1 1940, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Erreurs sur l’Allemagne (1er mai 1940)
1 ble, c’est-à-dire en Scandinavie, n’a pas conduit au national-socialisme, mais plutôt au pacifisme et au désarmement (sauf
2 a pas conduit au national-socialisme, mais plutôt au pacifisme et au désarmement (sauf en Finlande), ce qui est peut-être
3 national-socialisme, mais plutôt au pacifisme et au désarmement (sauf en Finlande), ce qui est peut-être déplorable, mais
4 oration particulière que le luthéranisme a donnée au totalitarisme allemand, le catholicisme au totalitarisme italien, l’o
5 donnée au totalitarisme allemand, le catholicisme au totalitarisme italien, l’orthodoxie au totalitarisme russe, fort bien
6 tholicisme au totalitarisme italien, l’orthodoxie au totalitarisme russe, fort bien. Mais qu’on ne dise pas : Luther mène
7 de Bruxelles, m’accusait froidement d’être vendu au régime hitlérien, pour avoir soutenu que des communistes approuvaient
8 nces… Mais quoi, la guerre présente nous rappelle au sérieux. Et ce n’est pas ma faute, ni celle des protestants, si l’axe
2 1940, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). « À cette heure où Paris… » (17 juin 1940)
9 devant ce qui fait la valeur de la vie. Je songe au chef de guerre qui traverse aujourd’hui ces rues les plus émouvantes
10 était peut-être nécessaire pour faire comprendre au monde entier qu’il est des victoires impossibles. On ne conquiert pas
11 t partout que le fracas du néant mécanique. Jusqu’ au jour bien plus terrifiant que le jour de la pire vengeance où, s’arrê
3 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). New York alpestre (14 février 1941)
12 tre kilomètres coupant les avenues à angle droit. Au milieu, un parc de dix kilomètres carrés. C’est tout, c’est la cité d
13 e s’emplit d’une ombre froide, et j’étais si bien au fond d’une gorge, dans cette rue de briques noircies où circulait un
4 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). La route américaine (18 février 1941)
14 , semblables à la trace d’un grand fer à repasser au travers des savanes, des cultures et des territoires urbains. Cet eff
15 les villes à soi et déplaçant de vastes paysages au gré d’une curiosité rêveuse. Mais soudain le regard est pris par un p
16 ) dont les phrases fragmentées s’échelonnent tout au long des superhighways. « Perdez une minute, épargnez une vie !… Gard
5 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Souvenir de la paix française (15 mars 1941)
17 r rouler que sur les routes écartées, d’une ferme au marché le plus proche. Nulle part au monde la vie n’apparaît si discr
18 d’une ferme au marché le plus proche. Nulle part au monde la vie n’apparaît si discrète, si pacifique et séculaire. Ce pa
19 s. Imaginant une idylle muette. Celui qui revient au pays après une longue absence et des déboires : il entre, il ne trouv
20 ur. Il reprend le chemin de son champ. En passant au carrefour, il s’est dit : Peut-être est-elle à Mandres ; c’est donc j
6 1946, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Monsieur Denis de Rougemont, de passage en Europe, nous dit… [Entretien] (4 mai 1946)
21 ntellectuelle était donc fort active à New York ? Au point que trois maisons françaises d’édition s’y sont fondées pendant
22 a lancé une revue, Renaissance. De là, j’ai passé au ministère américain de l’information de guerre, où j’étais chargé de
23 en particulier, si cosmopolite aujourd’hui, comme au centre du monde. Et, ne serait-ce que pour mieux comprendre leur cont
24 elque six années M. Denis de Rougemont est revenu au pays de Neuchâtel, dont il est une des fiertés. Ce retour n’est d’ail
7 1947, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Consolation à Me Duperrier sur un procès perdu (5 décembre 1947)
25 le bouillant Me Duperrier : — Rougemont s’est mis au service d’une propagande étrangère, comme Oltramare ; il a parlé à la
26 au suivant : « Mis en cause de singulière manière au procès Oltramare par Me Duperrier, Denis de Rougemont répond sur le t
8 1949, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Les écrivains romands et Paris (10 septembre 1949)
27 randes œuvres ont-elles été écrites, et publiées, au lieu même et dans le milieu où leur auteur est né, où il a grandi ? J
28 que notre pays manque de ce qui est indispensable au succès d’une œuvre littéraire, il ne se répand point en lamentations.
9 1949, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe est encore un espoir (8 décembre 1949)
29 souffert la longue horreur des camps pour croire au sursaut de l’humain qui pourrait seul sauver l’Europe. Les autres dor
30 rope dès maintenant se croit perdue, si elle cède au vertige, à l’illusion d’urne impuissance qui alors seulement deviendr
31 péenne de la culture, qui se tint à Lausanne du 8 au 12 décembre 1949.
10 1957, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Une lettre de Denis de Rougemont (16-17 février 1957)
32 urer vos lecteurs : la photo jointe à l’article «  Au Pentagone : Duncan Sandys » ( Gazette de Lausanne des 2-3 février 195
33 avoir été « piqué » par le photographe non point au terme d’une mission brillamment réussie, mais plutôt pendant le cours
11 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Fédéralisme et culture (3-4 mars 1962)
34 ra jamais remédier. Les comités ne peuvent faire, au mieux, que des choses raisonnables, mais la culture est faite par des
35 e l’important exposé qu’il présentera aujourd’hui au congrès pour une collaboration culturelle romande, à Lausanne. »
12 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Rectification (9 mars 1962)
36 e compte rendu de ma conférence de samedi dernier au palais de Rumine appelle deux rectifications. En effet, « l’essentiel
13 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe est d’abord une culture (30 juin 1962)
37 la culture des Européens, entendant par culture, au sens le plus large du terme, ce que l’esprit humain, le génie créateu
38 eur nocivité tant que celle-ci ne se manifeste qu’ au niveau des idéologies, même meurtrières. On va répétant que le nation
39 rialisme plat, américaniser ou russifier l’Europe au pire sens de ces expressions, et finalement détendre les ressorts de
40 tion des échanges de tous ordres. Elle a transmis au monde entier les procédés de la technologie. Elle se doit d’en transm
41 rouve désormais définie. L’Europe se doit et doit au monde de présenter l’exemple convaincant d’un dépassement du national
42 . 4. Cette action commune ne devra pas se limiter au plan économique et commercial, mais s’étendre aux problèmes immenses
43 re en fait une politique très légitime, mais liée au passé du continent, aux rivalités nationales que l’union, justement,
14 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Universités américaines (12-13 janvier 1963)
44 mme et d’arranger des conférences. Je m’en remets au dieu du Hasard, dont l’autre face est l’Organisation : ce Janus à deu
45 allons passer le week-end, du vendredi après-midi au lundi matin. J’ai une cabane en poutres (log cabin) près de la fronti
46 eux étages, régulièrement espacées et spacieuses. Au fond, l’église au clocher fin, toute blanche elle aussi, sur un tertr
47 èrement espacées et spacieuses. Au fond, l’église au clocher fin, toute blanche elle aussi, sur un tertre. Et subitement v
48 n groupe, déjeuner et dîner. J’arrive à 11 heures au campus, pour mon premier rendez-vous. Labyrinthe d’allées entre des b
49 style mal défini, allant du gothique xixe siècle au fonctionnel 1950 en passant par le rococo américain 1910. Des centain
50 Des centaines d’étudiants déambulent, se groupent au soleil ou sur des bancs, jonchent les marches des divers halls. Beauc
51 tialistes » parisiens. Wheeler Hall, je m’annonce au concierge et j’attends dans un corridor en lisant les panneaux d’anno
52 énan dont le père s’était fait, protestant, écrit au British Museum, des articles que publie le New York Herald Tribune :
15 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’éloge, l’élan, l’amour, le monde ouvert à ceux qui s’ouvrent, cela existe… (2-3 février 1963)
53 Helvetia et à l’homo helveticus. Il ne croyait qu’ au pays de Vaud, réduit aux vignes, et pimenté d’exotisme valaisan. « En
54 gés spiritualistes » qu’il se heurte, mais plutôt au matérialisme néo-bourgeois, réaliste et moralisant, et à une maladres
16 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Les mythes sommeillent… ils vont se réveiller [Entretien] (9-10 février 1963)
55 nnées 1930, puis la guerre, n’ont-elles pas porté au romantisme, donc à l’amour-passion, un coup mortel ? Pas mortel. Mais
56 sions des démographes. Si l’humanité se développe au même rythme, en 2260 il y aura 700 milliards d’hommes, ce qui fera un
17 1964, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il nous faut des hommes de synthèses (19-20 septembre 1964)
57 par Dante en son Traité de l’éloquence vulgaire, au chapitre septième du 1er livre. Traduisons son latin savoureux, cela
58 helle planétaire. Nous assistons, me semble-t-il, au xxe siècle, à deux mouvements de sens contraire, qui affectent ces f
59 abord en Europe. Les races qui s’ignoraient jadis au point qu’un homme de couleur différente ne semblait pas vraiment huma
60 ent en dialogue, sur un pied théorique d’égalité, au lendemain de l’ère coloniale. Pour le moment et pour des décennies en
61 me temps se manifeste et se prononce, précisément au cœur de sa culture qui fut l’agent de la convergence mondiale, un mou
62 r : nous assistons en fait à une double explosion au sein des institutions d’enseignement supérieur : explosion du savoir,
63 is but et module de tout l’effort de l’Université au plein sens de son nom (Univers, universitas, selon l’étymologie chère
64 me un grand appareil distributeur d’informations, au sens cybernétique du terme, cesse de fonctionner normalement quand le
65 e structure osseuse, et très peu d’articulations… Au vrai, il est devenu presque impossible de répondre à une telle questi
66 l’Université que les hommes d’outre-mer viennent au contact de la culture européenne, et c’est là qu’ils se posent à eux-
67 anifestée bien avant la Renaissance, probablement au xiiie siècle — à l’époque justement qui a vu naître les premières un
68 plus nous connaissons Dieu. » Si je la transpose au domaine moins sublime que j’essaie aujourd’hui d’explorer, elle me pa
69 articuliers, qui nous conduisent le plus sûrement au général ou tout au moins au seuil des synthèses nécessaires. c) Mais
70 sent le plus sûrement au général ou tout au moins au seuil des synthèses nécessaires. c) Mais ces synthèses ne tomberont p
71 araîtront pas objectivement et comme spontanément au terme d’une comparaison systématique des résultats en soi acquis par
72 Toute synthèse est un acte créateur, intervenant au carrefour de plusieurs vérités hétérogènes saisies par l’esprit dans
73 ’est pas que la synthèse s’opère dans le vide, ou au ciel des Idées, — car là sans doute toutes les synthèses imaginables
74 significations humaines, ses mesures, son utilité au sens le plus élevé du terme. Ce qu’il nous faut enfin, ce qui nous ma
75 préconiser, si nous voulons tenter de faire face au problème posé par l’accroissement babélique de la spécialisation.
76 pédagogique — qui exige la proximité — mais aussi au maximum du pouvoir créateur d’un milieu donné, cité, pays ou universi
77 au niveau de l’enseignement, mais ne répondra pas au défi de la division du savoir en langages spécialisés. Pour y répondr
78 mais seulement des colloques restreints, groupant au maximum 20 personnes, à l’optimum une douzaine. Si quelqu’un désire a
79 ge du monde : on la cherche en commun, librement. Au sein des colloques, règne une liberté spontanément disciplinée par la
80 monde Et quant au contenu : seuls sont portés au programme les sujets par essence interdisciplinaires. J’entends par l
81 hèmes, vous le sentez, ne demande qu’à s’allonger au gré de vos désirs. Quant aux relations entre un tel Centre de synthès
82 our faire de la mathématique un substitut moderne au latin de jadis, la nouvelle langue de communication non seulement int
83 cieuses, affectives et personnelles, essentielles au sens de nos vies. aa. Rougemont Denis de, « Il nous faut des hommes
18 1965, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Un écrivain suisse (20-21 mars 1965)
84 es et de l’irrationnel qui conduit leurs affaires au pire a certes confirmé son pessimisme inné, et sa profonde méfiance à
19 1966, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Stampa, vieux village… (15-16 janvier 1966)
85 ais faire ça — pour découvrir qu’avant, ailleurs, au Flore, chez Lipp, depuis vingt ans et plus qu’on se rencontrait, je n
86 dre un verre sur la terrasse du Café de la Poste, au grand soleil. J’écrivais à ce moment un livre sur la Suisse, c’était
87 rto aimait à le conduire sur ces pentes désertes, au pied démesuré des roches surgissantes qu’une force irrésistible allon
20 1966, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). André Breton à New York (8-9 octobre 1966)
88 ques mots.) Il m’arrive de rêver que je m’entends au mieux avec tel homme, telle femme dont tout me sépare en fait, ou ave
89 , ou avec qui j’ai rompu sans retour. Ce soir-là, au Village, mon rêve est devenu vrai : nous parlons certes de ce qui peu
90 ition… Il me dit ce soir-là qu’il avait découvert au fond de l’échoppe d’un cordonnier dans le Morvan, les deux portraits
91 n arrangeait une fête (comme celle qui fut dédiée au Nombre 21) ou une exposition, ou une vitrine (Breton, Seligmann et Du
92 er d’une belle écriture sage et d’orner de fleurs au crayon de couleur. Fourier était alors son nouvel intercesseur : il i
93 . » Jamais Breton ne s’est mieux défini. Je pense au soir où il déclara qu’il était temps d’aller regarder de plus près qu
94 a convulsive ou ne sera pas ») et la régler jusqu’ au moindre soupir. Autoritaire et libertaire, anarchiste et sacerdotal,
95 terme signifiant pour moi la relation d’un homme au transcendant, sa vocation. ad. Rougemont Denis de, « André Breton
21 1966, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Jacques Chenevière ou la précision des sentiments (22-23 octobre 1966)
96 ris où l’on se hâte vers l’école ; le travail, et au fil des années, sa longue amitié souvent difficile. Des rires. Des jo
97 certains repentirs ici ou là, où l’art le dispute au scrupule), de visions « furtives » mais aiguës, d’oublis révélateurs
98 lunaire, distrait et intense à la fois, paraître au seuil d’un salon déserté, passé minuit, combien j’aime cet éclat, d’a
99 CR (69 ans, veston léger « avec petite rose jaune au revers laissant voir un admirable gilet blanc ») se trouve chargé de
100 és bombardés par les Italiens en Éthiopie. Visite au Duce, très cambré. Max Huber fait son exposé. Mussolini répond, Chene
101 que nous étions un peu rivales… »), s’élève jusqu’ au sublime dans la frivolité et touche aux ravissements d’une poésie pur
102 de la Belle Époque, rapide, aigu, documenté jusqu’ au dernier bouton de guêtre, et les ellipses un peu nippones des plus ré
22 1967, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). J. Robert Oppenheimer (25 février 1967)
103 l avait rêvé un sonnet en français : il l’écrivit au réveil et le publia dans la petite revue de poésie d’avant-garde The
23 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Entretien avec Denis de Rougemont (6-7 avril 1968)
104 l’incarnaient Hitler et Mussolini. Quels furent, au niveau des faits, les éléments importants de cet automne 1932 ? Beauc
105 toroute, il me faut présenter ma carte d’identité au douanier ! L’Europe des politiciens n’est pas encore celle des intell
24 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il faut réinventer l’Université (29 juin 1968)
106 poste du budget courant. Ce « réalisme » conduit au marasme ou à la révolution, selon le tempérament des peuples. Mais su
107 ) En fonction d’un certain sens de la vie 2. Au sens du mot que je viens de définir, l’Université n’existe plus. Ce q
108 À part cela, elles n’ont plus rien à se dire, ni au fond rien à faire ensemble. 3. L’Université au vrai sens du terme et
109 ni au fond rien à faire ensemble. 3. L’Université au vrai sens du terme et les écoles professionnelles ou facultés ont des
110 ation. Dans l’un, on poussera les spécialisations au plus haut degré pour chaque discipline ; dans l’autre, on se livrera
111 ne ville, un canton : la concentration des moyens au niveau national (voire international) et dans un seul lieu, s’impose
25 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’écrivain et l’événement (7-8 septembre 1968)
112 pensée en corps à corps avec l’époque. « Présence au monde et à soi-même conjointement », disais-je en 1932. Mais on a gli
113 e ? Autrement dit : quelle peut être aujourd’hui, au fait et au prendre, la responsabilité de l’écrivain dans la cité ? ⁂
114 nt dit : quelle peut être aujourd’hui, au fait et au prendre, la responsabilité de l’écrivain dans la cité ? ⁂ Responsable
115 urs dont l’efficacité immédiate suffira. 3. Quant au prophète, que certains nomment l’utopiste, c’est toute la grande poés
116 a de tout dans chaque catégorie, cela va du pire au meilleur, mais le meilleur écrivain dans chaque catégorie peut se rec
117 crivain dans chaque catégorie peut se reconnaître au fait qu’il participe peu ou prou des deux autres : reprenez mes exemp
118 autant dire de fondateur. Ce que l’écrivain doit au monde et à l’événement, c’est de les créer. Et ce qu’il faut attendre
26 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Vers l’Europe des régions [Entretien]
119 ents qui se dessinent en faveur d’une coopération au niveau culturel. Nous avons réuni pour la première fois les directeur
120 rien sur le plan politique. Cette situation tient au fait que les États veulent garder leur souveraineté absolue, devenant
27 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Jean Paulhan (19-20 octobre 1968)
121 eut-être d’insensé, dont nous aurions perdu jusqu’ au souvenir et à l’idée. Mais non pas perdu tout à fait ni pour toujour
28 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Témoignage sur Bernard Barbey (7-8 février 1970)
122 rte m’apportait les paysages pluvieux de plateaux au pied du Jura qui avaient ému ma prime adolescence, et je me sentais t
123 mu ma prime adolescence, et je me sentais touché, au double sens du mot, par la gloire naissante d’un jeune aîné qui venai
29 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). La cité européenne (18-19 avril 1970)
124 ent, dans une communauté de plus en plus complexe au cours des siècles, des valeurs bien souvent antinomiques, provenant d
125 ède la plus belle harmonie. » ⁂ De ce temps jusqu’ au nôtre, tout concourt à nourrir ce paradoxe qui paraît bien être la lo
126 cul, au droit de la force le service du prochain, au culte du succès le sens du sacrifice. Bien plus, il porte la contradi
127 u sacrifice. Bien plus, il porte la contradiction au cœur de l’être, et la traduit dans l’énoncé de ses dogmes fondamentau
128 fin rappeler l’apport arabe, qui ne se limite pas au zéro précédant la suite des nombres, mais qui est l’une des sources p
129 u’on croit le sentir en Occident ; l’apport slave au xixe  ; l’art africain et le jazz nègre américain au xxe siècle ? ⁂
130 xixe  ; l’art africain et le jazz nègre américain au xxe siècle ? ⁂ Tout cela dure, agit et vit en nous de mille manières
30 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe et le sens de la vie (25-26 avril 1970)
131 ’Europe et le sens de la vie (25-26 avril 1970)at au Je ne vois pas d’autre forme d’union qui réponde à la double exige
132 a paix. Je ne vois pas d’autre réponse imaginable au défi que l’Histoire nous pose dans les termes les plus précis et sans
133 is en retour, cette union ne saurait être acquise au prix des libertés qu’elle est censée servir. Rien de plus limpide que
134 ands et petits, ont imité l’un après l’autre tout au long du xixe siècle, suivis de nos jours par le reste du monde, nota
135 s en droit qu’elles deviennent illusoires en fait au xxe siècle. Rien, donc, de plus hostile à toute espèce d’union tant
136 gionales, et soumettre la production industrielle au seul impératif de l’élévation perpétuelle du PNB — cette tour de Babe
137 ent l’antithèse État-nation / fédération, ramenée au dilemme puissance ou liberté comme finalités de l’union. Mais je ne c
138 e, si nos États-nations délimités pour la plupart au xixe et au xxe siècle, se trouvent vraiment former, comme par mirac
139 ats-nations délimités pour la plupart au xixe et au xxe siècle, se trouvent vraiment former, comme par miracle, des enti
140 ppareil plus ou moins efficace, qui doit être mis au service des citoyens et de leurs cités ; et non l’inverse. Cessez don
141 e à la région et aux groupements de régions jusqu’ au niveau européen ; là, des agences fédérales, du type de la Communauté
142 randes tâches d’intérêt public, tâches politiques au sens originel du mot : l’économie, l’écologie et l’habitat, les trans
143 u vocabulaire politique dans une Europe fédérale, au seuil de l’ère du monde uni. Voilà donc le modèle fédéraliste de la C
144 he, mais bien ce coin de la planète indispensable au monde de demain, où les hommes de toutes races pourront trouver non p
145 littéraire), Lausanne, 25–26 avril 1970, p. 32. au . Le texte est précédé du chapeau suivant : « Nous publions la fin du
31 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Une réflexion sur le mode de vie plutôt que sur le niveau de vie (2 juin 1970)
146 r nous, produire plus grâce à eux et les renvoyer au plus vite. Il semblerait que tout le monde « gagne » à ce jeu : l’ind
147 ues.) Quelle est la pire menace ? II. Quant au danger que la présence sur notre sol d’un étranger contre cinq ou six
32 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Le testament de Tristan (14-15 novembre 1970)
148 s, [c’est] imputable aux fautes des Français, non au génie de la patrie. Phrase de passionné et non de démagogue, de roma
149 le monstre, qui la tenait captive. Il l’a ramené au mari légitime, à ce roi Marc que figurait le Pays légal, la Républiqu
150 leur contexte tous ces écrits à travers lesquels, au long des siècles, s’est manifestée l’idée d’Europe, ce sont les chemi
151 de se faire écarter du pouvoir en liant son sort au symbole même de l’ère nouvelle, qui est la région. Mais dans la page
33 1971, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Pourquoi j’écris (30-31 janvier 1971)
152 de répondre à l’attente des interviewers, on met au point quelques demi-mensonges, l’important est de n’y pas croire, sin
153 des vers, un récit, des pensées, une confession. Au début, je trouve donc cette série : émotion, allergie positive ou dél
154 ou émouvoir, pour dire quelque chose à quelqu’un, au public d’une revue littéraire ou à toute une nation par la TV. C’est
155 éfinit par rapport à notre progrès. ⁂ Ce n’est qu’ au début d’une carrière que l’on écrit par pure envie d’écrire. Et je ne
156 e me former sur une pensée vécue dans l’écriture. Au terme de mes livres, où figure le mot fin et juste au-dessous de ce f
34 1971, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Au défi de l’Europe, la Suisse (31 juillet-1er août 1971)
157 Au défi de l’Europe, la Suisse (31 juillet-1er août 1971)ba Nous souf
158 ais quoi ? Combien de nos compatriotes interrogés au hasard dans la rue seraient capables de le dire ? Alors on court inte
159 de nos erreurs sur nous-mêmes. Tel ce professeur au Collège de France8 auquel la Gazette demandait dernièrement s’il pe
160 pas un seul des autres cantons n’a jamais adhéré au Pacte dit du Grütli, qui ne porte que trois signatures. Mais alors, s
161 oi, Neuchâtelois protestant, de langue française, au même titre qu’un Schwyzois catholique de dialecte allemand, qu’un yod
162 nt suisse : une idée, une formule d’union qui fut au xiiie siècle celle de trois communes du Gothard et qui se « générali
163 ’hui, qui est tellement au-delà de ce qu’elle fut au Grütli, berceau mythique. Une idée se perd-elle en se généralisant, e
164 tes » désorientés. Or il est sain de se demander, au minimum une fois par an, ce que nous faisons là, et pourquoi nous res
165 s 3-4 juillet. (Réd.) ba. Rougemont Denis de, «  Au défi de l’Europe, la Suisse », Gazette de Lausanne, Lausanne, 31 juil
35 1972, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il faut dénationaliser l’enseignement [Entretien] (8 décembre 1972)
166 instituteurs. Or rien n’est plus faux : j’en veux au système scolaire, dont les instituteurs sont victimes, et qu’ils perp
167 it nous vient tout droit de Napoléon, qui a légué au monde entier, à peu près, l’école militarisée au service de l’État-na
168 au monde entier, à peu près, l’école militarisée au service de l’État-nation. Dans le système actuel, il serait pratiquem
169 dimensions-là. Passer de la région à l’Europe et au monde au moment où les élèves sont capables de saisir les réalités à
170 tuel sans l’économie. Sur dix votations proposées au peuple suisse, huit au moins posent des problèmes économiques auxquel
171 L’école a rendu les hommes qui sont actuellement au pouvoir en Europe, incapables de saisir ce que pourrait être une fédé
172 n cercle vicieux : chercher l’origine nous ramène au problème de la poule et de l’œuf… Il faut agir aux deux niveaux à la
173 l faut agir aux deux niveaux à la fois. Que faire au niveau des États ? Dans toutes les discussions que j’ai avec les offi
174 ement impossible dans notre culture. Il faudrait, au minimum, une volonté générale de sortir du cercle vicieux dont nous p
175 nt négligées aujourd’hui. L’enseignement fortuit, au hasard des occasions… Aucune place ne lui est faite — et pour cause —
176 une part, on tend à individualiser l’enseignement au maximum, de manière que chaque élève puisse travailler à son rythme p
177 les esprits à l’école, comme on aligne les corps au service militaire. Or, le fédéralisme — j’y reviens toujours — c’est
178 tous les échelons. C’est une réalité biologique : au niveau des cellules, des molécules, des atomes, toute vie résulte d’u
36 1972, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Merveilleux Lavaux (23-24-25 décembre 1972)
179 os, de camions, de garages, de stations d’essence au service de la pollution universelle. Or, les autos figurent l’emblème
37 1984, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Philosophie et énergie nucléaire : une mise au point (28 juin 1984)
180 Philosophie et énergie nucléaire : une mise au point (28 juin 1984)bg Dans votre numéro du 13 juin, M. Ph. Barrau
181 ratiquement nulle en Suisse. J’ai fait cette mise au point le 26 janvier 1979, en prononçant au Palais de Beaulieu, pour i
182 e mise au point le 26 janvier 1979, en prononçant au Palais de Beaulieu, pour introduire les « Rencontres internationales
183 but : Dans cette même salle, à cette même place, au mois de juin 1958, il y a donc un peu plus de vingt ans, devant le pr
184 avait pas découvert une fois de plus, et vraiment au dernier moment, une nouvelle source d’énergie. L’énergie nucléaire es
185 entée par notre génie, par nos savants européens, au défi d’une humanité dont notre science, notre hygiène, et nos techniq
186 que mes illusions, et je les retrouve aujourd’hui au premier rang de l’opposition au nucléaire. Ils pourront confirmer ma
187 rouve aujourd’hui au premier rang de l’opposition au nucléaire. Ils pourront confirmer ma description de l’état d’innocenc
188 de, « Philosophie et énergie nucléaire : une mise au point par Denis de Rougemont », Gazette de Lausanne, Lausanne, 28 jui