous proposent est une contradiction dans les termes, à moins qu’elle ne soit la formule de la religion totalit
557 ières décades. (Les partis socialistes subsistant dans les pays où les Soviets ne règnent pas, sont en voie de divergence et
558 ion. 4. La renaissance liturgique qui va de pair, dans toutes les Églises, avec l’effort œcuménique, est en train de recréer
559 disjointes et tournées en erreurs, qui subsistent dans les démocraties et dans les mouvements totalitaires. Ceci résulte, th
560 n erreurs, qui subsistent dans les démocraties et dans les mouvements totalitaires. Ceci résulte, théoriquement, de ce que n
561 en même temps qu’elle ré-axe les vérités égarées dans les deux camps. (N’oublions pas que l’on combat, de part et d’autre,
562 étais faible que parce que je me tenais immobile, dans ma prudence. L’action risquée m’apporte les forces dont je manquais.
563 tholicité réelle, d’une communauté humaine fondée dans la communion des saints. Cette communauté ne se révélera pas dans des
564 n des saints. Cette communauté ne se révélera pas dans des congrès, mais se manifestera dans une action risquée. De même que
565 évélera pas dans des congrès, mais se manifestera dans une action risquée. De même que nous avons vu les Églises nées des mi
566 rrons l’œcuménisme se réaliser avec puissance que dans l’épreuve missionnaire universelle, qu’il doit affronter maintenant.
25 1977, Foi et Vie, articles (1928–1977). Pédagogie des catastrophes (avril 1977)
567 s, en tant qu’elle me paraît lisiblement inscrite dans la problématique de notre temps. Et voilà bien pourquoi plusieurs hom
568 nt amenés aux mêmes conclusions et le confessent… dans une conversation ou un colloque privé. Pourtant, ils ne font rien de
569 oque privé. Pourtant, ils ne font rien de visible dans ce sens, tout occupés qu’ils sont à se maintenir au pouvoir. Ils voud
570 se maintenir au pouvoir. Ils voudraient bien agir dans le sens de mon plan, mais s’ils en montraient l’intention, ils perdra
571 oir existant, d’occuper ses bureaux, de s’asseoir dans ses fauteuils, de manipuler ses commandes, et non pas de le modifier
572 che, catégories de naguère aujourd’hui confondues dans l’ensemble passif des téléspectateurs, on n’y voit pas mieux les régi
573 pas un mythe journalistique, je la vois partagée dans sa majorité entre deux attitudes : — opportunisme à très court terme
574 i nous semble aujourd’hui définitivement installé dans une évidence granitique ne va durer, parce que rien de tout cela ne p
575 que le monde a désormais à faire sous le ciel ? Dans les partis, tout peut changer. Certains, disait Emmanuel Berl « peuve
576 atellites permettent une communication mondiale : dans les deux cas on échappe aux contrôles de l’État-nation, dont les mono
577 ifier l’espoir fou qu’ils deviennent raisonnables dans les dix ou quinze ans prochains — et nous n’avons guère plus de temps
578 qui n’est pas différente de celle que j’annonçais dans ma jeunesse sous le titre de « politique du pessimisme actif »76, pre
579 el, bien avéré, mais qui rapporte. Je disais cela dans mon jardin du pays de Gex devant la caméra de la TV française, dans l
580 pays de Gex devant la caméra de la TV française, dans l’après-midi lumineux du 24 août 1973, et donnais pour exemple la cri
581 semaines, de nouvelles catastrophes s’organisent dans l’ombre : « excursions » nucléaires, déchaînements criminels, répress
582 ou autrement c’est Manhattan, Moscou, Paris rasés dans l’heure… Quelqu’un d’autre l’avait déjà dit, c’était Saint-Just, au c
583 beau, la Terre de la Vie, bleue, verte et blanche dans le noir éternel… Mais sauver le paysage et les décors n’aura plus de
584 es désirs créent ces réalités et leur donnent vie dans notre vie, les réalisent. Désirer le meilleur en nous et par la force
585 enons meilleurs, obéissant mieux à notre vocation dans la cité. Hors de là point de communauté, ni donc de régions, ni d’Eur
586 voulu dire l’avenir inscrit en nous, — non certes dans nos chromosomes : n’allons pas nous cacher une fois de plus derrière
587 les arbres, aux forêts du passé profond ! — mais dans nos attitudes présentes. Si vous voulez prévenir tel désastre probabl
588 e la solidarité. Or ce changement n’adviendra pas dans le réseau des relations humaines, dans la cité, s’il ne s’est opéré d
589 iendra pas dans le réseau des relations humaines, dans la cité, s’il ne s’est opéré d’abord en vous. Si vous voulez changer
590 t : Convertissez-vous ! Le mot doit être ici reçu dans toute sa force et dans la plénitude de son sens. (Qui n’est pas limit
591 Le mot doit être ici reçu dans toute sa force et dans la plénitude de son sens. (Qui n’est pas limité à « devenez chrétiens
592 ésintégration d’un peu de matière, que reste-t-il dans la « sphère du religieux » ? La casuistique ? Mais à l’inverse, si l’
593 nations tout est joué, tout est perdu. On le sait dans les hautes sphères du Pouvoir. Chacun, pour se sauver en tant que nat
594 amène des éthologistes à penser que se manifeste, dans l’humanité d’aujourd’hui, une tendance suicidaire assez puissante. Al
595 l’aventure d’être homme, si elle prend naissance dans notre cœur.   Écoutons maintenant le cri sublime.   De Séir, une voi
596 . Constantin Doxiadis, « Œcumenopolis ou la forêt dans la ville », Preuves , Paris, n° 8, 1971. 76. Politique de la pers