1
hines couvre déjà la plainte humaine. Il y a ceux
qui
pleurent le passé et ceux qui prophétisent, ceux qui jettent une impr
2
umaine. Il y a ceux qui pleurent le passé et ceux
qui
prophétisent, ceux qui jettent une imprécation stérile et magnifique
3
pleurent le passé et ceux qui prophétisent, ceux
qui
jettent une imprécation stérile et magnifique contre l’époque et ceux
4
ion stérile et magnifique contre l’époque et ceux
qui
cherchent à l’oublier dans le rêve, dans l’utopie, dans une belle doc
5
our de nous et d’en croire nos yeux. I. L’homme
qui
a réussi Je prends Henry Ford comme un symbole du monde moderne, e
6
aire, il a résolu la question sociale d’une façon
qui
ne devrait pas déplaire aux doctrinaires de gauche, lesquels ont cout
7
mondiale des « idées » d’Henry Ford et des livres
qui
les répandent. L’on ne pourra qu’y applaudir, semble-t-il, en souhait
8
de la juger. Le héros de l’époque, c’est l’homme
qui
a réussi. Mais à quoi ? C’est la plus grave question qu’on puisse pos
9
I. M. Ford a ses idées, ou la philosophie de ceux
qui
n’en veulent pas Nous avons dit tout à l’heure quel fut le but de
10
elui du consommateur. Prenons cette petite phrase
qui
n’a l’air de rien : « Nul ne contestera que, si l’on abaisse suffisam
11
s. J’y vois la réalisation concrète d’une théorie
qui
tend à faire de ce monde un séjour meilleur pour les hommes. » C’est
12
vers la production matérielle et vers la richesse
qui
en est le fruit. On ne saurait mieux dire. Mais il faudrait en tirer
13
triomphe est facile. C’est le technicien parfait
qui
combat les techniciens imparfaits. Il ne se demande jamais si la tech
14
xes plus ou moins intéressés, optimisme d’homme à
qui
tout réussit, messianisme de la machine, méconnaissance glorieuse des
15
ut agrémenté d’humour et exposé avec un simplisme
qui
emporte à coup sûr l’adhésion du gros public : telle est l’idéologie
16
rait appeler le plus actif du monde, l’un de ceux
qui
influent le plus sur notre civilisation, possède la philosophie la pl
17
il est ici tragiquement aigu. Est-ce notre pensée
qui
, à force de subtiliser, est devenue trop faible pour nous conduire ?
18
pour nous conduire ? Ou bien est-ce notre action
qui
est devenue trop effrénée, trop folle, pour être justiciable encore d
19
de l’Esprit. C’est déjà un fait d’expérience. Et
qui
n’en pourrait citer un exemple individuel ? Nous savons assez en quel
20
prière. Cela s’appelle encore vivre. Mais l’homme
qui
était un membre vivant dans le corps de la Nature, lié par les liens
21
donne donc la place, mais c’est pourtant lui seul
qui
nous permettrait de jouir de notre liberté. La victoire mécanicienne
22
ant, par l’effort de l’acquérir, les forces mêmes
qui
nous la firent désirer. 2° Accepter l’esprit, et ses conditions. Je
23
ne. Ces êtres, d’une espèce de plus en plus rare,
qui
savent encore quelque chose de la vie profonde, qui voient encore des
24
i savent encore quelque chose de la vie profonde,
qui
voient encore des vérités invisibles, qui gardent, par quelle grâce ?
25
ofonde, qui voient encore des vérités invisibles,
qui
gardent, par quelle grâce ? un peu de cette connaissance active de Di
26
⁂ Je ne pense pas qu’une attitude réactionnaire
qui
consisterait à vouloir en revenir à la période préindustrielle soit a
27
ient à composer les deux périls en une résultante
qui
est la civilisation. Appelons humanisme l’art de composer pour la déf
28
it-elle songer à l’activité de cet espion anglais
qui
parvint durant la guerre à diriger le service de contre-espionnage al
29
e reste imprégnée. La science se moque des nuages
qui
animaient la matière d’intentions morales. Elle-même cependant est to
30
opies mêmes, desséchant les sources de notre foi.
Qui
parlait donc d’un « humanisme scientifique » ? Nous avons été pris de
31
-il d’enrayer la science ? Non, mais que l’esprit
qui
l’a créée, la surpasse7. Seul un parti pris constant en faveur de l’e
32
sinon par la rigueur au moins égale d’une pensée
qui
par ailleurs participe de la liberté : j’entends la pensée mystique.
33
té et de la grâce, ils échappent à cette fatalité
qui
est le signe du monde matériel. Je vois l’humanisme nouveau sous l’a
34
réhender la vie, de hiérarchiser nos entreprises,
qui
ne bannirait pas de l’existence la poésie, ce sens du Réel. Je vois s
35
assez aisé de prévoir et de décrire une tentation
qui
le guette et à laquelle tout humanisme paraît enclin : celle de créer
36
suffisant : qu’ils peuvent être atteints. Mais ce
qui
parfait la stature de l’homme, c’est l’effort pour se dépasser — indé
37
une direction : il y réussirait trop aisément. Ce
qui
manque à l’homme moderne, c’est un principe d’harmonie qui lui garant
38
e à l’homme moderne, c’est un principe d’harmonie
qui
lui garantisse le caractère « d’humanité » de ses démarches intellect
39
ale 9, est, croyons-nous, le récit des événements
qui
précédèrent l’aventure chinoise de l’auteur. C’est un roman plus dépo
40
dépouillé, plus inégal aussi à certains égards et
qui
cette fois ne montre pas l’homme aux prises avec l’humanité civilisée
41
ourrait tirer un prix considérable. Sur le bateau
qui
l’amène à pied d’œuvre, il s’associe à un aventurier danois, Perken,
42
aventurier danois, Perken, personnage énigmatique
qui
possède une sorte de puissance militaire, sans doute irrégulière, dan
43
am, et auquel l’auteur prête des caractéristiques
qui
le rapprochent du Garine des Conquérants : « hostilité à l’égard des
44
dont l’objet demeure assez incertain. Ce mystère
qui
entoure Perken durant tout le récit, au travers des aventures des deu
45
à ces gens — on en rencontre dans les affaires —
qui
se donnent une espèce d’autorité en ne parlant jamais que par allusio
46
s et mots couverts. Il intimide un peu le lecteur
qui
ne se sent pas complice de ses secrets desseins. Au reste, le livre s
47
en a pas. Perken, comme Garine, est de ces êtres
qui
agissent par désespoir, parce que l’action, à tout prendre, est une d
48
’absurdité de la vie ». L’agonie lente de Perken,
qui
est tombé sur les « pointes de guerre » empoisonnées des Moïs, est un
49
éclate douloureusement la révolte d’un être pour
qui
la mort ne peut être qu’une « défaite monstrueuse ». Ainsi les incide
50
e à vivre contre la mort, même fièvre de lucidité
qui
ne laisse subsister de tous les sentiments qu’une « fraternité désesp
51
t c’est sans doute le tempérament de leur auteur.
Qui
n’a pas remarqué que les portraits des meilleurs peintres ressemblent
52
ont tous les personnages peints par Rembrandt, et
qui
permet de les identifier au premier coup d’œil, ce « commun dénominat
53
de masques si dissemblables, n’est-ce point cela
qui
forme l’autoportrait le plus profondément ressemblant du maître ? Ain
54
’un Perken, les traits d’une individualité morale
qui
n’est sans doute que l’idée la plus forte que M. Malraux se fait de l
55
n certain « homme moderne », — l’homme sans Dieu,
qui
n’attend rien que de cette vie, mais auquel cette vie même, en fin de
56
fuse de lui trouver un sens dans la mort. L’homme
qui
pourrait se définir : « Dieu n’est pas, donc je suis » ; l’homme seul
57
ne sais pas aujourd’hui le livre « bien pensant »
qui
pose avec une pareille acuité le problème central de notre civilisati
58
gueil de vivre, dénonce la paresse de la religion
qui
n’est qu’un refuge contre la vie. Elle nous amène à un point de jugem
59
à donner une « importance » relative à des œuvres
qui
« signifient » plus qu’elles ne « sont ». L’on mesure ici l’écart d’a
60
ici l’écart d’avec la littérature d’avant-guerre,
qui
était avant tout un art. La nôtre ayant voix au forum discute autant
61
a société. Elle a l’absence de scrupules des gens
qui
ont une mission urgente à remplir. Ces quelques remarques nous placen
62
pective la plus équitable. C’est le type du livre
qui
vaut surtout par l’attitude qu’il manifeste et commente. Son sujet :
63
jeune normalien marxiste. Citons quelques phrases
qui
donneront le ton et les thèmes principaux : J’avais vingt ans. Je ne
64
it penser dividendes, impérialisme, plus-value. —
Qui
donc nous aurait révélé de bonnes raisons brutales, de bonnes raisons
65
e se trouve « décantée jusqu’à l’essence, tout ce
qui
allongeait la sauce évaporé. Il demeure un résidu impitoyable, descri
66
se trouve « réduite à son état de pureté extrême
qui
est l’état économique ». Si les mœurs sont occidentales, les habitant
67
ces gens, si nombreux aujourd’hui (Freud, etc.),
qui
croient que le pire est toujours le plus vrai ; que la prose est plus
68
e en est à l’idéologie bourgeoise du xixe siècle
qui
consiste dans une large mesure à éviter d’appeler les choses par leur
69
e M. Nizan n’est pas de nous rendre le goût de ce
qui
, en Europe, « allongeait la solution », je ne puis m’empêcher de pens
70
ence de l’Europe, — « son état de pureté extrême,
qui
est l’économique » ? On reconnaît ici la thèse marxiste, dont le moin
71
ute réforme à une préalable révolution économique
qui
paraît de plus en plus impossible, car elle équivaudrait à une transf
72
ns avec une incroyable légèreté, — en littérateur
qui
cherche l’effet pittoresque. « Les curés de tous les dieux blancs se
73
glise, une prison. » Triste carence d’un jugement
qui
se prétend humain ! Pensez-y M. Nizan : quelle que soit la Tchéka rég
74
les églises que dans les prisons, — et des hommes
qui
viendront y trouver leur liberté. Mais pourquoi dira-t-on, s’arrêter
75
e les Anglais appellent « sécularisme ». Ce terme
qui
sans doute reviendra souvent dans les chroniques de Foi et Vie , « r
76
sation moderne à l’égard de toute autorité divine
qui
est le trait dominant de notre époque » — pour reprendre la définitio
77
il nous interdira formellement de procéder en ce
qui
le concerne lui-même, à des analyses ou à des réductions du même ordr
78
t en même temps il se réclame d’un Esprit éternel
qui
cependant est né et dont on ne saurait prévoir les avatars. Tout cela
79
rouve mis en présence d’un marxiste, par exemple,
qui
lui déclare nettement que son Esprit est un produit purement bourgeoi
80
ous dit-on, par « sa terreur sincère de la vérité
qui
menace ». Mais partout ailleurs, qu’en cette commune antipathie, M. M
81
s enfin le règne de l’homme ! » Mais le chrétien,
qui
sait un peu ce qu’est ce monstre, se demande, songeant à l’Europe, s’
82
s recevions des livres, des lettres. Van Gogh, en
qui
nous aimions tout : le pasteur, le peintre et le fou, semait en nous
83
é. Et voilà, n’est-ce pas, un ton et une ferveur
qui
rendront vaines beaucoup d’objections, ou qui expliqueront dès l’abor
84
eur qui rendront vaines beaucoup d’objections, ou
qui
expliqueront dès l’abord, et légitimeront aux yeux de beaucoup, le ch
85
offrets, objets ouvragés. Il y a là une tradition
qui
certainement est bien huguenote : elle remonte aux meubles de Boulle,
86
dans sa pureté, sa nudité, ce sens de l’artisanat
qui
se refuse aux truquages, aux trompe-l’œil, ne dissocie jamais la rech
87
nt de pouvoir trancher de ce que doit être un art
qui
l’exprime. En d’autres termes, la définition d’un art protestant est
88
un renouveau doctrinal. Car, et c’est un paradoxe
qui
n’étonnera pas ceux que le problème de la création intéresse, l’artis
89
de principes définis — je ne dis pas de cadres —
qui
lui servent de thèmes dans ses variations, d’appui dans ses tâtonneme
90
ainte, de stimulant dans l’atmosphère spirituelle
qui
préside à l’élaboration d’une œuvre. Pas de style religieux sans doct
91
rement évangélique pour transcender la confession
qui
lui a permis de naître. La grandeur d’un art protestant, c’est de n’ê
92
x de problèmes essentiels : c’est une performance
qui
vaut d’être enregistrée. Rien de très neuf dans cette trilogie philos
93
s grandeurs et les misères d’une ère mécanicienne
qui
prélude à l’organisation du monde-termitière type Lénine ou Ford. Sou
94
s et matériels réservés autrefois à ceux-là seuls
qui
, par leur naissance ou leur milieu, se trouvaient préparés pour en jo
95
résoudre dans le sens d’une philosophie de la vie
qui
rende aux valeurs spirituelles leur primauté : car c’est à cette cond
96
« formidablement ennuyeux » — un idéal de risque
qui
redonne à toutes choses leur vivante réalité. Mais tout ceci, à quoi
97
fisante. Ce n’est pas la peur du monde-termitière
qui
sauvera la condition humaine menacée par le matérialisme : c’est un i
98
ini. À ces deux éléments s’en ajoute un troisième
qui
est moins visible, mais dont la présence constante donne au livre tou
99
Belloc dont voici la traduction : L’amour de Dieu
qui
mène aux royaumes d’en-haut est contrecarré par le dieu de l’Amour.
100
, et si vous la lisez, ne dites pas à vos amis ce
qui
arrive avant qu’ils n’aient lu eux-mêmes le livre. J’espère que les c
101
on ne s’y manifeste que par de très petits gestes
qui
, échappant soudain à des êtres d’ordinaire admirablement corrects et
102
ociété anglaise ne soit pas dépourvue d’un charme
qui
attirera certains lecteurs, qui agacera un peu les autres. M. Charles
103
urvue d’un charme qui attirera certains lecteurs,
qui
agacera un peu les autres. M. Charles Du Bos, dans la très belle préf
104
vec un jeune lord ; toute l’existence d’une femme
qui
ne cesse, jusqu’à sa dernière heure, d’aimer et de souffrir par son a
105
’agencement des incidents. Ce n’est pas un auteur
qui
s’arroge un petit jugement dernier de ses personnages, comme le moral
106
ntradictoires qu’elles provoquent. Et le tragique
qui
se dégage lentement de cette longue confusion de plaisirs mondains, d
107
du consentement aux lois de la vie. Seule épreuve
qui
permette de nous en libérer. Car au-dessus des fatalités humaines, ce
108
libérer. Car au-dessus des fatalités humaines, ce
qui
compte chez les personnages de Baring, c’est la manière d’accepter un
109
, de la transfigurer ou d’y succomber. C’est cela
qui
forme le sujet implicite, nous l’avons dit, de son œuvre romanesque.
110
auquel on sent que Baring attache une importance
qui
n’est pas uniquement « romanesque » — le mouvement du récit se ralent
111
tit, au contraire, fâcheusement en ces pages — et
qui
s’explique si l’on a lu la phrase par quoi se termine un précédent li
112
pousé un Italien et vit dans un milieu catholique
qui
n’exerce, dit-elle, aucune pression sur ses convictions religieuses.
113
s le plus conventionnel. Car à une tante anglaise
qui
lui exprime l’espoir que sa vie à l’étranger n’ait point ébranlé sa f
114
nuie. » Et l’on découvre soudain que cette femme,
qui
a subi sans les mettre jamais en question les exigences les plus terr
115
églises anglaises. Ces deux respectables ladies,
qui
ne jouent pas d’autre rôle dans l’histoire, sont ridicules et convent
116
rine ?). Voici quelques traits amusants ou cruels
qui
les caractérisent. « Naturellement, vous allez à l’église le dimanche
117
s jamais aucune excentricité. » Elle appelle ceux
qui
passent à l’Église romaine des « pervertis » : « Nous en avons eu tro
118
trop dans la famille, votre pauvre oncle Charles…
qui
avait stupéfié la famille en devenant catholique…, puis Edmund Lely,
119
, puis Edmund Lely, cousin germain de votre père,
qui
est devenu moine, et qui marche pieds nus, à l’étranger lui aussi ; p
120
n germain de votre père, qui est devenu moine, et
qui
marche pieds nus, à l’étranger lui aussi ; puis il y a eu votre pauvr
121
e part, tous les catholiques qu’elle rencontre et
qui
lui parlent de leur foi se distinguent par une humanité charmante, «
122
se sentirait-elle pas attirée par la Rome papale,
qui
la console de la Rome de son mari et la venge de l’Angleterre de ses
123
angement de confession ramène les mêmes arguments
qui
retiennent l’esprit à la périphérie des vérités religieuses, là où el
124
est pas une conversion18, c’est une adhésion à ce
qui
lui semble être la vérité. Sa vraie conversion a lieu beaucoup plus t
125
ec notre bien, et à taxer d’immoralisme tout acte
qui
entraîne des ruines humaines. Mais la vérité, elle, est indifférente
126
dans La Princesse Blanche, ce sont deux prêtres19
qui
, au moment décisif, viennent apporter ce dur message à l’âme de celle
127
viennent apporter ce dur message à l’âme de celle
qui
demandait d’être apaisée. Admirables dialogues, déchirants et triomph
128
Admirables dialogues, déchirants et triomphants,
qui
comptent parmi les chefs-d’œuvre de la littérature religieuse. Celui
129
de Baring. En voici la conclusion. (C’est Blanche
qui
parle au père Michaël.) Vous comprenez tout à présent. Je vous deman
130
e n’est plus très éloigné peut-être de cette joie
qui
, elle aussi, est « par-delà », — cette joie « qui surpasse toute conn
131
qui, elle aussi, est « par-delà », — cette joie «
qui
surpasse toute connaissance ». 16. La Princesse Blanche, Stock, éd
132
ellectuel et religieux français, est un événement
qui
mérite d’être signalé et qui aura un profond retentissement dans le p
133
is, est un événement qui mérite d’être signalé et
qui
aura un profond retentissement dans le protestantisme en particulier.
134
énement de sa vie fut la mort de l’Évêque Mynster
qui
avait été très estimé au Danemark et que Kierkegaard lui-même avait a
135
du protestantisme, que la polémique et la satire
qui
sévirent, dans le premier, dès ses origines, ne se donnèrent cours pa
136
ssion la plus caractéristique de ce nouvel homme,
qui
a dépassé le romantisme, est la nouvelle psychologie. L’œuvre la plus
137
stre (juillet 1931)k Mlle Claire-Éliane Engel,
qui
a conquis maint sommet du massif du Mont-Blanc, et un grade de docteu
138
ter avec la discrétion et souvent l’ironie légère
qui
conviennent. Plus encore que par leur valeur proprement littéraire et
139
t. Nous essaierons de l’esquisser plus loin. ⁂ Ce
qui
frappe dès l’abord, c’est la pauvreté de la littérature alpestre en F
140
bons sauvages. Et pour la grande majorité de ceux
qui
, après lui, feront intervenir la montagne dans leurs œuvres, elle n’e
141
presque exclusivement l’âme humaine. La montagne
qui
repousse l’homme, la montagne farouche, effrayante, leur a semblé inc
142
a fièvre au cours des longues heures silencieuses
qui
s’égrènent une à une dans les solitudes de rocs et de glace. » Sénanc
143
mbole de l’éternité ? — C’est aussi quelque chose
qui
devrait être surmonté, nous souffle une voix émouvante, aux résonance
144
vrai dire, nous quittons la littérature. « Celui
qui
sait respirer l’atmosphère de mon œuvre sait que c’est une atmosphère
145
emière fois, le ton des hauteurs, le ton de celui
qui
les a conquises, physiquement aussi. Toute l’œuvre de Nietzsche est p
146
comme elles s’opposent à la médiocre littérature
qui
transforme les sommets en images d’un Dieu vertueux, ou en remparts d
147
de Traz intitula Nietzsche et les hauteurs 23, et
qui
, posé en face du tableau franco-anglais, fournit un contraste de haut
148
i, par l’effort de discipline qu’elles exigent de
qui
veut les vaincre, c’est un classicisme héroïque qu’elles inspirent. C
149
constructivisme assez austère, mais stimulant, et
qui
mène à la joie… C’est un thème très « protestant ». Nietzsche l’a dév
150
us impose le monde contemporain, c’est l’habileté
qui
triomphe, et non plus la « virtu ». L’héroïsme, au vieux sens du mot,
151
le goût du sport trahit-il la nostalgie d’une vie
qui
comporterait des risques extérieurs. Mais c’est là se contenter à bon
152
rop littéraire. C’est un livre entièrement simple
qui
nous introduit dans la connaissance de la misère, et par là même nous
153
s mobiles personnels, affectifs, voire religieux,
qui
sont à l’origine de son entreprise. C’est même un des malheurs de not
154
rop rapide suppose une cécité partielle chez ceux
qui
s’y livrent, une incapacité organique à situer leur effort dans une v
155
vra cette « genèse » à vrai dire passionnante, et
qui
nous fait pénétrer dans l’intimité d’une vie, aux sources mêmes de se
156
ie, aux sources mêmes de ses déterminations. ⁂ Ce
qui
frappe, dès les premières pages, c’est l’extrême minutie du récit. Le
157
es, c’est l’extrême minutie du récit. Les auteurs
qui
écrivent leurs mémoires s’attachent d’ordinaire aux faits pittoresque
158
ordinaire aux faits pittoresques ou exceptionnels
qui
marquèrent leur vie ; ils négligent volontiers ce qui les rend sembla
159
marquèrent leur vie ; ils négligent volontiers ce
qui
les rend semblables au commun des mortels ; bref, plus ou moins incon
160
ntes, à ces moments de doute, de désir ou d’ennui
qui
constituent la trame réelle de notre activité et qui différencient ra
161
constituent la trame réelle de notre activité et
qui
différencient radicalement notre vie d’un conte de fées. Il n’y a là,
162
une absence d’hypocrisie tout à fait insolite, et
qui
dans certains cas, paraîtra presque scandaleuse à maints lecteurs. Ka
163
deux lignes d’allure conventionnelle, deux lignes
qui
ne traduisent une vérité vécue et particulière. Telle est la certitud
164
ité vécue et particulière. Telle est la certitude
qui
se dégage lentement d’une profusion peu commune de petits faits, de p
165
endues de toits de tuiles, avec de la fumée noire
qui
s’en échappait. Osaka, la nuit, avait un air étrange, quelque chose c
166
honnêteté, caractère impérieux, esprit étroit, et
qui
défend avec violence contre les idées subversives de son fils un ordr
167
de philosophie. Il entendait une voix intérieure
qui
lui disait : « Si tu te mêles de ces affaires, tu ne seras toi-même,
168
militarisme et du capitalisme ; un asile de fous
qui
s’étend sur toute la terre. Sans se préoccuper si c’était le monde ou
169
ans se préoccuper si c’était le monde ou lui-même
qui
était fou, Eiichi décida que, de ce jour-là, il entrerait en bataille
170
ais un soir qu’il prêche au carrefour, la maladie
qui
depuis longtemps l’enfiévrait, le terrasse, dans la boue, sous la plu
171
abits, des prostituées qu’il soigne, des ivrognes
qui
lui font des scènes effroyables, et vont jusqu’à lui tirer dessus, —
172
froyables, et vont jusqu’à lui tirer dessus, — ce
qui
ne l’empêche pas de les reprendre ensuite, chez lui, car il professe
173
Bientôt il prend figure de saint parmi le peuple
qui
le respecte, l’exploite et subit l’empire de sa douceur. Cette deuxiè
174
e par une scène entre le procureur et le prévenu,
qui
vaut d’être citée : — Pourquoi me regardez-vous ainsi ? tonna le Pro
175
quoi me regardez-vous ainsi ? tonna le Procureur,
qui
cherchait à intimider Eiichi. Eiichi garda le silence ; il ne voulait
176
t bien désagréable, puisqu’elle exigeait de celui
qui
s’y livrait de se fâcher, de se poser comme juste et de juger ses sem
177
eauté singulière de l’âme qu’elle révèle. Une âme
qui
sent tout avec force et délicatesse, éprouve tous les penchants humai
178
acles avec un contentement modeste et intelligent
qui
est plus émouvant que bien des chants de victoire de « sauvés ». Une
179
ses hésitations, les traverses souvent fortuites
qui
les provoquent. Et pas trace d’ostentation dans son humilité ou dans
180
oujours l’absence absolue d’hypocrisie de sa part
qui
donne aux choses les plus banales une nouveauté frappante. Cela éclat
181
t presque nietzschéen choquera peut-être des gens
qui
eussent préféré l’habituelle effusion en patois de Chanaan. Mais ce q
182
habituelle effusion en patois de Chanaan. Mais ce
qui
me frappe ici, c’est de voir le reste du chapitre consacré au récit d
183
ment les expressions sentimentales ou rassurantes
qui
pourraient dépasser une action immédiate ou voiler sa difficulté. Les
184
emps de tirer de ce livre une conclusion capitale
qui
, sans doute, fut l’objet déterminant de son auteur. Elle concerne la
185
ale. Il s’attache à cette expression un « ennui »
qui
sert à beaucoup de prétexte pour n’y point réfléchir. Mais à tout pre
186
sse et notre lâcheté naturelles, et l’incertitude
qui
est leur résultante. Quelques-uns s’en tirent en réfutant le marxisme
187
-il de chercher d’autres solutions ? Quant à ceux
qui
acceptent d’étudier à fond ces problèmes, ils ne les rendent, en géné
188
ni même vivants — (ils le devraient.). Pour celui
qui
referme le livre de Kagawa, une certitude s’impose. Je la formulerai
189
e, — cela ne saurait être sans fruits. 24. Ceux
qui
veulent assimiler christianisme et capitalisme feraient bien de ne pa
190
dont lui-même se révèle dépourvu dans une mesure
qui
est celle, exactement, de son art, — considérable. Art de ruses, de p
191
ons et de nuances sarcastiques (celles du serpent
qui
charme à froid) — art qui tout ensemble se définit et se limite par l
192
ques (celles du serpent qui charme à froid) — art
qui
tout ensemble se définit et se limite par l’épithète valéryenne d’exq
193
cueil en savent quelque chose, et le Père jésuite
qui
tenta de soutenir la controverse prit une leçon de distinguo magistra
194
la barre d’un jugement dernier anticipé un esprit
qui
s’honore — on excusera le jeu de mots — d’être « non-prévenu ». Mais
195
ets n’est plus qu’une impudeur raffinée. « Celui
qui
veut sauver sa vie la perdra, mais celui qui veut la perdre la rendra
196
elui qui veut sauver sa vie la perdra, mais celui
qui
veut la perdre la rendra vraiment vivante », répète inlassablement M.
197
répète inlassablement M. Gide25. Seulement, celui
qui
, de propos délibéré, veut perdre sa vie, et non pas pour Christ, mais
198
conclusions en toute logique inévitables. Car ce
qui
naît de l’Évangile n’a de sens que par le jaillissement vers Dieu. Et
199
ectateur de ses antagonismes. Dès lors, la morale
qui
, pourtant, seule l’intéresse, n’est plus qu’un jeu d’équilibres relat
200
on du tragique. Car le tragique naît dans une âme
qui
s’efforce vers l’unité, vers l’unification de ses aspirations et de s
201
e saura-t-il rester un maître pour cette jeunesse
qui
aimait sa ferveur, mais que le monde de demain va contraindre, contra
202
, s’élève à une vertu surhumaine. Je crois que ce
qui
me plaît surtout dans ce récit frémissant, c’est sa noblesse. Les fai
203
e j’écris ces mots : Kierkegaard, — et c’est Gide
qui
, l’un des premiers, l’a prononcé en France. Kierkegaard, un homme qui
204
rs, l’a prononcé en France. Kierkegaard, un homme
qui
ne vous lâche plus. Il a beaucoup parlé de lui-même. Mais là où d’aut
205
aard une chose extraordinaire : soudain c’est lui
qui
me regarde et qui me perce, — et me fait honte d’oublier la grandeur.
206
raordinaire : soudain c’est lui qui me regarde et
qui
me perce, — et me fait honte d’oublier la grandeur. 25. Remarquons
207
5. Remarquons le tour qu’il adopte : « mais celui
qui
veut la perdre… » n. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] André Gid
208
ais Loti. Loti est un notable écrivain protestant
qui
répond à ce même signalement. Et précisément il y aurait lieu à une m
209
e Genève. Loti appartient à ce pays de Saintonge,
qui
, si la force de l’unité française n’avait été irrésistible, avait ce
210
trouve le goût de l’analogie historico-littéraire
qui
caractérise la critique de M. Albert Thibaudet, nous ont fait penser
211
n’est plus aujourd’hui qu’une suite d’événements
qui
se succèdent, et les livres sont fragmentaires, ils se composent d’un
212
ent jamais. Serait-ce la civilisation toute seule
qui
les aurait travaillées à ce point et les aurait ainsi fouillées ? Je
213
ranché le ciel ; les mêmes aspirations demeurent,
qui
faisaient tressaillir nos ancêtres, mais leur légitime objet a été en
214
non plus les espérances de la religion, et l’âme,
qui
montait autrefois, est retombée sur la terre et l’anime de tout l’eff
215
estent à peu près les seuls valables, à nos yeux,
qui
aient été émis en leur temps. La critique la plus moderne les confirm
216
t-à-dire protestant — nous paraît avoir doué ceux
qui
le professèrent (en dépit de certain défaut de sympathie avec leurs s
217
ins protestants, vraiment ?… Ou bien, protestants
qui
écrivent ? — Mais voyons d’abord les œuvres. La critique à peu près u
218
au spectacle de sa décomposition. Ici la famille
qui
résiste, là la famille qui se défait30. Mais gardons-nous de voir dan
219
sition. Ici la famille qui résiste, là la famille
qui
se défait30. Mais gardons-nous de voir dans ce contraste autre chose
220
rnélien et de la passion racinienne, — opposition
qui
se prolonge et trouve son expression moderne dans des œuvres bien plu
221
, aujourd’hui, de confesser. Aussi bien, la force
qui
nous est promise doit-elle nous rendre ce courage léger. Le morali
222
mmer « un caractère protestant »32. Et c’est cela
qui
est grave, — d’autant plus grave que nombre de protestants tiennent à
223
iblesse d’un compromis foncier. Le fort est celui
qui
refuse la louange approximative. Nous ne saurions assez nous garder d
224
urions assez nous garder d’accepter des adhésions
qui
vont aux produits déviés de notre foi. Il est vrai que ceux-ci sont s
225
rt nous prêtions des mains complices à des œuvres
qui
relevaient de conceptions nettement a-chrétiennes de la « moralité pu
226
it dans l’accent de ces docteurs-là quelque chose
qui
les empêchait de convaincre ? Tel étant l’état des choses, suffira-t-
227
e actuel nous met en demeure d’abandonner tout ce
qui
, dans notre éthique, s’inspire d’un conformisme bourgeois plutôt que
228
ur récuser, dans « l’esprit protestant », tout ce
qui
rend inutile la grâce ? Il y va pourtant de notre force de conquête.
229
e sa généralité, de son insistance… Et de ce fait
qui
paraît bien la confirmer : le dessèchement distingué de notre art. To
230
te forme religieuse donne lieu à des formes d’art
qui
manifestent ses traits spécifiques. On peut donc poser que le protest
231
rimer que dans la forme du roman moraliste (forme
qui
par ailleurs flattait un penchant traditionnel de l’esprit français).
232
ientôt réduit au rôle d’une censure tatillonne et
qui
flattait curieusement certaine notion de « correction » bourgeoise. N
233
raint » la vérité ; non point au sens de ce verbe
qui
signifie la révérence, mais comme on craint le risque, que Jésus n’a
234
de sa théologie. Car il est certains cas où celui
qui
craint de dire toute la vérité n’exprime par là rien d’autre que sa m
235
et son optimisme vis-à-vis de la nature humaine,
qui
, selon cette vue, serait bonne, ou du moins meilleure, si on la « pré
236
y faudrait une puissance décuplée, excessive, et
qui
, par la force des choses, tournerait bientôt en révolte, en insolence
237
de l’imagination créatrice chez les protestants,
qui
lui furent plus que d’autres soumis, de par leur sérieux traditionnel
238
vons-nous attendre ? Tout, d’un réveil dogmatique
qui
, s’il traduit et porte un réveil de la foi, ne peut manquer de libére
239
ue du péché et de la grâce souveraine. C’est cela
qui
donne aux romans de Dostoïevski ou d’Émily Brontë ces prolongements p
240
ements poétiques, ces perspectives bouleversantes
qui
manqueront toujours aux œuvres nées sous le signe fatal du moralisme.
241
du, même chez les protestants, qu’un « protestant
qui
écrit » ne saurait être qu’en révolte contre la foi de ses pères. Le
242
uniquement à retrouver dans son œuvre des traces
qui
« malgré tout » révèlent ses origines. Triste jeu. 33. Représentatif
243
Imaginez un membre de l’Académie des sciences
qui
serait aussi directeur de la Comédie française et ministre de l’Intér
244
Comédie française et ministre de l’Intérieur, et
qui
, en marge des expériences accumulées dans l’exercice de ces activités
245
moderne, c’est-à-dire dans l’histoire des peuples
qui
vivent sous le règne du christianisme. Mais le plus grand Occidental
246
stianisme » comme dit Barth, une de ces questions
qui
nous sont posées comme autant d’accusations, et qu’il est de notre de
247
bert Curtius, rappelait récemment dans un article
qui
fit quelque bruit37 les débuts piétistes du jeune Goethe et la part a
248
anquons pas de témoignages écrits de cette époque
qui
permettent d’imaginer ce qu’eût pu être le pendant chrétien du Werthe
249
« sagesse » devint-elle chez Goethe quelque chose
qui
, en fin de compte, ressemble si étrangement à une indifférence non dé
250
? L’on ne saurait ici exagérer la responsabilité
qui
incombe aux « chrétiens » eux-mêmes, tels qu’ils apparurent à ce jeun
251
urait tenir. Rien que des gens d’esprit médiocre,
qui
n’ont eu de pensée raisonnable qu’avec leur première sensation religi
252
uoi faire intervenir dans notre vie une recherche
qui
risque surtout d’être nuisible à la vie ? Bornons-nous à l’utile. Bor
253
gile. Et en présence de l’intempérance de langage
qui
trop souvent caractérise les chrétiens, affirmons que nous ne savons
254
z le poète une sorte de sécheresse religieuse. Ce
qui
à l’origine, n’était qu’humilité de la raison devant l’insondable mys
255
devient, vu de l’extérieur, orgueil de la raison
qui
juge ce monde comme si Dieu n’existait pas, ou encore : comme si Dieu
256
la propagande antireligieuse ». En vérité, Goethe
qui
prêcha l’utile, nous apparaît comme Goethe l’inutilisable, si nous le
257
e dans la communauté de la foi chrétienne l’homme
qui
a pu dire qu’il s’inclinait devant le Christ comme devant la « révéla
258
ue gît la faiblesse religieuse de sa position. Ce
qui
, plus que tout, fait défaut à ce génie, c’est le sens tragique du péc
259
. C’est bien là que réside l’élément transcendant
qui
interdit à la pensée la plus probe de se passer de Dieu quand elle ju
260
’une tout autre sorte que ne l’ont cru nos athées
qui
s’arrêtaient à des boutades anticatholiques ou à des moments d’humeur
261
t refusons-nous donc d’appeler chrétien, un homme
qui
se prétendit tel en maintes occasions, de la façon la plus expresse ?
262
oint là porter un jugement avant tout partial, et
qui
révèle notre insuffisance autant que la sienne ? Certes, hic et nunc,
263
haînement orgueilleux et misérable d’une humanité
qui
croit pouvoir fabriquer son bonheur par ses propres forces, notre dev
264
r d’objet à notre jugement. Bien plutôt c’est lui
qui
nous juge. Il y a dans le Faust, et dans la vie de cet homme, dont le
265
Ils ont tous épousé une cause, une de ces causes
qui
engagent bien plus que l’adhésion des idées, une de ces causes qui do
266
plus que l’adhésion des idées, une de ces causes
qui
doivent être gagnées. Chose étrange, et que l’on eût difficilement pr
267
n. Quels que soient par ailleurs les antagonismes
qui
la divisent — bien plus extrêmes que ceux qui divisèrent les précéden
268
mes qui la divisent — bien plus extrêmes que ceux
qui
divisèrent les précédentes — elle éprouve son unité, elle connaît une
269
millions de nos contemporains. Il y a aussi ceux
qui
se bornent à affirmer la nécessité d’une pensée active, mais qui n’on
270
à affirmer la nécessité d’une pensée active, mais
qui
n’ont pas vu — qui n’ont pas encore vu — tout ce que cela implique. I
271
sité d’une pensée active, mais qui n’ont pas vu —
qui
n’ont pas encore vu — tout ce que cela implique. Ils voient bien le v
272
’un choix profond : christianisme ou marxisme. Ce
qui
revient à dire que seuls les chrétiens, en tant que chrétiens, non pa
273
à deux livres caractéristiques de ce double péril
qui
menace une génération : péril de gauche et péril de droite, pourrait-
274
lupart dans les pages de l’Action française, mais
qui
, marquons-le tout de suite, ne comportent nulle allusion à la positio
275
t cette rénovation. M. Maulnier critique un monde
qui
selon lui tend à la suppression de la personne humaine. Sa critique n
276
te statique, au nom de valeurs tout intemporelles
qui
, n’étant pas religieuses, sont donc abstraites. Il ne suffit pas de d
277
de efficace et créatrice la critique de tout cela
qui
agite le cœur des hommes. Ce n’est pas une férule : c’est un bon outi
278
y a point de questions plus grossières que celles
qui
sont posées ici, qui sont retournées ici. La philosophie présente qui
279
s plus grossières que celles qui sont posées ici,
qui
sont retournées ici. La philosophie présente qui dit et croit qu’elle
280
qui sont retournées ici. La philosophie présente
qui
dit et croit qu’elle se déroule au profit de l’homme, est-elle dirigé
281
on refus d’aborder les questions dites vulgaires,
qui
conduiraient à des conclusions dangereuses pour l’ordre établi. « Nou
282
distance entre ce qu’énonce la philosophie et ce
qui
arrive aux hommes en dépit de sa promesse. » M. Brunschvicg fait un c
283
philosophes d’exclure de leurs recherches tout ce
qui
intéresse chaque homme et tout l’homme, et de déclarer « non philosop
284
mme, et de déclarer « non philosophique » tout ce
qui
ne tombe pas sous le coup de leurs techniques. On dira sans doute que
285
me si on l’appelle avec Marx, l’homme concret (ce
qui
n’est encore qu’une formule), l’homme au singulier des philosophes, o
286
tension orgueilleuse et démesurée du type d’homme
qui
intéresse tel groupe de philosophes, et qui vient se substituer à la
287
homme qui intéresse tel groupe de philosophes, et
qui
vient se substituer à la réelle humanité. C’est, pour M. Brunschvicg,
288
traire, il en émane une sorte de mépris satisfait
qui
révèle un intellectuel déchaîné plus qu’un partisan convaincu. On sen
289
s aider à vivre, à mourir. Je demande à M. Nizan,
qui
est marxiste, si la lecture et la pratique de Marx peut apporter une
290
lutaire, germe de cette « révolution permanente »
qui
doit être l’état du chrétien vis-à-vis de lui-même et de son passé. C
291
-vis de lui-même et de son passé. C’est le danger
qui
nous purifiera. « Toute plante que n’a pas plantée mon Père céleste s
292
châtiment de ceux-là mêmes, de ceux-là justement
qui
refusèrent de « penser dangereusement ». Mais les marxistes n’y échap
293
Mais les marxistes n’y échapperont pas. Car celui
qui
refuse de penser le péché, refuse d’envisager l’ultime et le plus « g
294
40. Et pourtant, M. Nizan cite pas mal de textes
qui
prouveraient le contraire. s. Rougemont Denis de, « Penser dangereu
295
en diminuant, et cela au profit d’une littérature
qui
tient à la fois de l’histoire, de la politique, de la morale et de la
296
blic allemand. Il est bien naturel qu’une société
qui
jouit d’une relative sécurité cherche son divertissement dans des fic
297
e par là qu’il plaît tant au peuple. Le bourgeois
qui
rentre chez lui après 8 heures de bureau demande aux livres une évasi
298
e la médiocre existence quotidienne. Mais l’homme
qui
toute la journée a senti peser sur son œuvre la menace des forces ter
299
retrouver bien en place le lendemain. L’angoisse
qui
plane vaguement, et parfois précisément, sur la civilisation actuelle
300
lles la plupart du temps, et le goût des « romans
qui
posent des problèmes ». On appelait cela de la « littérature difficil
301
rès-guerre, faite en grande partie par des hommes
qui
n’avaient pas eu le temps de se cultiver, est caractérisée par une fa
302
d’une fête intempestive. On demande des lumières
qui
ne soient plus seulement aveuglantes. On voudrait être dirigé, plutôt
303
ait se préparer à « mal finir ». Est-ce le cinéma
qui
a changé tout cela ? L’explication tente les journalistes. Mais le ci
304
cinéma n’est qu’un des effets du changement à vue
qui
s’opère dans toute notre conception du monde. Dans une époque qui a v
305
toute notre conception du monde. Dans une époque
qui
a vu les frontières et les peuples de l’Europe bouleversés ; les régi
306
ses désirs matériels, dans cette énorme aventure
qui
« règne » sur le monde comme une fièvre, le romanesque éclate, rempli
307
s prendre conscience. Alors, toutes les nouvelles
qui
nous parviennent du monde sont comme autant d’épisodes d’un drame qui
308
du monde sont comme autant d’épisodes d’un drame
qui
intéresse chacun de nous. L’homme se prend d’un intérêt passionné pou
309
éricaines de la vie sociale, des albums de photos
qui
pour la première fois, nous semble-t-il, mettent sur notre table le m
310
ts sociaux ou culturels, l’homme demeure cet être
qui
veut penser le monde. Incapable désormais de s’en distraire en le fuy
311
ps. Et depuis lors, que de volumes à grand succès
qui
pourraient reprendre le titre fameux de Paul Valéry : Regards sur le
312
le hantise, comme le grand lieu commun de la peur
qui
s’est emparée des hommes. On ne nous parle plus que du « désarroi act
313
uel ». Il n’est pas d’expression plus juste, pour
qui
se borne à considérer notre époque et les doctrines infiniment contra
314
poque et les doctrines infiniment contradictoires
qui
s’affrontent au milieu du désordre. Il n’est pas d’expression plus fa
315
ession plus fausse, et même plus dangereuse, pour
qui
veut prendre position et pénétrer dans la bagarre universelle. Je voi
316
nt méticuleusement tyrannique, comme une divinité
qui
, depuis peu, serait devenue folle. Des peuples entiers s’exaltent pou
317
Des peuples entiers s’exaltent pour une dictature
qui
tire son seul prestige de la misère et de la lâcheté publique. Des pr
318
ale, flétrie avec grandiloquence par des journaux
qui
vivent de fonds secrets. C’est à tout cela que l’on pense lorsqu’on n
319
de chances qu’aucune autre. Le vieux « désordre »
qui
couvait sous des apparences paisibles, est soudain devenu flagrant. I
320
nos villes européennes de grands panneaux-réclame
qui
parlent un langage clair. Jamais il ne fut plus facile de reconnaître
321
ntéressée, nous ne trouvons jamais aucun principe
qui
unifie. Mais, au contraire, dès que nous nous posons la question de l
322
fs, le choix nécessaire apparaît avec une netteté
qui
, je le répète, est la chance de notre époque. Je voudrais décrire cet
323
traits fort simples. J’insiste sur le mot simple,
qui
me paraît caractériser notre siècle. On dit le contraire un peu parto
324
cation réelle. C’est l’argument des gens en place
qui
, chaque fois que nous venons dire : voici ce qu’il faut faire, nous r
325
alité, ou s’ils le sont, osons les simplifier. Ce
qui
est difficile, ce n’est pas de voir le vrai, c’est d’oser les actes q
326
en garde contre un « certain esprit simpliste »,
qui
est, au vrai, l’esprit de décision et d’engagement concret dont nous
327
rrière des complexités que nous créons à plaisir,
qui
ne sont pas dans la situation et qui sont autant de prétextes à refus
328
s à plaisir, qui ne sont pas dans la situation et
qui
sont autant de prétextes à refuser de prendre position, comme si ce n
329
lle soit, une servitude particulière, une passion
qui
est bien à lui, une vocation. Si l’on admet facilement de nos jours,
330
réalité historique très composite, très générale,
qui
englobe toute l’humanité, et dont les éléments sont presque tous de n
331
. Le destin du siècle, c’est le destin des ismes,
qui
sont — en fin de compte — des abstractions. Et je le répète, pour que
332
inion publique. Elles ont encore un autre nom, et
qui
est commun à toutes : c’est le Nombre, c’est peut-être Légion… Sans d
333
ce que nous prouvent abondamment leurs exigences,
qui
sont la foi aveugle et les sacrifices humains. Ces dieux ont même leu
334
e n’est rien, mais moins que rien, et que tout ce
qui
se passe dans le monde obéit à des lois générales et historiques qui
335
e monde obéit à des lois générales et historiques
qui
échappent à notre volonté et sur lesquelles nos révoltes sont sans pr
336
t comment se défendrait-il quand il adore tout ce
qui
veut sa perte ? Nos camarades marxistes ou racistes ont bien vu le da
337
d de confondre le sacrifice et le suicide. L’élan
qui
jette des millions de nos contemporains dans les destins du siècle, c
338
i peut bien se fonder une loi historique ? Sur ce
qui
a été fait. Toute loi qu’on découvre dans la société humaine repose s
339
pe démissionnaire par excellence du déterminisme,
qui
peut se formuler ainsi : qui a bu boira ! Or, la seule chose intéress
340
nce du déterminisme, qui peut se formuler ainsi :
qui
a bu boira ! Or, la seule chose intéressante au monde — et je dis int
341
au sens le plus profond du terme, la seule chose
qui
intéresse chacune de nos vies —, c’est qu’il y ait parfois, par exemp
342
’est qu’il y ait parfois, par exemple, un ivrogne
qui
s’arrête de boire, ne fût-ce que pour faire mentir le proverbe. Les l
343
et les autres. Ma théorie est la suivante : ceux
qui
pensent que l’homme descend du singe, descendent en effet du singe et
344
, à côté de la race des hommes créés par Dieu, et
qui
, eux, croient et savent qu’ils ont été créés par Dieu. » Cette petite
345
r leur croyance. Ces hommes-là savent au moins ce
qui
les mène et poussent le monde dans la direction où il doit tomber fat
346
t-être supérieurs aux libéraux et aux dilettantes
qui
tombent, eux aussi, mais continuent d’évoquer la liberté et les idéau
347
de nos vies. Sans eux, la préparation des esprits
qui
prélude à toute guerre moderne bien comprise serait impossible. Sans
348
que le concevait le dernier siècle, l’homme isolé
qui
cultivait jalousement sa petite vie intérieure, à l’abri de la Déclar
349
personne à servir. C’est l’état le plus dégradant
qui
soit. On vit alors, chez les meilleurs de ces jeunes gens, se déclare
350
eunes gens, se déclarer une épidémie de suicides,
qui
ne prit pas toujours la forme romantique du coup de revolver, qui pri
351
toujours la forme romantique du coup de revolver,
qui
prit même beaucoup plus souvent la forme d’un enrôlement dans quelque
352
te solidarité, que vaut-elle ? Le premier exemple
qui
vous vient à l’esprit, lorsqu’on vous dit que désormais « tout se tie
353
dualisme les a rationnellement ignorés. Les voilà
qui
reviennent sous le couvert de ce cheval de Troie qui se nomme détermi
354
reviennent sous le couvert de ce cheval de Troie
qui
se nomme déterminisme historique. Il faut croire qu’ils ont la vie du
355
er, ni abdiquer sous leur implacable destin. Ceux
qui
l’ont fait et qui le font encore, je vois bien ce qui les poussait, j
356
us leur implacable destin. Ceux qui l’ont fait et
qui
le font encore, je vois bien ce qui les poussait, je vois bien ce qu’
357
l’ont fait et qui le font encore, je vois bien ce
qui
les poussait, je vois bien ce qu’il y avait d’émouvant dans leur élan
358
d’hommes réels. Nous avons tout calculé, sauf ce
qui
est en effet incalculable : l’acte de l’homme. Mais le temps vient où
359
temps vient où les hommes se lassent de théories
qui
expliquent tout sauf l’essentiel. Voici notre dilemme : voulons-nous
360
nnes ? Voilà le mot lâché. Je connais la réaction
qui
l’accueille. Hé quoi ! dit-on, en face de tous ces monstres menaçants
361
ensées les origines concrètes de ces grands faits
qui
bouleversent le monde. C’est à vous de déceler, par exemple, l’origin
362
, j’ai essayé de vous montrer l’attitude de celui
qui
se réfugie dans l’Histoire42, qui pense par périodes séculaires, qui
363
titude de celui qui se réfugie dans l’Histoire42,
qui
pense par périodes séculaires, qui rêve et qui pour comble, se croit
364
l’Histoire42, qui pense par périodes séculaires,
qui
rêve et qui pour comble, se croit seul éveillé et conscient des réali
365
2, qui pense par périodes séculaires, qui rêve et
qui
pour comble, se croit seul éveillé et conscient des réalités. ]’ai es
366
e vous décrire la pensée personnaliste, la pensée
qui
ne veut s’attacher qu’aux seules tâches immédiates. La personne, au c
367
jectif ? Vous préférez l’homme créateur à l’homme
qui
s’abandonne au destin collectif, mais c’est peut-être votre orgueil q
368
tin collectif, mais c’est peut-être votre orgueil
qui
parle ? Sur quelle vérité supérieure se fonde votre personnalisme ? J
369
primitif, le rapport véritablement humain, celui
qui
unit l’homme à son prochain. Or, ce prochain, l’Évangile seul nous le
370
s cet acte unique d’obéissance à l’ordre de Dieu,
qui
s’appelle l’amour du prochain. Je dis bien : acte, et il faut insiste
371
ociété. On a transporté dans l’histoire cet amour
qui
doit être un acte, une présence et un engagement immédiat. Acte, prés
372
Jésus, l’un d’entre eux se leva et lui dit : Mais
qui
est mon prochain ? Ce docteur se disait sans doute : aimer son procha
373
u lui faire comprendre : le prochain, c’est celui
qui
exerce, en actes, la miséricorde. Cet acte, en chacun de nous, peut ê
374
miséricorde, c’est l’acte le plus révolutionnaire
qui
ait jamais paru dans notre monde. Lui seul suffit à vaincre les desti
375
s du siècle, lui seul atteint le mal à sa racine,
qui
est en nous, qui est au fond de notre désespoir. Les grandes lois his
376
seul atteint le mal à sa racine, qui est en nous,
qui
est au fond de notre désespoir. Les grandes lois historiques et révol
377
notre être, là où réside le désespoir de l’homme
qui
ne connaît pas son destin. Après tout, l’homme désespéré, ce qu’il ve
378
l veut, ce n’est pas une explication du désespoir
qui
le possède, mais c’est une consolation. Je prends ce mot dans son sen
379
tellectuelle du destin de sa classe ou de sa race
qui
va suffire pour l’arracher à sa misère ; il lui faut une rencontre, u
380
temps, conquis le « grand public », celui-là même
qui
, chez nous, consacre ses loisirs à dévorer des prix Goncourt, justifi
381
des éditeurs à l’endroit des meilleurs esprits. À
qui
faut-il s’en prendre ? Aux critiques d’abord, et, en particulier, à c
382
ctement le contraire qu’on peut voir. Le critique
qui
dispose d’un feuilleton régulier dans un hebdomadaire ou un quotidien
383
. Bien loin d’avoir à cœur de signaler les œuvres
qui
risqueraient, sans lui, d’être incomprises ou ignorées, il se content
384
l faut attribuer autant aux philosophes qu’à ceux
qui
ne les lisent plus. Le public se figure que la philosophie est une ac
385
lic se figure que la philosophie est une activité
qui
ne le concerne pas. Il ne nie pas sa valeur intrinsèque. Ou, du moins
386
et mystification. Une pensée vivante, une pensée
qui
aide à vivre, trouve son lieu dans l’acte et nulle part ailleurs. Mai
387
cte43. Et c’est ici la déficience des philosophes
qui
se montre. Sous prétexte de science, la pensée de nos maîtres s’est t
388
mes posés par sa technique détourne des problèmes
qui
se posent en fait. Mais que faut-il penser de ces techniques d’absten
389
st-ce point l’obscur pressentiment d’un tel péril
qui
explique, en dernière analyse, la méfiance réciproque dont je viens d
390
s qu’elle entraîne sont proprement incalculables.
Qui
donc voudra les encourir ? Ceux-là seuls qui n’ont pas à subordonner
391
les. Qui donc voudra les encourir ? Ceux-là seuls
qui
n’ont pas à subordonner la vérité de leur message aux calculs de l’op
392
valeurs dont le monde croit vivre et des valeurs
qui
jugent cette vie. C’est à elle, en particulier, et non pas au marxism
393
ev ? Faut-il une fois de plus évoquer les menaces
qui
pèsent sur la civilisation ? Ou verra-t-on que le service que la pens
394
est obéissance ? Ce ne sont pas les catastrophes
qui
devraient effrayer le chrétien, mais le risque plus immédiat de faill
395
e, c’est de nous avoir délivrés d’une psychologie
qui
dissociait les unités vivantes en éléments abstraits, et prétendait e
396
me. Voici comment il le décrit : … l’impuissance
qui
n’use pas de représailles devient par un mensonge, la « bonté » ; la
397
e, sa lâcheté, cette lâcheté dont il est riche et
qui
, chez lui, fait antichambre, et attend à la porte, inévitablement, ce
398
ns un chapitre consacré aux valeurs humanitaires,
qui
me paraît renfermer l’essentiel de son livre. Le lecteur se sent pris
399
. Nous ne voulons plus l’acte d’amour personnel —
qui
est une valeur héroïque —, mais nous prônons tout simplement un senti
400
ie de perversions : un certain altruisme d’abord,
qui
prend la place de l’acte de miséricorde ; une pitié veule et platoniq
401
te de miséricorde ; une pitié veule et platonique
qui
est le contraire du courage et non pas de la cruauté ; un internation
402
e et non pas de la cruauté ; un internationalisme
qui
n’est qu’une rancune contre la patrie ; un pacifisme qui traduit bien
403
st qu’une rancune contre la patrie ; un pacifisme
qui
traduit bien plus la crainte de « se faire des ennemis » que la surna
404
a surnaturelle paix annoncée par le Christ à ceux
qui
luttent (dans leurs luttes et au-dessus d’elles) ; un égalitarisme qu
405
rs luttes et au-dessus d’elles) ; un égalitarisme
qui
renie la réalité chrétienne de la vocation… Je suis loin d’épuiser la
406
évangélique et, pour comble, vertu de riche, mais
qui
retient encore le pathos chrétien que renferme le mot. Ces quelques
407
alement le socialisme humanitaire et le marxisme,
qui
sont, à tant d’égards, de simples aveux des tendances plus ou moins d
408
uels philosopher ne figure pas l’activité de ceux
qui
n’en veulent point avoir. Son essai manifeste une volonté très nette
409
e ne puis résumer que les thèmes d’une méditation
qui
se propose pour objet d’approcher le mystère indéfinissable de l’être
410
idiot » (p. 261). C’est une histoire de ce genre
qui
caractérise malheureusement l’existence de l’homme moderne, emprisonn
411
e puis me dispenser de me demander du même coup :
qui
suis-je, moi qui questionne sur l’être ? »49 (p. 264). Le problème d
412
er de me demander du même coup : qui suis-je, moi
qui
questionne sur l’être ? »49 (p. 264). Le problème devient alors tout
413
sont inséparables jusqu’au bout, note M. Marcel,
qui
m’apparaît ici très « dialectique » — démarche de la création qui va
414
ci très « dialectique » — démarche de la création
qui
va toujours dans le sens de l’être, à condition qu’elle soit soutenue
415
une philosophie du désespoir, — autant de traits
qui
nous assurent que les problèmes débattus dans ce livre sont de ceux q
416
les problèmes débattus dans ce livre sont de ceux
qui
se posent ; non point de ceux que l’on se plaît à poser gratuitement
417
rale des commerçants » — comme disait Nietzsche —
qui
domine notre société. 43. On trouvera dans les excellents articles
418
. La première partie est un drame en quatre actes
qui
n’est pas à proprement parler une illustration de l’essai, mais qui e
419
oprement parler une illustration de l’essai, mais
qui
est né dans le même temps, et participe de la même problématique (Des
420
. Marcel introduit ici le motif du recueillement,
qui
lui paraît essentiel à toute existence ontologique. J’avoue la plus v
421
avoue la plus vive méfiance à l’égard de ce terme
qui
me paraît dangereusement lié à certain idéalisme de la « vie intérieu
422
t tertre et il avait maudit le Dieu tout-puissant
qui
le laissait mourir de faim. Ce blasphème assombrit toute sa vie ; il
423
iolence, le christianisme officiel et les évêques
qui
avaient loué ses premières œuvres, il se vit abandonné dans la plus c
424
masques à la lutte contre l’Église établie, lutte
qui
devait le mener à la mort parce qu’elle accomplissait sa vocation chr
425
re aussi à sa pensée une influence multiforme, et
qui
va croissant avec le temps. La philosophie allemande contemporaine, a
426
crits les plus dignes de formuler son opinion, et
qui
sont pleins d’amères protestations contre le règne de la masse et les
427
ent. Il s’agirait alors de croire à quelque chose
qui
légitime ce scepticisme ou cette « mesure »… Sinon la foi des uns, fa
428
e sa place à « l’esprit »… Mais, quel esprit ? Et
qui
l’a laissé perdre ? Et que va-t-on lui sacrifier ? Supposez qu’un hom
429
On commencera par mettre en doute son sérieux : «
Qui
est le docteur Søren Kierkegaard ? C’est l’homme dépourvu de sérieux
430
oir autonome, ou la puissance, font décorer celui
qui
les détient, mais l’exercice effectif du savoir peut fort bien le con
431
t l’opinion publique, il proteste en faveur de ce
qui
est « original » ; contre l’emportement des multitudes, il revendique
432
e, seul. Cette primauté de la foi sur les vérités
qui
font vivre, cette solitude première devant Dieu, est-ce bien cela que
433
isque. Et l’on peut douter qu’ils y croient, ceux
qui
flétrissent le matérialisme au nom des biens qu’ils n’ont pas su défe
434
ferait bien d’aller le prendre parmi ceux-là pour
qui
l’esprit n’a pas à se défendre, mais bien à témoigner de son incarnat
435
incarnation ; on ferait bien d’aller à ceux pour
qui
l’esprit n’est pas une espèce de confort, mais une aventure absolue e
436
tre espoir de trouver un autre chemin : un chemin
qui
ne mène à Rome, ni à Berlin, ni à Moscou, mais à nous-mêmes devant Di
437
l’objection la plus absolue, la plus fondamentale
qui
lui soit faite, une figure littéralement gênante, un rappel presque i
438
s d’applaudir à ses thèses pour apaiser ce regard
qui
nous perce, et si nous sommes sourds à sa voix, comment étouffer le s
439
voix, comment étouffer le scandale de cette mort
qui
définit le destin de l’esprit parmi nous ? Si l’Opinion publique a tu
440
e sa face hilare au-dessus des bourreaux pantois,
qui
se refusent dignement à couper une tête pareille. Enfin, le chat disp
441
ître. On voit d’abord son rire, rien que son rire
qui
plane, immatériel. Ensuite, seulement, la tête se recompose autour de
442
homme, justement, que l’Histoire fait trembler et
qui
se réfugie dans les soucis publics comme on va voir un film pour s’ou
443
omme affolé par la lecture de son journal, — mais
qui
porte l’enfer dans son âme ! — Kierkegaard a montré « le comique infi
444
son aiguillon contre le « monde chrétien », celui
qui
se réclame de l’esprit, ou qui fait profession de l’appeler. « Le Nou
445
chrétien », celui qui se réclame de l’esprit, ou
qui
fait profession de l’appeler. « Le Nouveau Testament ressemble à une
446
consolations et encore des consolations pour ceux
qui
souffrent à cause du Christ. Il suppose, sans autre, que le chrétien
447
autres ? Comique amer et infini de ce « croyant »
qui
tremble pour le sort de l’esprit dans le monde, et pour son sort dans
448
et sur ce texte on nous fait des sermons, à nous
qui
n’avons pas voulu souffrir ». « Dans l’église somptueuse paraît le Tr
449
de Dieu est telle qu’on y trouve quelque passage
qui
dise le contraire d’un autre. » Car l’apparence de la contradiction n
450
qu’ils appellent l’amour.57 » Rire du solitaire,
qui
ressemble peut-être à la pitié énigmatique d’un Dostoïevski. Ici tout
451
les ; que l’on écarte, au premier pas, trois mots
qui
faussent tout : anarchie, romantisme, individu. Il n’est que de les m
452
e troupeau. Le solitaire devant Dieu, c’est celui
qui
répond à la foi, cet appel. Quand on parle de romantisme, d’anarchie,
453
lui-même en révolte contre l’ordre reçu de Dieu,
qui
sera l’Ordre du Royaume. Et nier une négation, c’est s’enfoncer dans
454
saint Paul. Le solitaire devant Dieu, c’est celui
qui
se tient à l’origine de sa réalité. Celui-là seul connaît sa fin et l
455
ietzschéisme agressif, ou désespoir du démoniaque
qui
veut être soi-même, « en haine de l’existence et selon sa misère ». C
456
n vraiment méchante s’arcboute toujours contre ce
qui
la suscite.58 » Et celui qui recourt à son moi révolté contre les for
457
e toujours contre ce qui la suscite.58 » Et celui
qui
recourt à son moi révolté contre les forces d’anéantissement, s’appui
458
néant et précipite sa propre ruine. Le solitaire
qui
condamne « la masse » n’est un aristocrate que s’il ne veut pas l’êtr
459
être lui-même que par le droit divin de la Parole
qui
le distingue. Suprême humilité du solitaire ! Il ne saurait se compar
460
siens. Elle est le lieu de rendez-vous des hommes
qui
se fuient, eux et leur vocation. Elle n’est personne, et tire de là s
461
e foule et que personne peut-être ne saurait dire
qui
l’avait fait ou qui avait commencé, celles-là l’auraient eu, ce coura
462
nne peut-être ne saurait dire qui l’avait fait ou
qui
avait commencé, celles-là l’auraient eu, ce courage ! Ô mensonge ! »
463
de son acte. « Car une foule est une abstraction,
qui
n’a pas de mains, mais chaque homme isolé a, dans la règle, deux main
464
on celles de son voisin et non celles de la foule
qui
n’a pas de mains. » Tout seul en face du Christ, un homme oserait-il
465
st que ma dégradation. Et toutes les « sciences »
qui
étudient ses « lois » historiques ou sociologiques sont comme une inv
466
de la Providence. Entreprise effroyable et vaine,
qui
serait d’un comique insondable si seulement l’homme des masses ne ven
467
ême de cette Âme du monde, cet Esprit de la Forme
qui
se croit le Réel et qui pourtant n’est rien que le péché, mais le péc
468
e, cet Esprit de la Forme qui se croit le Réel et
qui
pourtant n’est rien que le péché, mais le péché n’est-il pas notre ré
469
prit de transformation ? Notre réalité fuyarde et
qui
pourtant, par un artifice de l’angoisse, se proclame autonome, s’abso
470
uient en avant, et les autres dans le passé, mais
qui
voudrait se tenir, dans l’instant, « sous le regard de Dieu », comme
471
l’intelligible providence surnaturelle.61 » Mais
qui
ne voit que cette Âme du Monde le tient aussi, et jusque dans son sce
472
s de cette « catégorie du solitaire », de l’homme
qui
vit de la Parole seulement, entre les temps, dans l’instant éternel.
473
, c’est l’objectivité : cette attitude de l’homme
qui
ne veut plus être sujet de son action, qui l’abandonne aux lois mythi
474
’homme qui ne veut plus être sujet de son action,
qui
l’abandonne aux lois mythiques de l’histoire. Kierkegaard au contrair
475
l’autre sens du terme, « assujetti » à la Parole
qui
vit en lui. C’est dans ce sens que la formule de Kierkegaard est vrai
476
tel rétablissement. Pour deux raisons, je crois.
Qui
, d’abord, parmi nous, oserait affirmer que cette « catégorie » lui so
477
ou bien je l’imagine, et mon discours est vain. À
qui
pressent, dans sa réalité brutale, dans son sérieux dernier, et son r
478
clerc moderne est protestant », ajoute M. Benda,
qui
, en fait de protestants, ne connaît guère que Renouvier, son maître…
479
al. 61. Le chemin du paradis, p. 269. C’est moi
qui
souligne. 62. Pourquoi poser la question à propos d’un cas aussi exc
480
ort, le mieux fait, le plus impressionnant, celui
qui
apporte le plus de nouveauté, d’humanité, de grandeur. J’ai d’autant
481
u moins, presque personne encore n’en a parlé. Ce
qui
n’est pas très étonnant, d’ailleurs. Il s’agit d’une œuvre allemande,
482
un auteur inconnu en France jusqu’ici, d’un roman
qui
veut dire quelque chose — quelque chose qui ne plaira pas au public h
483
roman qui veut dire quelque chose — quelque chose
qui
ne plaira pas au public habituel des prix Goncourt —, et qui le dit a
484
ra pas au public habituel des prix Goncourt —, et
qui
le dit avec une puissance assez austère. ⁂ Six chômeurs allemands, an
485
raversée, un coup d’État renverse le gouvernement
qui
les avait appelés officieusement. Ils hésitent à poursuivre. L’un d’e
486
eux se laisse entraîner par des révolutionnaires
qui
préparent un coup de main contre le dictateur du Venezuela ; un autre
487
sources, acceptent de collaborer à une révolution
qui
va bouleverser le Brésil. Ils retrouvent un de leurs compagnons du dé
488
retrouvent un de leurs compagnons du début, celui
qui
était parti pour le Venezuela, et qui a subi, lui aussi, des emprison
489
ébut, celui qui était parti pour le Venezuela, et
qui
a subi, lui aussi, des emprisonnements, le bagne, et des tortures phy
490
ue le planteur de thé, le sixième camarade. Voilà
qui
donne l’idée d’un roman d’aventures. Destin allemand est bien, entre
491
d’une intensité peu commune. Mais cet aspect-là,
qui
suffit d’ailleurs à rendre le livre passionnant et presque obsédant,
492
impression de grandeur brutale et grave à la fois
qui
demeure dans l’esprit, bien après qu’on l’a lu. En vérité, ce résumé
493
mmes63 ont été chassés de leur pays par une crise
qui
n’est pas seulement économique, par une crise qui atteint à la fois l
494
qui n’est pas seulement économique, par une crise
qui
atteint à la fois leur attachement à la patrie et leur humanité, au s
495
une vie d’aventures qu’ils n’avaient pas voulue,
qui
les détourne de toutes leurs espérances. Ce n’est point qu’ils aient
496
r peuple, ils s’en vont au-devant d’une existence
qui
n’a plus aucun but, au-devant de souffrances qui ne servent à rien. C
497
qui n’a plus aucun but, au-devant de souffrances
qui
ne servent à rien. Ce sont des hommes très simples et qui s’expriment
498
ervent à rien. Ce sont des hommes très simples et
qui
s’expriment difficilement. Seul Pillau, le ministre, l’incarnation de
499
c’est en elle qu’ils communient, c’est elle seule
qui
les soutient dans les plus effroyables et dégradantes épreuves. Eux,
500
aute pour l’Allemagne, et de participer au destin
qui
lui était échu pour un temps. Ce destin qui obligeait l’Allemagne, ap
501
estin qui lui était échu pour un temps. Ce destin
qui
obligeait l’Allemagne, après la guerre, à vivre dans un état de guerr
502
tat de guerre encore plus cruel qu’auparavant, et
qui
en faisait un pays pauvre, abattu, désuni et impuissant… » Mais tandi
503
montre le sens du sacrifice de « ces jeunes gens
qui
sont entrés dans le malheur la tête haute ». Car ce sont « les jeunes
504
r la tête haute ». Car ce sont « les jeunes gens,
qui
ne possédaient rien, qui ont écrit les pages héroïques de l’histoire,
505
sont « les jeunes gens, qui ne possédaient rien,
qui
ont écrit les pages héroïques de l’histoire, et non les gens âgés qui
506
ges héroïques de l’histoire, et non les gens âgés
qui
possédaient tout. Ces jeunes Allemands qui doivent supporter, de nos
507
s âgés qui possédaient tout. Ces jeunes Allemands
qui
doivent supporter, de nos jours, toutes les misères du monde au fond
508
mmunauté comme le malheur. La communauté des gens
qui
vivent dans l’aisance, celle-là ne vaut pas un clou. Mais la communau
509
ar le malheur, ça c’est la seule vraie communauté
qui
puisse exister pour un peuple ». ⁂ J’ai tenu à citer ces passages pou
510
mmes ici au nœud tragique de ce problème allemand
qui
domine l’après-guerre, et dont le dénouement doit nous laisser d’auta
511
st malaisé de faire la part, dans ce drame, de ce
qui
est national et de ce qui est plus généralement humain. Destin allema
512
t, dans ce drame, de ce qui est national et de ce
qui
est plus généralement humain. Destin allemand pourrait aussi s’appele
513
rique du Sud fait mesurer la déchéance d’une race
qui
n’a pas su se garder pure. Alors ? Serait-ce bientôt l’heure de l’All
514
peut-être, l’arrière-pensée mondiale, grandiose,
qui
soutient ce peuple fiévreux dans les épreuves qu’il traverse. Ce ne s
515
euves qu’il traverse. Ce ne sont pas les journaux
qui
nous apprendront tout cela. Il faut lire Destin allemand, comme on li
516
fraternité humaine que le roman d’André Malraux,
qui
porte précisément ce titre, était loin d’évoquer avec une pareille pu
517
mosphère et leur tension65, à ce Destin allemand,
qui
, toutefois, les domine. Edschmid est plus viril, plus massif, plus sa
518
ère et courageuse, un souffle, une grandeur enfin
qui
nous ramènent puissamment au sens de la réalité humaine, au sens de l
519
humaine, au sens du péché concret de l’homme. Et
qui
rendent à notre jugement une rigueur qui se perdait à soupeser des ob
520
omme. Et qui rendent à notre jugement une rigueur
qui
se perdait à soupeser des objets trop petits. 63. Il est curieux de
521
uel sort le Troisième Reich a réservé à ce livre,
qui
parut au moment de l’avènement d’Hitler. Mais je le crois trop franc
522
des conclusions sur le destin de la race blanche,
qui
forment l’arrière-plan idéologique de son œuvre. Leurs manières de dé
523
s longtemps inédits, et dont M. Henri-Jean Bolle,
qui
a traduit et fort bien introduit ce volume, nous affirme qu’ils const
524
Je ne sais ce qu’il faut penser d’une allégation
qui
paraît à première vue aussi exorbitante : je n’ai lu que de courts fr
525
courts fragments des posthuma nietzschéens 66. Ce
qui
est certain, c’est qu’un choix tel que celui qu’on vient de nous donn
526
ne peut être vraiment dangereux pour un chrétien
qui
sait en qui il croit. Et pour les autres, qu’importe qu’ils perdent à
527
e vraiment dangereux pour un chrétien qui sait en
qui
il croit. Et pour les autres, qu’importe qu’ils perdent à cette lectu
528
uis tout citer : je me bornerai donc aux passages
qui
me paraissent prêter à un commentaire marginal, crayonné rapidement,
529
devant les regards de l’homme. Le christianisme,
qui
maudit l’humanité et en sort quelques spécimens rares et réussis, est
530
llénaires à venir puissent produire quelque chose
qui
ne soit pas, dès maintenant et depuis 1800 ans, à la disposition de c
531
Kierkegaard ! N’est-ce pas Kierkegaard, en effet,
qui
, cinquante ans avant Nietzsche, partait en guerre contre la philosoph
532
st, selon Kierkegaard, cette opération paradoxale
qui
nous rend contemporains du Christ incarné, et qui nie par là même la
533
qui nous rend contemporains du Christ incarné, et
qui
nie par là même la valeur de tous les siècles qui nous séparent appar
534
qui nie par là même la valeur de tous les siècles
qui
nous séparent apparemment de cet événement éternel. N’est-il pas fort
535
ions pseudo-scientifiques ! Mais il n’importe. Ce
qui
est admirable ici, c’est la lucidité avec laquelle Nietzsche décèle l
536
rds d’années. Nous sommes des enfants de deux ans
qui
auraient encore dix mille ans à vivre. L’esprit métaphysique me souff
537
t fait de la religion la chose la plus répugnante
qui
soit. Oui, je sais bien de quoi il souffre, et contre quelle espèce
538
ait de l’intelligence la chose la plus répugnante
qui
soit. » Il faut perdre la croyance en Dieu, en la liberté et en l’im
539
foi est toujours une seconde dentition. Et celui
qui
n’est pas mort une bonne fois aux « croyances » héritées sans examen
540
Cène. Kierkegaard n’eût pas mieux dit. « Pensées
qui
blessent — pour édifier » — c’est ainsi qu’il nommait les remarques a
541
si Nietzsche entendait parler de la foi. La foi,
qui
donne à l’homme la vision réaliste du péché, crée la crise bien davan
542
la crise bien davantage qu’elle n’en résulte. Ce
qui
résulte inévitablement d’une crise que la foi ne résout pas (en lui s
543
re l’a connu et aimé ? Phrase typique d’un homme
qui
n’a jamais rencontré Dieu en Christ ; pas plus qu’on ne saurait renco
544
crie-t-il si fort que « l’homme est quelque chose
qui
doit être surmonté » ? Il n’y a pas que les chrétiens pour ne pas cro
545
nquiet sur le mien. Mauvais signe pour un penseur
qui
a entrepris d’ébranler nos fondements. Si j’essaie de m’expliquer cet
546
s », sans jamais renvoyer à une autorité centrale
qui
donnerait la synthèse de ces contradictions. La vie chrétienne est pl
547
les a toutes rassemblées dans une formule unique
qui
renvoie au fondement même du christianisme : l’opposition du péché et
548
se comme but unique de celle-ci, voilà une pensée
qui
est insupportable aux hommes. Ne voyons-nous pas au contraire le mon
549
e que les hommes ne supportent plus aucune pensée
qui
contredise celle-là ! Le christianisme a promis le royaume des cieux
550
t bien là la malhonnêteté du positivisme primaire
qui
régna sur le siècle dernier, et dont l’œuvre de Nietzsche a subi trop
551
à leur Dieu, tout en croyant le servir. » Formule
qui
n’est pas valable pour le seul pape de Rome et pour les seuls concile
552
que ce régime s’est établi au nom de la Science,
qui
est son Dieu. On sait aussi qu’il n’a pas hésité à condamner la théor
553
eu devient insupportable. C’est le « Dieu moral »
qui
empêche, en particulier, une certaine théologie libérale de reconnaît
554
toutes ces choses. N’est-ce pas ce « Dieu moral »
qui
détourna plusieurs générations des églises où on le prêchait envers e
555
de Dieu : en somme, ce n’est que le “Dieu moral”
qui
est réfuté. Il est bien significatif que les fragments de Nietzsche
556
ître : on prétend, sans l’avoir jamais lu, savoir
qui
il fut, qui il est. Certains ont parcouru les Propos de table, présen
557
étend, sans l’avoir jamais lu, savoir qui il fut,
qui
il est. Certains ont parcouru les Propos de table, présentés au publi
558
dée : « En somme, qu’est-ce que Luther ? Un moine
qui
a voulu se marier. » J’extrais cette déclaration du livre d’un critiq
559
eur des travaux de quelques spécialistes français
qui
, au niveau de la haute culture, ont largement sauvé l’honneur de leur
560
pectateur » et attitude du « témoin ». Opposition
qui
, sur le plan théologique, ou mieux : dans la totalité de l’être, revi
561
ité de l’être, revient à celle d’un christianisme
qui
se met au service de l’humain (j’entends bien de l’humain purifié, «
562
éflexion de plus vaste envergure, d’un témoignage
qui
transcende toute dispute. Entraîné par sa fougue habituelle, excité (
563
entales de la Réforme : justification par la foi,
qui
est don gratuit et œuvre de Dieu seul ; opposition de cette justice d
564
it au mérite des œuvres ; et tous les protestants
qui
jugent encore que Calvin et Luther ont fait leur temps, — que dire de
565
— que dire de Paul bien plus ancien ! — tous ceux
qui
tiennent la prédestination pour un dogme immoral ou périmé ; ceux qui
566
estination pour un dogme immoral ou périmé ; ceux
qui
traduisent : « Paix sur la terre aux hommes que Dieu agrée », par « P
567
ès lors dans ce Traité ? Une verdeur de polémique
qui
peut flatter en nous le goût du pittoresque ; l’élan génial, la viole
568
ment « grave », d’une dialectique sobre et têtue,
qui
va droit au point décisif, envisage honnêtement les objections, donne
569
chez Luther assez flagrantes, pour qu’un lecteur
qui
refuse l’essentiel soit tout de même attiré et subjugué par le style,
570
r heurter de front le lecteur incroyant, ou celui
qui
ne partage pas la foi de Paul et des apôtres. D’abord, le langage sco
571
et des apôtres. D’abord, le langage scolastique,
qui
n’est pas proprement luthérien, mais que Luther est obligé d’utiliser
572
ses reflets dans la conscience du spectateur.) Ce
qui
ne manquera pas de faire crier au dogmatisme. Tout se passe ici « à l
573
tement anachronique, mais que je sais inévitable,
qui
consiste à affirmer que Luther est « déterministe ». Mais le sérieux
574
éroule même à l’intérieur de la pensée d’un homme
qui
veut croire…) Dialogue Car Dieu peut tout à tout instant. C’est
575
l’omniscience et la prescience éternelle de Dieu,
qui
ne peut faillir dans sa promesse, et auquel nul obstacle ne s’oppose.
576
avance, le vainqueur a été désigné par un arbitre
qui
ne tient pas compte de nos exploits ! Un luthérien. — Mais connais-t
577
s connais-tu seulement les vraies règles du jeu ?
Qui
t’a fait croire que ta vie était une partie à jouer entre toi et le m
578
L. — Mais qu’est-ce qu’agir ? Est-ce vraiment toi
qui
agis ? Ou n’es-tu pas toi-même agi par de puissantes forces sociales,
579
ues ; à m’affirmer dans mon autonomie par un acte
qui
crée ma liberté, par un acte de révolte, s’il le faut ! L. — Tu croi
580
ar elles sont dans le temps, Dieu dans l’Éternité
qui
est avant le temps, qui est en lui, et qui est encore après lui. Au r
581
mps, Dieu dans l’Éternité qui est avant le temps,
qui
est en lui, et qui est encore après lui. Au regard de Dieu donc, « to
582
ernité qui est avant le temps, qui est en lui, et
qui
est encore après lui. Au regard de Dieu donc, « tout est accompli »,
583
c’était vrai, je préférerais encore nier ce Dieu
qui
prétend voir plus loin que le terme de mes actions, — ce qui, avouons
584
voir plus loin que le terme de mes actions, — ce
qui
, avouons-le, les ridiculise complètement et les rend vaines en fin de
585
es sont prévues ! Et prévues par un Dieu éternel,
qui
alors se joue de moi indignement ! Il faudra donc choisir : Dieu ou m
586
décidais : « Je suis, donc Dieu n’est pas !70 »,
qui
t’assurerait que cet acte de révolte échappe à l’éternelle Prévision
587
acte de révolte échappe à l’éternelle Prévision ?
Qui
t’assurerait qu’en prononçant ces mots, tu ne prononcerais pas sur to
588
tre rivé au temps sans fin, et refuser l’éternité
qui
vient nous délivrer du temps ? C. M. — Mais mon temps est vivant, et
589
e, et que notre vie n’est qu’une mort à ses yeux.
Qui
nous prouve que l’éternité est quelque chose d’immobile, de statique
590
rnité est quelque chose d’immobile, de statique ?
Qui
nous dit qu’elle n’est pas, au contraire, la source de tout acte et d
591
étuelle, une actualité permanente, la seule chose
qui
change quelque chose au déroulement calculable du temps, quand elle l
592
de temps, comme l’écrit Paul) (I Cor. 15 : 52) ?
Qui
t’assure que notre raison, tout attachée à notre chair, à notre temps
593
Demandez et l’on vous donnera », dit le même Dieu
qui
nous prédestina ! Quand le croyant, qui sait que Dieu a tout prévu ét
594
même Dieu qui nous prédestina ! Quand le croyant,
qui
sait que Dieu a tout prévu éternellement, adresse à Dieu, au nom de s
595
« l’Éternel est vivant », croire que sa volonté —
qui
a tout prévu — peut aussi tout changer en un instant aux yeux de l’ho
596
e décision dans le passé ! Quand c’est elle seule
qui
définit notre présent ! Est-ce que nos objections « philosophiques »,
597
u n’as rien prouvé. L. — On ne prouve rien de ce
qui
est essentiel ; on l’accepte ou on le refuse, en vertu d’une décision
598
où elle revêt sa vraie réalité : c’est l’Éternel
qui
commande, — ou c’est moi. Il n’y a pas là de difficultés intellectuel
599
lise, une fois acceptés le Credo et son fondement
qui
est la Parole dite en nous par l’Esprit et attestée par l’Écriture, —
600
té d’un paradoxe que Luther n’a pas inventé, mais
qui
est au cœur même de l’Évangile. L’apôtre Paul l’a formulé avant toute
601
t avec crainte et tremblement, puisque c’est Dieu
qui
produit en vous le vouloir et le faire. » (Phil. 2 : 12-13). C’est pa
602
seul, la liberté. Mais cela n’apparaît qu’à celui
qui
ose aller jusqu’aux extrêmes de la connaissance de soi-même et de la
603
bsurdité. Mais alors, on peut se demander si ceux
qui
refusent le christianisme échappent vraiment à la difficulté ; ou si,
604
s temps modernes, Nietzsche, aboutit à un dilemme
qui
me paraît correspondre, terme à terme, à celui que Luther et Paul — e
605
nvisager notre pensée. Pour échapper au nihilisme
qui
l’étreint, dès lors que « Dieu est mort » ou qu’il l’a « tué », il im
606
accepter, en acte, l’éternelle prévision du Dieu
qui
sauve.) La similitude étonnante du paradoxe luthérien et du paradoxe
607
radicale de la vie. Au « tu dois » des chrétiens,
qui
est prononcé par Dieu, Nietzsche oppose le « je veux » de l’homme div
608
s. Elles souffrent avant tout d’un manque de ton,
qui
révèle un manque de nécessité intérieure. Elles expriment l’accord d’
609
leur historique. Mais comme beaucoup de documents
qui
prennent par la suite une valeur historique, elles auront passé inape
610
ence, il faut qu’elle soit portée par une passion
qui
jaillisse du tréfonds de sa foi créatrice. Les hommes qui ont fait l’
611
lisse du tréfonds de sa foi créatrice. Les hommes
qui
ont fait l’histoire sont ceux qui avaient une vision passionnée de le
612
ice. Les hommes qui ont fait l’histoire sont ceux
qui
avaient une vision passionnée de leur but et qui ont su plier les cir
613
qui avaient une vision passionnée de leur but et
qui
ont su plier les circonstances à leur dessein. Dans un certain sens,
614
e en termes d’organisation pratique les principes
qui
sont impliqués dans la vision de l’œcuménisme. Rien que cela, mais to
615
lations. Que l’on excuse le schématisme des pages
qui
suivent : c’est celui d’un plan de travail, d’un sommaire. Certains
616
e des théologies existantes, ou doctrine nouvelle
qui
risquerait de n’être compatible avec aucune des théologies existantes
617
patible avec aucune des théologies existantes. Ce
qui
nous intéresse ici, c’est la doctrine concernant l’Église universelle
618
nous bornerons ici à en souligner quelques traits
qui
importent à notre entreprise. Le principal est celui-ci : la théologi
619
et définitive. Car c’est précisément cette utopie
qui
a produit les schismes et les oppositions que le mouvement œcuménique
620
le plus de force la légitimité des diversités. Ce
qui
me paraît d’une excellente méthode.) Est-il permis d’en appeler aussi
621
role « Soyez un comme le Père et moi sommes un »,
qui
établit le modèle même de l’union dans la distinction des personnes ?
622
i ouvertes. Elle ne peut embrasser une orthodoxie
qui
céderait consciemment à la tentation unitaire, c’est-à-dire qui tendr
623
onsciemment à la tentation unitaire, c’est-à-dire
qui
tendrait à se fermer sur elle-même et à n’admettre plus de recours di
624
ne particulière. Au principe d’union transcendant
qui
assure la permanence de l’Église universelle, certaines ont ajouté, e
625
époque, dans les Églises calvinistes. Une Église
qui
prétend se suffire et posséder son principe d’unité, une Église qui t
626
fire et posséder son principe d’unité, une Église
qui
tend à se fermer par le haut pour mieux assurer sa cohésion humaine,
627
à être un bon cœur. Notons aussi que les Églises
qui
ne représentent pas spirituellement une fonction distincte, mais seul
628
r enveloppent une doctrine de l’homme. Au conflit
qui
oppose l’unité et la division dans le plan de l’Église, correspond te
629
de l’Église, correspond terme à terme le conflit
qui
oppose la collectivité et l’individu dans le plan de la société. Et d
630
ménisme retrouve la position spirituelle centrale
qui
fonde l’union dans la diversité, nous avons à chercher la position ph
631
ons à chercher la position philosophique centrale
qui
fonde la communion humaine dans la liberté. Je l’appelle le personnal
632
e même de l’hellénisme. C’est l’homme de la tribu
qui
se met à réfléchir « pour son compte », et qui, de ce fait même, se d
633
bu qui se met à réfléchir « pour son compte », et
qui
, de ce fait même, se distingue et s’isole. Raisonner, c’est d’abord d
634
ormiste ». Ce sont ces expulsés de divers groupes
qui
fondent les premières thiases grecques, communautés comparables à la
635
ide, où l’individu isolé retrouve des contraintes
qui
le rassurent, et où l’État reprend sa puissance. C’est Rome alors qui
636
où l’État reprend sa puissance. C’est Rome alors
qui
nous donnera le symbole éternel de la réaction collective. La victoir
637
point crucial de l’histoire — dans une situation
qui
rappelle étrangement la lutte présente entre démocratie individualist
638
aux, leurs hiérarchies, leurs assemblées. L’homme
qui
se convertit et s’incorpore à l’un de ces groupes y trouve d’une part
639
groupes y trouve d’une part une activité sociale
qui
le relie à ses « frères » et le sauve de la solitude ; d’autre part,
640
tin de persona (rôle social). C’est ce même terme
qui
servira aux premiers philosophes chrétiens à désigner la réalité de l
641
vis-à-vis de la collectivité. C’est le même Dieu
qui
, par la vocation qu’il envoie à l’homme, distingue cet homme de tous
642
l’ensemble. Ils ne sont plus contradictoires. Ce
qui
libère un homme est aussi ce qui le rend responsable vis-à-vis d’autr
643
tradictoires. Ce qui libère un homme est aussi ce
qui
le rend responsable vis-à-vis d’autrui. En retour, ce qui unit la com
644
end responsable vis-à-vis d’autrui. En retour, ce
qui
unit la communauté est aussi ce qui l’oblige à respecter les vocation
645
En retour, ce qui unit la communauté est aussi ce
qui
l’oblige à respecter les vocations individuelles. La liberté du siècl
646
professionnel. Cette pluralité d’appartenances —
qui
trouverait son équivalent dans l’œcuménisme ecclésiastique — est excl
647
siastique — est exclue par le régime totalitaire,
qui
prétend faire coïncider les frontières de l’État avec celles de toute
648
activités sociales, spirituelles ou privées — ce
qui
est la définition même de l’oppression. Le fédéralisme, comme l’œcumé
649
la vie même de l’Union. Mais par l’organe central
qui
lie toutes les régions, il ménage un recours au citoyen contre les ab
650
pétrifier les frontières extérieures des groupes
qui
forment la fédération, il cherche à vivifier leurs foyers. Et de la s
651
ratif. Mais ceci nous entraînerait dans un exposé
qui
déborde le cadre de ce schéma doctrinal. Notre objet était d’établir
652
e pas voir figurer le terme de démocratie dans ce
qui
précède. C’est qu’il recouvre actuellement de trop graves malentendus
653
ez eux la « démocratie ». Ils attendent un régime
qui
puisse allier la liberté à la communauté. Dans le fédéralisme, démocr
654
e et une tactique nouvelles. Mais où sont-elles ?
Qui
les prépare ? Le capitalisme et l’individualisme ont reçu en Europe d
655
ux camps. Le totalitarisme est un état de guerre,
qui
ne peut subsister normalement. Il ne reste donc à prévoir qu’un vide
656
La seule espérance et aussi la seule possibilité
qui
demeure, c’est l’organisation fédéraliste du monde. Elle seule apport
657
au capitalisme individualiste et au totalitarisme
qui
en est né. Mais qui peut aujourd’hui proposer cette réponse ? Le rôle
658
idualiste et au totalitarisme qui en est né. Mais
qui
peut aujourd’hui proposer cette réponse ? Le rôle d’Hitler est de dét
659
ruit les contradictions intolérables d’une Europe
qui
s’obstinait à parler de justice et de droit en restant capitaliste et
660
droit en restant capitaliste et nationaliste, et
qui
refusait de se fédérer. Hitler abat les barrières, le passé. C’est to
661
chef, elles savent qu’il règne et crée pour ceux
qui
croient la possibilité de faire ce qu’il demande. Dans l’état d’impui
662
liques romaines, — alors qu’il n’en existe aucune
qui
se soit développée en pays calvinistes, ou seulement influencés par d
663
formité de gouvernement pour les diverses Églises
qui
se réclamaient de sa réforme. L’Una Sancta nous apparaît ici-bas, sel
664
ys donné fournit une clé des processus politiques
qui
s’y manifesteront tôt ou tard ; 2° que l’action, que le mouvement œcu
665
itée, rien ne subsiste en dehors de l’œcuménisme,
qui
permette de mettre en relations des groupes nationaux non étatiques.
666
dire, une vocation. 4. La renaissance liturgique
qui
va de pair, dans toutes les Églises, avec l’effort œcuménique, est en
667
s vraies formules de la communauté vivante, celle
qui
rassemble les personnes, et non pas celle qui fond, en une masse info
668
lle qui rassemble les personnes, et non pas celle
qui
fond, en une masse informe et grossièrement encadrée, les individus p
669
er les vérités disjointes et tournées en erreurs,
qui
subsistent dans les démocraties et dans les mouvements totalitaires.
670
erreurs opposées, mais sur une attitude centrale
qui
dépasse ces erreurs en même temps qu’elle ré-axe les vérités égarées
671
res et convaincantes pour devenir une volonté. Ce
qui
manque à ces tentatives dispersées, c’est un arrière-plan spirituel c
672
1946 : Je n’ai pas un mot à changer au diagnostic
qui
suit. ab. Rougemont Denis de, « Fédéralisme et œcuménisme », Foi et
673
ut pour mieux s’en libérer. Ils choisissent celle
qui
les a dominés, mais c’est choisir aussi celle qui les a perdus ! Je l
674
qui les a dominés, mais c’est choisir aussi celle
qui
les a perdus ! Je leur propose l’Europe des régions, comme offrant la
675
sance à tout prix des formules d’équilibre humain
qui
prennent en compte le bonheur, ou simplement l’aisance à vivre, plutô
676
e l’Europe est responsable de la plupart des maux
qui
accablent le tiers-monde, et d’abord de son explosion démographique,
677
a répandues, et peut élaborer un modèle politique
qui
soit tentant pour le tiers-monde. Quant à savoir si le tiers-monde s
678
crupules, non pas perdant et devenu sage. Mais ce
qui
est sûr, c’est qu’en refusant de faire les régions et de se « faire »
679
votre projet ? Quelles forces peut-il mobiliser ?
Qui
est pour ? Qui sera contre ? Et qui va le prendre en charge ? — Je ne
680
Quelles forces peut-il mobiliser ? Qui est pour ?
Qui
sera contre ? Et qui va le prendre en charge ? — Je ne serais pas ten
681
l mobiliser ? Qui est pour ? Qui sera contre ? Et
qui
va le prendre en charge ? — Je ne serais pas tenu de répondre à ces q
682
faire peut-être un jour… Je n’en vois pas un seul
qui
ait risqué l’expérience, dont rien ne prouve qu’elle n’eût pas réussi
683
estion que je ne cesse de me poser. Vous demandez
qui
va réaliser mon plan. À vrai dire, il y a toutes raisons de redouter
684
r à bref délai ; et la vision d’un avenir vivant,
qui
peut faire se lever d’autres forces. Rien de ce qui nous semble aujou
685
i peut faire se lever d’autres forces. Rien de ce
qui
nous semble aujourd’hui définitivement installé dans une évidence gra
686
euple, ni le dévouement rituel d’une aristocratie
qui
sait ce qu’elle se doit. Plus grave encore, cette civilisation ne peu
687
cette raison est faible, comparée à toutes celles
qui
annoncent le contraire, particulièrement à celle-ci : qu’est-ce que l
688
et politiques proposées au long de ces pages, et
qui
vont des petites communautés à la fédération du continent, première b
689
r des partis grâce aux quelques centaines de voix
qui
font toute la différence. Déjà, un régime scandinave vient de se voir
690
à la révolution régionaliste le levier politique
qui
avait fait défaut aux mouvements personnalistes des années 1930, puis
691
s et des économistes comme E. F. Schumacher, pour
qui
l’avenir est aux « petites unités intelligibles » ; des politologues
692
mme C. N. Parkinson (de la loi du même nom), pour
qui
l’Europe de demain ne sera viable que si elle se recompose sur la bas
693
la carte. Je vois des architectes comme Doxiadis,
qui
écrit : « L’expérience nous apprend que seules des unités de dimensio
694
nts et leur offrir un cadre de vie plaisant », et
qui
préconise au surplus de « petites cellules urbaines à l’échelle humai
695
ts75 ; enfin des futurologues comme Hermann Kahn,
qui
voit nos États-nations, ayant perdu leurs raisons d’être, bientôt rem
696
dix-mille ans qu’il y a des hommes à Histoire, et
qui
n’ont pas trouvé mieux que la guerre pour résoudre leurs différends,
697
pour résoudre leurs différends, on ne voit pas ce
qui
pourrait justifier l’espoir fou qu’ils deviennent raisonnables dans l
698
, quel qu’en soit d’ailleurs le succès ! Attitude
qui
n’est pas différente de celle que j’annonçais dans ma jeunesse sous l
699
is n’aura pu faire, et c’est la réalité elle-même
qui
va recourir à la pédagogie des catastrophes. Je ne vois rien de plus
700
n d’un facteur de danger mortel, bien avéré, mais
qui
rapporte. Je disais cela dans mon jardin du pays de Gex devant la cam
701
es, les besoins infinis, les centrales nucléaires
qui
vont arranger cela et qu’on dit au surplus tellement propres… Mais co
702
opres à faire le bien. Saint-Just ajoutait : Ce
qui
produit le bien général est toujours terrible, ou paraît bizarre lors
703
, mais une plus grande lisibilité de l’évolution,
qui
peut faciliter ce changement. Les catastrophes n’apprendront rien à c
704
ement. Les catastrophes n’apprendront rien à ceux
qui
n’ont pas vu où il faut aller, et donc n’en cherchent pas les voies e
705
inventeront jamais. « Pas de vent favorable pour
qui
ne sait pas où il va », disait Sénèque. Mais pour celui qui sait, tou
706
t pas où il va », disait Sénèque. Mais pour celui
qui
sait, tout est possible tant qu’un vent souffle, même contraire. Tire
707
ouloir, préparer d’autres fins. Cette dialectique
qui
ne prévoit ni A ni B, mais incite à trouver des chemins vers V, je la
708
ura plus de sens si nous ne sommes plus là, ou ce
qui
revient au même, si nous sommes encore là mais aliénés, devenus incap
709
nés, devenus incapables même de nostalgie pour ce
qui
fut un jour notre vie menacée. Mais il n’est pas de prévision d’aveni
710
Mais il n’est pas de prévision d’avenir meilleur
qui
ne passe par un homme meilleur. Car il arrivera… ce que nous sommes.
711
emarque). Mais seulement : — Remplacez ce système
qui
multiplie les occasions de haine par un autre qui favorise et qui app
712
qui multiplie les occasions de haine par un autre
qui
favorise et qui appelle la solidarité. Or ce changement n’adviendra p
713
s occasions de haine par un autre qui favorise et
qui
appelle la solidarité. Or ce changement n’adviendra pas dans le résea
714
toute sa force et dans la plénitude de son sens. (
Qui
n’est pas limité à « devenez chrétiens ! ». Isaïe n’était pas chrétie
715
ordinateur bien programmé ? Puissance ou Liberté,
qui
tranchera ? Entre le besoin de sécurité à tout prix et la soif de lib
716
onction de la chose la moins prévisible du monde,
qui
est la vitalité d’une société. Mais il nous faut pousser l’analyse su
717
avec une très grande et très profonde stupidité,
qui
amène des éthologistes à penser que se manifeste, dans l’humanité d’a