1 1928, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le péril Ford (février 1928)
1 ontraire, que l’histoire n’a pas connu de période les directions d’une civilisation apparaissent plus nettement. Un cer
2 ris dans le désert. Déserts des villes fiévreuses le fracas des machines couvre déjà la plainte humaine. Il y a ceux qu
3 tre d’une locomotive routière. « Depuis l’instant , enfant de 12 ans, j’aperçus cette machine de route, jusqu’au jour pr
4 ature humaine a des limites. Et le temps approche elles seront atteintes. On peut se demander jusqu’à quel point Ford e
5 ral, il se borne à parler de problèmes techniques son triomphe est facile. C’est le technicien parfait qui combat les t
6 as » très spécial, — on les écarte des engrenages ils risqueraient de faire grain de sable. Ils se réfugient dans ce qu
7 ontre encore parmi les jeunes gens, jusqu’au jour , comme on dit, sans doute par ironie, « la vie les prend ». Irrégulie
2 1930, Foi et Vie, articles (1928–1977). « Pour un humanisme nouveau » [Réponse à une enquête] (1930)
8 faits mystiques — qu’on les prenne en l’état brut notre pensée le plus souvent les a laissés — sont au moins aussi « ob
9 a toujours prévalu parmi les peuples germaniques, son prestige ne le cède aujourd’hui qu’à l’idéal anglo-saxon du gentl
10 plus, s’il laisse en blanc la place de Dieu. Mais trouver les lévites assez purs pour garder vierge parmi nous — voici
3 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). André Malraux, La Voie royale (février 1931)
11 nées des Moïs, est un morceau admirable et atroce éclate douloureusement la révolte d’un être pour qui la mort ne peut
12 e, puisque pour lui n’existe aucune transcendance s’abîmer, d’où renaître. Je ne sais pas aujourd’hui le livre « bien p
13 lui n’existe aucune transcendance où s’abîmer, d’ renaître. Je ne sais pas aujourd’hui le livre « bien pensant » qui po
14 la vie. Elle nous amène à un point de jugement d’ les facilités de certaine foi apparaissent aussi « fausses » que l’ef
4 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Sécularisme (mars 1931)
15 sonne dire que c’est le plus bel âge de la vie… — était placé notre mal ? dans quelle partie de notre vie. Voici ce que
16 ment concentrée de notre mère l’Europe », un lieu la vie occidentale se trouve « décantée jusqu’à l’essence, tout ce qu
5 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Une exposition d’artistes protestants modernes (avril 1931)
17 ojets dont on parlait, la nuit, dans les chambres les curiosités et les enthousiasmes en désordre s’agitaient entre les
18 usiasmes en désordre s’agitaient entre les murs d’ nous arrachions les moulures et les vieux papiers à fleurs. La confia
19 cette exposition se sont demandé non sans ironie était le calvinisme dans tout ceci. Eussent-ils posé, à propos d’un s
6 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Conférences du comte Keyserling (avril 1931)
20 r la conquête et la distribution de ces biens : d’ la technique. Cette prétention des masses, légitime d’ailleurs, a ent
21 t un idéal positif, immédiat parce qu’éternel. Là Keyserling dit seulement adaptation, nous ajoutons régénération ; et
7 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Au sujet d’un grand roman : La Princesse Blanche par Maurice Baring (mai 1931)
22 ouleversante. Il est pourtant un endroit du roman l’auteur intervient visiblement, force les faits, agit comme un « mor
23 dres. C’est peut-être à l’endroit de cette œuvre l’on parle le plus directement de Dieu que Dieu est le plus absent. C
24 sprit à la périphérie des vérités religieuses, là elles paraissent s’opposer, au lieu de nous aider à les mieux pénétre
8 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Littérature alpestre (juillet 1931)
25 urtout le fond des vallées, — si l’on ose dire, —  il fait vivre d’imaginaires bons sauvages. Et pour la grande majorité
26 L’héroïsme, au vieux sens du mot, ne trouve plus s’exercer. Et ce n’est guère qu’au plus obscur de certains cœurs, et
9 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Avant l’Aube, par Kagawa (septembre 1931)
27 pathie, la misère physique et matérielle du monde nous vivons. C’est un terrible péché du christianisme européen, que d
28 aits, de personnages et de descriptions des lieux ils vivent. C’est dire que l’œuvre mérite l’effort d’attention souten
29 hère de discussions philosophiques fort curieuse, les doctrines bouddhistes, chrétiennes, matérialistes et socialistes
30 signe et la mesure certaine. Au cours d’un livre il se peint, aux prises avec toutes les formes du mal, jamais vous ne
10 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). André Gide ou le style exquis (à propos de Divers) (octobre 1931)
31 ntraîner sur le terrain purement moral ou immoral Gide provoque ses lecteurs à le juger, sûr d’avance que l’intelligenc
32 tion, « prêt à tous les effacements » (p. 59). Là d’autres triompheraient, il met une sourdine. Car il sait que la mode
33 sse dans un cercle de paradoxes et de malentendus il semble qu’un esprit de cette classe ne devrait pas supporter qu’on
34 ines idées, dont mon âme n’est que le théâtre, et je fais fonction moins d’acteur que de spectateur, de témoin. » (p. 3
35 e dans cette attitude sereinement contradictoire, il voit l’essence de sa « réforme » et de sa nouveauté. Luther disait
36 rspective poétique ou métaphysique. À cette heure le monde tourne lentement et formidablement sur ses bases sociales et
37 he plus. Il a beaucoup parlé de lui-même. Mais là d’autres produisent l’impression pénible de se montrer, il arrive che
11 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le protestantisme jugé (octobre 1931)
38 ’esprit protestant. Ces intéressantes remarques, l’on retrouve le goût de l’analogie historico-littéraire qui caractér
39 à. Tant que la vie était considérée comme le lieu s’exerçait la volonté, où se formait le caractère, les livres étaient
40 onsidérée comme le lieu où s’exerçait la volonté, se formait le caractère, les livres étaient conduits, ils avaient une
41 ent à la fois toutes ensemble. Dès l’année 1886, il publiait son essai, Frommel donnait ainsi le diagnostic du roman m
42 est qu’elle était peut-être plus chaste. Au temps le domaine intérieur du recueillement et de l’adoration lui demeurait
12 1932, Foi et Vie, articles (1928–1977). Romanciers protestants (janvier 1932)
43 ards et prophètes, nous condamnent dans la mesure elles furent authentiques. Mais d’autre part certaines « célébrités »
44 urnin, il semble qu’une véritable préméditation — l’on n’eût voulu voir qu’une pudeur — lui fait éviter toute allusion
45 allusion chrétienne, au point qu’en tels endroits la vraisemblance voudrait que le nom de Dieu fût invoqué (je pense au
46 de trouver des alliés à bon compte sur un terrain la compromission semblait pratiquement acceptable ? Nous avons trop s
47 aiblesse de sa théologie. Car il est certains cas celui qui craint de dire toute la vérité n’exprime par là rien d’autr
48 le moralisme se développer précisément à l’époque la théologie de Calvin, pessimiste quant à l’homme, mais confiante da
49 suffit à nous mener à ce trouble gâchis intérieur Freud naguère porta l’impitoyable lumière de l’observation scientifiq
50 it » dont les ravages ne prendront fin qu’au jour nous aurons compris que la santé est dans l’humilité de la prière, da
51 erkegaard. (Féerie du Conte de ma vie d’Andersen, l’on voit ce « poète des poètes » à la sensibilité si authentiquement
52 u’il n’y faille pas les conjonctures sanglantes d’ naquirent les Tragiques d’un d’Aubigné. Aussi bien avons-nous d’autre
13 1932, Foi et Vie, articles (1928–1977). Goethe, chrétien, païen (avril 1932)
53 ement à vos trousses aussi, j’espère voir le jour il vous rattrapera ; mais je ne puis répondre de la manière. Je suis
54 , dont Eckermann nous a livré les confidences, et la volonté de sobriété spirituelle paraît avoir produit chez le poète
14 1932, Foi et Vie, articles (1928–1977). Penser dangereusement (juin 1932)
55 pour l’ordre établi. « Nous vivons dans un temps les philosophes s’abstiennent. Ils vivent dans un état de scandaleuse
56 rtes40. Mais dans la mesure, si faible soit-elle, la philosophie actuelle exerce une action, ne fût-ce que sur les étud
15 1933, Foi et Vie, articles (1928–1977). « Histoires du monde, s’il vous plaît ! » (janvier 1933)
57 intaines ou prochaines de la crise sans précédent s’engage l’humanité tout entière. ⁂ En France, plus longtemps qu’aill
58 rêver à son tour une révolution ; dans une époque l’humanité risque de mourir pour la réalisation même de ses désirs ma
16 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Destin du siècle ou vocation personnelle ? (février 1934)
59 s les moins corrompues de l’histoire, mais celles la corruption permanente fut ouvertement reconnue, dénoncée et battue
60 aussi chacun de nous a un destin ; dans la mesure chacun de nous possède une raison d’être, quelle qu’elle soit, une se
61 ou sociales, sont toujours justes, dans la mesure nous démissionnons de notre rôle d’hommes responsables et créateurs.
62 i les mène et poussent le monde dans la direction il doit tomber fatalement, si on le laisse tomber. En cela, ils sont
63 lculable : l’acte de l’homme. Mais le temps vient les hommes se lassent de théories qui expliquent tout sauf l’essentie
64 énètrent jamais dans l’intimité de notre être, là réside le désespoir de l’homme qui ne connaît pas son destin. Après t
17 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Deux essais de philosophes chrétiens (mai 1934)
65 vies que l’on comprend sans peine l’indifférence le public la tient. Un philosophe « sérieux » pour l’Université c’est
66 Leur office n’est-il pas de rappeler aux peuples se trouvent les vraies valeurs, sans attendre que d’autres aient tout
67 pensée chrétienne existe, c’est à ce seul niveau pensée et action se confondent. Si elle veut être digne de son nom, c
68 rgeois ? ⁂ Comme Max Scheler — au moment du moins il écrivait L’Homme du ressentiment 47, M. Marcel est catholique. Sa
69 spèce de ressentiment à l’égard de la Réforme : d’ une série d’erreurs assez grossières sur Luther. 48. L’auteur entend
70 déalisme de la « vie intérieure ». Je ne vois pas le recueillement décrit par M. Marcel trouverait sa place, entre la p
18 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Notice biographique [Kierkegaard] (août 1934)
71 tomba dans la rue. On le transporta à l’hôpital, il mourut paisiblement, en « saluant tous les hommes ». Le seul événe
19 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Nécessité de Kierkegaard (août 1934)
72 aucune réalité si chacun n’est pas à sa place là la vocation de Dieu l’a mis. Supposez qu’un tel homme existe. Que va-
73 ce n’est peut-être possible que si l’on sait bien l’on va. À quoi tend la pensée… de Kierkegaard ? Contre la presse et
74 ce de Kierkegaard se limite à l’instant du choix, l’homme s’engage, « en vertu de l’absurde », sur le chemin que Dieu l
75 hète de nos malheurs, nous retournons à l’origine il se tient, nous mettons en lui notre espoir de trouver un autre che
76 re de Kierkegaard sur notre temps ! Dans un monde règne la masse, règne aussi le sérieux le plus pesant. On ne rit pas
77 ois à la seule grâce de Dieu, dans l’abîme infini tu te vois, ou bien tu crois aussi à ce sérieux de l’existence symbol
78 aurait se comparer qu’à la vocation qu’il reçoit. l’orgueil trouverait-il encore à se loger chez un être à ce point sim
79 u’il n’est plus rien qu’obéissance dans la mesure il agit, et pénitence dans la mesure où sa vocation le dépasse ? Si K
80 la mesure où il agit, et pénitence dans la mesure sa vocation le dépasse ? Si Kierkegaard condamne la foule, ce n’est p
81 antiques. Je suis sujet, mais il reste à savoir d’ vient ce je, comment il peut agir. S’agit-il d’un impérialisme du moi
82 tend au réveil. Il nous saisit à ce moment précis tous les systèmes s’évanouissent devant l’effroi du choix concret, du
83 ssi présence au monde. Dans ce temps de la masse, nous vivons, le « solitaire devant Dieu » est aussi l’homme le plus r
20 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Kasimir Edschmid, Destin allemand (octobre 1934)
84 fortune en Argentine, dans une plantation de thé , d’ailleurs, la crise mondiale l’aura précédé. Les quatre autres atte
85 avons perdu la guerre, Bell, et dans la situation nous sommes, nous ne pouvons plus nous affirmer que par le sacrifice…
86 rte une certitude assez impressionnante : partout il se crée quelque chose de durable dans le monde, c’est l’œuvre d’un
87 : Malraux, comme Edschmid, a voyagé dans des pays il a pu voir les Européens mêlés à des révolutions indigènes, et comm
88 son œuvre. Leurs manières de décrire des combats , entre deux bandes de mitrailleuses, le héros médite sur son sort, so
89 autre, on trouve ce goût des situations extrêmes, se dénude le fond secret d’un être, sa sauvagerie ou sa bonté fondame
21 1935, Foi et Vie, articles (1928–1977). Notes en marge de Nietzsche (mars 1935)
90 pose la ruine de toutes les pauvres constructions nous pensions pouvoir nous abriter contre son risque salutaire. M. Bo
91  » qui détourna plusieurs générations des églises on le prêchait envers et contre tout « honneur de Dieu » ? La réfuta
22 1937, Foi et Vie, articles (1928–1977). Luther et la liberté (À propos du Traité du serf arbitre) (avril 1937)
92 pour débrouiller et supprimer les faux problèmes la Diatribe voulait l’embarrasser69. Ensuite, ce refus total, ou mieu
93 aison, tout attachée à notre chair, à notre temps elle s’est constituée, soit capable de concevoir ce paradoxe ou ce sc
94 e, telle qu’elle se pose dans les termes extrêmes elle revêt sa vraie réalité : c’est l’Éternel qui commande, — ou c’es
95 ment de la décision, et néglige les moyens termes voulait se complaire Érasme. Le problème du salut est un problème de
96 aire, ils ne la retrouvent pas, mais dans un plan elle reste insoluble. Érasme était encore catholique ; son humanisme
23 1946, Foi et Vie, articles (1928–1977). Fédéralisme et œcuménisme (octobre 1946)
97 dra réel aux yeux des peuples qu’à partir du jour il sera capable de répondre avec force et autorité aux questions poli
98 . Leur action fut puissante dans la mesure exacte elle fut l’expression directe de leur être. Si le mouvement œcuméniqu
99 propose de surmonter. C’est dans la mesure exacte les Églises ont voulu transformer la foi à l’Una Sancta en une assura
100 tion ou de doctrine), c’est dans la mesure exacte elles ont douté d’une union par essence incontrôlable, qu’elles ont p
101 hodoxie de l’Église se « ferme » sur elle-même. D’ les schismes nombreux, dès cette époque, dans les Églises calvinistes
102 vide social. C’est une sorte d’angoisse diffuse d’ naît l’appel à une communauté nouvelle et plus solide, où l’individu
103 l’appel à une communauté nouvelle et plus solide, l’individu isolé retrouve des contraintes qui le rassurent, et où l’É
104 olé retrouve des contraintes qui le rassurent, et l’État reprend sa puissance. C’est Rome alors qui nous donnera le sym
105 glise primitive, dans la perspective sociologique nous nous plaçons ici ? Une communauté spirituelle formée de communau
106 équilibre, il y a un principe vivant d’union. Là est l’Esprit, là est la liberté, mais là aussi est la vraie communion
107 ion, une doctrine et une tactique nouvelles. Mais sont-elles ? Qui les prépare ? Le capitalisme et l’individualisme ont
108 u’il demande. Dans l’état d’impuissance apparente se voient aujourd’hui les Églises, si cette foi seule demeure, elle s
109 (Les partis socialistes subsistant dans les pays les Soviets ne règnent pas, sont en voie de divergence et non de conv
24 1977, Foi et Vie, articles (1928–1977). Pédagogie des catastrophes (avril 1977)
110 nde, et d’abord de son explosion démographique, d’ famine, mais d’où soif aussi de nos industries, il est non moins vrai
111 son explosion démographique, d’où famine, mais d’ soif aussi de nos industries, il est non moins vrai que l’Europe seul
112 inent et la conscience de vivre un long cauchemar tout est faux, impossible et réel ; le refus de croire que l’état des
113 e la crise énergétique, industrielle et monétaire cinq ou six émirs de droit divin, un roi madré et un dictateur fou po
114 , à cause de lui, tout s’accélère vers le pire. D’ non seulement l’urgence accrue d’un changement de cap, mais une plus
115 rophes n’apprendront rien à ceux qui n’ont pas vu il faut aller, et donc n’en cherchent pas les voies et ne les invente
116 ais. « Pas de vent favorable pour qui ne sait pas il va », disait Sénèque. Mais pour celui qui sait, tout est possible
117 Nous voyons aujourd’hui certaines causes du péril l’humain risque de s’anéantir, et nous disons : — ce serait trop bête
118 es. Et quoi d’autre peut-il arriver ? Et venant d’  ? (À part les tremblements de terre.) Il nous faut donc vouloir que l
119 s et recréer ainsi des possibilités de communauté la personne ait liberté de découvrir et d’exercer sa vocation ; du mê
120 ose comme le miracle du réveil après le cauchemar l’on hurlait seul, sans écho, devant l’indicible injustice de l’écras