1 1940, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Erreurs sur l’Allemagne (1er mai 1940)
1 n. Mais qu’on ne dise pas : Luther mène à Hitler. C’est une sottise et une mauvaise action, si l’on songe que le pasteur Niem
2 avantage de ce procédé historique et littéraire, c’est qu’il dispense de mentionner des causes prochaines, beaucoup plus cla
2 1940, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). « À cette heure où Paris… » (17 juin 1940)
3 ose d’indéfinissable et que nous appelions Paris. C’est ici l’impuissance tragique de ce conquérant victorieux : Tout ce qu’i
3 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). New York alpestre (14 février 1941)
4 ork est une île en forme d’un gratte-ciel couché. C’est la ville la plus simple du monde. Douze avenues parallèles, dans le s
5 oit. Au milieu, un parc de dix kilomètres carrés. C’est tout, c’est la cité de Manhattan… Mais les faubourgs, au-delà du fleu
6 eu, un parc de dix kilomètres carrés. C’est tout, c’est la cité de Manhattan… Mais les faubourgs, au-delà du fleuve et du bra
7 dans le ciel sur des parois violemment découpées, c’est un climat que je connais. Mais il y a plus. Il y a le sol qui est alp
8 ts humains. Ils pensent, dans leur ignorance, que c’est une ville trop « européenne »… Mais moi, je m’y sens contemporain de
4 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). La route américaine (18 février 1941)
9 tée, devient chez eux chemin, mouvement indéfini. C’est pourquoi je prendrai les routes d’Amérique comme un symbole du rêve e
5 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Souvenir de la paix française (15 mars 1941)
10 iques, et même les cafés. Et s’il passe une auto, c’est une de ces voitures branlantes qui semblent ne pouvoir rouler que sur
11 ur, il s’est dit : Peut-être est-elle à Mandres ; c’est donc jour de marché. Il a écrit ces mots. Elle saura bien. Il a rejoi
6 1946, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Monsieur Denis de Rougemont, de passage en Europe, nous dit… [Entretien] (4 mai 1946)
12 Le Cœur de l’Europe et qui eut un grand succès. C’est le seul ouvrage que les Américains peuvent consulter, pour se renseig
13 ompte fait, j’aurai 18 publications cette année ! C’est beaucoup à la fois. Vous n’êtes plus l’intellectuel en chômage… Au co
14 té séduit par l’Amérique ? Je l’aime énormément ; c’est une autre civilisation que la nôtre, mais qui a ses valeurs à elle. P
15 ons que leur conception de la vie est différente. C’est une question de mœurs, de rapports quotidiens. Ils n’ont pas de cultu
16 e s’alimenter, et la font enseigner aux écoliers. C’est d’ailleurs une très belle race qui est en train de se former, et de g
17 , ne croyons pas qu’ils les prennent au sérieux : c’est un genre d’humour qui leur plaît, et ils ne font que s’en amuser. Si
18 ivers, que tout y est toujours vrai quelque part. C’est un résumé de la planète. On se sent à New York, en particulier, si co
19 ont en somme pas grand-chose à nous apprendre, et c’est là une de leurs grandes ressemblances (il y en a beaucoup) avec les S
20 que l’influence de la standardisation matérielle, c’est la standardisation de la pensée qui me paraît très dangereuse. De la
7 1947, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Consolation à Me Duperrier sur un procès perdu (5 décembre 1947)
21 amare. Vous n’y comprenez rien ? Ni moi non plus. C’est que ce raisonnement n’en est pas un, mais combine deux absurdités. 1.
22 it, notre avocat s’est bien gardé de la formuler, c’est celle du contenu des émissions. Oltramare a parlé en faveur des nazis
23 fin les nazis ont occupé la Suisse. Voilà ce que c’est  ! On m’y ramène sous bonne escorte. Le Gauleiter, un nommé Oltramare,
8 1949, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Les écrivains romands et Paris (10 septembre 1949)
24 départ vers Paris… » Il n’y a pas que Paris, mais c’est le départ qui importe. Combien de grandes œuvres ont-elles été écrite
9 1949, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe est encore un espoir (8 décembre 1949)
25 l’imprimer, puisque votre lettre est « ouverte ». C’est qu’il y a donc encore un peu d’Europe vivante. L’Europe existe encore
26 . Le droit de parler nous est encore laissé, mais c’est qu’il n’a plus d’importance. La possibilité d’agir nous est ôtée. » V
27 votre lettre la traduit d’une manière émouvante. C’est l’illusion causée par la désillusion. Elle est très répandue, elle es
28 uest du rideau de fer, nous sommes 300 millions : c’est deux fois plus que l’Amérique, autant que la Russie et tous ses satel
10 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Fédéralisme et culture (3-4 mars 1962)
29 autarcique, inutile d’insister sur ce point. Mais c’est une autre erreur, inverse de la première, qui ne cessera de vous tent
30 en passant, qu’une parodie du vrai fédéralisme — c’est tout cela qui mérite aujourd’hui d’inquiéter les amis de la culture,
31 ujourd’hui d’inquiéter les amis de la culture, et c’est aussi tout cela qui menace dans ses sources notre vitalité fédéralist
32 s qui mettrait en danger nos « raisons d’être » ! C’est bien plutôt le fait de ne plus s’intéresser qu’au niveau de notre vie
11 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Rectification (9 mars 1962)
33 r ce qui marcherait mieux en restant… anarchique, c’est donc me faire dire une sottise, dont je suis heureux de ne pas être l
12 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe est d’abord une culture (30 juin 1962)
34 les ordres, vient ajouter à la nature. L’Europe, c’est très peu de chose plus une culture. Quand on s’imagine que l’Europe,
35 chauvinisme. Mais qu’est-ce que le chauvinisme ? C’est tout simplement le nationalisme des autres. Quand le nationalisme des
36 icien, je me dis que quelque chose ne marche pas. C’est alors que j’accepte de prendre au sérieux les « utopistes » qui me pa
37 longtemps de mesures d’union supranationales. Et c’est ainsi que l’union de l’Europe a commencé dans le domaine économique,
38 rie au prix de l’éducation générale ou humaniste. C’est ce que fait l’URSS. Mais ce serait tuer la poule aux œufs d’or. La te
39 ant plus nous connaissons Dieu », disait Spinoza. C’est là le vrai sens, et le seul possible, de ce qu’on a nommé « l’Europe
40 adaptation harmonieuse de la technique à l’homme. C’est dire que l’union économique appelle une union politique, qu’on ne peu
41 nion faite sans nous ne sera pas faite pour nous, c’est l’évidence. Mais nous aurons perdu le droit de nous en plaindre. t
13 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Universités américaines (12-13 janvier 1963)
42 penseur religieux le plus influent de l’Amérique. C’est qu’il prône une théologie qu’on pourrait nommer culturelle, et qui ti
43 e avoir fait du bruit, d’une côte à l’autre, mais c’est vraiment tout ce que j’en sais. La série de mes rendez-vous commence
44 rique découvre subitement, et déjà elle croit que c’est fait… À 3 heures, la grande salle est pleine ; et l’on me conduit sur
45 és de l’avenir du monde uni, je leur rappelle que c’est l’Europe qui a fait le monde, en créant les moyens de relier les cont
46 e l’Europe. Croyons à nos valeurs et prouvons-le, c’est ce que le monde attend de nous, pour nous rejoindre en fin de compte,
47 a vie autant de mathématiques, me dit ce dernier, c’est le langage commun que nous avons trouvé, entre nos différentes spécia
48 urs quotidien sur les matrices algébriques. Bref, c’est notre latin moderne. » Je me demande où l’on trouve en Europe rien qu
49 her quelques pages à notre intention. L’Amérique, c’est le vent, la mer, c’est aussi la jeunesse curieuse, imprévue, qui assa
50 tre intention. L’Amérique, c’est le vent, la mer, c’est aussi la jeunesse curieuse, imprévue, qui assaille l’écrivain de ques
14 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’éloge, l’élan, l’amour, le monde ouvert à ceux qui s’ouvrent, cela existe… (2-3 février 1963)
51 ntons romands. Un seul en a tiré une œuvre forte, c’est Ramuz. Mais il ne croyait pas à l’Helvetia et à l’homo helveticus. Il
15 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Les mythes sommeillent… ils vont se réveiller [Entretien] (9-10 février 1963)
52 ssemble à ces montres extraplates… Justement ! Et c’est ce qui prépare le réveil de très vieux instincts, de très vieux mythe
53 du surpeuplement, du resserrement de l’humanité. C’est Teilhard de Chardin. Et précisément la femme a dans son œuvre la plac
54 refoulement de l’amour, la négation de la Femme. C’est au contraire une approche de la Femme. Une sublimation. Vous pensez d
55 e manifester par quelques signes avant-coureurs ? C’est tout à fait possible. Ici s’est terminé notre entretien, ici commence
16 1964, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il nous faut des hommes de synthèses (19-20 septembre 1964)
56 ale. Pour le moment et pour des décennies encore, c’est la culture occidentale qui domine tout, unifie tout, uniformise les a
57 l de convergence ? La réponse me paraît évidente. C’est l’Europe, c’est elle seule, qui a déclenché cette évolution planétair
58  ? La réponse me paraît évidente. C’est l’Europe, c’est elle seule, qui a déclenché cette évolution planétaire. L’Europe a dé
59 re les branches sans cesse multipliées du savoir, c’est dire que la commune mesure d’une civilisation est en train de s’évano
60 e impossible de répondre à une telle question, et c’est pourquoi sans doute on la pose si rarement. Notre enseignement vise-t
61 nt tout l’ensemble de la culture européenne. Mais c’est par l’Université que les hommes d’outre-mer viennent au contact de la
62 viennent au contact de la culture européenne, et c’est là qu’ils se posent à eux-mêmes ces questions, et nous les posent ave
63 t. Ce qu’il m’importe de marquer par cet exemple, c’est que l’Europe de l’esprit ne peut plus se présenter devant le monde qu
64 re, parce qu’elle seule l’a posé dans l’histoire, c’est celui de l’Un et du Divers également réels et valables, dont le probl
65 isation, ne combleront jamais, et toujours moins. C’est gagner le monde par petits bouts au prix de son âme. Il n’en reste pa
66 et plus englobantes. Dans bien des cas célèbres, c’est l’avant-garde de la recherche la plus hautement spécialisée qui s’est
67 e beaucoup plus compréhensive. Et chacun sait que c’est en poussant l’exigence de l’analyse jusqu’aux anomalies les plus fine
68 e dans leurs implications jusqu’alors inaperçues. C’est dire que l’œuvre de synthèse qu’exige l’état présent de notre culture
69 bout du compte, dans une entreprise de ce genre, c’est la qualité personnelle des hommes qui s’y livrent : sinon une bonne m
70 rée, comme un résultat objectif ; ce qui importe, c’est que la synthèse s’actualise, qu’elle s’opère donc dans un esprit, dan
71 r, jouit d’un statut spécial d’exterritorialité : c’est une sorte de district fédéral de l’Europe intellectuelle. Là vivent c
72 désire absolument donner une conférence, le soir, c’est à ses risques et périls : toute déclaration publique est obligatoirem
73 olitiques économiques. Ce qui nous manque encore, c’est une étude quasi ethnographique des caractères spécifiques de notre ci
74 e recyclage et de remise en question générale, et c’est aussi ce que nous attendons tous de nos vacances. Après un an, les pr
75 Leibniz et son Ars Combinatoria. Mais surtout, et c’est la conclusion que je souhaite que vous tiriez de mes propos, cet inst
76 otre avenir, intégré, le seul possible. L’Europe, c’est très peu de chose plus une culture. Quatre pour cent des terres du gl
17 1965, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Un écrivain suisse (20-21 mars 1965)
77 e dans l’œuvre et la carrière de Carl Burckhardt. C’est qu’il est l’un de ceux, très rares, dont la personne, le style, la fo
18 1966, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Stampa, vieux village… (15-16 janvier 1966)
78 iens, « réuni à son peuple », comme dit la Bible. C’est là que je l’avais surpris un jour en plein travail — on ne devrait ja
79 it une mince colonne de terre et se plaignait — «  c’est l’enfer ! », disait-il. De la matière fuyait entre ses doigts, s’effi
80 oussée irrésistible de bas en haut, rien à faire, c’est plus fort que moi… » Là-dessus des théories bien saugrenues, et nous
19 1966, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). André Breton à New York (8-9 octobre 1966)
81 taines d’articles à paraître ces prochains jours. C’est que Breton, pour toute la haine vigilante qu’il n’a cessé de vouer sa
82 tianisme, était un être religieux par excellence. C’est même sans doute parce qu’il jugeait le christianisme trop peu religie
83 s dans son studio : « L’Européen le plus moderne, c’est vous pape Pie X ! », criait-il en déclamant Zone. Ce pape-là ne le gê
84 litanie du Christ aviateur, dans le même poème…) C’est ainsi qu’il me lut un jour l’Ode à Charles Fourier qu’il venait de re
85 poétique si hautement exemplaire à tant d’égards, c’est qu’il voulait tout à la fois changer la vie par une sédition passionn
20 1966, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Jacques Chenevière ou la précision des sentiments (22-23 octobre 1966)
86 arle ce livre4 mais aussi comment il en parle. Et c’est cela qui nous intéresse : Jacques Chenevière, écrivain de race, ne do
87 écrivain de race, ne donne pas ici ses mémoires, c’est plutôt sa mémoire elle-même qui est le sujet du livre, et comme son v
88 lanthropique. (Ils ravissaient Valéry Larbaud, et c’est tout dire.) Cette suite d’une quarantaine de portraits-souvenirs, de
89 trie ». Mussolini et les raisins Plus tard, c’est à la veille de l’autre guerre mondiale, une délégation du CICR se ren
90 n des sentiments. Si vous croyez qu’un sentiment, c’est vague, lisez Jacques Chenevière, vous y découvrirez comment jouent no
21 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Entretien avec Denis de Rougemont (6-7 avril 1968)
91 oint-charnière dans ma vie et mes préoccupations. C’est à ce moment-là, en effet, qu’avec plusieurs jeunes intellectuels de m
92 uente en Suisse, située à la croisée des chemins. C’est ainsi que, Suisse français, je me suis nourri de Goethe, de Novalis,
93 de votre vie et de votre œuvre ? Certainement, et c’est un mouvement qui se retrouve à tous les niveaux. Je pense qu’il faut
22 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il faut réinventer l’Université (29 juin 1968)
94 té ? À sa naissance, aux xiie et xiiie siècles, c’est une commune autonome, qui assure sa propre police et s’administre ell
95 question de chaque discipline par les autres (et c’est ce qu’on peut nommer : recherche interdisciplinaire). 12. Les dimensi
96 sionnelles et Université. Ce qu’il faut redouter, c’est la subordination de la recherche aux besoins de la société et notamme
23 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’écrivain et l’événement (7-8 septembre 1968)
97 n œuvre elle-même, de sa pensée et de son style ? C’est par son œuvre et non par quelque prise de position occasionnelle face
98 ant au prophète, que certains nomment l’utopiste, c’est toute la grande poésie d’Isaïe à l’Apocalypse, d’Eschyle à Dante, de
99 ante, de Hölderlin à Nietzsche et à Rimbaud, mais c’est aussi toute l’imagination de la « vraie vie », de Thomas More et Tomm
100 le contestateur) mais s’il la juge et la refuse, c’est au nom d’une vision meilleure — qu’il annonce, illustre, anticipe… Bi
101 l’écrivain confronté à sa crise et à l’événement, c’est la donation d’une mesure, la création de formes, de concepts, et l’ex
102 hn Perse.) Paroles de poète, paroles de prophète, c’est autant dire de fondateur. Ce que l’écrivain doit au monde et à l’évén
103 Ce que l’écrivain doit au monde et à l’événement, c’est de les créer. Et ce qu’il faut attendre du meilleur écrivain, c’est q
104 . Et ce qu’il faut attendre du meilleur écrivain, c’est qu’il fasse converger dans son œuvre le sentiment baudelairien de son
24 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Vers l’Europe des régions [Entretien]
105 ou de la Catalogne. Le problème n° 1 de l’Europe, c’est l’union. Si l’union de l’Europe ne se fait pas, nous serons colonisés
106 de partie de la solution des problèmes européens, c’est que l’unité du genre humain est une invention des Européens. C’est l’
107 du genre humain est une invention des Européens. C’est l’Europe chrétienne qui a imaginé l’ensemble du genre humain en décou
25 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Jean Paulhan (19-20 octobre 1968)
108 enté, si différents ou opposés que nous fussions. C’est le seul directeur de revue littéraire qui ait jamais montré dans cet
109 l’espoir de le trouver surréaliste, eh bien, non, c’est décidément très ennuyeux… » (Son humour bref était sans doute aussi u
110 ce qui a compté dans la littérature en création, c’est ce qui avait mérité son attention. Être accepté par lui, c’était la p
111 d, me voici devant Paulhan : comme il est grand ! C’est le plus grand écrivain que j’aie jamais connu : 1 m 90 je pense, larg
112 de tête rectangulaire aux très grands yeux6. Mais c’est une voix étrangement légère et gaie, réchauffée par une pointe d’asse
113 y faire figurer les questions qu’il me soumettra ( c’est sa manière de critiquer) après lecture du manuscrit, et je m’efforcer
114 Ce qui m’engage à rapporter ces petits souvenirs, c’est qu’ils sont personnels… à combien d’entre nous, jeunes auteurs de l’e
115 uoi de libre, de joyeux et peut-être d’insensé », c’est toute son œuvre, justement, qui nous en restitue mieux que l’idée : l
26 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Témoignage sur Bernard Barbey (7-8 février 1970)
116 courts, dont l’écho se prolonge dans ma mémoire. C’est moins la suite de la carrière littéraire de Bernard Barbey qui expliq
117 tait si naturellement prêt à s’oublier lui-même ? C’est sans nul doute à la très amicale et délicate insistance de Berne que
118 du courage secret, du talent et de l’efficacité. C’est par des hommes de cette qualité que vaut la Suisse. 7. « Bernard B
27 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). La cité européenne (18-19 avril 1970)
119 xtravagante l’importance de ce qui les distingue. C’est ainsi qu’ils en viennent à penser sincèrement qu’ils ne pourront jama
120 différer, par lequel nous nous ressemblons tous, c’est notre mal et notre bien, il faut en prendre son parti, et c’est là-de
121 l et notre bien, il faut en prendre son parti, et c’est là-dessus qu’il faut bâtir notre union, si l’on veut qu’elle mérite l
122 ien connu dans l’histoire des régimes politiques, c’est de toute évidence : fédéralisme.as aq. Rougemont Denis de, « Le d
28 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe et le sens de la vie (25-26 avril 1970)
123 e qui paraît beaucoup plus difficile à expliquer, c’est que rien n’ait encore été fait dans ce sens, depuis près de vingt-cin
124 le, intégralement centralisé en vue de la guerre. C’est ce modèle que tous les peuples de l’Europe, grands et petits, ont imi
125 Qu’est-ce en somme qu’instituer un État-nation ? C’est soumettre toute une nation aux pouvoirs absolus de l’État. C’est voul
126 toute une nation aux pouvoirs absolus de l’État. C’est vouloir faire coïncider sur un même territoire, défini par le sort de
127 s’arrêter sur une ligne de barbelés électrifiés. C’est livrer sans recours toute l’existence humaine aux seules décisions de
128 l. Or voici l’ironie tragique de notre histoire : c’est sur la base de cet obstacle radical à toute union que l’on s’efforce
129 nomique. Mais ce que je sais de science certaine, c’est que les États-nations n’existent pas dans l’histoire de la culture, e
130 parle pas de relations ou d’affaires étrangères : c’est un mot qu’il nous faut bannir du vocabulaire politique dans une Europ
131 de vie » déterminé en termes de profit et de PNB, c’est passer du matérialisme capitaliste et communiste à la mise en questio
132 à cet égard. Ce qui leur manque le plus durement, c’est un but transcendant, c’est un sens de la vie, maintenant que la guerr
133 nque le plus durement, c’est un but transcendant, c’est un sens de la vie, maintenant que la guerre n’est plus leur exutoire,
134 n offrir le modèle. Si l’on me dit maintenant que c’est une utopie que de vouloir dépasser l’État-nation, je réponds que c’es
135 de vouloir dépasser l’État-nation, je réponds que c’est au contraire la grande tâche politique de notre temps. Précisons : de
29 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Une réflexion sur le mode de vie plutôt que sur le niveau de vie (2 juin 1970)
136 pendent de ce qui précède. De quoi se plaint-on ? C’est ici qu’interviennent les deux questions que vous avez bien voulu me p
137 les attitudes réelles de ceux qui les invoquent. C’est dans cet esprit que je vais esquisser une réponse. Le beurre et l’a
138 nous fermer devant les travailleurs étrangers ? » C’est confondre deux sens bien différents de « s’ouvrir à… » Si s’ouvrir à
139 isent sans que personne semble y faire attention. C’est pourtant cela qui modifie radicalement le cadre de nos vies, l’air qu
30 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Le testament de Tristan (14-15 novembre 1970)
140 édiocrité marque, pourtant, ses faits et gestes, [ c’est ] imputable aux fautes des Français, non au génie de la patrie. Phras
141 ut le Tristan de la passion nationale. Son Iseut, c’est la France, et il est près de le dire dans plus d’une page de ses Mémo
142 , en 1946). Certes, il est revenu à son appel, et c’est en 1958. « Mais la vraie passion tristanienne se nourrit de retraits
143 Suisse. Quant à la participation qu’il demandait, c’est le mot clé du fédéralisme. Merveilleux compromis entre le mythe et l’
144 ais dans la page si belle qui règle ses obsèques, c’est Tristan qui revient dans sa pleine stature : écartant les barons et l
31 1971, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Pourquoi j’écris (30-31 janvier 1971)
145 émangeaison que l’on calme en grattant du papier. C’est à peu près aussi irrésistible, aussi peu rationnel que l’élan du dési
146 la prière, et cela tient des deux, probablement. C’est aussi un effet du besoin d’imiter ce qui, dans un poème ou une pensée
147 e (selon que l’on sera bon ou mauvais auteur). Et c’est beaucoup plus tard qu’on s’inventera de belles et bonnes raisons d’éc
148 revue littéraire ou à toute une nation par la TV. C’est le pour quoi qui devient alors le vrai pourquoi, la cause finale qui
32 1971, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Au défi de l’Europe, la Suisse (31 juillet-1er août 1971)
149 de ne pas se mouiller. Nous savons que la Suisse, c’est autre chose. Mais quoi ? Combien de nos compatriotes interrogés au ha
150 ent chez nous que de 1848. Ce que nous célébrons, c’est en fait une idée, qui est l’essence de la Suisse et qui a déterminé s
151 ntière, la Suisse ne va-t-elle pas s’y perdre ? —  C’est oublier ce qu’est la Suisse. Dans une Europe unie, loin de se perdre,
152 Si nous le désirons vraiment, si nous le voulons. C’est ce qu’il reste à savoir, et c’est ce qui nous inquiète. S’il n’y a pl
153 ous le voulons. C’est ce qu’il reste à savoir, et c’est ce qui nous inquiète. S’il n’y a plus de frontières tangibles, plus d
33 1972, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il faut dénationaliser l’enseignement [Entretien] (8 décembre 1972)
154 tés à ces niveaux-là, et négliger chaque fois que c’est possible les frontières nationales. En finir avec les fleuves qui s’a
155 de m’a toujours étonné. Pourquoi donc à l’Oural ? C’est tout, sauf une séparation : une petite chaîne de collines, traversée
156 lemagne. Côté « asiatique » ou côté « européen », c’est exactement le même paysage, les mêmes hommes. On y circule dans tous
157 de saisir ce que pourrait être une fédération. Or c’est la seule formule possible. En France, les rares personnes que je n’ai
158 herchez sous « fédéralisme » : vous trouverez que c’est un système de sauvages, ou bien une utopie attribuée aux girondins —
159 école produit des citoyens à la mesure de l’État. C’est un cercle vicieux : chercher l’origine nous ramène au problème de la
160 x subsides, ce n’est pas concevoir une politique, c’est administrer. Quand l’homme en place invoque les « réalités », le crit
161 tes aux prises avec l’administration. La réalité, c’est tout le système scolaire. Mais ils ne peuvent jamais faire face à ce
162 Comment résoudre cette alternative ? D’abord — et c’est à mes yeux la chose la plus importante — il faut interdire la phrase 
163 : « Ici, tous doivent faire la même chose ! » Ça, c’est la formule de base de l’école napoléonienne, par quoi on a fabriqué d
164 aire. Or, le fédéralisme — j’y reviens toujours — c’est exactement le contraire. Ça consiste à laisser à chacun autant d’auto
165 sant à la fois à l’union et à la diversification. C’est parfaitement compatible : un réseau routier unifié n’entame en rien l
166 a fois semblables et différents, séparés et unis. C’est la formule de tout fédéralisme. Tension entre deux pôles. Vous retrou
167 x pôles. Vous retrouvez cela à tous les échelons. C’est une réalité biologique : au niveau des cellules, des molécules, des a
168 e, supposez qu’un équilibre statique s’installe : c’est la mort. Tout ce système est cohérent. Vous en trouverez les racines
169 e… Le principal, dans tout ce que je vous ai dit, c’est ceci, je le répète : il faut apprendre à penser par antinomies. Lier
170 sens-là, par manque d’harmonie ou d’équilibre. Et c’est parfois inévitable. Mais c’est la condition même de la vie. 9. Ben
171 ou d’équilibre. Et c’est parfois inévitable. Mais c’est la condition même de la vie. 9. Benjamin Constant, dans le Cahier
172 Denis de Rougemont contre l’école reste le même : c’est un crime contre l’homme, estime-t-il, que d’aligner les esprits pour
34 1972, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Merveilleux Lavaux (23-24-25 décembre 1972)
173 e preuve : vous la vivez « comme on respire », ou c’est que vous n’êtes jamais vraiment venu, n’avez jamais existé dans ce li
174 our lui vital s’est révélé mortel pour la nature. C’est l’histoire d’un amour fatal : dès qu’un touriste découvre un endroit
175 bf. Le texte est précédé du chapeau suivant : «  C’est à l’initiative de Jean-Pierre Laubscher, auteur de Dixence Cathédrale
35 1984, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Philosophie et énergie nucléaire : une mise au point (28 juin 1984)
176 me le reprocher dans la presse de cette ville. Et c’est cela, précisément, qui m’autorise à prendre la parole parmi vous. […]