1 1940, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Erreurs sur l’Allemagne (1er mai 1940)
1 hérienne seulement, mais qu’il a triomphé d’abord dans une Russie tout orthodoxe, et dans une Italie toute catholique. Ce qu
2 iomphé d’abord dans une Russie tout orthodoxe, et dans une Italie toute catholique. Ce qui n’est pas sans compliquer l’affai
3 ns chefs communistes avaient revêtu quelque grade dans le parti hitlérien. L’un d’entre eux me déclarait même que tout en dé
4 alu deux articles significatifs. Le premier, paru dans l’organe officieux du radicalisme français, approuvait sans réserve m
5 de la IIe Internationale. Le second article, paru dans une feuille communisante de Bruxelles, m’accusait froidement d’être v
6 sentait en termes officiels. 3. M. Maurice Muret, dans la Gazette du 27 avril a fort bien réfuté l’erreur que je viens de r
7 r que je viens de relever, et qui consiste à voir dans l’hitlérisme une tyrannie « de droite », détestée par les masses. « L
8 qui s’obstinèrent jusqu’en septembre 1939 à voir dans l’hitlérisme « un rempart contre le marxisme » ! (Certains, que je co
9 uve, pour sa part (voir la Gazette du 24 avril), dans le romantisme et le goût de la mort qui caractérisent les vieux poème
10 e meilleur celtisant français, n’écrit-il pas que dans la mythologie des Celtes, « l’idée de la mort domine tout, et tout la
11 la découvre »? On voit le danger d’aller chercher dans un passé que l’on connaît mal les causes d’une révolution dont les ef
12 éguer que Luther et les vieux Germains, parce que dans tout cela se trouvent impliquées des nations que l’on aime et de chèr
2 1940, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). « À cette heure où Paris… » (17 juin 1940)
13 hisseur avait prophétisé : le 15 juin, j’entrerai dans Paris. Il y entre, en effet, mais ce n’est plus Paris. Et telle est s
14 nsondablement plus que tout ce que peuvent rafler dans le monde entier les servants des Panzerdivisionen. Quelque chose d’in
3 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). New York alpestre (14 février 1941)
15 a plus simple du monde. Douze avenues parallèles, dans le sens de la longueur, qui est d’une vingtaine de kilomètres, et deu
16 e froide, et j’étais si bien au fond d’une gorge, dans cette rue de briques noircies où circulait un vent âpre et salubre. L
17 e, et qui leur servent de repères pour se diriger dans la ville. Le vent fou, l’air ozone, et la lumière éclatant très haut
18 ou, l’air ozone, et la lumière éclatant très haut dans le ciel sur des parois violemment découpées, c’est un climat que je c
19 Mais il y a plus. Il y a le sol qui est alpestre dans sa profondeur. À Central Park, au milieu des prairies, vous voyez aff
20 mme du marbre, ont été plaqués sur les façades et dans les vestibules des plus riches buildings, reliques scellées d’une ant
21 i le climat et les rapports humains. Ils pensent, dans leur ignorance, que c’est une ville trop « européenne »… Mais moi, je
4 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). La route américaine (18 février 1941)
22 force paisible et utile. Trois pistes parallèles dans chaque sens, séparées par une large bande gazonnée où l’on s’est ingé
23 es millions de larges voitures. Une telle aisance dans la vitesse, l’absence de secousses et d’obstacles, l’enivrante contin
24 conduite et de morale élémentaire (avec publicité dans le texte) dont les phrases fragmentées s’échelonnent tout au long des
5 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Souvenir de la paix française (15 mars 1941)
25 e rangée de maisons à traverser, et l’on parvient dans la grand-rue : comme elle est vide ! Les toits d’ardoises ne dépassen
26 umilité sous la douceur du ciel, retrait des âmes dans leur destin. Je longeais cette rue silencieuse, imaginant d’y vivre u
27 tte rue silencieuse, imaginant d’y vivre un jour, dans une fermette aux volets pâles, sans adresse, au ras de la plaine. Un
28 ons ; l’autre s’incline lentement vers la vallée, dans les vergers. Je m’étais arrêté à cet endroit, hésitant sur la route à
6 1946, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Monsieur Denis de Rougemont, de passage en Europe, nous dit… [Entretien] (4 mai 1946)
29 vent vous amène ? J’avais besoin de me retrouver dans une atmosphère française ; la production littéraire demande qu’on ne
30 éraire demande qu’on ne séjourne pas indéfiniment dans le climat étranger. En outre, j’ai des éditeurs à voir à Paris et en
31 t d’heure de nouvelles et autant de commentaires, dans un bruit trépidant et en s’inspirant des directives des chefs locaux
32 is, en espagnol), d’un style du genre voltairien, dans lesquelles je montre que les armées de masse sont devenues inutiles e
33 nes de vos lettres sur la bombe atomique ont paru dans Le Figaro  ? Oui, elles ont causé du scandale dans certains milieux,
34 ns Le Figaro  ? Oui, elles ont causé du scandale dans certains milieux, mais aussi beaucoup d’approbations enthousiastes. S
35 « névrosés ». Ils sont évidemment très simplistes dans ce qu’ils impriment, et manquent d’esprit critique. Quant à leurs lou
7 1947, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Consolation à Me Duperrier sur un procès perdu (5 décembre 1947)
36 s’en tenir à la seule ressemblance des mots tombe dans le calembour juridique. Car il est vrai que les deux cas s’énoncent e
37 de Rougemont répond sur le ton de la plaisanterie dans le dernier Bulletin de la Guilde du livre. Voici la conclusion de ses
8 1949, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Les écrivains romands et Paris (10 septembre 1949)
38 l se trouve que la France est un pays centralisé, dans sa vie littéraire aussi. Pourquoi s’insurger, nous seuls, contre ce f
39 comme écrivain, « un public, des appuis », etc., dans sa chère Bretagne natale ? Peut-être avez-vous raison de considérer l
40 t-elles été écrites, et publiées, au lieu même et dans le milieu où leur auteur est né, où il a grandi ? J’en vois si peu, e
41 orrespondant de Paris, Jean-Pierre Moulin, a posé dans nos colonnes les trois questions suivantes : 1. Un écrivain (nous ent
42 mancier qu’un dramaturge) a-t-il à sa disposition dans la réalité romande ou même helvétique des éléments d’appréciation suf
43 e de retrouver ailleurs ce que l’on ne trouve pas dans son pays, une fuite, loin de ce que Ramuz appelle “le train-train d’u
9 1949, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe est encore un espoir (8 décembre 1949)
44 pas déjà fait. Et vous avez presque raison. Mais dans ce presque il y a tout notre espoir, bien plus, il y a le ressort de
45 encore, là où le cri des hommes n’est pas étouffé dans leur bouche, ou dans les sources mêmes de leur révolte. Vous allez me
46 des hommes n’est pas étouffé dans leur bouche, ou dans les sources mêmes de leur révolte. Vous allez me dire : « Ce n’est qu
47 la paresse, autant qu’un procédé de construction. Dans toutes les choses humaines, elle est une illusion. Il est vrai que l’
48 Et vous dites : « Ou bien un enfant… » Nous voici dans le temps de l’Avent, dans les nuits les plus longues de l’année. Cher
49 un enfant… » Nous voici dans le temps de l’Avent, dans les nuits les plus longues de l’année. Cherchons ensemble à distingue
50 que l’Étoile était illusion. Elle les conduisait dans la nuit vers un Enfant qui a sauvé le monde. l. Rougemont Denis de
51 ci à une lettre ouverte de Virgil Gheorghiu parue dans le même numéro, à l’occasion de l’ouverture de la Conférence européen
10 1953, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). « Ce qu’ils pensent de Noël… » [Réponse] (24 décembre 1953)
52 ns une grave erreur de traduction. Car l’Évangile dans le texte original dit simplement : Paix sur la terre, bonne volonté (
53 e la famine européenne, et de la guerre endémique dans tout l’Orient, et de la méfiance et de la peur réciproques qui présid
11 1954, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Rejet de la CED : l’avis de Denis de Rougemont (20 septembre 1954)
54 D par un seul pays vient de jeter tous les autres dans une crise très dangereuse, démontrant ainsi, une fois de plus, que le
55 onnaissent, et pour le pire quand elles le nient. Dans la confusion générale qui a suivi la journée des dupes du 30 août, le
56 l’Europe » à la sauvette, sans poser la question dans son ampleur, à tous. Il faut vouloir maintenant la vraie fédération,
57 . Il faut vouloir maintenant la vraie fédération, dans sa totalité, non par pièces détachées. Il faut enfin se décider à exp
58 e pour l’Europe commence. Elle ne sera pas gagnée dans ces lieux indécents que sont les couloirs de parlements, mais dans le
59 décents que sont les couloirs de parlements, mais dans les esprits et les cœurs. Et le reste suivra — l’armée, l’économie —
12 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Fédéralisme et culture (3-4 mars 1962)
60 t que chacune de nos cités se suffise à elle-même dans tous les domaines : université, radio, publications, etc. Et plutôt q
61 le sont pas. Tout le secret du fédéralisme réside dans l’art de distinguer, de cas en cas, ce qui marcherait mieux en étant
62 la culture vivante vit d’imprudence, et prospère dans le gaspillage des forces et des sommes. Je crains que nous soyons enc
63 e la culture, et c’est aussi tout cela qui menace dans ses sources notre vitalité fédéraliste. On parle beaucoup, ces jours-
64 tés spirituelles et morales, et prend ses sources dans les mêmes attitudes de pensée que la culture créatrice. On ne sauvera
13 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Rectification (9 mars 1962)
65 ’ai très peu parlé, ou le matérialisme, mentionné dans une seule phrase, mais bien à insister sur la nécessité de sauvegarde
66 dire que « tout le secret du fédéralisme » réside dans l’art de distinguer ce qui marcherait mieux en restant… anarchique, c
67 on texte : « Tout le secret du fédéralisme réside dans l’art de distinguer, de cas en cas, ce qui marcherait mieux en étant
14 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe est d’abord une culture (30 juin 1962)
68 énie même de sa culture, qui est celui de l’union dans la diversité. On va voir que cette thèse « culturelle » nous porte en
69 lle, ou que son unité la moins contestable réside dans sa culture, je songe à deux faits majeurs que chacun connaît. Un fait
70 terme, ce que l’esprit humain, le génie créateur dans tous les ordres, vient ajouter à la nature. L’Europe, c’est très peu
71 r à deux reprises en 1914 et en 1939, se résument dans le terme nationalisme. Elles sont, elles aussi, d’origine culturelle
72 Et c’est ainsi que l’union de l’Europe a commencé dans le domaine économique, avec la CECA de Jean Monnet et Robert Schuman,
73 struction européenne étant ainsi replacé et situé dans le contexte de notre évolution, la question qui se pose est de savoir
74 , que toutes les nations du continent s’intègrent dans le Marché commun, c’est-à-dire dans un plan technique et économique,
75 t s’intègrent dans le Marché commun, c’est-à-dire dans un plan technique et économique, dont les auteurs ne sont d’ailleurs
76 ffire à « faire l’Europe », il faudrait respecter dans cette hypothèse quelques conditions de succès qui me paraissent absol
77 qu’elle respecte nos diversités traditionnelles, dans toute la mesure où elles sont encore fécondes, et enfin qu’elle se su
78 nventée par l’Europe, puise ses forces inventives dans le fonds commun spirituel et moral, théologique, scientifique et même
79 ulture puise son pouvoir de rayonnement universel dans la pluralité de ses foyers créateurs, et dans les tensions qui en nai
80 sel dans la pluralité de ses foyers créateurs, et dans les tensions qui en naissent. D’autant plus nous sommes d’un canton,
81 ar la technique. L’Europe ayant cent ans d’avance dans son effort d’adaptation à la révolution industrielle, se doit donc de
82 niverselle, qui relèvent de l’esprit. Sa fonction dans le monde, transformé par ses œuvres, s’en trouve désormais définie. L
83 e, comme à celle de l’Europe. Ces motifs d’entrer dans le jeu de la construction européenne me semblent avoir plus de poids
84 nvoquant au contraire son expérience fédéraliste, dans les conseils de Strasbourg et de Bruxelles, la Suisse pourrait montre
15 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Universités américaines (12-13 janvier 1963)
85 se de lyrisme nomade est le secret le mieux couvé dans l’inconscient des hommes de toute race dont les pères ont conquis la
86 Invité par la Fondation Ford pour me promener dans les États-Unis sans l’ombre d’une obligation — je verrai qui je veux
87 ue en grand progrès, et que Karl Barth a restauré dans tous les séminaires presbytériens la notion d’une orthodoxie traditio
88 de couleur que je n’ai jamais vue ailleurs. Arrêt dans une auberge faite d’un vieux wagon d’aluminium déposé au bord de la r
89 eux wagon d’aluminium déposé au bord de la route, dans une clairière et l’on est ami du patron et de la fille superbe qui no
90 vion, ou à quatre ou cinq heures par l’autoroute, dans les Alleghanys, les Appalaches, le Vermont, sur la mer, dans des lieu
91 leghanys, les Appalaches, le Vermont, sur la mer, dans des lieux déserts où nous allons passer le week-end, du vendredi aprè
92 uvelle-Angleterre. Un collège de jeunes filles dans le Vermont Longue avenue sinueuse dans un parc aux prairies nues,
93 filles dans le Vermont Longue avenue sinueuse dans un parc aux prairies nues, en pente douce vers un bâtiment rouge. Par
94 nts de bois blanc à un étage et toits d’ardoises. Dans l’escalier de la maison de brique une toile de quatre mètres de haut,
95 emplit l’étage. Je pousse des portes et me trouve dans une salle de théâtre, vide de sièges. Groupes de jeunes filles assise
96 ballet assez acrobatique et symbolique. Cocktails dans le cottage d’un doyen de faculté. Une vingtaine de professeurs, pour
97 vit ainsi, quelques mois par an ou en permanence, dans les petites universités les mieux dotées de la côte Est ou de la Cali
98 sur un canapé, les étudiantes sur un long divan, dans des fauteuils en demi-cercle, sur des chaises, ou sur la moquette. La
99 unes ont gardé leurs bigoudis, comme cela se fait dans ce pays, la veille d’une fête ou le samedi. Elles s’installent longue
100 ure, je comprends qu’il s’agit de deux vieillards dans une cuisine regardant par la fenêtre une fin d’automne. Mais le réali
101 éalisme du sujet — apparemment imposé — disparaît dans le traitement imagiste et presque abstrait qu’a choisi l’auteur anony
102 es jeunes filles, dont plusieurs sont ravissantes dans leur tenue savamment négligée, parleront désormais de poésie avec l’a
103 érique. Pendant quatre ans, elles vivent ensemble dans ce luxueux campus perdu au milieu des forêts du Vermont, quelques cen
104 eler Hall, je m’annonce au concierge et j’attends dans un corridor en lisant les panneaux d’annonces. Soudain, mon nom en tr
105 ès grosses lettres sur une affiche. « À 3 heures, dans la Salle de Bal, D. de R., président du Congrès pour la liberté de la
106 méricaine, très connus, très riches, ou puissants dans l’administration ou les affaires. u. Rougemont Denis de, « Universi
107 érique”, note Denis de Rougemont en automne 1961, dans le journal de voyage dont il a bien voulu détacher quelques pages à n
108 lle l’écrivain de questions sur Marx et l’Europe, dans des universités très différentes des nôtres. Elles ressemblent à des
16 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’éloge, l’élan, l’amour, le monde ouvert à ceux qui s’ouvrent, cela existe… (2-3 février 1963)
109 n tant que national ou régional — homo helveticus dans le cas particulier, valdensis serait plus exact — cette idée m’est te
110 « quasi obsessionnel » bloque beaucoup d’esprits dans nos cantons romands. Un seul en a tiré une œuvre forte, c’est Ramuz.
111 r — provocateur ! Il aurait sans nul doute échoué dans son « projet » s’il avait emprunté ses « instruments » à une philosop
17 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Les mythes sommeillent… ils vont se réveiller [Entretien] (9-10 février 1963)
112 us passer la soirée chez moi ? » Un feu pétillait dans le salon de Ferney, Denis de Rougemont me racontait l’histoire, et à
113 tres. En 2400, nous aurons un mètre carré chacun. Dans moins de 440 ans ! Bien sûr, la statistique aboutit à l’absurde (en 2
114 mythes. Vous savez, l’être humain n’a pas changé dans ses profondeurs, Jung a montré de quelles couches immémorialement sup
115 st Teilhard de Chardin. Et précisément la femme a dans son œuvre la place d’un symbole et d’une inspiratrice. La femme ? Par
116 . Voyez ce passage : le Père (qui d’ailleurs a eu dans sa vie un grand amour) parle de la Chasteté comme d’un moyen de parve
117 me d’un moyen de parvenir à la vérité. Il le fait dans des termes extrêmement proches du xiie siècle. La Chasteté n’est pas
118 mes, sans le savoir, menons nos vies de civilisés dans une confusion proprement insensée de religions jamais tout à fait mor
18 1964, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il nous faut des hommes de synthèses (19-20 septembre 1964)
119 cela donne à peu près ceci : L’homme entreprit, dans son cœur incurable, de dépasser par ses artifices non seulement la Na
120 ’à ce qu’ils fussent frappés par le Ciel et jetés dans une confusion telle que tous ceux qui étaient venus à l’œuvre parlant
121 divisant le genre humain. Et plus ils excellaient dans leur activité spéciale, plus ils parlaient en jargon barbare (tanto r
122 cription de l’Europe que nous donnait Paul Valéry dans sa célèbre Lettre sur la société des esprits, publiée vers 1920 : « L
123 publiée vers 1920 : « Les Européens se sont jetés dans une aventure prodigieuse qui consiste à modifier les données initiale
124 sés qui, autour d’elles ou en elles, prolifèrent. Dans la page que je viens de vous lire sur l’origine de la pluralité des l
125 é, l’étrange oubli des buts finaux de l’existence dans lequel nous voyons s’enfoncer, inexorablement, le spécialiste. Essayo
126 nt, le spécialiste. Essayons de poser le problème dans son ensemble, à l’échelle planétaire. Nous assistons, me semble-t-il,
127 les pères, et je ne leur vois guère de répondant dans les élites d’Asie, d’Arabie et d’Afrique, à part Gandhi. Enfin l’Euro
128 is en même temps que cette culture se mondialise, dans la mesure où partout on exige ses produits, on imite ses techniques e
129 lus visible et plus facile à observer, hélas, que dans nos universités. Tout le monde sait ici de quoi je veux parler : nous
130 du nombre et de l’exclusivité des spécialisations dans le cadre distendu des facultés ; et en même temps, explosion des effe
131 cultés mais entre les spécialités qui prolifèrent dans une même faculté tendent à devenir infranchissables. Dans l’univers d
132 même faculté tendent à devenir infranchissables. Dans l’univers du savoir humain, faculté et spécialité sont en train de s’
133 une vitesse croissante, comme autant de galaxies dans le cosmos en expansion vertigineuse que nous décrivent les astronomes
134 es fins dernières de l’entreprise, qui se perdent dans les nuées de l’inconcevable. Mais dire que tout langage commun se per
135 00 en 1964, et l’on prévoit qu’il sera de 500 000 dans une dizaine d’années. (Seules n’auront pu varier les dimensions des s
136 Louis Armand me disait un jour : si vous et moi, dans nos années d’études, il y a 30 à 35 ans, avions appris toute la chimi
137 nds pour images, sont probablement vraies en gros dans le domaine des sciences exactes (mathématiques, physique, chimie) et
138 arable ne s’est produit et ne saurait se produire dans la théologie et la philosophie, ni dans les lettres. Mais cette dispa
139 produire dans la théologie et la philosophie, ni dans les lettres. Mais cette disparité n’a rien de rassurant, tout au cont
140 fins ils l’avaient entreprise. Mais l’Université, dans nos pays, paraît plus florissante que jamais : loin d’être abandonnée
141 nt à la valeur globale, ultime, du savoir humain. Dans le Temple même de la Science, il faut bien que les lévites, même scep
142 opéennes, en Italie puis à Paris. (Quant à savoir dans quelle mesure l’apparition de l’Université est liée à ce phénomène, s
143 n de tel ne s’est produit, autant que l’on sache, dans les cultures sacrées et homogènes de l’Asie brahmanique ou bouddhiste
144 us la synagogue, ou de l’Amérique précolombienne. Dans ces cultures tout est sacré. La distinction sacré-profane n’existe pa
145 r d’exécution. Mutatis mutandis, il en va de même dans les cultures totalitaires du xxe siècle, dominées par l’explication
146 e. Le spécialiste se récuse méthodiquement et met dans ce refus tout son sérieux. Et je vois peu de généralistes qui aient o
147 éveloppement des sciences physiques et naturelles dans l’Occident christianisé — alors qu’il est clair qu’une Asie qui tenai
148 se présenter devant le monde qu’elle a réveillé, dans le désordre spirituel et dans l’incohérence babélique de ses spéciali
149 qu’elle a réveillé, dans le désordre spirituel et dans l’incohérence babélique de ses spécialités sans communication, et de
150 mesure de résoudre, parce qu’elle seule l’a posé dans l’histoire, c’est celui de l’Un et du Divers également réels et valab
151 r. Le paradoxe européen par excellence de l’union dans la diversité n’est pas seulement celui de l’Université, mais celui de
152 elui de notre politique d’intégration européenne, dans sa forme fédéraliste, non unitaire, que je tiens pour la seule possib
153 ssible et désirable. Comment résoudre ce problème dans le cadre qui nous intéresse ici, celui de l’Université ? Trois soluti
154 pas. La presque totalité des expériences tentées dans cette intention si louable ont échoué, et les raisons de ces échecs r
155 enseignable. Elle ne peut vraiment consister que dans une attention en éveil permanent aux implications générales, aux rami
156 ciplinaires de ce que l’on est en train d’étudier dans le détail. La vie est trop courte, même prolongée comme on nous le pr
157 me. Il n’en reste pas moins que la spécialisation dans l’Université ne peut aller qu’en croissant, sous la double pression q
158 ès distantes, ou plus vastes et plus englobantes. Dans bien des cas célèbres, c’est l’avant-garde de la recherche la plus ha
159 fonde la psychanalyse. Un ethnologue, spécialisé dans l’étude de la « pensée sauvage » découvre dans la linguistique généra
160 sé dans l’étude de la « pensée sauvage » découvre dans la linguistique générale de Ferdinand de Saussure, science des systèm
161 que des biologistes et des électroniciens puisent dans la même théorie saussurienne les schèmes structuraux qui permettent a
162 e de demain risque de se trouver obligée d’entrer dans un dialogue actif avec, disons, la psychologie au sens large, pour je
163 s de vérités Une phrase de Spinoza s’est fixée dans mon souvenir dès l’adolescence : « D’autant plus nous connaissons les
164 ialistes, c’est-à-dire ceux qui vont le plus loin dans l’analyse de certains cas particuliers, qui nous conduisent le plus s
165 lusieurs vérités hétérogènes saisies par l’esprit dans leur mouvement, rythme et structure dynamiques autant que dans leurs
166 vement, rythme et structure dynamiques autant que dans leurs implications jusqu’alors inaperçues. C’est dire que l’œuvre de
167 importance. Car ce qui importe au bout du compte, dans une entreprise de ce genre, c’est la qualité personnelle des hommes q
168 qui importe, ce n’est pas que la synthèse s’opère dans le vide, ou au ciel des Idées, — car là sans doute toutes les synthès
169 que la synthèse s’actualise, qu’elle s’opère donc dans un esprit, dans une personne, car là seulement elle peut trouver ses
170 s’actualise, qu’elle s’opère donc dans un esprit, dans une personne, car là seulement elle peut trouver ses significations h
171 facultés, des chaires et des postes d’assistants dans les déjà trop grandes universités. L’adjectif petit me paraît intimem
172 u université. Ce n’est pas du tout par hasard que dans le tableau qu’a établi le sociologue belge Léo Moulin, sous le titre
173 Europe qui occupent les cinq premiers rangs, soit dans l’ordre la Suisse, le Danemark, l’Autriche, les Pays-Bas et la Suède,
174 eue de liste. Je n’en dis pas plus sur ce point : dans les petits pays, tout est petit, y compris les universités. Mais sur
175 vé. La multiplication des universités, maintenues dans les petites dimensions qu’exige leur rendement optimum, peut freiner
176 e le prototype, qui serait une tour d’anti-Babel. Dans un grand parc, près de la mer, ou d’un lac, ou d’une large rivière, e
177 pelles, sans oublier plusieurs terrasses de café. Dans le centre aussi, un groupe de bâtiments contient la bibliothèque et l
178 énérale d’admission : avoir prouvé son excellence dans une branche au moins du savoir, ou de la vie professionnelle, et démo
179 l’impérieux désir d’intégrer l’expérience acquise dans un ensemble plus compréhensif. Les activités intellectuelles de cette
180 es sujets qu’il serait le plus malaisé de traiter dans le cadre de nos facultés classiques. Voici quelques-uns des sujets qu
181 gique ou les contradictions de leur développement dans la vie publique et privée de l’unité culturelle en question. Le probl
182 Le rôle créateur de l’interaction des disciplines dans l’histoire ancienne et récente de l’Europe. Dans quelle mesure et sou
183 dans l’histoire ancienne et récente de l’Europe. Dans quelle mesure et sous quelles conditions les inventions ou découverte
184 foi, du doute, de la méthode et des contingences dans les progrès de la connaissance en Occident. 3. Au-delà de la technolo
185 suppléer par les arts. 5. Européologie. Il existe dans la plupart de nos grandes universités des départements d’indianisme,
186 ’interroge elle-même plus qu’elle n’a jamais fait dans son histoire. Cette liste de thèmes, vous le sentez, ne demande qu’à
187 imaginera sans peine. L’introduction si désirable dans nos mœurs universitaires d’une année sabbatique de type américain, pe
188 e, puisqu’elle aurait pour fin de recréer l’union dans la diversité, qui est la formule de notre grand passé, et de notre av
19 1965, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Un écrivain suisse (20-21 mars 1965)
189 n avant que l’Allemagne ou l’Italie n’aient réuni dans une de ces super-provinces qu’on nomme nations toutes leurs cités, to
190 possibilité s’illustrer d’une manière exemplaire dans l’œuvre et la carrière de Carl Burckhardt. C’est qu’il est l’un de ce
191 ’avenir européen dont tous les deux firent preuve dans leur Correspondance (voir les lettres à von Preen de l’aîné, celles à
192 ques du passé, ou mêlé à l’histoire vivante comme dans le cyclone de Dantzig ; enfin mémorialiste d’événements qu’il a vécus
193 être à justifier l’existence autonome de ce pays, dans une époque où l’homme complet devient un phénomène tellement plus imp
20 1966, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Stampa, vieux village… (15-16 janvier 1966)
194 souvent, voir sa très vieille mère et travailler dans l’atelier qui avait été celui de son père. Il y est mort hier soir, p
195 lus qu’on se rencontrait, je ne l’avais jamais vu dans sa réalité et nous n’avions presque rien dit qui vaille entre deux ho
196 ge, et nous avons parlé de notre pays, fraternisé dans un éloge immodéré de ses aspects variés et insolites, de l’Appenzell
21 1966, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). André Breton à New York (8-9 octobre 1966)
197 du même coup mon ami, après un dîner tête-à-tête dans un petit restaurant du Village, à New York. (20 juin 1942, selon le j
198 onneries ! Et que l’on expie ! » (Beaucoup de lui dans ces quelques mots.) Il m’arrive de rêver que je m’entends au mieux av
199 es, morales et religieuses. Et nous voici bientôt dans l’euphorie de la contestation en convergence heureuse ! À quelques jo
200 chose dont je pense bien que personne ne parlera dans les centaines d’articles à paraître ces prochains jours. C’est que Br
201 n sa règle à lui, bien entendu, une rigueur folle dans le défi qui rejoignait l’Inquisition… Il me dit ce soir-là qu’il avai
202 it découvert au fond de l’échoppe d’un cordonnier dans le Morvan, les deux portraits se faisant face de la mère Angélique Ar
203 Marat : l’accord du jansénisme et du jacobinisme dans la vénération de l’artisan lui semblait des plus exaltants. Or, il n’
204 t la tête en arrière, et la victime disparaissait dans les ténèbres du dehors, éjectée, déjetée, insultée jusqu’à l’âme. D’a
205 de peintres, n’ont jamais pu vraiment s’approuver dans leur cœur, parce que Breton ne les avait pas admis et célébrés !) J’a
206 ton d’emphase contenue, en marchant à grands pas dans son studio : « L’Européen le plus moderne, c’est vous pape Pie X ! »,
207 Mais tout de même, la litanie du Christ aviateur, dans le même poème…) C’est ainsi qu’il me lut un jour l’Ode à Charles Four
208 une grande réparation vous est due », écrira-t-il dans Arcane 17, deux ans plus tard, et il poursuit : « À travers leurs out
22 1966, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Jacques Chenevière ou la précision des sentiments (22-23 octobre 1966)
209 ard et du souvenir. Je cite ces phrases choisies dans un bref liminaire pour leur cadence, leurs articulations déliées mais
210 plaindre ? (C’eût été bien mal vu des professeurs dans ma jeunesse, ils croyaient dur comme fer à « l’unité », l’unité à tou
211 ut prix, fût-ce au prix de l’ennui — un peu comme dans le Nouveau Roman.) Cette variété de styles, de thèmes et de registres
212 its qui mettent en scène tantôt l’auteur (surtout dans sa jeunesse, et jamais sans humour), tantôt des personnages de l’hist
213 cliste en culotte Saumur et casquette de yachting dans l’armée suisse de 1914. Sans transition, mais non sans art : après un
214 eur chapitre : auprès d’une jeune fille inconnue, dans une maison de campagne à vendre ; à travers un paysage où « l’orage d
215 mai, proche et grondant de foudres mauves, laisse dans l’air un goût de silex » ; seul dans la nuit avec soi-même ; ou devan
216 uves, laisse dans l’air un goût de silex » ; seul dans la nuit avec soi-même ; ou devant l’épreuve profonde, la mort du père
217 tant quelque chose s’est passé puisque en demeure dans le souvenir cette trace toujours vive, cette vision. Je rappellerai d
218 menton haut… L’œil est impérieux, mais impérieux dans le vide, semble-t-il, car il fixe on ne sait quel objet imaginaire bi
219 Chenevière fut codirecteur), Pierre Girard blotti dans un bar ou poussant du pied les feuilles mortes du Molard, Jean-Louis
220 u petit Jacques, âgé de 13 ans, à Sarah Bernhardt dans sa loge, puis leurs rencontres à Genève et à Paris, sont décrites dan
221 urs rencontres à Genève et à Paris, sont décrites dans le registre d’un comique assez vif, mais l’amitié ou l’émotion présid
222 stiens du livre. Mais voici beaucoup mieux encore dans cette veine : un des rares longs chapitres du livre raconte avec une
223 reté miraculeuse le séjour d’un jeune homme amusé dans un château près de Strasbourg où l’accueillent gentiment Mélanie et P
224 es posées sur la prairie auprès de l’Impératrice, dans le tableau célèbre de Winterhalter. Le dialogue de ces deux dettes du
225 ions un peu rivales… »), s’élève jusqu’au sublime dans la frivolité et touche aux ravissements d’une poésie pure. Quels sont
226 t d’images, et si variées ? Allons les rechercher dans les enfances et surtout les adolescences du poète, qui sont triples :
227 Genevois, voilà de quoi se fait un style, unique dans nos lettres romandes. Entre le Paul Morand des descriptions de la Bel
23 1967, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). J. Robert Oppenheimer (25 février 1967)
228 t homme qui avait su mettre en œuvre avec vigueur dans un désert de rochers rouges, brûlé d’implacables soleils, les puissan
229 ables soleils, les puissances les mieux calculées dans leur opération physique et les moins calculables dans leur retentisse
230 leur opération physique et les moins calculables dans leur retentissement humain, marquant ainsi l’histoire du Nouveau Mond
231 atif, je songeais à la race du pharaon, fondateur dans cet autre désert d’El-Amarna, d’une cité du Soleil absolu : il en ava
232 en français : il l’écrivit au réveil et le publia dans la petite revue de poésie d’avant-garde The Hound and the Horn. Infin
24 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Entretien avec Denis de Rougemont (6-7 avril 1968)
233 uart d’inédits. J’ai rencontré Denis de Rougemont dans sa maison de Ferney-Voltaire, qui est comme le signe sensible de la s
234 e la situation que l’écrivain n’a cessé d’occuper dans la culture de notre temps : à proximité, le regard rencontre les cham
235 du langage, de notre univers, des avions passant dans le ciel apportaient comme un écho de la planète. Le principal morceau
236 en chômage . Ce texte reflète un point-charnière dans ma vie et mes préoccupations. C’est à ce moment-là, en effet, qu’avec
237 ional ne servait, en fait, que les nationalismes. Dans le groupement l’Ordre nouveau, nous nous attachions à une doctrine tr
238 thèse, synthèse, nous voulions laisser les choses dans leur état de tension. Quant à Esprit, son premier numéro manifestait
239 ant à votre conception de l’Europe ? Je dirai que dans ces journaux, qui ne sont pas des mémoires et se tiennent à égale dis
240 nstitue pas un barrage. J’ai d’ailleurs toujours, dans ma conception de la liberté, défendu la théorie de la pluralité des a
241 n. La seule chose inadmissible est d’être enfermé dans les frontières d’un État-nation. « L’orgueil national, a écrit Simone
242 ue ou de la France. Maintenir les contraires Dans la préface à votre livre, vous écrivez ceci : « Ou bien l’on intérior
243 à tous les niveaux. Je pense qu’il faut maintenir dans un individu l’exigence spécifique, singulière, d’une vocation et l’ex
244 e de la masse et relie à la communauté. Maintenir dans sa pensée deux réalités antinomiques, valables l’une et l’autre, tell
245 sans les confondre ; ni séparation ni confusion. Dans cette perspective, j’envisage une théorie générale du fédéralisme qui
246 la fédération mondiale. Je tiens aussi beaucoup, dans le même esprit, à la nécessité conjointe de la pensée et de l’action 
247  ; « penser avec les mains » ou, comme je l’écris dans Journal d’un intellectuel en chômage  : « La pensée doit conduire l’
25 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il faut réinventer l’Université (29 juin 1968)
248 Ces écoles n’ont plus en commun que leur location dans une même ville, leurs services administratifs et leur dépendance fina
249 mais reliés : les recherches et la contestation. Dans l’un, on poussera les spécialisations au plus haut degré pour chaque
250 tions au plus haut degré pour chaque discipline ; dans l’autre, on se livrera à une perpétuelle mise en question de chaque d
251 mais sur sa valeur comme praticien, s’il enseigne dans une école, et comme créateur intellectuel, s’il enseigne dans une Uni
252 le, et comme créateur intellectuel, s’il enseigne dans une Université. 15. Les recherches spécialisées en physique, chimie,
253 oyens au niveau national (voire international) et dans un seul lieu, s’impose donc. Au contraire, les recherches interdiscip
254 peuvent s’organiser n’importe où, à la campagne, dans un village ou dans une ville. Cependant les unes ont besoin des autre
255 r n’importe où, à la campagne, dans un village ou dans une ville. Cependant les unes ont besoin des autres : une certaine mo
256 subordonnée à la société, donc privée de liberté dans la critique et de gratuité dans l’imagination, cesserait du même coup
257 privée de liberté dans la critique et de gratuité dans l’imagination, cesserait du même coup d’être une Université, et n’aur
26 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’écrivain et l’événement (7-8 septembre 1968)
258 lointain, la notion d’engagement a fait demi-tour dans l’esprit du public : on croit bonnement qu’un auteur engagé est celui
259 it et au prendre, la responsabilité de l’écrivain dans la cité ? ⁂ Responsable est celui qui peut dire, dans une situation d
260 la cité ? ⁂ Responsable est celui qui peut dire, dans une situation donnée : j’en réponds ! Mais de quoi l’écrivain comme t
261 nt historique qu’un écrivain est engagé — ou non. Dans le fait, dans le concret vécu, il n’y a pas l’écrivain d’un côté et l
262 qu’un écrivain est engagé — ou non. Dans le fait, dans le concret vécu, il n’y a pas l’écrivain d’un côté et l’événement de
263 rs du xixe et du xxe siècle peuvent être rangés dans cette catégorie très vaste, dont la limite inférieure serait symbolis
264 ndrome totalitaire tel qu’il se constituait alors dans l’inconscient des peuples. Entre ces deux extrêmes, des chroniqueurs
265 prophète sent l’époque (bien mieux que le ludion) dans la mesure où il la refuse (bien plus radicalement que le contestateur
266 is l’ai-je assez laissé entendre — il y a de tout dans chaque catégorie, cela va du pire au meilleur, mais le meilleur écriv
267 va du pire au meilleur, mais le meilleur écrivain dans chaque catégorie peut se reconnaître au fait qu’il participe peu ou p
268 du meilleur écrivain, c’est qu’il fasse converger dans son œuvre le sentiment baudelairien de son époque, la révolte contre
27 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Vers l’Europe des régions [Entretien]
269 européennes qui étaient en train de se constituer dans différentes universités. Nous avons pris contact avec des historiens,
270 i cherche à introduire l’angle de vision européen dans la leçon d’histoire, de géographie, de langues. Je souhaiterais que t
271 les obstacles à toute union ! Notre espoir réside dans une politique des régions. Par exemple l’Italie est déjà divisée en d
272 par la culture et quelquefois par l’ethnie comme dans le cas de la Bretagne ou de la Catalogne. Le problème n° 1 de l’Europ
273 nous présentons l’activité de Denis de Rougemont dans ce domaine, et son point de vue recueilli lors d’une interview. Denis
28 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Jean Paulhan (19-20 octobre 1968)
274 ulhan, ce devait être en 1937, 1938, je rejoignis dans l’escalier de la NRF Henry Michaux, qui me dit en s’arrêtant sur le
275 xigence ; en ce temps-là. Elle s’adressait à cela dans la littérature dont il nous paraissait tout à fait évident que Paulha
276 la logique, et son autorité se fondait ailleurs : dans le style de la NRF . Ce n’était pas le sien, bien entendu, il ne réc
277 recteur de revue littéraire qui ait jamais montré dans cet emploi ce qu’il faut appeler du génie. Et le plus libéral qu’on p
278 -il un jour. Je me suis appliqué à relire Cicéron dans l’espoir de le trouver surréaliste, eh bien, non, c’est décidément tr
279 emme les lettres moins intimes. Germaine et Jean, dans ce petit bureau mansardé de la maison Gallimard, faisaient seuls, à e
280 ne sais quelles exceptions près, ce qui a compté dans la littérature en création, c’est ce qui avait mérité son attention.
281 re lettre qu’il m’ait écrite, en 1926. M’ayant lu dans la Revue de Genève , il me demandait « s’il m’intéresserait quelque
282 s, notre dialogue s’est noué, et il se poursuivra dans plusieurs de mes livres, d’une manière que je suis seul à connaître.
29 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Témoignage sur Bernard Barbey (7-8 février 1970)
283 ais du second roman de Bernard Barbey : Il règne dans La Maladère une étrange harmonie entre le climat des sentiments et ce
284 des visions où se condense le sentiment du récit. Dans Le Cœur gros un parc avant l’orage, le rose sombre d’une joue brûlant
285 ge, le rose sombre d’une joue brûlante et fraîche dans le vent. Dans La Maladère un arbre coupé découvrant le manoir perdu,
286 mbre d’une joue brûlante et fraîche dans le vent. Dans La Maladère un arbre coupé découvrant le manoir perdu, des fumées sur
287 deux romans très courts, dont l’écho se prolonge dans ma mémoire. C’est moins la suite de la carrière littéraire de Bernard
288 vec de si constants succès pour ceux qui savent — dans l’armée, la diplomatie, et la vie internationale L’écrivain suisse, p
30 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). La cité européenne (18-19 avril 1970)
289 s qui au contraire englobe, et compose largement, dans une communauté de plus en plus complexe au cours des siècles, des val
290 anente. Dès l’aube de la philosophie occidentale, dans l’une de ces cités d’Ionie où prit naissance la dialectique de notre
291 ensée : l’antinomie de l’un et du divers, l’unité dans la diversité, et la coexistence féconde des contraires. La Grèce inve
292 tralisées : elle poussera l’ordre et la stabilité dans l’uniformité universelle jusqu’à l’irrémédiable et dangereux ennui, j
293 la contradiction au cœur de l’être, et la traduit dans l’énoncé de ses dogmes fondamentaux : la Trinité transporte en Dieu l
294 nt : entre leurs triomphes alternés, elles durent dans l’ombre de l’histoire, dans la tradition, dans les livres, et dans l’
295 lternés, elles durent dans l’ombre de l’histoire, dans la tradition, dans les livres, et dans l’inconscient collectif. Elles
296 nt dans l’ombre de l’histoire, dans la tradition, dans les livres, et dans l’inconscient collectif. Elles agissent toutes, s
297 ’histoire, dans la tradition, dans les livres, et dans l’inconscient collectif. Elles agissent toutes, sans exception, dans
298 collectif. Elles agissent toutes, sans exception, dans la vie des hommes d’aujourd’hui. Un seul exemple : le dogme de la Tri
299 énine avec les conséquences que l’on sait, jusque dans l’existence quotidienne de 700 millions de Chinois qui se croyaient c
300 hènes, de Rome et de Jérusalem, viennent confluer dans le haut Moyen Âge la source germanique et la source celtique, la prem
301 ionniste, ou de blasphème, comme ce serait le cas dans les sociétés primitives, dans les États totalitaires, ou dans l’Inde
302 me ce serait le cas dans les sociétés primitives, dans les États totalitaires, ou dans l’Inde religieuse. Le goût de différe
303 iétés primitives, dans les États totalitaires, ou dans l’Inde religieuse. Le goût de différer, si peu que ce soit, est si ch
304 cet homme étrange qui se manifeste comme Européen dans la mesure précise où il doute qu’il le soit, et prétend au contraire
305 versifiée, je répondrai que la solution se trouve dans les termes mêmes du problème ainsi formulé : car l’unité différenciée
306 renciée se traduit tout naturellement par l’union dans la diversité, et cette forme d’union porte un nom bien connu dans l’h
307 é, et cette forme d’union porte un nom bien connu dans l’histoire des régimes politiques, c’est de toute évidence : fédérali
31 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe et le sens de la vie (25-26 avril 1970)
308 uffisante pour garantir leur concurrence féconde, dans la paix. Je ne vois pas d’autre réponse imaginable au défi que l’Hist
309 ponse imaginable au défi que l’Histoire nous pose dans les termes les plus précis et sans échappatoire possible désormais :
310 à expliquer, c’est que rien n’ait encore été fait dans ce sens, depuis près de vingt-cinq ans qu’on nous déclare, avec Churc
311 ngt-cinq ans qu’on nous déclare, avec Churchill — dans son fameux discours de Zurich — qu’il n’y a pas une minute à perdre !
312 humaine aux seules décisions de bureaux installés dans une seule capitale, et interdire toute allégeance des citoyens à des
313 ’un mythe, il faut choisir. Pour la première fois dans son histoire, l’homme se voit aujourd’hui en situation de choisir lib
314 e narguer ces frontières sur terre, sous terre et dans les airs, et de ne pas perdre une occasion de faire voir à quel point
315 e de tout ce qui touche à l’État-nation : néfaste dans la mesure où il est encore réel, inexistant quand on voudrait compter
316 aquelle ne saurait être positive, me semble-t-il, dans tous les pays à la fois…) ne sont pas le type même de faux problèmes,
317 taine, c’est que les États-nations n’existent pas dans l’histoire de la culture, et que les « cheminements de l’esprit » don
318 traversent leurs frontières sans les apercevoir : dans ce plan, elles n’existent pas. Il n’y a pas de « cultures nationales 
319 n’y a que des divisions tout arbitraires opérées dans l’ensemble vivant de la culture européenne. Et les diversités que nou
320 t qu’il nous faut bannir du vocabulaire politique dans une Europe fédérale, au seuil de l’ère du monde uni. Voilà donc le mo
321 tes. La réponse à la contestation de la jeunesse, dans le monde entier, ne relève pas de l’économie, et encore moins de la p
32 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Une réflexion sur le mode de vie plutôt que sur le niveau de vie (2 juin 1970)
322 questions que vous avez bien voulu me poser : — Dans une Europe fédérée telle que vous la concevez, chaque État peut-il co
323 tion d’« helvéticité » existe-t-elle ? Et si oui, dans le cas particulier qui nous préoccupe, cette « helvéticité » est-elle
324 ttitudes réelles de ceux qui les invoquent. C’est dans cet esprit que je vais esquisser une réponse. Le beurre et l’argent
325 rontières économiques et intégrer nos entreprises dans une économie concertée à l’échelle continentale (comme peuvent le fai
326 étrangers, cet argument se détruit lui-même : car dans une Europe intégrée, il n’y a plus « d’économie suisse », il y a seul
327 oître, cela revient, paradoxalement, à s’enfermer dans un concept d’économie « nationale », par définition non intégrée. On
328 sent peu de traces de leur passage sur notre sol, dans nos cités et dans nos mœurs. Je n’en dirais pas autant d’une industri
329 de leur passage sur notre sol, dans nos cités et dans nos mœurs. Je n’en dirais pas autant d’une industrie dont l’essor déf
330 éaliser, alors je dis : votez pour, votez contre, dans les deux cas vous aurez tort, car l’enjeu véritable est au-delà et ne
331 e, 2 juin 1970, p. 16. aw. L’article prend place dans un numéro spécial annexé à cette édition, sur « Les travailleurs étra
332 r sur notre double question — intégrité de l’État dans l’Europe fédérée et notion d’une “helvéticité” menacée ? — Denis de R
33 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Le testament de Tristan (14-15 novembre 1970)
333 Iseut, c’est la France, et il est près de le dire dans plus d’une page de ses Mémoires, et pas seulement dans ces célèbres p
334 plus d’une page de ses Mémoires, et pas seulement dans ces célèbres premières phrases où il l’a peinte « telles la princesse
335 rs exemplaires ». Il l’a longtemps aimée de loin, dans son exil. Il l’a délivrée de haute lutte en terrassant le monstre, qu
336 n ne peut mieux définir le régime général d’union dans la diversité qu’il admirait dans notre Suisse. Quant à la participati
337 général d’union dans la diversité qu’il admirait dans notre Suisse. Quant à la participation qu’il demandait, c’est le mot
338 e même de l’ère nouvelle, qui est la région. Mais dans la page si belle qui règle ses obsèques, c’est Tristan qui revient da
339 qui règle ses obsèques, c’est Tristan qui revient dans sa pleine stature : écartant les barons et le Pays légal, il ne veut
34 1971, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Pourquoi j’écris (30-31 janvier 1971)
340 clé de la caisse. Nulle part peut-être mieux que dans ses « jeux » n’a régné l’essentiel terrorisme qu’entretenait le surré
341 . Ils ont même inventé la notion de l’engagement, dans les années 1930… Elle était vraie, mais elle n’expliquait rien. Quand
342 la réalité. Nietzsche a dit cela on ne peut mieux dans Aurore : « Toutes les choses qui vivent longtemps sont peu à peu tell
343 urd’hui de reconstituer l’innocence de mes débuts dans l’écriture. Écrire est une démangeaison que l’on calme en grattant d
344 . C’est aussi un effet du besoin d’imiter ce qui, dans un poème ou une pensée, vient d’éveiller en vous une émotion : pour l
345 as que ce besoin à l’état brut ne continue d’agir dans mes écrits, mais il n’est plus seul discernable, tout mêlé qu’il se t
346 iture, qui est ma manière d’enregistrer la poésie dans l’existence. Un paysage me met en quête d’une mélodie, d’un contrepoi
347 ma fin, qui est de me former sur une pensée vécue dans l’écriture. Au terme de mes livres, où figure le mot fin et juste au-
35 1971, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Au défi de l’Europe, la Suisse (31 juillet-1er août 1971)
348 la Suisse à l’étranger, pendules à coucou, trous dans le gruyère, secret des banques, et les arts réduits, paraît-il, à cel
349 Combien de nos compatriotes interrogés au hasard dans la rue seraient capables de le dire ? Alors on court interviewer des
350 édéralisme. Elle n’est rien qu’un régime d’union. Dans leur très grande majorité — 98 % exactement — les six millions de Sui
351 autres. La Suisse est une authentique fédération dans la mesure où elle s’est formée par la libre association de communes r
352 pautés et d’anciens baillages libérés, solidaires dans leur volonté d’autonomie ; et à cette fin, décidant la mise en commun
353 au de l’Europe. La réalité proprement suisse Dans la mesure où j’adhère à cette formule d’union je me considère comme S
354 s’y perdre ? — C’est oublier ce qu’est la Suisse. Dans une Europe unie, loin de se perdre, elle se retrouverait agrandie, pr
355 perdre, elle se retrouverait agrandie, prolongée dans l’espace et le temps, au-delà de ce qu’elle est aujourd’hui, qui est
356 reuses ? Ceux qui ont peur que la Suisse se perde dans une Europe fédéraliste montrent par là qu’ils ne savent pas ce qu’est
357 ura pas vécu en vain, ni sans gloire. S’évanouir dans le succès de notre idée et d’une formule d’union qui est notre raison
358 que nous puissions souhaiter en tant que Suisse ? Dans l’Europe des régions que j’appelle et prépare, dans l’Europe des foye
359 ns l’Europe des régions que j’appelle et prépare, dans l’Europe des foyers rayonnants sans frontières, rien ne nous empêcher
360 ’agit d’une interview de M. Raymond Aron, publiée dans la Gazette de Lausanne des 3-4 juillet. (Réd.) ba. Rougemont Denis
36 1971, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Une dimension nouvelle (11-12 septembre 1971)
361 on — à desservir la bonne réputation de notre ami dans un pays égalitaire. Aujourd’hui je ne reculerai plus, les jeux sont f
362 is non sans malice, et ce qu’il faut d’arbitraire dans les jugements, lucide avec plus de mélancolie que de cynisme, plus de
37 1972, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il faut dénationaliser l’enseignement [Entretien] (8 décembre 1972)
363 tion des Méfaits, soit qu’ils se sentent attaqués dans leur conscience professionnelle, soit qu’ils jugent, eux, que votre t
364 res d’instituteurs qui souffrent d’être paralysés dans le système actuel, et qui me disent : « Merci, vous nous vengez. » Vo
365 cole primaire, jusqu’à l’âge de 12 ans, à Couvet, dans le Val-de-Travers, et le Collège latin à Neuchâtel. Ensuite, par le b
366 ’école un poids déterminant, presque totalitaire, dans la formation des hommes… L’école publique a été jusqu’à présent le mo
367 l’école militarisée au service de l’État-nation. Dans le système actuel, il serait pratiquement impossible de déscolariser
368 tre une des branches principales des programmes — dans ces dimensions-là. Passer de la région à l’Europe et au monde au mome
369 t le même paysage, les mêmes hommes. On y circule dans tous les sens… Cette idée de l’Oural-frontière est si absurde, et si
370 t-à-dire un instrument de trahison. Vous écrivez, dans la Suite des Méfaits : « On ne changera pas l’école sans changer l’Ét
371 iveaux à la fois. Que faire au niveau des États ? Dans toutes les discussions que j’ai avec les officiels, on me répète : « 
372 ent nouvelles… ce qui est pratiquement impossible dans notre culture. Il faudrait, au minimum, une volonté générale de sorti
373 … Aucune place ne lui est faite — et pour cause — dans nos programmes. Moi, j’ai appris à lire hors de l’école, avec ma sœur
374 nt, et en cachette. J’avais 5 ans. Je cite aussi, dans les Méfaits , l’exemple de Benjamin Constant. À 5 ans, il a appris l
375 ous forme de jeu9. Peut-être l’évolution en cours dans la plupart des écoles européennes donnera-t-elle lieu à la révolution
376 ravail collectif, pour développer le sens social. Dans le premier cas, comme vous le dites, l’élève pourra « trotter à son p
377 eut à travers les programmes, bride sur le cou ». Dans le second, il faudra bien que l’élève le plus rapide attende que le p
378 une école comme celle des amish, dont vous parlez dans les Méfaits 10, et dont vous dites qu’elle ressemble à ce que demande
379 e. Il s’agit de mettre en relation des éléments — dans le cas européen, des régions — qui aient chacun leur autonomie, leurs
380 stème est cohérent. Vous en trouverez les racines dans la théologie, dans l’image du Christ — Jésus à la fois Dieu et homme.
381 Vous en trouverez les racines dans la théologie, dans l’image du Christ — Jésus à la fois Dieu et homme. La plupart des dév
382 la fois Dieu et homme. La plupart des déviations, dans la doctrine chrétienne, viennent de ce qu’on a tendu soit à confondre
383 ue l’existence simultanée du divin et de l’humain dans le même être est difficile, voire impossible à concevoir. Mais cela n
384 000, comme le dit le titre de mon dernier article dans Civisme européen 11. Mais il est clair que, seule, la bonne volonté d
385 x bouts à la fois, alors peut-être… Le principal, dans tout ce que je vous ai dit, c’est ceci, je le répète : il faut appren
386 , effectivement, la tension peut devenir conflit, dans ce sens-là, par manque d’harmonie ou d’équilibre. Et c’est parfois in
387 ondition même de la vie. 9. Benjamin Constant, dans le Cahier Rouge, raconte que son premier précepteur, un Allemand, ava
388 s grecques. Puis nous commençâmes un dictionnaire dans lequel chaque mot français était traduit d’un mot grec. Tout cela se
389 n mot grec. Tout cela se gravait merveilleusement dans ma tête, parce que je m’en croyais l’inventeur… » 10. « … une classe
390 et l’auto. » 11. « Le sort de l’an 2000 se joue dans nos écoles », Civisme européen, Genève, mars 1972, publié par le Cent
391 é Denis de Rougemont, en 1929, à l’âge de 22 ans. Dans ce pamphlet d’une soixantaine de pages, l’auteur se livrait à un érei
392 t de conditionner les esprits des futurs citoyens dans le sens voulu par l’État, en inculquant le conformisme et en détruisa
393 l’école n’a pas changé.” Et l’auteur de retrouver dans une série d’écrits tout récents l’essentiel de ses critiques quadragé
38 1972, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Merveilleux Lavaux (23-24-25 décembre 1972)
394 centre du monde se situe réellement quelque part dans les airs au-dessus du Léman, à mi-hauteur du grand vignoble de Lavaux
395 n’êtes jamais vraiment venu, n’avez jamais existé dans ce lieu. Tout ce qui touche à un centre et tout ce qui respire dans l
396 ce qui touche à un centre et tout ce qui respire dans la grâce de son rayonnement revêt une importance rapidement fabuleuse
397  ? Les maxima contradictoires, toujours à l’œuvre dans toute chose humaine, sont ici comme ailleurs la qualité de la vie et
398 ent ceux qui pensent court et bas et nous jettent dans la pollution au nom de la rentabilité, mais ceux qui font passer avan
39 1984, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Philosophie et énergie nucléaire : une mise au point (28 juin 1984)
399 nucléaire : une mise au point (28 juin 1984)bg Dans votre numéro du 13 juin, M. Ph. Barraud rend compte, très largement,
400 » — « préparent l’avènement du dirigisme marxiste dans notre pays » et préconisent en réalité « une société policière … cent
401  » avec « intervention de la Confédération jusque dans nos cuisines et salles de bains. » Je n’ai pas à entrer en discussion
402 emière citation, pronucléaire, doit être replacée dans son contexte historique : elle remonte en effet à 1958 — et non pas 1
403 anisme »12, une conférence dont voici le début : Dans cette même salle, à cette même place, au mois de juin 1958, il y a do
404 me à 180°, comme on a cru pouvoir me le reprocher dans la presse de cette ville. Et c’est cela, précisément, qui m’autorise
405 en France ! J’en donne ici la preuve irréfutable. Dans la revue économique Investir, en mars 1975, M. Jean-Claude Leny, dire
406 peu nombreuses, donc de grande taille, implantées dans des sites ad hoc et exploitées de façon quasi militaire 14. M. Desme
407 océdés soit une bonne cause ? 12. Texte complet dans le volume FACT 79, Lausanne 1980, Éditions Georgi, p. 17 et 18. 13.