1 1940, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Erreurs sur l’Allemagne (1er mai 1940)
1 Erreurs sur l’Allemagne (1er mai 1940) a Les journaux, les revues et les livres nous apportent chaque jour
2 atholique ; que la doctrine de Luther, là où elle a triomphé sans résistance notable, c’est-à-dire en Scandinavie, n’a pa
3 ésistance notable, c’est-à-dire en Scandinavie, n’ a pas conduit au national-socialisme, mais plutôt au pacifisme et au dé
4 eil ; que l’Autriche catholique, bien qu’armée, n’ a pas résisté à l’hitlérisme, alors que la Norvège luthérienne, bien qu
5 lemagne, à demi luthérienne seulement, mais qu’il a triomphé d’abord dans une Russie tout orthodoxe, et dans une Italie t
6 he la coloration particulière que le luthéranisme a donnée au totalitarisme allemand, le catholicisme au totalitarisme it
7  : Hitler n’est pas le peuple allemand : la masse a été trompée par ses chefs. Un séjour d’une année en Allemagne, de 193
8 éjour d’une année en Allemagne, de 1935 à 1936, m’ a conduit à des conclusions fort différentes. J’ai pu constater que les
9 m’a conduit à des conclusions fort différentes. J’ ai pu constater que les bourgeois allemands considéraient le nouveau rég
10 ’un très grand nombre d’anciens chefs communistes avaient revêtu quelque grade dans le parti hitlérien. L’un d’entre eux me déc
11 inion pour ce qu’elle vaut.) Le petit livre que j’ ai écrit là-dessus m’a valu deux articles significatifs. Le premier, par
12 vaut.) Le petit livre que j’ai écrit là-dessus m’ a valu deux articles significatifs. Le premier, paru dans l’organe offi
13 ostic ; il soulignait la tendance nationaliste qu’ avait toujours montrée le socialisme allemand. Cet article était écrit en c
14 froidement d’être vendu au régime hitlérien, pour avoir soutenu que des communistes approuvaient Hitler. L’auteur de cette di
15 3. M. Maurice Muret, dans la Gazette du 27 avril a fort bien réfuté l’erreur que je viens de relever, et qui consiste à
16 e le marxisme » ! (Certains, que je connais, n’en ont pas encore démordu.) Après tout, les socialistes français que critiqu
17 tique justement M. Muret, ne sont coupables que d’ avoir partagé l’erreur fatale et prolongée des bourgeois de divers pays. Si
18 uthérienne. Je m’excuse de tant d’évidences, et d’ avoir à les rappeler à l’attention d’esprits si distingués. a. Rougemont
19 rappeler à l’attention d’esprits si distingués. a . Rougemont Denis de, « Erreurs sur l’Allemagne », Gazette de Lausann
2 1940, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). « À cette heure où Paris… » (17 juin 1940)
20 hautes pierres sans âme, cimetière… L’envahisseur avait prophétisé : le 15 juin, j’entrerai dans Paris. Il y entre, en effet,
21 pour eux la moindre des réalités humaines qu’ils ont tuées. « …car ils ne savent ce qu’ils font. » Le 15 juin 1940. b.
3 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). New York alpestre (14 février 1941)
22 York alpestre (14 février 1941)c Personne ne m’ avait dit que New York est une île en forme d’un gratte-ciel couché. C’est
23 unnels et d’autostrades surélevées. Personne ne m’ avait dit, non plus, que New York est une ville alpestre. Je l’ai senti le
24 n plus, que New York est une ville alpestre. Je l’ ai senti le premier soir, quand le soleil couchant flambait les hauteurs
25 s en tranches, polis et luisants comme du marbre, ont été plaqués sur les façades et dans les vestibules des plus riches bu
26 icains des plaines de l’Ouest, venant à New York, ont coutume de se plaindre de l’inhumanité que revêtent ici le climat et
4 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). La route américaine (18 février 1941)
27 décade, à travers le Far West, jusqu’à ce qu’ils eussent rejoint les terres du Pacifique. On ne pouvait plus rien ajouter aux
28 vers tout le continent. Personne n’en parle. On n’ a pas eu besoin de changer de régime pour le réaliser. Les autostrades
29 out le continent. Personne n’en parle. On n’a pas eu besoin de changer de régime pour le réaliser. Les autostrades américa
30 ne vie !… Gardez votre droite… Dépassez à gauche… Avez -vous pensé à l’anniversaire de votre femme ?… Donnez-lui un aspirateu
31 ilient… autour d’un verre de Champagne Renault !… Avez -vous vérifié votre niveau d’huile ?… L’État de Pennsylvanie vous souh
32 pneus qui mordent le béton. En cinq heures, nous aurons couvert les 400 kilomètres qui séparent le centre de New York de Wash
33 a culture, vers ces problèmes que le grand nombre a toujours fuis, partout. Peut-être alors les masses elles-mêmes compre
5 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Souvenir de la paix française (15 mars 1941)
34 st-elle à Mandres ; c’est donc jour de marché. Il a écrit ces mots. Elle saura bien. Il a rejoint l’usage du pays, l’inti
35 marché. Il a écrit ces mots. Elle saura bien. Il a rejoint l’usage du pays, l’intimité des choses de toujours. Et le moi
36 et des nuages noirs traînaient sur les vergers. J’ ai su, plus tard, que ce jour-là j’avais fait mes adieux à la France.
37 les vergers. J’ai su, plus tard, que ce jour-là j’ avais fait mes adieux à la France. e. Rougemont Denis de, « Souvenir de
6 1946, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Monsieur Denis de Rougemont, de passage en Europe, nous dit… [Entretien] (4 mai 1946)
38 946)f g Monsieur, quel bon vent vous amène ? J’ avais besoin de me retrouver dans une atmosphère française ; la production
39 indéfiniment dans le climat étranger. En outre, j’ ai des éditeurs à voir à Paris et en Suisse. Et je serais rentré il y a
40 is. Votre impression de la capitale française ? J’ ai été frappé par son extraordinaire beauté, contrastant brutalement ave
41 ds diables d’Américains ? Non, car en Suisse je n’ ai rien éprouvé de semblable. À Paris c’était véritablement oppressant…
42 rs de votre voyage. Puis-je vous demander où vous aviez vos assises en Amérique et quelles furent vos occupations durant le t
43 vos occupations durant le temps où la Suisse vous avait en quelque sorte perdu de vue ? J’ai surtout habité New York, à part
44 isse vous avait en quelque sorte perdu de vue ? J’ ai surtout habité New York, à part les quatre mois que j’ai passés en Ar
45 out habité New York, à part les quatre mois que j’ ai passés en Argentine à faire les conférences qu’impliquait ma mission.
46 e en guerre des États-Unis me bloqua sur place. J’ avais constaté que les conférences n’étaient pas un très bon moyen de propa
47 utent énormément, et les oublient le lendemain. J’ ai donc écrit un livre sur la Suisse, en collaboration avec Mme Maurice
48 uret, qui s’intitule Le Cœur de l’Europe et qui eut un grand succès. C’est le seul ouvrage que les Américains peuvent con
49 tre pays, et il s’en vend encore régulièrement. J’ ai été professeur — et le suis encore en titre — à l’École libre des hau
50 destiné aux jeunes Américains. Je crois qu’on en a peu parlé en Suisse ? En effet. Qu’y enseigniez-vous ? J’avais une ch
51 lé en Suisse ? En effet. Qu’y enseigniez-vous ? J’ avais une chaire de philosophie-sociologie. Mes collègues, de Strasbourg, R
52 la guerre. J’ajoute que l’École des hautes études a lancé une revue, Renaissance. De là, j’ai passé au ministère américai
53 s études a lancé une revue, Renaissance. De là, j’ ai passé au ministère américain de l’information de guerre, où j’étais c
54 des Américains. C’était extrêmement fatigant et j’ ai abandonné au bout de deux ans. Ce qui fut sans doute tout bénéfice po
55 s peuples et non des États. Vos derniers ouvrages ont -ils été traduits à l’usage des Américains ? J’ai un contrat avec une
56 ont-ils été traduits à l’usage des Américains ? J’ ai un contrat avec une maison américaine qui a commencé par éditer en an
57  ? J’ai un contrat avec une maison américaine qui a commencé par éditer en anglais La Part du diable et Les Personnes
58 peut-être même un peu trop : tout compte fait, j’ aurai 18 publications cette année ! C’est beaucoup à la fois. Vous n’êtes p
59 uelques-unes de vos lettres sur la bombe atomique ont paru dans Le Figaro  ? Oui, elles ont causé du scandale dans certain
60 e atomique ont paru dans Le Figaro  ? Oui, elles ont causé du scandale dans certains milieux, mais aussi beaucoup d’approb
61 obations enthousiastes. Savez-vous si les Soviets ont , pu s’emparer du secret de la bombe atomique ? Non, et nul ne le sait
62 ente encore quotidiennement la chronique, là-bas. Avez -vous été séduit par l’Amérique ? Je l’aime énormément ; c’est une aut
63 est une autre civilisation que la nôtre, mais qui a ses valeurs à elle. Peut-on employer ce mot de civilisation pour un p
64 question de mœurs, de rapports quotidiens. Ils n’ ont pas de culture proprement dite, mais bien une civilisation scientifiq
65 n de se former, et de gens extrêmement gentils. Y a-t -il bien, à votre avis, une puérilité américaine ? Et quel jugement po
66 ait que le plus grand nombre possible d’Européens eussent l’occasion de quitter leur « province » pour s’y rendre. N’ont-ils do
67 n de quitter leur « province » pour s’y rendre. N’ ont -ils donc rien à craindre de l’américanisme ? Pour ce qui est du matér
68 ation pour le progrès technique, les Américains n’ ont en somme pas grand-chose à nous apprendre, et c’est là une de leurs g
69 st là une de leurs grandes ressemblances (il y en a beaucoup) avec les Suisses. Non, plutôt que l’influence de la standar
70 s que pour les ouvrages médiocres. Quand un livre a du succès, on le refait cent fois. À part une ou deux exceptions, les
71 entente fructueuse et solide. Et, à ce propos, on a tort en Europe de craindre l’impérialisme américain. J’ai peur, quant
72 en Europe de craindre l’impérialisme américain. J’ ai peur, quant à moi, qu’il ne soit beaucoup trop timide ! Car les Améri
73 r l’air impérialiste. Et cette politique pourrait avoir d’assez graves conséquences pour l’Europe…1 1. L’entretien se term
74 de l’écrivain neuchâtelois — que nous espérons n’ avoir point trahies en les résumant — intéresseront vivement nos lecteurs. 
75 etour n’est d’ailleurs que provisoire, l’écrivain ayant laissé sa famille en Amérique où il la retrouvera cet automne. Il a b
76 e en Amérique où il la retrouvera cet automne. Il a bien voulu nous accorder la primeur d’une interview, ce dont nous le
7 1947, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Consolation à Me Duperrier sur un procès perdu (5 décembre 1947)
77 (5 décembre 1947)h i Voici le raisonnement qu’ a tenu devant la cour le bouillant Me Duperrier : — Rougemont s’est mis
78 d’une propagande étrangère, comme Oltramare ; il a parlé à la radio, comme Oltramare ; hors de Suisse, comme Oltramare e
79 bsurdités. 1. Si l’on admet avec cet avocat que j’ ai vraiment agi comme son client, l’alternative est la suivante : ou bie
80 est l’homme sain d’esprit qui peut admettre que j’ aie vraiment agi comme Oltramare ? Nous avons tous les deux écrit pour la
81 tre que j’aie vraiment agi comme Oltramare ? Nous avons tous les deux écrit pour la radio, hors de Suisse, sur la politique.
82 on des méfaits d’un lion du désert, et Malherbe d’ avoir consolé Duperrier — celui qui a perdu son procès. La seule question s
83 et Malherbe d’avoir consolé Duperrier — celui qui a perdu son procès. La seule question sérieuse qui se posait, notre avo
84 , c’est celle du contenu des émissions. Oltramare a parlé en faveur des nazis, ennemis jurés de toute démocratie, donc de
85 yons de l’éclairer par une fable. Supposons que j’ aie tant et si bien parlé à la radio américaine, qu’à la fin les nazis on
86 arlé à la radio américaine, qu’à la fin les nazis ont occupé la Suisse. Voilà ce que c’est ! On m’y ramène sous bonne escor
87 Que va-t-il dire ? Il n’hésite pas : il dit que j’ ai fait comme Oltramare, notre infaillible führer suisse. On lui répond
88 suisse. On lui répond que ça ne prend pas, que j’ ai fait exactement le contraire. On me fusille et on le pend d’office. F
89 ouleur de Duperrier. Mais voilà !… les Américains ont gagné la guerre. La Suisse subsiste, intacte et libre. On n’a pas fus
90 uerre. La Suisse subsiste, intacte et libre. On n’ a pas fusillé Oltramare, on s’est borné à le punir un peu. Son avocat g
91 eu. Son avocat garde le droit de me dénoncer pour avoir combattu l’hitlérisme, et Aragon le droit de me calomnier sous un pré
92 monde. Jugez donc ! et dites avec moi que nous l’ avons échappé belle ! Et que le désordre tolérable et tolérant où nous voic
93 elles intéresseront tous ceux, fort nombreux, qui ont jugé… surprenant le procédé du défenseur d’Oltramare. »
8 1949, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Les écrivains romands et Paris (10 septembre 1949)
94 0 septembre 1949)j k Questions 1 et 2. — Nous avons tout ce qu’il faut, en Suisse romande, pour nourrir une littérature.
95 uisse romande, pour nourrir une littérature. Nous avons peut-être un peu plus que bien d’autres provinces françaises : milieu
96 ieuse, proximité du monde germanique. Mais nous n’ avons rien de ce qu’il faut pour assurer le succès d’une œuvre : publicité,
97 , etc., dans sa chère Bretagne natale ? Peut-être avez -vous raison de considérer la situation des écrivains romands comme un
98 . Question 3. – « Le départ vers Paris… » Il n’y a pas que Paris, mais c’est le départ qui importe. Combien de grandes œ
99 le départ qui importe. Combien de grandes œuvres ont -elles été écrites, et publiées, au lieu même et dans le milieu où leu
100 me et dans le milieu où leur auteur est né, où il a grandi ? J’en vois si peu, et je trouve en revanche tant d’exemples é
101 notre correspondant de Paris, Jean-Pierre Moulin, a posé dans nos colonnes les trois questions suivantes : 1. Un écrivain
102 par là aussi bien un romancier qu’un dramaturge) a-t -il à sa disposition dans la réalité romande ou même helvétique des él
103 oit pas uniquement et strictement « locale » ? 2. A-t -il des chances d’être compris par ses compatriotes ? Trouvera-t-il un
104 e train-train d’une vie moyenne où l’exception, n’ a point de part” ? Après les réponses de J.-E. Chable, Robert de Traz,
9 1949, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe est encore un espoir (8 décembre 1949)
105 xpérience humaine, et surtout de souffrance. Vous avez trop souffert la longue horreur des camps pour croire au sursaut de l
106 t seul sauver l’Europe. Les autres dorment. Ils n’ ont pas encore vu qu’on ne leur laissera plus le temps d’être prudents. T
107 er son compte, si ce n’est pas déjà fait. Et vous avez presque raison. Mais dans ce presque il y a tout notre espoir, bien p
108 s même le dire, et cela pour des raisons que vous avez bien connues… Or non seulement vous le dites, vous l’écrivez, mais en
109 parler nous est encore laissé, mais c’est qu’il n’ a plus d’importance. La possibilité d’agir nous est ôtée. » Venez donc
110 ais elle relève déjà ses industries ; et l’URSS n’ a pas été traitée mieux qu’elle, qu’on s’en souvienne. Une Europe entre
111 nt ! L’Amérique veut l’Europe unie, parce qu’elle a besoin de nous en tant qu’Européens, autonomes, et même concurrents,
112 en tant qu’esclaves coûteux à entretenir. Et nous avons besoin de l’Amérique, en retour ; nous n’avons pas besoin des Russes.
113 us avons besoin de l’Amérique, en retour ; nous n’ avons pas besoin des Russes. Les Américains seront forcés de nous forcer à
114 i alors seulement deviendra vraie. Cher ami, vous avez quelques raisons d’être plus pessimiste que d’autres. Tous ceux qui o
115 ’être plus pessimiste que d’autres. Tous ceux qui ont lu votre livre l’ont senti, et même s’ils ignoraient que c’était votr
116 que d’autres. Tous ceux qui ont lu votre livre l’ ont senti, et même s’ils ignoraient que c’était votre histoire. Je vous i
117 if. Un dernier mot sur les hommes politiques. Ils ont eu leur congrès ailleurs. À Lausanne, ce seront les savants, les poèt
118 Un dernier mot sur les hommes politiques. Ils ont eu leur congrès ailleurs. À Lausanne, ce seront les savants, les poètes
119 s philosophes qui prendront enfin la parole. (Ils auraient dû la prendre les premiers.) Et M. Spaak, seul homme d’État invité à
120 invité à la conférence, est indemne du reproche d’ avoir vendu vos peuples. Mais je pense que vous avez tort de proposer qu’on
121 d’avoir vendu vos peuples. Mais je pense que vous avez tort de proposer qu’on choisisse un Grand Homme. Vous n’y croyez sans
122 le les conduisait dans la nuit vers un Enfant qui a sauvé le monde. l. Rougemont Denis de, « L’Europe est encore un es
10 1953, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). « Ce qu’ils pensent de Noël… » [Réponse] (24 décembre 1953)
123 l’Europe pour que nous comprenions que les hommes ont fort peu de bonne volonté ? La plupart sont involontaires, ils ne fon
11 1954, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Rejet de la CED : l’avis de Denis de Rougemont (20 septembre 1954)
124 nd elles le nient. Dans la confusion générale qui a suivi la journée des dupes du 30 août, les fédéralistes européens gar
125 l’armée, l’économie — quand chacun de nos peuples aura compris qu’il s’agit de se sauver tous ensemble ou de périr isolément
12 1957, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Une lettre de Denis de Rougemont (16-17 février 1957)
126 ndus par la fatigue et presque lugubre. Il semble avoir été « piqué » par le photographe non point au terme d’une mission bri
13 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Fédéralisme et culture (3-4 mars 1962)
127 erve avec d’autres cantons ou pays. Votre congrès ayant pour premier objectif de surmonter cette tendance défensive, fausseme
128 ance nécessaire. N’oublions pas que les cités qui ont fait la Renaissance en Italie, en Flandres ou en Bourgogne, étaient a
129 en revanche trop de médiocrité pour peu qu’elles aient été un jour inscrites à quelque budget d’État, et sous prétexte de ré
130 nt pas des raisons économiques. Le fédéralisme, j’ ai tenté de vous le montrer une fois de plus, vit des mêmes réalités spi
14 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Rectification (9 mars 1962)
131 teur, à « vitupérer » l’esprit de clocher, dont j’ ai très peu parlé, ou le matérialisme, mentionné dans une seule phrase,
15 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe est d’abord une culture (30 juin 1962)
132 nt que des peuples, ne songent à s’unir que s’ils ont en commun certains traits qu’ils tiennent pour essentiels : leur unio
133 s. Et un fait d’histoire : cette minuscule Europe a dominé successivement sur tous les autres continents, et continue à r
134 aît le besoin d’union. Les forces de division qui ont miné l’Europe depuis un siècle, et qui ont risqué de la faire périr à
135 on qui ont miné l’Europe depuis un siècle, et qui ont risqué de la faire périr à deux reprises en 1914 et en 1939, se résum
136 ais l’opinion publique et les élites responsables ont peine à prendre conscience de leur nocivité tant que celle-ci ne se m
137 énéralement confondu avec le patriotisme, hélas — a du bon, tant qu’il ne s’exagère pas en chauvinisme. Mais qu’est-ce qu
138 ationales. Et c’est ainsi que l’union de l’Europe a commencé dans le domaine économique, avec la CECA de Jean Monnet et R
139 problèmes culturels. L’Europe du plan économique a besoin de centaines de milliers de techniciens. Il est concevable et
140 utre part, le dynamisme unique dont les Européens ont fait preuve depuis des siècles, résulte de nos diversités locales, ré
141 iques. Tout système centralisé ou institution qui aurait pour effet de déprimer les autonomies locales et d’uniformiser nos co
142 là le vrai sens, et le seul possible, de ce qu’on a nommé « l’Europe des patries ». (Par malheur, l’auteur de ce mot d’or
143 tes provisoires de l’Ouest du continent. L’Europe a découvert la Terre entière, assumant une fonction d’animation des éch
144 ion d’animation des échanges de tous ordres. Elle a transmis au monde entier les procédés de la technologie. Elle se doit
145 ient en effet menacées par la technique. L’Europe ayant cent ans d’avance dans son effort d’adaptation à la révolution indust
146 neufs de ses expériences durement acquises. Elle a inventé bien des maux, mais aussi leurs remèdes, bien des méthodes da
147 les équilibrer et de les rendre bénéfiques. Elle a inventé et pratiqué la libre concurrence, mais aussi la coopération,
148 en sauvegardant les autonomies et diversités qui ont fait notre culture et sa vitalité. ⁂ Le problème européen étant ainsi
149 uyée sur une organisation fédérative de nos pays, aura pour mission essentielle d’orienter leur action commune à l’échelle m
150 le jeu de la construction européenne me semblent avoir plus de poids que les scrupules qui nous retiennent encore. Quand ell
151 pas faite pour nous, c’est l’évidence. Mais nous aurons perdu le droit de nous en plaindre. t. Rougemont Denis de, « L’Eu
16 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Universités américaines (12-13 janvier 1963)
152 raversant d’est en ouest se nomme Vents, et nul n’ a compris ce pays s’il n’a pas découvert un jour qu’un souffle immense
153 se nomme Vents, et nul n’a compris ce pays s’il n’ a pas découvert un jour qu’un souffle immense de lyrisme nomade est le
154 conscient des hommes de toute race dont les pères ont conquis la Prairie. Hors des hauts murs en falaises de brique ocrée d
155 ugles et de chœurs d’une euphorique nostalgie : j’ ai retrouvé mon Amérique. Liberté Invité par la Fondation Ford pour
156 i qui je veux ou personne s’il me plaît, ce que j’ ai envie de voir ou rien, pendant deux mois — je me suis gardé d’établir
157 Harvard Déjeuner avec Paul Tillich. Je ne l’ avais pas revu depuis un soir de 1941, à New York, chez notre ami commun Re
158 tre ami commun Reinhold Niebuhr. Cet Allemand qui a fui les nazis est devenu le penseur religieux le plus influent de l’A
159 ée catholique en grand progrès, et que Karl Barth a restauré dans tous les séminaires presbytériens la notion d’une ortho
160 rose pourpre d’une intensité de couleur que je n’ ai jamais vue ailleurs. Arrêt dans une auberge faite d’un vieux wagon d’
161 utes les personnes de mon espèce s’arrangent pour avoir des maisons, cabanes, pavillons, ce que vous voulez, à deux heures de
162 eek-end, du vendredi après-midi au lundi matin. J’ ai une cabane en poutres (log cabin) près de la frontière du Canada, san
163 touchent, vous n’êtes plus jamais seuls. » Je lui ai dit qu’il exagérait, qu’il y avait encore en Europe des refuges à peu
164 Europe des refuges à peu près comparables. Mais j’ ai dû dire : encore. D’ici vingt ans… New England Williamstown est
165 Paul Boepple, chef du département de musique. (Il a dirigé le Roi David lors de sa création à Mézière, puis Nicolas de Fl
166 nt en pantalon et blouses de sport. Quelques-unes ont gardé leurs bigoudis, comme cela se fait dans ce pays, la veille d’un
167 ans le traitement imagiste et presque abstrait qu’ a choisi l’auteur anonyme. Plusieurs girls manifestent leur intention d
168 et si négligé, que la jeunesse européenne semble avoir adopté depuis quinze ans, croyant copier les « existentialistes » par
169 des Americans for Democratic Action, ADA. » On m’ avait parlé, très vaguement, d’une éventuelle discussion avec un groupe de
170 ook, C. P. Snow et Hans Morgenthau, et qui semble avoir fait du bruit, d’une côte à l’autre, mais c’est vraiment tout ce que
171 endez-vous commence quelques secondes après, je n’ ai plus le temps de m’inquiéter de rien. Tout occupé à satisfaire d’arde
172 sûr je comprends assez mal. Better red than dead, a dit le pacifiste Bertrand Russell. (Plutôt rouges que morts.) À quoi
173 tôt rouges que morts.) À quoi mon ami Sidney Hook a répondu : « Cette attitude nous conduirait à être à la fois rouges et
174 onduirait à être à la fois rouges et morts. » Ils ont parlé surtout de la guerre froide et de la Bombe, et très peu des val
175 très à gauche » et dont plusieurs se demandent, m’ a-t -on dit, si l’URSS ne détient pas les clés de l’avenir du monde uni, j
176 onde uni, je leur rappelle que c’est l’Europe qui a fait le monde, en créant les moyens de relier les continents et en fo
177 ous rejoindre en fin de compte, Russes compris. J’ ai terminé, les questions pleuvent : j’en reçois 42 par écrit. Rien n’es
178 e pas aux Soviets ? Car s’ils décident la guerre, a ) ils sont victorieux et ils établissent le communisme mondial ; b) no
179 es du commun peuple ? » À la dernière question, j’ ai répondu : « J’espère bien que vous n’attendez pas ma permission pour
180 très haut niveau intellectuel, la Fondation Ford a créé un Centre d’études avancées pour les sciences du comportement. U
181 ar an) composent l’écurie de course de l’année. J’ ai déjeuné avec plusieurs d’entre eux, puis une vingtaine sont venus dis
182 e conférence sur l’Europe et le monde que je leur ai brièvement exposé. Critiques et suggestions d’une pertinence parfaite
183 Sidney Hook, le philosophe et sociologue. « Je n’ ai jamais fait de ma vie autant de mathématiques, me dit ce dernier, c’e
184 dit ce dernier, c’est le langage commun que nous avons trouvé, entre nos différentes spécialités. Les historiens recourent a
185 texte est introduit par le chapeau suivant : « “J’ ai retrouvé mon Amérique”, note Denis de Rougemont en automne 1961, dans
186 n automne 1961, dans le journal de voyage dont il a bien voulu détacher quelques pages à notre intention. L’Amérique, c’e
17 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’éloge, l’élan, l’amour, le monde ouvert à ceux qui s’ouvrent, cela existe… (2-3 février 1963)
187 l’Avon, est-ce vraiment plus facile à expliquer ? A-t -on vraiment de meilleures chances ? L’idée que la littérature ait pou
188 de meilleures chances ? L’idée que la littérature ait pour fonction d’exprimer l’homme en tant que national ou régional — h
189 up d’esprits dans nos cantons romands. Un seul en a tiré une œuvre forte, c’est Ramuz. Mais il ne croyait pas à l’Helveti
190 cistes », me disait-il un jour — provocateur ! Il aurait sans nul doute échoué dans son « projet » s’il avait emprunté ses « i
191 it sans nul doute échoué dans son « projet » s’il avait emprunté ses « instruments » à une philosophie, même existentialiste.
192 quate », le jeune Suisse romand qui veut écrire n’ aurait -il pas besoin, tout simplement, de ce qu’on appelle en France la clas
193 e par l’école primaire et secondaire. Tout cela n’ a rien à voir avec Calvin, spirituel de plein vent, et de langue assuré
194 ou familiales, le Suisse romand qui veut écrire n’ a qu’à jouer ses atouts et bien savoir sa langue. Cela donne Rousseau,
18 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Les mythes sommeillent… ils vont se réveiller [Entretien] (9-10 février 1963)
195 ein”. Il se souviendra toujours du choc. Un mythe avait pris corps… “J’ai lu votre bouquin sur la bombe atomique”, dit le pèr
196 a toujours du choc. Un mythe avait pris corps… “J’ ai lu votre bouquin sur la bombe atomique”, dit le père de la Relativité
197 i écrivent aujourd’hui des livres, un de ceux qui a fait, avec simplicité, les prises les plus sensationnelles. Quelque c
198 m’inquiète, dis-je. L’Amour et l’Occident vous a valu de beaux triomphes. Les hypothèses que vous aviez lancées alors
199 valu de beaux triomphes. Les hypothèses que vous aviez lancées alors sur les cathares et sur l’amour courtois, après avoir l
200 s sur les cathares et sur l’amour courtois, après avoir ligué contre vous les historiens, la Sorbonne et Jean-Paul Sartre, on
201 les historiens, la Sorbonne et Jean-Paul Sartre, ont été confirmées avec éclat par de récents travaux d’érudition. Bon. Ma
202 porain. Et lui, depuis quelques années, me semble avoir beaucoup changé… Les années 1930, puis la guerre, n’ont-elles pas por
203 aucoup changé… Les années 1930, puis la guerre, n’ ont -elles pas porté au romantisme, donc à l’amour-passion, un coup mortel
204 passion, un coup mortel ? Pas mortel. Mais dur. J’ ai provisoirement modifié ma perspective. Quand j’écrivais mon livre, je
205 ventions, de nouvelles contraintes. Et alors nous aurons de nouveau l’envie de nous libérer de quelque chose. Mais la société
206 er de quelque chose. Mais la société européenne n’ a jamais été moins asservie par les impératifs ou par les interdits de
207 e la religion… Moi, je crois que le christianisme a repris sa marche en avant. … de la morale et de la hiérarchie mondain
208 de la morale et de la hiérarchie mondaine. Il n’y a plus d’obstacles que les mythes puissent tenter de vaincre. Pardon !
209 fera un homme tous les dix mètres. En 2400, nous aurons un mètre carré chacun. Dans moins de 440 ans ! Bien sûr, la statistiq
210 de très vieux mythes. Vous savez, l’être humain n’ a pas changé dans ses profondeurs, Jung a montré de quelles couches imm
211 humain n’a pas changé dans ses profondeurs, Jung a montré de quelles couches immémorialement superposées, entrelacées, n
212 irconstances, de nouvelles portes de sortie. Jung a écrit précisément que l’archétype de la Femme a gardé son rôle primor
213 g a écrit précisément que l’archétype de la Femme a gardé son rôle primordial. Mais oui. Les troubadours ne l’avaient pas
214 n rôle primordial. Mais oui. Les troubadours ne l’ avaient pas inventé. Ils lui avaient donné une forme nouvelle. Cette forme lu
215 Les troubadours ne l’avaient pas inventé. Ils lui avaient donné une forme nouvelle. Cette forme lui a permis de prendre un envo
216 avaient donné une forme nouvelle. Cette forme lui a permis de prendre un envol extraordinaire. Croyez-vous que l’étude sy
217 prophétiser. Il y a un auteur d’anticipation qui a longuement parlé, lui aussi, du surpeuplement, du resserrement de l’h
218 ’est Teilhard de Chardin. Et précisément la femme a dans son œuvre la place d’un symbole et d’une inspiratrice. La femme 
219 et d’une inspiratrice. La femme ? Parfaitement. J’ ai là par exemple un texte inédit de Teilhard. Il faudra que j’en parle
220 sanne. Voyez ce passage : le Père (qui d’ailleurs a eu dans sa vie un grand amour) parle de la Chasteté comme d’un moyen
221 nne. Voyez ce passage : le Père (qui d’ailleurs a eu dans sa vie un grand amour) parle de la Chasteté comme d’un moyen de
19 1964, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il nous faut des hommes de synthèses (19-20 septembre 1964)
222 s, et aussi des plus angoissants de ceux que nous a légués l’Antiquité proche-orientale, si étroitement mêlée aux origine
223 rétation la plus éclairante de ce mythe me paraît avoir été donnée par Dante en son Traité de l’éloquence vulgaire, au chapit
224 i s’en tinrent à la langue sacrée furent ceux qui avaient refusé de prendre part à l’œuvre et s’étaient tenus à l’écart, couvra
225 sur l’origine de la pluralité des langues, Dante a posé implicitement le problème beaucoup plus général de ce qui divise
226 terpénètrent, et certaines s’universalisent. On n’ a jamais autant appris de deuxièmes et de troisièmes langues. On n’a ja
227 ppris de deuxièmes et de troisièmes langues. On n’ a jamais autant traduit et déchiffré. Et des machines électroniques von
228 t évidente. C’est l’Europe, c’est elle seule, qui a déclenché cette évolution planétaire. L’Europe a découvert la terre e
229 a déclenché cette évolution planétaire. L’Europe a découvert la terre entière, et personne d’autre n’est jamais venu la
230 uvrir. L’Europe gréco-romaine et judéo-chrétienne a conçu la notion de genre humain, si longtemps étrangère, voire répugn
231 à part Gandhi. Enfin l’Europe, par sa technique, a mis en relations toutes les parties du monde, devenu désormais unité
232 e relations pratiques. L’Europe et l’Europe seule a fait tout cela, par sa religion, par ses grands philosophes et par se
233 es de vie — disons d’un mot : par sa culture, qui a fait littéralement le tour du monde. Mais en même temps que cette cul
234 s de la nouvelle culture mondiale. Mais qu’il n’y ait plus, ou presque plus, de langage commun, et que les buts finaux s’ob
235 ela veut dire aussi, très concrètement, qu’il n’y a plus d’Université aux deux sens primitifs de l’universitas, qui sont
236 s professionnelles et d’instituts de recherches n’ ayant plus d’autres liens réels que ceux d’une administration en outre acca
237 tion en outre accablée de soucis matériels et qui a d’autres chats à fouetter que de méditer sur la synthèse des facultés
238 a de 500 000 dans une dizaine d’années. (Seules n’ auront pu varier les dimensions des salles de la Sorbonne, où déjà les étudi
239 ricains nous affirment que 85 % des scientifiques ayant vécu depuis l’aube de l’histoire, sont vivants aujourd’hui. Et Louis
240 oi, dans nos années d’études, il y a 30 à 35 ans, avions appris toute la chimie et n’en avions rien oublié, nous ne saurions q
241 0 à 35 ans, avions appris toute la chimie et n’en avions rien oublié, nous ne saurions qu’un dixième de ce qu’elle est aujourd
242 phie, ni dans les lettres. Mais cette disparité n’ a rien de rassurant, tout au contraire : elle accroît la séparation et
243 « version à l’unité »…). Toute l’évolution que j’ ai dite conduit inévitablement à la confusion des langages, dissous en t
244 illustrera ce point : Supposons que la théologie ait gardé ses pouvoirs régulateurs de l’ensemble de nos croyances : un th
245 e comprendrait pas de quoi parle le physicien, et a fortiori ne saurait pas si le rapport entre les conclusions du physic
246 , et les représentants des disciplines diverses n’ ont souvent plus guère en commun que des platitudes quotidiennes ou des p
247 l ne s’est pas écroulée sur ses bâtisseurs, ils l’ ont seulement abandonnée, ne sachant plus s’expliquer les uns aux autres
248 liquer les uns aux autres pour quelles fins ils l’ avaient entreprise. Mais l’Université, dans nos pays, paraît plus florissante
249 curieux. L’industrie et l’État, plus que jamais, ont besoin d’elle. Si elle est devenue trop petite pour ses tâches immédi
250 , qu’on l’agrandisse ! Les crises de croissance n’ ont jamais été mortelles pour les administrations : elles représentent an
251 e de l’Université occidentale ? Quel type d’homme a-t -elle en vue, veut-elle former ? Je crains bien que si l’on tentait de
252 le en effet parmi toutes les grandes cultures qui ont fait l’histoire de l’humanité, l’Europe a osé l’aventure d’un dévelop
253 s qui ont fait l’histoire de l’humanité, l’Europe a osé l’aventure d’un développement autonome de la science et des arts,
254 ement au xiiie siècle — à l’époque justement qui a vu naître les premières universités européennes, en Italie puis à Par
255 estions naïves et pénétrantes : pourquoi l’Europe a-t -elle fait les machines ? Pourquoi travaillez-vous autant ? Pourquoi c
256 t son sérieux. Et je vois peu de généralistes qui aient osé relever, par exemple, la relation de continuité entre le dogme de
257 che du temps » et l’entropie, notions de base qui ont une portée métaphysique indiscutable. Et il faudrait que les physicie
258 ne peut plus se présenter devant le monde qu’elle a réveillé, dans le désordre spirituel et dans l’incohérence babélique
259 raît en mesure de résoudre, parce qu’elle seule l’ a posé dans l’histoire, c’est celui de l’Un et du Divers également réel
260 sité ? Trois solutions me paraissent concevables. a ) La première, souvent proposée, consisterait à imposer des cours de c
261 périences tentées dans cette intention si louable ont échoué, et les raisons de ces échecs répétés me paraissent assez évid
262 ir humain, d’ailleurs en progression géométrique, ait la moindre chance de succès et l’éducation permanente qu’on nous prop
263 er qu’en croissant, sous la double pression que j’ ai dite : toujours plus de matières à enseigner à un nombre toujours plu
264 ies les plus fines, que les savants contemporains ont créé la science nucléaire : or, les impasses et les paralogismes qu’i
265 e pas : je les écoute, et plusieurs d’entre eux l’ ont écrit. Carrefours de vérités Une phrase de Spinoza s’est fixée
266 ion monologante sous forme de discours. Ce détail a son importance. Car ce qui importe au bout du compte, dans une entrep
267 cellence en tant que tels par le fait même qu’ils auront pris conscience de ce qu’ils ne peuvent se contenter d’être seulement
268 de l’explosion des effectifs universitaires, je n’ aurais guère à proposer qu’une solution de bon sens presque simpliste : il m
269 est pas du tout par hasard que dans le tableau qu’ a établi le sociologue belge Léo Moulin, sous le titre d’indice Nobel,
270 e problème de l’explosion du savoir, dont je vous ai plus longuement entretenu, il me tarde de vous proposer des conclusio
271 e un rêve, mais rien ne devient jamais réel qui n’ ait été d’abord rêvé. La multiplication des universités, maintenues dans
272 e, d’autre part. Condition générale d’admission : avoir prouvé son excellence dans une branche au moins du savoir, ou de la v
273 eure où elle s’interroge elle-même plus qu’elle n’ a jamais fait dans son histoire. Cette liste de thèmes, vous le sentez,
274 lamer de beaucoup de noms illustres, d’hommes qui ont rêvé l’Académie européenne, comme Tommaso Campanella ou Amos Comenius
275 hérente du Tout. Vraiment européenne, puisqu’elle aurait pour fin de recréer l’union dans la diversité, qui est la formule de
276 s terres du globe multipliées par une culture qui a fait le Monde, et qui doit aujourd’hui, plus que jamais, faire des ho
20 1965, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Un écrivain suisse (20-21 mars 1965)
277 écrivain suisse (20-21 mars 1965)ab Qu’il n’y ait pas une patrie suisse mais deux douzaines, point de grands centres ni
278 ctuel, et surtout point de langue que ces patries aient en commun, semble interdire la possibilité d’un écrivain qui méritera
279 italien, bien avant que l’Allemagne ou l’Italie n’ aient réuni dans une de ces super-provinces qu’on nomme nations toutes leur
280 es culturelles qui, moins forts, moins doués, les eût neutralisés. Lointain cousin de l’historien de la Renaissance, je ne
281 rope. La pensée et l’action Peu de carrières ont connu tant d’alternances de périodes d’action et de médiation. Tantôt
282 e Dantzig ; enfin mémorialiste d’événements qu’il a vécus et qu’il avait prévus. Burckhardt est le type même de l’écrivai
283 mémorialiste d’événements qu’il a vécus et qu’il avait prévus. Burckhardt est le type même de l’écrivain qui ne peut séparer
284 l’irrationnel qui conduit leurs affaires au pire a certes confirmé son pessimisme inné, et sa profonde méfiance à l’endr
285 ant de la vie et son sens du service de la cité n’ ont cessé de le ramener aux grands postes publics, quand un appel pressan
21 1966, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Stampa, vieux village… (15-16 janvier 1966)
286 rès vieille mère et travailler dans l’atelier qui avait été celui de son père. Il y est mort hier soir, puisse-t-il y reposer
287 n peuple », comme dit la Bible. C’est là que je l’ avais surpris un jour en plein travail — on ne devrait jamais faire ça — po
288 s vingt ans et plus qu’on se rencontrait, je ne l’ avais jamais vu dans sa réalité et nous n’avions presque rien dit qui vaill
289 je ne l’avais jamais vu dans sa réalité et nous n’ avions presque rien dit qui vaille entre deux hommes. Mais ce jour-là, il tr
290 Suisse, c’était la raison de mon passage, et nous avons parlé de notre pays, fraternisé dans un éloge immodéré de ses aspects
291 ts variés et insolites, de l’Appenzell où Alberto avait fait son service et gagné un galon de bon tireur — moi aussi, je l’ai
292 et gagné un galon de bon tireur — moi aussi, je l’ ai eu ! m’écriai-je — jusqu’à Soglio tout proche et ses palais alpestres
293 gagné un galon de bon tireur — moi aussi, je l’ai eu  ! m’écriai-je — jusqu’à Soglio tout proche et ses palais alpestres. E
22 1966, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). André Breton à New York (8-9 octobre 1966)
294 , cette longue aliénation parfois libératrice, il a fallu tout cela pour que celui qui avait été l’un des « phares » baud
295 ératrice, il a fallu tout cela pour que celui qui avait été l’un des « phares » baudelairiens de notre adolescence loin de Pa
296 l que je tenais alors.) Deux jours plus tôt, je l’ avais rencontré à l’Office of War Information, où je venais de prendre un p
297  La Voix de l’Amérique parle aux Français », et j’ avais deux équipes d’« announcers » qui les lisaient en alternant les voix
298 Lévi-Strauss, un des fils Pitoëff, et Breton. (Il avait trouvé ce moyen de gagner juste de quoi vivre sans la moindre comprom
299 , de ce que durant nos années parisiennes, nous n’ ayons pu, ou cru pouvoir, nous rencontrer. « Ce sont de ces conneries ! Et
300 femme dont tout me sépare en fait, ou avec qui j’ ai rompu sans retour. Ce soir-là, au Village, mon rêve est devenu vrai :
301 contrer « mécaniquement en quelque sorte ». L’OWI eut ceci de bon de nous en assurer l’occasion quotidienne. Le culte d’u
302 re bleue Dès notre première vraie rencontre, j’ avais découvert quelque chose dont je pense bien que personne ne parlera da
303 que Breton, pour toute la haine vigilante qu’il n’ a cessé de vouer sa vie durant aux manifestations visibles et officiell
304 oignait l’Inquisition… Il me dit ce soir-là qu’il avait découvert au fond de l’échoppe d’un cordonnier dans le Morvan, les de
305 (Combien de poètes, et plus encore de peintres, n’ ont jamais pu vraiment s’approuver dans leur cœur, parce que Breton ne le
306 approuver dans leur cœur, parce que Breton ne les avait pas admis et célébrés !) J’ai vu plus d’une scène de ce genre aux réu
307 ue Breton ne les avait pas admis et célébrés !) J’ ai vu plus d’une scène de ce genre aux réunions du groupe, d’ailleurs va
308 pe, d’ailleurs variable et quelque peu fortuit qu’ avait reconstitué André Breton dès son arrivée à New York. Il avait pour no
309 titué André Breton dès son arrivée à New York. Il avait pour noyau quelques peintres qui allaient changer là-bas le cours des
310 et quelques jeunes femmes assez fantasques qu’on eût dit nées des comédies de Shakespeare. On se rencontrait chez l’un ou
311 s » des ouvriers, de l’utopie phalanstérienne. On eût dit qu’il était le premier à découvrir ce jeune auteur d’avant-garde 
312 it temps d’aller regarder de plus près qu’on ne l’ avait fait saint Augustin, qu’il tenait pour l’ancêtre des jansénistes. Nou
313 gustin à lui était sans nul rapport avec celui qu’ avait canonisé « l’Obscurantisme ». Un dimanche matin à New York, au bas de
314 Changer la vie La grande contradiction qui a tendu l’arc d’une existence poétique si hautement exemplaire à tant d
315 belots, entre le délire et l’extrême rigueur il n’ a jamais cessé d’inventer un chemin qui ne pouvait exister que pour lui
316 seul. De personne je ne suis à ce point sûr qu’il a toujours suivi — avec autant d’audace que d’exacte obéissance aux sig
23 1966, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Jacques Chenevière ou la précision des sentiments (22-23 octobre 1966)
317 sentiments (22-23 octobre 1966)ae La mémoire a ses caprices ; l’oubli même peut devenir, non sans mélancolie, une sa
318 uchent à l’histoire. Et des adieux… Seules donc m’ ont guidé — ou égaré — les subtiles connivences du hasard et du souvenir.
319 le rassurer sur lui-même, mais finalement elle n’ aura pas contaminé son art d’écrire « pour le plaisir ». Je pense à des ré
320 , Rois, Daphné, ou la Jeune Fille de Neige, qui n’ ont rien de philanthropique. (Ils ravissaient Valéry Larbaud, et c’est to
321 ers Descriptions d’une mémoire ; et ce qu’elle a gardé, et qui revit en ce recueil, va devenir par la grâce d’un art t
322 ntiment, et d’un regard imaginant. Presque rien n’ eût été enregistré par l’objectif (si bien nommé) et pourtant quelque cho
323 pia et de Jaques-Dalcroze, pour lequel Chenevière a écrit le livret des Premiers Souvenirs. Et le passage à Lausanne de L
324 dire qu’un tel livre transmet quelque chose qui n’ a pas de prix : les secrets de l’usage d’une civilisation. Je l’intitul
24 1967, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). J. Robert Oppenheimer (25 février 1967)
325 Oppenheimer (25 février 1967)af Cet homme qui avait su mettre en œuvre avec vigueur dans un désert de rochers rouges, brû
326 d’El-Amarna, d’une cité du Soleil absolu : il en avait la sensitivité, l’ossature délicate allongée, le large regard rayonna
327 préférait à tout François Villon. Jeune homme, il avait rêvé un sonnet en français : il l’écrivit au réveil et le publia dans
328 eu qui allait interroger au-delà de vous-même. Il avait une aura, il le savait, un prestige un peu douloureux qu’il portait a
329 ait interroger au-delà de vous-même. Il avait une aura , il le savait, un prestige un peu douloureux qu’il portait avec juste
25 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Entretien avec Denis de Rougemont (6-7 avril 1968)
330 en chômage , Journal des deux mondes , l’auteur a entamé une manière de dialogue avec son œuvre, ajoutant aux textes dé
331 aux textes déjà publiés un bon quart d’inédits. J’ ai rencontré Denis de Rougemont dans sa maison de Ferney-Voltaire, qui e
332 e signe sensible de la situation que l’écrivain n’ a cessé d’occuper dans la culture de notre temps : à proximité, le rega
333 pagne genevoise ; à cinq minutes, cependant, vous avez Cointrin, l’ouverture sur le monde. Pendant que j’écoutais la voix ca
334 de la personne, du langage, de notre univers, des avions passant dans le ciel apportaient comme un écho de la planète. Le prin
335 lusieurs jeunes intellectuels de ma génération, j’ ai découvert la crise où se trouvait la société. Des mouvements comme Es
336 Quand le premier de Hic et Nunc parut, Mounier a trouvé que j’y allais un peu fort. Nous avons échangé quelques lettre
337 Mounier a trouvé que j’y allais un peu fort. Nous avons échangé quelques lettres assez vives. Pour ma part, j’étais relié aux
338 ur ma part, j’étais relié aux trois mouvements, n’ ayant jamais voulu être l’homme d’une seule secte. Peut-être adoptais-je, s
339 chniques, qui nous intéressaient, à Hic et Nunc ai , comme moyens de libération de la personne. Nous étions également en
340 En reprenant une vue d’ensemble sur votre œuvre, avez -vous relevé une évolution quant à votre conception de l’Europe ? Je d
341 urieuse, la langue ne constitue pas un barrage. J’ ai d’ailleurs toujours, dans ma conception de la liberté, défendu la thé
342 pirituelle le protestantisme. Rien de tout cela n’ a les mêmes frontières et il se produit là un jeu complexe d’exclusions
343 tiplier les communautés d’aires différentes qui n’ ont pas les mêmes bornes territoriales. Cette indépendance par rapport au
344 s l’homme à la fois cosmopolite et enraciné. Je n’ ai jamais senti la moindre gêne à être d’un pays où j’ai des racines et
345 amais senti la moindre gêne à être d’un pays où j’ ai des racines et à me sentir européen. La seule chose inadmissible est
346 rontières d’un État-nation. « L’orgueil national, a écrit Simone Weil, est loin de la vie quotidienne. » Je suis très sen
347 ah. Propos recueillis par Henri-Charles Tauxe. ai . Il s’agit sans doute d’une erreur de transcription : Rougemont se ré
26 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il faut réinventer l’Université (29 juin 1968)
348 e est-il trop tard), et chacun d’affirmer qu’il l’ avait toujours dit… Sans plus de précautions, et pour faire court, je conde
349 rs, des professeurs ou des pasteurs. Ces écoles n’ ont plus en commun que leur location dans une même ville, leurs services
350 e financière d’un même État. À part cela, elles n’ ont plus rien à se dire, ni au fond rien à faire ensemble. 3. L’Universit
351 terme et les écoles professionnelles ou facultés ont des finalités différentes, presque contradictoires. Les écoles prépar
352 uer, orienter les esprits et les activités : elle aurait pour fonction de chercher et de dire le Sens de la société. Il se pou
353 elui qui veut apprendre un métier pour en vivre n’ a que faire de la contestation. Et celui qui entend contester la sociét
354 ation. Et celui qui entend contester la société n’ a que faire d’une « étude des débouchés ». Cependant, avant de conteste
355 l’aide de cette méthode, la seule à mon avis qui ait le droit de se réclamer du fédéralisme. 10. Pourquoi des universités 
356 publié. 14. Un professeur ne devrait pas être et avoir été seulement professeur. Il ne devrait pas être jugé sur ses seuls t
357 un village ou dans une ville. Cependant les unes ont besoin des autres : une certaine mobilité des chercheurs, enseignants
358 esserait du même coup d’être une Université, et n’ aurait plus qu’à disparaître. 17. Une Université digne du nom, dont le rôle
27 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’écrivain et l’événement (7-8 septembre 1968)
359 rivain et l’événement (7-8 septembre 1968)ak J’ ai longtemps réfléchi aux rapports de l’écrivain et de l’événement se dé
360 Depuis ce temps lointain, la notion d’engagement a fait demi-tour dans l’esprit du public : on croit bonnement qu’un aut
361 -même conjointement », disais-je en 1932. Mais on a glissé depuis lors à un sens partisan ou militaire du terme. Mon sens
362 u non. Dans le fait, dans le concret vécu, il n’y a pas l’écrivain d’un côté et l’événement de l’autre, deux objets qu’on
363 social ou politique n’existe en soi sans qu’on l’ ait exprimé, nommé, écrit, avant ou après la date que l’Histoire lui attr
364 ion, sans essayer d’agir sur eux, soit qu’il n’en ait aucune envie, soit qu’il désespère d’en avoir les moyens, ou nie que
365 n’en ait aucune envie, soit qu’il désespère d’en avoir les moyens, ou nie que ces moyens puissent même exister. La plupart d
366 s le témoignage desquels la société de l’époque n’ eût pas eu son portrait tiré, et n’eût assumé devant l’Histoire son visag
367 oignage desquels la société de l’époque n’eût pas eu son portrait tiré, et n’eût assumé devant l’Histoire son visage et so
368 de l’époque n’eût pas eu son portrait tiré, et n’ eût assumé devant l’Histoire son visage et son style, conditions de l’évé
369 nnonce, illustre, anticipe… Bien entendu — mais l’ ai -je assez laissé entendre — il y a de tout dans chaque catégorie, cela
370 ablissant avec honneur, j’augure bien du sol où j’ ai fondé ma loi. » (Saint-John Perse.) Paroles de poète, paroles de prop
28 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Vers l’Europe des régions [Entretien]
371 n]al am Rentrant d’Amérique après la guerre, j’ avais compris qu’il était indispensable d’unir les Européens. Non seulement
372 seulement nous-mêmes, mais les Américains aussi, avions besoin de cette union, c’est-à-dire du genre de valeurs, d’équilibre,
373 congrès de fédéralistes européens à Montreux où j’ ai prononcé un discours inaugural : j’étais engagé. Puis j’ai accepté de
374 cé un discours inaugural : j’étais engagé. Puis j’ ai accepté de m’occuper de la partie culturelle du Mouvement européen. À
375 ne qua non d’une union économique et politique. J’ ai donc créé le Centre européen de la culture que je dirige depuis près
376 faveur d’une coopération au niveau culturel. Nous avons réuni pour la première fois les directeurs d’administration d’agences
377 atoire européen de recherches nucléaires. Le CERN a été la réalisation de cette première initiative de notre centre. Nous
378 e cette première initiative de notre centre. Nous avons fondé une Association des festivals de musique européens que je prési
379 péens que je préside tout à fait par hasard. Nous avons coordonné les instituts d’études européennes qui étaient en train de
380 se constituer dans différentes universités. Nous avons pris contact avec des historiens, des professeurs d’enseignement seco
381 urs d’enseignement secondaire, des éditeurs. Nous avons d’autre part lancé une Campagne européenne d’éducation civique qui ch
382 uisque vingt ans de tentatives de rapprochement n’ ont abouti à rien sur le plan politique. Cette situation tient au fait qu
383 un an ou deux, voire jusqu’au moment où de Gaulle a annoncé sa décision de dissoudre le Sénat pour le remplacer par une a
384 s de la production et de la vie intellectuelle et auront entre elles des liens de toutes natures. Elles constitueront de proch
385 tion des Européens. C’est l’Europe chrétienne qui a imaginé l’ensemble du genre humain en découvrant les possibilités de
386 verselle : « Désormais, disait saint Paul, il n’y a plus ni Juifs ni Grecs. » Cette responsabilité de l’Europe s’oppose a
387 vant : « Les récents pourparlers franco-allemands ont montré l’urgence des problèmes européens. À cette occasion nous prése
29 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Jean Paulhan (19-20 octobre 1968)
388 t beaucoup plus tard les Fleurs de Tarbes !) Il n’ avait encore publié que deux ou trois petits livres un peu trop parfaits pa
389 mais le style de chacun des auteurs de la revue n’ eût pas été tout à fait le même sans sa présence et sans son attention. I
390 . C’est le seul directeur de revue littéraire qui ait jamais montré dans cet emploi ce qu’il faut appeler du génie. Et le p
391 tentif à ne rien nous imposer qui ne fût ce qu’il avait senti, bien avant nous, qui pourrait être nous. Bien trop curieux pou
392 us. Bien trop curieux pour être autoritaire, il n’ avait de goût que pour nos singularités (que d’autres nommeraient vocations
393 ard, faisaient seuls, à eux deux, cette NRF qui a marqué le siècle littéraire comme nulle autre revue, nulle autre écol
394 940, à je ne sais quelles exceptions près, ce qui a compté dans la littérature en création, c’est ce qui avait mérité son
395 pté dans la littérature en création, c’est ce qui avait mérité son attention. Être accepté par lui, c’était la preuve, pas to
396 e, pas toujours suffisante mais nécessaire, qu’on avait quelques chances d’exister. J’ai retrouvé la première lettre qu’il m’
397 ssaire, qu’on avait quelques chances d’exister. J’ ai retrouvé la première lettre qu’il m’ait écrite, en 1926. M’ayant lu d
398 exister. J’ai retrouvé la première lettre qu’il m’ ait écrite, en 1926. M’ayant lu dans la Revue de Genève , il me demandai
399 la première lettre qu’il m’ait écrite, en 1926. M’ ayant lu dans la Revue de Genève , il me demandait « s’il m’intéresserait
400 ohn Perse ! Étourdi de bonheur je répondis : Je n’ ai pas vingt ans et mon tiroir est vide, mais je verrai… Quelques années
401 il est grand ! C’est le plus grand écrivain que j’ aie jamais connu : 1 m 90 je pense, larges épaules, grande tête rectangul
402 s assumer ? » (Bien sûr qu’à cela, du moins, il n’ a jamais songé.) Je l’ai surpris, notre dialogue s’est noué, et il se p
403 r qu’à cela, du moins, il n’a jamais songé.) Je l’ ai surpris, notre dialogue s’est noué, et il se poursuivra dans plusieur
404 ute la première moitié de Penser avec les mains a été composée pour prévenir les objections qu’il avait faites à la sec
405 a été composée pour prévenir les objections qu’il avait faites à la seconde, dont je croyais d’abord qu’elle pouvait se suffi
406 mps, Jean P. (comme il signait ses brefs billets) a joué pour moi le rôle du lecteur idéal dont on suppute et redoute les
407 ux-guerres ! Que dirai-je de plus aujourd’hui ? J’ aurais aimé pouvoir parler de l’écrivain et pas seulement du grand patron en
408 s d’une société laïque le monde sacral, tel que l’ a connu le Moyen Âge. Breton cependant exige le triomphe d’une éthique
409 ur le crime et la merveille. « La poésie, dit-il, a pour cela ses moyens, dont les hommes sous-estiment l’efficacité. » I
410 lerte : la poésie lui semble chose si grave qu’il a pris le parti de se taire. Je ne sais s’il est vrai que les hommes de
411 ibre, de joyeux et peut-être d’insensé, dont nous aurions perdu jusqu’au souvenir et à l’idée. Mais non pas perdu tout à fait
30 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Témoignage sur Bernard Barbey (7-8 février 1970)
412 e sur Bernard Barbey (7-8 février 1970)ao Je n’ avais pas encore vingt ans et je lisais tout ce qui paraissait aux deux ens
413 paysages pluvieux de plateaux au pied du Jura qui avaient ému ma prime adolescence, et je me sentais touché, au double sens du
414 ire, que les deux ou trois autres carrières qu’il a connues avec de si constants succès pour ceux qui savent — dans l’arm
415 ale et délicate insistance de Berne que je dois d’ avoir écrit mes deux livres sur la Suisseap. « Romancier aux succès précoce
416 e résumé proprement helvétique d’une carrière qui eût été, en changeant de passeport, celle d’un ambassadeur de France, d’u
417 souci ! Et il nous suffisait, nous ses amis (mais avons -nous su le lui dire assez…) de pouvoir admirer, en lui, la parfaite é
31 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). La cité européenne (18-19 avril 1970)
418 pit. Et de là vient l’irrépressible dynamisme qui a porté la civilisation européenne sur tous les continents découverts t
419 la Trinité, hors de la tradition ecclésiastique, a fourni le modèle de la dialectique hégélienne, repris par Marx, puis
420 amais s’unir, même s’il le faut, du fait qu’ils n’ ont en somme rien de commun ! Un jour, tandis que je présidais une table
421 usanne, 18–19 avril 1970, p. 32. ar. Ce discours a été prononcé à l’Université de Bonn, le 15 avril 1970, à l’occasion d
422 l’occasion de la remise du prix Robert Schuman. as . Le texte est suivie de la note suivante : « La semaine prochaine : “
32 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe et le sens de la vie (25-26 avril 1970)
423 coup plus difficile à expliquer, c’est que rien n’ ait encore été fait dans ce sens, depuis près de vingt-cinq ans qu’on nou
424 — dans son fameux discours de Zurich — qu’il n’y a pas une minute à perdre ! Quel est l’obstacle apparemment insurmontab
425 ’est autre que l’État-nation, tel que Napoléon en a posé le modèle, intégralement centralisé en vue de la guerre. C’est c
426 e tous les peuples de l’Europe, grands et petits, ont imité l’un après l’autre tout au long du xixe siècle, suivis de nos
427 rie », des réalités absolument hétérogènes, qui n’ ont aucune raison d’avoir les mêmes frontières, comme la langue et l’écon
428 absolument hétérogènes, qui n’ont aucune raison d’ avoir les mêmes frontières, comme la langue et l’économie, l’état civil et
429 explique suffisamment, je crois, pourquoi l’on n’ a pas avancé d’un centimètre en direction de notre union politique. Ent
430 e, en Europe, il nous faut décider si notre union aura pour but la puissance collective ou la liberté des personnes. Il nous
431 ra pas de m’objecter en ce point que la politique a toujours eu pour fin réelle la puissance ; et je crois bien que toute
432 ’objecter en ce point que la politique a toujours eu pour fin réelle la puissance ; et je crois bien que toutes les civili
433 que toutes les civilisations que nous connaissons ont choisi la puissance comme seul but réaliste de la société politique ;
434 que seuls, des Européens, rares mais exemplaires, ont osé proclamer, d’Aristote à Rousseau et de William Penn à Proudhon, q
435 voir : dans ce plan, elles n’existent pas. Il n’y a pas de « cultures nationales », en dépit des manuels scolaires, il n’
436 ionales », en dépit des manuels scolaires, il n’y a que des divisions tout arbitraires opérées dans l’ensemble vivant de
33 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Une réflexion sur le mode de vie plutôt que sur le niveau de vie (2 juin 1970)
437 ici qu’interviennent les deux questions que vous avez bien voulu me poser : — Dans une Europe fédérée telle que vous la co
438 t lui-même : car dans une Europe intégrée, il n’y a plus « d’économie suisse », il y a seulement une économie européenne.
439 le », par définition non intégrée. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. On ne peut pas invoquer à la fois l’
440 compter que tous les États-nations ne peuvent pas avoir en même temps une balance commerciale positive !) De fait, l’ouvertur
441 sitive !) De fait, l’ouverture du Marché commun n’ a nullement déclenché un raz de marée de main-d’œuvre italienne en Fran
442 urs coutumes et leurs rêves plus que l’argent. (J’ ai là-dessus quelques statistiques.) Quelle est la pire menace ? I
443 votez pour, votez contre, dans les deux cas vous aurez tort, car l’enjeu véritable est au-delà et ne peut être atteint par c
444 ne peut être atteint par ce choix. La question qu’ a soulevée M. James Schwarzenbach dépasse très largement tout ce qui pe
445 itiative. Le fabuleux brain storming collectif qu’ a déclenché le député zurichois sera des plus utiles aux Suisses s’il l
34 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Le testament de Tristan (14-15 novembre 1970)
446 ament de Tristan (14-15 novembre 1970)ax ay Il a choisi le pays de son nom contre le continent de son prénom ; et jusq
447 par le calcul et la flatterie, Charles de Gaulle aura été le dernier monarque d’une France qui n’a rien préféré à l’amour d
448 e aura été le dernier monarque d’une France qui n’ a rien préféré à l’amour de son roi, sinon le plaisir de le décapiter,
449 décapiter, ou seulement de voter son exil. Mais j’ ai tort de dire France : il s’agit des Français, et de Gaulle a toujours
450 ire France : il s’agit des Français, et de Gaulle a toujours distingué. Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée
451 ement dans ces célèbres premières phrases où il l’ a peinte « telles la princesse des contes ou la madone des fresques… cr
452 uccès achevés ou des malheurs exemplaires ». Il l’ a longtemps aimée de loin, dans son exil. Il l’a délivrée de haute lutt
453 l’a longtemps aimée de loin, dans son exil. Il l’ a délivrée de haute lutte en terrassant le monstre, qui la tenait capti
454 errassant le monstre, qui la tenait captive. Il l’ a ramené au mari légitime, à ce roi Marc que figurait le Pays légal, la
455 ue figurait le Pays légal, la République. Puis il a dû s’éloigner d’elle et de la Cour, de nouveau, écœuré par l’intrigue
456 lus fort — Tristan plus fort que le roi Marc —, n’ a-t -il pas déposé une épée symbolique ? » J’écrivais cela en 1961, annonç
457 Gaulle », comme il disait, et cette Europe qui l’ eût plébiscité comme un second Charles le Grand. Ce Tristan de la nation
458 e, que vous mettez en lumière. Je vous félicite d’ avoir entrepris et mené à bien cet immense et intéressant travail. Je vous
459 ’avenir : ce dernier paladin de l’ère des Nations a choisi délibérément de se faire écarter du pouvoir en liant son sort
460 ’une certaine Europe, le début d’une autre ? Nous avons demandé à Denis de Rougemont ce qu’il pensait de l’homme d’État, aprè
461 après que Jacques Mercanton, la semaine dernière, a parlé de l’écrivain et à Guy Dumur, en page intérieure, d’étudier les
462 les rapports du Général avec la culture, qu’il n’ a guère encouragée. »
35 1971, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Pourquoi j’écris (30-31 janvier 1971)
463 anvier 1971)az Les surréalistes, les premiers, ont posé cette question à leurs contemporains, c’était vers 1925, sur le
464 ulle part peut-être mieux que dans ses « jeux » n’ a régné l’essentiel terrorisme qu’entretenait le surréalisme. André Bre
465 e. André Breton se trouve ainsi, bien malgré lui, avoir lancé la mode (exploitée désormais sans scrupules par les équipes de
466 quête méfiante sur nos motivations. Les écrivains ont développé contre elle une série de réactions de mauvaise foi protectr
467 nalisations » pour parler le jargon freudien. Ils ont trouvé trente-six raisons d’écrire. Ils ont milité pour des causes. I
468 . Ils ont trouvé trente-six raisons d’écrire. Ils ont milité pour des causes. Ils ont même inventé la notion de l’engagemen
469 ons d’écrire. Ils ont milité pour des causes. Ils ont même inventé la notion de l’engagement, dans les années 1930… Elle ét
470 e n’y pas croire, sinon ce serait la preuve qu’on a perdu le contact avec le mystère brut, la réalité. Nietzsche a dit ce
471 ntact avec le mystère brut, la réalité. Nietzsche a dit cela on ne peut mieux dans Aurore : « Toutes les choses qui viven
472 la faire vôtre, et rejoindre l’auteur qui vous l’ a révélée — pour devenir aussi admirable aux yeux des autres qu’il est
473 ale qui agit comme vraie motivation. Mais si je n’ avais pas écrit d’abord sans cause, je ne saurais pas écrire pour une cause
474 e ne saurais pas écrire pour une cause. Si l’on n’ a pas d’abord écrit pour rien, pour le plaisir, à cause de la démangeai
475 l’achever. (Ainsi j’écris cela parce que F. J. m’ a demandé d’écrire pourquoi j’écris.) Mais surtout, j’écris pour mouvoi
476 ons d’écrire : l’une me libère, l’autre m’engage. a ) J’écris par pure envie et pour savoir pourquoi. Pour aller ainsi je
477 y perde et m’y donne. Quand je saurai pourquoi, j’ aurai fini d’écrire (idéalement). J’aurai touché à la fin de l’écriture, ou
478 i pourquoi, j’aurai fini d’écrire (idéalement). J’ aurai touché à la fin de l’écriture, ou mieux, j’aurai rejoint ma fin, qui
479 ’aurai touché à la fin de l’écriture, ou mieux, j’ aurai rejoint ma fin, qui est de me former sur une pensée vécue dans l’écri
36 1971, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Au défi de l’Europe, la Suisse (31 juillet-1er août 1971)
480 utôt comique si l’on s’avise que le fédéralisme n’ a jamais été ni pu être une « solution » aux problèmes de la Suisse, po
481 lèmes de la Suisse, pour la simple raison qu’il l’ a faite et que seul il la définit en tant que Suisse. Il n’y a pas eu l
482 que seul il la définit en tant que Suisse. Il n’y a pas eu la Suisse d’abord, puis le fédéralisme appliqué à ce pays plut
483 ul il la définit en tant que Suisse. Il n’y a pas eu la Suisse d’abord, puis le fédéralisme appliqué à ce pays plutôt qu’à
484 en primitifs. Et pas un seul des autres cantons n’ a jamais adhéré au Pacte dit du Grütli, qui ne porte que trois signatur
485 t une idée, qui est l’essence de la Suisse et qui a déterminé son existence : l’idée fédéraliste et la formule d’union qu
486 ison romantsch, avec lesquels je puis très bien n’ avoir rien en commun que cette adhésion même. Telle étant la réalité propre
487 nt des unions toujours plus nombreuses ? Ceux qui ont peur que la Suisse se perde dans une Europe fédéraliste montrent par
488 -C. Bluntschli, qui écrivait en 1875 : La Suisse a émis et réalisé des idées et des principes qui seront un jour destiné
489 nauté de la Grande Europe. De cette façon, elle n’ aura pas vécu en vain, ni sans gloire. S’évanouir dans le succès de notre
490 à savoir, et c’est ce qui nous inquiète. S’il n’y a plus de frontières tangibles, plus de douaniers, où sera la Suisse, g
37 1971, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Une dimension nouvelle (11-12 septembre 1971)
491 rchétypal, avant tous titres décernés, C. J. B. n’ a pas seulement la prestance et la sagacité profonde du regard, mais la
492 oraliser, et avec trop de distance naturelle pour avoir à jouer la hauteur, affable mais non sans malice, et ce qu’il faut d’
38 1972, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il faut dénationaliser l’enseignement [Entretien] (8 décembre 1972)
493 es, pour ne pas parler des autorités scolaires, n’ ont apprécié qu’à demi la réédition des Méfaits, soit qu’ils se sentent a
494 onnelle, soit qu’ils jugent, eux, que votre texte a vieilli. Je le regrette infiniment, car j’ai beaucoup de respect pour
495 texte a vieilli. Je le regrette infiniment, car j’ ai beaucoup de respect pour les maîtres, et ils ont toute mon amitié. J’
496 j’ai beaucoup de respect pour les maîtres, et ils ont toute mon amitié. J’ai reçu une lettre, récemment, où une dame me rep
497 pour les maîtres, et ils ont toute mon amitié. J’ ai reçu une lettre, récemment, où une dame me reproche mon mépris à l’ég
498 ent malgré eux. Ils n’en sont pas responsables. J’ ai d’ailleurs reçu d’autres lettres d’instituteurs qui souffrent d’être
499 érience. Elle était tout à fait suisse, puisque j’ ai fait l’école primaire, jusqu’à l’âge de 12 ans, à Couvet, dans le Val
500 in à Neuchâtel. Ensuite, par le biais européen, j’ ai pu voir ce qui se faisait ailleurs. Et j’ai constaté qu’ailleurs, not
501 en, j’ai pu voir ce qui se faisait ailleurs. Et j’ ai constaté qu’ailleurs, notamment en France, c’était comme en Suisse. E
502 e, dans la formation des hommes… L’école publique a été jusqu’à présent le moyen de formation le plus fort. Elle a préten
503 présent le moyen de formation le plus fort. Elle a prétendu à un monopole de l’éducation, contre l’Église et contre la f
504 at de fait nous vient tout droit de Napoléon, qui a légué au monde entier, à peu près, l’école militarisée au service de
505 aut dénationaliser l’enseignement. Quel sens peut avoir pour un enfant l’histoire suisse, s’il ignore celle de sa région ? À
506 sse, s’il ignore celle de sa région ? À Couvet, j’ ai tout appris sur les Waldstätten (y compris, beaucoup de choses fausse
507 des problèmes économiques auxquels les citoyens n’ ont pas été préparés. En étudiant l’économie, les élèves verraient bien q
508 éjà très jeunes, est immédiate : les frontières n’ ont rien à voir avec les lois de la nature. Elles n’arrêtent rien de ce q
509 ’Europe va de Gibraltar à l’Oural. Cette bourde m’ a toujours étonné. Pourquoi donc à l’Oural ? C’est tout, sauf une sépar
510 l-frontière est si absurde, et si répandue, que j’ ai mis deux de mes étudiants sur le problème. Ils ont trouvé que les man
511 ai mis deux de mes étudiants sur le problème. Ils ont trouvé que les manuels d’histoire et de géographie des années 1900 à
512 rope comme allant de Gibraltar à l’Oural. L’école a rendu les hommes qui sont actuellement au pouvoir en Europe, incapabl
513 possible. En France, les rares personnes que je n’ aie pas trouvées inaccessibles à l’idée du fédéralisme appartiennent plut
514 eau des États ? Dans toutes les discussions que j’ ai avec les officiels, on me répète : « Tout ce que vous dites là est bi
515 s dites là est bien beau, mais on voit que vous n’ avez pas affaire à la réalité. » Or que font-ils ? Ils expédient les affai
516 ite — et pour cause — dans nos programmes. Moi, j’ ai appris à lire hors de l’école, avec ma sœur. En m’amusant, et en cach
517 le, avec ma sœur. En m’amusant, et en cachette. J’ avais 5 ans. Je cite aussi, dans les Méfaits , l’exemple de Benjamin Const
518 its , l’exemple de Benjamin Constant. À 5 ans, il a appris le grec. Sous forme de jeu9. Peut-être l’évolution en cours da
519 ule de base de l’école napoléonienne, par quoi on a fabriqué des peuples militarisés, et qui nous a déjà valu deux guerre
520 n a fabriqué des peuples militarisés, et qui nous a déjà valu deux guerres mondiales. Ce qu’Illich appelle en termes marx
521 té. Je ne crois pas que des élèves doués puissent avoir à souffrir de travailler avec des camarades plus faibles. Au contrair
522 d’autant mieux. On ne sait vraiment que ce qu’on a dû enseigner. Je l’observe tous les jours sur moi-même à l’Université
523 médias, ou sous la coupe des chefs de gangs… J’en ai vu des exemples très proches : aux États-Unis. Plus d’autorité du maî
524 évolution de l’école, et aux deux pôles dont nous avons parlé : individualisation et travail collectif. À supposer que tout l
525 es, on peut imaginer, grosso modo, qu’à gauche on aura tendance à insister sur le travail en groupe, à laisser les élèves ra
526 ité à l’individualisation… La droite et la gauche ont tort de ne tolérer qu’un des deux termes. Car il faut que l’un existe
527 mique entre les deux. On ne peut nier que l’homme a besoin de compagnie, mais aussi besoin d’être seul ; besoin de commun
528 léments — dans le cas européen, des régions — qui aient chacun leur autonomie, leurs caractéristiques propres, différentes ou
529 dans la doctrine chrétienne, viennent de ce qu’on a tendu soit à confondre le Christ avec Dieu, soit à le limiter à son e
530 ffrir un cadre où leur bonté et leur intelligence aient au moins la possibilité de s’exercer. La modification des structures
531 peut-être… Le principal, dans tout ce que je vous ai dit, c’est ceci, je le répète : il faut apprendre à penser par antino
532 raconte que son premier précepteur, un Allemand, avait eu « une idée assez ingénieuse, celle de me faire inventer le grec po
533 te que son premier précepteur, un Allemand, avait eu « une idée assez ingénieuse, celle de me faire inventer le grec pour
534 La communauté des amish produit tout ce dont elle a besoin et refuse le tracteur et l’auto. » 11. « Le sort de l’an 2000
535 ique , tel était le titre de la première œuvre qu’ ait publié Denis de Rougemont, en 1929, à l’âge de 22 ans. Dans ce pamphl
536 étruisant l’imagination. Le temps, apparemment, n’ a pas entamé la rancune ni la virulence de Denis de Rougemont contre l’
537 és » d’une Suite des méfaits . Le texte de 1929 n’ a subi que des retouches de détail, et fort peu. Quant à l’“aggravation
538 lère, aussi injuste qu’un pamphlet doit l’être, j’ ai le triste plaisir de constater que mon texte n’a pas vieilli, parce q
539 ai le triste plaisir de constater que mon texte n’ a pas vieilli, parce que l’école n’a pas changé.” Et l’auteur de retrou
540 ue mon texte n’a pas vieilli, parce que l’école n’ a pas changé.” Et l’auteur de retrouver dans une série d’écrits tout ré
541 n collégien lausannois, bien connu chez nous pour avoir prononcé un discours inconvenant lors d’une cérémonie de promotions.
39 1972, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Merveilleux Lavaux (23-24-25 décembre 1972)
542 monde est partout, la théorie de la relativité l’ a démontré. Mais, que le centre du monde se situe réellement quelque pa
543 ou c’est que vous n’êtes jamais vraiment venu, n’ avez jamais existé dans ce lieu. Tout ce qui touche à un centre et tout ce
544 quer l’éclat soudain, parfois vociférant (la TV l’ a fait voir), de la haine la plus injuste — ou l’adhésion d’une ferveur
545 e civilisation. Grâce à elles, l’homme des villes a retrouvé le contact avec la nature, et ce contact pour lui vital s’es
546 taire, la foule s’y jette et le supprime. L’homme a besoin de solitude. Mais la plupart n’osant aimer que ce qui par d’au
547 etits commerçants et de riches retraités. Un pays a besoin de communications, routes, autobus et téléphone, et de station
548 vaux, à jamais, demeure tel qu’un beau jour ils l’ ont aimé. Or, ses habitants l’aiment aussi, mais ils en usent, c’est-à-di
40 1984, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Philosophie et énergie nucléaire : une mise au point (28 juin 1984)
549 au cours de laquelle M. Desmeules, son directeur, aurait affirmé que les promoteurs des initiatives antinucléaires, c’est-à-di
550 sque dans nos cuisines et salles de bains. » Je n’ ai pas à entrer en discussion avec un directeur qui n’a dit que ce qu’il
551 as à entrer en discussion avec un directeur qui n’ a dit que ce qu’il devait dire pour défendre les intérêts de sa compagn
552 s intérêts de sa compagnie ; mais votre rédacteur a jugé bon de mettre en exergue, à la suite de son compte rendu, deux c
553 es déchets) était pratiquement nulle en Suisse. J’ ai fait cette mise au point le 26 janvier 1979, en prononçant au Palais
554 espoir, si la culture élaborée par notre Europe n’ avait pas découvert une fois de plus, et vraiment au dernier moment, une no
555 ire d’alors, devenus PDG pour la plupart et qui n’ ont rien appris depuis vingt ans, alors oui, ces déclarations seraient de
556 rapports avec l’autonomie en particulier. Mais j’ ai changé, qu’on se rassure, et même à 180°, comme on a cru pouvoir me l
557 hangé, qu’on se rassure, et même à 180°, comme on a cru pouvoir me le reprocher dans la presse de cette ville. Et c’est c
558 nous étions à peu près tous. […] Je ne pense pas avoir à m’excuser d’avoir appris pas mal de choses depuis, et d’en avoir ti
559 rès tous. […] Je ne pense pas avoir à m’excuser d’ avoir appris pas mal de choses depuis, et d’en avoir tiré les conséquences.
560 d’avoir appris pas mal de choses depuis, et d’en avoir tiré les conséquences. 2. La seconde citation, antinucléaire celle-l
561 portera sur le nucléaire ou sur le solaire, nous aurons soit une société centralisée, exploitée de façon quasi militaire, soi
562 oitées de façon quasi militaire 14. M. Desmeules aurait -il mal compris ? Ce n’est pas nous, mais ceux de son bord qui ont dit
563 is ? Ce n’est pas nous, mais ceux de son bord qui ont dit cela. Quant à prétendre que mon idéal serait l’État marxiste omni
564 déal serait l’État marxiste omnipotent, il faut n’ avoir rien lu de moi pour oser le répéter à longueur de colonnes. Est-il pe