1
e péril Ford (février 1928)a On a trop dit que
notre
époque est chaotique. Je crois bien, au contraire, que l’histoire n’a
2
Il faudrait d’abord prendre conscience du péril.
Nous
ne tentons rien d’autre ici. Il y a une lâcheté, croyons-nous, dans
3
ns rien d’autre ici. Il y a une lâcheté, croyons-
nous
, dans cette complaisance générale à proclamer le désordre du temps. O
4
llement. Il suffit pourtant de regarder autour de
nous
et d’en croire nos yeux. I. L’homme qui a réussi Je prends Henry
5
ourtant de regarder autour de nous et d’en croire
nos
yeux. I. L’homme qui a réussi Je prends Henry Ford comme un symb
6
C’est la plus grave question qu’on puisse poser à
notre
temps. II. M. Ford a ses idées, ou la philosophie de ceux qui n’en
7
ou la philosophie de ceux qui n’en veulent pas
Nous
avons dit tout à l’heure quel fut le but de la vie de Ford, sa « gran
8
é. Mais cet aveuglement fondamental n’empêche pas
notre
industriel de philosopher sur les sujets les plus divers. Les aphoris
9
on cultive, on fabrique, on transporte. » « Toute
notre
gloire est dans nos œuvres, dans le prix que nous payons à la terre l
10
e, on transporte. » « Toute notre gloire est dans
nos
œuvres, dans le prix que nous payons à la terre la satisfaction de no
11
otre gloire est dans nos œuvres, dans le prix que
nous
payons à la terre la satisfaction de nos besoins. » — Ford se moque d
12
rix que nous payons à la terre la satisfaction de
nos
besoins. » — Ford se moque de la philosophie. Il ne peut empêcher que
13
c’est au plus pur, au plus naïf matérialiste que
nous
avons affaire ici. Et ses prétentions « idéalistes » n’y changeront r
14
de démontrer que les idées mises en pratique chez
nous
ne concernent pas particulièrement les autos et les tracteurs, mais c
15
uelque manière, un code universel ! » Réjouissons-
nous
… Mais, comment expliquer que des centaines de milliers de lecteurs, d
16
e de la production a été brillamment résolu… Mais
nous
nous absorbons trop dans ce que nous faisons et ne pensons pas assez
17
la production a été brillamment résolu… Mais nous
nous
absorbons trop dans ce que nous faisons et ne pensons pas assez aux r
18
résolu… Mais nous nous absorbons trop dans ce que
nous
faisons et ne pensons pas assez aux raisons que nous avons de le fair
19
s faisons et ne pensons pas assez aux raisons que
nous
avons de le faire. Tout notre système de concurrence, tout notre effo
20
ssez aux raisons que nous avons de le faire. Tout
notre
système de concurrence, tout notre effort de création, tout le jeu de
21
le faire. Tout notre système de concurrence, tout
notre
effort de création, tout le jeu de nos facultés semblent dirigés uniq
22
ce, tout notre effort de création, tout le jeu de
nos
facultés semblent dirigés uniquement vers la production matérielle et
23
f du monde, l’un de ceux qui influent le plus sur
notre
civilisation, possède la philosophie la plus rudimentaire. Le phénomè
24
cident, mais il est ici tragiquement aigu. Est-ce
notre
pensée qui, à force de subtiliser, est devenue trop faible pour nous
25
force de subtiliser, est devenue trop faible pour
nous
conduire ? Ou bien est-ce notre action qui est devenue trop effrénée,
26
e trop faible pour nous conduire ? Ou bien est-ce
notre
action qui est devenue trop effrénée, trop folle, pour être justiciab
27
énée, trop folle, pour être justiciable encore de
nos
vérités essentielles ? Il semble bien que notre temps ait prononcé dé
28
de nos vérités essentielles ? Il semble bien que
notre
temps ait prononcé définitivement le divorce de l’esprit et de l’acti
29
état de choses funeste pour l’Esprit. Si l’Esprit
nous
abandonne, c’est que nous avons voulu tenter sans lui une aventure qu
30
r l’Esprit. Si l’Esprit nous abandonne, c’est que
nous
avons voulu tenter sans lui une aventure que nous pensions gratuite :
31
nous avons voulu tenter sans lui une aventure que
nous
pensions gratuite : nous avons cherché le bonheur dans le développeme
32
ans lui une aventure que nous pensions gratuite :
nous
avons cherché le bonheur dans le développement matériel, avec l’arriè
33
en soi. Mais par l’importance qu’il a prise dans
notre
vie, il détourne la civilisation de son but véritable : aller à l’Esp
34
il travaille contre l’Esprit. Rien n’est gratuit.
Nous
payons notre passion de posséder la matière du prix de la seule posse
35
contre l’Esprit. Rien n’est gratuit. Nous payons
notre
passion de posséder la matière du prix de la seule possession véritab
36
t qui n’en pourrait citer un exemple individuel ?
Nous
savons assez en quel mépris l’homme d’affaires à l’américaine tient l
37
t est dit ! Le simplisme arrogant avec lequel, de
nos
jours, on tranche les grandes questions humaines est une des manifest
38
est une des manifestations les plus frappantes de
notre
régression. Cette perte du sens de l’âme se nomme bon sens américain.
39
e donc la place, mais c’est pourtant lui seul qui
nous
permettrait de jouir de notre liberté. La victoire mécanicienne est u
40
ourtant lui seul qui nous permettrait de jouir de
notre
liberté. La victoire mécanicienne est une victoire à la Pyrrhus. Elle
41
mécanicienne est une victoire à la Pyrrhus. Elle
nous
donne une liberté dont nous ne sommes plus dignes. Nous perdons, en l
42
re à la Pyrrhus. Elle nous donne une liberté dont
nous
ne sommes plus dignes. Nous perdons, en l’acquérant, par l’effort de
43
onne une liberté dont nous ne sommes plus dignes.
Nous
perdons, en l’acquérant, par l’effort de l’acquérir, les forces mêmes
44
par l’effort de l’acquérir, les forces mêmes qui
nous
la firent désirer. 2° Accepter l’esprit, et ses conditions. Je dis q
45
un luxe, n’est pas une faculté destinée à amuser
nos
moments de loisir, il a des exigences effectives ; et ces exigences s
46
? un peu de cette connaissance active de Dieu que
nos
savants nomment mysticisme et considèrent comme un « cas » très spéci
47
us. Pas de compromis possible de ce côté. Mais du
nôtre
? « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon », dit l’Écriture. ⁂ Je ne
48
le soit autre chose qu’une échappatoire utopique.
Nous
avons mieux à faire, il n’est plus temps de se désintéresser simpleme
49
ls — d’une civilisation sous le poids de laquelle
nous
risquons de périr. Il se prépare déjà des révoltes terribles4, celles
50
te] (1930)b c Deux menaces mortelles assiègent
notre
condition humaine : la liberté de l’esprit et les lois de la matière.
51
illustration des puissances de nature inhumaine.
Nous
pourrons définir un tel humanisme : l’organe d’équilibre de la civili
52
anisme : l’organe d’équilibre de la civilisation.
Nous
tenions de l’Antiquité, et singulièrement de la Grèce, le sentiment d
53
èce, le sentiment d’une harmonie nécessaire entre
nos
gestes et nos pensées, nos créations et notre connaissance ; le senti
54
ent d’une harmonie nécessaire entre nos gestes et
nos
pensées, nos créations et notre connaissance ; le sentiment d’une har
55
monie nécessaire entre nos gestes et nos pensées,
nos
créations et notre connaissance ; le sentiment d’une harmonie à sauve
56
entre nos gestes et nos pensées, nos créations et
notre
connaissance ; le sentiment d’une harmonie à sauvegarder au sein de n
57
sentiment d’une harmonie à sauvegarder au sein de
nos
connaissances même, et dans l’allure de leur progrès. Les humanités n
58
, et dans l’allure de leur progrès. Les humanités
nous
paraissaient devoir transmettre aux générations cette notion d’un équ
59
rogrès, sous n’importe quelle forme. Brusquement,
nous
voici « gagnés » par l’un des éléments de notre destin. La composante
60
t, nous voici « gagnés » par l’un des éléments de
notre
destin. La composante matérielle vient de l’emporter. Elle est en pas
61
vient de l’emporter. Elle est en passe de gauchir
notre
civilisation à tel point que l’homme, affolé, soudain, doute s’il est
62
omie vis-à-vis de la métaphysique. L’équilibre de
notre
esprit ne comporte pas l’égalité de droit de ces deux disciplines. Ca
63
dont les philosophes demeurent tout intimidés. Et
nous
vîmes le matérialisme mener son morne triomphe. Certes, la plupart de
64
e mener son morne triomphe. Certes, la plupart de
nos
philosophies, officiellement, l’ont renié. Mais pourquoi tant et touj
65
nnage allemand chargé de sa filature6. Ah ! comme
nous
avons besoin d’être purifiés d’une odeur de laboratoire dont notre pe
66
n d’être purifiés d’une odeur de laboratoire dont
notre
pensée reste imprégnée. La science se moque des nuages qui animaient
67
t. La tâche urgente d’un nouvel humanisme sera de
nous
dégager des fatalités dont nous voyons l’empire s’étendre dans tous l
68
humanisme sera de nous dégager des fatalités dont
nous
voyons l’empire s’étendre dans tous les domaines de notre existence,
69
yons l’empire s’étendre dans tous les domaines de
notre
existence, inclinant nos utopies mêmes, desséchant les sources de not
70
s tous les domaines de notre existence, inclinant
nos
utopies mêmes, desséchant les sources de notre foi. Qui parlait donc
71
nant nos utopies mêmes, desséchant les sources de
notre
foi. Qui parlait donc d’un « humanisme scientifique » ? Nous avons ét
72
ui parlait donc d’un « humanisme scientifique » ?
Nous
avons été pris de vitesse par nos inventions matérielles et déjà nous
73
ientifique » ? Nous avons été pris de vitesse par
nos
inventions matérielles et déjà nous sentons leurs lois peser sur notr
74
de vitesse par nos inventions matérielles et déjà
nous
sentons leurs lois peser sur notre vie : s’agit-il d’enrayer la scien
75
rielles et déjà nous sentons leurs lois peser sur
notre
vie : s’agit-il d’enrayer la science ? Non, mais que l’esprit qui l’a
76
on que l’humanité. On n’en saurait dire autant de
notre
raison. Les faits mystiques — qu’on les prenne en l’état brut où notr
77
ts mystiques — qu’on les prenne en l’état brut où
notre
pensée le plus souvent les a laissés — sont au moins aussi « objectif
78
ues élaborés par la science. Mais, participant de
notre
volonté et de la grâce, ils échappent à cette fatalité qui est le sig
79
existe d’autres facultés capables d’équilibrer en
nous
l’esprit de géométrie. J’imagine une méthode, une façon d’appréhender
80
, une façon d’appréhender la vie, de hiérarchiser
nos
entreprises, qui ne bannirait pas de l’existence la poésie, ce sens d
81
st possible que ce mythe ait animé l’humanisme de
nos
humanités. Il est certain qu’il a perdu son ascendant. D’ailleurs son
82
nvente un syncrétisme. Rome eut celui des dieux ;
nous
aurons celui des races de la Terre. Non plus une foi commune, mais un
83
re. Non plus une foi commune, mais une moyenne de
nos
manières d’être. Une sorte de commun dénominateur… (Le christianisme
84
dieu. N’attendons pas d’un nouvel humanisme qu’il
nous
désigne un but, ni même une direction : il y réussirait trop aisément
85
« d’humanité » de ses démarches intellectuelles.
Nous
avons inventé trop d’êtres inhumains : ils nous menacent et nous empê
86
. Nous avons inventé trop d’êtres inhumains : ils
nous
menacent et nous empêchent de voir encore le surhumain. Être véritabl
87
nté trop d’êtres inhumains : ils nous menacent et
nous
empêchent de voir encore le surhumain. Être véritablement homme, c’es
88
sme véritable conduit « au seuil » : et qu’irions-
nous
lui demander de plus, s’il laisse en blanc la place de Dieu. Mais où
89
r les lévites assez purs pour garder vierge parmi
nous
— voici déjà tant de faux dieux — le fascinant éclat de ce vide ? 5
90
on de l’Occident. La Voix royale 9, est, croyons-
nous
, le récit des événements qui précédèrent l’aventure chinoise de l’aut
91
ire le cas Malraux pour hautement significatif de
notre
époque post-nietzschéenne et pré-communiste. Le cas Malraux, — le cas
92
uel il donne sa plus profonde et intime adhésion.
Nous
avons tous en nous de quoi composer un semblable personnage, plus vra
93
s profonde et intime adhésion. Nous avons tous en
nous
de quoi composer un semblable personnage, plus vrai que nous-mêmes pa
94
e avec une pareille acuité le problème central de
notre
civilisation. À ce titre, l’œuvre anarchiste et antichrétienne que Ma
95
inaugure10 avec La Voie royale, mérite mieux que
notre
curiosité humaine, ou que notre admiration littéraire11. Le courage
96
mérite mieux que notre curiosité humaine, ou que
notre
admiration littéraire11. Le courage presque agressif qu’elle apporte
97
ligion qui n’est qu’un refuge contre la vie. Elle
nous
amène à un point de jugement d’où les facilités de certaine foi appar
98
, n’eussent vraisemblablement pas fait encourir à
notre
auteur pareil ostracisme. Mais notre monde ne connaît plus de sacré q
99
t encourir à notre auteur pareil ostracisme. Mais
notre
monde ne connaît plus de sacré que la propriété matérielle. d. Roug
100
Sécularisme (mars 1931)e Il
nous
plaît de faire converser ici les gens les moins faits pour s’entendre
101
asé pose toute la question sociale. Ainsi, sommes-
nous
amenés à donner une « importance » relative à des œuvres qui « signif
102
e d’avant-guerre, qui était avant tout un art. La
nôtre
ayant voix au forum discute autant qu’elle n’invente ou qu’elle ne st
103
mission urgente à remplir. Ces quelques remarques
nous
placent sous l’angle qu’il faut pour situer le petit livre de M. P. N
104
c’est le plus bel âge de la vie… — Où était placé
notre
mal ? dans quelle partie de notre vie. Voici ce que nous savons : les
105
Où était placé notre mal ? dans quelle partie de
notre
vie. Voici ce que nous savons : les hommes ne vivent pas comme un hom
106
l ? dans quelle partie de notre vie. Voici ce que
nous
savons : les hommes ne vivent pas comme un homme devrait vivre… — Êtr
107
pas comme un homme devrait vivre… — Être un homme
nous
paraît la seule entreprise légitime… — Nous pensions vie intérieure,
108
homme nous paraît la seule entreprise légitime… —
Nous
pensions vie intérieure, quand il fallait penser dividendes, impérial
109
dividendes, impérialisme, plus-value. — Qui donc
nous
aurait révélé de bonnes raisons brutales, de bonnes raisons humaines,
110
raisons brutales, de bonnes raisons humaines, de
nous
intéresser à l’Asie : les grèves à Bombay, les révolutions et les mas
111
lieu n’est qu’une « image fortement concentrée de
notre
mère l’Europe », un lieu où la vie occidentale se trouve « décantée j
112
ense à une Genève de l’islam. » Il semble, à lire
notre
auteur, que ce mélange de représentants de ne ordre de toutes les rac
113
vois bien que le propos de M. Nizan n’est pas de
nous
rendre le goût de ce qui, en Europe, « allongeait la solution », je n
114
sders. » N’insistons pas sur ce Luther prêché par
nos
missions (c’est si vraisemblable !) mais un normalien se devrait de s
115
oute autorité divine qui est le trait dominant de
notre
époque » — pour reprendre la définition qu’en donnait ici même M. Pie
116
sens que M. René Gillouin parle14 de l’effort de
notre
monde pour « se séculariser, pour se constituer en dehors de Dieu sur
117
dépassé ce « stade », qu’il n’est plus permis de
nos
jours… bref, que la science a changé tout cela. C’est précisément à c
118
e personnel, puisque l’Esprit dont M. Brunschvicg
nous
entretient n’est l’Esprit de personne. Je répondrai tout d’abord que
119
que cela veut être l’Esprit de tout le monde ; et
nous
savons depuis Platon ce que la démocratie dont cet idéalisme n’est ap
120
bstitue inévitablement à l’Esprit — et cette fois
nous
avons affaire à quelqu’un. Mettons-le en présence du scandale que con
121
r à la Messe ? On n’aura d’autre ressource que de
nous
opposer un distinguo : en tant qu’astronome, ce monstre, cet amphibie
122
beau se recommander de la Raison ou de l’Esprit,
nous
resterons inquiets, d’autant que, s’il ne s’interdit nullement de ren
123
ologiques de ces survivances chez l’astronome, il
nous
interdira formellement de procéder en ce qui le concerne lui-même, à
124
holique, à l’endroit d’un philosophe caractérisé,
nous
dit-on, par « sa terreur sincère de la vérité qui menace ». Mais part
125
— et c’est ici le nœud de divergence entre eux et
nous
— si le mal est si grand qu’ils le montrent — et il l’est — aucun bou
126
ssez parlé de Vérité, ce sont des réussites qu’il
nous
faut. Saluons enfin le règne de l’homme ! » Mais le chrétien, qui sai
127
érie d’études sur un nouvel humanisme, à laquelle
nous
renvoyons tous ceux qu’aura passionné l’enquête de M. Paul Arbousse-B
128
avez-vous dit. Depuis le temps qu’on cherchait à
nous
faire croire qu’une origine protestante était un vice rédhibitoire po
129
lant catalogue. Parce qu’ils parlent un peu pour
nous
et parce qu’ils nous parlent, nous avons demandé à ces artistes de ve
130
e qu’ils parlent un peu pour nous et parce qu’ils
nous
parlent, nous avons demandé à ces artistes de venir dans notre cercle
131
nt un peu pour nous et parce qu’ils nous parlent,
nous
avons demandé à ces artistes de venir dans notre cercle. Héritiers du
132
, nous avons demandé à ces artistes de venir dans
notre
cercle. Héritiers du plus grand affranchissement et de la plus héroïq
133
franchissement et de la plus héroïque résistance,
nous
voulons aller de l’avant, nous n’avons pas peur d’essayer vers la bea
134
roïque résistance, nous voulons aller de l’avant,
nous
n’avons pas peur d’essayer vers la beauté de nouvelles routes. On nou
135
d’essayer vers la beauté de nouvelles routes. On
nous
connaît mal. Derrière le mur de notre maison on nous croyait peut-êtr
136
s routes. On nous connaît mal. Derrière le mur de
notre
maison on nous croyait peut-être enfermés dans un moralisme étriqué,
137
s connaît mal. Derrière le mur de notre maison on
nous
croyait peut-être enfermés dans un moralisme étriqué, ennuyeux et con
138
iqué, ennuyeux et consciencieusement arriérés. Or
nous
n’étions pas raisonnables, nous faisions des projets dont on parlait,
139
ment arriérés. Or nous n’étions pas raisonnables,
nous
faisions des projets dont on parlait, la nuit, dans les chambres où l
140
asmes en désordre s’agitaient entre les murs d’où
nous
arrachions les moulures et les vieux papiers à fleurs. La confiance,
141
l’amitié, s’arrondissaient autour des livres dont
nous
savions de grands morceaux avec notre cœur. On remuait un climat de p
142
livres dont nous savions de grands morceaux avec
notre
cœur. On remuait un climat de poèmes, une spiritualité un peu grave,
143
, une spiritualité un peu grave, on touchait avec
notre
jeunesse le tragique ou le merveilleux, on mettait notre volonté aima
144
eunesse le tragique ou le merveilleux, on mettait
notre
volonté aimante, entre toutes les pages, sur toutes les choses. Nous
145
e, entre toutes les pages, sur toutes les choses.
Nous
écrivions aux auteurs, nous recevions des livres, des lettres. Van Go
146
ur toutes les choses. Nous écrivions aux auteurs,
nous
recevions des livres, des lettres. Van Gogh, en qui nous aimions tout
147
cevions des livres, des lettres. Van Gogh, en qui
nous
aimions tout : le pasteur, le peintre et le fou, semait en nous toute
148
out : le pasteur, le peintre et le fou, semait en
nous
toutes les curiosités de la couleur et de la vie. Nous reprenions tou
149
toutes les curiosités de la couleur et de la vie.
Nous
reprenions toutes les mesures, tout redevenait neuf : les mots « form
150
une place plus grande dans la joyeuse lumière de
notre
ciel simplifié. Et voilà, n’est-ce pas, un ton et une ferveur qui re
151
tendu. Une visite au salon de la rue de Vaugirard
nous
invite à renoncer à ces clichés. Pas de trace de « puritanisme » chez
152
, peut-on, par contre, le définir idéalement ? Il
nous
semble que cela supposerait d’abord une définition nette de notre foi
153
cela supposerait d’abord une définition nette de
notre
foi : il faut qu’on sache sans équivoque ce qu’est le protestantisme
154
t est liée à une conception dogmatique de la foi.
Nous
pensons même que la renaissance et l’épanouissement d’un tel art sero
155
y a tous les sujets chrétiens ! C’est bien là que
nous
voulions en venir : le dogme ne doit être qu’un stimulant (une diffic
156
tière type Lénine ou Ford. Soucieux de comprendre
notre
temps avant de le condamner ou de l’absoudre, défenseur convaincu d’u
157
te oriental contre lequel des Massis mal informés
nous
mettaient naguère en garde. Keyserling voit la cause du développement
158
ianisme primitif) — la pauvreté est considérée de
nos
jours comme un mal absolu et honteux. C’est ainsi encore que l’idéal
159
nt peut-être que transitoires, ajoute Keyserling.
Nous
traversons une crise d’adaptation, et il s’agit de la résoudre dans l
160
oses leur vivante réalité. Mais tout ceci, à quoi
nous
ne pouvons qu’applaudir, ne saurait être pour nous qu’une « introduct
161
ous ne pouvons qu’applaudir, ne saurait être pour
nous
qu’une « introduction » à l’ère spirituelle, une préparation nécessai
162
ernel. Là où Keyserling dit seulement adaptation,
nous
ajoutons régénération ; et lorsqu’il dit spiritualité, nous pensons c
163
ons régénération ; et lorsqu’il dit spiritualité,
nous
pensons connaissance mystique. g. Rougemont Denis de, « Conférence
164
e traduire un autre roman du même auteur16, et il
nous
aide à mieux définir le charme de cette œuvre inoubliable. Antérieur
165
eu inexorable dans la libéralité avec laquelle il
nous
invite à de multiples week-ends… » Il y aurait beaucoup à dire pour e
166
s tenable à Londres, et l’histoire continue, pour
notre
agrément. Mais surtout, cette vie dénuée d’aventures ou de difficulté
167
aventures ou de difficultés extérieures, permet à
notre
intérêt de se concentrer uniquement sur les sentiments, et dès lors e
168
du cœur humain. Si le rôle de l’art est d’affiner
nos
âmes au contact de réalités plus pures que celles de la vie courante,
169
teur le tragique de la durée d’une vie. M. Baring
nous
fait suivre de sa naissance à sa mort toute l’existence de Blanche Cl
170
parce qu’elle le transforme sans cesse, alors que
nous
sommes attachés surtout à des instants parfaits de nos affections ; p
171
ommes attachés surtout à des instants parfaits de
nos
affections ; parce que le sentiment ne souffre pas une ascension cont
172
tant d’essence éternelle, ses manifestations dans
notre
vie — dans la durée — sont nécessairement douloureuses. Certains, peu
173
sions humaines, et comme la morale du roman. Mais
nous
ne croyons pas qu’une œuvre de cette envergure comporte à proprement
174
aux lois de la vie. Seule épreuve qui permette de
nous
en libérer. Car au-dessus des fatalités humaines, ce qui compte chez
175
ccomber. C’est cela qui forme le sujet implicite,
nous
l’avons dit, de son œuvre romanesque. Et c’est par tout ce qu’elle co
176
au catholicisme de la princesse Blanche. Arrêtons-
nous
un peu à l’examen de ce passage auquel on sent que Baring attache une
177
phrase par quoi se termine un précédent livre de
notre
auteur : « La veille de la Chandeleur 1909, je fus reçu dans le sein
178
a. » Plus tard elle avoue franchement : « … dans
nos
églises j’éprouve un sentiment de détresse aiguë, ou bien je m’y ennu
179
passent à l’Église romaine des « pervertis » : «
Nous
en avons eu trop dans la famille, votre pauvre oncle Charles… qui ava
180
uvre tante Cornélia… Ce fut un terrible coup pour
nous
tous. Naturellement, nous nous sommes montrés très bons à son égard…
181
t un terrible coup pour nous tous. Naturellement,
nous
nous sommes montrés très bons à son égard… » L’on conçoit que Blanche
182
terrible coup pour nous tous. Naturellement, nous
nous
sommes montrés très bons à son égard… » L’on conçoit que Blanche malh
183
ectement de Dieu que Dieu est le plus absent. Car
nous
y sommes à chaque page incités à juger, induits en tentation, induits
184
ses, là où elles paraissent s’opposer, au lieu de
nous
aider à les mieux pénétrer, à les approfondir jusqu’à l’unité. Il est
185
s, car en définitive la conversion de son héroïne
nous
paraît être à tel point la seule solution possible qu’elle n’est plus
186
dent superflue l’action de la grâce). Mais quoi ?
Nous
laisserons-nous vraiment « tenter » par cette erreur de Baring ? Cher
187
’action de la grâce). Mais quoi ? Nous laisserons-
nous
vraiment « tenter » par cette erreur de Baring ? Cherchons plutôt le
188
survivre à cet acte suprême, à cette grâce. Aussi
notre
bonheur humain n’est-il en aucune mesure le signe de la vérité. Perso
189
inéluctable, amorale, tout à fait indépendante de
nos
appréciations. Nous sommes naturellement portés à confondre notre bon
190
e, tout à fait indépendante de nos appréciations.
Nous
sommes naturellement portés à confondre notre bonheur avec notre bien
191
ons. Nous sommes naturellement portés à confondre
notre
bonheur avec notre bien, et à taxer d’immoralisme tout acte qui entra
192
turellement portés à confondre notre bonheur avec
notre
bien, et à taxer d’immoralisme tout acte qui entraîne des ruines huma
193
. Mais la vérité, elle, est indifférente à ce que
nous
appelons bonheur ou malheur. Et c’est la vérité seule qu’il s’agit d’
194
’Émile Ludwig (Attinger, éd.), ouvrage sur lequel
nous
aurons l’occasion de revenir. 18. Il est absurde, voire aux yeux de
195
Et voici comment il faut situer Kierkegaard dans
notre
Panthéon spirituel : Kierkegaard fut le dernier grand protestant. On
196
ne d’un grand théologien. Il s’agit maintenant de
nous
révéler ce « héros de la foi », ce maître de la pensée chrétienne tra
197
de Karl Barth, disciple fervent de Kierkegaard, —
nous
pouvons y attacher la valeur d’un signe. Kierkegaard sera pour beauco
198
lanc, et un grade de docteur ès lettres, vient de
nous
donner un livre bien utile22. En vérité, il fallait une sorte d’intré
199
contemplation de sommets assez rares. Personne, à
notre
connaissance, ne s’était risqué jusqu’ici dans pareille aventure. Per
200
nne même n’avait signalé cette curieuse lacune de
notre
histoire littéraire : pour nos critiques, les Alpes n’avaient pas d’h
201
rieuse lacune de notre histoire littéraire : pour
nos
critiques, les Alpes n’avaient pas d’histoire. Enfin, voici ce livre,
202
aleur proprement littéraire et descriptive, elles
nous
paraissent intéressantes par tout ce qu’elles révèlent de la mentalit
203
é un élément important et radicalement différent.
Nous
essaierons de l’esquisser plus loin. ⁂ Ce qui frappe dès l’abord, c’e
204
re alpestre en France. À part Sénancour, aucun de
nos
écrivains n’a su puiser dans le thème de la montagne une inspiration
205
hique génératrice d’œuvres marquantes. Qu’aurions-
nous
à opposer à un Shelley, à un Byron, à un Ruskin ? Chateaubriand, deva
206
alisme lui frayait la voie », note fort justement
notre
auteur. L’homme seul en face des sommets, qu’écrira-t-il ? — Shelley
207
st aussi quelque chose qui devrait être surmonté,
nous
souffle une voix émouvante, aux résonances vraiment altières, celle-l
208
altières, celle-là : la voix de Nietzsche. ⁂ Ici,
nous
changeons de monde. À vrai dire, nous quittons la littérature. « Celu
209
che. ⁂ Ici, nous changeons de monde. À vrai dire,
nous
quittons la littérature. « Celui qui sait respirer l’atmosphère de mo
210
es précises, aiguës, et qu’inspire l’escarpement,
nous
changent des rêveries de Rousseau. Celui-ci se promène, l’autre escal
211
andiose existence géologique sans rapport avec la
nôtre
. Les atomes que nous sommes peuvent trouver sur ses flancs l’occasion
212
ogique sans rapport avec la nôtre. Les atomes que
nous
sommes peuvent trouver sur ses flancs l’occasion d’une lutte… elle ig
213
ne lutte… elle ignorera toujours ces victoires. »
Nous
empruntons ces lignes au très bel essai que Robert de Traz intitula N
214
sées que les malédictions de Zarathoustra ? Quand
nos
écrivains, lassés de la circulation des idées citadines, éprouveront
215
ques de la solitude et de la grandeur, les Alpes.
Nous
souffrons d’une carence inquiétante de l’héroïsme. Dans la lutte pour
216
ante de l’héroïsme. Dans la lutte pour la vie que
nous
impose le monde contemporain, c’est l’habileté qui triomphe, et non p
217
tiques : l’aviation et l’alpinisme. On commence à
nous
donner quelques « romans de l’air », et certains sont remarquables. S
218
littéraire. C’est un livre entièrement simple qui
nous
introduit dans la connaissance de la misère, et par là même nous fait
219
dans la connaissance de la misère, et par là même
nous
fait sentir combien nous sommes mesquins, sans exigences véritables e
220
a misère, et par là même nous fait sentir combien
nous
sommes mesquins, sans exigences véritables et sans grandeur. Peut-êtr
221
hie, la misère physique et matérielle du monde où
nous
vivons. C’est un terrible péché du christianisme européen, que d’avoi
222
mme son bien propre. Mais il n’y a pas là de quoi
nous
rassurer. Si la vie de Kagawa glorifie l’Évangile, elle accuse formel
223
de majorité des chrétiens. Tant mieux si ce livre
nous
passionne. Il faudrait surtout qu’il nous trouble. ⁂ L’autobiographie
224
e livre nous passionne. Il faudrait surtout qu’il
nous
trouble. ⁂ L’autobiographie de Toyohiko Kagawa, publiée au Japon sous
225
s les plus significatifs de ce temps. Non pas que
nous
manquions de témoignages sur les conditions d’existence du prolétaria
226
itions d’existence du prolétariat mondial, ni que
nous
ignorions que notre siècle est celui des meneurs. Mais le rare, c’est
227
du prolétariat mondial, ni que nous ignorions que
notre
siècle est celui des meneurs. Mais le rare, c’est qu’un de ces meneur
228
, c’est qu’un de ces meneurs écrive un livre pour
nous
dire comment il voit le peuple, comment il l’aime, et quel est le sec
229
de son entreprise. C’est même un des malheurs de
notre
temps, que l’action devenue trop rapide suppose une cécité partielle
230
e à l’œuvre d’un Ford, ou à celle de presque tous
nos
hommes d’État. Le privilège admirable de Kagawa, c’est qu’il poursuit
231
icles parus dans des revues françaises ou suisses
nous
avaient appris à connaître les résultats considérables de l’œuvre soc
232
ale, politique et religieuse suscitée par Kagawa.
Nous
savions que ce pasteur d’une petite paroisse presbytérienne était le
233
ation d’une Europe dont il rejette la religion24.
Nous
savions aussi que ce leader social, cet économiste et cet évangéliste
234
eint des tirages sans précédent dans son pays. Il
nous
restait à entrer en contact personnel avec cette œuvre : Avant l’Aube
235
e, le récit de l’adolescence et de la jeunesse de
notre
héros ; mais ce récit prend fin au moment où Kagawa débouche dans la
236
cette « genèse » à vrai dire passionnante, et qui
nous
fait pénétrer dans l’intimité d’une vie, aux sources mêmes de ses dét
237
au contraire, et surtout dans le premier volume,
nous
assistons à l’existence la plus quotidienne d’Eiichi, à ces mille pet
238
sir ou d’ennui qui constituent la trame réelle de
notre
activité et qui différencient radicalement notre vie d’un conte de fé
239
notre activité et qui différencient radicalement
notre
vie d’un conte de fées. Il n’y a là, de la part de l’auteur, nul part
240
te la vie du Japon actuel qu’elle concrétise sous
nos
yeux. Certes, ce n’est pas une japonerie d’estampe ! Voici un échanti
241
! Voici un échantillon du pays, au travers duquel
nous
emmène Kagawa : Il appuya son front chaud et malade contre la fenêtr
242
Osaka ! Les endroits surpeuplés sont terribles !
Nous
trouvons d’abord Eiichi Niimi à l’Université de Meiji Gakuin, près de
243
décide soudain à quitter l’Université. Ce passage
nous
le montre déjà tout entier : subit et absolu dans ses déterminations,
244
ette œuvre avec l’autorité d’une action, arrêtons-
nous
quelques instants devant la beauté singulière de l’âme qu’elle révèle
245
Mais à tout prendre, cet ennui traduit ou marque
notre
paresse et notre lâcheté naturelles, et l’incertitude qui est leur ré
246
dre, cet ennui traduit ou marque notre paresse et
notre
lâcheté naturelles, et l’incertitude qui est leur résultante. Quelque
247
avant tout, le sens de la pauvreté ? Qu’un Kagawa
nous
force à méditer chrétiennement le fait de la misère humaine, — cela n
248
choix du classicisme. Et qu’il est le dernier de
nos
classiques… Pareille modestie est, d’ailleurs, signe de force : les c
249
sa coquetterie profonde. Tels sont les tours que
nous
joue la morale lorsque, se prenant pour fin, elle s’érige en dialecti
250
on point parce qu’une morale stoïcienne et laïque
nous
le recommande. Non point à cause de la logique ni même d’une norme so
251
lon l’étymologie de Unamuno. Ne détermine rien en
nous
. Ne nous met en demeure ni d’agir, ni d’aimer, ni même de douter fort
252
mologie de Unamuno. Ne détermine rien en nous. Ne
nous
met en demeure ni d’agir, ni d’aimer, ni même de douter fortement. C’
253
blesses, les abandons, les déchéances de l’homme,
nous
les connaissons de reste et la littérature de nos jours n’est que tro
254
ous les connaissons de reste et la littérature de
nos
jours n’est que trop habile à les dénoncer ; mais le surpassement de
255
soi qu’obtient la volonté tendue, c’est là ce que
nous
avons surtout besoin qu’on nous montre… Je lui sais gré particulièrem
256
, c’est là ce que nous avons surtout besoin qu’on
nous
montre… Je lui sais gré particulièrement d’éclairer cette vérité para
257
ueux, mais de faire la volonté de Dieu. Et ce que
nous
voulons ce ne sont pas des exemples édifiants, mais des témoignages d
258
n lui, c’est un « André Gide vu de Genève » qu’il
nous
faudrait. M. Martinet a pris pour épigraphe la citation suivante, emp
259
instructive, qu’il est, depuis l’édit de Nantes,
notre
seul notable écrivain protestant26, non exilé, non réfugié, mais d’éd
260
i caractérise la critique de M. Albert Thibaudet,
nous
ont fait penser qu’il existe bel et bien un Loti vu de Genève, non pa
261
Frommel, dans ses Études littéraires et morales.
Nous
sommes certains d’intéresser les lecteurs de cette revue en citant ic
262
ant ici quelques passages de l’étude de Frommel.
Nous
assistons, chez Pierre Loti, à ce spectacle étrange d’une vie toute p
263
’on cachait la meilleure ; les désespérances dont
notre
époque est prodigue, ne s’étalaient point au grand jour, il y avait p
264
aspirations demeurent, qui faisaient tressaillir
nos
ancêtres, mais leur légitime objet a été enlevé ; les souffrances son
265
rance s’est écrite dans les pages innombrables de
notre
littérature. L’ouverture s’est faite, mais non du bon côté ; l’âme, q
266
t l’homme seul répond à l’homme épouvanté 27. Il
nous
manque une étude sur les critiques protestants du xixe siècle. L’on
267
vistes » restent à peu près les seuls valables, à
nos
yeux, qui aient été émis en leur temps. La critique la plus moderne l
268
nt de vue de Genève » — c’est-à-dire protestant —
nous
paraît avoir doué ceux qui le professèrent (en dépit de certain défau
269
Romanciers protestants (janvier 1932)q
Nos
gloires nous jugent C’est un fait digne d’intérêt, et que personne
270
iers protestants (janvier 1932)q Nos gloires
nous
jugent C’est un fait digne d’intérêt, et que personne, croyons-nou
271
un fait digne d’intérêt, et que personne, croyons-
nous
, n’a relevé, que les grands « succès » littéraires de l’année 1931 so
272
ée de ces fameux « moralistes français » auxquels
nous
pardonnons souvent d’être des romanciers assez ternes, pour le plaisi
273
s, pour le plaisir que par ailleurs ils donnent à
notre
intelligence plus avide, au fond, de formules adroites que de drames
274
iste, là la famille qui se défait30. Mais gardons-
nous
de voir dans ce contraste autre chose que la vieille opposition du sa
275
ment chrétienne. Car c’est à juste titre, croyons-
nous
, qu’on put écrire de Saint-Saturnin qu’un tel roman exprime « toute l
276
es œuvres. Délimiter un « parti protestant » dans
nos
Lettres, n’était-ce point, d’abord, céder à la tentation d’un nationa
277
autre ? Je sais bien que certains « protestants »
nous
y pousseraient, à force de reniements et d’ignorance de nos richesses
278
seraient, à force de reniements et d’ignorance de
nos
richesses, de fausses hontes et de sourires complices. La question to
279
’elles posent, chrétiennement, c’est de savoir si
nous
les méritons encore. Comme le disait un homme d’esprit, plus l’ancêtr
280
oins on a de chances d’en tenir… C’est ainsi que
nos
gloires passées, martyrs, camisards et prophètes, nous condamnent dan
281
gloires passées, martyrs, camisards et prophètes,
nous
condamnent dans la mesure où elles furent authentiques. Mais d’autre
282
ntellectuelles plus récentes et discutables, dont
nos
apologètes se réclament volontiers, n’en constituent pas moins pour n
283
ament volontiers, n’en constituent pas moins pour
notre
protestantisme un jugement indirect d’une impitoyable et significativ
284
ificative sévérité. Et dès lors, c’est cela qu’il
nous
paraît utile et nécessaire, aujourd’hui, de confesser. Aussi bien, la
285
jourd’hui, de confesser. Aussi bien, la force qui
nous
est promise doit-elle nous rendre ce courage léger. Le moralisme n
286
ssi bien, la force qui nous est promise doit-elle
nous
rendre ce courage léger. Le moralisme nous trahit Partons du ca
287
lle nous rendre ce courage léger. Le moralisme
nous
trahit Partons du cas concret de nos trois auteurs. Le problème, à
288
oralisme nous trahit Partons du cas concret de
nos
trois auteurs. Le problème, à vrai dire, les dépasse, mais il n’est p
289
s de l’actualiser, de le rétrécir, si de la sorte
nous
sentons mieux sa pointe. Les héros du Scandale, provinciaux énervés p
290
nciaux énervés par la vie des bars de la capitale
nous
apparaissent incapables de transporter dans ce décor les dilemmes rel
291
ode. Cette espèce de stoïcisme moral, dans lequel
nous
voyons se complaire beaucoup de « protestants par tradition », pourta
292
rt est celui qui refuse la louange approximative.
Nous
ne saurions assez nous garder d’accepter des adhésions qui vont aux p
293
la louange approximative. Nous ne saurions assez
nous
garder d’accepter des adhésions qui vont aux produits déviés de notre
294
ter des adhésions qui vont aux produits déviés de
notre
foi. Il est vrai que ceux-ci sont souvent les plus éclatants. Car un
295
ne vont pas forcément à la ruine immédiate, dans
notre
monde tel qu’il est. Mais c’est parfois, bien au contraire, par leur
296
plus durement jugés. Était-ce affaiblissement de
notre
foi dans l’avenir de la Réforme, besoin minoritaire de trouver des al
297
compromission semblait pratiquement acceptable ?
Nous
avons trop souvent et bien trop volontiers souffert que l’on nous att
298
souvent et bien trop volontiers souffert que l’on
nous
attribue un moralisme tout semblable à celui des athées, — au lieu qu
299
coup le dénoncer, comme radicalement contraire à
notre
foi originale. Le siècle, hélas, décorait du beau nom de libéralisme
300
ce unifiante entre la pensée et l’action. Certes,
nos
prédicateurs affirmaient le salut gratuit par la foi ; mais d’autre p
301
t le salut gratuit par la foi ; mais d’autre part
nous
prêtions des mains complices à des œuvres qui relevaient de conceptio
302
u’aient été les affirmations souvent indignées de
nos
docteurs, un fait prit corps, irréfutable : dans l’esprit du Français
303
-il de déplorer une incompréhension publique dont
nous
sommes en grande partie responsables ? Nous montrons-nous assez souci
304
dont nous sommes en grande partie responsables ?
Nous
montrons-nous assez soucieux de nous désolidariser de certaines forme
305
mes en grande partie responsables ? Nous montrons-
nous
assez soucieux de nous désolidariser de certaines formes de pensée ou
306
sponsables ? Nous montrons-nous assez soucieux de
nous
désolidariser de certaines formes de pensée ou d’action dans lesquell
307
ines formes de pensée ou d’action dans lesquelles
nos
pères crurent trouver des appuis, mais dont nous souffrons d’autant p
308
s nos pères crurent trouver des appuis, mais dont
nous
souffrons d’autant plus vivement que le monde actuel nous met en deme
309
ffrons d’autant plus vivement que le monde actuel
nous
met en demeure d’abandonner tout ce qui, dans notre éthique, s’inspir
310
ous met en demeure d’abandonner tout ce qui, dans
notre
éthique, s’inspire d’un conformisme bourgeois plutôt que de l’héroïsm
311
e de l’héroïsme chrétien ? En particulier, sommes-
nous
toujours assez conscients des fondements de notre foi pour récuser, d
312
-nous toujours assez conscients des fondements de
notre
foi pour récuser, dans « l’esprit protestant », tout ce qui rend inut
313
e qui rend inutile la grâce ? Il y va pourtant de
notre
force de conquête. Que nous le voulions ou non, en fait, sinon toujou
314
Il y va pourtant de notre force de conquête. Que
nous
le voulions ou non, en fait, sinon toujours en droit, l’héritage inte
315
estantisme du xixe siècle se réduit, aux yeux de
nos
contemporains, à un moralisme libéral. Nous savons ce qu’une telle vu
316
eux de nos contemporains, à un moralisme libéral.
Nous
savons ce qu’une telle vue a d’injuste, c’est-à-dire d’incomplet. Mai
317
bien la confirmer : le dessèchement distingué de
notre
art. Toute forme religieuse donne lieu à des formes d’art qui manifes
318
protestantisme de la fin du xixe siècle, tel que
nos
contemporains se le représentent, ne pouvait s’exprimer que dans la f
319
érieuse et fulgurante du véritable calvinisme. Or
nous
n’hésitons plus à rendre responsable de cette carence de la poésie et
320
carence de la poésie et du rayonnement spirituel
notre
fameux moralisme, traître à ses origines, et vidé de toute théologie
321
tre sans renier le fondement de sa croyance34. Or
nous
voyons le moralisme se développer précisément à l’époque où la théolo
322
se psychologique. Un siècle de ce régime suffit à
nous
mener à ce trouble gâchis intérieur où Freud naguère porta l’impitoya
323
» dont les ravages ne prendront fin qu’au jour où
nous
aurons compris que la santé est dans l’humilité de la prière, dans la
324
é de la prière, dans la reconnaissance éperdue de
notre
incapacité à faire par nous-mêmes le bien, dans l’abandon aux mains d
325
iolentes mains de Dieu. Un cantique nouveau
Nous
voici loin de nos auteurs. Si loin qu’en somme ils ne sont guère atte
326
ieu. Un cantique nouveau Nous voici loin de
nos
auteurs. Si loin qu’en somme ils ne sont guère atteints par tout ceci
327
, c’est au nom d’une grande espérance. Que devons-
nous
attendre ? Tout, d’un réveil dogmatique qui, s’il traduit et porte un
328
libérer des forces créatrices. Or les temps vont
nous
y contraindre. Que rien ne soit plus favorable à l’art que l’évangél
329
mans russes et les romans anglais du xixe siècle
nous
laissent entrevoir ce que pourraient être des œuvres modernes inspiré
330
du tragique et de la joie surabondante : verrons-
nous
quelque jour en France surgir une poésie chrétienne d’inspiration éva
331
nt les Tragiques d’un d’Aubigné. Aussi bien avons-
nous
d’autres raisons d’espérer. Car si la forme artistique adéquate au li
332
. Mais le plus grand Occidental fut-il chrétien ?
Nous
ne saurions, surtout dans Foi et Vie , aborder cette question sous l
333
nisme » comme dit Barth, une de ces questions qui
nous
sont posées comme autant d’accusations, et qu’il est de notre devoir
334
osées comme autant d’accusations, et qu’il est de
notre
devoir d’envisager avec toute la bonne foi que nécessite un examen de
335
es fragments des Conversations avec Eckermann que
nous
donnons dans ce numéro n’ont pas été choisis pour dissiper trop facil
336
sance ? La question serait tranchée, en effet, si
nous
ne savions rien des circonstances dans lesquelles Goethe évoluait. Un
337
sion littéraire la plus parfaite avec Werther. Et
nous
ne manquons pas de témoignages écrits de cette époque qui permettent
338
transcendance de Dieu est absolue, par rapport à
notre
pensée naturelle. Dès lors, pourquoi faire intervenir dans notre vie
339
turelle. Dès lors, pourquoi faire intervenir dans
notre
vie une recherche qui risque surtout d’être nuisible à la vie ? Borno
340
risque surtout d’être nuisible à la vie ? Bornons-
nous
à l’utile. Bornons-nous à « réaliser » dans nos actions ce que Dieu j
341
isible à la vie ? Bornons-nous à l’utile. Bornons-
nous
à « réaliser » dans nos actions ce que Dieu jugea bon de nous révéler
342
-nous à l’utile. Bornons-nous à « réaliser » dans
nos
actions ce que Dieu jugea bon de nous révéler dans l’Évangile. Et en
343
liser » dans nos actions ce que Dieu jugea bon de
nous
révéler dans l’Évangile. Et en présence de l’intempérance de langage
344
souvent caractérise les chrétiens, affirmons que
nous
ne savons presque rien de Dieu, ou plutôt qu’il est vain de chercher
345
her à en savoir plus que ce que la nature visible
nous
en révèle. Cette attitude s’accuse de plus en plus à mesure que Goeth
346
e plus en plus à mesure que Goethe avance en âge.
Nous
voici à ces années de la vieillesse, dont Eckermann nous a livré les
347
ici à ces années de la vieillesse, dont Eckermann
nous
a livré les confidences, et où la volonté de sobriété spirituelle par
348
ligieuse ». En vérité, Goethe qui prêcha l’utile,
nous
apparaît comme Goethe l’inutilisable, si nous le jugeons du point de
349
le, nous apparaît comme Goethe l’inutilisable, si
nous
le jugeons du point de vue d’un parti. Il n’est pas païen, pour la ra
350
is, d’autre part, il faudrait un libéralisme dont
nous
nous sentons incapables pour admettre dans la communauté de la foi ch
351
’autre part, il faudrait un libéralisme dont nous
nous
sentons incapables pour admettre dans la communauté de la foi chrétie
352
ion du Très-Haut, et même la plus puissante qu’il
nous
ait jamais été donné, à nous enfants de la terre, de percevoir. » Et
353
plus puissante qu’il nous ait jamais été donné, à
nous
enfants de la terre, de percevoir. » Et certes, on ne voit guère en q
354
réductible, c’est-à-dire le tragique essentiel de
notre
condition. C’est bien là que réside l’élément transcendant qui interd
355
oi la transcendance divine, sans cesse, se mêle à
notre
vie pratique et vient bouleverser nos sagesses. Goethe, prônant dans
356
se mêle à notre vie pratique et vient bouleverser
nos
sagesses. Goethe, prônant dans Faust le salut par l’effort humain au
357
’amour d’En-Haut » venant à sa rencontre — Goethe
nous
apparaît comme non chrétien, comme antichrétien, mais d’une tout autr
358
ien, mais d’une tout autre sorte que ne l’ont cru
nos
athées qui s’arrêtaient à des boutades anticatholiques ou à des momen
359
meur provoqués par les bavardages piétistes. Ici,
nous
confesserons un doute. De quel droit refusons-nous donc d’appeler chr
360
ous confesserons un doute. De quel droit refusons-
nous
donc d’appeler chrétien, un homme qui se prétendit tel en maintes occ
361
es ? Mais comment juger les actions d’un être que
nous
n’avons pas connu, alors que nous-même… Alors que Dieu seul juge. Si
362
alors que nous-même… Alors que Dieu seul juge. Si
nous
refusons le nom de chrétien à cet homme dont l’éthique, en définitive
363
avec les idées, les théories et les systèmes dont
nous
jugeons urgent d’accentuer actuellement, la vérité ? N’est-ce point l
364
ter un jugement avant tout partial, et qui révèle
notre
insuffisance autant que la sienne ? Certes, hic et nunc, dans la situ
365
oir fabriquer son bonheur par ses propres forces,
notre
devoir est net : nous avons à défendre et attester les valeurs doctri
366
ur par ses propres forces, notre devoir est net :
nous
avons à défendre et attester les valeurs doctrinales les plus gênante
367
saurait, pour les mêmes raisons, servir d’objet à
notre
jugement. Bien plutôt c’est lui qui nous juge. Il y a dans le Faust,
368
objet à notre jugement. Bien plutôt c’est lui qui
nous
juge. Il y a dans le Faust, et dans la vie de cet homme, dont le Faus
369
ont la vertu et la grandeur devraient s’imposer à
nous
tous. Goethe inutilisable, certes. Mais nous ne sommes d’aucun parti
370
er à nous tous. Goethe inutilisable, certes. Mais
nous
ne sommes d’aucun parti et n’avons pas à utiliser qui que ce soit. Il
371
ons pas à utiliser qui que ce soit. Il suffit que
nous
puissions nous sentir à la fois accusés et exhortés par un tel exempl
372
ser qui que ce soit. Il suffit que nous puissions
nous
sentir à la fois accusés et exhortés par un tel exemple. Que nous imp
373
fois accusés et exhortés par un tel exemple. Que
nous
importe, dès lors, que ce Goethe exemplaire soit « chrétien » ou « pa
374
oethe exemplaire soit « chrétien » ou « païen » ?
Nous
n’avons pas besoin d’avoir raison (contre lui, contre les athées) ; n
375
d’avoir raison (contre lui, contre les athées) ;
nous
n’avons pas besoin d’avoir beaucoup de grands hommes — ni même d’avoi
376
—, mais seulement d’être, efficacement. Et qu’il
nous
y aide ! 37. Numéro d’hommage à Goethe de la Nouvelle Revue françai
377
ercs, selon M. Benda, la fin de l’esprit. Et pour
nous
, cela signifie : le renouveau, le sacrifice salutaire et l’unique jus
378
dans l’action qu’elle commande à des millions de
nos
contemporains. Il y a aussi ceux qui se bornent à affirmer la nécessi
379
ils ne voient pas encore qu’il faut choisir. Or,
notre
temps ne comporte qu’un choix profond : christianisme ou marxisme. Ce
380
et l’utilisation des biens matériels. ⁂ Arrêtons-
nous
aujourd’hui à deux livres caractéristiques de ce double péril qui men
381
a suppression de la personne humaine. Sa critique
nous
paraît pertinente, mais elle serait plus efficace si on la sentait in
382
e n’est pas une férule : c’est un bon outil qu’il
nous
faut. Ce n’est pas son pessimisme que je reproche à M. Thierry Maulni
383
e pas voir que la vraie défense, c’est l’attaque.
Nous
avons moins besoin d’idées justes que d’idées efficacement justes ; m
384
es conclusions dangereuses pour l’ordre établi. «
Nous
vivons dans un temps où les philosophes s’abstiennent. Ils vivent dan
385
onner de réponses ». Au fond, M. Nizan reproche à
nos
philosophes d’exclure de leurs recherches tout ce qui intéresse chaqu
386
orcés de s’y intéresser au lieu de s’intéresser à
notre
situation concrète, M. Nizan a tellement raison que son entreprise es
387
ont et comptent faire pour les hommes. Très bien.
Nous
le demandons aussi. (Nous avons même un scepticisme plus profond que
388
les hommes. Très bien. Nous le demandons aussi. (
Nous
avons même un scepticisme plus profond que le sien à l’endroit des ré
389
mains » de toute philosophie.) Mais ensuite, et à
notre
tour, nous demanderons : que fait, que compte faire M. Nizan pour les
390
oute philosophie.) Mais ensuite, et à notre tour,
nous
demanderons : que fait, que compte faire M. Nizan pour les hommes ? —
391
Et il propose Marx. Je demande en quoi Marx peut
nous
aider à vivre, à mourir. Je demande à M. Nizan, qui est marxiste, si
392
lâcheté. Car en présence de l’athéisme militant,
nous
n’avons plus à prouver vainement que Dieu est ; mais à prouver pratiq
393
nt que Dieu est ; mais à prouver pratiquement que
nous
y croyons. Nous n’avons plus à argumenter à la manière des philosophe
394
; mais à prouver pratiquement que nous y croyons.
Nous
n’avons plus à argumenter à la manière des philosophes, mais à témoig
395
de lui-même et de son passé. C’est le danger qui
nous
purifiera. « Toute plante que n’a pas plantée mon Père céleste sera d
396
essais, genre assurément fort ancien, mais auquel
notre
époque vient de redonner une très vive nouveauté. Il est bien remarqu
397
effets du changement à vue qui s’opère dans toute
notre
conception du monde. Dans une époque qui a vu les frontières et les p
398
e comme une fièvre, le romanesque éclate, remplit
nos
vies, ou s’il n’y pénètre pas encore, les baigne d’une atmosphère men
399
endre conscience. Alors, toutes les nouvelles qui
nous
parviennent du monde sont comme autant d’épisodes d’un drame qui inté
400
ant d’épisodes d’un drame qui intéresse chacun de
nous
. L’homme se prend d’un intérêt passionné pour la vie du monde. Et ce
401
, des albums de photos qui pour la première fois,
nous
semble-t-il, mettent sur notre table le monde tel qu’il est. Quel rom
402
r la première fois, nous semble-t-il, mettent sur
notre
table le monde tel qu’il est. Quel romancier pourrait nous apporter l
403
e le monde tel qu’il est. Quel romancier pourrait
nous
apporter l’équivalent de cette vision directe, exaltante et dépaysant
404
cherche à l’expliquer, avec une passion nouvelle.
Nous
avons vu paraître, il y a quelque dix ans, les premières Explications
405
a quelque dix ans, les premières Explications de
notre
temps. Et depuis lors, que de volumes à grand succès qui pourraient r
406
en ordre l’énorme quantité de faits nouveaux que
nous
découvrons. Retour à l’intelligence ? Oui, mais non pas à l’intellect
407
é, comme il le fut de tout temps, certes, mais de
nos
jours, plus visiblement, plus universellement. Quand il y va de tous,
408
xercer un essayiste sur la marche des événements.
Nous
reviendrons prochainement sur ce livre brillant et séduisant. t. Ro
409
un de la peur qui s’est emparée des hommes. On ne
nous
parle plus que du « désarroi actuel ». Il n’est pas d’expression plus
410
ession plus juste, pour qui se borne à considérer
notre
époque et les doctrines infiniment contradictoires qui s’affrontent a
411
désordre et la contradiction. L’argent règne sur
notre
monde, comme une puissance occulte et pourtant méticuleusement tyrann
412
crets. C’est à tout cela que l’on pense lorsqu’on
nous
parle du « désarroi actuel ». Croit-on vraiment que tout cela soit si
413
bien loin d’être l’histoire d’un progrès continu,
nous
apparaît plutôt comme une solennelle dégringolade, une contagion de d
414
vertement reconnue, dénoncée et battue en brèche.
Notre
époque, elle aussi, possède sa chance de grandeur. Je dirai même qu’e
415
udain devenu flagrant. Il promène par les rues de
nos
villes européennes de grands panneaux-réclame qui parlent un langage
416
s ! Sur le plan de la connaissance désintéressée,
nous
ne trouvons jamais aucun principe qui unifie. Mais, au contraire, dès
417
principe qui unifie. Mais, au contraire, dès que
nous
nous posons la question de l’homme, du rôle de l’homme, du destin de
418
cipe qui unifie. Mais, au contraire, dès que nous
nous
posons la question de l’homme, du rôle de l’homme, du destin de l’hom
419
mplifie aussitôt ; et si, faisant un pas de plus,
nous
posons la question de notre destin personnel en face des destins coll
420
aisant un pas de plus, nous posons la question de
notre
destin personnel en face des destins collectifs, le choix nécessaire
421
c une netteté qui, je le répète, est la chance de
notre
époque. Je voudrais décrire cette époque, telle qu’elle nous apparaît
422
. Je voudrais décrire cette époque, telle qu’elle
nous
apparaît de ce point de vue, en quelques traits fort simples. J’insis
423
ste sur le mot simple, qui me paraît caractériser
notre
siècle. On dit le contraire un peu partout, je le sais bien. On répèt
424
ut, je le sais bien. On répète que les événements
nous
dominent et qu’ils sont incompréhensibles et impensables. Ce n’est pa
425
pas vrai ! C’est encore un vieux raisonnement que
nous
connaissons trop bien, et dont nous connaissons aussi la significatio
426
sonnement que nous connaissons trop bien, et dont
nous
connaissons aussi la signification réelle. C’est l’argument des gens
427
l’argument des gens en place qui, chaque fois que
nous
venons dire : voici ce qu’il faut faire, nous répondent : Attention !
428
que nous venons dire : voici ce qu’il faut faire,
nous
répondent : Attention ! le problème est plus complexe ! Non, les prob
429
e vrai, c’est d’oser les actes qu’il faut, et que
nous
connaissons très bien. Trop souvent, nos maîtres nous ont fourni des
430
et que nous connaissons très bien. Trop souvent,
nos
maîtres nous ont fourni des méthodes d’évasion dans la complexité. Tr
431
connaissons très bien. Trop souvent, nos maîtres
nous
ont fourni des méthodes d’évasion dans la complexité. Trop souvent il
432
es d’évasion dans la complexité. Trop souvent ils
nous
ont mis en garde contre un « certain esprit simpliste », qui est, au
433
l’esprit de décision et d’engagement concret dont
nous
avons le plus besoin. Cessons de nous réfugier derrière des complexit
434
oncret dont nous avons le plus besoin. Cessons de
nous
réfugier derrière des complexités que nous créons à plaisir, qui ne s
435
ons de nous réfugier derrière des complexités que
nous
créons à plaisir, qui ne sont pas dans la situation et qui sont autan
436
prendre une position, mais à coup sûr, la pire !
Nous
nous sommes laissés endormir. Nos maîtres les plus respectés ont été
437
dre une position, mais à coup sûr, la pire ! Nous
nous
sommes laissés endormir. Nos maîtres les plus respectés ont été trop
438
sûr, la pire ! Nous nous sommes laissés endormir.
Nos
maîtres les plus respectés ont été trop souvent pour nous des profess
439
tres les plus respectés ont été trop souvent pour
nous
des professeurs d’abstention distinguée, des grands prêtres de l’Inso
440
e l’Insoluble. Mais, un beau jour, les événements
nous
réveillent brusquement. Maintenant, il va falloir choisir. La pensée
441
oix et de risque, et non plus un refuge idéal. Ne
nous
en plaignons pas : le risque est la santé de la pensée. ⁂ Destin du
442
siècle ! Expression curieuse et bien moderne ! Si
nous
y regardons de près, nous allons voir que le simple assemblage de ces
443
se et bien moderne ! Si nous y regardons de près,
nous
allons voir que le simple assemblage de ces deux mots, destin et sièc
444
contient peut-être le secret de tout le mal dont
nous
souffrons. Il suffit, pour le faire apparaître, de poser cette simple
445
César, Lénine ont un destin. Mais aussi chacun de
nous
a un destin ; dans la mesure où chacun de nous possède une raison d’ê
446
de nous a un destin ; dans la mesure où chacun de
nous
possède une raison d’être, quelle qu’elle soit, une servitude particu
447
à lui, une vocation. Si l’on admet facilement de
nos
jours, qu’un siècle ait un destin, c’est que l’on a pris l’habitude d
448
ante à des êtres collectifs. Je m’explique. Quand
nous
disons : le siècle, le xxe siècle par exemple, nous entendons par là
449
s disons : le siècle, le xxe siècle par exemple,
nous
entendons par là une réalité historique très composite, très générale
450
personnes, de quelques génies, par exemple. Quand
nous
disons destin du siècle, nous disons destin des nations, destin du pr
451
par exemple. Quand nous disons destin du siècle,
nous
disons destin des nations, destin du prolétariat, destin du capitalis
452
ons. Et je le répète, pour que ces ismes aient, à
nos
yeux, un destin, il faut que nous ayons pris l’habitude de les consid
453
s ismes aient, à nos yeux, un destin, il faut que
nous
ayons pris l’habitude de les considérer comme autant de réalités auto
454
onomes, possédant leurs lois propres, échappant à
notre
domination et poursuivant, en dehors de nos vies personnelles, leur é
455
t à notre domination et poursuivant, en dehors de
nos
vies personnelles, leur évolution fatale, leur destinée. Autant dire
456
évolution fatale, leur destinée. Autant dire que
nous
avons fait de toutes les réalités collectives des divinités nouvelles
457
es divinités presque toujours menaçantes, et dont
nous
essayons avec angoisse de scruter les caractères, les habitudes, les
458
habitudes, les intentions secrètes, les destins.
Notre
siècle, en tant que siècle, est athée, totalement athée, et consciemm
459
rstitieux au dernier degré. La grande majorité de
nos
contemporains ne croit pas en Dieu et sait qu’elle n’y croit pas. Mai
460
ibles et de leur rendre un culte de latrie. Tous,
nous
servons ces dieux, tous, nous leur obéissons, et certains d’entre nou
461
te de latrie. Tous, nous servons ces dieux, tous,
nous
leur obéissons, et certains d’entre nous sont prêts à leur sacrifier
462
x, tous, nous leur obéissons, et certains d’entre
nous
sont prêts à leur sacrifier leur vie même. Les noms de ces divinités,
463
ombre, c’est peut-être Légion… Sans doute n’avons-
nous
pas toujours conscience de les servir. Vous me direz peut-être que, p
464
ion publique et la presse, auxquelles nul d’entre
nous
n’échappe, ni ne songe à échapper. La classe et la race : voilà peut-
465
le. Qu’il s’agisse bien là de dieux, c’est ce que
nous
prouvent abondamment leurs exigences, qui sont la foi aveugle et les
466
es principales sont l’Histoire et la Sociologie.
Nous
trouverons les meilleurs exemples de cette théologie dans les écrits
467
nt ces prémisses ? La principale, c’est que toute
notre
idéologie, toutes nos révoltes, toute notre attitude pratique s’expli
468
incipale, c’est que toute notre idéologie, toutes
nos
révoltes, toute notre attitude pratique s’expliquent d’une manière su
469
toute notre idéologie, toutes nos révoltes, toute
notre
attitude pratique s’expliquent d’une manière suffisante par notre app
470
ratique s’expliquent d’une manière suffisante par
notre
appartenance à une classe déterminée. Hitler, selon Trotski, s’expliq
471
port à l’homme, ils sont absolument semblables et
nous
pouvons les renvoyer dos à dos. L’un et l’autre tendent à nous faire
472
les renvoyer dos à dos. L’un et l’autre tendent à
nous
faire croire que l’homme n’est rien, mais moins que rien, et que tout
473
des lois générales et historiques qui échappent à
notre
volonté et sur lesquelles nos révoltes sont sans prise, puisque ces r
474
s qui échappent à notre volonté et sur lesquelles
nos
révoltes sont sans prise, puisque ces révoltes sont elles-mêmes prévu
475
oltes sont elles-mêmes prévues et déterminées par
notre
classe [ou] notre race. Destin du siècle contre destin de l’homme. Il
476
êmes prévues et déterminées par notre classe [ou]
notre
race. Destin du siècle contre destin de l’homme. Il faut bien reconna
477
ait-il quand il adore tout ce qui veut sa perte ?
Nos
camarades marxistes ou racistes ont bien vu le danger. Mais ils en ti
478
. Reprenant le mot de Goethe, sans le savoir, ils
nous
enseignent que la loi seule nous conduit à la liberté. Adhérez au dét
479
s le savoir, ils nous enseignent que la loi seule
nous
conduit à la liberté. Adhérez au déterminisme de l’histoire, abandonn
480
e et le suicide. L’élan qui jette des millions de
nos
contemporains dans les destins du siècle, c’est peut-être l’élan d’un
481
iciens hitlériens s’indignent de ce reproche. Ils
nous
répondent, avec raison, que leur action n’a pas les apparences d’une
482
du terme, la seule chose qui intéresse chacune de
nos
vies —, c’est qu’il y ait parfois, par exemple, un ivrogne qui s’arrê
483
sociales, sont toujours justes, dans la mesure où
nous
démissionnons de notre rôle d’hommes responsables et créateurs. Leur
484
s justes, dans la mesure où nous démissionnons de
notre
rôle d’hommes responsables et créateurs. Leur rigueur mesure exacteme
485
bles et créateurs. Leur rigueur mesure exactement
notre
dégénérescence. Le philosophe Léon Chestov disait un jour à quelques
486
e pas croire qu’ils aient le droit de disposer de
nos
vies, je suis bien obligé de reconnaître qu’en fait, ils nous dominen
487
e suis bien obligé de reconnaître qu’en fait, ils
nous
dominent. Ne fût-ce que par le moyen de la presse. On peut dire, sans
488
ire, sans exagérer, que les journaux disposent de
nos
vies. Sans eux, la préparation des esprits qui prélude à toute guerre
489
s perdraient beaucoup de leur violence. Sans eux,
nous
ne saurions pas grand-chose des dieux du siècle, et peut-être aurions
490
d-chose des dieux du siècle, et peut-être aurions-
nous
un peu plus d’attention pour les vrais problèmes de nos vies. Mais si
491
peu plus d’attention pour les vrais problèmes de
nos
vies. Mais si les journaux disposent de nos vies, l’argent dispose de
492
es de nos vies. Mais si les journaux disposent de
nos
vies, l’argent dispose des journaux. Et voilà le dernier anneau de la
493
rnaux. Et voilà le dernier anneau de la chaîne de
notre
destin. Abrégeons, car, avec l’argent nous n’en finirions pas. L’arge
494
ne de notre destin. Abrégeons, car, avec l’argent
nous
n’en finirions pas. L’argent est partout, il est dans tout, il est to
495
ralisme des jeunes miliciens en chemise brune. On
nous
dit que la vie, en Amérique, est impossible, parce que tous les appar
496
ent, devait désespérer de soi-même et de tout. Et
nous
vîmes, tôt après la guerre, reparaître le fameux « mal du siècle ». L
497
ait une erreur insondable que de voir le salut de
notre
époque dans un retour à l’individu. L’individu est l’origine la plus
498
désormais un fait acquis, une réalité économique.
Nous
devons au progrès mécanique que désormais le globe entier apparaisse
499
Oui, le destin du siècle, le destin des ismes, ne
nous
laisse rien prévoir d’autre qu’un monde chaotique hautement organisé,
500
le pessimiste à l’excès ? Ce n’est pas cela qu’il
nous
importe de savoir. Si j’ai simplifié le tableau, c’est que je veux ma
501
dégager le choix, la décision que chacun d’entre
nous
peut prendre. ⁂ Destin du siècle ou destin de l’homme ? Loi historiq
502
, je crois, en définitive, la question simple que
nous
pose l’époque. Vous avez pressenti le parti que j’embrasse. Il me res
503
ux, les mythes du siècle, sont tout-puissants sur
nous
. Dénoncer leurs méfaits, ce n’est pas encore leur échapper. Les nier
504
La culture du xixe siècle a voulu les ignorer et
nous
assistons à leur vengeance. Le spiritualisme les a déclarés vulgaires
505
ils ont la vie dure, et que le mieux à faire pour
nous
, c’est encore de compter avec eux. Mais compter avec eux, ce n’est pa
506
ollectifs. C’était l’homme qu’il fallait refaire.
Nous
avons oublié ce fait très simple : que la société doit être composée
507
que la société doit être composée d’hommes réels.
Nous
avons tout calculé, sauf ce qui est en effet incalculable : l’acte de
508
ories qui expliquent tout sauf l’essentiel. Voici
notre
dilemme : voulons-nous être des éléments de statistique, ou bien des
509
t sauf l’essentiel. Voici notre dilemme : voulons-
nous
être des éléments de statistique, ou bien des hommes de chair et de s
510
dignité, leur raison d’être personnelle ? Voulons-
nous
être des personnes ? Voilà le mot lâché. Je connais la réaction qui l
511
d’ailleurs qu’est-ce que cette personne, dont on
nous
parle tant depuis quelques années dans les jeunes groupes révolutionn
512
répondre ici en mon nom personnel. Quel est donc,
nous
dit-on, le fondement réel de la personne ? Est-ce une vue philosophiq
513
à son prochain. Or, ce prochain, l’Évangile seul
nous
le désigne, bien plus : il nous ordonne de l’être. Et voilà la réalit
514
, l’Évangile seul nous le désigne, bien plus : il
nous
ordonne de l’être. Et voilà la réalité décisive. Tous, nous avons reç
515
ne de l’être. Et voilà la réalité décisive. Tous,
nous
avons reçu de Dieu cet ordre : tu aimeras ton prochain comme toi-même
516
u aimeras ton prochain comme toi-même. Tous donc,
nous
avons reçu, chacun à notre place et dans nos circonstances particuliè
517
me toi-même. Tous donc, nous avons reçu, chacun à
notre
place et dans nos circonstances particulières, une vocation personnel
518
nc, nous avons reçu, chacun à notre place et dans
nos
circonstances particulières, une vocation personnelle. Personne et vo
519
du Christ et il les a complètement perverties. On
nous
a présenté cet amour du prochain comme un sentiment bienveillant, une
520
ssent la personne, mais aussi ce que Jésus-Christ
nous
ordonne d’être : le prochain. Lorsque les docteurs de la loi vouluren
521
en actes, la miséricorde. Cet acte, en chacun de
nous
, peut être vainqueur de l’Histoire. Cet acte, à chaque fois qu’il nou
522
ueur de l’Histoire. Cet acte, à chaque fois qu’il
nous
est donné de le faire, rétablit le rapport humain, fonde notre destin
523
né de le faire, rétablit le rapport humain, fonde
notre
destin personnel, et fonde aussi la seule société possible. Ne nous y
524
nel, et fonde aussi la seule société possible. Ne
nous
y trompons pas : l’acte de la miséricorde, c’est l’acte le plus révol
525
le plus révolutionnaire qui ait jamais paru dans
notre
monde. Lui seul suffit à vaincre les destins du siècle, lui seul atte
526
, lui seul atteint le mal à sa racine, qui est en
nous
, qui est au fond de notre désespoir. Les grandes lois historiques et
527
à sa racine, qui est en nous, qui est au fond de
notre
désespoir. Les grandes lois historiques et révolutionnaires peuvent b
528
lois historiques et révolutionnaires peuvent bien
nous
servir de refuge, de prétextes et d’arguments au service de nos passi
529
refuge, de prétextes et d’arguments au service de
nos
passions, au secours de notre misère matérielle. Mais elles ne pénètr
530
guments au service de nos passions, au secours de
notre
misère matérielle. Mais elles ne pénètrent jamais dans l’intimité de
531
Mais elles ne pénètrent jamais dans l’intimité de
notre
être, là où réside le désespoir de l’homme qui ne connaît pas son des
532
mystère devant lequel je vous laisse maintenant.
Nous
ne rencontrons personne au monde, avant d’avoir rencontré Dieu. 42.
533
int partout le cas. L’exemple de l’Allemagne peut
nous
faire réfléchir. Les philosophes y connaissent des succès dont rien,
534
quis le « grand public », celui-là même qui, chez
nous
, consacre ses loisirs à dévorer des prix Goncourt, justifiant les plu
535
se montre. Sous prétexte de science, la pensée de
nos
maîtres s’est tellement détachée du concret de nos vies que l’on comp
536
os maîtres s’est tellement détachée du concret de
nos
vies que l’on comprend sans peine l’indifférence où le public la tien
537
ou quelques révoltés ? Certes, et c’est cela que
nous
voyons depuis la guerre. On pourrait aussi supposer que la leçon des
538
mmédiat de faillir à sa vocation. Ces réflexions
nous
serviront, pour aujourd’hui, d’introduction à deux essais de philosop
539
and service rendu par la phénoménologie, c’est de
nous
avoir délivrés d’une psychologie qui dissociait les unités vivantes e
540
es offenses (« car ils ne savent ce qu’ils font —
nous
seuls savons ce qu’ils font »). On parle aussi de l’« amour de ses en
541
la gravité des confusions morales dans lesquelles
nous
vivons. Je ne connais pas de plus salutaire leçon pour un chrétien d’
542
impitoyable et précis. Voici sa thèse centrale :
nous
en sommes venus à substituer « l’amour de l’humanité » à l’amour du p
543
: et c’est au nom de cet amour de l’humanité que
nous
revendiquons les fausses valeurs décrites par Nietzsche. Nous ne voul
544
quons les fausses valeurs décrites par Nietzsche.
Nous
ne voulons plus l’acte d’amour personnel — qui est une valeur héroïqu
545
r personnel — qui est une valeur héroïque —, mais
nous
prônons tout simplement un sentiment que nous jugeons d’autant plus «
546
ais nous prônons tout simplement un sentiment que
nous
jugeons d’autant plus « idéal » qu’il exige de nous un moindre sacrif
547
us jugeons d’autant plus « idéal » qu’il exige de
nous
un moindre sacrifice. (On éloigne l’amour : ainsi l’amour de la patri
548
urnal métaphysique. M. Marcel est un de ceux dont
nous
devons attendre qu’il fasse passer de l’air dans la philosophie franç
549
x prudences intéressées de la scolastique laïque.
Nos
après-venants seront sans doute fort étonnés d’apprendre qu’il fallai
550
ie, en France. Sachons gré à M. Gabriel Marcel de
nous
donner l’exemple d’une « présence » et d’une « fidélité » vraiment ch
551
philosophie du désespoir, — autant de traits qui
nous
assurent que les problèmes débattus dans ce livre sont de ceux qui se
552
nueuse, le titre un peu rebutant de cet essai, ne
nous
empêcheront pas de voir qu’il y a là les éléments d’une critique péné
553
y a là les éléments d’une critique pénétrante de
nos
modes de vivre, je dirai plus : quelques-uns des fondements d’une éth
554
mmerçants » — comme disait Nietzsche — qui domine
notre
société. 43. On trouvera dans les excellents articles d’Henry Corbi
555
toute son œuvre, une vingtaine de volumes, à quoi
nous
pouvons ajouter dix-huit volumes de papiers posthumes, fut composée e
556
es bourgeois n’apportent à l’affirmer. D’un côté,
nous
voyons une foi, de l’autre, une mauvaise humeur, et certains pensent
557
ion de défendre ? La biographie de Kierkegaard va
nous
l’apprendre. On commencera par mettre en doute son sérieux : « Qui es
558
orgueil : n’a-t-il pas écrit que la presse est de
nos
jours l’obstacle décisif à la prédication du christianisme véritable
559
e, mais il faut prendre garde de laisser croire à
nos
contemporains que ce pire ne puisse être aggravé, si tant est qu’ils
560
ndonnent. Qu’est-ce que l’esprit ? Donc, on
nous
parle de sauver l’esprit. Qu’est-ce que l’esprit ? « L’esprit, dit Ki
561
: ce n’est pas une distinction. Et lequel d’entre
nous
peut dire qu’il a calculé la dépense ? Il faudrait bien savoir de quo
562
Mais tout cela va au martyre, dans le monde qu’on
nous
prépare ? Il se peut, si pourtant Dieu le veut. L’exigence de Kierkeg
563
ouvelle grandeur, la nouvelle mesure de l’esprit.
Nous
irons donc à ce grand solitaire, à ce témoin extrême et décisif dont
564
l’époque, et la terreur que commencent d’y semer
nos
faux dieux, ont réveillé quelques esprits, dont témoigne la renaissan
565
issance, ou pour mieux dire, la découverte, parmi
nous
, de cette pensée impitoyable. Remède du pire ? Il fallait bien qu’on
566
anathèmes dont Kierkegaard salua leur naissance.
Nous
nous tournons vers ce prophète de nos malheurs, nous retournons à l’o
567
hèmes dont Kierkegaard salua leur naissance. Nous
nous
tournons vers ce prophète de nos malheurs, nous retournons à l’origin
568
naissance. Nous nous tournons vers ce prophète de
nos
malheurs, nous retournons à l’origine où il se tient, nous mettons en
569
s nous tournons vers ce prophète de nos malheurs,
nous
retournons à l’origine où il se tient, nous mettons en lui notre espo
570
eurs, nous retournons à l’origine où il se tient,
nous
mettons en lui notre espoir de trouver un autre chemin : un chemin qu
571
s à l’origine où il se tient, nous mettons en lui
notre
espoir de trouver un autre chemin : un chemin qui ne mène à Rome, ni
572
Kierkegaard est sans doute le penseur capital de
notre
époque, nous voulons dire : l’objection la plus absolue, la plus fond
573
st sans doute le penseur capital de notre époque,
nous
voulons dire : l’objection la plus absolue, la plus fondamentale qui
574
applaudir à ses thèses pour apaiser ce regard qui
nous
perce, et si nous sommes sourds à sa voix, comment étouffer le scanda
575
èses pour apaiser ce regard qui nous perce, et si
nous
sommes sourds à sa voix, comment étouffer le scandale de cette mort q
576
ette mort qui définit le destin de l’esprit parmi
nous
? Si l’Opinion publique a tué Kierkegaard, elle n’a pas eu de prise s
577
rs en l’honneur du progrès, car tout l’honneur de
notre
temps sera peut-être, par une compensation mystérieuse, d’avoir compr
578
n’aurait pas déplu à l’humeur shakespearienne de
notre
philosophe. C’est l’image du chat d’Alice in Wonderland. Souvenez-vou
579
e angoissante mimique. Le rire de Kierkegaard sur
notre
temps ! Dans un monde où règne la masse, règne aussi le sérieux le pl
580
assaut. Ah ! si le rire est le propre de l’homme,
nous
voici devenus bien inhumains ! Il semble que chacun porte le poids du
581
? Parce que « la crainte infinie d’un seul danger
nous
rendrait tous les autres inexistants ». Mais cette « crainte d’un seu
582
ctement comme si l’Esprit n’existait pas ! Serons-
nous
des témoins ou des espions craintifs ? Attendrons-nous toujours le «
583
des témoins ou des espions craintifs ? Attendrons-
nous
toujours le « réveil de la masse » pour affirmer que tous ces dieux s
584
es faux dieux ? Mais sont-ils des faux dieux pour
nous
? Appelons-nous vraiment l’esprit ? Mais non, nous appelons le « règn
585
Mais sont-ils des faux dieux pour nous ? Appelons-
nous
vraiment l’esprit ? Mais non, nous appelons le « règne de l’esprit »,
586
ous ? Appelons-nous vraiment l’esprit ? Mais non,
nous
appelons le « règne de l’esprit », c’est bien moins dangereux ; tous
587
ierkegaard — témoignent de l’esprit : 1) Ce qu’on
nous
prêche, est-ce possible ? 2) Puis-je le faire ? Deux questions témoig
588
n l’a-t-il fait ? l’a-t-il réellement fait ? »55
Nous
posons toujours la dernière question. Nous ne croyons pas à l’esprit,
589
? »55 Nous posons toujours la dernière question.
Nous
ne croyons pas à l’esprit, nous préférons ne pas scandaliser ; nous c
590
ernière question. Nous ne croyons pas à l’esprit,
nous
préférons ne pas scandaliser ; nous croyons réellement à l’opinion pu
591
s à l’esprit, nous préférons ne pas scandaliser ;
nous
croyons réellement à l’opinion publique. Nous lisons les journaux, vo
592
r ; nous croyons réellement à l’opinion publique.
Nous
lisons les journaux, voilà notre réalité. Le dimanche, nous allons qu
593
opinion publique. Nous lisons les journaux, voilà
notre
réalité. Le dimanche, nous allons quelquefois à l’église déplorer en
594
s les journaux, voilà notre réalité. Le dimanche,
nous
allons quelquefois à l’église déplorer en commun l’athéisme du monde.
595
et il apporte sa consolation, et sur ce texte on
nous
fait des sermons, à nous qui n’avons pas voulu souffrir ». « Dans l’é
596
tion, et sur ce texte on nous fait des sermons, à
nous
qui n’avons pas voulu souffrir ». « Dans l’église somptueuse paraît l
597
d’un autre. » Car l’apparence de la contradiction
nous
oblige à choisir, fait à la foi sa place, nous contraint à l’original
598
on nous oblige à choisir, fait à la foi sa place,
nous
contraint à l’originalité. « Mais quoi, professeurs et disciples ne s
599
ècle », pas d’autre révolution créatrice. Et tous
nos
appels à l’esprit, s’ils ne sont pas ce retour au Réel, ne sont que p
600
fantastique. Le solitaire et les faux dieux
Nous
croyons à la foule, aux races, à l’histoire (ou plutôt à l’évolution
601
, au capital, au jugement de l’opinion publique ;
nous
croyons au passé, au collectif, à l’avenir, et tout cela n’est rien q
602
’avenir, et tout cela n’est rien que fuite devant
notre
éternel présent, et tout cela n’est que mythologie. Les dieux du sièc
603
oule, c’est qu’elle n’exige rien de lui. La foule
nous
veut tout simplement irresponsables, par cela seul, nous la flattons,
604
ut tout simplement irresponsables, par cela seul,
nous
la flattons, et elle nous reconnaît pour siens. Elle est le lieu de r
605
nsables, par cela seul, nous la flattons, et elle
nous
reconnaît pour siens. Elle est le lieu de rendez-vous des hommes qui
606
time de l’existence individuelle. Chaque fois que
nous
disons d’un de nos dieux qu’il est puissant, nous témoignons de notre
607
individuelle. Chaque fois que nous disons d’un de
nos
dieux qu’il est puissant, nous témoignons de notre démission. La foul
608
nous disons d’un de nos dieux qu’il est puissant,
nous
témoignons de notre démission. La foule n’a pas d’autre existence et
609
nos dieux qu’il est puissant, nous témoignons de
notre
démission. La foule n’a pas d’autre existence et pas d’autre pouvoir
610
pas lu Hegel, bien sûr, mais Hegel est dans tous
nos
journaux, Hegel domine le marxisme et les fascismes, et la théologie
611
est rien que le péché, mais le péché n’est-il pas
notre
réalité, notre réalité sans cesse menacée par l’Esprit de transformat
612
péché, mais le péché n’est-il pas notre réalité,
notre
réalité sans cesse menacée par l’Esprit de transformation ? Notre réa
613
ns cesse menacée par l’Esprit de transformation ?
Notre
réalité fuyarde et qui pourtant, par un artifice de l’angoisse, se pr
614
cile ? ou bien même possible ? Est-ce un effet de
notre
choix, ou un moment de notre vie ? Ils en parlent bien aisément…) Cer
615
? Est-ce un effet de notre choix, ou un moment de
notre
vie ? Ils en parlent bien aisément…) Certains des plus lucides entrev
616
s choses afin d’y exaucer (comment et pourquoi ?)
nos
désirs. Cette sorte de providence brute tout à fait inintelligible es
617
a d’en revoir l’origine. » Seul, Kierkegaard sait
nous
la désigner, dans le refus de cette « catégorie du solitaire », de l’
618
mythiques de l’histoire. Kierkegaard au contraire
nous
répète : « La subjectivité est la vérité. » La liberté, la dignité de
619
peux rêver ma vocation et ses périls… Kierkegaard
nous
attend au réveil. Il nous saisit à ce moment précis où tous les systè
620
ses périls… Kierkegaard nous attend au réveil. Il
nous
saisit à ce moment précis où tous les systèmes s’évanouissent devant
621
présence au monde. Dans ce temps de la masse, où
nous
vivons, le « solitaire devant Dieu » est aussi l’homme le plus réel,
622
Pour deux raisons, je crois. Qui, d’abord, parmi
nous
, oserait affirmer que cette « catégorie » lui soit si familière qu’il
623
t, l’acte du « solitaire » n’est pas de ceux dont
nous
ayons à développer les conséquences. Ou bien il est, et c’est l’acte
624
esse au chrétien, comme au seul responsable parmi
nous
. Il sait bien qu’en tous temps, le malheur de l’époque ne provient pa
625
: il faut être le solitaire. Kierkegaard peut-il
nous
aider ? (Un homme pourrait-il nous aider ?). Ou bien seulement nous a
626
egaard peut-il nous aider ? (Un homme pourrait-il
nous
aider ?). Ou bien seulement nous a-t-il délivrés de nos derniers prét
627
omme pourrait-il nous aider ?). Ou bien seulement
nous
a-t-il délivrés de nos derniers prétextes, de nos dernières incertitu
628
der ?). Ou bien seulement nous a-t-il délivrés de
nos
derniers prétextes, de nos dernières incertitudes sur la nature et su
629
ous a-t-il délivrés de nos derniers prétextes, de
nos
dernières incertitudes sur la nature et sur les exigences concrètes d
630
il pas qu’il ait connu de grandes aides pour oser
nous
montrer la vanité de toutes les nôtres ? Somnium narrare vigilantis e
631
aides pour oser nous montrer la vanité de toutes
les nôtres
? Somnium narrare vigilantis est. L’aveu total de notre désespoir tém
632
? Somnium narrare vigilantis est. L’aveu total de
notre
désespoir témoigne seul de la consolation. 52. Journal, tome X.
633
os d’un cas aussi exceptionnel que le martyre ? «
Nous
ne pouvons pas tous devenir martyrs ! » Certes, répond Kierkegaard, m
634
d’autre qu’un dernier méfait de « la foule » dans
notre
existence morale. Une question mal posée. Un regard trouble porté sur
635
ur nation, saura leur dire le mot de ce destin. «
Nous
avons perdu la guerre, Bell, et dans la situation où nous sommes, nou
636
ns perdu la guerre, Bell, et dans la situation où
nous
sommes, nous ne pouvons plus nous affirmer que par le sacrifice… Il n
637
uerre, Bell, et dans la situation où nous sommes,
nous
ne pouvons plus nous affirmer que par le sacrifice… Il ne s’agit pas
638
la situation où nous sommes, nous ne pouvons plus
nous
affirmer que par le sacrifice… Il ne s’agit pas de ces sacrifices don
639
t. Ces jeunes Allemands qui doivent supporter, de
nos
jours, toutes les misères du monde au fond de leur exil, ceux-là devi
640
r à quelle hauteur se situe le drame de ce livre.
Nous
sommes bien loin de la « propagande » nationaliste et des rodomontade
641
nationaliste et des rodomontades hitlériennes64.
Nous
sommes ici au nœud tragique de ce problème allemand qui domine l’aprè
642
domine l’après-guerre, et dont le dénouement doit
nous
laisser d’autant moins indifférents que notre sort à tous, Européens,
643
doit nous laisser d’autant moins indifférents que
notre
sort à tous, Européens, y est engagé. À vrai dire, il est malaisé de
644
teur, qu’il est peu de problèmes plus graves pour
notre
avenir immédiat. Mais ce Destin allemand évoque bien d’autres questio
645
s qu’il traverse. Ce ne sont pas les journaux qui
nous
apprendront tout cela. Il faut lire Destin allemand, comme on lirait
646
et courageuse, un souffle, une grandeur enfin qui
nous
ramènent puissamment au sens de la réalité humaine, au sens de la dég
647
ens du péché concret de l’homme. Et qui rendent à
notre
jugement une rigueur qui se perdait à soupeser des objets trop petits
648
, qui a traduit et fort bien introduit ce volume,
nous
affirme qu’ils constituent le texte véritable d’une œuvre dont les vo
649
n, c’est qu’un choix tel que celui qu’on vient de
nous
donner, nous restitue la totalité des thèmes de l’œuvre, sous une for
650
n choix tel que celui qu’on vient de nous donner,
nous
restitue la totalité des thèmes de l’œuvre, sous une forme souvent be
651
e la ruine de toutes les pauvres constructions où
nous
pensions pouvoir nous abriter contre son risque salutaire. M. Bolle a
652
es pauvres constructions où nous pensions pouvoir
nous
abriter contre son risque salutaire. M. Bolle a réparti les fragments
653
sens historique n’est qu’une théologie masquée : “
nous
atteindrons un jour des buts magnifiques”. Un but final plane devant
654
selon Kierkegaard, cette opération paradoxale qui
nous
rend contemporains du Christ incarné, et qui nie par là même la valeu
655
nie par là même la valeur de tous les siècles qui
nous
séparent apparemment de cet événement éternel. N’est-il pas fort étra
656
ange et humiliant, qu’il faille un incroyant pour
nous
rappeler que le salut, pour le chrétien, n’est pas dans le Progrès in
657
e chrétien, n’est pas dans le Progrès indéfini de
notre
histoire, mais qu’il est venu sur la terre, et qu’il est dès maintena
658
nunc ! — « à la disposition » du moindre d’entre
nous
. Nietzsche croit faire un reproche terrible au christianisme en le tr
659
ité avec laquelle Nietzsche décèle l’idolâtrie de
notre
temps, même s’il y participe pour son compte. Il est très vrai que no
660
y participe pour son compte. Il est très vrai que
nos
contemporains ont cessé de croire, dans l’ensemble, que le salut étai
661
ant, M. Langevin, expliqua un jour devant moi que
nous
avions derrière nous deux milliards d’années, devant nous dix mille m
662
liqua un jour devant moi que nous avions derrière
nous
deux milliards d’années, devant nous dix mille milliards d’années. No
663
ons derrière nous deux milliards d’années, devant
nous
dix mille milliards d’années. Nous sommes des enfants de deux ans qui
664
années, devant nous dix mille milliards d’années.
Nous
sommes des enfants de deux ans qui auraient encore dix mille ans à vi
665
ité. Mais n’est-ce point là ce que toute la Bible
nous
désigne comme l’enfer même : ne plus pouvoir échapper au temps, ne pl
666
actuelle de l’homme est bonne ou mauvaise. La foi
nous
montre qu’elle est mauvaise. Dans ce sens, il est vrai de dire : le c
667
signe pour un penseur qui a entrepris d’ébranler
nos
fondements. Si j’essaie de m’expliquer cette espèce de déception que
668
nsée qui est insupportable aux hommes. Ne voyons-
nous
pas au contraire le monde contemporain entièrement dominé par une rel
669
la vie, de « l’intensité » de la vie ? Ne voyons-
nous
pas cette mystique de « l’intensité prise comme but », c’est-à-dire c
670
» préalablement « mis au pas » ? Et ne retrouvons-
nous
pas cette même forme d’esprit sur un autre plan, dans le communisme r
671
Bonheur ; et qu’il a seul le droit de contredire
nos
notions, trop humaines et trop intéressées, de toutes ces choses. N’e
672
sis que dans l’unique et perpétuelle question que
nous
posent toutes les pages de la Bible. Ils renvoient tous à une réalité
673
e sont que les reflets, diversement réfractés par
nos
mots. Ils renvoient tous à la question du Christ : « … Et toi, mainte
674
branlent plus que le « vieil homme », celui qu’il
nous
faut dépouiller. « Folie pour les sages » Mais il s’en faut de
675
me soient acceptées (ou simplement connues !) par
nos
contemporains, même chrétiens. Il s’en faut de beaucoup, de presque t
676
p, de presque tout, que les arguments d’un Érasme
nous
apparaissent comme autant de sophismes. Non seulement tous les humani
677
té ? Une verdeur de polémique qui peut flatter en
nous
le goût du pittoresque ; l’élan génial, la violence loyale d’une cert
678
subjugué par le style, par le ton de l’ouvrage. (
Nous
ne savons que trop bien, nous modernes, séparer le fond de la forme ;
679
ton de l’ouvrage. (Nous ne savons que trop bien,
nous
modernes, séparer le fond de la forme ; admirer l’une quand nous cond
680
séparer le fond de la forme ; admirer l’une quand
nous
condamnons l’autre, et vice versa.) Mais une fois reconnue cette maît
681
gaard. Une conscience moderne. — Selon Luther,
nous
n’avons aucune liberté, car en réalité, Dieu a tout prévu, et rien n’
682
uquel nul obstacle ne s’oppose. Que devient alors
notre
effort ? Il ne sert plus de rien. Nous n’en ferons plus ! Nous refuso
683
ent alors notre effort ? Il ne sert plus de rien.
Nous
n’en ferons plus ! Nous refusons de jouer si, d’avance, le vainqueur
684
Il ne sert plus de rien. Nous n’en ferons plus !
Nous
refusons de jouer si, d’avance, le vainqueur a été désigné par un arb
685
désigné par un arbitre qui ne tient pas compte de
nos
exploits ! Un luthérien. — Mais connais-tu seulement les vraies règl
686
eu connaît la fin, la somme, la valeur absolue de
nos
actions passées, présentes, futures, car elles sont dans le temps, Di
687
u temps sans fin, et refuser l’éternité qui vient
nous
délivrer du temps ? C. M. — Mais mon temps est vivant, et plein de n
688
, c’est l’image même de la mort. L. — Que savons-
nous
de l’éternité ? Les philosophes et la raison ne peuvent l’imaginer qu
689
on ne peuvent l’imaginer que morte. Mais la Bible
nous
dit qu’elle est la Vie, et que notre vie n’est qu’une mort à ses yeux
690
Mais la Bible nous dit qu’elle est la Vie, et que
notre
vie n’est qu’une mort à ses yeux. Qui nous prouve que l’éternité est
691
t que notre vie n’est qu’une mort à ses yeux. Qui
nous
prouve que l’éternité est quelque chose d’immobile, de statique ? Qui
692
é est quelque chose d’immobile, de statique ? Qui
nous
dit qu’elle n’est pas, au contraire, la source de tout acte et de tou
693
l’écrit Paul) (I Cor. 15 : 52) ? Qui t’assure que
notre
raison, tout attachée à notre chair, à notre temps où elle s’est cons
694
? Qui t’assure que notre raison, tout attachée à
notre
chair, à notre temps où elle s’est constituée, soit capable de concev
695
que notre raison, tout attachée à notre chair, à
notre
temps où elle s’est constituée, soit capable de concevoir ce paradoxe
696
eule actuelle ? C’est un mystère plus profond que
notre
vie, et la raison n’est qu’un faible élément de notre vie. C’est un m
697
e vie, et la raison n’est qu’un faible élément de
notre
vie. C’est un mystère que le croyant pressent et vit au seul moment d
698
ndez et l’on vous donnera », dit le même Dieu qui
nous
prédestina ! Quand le croyant, qui sait que Dieu a tout prévu éternel
699
connaît pas de « temps », il n’est pas lié comme
nous
à une succession. Mais, au contraire, nos divers temps et successions
700
comme nous à une succession. Mais, au contraire,
nos
divers temps et successions procèdent de l’Éternel et lui sont liés :
701
essions procèdent de l’Éternel et lui sont liés :
nous
venons de lui, nous retournons à lui, il est en nous lorsque l’Esprit
702
l’Éternel et lui sont liés : nous venons de lui,
nous
retournons à lui, il est en nous lorsque l’Esprit dit la Parole dans
703
s venons de lui, nous retournons à lui, il est en
nous
lorsque l’Esprit dit la Parole dans notre cœur. Quelle étrange illusi
704
l est en nous lorsque l’Esprit dit la Parole dans
notre
cœur. Quelle étrange illusion nous ferait croire qu’une décision de l
705
a Parole dans notre cœur. Quelle étrange illusion
nous
ferait croire qu’une décision de l’Éternel est une décision dans le p
706
ans le passé ! Quand c’est elle seule qui définit
notre
présent ! Est-ce que nos objections « philosophiques », et notre crai
707
elle seule qui définit notre présent ! Est-ce que
nos
objections « philosophiques », et notre crainte du « fatalisme » ne r
708
Est-ce que nos objections « philosophiques », et
notre
crainte du « fatalisme » ne reposent pas, le plus souvent, sur cette
709
ussi nier l’éternité, et affirmer que seul existe
notre
temps. Dans ce cas, tu n’as rien prouvé. L. — On ne prouve rien de c
710
e, en vertu d’une décision pure. Discuter ne peut
nous
conduire qu’au seuil de cette décision. Et nous n’aurons pas dialogué
711
t nous conduire qu’au seuil de cette décision. Et
nous
n’aurons pas dialogué en vain, si nous avons pu dégager l’alternative
712
cision. Et nous n’aurons pas dialogué en vain, si
nous
avons pu dégager l’alternative du libre arbitre, telle qu’elle se pos
713
jours très moraux, et même très pieux, qu’invoque
notre
révolte… Réalité radicale du problème Dans l’Église, une fois a
714
Credo et son fondement qui est la Parole dite en
nous
par l’Esprit et attestée par l’Écriture, — or, cette Parole est Chris
715
l. 2 : 12-13). C’est parce que Dieu fait tout que
nous
devons agir, selon qu’il nous l’a commandé. C’est parce que Dieu a to
716
Dieu fait tout que nous devons agir, selon qu’il
nous
l’a commandé. C’est parce que Dieu a tout prévu que nous avons en lui
717
a commandé. C’est parce que Dieu a tout prévu que
nous
avons en lui, et en lui seul, la liberté. Mais cela n’apparaît qu’à c
718
le Christ ait dû mourir — cet acte extrême — pour
nous
sauver, fait voir que nous n’avons aucune liberté, par nous-mêmes, da
719
et acte extrême — pour nous sauver, fait voir que
nous
n’avons aucune liberté, par nous-mêmes, dans notre péché. Et, à l’inv
720
nous n’avons aucune liberté, par nous-mêmes, dans
notre
péché. Et, à l’inverse, il faut oser descendre jusqu’au fond de la co
721
a de liberté possible que dans la grâce que Dieu
nous
fait. Toute l’argumentation de Luther vise le moment de la décision,
722
sque l’on a compris que Luther ne nie pas du tout
notre
faculté de vouloir, mais nie seulement qu’elle puisse suffire à nous
723
loir, mais nie seulement qu’elle puisse suffire à
nous
obtenir le salut, étant elle-même soumise au mal. Tout le reste est p
724
on — cette folle comme le répète Luther —, ce que
nous
nommons ici un paradoxe demeure une pure et simple absurdité. Mais al
725
lui que Luther et Paul — et l’Évangile — posent à
notre
foi. C’est qu’il a poussé, comme Luther, jusqu’aux extrêmes limites d
726
jusqu’aux questions dernières que peut envisager
notre
pensée. Pour échapper au nihilisme qui l’étreint, dès lors que « Dieu
727
luctable. C’est dans cette volonté de reconnaître
notre
totale irresponsabilité, qu’il croit trouver et regagner la dignité s
728
ifficulté fondamentale que posent les rapports de
notre
volonté et de l’éternité souveraine, demeure entière. La différence,
729
meure entière. La différence, c’est que Nietzsche
nous
propose d’adorer un Destin muet, tandis que nous adorons une Providen
730
nous propose d’adorer un Destin muet, tandis que
nous
adorons une Providence dont la Parole vivante s’est incarnée : « Emma
731
vante s’est incarnée : « Emmanuel ! » — Dieu avec
nous
! 68. À la proposition qu’on lui faisait, en 1537, d’éditer ses œu
732
vec force et autorité aux questions politiques de
notre
temps. Qu’il le pressente, qu’il ait au moins une sorte de conscience
733
rconstances à leur dessein. Dans un certain sens,
nous
dirons qu’ils partaient sans cesse d’eux-mêmes, de leur foi ou de leu
734
s aussi avec une inflexible conséquence. Résumons-
nous
: il ne s’agit pas d’adopter une politique accidentellement ou indire
735
ins conflits permanents de l’histoire ont pris de
nos
jours un caractère de violence sans précédent. À travers les complexi
736
précédent. À travers les complexités infinies de
nos
difficultés économiques, sociales, politiques et religieuses, ils se
737
alisme. La santé religieuse s’appelle œcuménisme.
Nous
allons définir ces trois termes en insistant sur leur liaison fondame
738
n fondamentale et sur leur nécessaire hiérarchie.
Notre
thèse étant la suivante : La théologie de l’œcuménisme implique une p
739
rd le malentendu que pourrait suggérer ce titre :
nous
ne voulons pas parler d’une « théologie œcuménique », synthèse utopiq
740
ble avec aucune des théologies existantes. Ce qui
nous
intéresse ici, c’est la doctrine concernant l’Église universelle, imp
741
r le fait même qu’il existe un effort œcuménique.
Nous
supposons cette doctrine, dès lors que nous prononçons : « Je crois l
742
ique. Nous supposons cette doctrine, dès lors que
nous
prononçons : « Je crois la sainte Église universelle. » Et nous nous
743
s : « Je crois la sainte Église universelle. » Et
nous
nous bornerons ici à en souligner quelques traits qui importent à not
744
Je crois la sainte Église universelle. » Et nous
nous
bornerons ici à en souligner quelques traits qui importent à notre en
745
ci à en souligner quelques traits qui importent à
notre
entreprise. Le principal est celui-ci : la théologie de l’œcuménisme
746
ns-là aux docteurs de l’Église. Mais voici ce que
nous
devons affirmer dès maintenant : la théologie de l’œcuménisme considè
747
mbres, assurée par l’appartenance à un même chef.
Nous
retrouverons plus loin, et à plusieurs reprises, ce thème de l’harmon
748
e de la personne Les positions œcuméniques que
nous
venons d’esquisser enveloppent une doctrine de l’homme. Au conflit qu
749
lle centrale qui fonde l’union dans la diversité,
nous
avons à chercher la position philosophique centrale qui fonde la comm
750
l’État reprend sa puissance. C’est Rome alors qui
nous
donnera le symbole éternel de la réaction collective. La victoire de
751
on sociale, un « soldat politique », dirait-on de
nos
jours. Et l’esprit périclite, faute de liberté. La Grèce individualis
752
se primitive, dans la perspective sociologique où
nous
nous plaçons ici ? Une communauté spirituelle formée de communautés l
753
imitive, dans la perspective sociologique où nous
nous
plaçons ici ? Une communauté spirituelle formée de communautés locale
754
même coup par la formule : à chacun sa vocation.
Nous
avons retrouvé, dans cette doctrine de l’homme, les mêmes structures
755
liberté, mais là aussi est la vraie communion. Il
nous
reste à développer maintenant les implications politiques de cette th
756
te philosophie. 3. Politique du fédéralisme
Nous
en avons assez dit pour qu’il soit désormais facile de voir qu’à l’at
757
nit la paix comme « l’harmonie des âmes fortes ».
Nous
pourrions pareillement définir l’œcuménisme et le fédéralisme en remp
758
âmes » par « églises » et par « régions ». Enfin
nous
ne devons pas hésiter à compléter notre tableau en indiquant au moins
759
s ». Enfin nous ne devons pas hésiter à compléter
notre
tableau en indiquant au moins ceci : que le fédéralisme implique dans
760
iste à la fois) d’un régime coopératif. Mais ceci
nous
entraînerait dans un exposé qui déborde le cadre de ce schéma doctrin
761
posé qui déborde le cadre de ce schéma doctrinal.
Notre
objet était d’établir les relations suivantes : l’œcuménisme, le pers
762
sion fédératrice de l’œcuménisme Et maintenant
nous
voici dans le drame de l’année 194173. Nous constatons que le conflit
763
enant nous voici dans le drame de l’année 194173.
Nous
constatons que le conflit en cours est insoluble dans son plan. Si le
764
omique, idéologique et social sans précédent dans
notre
histoire. La seule espérance et aussi la seule possibilité qui demeur
765
ons de croire que l’Église peut agir, raisons que
nous
allons énumérer, sont-elles moins destinées à combattre des doutes qu
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des volontés. 1. L’histoire du monde christianisé
nous
montre que les structures ecclésiastiques ont souvent précédé et préd
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dres et les rites anciens, jugés utilisables. Or,
nous
voyons ce processus ecclésiastique se répéter de nos jours dans ces m
768
voyons ce processus ecclésiastique se répéter de
nos
jours dans ces mêmes pays, cette fois-ci dans l’ordre politique et so
769
es qui se réclamaient de sa réforme. L’Una Sancta
nous
apparaît ici-bas, selon ses propres termes, dans la diversité « des É
770
u monde. (La « religion de l’homme » que certains
nous
proposent est une contradiction dans les termes, à moins qu’elle ne s
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d’éléments traditionnels, condensant tout ce que
nous
avons d’expérience de la paix, elles convoient et contiennent en même
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pond exactement aux besoins les plus légitimes de
notre
temps. Il nous rend les vraies formules de la communauté vivante, cel
773
aux besoins les plus légitimes de notre temps. Il
nous
rend les vraies formules de la communauté vivante, celle qui rassembl
774
alitaires. Ceci résulte, théoriquement, de ce que
nous
avons exposé aux chapitres 1-3. Le mouvement œcuménique est donc seul
775
avec une pathétique sincérité.) ⁂ Le tableau que
nous
venons d’esquisser est ambitieux. Il veut l’être, parce qu’il doit l’
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manifestera dans une action risquée. De même que
nous
avons vu les Églises nées des missions en terre païenne se placer à l
777
placer à l’avant-garde du mouvement vers l’union,
nous
ne verrons l’œcuménisme se réaliser avec puissance que dans l’épreuve
778
(avril 1977)ad ae Tout ne fut pas toujours de
notre
faute. Ils souffraient de famine quand nous n’étions pas nés. Ils meu
779
s de notre faute. Ils souffraient de famine quand
nous
n’étions pas nés. Ils meurent encore de faim, mais en bien plus grand
780
sultat du Progrès — cependant que l’on meurt chez
nous
de manger trop. Cette fois-ci, notre faute est immense, mais ailleurs
781
on meurt chez nous de manger trop. Cette fois-ci,
notre
faute est immense, mais ailleurs : elle est d’avoir offert, ou plutôt
782
retrouvée. Le seul moyen de les inciter à éviter
nos
maux, au lieu de les revendiquer, sera l’exemple vécu et réussi d’un
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sera l’exemple vécu et réussi d’un dépassement de
nos
stato-nationalismes par la fédération continentale ; d’un dépassement
784
mographique, d’où famine, mais d’où soif aussi de
nos
industries, il est non moins vrai que l’Europe seule peut produire le
785
é, et tirera de sa libération les conclusions que
nous
aurions dû tirer, pour notre part, de l’échec du colonialisme, je sui
786
n les conclusions que nous aurions dû tirer, pour
notre
part, de l’échec du colonialisme, je suis sceptique. Il se peut que l
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aît lisiblement inscrite dans la problématique de
notre
temps. Et voilà bien pourquoi plusieurs hommes politiques, dont quatr
788
sités vitales et ça ne vote pas. Qu’ont fait tous
nos
gouvernements, avertis par le club de Rome ? Et qu’ont fait les parti
789
ut faire se lever d’autres forces. Rien de ce qui
nous
semble aujourd’hui définitivement installé dans une évidence granitiq
790
vilisation quelconque ne se trouve remplie par la
nôtre
: ni le consensus des meilleurs, ni celui du grand nombre ; ni l’amou
791
tectes comme Doxiadis, qui écrit : « L’expérience
nous
apprend que seules des unités de dimensions restreintes peuvent être
792
fin des futurologues comme Hermann Kahn, qui voit
nos
États-nations, ayant perdu leurs raisons d’être, bientôt remplacés pa
793
régions ? — Sans aucun doute, si les vues justes
nous
conduisaient. Mais depuis dix-mille ans qu’il y a des hommes à Histoi
794
nnables dans les dix ou quinze ans prochains — et
nous
n’avons guère plus de temps pour décider de la survie de notre espèce
795
guère plus de temps pour décider de la survie de
notre
espèce. — Seriez-vous radicalement pessimiste ? — Pessimiste, opti
796
ns venir une série de catastrophes organisées par
nos
soins diligents quoique inconscients. Si elles sont assez grandes pou
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dirai pédagogiques, seules capables de surmonter
notre
inertie et l’invincible propension des chroniqueurs à taxer de « psyc
798
divin, un roi madré et un dictateur fou pouvaient
nous
jeter d’un jour à l’autre, si cela leur chantait ou pour que nous cha
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jour à l’autre, si cela leur chantait ou pour que
nous
chantions. Quelques semaines plus tard, la guerre du Kippour fourniss
800
e vent de l’Histoire et de la guerre : formule de
nos
efforts actuels et prochains. Et peu m’importe de prévoir si la gauch
801
omme, tout à l’heure, serait au moins prématurée.
Nous
voyons aujourd’hui certaines causes du péril où l’humain risque de s’
802
ses du péril où l’humain risque de s’anéantir, et
nous
disons : — ce serait trop bête ! Nous venons d’entrevoir la guérison
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néantir, et nous disons : — ce serait trop bête !
Nous
venons d’entrevoir la guérison possible. Nous avons les moyens de sau
804
e ! Nous venons d’entrevoir la guérison possible.
Nous
avons les moyens de sauver « l’environnement » — la Nature et nos hab
805
yens de sauver « l’environnement » — la Nature et
nos
habitants — in extremis. Mais que serait la beauté du Monde sans l’œi
806
r le paysage et les décors n’aura plus de sens si
nous
ne sommes plus là, ou ce qui revient au même, si nous sommes encore l
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ne sommes plus là, ou ce qui revient au même, si
nous
sommes encore là mais aliénés, devenus incapables même de nostalgie p
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apables même de nostalgie pour ce qui fut un jour
notre
vie menacée. Mais il n’est pas de prévision d’avenir meilleur qui ne
809
se par un homme meilleur. Car il arrivera… ce que
nous
sommes. Et quoi d’autre peut-il arriver ? Et venant d’où ? (À part le
810
ant d’où ? (À part les tremblements de terre.) Il
nous
faut donc vouloir que le meilleur gagne — en nous. Et il nous faut d’
811
nous faut donc vouloir que le meilleur gagne — en
nous
. Et il nous faut d’abord nous le représenter, nous le rendre présent,
812
nc vouloir que le meilleur gagne — en nous. Et il
nous
faut d’abord nous le représenter, nous le rendre présent, l’anticiper
813
meilleur gagne — en nous. Et il nous faut d’abord
nous
le représenter, nous le rendre présent, l’anticiper. On peut anticipe
814
ous. Et il nous faut d’abord nous le représenter,
nous
le rendre présent, l’anticiper. On peut anticiper l’avenir et le prév
815
nsée créatrice est du « wishful thinking », prend
nos
désirs pour des réalités, jusqu’à ce que ces désirs créent ces réalit
816
sirs créent ces réalités et leur donnent vie dans
notre
vie, les réalisent. Désirer le meilleur en nous et par la force du dé
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notre vie, les réalisent. Désirer le meilleur en
nous
et par la force du désir, le devenir, c’est anticiper notre avenir, m
818
ar la force du désir, le devenir, c’est anticiper
notre
avenir, mieux : c’est le faire. La décadence d’une société commence
819
le et c’est : — Toi-même ! Car il arrivera ce que
nous
sommes : du mal au pire si nous restons aussi mauvais, et quelque bie
820
l arrivera ce que nous sommes : du mal au pire si
nous
restons aussi mauvais, et quelque bien si nous devenons meilleurs, ob
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si nous restons aussi mauvais, et quelque bien si
nous
devenons meilleurs, obéissant mieux à notre vocation dans la cité. Ho
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ien si nous devenons meilleurs, obéissant mieux à
notre
vocation dans la cité. Hors de là point de communauté, ni donc de rég
823
ues humaines. J’ai voulu dire l’avenir inscrit en
nous
, — non certes dans nos chromosomes : n’allons pas nous cacher une foi
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dire l’avenir inscrit en nous, — non certes dans
nos
chromosomes : n’allons pas nous cacher une fois de plus derrière les
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— non certes dans nos chromosomes : n’allons pas
nous
cacher une fois de plus derrière les arbres, aux forêts du passé prof
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arbres, aux forêts du passé profond ! — mais dans
nos
attitudes présentes. Si vous voulez prévenir tel désastre probable ou
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casuistique ? Mais à l’inverse, si l’on exclut de
notre
drame l’irréductible spirituel, comment fonder l’objection de la pers
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monde, qui est la vitalité d’une société. Mais il
nous
faut pousser l’analyse sur nous-mêmes : que choisissons-nous réelleme
829
ousser l’analyse sur nous-mêmes : que choisissons-
nous
réellement ? Au niveau des États-nations tout est joué, tout est perd
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, une tendance suicidaire assez puissante. Alors,
nous
— chacun de nous — changeons de cap, changeons de buts, ordonnons nos
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icidaire assez puissante. Alors, nous — chacun de
nous
— changeons de cap, changeons de buts, ordonnons nos moyens à ces but
832
— changeons de cap, changeons de buts, ordonnons
nos
moyens à ces buts — recréons la communauté ! Ce ne sera pas encore la
833
enture d’être homme, si elle prend naissance dans
notre
cœur. Écoutons maintenant le cri sublime. De Séir, une voix crie
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à paraître chez Stock sous le titre L’Avenir est
notre
affaire . »