1
en quelles erreurs politiques l’on peut reprocher
à
Luther, avec 400 ans de recul. Je vois bien que, sur le papier l’on p
2
on peut déduire de ces erreurs que Luther conduit
à
Hitler : il suffit, pour y arriver, d’oublier quelques faits importan
3
triche catholique, bien qu’armée, n’a pas résisté
à
l’hitlérisme, alors que la Norvège luthérienne, bien qu’à peu près dé
4
arisme n’est pas l’apanage de la seule Allemagne,
à
demi luthérienne seulement, mais qu’il a triomphé d’abord dans une Ru
5
, fort bien. Mais qu’on ne dise pas : Luther mène
à
Hitler. C’est une sottise et une mauvaise action, si l’on songe que l
6
hefs. Un séjour d’une année en Allemagne, de 1935
à
1936, m’a conduit à des conclusions fort différentes. J’ai pu constat
7
e année en Allemagne, de 1935 à 1936, m’a conduit
à
des conclusions fort différentes. J’ai pu constater que les bourgeois
8
ement les mêmes erreurs. 4. Si d’aucuns remontent
à
Luther, d’autres s’en vont chercher encore plus loin les racines de l
9
t qui caractérisent les vieux poèmes germaniques.
À
quoi s’oppose, selon lui, l’énergique génie des Gaulois celtes. Or le
10
la mollesse de la politique franco-anglaise jusqu’
à
Munich, qui ménageait Hitler à titre de « rempart » contre Staline… T
11
mpart » contre Staline… Tout cela est plus gênant
à
alléguer que Luther et les vieux Germains, parce que dans tout cela s
12
enne. Je m’excuse de tant d’évidences, et d’avoir
à
les rappeler à l’attention d’esprits si distingués. a. Rougemont D
13
se de tant d’évidences, et d’avoir à les rappeler
à
l’attention d’esprits si distingués. a. Rougemont Denis de, « Erre
14
«
À
cette heure où Paris… » (17 juin 1940)b À cette heure où Paris exs
15
« À cette heure où Paris… » (17 juin 1940)b
À
cette heure où Paris exsangue voile sa face d’un nuage, et se tait, q
16
l ne verra que d’aveugles façades. Il s’est privé
à
tout jamais de quelque chose d’irremplaçable, de quelque chose qu’on
17
victorieux : Tout ce qu’il veut saisir se change
à
son approche — Midas de l’ère prolétarienne — en fer tordu, en pierra
18
t. » Le 15 juin 1940. b. Rougemont Denis de, «
À
cette heure où Paris… », Gazette de Lausanne, Lausanne, 17 juin 1940,
19
nte rues de quatre kilomètres coupant les avenues
à
angle droit. Au milieu, un parc de dix kilomètres carrés. C’est tout,
20
l y a le sol qui est alpestre dans sa profondeur.
À
Central Park, au milieu des prairies, vous voyez affleurer de larges
21
ue. Les Américains des plaines de l’Ouest, venant
à
New York, ont coutume de se plaindre de l’inhumanité que revêtent ici
22
de décade en décade, à travers le Far West, jusqu’
à
ce qu’ils eussent rejoint les terres du Pacifique. On ne pouvait plus
23
n ajouter aux plus hauts gratte-ciel de New York,
à
ces grandiloquents témoins de la crise de 1929, où les affaires péris
24
nquantième étage, pour peu que la pression baisse
à
Wall Street. Un grand malaise étreignait l’âme américaine, prise de n
25
bouteillage de richesses matérielles ? Il restait
à
construire des routes. Depuis dix ans, les autostrades américaines al
26
ongent sans répit leur ruban de béton, semblables
à
la trace d’un grand fer à repasser au travers des savanes, des cultur
27
an de béton, semblables à la trace d’un grand fer
à
repasser au travers des savanes, des cultures et des territoires urba
28
ar une large bande gazonnée où l’on s’est ingénié
à
conserver, ici ou là, un grand arbre isolé, témoin de la Prairie. Tro
29
ntre lesquelles se déplacent lentement, de droite
à
gauche, de gauche à droite, entre 100 et 130 à l’heure, des millions
30
éplacent lentement, de droite à gauche, de gauche
à
droite, entre 100 et 130 à l’heure, des millions de larges voitures.
31
te à gauche, de gauche à droite, entre 100 et 130
à
l’heure, des millions de larges voitures. Une telle aisance dans la v
32
it la distance par le charme, attirant les villes
à
soi et déplaçant de vastes paysages au gré d’une curiosité rêveuse. M
33
gros plan et disparaissent en coup de vent, jusqu’
à
ce que l’œil s’éduque et se mette à déchiffrer cette espèce de manuel
34
e vent, jusqu’à ce que l’œil s’éduque et se mette
à
déchiffrer cette espèce de manuel de conduite et de morale élémentair
35
épargnez une vie !… Gardez votre droite… Dépassez
à
gauche… Avez-vous pensé à l’anniversaire de votre femme ?… Donnez-lui
36
votre droite… Dépassez à gauche… Avez-vous pensé
à
l’anniversaire de votre femme ?… Donnez-lui un aspirateur Smith… Des
37
és par jour… Lisez la Bible… Cabines de touristes
à
100 yards… Ferry-boat du Delaware en grève… Faites un détour par Phil
38
aites un détour par Philadelphie… Et arrêtez-vous
à
l’Hôtel Franklin… Ralentissez, légion de daims… Les partis se réconci
39
us souhaite la bienvenue… Et limite votre vitesse
à
cinquante miles… 500 dollars d’amende ou un an de prison… ou les deux
40
e jour-là, les glorieux highways aboutiront enfin
à
l’Homme. d. Rougemont Denis de, « La route américaine », Gazette d
41
sentier fort raide entre les ronces, aboutissant
à
de vieux escaliers. Une seule rangée de maisons à traverser, et l’on
42
à de vieux escaliers. Une seule rangée de maisons
à
traverser, et l’on parvient dans la grand-rue : comme elle est vide !
43
llage, la route bifurque : l’une des routes prend
à
droite, vers la plaine, escortée de quelques maisons ; l’autre s’incl
44
rs la vallée, dans les vergers. Je m’étais arrêté
à
cet endroit, hésitant sur la route à prendre. Et soudain je vis à mes
45
étais arrêté à cet endroit, hésitant sur la route
à
prendre. Et soudain je vis à mes pieds, tracé à la craie sur le sol,
46
ésitant sur la route à prendre. Et soudain je vis
à
mes pieds, tracé à la craie sur le sol, un grand cercle entourant une
47
e à prendre. Et soudain je vis à mes pieds, tracé
à
la craie sur le sol, un grand cercle entourant une inscription en let
48
t au carrefour, il s’est dit : Peut-être est-elle
à
Mandres ; c’est donc jour de marché. Il a écrit ces mots. Elle saura
49
plus tard, que ce jour-là j’avais fait mes adieux
à
la France. e. Rougemont Denis de, « Souvenir de la paix française
50
imat étranger. En outre, j’ai des éditeurs à voir
à
Paris et en Suisse. Et je serais rentré il y a un an déjà si les circ
51
ectement ? Oui, à part un arrêt de quelques jours
à
Paris. Votre impression de la capitale française ? J’ai été frappé pa
52
car en Suisse je n’ai rien éprouvé de semblable.
À
Paris c’était véritablement oppressant… Remontons le cours de votre v
53
part les quatre mois que j’ai passés en Argentine
à
faire les conférences qu’impliquait ma mission. Je pensais alors rega
54
’ai été professeur — et le suis encore en titre —
à
l’École libre des hautes études, université française en exil dirigée
55
utes études, université française en exil dirigée
à
ses débuts par Maritain et feu Focillon, aujourd’hui par le Belge H.
56
nts. La vie intellectuelle était donc fort active
à
New York ? Au point que trois maisons françaises d’édition s’y sont f
57
e par Londres. Il me fallait faire chaque jour 20
à
30 pages, soit un quart d’heure de nouvelles et autant de commentaire
58
ts, dont trois sont terminés et vont être publiés
à
Paris. Ce sont des essais sur les mythes grecs : Doctrine fabuleuse
59
États. Vos derniers ouvrages ont-ils été traduits
à
l’usage des Américains ? J’ai un contrat avec une maison américaine q
60
uvrages seront traduits. En outre, on va rééditer
à
Paris Politique de la personne , Penser avec les mains et L’Amour
61
vais maintenant pouvoir me consacrer entièrement
à
mes livres. Quelques-unes de vos lettres sur la bombe atomique ont pa
62
civilisation que la nôtre, mais qui a ses valeurs
à
elle. Peut-on employer ce mot de civilisation pour un peuple si neuf
63
r, et de gens extrêmement gentils. Y a-t-il bien,
à
votre avis, une puérilité américaine ? Et quel jugement porter sur le
64
ui nous viennent de là-bas ? Puérils, ils le sont
à
nos yeux sur certains points, et nous le sommes à leurs yeux sur cert
65
à nos yeux sur certains points, et nous le sommes
à
leurs yeux sur certains autres (par exemple, la manie de nous battre)
66
ns autres (par exemple, la manie de nous battre).
À
côté d’eux, nous sommes un peu « névrosés ». Ils sont évidemment très
67
s impriment, et manquent d’esprit critique. Quant
à
leurs loufoqueries, ne croyons pas qu’ils les prennent au sérieux : c
68
e part. C’est un résumé de la planète. On se sent
à
New York, en particulier, si cosmopolite aujourd’hui, comme au centre
69
« province » pour s’y rendre. N’ont-ils donc rien
à
craindre de l’américanisme ? Pour ce qui est du matérialisme, avec so
70
ue, les Américains n’ont en somme pas grand-chose
à
nous apprendre, et c’est là une de leurs grandes ressemblances (il y
71
connus en Europe qu’en Amérique. Ce qui est tout
à
notre honneur ! L’Europe reste le continent de la création. L’Amériqu
72
entre elles une entente fructueuse et solide. Et,
à
ce propos, on a tort en Europe de craindre l’impérialisme américain.
73
Consolation
à
Me Duperrier sur un procès perdu (5 décembre 1947)h i Voici le rai
74
ropagande étrangère, comme Oltramare ; il a parlé
à
la radio, comme Oltramare ; hors de Suisse, comme Oltramare encore. L
75
pas lieu de me dénoncer, tout ce discours retombe
à
plat, et notre avocat perd la face. 2. Mais où est l’homme sain d’esp
76
litique. Soit. Mais un avocat qui veut s’en tenir
à
la seule ressemblance des mots tombe dans le calembour juridique. Car
77
s démocraties, donc pour la Suisse. Il en résulte
à
l’évidence que je faisais en Amérique exactement le contraire d’Oltra
78
s en Amérique exactement le contraire d’Oltramare
à
Paris. Si Me Duperrier ne sent pas la différence, essayons de l’éclai
79
fable. Supposons que j’aie tant et si bien parlé
à
la radio américaine, qu’à la fin les nazis ont occupé la Suisse. Voil
80
e tant et si bien parlé à la radio américaine, qu’
à
la fin les nazis ont occupé la Suisse. Voilà ce que c’est ! On m’y ra
81
bre. On n’a pas fusillé Oltramare, on s’est borné
à
le punir un peu. Son avocat garde le droit de me dénoncer pour avoir
82
de vivre. h. Rougemont Denis de, « Consolation
à
Me Duperrier sur un procès perdu », Gazette de Lausanne, Lausanne, 5
83
naturellement autour des « grands », et ils sont
à
Paris. Nous faisons partie de la littérature française. Or, il se tro
84
situation des écrivains romands comme un cas tout
à
fait singulier. Je suis prêt à le croire. Mais enfin, cela ne va pas
85
ts des bienfaits littéraires de l’exil, — d’Ovide
à
Rilke ou à T. S. Eliot, de Dante à Paul Claudel ou à James Joyce — qu
86
faits littéraires de l’exil, — d’Ovide à Rilke ou
à
T. S. Eliot, de Dante à Paul Claudel ou à James Joyce — que j’en vien
87
xil, — d’Ovide à Rilke ou à T. S. Eliot, de Dante
à
Paul Claudel ou à James Joyce — que j’en viens à me demander si la co
88
ilke ou à T. S. Eliot, de Dante à Paul Claudel ou
à
James Joyce — que j’en viens à me demander si la condition normale du
89
à Paul Claudel ou à James Joyce — que j’en viens
à
me demander si la condition normale du « bon écrivain » (j’entends :
90
inspiration. j. Rougemont Denis de, « [Réponse
à
une enquête] Les écrivains romands et Paris », Gazette de Lausanne, L
91
Lausanne, 10 septembre 1949, p. 12. k. L’enquête
à
laquelle Rougemont répond ici est précédée du chapeau suivant : « Réc
92
aussi bien un romancier qu’un dramaturge) a-t-il
à
sa disposition dans la réalité romande ou même helvétique des élément
93
ugemont. Si ce Suisse très cosmopolite reconnaît,
à
son tour, que notre pays manque de ce qui est indispensable au succès
94
La possibilité d’agir nous est ôtée. » Venez donc
à
Lausanne, et nous en discuterons. (L’Europe existe encore, là où le d
95
et calculons. Le tableau change en un clin d’œil.
À
l’ouest du rideau de fer, nous sommes 300 millions : c’est deux fois
96
concurrents, non pas en tant qu’esclaves coûteux
à
entretenir. Et nous avons besoin de l’Amérique, en retour ; nous n’av
97
sses. Les Américains seront forcés de nous forcer
à
l’union ou de nous abandonner, si nous n’arrivons pas, d’ici deux ans
98
andonner, si nous n’arrivons pas, d’ici deux ans,
à
nous fédérer librement. Il ne dépend que de nous d’y réussir. Les jeu
99
ntenant se croit perdue, si elle cède au vertige,
à
l’illusion d’urne impuissance qui alors seulement deviendra vraie. Ch
100
raient que c’était votre histoire. Je vous invite
à
Lausanne en tant que pessimiste. Je voudrais que vous adhériez à ma d
101
ant que pessimiste. Je voudrais que vous adhériez
à
ma doctrine du pessimisme actif. Un dernier mot sur les hommes politi
102
mes politiques. Ils ont eu leur congrès ailleurs.
À
Lausanne, ce seront les savants, les poètes et les philosophes qui pr
103
premiers.) Et M. Spaak, seul homme d’État invité
à
la conférence, est indemne du reproche d’avoir vendu vos peuples. Mai
104
s les plus longues de l’année. Cherchons ensemble
à
distinguer les signes. Les Mages aussi pouvaient penser que l’Étoile
105
, 8 décembre 1949, p. 1. m. Rougemont répond ici
à
une lettre ouverte de Virgil Gheorghiu parue dans le même numéro, à l
106
te de Virgil Gheorghiu parue dans le même numéro,
à
l’occasion de l’ouverture de la Conférence européenne de la culture,
107
Conférence européenne de la culture, qui se tint
à
Lausanne du 8 au 12 décembre 1949.
108
Déjà les pasteurs et les prêtres se préparent
à
parler du message de Noël aux hommes de bonne volonté, répétant avec
109
r condition. n. Rougemont Denis de, « [Réponse
à
une enquête] Ce qu’ils pensent de Noël… », Gazette de Lausanne (suppl
110
’une diplomatie qui tentait de « faire l’Europe »
à
la sauvette, sans poser la question dans son ampleur, à tous. Il faut
111
auvette, sans poser la question dans son ampleur,
à
tous. Il faut vouloir maintenant la vraie fédération, dans sa totalit
112
on par pièces détachées. Il faut enfin se décider
à
expliquer l’Europe aux masses, avec franchise, en termes simples et c
113
obligé de rassurer vos lecteurs : la photo jointe
à
l’article « Au Pentagone : Duncan Sandys » ( Gazette de Lausanne des
114
ut le Congrès européen de la culture, qui se tint
à
Lausanne en décembre 1949. Mon ami Duncan Sandys y prit part, il est
115
… Veuillez croire, Monsieur le rédacteur en chef,
à
mes sentiments bien cordiaux. p. Rougemont Denis de, « Une lettre
116
esprit d’administration. L’esprit de clocher tend
à
confondre l’amour fédéraliste de la diversité avec la sauvegarde orga
117
. Il voudrait que chacune de nos cités se suffise
à
elle-même dans tous les domaines : université, radio, publications, e
118
a n’est pas possible, en plus d’un cas, il pousse
à
préférer des solutions médiocres, mais « bien de chez nous », aux ava
119
’elles sont trop petites pour que s’y développent
à
foison des écoles de peintres, des galeries d’exposition, des troupes
120
rands marchands de l’époque. Il est trop clair qu’
à
l’absence de cette passion créatrice et de ce sens du mécénat, nul co
121
ité pour peu qu’elles aient été un jour inscrites
à
quelque budget d’État, et sous prétexte de répartition géographique é
122
e en mendiante, de refuser de la faire participer
à
une prospérité économique sans précédent. Nos raisons d’être et de re
123
te est introduit par le chapeau suivant : « Grâce
à
l’obligeance de M. Denis de Rougemont, nous publions un extrait de l’
124
ongrès pour une collaboration culturelle romande,
à
Lausanne. »
125
ait nullement, comme l’écrit votre collaborateur,
à
« vitupérer » l’esprit de clocher, dont j’ai très peu parlé, ou le ma
126
lisme, mentionné dans une seule phrase, mais bien
à
insister sur la nécessité de sauvegarder à la fois et en pratique les
127
Europe est d’abord une culture (30 juin 1962)t
À
suivre les débats qui se multiplient sur nos relations futures avec l
128
un, on croirait que l’union de l’Europe se réduit
à
des problèmes de tarifs douaniers et d’intérêts commerciaux. J’estime
129
aires. Il est évident que des peuples, ne songent
à
s’unir que s’ils ont en commun certains traits qu’ils tiennent pour e
130
ennent pour essentiels : leur union consiste donc
à
restaurer ou à consolider par des institutions communes leur unité de
131
entiels : leur union consiste donc à restaurer ou
à
consolider par des institutions communes leur unité de base, lorsque
132
oins contestable réside dans sa culture, je songe
à
deux faits majeurs que chacun connaît. Un fait de nature : l’Europe e
133
ement sur tous les autres continents, et continue
à
rayonner sur toute la terre par la civilisation dont elle est l’origi
134
énie créateur dans tous les ordres, vient ajouter
à
la nature. L’Europe, c’est très peu de chose plus une culture. Quand
135
is un siècle, et qui ont risqué de la faire périr
à
deux reprises en 1914 et en 1939, se résument dans le terme nationali
136
ion publique et les élites responsables ont peine
à
prendre conscience de leur nocivité tant que celle-ci ne se manifeste
137
ttant que l’unification économique puisse suffire
à
« faire l’Europe », il faudrait respecter dans cette hypothèse quelqu
138
t encore fécondes, et enfin qu’elle se subordonne
à
une grande politique commune, laquelle ne peut se développer qu’à l’é
139
itique commune, laquelle ne peut se développer qu’
à
l’échelle mondiale. Commentons brièvement ces conditions de succès :
140
me esthétique, de la culture européenne. Renoncer
à
transmettre les principes et mesures de cette culture générale, ce se
141
auteur de ce mot d’ordre, M. Debré, ne pensait qu’
à
l’Europe des États, qui est tout à fait autre chose.) Les modes d’e
142
ne pensait qu’à l’Europe des États, qui est tout
à
fait autre chose.) Les modes d’emploi Enfin, l’Europe unie ne sa
143
nt cent ans d’avance dans son effort d’adaptation
à
la révolution industrielle, se doit donc de faire part aux pays neufs
144
e et d’une adaptation harmonieuse de la technique
à
l’homme. C’est dire que l’union économique appelle une union politiqu
145
⁂ Le problème européen étant ainsi posé ou reposé
à
partir des réalités de notre culture une et diverse, les conclusions
146
doit englober toutes les nations qui participent
à
l’unité de culture nommée Europe. 2. Cette organisation économique ne
147
ns nécessaires d’une politique qu’il reste encore
à
définir et à réaliser. 3. Cette politique, appuyée sur une organisati
148
s d’une politique qu’il reste encore à définir et
à
réaliser. 3. Cette politique, appuyée sur une organisation fédérative
149
ission essentielle d’orienter leur action commune
à
l’échelle mondiale (relations avec les Amériques, l’URSS, l’Afrique n
150
s avantages d’une union de type fédéral, conforme
à
son essence, comme à celle de l’Europe. Ces motifs d’entrer dans le j
151
on de type fédéral, conforme à son essence, comme
à
celle de l’Europe. Ces motifs d’entrer dans le jeu de la construction
152
s qui nous retiennent encore. Quand elle se borne
à
invoquer sa neutralité perpétuelle, la Suisse se trouve défendre en f
153
n, pendant des heures. Le « station-vagon » roule
à
100, comme font toutes les autres voitures, pas un problème de dépass
154
, dont l’autre face est l’Organisation : ce Janus
à
deux fronts gouverne l’Amérique, mais il faut faire son choix entre l
155
l’ennui qui paie et l’imprévu révélateur, quitte
à
corriger le sort par quelques téléphones et un carnet d’adresses d’am
156
h. Je ne l’avais pas revu depuis un soir de 1941,
à
New York, chez notre ami commun Reinhold Niebuhr. Cet Allemand qui a
157
ich vient de recevoir le Prix de la paix, décerné
à
la Foire du livre de Francfort. L’Allemagne enfin le redécouvre. Qui
158
maisons, cabanes, pavillons, ce que vous voulez,
à
deux heures de New York par avion, ou à quatre ou cinq heures par l’a
159
s voulez, à deux heures de New York par avion, ou
à
quatre ou cinq heures par l’autoroute, dans les Alleghanys, les Appal
160
sans électricité ni aucun confort. Pas une maison
à
20 km à la ronde. La paix totale. Je coupe du bois, je lis, je dors,
161
ctricité ni aucun confort. Pas une maison à 20 km
à
la ronde. La paix totale. Je coupe du bois, je lis, je dors, je médit
162
ntourée d’une douzaine de bâtiments de bois blanc
à
un étage et toits d’ardoises. Dans l’escalier de la maison de brique
163
ue. (Il a dirigé le Roi David lors de sa création
à
Mézière, puis Nicolas de Flüe pendant la guerre à New York.) Une prop
164
à Mézière, puis Nicolas de Flüe pendant la guerre
à
New York.) Une proportion considérable des écrivains et des artistes
165
ns, se voient offrir chez nous ces possibilités —
à
tous égards enrichissantes — de contact avec la jeunesse ? Le lendema
166
avec la jeunesse ? Le lendemain matin, j’assiste
à
une classe de creative writing. Salle meublée comme un salon. Le prof
167
Le professeur annonce que la leçon sera consacrée
à
l’examen d’un court poème écrit par l’une d’entre elles, dont il tair
168
tement. Une vingtaine de vers brefs, irréguliers.
À
la seconde lecture, je comprends qu’il s’agit de deux vieillards dans
169
e assurance imperturbables : je pense, je trouve,
à
mon avis, I feel… Le professeur intervient peu, se borne à orienter l
170
s, I feel… Le professeur intervient peu, se borne
à
orienter la discussion, à proposer quelques critères de jugement poét
171
ntervient peu, se borne à orienter la discussion,
à
proposer quelques critères de jugement poétique. La « stratégie » de
172
ème favori. Ici comme ailleurs, la technique tend
à
devenir la préoccupation dominante, et presque la réalité d’une activ
173
ligion, sciences, arts, musique et danse — pour 3
à
4000 dollars par an. Et ce seront elles qui domineront la société amé
174
, avec une infaillible compétence. Berkeley
À
une heure de San Francisco, l’une de plus grandes universités du mond
175
s divers campuses dispersés sur tout l’État. Ici,
à
Berkeley, ils sont plus de 25 000. Je vais y rencontrer une bonne tre
176
-à-tête ou en groupe, déjeuner et dîner. J’arrive
à
11 heures au campus, pour mon premier rendez-vous. Labyrinthe d’allée
177
on nom en très grosses lettres sur une affiche. «
À
3 heures, dans la Salle de Bal, D. de R., président du Congrès pour l
178
professeurs, portant sur un débat récent organisé
à
Berkeley entre Sidney Hook, C. P. Snow et Hans Morgenthau, et qui sem
179
au, et qui semble avoir fait du bruit, d’une côte
à
l’autre, mais c’est vraiment tout ce que j’en sais. La série de mes r
180
plus le temps de m’inquiéter de rien. Tout occupé
à
satisfaire d’ardentes curiosités sur l’union de l’Europe et le Marché
181
re subitement, et déjà elle croit que c’est fait…
À
3 heures, la grande salle est pleine ; et l’on me conduit sur l’estra
182
iste Bertrand Russell. (Plutôt rouges que morts.)
À
quoi mon ami Sidney Hook a répondu : « Cette attitude nous conduirait
183
Hook a répondu : « Cette attitude nous conduirait
à
être à la fois rouges et morts. » Ils ont parlé surtout de la guerre
184
aleurs occidentales. Je vois donc ce qui me reste
à
faire. Improvisation d’une demi-heure. Sachant que mon auditoire est
185
que mon auditoire est composé d’étudiants « très
à
gauche » et dont plusieurs se demandent, m’a-t-on dit, si l’URSS ne d
186
vois que des imitateurs. Le but des Soviétiques,
à
les en croire, est de rattraper l’Amérique, qui est une invention de
187
rique, qui est une invention de l’Europe. Croyons
à
nos valeurs et prouvons-le, c’est ce que le monde attend de nous, pou
188
urquoi ne pas défendre nos valeurs en étant prêts
à
mourir, mais non pas à tuer, en leur nom ? » « Nous devons incarner n
189
nos valeurs en étant prêts à mourir, mais non pas
à
tuer, en leur nom ? » « Nous devons incarner nos valeurs. Mais commen
190
est une conception archaïque, et que la tendance
à
créer des marchés communs peut conduire à la formation de communautés
191
endance à créer des marchés communs peut conduire
à
la formation de communautés internationales permettant le désarmement
192
ionales permettant le désarmement nucléaire ? » «
À
votre sens, serait-ce une bonne idée que tous les Américains intellig
193
e que tous les Américains intelligents se mettent
à
aimer (pas Éros mais Agapè) tous les Russes du commun peuple ? » À la
194
mais Agapè) tous les Russes du commun peuple ? »
À
la dernière question, j’ai répondu : « J’espère bien que vous n’atten
195
ner, économiste barbu qui compose des « mobiles »
à
temps perdu et en décore son cubicle, et Sidney Hook, le philosophe e
196
s appliquent les dernières théories mathématiques
à
l’analyse conjoncturelle. Les philosophes suivent un cours quotidien
197
mande où l’on trouve en Europe rien qui ressemble
à
ce concours des meilleurs esprits d’avant-garde. D’un instrument pare
198
ore faudrait-il le créer. Où sont nos fondations,
à
quoi pensent les mécènes ? 2. VIP : Very important person. Se dit
199
yage dont il a bien voulu détacher quelques pages
à
notre intention. L’Amérique, c’est le vent, la mer, c’est aussi la je
200
és très différentes des nôtres. Elles ressemblent
à
des couvents laïques, à des campus, à des cottages anglais… Professeu
201
nôtres. Elles ressemblent à des couvents laïques,
à
des campus, à des cottages anglais… Professeurs et étudiants y mènent
202
ressemblent à des couvents laïques, à des campus,
à
des cottages anglais… Professeurs et étudiants y mènent une vie frate
203
L’éloge, l’élan, l’amour, le monde ouvert
à
ceux qui s’ouvrent, cela existe… (2-3 février 1963)w x Le problème
204
ogie plutôt que de la littérature. Si l’on est né
à
Tubingue, à Eboli, à Collombay ou à Stratford sur l’Avon, est-ce vrai
205
que de la littérature. Si l’on est né à Tubingue,
à
Eboli, à Collombay ou à Stratford sur l’Avon, est-ce vraiment plus fa
206
littérature. Si l’on est né à Tubingue, à Eboli,
à
Collombay ou à Stratford sur l’Avon, est-ce vraiment plus facile à ex
207
i l’on est né à Tubingue, à Eboli, à Collombay ou
à
Stratford sur l’Avon, est-ce vraiment plus facile à expliquer ? A-t-o
208
Stratford sur l’Avon, est-ce vraiment plus facile
à
expliquer ? A-t-on vraiment de meilleures chances ? L’idée que la lit
209
angère que je crains de ne pouvoir rendre justice
à
la problématique de M. Tauxe. Je sais bien que ce souci « quasi obses
210
œuvre forte, c’est Ramuz. Mais il ne croyait pas
à
l’Helvetia et à l’homo helveticus. Il ne croyait qu’au pays de Vaud,
211
est Ramuz. Mais il ne croyait pas à l’Helvetia et
à
l’homo helveticus. Il ne croyait qu’au pays de Vaud, réduit aux vigne
212
projet » s’il avait emprunté ses « instruments »
à
une philosophie, même existentialiste. Il s’est fait un langage de pe
213
ialisme néo-bourgeois, réaliste et moralisant, et
à
une maladresse verbale cultivée par l’école primaire et secondaire. T
214
liste et pluraliste, qui lui permet de participer
à
tout un jeu de dimensions spirituelles et physiques, les unes très va
215
miliales, le Suisse romand qui veut écrire n’a qu’
à
jouer ses atouts et bien savoir sa langue. Cela donne Rousseau, Staël
216
chose ? L’éloge, l’élan, l’amour, le monde ouvert
à
ceux qui s’ouvrent à ses risques, cela existe aussi, qui vous retient
217
an, l’amour, le monde ouvert à ceux qui s’ouvrent
à
ses risques, cela existe aussi, qui vous retient ? Écoutez Nietzsche
218
d’un joug. » w. Rougemont Denis de, « [Réponse
à
une enquête] L’éloge, l’élan, l’amour, le monde ouvert à ceux qui s’o
219
nquête] L’éloge, l’élan, l’amour, le monde ouvert
à
ceux qui s’ouvrent, cela existe… », Gazette de Lausanne (supplément l
220
février 1963, p. 20. x. Il s’agit d’une réponse
à
l’enquête « Homo helveticus : existe-t-il en Suisse romande ? »
221
un jour de décrocher son téléphone, et d’entendre
à
l’autre bout du fil une voix annoncer : “Ici Albert Einstein”. Il se
222
y, Denis de Rougemont me racontait l’histoire, et
à
mon tour j’enregistrais une voix, un visage, une stature qui revendiq
223
guerre, n’ont-elles pas porté au romantisme, donc
à
l’amour-passion, un coup mortel ? Pas mortel. Mais dur. J’ai provisoi
224
peintres, les écrivains refusent de donner forme
à
l’irrationnel, ils ne veulent plus être poètes, ils calculent, ils ch
225
s sommeillent. Ils attendent que nous soyons tout
à
fait sortis de cette période d’anarchie, que nous mettions en place d
226
t, conditionné par les autres, que nous parvenons
à
un choix : régler, réglementer minutieusement chaque détail de notre
227
ins de 440 ans ! Bien sûr, la statistique aboutit
à
l’absurde (en 2500, personne ne pourrait s’asseoir sans écraser les p
228
, parce qu’en les violant nous nous condamnerions
à
de terribles accidents. Moralité : l’homme tourne à l’automate, il pe
229
de terribles accidents. Moralité : l’homme tourne
à
l’automate, il perd sa liberté, son épaisseur de vie, il ressemble à
230
rd sa liberté, son épaisseur de vie, il ressemble
à
ces montres extraplates… Justement ! Et c’est ce qui prépare le révei
231
exte inédit de Teilhard. Il faudra que j’en parle
à
Lausanne. Voyez ce passage : le Père (qui d’ailleurs a eu dans sa vie
232
parle de la Chasteté comme d’un moyen de parvenir
à
la vérité. Il le fait dans des termes extrêmement proches du xiie si
233
mythe, après s’être longuement abâtardi, commence
à
se manifester par quelques signes avant-coureurs ? C’est tout à fait
234
r par quelques signes avant-coureurs ? C’est tout
à
fait possible. Ici s’est terminé notre entretien, ici commence la con
235
croient qu’il existe une sorte de nature normale,
à
laquelle la culture et la religion seraient venues surajouter leurs f
236
roblèmes… Cette illusion touchante peut les aider
à
vivre, mais non pas à comprendre leur vie. Car tous, tant que nous so
237
on touchante peut les aider à vivre, mais non pas
à
comprendre leur vie. Car tous, tant que nous sommes, sans le savoir,
238
sion proprement insensée de religions jamais tout
à
fait mortes, et rarement tout à fait comprises et pratiquées ; de mor
239
gions jamais tout à fait mortes, et rarement tout
à
fait comprises et pratiquées ; de morales jadis exclusives, mais qui
240
clusives, mais qui se superposent ou se combinent
à
l’arrière-plan de nos conduites élémentaires ; de complexes ignorés,
241
une simplicité devenues rares, de quelle manière,
à
son avis, nous devons nous comprendre. y. Rougemont Denis de, « [E
242
qui est Dieu, et il entreprit d’édifier une tour
à
Sennaar, qui fut ensuite appelée Babel, ce qui veut dire confusion. G
243
appelée Babel, ce qui veut dire confusion. Grâce
à
cette tour, il espérait escalader le Ciel : tentant ainsi non seuleme
244
i bien que presque tout le genre humain collabora
à
cette œuvre d’iniquité. Une partie d’entre eux commandait, une partie
245
mer ou par terre ; et chaque groupe s’appliquait
à
une tâche particulière. Jusqu’à ce qu’ils fussent frappés par le Ciel
246
oupe s’appliquait à une tâche particulière. Jusqu’
à
ce qu’ils fussent frappés par le Ciel et jetés dans une confusion tel
247
e confusion telle que tous ceux qui étaient venus
à
l’œuvre parlant une seule et même langue, dussent la quitter parlant
248
oquuntur). Si bien que les seuls qui s’en tinrent
à
la langue sacrée furent ceux qui avaient refusé de prendre part à l’œ
249
ée furent ceux qui avaient refusé de prendre part
à
l’œuvre et s’étaient tenus à l’écart, couvrant d’imprécations la foli
250
fusé de prendre part à l’œuvre et s’étaient tenus
à
l’écart, couvrant d’imprécations la folie des travailleurs et les tou
251
r les dimensions mêmes d’un projet qui consistait
à
dépasser la mesure naturelle par l’artifice humain. L’oubli de l’un
252
jetés dans une aventure prodigieuse qui consiste
à
modifier les données initiales « naturelles » de la vie, non plus (co
253
le faisait il y a quelques siècles) pour répondre
à
des besoins certains et à des nécessités limitées de cette même vie —
254
siècles) pour répondre à des besoins certains et
à
des nécessités limitées de cette même vie — mais comme inspirés de cr
255
ur de l’Europe, elle fait songer irrésistiblement
à
cette institution dont le nom même semble indiquer qu’elle devrait ré
256
tuelles, et donc artificielles — elle fait songer
à
cette Tour du Savoir, tellement démesurée qu’il faut, pour l’édifier,
257
Essayons de poser le problème dans son ensemble,
à
l’échelle planétaire. Nous assistons, me semble-t-il, au xxe siècle,
258
. Nous assistons, me semble-t-il, au xxe siècle,
à
deux mouvements de sens contraire, qui affectent ces facteurs traditi
259
ivision du genre humain. Mouvement de convergence
à
grande échelle, d’une part. Les distances sont presque annulées par l
260
a vitesse des communications. Les nations tendent
à
se regrouper et à s’organiser en de vastes ensembles, par continents,
261
unications. Les nations tendent à se regrouper et
à
s’organiser en de vastes ensembles, par continents, et d’abord en Eur
262
onnaissent et s’admettent. Déjà l’intégration est
à
la mode. Demain ce sera le métissage universel, après un certain nomb
263
humain, si longtemps étrangère, voire répugnante,
à
l’Asie brahmanique ou chinoise, et qui devait aboutir à la condamnati
264
ie brahmanique ou chinoise, et qui devait aboutir
à
la condamnation puis à la suppression — mais après combien de siècles
265
ise, et qui devait aboutir à la condamnation puis
à
la suppression — mais après combien de siècles — de l’esclavage. Le d
266
l’époque colonialiste et tout d’abord en réaction
à
ses outrages : las Casas, Vitoria et Suárez, Grotius, Leibniz, Vattel
267
me paraît nulle part plus visible et plus facile
à
observer, hélas, que dans nos universités. Tout le monde sait ici de
268
i de quoi je veux parler : nous assistons en fait
à
une double explosion au sein des institutions d’enseignement supérieu
269
les dimensions physiques et l’université tendent
à
devenir impraticables, cependant que les distances intellectuelles no
270
tés qui prolifèrent dans une même faculté tendent
à
devenir infranchissables. Dans l’univers du savoir humain, faculté et
271
ablée de soucis matériels et qui a d’autres chats
à
fouetter que de méditer sur la synthèse des facultés de l’esprit huma
272
cours.) L’explosion du savoir est plus difficile
à
chiffrer. Robert Oppenheimer et d’autres savants américains nous affi
273
vous et moi, dans nos années d’études, il y a 30
à
35 ans, avions appris toute la chimie et n’en avions rien oublié, nou
274
m (Univers, universitas, selon l’étymologie chère
à
Claudel, veut dire « version à l’unité »…). Toute l’évolution que j’a
275
l’étymologie chère à Claudel, veut dire « version
à
l’unité »…). Toute l’évolution que j’ai dite conduit inévitablement à
276
l’évolution que j’ai dite conduit inévitablement
à
la confusion des langages, dissous en terminologies incomparables. L’
277
même branche. Les jugements d’ensemble, rapportés
à
quelque unité globale de conception, soit originelle soit finale, ne
278
pas davantage si sa démarche est conforme ou non
à
la théologie, et fort probablement ne s’en soucierait pas. Ainsi chac
279
ulièrement l’esprit européen, ne peut se résoudre
à
ce que les routines et l’utilité immédiate suffisent à justifier l’ex
280
que les routines et l’utilité immédiate suffisent
à
justifier l’existence prospère d’une entreprise de cet ordre, et refo
281
ici l’interprète. Faudrait-il donc nous résigner
à
que l’accroissement même du savoir traîne pour conséquence la divisio
282
aire de disciplines forcément partielles, pouvant
à
tout instant être mises en question, radicalement, par d’autres disci
283
es, acceptant ainsi de n’être peut-être plus tout
à
fait vraies — mais tant pis, cela ne se sait pas encore ! Cette espèc
284
e espèce de résignation intellectuelle correspond
à
une forme schizoïde de la pensée, et conduit à un scepticisme croissa
285
nd à une forme schizoïde de la pensée, et conduit
à
un scepticisme croissant quant aux fins dernières de la recherche et
286
leurs cours… Mais quel dieu servent-ils encore ?
À
quelle idée de l’homme, divine ou idéale, correspond aujourd’hui l’en
287
rai, il est devenu presque impossible de répondre
à
une telle question, et c’est pourquoi sans doute on la pose si rareme
288
la pose si rarement. Notre enseignement vise-t-il
à
former des personnes réelles et complètes, ou seulement de futurs pro
289
culture européenne, et c’est là qu’ils se posent
à
eux-mêmes ces questions, et nous les posent avec une insistance gênan
290
par la théologie et les recherches particulières
à
l’aventure, advienne que pourra, et qu’on trouve ce que l’on trouvera
291
t la Renaissance, probablement au xiiie siècle —
à
l’époque justement qui a vu naître les premières universités européen
292
premières universités européennes, en Italie puis
à
Paris. (Quant à savoir dans quelle mesure l’apparition de l’Universit
293
sités européennes, en Italie puis à Paris. (Quant
à
savoir dans quelle mesure l’apparition de l’Université est liée à ce
294
elle mesure l’apparition de l’Université est liée
à
ce phénomène, soit qu’elle l’exprime, soit qu’elle réagisse contre lu
295
alité, pour elles, n’est pas vertu, mais atteinte
à
l’ordre sacré — ou simple erreur d’exécution. Mutatis mutandis, il en
296
i travaillez-vous autant ? Pourquoi cherchez-vous
à
accroître la productivité plutôt que la sagesse ? et à contrôler la m
297
roître la productivité plutôt que la sagesse ? et
à
contrôler la matière plutôt que vos passions et vos désirs ? Bien peu
298
ur essentiellement illusoires n’allait pas perdre
à
leur étude le meilleur de son temps de méditation. Si les Européens v
299
uestions fondamentales, ils se verraient conduits
à
dépasser leur régime de spécialités académiques, à surmonter leur ign
300
dépasser leur régime de spécialités académiques,
à
surmonter leur ignorance méthodique des domaines qui ne sont pas de l
301
mple du physicien et du théologien. Pour répondre
à
l’hindou qui interroge l’Occident sur son obsession de l’Histoire, du
302
ère et sa constitution, est étrangement homologue
à
celle des grandes querelles théologiques de Nicée, de l’augustinisme,
303
de la pluralité de ses recherches sans références
à
un langage commun. Un savoir en progression géométrique Le gran
304
s. a) La première, souvent proposée, consisterait
à
imposer des cours de culture générale, un studium generale, aux étudi
305
rte, même prolongée comme on nous le promet jusqu’
à
une moyenne de 90 ans, pour que l’espoir de maîtriser l’ensemble du s
306
te qu’on nous propose, qui s’étendrait du berceau
à
la tombe, ne laisserait guère le temps de vivre à ses bénéficiaires s
307
à la tombe, ne laisserait guère le temps de vivre
à
ses bénéficiaires super-savants. Pic de la Mirandole, aujourd’hui, se
308
b) Une deuxième solution concevable consisterait
à
réfréner la spécialisation. Je la tiens également pour illusoire. Cer
309
dépens de l’équilibre du corps. On peut l’évaluer
à
son prix réel et trouver celui-ci exorbitant : perdre de vue l’ensemb
310
le, que tous les gains partiels, additionnés, dus
à
la spécialisation, ne combleront jamais, et toujours moins. C’est gag
311
ression que j’ai dite : toujours plus de matières
à
enseigner à un nombre toujours plus grand d’étudiants et de futurs en
312
j’ai dite : toujours plus de matières à enseigner
à
un nombre toujours plus grand d’étudiants et de futurs enseignants. P
313
ouvement de spécialisation, mais le pousser jusqu’
à
ce point où l’étude la plus exigeante d’une discipline particulière v
314
e par les nécessités internes de son cheminement,
à
déboucher sur des domaines que la vertueuse méthode, naguère, interdi
315
hromosomes, aux autres de construire des machines
à
traduire. Un physicien étudiant le principe de l’irréversibilité du t
316
principe de l’irréversibilité du temps est amené
à
écrire « qu’une vue physicienne stricto sensu du cosmos est trop étri
317
s y rencontrent semblent les confronter désormais
à
des options métaphysiques. Je ne l’imagine pas : je les écoute, et pl
318
de nos universités, devrait d’abord être confiée
à
des groupes de chercheurs représentant des disciplines diverses. Par
319
rrefours de vérités hétérogènes » sur lesquels et
à
partir desquels l’esprit de synthèse pourrait s’exercer. Le nombre op
320
des participants de tels groupes me paraît être,
à
l’expérience de nombreux colloques portant sur des sujets interdiscip
321
n des effectifs universitaires, je n’aurais guère
à
proposer qu’une solution de bon sens presque simpliste : il me semble
322
rts d’experts qui vous sont soumis. Si l’on garde
à
l’esprit la règle d’or de la culture européenne, qui n’est rien d’aut
323
de tout bon travail en commun, l’on sera conduit
à
préférer la multiplication de petites universités à la multiplication
324
préférer la multiplication de petites universités
à
la multiplication des facultés, des chaires et des postes d’assistant
325
me paraît intimement lié en Europe, non seulement
à
l’optimum de l’efficacité pédagogique — qui exige la proximité — mais
326
iences par million d’habitants d’un pays, de 1901
à
1960, ce sont les plus petits pays d’Europe qui occupent les cinq pre
327
on d’instituts ou de centres de synthèse, établis
à
l’échelle européenne, je veux dire supranationale. J’en imagine le pr
328
« hommes de synthèse » dont je vous parlais tout
à
l’heure : professeurs de tous âges et de toutes spécialités, et futur
329
tuelles de cette communauté peuvent être définies
à
grands traits comme suit. Quant à la forme : point de cours magistrau
330
t être définies à grands traits comme suit. Quant
à
la forme : point de cours magistraux, mais seulement des colloques re
331
ues restreints, groupant au maximum 20 personnes,
à
l’optimum une douzaine. Si quelqu’un désire absolument donner une con
332
absolument donner une conférence, le soir, c’est
à
ses risques et périls : toute déclaration publique est obligatoiremen
333
de jeu par colloque, et ils ne peuvent appartenir
à
la même spécialité. Faire le monde Et quant au contenu : seuls
334
la technologie. Comment passer de l’ère technique
à
l’ère de l’équilibre humain ? En d’autres termes, comment tirer les b
335
et de paix des disciplines farouches qu’imposent
à
la majorité de nos contemporains les impératifs de la croissance de p
336
des caractères spécifiques de notre civilisation,
à
l’heure où elle se répand d’une manière anarchique sur tous les conti
337
anarchique sur tous les continents de la planète,
à
l’heure où le tiers-monde l’interroge avec une anxiété mêlée d’arroga
338
e l’interroge avec une anxiété mêlée d’arrogance,
à
l’heure où elle s’interroge elle-même plus qu’elle n’a jamais fait da
339
te liste de thèmes, vous le sentez, ne demande qu’
à
s’allonger au gré de vos désirs. Quant aux relations entre un tel Cen
340
in, permettrait d’envoyer beaucoup de professeurs
à
cet institut de recyclage et de remise en question générale, et c’est
341
rès un an, les professeurs détachés reviendraient
à
leur enseignement, porteurs d’une sorte de radioactivité, — les uns m
342
langage commun aux sciences exactes, aux arts et
à
la théologie, ainsi Descartes dès 1625, puis Leibniz et son Ars Combi
343
nt internationale mais interdisciplinaire, propre
à
permettre de nouveau le commerce des esprits supérieurs des disciplin
344
rits supérieurs des disciplines les plus diverses
à
un très haut niveau de précision. Mais on peut craindre que le langag
345
preuve dans leur Correspondance (voir les lettres
à
von Preen de l’aîné, celles à Hofmannsthal du cadet), mais plutôt qu’
346
e (voir les lettres à von Preen de l’aîné, celles
à
Hofmannsthal du cadet), mais plutôt qu’il faut l’attribuer à leur com
347
hal du cadet), mais plutôt qu’il faut l’attribuer
à
leur commune formation bâloise d’historiens scrupuleux mais sûrs arti
348
ité et cosmopolitisme, et qui rend plus sensibles
à
l’oreille intérieure les arythmies annonciatrices d’accidents du cœur
349
en des grandes têtes politiques du passé, ou mêlé
à
l’histoire vivante comme dans le cyclone de Dantzig ; enfin mémoriali
350
s l’y engageait. Jeter des ponts, relier l’action
à
la pensée, concilier les cultures ou les grands intérêts, juger sans
351
turelles des Suisses. Voilà qui suffira peut-être
à
justifier l’existence autonome de ce pays, dans une époque où l’homme
352
s rare, tellement plus exemplaire pour l’humanité
à
venir que le « dictateur… ». (Mais j’allais oublier de dire que « C.J
353
r, puisse-t-il y reposer parmi les siens, « réuni
à
son peuple », comme dit la Bible. C’est là que je l’avais surpris un
354
par une poussée irrésistible de bas en haut, rien
à
faire, c’est plus fort que moi… » Là-dessus des théories bien saugren
355
du Café de la Poste, au grand soleil. J’écrivais
à
ce moment un livre sur la Suisse, c’était la raison de mon passage, e
356
eur — moi aussi, je l’ai eu ! m’écriai-je — jusqu’
à
Soglio tout proche et ses palais alpestres. Et quel paysage autour de
357
ques ? Oui, bien sûr, et le père d’Alberto aimait
à
le conduire sur ces pentes désertes, au pied démesuré des roches surg
358
André Breton
à
New York (8-9 octobre 1966)ad La guerre, l’exil américain, ses vio
359
tête-à-tête dans un petit restaurant du Village,
à
New York. (20 juin 1942, selon le journal que je tenais alors.) Deux
360
alors.) Deux jours plus tôt, je l’avais rencontré
à
l’Office of War Information, où je venais de prendre un poste. J’écri
361
la moindre compromission avec tous les snobismes
à
l’affût.) Il se plaignit, très gentiment, de ce que durant nos années
362
orie de la contestation en convergence heureuse !
À
quelques jours de là, il me dit souhaiter que nous puissions désormai
363
personne ne parlera dans les centaines d’articles
à
paraître ces prochains jours. C’est que Breton, pour toute la haine v
364
ellion furieuse et permanente mais selon sa règle
à
lui, bien entendu, une rigueur folle dans le défi qui rejoignait l’In
365
et des décrets d’excommunication peu prévisibles,
à
grands éclats de voix soudains, en rejetant la tête en arrière, et la
366
èbres du dehors, éjectée, déjetée, insultée jusqu’
à
l’âme. D’autres fois, il se contentait d’un ou deux coups d’épingle t
367
qu’avait reconstitué André Breton dès son arrivée
à
New York. Il avait pour noyau quelques peintres qui allaient changer
368
aine, et l’on se livrait avec beaucoup de sérieux
à
des jeux d’écriture ou de télépathie. Parfois, on arrangeait une fête
369
poésie sur un ton d’emphase contenue, en marchant
à
grands pas dans son studio : « L’Européen le plus moderne, c’est vous
370
me poème…) C’est ainsi qu’il me lut un jour l’Ode
à
Charles Fourier qu’il venait de recopier d’une belle écriture sage et
371
halanstérienne. On eût dit qu’il était le premier
à
découvrir ce jeune auteur d’avant-garde ! « Ombre frénétique de Fouri
372
rien, visiblement, et avec raison : son Augustin
à
lui était sans nul rapport avec celui qu’avait canonisé « l’Obscurant
373
t canonisé « l’Obscurantisme ». Un dimanche matin
à
New York, au bas de Madison Avenue déserte, vingt étages à gauche et
374
k, au bas de Madison Avenue déserte, vingt étages
à
gauche et à droite, je me trouve soudain devant Breton, qui marche le
375
Madison Avenue déserte, vingt étages à gauche et
à
droite, je me trouve soudain devant Breton, qui marche lentement à pa
376
rouve soudain devant Breton, qui marche lentement
à
pas de rêve. « Je pensais, me dit-il, à la religion qu’il faut absolu
377
lentement à pas de rêve. « Je pensais, me dit-il,
à
la religion qu’il faut absolument fonder, et pourquoi ne pas la fonde
378
d’une existence poétique si hautement exemplaire
à
tant d’égards, c’est qu’il voulait tout à la fois changer la vie par
379
exister que pour lui seul. De personne je ne suis
à
ce point sûr qu’il a toujours suivi — avec autant d’audace que d’exac
380
ation. ad. Rougemont Denis de, « André Breton
à
New York », Gazette de Lausanne (supplément littéraire), Lausanne, 8–
381
ifficile. Des rires. Des jours aussi qui touchent
à
l’histoire. Et des adieux… Seules donc m’ont guidé — ou égaré — les s
382
aiguës, d’oublis révélateurs peut-être, obéissant
à
la seule logique des sentiments. D’où le pouvoir émouvant de tant de
383
urs dans ma jeunesse, ils croyaient dur comme fer
à
« l’unité », l’unité à tout prix, fût-ce au prix de l’ennui — un peu
384
ls croyaient dur comme fer à « l’unité », l’unité
à
tout prix, fût-ce au prix de l’ennui — un peu comme dans le Nouveau R
385
né son art d’écrire « pour le plaisir ». Je pense
à
des récits comme Valets, Reines, Rois, Daphné, ou la Jeune Fille de N
386
nt passer et repasser sans transition de la prose
à
la poésie, d’un salon de la Belle Époque éprise d’Art aux bureaux dra
387
e, et de l’évocation d’une adolescence parisienne
à
celle d’une inénarrable incorporation comme volontaire cycliste en cu
388
jeune fille inconnue, dans une maison de campagne
à
vendre ; à travers un paysage où « l’orage de mai, proche et grondant
389
du livre, intitulées « Sans date », qu’il cherche
à
« distancier », vainement d’ailleurs, sont admirables. L’agence des
390
Je rappellerai donc quelques scènes plus faciles
à
identifier historiquement. La création de l’Agence des prisonniers de
391
utomne de 1914. Notre cycliste volontaire rappelé
à
Genève par Gustave Ador, président du CICR (69 ans, veston léger « av
392
t vers Genève des familles de soldats disparus. «
À
Genève, pour trouver mon fils » porte une enveloppe, en guise d’adres
393
e enveloppe, en guise d’adresse. Et une autre : «
À
Gustave Adoré, Genève. » La marée monte de semaine en semaine, sans r
394
lontaires travaillent bientôt. Un jour on annonce
à
Chenevière et l’on pilote vers lui entre les fichiers un monsieur « f
395
venait de publier Au-dessus de la Mêlée et vivait
à
Villeneuve, réaliste utopique, « en une sorte de sérénité meurtrie ».
396
. Mussolini et les raisins Plus tard, c’est
à
la veille de l’autre guerre mondiale, une délégation du CICR se rend
397
e guerre mondiale, une délégation du CICR se rend
à
Rome pour essayer de sauver les blessés bombardés par les Italiens en
398
vers la fin du recueil (mais souvent trop rapides
à
mon gré, par excès de pudeur peut-être, ou comme si l’auteur redoutai
399
Guy de Pourtalès parmi les pêcheurs du Léman, ou
à
Bayreuth, Robert de Traz à la Revue de Genève (dont Chenevière fut
400
pêcheurs du Léman, ou à Bayreuth, Robert de Traz
à
la Revue de Genève (dont Chenevière fut codirecteur), Pierre Girard
401
La présentation du petit Jacques, âgé de 13 ans,
à
Sarah Bernhardt dans sa loge, puis leurs rencontres à Genève et à Par
402
rah Bernhardt dans sa loge, puis leurs rencontres
à
Genève et à Paris, sont décrites dans le registre d’un comique assez
403
t dans sa loge, puis leurs rencontres à Genève et
à
Paris, sont décrites dans le registre d’un comique assez vif, mais l’
404
t le livret des Premiers Souvenirs. Et le passage
à
Lausanne de Liane de Pougy — devenue mondiale et vraie princesse — es
405
ant, en le voyant de près, méditatif, je songeais
à
la race du pharaon, fondateur dans cet autre désert d’El-Amarna, d’un
406
rge regard rayonnant et ce sens mystique étranger
à
toute espèce de religion des prêtres. « Nous devons être absolument s
407
aissait à fond notre littérature, où il préférait
à
tout François Villon. Jeune homme, il avait rêvé un sonnet en françai
408
nt scrupuleux, par bonté, il voyait tout, pensait
à
tout pour ses amis, et savait écouter comme personne, tout en vous en
409
cessé d’occuper dans la culture de notre temps :
à
proximité, le regard rencontre les champs et les arbres de la campagn
410
s champs et les arbres de la campagne genevoise ;
à
cinq minutes, cependant, vous avez Cointrin, l’ouverture sur le monde
411
harnière dans ma vie et mes préoccupations. C’est
à
ce moment-là, en effet, qu’avec plusieurs jeunes intellectuels de ma
412
ociété où nous vivions était fichue, qu’on allait
à
des catastrophes, notamment à la guerre : faire la révolution, pour n
413
ichue, qu’on allait à des catastrophes, notamment
à
la guerre : faire la révolution, pour nous, signifiait refaire un ord
414
groupement l’Ordre nouveau, nous nous attachions
à
une doctrine très rigoureuse de la personne qui débouchait sur l’idée
415
ait sur l’idée de la fédération de l’Europe, liée
à
la notion d’une fédération des régions, concept actuellement repris d
416
repris d’ailleurs, même par le général de Gaulle.
À
cette époque, l’opposition du fascisme et de la démocratie, pour des
417
et automne 1932 ? Beaucoup de choses sont sorties
à
ce moment-là : le premier numéro de la revue Esprit , le premier num
418
, Kierkegaard, et Heidegger que Corbin commençait
à
traduire. En ce qui concerne L’Ordre nouveau où je retrouvais Arnaud
419
ues influences marxistes (du jeune Marx surtout).
À
l’opposé du système hégélien, avec sa triade thèse, antithèse, synthè
420
isser les choses dans leur état de tension. Quant
à
Esprit, son premier numéro manifestait une tendance plutôt péguyste,
421
numéro manifestait une tendance plutôt péguyste,
à
dominante catholique. Quand le premier de Hic et Nunc parut, Mounie
422
aisant connaître, par exemple, Barth et Heidegger
à
un public français qui ne les connaissait pas. Pour marquer une diffé
423
entifiques et techniques, qui nous intéressaient,
à
Hic et Nunc ai, comme moyens de libération de la personne. Nous éti
424
naux, qui ne sont pas des mémoires et se tiennent
à
égale distance de la chronique et du journal intime, s’exprime l’évol
425
sensibilité est assez fréquente en Suisse, située
à
la croisée des chemins. C’est ainsi que, Suisse français, je me suis
426
vers plusieurs écrivains suisses romands ; pensez
à
Roud et Jaccottet. Il existe un filon de romantisme allemand qui nous
427
clusions, qui s’oppose d’une manière systématique
à
toute idée de nationalisme. Il faut multiplier les communautés d’aire
428
et enraciné. Je n’ai jamais senti la moindre gêne
à
être d’un pays où j’ai des racines et à me sentir européen. La seule
429
ndre gêne à être d’un pays où j’ai des racines et
à
me sentir européen. La seule chose inadmissible est d’être enfermé da
430
ce. Maintenir les contraires Dans la préface
à
votre livre, vous écrivez ceci : « Ou bien l’on intériorise l’événeme
431
lui sous le masque d’une relation toujours prête
à
fournir ses preuves d’objectivité. Ou écrire ou décrire, en somme… »
432
rtainement, et c’est un mouvement qui se retrouve
à
tous les niveaux. Je pense qu’il faut maintenir dans un individu l’ex
433
du que sa vocation distingue de la masse et relie
à
la communauté. Maintenir dans sa pensée deux réalités antinomiques, v
434
générale du fédéralisme qui irait de la personne
à
la fédération mondiale. Je tiens aussi beaucoup, dans le même esprit,
435
le. Je tiens aussi beaucoup, dans le même esprit,
à
la nécessité conjointe de la pensée et de l’action ; « penser avec le
436
Ferney-Voltaire, où des êtres humains, semblables
à
des millions d’autres, terminent calmement leur journée sous le solei
437
elle de Denis de Rougemont est là pour nous aider
à
ne pas désespérer complètement de l’esprit. ag. Rougemont Denis d
438
erreur de transcription : Rougemont se réfère ici
à
L’Ordre nouveau, non à Hic et Nunc .
439
: Rougemont se réfère ici à L’Ordre nouveau, non
à
Hic et Nunc .
440
nt paraître « nouveaux », et ne correspondent pas
à
un poste du budget courant. Ce « réalisme » conduit au marasme ou à l
441
et courant. Ce « réalisme » conduit au marasme ou
à
la révolution, selon le tempérament des peuples. Mais subitement, apr
442
ctuel des sujets. 1. Qu’est-ce que l’Université ?
À
sa naissance, aux xiie et xiiie siècles, c’est une commune autonome
443
sic et non (le débat des pour et des contre) mise
à
la mode par le maître à penser des jeunes gens de l’époque, Abélard.
444
pour et des contre) mise à la mode par le maître
à
penser des jeunes gens de l’époque, Abélard. La substance de cette Un
445
champions étudient les sept arts, et réussissent
à
tout savoir.) En fonction d’un certain sens de la vie 2. Au sens
446
ir, l’Université n’existe plus. Ce qu’on persiste
à
décorer de ce nom n’est que la juxtaposition d’une quantité variable
447
coles professionnelles, dites facultés, destinées
à
former des avocats, des dentistes, des ingénieurs, des financiers, de
448
’un même État. À part cela, elles n’ont plus rien
à
se dire, ni au fond rien à faire ensemble. 3. L’Université au vrai se
449
elles n’ont plus rien à se dire, ni au fond rien
à
faire ensemble. 3. L’Université au vrai sens du terme et les écoles p
450
es, presque contradictoires. Les écoles préparent
à
des métiers : elles servent la Production. L’Université devrait prépa
451
vent la Production. L’Université devrait préparer
à
juger, évaluer, orienter les esprits et les activités : elle aurait p
452
l se pourrait qu’au nom du Sens, elle soit amenée
à
contester les finalités productivistes de la plupart des écoles. 4. L
453
hercherait plutôt les moyens d’adapter la société
à
un certain Sens… 5. Une école doit normalement déboucher sur un job.
454
ntraire du nationalisme cantonal, ne consiste pas
à
vouloir tout partout et à tout prix, mais à répartir les activités se
455
ntonal, ne consiste pas à vouloir tout partout et
à
tout prix, mais à répartir les activités selon leurs dimensions aux é
456
e pas à vouloir tout partout et à tout prix, mais
à
répartir les activités selon leurs dimensions aux étages communautair
457
nt être revus à l’aide de cette méthode, la seule
à
mon avis qui ait le droit de se réclamer du fédéralisme. 10. Pourquoi
458
ce qu’un centre de contestation est indispensable
à
toute société de type européen, d’une part pour faire progresser le s
459
r chaque discipline ; dans l’autre, on se livrera
à
une perpétuelle mise en question de chaque discipline par les autres
460
e sont restées celles d’un studium médiéval : dix
à
quinze étudiants pour un maître. Ces groupes pouvant se combiner libr
461
eu d’espace, et peuvent s’organiser n’importe où,
à
la campagne, dans un village ou dans une ville. Cependant les unes on
462
, enseignants et étudiants est donc indispensable
à
la vie d’une Université digne du nom. 16. Il ne faut pas redouter qu
463
ait balayée. Tandis qu’une Université subordonnée
à
la société, donc privée de liberté dans la critique et de gratuité da
464
e coup d’être une Université, et n’aurait plus qu’
à
disparaître. 17. Une Université digne du nom, dont le rôle serait d’o
465
société, en fonction d’un certain Sens de la vie (
à
découvrir, assumer, critiquer et rénover sans relâche), redeviendrait
466
ionnelles (ou facultés) que l’on s’obstine encore
à
nommer des universités. 18. Il ne faut pas détruire ce qui existe — l
467
prononcé devant les 200 recteurs européens réunis
à
Göttingen, et publié par la Gazette littéraire, en novembre 1964. aj
468
l’un l’autre en question. Mon premier livre paru
à
Paris s’ouvrait par un chapitre sur « l’engagement du clerc », sa néc
469
est celui qui s’en est remis une fois pour toutes
à
la politique d’un parti, quand il s’agit de prendre une position publ
470
dre une position publique. L’engagement supposait
à
mon sens tout le contraire : responsabilité pleine et entière — non s
471
assumée, non seulement frondeuse mais aimante et,
à
l’extrême, sacrificielle — d’une personne et de sa pensée en corps à
472
icielle — d’une personne et de sa pensée en corps
à
corps avec l’époque. « Présence au monde et à soi-même conjointement
473
rps à corps avec l’époque. « Présence au monde et
à
soi-même conjointement », disais-je en 1932. Mais on a glissé depuis
474
, disais-je en 1932. Mais on a glissé depuis lors
à
un sens partisan ou militaire du terme. Mon sens était plutôt poétiqu
475
e, moral, philosophique et religieux. De l’intime
à
l’ultime, il supposait un passage obligé par le « proxime », la proxi
476
jets qu’on pourrait isoler, séparer ou rapprocher
à
volonté. Nul événement social ou politique n’existe en soi sans qu’on
477
pes d’auteurs qui se définissent par leur rapport
à
l’événement : le ludion, le contestateur et le prophète, que certains
478
mment l’utopiste. 1. Le ludion réagit passivement
à
l’époque : il n’est pas engagé mais immergé en elle, il en révèle les
479
e par le nom de Françoise Sagan, ludion des moods
à
la mode, et la limite supérieure par le nom de Franz Kafka, révélateu
480
cela, en tant qu’écrivain, par les moyens propres
à
l’écrivain. On peut aussi contester comme Trotski, Romain Rolland, Ko
481
l’utopiste, c’est toute la grande poésie d’Isaïe
à
l’Apocalypse, d’Eschyle à Dante, de Hölderlin à Nietzsche et à Rimbau
482
a grande poésie d’Isaïe à l’Apocalypse, d’Eschyle
à
Dante, de Hölderlin à Nietzsche et à Rimbaud, mais c’est aussi toute
483
e à l’Apocalypse, d’Eschyle à Dante, de Hölderlin
à
Nietzsche et à Rimbaud, mais c’est aussi toute l’imagination de la «
484
e, d’Eschyle à Dante, de Hölderlin à Nietzsche et
à
Rimbaud, mais c’est aussi toute l’imagination de la « vraie vie », de
485
vraie vie », de Thomas More et Tommaso Campanella
à
Swift, Rousseau et Saint-Simon, Fourier, Proudhon, Marx et Mao. Le pr
486
la société peut attendre de l’écrivain confronté
à
sa crise et à l’événement, c’est la donation d’une mesure, la créatio
487
ut attendre de l’écrivain confronté à sa crise et
à
l’événement, c’est la donation d’une mesure, la création de formes, d
488
de fondateur. Ce que l’écrivain doit au monde et
à
l’événement, c’est de les créer. Et ce qu’il faut attendre du meilleu
489
t. En août 1947 on est venu me demander de parler
à
un congrès de fédéralistes européens à Montreux où j’ai prononcé un d
490
de parler à un congrès de fédéralistes européens
à
Montreux où j’ai prononcé un discours inaugural : j’étais engagé. Pui
491
er de la partie culturelle du Mouvement européen.
À
partir du congrès de La Haye en 1948 je me suis beaucoup penché sur c
492
estivals de musique européens que je préside tout
à
fait par hasard. Nous avons coordonné les instituts d’études européen
493
mpagne européenne d’éducation civique qui cherche
à
introduire l’angle de vision européen dans la leçon d’histoire, de gé
494
t ans de tentatives de rapprochement n’ont abouti
à
rien sur le plan politique. Cette situation tient au fait que les Éta
495
neté absolue, devenant ainsi eux-mêmes l’obstacle
à
toute espèce d’union. On ne peut bâtir une union de l’Europe sur les
496
eut bâtir une union de l’Europe sur les obstacles
à
toute union ! Notre espoir réside dans une politique des régions. Par
497
er par une assemblée élue par les régions. Il y a
à
ce sujet une importante littérature en France qui est le pays le plus
498
age d’une organisation mondiale. Sans doute d’ici
à
dix ou quinze ans serons-nous parvenus à créer des régions sur une ba
499
te d’ici à dix ou quinze ans serons-nous parvenus
à
créer des régions sur une base économique, historique, ethnique — tou
500
économique, historique, ethnique — tout cela mêlé
à
doses variables — qui seront de plus en plus les vrais centres de la
501
de races. Les problèmes les plus importants sont
à
la racine d’ordre philosophique ou religieux. Il s’agit de transposer
502
nds ont montré l’urgence des problèmes européens.
À
cette occasion nous présentons l’activité de Denis de Rougemont dans
503
ra l’un des conférenciers qui parleront cet hiver
à
Lausanne, invités par la Gazette littéraire. Le programme est composé
504
folle exigence ; en ce temps-là. Elle s’adressait
à
cela dans la littérature dont il nous paraissait tout à fait évident
505
dans la littérature dont il nous paraissait tout
à
fait évident que Paulhan détenait les clefs et les mesures. (Mais c’é
506
chacun des auteurs de la revue n’eût pas été tout
à
fait le même sans sa présence et sans son attention. Il était à lui s
507
sans sa présence et sans son attention. Il était
à
lui seul notre air de parenté, si différents ou opposés que nous fuss
508
imaginer ! La presse, depuis vingt ans, s’obstine
à
le traiter d’éminence grise de nos lettres. Il était tout le contrair
509
e de toute secrète volonté de puissance, attentif
à
ne rien nous imposer qui ne fût ce qu’il avait senti, bien avant nous
510
ons) et il les respectait scrupuleusement, quitte
à
les provoquer ou débusquer par des questions à l’improviste d’une mys
511
nte naïveté — comme il lui arrivait de s’en poser
à
lui-même, et parfois d’y répondre par un opuscule. « Ah ! je suis bie
512
n déçu, me disait-il un jour. Je me suis appliqué
à
relire Cicéron dans l’espoir de le trouver surréaliste, eh bien, non,
513
revue : c’était toujours vif et pressant, et tout
à
trac ; comme la reprise d’un entretien interrompu par un coup de télé
514
n interrompu par un coup de téléphone. Il dictait
à
sa femme les lettres moins intimes. Germaine et Jean, dans ce petit b
515
mansardé de la maison Gallimard, faisaient seuls,
à
eux deux, cette NRF qui a marqué le siècle littéraire comme nulle a
516
mme nulle autre revue, nulle autre école. De 1925
à
1940, à je ne sais quelles exceptions près, ce qui a compté dans la l
517
e autre revue, nulle autre école. De 1925 à 1940,
à
je ne sais quelles exceptions près, ce qui a compté dans la littératu
518
« s’il m’intéresserait quelque jour de collaborer
à
la NRF ». J’étais admis ! J’allais être reçu ! L’on m’invita à la t
519
’étais admis ! J’allais être reçu ! L’on m’invita
à
la table des dieux. Valéry, Gide, Claudel et Saint-John Perse ! Étour
520
upplie de nous donner des textes ! » Me voici mis
à
l’aise, et mal à l’aise aussi. Un peu plus tard, il me confie, rêveur
521
: « Pourquoi ne pas les assumer ? » (Bien sûr qu’
à
cela, du moins, il n’a jamais songé.) Je l’ai surpris, notre dialogue
522
urs de mes livres, d’une manière que je suis seul
à
connaître. Je m’arrangerai pour y faire figurer les questions qu’il m
523
e pour prévenir les objections qu’il avait faites
à
la seconde, dont je croyais d’abord qu’elle pouvait se suffire. Longt
524
el et l’autre sur Jean Paulhan ». Ce qui m’engage
à
rapporter ces petits souvenirs, c’est qu’ils sont personnels… à combi
525
s petits souvenirs, c’est qu’ils sont personnels…
à
combien d’entre nous, jeunes auteurs de l’entre-deux-guerres ! Que di
526
peut l’homme. Et Gide, ce qu’il est. Il suffirait
à
Claudel de reformer sur les débris d’une société laïque le monde sacr
527
es hommes sous-estiment l’efficacité. » Il semble
à
Maurras suffisant, mais nécessaire, que l’écrivain maintienne au-dess
528
moins donnantes. Tout se passe comme s’il y avait
à
leur endroit je ne sais quoi de libre, de joyeux et peut-être d’insen
529
nsé, dont nous aurions perdu jusqu’au souvenir et
à
l’idée. Mais non pas perdu tout à fait ni pour toujours, puisque ce
530
au souvenir et à l’idée. Mais non pas perdu tout
à
fait ni pour toujours, puisque ce « je ne sais quoi de libre, de joye
531
ut le reste à l’avenant. La presse est allergique
à
tout ce qui n’est pas « le petit fait faux » qui seul intéressera, cr
532
promouvoir » la présence culturelle de la Suisse
à
Paris, puis à l’échelon mondial à l’Unesco. Tous ces services, rendus
533
la présence culturelle de la Suisse à Paris, puis
à
l’échelon mondial à l’Unesco. Tous ces services, rendus à son pays, a
534
le de la Suisse à Paris, puis à l’échelon mondial
à
l’Unesco. Tous ces services, rendus à son pays, aux dépens de son œuv
535
lon mondial à l’Unesco. Tous ces services, rendus
à
son pays, aux dépens de son œuvre personnelle, avec une discrétion so
536
erveilleusement attentive. Que pouvait-on refuser
à
quelqu’un que l’on sentait si naturellement prêt à s’oublier lui-même
537
prêt à s’oublier lui-même ? C’est sans nul doute
à
la très amicale et délicate insistance de Berne que je dois d’avoir é
538
conscients ou non de ce qu’ils doivent, en fait,
à
la culture. Unité non pas homogène et qui ne résulte pas d’un process
539
es, nos efforts pour les surmonter par le recours
à
des instances universelles, et toutes les créations qui ne cessent de
540
ie. » ⁂ De ce temps jusqu’au nôtre, tout concourt
à
nourrir ce paradoxe qui paraît bien être la loi constitutive de notre
541
invente aussi l’analyse critique, elle la conduit
à
ses dernières conséquences, découvre ainsi l’idée de l’atome et celle
542
eront pas d’appeler la tyrannie. Rome, en réponse
à
ce défi de l’anarchie, invente l’État et les institutions centralisée
543
la stabilité dans l’uniformité universelle jusqu’
à
l’irrémédiable et dangereux ennui, jusqu’à ce vide de l’âme inoccupée
544
jusqu’à l’irrémédiable et dangereux ennui, jusqu’
à
ce vide de l’âme inoccupée qui appelle les tempêtes et les révolution
545
s de la sagesse grecque, et totalement contraires
à
celles de Rome. À la morale de la mesure et de la raison utilitaire,
546
ecque, et totalement contraires à celles de Rome.
À
la morale de la mesure et de la raison utilitaire, il oppose les élan
547
l’un et du divers, tandis que l’Incarnation porte
à
l’extrême la coexistence des contraires, l’impensable définition de l
548
la se combine en figures et en structures variées
à
l’infini, mais dont la plus fréquente, de très loin, est le couple d’
549
besoins économiques. Tout cela nous incite aussi
à
remettre en question ces déterminations, et nous en fournit les moyen
550
raison d’être, si je suis comme tout le monde ? »
À
ses yeux — et cela peut servir à le définir — « se distinguer » ou «
551
out le monde ? » À ses yeux — et cela peut servir
à
le définir — « se distinguer » ou « être distingué » est synonyme d’h
552
e soit, est si cher aux Européens qu’il les porte
à
exagérer d’une manière tout à fait extravagante l’importance de ce qu
553
ens qu’il les porte à exagérer d’une manière tout
à
fait extravagante l’importance de ce qui les distingue. C’est ainsi q
554
qui les distingue. C’est ainsi qu’ils en viennent
à
penser sincèrement qu’ils ne pourront jamais s’unir, même s’il le fau
555
eil de l’Europe, irrité par ce genre d’objections
à
l’union, j’écrivis sur une page de bloc-notes « à faire circuler » au
556
à l’union, j’écrivis sur une page de bloc-notes «
à
faire circuler » autour du tapis vert l’essai de définition suivant :
557
vril 1970, p. 32. ar. Ce discours a été prononcé
à
l’Université de Bonn, le 15 avril 1970, à l’occasion de la remise du
558
rononcé à l’Université de Bonn, le 15 avril 1970,
à
l’occasion de la remise du prix Robert Schuman. as. Le texte est sui
559
Je ne vois pas d’autre forme d’union qui réponde
à
la double exigence du respect des diversités et de l’instauration d’u
560
autonomies. Car ces autonomies seront perdues une
à
une, si nous refusons l’union qui ferait leur force ; mais en retour,
561
n fédérale. Ce qui paraît beaucoup plus difficile
à
expliquer, c’est que rien n’ait encore été fait dans ce sens, depuis
562
x discours de Zurich — qu’il n’y a pas une minute
à
perdre ! Quel est l’obstacle apparemment insurmontable à cette union
563
e ! Quel est l’obstacle apparemment insurmontable
à
cette union que tout indique, que tout exige, que tout le monde admet
564
le sait, rien n’est moins mystérieux : l’obstacle
à
toute union possible de l’Europe (donc à toute union fédérale) n’est
565
obstacle à toute union possible de l’Europe (donc
à
toute union fédérale) n’est autre que l’État-nation, tel que Napoléon
566
itale, et interdire toute allégeance des citoyens
à
des entités plus petites (comme les régions) ou plus vastes (comme un
567
’admet aucune autonomie, aucune diversité réelle.
À
l’extérieur, il refuse toute union, alléguant une indépendance et une
568
fait au xxe siècle. Rien, donc, de plus hostile
à
toute espèce d’union tant soit peu sérieuse ou sincère, que cet État-
569
mps, puisqu’il est à la fois trop petit pour agir
à
l’échelle mondiale ; trop grand pour permettre une participation civi
570
toire : c’est sur la base de cet obstacle radical
à
toute union que l’on s’efforce depuis vingt-cinq ans d’unir l’Europe
571
situation de choisir librement son avenir. Jusqu’
à
nous, point de choix économiques ni même peut-être politiques longuem
572
nir est libre, nous voici contraints de le faire,
à
nos risques et périls ! Nous voici contraints de nous demander ce que
573
es plans en conséquence. Voulons-nous par exemple
à
tout prix notre niveau de vie, quantitatif — ou plutôt voulons-nous s
574
mode de vie, qualitatif ? Voulons-nous contribuer
à
tout prix à l’accroissement indéfini du PNB (produit national brut) —
575
qualitatif ? Voulons-nous contribuer à tout prix
à
l’accroissement indéfini du PNB (produit national brut) — ou plutôt r
576
mmunauté vivante ? Et quel prix sommes-nous prêts
à
payer pour cela ? Le prix de certaines libertés, ou le prix d’un conf
577
ujours accru ? Ces dilemmes se posent aujourd’hui
à
tous les peuples avancés sous le rapport de l’industrie et de la tech
578
’industrie et de la technique. Et ils les forcent
à
reposer des questions difficiles, voire angoissantes sur le sens même
579
lique évidemment celui des moyens adéquats ; mais
à
l’inverse, si vous vous trompez de moyens, ils risquent bien de vous
580
ilemme présent : Si nous attribuons pour finalité
à
la Cité européenne de demain la puissance, c’est-à-dire la puissance
581
simple transposition de la formule d’État-nation
à
l’échelle continentale, serait capable sans nul doute de créer une Eu
582
r qu’un super-État-nation ne pourrait être imposé
à
tous nos peuples qu’à la faveur d’une guerre générale — selon la loi
583
ion ne pourrait être imposé à tous nos peuples qu’
à
la faveur d’une guerre générale — selon la loi de l’État-nation dès s
584
tant. Au contraire, si nous donnons pour finalité
à
la Cité européenne la liberté, c’est-à-dire les plus grandes possibil
585
adopter sans délai les méthodes les plus propres
à
réduire l’obstruction des stato-nationalismes, et se consacrer sérieu
586
stato-nationalismes, et se consacrer sérieusement
à
la tâche de construire des modèles neufs pour une cité rendue à l’usa
587
construire des modèles neufs pour une cité rendue
à
l’usage de l’homme. Il faut mettre en commun à l’échelle fédérale con
588
ue à l’usage de l’homme. Il faut mettre en commun
à
l’échelle fédérale continentale, tout ce qui est nécessaire pour gara
589
eligieuses, contre la prétention de l’État-nation
à
leur monopole absolu. Il faut distribuer les pouvoirs étatiques aux d
590
imensions et celles de la communauté la plus apte
à
les administrer. En un mot, il faut appliquer la méthode du fédéralis
591
ins bien qu’on ne puisse pas impunément continuer
à
mêler les moyens. On ne manquera pas de m’objecter en ce point que la
592
s mais exemplaires, ont osé proclamer, d’Aristote
à
Rousseau et de William Penn à Proudhon, que les libertés personnelles
593
oclamer, d’Aristote à Rousseau et de William Penn
à
Proudhon, que les libertés personnelles et les communautés autonomes
594
’il y ait un tiers parti tenable. Je ne crois pas
à
cette « imposante confédération » qu’évoquait le général de Gaulle, e
595
-nations conservant jalousement leurs prétentions
à
la souveraineté absolue. Je ne crois pas à cette amicale des misanthr
596
ntions à la souveraineté absolue. Je ne crois pas
à
cette amicale des misanthropes. Je crois à la nécessité de défaire no
597
is pas à cette amicale des misanthropes. Je crois
à
la nécessité de défaire nos États-nations. Ou plutôt, de les dépasser
598
s, et de ne pas perdre une occasion de faire voir
à
quel point elles sont absurdes. Elles sont encore efficaces, il est v
599
es et agricoles. Mais elles ne servent absolument
à
rien pour arrêter ce qui devrait l’être : les tempêtes et les épidémi
600
icient, est caractéristique de tout ce qui touche
à
l’État-nation : néfaste dans la mesure où il est encore réel, inexist
601
’économies dites nationales, qui ne correspondent
à
rien d’économique. Mais ce que je sais de science certaine, c’est que
602
e conférence du désarmement étatique des nations.
À
l’aspect négatif de ses travaux, elle ajouterait l’étude on ne peut p
603
répartir l’État de la commune et de l’entreprise
à
la région et aux groupements de régions jusqu’au niveau européen ; là
604
péenne : la complexité des régions rendra justice
à
ses fécondes diversités, et l’ampleur de la fédération exprimera l’un
605
passer du matérialisme capitaliste et communiste
à
la mise en question du sens même de nos vies, et des vrais buts de no
606
ibi des raisons de vivre inexistantes. La réponse
à
la contestation de la jeunesse, dans le monde entier, ne relève pas d
607
emps. Précisons : des vingt ans qui viennent. Car
à
ce prix seulement nous ferons l’Europe, et nous la ferons pour toute
608
eut-être, mais le plus de saveur, le plus de sens
à
la vie. at. Rougemont Denis de, « Le discours de l’Université de B
609
I — Un programme révolutionnaire : donner un sens
à
la vie », Gazette de Lausanne (supplément littéraire), Lausanne, 25–2
610
s vite. Il semblerait que tout le monde « gagne »
à
ce jeu : l’industrie qui y trouve le moyen d’accroître nos exportatio
611
qui viennent de le découvrir. Ils nous disent : «
À
l’heure où il n’est question que de s’ouvrir à l’Europe, pourquoi nou
612
« À l’heure où il n’est question que de s’ouvrir
à
l’Europe, pourquoi nous fermer devant les travailleurs étrangers ? »
613
confondre deux sens bien différents de « s’ouvrir
à
… » Si s’ouvrir à l’Europe signifie supprimer les frontières économiqu
614
ns bien différents de « s’ouvrir à… » Si s’ouvrir
à
l’Europe signifie supprimer les frontières économiques et intégrer no
615
égrer nos entreprises dans une économie concertée
à
l’échelle continentale (comme peuvent le faire les cinquante États de
616
A), alors, l’argument de la concurrence étrangère
à
laquelle « l’économie suisse » ne pourrait « résister » que grâce à l
617
ement une économie européenne. Mais si « s’ouvrir
à
l’Europe » signifie seulement importer autant de travailleurs étrange
618
u’il en faut pour que nos exportations continuent
à
croître, cela revient, paradoxalement, à s’enfermer dans un concept d
619
ntinuent à croître, cela revient, paradoxalement,
à
s’enfermer dans un concept d’économie « nationale », par définition n
620
it des prédictions alarmistes de M. Mendès-France
à
l’Assemblée nationale. On constate au contraire que les travailleurs
621
nt incités, s’ils sont en quelque sorte recrutés,
à
l’instar des soldats du service étranger de jadis. La conception du m
622
selon laquelle les hommes obéiraient spontanément
à
un « argyrotropisme », c’est-à-dire suivraient avant tout les routes
623
t pas ses plans en conséquence et ne s’engage pas
à
les réaliser, alors je dis : votez pour, votez contre, dans les deux
624
s sera des plus utiles aux Suisses s’il les amène
à
se poser — bien au-delà du 7 juin et de ses résultats — les questions
625
rée, donc indiscutable, ou faut-il la subordonner
à
d’autres impératifs, écologiques notamment ? — Le « niveau de vie » e
626
article prend place dans un numéro spécial annexé
à
cette édition, sur « Les travailleurs étrangers en Suisse ». Il est p
627
e ». Il est précédé du chapeau suivant : « Invité
à
se prononcer sur notre double question — intégrité de l’État dans l’E
628
nom contre le continent de son prénom ; et jusqu’
à
près de la fin de son règne, les prestiges du mythe national contre l
629
sant. Plus chevalier que militaire, plus efficace
à
lui tout seul par la passion et le mépris que tous les autres par le
630
ernier monarque d’une France qui n’a rien préféré
à
l’amour de son roi, sinon le plaisir de le décapiter, ou seulement de
631
e suis fait une certaine idée de la France… vouée
à
une destinée éminente et exceptionnelle… S’il advient que la médiocri
632
opportuniste et joueur, toujours prêt à saisir ou
à
brusquer l’occasion, relève du type donjuanesque. À l’autre extrême,
633
brusquer l’occasion, relève du type donjuanesque.
À
l’autre extrême, le général de Gaulle fut le Tristan de la passion na
634
a tenait captive. Il l’a ramené au mari légitime,
à
ce roi Marc que figurait le Pays légal, la République. Puis il a dû s
635
épart volontaire, en 1946). Certes, il est revenu
à
son appel, et c’est en 1958. « Mais la vraie passion tristanienne se
636
nne se nourrit de retraits et d’obstacles, quitte
à
les susciter s’ils semblent faire défaut. Entre la France et lui, qua
637
nce des régions, qu’il proposa solennellement, et
à
quoi il choisit de lier son sort. Un suicide politique, dirent les ob
638
mière. Je vous félicite d’avoir entrepris et mené
à
bien cet immense et intéressant travail. Je vous en remercie aussi pa
639
e caractère original de chacun et le génie propre
à
notre continent, y trouvent appuis et encouragements. On ne peut mie
640
diversité qu’il admirait dans notre Suisse. Quant
à
la participation qu’il demandait, c’est le mot clé du fédéralisme. Me
641
Gaulle est mort le jour où la Suisse se préparait
à
discuter avec le Marché commun. Ce hasard marquera-t-il la fin d’une
642
Europe, le début d’une autre ? Nous avons demandé
à
Denis de Rougemont ce qu’il pensait de l’homme d’État, après que Jacq
643
on, la semaine dernière, a parlé de l’écrivain et
à
Guy Dumur, en page intérieure, d’étudier les rapports du Général avec
644
rréalistes, les premiers, ont posé cette question
à
leurs contemporains, c’était vers 1925, sur le ton d’un gangster qui
645
ie, mais elle n’expliquait rien. Quand on demande
à
Zazie pourquoi elle veut devenir institutrice, elle répond : « Pour f
646
le salut de leurs lecteurs. En fait, on commence
à
écrire vers 16 ou 17 ans, sans savoir pourquoi ni pour quoi. Et quand
647
Et quand beaucoup plus tard, essayant de répondre
à
l’attente des interviewers, on met au point quelques demi-mensonges,
648
r convaincre ou émouvoir, pour dire quelque chose
à
quelqu’un, au public d’une revue littéraire ou à toute une nation par
649
à quelqu’un, au public d’une revue littéraire ou
à
toute une nation par la TV. C’est le pour quoi qui devient alors le v
650
usage bien défini, pour tel objet tout extérieur
à
l’écriture, et qui ne dépend nullement du processus de la pensée en t
651
re envie d’écrire. Et je ne dis pas que ce besoin
à
l’état brut ne continue d’agir dans mes écrits, mais il n’est plus se
652
plus seul discernable, tout mêlé qu’il se trouve
à
des courants violents chargés de matériaux littérairement impurs. Une
653
nt impurs. Une immédiate nécessité motive la main
à
la plume : j’écris désormais sur commande non seulement de mes émotio
654
, d’un livre, d’un article qu’il s’agit de donner
à
date fixe — et de tout ce qu’il faut bien ajouter à quelque ouvrage o
655
date fixe — et de tout ce qu’il faut bien ajouter
à
quelque ouvrage obscurément jailli, pour l’achever. (Ainsi j’écris ce
656
rrivé aux deux tiers de ma course (si je l’estime
à
l’envergure de mes projets), je me vois deux raisons d’écrire : l’une
657
’aurai fini d’écrire (idéalement). J’aurai touché
à
la fin de l’écriture, ou mieux, j’aurai rejoint ma fin, qui est de me
658
chés ridicules qui composent l’image de la Suisse
à
l’étranger, pendules à coucou, trous dans le gruyère, secret des banq
659
osent l’image de la Suisse à l’étranger, pendules
à
coucou, trous dans le gruyère, secret des banques, et les arts réduit
660
cret des banques, et les arts réduits, paraît-il,
à
celui de ne pas se mouiller. Nous savons que la Suisse, c’est autre c
661
s on court interviewer des étrangers : quelle est
à
leurs yeux notre image ? Ils nous renvoient le plus souvent celle de
662
u la Suisse d’abord, puis le fédéralisme appliqué
à
ce pays plutôt qu’à d’autres, mais l’inverse. Sans unité géographique
663
puis le fédéralisme appliqué à ce pays plutôt qu’
à
d’autres, mais l’inverse. Sans unité géographique, ethnique, linguist
664
comme on le croit trop souvent (et pas seulement
à
l’étranger) de l’union de vingt-cinq États cantonaux — comme l’Europe
665
és, solidaires dans leur volonté d’autonomie ; et
à
cette fin, décidant la mise en commun des tâches publiques trop lourd
666
é proprement suisse Dans la mesure où j’adhère
à
cette formule d’union je me considère comme Suisse et je le suis, moi
667
lisa » par la suite aux XIII cantons ligués, puis
à
l’union de vingt-cinq États souverains différant par la langue et la
668
l ce qui empêcherait de généraliser cette formule
à
toute l’Europe. Autant il devient clair aux yeux de tous que la formu
669
e l’État-nation napoléonien s’oppose radicalement
à
toute union de l’Europe, et que sa généralisation ne conduirait qu’à
670
Europe, et que sa généralisation ne conduirait qu’
à
la guerre, autant il apparaît que la formule suisse, c’est-à-dire le
671
-on, si la fédération s’étend de proche en proche
à
l’Europe tout entière, la Suisse ne va-t-elle pas s’y perdre ? — C’es
672
dées et des principes qui seront un jour destinés
à
assurer la paix en Europe… Si cet idéal de l’avenir se réalise, la na
673
sse de caractère international devra s’incorporer
à
la communauté de la Grande Europe. De cette façon, elle n’aura pas vé
674
s les cantons, de rester ensemble et de continuer
à
former une communauté : celle des gardiens de l’idée mère. Si nous le
675
raiment, si nous le voulons. C’est ce qu’il reste
à
savoir, et c’est ce qui nous inquiète. S’il n’y a plus de frontières
676
us restons ensemble. Personne ne peut prédire si,
à
bulletin secret, en connaissance de cause et en majorité nous choisir
677
ne dimension nouvelle (11-12 septembre 1971)bb
À
plus d’une reprise, l’occasion d’exprimer mon admiration pour « C. J.
678
e nature — si plus tôt exprimé, sans précaution —
à
desservir la bonne réputation de notre ami dans un pays égalitaire. A
679
er, et avec trop de distance naturelle pour avoir
à
jouer la hauteur, affable mais non sans malice, et ce qu’il faut d’ar
680
arfois prophétiques : — Carl-J. Burckhardt ajoute
à
notre Suisse la dimension qui manquait le plus à ce pays, celle que j
681
à notre Suisse la dimension qui manquait le plus
à
ce pays, celle que j’aime à nommer la dimension princière. bb. Rou
682
qui manquait le plus à ce pays, celle que j’aime
à
nommer la dimension princière. bb. Rougemont Denis de, « Une dimen
683
parler des autorités scolaires, n’ont apprécié qu’
à
demi la réédition des Méfaits, soit qu’ils se sentent attaqués dans l
684
ngez. » Vos critiques semblent s’adresser surtout
à
un système scolaire très centralisé, comme le système français. Convi
685
e le système français. Conviennent-elles vraiment
à
la Confédération suisse, où l’instruction publique est du ressort des
686
929 je parlais de mon expérience. Elle était tout
à
fait suisse, puisque j’ai fait l’école primaire, jusqu’à l’âge de 12
687
suisse, puisque j’ai fait l’école primaire, jusqu’
à
l’âge de 12 ans, à Couvet, dans le Val-de-Travers, et le Collège lati
688
i fait l’école primaire, jusqu’à l’âge de 12 ans,
à
Couvet, dans le Val-de-Travers, et le Collège latin à Neuchâtel. Ensu
689
uvet, dans le Val-de-Travers, et le Collège latin
à
Neuchâtel. Ensuite, par le biais européen, j’ai pu voir ce qui se fai
690
’était comme en Suisse. Et même pire. Vous donnez
à
l’école un poids déterminant, presque totalitaire, dans la formation
691
moyen de formation le plus fort. Elle a prétendu
à
un monopole de l’éducation, contre l’Église et contre la famille. Cet
692
i, par exemple, toutes les femmes qui travaillent
à
l’extérieur. Mais l’école doit changer. Il faut dénationaliser l’ense
693
histoire suisse, s’il ignore celle de sa région ?
À
Couvet, j’ai tout appris sur les Waldstätten (y compris, beaucoup de
694
mes — dans ces dimensions-là. Passer de la région
à
l’Europe et au monde au moment où les élèves sont capables de saisir
695
ù les élèves sont capables de saisir les réalités
à
ces niveaux-là, et négliger chaque fois que c’est possible les fronti
696
n finir avec les fleuves qui s’arrêtent de couler
à
la frontière sur les croquis de géographie. Une bourde du général d
697
ux. Souvenez-vous que le général de Gaulle aimait
à
répéter que l’Europe va de Gibraltar à l’Oural. Cette bourde m’a touj
698
lle aimait à répéter que l’Europe va de Gibraltar
à
l’Oural. Cette bourde m’a toujours étonné. Pourquoi donc à l’Oural ?
699
. Cette bourde m’a toujours étonné. Pourquoi donc
à
l’Oural ? C’est tout, sauf une séparation : une petite chaîne de coll
700
nuels d’histoire et de géographie des années 1900
à
1940 — l’époque de la scolarité de Charles de Gaulle — définissaient
701
nt précisément l’Europe comme allant de Gibraltar
à
l’Oural. L’école a rendu les hommes qui sont actuellement au pouvoir
702
personnes que je n’aie pas trouvées inaccessibles
à
l’idée du fédéralisme appartiennent plutôt aux partis de gauche. Roca
703
hangera pas l’école sans changer l’État. » Est-ce
à
dire que l’État doit changer l’école, ou que l’école doit former ceux
704
le qui lui convient, l’école produit des citoyens
à
la mesure de l’État. C’est un cercle vicieux : chercher l’origine nou
705
en beau, mais on voit que vous n’avez pas affaire
à
la réalité. » Or que font-ils ? Ils expédient les affaires courantes.
706
e scolaire. Mais ils ne peuvent jamais faire face
à
ce problème. Il faudrait qu’ils puissent s’arrêter, sortir de l’urgen
707
sortir du cercle vicieux dont nous parlions tout
à
l’heure. Une école nouvelle pourrait exploiter des possibilités d’app
708
our cause — dans nos programmes. Moi, j’ai appris
à
lire hors de l’école, avec ma sœur. En m’amusant, et en cachette. J’a
709
ns les Méfaits , l’exemple de Benjamin Constant.
À
5 ans, il a appris le grec. Sous forme de jeu9. Peut-être l’évolution
710
lupart des écoles européennes donnera-t-elle lieu
à
la révolution que vous souhaitez. Mais on en distingue déjà deux déve
711
ssibles, et contradictoires : d’une part, on tend
à
individualiser l’enseignement au maximum, de manière que chaque élève
712
um, de manière que chaque élève puisse travailler
à
son rythme propre, d’autre part on cherche à institutionnaliser le tr
713
ller à son rythme propre, d’autre part on cherche
à
institutionnaliser le travail collectif, pour développer le sens soci
714
as, comme vous le dites, l’élève pourra « trotter
à
son pas, galoper s’il le peut à travers les programmes, bride sur le
715
t résoudre cette alternative ? D’abord — et c’est
à
mes yeux la chose la plus importante — il faut interdire la phrase :
716
e l’appeler « alignement ». On aligne les esprits
à
l’école, comme on aligne les corps au service militaire. Or, le fédér
717
ours — c’est exactement le contraire. Ça consiste
à
laisser à chacun autant d’autonomie que possible, c’est-à-dire le dro
718
st exactement le contraire. Ça consiste à laisser
à
chacun autant d’autonomie que possible, c’est-à-dire le droit de diff
719
ne crois pas que des élèves doués puissent avoir
à
souffrir de travailler avec des camarades plus faibles. Au contraire
720
seigner. Je l’observe tous les jours sur moi-même
à
l’Université : je ne creuse jamais si bien un problème que quand je d
721
i bien un problème que quand je dois le présenter
à
mes étudiants. « Illich est trop rousseauiste » Seriez-vous par
722
Méfaits 10, et dont vous dites qu’elle ressemble
à
ce que demande Illich ? Une école comme celle des amish, oui. Quant à
723
ich ? Une école comme celle des amish, oui. Quant
à
Illich, bien que je partage largement ses idées, il est trop rousseau
724
et l’école le corrompt. Or je crains que, livrés
à
eux-mêmes, les enfants ne tombent en proie à toutes les modes success
725
rdonner aux membres de son groupe n’importe quoi…
À
l’autorité défaillante du maître se substitue celle d’un camarade. Vo
726
substitue celle d’un camarade. Vous ne croyez pas
à
la « socialisation par le groupe » ?… Je crains la loi de la jungle,
727
des forts en gueule, voire des sadiques. Revenons
à
l’évolution de l’école, et aux deux pôles dont nous avons parlé : ind
728
s parlé : individualisation et travail collectif.
À
supposer que tout le monde admette que l’un et l’autre sont nécessair
729
nt nécessaires, on peut imaginer, grosso modo, qu’
à
gauche on aura tendance à insister sur le travail en groupe, à laisse
730
aginer, grosso modo, qu’à gauche on aura tendance
à
insister sur le travail en groupe, à laisser les élèves rapides et le
731
ura tendance à insister sur le travail en groupe,
à
laisser les élèves rapides et les élèves lents ensemble le plus longt
732
ts ensemble le plus longtemps possible, tandis qu’
à
droite on donnera la priorité à l’individualisation… La droite et la
733
ssible, tandis qu’à droite on donnera la priorité
à
l’individualisation… La droite et la gauche ont tort de ne tolérer qu
734
er la société permanente des autres ou le réduire
à
une totale solitude sont deux tortures équivalentes. Toute la vie est
735
raient des tensions fécondes conduisant à la fois
à
l’union et à la diversification. C’est parfaitement compatible : un r
736
nsions fécondes conduisant à la fois à l’union et
à
la diversification. C’est parfaitement compatible : un réseau routier
737
des génies locaux. Le fédéralisme doit commencer
à
la base. Prenez le couple : la femme et l’homme doivent exister à la
738
ait confusion des deux, ni subordination de l’un
à
l’autre. Ils sont à la fois semblables et différents, séparés et unis
739
me. Tension entre deux pôles. Vous retrouvez cela
à
tous les échelons. C’est une réalité biologique : au niveau des cellu
740
ine chrétienne, viennent de ce qu’on a tendu soit
à
confondre le Christ avec Dieu, soit à le limiter à son essence humain
741
tendu soit à confondre le Christ avec Dieu, soit
à
le limiter à son essence humaine. Il faut reconnaître que l’existence
742
confondre le Christ avec Dieu, soit à le limiter
à
son essence humaine. Il faut reconnaître que l’existence simultanée d
743
dans le même être est difficile, voire impossible
à
concevoir. Mais cela nous éloigne un peu de l’école… Comment chang
744
t une meilleure pédagogie mais pourront permettre
à
des talents paralysés par les structures actuelles de s’exprimer. On
745
les de s’exprimer. On ne peut pas forcer les gens
à
être bons ou intelligents, mais on peut leur offrir un cadre où leur
746
dit, c’est ceci, je le répète : il faut apprendre
à
penser par antinomies. Lier solitude et compagnie, rigueur et fantais
747
utôt que « guerre » il faudrait dire « conflit ».
À
quoi je préfère encore le mot « tension », car on associe aujourd’hui
748
n », car on associe aujourd’hui l’idée de conflit
à
celle de lutte douloureuse, voire meurtrière. Parfois, effectivement,
749
rec pour l’apprendre. Il me proposa de nous faire
à
nous deux une langue qui ne serait connue que de nous ; je me passion
750
e classe unique, les aînés aidant les plus jeunes
à
apprendre à lire, à compter, à écrire en calligraphie, à parler l’ang
751
que, les aînés aidant les plus jeunes à apprendre
à
lire, à compter, à écrire en calligraphie, à parler l’anglais et l’al
752
aînés aidant les plus jeunes à apprendre à lire,
à
compter, à écrire en calligraphie, à parler l’anglais et l’allemand,
753
nt les plus jeunes à apprendre à lire, à compter,
à
écrire en calligraphie, à parler l’anglais et l’allemand, à observer
754
ndre à lire, à compter, à écrire en calligraphie,
à
parler l’anglais et l’allemand, à observer les lois de l’hygiène et à
755
n calligraphie, à parler l’anglais et l’allemand,
à
observer les lois de l’hygiène et à connaître l’Évangile. La communau
756
t l’allemand, à observer les lois de l’hygiène et
à
connaître l’Évangile. La communauté des amish produit tout ce dont el
757
œuvre qu’ait publié Denis de Rougemont, en 1929,
à
l’âge de 22 ans. Dans ce pamphlet d’une soixantaine de pages, l’auteu
758
t d’une soixantaine de pages, l’auteur se livrait
à
un éreintement impitoyable du système scolaire, “vaste distillerie d’
759
i que des retouches de détail, et fort peu. Quant
à
l’“aggravation”, de 1972, elle commence ainsi : “Écrit d’un jeune hom
760
nt quelque part dans les airs au-dessus du Léman,
à
mi-hauteur du grand vignoble de Lavaux, cette évidence ne saurait exi
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ez jamais existé dans ce lieu. Tout ce qui touche
à
un centre et tout ce qui respire dans la grâce de son rayonnement rev
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assionnelle. Il est difficile d’en parler, fût-ce
à
sa louange éperdue, sans provoquer l’éclat soudain, parfois vociféran
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dance m’inquiète : elle m’empêche de m’abandonner
à
l’euphorie d’un lyrisme contemplatif, ou de céder à cette espèce de c
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l’euphorie d’un lyrisme contemplatif, ou de céder
à
cette espèce de conscience que donne l’indignation active. Lavaux est
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é que les autres vignobles de La Côte, de Begnins
à
Vufflens par exemple. On y voit beaucoup plus de maisons neuves et la
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e du paradoxe majeur de notre civilisation. Grâce
à
elles, l’homme des villes a retrouvé le contact avec la nature, et ce
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du paysage. Les « nécessités » de la vie tendent
à
détruire les raisons de vivre. Mais que tient-on pour nécessaire ? Le
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nécessaire ? Les maxima contradictoires, toujours
à
l’œuvre dans toute chose humaine, sont ici comme ailleurs la qualité
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es enfants qui habitent ici ? « Lavaux appartient
à
tout le monde », à tous ceux qui aiment la beauté, et qui voudraient
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tent ici ? « Lavaux appartient à tout le monde »,
à
tous ceux qui aiment la beauté, et qui voudraient que Lavaux, à jamai
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i aiment la beauté, et qui voudraient que Lavaux,
à
jamais, demeure tel qu’un beau jour ils l’ont aimé. Or, ses habitants
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aux que nous aimons, faudrait-il qu’ils renoncent
à
le vivre, à en vivre ? Sauver Lavaux, oui, mais vivant non pas figé.
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aimons, faudrait-il qu’ils renoncent à le vivre,
à
en vivre ? Sauver Lavaux, oui, mais vivant non pas figé. Et vivant, c
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as offrir des étages de palais sur le Grand Canal
à
des riches. Il faut d’abord que Venise soit peuplée, animée, habitée
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moins que la prédominance accordée par un peuple
à
la saveur de vivre sur le niveau de vie. Gens de Lavaux, vous habitez
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Le texte est précédé du chapeau suivant : « C’est
à
l’initiative de Jean-Pierre Laubscher, auteur de Dixence Cathédrale,
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ce Cathédrale, que l’on doit un ouvrage qui vient
à
point nommé : Merveillleux Lavaux. Sauver cette unique contrée n’est
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ns nos cuisines et salles de bains. » Je n’ai pas
à
entrer en discussion avec un directeur qui n’a dit que ce qu’il devai
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u, deux citations de moi faites par M. Desmeules.
À
l’intention de vos lecteurs, il m’importe de dénoncer l’usage fait de
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s son contexte historique : elle remonte en effet
à
1958 — et non pas 1964 comme vous le dites — date à laquelle l’expéri
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1958 — et non pas 1964 comme vous le dites — date
à
laquelle l’expérience des centrales nucléaires et de leurs problèmes
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nce dont voici le début : Dans cette même salle,
à
cette même place, au mois de juin 1958, il y a donc un peu plus de vi
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moi. Certains penseront que cela me préparait mal
à
venir vous parler ce matin. J’irai plus loin qu’eux. Je pense que ces
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s, alors oui, ces déclarations seraient de nature
à
me disqualifier radicalement pour traiter le sujet de l’énergie en gé
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lier. Mais j’ai changé, qu’on se rassure, et même
à
180°, comme on a cru pouvoir me le reprocher dans la presse de cette
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ville. Et c’est cela, précisément, qui m’autorise
à
prendre la parole parmi vous. […] Quelques-uns de ceux qui sont ici c
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t ici ce matin, et non des moindres, partageaient
à
l’époque mes illusions, et je les retrouve aujourd’hui au premier ran
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étions à peu près tous. […] Je ne pense pas avoir
à
m’excuser d’avoir appris pas mal de choses depuis, et d’en avoir tiré
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je me contredis sans vergogne. (« Une philosophie
à
géométrie variable » titre votre rédacteur.) Or il est clair qu’elle
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installations nucléaires ne sont pas dangereuses,
à
condition qu’elles soient exploitées et contrôlées par des équipes or
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us, mais ceux de son bord qui ont dit cela. Quant
à
prétendre que mon idéal serait l’État marxiste omnipotent, il faut n’
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faut n’avoir rien lu de moi pour oser le répéter
à
longueur de colonnes. Est-il pensable qu’une cause défendue par de te