1
Erreurs sur l’Allemagne (1er mai 1940)
a
Les journaux, les revues et les livres nous apportent chaque jour
2
atholique ; que la doctrine de Luther, là où elle
a
triomphé sans résistance notable, c’est-à-dire en Scandinavie, n’a pa
3
ésistance notable, c’est-à-dire en Scandinavie, n’
a
pas conduit au national-socialisme, mais plutôt au pacifisme et au dé
4
eil ; que l’Autriche catholique, bien qu’armée, n’
a
pas résisté à l’hitlérisme, alors que la Norvège luthérienne, bien qu
5
lemagne, à demi luthérienne seulement, mais qu’il
a
triomphé d’abord dans une Russie tout orthodoxe, et dans une Italie t
6
he la coloration particulière que le luthéranisme
a
donnée au totalitarisme allemand, le catholicisme au totalitarisme it
7
: Hitler n’est pas le peuple allemand : la masse
a
été trompée par ses chefs. Un séjour d’une année en Allemagne, de 193
8
éjour d’une année en Allemagne, de 1935 à 1936, m’
a
conduit à des conclusions fort différentes. J’ai pu constater que les
9
m’a conduit à des conclusions fort différentes. J’
ai
pu constater que les bourgeois allemands considéraient le nouveau rég
10
’un très grand nombre d’anciens chefs communistes
avaient
revêtu quelque grade dans le parti hitlérien. L’un d’entre eux me déc
11
inion pour ce qu’elle vaut.) Le petit livre que j’
ai
écrit là-dessus m’a valu deux articles significatifs. Le premier, par
12
vaut.) Le petit livre que j’ai écrit là-dessus m’
a
valu deux articles significatifs. Le premier, paru dans l’organe offi
13
ostic ; il soulignait la tendance nationaliste qu’
avait
toujours montrée le socialisme allemand. Cet article était écrit en c
14
froidement d’être vendu au régime hitlérien, pour
avoir
soutenu que des communistes approuvaient Hitler. L’auteur de cette di
15
3. M. Maurice Muret, dans la Gazette du 27 avril
a
fort bien réfuté l’erreur que je viens de relever, et qui consiste à
16
e le marxisme » ! (Certains, que je connais, n’en
ont
pas encore démordu.) Après tout, les socialistes français que critiqu
17
tique justement M. Muret, ne sont coupables que d’
avoir
partagé l’erreur fatale et prolongée des bourgeois de divers pays. Si
18
uthérienne. Je m’excuse de tant d’évidences, et d’
avoir
à les rappeler à l’attention d’esprits si distingués. a. Rougemont
19
rappeler à l’attention d’esprits si distingués.
a
. Rougemont Denis de, « Erreurs sur l’Allemagne », Gazette de Lausann
20
hautes pierres sans âme, cimetière… L’envahisseur
avait
prophétisé : le 15 juin, j’entrerai dans Paris. Il y entre, en effet,
21
pour eux la moindre des réalités humaines qu’ils
ont
tuées. « …car ils ne savent ce qu’ils font. » Le 15 juin 1940. b.
22
York alpestre (14 février 1941)c Personne ne m’
avait
dit que New York est une île en forme d’un gratte-ciel couché. C’est
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unnels et d’autostrades surélevées. Personne ne m’
avait
dit, non plus, que New York est une ville alpestre. Je l’ai senti le
24
n plus, que New York est une ville alpestre. Je l’
ai
senti le premier soir, quand le soleil couchant flambait les hauteurs
25
s en tranches, polis et luisants comme du marbre,
ont
été plaqués sur les façades et dans les vestibules des plus riches bu
26
icains des plaines de l’Ouest, venant à New York,
ont
coutume de se plaindre de l’inhumanité que revêtent ici le climat et
27
décade, à travers le Far West, jusqu’à ce qu’ils
eussent
rejoint les terres du Pacifique. On ne pouvait plus rien ajouter aux
28
vers tout le continent. Personne n’en parle. On n’
a
pas eu besoin de changer de régime pour le réaliser. Les autostrades
29
out le continent. Personne n’en parle. On n’a pas
eu
besoin de changer de régime pour le réaliser. Les autostrades américa
30
ne vie !… Gardez votre droite… Dépassez à gauche…
Avez
-vous pensé à l’anniversaire de votre femme ?… Donnez-lui un aspirateu
31
ilient… autour d’un verre de Champagne Renault !…
Avez
-vous vérifié votre niveau d’huile ?… L’État de Pennsylvanie vous souh
32
pneus qui mordent le béton. En cinq heures, nous
aurons
couvert les 400 kilomètres qui séparent le centre de New York de Wash
33
a culture, vers ces problèmes que le grand nombre
a
toujours fuis, partout. Peut-être alors les masses elles-mêmes compre
34
st-elle à Mandres ; c’est donc jour de marché. Il
a
écrit ces mots. Elle saura bien. Il a rejoint l’usage du pays, l’inti
35
marché. Il a écrit ces mots. Elle saura bien. Il
a
rejoint l’usage du pays, l’intimité des choses de toujours. Et le moi
36
et des nuages noirs traînaient sur les vergers. J’
ai
su, plus tard, que ce jour-là j’avais fait mes adieux à la France.
37
les vergers. J’ai su, plus tard, que ce jour-là j’
avais
fait mes adieux à la France. e. Rougemont Denis de, « Souvenir de
38
946)f g Monsieur, quel bon vent vous amène ? J’
avais
besoin de me retrouver dans une atmosphère française ; la production
39
indéfiniment dans le climat étranger. En outre, j’
ai
des éditeurs à voir à Paris et en Suisse. Et je serais rentré il y a
40
is. Votre impression de la capitale française ? J’
ai
été frappé par son extraordinaire beauté, contrastant brutalement ave
41
ds diables d’Américains ? Non, car en Suisse je n’
ai
rien éprouvé de semblable. À Paris c’était véritablement oppressant…
42
rs de votre voyage. Puis-je vous demander où vous
aviez
vos assises en Amérique et quelles furent vos occupations durant le t
43
vos occupations durant le temps où la Suisse vous
avait
en quelque sorte perdu de vue ? J’ai surtout habité New York, à part
44
isse vous avait en quelque sorte perdu de vue ? J’
ai
surtout habité New York, à part les quatre mois que j’ai passés en Ar
45
out habité New York, à part les quatre mois que j’
ai
passés en Argentine à faire les conférences qu’impliquait ma mission.
46
e en guerre des États-Unis me bloqua sur place. J’
avais
constaté que les conférences n’étaient pas un très bon moyen de propa
47
utent énormément, et les oublient le lendemain. J’
ai
donc écrit un livre sur la Suisse, en collaboration avec Mme Maurice
48
uret, qui s’intitule Le Cœur de l’Europe et qui
eut
un grand succès. C’est le seul ouvrage que les Américains peuvent con
49
tre pays, et il s’en vend encore régulièrement. J’
ai
été professeur — et le suis encore en titre — à l’École libre des hau
50
destiné aux jeunes Américains. Je crois qu’on en
a
peu parlé en Suisse ? En effet. Qu’y enseigniez-vous ? J’avais une ch
51
lé en Suisse ? En effet. Qu’y enseigniez-vous ? J’
avais
une chaire de philosophie-sociologie. Mes collègues, de Strasbourg, R
52
la guerre. J’ajoute que l’École des hautes études
a
lancé une revue, Renaissance. De là, j’ai passé au ministère américai
53
s études a lancé une revue, Renaissance. De là, j’
ai
passé au ministère américain de l’information de guerre, où j’étais c
54
des Américains. C’était extrêmement fatigant et j’
ai
abandonné au bout de deux ans. Ce qui fut sans doute tout bénéfice po
55
s peuples et non des États. Vos derniers ouvrages
ont
-ils été traduits à l’usage des Américains ? J’ai un contrat avec une
56
ont-ils été traduits à l’usage des Américains ? J’
ai
un contrat avec une maison américaine qui a commencé par éditer en an
57
? J’ai un contrat avec une maison américaine qui
a
commencé par éditer en anglais La Part du diable et Les Personnes
58
peut-être même un peu trop : tout compte fait, j’
aurai
18 publications cette année ! C’est beaucoup à la fois. Vous n’êtes p
59
uelques-unes de vos lettres sur la bombe atomique
ont
paru dans Le Figaro ? Oui, elles ont causé du scandale dans certain
60
e atomique ont paru dans Le Figaro ? Oui, elles
ont
causé du scandale dans certains milieux, mais aussi beaucoup d’approb
61
obations enthousiastes. Savez-vous si les Soviets
ont
, pu s’emparer du secret de la bombe atomique ? Non, et nul ne le sait
62
ente encore quotidiennement la chronique, là-bas.
Avez
-vous été séduit par l’Amérique ? Je l’aime énormément ; c’est une aut
63
est une autre civilisation que la nôtre, mais qui
a
ses valeurs à elle. Peut-on employer ce mot de civilisation pour un p
64
question de mœurs, de rapports quotidiens. Ils n’
ont
pas de culture proprement dite, mais bien une civilisation scientifiq
65
n de se former, et de gens extrêmement gentils. Y
a-t
-il bien, à votre avis, une puérilité américaine ? Et quel jugement po
66
ait que le plus grand nombre possible d’Européens
eussent
l’occasion de quitter leur « province » pour s’y rendre. N’ont-ils do
67
n de quitter leur « province » pour s’y rendre. N’
ont
-ils donc rien à craindre de l’américanisme ? Pour ce qui est du matér
68
ation pour le progrès technique, les Américains n’
ont
en somme pas grand-chose à nous apprendre, et c’est là une de leurs g
69
st là une de leurs grandes ressemblances (il y en
a
beaucoup) avec les Suisses. Non, plutôt que l’influence de la standar
70
s que pour les ouvrages médiocres. Quand un livre
a
du succès, on le refait cent fois. À part une ou deux exceptions, les
71
entente fructueuse et solide. Et, à ce propos, on
a
tort en Europe de craindre l’impérialisme américain. J’ai peur, quant
72
en Europe de craindre l’impérialisme américain. J’
ai
peur, quant à moi, qu’il ne soit beaucoup trop timide ! Car les Améri
73
r l’air impérialiste. Et cette politique pourrait
avoir
d’assez graves conséquences pour l’Europe…1 1. L’entretien se term
74
de l’écrivain neuchâtelois — que nous espérons n’
avoir
point trahies en les résumant — intéresseront vivement nos lecteurs.
75
etour n’est d’ailleurs que provisoire, l’écrivain
ayant
laissé sa famille en Amérique où il la retrouvera cet automne. Il a b
76
e en Amérique où il la retrouvera cet automne. Il
a
bien voulu nous accorder la primeur d’une interview, ce dont nous le
77
(5 décembre 1947)h i Voici le raisonnement qu’
a
tenu devant la cour le bouillant Me Duperrier : — Rougemont s’est mis
78
d’une propagande étrangère, comme Oltramare ; il
a
parlé à la radio, comme Oltramare ; hors de Suisse, comme Oltramare e
79
bsurdités. 1. Si l’on admet avec cet avocat que j’
ai
vraiment agi comme son client, l’alternative est la suivante : ou bie
80
est l’homme sain d’esprit qui peut admettre que j’
aie
vraiment agi comme Oltramare ? Nous avons tous les deux écrit pour la
81
tre que j’aie vraiment agi comme Oltramare ? Nous
avons
tous les deux écrit pour la radio, hors de Suisse, sur la politique.
82
on des méfaits d’un lion du désert, et Malherbe d’
avoir
consolé Duperrier — celui qui a perdu son procès. La seule question s
83
et Malherbe d’avoir consolé Duperrier — celui qui
a
perdu son procès. La seule question sérieuse qui se posait, notre avo
84
, c’est celle du contenu des émissions. Oltramare
a
parlé en faveur des nazis, ennemis jurés de toute démocratie, donc de
85
yons de l’éclairer par une fable. Supposons que j’
aie
tant et si bien parlé à la radio américaine, qu’à la fin les nazis on
86
arlé à la radio américaine, qu’à la fin les nazis
ont
occupé la Suisse. Voilà ce que c’est ! On m’y ramène sous bonne escor
87
Que va-t-il dire ? Il n’hésite pas : il dit que j’
ai
fait comme Oltramare, notre infaillible führer suisse. On lui répond
88
suisse. On lui répond que ça ne prend pas, que j’
ai
fait exactement le contraire. On me fusille et on le pend d’office. F
89
ouleur de Duperrier. Mais voilà !… les Américains
ont
gagné la guerre. La Suisse subsiste, intacte et libre. On n’a pas fus
90
uerre. La Suisse subsiste, intacte et libre. On n’
a
pas fusillé Oltramare, on s’est borné à le punir un peu. Son avocat g
91
eu. Son avocat garde le droit de me dénoncer pour
avoir
combattu l’hitlérisme, et Aragon le droit de me calomnier sous un pré
92
monde. Jugez donc ! et dites avec moi que nous l’
avons
échappé belle ! Et que le désordre tolérable et tolérant où nous voic
93
elles intéresseront tous ceux, fort nombreux, qui
ont
jugé… surprenant le procédé du défenseur d’Oltramare. »
94
0 septembre 1949)j k Questions 1 et 2. — Nous
avons
tout ce qu’il faut, en Suisse romande, pour nourrir une littérature.
95
uisse romande, pour nourrir une littérature. Nous
avons
peut-être un peu plus que bien d’autres provinces françaises : milieu
96
ieuse, proximité du monde germanique. Mais nous n’
avons
rien de ce qu’il faut pour assurer le succès d’une œuvre : publicité,
97
, etc., dans sa chère Bretagne natale ? Peut-être
avez
-vous raison de considérer la situation des écrivains romands comme un
98
. Question 3. – « Le départ vers Paris… » Il n’y
a
pas que Paris, mais c’est le départ qui importe. Combien de grandes œ
99
le départ qui importe. Combien de grandes œuvres
ont
-elles été écrites, et publiées, au lieu même et dans le milieu où leu
100
me et dans le milieu où leur auteur est né, où il
a
grandi ? J’en vois si peu, et je trouve en revanche tant d’exemples é
101
notre correspondant de Paris, Jean-Pierre Moulin,
a
posé dans nos colonnes les trois questions suivantes : 1. Un écrivain
102
par là aussi bien un romancier qu’un dramaturge)
a-t
-il à sa disposition dans la réalité romande ou même helvétique des él
103
oit pas uniquement et strictement « locale » ? 2.
A-t
-il des chances d’être compris par ses compatriotes ? Trouvera-t-il un
104
e train-train d’une vie moyenne où l’exception, n’
a
point de part” ? Après les réponses de J.-E. Chable, Robert de Traz,
105
xpérience humaine, et surtout de souffrance. Vous
avez
trop souffert la longue horreur des camps pour croire au sursaut de l
106
t seul sauver l’Europe. Les autres dorment. Ils n’
ont
pas encore vu qu’on ne leur laissera plus le temps d’être prudents. T
107
er son compte, si ce n’est pas déjà fait. Et vous
avez
presque raison. Mais dans ce presque il y a tout notre espoir, bien p
108
s même le dire, et cela pour des raisons que vous
avez
bien connues… Or non seulement vous le dites, vous l’écrivez, mais en
109
parler nous est encore laissé, mais c’est qu’il n’
a
plus d’importance. La possibilité d’agir nous est ôtée. » Venez donc
110
ais elle relève déjà ses industries ; et l’URSS n’
a
pas été traitée mieux qu’elle, qu’on s’en souvienne. Une Europe entre
111
nt ! L’Amérique veut l’Europe unie, parce qu’elle
a
besoin de nous en tant qu’Européens, autonomes, et même concurrents,
112
en tant qu’esclaves coûteux à entretenir. Et nous
avons
besoin de l’Amérique, en retour ; nous n’avons pas besoin des Russes.
113
us avons besoin de l’Amérique, en retour ; nous n’
avons
pas besoin des Russes. Les Américains seront forcés de nous forcer à
114
i alors seulement deviendra vraie. Cher ami, vous
avez
quelques raisons d’être plus pessimiste que d’autres. Tous ceux qui o
115
’être plus pessimiste que d’autres. Tous ceux qui
ont
lu votre livre l’ont senti, et même s’ils ignoraient que c’était votr
116
que d’autres. Tous ceux qui ont lu votre livre l’
ont
senti, et même s’ils ignoraient que c’était votre histoire. Je vous i
117
if. Un dernier mot sur les hommes politiques. Ils
ont
eu leur congrès ailleurs. À Lausanne, ce seront les savants, les poèt
118
Un dernier mot sur les hommes politiques. Ils ont
eu
leur congrès ailleurs. À Lausanne, ce seront les savants, les poètes
119
s philosophes qui prendront enfin la parole. (Ils
auraient
dû la prendre les premiers.) Et M. Spaak, seul homme d’État invité à
120
invité à la conférence, est indemne du reproche d’
avoir
vendu vos peuples. Mais je pense que vous avez tort de proposer qu’on
121
d’avoir vendu vos peuples. Mais je pense que vous
avez
tort de proposer qu’on choisisse un Grand Homme. Vous n’y croyez sans
122
le les conduisait dans la nuit vers un Enfant qui
a
sauvé le monde. l. Rougemont Denis de, « L’Europe est encore un es
123
l’Europe pour que nous comprenions que les hommes
ont
fort peu de bonne volonté ? La plupart sont involontaires, ils ne fon
124
nd elles le nient. Dans la confusion générale qui
a
suivi la journée des dupes du 30 août, les fédéralistes européens gar
125
l’armée, l’économie — quand chacun de nos peuples
aura
compris qu’il s’agit de se sauver tous ensemble ou de périr isolément
126
ndus par la fatigue et presque lugubre. Il semble
avoir
été « piqué » par le photographe non point au terme d’une mission bri
127
erve avec d’autres cantons ou pays. Votre congrès
ayant
pour premier objectif de surmonter cette tendance défensive, fausseme
128
ance nécessaire. N’oublions pas que les cités qui
ont
fait la Renaissance en Italie, en Flandres ou en Bourgogne, étaient a
129
en revanche trop de médiocrité pour peu qu’elles
aient
été un jour inscrites à quelque budget d’État, et sous prétexte de ré
130
nt pas des raisons économiques. Le fédéralisme, j’
ai
tenté de vous le montrer une fois de plus, vit des mêmes réalités spi
131
teur, à « vitupérer » l’esprit de clocher, dont j’
ai
très peu parlé, ou le matérialisme, mentionné dans une seule phrase,
132
nt que des peuples, ne songent à s’unir que s’ils
ont
en commun certains traits qu’ils tiennent pour essentiels : leur unio
133
s. Et un fait d’histoire : cette minuscule Europe
a
dominé successivement sur tous les autres continents, et continue à r
134
aît le besoin d’union. Les forces de division qui
ont
miné l’Europe depuis un siècle, et qui ont risqué de la faire périr à
135
on qui ont miné l’Europe depuis un siècle, et qui
ont
risqué de la faire périr à deux reprises en 1914 et en 1939, se résum
136
ais l’opinion publique et les élites responsables
ont
peine à prendre conscience de leur nocivité tant que celle-ci ne se m
137
énéralement confondu avec le patriotisme, hélas —
a
du bon, tant qu’il ne s’exagère pas en chauvinisme. Mais qu’est-ce qu
138
ationales. Et c’est ainsi que l’union de l’Europe
a
commencé dans le domaine économique, avec la CECA de Jean Monnet et R
139
problèmes culturels. L’Europe du plan économique
a
besoin de centaines de milliers de techniciens. Il est concevable et
140
utre part, le dynamisme unique dont les Européens
ont
fait preuve depuis des siècles, résulte de nos diversités locales, ré
141
iques. Tout système centralisé ou institution qui
aurait
pour effet de déprimer les autonomies locales et d’uniformiser nos co
142
là le vrai sens, et le seul possible, de ce qu’on
a
nommé « l’Europe des patries ». (Par malheur, l’auteur de ce mot d’or
143
tes provisoires de l’Ouest du continent. L’Europe
a
découvert la Terre entière, assumant une fonction d’animation des éch
144
ion d’animation des échanges de tous ordres. Elle
a
transmis au monde entier les procédés de la technologie. Elle se doit
145
ient en effet menacées par la technique. L’Europe
ayant
cent ans d’avance dans son effort d’adaptation à la révolution indust
146
neufs de ses expériences durement acquises. Elle
a
inventé bien des maux, mais aussi leurs remèdes, bien des méthodes da
147
les équilibrer et de les rendre bénéfiques. Elle
a
inventé et pratiqué la libre concurrence, mais aussi la coopération,
148
en sauvegardant les autonomies et diversités qui
ont
fait notre culture et sa vitalité. ⁂ Le problème européen étant ainsi
149
uyée sur une organisation fédérative de nos pays,
aura
pour mission essentielle d’orienter leur action commune à l’échelle m
150
le jeu de la construction européenne me semblent
avoir
plus de poids que les scrupules qui nous retiennent encore. Quand ell
151
pas faite pour nous, c’est l’évidence. Mais nous
aurons
perdu le droit de nous en plaindre. t. Rougemont Denis de, « L’Eu
152
raversant d’est en ouest se nomme Vents, et nul n’
a
compris ce pays s’il n’a pas découvert un jour qu’un souffle immense
153
se nomme Vents, et nul n’a compris ce pays s’il n’
a
pas découvert un jour qu’un souffle immense de lyrisme nomade est le
154
conscient des hommes de toute race dont les pères
ont
conquis la Prairie. Hors des hauts murs en falaises de brique ocrée d
155
ugles et de chœurs d’une euphorique nostalgie : j’
ai
retrouvé mon Amérique. Liberté Invité par la Fondation Ford pour
156
i qui je veux ou personne s’il me plaît, ce que j’
ai
envie de voir ou rien, pendant deux mois — je me suis gardé d’établir
157
Harvard Déjeuner avec Paul Tillich. Je ne l’
avais
pas revu depuis un soir de 1941, à New York, chez notre ami commun Re
158
tre ami commun Reinhold Niebuhr. Cet Allemand qui
a
fui les nazis est devenu le penseur religieux le plus influent de l’A
159
ée catholique en grand progrès, et que Karl Barth
a
restauré dans tous les séminaires presbytériens la notion d’une ortho
160
rose pourpre d’une intensité de couleur que je n’
ai
jamais vue ailleurs. Arrêt dans une auberge faite d’un vieux wagon d’
161
utes les personnes de mon espèce s’arrangent pour
avoir
des maisons, cabanes, pavillons, ce que vous voulez, à deux heures de
162
eek-end, du vendredi après-midi au lundi matin. J’
ai
une cabane en poutres (log cabin) près de la frontière du Canada, san
163
touchent, vous n’êtes plus jamais seuls. » Je lui
ai
dit qu’il exagérait, qu’il y avait encore en Europe des refuges à peu
164
Europe des refuges à peu près comparables. Mais j’
ai
dû dire : encore. D’ici vingt ans… New England Williamstown est
165
Paul Boepple, chef du département de musique. (Il
a
dirigé le Roi David lors de sa création à Mézière, puis Nicolas de Fl
166
nt en pantalon et blouses de sport. Quelques-unes
ont
gardé leurs bigoudis, comme cela se fait dans ce pays, la veille d’un
167
ans le traitement imagiste et presque abstrait qu’
a
choisi l’auteur anonyme. Plusieurs girls manifestent leur intention d
168
et si négligé, que la jeunesse européenne semble
avoir
adopté depuis quinze ans, croyant copier les « existentialistes » par
169
des Americans for Democratic Action, ADA. » On m’
avait
parlé, très vaguement, d’une éventuelle discussion avec un groupe de
170
ook, C. P. Snow et Hans Morgenthau, et qui semble
avoir
fait du bruit, d’une côte à l’autre, mais c’est vraiment tout ce que
171
endez-vous commence quelques secondes après, je n’
ai
plus le temps de m’inquiéter de rien. Tout occupé à satisfaire d’arde
172
sûr je comprends assez mal. Better red than dead,
a
dit le pacifiste Bertrand Russell. (Plutôt rouges que morts.) À quoi
173
tôt rouges que morts.) À quoi mon ami Sidney Hook
a
répondu : « Cette attitude nous conduirait à être à la fois rouges et
174
onduirait à être à la fois rouges et morts. » Ils
ont
parlé surtout de la guerre froide et de la Bombe, et très peu des val
175
très à gauche » et dont plusieurs se demandent, m’
a-t
-on dit, si l’URSS ne détient pas les clés de l’avenir du monde uni, j
176
onde uni, je leur rappelle que c’est l’Europe qui
a
fait le monde, en créant les moyens de relier les continents et en fo
177
ous rejoindre en fin de compte, Russes compris. J’
ai
terminé, les questions pleuvent : j’en reçois 42 par écrit. Rien n’es
178
e pas aux Soviets ? Car s’ils décident la guerre,
a
) ils sont victorieux et ils établissent le communisme mondial ; b) no
179
es du commun peuple ? » À la dernière question, j’
ai
répondu : « J’espère bien que vous n’attendez pas ma permission pour
180
très haut niveau intellectuel, la Fondation Ford
a
créé un Centre d’études avancées pour les sciences du comportement. U
181
ar an) composent l’écurie de course de l’année. J’
ai
déjeuné avec plusieurs d’entre eux, puis une vingtaine sont venus dis
182
e conférence sur l’Europe et le monde que je leur
ai
brièvement exposé. Critiques et suggestions d’une pertinence parfaite
183
Sidney Hook, le philosophe et sociologue. « Je n’
ai
jamais fait de ma vie autant de mathématiques, me dit ce dernier, c’e
184
dit ce dernier, c’est le langage commun que nous
avons
trouvé, entre nos différentes spécialités. Les historiens recourent a
185
texte est introduit par le chapeau suivant : « “J’
ai
retrouvé mon Amérique”, note Denis de Rougemont en automne 1961, dans
186
n automne 1961, dans le journal de voyage dont il
a
bien voulu détacher quelques pages à notre intention. L’Amérique, c’e
187
l’Avon, est-ce vraiment plus facile à expliquer ?
A-t
-on vraiment de meilleures chances ? L’idée que la littérature ait pou
188
de meilleures chances ? L’idée que la littérature
ait
pour fonction d’exprimer l’homme en tant que national ou régional — h
189
up d’esprits dans nos cantons romands. Un seul en
a
tiré une œuvre forte, c’est Ramuz. Mais il ne croyait pas à l’Helveti
190
cistes », me disait-il un jour — provocateur ! Il
aurait
sans nul doute échoué dans son « projet » s’il avait emprunté ses « i
191
it sans nul doute échoué dans son « projet » s’il
avait
emprunté ses « instruments » à une philosophie, même existentialiste.
192
quate », le jeune Suisse romand qui veut écrire n’
aurait
-il pas besoin, tout simplement, de ce qu’on appelle en France la clas
193
e par l’école primaire et secondaire. Tout cela n’
a
rien à voir avec Calvin, spirituel de plein vent, et de langue assuré
194
ou familiales, le Suisse romand qui veut écrire n’
a
qu’à jouer ses atouts et bien savoir sa langue. Cela donne Rousseau,
195
ein”. Il se souviendra toujours du choc. Un mythe
avait
pris corps… “J’ai lu votre bouquin sur la bombe atomique”, dit le pèr
196
a toujours du choc. Un mythe avait pris corps… “J’
ai
lu votre bouquin sur la bombe atomique”, dit le père de la Relativité
197
i écrivent aujourd’hui des livres, un de ceux qui
a
fait, avec simplicité, les prises les plus sensationnelles. Quelque c
198
m’inquiète, dis-je. L’Amour et l’Occident vous
a
valu de beaux triomphes. Les hypothèses que vous aviez lancées alors
199
valu de beaux triomphes. Les hypothèses que vous
aviez
lancées alors sur les cathares et sur l’amour courtois, après avoir l
200
s sur les cathares et sur l’amour courtois, après
avoir
ligué contre vous les historiens, la Sorbonne et Jean-Paul Sartre, on
201
les historiens, la Sorbonne et Jean-Paul Sartre,
ont
été confirmées avec éclat par de récents travaux d’érudition. Bon. Ma
202
porain. Et lui, depuis quelques années, me semble
avoir
beaucoup changé… Les années 1930, puis la guerre, n’ont-elles pas por
203
aucoup changé… Les années 1930, puis la guerre, n’
ont
-elles pas porté au romantisme, donc à l’amour-passion, un coup mortel
204
passion, un coup mortel ? Pas mortel. Mais dur. J’
ai
provisoirement modifié ma perspective. Quand j’écrivais mon livre, je
205
ventions, de nouvelles contraintes. Et alors nous
aurons
de nouveau l’envie de nous libérer de quelque chose. Mais la société
206
er de quelque chose. Mais la société européenne n’
a
jamais été moins asservie par les impératifs ou par les interdits de
207
e la religion… Moi, je crois que le christianisme
a
repris sa marche en avant. … de la morale et de la hiérarchie mondain
208
de la morale et de la hiérarchie mondaine. Il n’y
a
plus d’obstacles que les mythes puissent tenter de vaincre. Pardon !
209
fera un homme tous les dix mètres. En 2400, nous
aurons
un mètre carré chacun. Dans moins de 440 ans ! Bien sûr, la statistiq
210
de très vieux mythes. Vous savez, l’être humain n’
a
pas changé dans ses profondeurs, Jung a montré de quelles couches imm
211
humain n’a pas changé dans ses profondeurs, Jung
a
montré de quelles couches immémorialement superposées, entrelacées, n
212
irconstances, de nouvelles portes de sortie. Jung
a
écrit précisément que l’archétype de la Femme a gardé son rôle primor
213
g a écrit précisément que l’archétype de la Femme
a
gardé son rôle primordial. Mais oui. Les troubadours ne l’avaient pas
214
n rôle primordial. Mais oui. Les troubadours ne l’
avaient
pas inventé. Ils lui avaient donné une forme nouvelle. Cette forme lu
215
Les troubadours ne l’avaient pas inventé. Ils lui
avaient
donné une forme nouvelle. Cette forme lui a permis de prendre un envo
216
avaient donné une forme nouvelle. Cette forme lui
a
permis de prendre un envol extraordinaire. Croyez-vous que l’étude sy
217
prophétiser. Il y a un auteur d’anticipation qui
a
longuement parlé, lui aussi, du surpeuplement, du resserrement de l’h
218
’est Teilhard de Chardin. Et précisément la femme
a
dans son œuvre la place d’un symbole et d’une inspiratrice. La femme
219
et d’une inspiratrice. La femme ? Parfaitement. J’
ai
là par exemple un texte inédit de Teilhard. Il faudra que j’en parle
220
sanne. Voyez ce passage : le Père (qui d’ailleurs
a
eu dans sa vie un grand amour) parle de la Chasteté comme d’un moyen
221
nne. Voyez ce passage : le Père (qui d’ailleurs a
eu
dans sa vie un grand amour) parle de la Chasteté comme d’un moyen de
222
s, et aussi des plus angoissants de ceux que nous
a
légués l’Antiquité proche-orientale, si étroitement mêlée aux origine
223
rétation la plus éclairante de ce mythe me paraît
avoir
été donnée par Dante en son Traité de l’éloquence vulgaire, au chapit
224
i s’en tinrent à la langue sacrée furent ceux qui
avaient
refusé de prendre part à l’œuvre et s’étaient tenus à l’écart, couvra
225
sur l’origine de la pluralité des langues, Dante
a
posé implicitement le problème beaucoup plus général de ce qui divise
226
terpénètrent, et certaines s’universalisent. On n’
a
jamais autant appris de deuxièmes et de troisièmes langues. On n’a ja
227
ppris de deuxièmes et de troisièmes langues. On n’
a
jamais autant traduit et déchiffré. Et des machines électroniques von
228
t évidente. C’est l’Europe, c’est elle seule, qui
a
déclenché cette évolution planétaire. L’Europe a découvert la terre e
229
a déclenché cette évolution planétaire. L’Europe
a
découvert la terre entière, et personne d’autre n’est jamais venu la
230
uvrir. L’Europe gréco-romaine et judéo-chrétienne
a
conçu la notion de genre humain, si longtemps étrangère, voire répugn
231
à part Gandhi. Enfin l’Europe, par sa technique,
a
mis en relations toutes les parties du monde, devenu désormais unité
232
e relations pratiques. L’Europe et l’Europe seule
a
fait tout cela, par sa religion, par ses grands philosophes et par se
233
es de vie — disons d’un mot : par sa culture, qui
a
fait littéralement le tour du monde. Mais en même temps que cette cul
234
s de la nouvelle culture mondiale. Mais qu’il n’y
ait
plus, ou presque plus, de langage commun, et que les buts finaux s’ob
235
ela veut dire aussi, très concrètement, qu’il n’y
a
plus d’Université aux deux sens primitifs de l’universitas, qui sont
236
s professionnelles et d’instituts de recherches n’
ayant
plus d’autres liens réels que ceux d’une administration en outre acca
237
tion en outre accablée de soucis matériels et qui
a
d’autres chats à fouetter que de méditer sur la synthèse des facultés
238
a de 500 000 dans une dizaine d’années. (Seules n’
auront
pu varier les dimensions des salles de la Sorbonne, où déjà les étudi
239
ricains nous affirment que 85 % des scientifiques
ayant
vécu depuis l’aube de l’histoire, sont vivants aujourd’hui. Et Louis
240
oi, dans nos années d’études, il y a 30 à 35 ans,
avions
appris toute la chimie et n’en avions rien oublié, nous ne saurions q
241
0 à 35 ans, avions appris toute la chimie et n’en
avions
rien oublié, nous ne saurions qu’un dixième de ce qu’elle est aujourd
242
phie, ni dans les lettres. Mais cette disparité n’
a
rien de rassurant, tout au contraire : elle accroît la séparation et
243
« version à l’unité »…). Toute l’évolution que j’
ai
dite conduit inévitablement à la confusion des langages, dissous en t
244
illustrera ce point : Supposons que la théologie
ait
gardé ses pouvoirs régulateurs de l’ensemble de nos croyances : un th
245
e comprendrait pas de quoi parle le physicien, et
a
fortiori ne saurait pas si le rapport entre les conclusions du physic
246
, et les représentants des disciplines diverses n’
ont
souvent plus guère en commun que des platitudes quotidiennes ou des p
247
l ne s’est pas écroulée sur ses bâtisseurs, ils l’
ont
seulement abandonnée, ne sachant plus s’expliquer les uns aux autres
248
liquer les uns aux autres pour quelles fins ils l’
avaient
entreprise. Mais l’Université, dans nos pays, paraît plus florissante
249
curieux. L’industrie et l’État, plus que jamais,
ont
besoin d’elle. Si elle est devenue trop petite pour ses tâches immédi
250
, qu’on l’agrandisse ! Les crises de croissance n’
ont
jamais été mortelles pour les administrations : elles représentent an
251
e de l’Université occidentale ? Quel type d’homme
a-t
-elle en vue, veut-elle former ? Je crains bien que si l’on tentait de
252
le en effet parmi toutes les grandes cultures qui
ont
fait l’histoire de l’humanité, l’Europe a osé l’aventure d’un dévelop
253
s qui ont fait l’histoire de l’humanité, l’Europe
a
osé l’aventure d’un développement autonome de la science et des arts,
254
ement au xiiie siècle — à l’époque justement qui
a
vu naître les premières universités européennes, en Italie puis à Par
255
estions naïves et pénétrantes : pourquoi l’Europe
a-t
-elle fait les machines ? Pourquoi travaillez-vous autant ? Pourquoi c
256
t son sérieux. Et je vois peu de généralistes qui
aient
osé relever, par exemple, la relation de continuité entre le dogme de
257
che du temps » et l’entropie, notions de base qui
ont
une portée métaphysique indiscutable. Et il faudrait que les physicie
258
ne peut plus se présenter devant le monde qu’elle
a
réveillé, dans le désordre spirituel et dans l’incohérence babélique
259
raît en mesure de résoudre, parce qu’elle seule l’
a
posé dans l’histoire, c’est celui de l’Un et du Divers également réel
260
sité ? Trois solutions me paraissent concevables.
a
) La première, souvent proposée, consisterait à imposer des cours de c
261
périences tentées dans cette intention si louable
ont
échoué, et les raisons de ces échecs répétés me paraissent assez évid
262
ir humain, d’ailleurs en progression géométrique,
ait
la moindre chance de succès et l’éducation permanente qu’on nous prop
263
er qu’en croissant, sous la double pression que j’
ai
dite : toujours plus de matières à enseigner à un nombre toujours plu
264
ies les plus fines, que les savants contemporains
ont
créé la science nucléaire : or, les impasses et les paralogismes qu’i
265
e pas : je les écoute, et plusieurs d’entre eux l’
ont
écrit. Carrefours de vérités Une phrase de Spinoza s’est fixée
266
ion monologante sous forme de discours. Ce détail
a
son importance. Car ce qui importe au bout du compte, dans une entrep
267
cellence en tant que tels par le fait même qu’ils
auront
pris conscience de ce qu’ils ne peuvent se contenter d’être seulement
268
de l’explosion des effectifs universitaires, je n’
aurais
guère à proposer qu’une solution de bon sens presque simpliste : il m
269
est pas du tout par hasard que dans le tableau qu’
a
établi le sociologue belge Léo Moulin, sous le titre d’indice Nobel,
270
e problème de l’explosion du savoir, dont je vous
ai
plus longuement entretenu, il me tarde de vous proposer des conclusio
271
e un rêve, mais rien ne devient jamais réel qui n’
ait
été d’abord rêvé. La multiplication des universités, maintenues dans
272
e, d’autre part. Condition générale d’admission :
avoir
prouvé son excellence dans une branche au moins du savoir, ou de la v
273
eure où elle s’interroge elle-même plus qu’elle n’
a
jamais fait dans son histoire. Cette liste de thèmes, vous le sentez,
274
lamer de beaucoup de noms illustres, d’hommes qui
ont
rêvé l’Académie européenne, comme Tommaso Campanella ou Amos Comenius
275
hérente du Tout. Vraiment européenne, puisqu’elle
aurait
pour fin de recréer l’union dans la diversité, qui est la formule de
276
s terres du globe multipliées par une culture qui
a
fait le Monde, et qui doit aujourd’hui, plus que jamais, faire des ho
277
écrivain suisse (20-21 mars 1965)ab Qu’il n’y
ait
pas une patrie suisse mais deux douzaines, point de grands centres ni
278
ctuel, et surtout point de langue que ces patries
aient
en commun, semble interdire la possibilité d’un écrivain qui méritera
279
italien, bien avant que l’Allemagne ou l’Italie n’
aient
réuni dans une de ces super-provinces qu’on nomme nations toutes leur
280
es culturelles qui, moins forts, moins doués, les
eût
neutralisés. Lointain cousin de l’historien de la Renaissance, je ne
281
rope. La pensée et l’action Peu de carrières
ont
connu tant d’alternances de périodes d’action et de médiation. Tantôt
282
e Dantzig ; enfin mémorialiste d’événements qu’il
a
vécus et qu’il avait prévus. Burckhardt est le type même de l’écrivai
283
mémorialiste d’événements qu’il a vécus et qu’il
avait
prévus. Burckhardt est le type même de l’écrivain qui ne peut séparer
284
l’irrationnel qui conduit leurs affaires au pire
a
certes confirmé son pessimisme inné, et sa profonde méfiance à l’endr
285
ant de la vie et son sens du service de la cité n’
ont
cessé de le ramener aux grands postes publics, quand un appel pressan
286
rès vieille mère et travailler dans l’atelier qui
avait
été celui de son père. Il y est mort hier soir, puisse-t-il y reposer
287
n peuple », comme dit la Bible. C’est là que je l’
avais
surpris un jour en plein travail — on ne devrait jamais faire ça — po
288
s vingt ans et plus qu’on se rencontrait, je ne l’
avais
jamais vu dans sa réalité et nous n’avions presque rien dit qui vaill
289
je ne l’avais jamais vu dans sa réalité et nous n’
avions
presque rien dit qui vaille entre deux hommes. Mais ce jour-là, il tr
290
Suisse, c’était la raison de mon passage, et nous
avons
parlé de notre pays, fraternisé dans un éloge immodéré de ses aspects
291
ts variés et insolites, de l’Appenzell où Alberto
avait
fait son service et gagné un galon de bon tireur — moi aussi, je l’ai
292
et gagné un galon de bon tireur — moi aussi, je l’
ai
eu ! m’écriai-je — jusqu’à Soglio tout proche et ses palais alpestres
293
gagné un galon de bon tireur — moi aussi, je l’ai
eu
! m’écriai-je — jusqu’à Soglio tout proche et ses palais alpestres. E
294
, cette longue aliénation parfois libératrice, il
a
fallu tout cela pour que celui qui avait été l’un des « phares » baud
295
ératrice, il a fallu tout cela pour que celui qui
avait
été l’un des « phares » baudelairiens de notre adolescence loin de Pa
296
l que je tenais alors.) Deux jours plus tôt, je l’
avais
rencontré à l’Office of War Information, où je venais de prendre un p
297
La Voix de l’Amérique parle aux Français », et j’
avais
deux équipes d’« announcers » qui les lisaient en alternant les voix
298
Lévi-Strauss, un des fils Pitoëff, et Breton. (Il
avait
trouvé ce moyen de gagner juste de quoi vivre sans la moindre comprom
299
, de ce que durant nos années parisiennes, nous n’
ayons
pu, ou cru pouvoir, nous rencontrer. « Ce sont de ces conneries ! Et
300
femme dont tout me sépare en fait, ou avec qui j’
ai
rompu sans retour. Ce soir-là, au Village, mon rêve est devenu vrai :
301
contrer « mécaniquement en quelque sorte ». L’OWI
eut
ceci de bon de nous en assurer l’occasion quotidienne. Le culte d’u
302
re bleue Dès notre première vraie rencontre, j’
avais
découvert quelque chose dont je pense bien que personne ne parlera da
303
que Breton, pour toute la haine vigilante qu’il n’
a
cessé de vouer sa vie durant aux manifestations visibles et officiell
304
oignait l’Inquisition… Il me dit ce soir-là qu’il
avait
découvert au fond de l’échoppe d’un cordonnier dans le Morvan, les de
305
(Combien de poètes, et plus encore de peintres, n’
ont
jamais pu vraiment s’approuver dans leur cœur, parce que Breton ne le
306
approuver dans leur cœur, parce que Breton ne les
avait
pas admis et célébrés !) J’ai vu plus d’une scène de ce genre aux réu
307
ue Breton ne les avait pas admis et célébrés !) J’
ai
vu plus d’une scène de ce genre aux réunions du groupe, d’ailleurs va
308
pe, d’ailleurs variable et quelque peu fortuit qu’
avait
reconstitué André Breton dès son arrivée à New York. Il avait pour no
309
titué André Breton dès son arrivée à New York. Il
avait
pour noyau quelques peintres qui allaient changer là-bas le cours des
310
et quelques jeunes femmes assez fantasques qu’on
eût
dit nées des comédies de Shakespeare. On se rencontrait chez l’un ou
311
s » des ouvriers, de l’utopie phalanstérienne. On
eût
dit qu’il était le premier à découvrir ce jeune auteur d’avant-garde
312
it temps d’aller regarder de plus près qu’on ne l’
avait
fait saint Augustin, qu’il tenait pour l’ancêtre des jansénistes. Nou
313
gustin à lui était sans nul rapport avec celui qu’
avait
canonisé « l’Obscurantisme ». Un dimanche matin à New York, au bas de
314
Changer la vie La grande contradiction qui
a
tendu l’arc d’une existence poétique si hautement exemplaire à tant d
315
belots, entre le délire et l’extrême rigueur il n’
a
jamais cessé d’inventer un chemin qui ne pouvait exister que pour lui
316
seul. De personne je ne suis à ce point sûr qu’il
a
toujours suivi — avec autant d’audace que d’exacte obéissance aux sig
317
sentiments (22-23 octobre 1966)ae La mémoire
a
ses caprices ; l’oubli même peut devenir, non sans mélancolie, une sa
318
uchent à l’histoire. Et des adieux… Seules donc m’
ont
guidé — ou égaré — les subtiles connivences du hasard et du souvenir.
319
le rassurer sur lui-même, mais finalement elle n’
aura
pas contaminé son art d’écrire « pour le plaisir ». Je pense à des ré
320
, Rois, Daphné, ou la Jeune Fille de Neige, qui n’
ont
rien de philanthropique. (Ils ravissaient Valéry Larbaud, et c’est to
321
ers Descriptions d’une mémoire ; et ce qu’elle
a
gardé, et qui revit en ce recueil, va devenir par la grâce d’un art t
322
ntiment, et d’un regard imaginant. Presque rien n’
eût
été enregistré par l’objectif (si bien nommé) et pourtant quelque cho
323
pia et de Jaques-Dalcroze, pour lequel Chenevière
a
écrit le livret des Premiers Souvenirs. Et le passage à Lausanne de L
324
dire qu’un tel livre transmet quelque chose qui n’
a
pas de prix : les secrets de l’usage d’une civilisation. Je l’intitul
325
Oppenheimer (25 février 1967)af Cet homme qui
avait
su mettre en œuvre avec vigueur dans un désert de rochers rouges, brû
326
d’El-Amarna, d’une cité du Soleil absolu : il en
avait
la sensitivité, l’ossature délicate allongée, le large regard rayonna
327
préférait à tout François Villon. Jeune homme, il
avait
rêvé un sonnet en français : il l’écrivit au réveil et le publia dans
328
eu qui allait interroger au-delà de vous-même. Il
avait
une aura, il le savait, un prestige un peu douloureux qu’il portait a
329
ait interroger au-delà de vous-même. Il avait une
aura
, il le savait, un prestige un peu douloureux qu’il portait avec juste
330
en chômage , Journal des deux mondes , l’auteur
a
entamé une manière de dialogue avec son œuvre, ajoutant aux textes dé
331
aux textes déjà publiés un bon quart d’inédits. J’
ai
rencontré Denis de Rougemont dans sa maison de Ferney-Voltaire, qui e
332
e signe sensible de la situation que l’écrivain n’
a
cessé d’occuper dans la culture de notre temps : à proximité, le rega
333
pagne genevoise ; à cinq minutes, cependant, vous
avez
Cointrin, l’ouverture sur le monde. Pendant que j’écoutais la voix ca
334
de la personne, du langage, de notre univers, des
avions
passant dans le ciel apportaient comme un écho de la planète. Le prin
335
lusieurs jeunes intellectuels de ma génération, j’
ai
découvert la crise où se trouvait la société. Des mouvements comme Es
336
Quand le premier de Hic et Nunc parut, Mounier
a
trouvé que j’y allais un peu fort. Nous avons échangé quelques lettre
337
Mounier a trouvé que j’y allais un peu fort. Nous
avons
échangé quelques lettres assez vives. Pour ma part, j’étais relié aux
338
ur ma part, j’étais relié aux trois mouvements, n’
ayant
jamais voulu être l’homme d’une seule secte. Peut-être adoptais-je, s
339
chniques, qui nous intéressaient, à Hic et Nunc
ai
, comme moyens de libération de la personne. Nous étions également en
340
En reprenant une vue d’ensemble sur votre œuvre,
avez
-vous relevé une évolution quant à votre conception de l’Europe ? Je d
341
urieuse, la langue ne constitue pas un barrage. J’
ai
d’ailleurs toujours, dans ma conception de la liberté, défendu la thé
342
pirituelle le protestantisme. Rien de tout cela n’
a
les mêmes frontières et il se produit là un jeu complexe d’exclusions
343
tiplier les communautés d’aires différentes qui n’
ont
pas les mêmes bornes territoriales. Cette indépendance par rapport au
344
s l’homme à la fois cosmopolite et enraciné. Je n’
ai
jamais senti la moindre gêne à être d’un pays où j’ai des racines et
345
amais senti la moindre gêne à être d’un pays où j’
ai
des racines et à me sentir européen. La seule chose inadmissible est
346
rontières d’un État-nation. « L’orgueil national,
a
écrit Simone Weil, est loin de la vie quotidienne. » Je suis très sen
347
ah. Propos recueillis par Henri-Charles Tauxe.
ai
. Il s’agit sans doute d’une erreur de transcription : Rougemont se ré
348
e est-il trop tard), et chacun d’affirmer qu’il l’
avait
toujours dit… Sans plus de précautions, et pour faire court, je conde
349
rs, des professeurs ou des pasteurs. Ces écoles n’
ont
plus en commun que leur location dans une même ville, leurs services
350
e financière d’un même État. À part cela, elles n’
ont
plus rien à se dire, ni au fond rien à faire ensemble. 3. L’Universit
351
terme et les écoles professionnelles ou facultés
ont
des finalités différentes, presque contradictoires. Les écoles prépar
352
uer, orienter les esprits et les activités : elle
aurait
pour fonction de chercher et de dire le Sens de la société. Il se pou
353
elui qui veut apprendre un métier pour en vivre n’
a
que faire de la contestation. Et celui qui entend contester la sociét
354
ation. Et celui qui entend contester la société n’
a
que faire d’une « étude des débouchés ». Cependant, avant de conteste
355
l’aide de cette méthode, la seule à mon avis qui
ait
le droit de se réclamer du fédéralisme. 10. Pourquoi des universités
356
publié. 14. Un professeur ne devrait pas être et
avoir
été seulement professeur. Il ne devrait pas être jugé sur ses seuls t
357
un village ou dans une ville. Cependant les unes
ont
besoin des autres : une certaine mobilité des chercheurs, enseignants
358
esserait du même coup d’être une Université, et n’
aurait
plus qu’à disparaître. 17. Une Université digne du nom, dont le rôle
359
rivain et l’événement (7-8 septembre 1968)ak J’
ai
longtemps réfléchi aux rapports de l’écrivain et de l’événement se dé
360
Depuis ce temps lointain, la notion d’engagement
a
fait demi-tour dans l’esprit du public : on croit bonnement qu’un aut
361
-même conjointement », disais-je en 1932. Mais on
a
glissé depuis lors à un sens partisan ou militaire du terme. Mon sens
362
u non. Dans le fait, dans le concret vécu, il n’y
a
pas l’écrivain d’un côté et l’événement de l’autre, deux objets qu’on
363
social ou politique n’existe en soi sans qu’on l’
ait
exprimé, nommé, écrit, avant ou après la date que l’Histoire lui attr
364
ion, sans essayer d’agir sur eux, soit qu’il n’en
ait
aucune envie, soit qu’il désespère d’en avoir les moyens, ou nie que
365
n’en ait aucune envie, soit qu’il désespère d’en
avoir
les moyens, ou nie que ces moyens puissent même exister. La plupart d
366
s le témoignage desquels la société de l’époque n’
eût
pas eu son portrait tiré, et n’eût assumé devant l’Histoire son visag
367
oignage desquels la société de l’époque n’eût pas
eu
son portrait tiré, et n’eût assumé devant l’Histoire son visage et so
368
de l’époque n’eût pas eu son portrait tiré, et n’
eût
assumé devant l’Histoire son visage et son style, conditions de l’évé
369
nnonce, illustre, anticipe… Bien entendu — mais l’
ai
-je assez laissé entendre — il y a de tout dans chaque catégorie, cela
370
ablissant avec honneur, j’augure bien du sol où j’
ai
fondé ma loi. » (Saint-John Perse.) Paroles de poète, paroles de prop
371
n]al am Rentrant d’Amérique après la guerre, j’
avais
compris qu’il était indispensable d’unir les Européens. Non seulement
372
seulement nous-mêmes, mais les Américains aussi,
avions
besoin de cette union, c’est-à-dire du genre de valeurs, d’équilibre,
373
congrès de fédéralistes européens à Montreux où j’
ai
prononcé un discours inaugural : j’étais engagé. Puis j’ai accepté de
374
cé un discours inaugural : j’étais engagé. Puis j’
ai
accepté de m’occuper de la partie culturelle du Mouvement européen. À
375
ne qua non d’une union économique et politique. J’
ai
donc créé le Centre européen de la culture que je dirige depuis près
376
faveur d’une coopération au niveau culturel. Nous
avons
réuni pour la première fois les directeurs d’administration d’agences
377
atoire européen de recherches nucléaires. Le CERN
a
été la réalisation de cette première initiative de notre centre. Nous
378
e cette première initiative de notre centre. Nous
avons
fondé une Association des festivals de musique européens que je prési
379
péens que je préside tout à fait par hasard. Nous
avons
coordonné les instituts d’études européennes qui étaient en train de
380
se constituer dans différentes universités. Nous
avons
pris contact avec des historiens, des professeurs d’enseignement seco
381
urs d’enseignement secondaire, des éditeurs. Nous
avons
d’autre part lancé une Campagne européenne d’éducation civique qui ch
382
uisque vingt ans de tentatives de rapprochement n’
ont
abouti à rien sur le plan politique. Cette situation tient au fait qu
383
un an ou deux, voire jusqu’au moment où de Gaulle
a
annoncé sa décision de dissoudre le Sénat pour le remplacer par une a
384
s de la production et de la vie intellectuelle et
auront
entre elles des liens de toutes natures. Elles constitueront de proch
385
tion des Européens. C’est l’Europe chrétienne qui
a
imaginé l’ensemble du genre humain en découvrant les possibilités de
386
verselle : « Désormais, disait saint Paul, il n’y
a
plus ni Juifs ni Grecs. » Cette responsabilité de l’Europe s’oppose a
387
vant : « Les récents pourparlers franco-allemands
ont
montré l’urgence des problèmes européens. À cette occasion nous prése
388
t beaucoup plus tard les Fleurs de Tarbes !) Il n’
avait
encore publié que deux ou trois petits livres un peu trop parfaits pa
389
mais le style de chacun des auteurs de la revue n’
eût
pas été tout à fait le même sans sa présence et sans son attention. I
390
. C’est le seul directeur de revue littéraire qui
ait
jamais montré dans cet emploi ce qu’il faut appeler du génie. Et le p
391
tentif à ne rien nous imposer qui ne fût ce qu’il
avait
senti, bien avant nous, qui pourrait être nous. Bien trop curieux pou
392
us. Bien trop curieux pour être autoritaire, il n’
avait
de goût que pour nos singularités (que d’autres nommeraient vocations
393
ard, faisaient seuls, à eux deux, cette NRF qui
a
marqué le siècle littéraire comme nulle autre revue, nulle autre écol
394
940, à je ne sais quelles exceptions près, ce qui
a
compté dans la littérature en création, c’est ce qui avait mérité son
395
pté dans la littérature en création, c’est ce qui
avait
mérité son attention. Être accepté par lui, c’était la preuve, pas to
396
e, pas toujours suffisante mais nécessaire, qu’on
avait
quelques chances d’exister. J’ai retrouvé la première lettre qu’il m’
397
ssaire, qu’on avait quelques chances d’exister. J’
ai
retrouvé la première lettre qu’il m’ait écrite, en 1926. M’ayant lu d
398
exister. J’ai retrouvé la première lettre qu’il m’
ait
écrite, en 1926. M’ayant lu dans la Revue de Genève , il me demandai
399
la première lettre qu’il m’ait écrite, en 1926. M’
ayant
lu dans la Revue de Genève , il me demandait « s’il m’intéresserait
400
ohn Perse ! Étourdi de bonheur je répondis : Je n’
ai
pas vingt ans et mon tiroir est vide, mais je verrai… Quelques années
401
il est grand ! C’est le plus grand écrivain que j’
aie
jamais connu : 1 m 90 je pense, larges épaules, grande tête rectangul
402
s assumer ? » (Bien sûr qu’à cela, du moins, il n’
a
jamais songé.) Je l’ai surpris, notre dialogue s’est noué, et il se p
403
r qu’à cela, du moins, il n’a jamais songé.) Je l’
ai
surpris, notre dialogue s’est noué, et il se poursuivra dans plusieur
404
ute la première moitié de Penser avec les mains
a
été composée pour prévenir les objections qu’il avait faites à la sec
405
a été composée pour prévenir les objections qu’il
avait
faites à la seconde, dont je croyais d’abord qu’elle pouvait se suffi
406
mps, Jean P. (comme il signait ses brefs billets)
a
joué pour moi le rôle du lecteur idéal dont on suppute et redoute les
407
ux-guerres ! Que dirai-je de plus aujourd’hui ? J’
aurais
aimé pouvoir parler de l’écrivain et pas seulement du grand patron en
408
s d’une société laïque le monde sacral, tel que l’
a
connu le Moyen Âge. Breton cependant exige le triomphe d’une éthique
409
ur le crime et la merveille. « La poésie, dit-il,
a
pour cela ses moyens, dont les hommes sous-estiment l’efficacité. » I
410
lerte : la poésie lui semble chose si grave qu’il
a
pris le parti de se taire. Je ne sais s’il est vrai que les hommes de
411
ibre, de joyeux et peut-être d’insensé, dont nous
aurions
perdu jusqu’au souvenir et à l’idée. Mais non pas perdu tout à fait
412
e sur Bernard Barbey (7-8 février 1970)ao Je n’
avais
pas encore vingt ans et je lisais tout ce qui paraissait aux deux ens
413
paysages pluvieux de plateaux au pied du Jura qui
avaient
ému ma prime adolescence, et je me sentais touché, au double sens du
414
ire, que les deux ou trois autres carrières qu’il
a
connues avec de si constants succès pour ceux qui savent — dans l’arm
415
ale et délicate insistance de Berne que je dois d’
avoir
écrit mes deux livres sur la Suisseap. « Romancier aux succès précoce
416
e résumé proprement helvétique d’une carrière qui
eût
été, en changeant de passeport, celle d’un ambassadeur de France, d’u
417
souci ! Et il nous suffisait, nous ses amis (mais
avons
-nous su le lui dire assez…) de pouvoir admirer, en lui, la parfaite é
418
pit. Et de là vient l’irrépressible dynamisme qui
a
porté la civilisation européenne sur tous les continents découverts t
419
la Trinité, hors de la tradition ecclésiastique,
a
fourni le modèle de la dialectique hégélienne, repris par Marx, puis
420
amais s’unir, même s’il le faut, du fait qu’ils n’
ont
en somme rien de commun ! Un jour, tandis que je présidais une table
421
usanne, 18–19 avril 1970, p. 32. ar. Ce discours
a
été prononcé à l’Université de Bonn, le 15 avril 1970, à l’occasion d
422
l’occasion de la remise du prix Robert Schuman.
as
. Le texte est suivie de la note suivante : « La semaine prochaine : “
423
coup plus difficile à expliquer, c’est que rien n’
ait
encore été fait dans ce sens, depuis près de vingt-cinq ans qu’on nou
424
— dans son fameux discours de Zurich — qu’il n’y
a
pas une minute à perdre ! Quel est l’obstacle apparemment insurmontab
425
’est autre que l’État-nation, tel que Napoléon en
a
posé le modèle, intégralement centralisé en vue de la guerre. C’est c
426
e tous les peuples de l’Europe, grands et petits,
ont
imité l’un après l’autre tout au long du xixe siècle, suivis de nos
427
rie », des réalités absolument hétérogènes, qui n’
ont
aucune raison d’avoir les mêmes frontières, comme la langue et l’écon
428
absolument hétérogènes, qui n’ont aucune raison d’
avoir
les mêmes frontières, comme la langue et l’économie, l’état civil et
429
explique suffisamment, je crois, pourquoi l’on n’
a
pas avancé d’un centimètre en direction de notre union politique. Ent
430
e, en Europe, il nous faut décider si notre union
aura
pour but la puissance collective ou la liberté des personnes. Il nous
431
ra pas de m’objecter en ce point que la politique
a
toujours eu pour fin réelle la puissance ; et je crois bien que toute
432
’objecter en ce point que la politique a toujours
eu
pour fin réelle la puissance ; et je crois bien que toutes les civili
433
que toutes les civilisations que nous connaissons
ont
choisi la puissance comme seul but réaliste de la société politique ;
434
que seuls, des Européens, rares mais exemplaires,
ont
osé proclamer, d’Aristote à Rousseau et de William Penn à Proudhon, q
435
voir : dans ce plan, elles n’existent pas. Il n’y
a
pas de « cultures nationales », en dépit des manuels scolaires, il n’
436
ionales », en dépit des manuels scolaires, il n’y
a
que des divisions tout arbitraires opérées dans l’ensemble vivant de
437
ici qu’interviennent les deux questions que vous
avez
bien voulu me poser : — Dans une Europe fédérée telle que vous la co
438
t lui-même : car dans une Europe intégrée, il n’y
a
plus « d’économie suisse », il y a seulement une économie européenne.
439
le », par définition non intégrée. On ne peut pas
avoir
le beurre et l’argent du beurre. On ne peut pas invoquer à la fois l’
440
compter que tous les États-nations ne peuvent pas
avoir
en même temps une balance commerciale positive !) De fait, l’ouvertur
441
sitive !) De fait, l’ouverture du Marché commun n’
a
nullement déclenché un raz de marée de main-d’œuvre italienne en Fran
442
urs coutumes et leurs rêves plus que l’argent. (J’
ai
là-dessus quelques statistiques.) Quelle est la pire menace ? I
443
votez pour, votez contre, dans les deux cas vous
aurez
tort, car l’enjeu véritable est au-delà et ne peut être atteint par c
444
ne peut être atteint par ce choix. La question qu’
a
soulevée M. James Schwarzenbach dépasse très largement tout ce qui pe
445
itiative. Le fabuleux brain storming collectif qu’
a
déclenché le député zurichois sera des plus utiles aux Suisses s’il l
446
ament de Tristan (14-15 novembre 1970)ax ay Il
a
choisi le pays de son nom contre le continent de son prénom ; et jusq
447
par le calcul et la flatterie, Charles de Gaulle
aura
été le dernier monarque d’une France qui n’a rien préféré à l’amour d
448
e aura été le dernier monarque d’une France qui n’
a
rien préféré à l’amour de son roi, sinon le plaisir de le décapiter,
449
décapiter, ou seulement de voter son exil. Mais j’
ai
tort de dire France : il s’agit des Français, et de Gaulle a toujours
450
ire France : il s’agit des Français, et de Gaulle
a
toujours distingué. Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée
451
ement dans ces célèbres premières phrases où il l’
a
peinte « telles la princesse des contes ou la madone des fresques… cr
452
uccès achevés ou des malheurs exemplaires ». Il l’
a
longtemps aimée de loin, dans son exil. Il l’a délivrée de haute lutt
453
l’a longtemps aimée de loin, dans son exil. Il l’
a
délivrée de haute lutte en terrassant le monstre, qui la tenait capti
454
errassant le monstre, qui la tenait captive. Il l’
a
ramené au mari légitime, à ce roi Marc que figurait le Pays légal, la
455
ue figurait le Pays légal, la République. Puis il
a
dû s’éloigner d’elle et de la Cour, de nouveau, écœuré par l’intrigue
456
lus fort — Tristan plus fort que le roi Marc —, n’
a-t
-il pas déposé une épée symbolique ? » J’écrivais cela en 1961, annonç
457
Gaulle », comme il disait, et cette Europe qui l’
eût
plébiscité comme un second Charles le Grand. Ce Tristan de la nation
458
e, que vous mettez en lumière. Je vous félicite d’
avoir
entrepris et mené à bien cet immense et intéressant travail. Je vous
459
’avenir : ce dernier paladin de l’ère des Nations
a
choisi délibérément de se faire écarter du pouvoir en liant son sort
460
’une certaine Europe, le début d’une autre ? Nous
avons
demandé à Denis de Rougemont ce qu’il pensait de l’homme d’État, aprè
461
après que Jacques Mercanton, la semaine dernière,
a
parlé de l’écrivain et à Guy Dumur, en page intérieure, d’étudier les
462
les rapports du Général avec la culture, qu’il n’
a
guère encouragée. »
463
anvier 1971)az Les surréalistes, les premiers,
ont
posé cette question à leurs contemporains, c’était vers 1925, sur le
464
ulle part peut-être mieux que dans ses « jeux » n’
a
régné l’essentiel terrorisme qu’entretenait le surréalisme. André Bre
465
e. André Breton se trouve ainsi, bien malgré lui,
avoir
lancé la mode (exploitée désormais sans scrupules par les équipes de
466
quête méfiante sur nos motivations. Les écrivains
ont
développé contre elle une série de réactions de mauvaise foi protectr
467
nalisations » pour parler le jargon freudien. Ils
ont
trouvé trente-six raisons d’écrire. Ils ont milité pour des causes. I
468
. Ils ont trouvé trente-six raisons d’écrire. Ils
ont
milité pour des causes. Ils ont même inventé la notion de l’engagemen
469
ons d’écrire. Ils ont milité pour des causes. Ils
ont
même inventé la notion de l’engagement, dans les années 1930… Elle ét
470
e n’y pas croire, sinon ce serait la preuve qu’on
a
perdu le contact avec le mystère brut, la réalité. Nietzsche a dit ce
471
ntact avec le mystère brut, la réalité. Nietzsche
a
dit cela on ne peut mieux dans Aurore : « Toutes les choses qui viven
472
la faire vôtre, et rejoindre l’auteur qui vous l’
a
révélée — pour devenir aussi admirable aux yeux des autres qu’il est
473
ale qui agit comme vraie motivation. Mais si je n’
avais
pas écrit d’abord sans cause, je ne saurais pas écrire pour une cause
474
e ne saurais pas écrire pour une cause. Si l’on n’
a
pas d’abord écrit pour rien, pour le plaisir, à cause de la démangeai
475
l’achever. (Ainsi j’écris cela parce que F. J. m’
a
demandé d’écrire pourquoi j’écris.) Mais surtout, j’écris pour mouvoi
476
ons d’écrire : l’une me libère, l’autre m’engage.
a
) J’écris par pure envie et pour savoir pourquoi. Pour aller ainsi je
477
y perde et m’y donne. Quand je saurai pourquoi, j’
aurai
fini d’écrire (idéalement). J’aurai touché à la fin de l’écriture, ou
478
i pourquoi, j’aurai fini d’écrire (idéalement). J’
aurai
touché à la fin de l’écriture, ou mieux, j’aurai rejoint ma fin, qui
479
’aurai touché à la fin de l’écriture, ou mieux, j’
aurai
rejoint ma fin, qui est de me former sur une pensée vécue dans l’écri
480
utôt comique si l’on s’avise que le fédéralisme n’
a
jamais été ni pu être une « solution » aux problèmes de la Suisse, po
481
lèmes de la Suisse, pour la simple raison qu’il l’
a
faite et que seul il la définit en tant que Suisse. Il n’y a pas eu l
482
que seul il la définit en tant que Suisse. Il n’y
a
pas eu la Suisse d’abord, puis le fédéralisme appliqué à ce pays plut
483
ul il la définit en tant que Suisse. Il n’y a pas
eu
la Suisse d’abord, puis le fédéralisme appliqué à ce pays plutôt qu’à
484
en primitifs. Et pas un seul des autres cantons n’
a
jamais adhéré au Pacte dit du Grütli, qui ne porte que trois signatur
485
t une idée, qui est l’essence de la Suisse et qui
a
déterminé son existence : l’idée fédéraliste et la formule d’union qu
486
ison romantsch, avec lesquels je puis très bien n’
avoir
rien en commun que cette adhésion même. Telle étant la réalité propre
487
nt des unions toujours plus nombreuses ? Ceux qui
ont
peur que la Suisse se perde dans une Europe fédéraliste montrent par
488
-C. Bluntschli, qui écrivait en 1875 : La Suisse
a
émis et réalisé des idées et des principes qui seront un jour destiné
489
nauté de la Grande Europe. De cette façon, elle n’
aura
pas vécu en vain, ni sans gloire. S’évanouir dans le succès de notre
490
à savoir, et c’est ce qui nous inquiète. S’il n’y
a
plus de frontières tangibles, plus de douaniers, où sera la Suisse, g
491
rchétypal, avant tous titres décernés, C. J. B. n’
a
pas seulement la prestance et la sagacité profonde du regard, mais la
492
oraliser, et avec trop de distance naturelle pour
avoir
à jouer la hauteur, affable mais non sans malice, et ce qu’il faut d’
493
es, pour ne pas parler des autorités scolaires, n’
ont
apprécié qu’à demi la réédition des Méfaits, soit qu’ils se sentent a
494
onnelle, soit qu’ils jugent, eux, que votre texte
a
vieilli. Je le regrette infiniment, car j’ai beaucoup de respect pour
495
texte a vieilli. Je le regrette infiniment, car j’
ai
beaucoup de respect pour les maîtres, et ils ont toute mon amitié. J’
496
j’ai beaucoup de respect pour les maîtres, et ils
ont
toute mon amitié. J’ai reçu une lettre, récemment, où une dame me rep
497
pour les maîtres, et ils ont toute mon amitié. J’
ai
reçu une lettre, récemment, où une dame me reproche mon mépris à l’ég
498
ent malgré eux. Ils n’en sont pas responsables. J’
ai
d’ailleurs reçu d’autres lettres d’instituteurs qui souffrent d’être
499
érience. Elle était tout à fait suisse, puisque j’
ai
fait l’école primaire, jusqu’à l’âge de 12 ans, à Couvet, dans le Val
500
in à Neuchâtel. Ensuite, par le biais européen, j’
ai
pu voir ce qui se faisait ailleurs. Et j’ai constaté qu’ailleurs, not
501
en, j’ai pu voir ce qui se faisait ailleurs. Et j’
ai
constaté qu’ailleurs, notamment en France, c’était comme en Suisse. E
502
e, dans la formation des hommes… L’école publique
a
été jusqu’à présent le moyen de formation le plus fort. Elle a préten
503
présent le moyen de formation le plus fort. Elle
a
prétendu à un monopole de l’éducation, contre l’Église et contre la f
504
at de fait nous vient tout droit de Napoléon, qui
a
légué au monde entier, à peu près, l’école militarisée au service de
505
aut dénationaliser l’enseignement. Quel sens peut
avoir
pour un enfant l’histoire suisse, s’il ignore celle de sa région ? À
506
sse, s’il ignore celle de sa région ? À Couvet, j’
ai
tout appris sur les Waldstätten (y compris, beaucoup de choses fausse
507
des problèmes économiques auxquels les citoyens n’
ont
pas été préparés. En étudiant l’économie, les élèves verraient bien q
508
éjà très jeunes, est immédiate : les frontières n’
ont
rien à voir avec les lois de la nature. Elles n’arrêtent rien de ce q
509
’Europe va de Gibraltar à l’Oural. Cette bourde m’
a
toujours étonné. Pourquoi donc à l’Oural ? C’est tout, sauf une sépar
510
l-frontière est si absurde, et si répandue, que j’
ai
mis deux de mes étudiants sur le problème. Ils ont trouvé que les man
511
ai mis deux de mes étudiants sur le problème. Ils
ont
trouvé que les manuels d’histoire et de géographie des années 1900 à
512
rope comme allant de Gibraltar à l’Oural. L’école
a
rendu les hommes qui sont actuellement au pouvoir en Europe, incapabl
513
possible. En France, les rares personnes que je n’
aie
pas trouvées inaccessibles à l’idée du fédéralisme appartiennent plut
514
eau des États ? Dans toutes les discussions que j’
ai
avec les officiels, on me répète : « Tout ce que vous dites là est bi
515
s dites là est bien beau, mais on voit que vous n’
avez
pas affaire à la réalité. » Or que font-ils ? Ils expédient les affai
516
ite — et pour cause — dans nos programmes. Moi, j’
ai
appris à lire hors de l’école, avec ma sœur. En m’amusant, et en cach
517
le, avec ma sœur. En m’amusant, et en cachette. J’
avais
5 ans. Je cite aussi, dans les Méfaits , l’exemple de Benjamin Const
518
its , l’exemple de Benjamin Constant. À 5 ans, il
a
appris le grec. Sous forme de jeu9. Peut-être l’évolution en cours da
519
ule de base de l’école napoléonienne, par quoi on
a
fabriqué des peuples militarisés, et qui nous a déjà valu deux guerre
520
n a fabriqué des peuples militarisés, et qui nous
a
déjà valu deux guerres mondiales. Ce qu’Illich appelle en termes marx
521
té. Je ne crois pas que des élèves doués puissent
avoir
à souffrir de travailler avec des camarades plus faibles. Au contrair
522
d’autant mieux. On ne sait vraiment que ce qu’on
a
dû enseigner. Je l’observe tous les jours sur moi-même à l’Université
523
médias, ou sous la coupe des chefs de gangs… J’en
ai
vu des exemples très proches : aux États-Unis. Plus d’autorité du maî
524
évolution de l’école, et aux deux pôles dont nous
avons
parlé : individualisation et travail collectif. À supposer que tout l
525
es, on peut imaginer, grosso modo, qu’à gauche on
aura
tendance à insister sur le travail en groupe, à laisser les élèves ra
526
ité à l’individualisation… La droite et la gauche
ont
tort de ne tolérer qu’un des deux termes. Car il faut que l’un existe
527
mique entre les deux. On ne peut nier que l’homme
a
besoin de compagnie, mais aussi besoin d’être seul ; besoin de commun
528
léments — dans le cas européen, des régions — qui
aient
chacun leur autonomie, leurs caractéristiques propres, différentes ou
529
dans la doctrine chrétienne, viennent de ce qu’on
a
tendu soit à confondre le Christ avec Dieu, soit à le limiter à son e
530
ffrir un cadre où leur bonté et leur intelligence
aient
au moins la possibilité de s’exercer. La modification des structures
531
peut-être… Le principal, dans tout ce que je vous
ai
dit, c’est ceci, je le répète : il faut apprendre à penser par antino
532
raconte que son premier précepteur, un Allemand,
avait
eu « une idée assez ingénieuse, celle de me faire inventer le grec po
533
te que son premier précepteur, un Allemand, avait
eu
« une idée assez ingénieuse, celle de me faire inventer le grec pour
534
La communauté des amish produit tout ce dont elle
a
besoin et refuse le tracteur et l’auto. » 11. « Le sort de l’an 2000
535
ique , tel était le titre de la première œuvre qu’
ait
publié Denis de Rougemont, en 1929, à l’âge de 22 ans. Dans ce pamphl
536
étruisant l’imagination. Le temps, apparemment, n’
a
pas entamé la rancune ni la virulence de Denis de Rougemont contre l’
537
és » d’une Suite des méfaits . Le texte de 1929 n’
a
subi que des retouches de détail, et fort peu. Quant à l’“aggravation
538
lère, aussi injuste qu’un pamphlet doit l’être, j’
ai
le triste plaisir de constater que mon texte n’a pas vieilli, parce q
539
ai le triste plaisir de constater que mon texte n’
a
pas vieilli, parce que l’école n’a pas changé.” Et l’auteur de retrou
540
ue mon texte n’a pas vieilli, parce que l’école n’
a
pas changé.” Et l’auteur de retrouver dans une série d’écrits tout ré
541
n collégien lausannois, bien connu chez nous pour
avoir
prononcé un discours inconvenant lors d’une cérémonie de promotions.
542
monde est partout, la théorie de la relativité l’
a
démontré. Mais, que le centre du monde se situe réellement quelque pa
543
ou c’est que vous n’êtes jamais vraiment venu, n’
avez
jamais existé dans ce lieu. Tout ce qui touche à un centre et tout ce
544
quer l’éclat soudain, parfois vociférant (la TV l’
a
fait voir), de la haine la plus injuste — ou l’adhésion d’une ferveur
545
e civilisation. Grâce à elles, l’homme des villes
a
retrouvé le contact avec la nature, et ce contact pour lui vital s’es
546
taire, la foule s’y jette et le supprime. L’homme
a
besoin de solitude. Mais la plupart n’osant aimer que ce qui par d’au
547
etits commerçants et de riches retraités. Un pays
a
besoin de communications, routes, autobus et téléphone, et de station
548
vaux, à jamais, demeure tel qu’un beau jour ils l’
ont
aimé. Or, ses habitants l’aiment aussi, mais ils en usent, c’est-à-di
549
au cours de laquelle M. Desmeules, son directeur,
aurait
affirmé que les promoteurs des initiatives antinucléaires, c’est-à-di
550
sque dans nos cuisines et salles de bains. » Je n’
ai
pas à entrer en discussion avec un directeur qui n’a dit que ce qu’il
551
as à entrer en discussion avec un directeur qui n’
a
dit que ce qu’il devait dire pour défendre les intérêts de sa compagn
552
s intérêts de sa compagnie ; mais votre rédacteur
a
jugé bon de mettre en exergue, à la suite de son compte rendu, deux c
553
es déchets) était pratiquement nulle en Suisse. J’
ai
fait cette mise au point le 26 janvier 1979, en prononçant au Palais
554
espoir, si la culture élaborée par notre Europe n’
avait
pas découvert une fois de plus, et vraiment au dernier moment, une no
555
ire d’alors, devenus PDG pour la plupart et qui n’
ont
rien appris depuis vingt ans, alors oui, ces déclarations seraient de
556
rapports avec l’autonomie en particulier. Mais j’
ai
changé, qu’on se rassure, et même à 180°, comme on a cru pouvoir me l
557
hangé, qu’on se rassure, et même à 180°, comme on
a
cru pouvoir me le reprocher dans la presse de cette ville. Et c’est c
558
nous étions à peu près tous. […] Je ne pense pas
avoir
à m’excuser d’avoir appris pas mal de choses depuis, et d’en avoir ti
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rès tous. […] Je ne pense pas avoir à m’excuser d’
avoir
appris pas mal de choses depuis, et d’en avoir tiré les conséquences.
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d’avoir appris pas mal de choses depuis, et d’en
avoir
tiré les conséquences. 2. La seconde citation, antinucléaire celle-l
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portera sur le nucléaire ou sur le solaire, nous
aurons
soit une société centralisée, exploitée de façon quasi militaire, soi
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oitées de façon quasi militaire 14. M. Desmeules
aurait
-il mal compris ? Ce n’est pas nous, mais ceux de son bord qui ont dit
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is ? Ce n’est pas nous, mais ceux de son bord qui
ont
dit cela. Quant à prétendre que mon idéal serait l’État marxiste omni
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déal serait l’État marxiste omnipotent, il faut n’
avoir
rien lu de moi pour oser le répéter à longueur de colonnes. Est-il pe