1 1928, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le péril Ford (février 1928)
1 . Il répugne à admettre qu’une époque entière ait pu se tromper, et se tromper mortellement. Il suffit pourtant de regarde
2 le progrès de sa production, d’année en année. On pourrait ajouter à ces chiffres celui des milliards qu’il possède, ou plutôt q
3 dustriel du monde ; le plus riche, au point qu’il peut parler d’égal à égal avec beaucoup d’États ; le plus parfait aussi. S
4 nry Ford et des livres qui les répandent. L’on ne pourra qu’y applaudir, semble-t-il, en souhaitant que les industriels europé
5 Mais à quoi ? C’est la plus grave question qu’on puisse poser à notre temps. II. M. Ford a ses idées, ou la philosophie de
6 netteté et cette décision qu’une passion contenue peut donner à l’homme d’action. Enfin, le voici en mesure de produire des
7 re des quantités énormes d’autos. Seulement, pour pouvoir continuer, il faut vendre ; dans l’intérêt de la production, il faut
8 la répétition, on fait croire aux gens qu’ils ne peuvent plus vivre heureux sans auto. Voilà l’affaire lancée. La passion de F
9 utilité publique. À chaque page de ses livres, on pourrait relever les sophismes plus ou moins conscients par lesquels il préten
10 la va bien plus profond, cette tromperie-là. Elle peut amener, en se généralisant, une sorte de suicide du genre humain, par
11 comme dit Ferrero. Le bon peuple s’extasie. Il ne peut voir la duperie : ce jeu du chat et de la souris ; si Ford relâche le
12 réer de besoins et de loisirs. Or, l’industrie ne peut subsister qu’en progressant. Mais la nature humaine a des limites. Et
13 t le temps approche où elles seront atteintes. On peut se demander jusqu’à quel point Ford est conscient des buts et de l’av
14 mon compte, je crois que l’idée fixe de produire peut très bien envahir un cerveau moderne au point d’en exclure toute cons
15 soins. » — Ford se moque de la philosophie. Il ne peut empêcher que son attitude ne porte un nom philosophique : c’est au pl
16 pour souligner ce hiatus étrange : l’homme qu’on pourrait appeler le plus actif du monde, l’un de ceux qui influent le plus sur
17 ourgeoisie moderne c’est de croire que les choses pourront aller ainsi longtemps encore. On se refuse à l’idée d’une catastrophe
18 plus difficile et la plus grave : celle qu’on ne peut faire qu’au nom de l’Esprit et de ses exigences. Mais le « rien de no
19 rit. C’est déjà un fait d’expérience. Et qui n’en pourrait citer un exemple individuel ? Nous savons assez en quel mépris l’homm
20 t ira bien. (On pense que les formes de la morale peuvent exister sans leur substance religieuse.) L’homme moderne manie les ch
21 ns religieux, cosmique, de l’effort humain. Il ne peut plus situer son effort individuel dans le monde, lui attribuer sa vér
22 que a révélé des exigences telles que l’Esprit ne peut les supporter. Il abandonne donc la place, mais c’est pourtant lui se
23 re grain de sable. Ils se réfugient dans ce qu’on pourrait appeler les classes privilégiées de l’esprit : fortunes oisives ou mi
24 is possible de ce côté. Mais du nôtre ? « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon », dit l’Écriture. ⁂ Je ne pense pas qu’une at
2 1930, Foi et Vie, articles (1928–1977). « Pour un humanisme nouveau » [Réponse à une enquête] (1930)
25 lement funestes, également démesurées, l’homme ne peut subsister qu’en tant que son génie parvient à composer les deux péril
26 stration des puissances de nature inhumaine. Nous pourrons définir un tel humanisme : l’organe d’équilibre de la civilisation. N
27 e scientifique. Cherchant des lois, la science ne peut trouver que des déterminismes. Soumettre l’esprit à ses méthodes, c’e
28 Seul un parti pris constant en faveur de l’esprit peut maintenir l’équilibre de l’esprit et de la matière. L’humanisme moder
29 rtain qu’il a perdu son ascendant. D’ailleurs son pouvoir , s’il en eut, ne s’étendit guère au-delà des limites du monde roman.
30 ’homme se propose ont ceci d’insuffisant : qu’ils peuvent être atteints. Mais ce qui parfait la stature de l’homme, c’est l’eff
3 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). André Malraux, La Voie royale (février 1931)
31 r : il compte y découvrir des bas-reliefs dont il pourrait tirer un prix considérable. Sur le bateau qui l’amène à pied d’œuvre,
32 te, le livre s’achève par sa mort, sans qu’on ait pu distinguer nettement à quels mobiles extérieurs obéissait son action.
33 eusement la révolte d’un être pour qui la mort ne peut être qu’une « défaite monstrueuse ». Ainsi les incidents pathétiques
34 de lui trouver un sens dans la mort. L’homme qui pourrait se définir : « Dieu n’est pas, donc je suis » ; l’homme seul ; arelig
4 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Sécularisme (mars 1931)
35 utant qu’elle n’invente ou qu’elle ne stylise. On peut dire, avec plus de louange d’ailleurs que d’ironie, qu’elle touche à
36 au Tonkin. Et non Bouddha13. — La liberté est un pouvoir réel et une volonté réelle de vouloir être soi. Ayant ainsi esquissé
37 onnaît ici la thèse marxiste, dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle sent son xixe siècle. On peut lui faire un grief pl
38 puisse dire est qu’elle sent son xixe siècle. On peut lui faire un grief plus grave : elle subordonne toute réforme à une p
39 ielles de la vie humaine. Je crois que l’homme ne peut être transformé que spirituellement. Et cette révolution-là a l’avant
40 les » encore plus vagues d’ailleurs que ce qu’ils peuvent imaginer de la religion. C’est une forme aiguë de ce que les Anglais
41 lie : un astronome chrétien. Comment un astronome peut -il croire à l’Incarnation ou aller à la Messe ? On n’aura d’autre res
42 — et il l’est — aucun bouleversement matériel n’y pourra rien, si radical soit-il. Un pessimisme aussi féroce que celui de MM.
5 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Une exposition d’artistes protestants modernes (avril 1931)
43 a n’empêche pas de rechercher ce que ces artistes peuvent avoir de commun, ce qu’ils doivent à leur origine ou à leur foi réfor
44 ’artistes exposassent pour qu’une réponse valable pût être esquissée. Car, avouons-le, du fait même de la nouveauté que rep
45 organisé s’il le faut dans de plus vastes locaux, pourra donner accès à un ensemble aussi complet que possible d’artistes nés
46 le d’artistes nés dans le protestantisme. Et l’on pourra se demander alors : qu’y a-t-il de spécifiquement protestant chez ces
47 écrire, dès à présent, un art protestant de fait, peut -on, par contre, le définir idéalement ? Il nous semble que cela suppo
48 ns équivoque ce qu’est le protestantisme avant de pouvoir trancher de ce que doit être un art qui l’exprime. En d’autres termes
49 al d’un artiste protestant, le seul auquel sa foi puisse prétendre, ce n’est pas de réaliser un art « protestant » conforme à
6 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Conférences du comte Keyserling (avril 1931)
50 es comme le bien suprême dont seuls quelques élus peuvent se rendre dignes (les brahmanes par exemple, le christianisme primiti
51 ie humaine gardera sa signification. En somme, on pourrait résumer la pensée de Keyserling en disant qu’il oppose à l’idéal actu
52 r vivante réalité. Mais tout ceci, à quoi nous ne pouvons qu’applaudir, ne saurait être pour nous qu’une « introduction » à l’è
7 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Au sujet d’un grand roman : La Princesse Blanche par Maurice Baring (mai 1931)
53 ités plus pures que celles de la vie courante, on peut dire que les romans « mondains » de Baring ne manquent pas à cette tâ
54 s une fois atteint le moment de sa perfection, ne peut plus que se souvenir, c’est-à-dire souffrir, vieillir. L’amour étant
55 ’une loi divine et humaine, et c’est ici que l’on peut voir sa profonde ressemblance avec les Affinités électives de Goethe.
56 e ses personnages, comme le moraliste s’arroge le pouvoir de séparer le bien du mal parmi les actions d’autrui qu’il estime con
57 s, grossir les traits, découvrir la thèse. Il eût pu s’en dispenser d’ailleurs, car en définitive la conversion de son hér
58 sible qu’elle n’est plus du tout exemplaire et ne peut servir ni le catholicisme (le milieu protestant étant nul), ni la foi
59 , le courage de sacrifier son amour. Mais elle ne peut survivre à cet acte suprême, à cette grâce. Aussi notre bonheur humai
60 ois la sensation que ma misère est plus que je ne peux supporter. La vie humaine me paraît intolérable. — Elle l’est presque
8 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Kierkegaard (mai 1931)
61 les Attaques contre le christianisme officiel ne peuvent être comparés qu’aux Provinciales. Kierkegaard est le Pascal du prote
62 ierkegaard fut le dernier grand protestant. On ne peut le comparer qu’aux grands fondateurs du christianisme, à Luther, à Ca
63 mment deviendrai-je chrétien ? Seul un protestant pouvait trouver pareille formule. Le héros de la foi, Kierkegaard, « l’Isolé 
64 st sa Psychologie de l’Angoisse, à laquelle on ne peut trouver d’analogie que chez Dostoïevski. Kierkegaard d’ailleurs ne pe
65 e que chez Dostoïevski. Kierkegaard d’ailleurs ne peut être placé qu’à côté du poète russe. Tous deux marchent de pair et au
66 aucun autre esprit du siècle ne les dépasse. On peut déplorer qu’une œuvre de cette envergure ait pénétré d’abord en Franc
67 rl Barth, disciple fervent de Kierkegaard, — nous pouvons y attacher la valeur d’un signe. Kierkegaard sera pour beaucoup d’esp
9 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Littérature alpestre (juillet 1931)
68 rapport avec la nôtre. Les atomes que nous sommes peuvent trouver sur ses flancs l’occasion d’une lutte… elle ignorera toujours
69 is Nietzsche un style alpestre dans la pensée. Ne pourrait -il pas informer d’autres pensées que les malédictions de Zarathoustra
70 r véritablement quelques valeurs nouvelles, il se peut que certains se tournent vers ces derniers symboles physiques de la s
10 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Avant l’Aube, par Kagawa (septembre 1931)
71 ces deux volumes, témoignent que l’amour chrétien peut encore aujourd’hui pénétrer un monde revendiqué par le communisme, co
72 même sentimentale), et avec sa foi chrétienne. Il peut livrer sans crainte le secret d’une telle action ; sans crainte et sa
73 sa simplicité, il parvient à être si émouvant. On peut dire que dans ces deux gros volumes si nourris, il n’y a pas deux lig
74 active et mettre à l’épreuve son grand idéal. Que pouvait -il y avoir de plus noble que de partager la vie quotidienne des gens
75 iichi à leur suite entourèrent le cercueil, il ne put retenir ses larmes. Tandis qu’il marchait en silence à la suite de la
76 étique, sobre et directe plus que tout ce qu’on a pu lire de plus vécu sur ces milieux. Finalement, la police accuse Eiich
77 les expressions sentimentales ou rassurantes qui pourraient dépasser une action immédiate ou voiler sa difficulté. Les rares allu
78 attitude politique. Aux yeux d’un incroyant, ceci peut sembler vague. Mais le sens chrétien primitif n’est-il pas, avant tou
11 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). André Gide ou le style exquis (à propos de Divers) (octobre 1931)
79 se préoccupe sans cesse de faire entendre qu’il «  pourrait autrement ». Que rien de ce qu’il écrit ne l’engage tout entier. Qu’i
80 déjà à des choix dramatiques ? Certaines phrases pourraient le laisser supposer qu’il écrivit en préface au livre récent d’un jeu
12 1932, Foi et Vie, articles (1928–1977). Romanciers protestants (janvier 1932)
81 sode central traité en profondeur — roman-plongée pourrait -on dire —, d’une sourde et hautaine gravité, apparaît comme le premie
82 nne. Car c’est à juste titre, croyons-nous, qu’on put écrire de Saint-Saturnin qu’un tel roman exprime « toute la grandeur
83 d’art qui manifestent ses traits spécifiques. On peut donc poser que le protestantisme de la fin du xixe siècle, tel que n
84 tel que nos contemporains se le représentent, ne pouvait s’exprimer que dans la forme du roman moraliste (forme qui par ailleu
85 penchant traditionnel de l’esprit français). Cela pouvait donner soit des œuvres d’analyse tendant à dissoudre les affirmations
86 puritanisme, expression d’une doctrine héroïque, pouvait provoquer dans les âmes des complexités merveilleuses, un pathétique
87 it » du mal. Ainsi Rousseau le libertaire doit et peut être moraliste, tandis que Calvin l’orthodoxe ne saurait l’être sans
88 té ne possédait d’autres recours que ceux qu’elle peut imaginer en dehors de la grâce, c’est-à-dire la police des mœurs, l’é
89 ui, s’il traduit et porte un réveil de la foi, ne peut manquer de libérer des forces créatrices. Or les temps vont nous y co
90 is du xixe siècle nous laissent entrevoir ce que pourraient être des œuvres modernes inspirées, comme le furent les plus grandes,
13 1932, Foi et Vie, articles (1928–1977). Goethe, chrétien, païen (avril 1932)
91 que la conscience intellectuelle des chrétiens ne peut et ne doit éviter. Goethe est une de ces « questions au christianisme
92 cette époque qui permettent d’imaginer ce qu’eût pu être le pendant chrétien du Werther : — « J’ai souffert et me voilà l
93 remière sensation religieuse, et croient qu’on ne peut aller plus loin parce qu’ils ignorent tout du reste. » C’est ce « res
94 te à Heine. Elle est un mythe, au moyen duquel on peut faire de l’agitation et de la propagande antireligieuse ». En vérité,
95 la communauté de la foi chrétienne l’homme qui a pu dire qu’il s’inclinait devant le Christ comme devant la « révélation
96 tes, on ne voit guère en quoi pareille conception pourrait choquer certains protestants libéraux par exemple. Mais c’est précisé
97 s vrai de dire qu’un monde séparé de Dieu doit ou peut être envisagé comme un monde autonome. Il doit être envisagé comme ma
98 orgueilleux et misérable d’une humanité qui croit pouvoir fabriquer son bonheur par ses propres forces, notre devoir est net :
99 . Mais un homme de l’envergure de Goethe, s’il ne peut être un argument pour nul parti, ne saurait, pour les mêmes raisons,
100 as à utiliser qui que ce soit. Il suffit que nous puissions nous sentir à la fois accusés et exhortés par un tel exemple. Que nou
14 1932, Foi et Vie, articles (1928–1977). Penser dangereusement (juin 1932)
101 e justification de la pensée. Une telle évolution peut paraître favorable à la pensée chrétienne. La pensée protestante, en
102 e part, cette soif d’action directe et de service peut porter aussi bien, par exemple, à militer en faveur du marxisme, phil
103 génération : péril de gauche et péril de droite, pourrait -on dire, afin de simplifier. M. Thierry Maulnier vient de réunir en v
104 lamait une « philosophie à coups de marteau ». Ce peut être le marteau du constructeur, aussi bien que celui du démolisseur.
105 nt les philosophes de la Troisième République. On peut recommander la lecture de ce livre, parce qu’il a le mérite de poser
106 ment ces produits tératologiques de la méditation pourraient expliquer aux hommes vulgaires … la tuberculose de leurs filles, les
107 ourritures de leurs parlements et l’insolence des pouvoirs  ; on ne voit pas à quoi mène la philosophie sans matière, la philosop
108 e quand il dénonce le péril d’une pensée que l’on peut bien appeler scolastique, pensée purement conceptuelle et dépourvue d
109 lité de tel homme concret et réel que vous ou moi pouvons connaître. Mais, en vérité, la lecture du livre de M. Nizan n’inspire
110 izan. Et il propose Marx. Je demande en quoi Marx peut nous aider à vivre, à mourir. Je demande à M. Nizan, qui est marxiste
111 st marxiste, si la lecture et la pratique de Marx peut apporter une certitude intime, une réalité directe, une obligation de
15 1933, Foi et Vie, articles (1928–1977). « Histoires du monde, s’il vous plaît ! » (janvier 1933)
112 é, s’il demande aux livres autre chose que ce que peut lui offrir le conte du journal, c’est-à-dire s’il demande une nourrit
113 sser du romanesque, découvrent que la littérature peut apporter, sous d’autres formes, un agrément, un repos, un exercice à
114 otre table le monde tel qu’il est. Quel romancier pourrait nous apporter l’équivalent de cette vision directe, exaltante et dépa
115 n monde plus absurdement divers que nul esprit ne pouvait le concevoir. C’est l’expérience de la Renaissance, étendue à toute l
116 Et depuis lors, que de volumes à grand succès qui pourraient reprendre le titre fameux de Paul Valéry : Regards sur le monde actue
117 on intention de « casser les reins au roman », on put croire à un mouvement de mauvaise humeur, voire à une tentative publi
118 urs exemples de l’influence réelle et directe que peut exercer un essayiste sur la marche des événements. Nous reviendrons p
16 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Destin du siècle ou vocation personnelle ? (février 1934)
119 e poser cette simple question : comment un siècle peut -il avoir un destin ? En réalité, il n’y a de destin que personnel. Se
120 , il n’y a de destin que personnel. Seul un homme peut avoir un destin, un homme seul, en tant qu’il est différent des autre
121 à l’homme, ils sont absolument semblables et nous pouvons les renvoyer dos à dos. L’un et l’autre tendent à nous faire croire q
122 s moyennes, et dans ce sens, abstraites. Sur quoi peut bien se fonder une loi historique ? Sur ce qui a été fait. Toute loi
123 émissionnaire par excellence du déterminisme, qui peut se formuler ainsi : qui a bu boira ! Or, la seule chose intéressante
124 nent. Ne fût-ce que par le moyen de la presse. On peut dire, sans exagérer, que les journaux disposent de nos vies. Sans eux
125 e, dissiper un malentendu que cette description a pu faire naître dans l’esprit de quelques-uns. Je sais que le bon ton, d
126 la masse anonyme. Je crois que c’est là ce qu’il peut faire de mieux. L’individu, tel que le concevait le dernier siècle, l
127 l’exemple suivant : le krach d’une banque à Paris peut ruiner des petits rentiers belges et jeter sur la paille des milliers
128 ger le choix, la décision que chacun d’entre nous peut prendre. ⁂ Destin du siècle ou destin de l’homme ? Loi historique ou
129 puissance que la personne. Dans l’homme, le choix peut avoir lieu, effectivement. Et votre rôle d’étudiants, c’est-à-dire d’
130 la dictature du nombre et de l’irresponsable. Je pourrais maintenant vous donner une contrepartie, tenter de vous décrire la pe
131 t dans l’attente, la révolte et l’impuissance. Je pourrais encore vous montrer quelles conséquences politiques commande une tell
132 it cette vérité que toute sa religion n’avait pas pu lui faire comprendre : le prochain, c’est celui qui exerce, en actes,
133 tes, la miséricorde. Cet acte, en chacun de nous, peut être vainqueur de l’Histoire. Cet acte, à chaque fois qu’il nous est
134 Les grandes lois historiques et révolutionnaires peuvent bien nous servir de refuge, de prétextes et d’arguments au service de
17 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Deux essais de philosophes chrétiens (mai 1934)
135 difficile ». Seul, Bergson, avec ses Deux Sources pourrait s’aligner, dans cet ordre, avec un honnête romancier. On s’étonnera,
136 st point partout le cas. L’exemple de l’Allemagne peut nous faire réfléchir. Les philosophes y connaissent des succès dont r
137 ophes y connaissent des succès dont rien, ici, ne peut donner l’idée ; et même les théologiens. Le Römerbrief, de Barth, en
138 ort bien. Or, c’est exactement le contraire qu’on peut voir. Le critique qui dispose d’un feuilleton régulier dans un hebdom
139 révèle imparfait ; il lui manque quelque chose : pourra-t -on l’ajouter après coup ? On ne complète pas un acte avec des considé
140 t c’est cela que nous voyons depuis la guerre. On pourrait aussi supposer que la leçon des catastrophes dictatoriales va réveill
141 m, c’est à elle seule d’oser ce que les autres ne peuvent pas oser. C’est à elle seule d’entreprendre la confrontation générale
142 ce », parfois même « vertu » sans plus ; « ne pas pouvoir se venger » devient « ne pas vouloir se venger », et parfois même le
143 opher, c’est apprendre à ne pas se suicider. « On pourrait même dire que la possibilité permanente du suicide est en ce sens48 l
144 et que le seul usage entièrement légitime qu’elle puisse faire de sa liberté consiste précisément à reconnaître qu’elle ne s’a
145  ; c’est à partir de cette reconnaissance qu’elle peut agir, qu’elle peut créer » (p. 297). Je sens bien qu’un aperçu si sch
146 e cette reconnaissance qu’elle peut agir, qu’elle peut créer » (p. 297). Je sens bien qu’un aperçu si schématique fait tort
147 développement de cette thèse : que philosopher ne peut être qu’une forme de vivre. 44. Librairie Gallimard, collect. Les Es
18 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Notice biographique [Kierkegaard] (août 1934)
148 son œuvre, une vingtaine de volumes, à quoi nous pouvons ajouter dix-huit volumes de papiers posthumes, fut composée en l’espa
149 avec Régine Olsen. Mais son acte, après lequel il put mourir, certain d’avoir accompli sa mission, ce fut son attaque contr
150 la totalité de son message chrétien, et qu’il ne pouvait pas en assumer l’entière responsabilité devant Dieu et devant les hom
151 absolue qu’il voyait clairement que nul homme ne peut jamais se dire chrétien. Cette position paradoxale a permis les inter
152 ierkegaard fut le dernier grand protestant. On ne peut le comparer qu’aux grands fondateurs du christianisme, à Luther, à Ca
153 ment deviendrai-je chrétien ? Seul, un protestant pouvait trouver pareille formule… L’œuvre la plus profonde et la plus origina
154 gaard est son Concept de l’angoisse, auquel on ne peut trouver d’analogie que chez Dostoïevski. Kierkegaard, d’ailleurs, ne
155 que chez Dostoïevski. Kierkegaard, d’ailleurs, ne peut être placé qu’à côté du poète russe. Tous deux marchent de pair, et a
19 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Nécessité de Kierkegaard (août 1934)
156 i fût fondé. Ce n’est pas évident de soi, si l’on peut dire : les marxistes le nient avec plus de passion que les bourgeois
157 laisser croire à nos contemporains que ce pire ne puisse être aggravé, si tant est qu’ils s’y abandonnent. Qu’est-ce que l’
158 i les détient, mais l’exercice effectif du savoir peut fort bien le conduire à la ruine ou peut-être même au martyre. Ne soy
159 n’est pas une distinction. Et lequel d’entre nous peut dire qu’il a calculé la dépense ? Il faudrait bien savoir de quoi l’o
160 martyre, dans le monde qu’on nous prépare ? Il se peut , si pourtant Dieu le veut. L’exigence de Kierkegaard se limite à l’in
161  ? L’esprit est drame, attaque et risque. Et l’on peut douter qu’ils y croient, ceux qui flétrissent le matérialisme au nom
162 qu’il existe d’autres biens que nulle violence ne peut dérober, mais c’est une triste réponse à la révolte de ces pauvres qu
163 ’homme ; ainsi Pascal, Nietzsche, Dostoïevski. On pourrait en citer quelques autres. Qu’ont-ils donc de commun, génie à part ? P
164 stants ». Mais cette « crainte d’un seul danger » peut -elle encore, sérieusement, caractériser le chrétien moyen de ce temps
165 ervent, et de sa peur de toute extravagance. « On peut leur faire faire ce qu’on veut, que ce soit le bien ou le mal, une se
166 ’homme seul devant son Dieu. Mais comment cela se peut -il, sinon par l’effet de la foi ? Il faut que Dieu l’appelle, qu’il l
167 a fin et l’ordre éternel de sa vie. Celui-là seul peut juger de ce monde, et s’y tenir comme n’étant pas tenu. Il n’est pas
168 C’est qu’il se fonde sur sa vocation, et qu’il ne peut être lui-même que par le droit divin de la Parole qui le distingue. S
169 La foule n’a pas d’autre existence et pas d’autre pouvoir que mon refus d’exister devant Dieu et d’exercer le pouvoir que je su
170 e mon refus d’exister devant Dieu et d’exercer le pouvoir que je suis. Elle n’est que ma dégradation. Et toutes les « sciences 
171 es temps, dans l’instant éternel. Le solitaire peut -il agir ? Le maléfice hégélien, c’est l’objectivité : cette attitu
172 is il reste à savoir d’où vient ce je, comment il peut agir. S’agit-il d’un impérialisme du moi pur, tel que Fichte l’a foll
173 t pas en cause mon désespoir, ou si l’on veut, je peux rêver dans le sommeil du désespoir à ma perfection idéale, je peux rê
174 e sommeil du désespoir à ma perfection idéale, je peux rêver ma vocation et ses périls… Kierkegaard nous attend au réveil. I
175 s cette absurdité révoltante que rien au monde ne pourrait permettre d’accepter, quand le martyr reçoit sa mort avec une sorte d
176 rte de sobriété… Le croyant seul agit, et seul il peut être sujet de son action, mais c’est qu’il est, dans l’autre sens du
177 n « ailleurs », et que l’éternité vient à lui, il peut réellement et jusqu’au bout accepter de vivre hic et nunc, quand la f
178 e cette « catégorie » lui soit si familière qu’il puisse la considérer, sans autre, comme donnée ? La tentation est forte, de
179 faut rendre sa saveur, c’est à lui seul que l’on peut reprocher d’être insipide. Rien ne sera jamais réel pour tous, si rie
180 ssible » : il faut être le solitaire. Kierkegaard peut -il nous aider ? (Un homme pourrait-il nous aider ?). Ou bien seulemen
181 taire. Kierkegaard peut-il nous aider ? (Un homme pourrait -il nous aider ?). Ou bien seulement nous a-t-il délivrés de nos derni
182 cas aussi exceptionnel que le martyre ? « Nous ne pouvons pas tous devenir martyrs ! » Certes, répond Kierkegaard, mais il vaud
20 1934, Foi et Vie, articles (1928–1977). Kasimir Edschmid, Destin allemand (octobre 1934)
183 )y Le meilleur livre de l’année. Je crois bien pouvoir l’affirmer. Le roman le plus fort, le mieux fait, le plus impressionn
184 ell, et dans la situation où nous sommes, nous ne pouvons plus nous affirmer que par le sacrifice… Il ne s’agit pas de ces sacr
185 e malheur, ça c’est la seule vraie communauté qui puisse exister pour un peuple ». ⁂ J’ai tenu à citer ces passages pour faire
186 qui est plus généralement humain. Destin allemand pourrait aussi s’appeler « La condition humaine ». Et plusieurs des paroles de
187 paroles de Pillau, — les plus belles peut-être — pourraient s’appliquer au destin de n’importe quelle nation, de n’importe quelle
188 ge de cette nation. Mais j’ai dit que cette œuvre pourrait s’intituler tout aussi bien « La condition humaine ». C’est qu’elle é
189 u plus haut sens du mot, je le répète, mais il se peut tout de même que certains lecteurs français en soient choqués — le se
190 ses livres sont les seuls ouvrages français qu’on puisse comparer, tant pour leur sujet que pour leur atmosphère et leur tensi
191 x, comme Edschmid, a voyagé dans des pays où il a pu voir les Européens mêlés à des révolutions indigènes, et comme Edschm
21 1935, Foi et Vie, articles (1928–1977). Notes en marge de Nietzsche (mars 1935)
192 essaire ». Rien de grand, dans l’ordre humain, ne peut être vraiment dangereux pour un chrétien qui sait en qui il croit. Et
193 toutes les pauvres constructions où nous pensions pouvoir nous abriter contre son risque salutaire. M. Bolle a réparti les frag
194 ique, parce qu’il nie que les millénaires à venir puissent produire quelque chose qui ne soit pas, dès maintenant et depuis 1800
195 a Bible nous désigne comme l’enfer même : ne plus pouvoir échapper au temps, ne plus pouvoir mourir, ne plus pouvoir renaître ?
196 même : ne plus pouvoir échapper au temps, ne plus pouvoir mourir, ne plus pouvoir renaître ? La contemplation religieuse du mo
197 chapper au temps, ne plus pouvoir mourir, ne plus pouvoir renaître ? La contemplation religieuse du monde sans l’acuité et la
198 adhésion assez méfiante. Il est trop clair qu’on peut inverser la maxime : « La contemplation intellectuelle du monde sans
199 ainsi qu’il nommait les remarques amères qu’il ne pouvait s’empêcher de former au spectacle de la chrétienté et dans sa nostalg
200 bien plutôt, dernier défi, secrète angoisse de ne pouvoir parvenir lui-même à prendre le repas sacré plus au sérieux que le men
201 aque fois qu’il prononce une vérité. En quoi l’on pourra dire qu’il ressemble fort au croyant, — toutefois, sans le savoir, c’
202 n « de la famille patriarcale ». Comme si l’on ne pouvait pas soutenir l’inverse ! et avec beaucoup plus de vraisemblance et mê
22 1937, Foi et Vie, articles (1928–1977). Luther et la liberté (À propos du Traité du serf arbitre) (avril 1937)
203 iquent très étroitement les uns les autres, et ne peuvent être mieux saisis que dans l’unique et perpétuelle question que nous
204 tenir le libre arbitre religieux, c’est-à-dire le pouvoir qu’aurait l’homme de contribuer à son salut par ses efforts et ses œu
205 ors dans ce Traité ? Une verdeur de polémique qui peut flatter en nous le goût du pittoresque ; l’élan génial, la violence l
206 — quoique involontaire, je le suppose —, dont il pouvait , en l’occurrence, l’accabler. On ne saurait souligner trop fortement
207 aphysicien, que Luther nie le libre arbitre. Ceci pourrait suffire, et doit suffire en droit, à réfuter l’objection d’un moderne
208 r beaucoup trop difficile à concevoir, pour qu’on puisse écarter cette objection par un simple rappel de l’ordre dans lequel l
209 ec un partisan du « serf arbitre » luthérien. (On peut admettre qu’un tel dialogue se déroule même à l’intérieur de la pensé
210 n homme qui veut croire…) Dialogue Car Dieu peut tout à tout instant. C’est là la santé de la foi. Kierkegaard. Un
211 cience et la prescience éternelle de Dieu, qui ne peut faillir dans sa promesse, et auquel nul obstacle ne s’oppose. Que dev
212 s’il le faut ! L. — Tu crois donc détenir un tel pouvoir  ? C. M. — Il me suffit de vouloir l’affirmer. L. — Soit, c’est une
213 Comment la chair tuerait-elle l’Esprit ? Elle ne peut tuer que l’idée fausse qu’elle s’en formait… Tu affirmes que si Dieu
214 s de l’éternité ? Les philosophes et la raison ne peuvent l’imaginer que morte. Mais la Bible nous dit qu’elle est la Vie, et q
215 ant », croire que sa volonté — qui a tout prévu —  peut aussi tout changer en un instant aux yeux de l’homme, sans que rien s
216 cette erreur des plus grossières ? … C. M. — On peut aussi nier l’éternité, et affirmer que seul existe notre temps. Dans
217 refuse, en vertu d’une décision pure. Discuter ne peut nous conduire qu’au seuil de cette décision. Et nous n’aurons pas dia
218 nous n’aurons pas dialogué en vain, si nous avons pu dégager l’alternative du libre arbitre, telle qu’elle se pose dans le
219 la pure grâce jusque dans son sérieux dernier, on peut soutenir que l’homme possède au moins « un faible libre arbitre »71,
220 re faculté de vouloir, mais nie seulement qu’elle puisse suffire à nous obtenir le salut, étant elle-même soumise au mal. Tout
221 eure une pure et simple absurdité. Mais alors, on peut se demander si ceux qui refusent le christianisme échappent vraiment
222 tes de l’homme, jusqu’aux questions dernières que peut envisager notre pensée. Pour échapper au nihilisme qui l’étreint, dès
23 1946, Foi et Vie, articles (1928–1977). Fédéralisme et œcuménisme (octobre 1946)
223 e et naturelle. Or le réformisme moral n’a jamais pu influencer le cours des événements. L’histoire est faite d’initiative
224 rce que, de la combinaison de deux erreurs, on ne peut faire sortir une vérité, mais seulement une erreur aggravée. De même
225 ’œcuménisme Écartons d’abord le malentendu que pourrait suggérer ce titre : nous ne voulons pas parler d’une « théologie œcum
226 i dans l’union des chrétiens en Christ, cette foi pouvant être connotée par le rejet de l’hérésie unitaire. Certes, il n’est pa
227 es orthodoxies que j’appellerai ouvertes. Elle ne peut embrasser une orthodoxie qui céderait consciemment à la tentation uni
228 uelles. N’admettant pas de recours au-delà de son pouvoir , il se prive de toute inspiration créatrice. L’homme n’est plus qu’un
229 de voir qu’à l’attitude œcuménique en religion ne peut correspondre que l’organisation fédéraliste en politique. Quant à la
230 est en effet dans le groupe local que la personne peut se réaliser. Car les tâches civiques y sont à l’échelle de l’individu
231 faire entendre sa voix. Si cela ne suffit pas, on peut changer de groupe. L’on n’est donc pas isolé, comme l’individu se tro
232 ide et uniforme, puisque dans une fédération l’on peut toujours adhérer à divers groupes, l’un religieux, l’autre social, le
233 l ménage un recours au citoyen contre les abus de pouvoirs locaux. Il cherche la coopération organique de ses membres et non cet
234 a paix comme « l’harmonie des âmes fortes ». Nous pourrions pareillement définir l’œcuménisme et le fédéralisme en remplaçant « â
235 ux la « démocratie ». Ils attendent un régime qui puisse allier la liberté à la communauté. Dans le fédéralisme, démocrates et
236 démocrates et totalitaires de droite et de gauche pourront trouver la plénitude de leurs idéaux incomplets, séparés, et par là m
237 s. Le totalitarisme est un état de guerre, qui ne peut subsister normalement. Il ne reste donc à prévoir qu’un vide économiq
238 liste et au totalitarisme qui en est né. Mais qui peut aujourd’hui proposer cette réponse ? Le rôle d’Hitler est de détruire
239 e de Churchill est de faire la guerre. Mais il ne pourra pas la gagner réellement s’il ne propose rien aux peuples de l’Europe
240 épondra. Avant même de se demander si les Églises peuvent répondre, il faut qu’elles comprennent qu’elles le doivent. Mais les
241 si bien, certaines raisons de croire que l’Église peut agir, raisons que nous allons énumérer, sont-elles moins destinées à
242 formaient un tout, et constituaient à eux deux le Pouvoir . Renverser l’un, c’était donc fatalement s’attaquer à l’autre. Et com
243 mme une révolution copie toujours la structure du pouvoir qu’elle renverse, un Staline, un Hitler et, dans une mesure moindre,
244 t ils triomphaient : ils réclamèrent à la fois le pouvoir temporel et l’autorité spirituelle, et devinrent donc totalitaires. D
245 toujours été mis au-dessus des devoirs envers le Pouvoir politique. Lors donc que la foi s’est affaiblie dans ces pays, cette
246 rd ; 2° que l’action, que le mouvement œcuménique peut et doit exercer sur ces processus religieux, préparera le terrain pou
247 ses actuellement existantes, et sur lesquelles on puisse construire dès maintenant. (La « religion de l’homme », ou du surhomm
248 prudente considération des forces dont il croyait pouvoir disposer, mais de ce que Dieu voulait qu’il fît. C’est toujours une u
24 1977, Foi et Vie, articles (1928–1977). Pédagogie des catastrophes (avril 1977)
249 ustries, il est non moins vrai que l’Europe seule peut produire les anticorps des toxines qu’elle a répandues, et peut élabo
250 les anticorps des toxines qu’elle a répandues, et peut élaborer un modèle politique qui soit tentant pour le tiers-monde. Q
251 l’échec du colonialisme, je suis sceptique. Il se peut que le tiers-monde ne désire imiter qu’un Occident dominateur et sans
252 vous les chances de votre projet ? Quelles forces peut -il mobiliser ? Qui est pour ? Qui sera contre ? Et qui va le prendre
253 sens, tout occupés qu’ils sont à se maintenir au pouvoir . Ils voudraient bien agir dans le sens de mon plan, mais s’ils en mon
254 ntion, ils perdraient aussitôt, et à coup sûr, le pouvoir de le faire peut-être un jour… Je n’en vois pas un seul qui ait risqu
255 régionaux qu’européens. Leur but est d’accéder au pouvoir existant, d’occuper ses bureaux, de s’asseoir dans ses fauteuils, de
256 radicalement, encore moins de créer un tout autre pouvoir . Même jeu donc pour la droite et la gauche, selon qu’elles ont le pou
257 our la droite et la gauche, selon qu’elles ont le pouvoir ou seulement l’ambitionnent : sa structure leur dicte ses lois. Quant
258 e l’Europe, ni de régions, ni de la création d’un pouvoir neuf, mais très souvent, presque toujours de « pollution », notez cel
259 vous venez de le caractériser très justement, ne puisse changer à bref délai ; et la vision d’un avenir vivant, qui peut fair
260 bref délai ; et la vision d’un avenir vivant, qui peut faire se lever d’autres forces. Rien de ce qui nous semble aujourd’hu
261 tique ne va durer, parce que rien de tout cela ne peut durer. Aucune des conditions de survie d’une civilisation quelconque
262 se doit. Plus grave encore, cette civilisation ne peut produire nulle garantie de sécurité égale ou supérieure aux risques p
263 monde va finir. La seule raison pour laquelle il pourrait durer, c’est qu’il existe. Que cette raison est faible, comparée à to
264 ais à faire sous le ciel ? Dans les partis, tout peut changer. Certains, disait Emmanuel Berl « peuvent en avoir marre tout
265 ut peut changer. Certains, disait Emmanuel Berl «  peuvent en avoir marre tout d’un coup »74. Déjà s’opère en toutes classes soc
266 ave vient de se voir renversé après trente ans de pouvoir , parce qu’il s’obstinait à confondre progrès social et centrales nucl
267 d que seules des unités de dimensions restreintes peuvent être appréhendées par leurs habitants et leur offrir un cadre de vie
268 résoudre leurs différends, on ne voit pas ce qui pourrait justifier l’espoir fou qu’ils deviennent raisonnables dans les dix ou
269 de vous imposer ce que le bon sens jamais n’aura pu faire, et c’est la réalité elle-même qui va recourir à la pédagogie d
270 de droit divin, un roi madré et un dictateur fou pouvaient nous jeter d’un jour à l’autre, si cela leur chantait ou pour que nou
271 ule après coup. Tout le monde aujourd’hui sait ou pourrait savoir ce que je découvrais et croyais révéler : les ressources limit
272 is une plus grande lisibilité de l’évolution, qui peut faciliter ce changement. Les catastrophes n’apprendront rien à ceux q
273 re ? » Question morbide, mais lucide, et qu’on ne peut simplement écarter. Je veux que l’homme dure à cause de l’espérance.
274 il arrivera… ce que nous sommes. Et quoi d’autre peut -il arriver ? Et venant d’où ? (À part les tremblements de terre.) Il
275 résenter, nous le rendre présent, l’anticiper. On peut anticiper l’avenir et le prévoir par les yeux de la foi, « substance
276 ». Mais à l’aide d’appareils scientifiques, on ne peut voir que du passé, des faits, c’est-à-dire du factum, du déjà fait. T
277 . Isaïe n’était pas chrétien.) Dira-t-on que l’on peut partager telles idées sur les méfaits des centrales nucléaires et les
278 ymbolique en tant que nœuds de problèmes qu’on ne peut résoudre ou trancher sans impliquer des décisions métaphysiques et re
279 est perdu. On le sait dans les hautes sphères du Pouvoir . Chacun, pour se sauver en tant que nation, vend ou achète les armes