1 1928, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le péril Ford (février 1928)
1 t plus nettement. Un certain ordre s’élabore, ou, pour mieux dire, une organisation générale de la vie mondiale. Toutes les
2 es forces du temps y concourent obscurément ; et, pour peu que cela continue, pour peu que la bourgeoisie intellectuelle per
3 ent obscurément ; et, pour peu que cela continue, pour peu que la bourgeoisie intellectuelle persiste à jouer l’autruche aux
4 se donc pas de caricaturer l’objet de ma critique pour faciliter l’accusation : je prends pour la juger ce que l’époque m’of
5 critique pour faciliter l’accusation : je prends pour la juger ce que l’époque m’offre de mieux réussi. Voici la vie de For
6 u’il possède, ou plutôt qu’il gère, mais ce n’est pour lui qu’un résultat secondaire de son activité. Le but de sa vie n’a j
7 oyens, à un exemplaire ; puis, il fonde une usine pour multiplier les réalisations. Bientôt, élargissant son ambition, il co
8 roduire des quantités énormes d’autos. Seulement, pour pouvoir continuer, il faut vendre ; dans l’intérêt de la production,
9 l’oreille, et que son but réel est la production pour elle-même, non pas le plaisir ou l’intérêt véritable du client. Le be
10 ir, il n’y a qu’une solution : recréer le besoin. Pour cela, on abaisse les prix. Le client fait la comparaison. Il est impr
11 ers et leur donne une apparence de liberté, c’est pour mieux les prendre dans son engrenage. L’emploi de leurs loisirs est p
12 ame, les produits Ford qu’il faut user, etc. Il a pour but véritable d’augmenter la consommation. Il rend plus complet l’esc
13 conscient des buts et de l’avenir de son effort. Pour mon compte, je crois que l’idée fixe de produire peut très bien envah
14 e qui tend à faire de ce monde un séjour meilleur pour les hommes. » C’est le bonheur, le salut par l’auto. Philosophie récl
15 Mais si j’insiste un peu sur ses « idées », c’est pour souligner ce hiatus étrange : l’homme qu’on pourrait appeler le plus
16 i, à force de subtiliser, est devenue trop faible pour nous conduire ? Ou bien est-ce notre action qui est devenue trop effr
17 action qui est devenue trop effrénée, trop folle, pour être justiciable encore de nos vérités essentielles ? Il semble bien
18 e d’une complicité avec un état de choses funeste pour l’Esprit. Si l’Esprit nous abandonne, c’est que nous avons voulu tent
19 oisirs de personnes oisives et raffinées, réunies pour admirer mutuellement leur culture », dit Ford. Et tout est dit ! Le s
20 ivins. Mauvais loisirs. Ford lui a donné une auto pour admirer la nature entre 17 et 19 heures : vraiment, il ne lui manque
21 mais, jusque dans son repos, il en est l’esclave. Pour s’être exclu lui-même de l’ordre de la nature, il est condamné à ne p
22 as : en poser les termes avec netteté et courage. Pour le reste, je pense que c’est une question de foi. 1. Une enquête f
2 1930, Foi et Vie, articles (1928–1977). « Pour un humanisme nouveau » [Réponse à une enquête] (1930)
23 « Pour un humanisme nouveau » [Réponse à une enquête] (1930)b c Deux mena
24 ivilisation. Appelons humanisme l’art de composer pour la défense de l’homme et son illustration des puissances de nature in
25 vant la dégradation de cette idole qu’est l’Homme pour l’homme. Toute décadence invente un syncrétisme. Rome eut celui des d
26 qui parfait la stature de l’homme, c’est l’effort pour se dépasser — indéfiniment. L’homme ne se comprend lui-même qu’en tan
27 e de Dieu. Mais où trouver les lévites assez purs pour garder vierge parmi nous — voici déjà tant de faux dieux — le fascina
28 actives de la pensée. b. Rougemont Denis de, «  Pour un humanisme nouveau », Cahiers de Foi et Vie , Paris, 1930, p. 242-2
3 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). André Malraux, La Voie royale (février 1931)
29 le style très tendu de M. Malraux n’est pas fait pour dissiper. Perken, dans ses conversations, fait parfois penser à ces g
30 ce où éclate douloureusement la révolte d’un être pour qui la mort ne peut être qu’une « défaite monstrueuse ». Ainsi les in
31 anarchique. Je tiens au contraire le cas Malraux pour hautement significatif de notre époque post-nietzschéenne et pré-comm
32 ’amoureux ; voué à un orgueil sans issue, puisque pour lui n’existe aucune transcendance où s’abîmer, d’où renaître. Je ne s
4 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Sécularisme (mars 1931)
33 t de faire converser ici les gens les moins faits pour s’entendre : ce n’est pas un mauvais moyen de dégager la mentalité d’
34 es remarques nous placent sous l’angle qu’il faut pour situer le petit livre de M. P. Nizan12, dans sa perspective la plus é
35 si esquissé ses positions éthiques, l’auteur part pour Aden. Quel n’est pas son étonnement de découvrir que ce lieu n’est qu
36 illeurs, il ne veut pas poétiser le tableau, car, pour lui, « être poétique, c’est avoir besoin d’illusions ». Je soutiendra
37 penser que cette peinture d’Aden est assez faite pour y contribuer : si grande est en effet l’horreur que M. Nizan éprouve
38 dès maintenant. Mais M. Nizan a trop de préjugés pour sentir la force neuve perpétuellement de la vérité religieuse. Il par
39 de cette vie-ci, mépris de la religion et ferveur pour des « valeurs nouvelles » encore plus vagues d’ailleurs que ce qu’ils
40 ine qui est le trait dominant de notre époque » — pour reprendre la définition qu’en donnait ici même M. Pierre Maury. C’est
41 René Gillouin parle14 de l’effort de notre monde pour « se séculariser, pour se constituer en dehors de Dieu sur des bases
42 de l’effort de notre monde pour « se séculariser, pour se constituer en dehors de Dieu sur des bases purement humaines ». Au
43 zan, etc., ne laisse plus subsister assez d’idéal pour nourrir une révolution. Par là même, il postule une réalité transcend
44 » répondra qu’il croit en la puissance de l’homme pour se dégager des servitudes provisoires de la technique. Mais rien n’es
45 vérité, le chant d’orgueil que le siècle entonne pour annoncer son morne triomphe : « Vous n’avez pas su conjurer la malédi
5 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Une exposition d’artistes protestants modernes (avril 1931)
46 ne origine protestante était un vice rédhibitoire pour toute carrière artistique, un facteur de stérilité ou tout au moins d
47 brillant catalogue. Parce qu’ils parlent un peu pour nous et parce qu’ils nous parlent, nous avons demandé à ces artistes
48 ut animé de blancs vivants. Très plaisant « Essai pour une Italie protestante » de P. Romane-Musculus. Des lithographies spi
49 Ch. Clément et des illustrations de F.-L. Schmied pour « Ruth et Booz » ouvrent des perspectives pour de futures éditions d’
50 ed pour « Ruth et Booz » ouvrent des perspectives pour de futures éditions d’art protestantes. La sculpture est brillamment
51 le ? L’artiste catholique bénéficie certainement, pour lui-même et aux yeux du public, des facilités que donne à sa producti
52 doctrine, mais un art assez purement évangélique pour transcender la confession qui lui a permis de naître. La grandeur d’u
6 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Conférences du comte Keyserling (avril 1931)
53 naissance ou leur milieu, se trouvaient préparés pour en jouir convenablement. Il faut organiser la conquête et la distribu
54 uoi nous ne pouvons qu’applaudir, ne saurait être pour nous qu’une « introduction » à l’ère spirituelle, une préparation néc
7 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Au sujet d’un grand roman : La Princesse Blanche par Maurice Baring (mai 1931)
55 ultiples week-ends… » Il y aurait beaucoup à dire pour et contre le roman mondain — entendons mondain par le cadre et les pe
56 t plus tenable à Londres, et l’histoire continue, pour notre agrément. Mais surtout, cette vie dénuée d’aventures ou de diff
57 , et dès lors elle constitue un milieu privilégié pour l’étude du cœur humain. Si le rôle de l’art est d’affiner nos âmes au
58 re pauvre tante Cornélia… Ce fut un terrible coup pour nous tous. Naturellement, nous nous sommes montrés très bons à son ég
59 out à présent. Je vous demande seulement de prier pour moi, car j’ai parfois la sensation que ma misère est plus que je ne p
8 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Kierkegaard (mai 1931)
60 ent petits à côté de lui. La question essentielle pour Kierkegaard était : Comment deviendrai-je chrétien ? Seul un protesta
61 y attacher la valeur d’un signe. Kierkegaard sera pour beaucoup d’esprits en quête d’absolus, le maître que fut Nietzsche po
62 s en quête d’absolus, le maître que fut Nietzsche pour leurs aînés. Il n’est pas sûr que les « religions » y gagnent, mais l
9 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Littérature alpestre (juillet 1931)
63 22. En vérité, il fallait une sorte d’intrépidité pour entreprendre cette « traversée » de deux littératures. Combien d’heur
64 travers des moraines et des névés interminables, pour mériter quelques instants de plénitude dans la contemplation de somme
65 te curieuse lacune de notre histoire littéraire : pour nos critiques, les Alpes n’avaient pas d’histoire. Enfin, voici ce li
66 r, en le lisant, ce goût qu’avait le vieux Goethe pour les ouvrages documentaires, pleins d’analyses précises, de citations,
67 repos de l’esprit en même temps qu’une nourriture pour l’imagination. On goûtera les citations nombreuses que l’auteur a su
68 quisitoire qu’on ait jamais écrit contre elles ». Pour Rousseau, la montagne, c’est surtout le fond des vallées, — si l’on o
69  où il fait vivre d’imaginaires bons sauvages. Et pour la grande majorité de ceux qui, après lui, feront intervenir la monta
70 hauteurs, que l’air y est vif. Il faut être créé pour cette atmosphère, sinon l’on risque beaucoup de prendre froid. La gla
71 la lumière… » Vous avez reconnu ce ton souverain. Pour la première fois, le ton des hauteurs, le ton de celui qui les a conq
72 carence inquiétante de l’héroïsme. Dans la lutte pour la vie que nous impose le monde contemporain, c’est l’habileté qui tr
73 sont remarquables. Se trouvera-t-il un romancier pour animer dans le décor des « hauts lieux » autre chose qu’une intrigue
10 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Avant l’Aube, par Kagawa (septembre 1931)
74 rare, c’est qu’un de ces meneurs écrive un livre pour nous dire comment il voit le peuple, comment il l’aime, et quel est l
75 se rappela soudain que c’était un endroit célèbre pour les suicides, et qu’il avait vu un jour, au théâtre, à Kobé, le drame
76 t socialistes s’opposent dans des termes inusités pour l’Occident, mais sont oubliées, comme partout, dès qu’il s’agit d’emb
77 il prit une décision. Il quitterait l’Université pour se plonger dans la vie active et mettre à l’épreuve son grand idéal.
78 la vie. L’organisme social demande des sacrifices pour l’amour des vivants. » Le conflit intérieur s’intensifie bientôt jus
79 ie. Il renaîtra bientôt à la vie, mais cette fois pour se donner tout entier à la misère des bas-fonds de Kobé. Il fait sien
80 e comme le Procureur. Au contraire, il en profita pour faire une étude psychologique, en observant sur le visage de celui-ci
81 penchants humains, s’y soustrait quand il le faut pour mieux vivre et n’en fait jamais une affaire. Homme terriblement vivan
82 dre courage et de lutter bravement à l’avenir, et pour cela il accepterait tout de l’existence. Il accepterait aussi la reli
83 emier chapitre au dernier, priant continuellement pour obtenir la grâce de devenir capable de suivre Jésus. Une autre fois,
84 sion un « ennui » qui sert à beaucoup de prétexte pour n’y point réfléchir. Mais à tout prendre, cet ennui traduit ou marque
85 t-ils ?) — ni même vivants — (ils le devraient.). Pour celui qui referme le livre de Kagawa, une certitude s’impose. Je la f
86 ’agit plus de la poser, sur le plan intellectuel, pour les autres, mais de la résoudre d’abord pour son compte et par un act
87 uel, pour les autres, mais de la résoudre d’abord pour son compte et par un acte intérieur contraignant, un acte d’incarnati
11 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). André Gide ou le style exquis (à propos de Divers) (octobre 1931)
88 ctères » et de lettres, est en somme un plaidoyer pour André Gide. J’avoue qu’il sait dans un grand nombre de cas me convain
89 e propos délibéré, veut perdre sa vie, et non pas pour Christ, mais pour la rendre vraiment vivante, celui-là ne fait qu’usu
90 veut perdre sa vie, et non pas pour Christ, mais pour la rendre vraiment vivante, celui-là ne fait qu’usurper la forme du s
91 tours que nous joue la morale lorsque, se prenant pour fin, elle s’érige en dialectique indépendante. Si des sophismes de ce
92 e fois reconnue, doit être acceptée ou surmontée. Pour moi je tiens que le seul problème éthique est de se réaliser comme un
93 ge indiscrétion. Gide saura-t-il rester un maître pour cette jeunesse qui aimait sa ferveur, mais que le monde de demain va
94 ticulièrement d’éclairer cette vérité paradoxale, pour moi d’une importance psychologique considérable : que le bonheur de l
12 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le protestantisme jugé (octobre 1931)
95 Genève » qu’il nous faudrait. M. Martinet a pris pour épigraphe la citation suivante, empruntée à M. Thibaudet justement :
96 ustement : Ceci au moins suffirait à la critique pour maintenir à Gide une place instructive, qu’il est, depuis l’édit de N
97 n’avait été irrésistible, avait ce qu’il fallait pour devenir une manière de Genève maritime, de Hollande atlantique : le m
98 e, ne s’étalaient point au grand jour, il y avait pour elles une autre issue : la prière en portait l’expression, loin des o
13 1932, Foi et Vie, articles (1928–1977). Romanciers protestants (janvier 1932)
99 nnons souvent d’être des romanciers assez ternes, pour le plaisir que par ailleurs ils donnent à notre intelligence plus avi
100 n protestant ». À la réflexion, l’on y a renoncé, pour des raisons d’ordre général et comme indépendantes des auteurs et des
101 eur à toute polémique : s’agit-il jamais en effet pour les témoins d’une confession, de faire le compte de leurs gloires ? N
102 réclament volontiers, n’en constituent pas moins pour notre protestantisme un jugement indirect d’une impitoyable et signif
103 ours assez conscients des fondements de notre foi pour récuser, dans « l’esprit protestant », tout ce qui rend inutile la gr
104 une accusation que certains, déjà, disent banale, pour lui ôter sa force, je le crains. ⁂ Le puritanisme, expression d’une d
105 dans sa pureté, héroïque ou sereine, il faudrait pour en douter que l’on ait oublié les plus grands noms : Milton, Bach, Re
14 1932, Foi et Vie, articles (1928–1977). Goethe, chrétien, païen (avril 1932)
106 nous donnons dans ce numéro n’ont pas été choisis pour dissiper trop facilement une équivoque réelle, mais plutôt pour en fa
107 trop facilement une équivoque réelle, mais plutôt pour en faire sentir l’acuité. Mais, dira-t-on d’emblée, le simple fait qu
108 Sauveur m’a enfin attrapé ; je courais trop vite pour lui, il m’a saisi par les cheveux. Il est sûrement à vos trousses aus
109 s du point de vue d’un parti. Il n’est pas païen, pour la raison péremptoire qu’il n’y a plus de païen, au sens antique du m
110 un libéralisme dont nous nous sentons incapables pour admettre dans la communauté de la foi chrétienne l’homme qui a pu dir
111 ttester les valeurs doctrinales les plus gênantes pour ce monde sans Dieu. Or, ce sont justement les valeurs que le « christ
112 nvergure de Goethe, s’il ne peut être un argument pour nul parti, ne saurait, pour les mêmes raisons, servir d’objet à notre
113 peut être un argument pour nul parti, ne saurait, pour les mêmes raisons, servir d’objet à notre jugement. Bien plutôt c’est
15 1932, Foi et Vie, articles (1928–1977). Penser dangereusement (juin 1932)
114 une fraternité en ceci : que la pensée n’est plus pour elle une justification idéale de l’égoïsme ou de l’indifférence, mais
115 . Fin de l’esprit désintéressé, cela signifierait pour les clercs, selon M. Benda, la fin de l’esprit. Et pour nous, cela si
116 es clercs, selon M. Benda, la fin de l’esprit. Et pour nous, cela signifie : le renouveau, le sacrifice salutaire et l’uniqu
117 ent de réunir en volume une suite d’études parues pour la plupart dans les pages de l’Action française, mais qui, marquons-l
118 ux thèses des économistes bourgeois ou marxistes, pour lesquels la crise est dans les institutions. Il paraît supposer une r
119 cute M. Malraux et son goût désespéré de l’action pour elle-même. Il condamne le populisme de M. Thérive, il condamne le pac
120 rbonne, cette pensée fabriquée par des bourgeois, pour des bourgeois, destinée à défendre et illustrer la notion bourgeoise
121 s ? À quoi sert cette philosophie ? Que fait-elle pour les hommes ? Que fait-elle contre eux ? Selon M. Nizan, la philosoph
122 s, qui conduiraient à des conclusions dangereuses pour l’ordre établi. « Nous vivons dans un temps où les philosophes s’abst
123 on que son entreprise est suffisamment justifiée. Pour le reste, c’est la politique, et dans un sens plus vaste, la religion
124 les philosophes bourgeois font et comptent faire pour les hommes. Très bien. Nous le demandons aussi. (Nous avons même un s
125 demanderons : que fait, que compte faire M. Nizan pour les hommes ? — Il compte leur apporter le marxisme. Or, s’il est clai
126 s’il est clair que le marxisme prétend travailler pour l’homme en général, il n’est pas moins clair qu’il tombe par là même
127 vient se substituer à la réelle humanité. C’est, pour M. Brunschvicg, le bourgeois. C’est le prolétaire pour Marx. Il s’en
128 M. Brunschvicg, le bourgeois. C’est le prolétaire pour Marx. Il s’en faut de beaucoup que la notion du prolétaire marxiste,
16 1933, Foi et Vie, articles (1928–1977). « Histoires du monde, s’il vous plaît ! » (janvier 1933)
129 à cause des innombrables moyens qu’il a inventés pour « gagner du temps » ? Il semble que tout ce que fait l’humanité se re
130 temps. Et c’est là que gît l’explication du goût pour l’idéologie que manifeste le grand public allemand. Il est bien natur
131 ications, des directives. Ne fût-ce, souvent, que pour motiver l’appartenance à un parti, ou pour se fournir d’arguments pré
132 t, que pour motiver l’appartenance à un parti, ou pour se fournir d’arguments précis et « sérieux » qu’on exhibera dans un c
133 ipe des fondateurs de la Nouvelle Revue française pour imposer, par l’effet d’un snobisme inattendu, la mode des discussions
134  ; dans une époque où l’humanité risque de mourir pour la réalisation même de ses désirs matériels, dans cette énorme aventu
135 de nous. L’homme se prend d’un intérêt passionné pour la vie du monde. Et ce fait est nouveau dans l’Histoire. Jamais le do
136 aines de la vie sociale, des albums de photos qui pour la première fois, nous semble-t-il, mettent sur notre table le monde
137 eine conscients du grand public. On n’a pas cessé pour autant de publier des romans nouveaux, mais le fait est que le seul g
17 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Destin du siècle ou vocation personnelle ? (février 1934)
138 i actuel ». Il n’est pas d’expression plus juste, pour qui se borne à considérer notre époque et les doctrines infiniment co
139 ’expression plus fausse, et même plus dangereuse, pour qui veut prendre position et pénétrer dans la bagarre universelle. Je
140 ait devenue folle. Des peuples entiers s’exaltent pour une dictature qui tire son seul prestige de la misère et de la lâchet
141 s maîtres les plus respectés ont été trop souvent pour nous des professeurs d’abstention distinguée, des grands prêtres de l
142 et de tout le mal dont nous souffrons. Il suffit, pour le faire apparaître, de poser cette simple question : comment un sièc
143 ience de les servir. Vous me direz peut-être que, pour votre compte, la classe ou la race vous importent assez peu. Vous jou
144 ou même d’adversaires. Mais il y a d’autres dieux pour cette espèce-là d’incroyants, et ce sont, par exemple, l’opinion publ
145 , un ivrogne qui s’arrête de boire, ne fût-ce que pour faire mentir le proverbe. Les lois générales, économiques ou sociales
146 nt de plus en plus. Mais j’ai beau ne pas croire, pour mon compte, à la réalité de tous ces mythes, j’ai beau ne pas croire
147 et peut-être aurions-nous un peu plus d’attention pour les vrais problèmes de nos vies. Mais si les journaux disposent de no
148 e qu’ils ont la vie dure, et que le mieux à faire pour nous, c’est encore de compter avec eux. Mais compter avec eux, ce n’e
149 ui pense par périodes séculaires, qui rêve et qui pour comble, se croit seul éveillé et conscient des réalités. ]’ai essayé
150 destin de sa classe ou de sa race qui va suffire pour l’arracher à sa misère ; il lui faut une rencontre, un événement, un
18 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Deux essais de philosophes chrétiens (mai 1934)
151 xiste-t-il en France de personnes intelligentes ? Pour le juger il ne faudrait sans doute pas se fier au tirage moyen d’un o
152 « courriéristes littéraires ». Ce n’est un secret pour personne qu’ils contribuent pour beaucoup à déterminer le succès ou l
153 n’est un secret pour personne qu’ils contribuent pour beaucoup à déterminer le succès ou l’échec d’une œuvre. Il semblerait
154 où le public la tient. Un philosophe « sérieux » pour l’Université c’est trop souvent un homme que l’étude des problèmes po
155 ir à sa vocation. Ces réflexions nous serviront, pour aujourd’hui, d’introduction à deux essais de philosophes chrétiens :
156 e phénomène que Nietzsche a baptisé ressentiment. Pour Nietzsche, on s’en souvient46, l’amour chrétien n’est que « la fine f
157 causes en sont bien celles que Nietzsche allègue. Pour Scheler, les reproches de Nietzsche s’adressent en vérité à l’humanit
158 vivons. Je ne connais pas de plus salutaire leçon pour un chrétien d’aujourd’hui que ce chapitre impitoyable et précis. Voic
159 tion de sacrifice ou avec l’idéal évangélique et, pour comble, vertu de riche, mais qui retient encore le pathos chrétien qu
160 es exigences concrètes. Est-il besoin de marquer, pour finir, que cette critique de l’esprit bourgeois englobe également le
161 l’air dans la philosophie française ; un de ceux pour lesquels philosopher ne figure pas l’activité de ceux qui n’en veulen
162 ndre qu’il fallait, en 1934, un courage véritable pour utiliser en philosophie des motifs tels que le désespoir, l’espérance
163 disait le triste Cicéron, et Montaigne l’en loue. Pour M. Marcel, on lui ferait plus volontiers dire que philosopher, c’est
164 er que les thèmes d’une méditation qui se propose pour objet d’approcher le mystère indéfinissable de l’être. « Il faut qu’i
165 consistantes — ce dernier mot est essentiel — ou, pour reprendre la phrase de Shakespeare, à une histoire racontée par un id
166 se qu’un problème : un mystère. Et toute démarche pour s’en approcher figure déjà par elle-même une sorte de participation c
167 nt de ceux que l’on se plaît à poser gratuitement pour esquiver les choix concrets. La démarche assez sinueuse, le titre un
19 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Notice biographique [Kierkegaard] (août 1934)
168 dèles apostoliques : à saint Paul, à Luther, mais pour se condamner. Il affirmait qu’il n’était qu’un « poète à tendance rel
169 ent petits à côté de lui. La question essentielle pour Kierkegaard était : Comment deviendrai-je chrétien ? Seul, un protest
20 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Nécessité de Kierkegaard (août 1934)
170 que l’on dit sans précédent, que fait l’individu pour se défendre ? Et quels titres à l’existence vient-il produire ? Car i
171 rera sans trop de peine que ses idées sont faites pour rendre la vie impossible, puisqu’elles impliquent le martyre des brav
172 , on ferait bien d’aller le prendre parmi ceux-là pour qui l’esprit n’a pas à se défendre, mais bien à témoigner de son inca
173 e son incarnation ; on ferait bien d’aller à ceux pour qui l’esprit n’est pas une espèce de confort, mais une aventure absol
174 uelques esprits, dont témoigne la renaissance, ou pour mieux dire, la découverte, parmi nous, de cette pensée impitoyable. R
175 du pire ? Il fallait bien qu’on se sentît malade pour aller rechercher le médecin sévère que la santé moins déprimée d’un a
176 el. Car il ne suffit pas d’applaudir à ses thèses pour apaiser ce regard qui nous perce, et si nous sommes sourds à sa voix,
177 dans les soucis publics comme on va voir un film pour s’oublier dans un drame fictif, de cet homme affolé par la lecture de
178 tient des consolations et encore des consolations pour ceux qui souffrent à cause du Christ. Il suppose, sans autre, que le
179 . Il suppose, sans autre, que le chrétien souffre pour sa doctrine… » Et c’est la tragi-comédie du christianisme de la chrét
180 étienté. Pauvre chrétien moyen, qu’as-tu souffert pour ta doctrine ? Tu souffres, il est vrai, mais n’est-ce point justement
181 ffres, il est vrai, mais n’est-ce point justement pour ces choses que ta doctrine te montre vaines ? Il faudrait cependant c
182 ique amer et infini de ce « croyant » qui tremble pour le sort de l’esprit dans le monde, et pour son sort dans le monde san
183 remble pour le sort de l’esprit dans le monde, et pour son sort dans le monde sans esprit, exactement comme si l’Esprit n’ex
184 ttendrons-nous toujours le « réveil de la masse » pour affirmer que tous ces dieux sont des faux dieux ? Mais sont-ils des f
185 ont des faux dieux ? Mais sont-ils des faux dieux pour nous ? Appelons-nous vraiment l’esprit ? Mais non, nous appelons le «
186 tament suppose sans autre que le chrétien souffre pour sa doctrine… » (Mais non ! il souffre simplement de ce que tous ne l’
187 happer aux chimères publiques que de les dénoncer pour telles en vertu d’une idée de l’homme que la raison païenne admet for
188 la seul, nous la flattons, et elle nous reconnaît pour siens. Elle est le lieu de rendez-vous des hommes qui se fuient, eux
189 le crime. « Il ne s’est pas trouvé un seul soldat pour oser porter la main sur Caïus Marius, telle est la vérité. Mais trois
190 e des masses ne venait aujourd’hui s’en prévaloir pour rendre un culte sanguinaire aux faux dieux qu’elle a suscités. « Le p
191 en de s’en affranchir sera d’en revoir l’origine. Pour voiler le présent certain, ils hypothèquent le futur, mais pour gagne
192 présent certain, ils hypothèquent le futur, mais pour gagner ce dernier gage, les habitudes de l’esprit religieux leur font
193 x se garder d’insister sur un tel rétablissement. Pour deux raisons, je crois. Qui, d’abord, parmi nous, oserait affirmer qu
194 ’elle est sans maîtres, c’est-à-dire sans martyrs pour l’enseigner. C’est au sel qu’il faut rendre sa saveur, c’est à lui se
195 procher d’être insipide. Rien ne sera jamais réel pour tous, si rien d’abord n’est réel pour un seul. Maintenant, il faut êt
196 jamais réel pour tous, si rien d’abord n’est réel pour un seul. Maintenant, il faut être « l’impossible » : il faut être le
197 e fallait-il pas qu’il ait connu de grandes aides pour oser nous montrer la vanité de toutes les nôtres ? Somnium narrare vi
21 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Kasimir Edschmid, Destin allemand (octobre 1934)
198 et sous-officiers pendant la guerre, s’embarquent pour l’Amérique du Sud. On les a engagés pour instruire l’armée bolivienne
199 barquent pour l’Amérique du Sud. On les a engagés pour instruire l’armée bolivienne, mais sans contrat, car le traité de Ver
200 aye mais ne leur donne rien à faire ; finalement, pour se débarrasser d’eux, il les fait tomber dans un piège grossier : un
201 leurs compagnons du début, celui qui était parti pour le Venezuela, et qui a subi, lui aussi, des emprisonnements, le bagne
202 physiques inouïes. Mais ils ne se retrouvent que pour aller se faire tuer ensemble devant Rio de Janeiro, au cours d’un com
203 mais c’est surtout de constater que l’Allemagne, pour laquelle ils se sont battus, n’a plus la force d’utiliser leurs énerg
204 on argent ou avec son travail, mais de sacrifices pour lesquels on joue sa propre existence intérieure. » Le destin de ces d
205 d’une manière non moins tragique. « Il découvrit, pour la première fois, une forme nouvelle de patriotisme, une façon silenc
206 t fière, d’être Allemand, de garder la tête haute pour l’Allemagne, et de participer au destin qui lui était échu pour un te
207 ne, et de participer au destin qui lui était échu pour un temps. Ce destin qui obligeait l’Allemagne, après la guerre, à viv
208 ’est la seule vraie communauté qui puisse exister pour un peuple ». ⁂ J’ai tenu à citer ces passages pour faire sentir à que
209 our un peuple ». ⁂ J’ai tenu à citer ces passages pour faire sentir à quelle hauteur se situe le drame de ce livre. Nous som
210 l’auteur, qu’il est peu de problèmes plus graves pour notre avenir immédiat. Mais ce Destin allemand évoque bien d’autres q
211 ance, dans le livre d’Edschmid. Et l’on découvre, pour la première fois peut-être, l’arrière-pensée mondiale, grandiose, qui
212 i eu l’occasion de dire, ici même, mon admiration pour les livres de M. Malraux. Je suis d’autant plus libre pour affirmer a
213 livres de M. Malraux. Je suis d’autant plus libre pour affirmer aujourd’hui que le roman d’Edschmid est d’une classe netteme
214 uls ouvrages français qu’on puisse comparer, tant pour leur sujet que pour leur atmosphère et leur tension65, à ce Destin al
215 s qu’on puisse comparer, tant pour leur sujet que pour leur atmosphère et leur tension65, à ce Destin allemand, qui, toutefo
216 je le crois trop franc et trop complexe à la fois pour avoir l’agrément officiel. 65. Le parallélisme est vraiment frappant
22 1935, Foi et Vie, articles (1928–1977). Notes en marge de Nietzsche (mars 1935)
217 s l’ordre humain, ne peut être vraiment dangereux pour un chrétien qui sait en qui il croit. Et pour les autres, qu’importe
218 eux pour un chrétien qui sait en qui il croit. Et pour les autres, qu’importe qu’ils perdent à cette lecture des « certitude
219 t étrange et humiliant, qu’il faille un incroyant pour nous rappeler que le salut, pour le chrétien, n’est pas dans le Progr
220 lle un incroyant pour nous rappeler que le salut, pour le chrétien, n’est pas dans le Progrès indéfini de notre histoire, ma
221 l’idolâtrie de notre temps, même s’il y participe pour son compte. Il est très vrai que nos contemporains ont cessé de croir
222 n que Nietzsche voulait dire autre chose…). Même pour l’homme le plus pieux, le déjeuner quotidien est plus important que l
223 ard n’eût pas mieux dit. « Pensées qui blessent — pour édifier » — c’est ainsi qu’il nommait les remarques amères qu’il ne p
224 lus au sérieux que le menu de sa pension ? « Même pour l’homme le plus pieux… » jugez des autres ! Jugez de moi ! semble-t-i
225 à l’illusion de l’au-delà. Parfaitement valable pour les religions, cette sentence est grossière, voire naïve, si Nietzsch
226 qu’est-ce que cela veut dire : J’aime les hommes pour l’amour de Dieu ? Est-ce autre chose que de dire : J’aime les gendarm
227 ce autre chose que de dire : J’aime les gendarmes pour l’amour de la justice ? Ou de s’écrier, comme cette jeune fille : J’a
228 l’idée même que le christianisme veut leur mort, pour leur donner la vie. Il s’agit de savoir si la nature actuelle de l’ho
229 être surmonté » ? Il n’y a pas que les chrétiens pour ne pas croire assez à ce qu’ils croient, ou s’imaginent croire. Le r
230 son compte qu’inquiet sur le mien. Mauvais signe pour un penseur qui a entrepris d’ébranler nos fondements. Si j’essaie de
231 royant le servir. » Formule qui n’est pas valable pour le seul pape de Rome et pour les seuls conciles. Les grands mouvement
232 ui n’est pas valable pour le seul pape de Rome et pour les seuls conciles. Les grands mouvements fascistes ne se réclament-i
233 c. Mais, afin que nul ne se croie justifié, voici pour les conservateurs : « Vous dites que vous croyez à la nécessité de la
23 1937, Foi et Vie, articles (1928–1977). Luther et la liberté (À propos du Traité du serf arbitre) (avril 1937)
234 her et M. Hitler, par goût de la rime sans doute. Pour l’opinion moyenne sur Luther, je crois que la phrase suivante en donn
235 rs qu’ont professés MM. Jean Baruzi et E. Gilson, pour ne rien dire — mais cela va de soi — de l’activité des professeurs de
236 encore que son volume matériel soit bien écrasant pour le genre. Mais on s’aperçoit, sans tarder, que la discussion avec Éra
237 e », celui qu’il nous faut dépouiller. « Folie pour les sages » Mais il s’en faut de presque tout que les grandes thès
238 cien ! — tous ceux qui tiennent la prédestination pour un dogme immoral ou périmé ; ceux qui traduisent : « Paix sur la terr
239 son armée de grands docteurs de tous les siècles pour soutenir le libre arbitre religieux, c’est-à-dire le pouvoir qu’aurai
240 aujourd’hui), tout est bien fait, dans ce Traité, pour heurter de front le lecteur incroyant, ou celui qui ne partage pas la
241 luthérien, mais que Luther est obligé d’utiliser pour débrouiller et supprimer les faux problèmes où la Diatribe voulait l’
242 psychologique. (Un tel homme est bien trop vivant pour faire de la psychologie ; trop engagé dans le réel pour prendre au sé
243 aire de la psychologie ; trop engagé dans le réel pour prendre au sérieux ses reflets dans la conscience du spectateur.) Ce
244 is le sérieux théologique est chose trop rare, et pour beaucoup trop difficile à concevoir, pour qu’on puisse écarter cette
245 idole païenne ? C. M. — J’ai besoin de le croire pour agir. L. — Mais qu’est-ce qu’agir ? Est-ce vraiment toi qui agis ? O
246 rmer. L. — Soit, c’est une hypothèse de travail… Pour moi, je crois que Dieu connaît la fin, la somme, la valeur absolue de
247 néant, en sorte que Dieu, vraiment, n’existe plus pour toi ? Fermer les yeux sur une réalité, ce n’est pas la supprimer obje
248 détails exégétiques discutables, suffit à établir pour le chrétien la vérité d’un paradoxe que Luther n’a pas inventé, mais
249 que le Christ ait dû mourir — cet acte extrême —  pour nous sauver, fait voir que nous n’avons aucune liberté, par nous-même
250 scendre jusqu’au fond de la connaissance du péché pour voir qu’il n’y a de liberté possible que dans la grâce que Dieu nous
251 blème de vie ou de mort. Or, il est seul en cause pour le théologien. Et tout est clair lorsque l’on a compris que Luther ne
252 stions dernières que peut envisager notre pensée. Pour échapper au nihilisme qui l’étreint, dès lors que « Dieu est mort » o
253 e libre, c’est vouloir l’éternité de son destin. ( Pour le chrétien, c’est accepter, en acte, l’éternelle prévision du Dieu q
254 répondit : « Je ne reconnais aucun de mes livres pour adéquat, si ce n’est peut-être le De servo arbitrio et le Catéchisme.
24 1946, Foi et Vie, articles (1928–1977). Fédéralisme et œcuménisme (octobre 1946)
255 oi constitutive. Il n’a pas à emprunter ici et là pour composer une mosaïque de mesures désirables, mais au contraire sa pos
256 s en plus indiscrètes et des schismes multipliés. Pour résoudre l’opposition unité-division, il serait vain de rechercher un
257 sie unitaire. Certes, il n’est pas de pire menace pour le mouvement œcuménique que l’utopie et la tentation d’une unité form
258 s les diverses Églises, mais au contraire, elle a pour premier effet de les renforcer en les rendant plus conscientes de leu
259 nité, une Église qui tend à se fermer par le haut pour mieux assurer sa cohésion humaine, devient à la fois isolée et généra
260 ’est l’homme de la tribu qui se met à réfléchir «  pour son compte », et qui, de ce fait même, se distingue et s’isole. Raiso
261 individualisme : il liquide les groupes existants pour mieux accomplir son unification, sa « mise au pas ». C’est avec la po
262 jà connu, mais auquel on donnera un sens nouveau. Pour désigner les relations constituant la Trinité, les docteurs grecs ava
263 e, sont bel et bien des créations chrétiennes, ou pour mieux dire, des créations de l’Église chrétienne. Dans la personne ai
264 evise paradoxale du fédéralisme helvétique : « Un pour tous, tous pour un », est également valable sur ces trois plans. L’œc
265 du fédéralisme helvétique : « Un pour tous, tous pour un », est également valable sur ces trois plans. L’œcuménisme exclut
266 s européens ne sont nullement prêts à se soulever pour rétablir ce qu’on nommait chez eux la « démocratie ». Ils attendent u
267 ctif des forces en présence ne permet d’envisager pour l’Europe et le monde de demain qu’une période de chaos étatisé ; je n
268 l paraît être de profiter de la guerre des autres pour consolider l’autarcie russe… Cette carence générale des chefs, des do
269 les à leur chef, elles savent qu’il règne et crée pour ceux qui croient la possibilité de faire ce qu’il demande. Dans l’éta
270 s refusé à établir une uniformité de gouvernement pour les diverses Églises qui se réclamaient de sa réforme. L’Una Sancta n
271 plier de tels exemples. Je ne les indique ici que pour montrer : 1° que la connaissance intime des processus religieux dans
272 sur ces processus religieux, préparera le terrain pour une action politique réaliste, c’est-à-dire tenant compte des données
273 e, sont les seules bases actuellement concevables pour un ordre nouveau du monde. (La « religion de l’homme » que certains n
274 vec les syndicalistes russes, ni même américains, pour ne donner qu’un exemple.) À part la Croix-Rouge, dont la tâche est st
275 nationaux non étatiques. Ce fait simple institue pour le mouvement œcuménique une possibilité historique sans précédent, un
276 nd que des réponses plus claires et convaincantes pour devenir une volonté. Ce qui manque à ces tentatives dispersées, c’est
25 1977, Foi et Vie, articles (1928–1977). Pédagogie des catastrophes (avril 1977)
277 ent d’Europe, quand ils veulent l’imiter, surtout pour mieux s’en libérer. Ils choisissent celle qui les a dominés, mais c’e
278 alents TNT ». Condamner l’Europe et ne rien faire pour sa fédération, c’est priver le tiers-monde des seuls moyens de s’en t
279 eut élaborer un modèle politique qui soit tentant pour le tiers-monde. Quant à savoir si le tiers-monde sera tenté, et tire
280 ration les conclusions que nous aurions dû tirer, pour notre part, de l’échec du colonialisme, je suis sceptique. Il se peut
281 ojet ? Quelles forces peut-il mobiliser ? Qui est pour  ? Qui sera contre ? Et qui va le prendre en charge ? — Je ne serais p
282 s tenu de répondre à ces questions, m’étant donné pour tâche de faire voir et sentir la nécessité des régions, en tant qu’el
283 de la Jeunesse. Les hommes d’État ne feront rien, pour la raison que je viens de dire, et les politiciens moins encore, pour
284 e viens de dire, et les politiciens moins encore, pour la raison que les régions n’existent pas, ou seulement à l’état de né
285 ins de créer un tout autre pouvoir. Même jeu donc pour la droite et la gauche, selon qu’elles ont le pouvoir ou seulement l’
286 olution. — Refus du « système », ce refus passant pour « révolutionnaire ». On ne s’occupe pas encore de l’Europe, ni de rég
287 ssible et réelle, la société stato-nationaliste a pour seule vertu d’être là. Écoutons Baudelaire : Le monde va finir. La s
288 Baudelaire : Le monde va finir. La seule raison pour laquelle il pourrait durer, c’est qu’il existe. Que cette raison est
289 logues et des économistes comme E. F. Schumacher, pour qui l’avenir est aux « petites unités intelligibles » ; des politolog
290 es comme C. N. Parkinson (de la loi du même nom), pour qui l’Europe de demain ne sera viable que si elle se recompose sur la
291 oire, et qui n’ont pas trouvé mieux que la guerre pour résoudre leurs différends, on ne voit pas ce qui pourrait justifier l
292 s prochains — et nous n’avons guère plus de temps pour décider de la survie de notre espèce.   — Seriez-vous radicalement p
293 quoique inconscients. Si elles sont assez grandes pour réveiller le monde, pas assez pour tout écraser, je les dirai pédagog
294 l’après-midi lumineux du 24 août 1973, et donnais pour exemple la crise énergétique, industrielle et monétaire où cinq ou si
295 rise du pétrole », m’obligeant à jeter au panier, pour cause de confirmation prématurée, une centaine de pages destinées à c
296 e déjà oublie sa peur et la sagesse qu’il en tira pour quelques semaines, de nouvelles catastrophes s’organisent dans l’ombr
297 e. Il a fallu cinq siècles exactement (1300-1800) pour préparer l’État-nation, moins d’un siècle pour en imposer le modèle à
298 0) pour préparer l’État-nation, moins d’un siècle pour en imposer le modèle à toute l’Europe, et trente ans pour le propager
299 imposer le modèle à toute l’Europe, et trente ans pour le propager au monde entier. Mais depuis qu’il sévit, à cause de lui,
300 e les inventeront jamais. « Pas de vent favorable pour qui ne sait pas où il va », disait Sénèque. Mais pour celui qui sait,
301 qui ne sait pas où il va », disait Sénèque. Mais pour celui qui sait, tout est possible tant qu’un vent souffle, même contr
302 e sera tout autre chose — car je n’écris ceci que pour mieux disposer quelques esprits à désirer, vouloir, préparer d’autres
303 ais aliénés, devenus incapables même de nostalgie pour ce qui fut un jour notre vie menacée. Mais il n’est pas de prévision
304 ice est du « wishful thinking », prend nos désirs pour des réalités, jusqu’à ce que ces désirs créent ces réalités et leur d
305 qu’ils assimilent à l’invocation des faux dieux. Pour les évangiles, la puissance est la plus grande des tentations que le
306 sait dans les hautes sphères du Pouvoir. Chacun, pour se sauver en tant que nation, vend ou achète les armes de la fin, et