1 1928, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le péril Ford (février 1928)
1 l suffit pourtant de regarder autour de nous et d’ en croire nos yeux. I. L’homme qui a réussi Je prends Henry Ford co
2 rité universelle sont signes que l’époque a senti en lui son incarnation la plus parfaite. Qu’on ne m’accuse donc pas de c
3 es indiquant le progrès de sa production, d’année en année. On pourrait ajouter à ces chiffres celui des milliards qu’il p
4 empêcher les abus des capitalistes. Du même coup, en supprimant l’esclavage financier de l’ouvrier, il supprime la princip
5 dent. L’on ne pourra qu’y applaudir, semble-t-il, en souhaitant que les industriels européens s’en inspirent toujours plus
6 il, en souhaitant que les industriels européens s’ en inspirent toujours plus. Ford leur montre le chemin qu’ils seront bie
7 Ford a ses idées, ou la philosophie de ceux qui n’ en veulent pas Nous avons dit tout à l’heure quel fut le but de la vi
8 ce de sa passion froide et tenace. Il s’efforce d’ en réaliser l’objet par ses propres moyens, à un exemplaire ; puis, il f
9 e peut donner à l’homme d’action. Enfin, le voici en mesure de produire des quantités énormes d’autos. Seulement, pour pou
10 tion, il faut créer la consommation. La réclame s’ en charge. Par le procédé très simple de la répétition, on fait croire a
11 Il est impressionné par la baisse, au point qu’il en oublie que cela ne l’intéresse plus réellement. Il croit qu’il va gag
12 lus réellement. Il croit qu’il va gagner 5 francs en achetant 5 francs moins chers un objet que, sans cette baisse, il n’e
13 us profond, cette tromperie-là. Elle peut amener, en se généralisant, une sorte de suicide du genre humain, par perte de s
14 de loisirs. Or, l’industrie ne peut subsister qu’ en progressant. Mais la nature humaine a des limites. Et le temps approc
15 t très bien envahir un cerveau moderne au point d’ en exclure toute considération de finalité. Mais cet aveuglement fondame
16 , par ce moyen, de quoi vivre convenablement tout en restant maître de régler à sa guise le détail de sa vie privée. Cette
17 jourd’hui, c’est de démontrer que les idées mises en pratique chez nous ne concernent pas particulièrement les autos et le
18 rement les autos et les tracteurs, mais composent en quelque manière, un code universel ! » Réjouissons-nous… Mais, commen
19 la production matérielle et vers la richesse qui en est le fruit. On ne saurait mieux dire. Mais il faudrait en tirer de
20 ruit. On ne saurait mieux dire. Mais il faudrait en tirer des conséquences, alors que Ford passe outre et se remet à disc
21 plus rudimentaire. Le phénomène n’est pas nouveau en Occident, mais il est ici tragiquement aigu. Est-ce notre pensée qui,
22 Esprit. C’est déjà un fait d’expérience. Et qui n’ en pourrait citer un exemple individuel ? Nous savons assez en quel mépr
23 t citer un exemple individuel ? Nous savons assez en quel mépris l’homme d’affaires à l’américaine tient les choses de l’E
24 du sens de l’âme se nomme bon sens américain. On en fait quelque chose de jovial et d’alerte, quelque chose de très sympa
25 e très sympathique et pas dangereux du tout. On n’ en fait pas une philosophie. Mais, sans qu’on s’en doute, cela en prend
26 n’en fait pas une philosophie. Mais, sans qu’on s’ en doute, cela en prend la place. Les facultés de l’âme, inutilisées, s’
27 ne philosophie. Mais, sans qu’on s’en doute, cela en prend la place. Les facultés de l’âme, inutilisées, s’atrophient. Pou
28 de l’âme avec une maladresse de barbare. IV. «  En être » ou ne pas en être Une fois qu’on a compris à quel point le
29 ladresse de barbare. IV. « En être » ou ne pas en être Une fois qu’on a compris à quel point le fordisme et l’Esprit
30 mpatibles, le monde moderne impose ce dilemme : «  en être » ou ne pas en être, c’est-à-dire se soumettre à la technique et
31 moderne impose ce dilemme : « en être » ou ne pas en être, c’est-à-dire se soumettre à la technique et s’abrutir spirituel
32 nique bien huilée, au mouvement si régulier qu’il en devient insensible et que la fatigue semble disparaître, l’homme s’ab
33 u sourd à cette harmonie universelle, incapable d’ en comprendre les correspondances divines et humaines, insensible même à
34 elles, et par là même, avec les surnaturelles. Il en ressent une vague et intermittente détresse, — qu’il met d’ailleurs s
35 rise ou le subit, mais, jusque dans son repos, il en est l’esclave. Pour s’être exclu lui-même de l’ordre de la nature, il
36 té dont nous ne sommes plus dignes. Nous perdons, en l’acquérant, par l’effort de l’acquérir, les forces mêmes qui nous la
37 des exigences effectives ; et ces exigences sont en contradiction avec celles que le développement de la technique impose
38 rit : fortunes oisives ou misères sans espoir. On en rencontre encore parmi les jeunes gens, jusqu’au jour où, comme on di
39 attitude réactionnaire qui consisterait à vouloir en revenir à la période préindustrielle soit autre chose qu’une échappat
40 a solution : l’existence du dilemme. Second pas : en poser les termes avec netteté et courage. Pour le reste, je pense que
41 Ici et là, la révolte perce : « Jugendbewegung » en Allemagne ; surréalisme en France, en Amérique ; poussée mystique en
42 e : « Jugendbewegung » en Allemagne ; surréalisme en France, en Amérique ; poussée mystique en Russie. a. Rougemont Deni
43 dbewegung » en Allemagne ; surréalisme en France, en Amérique ; poussée mystique en Russie. a. Rougemont Denis de, « Le
44 éalisme en France, en Amérique ; poussée mystique en Russie. a. Rougemont Denis de, « Le péril Ford », Foi et Vie, Paris
2 1930, Foi et Vie, articles (1928–1977). « Pour un humanisme nouveau » [Réponse à une enquête] (1930)
45 que son génie parvient à composer les deux périls en une résultante qui est la civilisation. Appelons humanisme l’art de c
46 mposante matérielle vient de l’emporter. Elle est en passe de gauchir notre civilisation à tel point que l’homme, affolé,
47 mystique a la même extension que l’humanité. On n’ en saurait dire autant de notre raison. Les faits mystiques — qu’on les
48 re raison. Les faits mystiques — qu’on les prenne en l’état brut où notre pensée le plus souvent les a laissés — sont au m
49 il existe d’autres facultés capables d’équilibrer en nous l’esprit de géométrie. J’imagine une méthode, une façon d’appréh
50 e la poésie, ce sens du Réel. Je vois se composer en cette méthode — peut-être séculairement — ce que la « rationalisation
51 des rêves. Et je ne vois rien d’autre. Quoi qu’il en soit d’ailleurs du contenu d’un nouvel humanisme, il est assez aisé d
52 perdu son ascendant. D’ailleurs son pouvoir, s’il en eut, ne s’étendit guère au-delà des limites du monde roman. Le type d
53 e sorte de commun dénominateur… (Le christianisme en connaît un, depuis toujours : il le nomme péché.) Tous les modèles qu
54 qu’en tant qu’il « passe l’homme » et participe, en esprit, d’un ordre transcendental. Un seul fut parfaitement Homme : c
55 qu’irions-nous lui demander de plus, s’il laisse en blanc la place de Dieu. Mais où trouver les lévites assez purs pour g
56 à l’Académie des sciences morales et politiques, en 1914, a posé le problème en termes fort nets. (Cités par M. Brunschvi
57 orales et politiques, en 1914, a posé le problème en termes fort nets. (Cités par M. Brunschvicg dans Le Progrès de la con
3 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). André Malraux, La Voie royale (février 1931)
58 peu plus d’expérience humaine qu’on n’a coutume d’ en attendre aujourd’hui d’un jeune écrivain. Son premier roman, Les Conq
59 s Conquérants, décrivait la révolution communiste en Chine, et la figure centrale de Garine, anarchiste par goût de l’expé
60 ne Français a décidé d’aller fouiller les temples en ruines de la Voie royale d’Angkor : il compte y découvrir des bas-rel
61 onversations, fait parfois penser à ces gens — on en rencontre dans les affaires — qui se donnent une espèce d’autorité en
62 s affaires — qui se donnent une espèce d’autorité en ne parlant jamais que par allusions et mots couverts. Il intimide un
63 s obéissait son action. C’est peut-être qu’il n’y en a pas. Perken, comme Garine, est de ces êtres qui agissent par désesp
64 plus profonde et intime adhésion. Nous avons tous en nous de quoi composer un semblable personnage, plus vrai que nous-mêm
4 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Sécularisme (mars 1931)
65 critique littéraire ; il arrive qu’elles mettent en jeu de gros problèmes à propos d’ouvrages bien minces. C’est qu’aujou
66 grèves à Bombay, les révolutions et les massacres en Chine, les emprisonnements au Tonkin. Et non Bouddha13. — La liberté
67 a par trop dupés ; ils ne marchent plus. La faute en est à l’idéologie bourgeoise du xixe siècle qui consiste dans une la
68 Nizan n’est pas de nous rendre le goût de ce qui, en Europe, « allongeait la solution », je ne puis m’empêcher de penser q
69 rle des religions avec une incroyable légèreté, —  en littérateur qui cherche l’effet pittoresque. « Les curés de tous les
70 notre époque » — pour reprendre la définition qu’ en donnait ici même M. Pierre Maury. C’est à peu près dans le même sens
71 ord, je n’hésite pas à le déclarer. On m’arrêtera en me faisant observer que cet orgueil n’a pas un caractère personnel, p
72 position recèle de flatterie. Ce n’est pas tout : en fait l’idéaliste se substitue inévitablement à l’Esprit — et cette fo
73 ncarnation et qu’il va à la Messe, il se comporte en homme du xiiie siècle — ou en enfant : il y a lieu de s’attrister. S
74 se, il se comporte en homme du xiiie siècle — ou en enfant : il y a lieu de s’attrister. Si vous demandez au philosophe d
75 onome, il nous interdira formellement de procéder en ce qui le concerne lui-même, à des analyses ou à des réductions du mê
76 la vérité qui menace ». Mais partout ailleurs, qu’ en cette commune antipathie, M. Marcel et M. Nizan s’opposent avec une n
77 me devrait vivre ». Mais alors, se dit-on souvent en lisant les critiques marxistes — et c’est ici le nœud de divergence e
78 ulariste « constructiviste » répondra qu’il croit en la puissance de l’homme pour se dégager des servitudes provisoires de
5 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Une exposition d’artistes protestants modernes (avril 1931)
79 ants modernes (avril 1931)f C’est donc qu’il y en a ? avez-vous dit. Depuis le temps qu’on cherchait à nous faire croir
80 t bariolée. Il y a là quelque mystère ; demandons- en l’explication à la Préface d’un si brillant catalogue. Parce qu’ils
81 s chambres où les curiosités et les enthousiasmes en désordre s’agitaient entre les murs d’où nous arrachions les moulures
82 nous recevions des livres, des lettres. Van Gogh, en qui nous aimions tout : le pasteur, le peintre et le fou, semait en n
83 s tout : le pasteur, le peintre et le fou, semait en nous toutes les curiosités de la couleur et de la vie. Nous reprenion
84 rivains, s’est muée le soir du premier vernissage en une sympathie sincère et souvent fort admirative. Le titre de l’expos
85 ique, le corps du Christ déjà presque transfiguré en symbole mystique sur le ciel vert du plus grand jour de l’Histoire. O
86 ries de Palissy. Ce goût de la belle matière mise en valeur dans sa pureté, sa nudité, ce sens de l’artisanat qui se refus
87 os d’un salon d’art catholique, la même question, en remplaçant calvinisme par thomisme par exemple ? L’artiste catholique
88 catholiques, concernant la Vierge et les saints. En deux mots, il y a des « sujets catholiques », il n’y a pas de « sujet
89 ujets chrétiens ! C’est bien là que nous voulions en venir : le dogme ne doit être qu’un stimulant (une difficulté) non pa
6 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Conférences du comte Keyserling (avril 1931)
90 ujets abordés, jusqu’à la stature du conférencier en témoignent une fois de plus. Accueilli avec quelque perplexité par le
91 faut le reconnaître, a su, par trois fois, tenir en haleine une salle énorme en parlant avec sérieux de problèmes essenti
92 par trois fois, tenir en haleine une salle énorme en parlant avec sérieux de problèmes essentiels : c’est une performance
93 el des Massis mal informés nous mettaient naguère en garde. Keyserling voit la cause du développement exagéré de la techni
94 sance ou leur milieu, se trouvaient préparés pour en jouir convenablement. Il faut organiser la conquête et la distributio
95 omme, on pourrait résumer la pensée de Keyserling en disant qu’il oppose à l’idéal actuel d’assurances à tous les degrés —
7 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Au sujet d’un grand roman : La Princesse Blanche par Maurice Baring (mai 1931)
96 que deux dates limitent : 1851-1914. Ainsi met-il en jeu les deux éléments dont l’antagonisme fait le fond de presque tout
97 milieu social bien défini. À ces deux éléments s’ en ajoute un troisième qui est moins visible, mais dont la présence cons
98 un cadre étroit, voire même conventionnel. Racine en est le plus haut exemple. La Société dans laquelle évoluent les héros
99 incant de sa grandeur, et le plus tonique17, — il en va tout autrement de l’histoire d’une vie sentimentale. La durée est
100 ois de la vie. Seule épreuve qui permette de nous en libérer. Car au-dessus des fatalités humaines, ce qui compte chez les
101 t ce qu’elle contient d’inexprimé qu’elle atteint en certains passages à une intensité presque bouleversante. Il est pourt
102 du récit se ralentit, au contraire, fâcheusement en ces pages — et qui s’explique si l’on a lu la phrase par quoi se term
103 ue cette femme, qui a subi sans les mettre jamais en question les exigences les plus terribles de la société insulaire, po
104 l’église le dimanche, tout était bien ; inutile d’ en demander plus. » Parlant de son pasteur préféré, la même tante Harrie
105 ent à l’Église romaine des « pervertis » : « Nous en avons eu trop dans la famille, votre pauvre oncle Charles… qui avait
106 uvre oncle Charles… qui avait stupéfié la famille en devenant catholique…, puis Edmund Lely, cousin germain de votre père,
107 s y sommes à chaque page incités à juger, induits en tentation, induits en discussion. Je sais bien que tout changement de
108 ge incités à juger, induits en tentation, induits en discussion. Je sais bien que tout changement de confession ramène les
109 ossir les traits, découvrir la thèse. Il eût pu s’ en dispenser d’ailleurs, car en définitive la conversion de son héroïne
110 ’une communion que rompent les discussions, et qu’ en tant d’autres pages de cette belle œuvre, d’une simple indication tra
111 cette grâce. Aussi notre bonheur humain n’est-il en aucune mesure le signe de la vérité. Personne, peut-être, n’a répété
112 te l’accord le plus profond de l’œuvre de Baring. En voici la conclusion. (C’est Blanche qui parle au père Michaël.) Vous
8 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Kierkegaard (mai 1931)
113 es années, le nom de Kierkegaard reparaît de loin en loin dans des revues comme Commerce, la Nouvelle Revue française , l
114 prits du xixe siècle, du plus méconnu peut-être, en France tout au moins, — du plus actuel, je dirais même du plus urgent
115 nt de tous. Søren Kierkegaard naquit à Copenhague en 1813, et y mourut en 1855. Voici comment le profond essayiste alleman
116 rkegaard naquit à Copenhague en 1813, et y mourut en 1855. Voici comment le profond essayiste allemand Rudolf Kassner cara
117 e la foi, Kierkegaard, « l’Isolé », n’a plus rien en lui ni de Faust, ni du Caïn de Byron, il a dépassé le romantisme. Ou
118 ’une œuvre de cette envergure ait pénétré d’abord en France, sous les espèces du fragment le moins caractéristique de Kier
119 nal, s’il est l’œuvre la moins forte du Danois, n’ en est pas moins, dans son dosage pré-gidien de cynisme et d’humanité un
120 virulente. Qu’une telle œuvre commence son action en France au moment où l’intérêt passionné de beaucoup se porte à la ren
121 n signe. Kierkegaard sera pour beaucoup d’esprits en quête d’absolus, le maître que fut Nietzsche pour leurs aînés. Il n’e
9 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Littérature alpestre (juillet 1931)
122 érudition très aérée. Comment ne point partager, en le lisant, ce goût qu’avait le vieux Goethe pour les ouvrages documen
123 ord, c’est la pauvreté de la littérature alpestre en France. À part Sénancour, aucun de nos écrivains n’a su puiser dans l
124 s que les autres contemplaient d’en bas ; non pas en curieux : en mystique. Pareille attitude ne surprendra pas un moderne
125 res contemplaient d’en bas ; non pas en curieux : en mystique. Pareille attitude ne surprendra pas un moderne ; mais elle
126 oration spirituelle que chante la poésie anglaise en de véritables « élévations ». Mais tout ce lyrisme n’est pas dépourvu
127 a médiocre littérature qui transforme les sommets en images d’un Dieu vertueux, ou en remparts de la liberté. La montagne
128 orme les sommets en images d’un Dieu vertueux, ou en remparts de la liberté. La montagne n’est ni bienveillante ni materne
129 le plus adéquat à la nature alpestre. Il contient en puissance toute une morale de l’effort individuel et désintéressé, un
130 oncements, que le regard spirituel saurait encore en déceler l’équivalent. Peut-être le goût du sport trahit-il la nostalg
131 rigue de palaces ? 22. La Littérature alpestre en France et en Angleterre, aux xviiie et xixe siècles. (Librairie Dar
132 ces ? 22. La Littérature alpestre en France et en Angleterre, aux xviiie et xixe siècles. (Librairie Dardel, Chambéry
10 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Avant l’Aube, par Kagawa (septembre 1931)
133 véritables et sans grandeur. Peut-être, se dit-on en le fermant, est-il réellement impossible à une âme chrétienne d’attei
134 n sous le titre d’Au-delà de la ligne de la mort, en Amérique, en Angleterre, en Allemagne, et en France, sous celui d’Ava
135 re d’Au-delà de la ligne de la mort, en Amérique, en Angleterre, en Allemagne, et en France, sous celui d’Avant l’Aube, es
136 la ligne de la mort, en Amérique, en Angleterre, en Allemagne, et en France, sous celui d’Avant l’Aube, est un des livres
137 ort, en Amérique, en Angleterre, en Allemagne, et en France, sous celui d’Avant l’Aube, est un des livres les plus signifi
138 réflexion impartiale et d’une description, plume en main, des mobiles personnels, affectifs, voire religieux, qui sont à
139 précédent dans son pays. Il nous restait à entrer en contact personnel avec cette œuvre : Avant l’Aube comble cette attent
140 re : Avant l’Aube comble cette attente, mais elle en fait naître une nouvelle. C’est, en effet, sous la forme d’un roman d
141 de toits de tuiles, avec de la fumée noire qui s’ en échappait. Osaka, la nuit, avait un air étrange, quelque chose comme
142 s motifs tout matériels. Ses larmes augmentèrent en pensant à la pauvreté de sentiments des chrétiens ; il pensait aussi
143 sa stupide petite sœur, à lui-même, et il éclata en sanglots. Soudain, il prit une décision. Il quitterait l’Université p
144 la réalisation pratique lui répugne encore ? Il s’ en rend compte lors de sa première visite aux bas-fonds : Eiichi était
145 intérieur s’intensifie bientôt jusqu’à provoquer en lui une sorte de folie. Tsuruko est obligée de le quitter. Alors dans
146 re dans les docks. La mort de son père l’oblige à en sortir, mais en même temps décide de l’orientation de sa vie : Il av
147 ne put retenir ses larmes. Tandis qu’il marchait en silence à la suite de la procession funèbre, toutes ses relations ave
148 rdant des cymbales, les psalmodies des écritures. En écoutant la mystérieuse musique funèbre, Eiichi prit une résolution.
149 u, Eiichi décida que, de ce jour-là, il entrerait en bataille contre cet ordre de choses. Il se délivre progressivement d
150 x. Sa misère et son désespoir grandissent de jour en jour en même temps que sa révolte contre ce monde. Il se convertit en
151 à la colère comme le Procureur. Au contraire, il en profita pour faire une étude psychologique, en observant sur le visag
152 il en profita pour faire une étude psychologique, en observant sur le visage de celui-ci les expressions changeantes qu’y
153 cole, tant il était calme et loin d’être troublé. En regardant les choses de près, il conclut que la profession de procure
154 ent. Quatre ou cinq moineaux sautaient de branche en branche sur le camphrier du jardin, joyeux et insouciants. Eiichi se
155 tait inutile de dire quoi que ce soit à cet homme en colère. Trois, quatre, cinq minutes s’écoulèrent. Le Procureur regard
156 soustrait quand il le faut pour mieux vivre et n’ en fait jamais une affaire. Homme terriblement vivant, tenté, et décriva
157 re et extrême. Tous les excès lui sont possibles, en action, surtout dans le bien, dans la sainteté, mais toujours ils s’a
158 ne cherche pas à se rendre intéressant à lui-même en poussant au noir le tableau, ou au contraire en s’excitant sur ses be
159 e en poussant au noir le tableau, ou au contraire en s’excitant sur ses belles actions. Il les note, simplement, sans oubl
160 sentiments : doutes, passions, conflits qu’il met en jeu, c’est toujours l’absence absolue d’hypocrisie de sa part qui don
161 es gens qui eussent préféré l’habituelle effusion en patois de Chanaan. Mais ce qui me frappe ici, c’est de voir le reste
162 u récit des actes qu’immédiatement Eiichi produit en témoignage de sa conversion. En mystique véritable, il évite rigoureu
163 nt Eiichi produit en témoignage de sa conversion. En mystique véritable, il évite rigoureusement les expressions sentiment
164 rares allusions qu’il fait à sa vie spirituelle n’ en sont que plus émouvantes : Un dimanche, sur les collines derrière Nu
165 certitude qui est leur résultante. Quelques-uns s’ en tirent en réfutant le marxisme — c’est un jeu intellectuel — ou bien
166 qui est leur résultante. Quelques-uns s’en tirent en réfutant le marxisme — c’est un jeu intellectuel — ou bien en critiqu
167 le marxisme — c’est un jeu intellectuel — ou bien en critiquant les réformes socialistes — mais cela dispense-t-il de cher
168 ’on considère la « question » sociale et que l’on en « discute », c’est irritant, vain et irréductible. Car la question so
11 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). André Gide ou le style exquis (à propos de Divers) (octobre 1931)
169 oujours l’indice d’une complaisance, et vite elle en devient la rançon. (Divers, p. 75.) Ces quelques notes voudraient ma
170 son de ses juges, mais il sait avoir raison comme en s’excusant. Il apporte les plus délicats scrupules à sa justification
171 l adressa les lettres reproduites dans ce recueil en savent quelque chose, et le Père jésuite qui tenta de soutenir la con
172 auvais » qu’on l’a dit, — ou qu’il a bien voulu s’ en donner l’air — je suis prêt à le concéder au-delà de ce qu’il espère.
173 upules les fait tourner soudain, les fait cailler en coquetteries. Et voici que l’explication de soi pareillement tourne e
174 oici que l’explication de soi pareillement tourne en indiscrétion, et cette retenue trop consciente de ses effets n’est pl
175 morale lorsque, se prenant pour fin, elle s’érige en dialectique indépendante. Si des sophismes de ce genre n’apparaissent
176 ou qu’ils reculent devant l’audace de conclusions en toute logique inévitables. Car ce qui naît de l’Évangile n’a de sens
177 s détaché de la grâce se décompose avec virulence en sophismes, ou bien engendre des chimères. Tout, ainsi, devient inextr
178 selon l’étymologie de Unamuno. Ne détermine rien en nous. Ne nous met en demeure ni d’agir, ni d’aimer, ni même de douter
179 e Unamuno. Ne détermine rien en nous. Ne nous met en demeure ni d’agir, ni d’aimer, ni même de douter fortement. C’est con
180 ases pourraient le laisser supposer qu’il écrivit en préface au livre récent d’un jeune aviateur, Antoine de Saint-Exupéry
181 t c’est Gide qui, l’un des premiers, l’a prononcé en France. Kierkegaard, un homme qui ne vous lâche plus. Il a beaucoup p
12 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le protestantisme jugé (octobre 1931)
182 de la vieille souche maritime. Évidemment, cela n’ en fait pas un Genevois, au contraire ! Mais n’oublions pas que toute l’
183 certains d’intéresser les lecteurs de cette revue en citant ici quelques passages de l’étude de Frommel. Nous assistons,
184 d’une série de tableaux parallèles. Les parties n’ en sont plus dérivées les unes des autres, mais elles s’étalent à la foi
185 ime n’étaient pas révélés parce qu’on les cachait en Dieu et qu’une sainte pudeur en dérobait l’accès. L’existence apparen
186 qu’on les cachait en Dieu et qu’une sainte pudeur en dérobait l’accès. L’existence apparente était plus calme parce qu’ell
187 il y avait pour elles une autre issue : la prière en portait l’expression, loin des oreilles des hommes, jusqu’au trône de
188 oreilles des hommes, jusqu’au trône de Dieu. Il n’ en est plus ainsi maintenant ; l’âme est restée semblable, mais on lui a
189 es seuls valables, à nos yeux, qui aient été émis en leur temps. La critique la plus moderne les confirme et les répète bi
190 premier. 27. Paul Bourget, Les Aveux : Désespoir en Dieu, p. 264. p. Rougemont Denis de, « Le protestantisme jugé », Fo
13 1932, Foi et Vie, articles (1928–1977). Romanciers protestants (janvier 1932)
191 ue se révèle au cours d’un épisode central traité en profondeur — roman-plongée pourrait-on dire —, d’une sourde et hautai
192 misère — des protestants sans foi »31. Quoi qu’il en fût d’ailleurs de la portée religieuse des trois œuvres, l’on se sent
193 n se réclame est éloigné, moins on a de chances d’ en tenir… C’est ainsi que nos gloires passées, martyrs, camisards et pr
194 s, dont nos apologètes se réclament volontiers, n’ en constituent pas moins pour notre protestantisme un jugement indirect
195 ait éviter toute allusion chrétienne, au point qu’ en tels endroits où la vraisemblance voudrait que le nom de Dieu fût inv
196 a mère par exemple), c’est au « sort » que l’on s’ en remet, ni plus ni moins que dans un drame antique. M. Saurat doit se
197 autant plus vivement que le monde actuel nous met en demeure d’abandonner tout ce qui, dans notre éthique, s’inspire d’un
198 e force de conquête. Que nous le voulions ou non, en fait, sinon toujours en droit, l’héritage intellectuel du protestanti
199 nous le voulions ou non, en fait, sinon toujours en droit, l’héritage intellectuel du protestantisme du xixe siècle se r
200 le risque, que Jésus n’a jamais craint. Et c’est en quoi elle révèle la faiblesse de sa théologie. Car il est certains ca
201 qui, par la force des choses, tournerait bientôt en révolte, en insolence, en démence : Nietzsche. Ainsi l’atmosphère mor
202 force des choses, tournerait bientôt en révolte, en insolence, en démence : Nietzsche. Ainsi l’atmosphère moraliste a tué
203 ses, tournerait bientôt en révolte, en insolence, en démence : Nietzsche. Ainsi l’atmosphère moraliste a tué les germes de
204 sa pureté, héroïque ou sereine, il faudrait pour en douter que l’on ait oublié les plus grands noms : Milton, Bach, Rembr
205 la joie surabondante : verrons-nous quelque jour en France surgir une poésie chrétienne d’inspiration évangélique ? Souha
206 qu’un « protestant qui écrit » ne saurait être qu’ en révolte contre la foi de ses pères. Le jeu consiste uniquement à retr
207 me. Qu’on me comprenne : ce n’est pas à eux que j’ en ai, mais à ce dont ils ont souffert. 34. Tout ceci appellerait une f
14 1932, Foi et Vie, articles (1928–1977). Goethe, chrétien, païen (avril 1932)
208 facilement une équivoque réelle, mais plutôt pour en faire sentir l’acuité. Mais, dira-t-on d’emblée, le simple fait qu’un
209 t me voilà libre à nouveau, écrit Goethe à un ami en 1768, au sortir d’une grave maladie — ; cette calcination a été très
210 l ne tardera pas à découvrir qu’on n’y atteint qu’ en outrepassant les limites normales de l’esprit humain. La transcendanc
211 n de Dieu, ou plutôt qu’il est vain de chercher à en savoir plus que ce que la nature visible nous en révèle. Cette attitu
212 en savoir plus que ce que la nature visible nous en révèle. Cette attitude s’accuse de plus en plus à mesure que Goethe a
213 accuse de plus en plus à mesure que Goethe avance en âge. Nous voici à ces années de la vieillesse, dont Eckermann nous a
214 divine du plus haut principe de la morale », tout en vénérant également le soleil, comme une « révélation du Très-Haut, et
215 erre, de percevoir. » Et certes, on ne voit guère en quoi pareille conception pourrait choquer certains protestants libéra
216 é entraîne la considération de la grâce. Et c’est en quoi la transcendance divine, sans cesse, se mêle à notre vie pratiqu
217 d’appeler chrétien, un homme qui se prétendit tel en maintes occasions, de la façon la plus expresse ? Sera-ce sur la foi
15 1932, Foi et Vie, articles (1928–1977). Penser dangereusement (juin 1932)
218 le éprouve son unité, elle connaît une fraternité en ceci : que la pensée n’est plus pour elle une justification idéale de
219 e simplifier. M. Thierry Maulnier vient de réunir en volume une suite d’études parues pour la plupart dans les pages de l’
220 ustrer la notion bourgeoise de la vie, et payée — en la personne de ses grands maîtres — par l’État bourgeois. Les Chiens
221 est mal composé. Ses phrases courtes se pressent en paragraphes hachés, sur un ton uniformément péremptoire, ironique et
222 l’homme, est-elle dirigée réellement, et non plus en discours et croyances, en faveur des hommes concrets ? À quoi sert ce
223 homme au singulier des philosophes, on sait ce qu’ en vaut l’aune : ce n’est qu’une extension orgueilleuse et démesurée du
224 le bourgeois. C’est le prolétaire pour Marx. Il s’ en faut de beaucoup que la notion du prolétaire marxiste, fondée sur des
225 ime aucun homme réel et concret. Au contraire, il en émane une sorte de mépris satisfait qui révèle un intellectuel déchaî
226 uns à beaucoup de jeunes intellectuels marxistes, en France particulièrement. Les philosophes ne s’adressent jamais à tel
227 , répète M. Nizan. Et il propose Marx. Je demande en quoi Marx peut nous aider à vivre, à mourir. Je demande à M. Nizan, q
228 antée mon Père céleste sera déracinée. » Et c’est en quoi, du point de vue chrétien, le marxisme radical constitue un prog
16 1933, Foi et Vie, articles (1928–1977). « Histoires du monde, s’il vous plaît ! » (janvier 1933)
229 Il est bien remarquable, en effet, de constater, en parcourant les catalogues de librairie allemande, par exemple, que la
230 a proportion des ouvrages purement romanesques va en diminuant, et cela au profit d’une littérature qui tient à la fois de
231 nneront une idée assez juste du genre. Son succès en Allemagne remonte aux premières années de l’après-guerre, illustrées
232 bien plus profond qu’on ne l’imagine d’ordinaire en France. En ceci, les Allemands se trouvent être en quelque sorte plus
233 profond qu’on ne l’imagine d’ordinaire en France. En ceci, les Allemands se trouvent être en quelque sorte plus « actuels 
234 question n’est plus de s’évader, de se distraire en oubliant un monde qu’on serait sûr de retrouver bien en place le lend
235 liant un monde qu’on serait sûr de retrouver bien en place le lendemain. L’angoisse qui plane vaguement, et parfois précis
236 L’homme menacé cherche à se rassurer, et d’abord en essayant de comprendre la menace. Il veut des documents, des explicat
237 précédent où s’engage l’humanité tout entière. ⁂ En France, plus longtemps qu’ailleurs, le « grand public » considéra que
238 imentale. Mais tout cela, semble-t-il, s’évanouit en fumée, comme les fusées d’une fête intempestive. On demande des lumiè
239 t qu’ébloui. ⁂ Le roman était un genre bourgeois, en ce sens que dans le monde bourgeois, privé de risques et d’aventures
240 e toute raison européenne, puis s’affoler, entrer en décadence, et rêver à son tour une révolution ; dans une époque où l’
241 directe, exaltante et dépaysante ? Voici le monde en vrac, un monde plus absurdement divers que nul esprit ne pouvait le c
242 e, étendue à toute la planète. Et c’est ici que j’ en reviens à mon propos initial. Quels que soient les bouleversements so
243 ui veut penser le monde. Incapable désormais de s’ en distraire en le fuyant, il cherche à l’expliquer, avec une passion no
244 r le monde. Incapable désormais de s’en distraire en le fuyant, il cherche à l’expliquer, avec une passion nouvelle. Nous
245 tuel. Les grandes controverses modernes sont nées en France autour de la Trahison des clercs, autour du problème de l’huma
246 se au titre de cet album de photos paru récemment en Allemagne : « Weltgeschichte gefälligst », Histoire du monde, s’il vo
247 l’essai rendu nécessaire par le besoin de mettre en ordre l’énorme quantité de faits nouveaux que nous découvrons. Retour
17 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Destin du siècle ou vocation personnelle ? (février 1934)
248 exploitations dont les bénéfices s’engloutissent en deux heures de panique boursière. Les inventeurs se voient refuser de
249 ente fut ouvertement reconnue, dénoncée et battue en brèche. Notre époque, elle aussi, possède sa chance de grandeur. Je d
250 , telle qu’elle nous apparaît de ce point de vue, en quelques traits fort simples. J’insiste sur le mot simple, qui me par
251 a signification réelle. C’est l’argument des gens en place qui, chaque fois que nous venons dire : voici ce qu’il faut fai
252 t de risque, et non plus un refuge idéal. Ne nous en plaignons pas : le risque est la santé de la pensée. ⁂ Destin du siè
253 grande majorité de nos contemporains ne croit pas en Dieu et sait qu’elle n’y croit pas. Mais elle garde chevillé au cœur
254 . C’est d’une logique parfaite. Tout s’y enchaîne en une démonstration inattaquable, une fois les prémisses admises. Quell
255 re destin de l’homme. Il faut bien reconnaître qu’ en cette année 1934, l’homme se défend très mal. Et comment se défendrai
256 istes ou racistes ont bien vu le danger. Mais ils en tirent une conclusion inattendue. Reprenant le mot de Goethe, sans le
257 l doit tomber fatalement, si on le laisse tomber. En cela, ils sont peut-être supérieurs aux libéraux et aux dilettantes q
258 e nos vies, je suis bien obligé de reconnaître qu’ en fait, ils nous dominent. Ne fût-ce que par le moyen de la presse. On
259 otre destin. Abrégeons, car, avec l’argent nous n’ en finirions pas. L’argent est partout, il est dans tout, il est tout et
260 me. On raille le caporalisme des jeunes miliciens en chemise brune. On nous dit que la vie, en Amérique, est impossible, p
261 liciens en chemise brune. On nous dit que la vie, en Amérique, est impossible, parce que tous les appartements sont pareil
262 s l’aboutissement de ces mythes. On a cru trouver en eux les principes d’une communauté nouvelle que l’individualisme avai
263 le parti que j’embrasse. Il me reste à le définir en termes positifs, cette fois. Les dieux, les mythes du siècle, sont to
264 ne. Mais ils se sont cruellement trompés de porte en s’adressant aux mythes collectifs. C’était l’homme qu’il fallait refa
265 ne attitude, l’attitude démissionnaire de l’homme en fuite devant son destin. Eh bien ! la personne à son tour n’est rien
266 virtuelle des dictatures, dans un fléchissement, en vous, du sens de votre destinée personnelle. À l’origine de tout, il
267 ient des réalités. ]’ai essayé de vous montrer qu’ en pensant historiquement, il fonde, dès maintenant, en lui, la dictatur
268 pensant historiquement, il fonde, dès maintenant, en lui, la dictature du nombre et de l’irresponsable. Je pourrais mainte
269 e l’individu perdu dans l’Histoire, vit d’instant en instant, d’une tâche à une autre, d’un acte à un autre acte, toujours
270 que je vous ai cités. Je voudrais y répondre ici en mon nom personnel. Quel est donc, nous dit-on, le fondement réel de l
271 ’égard du voisin, une façon plus commode de vivre en société. On a transporté dans l’histoire cet amour qui doit être un a
272 comprendre : le prochain, c’est celui qui exerce, en actes, la miséricorde. Cet acte, en chacun de nous, peut être vainque
273 i qui exerce, en actes, la miséricorde. Cet acte, en chacun de nous, peut être vainqueur de l’Histoire. Cet acte, à chaque
274 cle, lui seul atteint le mal à sa racine, qui est en nous, qui est au fond de notre désespoir. Les grandes lois historique
18 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Deux essais de philosophes chrétiens (mai 1934)
275 phes chrétiens (mai 1934)v Combien existe-t-il en France de personnes intelligentes ? Pour le juger il ne faudrait sans
276 onnête romancier. On s’étonnera, sans doute, de m’ en voir étonné. Je m’étonne davantage de ce qu’on trouve cela normal. Ce
277 et même les théologiens. Le Römerbrief, de Barth, en est au 20e mille. Un Keyserling, un Heidegger, un Karl Jaspers ont, d
278 l’endroit des meilleurs esprits. À qui faut-il s’ en prendre ? Aux critiques d’abord, et, en particulier, à cette espèce n
279 auteurs réputés « difficiles ». Car les autres s’ en passent fort bien. Or, c’est exactement le contraire qu’on peut voir.
280 ou naïveté ? Car il est évident que cette phrase, en fait, supprime toute philosophie. Ou bien le primum vivere se trouve
281 de la Révolution auquel on demandait à son retour en France ce qu’il avait fait en exil : « J’ai vécu, Monsieur, c’est bie
282 andait à son retour en France ce qu’il avait fait en exil : « J’ai vécu, Monsieur, c’est bien assez ! ». Ou bien le primum
283 sa technique détourne des problèmes qui se posent en fait. Mais que faut-il penser de ces techniques d’abstention ? ⁂ Tel
284 t si bien pris l’habitude de s’ignorer, qu’on est en droit de se demander si leur rencontre, à supposer qu’elle se produis
285 obscur pressentiment d’un tel péril qui explique, en dernière analyse, la méfiance réciproque dont je viens d’indiquer l’u
286 hypothèse n’est pas absurde : elle s’est vérifiée en Allemagne, à propos de Spengler par exemple, dont on sait l’influence
287 ne psychologie qui dissociait les unités vivantes en éléments abstraits, et prétendait examiner ensuite ces éléments sans
288 sche a baptisé ressentiment. Pour Nietzsche, on s’ en souvient46, l’amour chrétien n’est que « la fine fleur du ressentimen
289 art sans réserve —, il reste à voir si les causes en sont bien celles que Nietzsche allègue. Pour Scheler, les reproches d
290 toyable et précis. Voici sa thèse centrale : nous en sommes venus à substituer « l’amour de l’humanité » à l’amour du proc
291 is dont la morale usurpe l’apparence évangélique, en haine de l’Évangile et de ses exigences concrètes. Est-il besoin de m
292 hilosopher ne figure pas l’activité de ceux qui n’ en veulent point avoir. Son essai manifeste une volonté très nette de pa
293 ans doute fort étonnés d’apprendre qu’il fallait, en 1934, un courage véritable pour utiliser en philosophie des motifs te
294 lait, en 1934, un courage véritable pour utiliser en philosophie des motifs tels que le désespoir, l’espérance, la présenc
295 de la pensée ; mais, jusqu’ici, peu l’ont suivie, en France. Sachons gré à M. Gabriel Marcel de nous donner l’exemple d’un
296 ourir », disait le triste Cicéron, et Montaigne l’ en loue. Pour M. Marcel, on lui ferait plus volontiers dire que philosop
297 dire que la possibilité permanente du suicide est en ce sens48 le point d’amorçage peut-être essentiel de toute pensée mét
298 à critiquer, comme s’ils n’étaient pas eux-mêmes en jeu ! Mais, dit l’auteur, « je ne puis me dispenser de me demander du
299 n problème : un mystère. Et toute démarche pour s’ en approcher figure déjà par elle-même une sorte de participation concrè
300 é le Monde cassé. La première partie est un drame en quatre actes qui n’est pas à proprement parler une illustration de l’
19 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Notice biographique [Kierkegaard] (août 1934)
301 t 1934)w Søren Kierkegaard naquit à Copenhague en 1813, et y mourut en 1855. Presque toute son œuvre, une vingtaine de
302 rkegaard naquit à Copenhague en 1813, et y mourut en 1855. Presque toute son œuvre, une vingtaine de volumes, à quoi nous
303 x-huit volumes de papiers posthumes, fut composée en l’espace de douze années. Le père de Kierkegaard avait passé son enfa
304 ire fortune. Et c’est ainsi que Kierkegaard reçut en héritage de son père, après une sévère éducation piétiste, un secret
305 ire aux banques. Lorsqu’il mourut, à 42 ans, il n’ en subsistait rien. L’argent provenait d’une malédiction, pensait-il, il
306 on, pensait-il, il l’avait donc dilapidé, surtout en dons. Sa vie était très simple. Il travaillait une grande partie de l
307 x comprendre, le public s’écarta, effrayé. Lorsqu’ en 1854 il se mit à attaquer de front, avec une extrême violence, le chr
308 ransporta à l’hôpital, où il mourut paisiblement, en « saluant tous les hommes ». Le seul événement extérieur de sa vie fu
309 de son message chrétien, et qu’il ne pouvait pas en assumer l’entière responsabilité devant Dieu et devant les hommes. Ce
310 esprit du siècle ne les dépasse. 50. Traduite en français sous le titre de Traité du désespoir. 51. Rudolf Kassner,
20 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Nécessité de Kierkegaard (août 1934)
311 it… De quoi se plaint l’intelligence ? Si l’on en croit les écrits les plus dignes de formuler son opinion, et qui sont
312 , les Puissances anonymes et le Standard seraient en voie de triompher, et ce serait aux dépens de l’humain. Au sein de ce
313 entera de prouver qu’il extravague ; on proposera en public de l’interdire d’accès au temple ; l’opinion unanime accablera
314 temps, accablé par la réprobation générale, il s’ en ira mourir à l’hôpital, en disant à son seul ami : « Salue tous les h
315 obation générale, il s’en ira mourir à l’hôpital, en disant à son seul ami : « Salue tous les hommes ! Je les aimais bien
316 imais bien tous… » Cela se passait à Copenhague, en l’année 1855. Depuis lors, il est vrai, les choses ont bien changé. O
317 est pas la puissance, mais la puissance du savoir en exercice. Il y a bien de la différence. Le savoir autonome, ou la pui
318 ainsi Pascal, Nietzsche, Dostoïevski. On pourrait en citer quelques autres. Qu’ont-ils donc de commun, génie à part ? Peut
319 ement. Mais s’il n’est pas de hiérarchie possible en ces parages, le sacrifice y tient lieu de mesure, parce qu’il est un
320 tournons à l’origine où il se tient, nous mettons en lui notre espoir de trouver un autre chemin : un chemin qui ne mène à
321 trie, plus charitables cependant que les discours en l’honneur du progrès, car tout l’honneur de notre temps sera peut-êtr
322 . L’ironie Lorsque je vois de toutes parts, en Europe, à travers la confusion des doctrines, reparaître les traits i
323 de l’esprit », c’est bien moins dangereux ; tous en seront… « Deux questions — dit encore Kierkegaard — témoignent de l’e
324 nche, nous allons quelquefois à l’église déplorer en commun l’athéisme du monde. « Le Nouveau Testament suppose sans autre
325 l’imitation : c’est pourquoi ils se sentent unis en elle d’une manière si touchante, et c’est ce qu’ils appellent l’amour
326 Qu’entend-il par ce mot d’originalité ? Il faut en rapporter le sens au centre même de sa pensée, ou si l’on veut, de so
327 imaginaire. Car l’ordre de ce monde est lui-même en révolte contre l’ordre reçu de Dieu, qui sera l’Ordre du Royaume. Et
328 r prête : hélas ! il serait faux de dire qu’ils n’ en ont pas… Mais encore une fois, ce n’est pas échapper aux chimères pub
329 désespoir du démoniaque qui veut être soi-même, «  en haine de l’existence et selon sa misère ». Cette révolte n’est pas fo
330 lement l’homme des masses ne venait aujourd’hui s’ en prévaloir pour rendre un culte sanguinaire aux faux dieux qu’elle a s
331 lie l’autre proposition : qu’elle doit être vécue en avant.60 » Semble-t-il pas que le temps court plus vite depuis un siè
332 absolutise, et s’adore elle-même ? Les uns fuient en avant, et les autres dans le passé, mais qui voudrait se tenir, dans
333 t de notre choix, ou un moment de notre vie ? Ils en parlent bien aisément…) Certains des plus lucides entrevoient le péri
334 e l’hégélianisme social. « Le meilleur moyen de s’ en affranchir sera d’en revoir l’origine. Pour voiler le présent certain
335 al. « Le meilleur moyen de s’en affranchir sera d’ en revoir l’origine. Pour voiler le présent certain, ils hypothèquent le
336 e-puissance des mythes ! « Le meilleur moyen de s’ en affranchir sera d’en revoir l’origine. » Seul, Kierkegaard sait nous
337 s ! « Le meilleur moyen de s’en affranchir sera d’ en revoir l’origine. » Seul, Kierkegaard sait nous la désigner, dans le
338 reste bien tranquille. Ce « moi pur » ne met pas en cause mon désespoir, ou si l’on veut, je peux rêver dans le sommeil d
339 oir, c’est de persévérer dans son être agissant : en cette extrémité, le compromis se justifie… Mais si ton moi n’est pas
340 sens du terme, « assujetti » à la Parole qui vit en lui. C’est dans ce sens que la formule de Kierkegaard est vraie. La s
341 e au seul responsable parmi nous. Il sait bien qu’ en tous temps, le malheur de l’époque ne provient pas de ce qu’elle est
342 c moderne est protestant », ajoute M. Benda, qui, en fait de protestants, ne connaît guère que Renouvier, son maître… 54.
21 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Kasimir Edschmid, Destin allemand (octobre 1934)
343 issance, tout au moins, presque personne encore n’ en a parlé. Ce qui n’est pas très étonnant, d’ailleurs. Il s’agit d’une
344 s’agit d’une œuvre allemande, d’un auteur inconnu en France jusqu’ici, d’un roman qui veut dire quelque chose — quelque ch
345 teur du Venezuela ; un autre ira chercher fortune en Argentine, dans une plantation de thé où, d’ailleurs, la crise mondia
346 ne sur le plan international. Les quatre hommes s’ en vont à Buenos Aires, et, là, à bout de ressources, acceptent de colla
347 . Arrachés de leur terre et de leur peuple, ils s’ en vont au-devant d’une existence qui n’a plus aucun but, au-devant de s
348 tin de ces déracinés, ce sera désormais de porter en eux-mêmes l’image tragique de leur patrie, l’idée profonde de leur na
349 s s’éloignent de leur patrie, cette image grandit en eux, prend forme et puissance, et c’est en elle qu’ils communient, c’
350 randit en eux, prend forme et puissance, et c’est en elle qu’ils communient, c’est elle seule qui les soutient dans les pl
351 de guerre encore plus cruel qu’auparavant, et qui en faisait un pays pauvre, abattu, désuni et impuissant… » Mais tandis q
352 a fait le tour du monde ; il a séjourné longtemps en Orient et en Amérique ; il s’est enfoncé profondément dans la vie afr
353 r du monde ; il a séjourné longtemps en Orient et en Amérique ; il s’est enfoncé profondément dans la vie africaine ; et,
354 ne est morte, et le spectacle de la vie politique en Amérique du Sud fait mesurer la déchéance d’une race qui n’a pas su s
355 peut tout de même que certains lecteurs français en soient choqués — le sentiment d’une fraternité humaine que le roman d
356 des révolutions indigènes, et comme Edschmid, il en a tiré des conclusions sur le destin de la race blanche, qui forment
22 1935, Foi et Vie, articles (1928–1977). Notes en marge de Nietzsche (mars 1935)
357 être vraiment dangereux pour un chrétien qui sait en qui il croit. Et pour les autres, qu’importe qu’ils perdent à cette l
358 utaire. M. Bolle a réparti les fragments traduits en trois rubriques : le philosophe, le moraliste, le politique. Je ne vo
359 homme. Le christianisme, qui maudit l’humanité et en sort quelques spécimens rares et réussis, est de fond en comble non h
360 quelques spécimens rares et réussis, est de fond en comble non historique, parce qu’il nie que les millénaires à venir pu
361 ffet, qui, cinquante ans avant Nietzsche, partait en guerre contre la philosophie de l’Évolution selon Hegel, et dénonçait
362 losophie de l’Évolution selon Hegel, et dénonçait en elle non seulement un succédané païen de l’idée de Providence, mais s
363 croit faire un reproche terrible au christianisme en le traitant d’agent « non historique ». Il faut croire que cet advers
364 e de Karl Marx. En vertu de cet acte de foi, fait en révolte contre la vraie foi, ils se persuadent que l’humanité sera me
365 épugnante qui soit. » Il faut perdre la croyance en Dieu, en la liberté et en l’immortalité, comme ses premières dents ;
366 qui soit. » Il faut perdre la croyance en Dieu, en la liberté et en l’immortalité, comme ses premières dents ; ce n’est
367 faut perdre la croyance en Dieu, en la liberté et en l’immortalité, comme ses premières dents ; ce n’est qu’ensuite que vo
368 nt se juge chaque fois qu’il prononce une vérité. En quoi l’on pourra dire qu’il ressemble fort au croyant, — toutefois, s
369 du péché, crée la crise bien davantage qu’elle n’ en résulte. Ce qui résulte inévitablement d’une crise que la foi ne réso
370 vitablement d’une crise que la foi ne résout pas ( en lui substituant une autre crise plus radicale et salutaire) c’est, pa
371 typique d’un homme qui n’a jamais rencontré Dieu en Christ ; pas plus qu’on ne saurait rencontrer la justice ; pas plus q
372 upportable aux hommes » ? Nietzsche écrivait ceci en 1880. Cinquante-cinq ans plus tard, je serais tenté de dire que les h
373 livrer à d’aussi grossières confusions (pauvreté en esprit, ou esprit de pauvreté, confondu ici avec bêtise). Mais c’est
374 tes. Dans ce même livre, quatre pages plus bas, j’ en trouve un autre exemple : Nietzsche croit découvrir que la notion chr
375 commandement commanderont aussi à leur Dieu, tout en croyant le servir. » Formule qui n’est pas valable pour le seul pape
23 1937, Foi et Vie, articles (1928–1977). Luther et la liberté (À propos du Traité du serf arbitre) (avril 1937)
376 a Luther inconnu Dire qu’on ignore Luther en France serait exagérer, mais dans le sens contraire de celui qu’on im
377 yenne sur Luther, je crois que la phrase suivante en donne une juste idée : « En somme, qu’est-ce que Luther ? Un moine qu
378 dont les revues n’hésitèrent pas lorsqu’il parut ( en 1936) à louer la mesure et la sérieuse information théologique… Ceci
379 acultés françaises de théologie protestante. Il n’ en reste pas moins que l’ignorance ou la méconnaissance courantes à l’ég
380 le, Maritain, Grisar), mettent le public français en état d’infériorité assez grave, ne fût-ce que sur le plan de la cultu
381 asme et sa Diatribe (souvent personnifiée) n’est, en fait, que le support apparent d’une réflexion de plus vaste envergure
382 du sceptique que se vantait d’être Érasme, Luther en vient, de proche en proche, à ressaisir et reposer avec puissance tou
383 vantait d’être Érasme, Luther en vient, de proche en proche, à ressaisir et reposer avec puissance toutes les affirmations
384 iation plus ou moins rationnelle entre les règnes en guerre ouverte du Dieu de la foi et du Prince de ce monde ; nécessité
385 ’illustre cet ouvrage. S’ils n’y sont pas traités en forme, c’est qu’ils ne constituent pas un système, au sens philosophi
386 ouiller. « Folie pour les sages » Mais il s’ en faut de presque tout que les grandes thèses pauliniennes de la Réform
387 es !) par nos contemporains, même chrétiens. Il s’ en faut de beaucoup, de presque tout, que les arguments d’un Érasme nous
388 is, parfois même prêchés. Le laïcisme moraliste n’ en a pas du tout le monopole : tout catholique se doit, en bonne logique
389 as du tout le monopole : tout catholique se doit, en bonne logique, de les faire siens puisqu’il croit au mérite des œuvre
390 aux hommes de bonne volonté », tous ceux-là sont, en fait, avec Érasme et son armée de grands docteurs de tous les siècles
391 raité ? Une verdeur de polémique qui peut flatter en nous le goût du pittoresque ; l’élan génial, la violence loyale d’une
392 e involontaire, je le suppose —, dont il pouvait, en l’occurrence, l’accabler. On ne saurait souligner trop fortement ce t
393 souligner trop fortement ce trait : c’est encore en théologien, en docteur de l’Église fidèle, en prédicateur responsable
394 fortement ce trait : c’est encore en théologien, en docteur de l’Église fidèle, en prédicateur responsable, non plus en p
395 ore en théologien, en docteur de l’Église fidèle, en prédicateur responsable, non plus en philosophe ou en métaphysicien,
396 lise fidèle, en prédicateur responsable, non plus en philosophe ou en métaphysicien, que Luther nie le libre arbitre. Ceci
397 rédicateur responsable, non plus en philosophe ou en métaphysicien, que Luther nie le libre arbitre. Ceci pourrait suffire
398 e arbitre. Ceci pourrait suffire, et doit suffire en droit, à réfuter l’objection d’un moderne, l’objection parfaitement a
399 rs notre effort ? Il ne sert plus de rien. Nous n’ en ferons plus ! Nous refusons de jouer si, d’avance, le vainqueur a été
400 u dans l’Éternité qui est avant le temps, qui est en lui, et qui est encore après lui. Au regard de Dieu donc, « tout est
401 t ? Elle ne peut tuer que l’idée fausse qu’elle s’ en formait… Tu affirmes que si Dieu prévoit tout, tu es alors dispensé d
402 ppe à l’éternelle Prévision ? Qui t’assurerait qu’ en prononçant ces mots, tu ne prononcerais pas sur toi-même l’arrêt éter
403 e priver de son secours, ou encore la transformer en une menace obscure. Il y a une double prédestination : l’une au salut
404 onté — qui a tout prévu — peut aussi tout changer en un instant aux yeux de l’homme, sans que rien soit changé de ce qu’a
405 nous venons de lui, nous retournons à lui, il est en nous lorsque l’Esprit dit la Parole dans notre cœur. Quelle étrange i
406 le Credo et son fondement qui est la Parole dite en nous par l’Esprit et attestée par l’Écriture, — or, cette Parole est
407 ions. Et la démonstration purement biblique qu’on en trouvera dans le Traité du serf arbitre, malgré quelques détails exég
408 te et tremblement, puisque c’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire. » (Phil. 2 : 12-13). C’est parce que Die
409 C’est parce que Dieu a tout prévu que nous avons en lui, et en lui seul, la liberté. Mais cela n’apparaît qu’à celui qui
410 e que Dieu a tout prévu que nous avons en lui, et en lui seul, la liberté. Mais cela n’apparaît qu’à celui qui ose aller j
411 st un problème de vie ou de mort. Or, il est seul en cause pour le théologien. Et tout est clair lorsque l’on a compris qu
412 est psychologie, littérature et scolastique. Il n’ en reste pas moins qu’aux yeux de la raison — cette folle comme le répèt
413 de son destin. (Pour le chrétien, c’est accepter, en acte, l’éternelle prévision du Dieu qui sauve.) La similitude étonnan
414 roblème qu’il s’agit. Le seul problème, dès qu’on en vient à une épreuve radicale de la vie. Au « tu dois » des chrétiens,
415 nous ! 68. À la proposition qu’on lui faisait, en 1537, d’éditer ses œuvres complètes, le réformateur répondit : « Je n
24 1946, Foi et Vie, articles (1928–1977). Fédéralisme et œcuménisme (octobre 1946)
416 valeur historique, elles auront passé inaperçues en leur temps. Ce manque d’efficacité des messages œcuméniques, dans le
417 t-il pas possible de faire davantage à ce moment. En fait, on a examiné la situation mondiale et l’on a tenté de l’amélior
418 sser les grandes lignes de ce développement, et d’ en indiquer les articulations. Que l’on excuse le schématisme des pages
419 ée. De même l’orthodoxie ne sera jamais retrouvée en faisant une somme d’hérésies. Du conflit politique et économique, rés
420 ire ou « libérale », à mi-chemin des deux erreurs en lutte. Il faut changer de plan, et retrouver l’attitude centrale dont
421 œcuménisme. Nous allons définir ces trois termes en insistant sur leur liaison fondamentale et sur leur nécessaire hiérar
422 glise universelle. » Et nous nous bornerons ici à en souligner quelques traits qui importent à notre entreprise. Le princi
423 e et tombe avec la foi dans l’union des chrétiens en Christ, cette foi pouvant être connotée par le rejet de l’hérésie uni
424 lises ont voulu transformer la foi à l’Una Sancta en une assurance visible et restrictive de l’unité (d’organisation ou de
425 ême corps : quel que soit le nom qu’on lui donne, en aucun cas elle ne manquera de fondements bibliques indiscutables. (Po
426 ents bibliques indiscutables. (Pour ma part, je n’ en vois pas de meilleur que la première Épître aux Corinthiens : c’est d
427 paraît d’une excellente méthode.) Est-il permis d’ en appeler aussi au précédent des sept églises d’Asie, possédant chacune
428 raire, elle a pour premier effet de les renforcer en les rendant plus conscientes de leurs valeurs authentiques, et c’est
429 , qu’elle espère atteindre une communion d’esprit en profondeur. En d’autres termes, l’appel à l’union ne s’adresse pas au
430 lle, certaines ont ajouté, et peu à peu substitué en fait, un principe d’unité immanent, c’est-à-dire humainement contrôla
431 s’oppose à l’union. Elle transforme la diversité en division. Alors il y a scandale, et c’est alors que le corps souffre
432 le vide social. Quelle sera la nouvelle société ? En ce point crucial de l’histoire — dans une situation qui rappelle étra
433 r cet homme est, lui aussi, à la fois autonome et en relation. Ainsi, le mot personne avec son sens nouveau, et la réalité
434 istingue cet homme de tous les autres et le remet en relations concrètes avec ses semblables. La liberté est assurée par l
435 ilosophie. 3. Politique du fédéralisme Nous en avons assez dit pour qu’il soit désormais facile de voir qu’à l’attit
436 sormais facile de voir qu’à l’attitude œcuménique en religion ne peut correspondre que l’organisation fédéraliste en polit
437 peut correspondre que l’organisation fédéraliste en politique. Quant à la philosophie de la personne, elle sera normaleme
438 problèmes publics on a affaire. Si l’on se trouve en opposition avec le groupe, on a la possibilité matérielle d’y faire e
439 reillement définir l’œcuménisme et le fédéralisme en remplaçant « âmes » par « églises » et par « régions ». Enfin nous ne
440 s ne devons pas hésiter à compléter notre tableau en indiquant au moins ceci : que le fédéralisme implique dans l’ordre éc
441 de l’année 194173. Nous constatons que le conflit en cours est insoluble dans son plan. Si le totalitarisme triomphe défin
442 nt également improbables, et que les destructions en cours et à venir supprimeront pratiquement toutes possibilités de vic
443 are ? Le capitalisme et l’individualisme ont reçu en Europe des coups mortels, dans les deux camps. Le totalitarisme est u
444 apitalisme individualiste et au totalitarisme qui en est né. Mais qui peut aujourd’hui proposer cette réponse ? Le rôle d’
445 e qui s’obstinait à parler de justice et de droit en restant capitaliste et nationaliste, et qui refusait de se fédérer. H
446 e rien aux peuples de l’Europe. Or il dit qu’il n’ en a pas le temps… Quant au rôle de Staline, il paraît être de profiter
447 thodoxe, une seconde, correspondant à l’Allemagne en majorité luthérienne, et une troisième correspondant à l’Italie et à
448 à l’Espagne catholiques romaines, — alors qu’il n’ en existe aucune qui se soit développée en pays calvinistes, ou seulemen
449 s qu’il n’en existe aucune qui se soit développée en pays calvinistes, ou seulement influencés par des éléments calviniste
450 ne puis donner ici que le thème — je dirai ceci : en Russie, en Allemagne, en Italie et en Espagne, la distinction entre l
451 ner ici que le thème — je dirai ceci : en Russie, en Allemagne, en Italie et en Espagne, la distinction entre l’Église et
452 thème — je dirai ceci : en Russie, en Allemagne, en Italie et en Espagne, la distinction entre l’Église et l’État n’avait
453 irai ceci : en Russie, en Allemagne, en Italie et en Espagne, la distinction entre l’Église et l’État n’avait jamais été é
454 amais été établie d’une manière satisfaisante. Il en résultait, dans le peuple, le sentiment que l’Église et l’État formai
455 se traditionnelle, sans rupture violente (surtout en Suède). Un contenu nouveau, calviniste ou luthérien, s’est introduit
456 nu socialiste. (Là encore avec moins de secousses en Scandinavie qu’en Angleterre.) Troisième exemple : Calvin s’est toujo
457 encore avec moins de secousses en Scandinavie qu’ en Angleterre.) Troisième exemple : Calvin s’est toujours refusé à établ
458 onnes particulières ». Elle doit donc s’organiser en fédération de paroisses et de provinces, par synodes. Ce type de rela
459 ue se trouve être de fait la seule Internationale en formation. On sait assez que les Internationales idéologiques et poli
460 dans les pays où les Soviets ne règnent pas, sont en voie de divergence et non de convergence, sur le plan international.
461 en dehors de l’œcuménisme, qui permette de mettre en relations des groupes nationaux non étatiques. Ce fait simple institu
462 ssemble les personnes, et non pas celle qui fond, en une masse informe et grossièrement encadrée, les individus privés de
463 rsonne et la politique du fédéralisme sont seules en mesure, aujourd’hui, de synthétiser les vérités disjointes et tournée
464 de synthétiser les vérités disjointes et tournées en erreurs, qui subsistent dans les démocraties et dans les mouvements t
465 pitres 1-3. Le mouvement œcuménique est donc seul en mesure de préparer la réconciliation des adversaires actuels. Il ne s
466 e que nous avons vu les Églises nées des missions en terre païenne se placer à l’avant-garde du mouvement vers l’union, no
467 1946, p. 621-639. ac. Il s’agit d’une traduction en français de « Ecumenicity and federalism », Christendom, New York, n°
25 1977, Foi et Vie, articles (1928–1977). Pédagogie des catastrophes (avril 1977)
468 ’étions pas nés. Ils meurent encore de faim, mais en bien plus grand nombre — c’est un résultat du Progrès — cependant que
469 èle de l’État-nation napoléonien — et que ce soit en version capitaliste ou communiste ne fait aucune différence. Ils se t
470 quand ils veulent l’imiter, surtout pour mieux s’ en libérer. Ils choisissent celle qui les a dominés, mais c’est choisir
471 rtificiel du PNB et les stocks de bombes calculés en « équivalents TNT ». Condamner l’Europe et ne rien faire pour sa fédé
472 c’est priver le tiers-monde des seuls moyens de s’ en tirer sans catastrophes. Car s’il est vrai que l’Europe est responsab
473 ant et devenu sage. Mais ce qui est sûr, c’est qu’ en refusant de faire les régions et de se « faire » du même mouvement, l
474 politiques, dont quatre ou cinq du premier rang, en Amérique du Nord comme en Europe de l’Ouest, se voient amenés aux mêm
475 u cinq du premier rang, en Amérique du Nord comme en Europe de l’Ouest, se voient amenés aux mêmes conclusions et le confe
476 nt bien agir dans le sens de mon plan, mais s’ils en montraient l’intention, ils perdraient aussitôt, et à coup sûr, le po
477 r, le pouvoir de le faire peut-être un jour… Je n’ en vois pas un seul qui ait risqué l’expérience, dont rien ne prouve qu’
478 y a toutes raisons de redouter que personne ne s’ en charge en tant que représentant d’une nation, d’un parti, de la gauch
479 i ne convaincra, ni ne s’imposera au xxe siècle, en temps utile.   — Mais la Jeunesse ? — Pour autant qu’elle n’est pas u
480 changer. Certains, disait Emmanuel Berl « peuvent en avoir marre tout d’un coup »74. Déjà s’opère en toutes classes social
481 t en avoir marre tout d’un coup »74. Déjà s’opère en toutes classes sociales et toutes classes d’âge la mobilisation de pl
482 e verrai que je puis faire quelque chose, quel qu’ en soit d’ailleurs le succès ! Attitude qui n’est pas différente de cell
483 que vous ne me suivrez pas — pas assez tôt et pas en nombre suffisant. Il reste à la réalité de vous imposer ce que le bon
484 le monde déjà oublie sa peur et la sagesse qu’il en tira pour quelques semaines, de nouvelles catastrophes s’organisent d
485 ur préparer l’État-nation, moins d’un siècle pour en imposer le modèle à toute l’Europe, et trente ans pour le propager au
486 ceux qui n’ont pas vu où il faut aller, et donc n’ en cherchent pas les voies et ne les inventeront jamais. « Pas de vent f
487 Il nous faut donc vouloir que le meilleur gagne — en nous. Et il nous faut d’abord nous le représenter, nous le rendre pré
488 ans notre vie, les réalisent. Désirer le meilleur en nous et par la force du désir, le devenir, c’est anticiper notre aven
489 à vues humaines. J’ai voulu dire l’avenir inscrit en nous, — non certes dans nos chromosomes : n’allons pas nous cacher un
490 t calculé, et d’abord celui d’être tous des seuls en masse, il vous reste à vous convertir, à faire votre révolution, c’es
491 maines, dans la cité, s’il ne s’est opéré d’abord en vous. Si vous voulez changer l’avenir, changez vous-mêmes. Et c’est p