1 1928, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le péril Ford (février 1928)
1 Le péril Ford (février 1928)a On a trop dit que notre époque est chaotique. Je crois bien, au contraire, que l’hi
2 ement. Un certain ordre s’élabore, ou, pour mieux dire , une organisation générale de la vie mondiale. Toutes les forces du t
3 st avec des outils qu’il joue encore à présent », dit ‑il. Le plus mémorable événement de ces années de jeunesse, son « chem
4 es de jeunesse, son « chemin de Damas » (comme il dit sans qu’on sache au juste quelle dose d’« humour » il met dans l’expr
5 sophie de ceux qui n’en veulent pas Nous avons dit tout à l’heure quel fut le but de la vie de Ford, sa « grande et cons
6 nce n’étant bien entendu qu’une cause accessoire. Dire que l’état du marché est tel que le client n’achète plus, cela signif
7 maine, « retouché l’œuvre de la Création », comme dit Ferrero. Le bon peuple s’extasie. Il ne peut voir la duperie : ce jeu
8 ges, n’est-ce pas charmant et prometteur ? Et que dire de cette admirable simplification : « Sur quoi repose la société ? Su
9 ichesse qui en est le fruit. On ne saurait mieux dire . Mais il faudrait en tirer des conséquences, alors que Ford passe out
10 aux plus grands esprits de tous les temps. On me dira que Ford a mieux à faire que de philosopher. Je le veux. Mais si j’in
11 réunies pour admirer mutuellement leur culture », dit Ford. Et tout est dit ! Le simplisme arrogant avec lequel, de nos jou
12 utuellement leur culture », dit Ford. Et tout est dit  ! Le simplisme arrogant avec lequel, de nos jours, on tranche les gra
13 ltés de l’âme, inutilisées, s’atrophient. Pourvu, dit -on, que subsiste le peu de morale nécessaire aux affaires, tout ira b
14 rer. 2° Accepter l’esprit, et ses conditions. Je dis que les êtres encore doués de quelque sensibilité spirituelle devienn
15 parmi les jeunes gens, jusqu’au jour où, comme on dit , sans doute par ironie, « la vie les prend ». Irréguliers aux yeux du
16 nôtre ? « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon », dit l’Écriture. ⁂ Je ne pense pas qu’une attitude réactionnaire qui cons
2 1930, Foi et Vie, articles (1928–1977). « Pour un humanisme nouveau » [Réponse à une enquête] (1930)
17 la même extension que l’humanité. On n’en saurait dire autant de notre raison. Les faits mystiques — qu’on les prenne en l’é
3 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). André Malraux, La Voie royale (février 1931)
18 raternité désespérée » devant la mort. Tout cela, dira-t -on, compose une figure originale certes, mais à tel point que sa port
19 M. Malraux se fait de lui-même. Je suis tenté de dire  : son moi idéal, celui auquel il donne sa plus profonde et intime adh
20 Les Puissances du désert. 11. Le prix Goncourt, dit -on, eût été décerné à M. Malraux s’il n’avait naguère au cours de ses
4 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Sécularisme (mars 1931)
21 qu’elle n’invente ou qu’elle ne stylise. On peut dire , avec plus de louange d’ailleurs que d’ironie, qu’elle touche à tout
22 ux : J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie… — Où était placé notre mal ? dan
23 ici la thèse marxiste, dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle sent son xixe siècle. On peut lui faire un grief plus gr
24 viendront y trouver leur liberté. Mais pourquoi dira-t -on, s’arrêter à ces cris d’une révolte égarée par la haine ? C’est qu
25 ont on ne saurait prévoir les avatars. Tout cela, disons -le nettement, est d’une singulière incohérence. Et il est évident que
26 ue, à l’endroit d’un philosophe caractérisé, nous dit -on, par « sa terreur sincère de la vérité qui menace ». Mais partout
27 as comme un homme devrait vivre ». Mais alors, se dit -on souvent en lisant les critiques marxistes — et c’est ici le nœud d
5 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Une exposition d’artistes protestants modernes (avril 1931)
28 ril 1931)f C’est donc qu’il y en a ? avez-vous dit . Depuis le temps qu’on cherchait à nous faire croire qu’une origine p
29 n plus que quiconque de principes définis — je ne dis pas de cadres — qui lui servent de thèmes dans ses variations, d’appu
30  », il n’y a pas de « sujets protestants ». Mais, dira-t -on, il y a tous les sujets chrétiens ! C’est bien là que nous voulion
6 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Conférences du comte Keyserling (avril 1931)
31 e, on pourrait résumer la pensée de Keyserling en disant qu’il oppose à l’idéal actuel d’assurances à tous les degrés — idéal
32 itif, immédiat parce qu’éternel. Là où Keyserling dit seulement adaptation, nous ajoutons régénération ; et lorsqu’il dit s
33 tation, nous ajoutons régénération ; et lorsqu’il dit spiritualité, nous pensons connaissance mystique. g. Rougemont Den
7 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Au sujet d’un grand roman : La Princesse Blanche par Maurice Baring (mai 1931)
34 ez savoir comment cela s’applique à mon histoire, dit l’auteur dans sa préface, lisez-la, et si vous la lisez, ne dites pas
35 ans sa préface, lisez-la, et si vous la lisez, ne dites pas à vos amis ce qui arrive avant qu’ils n’aient lu eux-mêmes le liv
36 -mêmes le livre. J’espère que les critiques ne le diront pas non plus ; mais je sais que c’est beaucoup leur demander. » Eh bi
37 de multiples week-ends… » Il y aurait beaucoup à dire pour et contre le roman mondain — entendons mondain par le cadre et l
38 plus pures que celles de la vie courante, on peut dire que les romans « mondains » de Baring ne manquent pas à cette tâche,
39 orte à proprement parler de morale, malgré ce que dit l’auteur dans sa préface. Bien plutôt, elle est l’expression concrète
40 t cela qui forme le sujet implicite, nous l’avons dit , de son œuvre romanesque. Et c’est par tout ce qu’elle contient d’ine
41 en et vit dans un milieu catholique qui n’exerce, dit -elle, aucune pression sur ses convictions religieuses. Mais le mot co
42 le-mère sont nettement antipathiques, mais ils ne disent rien, eux !) Comment Blanche ne se sentirait-elle pas attirée par la
43 nche se souvint que Lady Mount-Stratton lui avait dit presque la même chose dans le Podere à Florence. — Je sens, il est vr
44 e pénétrant et presque trop certain, sourd, comme dit Charles Du Bos « cette tristesse par-delà la tristesse que Baring exc
8 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Kierkegaard (mai 1931)
45 re, en France tout au moins, — du plus actuel, je dirais même du plus urgent de tous. Søren Kierkegaard naquit à Copenhague en
9 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Littérature alpestre (juillet 1931)
46 c’est surtout le fond des vallées, — si l’on ose dire , — où il fait vivre d’imaginaires bons sauvages. Et pour la grande ma
10 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Avant l’Aube, par Kagawa (septembre 1931)
47 Avant l’Aube, par Kagawa (septembre 1931)l m Dire de ce livre qu’il ne ressemble à rien serait une louange trop littéra
48 gences véritables et sans grandeur. Peut-être, se dit -on en le fermant, est-il réellement impossible à une âme chrétienne d
49 st qu’un de ces meneurs écrive un livre pour nous dire comment il voit le peuple, comment il l’aime, et quel est le secret d
50 s, en plein accord avec son expérience intime (je dirais même sentimentale), et avec sa foi chrétienne. Il peut livrer sans cr
51 mplicité, il parvient à être si émouvant. On peut dire que dans ces deux gros volumes si nourris, il n’y a pas deux lignes d
52 et de descriptions des lieux où ils vivent. C’est dire que l’œuvre mérite l’effort d’attention soutenue que plusieurs chapit
53 osophie. Il entendait une voix intérieure qui lui disait  : « Si tu te mêles de ces affaires, tu ne seras toi-même, à la fin, p
54 . » Mais au même moment une autre voix intérieure disait  : « La bonté est le sel de la vie. L’organisme social demande des sac
55 n’est par une révolution ? Je vous demande de me dire clairement votre pensée à ce sujet. Eiichi se taisait. Une minute, de
56 se taisait, car il savait qu’il était inutile de dire quoi que ce soit à cet homme en colère. Trois, quatre, cinq minutes s
57 usqu’au bout des doigts. Il eut été impossible de dire lequel des deux était le juge de l’autre. Eiichi est provisoirement
58 sentait graduellement attiré par le Christ. Il se disait que ce n’était pas dans la mer qu’il fallait se jeter, mais dans les
11 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). André Gide ou le style exquis (à propos de Divers) (octobre 1931)
59 elligence sera de son côté. — « Causons un peu », dit le serpent… ⁂ Divers, recueil d’aphorismes, de « caractères » et de
60 et. Que Gide ne soit pas si « mauvais » qu’on l’a dit , — ou qu’il a bien voulu s’en donner l’air — je suis prêt à le concéd
61 it pas supporter qu’on l’engage. Mais qu’est-ce à dire lorsqu’on comprend que, non satisfait de s’y complaire, il croit y dé
62 croit y découvrir son originalité, ou comme il le dit  : son « paysage intérieur ». « Je puis dire que ce n’est pas à moi-mê
63 il le dit : son « paysage intérieur ». « Je puis dire que ce n’est pas à moi-même que je m’intéresse, mais au conflit de ce
64 ence de sa « réforme » et de sa nouveauté. Luther disait  : « Je ne puis autrement. » Gide, lui, se préoccupe sans cesse de fai
65 amment mesuré, conscient, exquis, mais, pour tout dire , complaisant et sans vénération. Complaisant à sa propre modestie. Et
12 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le protestantisme jugé (octobre 1931)
66 s romans est un indice révélateur, car quoi qu’on dise de la différence entre la vie et le roman, la composition de celui-ci
67 urs sujets) d’une perspicacité prophétique. 26. Dire de Gide qu’il est un écrivain protestant est une façon de parler que
13 1932, Foi et Vie, articles (1928–1977). Romanciers protestants (janvier 1932)
68 traité en profondeur — roman-plongée pourrait-on dire —, d’une sourde et hautaine gravité, apparaît comme le premier chef-d
69 t de savoir si nous les méritons encore. Comme le disait un homme d’esprit, plus l’ancêtre dont on se réclame est éloigné, moi
70 res « bien protestants ». Je serais même tenté de dire , forçant un peu ma thèse, que ces traits négatifs, alliés à d’évident
71 dans le détail une accusation que certains, déjà, disent banale, pour lui ôter sa force, je le crains. ⁂ Le puritanisme, expre
72 e. Car il est certains cas où celui qui craint de dire toute la vérité n’exprime par là rien d’autre que sa méfiance vis-à-v
73 « selon l’immensité de sa grandeur » comme il est dit au dernier psaume. 28. Denis Saurat, dans la Nouvelle Revue frança
14 1932, Foi et Vie, articles (1928–1977). Goethe, chrétien, païen (avril 1932)
74 t une de ces « questions au christianisme » comme dit Barth, une de ces questions qui nous sont posées comme autant d’accus
75 mais plutôt pour en faire sentir l’acuité. Mais, dira-t -on d’emblée, le simple fait qu’une équivoque si grave subsiste et par
76 Seigneur et Jésus son fils bien-aimé. C’est vous dire que j’ai acquis plus de raison et d’expérience : la crainte du Seigne
77 affirmations nettement immanentistes, ou comme on disait alors, panthéistes. Source de malentendus perpétuellement renaissants
78 communauté de la foi chrétienne l’homme qui a pu dire qu’il s’inclinait devant le Christ comme devant la « révélation divin
79 uge le monde séparé de Dieu. Il n’est pas vrai de dire qu’un monde séparé de Dieu doit ou peut être envisagé comme un monde
15 1932, Foi et Vie, articles (1928–1977). Penser dangereusement (juin 1932)
80 ond : christianisme ou marxisme. Ce qui revient à dire que seuls les chrétiens, en tant que chrétiens, non pas en tant que b
81 : péril de gauche et péril de droite, pourrait-on dire , afin de simplifier. M. Thierry Maulnier vient de réunir en volume un
82 gativisme m’apparaît caractéristique de la pensée dite « de droite », et c’est par là surtout que M. Thierry Maulnier révèle
83 ieuses, sont donc abstraites. Il ne suffit pas de dire à ses contemporains qu’ils ont tort de penser ceci ou cela avec passi
84 sont retournées ici. La philosophie présente qui dit et croit qu’elle se déroule au profit de l’homme, est-elle dirigée ré
85 aractérisée par son refus d’aborder les questions dites vulgaires, qui conduiraient à des conclusions dangereuses pour l’ordr
86 d’immanence, de contingence, et l’on ne voit pas, dit M. Nizan, « comment ces produits tératologiques de la méditation pour
87 ne tombe pas sous le coup de leurs techniques. On dira sans doute que l’auteur exagère quand il dénonce le péril d’une pensé
88 lle et dépourvue d’intérêt humain concret. On lui dira que ce n’est pas si grave, que le monde n’est plus mené par les philo
89 hérents à l’être concret. Seul l’Évangile — je ne dis pas les religions, ni leurs morales, ni leurs prêtres, ni tout leur a
16 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Destin du siècle ou vocation personnelle ? (février 1934)
90 débat dans une crise millénaire dont les périodes dites « prospères » ne sont que les temps de répit, souvent déshonorés par
91 ue, elle aussi, possède sa chance de grandeur. Je dirai même qu’elle a plus de chances qu’aucune autre. Le vieux « désordre »
92 mple, qui me paraît caractériser notre siècle. On dit le contraire un peu partout, je le sais bien. On répète que les événe
93 es gens en place qui, chaque fois que nous venons dire  : voici ce qu’il faut faire, nous répondent : Attention ! le problème
94 à des êtres collectifs. Je m’explique. Quand nous disons  : le siècle, le xxe siècle par exemple, nous entendons par là une ré
95 nnes, de quelques génies, par exemple. Quand nous disons destin du siècle, nous disons destin des nations, destin du prolétari
96 exemple. Quand nous disons destin du siècle, nous disons destin des nations, destin du prolétariat, destin du capitalisme, des
97 les, leur évolution fatale, leur destinée. Autant dire que nous avons fait de toutes les réalités collectives des divinités
98 us pas toujours conscience de les servir. Vous me direz peut-être que, pour votre compte, la classe ou la race vous importent
99 Que répondra Hitler ? Il répondra que tout ce que dit Trotski, s’explique simplement par le fait que Trotski est un Juif. V
100 Or, la seule chose intéressante au monde — et je dis intéressante au sens le plus profond du terme, la seule chose qui int
101 notre dégénérescence. Le philosophe Léon Chestov disait un jour à quelques amis : « Il paraît qu’il existe deux théories tout
102 Ne fût-ce que par le moyen de la presse. On peut dire , sans exagérer, que les journaux disposent de nos vies. Sans eux, la
103 me des jeunes miliciens en chemise brune. On nous dit que la vie, en Amérique, est impossible, parce que tous les apparteme
104 ivité, devient automatiquement de la haine. On me dira que la solidarité entre les peuples est désormais un fait acquis, une
105 exemple qui vous vient à l’esprit, lorsqu’on vous dit que désormais « tout se tient » dans le monde, c’est l’exemple suivan
106 Je connais la réaction qui l’accueille. Hé quoi ! dit -on, en face de tous ces monstres menaçants, vous n’avez rien à propos
107 dre ici en mon nom personnel. Quel est donc, nous dit -on, le fondement réel de la personne ? Est-ce une vue philosophique ?
108 re de Dieu, qui s’appelle l’amour du prochain. Je dis bien : acte, et il faut insister là-dessus. Le monde s’est emparé des
109 t éprouver Jésus, l’un d’entre eux se leva et lui dit  : Mais qui est mon prochain ? Ce docteur se disait sans doute : aimer
110 i dit : Mais qui est mon prochain ? Ce docteur se disait sans doute : aimer son prochain, c’est bien vague, cela me paraît ass
17 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Deux essais de philosophes chrétiens (mai 1934)
111 on trouve cela normal. Ce fut toujours le cas, me dira-t -on ? Mais ce n’est point partout le cas. L’exemple de l’Allemagne peu
112 » (c’est-à-dire l’obéissance à quelqu’un dont ils disent qu’il ordonne cette soumission : ils l’appellent Dieu). Ce qu’il y a
113 l’on « sue à grosses gouttes ». Il est facile de dire que Nietzsche exagère ; plus difficile de contester la cruelle pénétr
114 ienne. « Philosopher, c’est apprendre à mourir », disait le triste Cicéron, et Montaigne l’en loue. Pour M. Marcel, on lui fer
115 ue. Pour M. Marcel, on lui ferait plus volontiers dire que philosopher, c’est apprendre à ne pas se suicider. « On pourrait
116 pprendre à ne pas se suicider. « On pourrait même dire que la possibilité permanente du suicide est en ce sens48 le point d’
117 indéfinissable de l’être. « Il faut qu’il y ait, dit M. Marcel, ou il faudrait qu’il y eût de l’être, que tout ne se rédui
118 omme s’ils n’étaient pas eux-mêmes en jeu ! Mais, dit l’auteur, « je ne puis me dispenser de me demander du même coup : qui
119 une critique pénétrante de nos modes de vivre, je dirai plus : quelques-uns des fondements d’une éthique de l’être qu’il est
120 opposent à la « morale des commerçants » — comme disait Nietzsche — qui domine notre société. 43. On trouvera dans les exce
18 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Notice biographique [Kierkegaard] (août 1934)
121 voyait clairement que nul homme ne peut jamais se dire chrétien. Cette position paradoxale a permis les interprétations les
19 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Nécessité de Kierkegaard (août 1934)
122 pens de l’humain. Au sein de cette crise que l’on dit sans précédent, que fait l’individu pour se défendre ? Et quels titre
123 fondé. Ce n’est pas évident de soi, si l’on peut dire  : les marxistes le nient avec plus de passion que les bourgeois n’app
124 t certains pensent : une mauvaise conscience. Que disent les collectivistes ? Que le grand nombre est plus précieux que le pet
125 ait d’un ridicule défaut de sens pratique. Et que disent alors les bourgeois ? Les mêmes phrases, à peu près, mais sans y croi
126 tion générale, il s’en ira mourir à l’hôpital, en disant à son seul ami : « Salue tous les hommes ! Je les aimais bien tous… »
127 lors, il est vrai, les choses ont bien changé. On dirait même qu’elles sont au pire, mais il faut prendre garde de laisser cro
128 er l’esprit. Qu’est-ce que l’esprit ? « L’esprit, dit Kierkegaard, c’est la puissance que le savoir d’un homme exerce sur s
129 pas une distinction. Et lequel d’entre nous peut dire qu’il a calculé la dépense ? Il faudrait bien savoir de quoi l’on par
130 rits, dont témoigne la renaissance, ou pour mieux dire , la découverte, parmi nous, de cette pensée impitoyable. Remède du pi
131 ns dangereux ; tous en seront… « Deux questions — dit encore Kierkegaard — témoignent de l’esprit : 1) Ce qu’on nous prêche
132 Dieu est telle qu’on y trouve quelque passage qui dise le contraire d’un autre. » Car l’apparence de la contradiction nous o
133 as à ce siècle présent, mais soyez transformés », dit saint Paul. Le solitaire devant Dieu, c’est celui qui se tient à l’or
134 ence qu’on leur prête : hélas ! il serait faux de dire qu’ils n’en ont pas… Mais encore une fois, ce n’est pas échapper aux
135 re une foule et que personne peut-être ne saurait dire qui l’avait fait ou qui avait commencé, celles-là l’auraient eu, ce c
136 de l’existence individuelle. Chaque fois que nous disons d’un de nos dieux qu’il est puissant, nous témoignons de notre démiss
137 ux faux dieux qu’elle a suscités. « Le philosophe dit à bon droit que la vie doit être comprise en arrière, mais il oublie
138 dans l’instant, « sous le regard de Dieu », comme disent les chrétiens. (Est-ce facile ? ou bien même possible ? Est-ce un eff
139 sort commun, tu ne cours pas grand risque. Si tu dis non, si tu agis, elle te tuera peut-être, quitte à fleurir ensuite la
140 ertes, répond Kierkegaard, mais il vaudrait mieux dire  : « “Moi, je ne le puis pas.” Et s’il est fou de penser que tous doiv
141 mes préfèrent « mourir imperceptiblement », comme disait Nietzsche, et c’est là ce qu’ils appellent leur petit train-train jou
20 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Kasimir Edschmid, Destin allemand (octobre 1934)
142 nité, de grandeur. J’ai d’autant plus envie de le dire qu’on n’a pas annoncé sa parution à grand fracas, et qu’à ma connaiss
143 au public habituel des prix Goncourt —, et qui le dit avec une puissance assez austère. ⁂ Six chômeurs allemands, anciens o
144 inistre, l’incarnation de leur nation, saura leur dire le mot de ce destin. « Nous avons perdu la guerre, Bell, et dans la s
145 t la politique étrange de cette nation. Mais j’ai dit que cette œuvre pourrait s’intituler tout aussi bien « La condition h
146 vec une pareille puissance. J’ai eu l’occasion de dire , ici même, mon admiration pour les livres de M. Malraux. Je suis d’au
21 1935, Foi et Vie, articles (1928–1977). Notes en marge de Nietzsche (mars 1935)
147 s cent ans qu’elle ne l’est aujourd’hui. Mais que dis -je, cent ans ! Il faut à leur espoir de bien plus formidables chiffre
148 que la Sainte-Cène. Kierkegaard n’eût pas mieux dit . « Pensées qui blessent — pour édifier » — c’est ainsi qu’il nommait
149 … » jugez des autres ! Jugez de moi ! semble-t-il dire . Et c’est ainsi que l’incroyant se juge chaque fois qu’il prononce un
150 is qu’il prononce une vérité. En quoi l’on pourra dire qu’il ressemble fort au croyant, — toutefois, sans le savoir, c’est l
151 pour l’amour de Dieu ? Est-ce autre chose que de dire  : J’aime les gendarmes pour l’amour de la justice ? Ou de s’écrier, c
152 rencontré Schopenhauer. La nature est mauvaise, dit le christianisme : ne serait-il pas quelque chose contre nature ? Sin
153 u’elle est mauvaise. Dans ce sens, il est vrai de dire  : le christianisme est contre nature. Et je m’explique mal pourquoi t
154 injustice, car il y a une manière « injuste » de dire des choses vraies en soi —, elles me laissent presque toujours plus p
155 Cinquante-cinq ans plus tard, je serais tenté de dire que les hommes ne supportent plus aucune pensée qui contredise celle-
156 e justifié, voici pour les conservateurs : « Vous dites que vous croyez à la nécessité de la religion ? Soyez sincères ! Vous
22 1937, Foi et Vie, articles (1928–1977). Luther et la liberté (À propos du Traité du serf arbitre) (avril 1937)
157 rf arbitre) (avril 1937)aa Luther inconnu Dire qu’on ignore Luther en France serait exagérer, mais dans le sens cont
158 sure et la sérieuse information théologique… Ceci dit , il est juste d’insister sur la grande valeur des travaux de quelques
159 fessés MM. Jean Baruzi et E. Gilson, pour ne rien dire — mais cela va de soi — de l’activité des professeurs de dogmatique l
160 excité (bien plutôt que « désarmé », comme il le dit aux premières pages) par les procédés de l’humaniste et du sceptique
161 e que Calvin et Luther ont fait leur temps, — que dire de Paul bien plus ancien ! — tous ceux qui tiennent la prédestination
162 it d’ailleurs du chef d’un grand mouvement (comme dirait le jargon d’aujourd’hui), tout est bien fait, dans ce Traité, pour he
163 é tout, que je les fais librement, et tu viens me dire qu’elles sont prévues ! Et prévues par un Dieu éternel, qui alors se
164 nement ! Il faudra donc choisir : Dieu ou moi. Je dirai  : moi. Dussè-je tuer Dieu, comme Nietzsche a proclamé qu’il avait fai
165 peuvent l’imaginer que morte. Mais la Bible nous dit qu’elle est la Vie, et que notre vie n’est qu’une mort à ses yeux. Qu
166 quelque chose d’immobile, de statique ? Qui nous dit qu’elle n’est pas, au contraire, la source de tout acte et de toute c
167 de la prière. « Demandez et l’on vous donnera », dit le même Dieu qui nous prédestina ! Quand le croyant, qui sait que Die
168 retournons à lui, il est en nous lorsque l’Esprit dit la Parole dans notre cœur. Quelle étrange illusion nous ferait croire
169 eptés le Credo et son fondement qui est la Parole dite en nous par l’Esprit et attestée par l’Écriture, — or, cette Parole e
170 té conditionnelle et nécessité absolue, comme ils disent  », et ce ils désigne « les sophistes », c’est-à-dire les scolastiques
23 1946, Foi et Vie, articles (1928–1977). Fédéralisme et œcuménisme (octobre 1946)
171 tances à leur dessein. Dans un certain sens, nous dirons qu’ils partaient sans cesse d’eux-mêmes, de leur foi ou de leur ambit
172 qu’une fonction sociale, un « soldat politique », dirait -on de nos jours. Et l’esprit périclite, faute de liberté. La Grèce in
173 et bien des créations chrétiennes, ou pour mieux dire , des créations de l’Église chrétienne. Dans la personne ainsi définie
174 . Politique du fédéralisme Nous en avons assez dit pour qu’il soit désormais facile de voir qu’à l’attitude œcuménique e
175 de demain qu’une période de chaos étatisé ; je ne dis même pas de « révolution ». Car pour qu’une révolution se déclenche,
176 il ne propose rien aux peuples de l’Europe. Or il dit qu’il n’en a pas le temps… Quant au rôle de Staline, il paraît être d
177 e, — dont je ne puis donner ici que le thème — je dirai ceci : en Russie, en Allemagne, en Italie et en Espagne, la distincti
178 e responsabilité humaine, et, n’hésitons pas à le dire , une vocation. 4. La renaissance liturgique qui va de pair, dans tout
24 1977, Foi et Vie, articles (1928–1977). Pédagogie des catastrophes (avril 1977)
179 at ne feront rien, pour la raison que je viens de dire , et les politiciens moins encore, pour la raison que les régions n’ex
180  ? Dans les partis, tout peut changer. Certains, disait Emmanuel Berl « peuvent en avoir marre tout d’un coup »74. Déjà s’opè
181 ler le monde, pas assez pour tout écraser, je les dirai pédagogiques, seules capables de surmonter notre inertie et l’invinci
182 danger mortel, bien avéré, mais qui rapporte. Je disais cela dans mon jardin du pays de Gex devant la caméra de la TV françai
183 trales nucléaires qui vont arranger cela et qu’on dit au surplus tellement propres… Mais comme tout le monde déjà oublie sa
184 asés dans l’heure… Quelqu’un d’autre l’avait déjà dit , c’était Saint-Just, au cœur de la Révolution : Il faut attendre un
185 e vent favorable pour qui ne sait pas où il va », disait Sénèque. Mais pour celui qui sait, tout est possible tant qu’un vent
186 ue sa volonté et la vraie Voie. « Sentinelle, que dis -tu de la nuit ? » Il y a quelques années, ayant écrit que l’action po
187 u péril où l’humain risque de s’anéantir, et nous disons  : — ce serait trop bête ! Nous venons d’entrevoir la guérison possibl
188 tant, ce serait la solution.) Je ne vais pas vous dire  : — Aimez-vous ! (même remarque). Mais seulement : — Remplacez ce sys
189 gé sur l’avenir par la voix de l’angoisse humaine dit seulement : Convertissez-vous ! Le mot doit être ici reçu dans toute
190 venez chrétiens ! ». Isaïe n’était pas chrétien.) Dira-t -on que l’on peut partager telles idées sur les méfaits des centrales
191 ir, une voix crie au prophète : — Sentinelle, que dis -tu de la nuit ? Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? La sentinelle a r
192 ntinelle, que dis-tu de la nuit ? Sentinelle, que dis -tu de la nuit ? La sentinelle a répondu : — Le matin vient, et la nui