1 1940, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Erreurs sur l’Allemagne (1er mai 1940)
1 u pacifisme et au désarmement (sauf en Finlande), ce qui est peut-être déplorable, mais ce qui n’est pas absolument pareil
2 Finlande), ce qui est peut-être déplorable, mais ce qui n’est pas absolument pareil ; que l’Autriche catholique, bien qu’
3 t orthodoxe, et dans une Italie toute catholique. Ce qui n’est pas sans compliquer l’affaire… Qu’on recherche la coloratio
4 rogramme communiste. (Je donne cette opinion pour ce qu’elle vaut.) Le petit livre que j’ai écrit là-dessus m’a valu deux
5 en les nôtres. Surtout s’il se trouve qu’en fait, ce sont exactement les mêmes erreurs. 4. Si d’aucuns remontent à Luther,
6 fets ne sont que trop connus. Le seul avantage de ce procédé historique et littéraire, c’est qu’il dispense de mentionner
7 , la guerre présente nous rappelle au sérieux. Et ce n’est pas ma faute, ni celle des protestants, si l’axe Berlin-Rome pa
2 1940, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). « À cette heure où Paris… » (17 juin 1940)
8 j’entrerai dans Paris. Il y entre, en effet, mais ce n’est plus Paris. Et telle est sa défaite irrémédiable devant l’espri
9 able devant l’esprit, devant le sentiment, devant ce qui fait la valeur de la vie. Je songe au chef de guerre qui traverse
10 e, et qui vaut plus, insondablement plus que tout ce que peuvent rafler dans le monde entier les servants des Panzerdivisi
11 elions Paris. C’est ici l’impuissance tragique de ce conquérant victorieux : Tout ce qu’il veut saisir se change à son app
12 sance tragique de ce conquérant victorieux : Tout ce qu’il veut saisir se change à son approche — Midas de l’ère prolétari
13 s humaines qu’ils ont tuées. « …car ils ne savent ce qu’ils font. » Le 15 juin 1940. b. Rougemont Denis de, « À cette h
3 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). New York alpestre (14 février 1941)
14 t moraux de la cité de Manhattan s’expliquent par ce sol et ce climat. Entre la Prairie proche et l’Océan, ce lieu d’extrê
15 e la cité de Manhattan s’expliquent par ce sol et ce climat. Entre la Prairie proche et l’Océan, ce lieu d’extrême civilis
16 et ce climat. Entre la Prairie proche et l’Océan, ce lieu d’extrême civilisation matérielle demeure hanté par on ne sait q
17 ar on ne sait quelle sauvagerie des hauteurs ; et ce lieu d’extrême densité humaine demeure baigné d’une atmosphère irrévo
4 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). La route américaine (18 février 1941)
18 littéralement : de la route américaine de la vie. Ce qui est pour nous concept, forme arrêtée, devient chez eux chemin, mo
19 décade en décade, à travers le Far West, jusqu’à ce qu’ils eussent rejoint les terres du Pacifique. On ne pouvait plus ri
20 os plan et disparaissent en coup de vent, jusqu’à ce que l’œil s’éduque et se mette à déchiffrer cette espèce de manuel de
21 isée, vers quoi se tournera l’effort collectif de ce peuple ? Peut-être vers la profondeur, vers la culture, vers ces prob
22 chacun porte en soi, celui de l’âme inépuisable. Ce jour-là, les glorieux highways aboutiront enfin à l’Homme. d. Roug
5 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Souvenir de la paix française (15 mars 1941)
23 rançaise (15 mars 1941)e Périgny… C’était bien ce nom-là ? Un long village en bordure de la route. D’un côté, les maiso
24 ’apparaît si discrète, si pacifique et séculaire. Ce pays-là n’est qu’amitié des tons et des lignes humaines, humilité sou
25 ’un secret de pudeur naïvement dévoilé. Secret de ce village aux volets clos. Imaginant une idylle muette. Celui qui revie
26 aînaient sur les vergers. J’ai su, plus tard, que ce jour-là j’avais fait mes adieux à la France. e. Rougemont Denis de
6 1946, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Monsieur Denis de Rougemont, de passage en Europe, nous dit… [Entretien] (4 mai 1946)
27 tits, comme affaissés… Un vrai cauchemar… N’était- ce pas le contraste avec ces grands diables d’Américains ? Non, car en S
28 t fatigant et j’ai abandonné au bout de deux ans. Ce qui fut sans doute tout bénéfice pour les lettres ? Je rapporte quatr
29 trois sont terminés et vont être publiés à Paris. Ce sont des essais sur les mythes grecs : Doctrine fabuleuse  ; un recu
30 , mais qui a ses valeurs à elle. Peut-on employer ce mot de civilisation pour un peuple si neuf ? Disons que leur concepti
31 rosés ». Ils sont évidemment très simplistes dans ce qu’ils impriment, et manquent d’esprit critique. Quant à leurs loufoq
32 ourd’hui, comme au centre du monde. Et, ne serait- ce que pour mieux comprendre leur continent grâce à l’éloignement, il fa
33 ils donc rien à craindre de l’américanisme ? Pour ce qui est du matérialisme, avec son culte du confort et de la machine,
34 nt beaucoup plus connus en Europe qu’en Amérique. Ce qui est tout à notre honneur ! L’Europe reste le continent de la créa
35 tre elles une entente fructueuse et solide. Et, à ce propos, on a tort en Europe de craindre l’impérialisme américain. J’a
36 u pays de Neuchâtel, dont il est une des fiertés. Ce retour n’est d’ailleurs que provisoire, l’écrivain ayant laissé sa fa
37 n voulu nous accorder la primeur d’une interview, ce dont nous le remercions ici très vivement. »
7 1947, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Consolation à Me Duperrier sur un procès perdu (5 décembre 1947)
38 s n’y comprenez rien ? Ni moi non plus. C’est que ce raisonnement n’en est pas un, mais combine deux absurdités. 1. Si l’o
39 mais alors il n’y a pas lieu de me dénoncer, tout ce discours retombe à plat, et notre avocat perd la face. 2. Mais où est
40 cas s’énoncent et se prononcent de même, mais par ce procédé l’on pourrait accuser la ville de Lyon des méfaits d’un lion
41 qu’à la fin les nazis ont occupé la Suisse. Voilà ce que c’est ! On m’y ramène sous bonne escorte. Le Gauleiter, un nommé
8 1949, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Les écrivains romands et Paris (10 septembre 1949)
42 1949)j k Questions 1 et 2. — Nous avons tout ce qu’il faut, en Suisse romande, pour nourrir une littérature. Nous avo
43 té du monde germanique. Mais nous n’avons rien de ce qu’il faut pour assurer le succès d’une œuvre : publicité, mouvement
44 re aussi. Pourquoi s’insurger, nous seuls, contre ce fait ? Imagine-t-on Chateaubriand se demandant s’il existe pour lui «
45 nce natale. Même et surtout si l’on doit tirer de ce milieu, de cette province, le meilleur de son inspiration. j. Roug
46 même temps qu’une tentative de retrouver ailleurs ce que l’on ne trouve pas dans son pays, une fuite, loin de ce que Ramuz
47 n ne trouve pas dans son pays, une fuite, loin de ce que Ramuz appelle “le train-train d’une vie moyenne où l’exception, n
48 ille. D’autres suivront la semaine prochaine. […] Ce sont la concision et la vigueur qui distinguent la réponse de M. Deni
49 stinguent la réponse de M. Denis de Rougemont. Si ce Suisse très cosmopolite reconnaît, à son tour, que notre pays manque
50 e reconnaît, à son tour, que notre pays manque de ce qui est indispensable au succès d’une œuvre littéraire, il ne se répa
9 1949, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe est encore un espoir (8 décembre 1949)
51 de l’urgence de notre congrès. Elle dit tout haut ce que pensent des millions. Et elle le dit sans précautions, avec la ca
52 et les Américains vont lui régler son compte, si ce n’est pas déjà fait. Et vous avez presque raison. Mais dans ce presqu
53 déjà fait. Et vous avez presque raison. Mais dans ce presque il y a tout notre espoir, bien plus, il y a le ressort de not
54 ort de notre action. Je voudrais vous montrer que ce presque est une réalité, et qui change tout. Mon argument sera simple
55 ces mêmes de leur révolte. Vous allez me dire : «  Ce n’est qu’une survivance. En réalité, les jeux sont faits. Le droit de
56 vrai que l’Amérique souhaite l’union de l’Europe. Ce n’est pas la même union que les Russes nous imposeraient ! L’Amérique
57 es. Ils ont eu leur congrès ailleurs. À Lausanne, ce seront les savants, les poètes et les philosophes qui prendront enfin
10 1953, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). « Ce qu’ils pensent de Noël… » [Réponse] (24 décembre 1953)
58 «  Ce qu’ils pensent de Noël… » [Réponse] (24 décembre 1953)n Déjà les p
59 n. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête] Ce qu’ils pensent de Noël… », Gazette de Lausanne (supplément littéraire
11 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Fédéralisme et culture (3-4 mars 1962)
60 ditionnelle et autarcique, inutile d’insister sur ce point. Mais c’est une autre erreur, inverse de la première, qui ne ce
61 e réside dans l’art de distinguer, de cas en cas, ce qui marcherait mieux en étant centralisé et ce qui marcherait mieux e
62 s, ce qui marcherait mieux en étant centralisé et ce qui marcherait mieux en restant libre et dispersé, voire anarchique.
63 r qu’à l’absence de cette passion créatrice et de ce sens du mécénat, nul comité de coordination ne pourra jamais remédier
64 oyons encore, en Suisse romande, aux antipodes de ce climat d’excitation intellectuelle et artistique. Nos habitudes utili
65 prétexte de répartition géographique équitable — ce qui n’est, soit dit en passant, qu’une parodie du vrai fédéralisme —
66 eprésenterait pour notre Suisse fédéraliste. Mais ce n’est pas le fait de supprimer nos douanes qui mettrait en danger nos
12 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Rectification (9 mars 1962)
67 du fédéralisme » réside dans l’art de distinguer ce qui marcherait mieux en restant… anarchique, c’est donc me faire dire
68 e réside dans l’art de distinguer, de cas en cas, ce qui marcherait mieux en étant centralisé, et ce qui marcherait mieux
69 , ce qui marcherait mieux en étant centralisé, et ce qui marcherait mieux en restant libre et dispersé, voire anarchique »
13 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe est d’abord une culture (30 juin 1962)
70 dant par culture, au sens le plus large du terme, ce que l’esprit humain, le génie créateur dans tous les ordres, vient aj
71 u’il ne s’exagère pas en chauvinisme. Mais qu’est- ce que le chauvinisme ? C’est tout simplement le nationalisme des autres
72 , et l’intérêt subitement anxieux des Américains. Ce début concret de la construction européenne étant ainsi replacé et si
73 prix de l’éducation générale ou humaniste. C’est ce que fait l’URSS. Mais ce serait tuer la poule aux œufs d’or. La techn
74 rale ou humaniste. C’est ce que fait l’URSS. Mais ce serait tuer la poule aux œufs d’or. La technique, inventée par l’Euro
75 s principes et mesures de cette culture générale, ce serait stériliser les sources mêmes de l’invention technique, favoris
76 a. C’est là le vrai sens, et le seul possible, de ce qu’on a nommé « l’Europe des patries ». (Par malheur, l’auteur de ce
77 l’Europe des patries ». (Par malheur, l’auteur de ce mot d’ordre, M. Debré, ne pensait qu’à l’Europe des États, qui est to
14 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Universités américaines (12-13 janvier 1963)
78 d’est en ouest se nomme Vents, et nul n’a compris ce pays s’il n’a pas découvert un jour qu’un souffle immense de lyrisme
79 je verrai qui je veux ou personne s’il me plaît, ce que j’ai envie de voir ou rien, pendant deux mois — je me suis gardé
80 du Hasard, dont l’autre face est l’Organisation : ce Janus à deux fronts gouverne l’Amérique, mais il faut faire son choix
81 igieuse du tiers le plus religieux de l’Occident. Ce sont trois noms européens. Les Européens goguenards pour qui l’Amériq
82 ngent pour avoir des maisons, cabanes, pavillons, ce que vous voulez, à deux heures de New York par avion, ou à quatre ou
83 ont gardé leurs bigoudis, comme cela se fait dans ce pays, la veille d’une fête ou le samedi. Elles s’installent longuemen
84 e. Pendant quatre ans, elles vivent ensemble dans ce luxueux campus perdu au milieu des forêts du Vermont, quelques centai
85 sique et danse — pour 3 à 4000 dollars par an. Et ce seront elles qui domineront la société américaine de demain, avec une
86 t, d’une côte à l’autre, mais c’est vraiment tout ce que j’en sais. La série de mes rendez-vous commence quelques secondes
87 t très peu des valeurs occidentales. Je vois donc ce qui me reste à faire. Improvisation d’une demi-heure. Sachant que mon
88 rope. Croyons à nos valeurs et prouvons-le, c’est ce que le monde attend de nous, pour nous rejoindre en fin de compte, Ru
89 désarmement nucléaire ? » « À votre sens, serait- ce une bonne idée que tous les Américains intelligents se mettent à aime
90 nde où l’on trouve en Europe rien qui ressemble à ce concours des meilleurs esprits d’avant-garde. D’un instrument pareil
91 v. Sous-titré « Notes d’un journal de voyage », ce texte est introduit par le chapeau suivant : « “J’ai retrouvé mon Amé
15 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’éloge, l’élan, l’amour, le monde ouvert à ceux qui s’ouvrent, cela existe… (2-3 février 1963)
92 (2-3 février 1963)w x Le problème « d’exprimer ce que cela veut dire d’être d’Yverdon, de Féchy » relève, me semble-t-i
93 Eboli, à Collombay ou à Stratford sur l’Avon, est- ce vraiment plus facile à expliquer ? A-t-on vraiment de meilleures chan
94 à la problématique de M. Tauxe. Je sais bien que ce souci « quasi obsessionnel » bloque beaucoup d’esprits dans nos canto
95 crire n’aurait-il pas besoin, tout simplement, de ce qu’on appelle en France la classe de rhétorique ? Je ne sens pas que
96 ance la classe de rhétorique ? Je ne sens pas que ce soit aux « préjugés spiritualistes » qu’il se heurte, mais plutôt au
97 langue assurée — et les remarques de M. Tauxe sur ce point sont aussi justes qu’opportunes. Quelles sont les chances parti
98 èmes rebattus ! Si cela ne donne plus rien, n’est- ce pas le signe qu’il serait temps de se tourner vers autre chose ? L’él
16 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Les mythes sommeillent… ils vont se réveiller [Entretien] (9-10 février 1963)
99 rd (les photographies connues soulignent toujours ce regard vif, un peu ironique, au détriment de cette mâchoire carrée),
100 ent plus exprimer la part instinctive de l’homme, ce que j’appelle son animisme. Les musiciens (comme le dit Ansermet), le
101 çon purement intellectuelle de nouveaux langages… Ce qui nous donne une impression de sécheresse, d’épuisement. Ne croyez-
102 ées. Elles ne font, pour l’essentiel, que prendre ce que nous leur donnons. Mais si nos mythes sont morts… Ils sommeillent
103 rythme, en 2260 il y aura 700 milliards d’hommes, ce qui fera un homme tous les dix mètres. En 2400, nous aurons un mètre
104 e à ces montres extraplates… Justement ! Et c’est ce qui prépare le réveil de très vieux instincts, de très vieux mythes.
105 lhard. Il faudra que j’en parle à Lausanne. Voyez ce passage : le Père (qui d’ailleurs a eu dans sa vie un grand amour) pa
17 1964, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il nous faut des hommes de synthèses (19-20 septembre 1964)
106 d’Europe. L’interprétation la plus éclairante de ce mythe me paraît avoir été donnée par Dante en son Traité de l’éloquen
107 ne tour à Sennaar, qui fut ensuite appelée Babel, ce qui veut dire confusion. Grâce à cette tour, il espérait escalader le
108 pe s’appliquait à une tâche particulière. Jusqu’à ce qu’ils fussent frappés par le Ciel et jetés dans une confusion telle
109 mplicitement le problème beaucoup plus général de ce qui divise les hommes depuis l’aube des temps : les langues certes, m
110 mettent. Déjà l’intégration est à la mode. Demain ce sera le métissage universel, après un certain nombre de conflits peut
111 enne sur toute la terre. Les langues elles-mêmes, ce plus ancien symbole des divisions de l’humanité, s’interpénètrent, et
112 quelles sont les causes, le moteur et l’agent de ce mouvement universel de convergence ? La réponse me paraît évidente. C
113 s techniques et procédés, et l’on se réclame, fût- ce pour les retourner contre l’Europe, de ses doctrines politiques et so
114 n mouvement radicalement contraire de divergence. Ce mouvement de dissociation, de division et de séparation, qui est prop
115 ns rien oublié, nous ne saurions qu’un dixième de ce qu’elle est aujourd’hui. Ces données numériques, que je prends pour i
116 lors plus s’exercer. Un exemple précis illustrera ce point : Supposons que la théologie ait gardé ses pouvoirs régulateurs
117 ièrement l’esprit européen, ne peut se résoudre à ce que les routines et l’utilité immédiate suffisent à justifier l’exist
118 un observateur non prévenu, jugeant seulement sur ce qu’il nous voit faire, il semblerait que la très grande majorité des
119 l’aventure, advienne que pourra, et qu’on trouve ce que l’on trouvera, que cela soit compatible ou non avec l’image du mo
120 le mesure l’apparition de l’Université est liée à ce phénomène, soit qu’elle l’exprime, soit qu’elle réagisse contre lui a
121 oit qu’elle réagisse contre lui avec le thomisme, ce serait un beau sujet d’études.) Pourquoi travaillez-vous autant ?
122 ré. La distinction sacré-profane n’existe pas, en ce sens que sagesse spirituelle, science ethnique et esthétique, sont ré
123 spécialiste se récuse méthodiquement et met dans ce refus tout son sérieux. Et je vois peu de généralistes qui aient osé
124 t de gros ouvrages pour être exposé sérieusement. Ce qu’il m’importe de marquer par cet exemple, c’est que l’Europe de l’e
125 la seule possible et désirable. Comment résoudre ce problème dans le cadre qui nous intéresse ici, celui de l’Université 
126 nérales, aux ramifications interdisciplinaires de ce que l’on est en train d’étudier dans le détail. La vie est trop court
127 vement de spécialisation, mais le pousser jusqu’à ce point où l’étude la plus exigeante d’une discipline particulière va d
128 xplorer, elle me paraît rendre compte du fait que ce sont les meilleurs spécialistes, c’est-à-dire ceux qui vont le plus l
129 plinaires, d’une douzaine de personnes seulement. Ce module permet en effet la conversation, l’échange spontané de questio
130 ’intervention monologante sous forme de discours. Ce détail a son importance. Car ce qui importe au bout du compte, dans u
131 orme de discours. Ce détail a son importance. Car ce qui importe au bout du compte, dans une entreprise de ce genre, c’est
132 importe au bout du compte, dans une entreprise de ce genre, c’est la qualité personnelle des hommes qui s’y livrent : sino
133 nt informée, ferait beaucoup mieux notre affaire. Ce qui importe, ce n’est pas que la synthèse s’opère dans le vide, ou au
134 ait beaucoup mieux notre affaire. Ce qui importe, ce n’est pas que la synthèse s’opère dans le vide, ou au ciel des Idées,
135 lque carte perforée, comme un résultat objectif ; ce qui importe, c’est que la synthèse s’actualise, qu’elle s’opère donc
136 ures, son utilité au sens le plus élevé du terme. Ce qu’il nous faut enfin, ce qui nous manque, ce sont des hommes de synt
137 le plus élevé du terme. Ce qu’il nous faut enfin, ce qui nous manque, ce sont des hommes de synthèse, un type nouveau d’ho
138 me. Ce qu’il nous faut enfin, ce qui nous manque, ce sont des hommes de synthèse, un type nouveau d’hommes de pensée en qu
139 par le fait même qu’ils auront pris conscience de ce qu’ils ne peuvent se contenter d’être seulement des spécialistes. Fav
140 seulement des spécialistes. Favoriser ou fomenter ce type humain, lui offrir les moyens matériels, l’ambiance de vie, le m
141 teur d’un milieu donné, cité, pays ou université. Ce n’est pas du tout par hasard que dans le tableau qu’a établi le socio
142 ar million d’habitants d’un pays, de 1901 à 1960, ce sont les plus petits pays d’Europe qui occupent les cinq premiers ran
143 même en queue de liste. Je n’en dis pas plus sur ce point : dans les petits pays, tout est petit, y compris les universit
144 la coordination de leurs politiques économiques. Ce qui nous manque encore, c’est une étude quasi ethnographique des cara
145 et de remise en question générale, et c’est aussi ce que nous attendons tous de nos vacances. Après un an, les professeurs
146 ropos, cet institut de synthèse serait idéalement ce dont on parle un peu partout, plus ou moins bien, depuis 1957, date d
18 1965, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Un écrivain suisse (20-21 mars 1965)
147 Renaissance, je ne pense pas qu’il tienne de lui ce don de prévision de l’avenir européen dont tous les deux firent preuv
148 isme inné, et sa profonde méfiance à l’endroit de ce qui vient, de notre monde moderne en général, mais son goût puissant
149 ira peut-être à justifier l’existence autonome de ce pays, dans une époque où l’homme complet devient un phénomène telleme
19 1966, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Stampa, vieux village… (15-16 janvier 1966)
150 esque rien dit qui vaille entre deux hommes. Mais ce jour-là, il triturait une mince colonne de terre et se plaignait — « 
151 u Café de la Poste, au grand soleil. J’écrivais à ce moment un livre sur la Suisse, c’était la raison de mon passage, et n
20 1966, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). André Breton à New York (8-9 octobre 1966)
152 un des fils Pitoëff, et Breton. (Il avait trouvé ce moyen de gagner juste de quoi vivre sans la moindre compromission ave
153 es à l’affût.) Il se plaignit, très gentiment, de ce que durant nos années parisiennes, nous n’ayons pu, ou cru pouvoir, n
154 us n’ayons pu, ou cru pouvoir, nous rencontrer. «  Ce sont de ces conneries ! Et que l’on expie ! » (Beaucoup de lui dans c
155 pare en fait, ou avec qui j’ai rompu sans retour. Ce soir-là, au Village, mon rêve est devenu vrai : nous parlons certes d
156 mon rêve est devenu vrai : nous parlons certes de ce qui peut nous rapprocher, l’amour-passion, les troubadours, la psycha
157 la psychanalyse, Saint-John Perse, mais aussi de ce qui doit nous opposer de front : nos options politiques, morales et r
158 s le défi qui rejoignait l’Inquisition… Il me dit ce soir-là qu’il avait découvert au fond de l’échoppe d’un cordonnier da
159 admis et célébrés !) J’ai vu plus d’une scène de ce genre aux réunions du groupe, d’ailleurs variable et quelque peu fort
160 vous pape Pie X ! », criait-il en déclamant Zone. Ce pape-là ne le gênait pas : c’était un vers d’Apollinaire. (Mais tout
161 ne. On eût dit qu’il était le premier à découvrir ce jeune auteur d’avant-garde ! « Ombre frénétique de Fourier, ombre fré
162 il poursuit : « À travers leurs outrances et tout ce qui procède chez eux de la griserie imaginative, on ne peut refuser d
163 ister que pour lui seul. De personne je ne suis à ce point sûr qu’il a toujours suivi — avec autant d’audace que d’exacte
164 dace que d’exacte obéissance aux signes devinés — ce qu’il faut bien que j’appelle ici d’un terme signifiant pour moi la r
21 1966, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Jacques Chenevière ou la précision des sentiments (22-23 octobre 1966)
165 es, car elles nous disent très bien de quoi parle ce livre4 mais aussi comment il en parle. Et c’est cela qui nous intéres
166 comme fer à « l’unité », l’unité à tout prix, fût- ce au prix de l’ennui — un peu comme dans le Nouveau Roman.) Cette varié
167 du mas de Campuget (près de Nîmes). « Bou Diou ! ce vent-là risque d’emporter même le soleil ! » Mais après le monde des
168 es prisonniers Descriptions d’une mémoire ; et ce qu’elle a gardé, et qui revit en ce recueil, va devenir par la grâce
169 mémoire ; et ce qu’elle a gardé, et qui revit en ce recueil, va devenir par la grâce d’un art très sûr un peu de la mémoi
22 1967, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). J. Robert Oppenheimer (25 février 1967)
170 e délicate allongée, le large regard rayonnant et ce sens mystique étranger à toute espèce de religion des prêtres. « Nous
23 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Entretien avec Denis de Rougemont (6-7 avril 1968)
171 tants de la vie littéraire. Pour l’élaboration de ce dense recueil, qui groupe Le Paysan du Danube , Journal d’un intell
172 anube et Journal d’un intellectuel en chômage . Ce texte reflète un point-charnière dans ma vie et mes préoccupations. C
173 rnière dans ma vie et mes préoccupations. C’est à ce moment-là, en effet, qu’avec plusieurs jeunes intellectuels de ma gén
174 automne 1932 ? Beaucoup de choses sont sorties à ce moment-là : le premier numéro de la revue Esprit , le premier numéro
175 et Heidegger que Corbin commençait à traduire. En ce qui concerne L’Ordre nouveau où je retrouvais Arnaud Dandieu, Robert
24 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il faut réinventer l’Université (29 juin 1968)
176 e correspondent pas à un poste du budget courant. Ce « réalisme » conduit au marasme ou à la révolution, selon le tempéram
177 tement, après les nuits de mai du Quartier latin, ce qui était utopie devient nécessité, ce que l’on qualifiait avec un so
178 ier latin, ce qui était utopie devient nécessité, ce que l’on qualifiait avec un sourire indulgent de Zukunftsmusik devien
179 ciennes5 sur le plus actuel des sujets. 1. Qu’est- ce que l’Université ? À sa naissance, aux xiie et xiiie siècles, c’est
180 je viens de définir, l’Université n’existe plus. Ce qu’on persiste à décorer de ce nom n’est que la juxtaposition d’une q
181 ité n’existe plus. Ce qu’on persiste à décorer de ce nom n’est que la juxtaposition d’une quantité variable d’écoles profe
182 ion de chaque discipline par les autres (et c’est ce qu’on peut nommer : recherche interdisciplinaire). 12. Les dimensions
183 itue entre écoles professionnelles et Université. Ce qu’il faut redouter, c’est la subordination de la recherche aux besoi
184 t un pôle de création et de rayonnement culturel. Ce que ne peuvent être, bien évidemment, ces encombrants conglomérats d’
185 mmer des universités. 18. Il ne faut pas détruire ce qui existe — les écoles professionnelles (ou facultés) — mais élimine
186 es professionnelles (ou facultés) — mais éliminer ce qui empêche d’exister bien (le micronationalisme cantonal, notamment)
187 ien (le micronationalisme cantonal, notamment) et ce qui fait croire que l’Université existe encore (routines, vanités, ig
25 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’écrivain et l’événement (7-8 septembre 1968)
188 ité, voire son ridicule toujours possible. Depuis ce temps lointain, la notion d’engagement a fait demi-tour dans l’esprit
189 té, le prochain, c’est-à-dire la cité humaine, et ce passage était le lieu de l’engagement. Est-il encore praticable ? Aut
190 taurer ou restaurer une communauté Finalement, ce que la société peut attendre de l’écrivain confronté à sa crise et à
191 oles de prophète, c’est autant dire de fondateur. Ce que l’écrivain doit au monde et à l’événement, c’est de les créer. Et
192 au monde et à l’événement, c’est de les créer. Et ce qu’il faut attendre du meilleur écrivain, c’est qu’il fasse converger
26 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Vers l’Europe des régions [Entretien]
193 de La Haye en 1948 je me suis beaucoup penché sur ce problème de l’union des Européens sur la base d’une unité déjà exista
194 nion. L’unité existe ou n’existe pas. L’union est ce que l’on peut bâtir. Non pas une uniformité mais un certain mode de c
195 par une assemblée élue par les régions. Il y a à ce sujet une importante littérature en France qui est le pays le plus co
196 ogues et économistes français s’étant penchés sur ce problème. L’union mondiale ne sera concevable que s’il existe une sol
197 que s’il existe une solide fédération européenne. Ce sera le point d’accrochage d’une organisation mondiale. Sans doute d’
198 présentons l’activité de Denis de Rougemont dans ce domaine, et son point de vue recueilli lors d’une interview. Denis de
27 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Jean Paulhan (19-20 octobre 1968)
199 68)an Un jour que je montai chez Jean Paulhan, ce devait être en 1937, 1938, je rejoignis dans l’escalier de la NRF H
200 e dit en s’arrêtant sur le dernier palier : « Est- ce que vous sentez toujours votre cœur battre au moment de passer cette
201 lle était notre attente et sa folle exigence ; en ce temps-là. Elle s’adressait à cela dans la littérature dont il nous pa
202 les clefs et les mesures. (Mais c’était justement ce qu’il cherchait, comme nous l’apprirent beaucoup plus tard les Fleurs
203 se fondait ailleurs : dans le style de la NRF . Ce n’était pas le sien, bien entendu, il ne récrivait pas nos textes, ma
204 littéraire qui ait jamais montré dans cet emploi ce qu’il faut appeler du génie. Et le plus libéral qu’on puisse imaginer
205 sance, attentif à ne rien nous imposer qui ne fût ce qu’il avait senti, bien avant nous, qui pourrait être nous. Bien trop
206 les lettres moins intimes. Germaine et Jean, dans ce petit bureau mansardé de la maison Gallimard, faisaient seuls, à eux
207 925 à 1940, à je ne sais quelles exceptions près, ce qui a compté dans la littérature en création, c’est ce qui avait méri
208 i a compté dans la littérature en création, c’est ce qui avait mérité son attention. Être accepté par lui, c’était la preu
209 confie, rêveur : « Comme il est difficile, n’est- ce pas, de se libérer de ses origines protestantes. » Je dis : « Pourquo
210 œil sur l’Éternel et l’autre sur Jean Paulhan ». Ce qui m’engage à rapporter ces petits souvenirs, c’est qu’ils sont pers
211 s pour un général. Paul Valéry attend des Lettres ce qu’un philosophe n’ose pas toujours espérer de la philosophie : il ve
212 urs espérer de la philosophie : il veut connaître ce que peut l’homme. Et Gide, ce qu’il est. Il suffirait à Claudel de re
213 : il veut connaître ce que peut l’homme. Et Gide, ce qu’il est. Il suffirait à Claudel de reformer sur les débris d’une so
214 n pas perdu tout à fait ni pour toujours, puisque ce « je ne sais quoi de libre, de joyeux et peut-être d’insensé », c’est
215 e l’AFP annonçant sa mort, décrit Paulhan comme «  ce petit homme sec et ridé ». Tout le reste à l’avenant. La presse est a
216 este à l’avenant. La presse est allergique à tout ce qui n’est pas « le petit fait faux » qui seul intéressera, croit-elle
28 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Témoignage sur Bernard Barbey (7-8 février 1970)
217 Je n’avais pas encore vingt ans et je lisais tout ce qui paraissait aux deux enseignes du plus sûr prestige, en cette haut
218 ison ultrasecrète avec l’armée française en 1940, ce n’est pas rien, ni commander ensuite l’état-major particulier d’un gé
29 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). La cité européenne (18-19 avril 1970)
219 illeurs « cultivés » ou non, conscients ou non de ce qu’ils doivent, en fait, à la culture. Unité non pas homogène et qui
220 ’uniformisation, de nivellement et d’exclusion de ce qui diffère, mais qui au contraire englobe, et compose largement, dan
221 cipes, molestés, réveillés, mis en mouvement, fût- ce contre nous, pour le meilleur et pour le pire. Et de là viennent auss
222 ir pour la formule même de l’unité européenne : «  Ce qui s’oppose coopère, et de la lutte des contraires procède la plus b
223 contraires procède la plus belle harmonie. » ⁂ De ce temps jusqu’au nôtre, tout concourt à nourrir ce paradoxe qui paraît
224 ce temps jusqu’au nôtre, tout concourt à nourrir ce paradoxe qui paraît bien être la loi constitutive de notre histoire e
225 ont pas d’appeler la tyrannie. Rome, en réponse à ce défi de l’anarchie, invente l’État et les institutions centralisées :
226 usqu’à l’irrémédiable et dangereux ennui, jusqu’à ce vide de l’âme inoccupée qui appelle les tempêtes et les révolutions.
227 istes, bouddhistes, ou sans croyance aucune… Mais ce n’est pas tout. Avec les trois sources classiques d’Athènes, de Rome
228 tentative déviationniste, ou de blasphème, comme ce serait le cas dans les sociétés primitives, dans les États totalitair
229 ’Inde religieuse. Le goût de différer, si peu que ce soit, est si cher aux Européens qu’il les porte à exagérer d’une mani
230 manière tout à fait extravagante l’importance de ce qui les distingue. C’est ainsi qu’ils en viennent à penser sincèremen
231 ne table ronde du Conseil de l’Europe, irrité par ce genre d’objections à l’union, j’écrivis sur une page de bloc-notes « 
232 ait qu’il le conteste ? On ne changera pas cela, ce ne serait plus l’Europe. Le goût furieux de différer, par lequel nous
233 téraire), Lausanne, 18–19 avril 1970, p. 32. ar. Ce discours a été prononcé à l’Université de Bonn, le 15 avril 1970, à l
234 “L’Europe et le sens de la vie”, suite et fin de ce discours. »
30 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe et le sens de la vie (25-26 avril 1970)
235 on ne peut fonder sur elle qu’une union fédérale. Ce qui paraît beaucoup plus difficile à expliquer, c’est que rien n’ait
236 liquer, c’est que rien n’ait encore été fait dans ce sens, depuis près de vingt-cinq ans qu’on nous déclare, avec Churchil
237 tégralement centralisé en vue de la guerre. C’est ce modèle que tous les peuples de l’Europe, grands et petits, ont imité
238 e tiers-monde, mal décolonisé à cet égard… Qu’est- ce en somme qu’instituer un État-nation ? C’est soumettre toute une nati
239 , qui est en somme du superflu. Mais dès lors que ce choix de notre avenir est libre, nous voici contraints de le faire, à
240 t périls ! Nous voici contraints de nous demander ce que nous attendons de notre vie et de la société, ce que nous voulons
241 que nous attendons de notre vie et de la société, ce que nous voulons réellement, principalement, et contraints de tirer d
242 abel du xxe siècle ! Une politique européenne de ce type, simple transposition de la formule d’État-nation à l’échelle co
243 en commun à l’échelle fédérale continentale, tout ce qui est nécessaire pour garantir les autonomies de tous ordres, régio
244 r les moyens. On ne manquera pas de m’objecter en ce point que la politique a toujours eu pour fin réelle la puissance ; e
245 es sont encore efficaces, il est vrai, pour gêner ce qu’il faudrait aider : les échanges culturels, les mouvements de pers
246 s elles ne servent absolument à rien pour arrêter ce qui devrait l’être : les tempêtes et les épidémies, la pollution de l
247 pêchent simplement de bien traiter ces problèmes. Ce statut des frontières, doublement déficient, est caractéristique de t
248 doublement déficient, est caractéristique de tout ce qui touche à l’État-nation : néfaste dans la mesure où il est encore
249 s, qui ne correspondent à rien d’économique. Mais ce que je sais de science certaine, c’est que les États-nations n’existe
250 rsent leurs frontières sans les apercevoir : dans ce plan, elles n’existent pas. Il n’y a pas de « cultures nationales »,
251 de l’État ». Mais non ! L’État n’est pas un dieu, ce n’est qu’un appareil plus ou moins efficace, qui doit être mis au ser
252 a l’unité millénaire de sa culture. Dira-t-on que ce programme est révolutionnaire ? Il l’est, bien sûr : on ne fera pas l
253 matériels : ils sont presque comblés à cet égard. Ce qui leur manque le plus durement, c’est un but transcendant, c’est un
254 ps. Précisons : des vingt ans qui viennent. Car à ce prix seulement nous ferons l’Europe, et nous la ferons pour toute l’h
255 ent la plus puissante ou la plus riche, mais bien ce coin de la planète indispensable au monde de demain, où les hommes de
31 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Une réflexion sur le mode de vie plutôt que sur le niveau de vie (2 juin 1970)
256 uir des dictatures, mais de faire du « fric ». Or ce motif est le même des deux côtés : pour eux, gagner vite et rentrer,
257 vite. Il semblerait que tout le monde « gagne » à ce jeu : l’industrie qui y trouve le moyen d’accroître nos exportations,
258 illeurs étrangers, dont les salaires dépendent de ce qui précède. De quoi se plaint-on ? C’est ici qu’interviennent les de
259  », comme vous osez l’écrire ! — il est clair que ce n’est pas sérieux. L’argument ne vaut rien, mais en cache un meilleur
260 véritable est au-delà et ne peut être atteint par ce choix. La question qu’a soulevée M. James Schwarzenbach dépasse très
261 . James Schwarzenbach dépasse très largement tout ce qui peut résulter d’un refus ou d’une acceptation de l’initiative. Le
32 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Le testament de Tristan (14-15 novembre 1970)
262 tenait captive. Il l’a ramené au mari légitime, à ce roi Marc que figurait le Pays légal, la République. Puis il a dû s’él
263 ’eût plébiscité comme un second Charles le Grand. Ce Tristan de la nation déifiée, cet ennemi juré de l’Europe « intégrée 
264 ng des siècles, s’est manifestée l’idée d’Europe, ce sont les cheminements de la conscience européenne, elle-même, que vou
265 se se préparait à discuter avec le Marché commun. Ce hasard marquera-t-il la fin d’une certaine Europe, le début d’une aut
266 e autre ? Nous avons demandé à Denis de Rougemont ce qu’il pensait de l’homme d’État, après que Jacques Mercanton, la sema
33 1971, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Pourquoi j’écris (30-31 janvier 1971)
267 nsonges, l’important est de n’y pas croire, sinon ce serait la preuve qu’on a perdu le contact avec le mystère brut, la ré
268 ablement. C’est aussi un effet du besoin d’imiter ce qui, dans un poème ou une pensée, vient d’éveiller en vous une émotio
269 zon qui se définit par rapport à notre progrès. ⁂ Ce n’est qu’au début d’une carrière que l’on écrit par pure envie d’écri
270 rit par pure envie d’écrire. Et je ne dis pas que ce besoin à l’état brut ne continue d’agir dans mes écrits, mais il n’es
271 e qu’il s’agit de donner à date fixe — et de tout ce qu’il faut bien ajouter à quelque ouvrage obscurément jailli, pour l’
272 ne sais où, en quête obscure et fascinante, selon ce vers d’Hugo qui m’amusera sans fin : Vous dites : Où vas-tu ? Je l
273 vres, où figure le mot fin et juste au-dessous de ce feu rouge sur la remorque, veuillez donc lire : J’écris pour vous.
34 1971, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Au défi de l’Europe, la Suisse (31 juillet-1er août 1971)
274 souvent celle de nos erreurs sur nous-mêmes. Tel ce professeur au Collège de France8 auquel la Gazette demandait derniè
275 déralisme est pour votre pays une bonne solution. Ce qui ne veut pas dire qu’elle soit généralisable. » Réponse plutôt com
276 la Suisse d’abord, puis le fédéralisme appliqué à ce pays plutôt qu’à d’autres, mais l’inverse. Sans unité géographique, e
277 ces deux choses ne datent chez nous que de 1848. Ce que nous célébrons, c’est en fait une idée, qui est l’essence de la S
278 et les traditions historiques — on voit très mal ce qui empêcherait de généraliser cette formule à toute l’Europe. Autant
279 sse ne va-t-elle pas s’y perdre ? — C’est oublier ce qu’est la Suisse. Dans une Europe unie, loin de se perdre, elle se re
280 , prolongée dans l’espace et le temps, au-delà de ce qu’elle est aujourd’hui, qui est tellement au-delà de ce qu’elle fut
281 lle est aujourd’hui, qui est tellement au-delà de ce qu’elle fut au Grütli, berceau mythique. Une idée se perd-elle en se
282 fédéraliste montrent par là qu’ils ne savent pas ce qu’est la Suisse. Écoutons plutôt un grand Zurichois du siècle passé,
283 le d’union qui est notre raison d’être, ne serait- ce pas le sort le plus beau que nous puissions souhaiter en tant que Sui
284 s le désirons vraiment, si nous le voulons. C’est ce qu’il reste à savoir, et c’est ce qui nous inquiète. S’il n’y a plus
285 voulons. C’est ce qu’il reste à savoir, et c’est ce qui nous inquiète. S’il n’y a plus de frontières tangibles, plus de d
286 sain de se demander, au minimum une fois par an, ce que nous faisons là, et pourquoi nous restons ensemble. Personne ne p
35 1971, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Une dimension nouvelle (11-12 septembre 1971)
287 ouer la hauteur, affable mais non sans malice, et ce qu’il faut d’arbitraire dans les jugements, lucide avec plus de mélan
288 notre Suisse la dimension qui manquait le plus à ce pays, celle que j’aime à nommer la dimension princière. bb. Rougem
36 1972, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il faut dénationaliser l’enseignement [Entretien] (8 décembre 1972)
289 tel. Ensuite, par le biais européen, j’ai pu voir ce qui se faisait ailleurs. Et j’ai constaté qu’ailleurs, notamment en F
290 c les lois de la nature. Elles n’arrêtent rien de ce qu’il faudrait arrêter : les nuages, les tempêtes, l’eau polluée ; et
291 l’eau polluée ; et elles empêchent le passage de ce qui devrait circuler : les hommes, les marchandises, quelquefois les
292 assin de l’industrie lourde de l’URSS. Exactement ce qu’est la Ruhr pour l’Allemagne. Côté « asiatique » ou côté « europée
293 lement au pouvoir en Europe, incapables de saisir ce que pourrait être une fédération. Or c’est la seule formule possible.
294 e changera pas l’école sans changer l’État. » Est- ce à dire que l’État doit changer l’école, ou que l’école doit former ce
295 ue j’ai avec les officiels, on me répète : « Tout ce que vous dites là est bien beau, mais on voit que vous n’avez pas aff
296 eau bâtiment, l’attribution de nouveaux subsides, ce n’est pas concevoir une politique, c’est administrer. Quand l’homme e
297 scolaire. Mais ils ne peuvent jamais faire face à ce problème. Il faudrait qu’ils puissent s’arrêter, sortir de l’urgent e
298 on Qu’entendez-vous par « révolution » ? Mais… ce qu’on entend généralement par ce terme : une mutation, un changement
299 lution » ? Mais… ce qu’on entend généralement par ce terme : une mutation, un changement brusque et radical, qui permette
300 de repartir sur des bases entièrement nouvelles… ce qui est pratiquement impossible dans notre culture. Il faudrait, au m
301 , et qui nous a déjà valu deux guerres mondiales. Ce qu’Illich appelle en termes marxistes « aliénation » des élèves, je p
302 endraient d’autant mieux. On ne sait vraiment que ce qu’on a dû enseigner. Je l’observe tous les jours sur moi-même à l’Un
303 éfaits 10, et dont vous dites qu’elle ressemble à ce que demande Illich ? Une école comme celle des amish, oui. Quant à Il
304 uilibre statique s’installe : c’est la mort. Tout ce système est cohérent. Vous en trouverez les racines dans la théologie
305 iations, dans la doctrine chrétienne, viennent de ce qu’on a tendu soit à confondre le Christ avec Dieu, soit à le limiter
306 ible d’enseignants, du degré secondaire surtout : ce sont eux qui feront l’Europe de l’an 2000, comme le dit le titre de m
307 la fois, alors peut-être… Le principal, dans tout ce que je vous ai dit, c’est ceci, je le répète : il faut apprendre à pe
308 ectivement, la tension peut devenir conflit, dans ce sens-là, par manque d’harmonie ou d’équilibre. Et c’est parfois inévi
309 l’Évangile. La communauté des amish produit tout ce dont elle a besoin et refuse le tracteur et l’auto. » 11. « Le sort
310 is de Rougemont, en 1929, à l’âge de 22 ans. Dans ce pamphlet d’une soixantaine de pages, l’auteur se livrait à un éreinte
37 1972, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Merveilleux Lavaux (23-24-25 décembre 1972)
311 s jamais vraiment venu, n’avez jamais existé dans ce lieu. Tout ce qui touche à un centre et tout ce qui respire dans la g
312 ent venu, n’avez jamais existé dans ce lieu. Tout ce qui touche à un centre et tout ce qui respire dans la grâce de son ra
313 s ce lieu. Tout ce qui touche à un centre et tout ce qui respire dans la grâce de son rayonnement revêt une importance rap
314 t passionnelle. Il est difficile d’en parler, fût- ce à sa louange éperdue, sans provoquer l’éclat soudain, parfois vocifér
315 s villes a retrouvé le contact avec la nature, et ce contact pour lui vital s’est révélé mortel pour la nature. C’est l’hi
316 in de solitude. Mais la plupart n’osant aimer que ce qui par d’autres est aimé, ils détruisent à coup sûr les amours qu’il
317 étruisent à coup sûr les amours qu’ils partagent. Ce paysage sublime est un pays réel, peuplé de vignerons et d’artisans,
318 se posent en des termes semblables. Ainsi, qu’est- ce que sauver Venise ? Non pas offrir des étages de palais sur le Grand
319 as sans héroïsme. Si Lavaux doit faire son salut, ce sera par la grâce de quelques fous associant leur foi poétique aux ca
38 1984, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Philosophie et énergie nucléaire : une mise au point (28 juin 1984)
320 r en discussion avec un directeur qui n’a dit que ce qu’il devait dire pour défendre les intérêts de sa compagnie ; mais v
321 e les besoins matériels et les revendications 13. Ce conférencier, c’était moi. Certains penseront que cela me préparait m
322 ont que cela me préparait mal à venir vous parler ce matin. J’irai plus loin qu’eux. Je pense que ces déclarations, si je
323 parmi vous. […] Quelques-uns de ceux qui sont ici ce matin, et non des moindres, partageaient à l’époque mes illusions, et
324 litaire 14. M. Desmeules aurait-il mal compris ? Ce n’est pas nous, mais ceux de son bord qui ont dit cela. Quant à préte