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compromis possible de ce côté. Mais du nôtre ? «
Vous
ne pouvez servir Dieu et Mammon », dit l’Écriture. ⁂ Je ne pense pas
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ré-communiste. Le cas Malraux, — le cas Perken si
vous
voulez. Les personnages de M. Malraux se ressemblent dans le souvenir
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e — ou en enfant : il y a lieu de s’attrister. Si
vous
demandez au philosophe de quel droit il pratique cet étrange sectionn
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ècle entonne pour annoncer son morne triomphe : «
Vous
n’avez pas su conjurer la malédiction du monde moderne, clame-t-on de
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s (avril 1931)f C’est donc qu’il y en a ? avez-
vous
dit. Depuis le temps qu’on cherchait à nous faire croire qu’une origi
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chez ces peintres ? — Certaines rigidités, pensez-
vous
, certaines austérités de style ? — On s’y serait attendu. Une visite
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aut est contrecarré par le dieu de l’Amour. « Si
vous
désirez savoir comment cela s’applique à mon histoire, dit l’auteur d
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re, dit l’auteur dans sa préface, lisez-la, et si
vous
la lisez, ne dites pas à vos amis ce qui arrive avant qu’ils n’aient
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ce, lisez-la, et si vous la lisez, ne dites pas à
vos
amis ce qui arrive avant qu’ils n’aient lu eux-mêmes le livre. J’espè
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ou cruels qui les caractérisent. « Naturellement,
vous
allez à l’église le dimanche ? — Oui, tante Harriet, j’y vais. — Tant
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rtis » : « Nous en avons eu trop dans la famille,
votre
pauvre oncle Charles… qui avait stupéfié la famille en devenant catho
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catholique…, puis Edmund Lely, cousin germain de
votre
père, qui est devenu moine, et qui marche pieds nus, à l’étranger lui
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ieds nus, à l’étranger lui aussi ; puis il y a eu
votre
pauvre tante Cornélia… Ce fut un terrible coup pour nous tous. Nature
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sion. (C’est Blanche qui parle au père Michaël.)
Vous
comprenez tout à présent. Je vous demande seulement de prier pour moi
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père Michaël.) Vous comprenez tout à présent. Je
vous
demande seulement de prier pour moi, car j’ai parfois la sensation qu
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vrai, que j’ai commis des erreurs irréparables. —
Vous
avez le droit de vous laisser mener par le remords au bord du désespo
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des erreurs irréparables. — Vous avez le droit de
vous
laisser mener par le remords au bord du désespoir, mais pas plus loin
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point trop volumineux — il trouvera sa place dans
votre
valise — et d’une érudition très aérée. Comment ne point partager, en
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uelle tranquillité tout repose dans la lumière… »
Vous
avez reconnu ce ton souverain. Pour la première fois, le ton des haut
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, qui vaut d’être citée : — Pourquoi me regardez-
vous
ainsi ? tonna le Procureur, qui cherchait à intimider Eiichi. Eiichi
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’est-ce que cela veut dire ? Pourquoi me regardez-
vous
aussi insolemment ? Le Procureur continuait à enrager ; sa figure se
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ait et ses lèvres étaient pâles. — Comment voulez-
vous
renverser l’état social actuel, si ce n’est par une révolution ? Je v
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ocial actuel, si ce n’est par une révolution ? Je
vous
demande de me dire clairement votre pensée à ce sujet. Eiichi se tais
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évolution ? Je vous demande de me dire clairement
votre
pensée à ce sujet. Eiichi se taisait. Une minute, deux minutes s’écou
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aux prises avec toutes les formes du mal, jamais
vous
ne surprendrez dans ses yeux rien du moralisme glacial des « honnêtes
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prononcé en France. Kierkegaard, un homme qui ne
vous
lâche plus. Il a beaucoup parlé de lui-même. Mais là où d’autres prod
27
, il m’a saisi par les cheveux. Il est sûrement à
vos
trousses aussi, j’espère voir le jour où il vous rattrapera ; mais je
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à vos trousses aussi, j’espère voir le jour où il
vous
rattrapera ; mais je ne puis répondre de la manière. Je suis parfois
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ec le Seigneur et Jésus son fils bien-aimé. C’est
vous
dire que j’ai acquis plus de raison et d’expérience : la crainte du S
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ouvre la réalité de tel homme concret et réel que
vous
ou moi pouvons connaître. Mais, en vérité, la lecture du livre de M.
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« Histoires du monde, s’il
vous
plaît ! » (janvier 1933)t Le lecteur moderne est, paraît-il, un ho
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tgeschichte gefälligst », Histoire du monde, s’il
vous
plaît ! ⁂ Retour à l’essai rendu nécessaire par le besoin de mettre e
33
. Rougemont Denis de, « Histoires du monde, s’il
vous
plaît ! », Foi et Vie, Paris, janvier–février 1933, p. 134-139.
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crifier leur vie même. Les noms de ces divinités,
vous
les connaissez bien : ce sont l’État, la nation, la classe, la race,
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avons-nous pas toujours conscience de les servir.
Vous
me direz peut-être que, pour votre compte, la classe ou la race vous
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de les servir. Vous me direz peut-être que, pour
votre
compte, la classe ou la race vous importent assez peu. Vous jouez, vi
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être que, pour votre compte, la classe ou la race
vous
importent assez peu. Vous jouez, vis-à-vis de ces divinités, le rôle
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e, la classe ou la race vous importent assez peu.
Vous
jouez, vis-à-vis de ces divinités, le rôle d’incroyants, de sceptique
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Adhérez au déterminisme de l’histoire, abandonnez
votre
cher petit moi, fondez votre destin dans celui du prolétariat ou de l
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histoire, abandonnez votre cher petit moi, fondez
votre
destin dans celui du prolétariat ou de la race aryenne, et toutes vos
41
i du prolétariat ou de la race aryenne, et toutes
vos
inquiétudes s’apaiseront. Bien. Mais il faut prendre garde d’abord d
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olidarité, que vaut-elle ? Le premier exemple qui
vous
vient à l’esprit, lorsqu’on vous dit que désormais « tout se tient »
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mier exemple qui vous vient à l’esprit, lorsqu’on
vous
dit que désormais « tout se tient » dans le monde, c’est l’exemple su
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itive, la question simple que nous pose l’époque.
Vous
avez pressenti le parti que j’embrasse. Il me reste à le définir en t
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! dit-on, en face de tous ces monstres menaçants,
vous
n’avez rien à proposer que votre chétive personne ? Vous serez emport
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nstres menaçants, vous n’avez rien à proposer que
votre
chétive personne ? Vous serez emportés comme les autres. Votre réacti
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avez rien à proposer que votre chétive personne ?
Vous
serez emportés comme les autres. Votre réaction est disproportionnée
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personne ? Vous serez emportés comme les autres.
Votre
réaction est disproportionnée au danger. Et d’ailleurs qu’est-ce que
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s dieux et ces mythes collectifs ? J’ai essayé de
vous
montrer qu’ils sont des créations de l’homme, et particulièrement de
50
omme, le choix peut avoir lieu, effectivement. Et
votre
rôle d’étudiants, c’est-à-dire d’intellectuels, m’apparaît alors dans
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m’apparaît alors dans toute sa grandeur. C’est à
vous
de rechercher dans vos pensées les origines concrètes de ces grands f
52
oute sa grandeur. C’est à vous de rechercher dans
vos
pensées les origines concrètes de ces grands faits qui bouleversent l
53
s grands faits qui bouleversent le monde. C’est à
vous
de déceler, par exemple, l’origine permanente et virtuelle des dictat
54
rtuelle des dictatures, dans un fléchissement, en
vous
, du sens de votre destinée personnelle. À l’origine de tout, il y a u
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tures, dans un fléchissement, en vous, du sens de
votre
destinée personnelle. À l’origine de tout, il y a une attitude de l’h
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t, il y a une attitude de l’homme, j’ai essayé de
vous
montrer l’attitude de celui qui se réfugie dans l’Histoire42, qui pen
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éveillé et conscient des réalités. ]’ai essayé de
vous
montrer qu’en pensant historiquement, il fonde, dès maintenant, en lu
58
bre et de l’irresponsable. Je pourrais maintenant
vous
donner une contrepartie, tenter de vous décrire la pensée personnalis
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aintenant vous donner une contrepartie, tenter de
vous
décrire la pensée personnaliste, la pensée qui ne veut s’attacher qu’
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, la révolte et l’impuissance. Je pourrais encore
vous
montrer quelles conséquences politiques commande une telle attitude e
61
e souvent aux groupements révolutionnaires que je
vous
ai cités. Je voudrais y répondre ici en mon nom personnel. Quel est d
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itude nietzschéenne ? Est-ce un choix subjectif ?
Vous
préférez l’homme créateur à l’homme qui s’abandonne au destin collect
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andonne au destin collectif, mais c’est peut-être
votre
orgueil qui parle ? Sur quelle vérité supérieure se fonde votre perso
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qui parle ? Sur quelle vérité supérieure se fonde
votre
personnalisme ? Je ne vois qu’une réponse à toutes ces questions, c’e
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nse de l’Évangile. Faites toutes les sociétés que
vous
voudrez, bouleversez les institutions, organisez le monde par la cont
66
ez le monde par la contrainte ou dans la liberté,
vous
ne ferez pas une société si vous n’avez pas, avant tout, retrouvé le
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dans la liberté, vous ne ferez pas une société si
vous
n’avez pas, avant tout, retrouvé le rapport primitif, le rapport véri
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nt, un acte. Et voilà le mystère devant lequel je
vous
laisse maintenant. Nous ne rencontrons personne au monde, avant d’avo
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t l’image du chat d’Alice in Wonderland. Souvenez-
vous
de ce chat, immense et subversif, dont le rire a le don d’exaspérer l
70
ation que veut l’Esprit, s’oppose à l’Ordre. « Ne
vous
conformez pas à ce siècle présent, mais soyez transformés », dit sain
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reconnaît pour siens. Elle est le lieu de rendez-
vous
des hommes qui se fuient, eux et leur vocation. Elle n’est personne,
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ont sûrement un matériel incomparable. Car, voyez-
vous
, Bell… rien ne rend aussi dur et aussi ardent que le malheur. Rien ne
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iffres. Ouvrez le dernier livre de M. Guéhenno67,
vous
y trouverez cette confession ahurissante : « Un grand savant, M. Lang
74
mme ses premières dents ; ce n’est qu’ensuite que
vous
pousse la véritable dentition. La foi est toujours une seconde denti
75
croie justifié, voici pour les conservateurs : «
Vous
dites que vous croyez à la nécessité de la religion ? Soyez sincères
76
, voici pour les conservateurs : « Vous dites que
vous
croyez à la nécessité de la religion ? Soyez sincères ! Vous croyez à
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à la nécessité de la religion ? Soyez sincères !
Vous
croyez à la nécessité de la police ! » Dès que vous croyez qu’il y
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croyez à la nécessité de la police ! » Dès que
vous
croyez qu’il y a, à côté de la causalité absolue, encore un Dieu ou u
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sité devient insupportable. Traduisons : dès que
vous
croyez qu’il y a, à côté de Dieu, encore un dieu : morale, devoir kan
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t au seul moment de la prière. « Demandez et l’on
vous
donnera », dit le même Dieu qui nous prédestina ! Quand le croyant, q
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clame Érasme n’y changeront rien : « Travaillez à
votre
salut avec crainte et tremblement, puisque c’est Dieu qui produit en
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et tremblement, puisque c’est Dieu qui produit en
vous
le vouloir et le faire. » (Phil. 2 : 12-13). C’est parce que Dieu fai
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dentité, de son génie. — Comment alors, évaluez-
vous
les chances de votre projet ? Quelles forces peut-il mobiliser ? Qui
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e. — Comment alors, évaluez-vous les chances de
votre
projet ? Quelles forces peut-il mobiliser ? Qui est pour ? Qui sera c
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rober à une question que je ne cesse de me poser.
Vous
demandez qui va réaliser mon plan. À vrai dire, il y a toutes raisons
86
llution », notez cela ! — Si je comprends bien,
vous
n’avez avec vous ni les gouvernements ni les partis, ni la grande ind
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cela ! — Si je comprends bien, vous n’avez avec
vous
ni les gouvernements ni les partis, ni la grande industrie ni le prol
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les masses ni même les élites à la mode… Qu’avez-
vous
donc ? — Le sens d’un péril imminent et la conscience de vivre un lon
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croire que l’état des forces cataloguées, tel que
vous
venez de le caractériser très justement, ne puisse changer à bref dél
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décider de la survie de notre espèce. — Seriez-
vous
radicalement pessimiste ? — Pessimiste, optimiste, cela n’a pas de se
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éviterait au moins le pire, mais je sais bien que
vous
ne me suivrez pas — pas assez tôt et pas en nombre suffisant. Il rest
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pas en nombre suffisant. Il reste à la réalité de
vous
imposer ce que le bon sens jamais n’aura pu faire, et c’est la réalit
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l’Humain, quelqu’un demanda : — « Pourquoi voulez-
vous
donc que ça dure ? » Question morbide, mais lucide, et qu’on ne peut
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profond ! — mais dans nos attitudes présentes. Si
vous
voulez prévenir tel désastre probable ou précisément calculé, et d’ab
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d’abord celui d’être tous des seuls en masse, il
vous
reste à vous convertir, à faire votre révolution, c’est le même mot.
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i d’être tous des seuls en masse, il vous reste à
vous
convertir, à faire votre révolution, c’est le même mot. Je ne vais pa
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en masse, il vous reste à vous convertir, à faire
votre
révolution, c’est le même mot. Je ne vais pas vous demander de deveni
98
tre révolution, c’est le même mot. Je ne vais pas
vous
demander de devenir tous des saints. (Pourtant, ce serait la solution
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(Pourtant, ce serait la solution.) Je ne vais pas
vous
dire : — Aimez-vous ! (même remarque). Mais seulement : — Remplacez c
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la solution.) Je ne vais pas vous dire : — Aimez-
vous
! (même remarque). Mais seulement : — Remplacez ce système qui multip
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nes, dans la cité, s’il ne s’est opéré d’abord en
vous
. Si vous voulez changer l’avenir, changez vous-mêmes. Et c’est pourqu
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la cité, s’il ne s’est opéré d’abord en vous. Si
vous
voulez changer l’avenir, changez vous-mêmes. Et c’est pourquoi la Sen
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répondu : — Le matin vient, et la nuit aussi. Si
vous
voulez interroger, interrogez ! Convertissez-vous et revenez ! 74.
104
vous voulez interroger, interrogez ! Convertissez-
vous
et revenez ! 74. Interview à la TV française, avril 1973. 75. Con