1 1940, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Erreurs sur l’Allemagne (1er mai 1940)
1 1940)a Les journaux, les revues et les livres nous apportent chaque jour des jugements plus massifs sur l’hitlérisme et
2 , Edmond Vermeil, G. de Reynold, d’autres encore, nous affirment que l’hitlérisme sort de Luther. Certains d’entre eux nuanc
3 ale et prolongée des bourgeois de divers pays. Si nous prétendons défendre le christianisme, agissons d’abord en chrétiens,
4 par dénoncer non les erreurs d’autrui, mais bien les nôtres . Surtout s’il se trouve qu’en fait, ce sont exactement les mêmes erre
5 e chères croyances… Mais quoi, la guerre présente nous rappelle au sérieux. Et ce n’est pas ma faute, ni celle des protestan
2 1940, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). « À cette heure où Paris… » (17 juin 1940)
6 t se tait, que son deuil soit le deuil du monde ! Nous sentons bien que nous sommes tous atteints. Quelqu’un disait : si Par
7 il soit le deuil du monde ! Nous sentons bien que nous sommes tous atteints. Quelqu’un disait : si Paris est détruit, j’en p
8 divisionen. Quelque chose d’indéfinissable et que nous appelions Paris. C’est ici l’impuissance tragique de ce conquérant vi
3 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). New York alpestre (14 février 1941)
9 New-Yorkais ne se lassent pas de désigner, comme nous énumérons nos Alpes quand nous en contemplons la chaîne, et qui leur
10 se lassent pas de désigner, comme nous énumérons nos Alpes quand nous en contemplons la chaîne, et qui leur servent de rep
11 de désigner, comme nous énumérons nos Alpes quand nous en contemplons la chaîne, et qui leur servent de repères pour se diri
4 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). La route américaine (18 février 1941)
12 de la route américaine de la vie. Ce qui est pour nous concept, forme arrêtée, devient chez eux chemin, mouvement indéfini.
13 d des pneus qui mordent le béton. En cinq heures, nous aurons couvert les 400 kilomètres qui séparent le centre de New York
5 1946, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Monsieur Denis de Rougemont, de passage en Europe, nous dit… [Entretien] (4 mai 1946)
14 onsieur Denis de Rougemont, de passage en Europe, nous dit… [Entretien] (4 mai 1946)f g Monsieur, quel bon vent vous amèn
15 ricains peuvent consulter, pour se renseigner sur notre pays, et il s’en vend encore régulièrement. J’ai été professeur — et
16 un gouvernement mondial est devenu possible, mais doit émaner des peuples et non des États. Vos derniers ouvrages ont-ils ét
17 énormément ; c’est une autre civilisation que la nôtre , mais qui a ses valeurs à elle. Peut-on employer ce mot de civilisati
18 ur les histoires d’un pittoresque extravagant qui nous viennent de là-bas ? Puérils, ils le sont à nos yeux sur certains poi
19 nous viennent de là-bas ? Puérils, ils le sont à nos yeux sur certains points, et nous le sommes à leurs yeux sur certains
20 s, ils le sont à nos yeux sur certains points, et nous le sommes à leurs yeux sur certains autres (par exemple, la manie de
21 eux sur certains autres (par exemple, la manie de nous battre). À côté d’eux, nous sommes un peu « névrosés ». Ils sont évid
22 exemple, la manie de nous battre). À côté d’eux, nous sommes un peu « névrosés ». Ils sont évidemment très simplistes dans
23 , les Américains n’ont en somme pas grand-chose à nous apprendre, et c’est là une de leurs grandes ressemblances (il y en a
24 onnus en Europe qu’en Amérique. Ce qui est tout à notre honneur ! L’Europe reste le continent de la création. L’Amérique ne c
25 par un commentaire conclusif de l’interviewer : «  Nous devons arrêter là cette interview ; nous ne doutons pas que les consi
26 n commentaire conclusif de l’interviewer : « Nous devons arrêter là cette interview ; nous ne doutons pas que les considératio
27 ewer : « Nous devons arrêter là cette interview ; nous ne doutons pas que les considérations de l’écrivain neuchâtelois — qu
28 s considérations de l’écrivain neuchâtelois — que nous espérons n’avoir point trahies en les résumant — intéresseront viveme
29 trahies en les résumant — intéresseront vivement nos lecteurs. » f. Rougemont Denis de, « [Entretien] Monsieur Denis de
30 onsieur Denis de Rougemont, de passage en Europe, nous dit… », Gazette de Lausanne, Lausanne, 4 mai 1946, p. 3. g. Ces prop
31 où il la retrouvera cet automne. Il a bien voulu nous accorder la primeur d’une interview, ce dont nous le remercions ici t
32 nous accorder la primeur d’une interview, ce dont nous le remercions ici très vivement. »
6 1947, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Consolation à Me Duperrier sur un procès perdu (5 décembre 1947)
33 me dénoncer, tout ce discours retombe à plat, et notre avocat perd la face. 2. Mais où est l’homme sain d’esprit qui peut ad
34 admettre que j’aie vraiment agi comme Oltramare ? Nous avons tous les deux écrit pour la radio, hors de Suisse, sur la polit
35 procès. La seule question sérieuse qui se posait, notre avocat s’est bien gardé de la formuler, c’est celle du contenu des ém
36 ésite pas : il dit que j’ai fait comme Oltramare, notre infaillible führer suisse. On lui répond que ça ne prend pas, que j’a
37 atie du monde. Jugez donc ! et dites avec moi que nous l’avons échappé belle ! Et que le désordre tolérable et tolérant où n
38 lle ! Et que le désordre tolérable et tolérant où nous voici tout de même encore vivants et libres, vaut mieux que leur « or
39 vants et libres, vaut mieux que leur « ordre » où nous serions des morts, ou je ne sais quels esclaves honteux de vivre. h
7 1949, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Les écrivains romands et Paris (10 septembre 1949)
40 is (10 septembre 1949)j k Questions 1 et 2. —  Nous avons tout ce qu’il faut, en Suisse romande, pour nourrir une littéra
41 en Suisse romande, pour nourrir une littérature. Nous avons peut-être un peu plus que bien d’autres provinces françaises :
42 é religieuse, proximité du monde germanique. Mais nous n’avons rien de ce qu’il faut pour assurer le succès d’une œuvre : pu
43 ement autour des « grands », et ils sont à Paris. Nous faisons partie de la littérature française. Or, il se trouve que la F
44 ans sa vie littéraire aussi. Pourquoi s’insurger, nous seuls, contre ce fait ? Imagine-t-on Chateaubriand se demandant s’il
45 et de sa province natale. Même et surtout si l’on doit tirer de ce milieu, de cette province, le meilleur de son inspiration
46 ci est précédée du chapeau suivant : « Récemment, notre correspondant de Paris, Jean-Pierre Moulin, a posé dans nos colonnes
47 pondant de Paris, Jean-Pierre Moulin, a posé dans nos colonnes les trois questions suivantes : 1. Un écrivain (nous entendo
48 s les trois questions suivantes : 1. Un écrivain ( nous entendons par là aussi bien un romancier qu’un dramaturge) a-t-il à s
49 uisse très cosmopolite reconnaît, à son tour, que notre pays manque de ce qui est indispensable au succès d’une œuvre littéra
8 1949, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe est encore un espoir (8 décembre 1949)
50 re lettre est la meilleure preuve de l’urgence de notre congrès. Elle dit tout haut ce que pensent des millions. Et elle le d
51 llusion. Elle dit deux mots : trop tard. D’autres nous disent : trop tôt… Entre ceux qui parlent comme vous, et ceux qui nou
52 t… Entre ceux qui parlent comme vous, et ceux qui nous reprochent une hâte « imprudente », la différence n’est pas de jugeme
53 presque raison. Mais dans ce presque il y a tout notre espoir, bien plus, il y a le ressort de notre action. Je voudrais vou
54 out notre espoir, bien plus, il y a le ressort de notre action. Je voudrais vous montrer que ce presque est une réalité, et q
55 nge tout. Mon argument sera simple, le voici : Si notre Europe n’existait plus, si c’était vrai, vous ne pourriez plus même l
56 réalité, les jeux sont faits. Le droit de parler nous est encore laissé, mais c’est qu’il n’a plus d’importance. La possibi
57 u’il n’a plus d’importance. La possibilité d’agir nous est ôtée. » Venez donc à Lausanne, et nous en discuterons. (L’Europe
58 d’agir nous est ôtée. » Venez donc à Lausanne, et nous en discuterons. (L’Europe existe encore, là où le dialogue existe.) V
59 pe ruinée entre deux colosses agressifs. Secouons- nous , détournons les yeux de cet abîme d’angoisse, et calculons. Le tablea
60 nge en un clin d’œil. À l’ouest du rideau de fer, nous sommes 300 millions : c’est deux fois plus que l’Amérique, autant que
61 ne. Une Europe entre deux colosses ? Mais gardons- nous des fausses symétries. La symétrie est une loi de la paresse, autant
62 Europe. Ce n’est pas la même union que les Russes nous imposeraient ! L’Amérique veut l’Europe unie, parce qu’elle a besoin
63 que veut l’Europe unie, parce qu’elle a besoin de nous en tant qu’Européens, autonomes, et même concurrents, non pas en tant
64 pas en tant qu’esclaves coûteux à entretenir. Et nous avons besoin de l’Amérique, en retour ; nous n’avons pas besoin des R
65 . Et nous avons besoin de l’Amérique, en retour ; nous n’avons pas besoin des Russes. Les Américains seront forcés de nous f
66 esoin des Russes. Les Américains seront forcés de nous forcer à l’union ou de nous abandonner, si nous n’arrivons pas, d’ici
67 ains seront forcés de nous forcer à l’union ou de nous abandonner, si nous n’arrivons pas, d’ici deux ans, à nous fédérer li
68 e nous forcer à l’union ou de nous abandonner, si nous n’arrivons pas, d’ici deux ans, à nous fédérer librement. Il ne dépen
69 donner, si nous n’arrivons pas, d’ici deux ans, à nous fédérer librement. Il ne dépend que de nous d’y réussir. Les jeux ne
70 ns, à nous fédérer librement. Il ne dépend que de nous d’y réussir. Les jeux ne sont donc pas faits. Il nous reste deux ans.
71 d’y réussir. Les jeux ne sont donc pas faits. Il nous reste deux ans. Nous perdrons ces deux ans si l’Europe dès maintenant
72 x ne sont donc pas faits. Il nous reste deux ans. Nous perdrons ces deux ans si l’Europe dès maintenant se croit perdue, si
73 phes qui prendront enfin la parole. (Ils auraient la prendre les premiers.) Et M. Spaak, seul homme d’État invité à la
74 s que moi. Et vous dites : « Ou bien un enfant… » Nous voici dans le temps de l’Avent, dans les nuits les plus longues de l’
9 1953, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). « Ce qu’ils pensent de Noël… » [Réponse] (24 décembre 1953)
75 me, et de l’antiaméricanisme de l’Europe pour que nous comprenions que les hommes ont fort peu de bonne volonté ? La plupart
10 1954, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Rejet de la CED : l’avis de Denis de Rougemont (20 septembre 1954)
76 te suivra — l’armée, l’économie — quand chacun de nos peuples aura compris qu’il s’agit de se sauver tous ensemble ou de pé
11 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Fédéralisme et culture (3-4 mars 1962)
77 uvegarde organisée, et si possible officielle, de nos particularismes les plus désuets. Il voudrait que chacune de nos cité
78 smes les plus désuets. Il voudrait que chacune de nos cités se suffise à elle-même dans tous les domaines : université, rad
79 érer des solutions médiocres, mais « bien de chez nous  », aux avantages que pourrait procurer une coopération sans réserve a
80 e et dispersé, voire anarchique. Il est clair que nos villes sont trop petites pour se payer chacune un laboratoire de rech
81 s ou en Bourgogne, étaient alors plus petites que nos villes romandes actuelles. Elles sont tout de même devenues des foyer
82 aspillage des forces et des sommes. Je crains que nous soyons encore, en Suisse romande, aux antipodes de ce climat d’excita
83 climat d’excitation intellectuelle et artistique. Nos habitudes utilitaires, notre notion du sérieux confondu avec le renta
84 ctuelle et artistique. Nos habitudes utilitaires, notre notion du sérieux confondu avec le rentable, nos réflexes jalousement
85 otre notion du sérieux confondu avec le rentable, nos réflexes jalousement égalitaires, décourageant toutes les initiatives
86 c’est aussi tout cela qui menace dans ses sources notre vitalité fédéraliste. On parle beaucoup, ces jours-ci du danger que l
87 u danger que le Marché commun représenterait pour notre Suisse fédéraliste. Mais ce n’est pas le fait de supprimer nos douane
88 déraliste. Mais ce n’est pas le fait de supprimer nos douanes qui mettrait en danger nos « raisons d’être » ! C’est bien pl
89 t de supprimer nos douanes qui mettrait en danger nos « raisons d’être » ! C’est bien plutôt le fait de ne plus s’intéresse
90 t le fait de ne plus s’intéresser qu’au niveau de notre vie matérielle, de traiter la culture en mendiante, de refuser de la
91 ciper à une prospérité économique sans précédent. Nos raisons d’être et de rester Suisses ne sont pas des raisons économiqu
92 « Grâce à l’obligeance de M. Denis de Rougemont, nous publions un extrait de l’important exposé qu’il présentera aujourd’hu
12 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe est d’abord une culture (30 juin 1962)
93 2)t À suivre les débats qui se multiplient sur nos relations futures avec le Marché commun, on croirait que l’union de l
94 entité culturelle ; 3. Il en résulte que l’on ne doit et que l’on ne peut « faire l’Europe » qu’en conformité avec le génie
95 ersité. On va voir que cette thèse « culturelle » nous porte en pleine actualité, et qu’elle entraîne une politique bien déf
96 ntiellement une réalité économique, on oublie que notre économie n’est pas tombée du ciel ni sortie du sol, et qu’elle ne tir
97 qu’elle ne tire pas son origine et sa vitalité de notre nature, mais bien de nos cerveaux, donc de notre culture. L’économie
98 gine et sa vitalité de notre nature, mais bien de nos cerveaux, donc de notre culture. L’économie moderne est dominée par l
99 notre nature, mais bien de nos cerveaux, donc de notre culture. L’économie moderne est dominée par la technique, laquelle es
100 par la technique, laquelle est née du mariage de nos sciences spéculatives et de notre volonté de transformer la nature, l
101 née du mariage de nos sciences spéculatives et de notre volonté de transformer la nature, lesquelles sont nées de nos philoso
102 de transformer la nature, lesquelles sont nées de nos philosophies et de notre religion dominante, lesquelles nous sont ven
103 e, lesquelles sont nées de nos philosophies et de notre religion dominante, lesquelles nous sont venues d’Athènes et de Jérus
104 ophies et de notre religion dominante, lesquelles nous sont venues d’Athènes et de Jérusalem à travers Rome et son empire, e
105 es, proviennent à la fois l’unité fondamentale de nos peuples et les extraordinaires diversités qu’ils juxtaposent sur un t
106 étant ainsi replacé et situé dans le contexte de notre évolution, la question qui se pose est de savoir s’il faut et s’il su
107 traire ses meilleures énergies ; qu’elle respecte nos diversités traditionnelles, dans toute la mesure où elles sont encore
108 ntons brièvement ces conditions de succès : elles nous ramènent aux problèmes culturels. L’Europe du plan économique a besoi
109 pressions, et finalement détendre les ressorts de notre génie créateur. L’union économique implique, par conséquent, une poli
110 ns ont fait preuve depuis des siècles, résulte de nos diversités locales, régionales, idéologiques. Tout système centralisé
111 déprimer les autonomies locales et d’uniformiser nos coutumes régionales serait antieuropéen. Notre culture puise son pouv
112 iser nos coutumes régionales serait antieuropéen. Notre culture puise son pouvoir de rayonnement universel dans la pluralité
113 dans les tensions qui en naissent. D’autant plus nous sommes d’un canton, d’un pays, d’un climat religieux ou idéologique,
114 un climat religieux ou idéologique, d’autant plus nous pouvons devenir de bons Européens. « D’autant plus nous connaissons l
115 ouvons devenir de bons Européens. « D’autant plus nous connaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons
116 nnaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons Dieu », disait Spinoza. C’est là le vrai sens, et le seul
117 de entier les procédés de la technologie. Elle se doit d’en transmettre aussi les modes d’emploi. Toutes les cultures tradit
118 Toutes les cultures traditionnelles, y compris la nôtre , se voient en effet menacées par la technique. L’Europe ayant cent an
119 ort d’adaptation à la révolution industrielle, se doit donc de faire part aux pays neufs de ses expériences durement acquise
120 uvres, s’en trouve désormais définie. L’Europe se doit et doit au monde de présenter l’exemple convaincant d’un dépassement
121 ’en trouve désormais définie. L’Europe se doit et doit au monde de présenter l’exemple convaincant d’un dépassement du natio
122 le et uniformisante détruirait les bases mêmes de notre dynamisme. Une simple alliance d’États souverains ne répondrait nulle
123 gardant les autonomies et diversités qui ont fait notre culture et sa vitalité. ⁂ Le problème européen étant ainsi posé ou re
124 ant ainsi posé ou reposé à partir des réalités de notre culture une et diverse, les conclusions suivantes me paraissent en dé
125 s me paraissent en découler : 1. Le Marché commun doit englober toutes les nations qui participent à l’unité de culture nomm
126 tique, appuyée sur une organisation fédérative de nos pays, aura pour mission essentielle d’orienter leur action commune à
127 de, l’Extrême-Orient). 4. Cette action commune ne devra pas se limiter au plan économique et commercial, mais s’étendre aux p
128 emblent avoir plus de poids que les scrupules qui nous retiennent encore. Quand elle se borne à invoquer sa neutralité perpé
129 e, qui va plaider sa cause ? Une union faite sans nous ne sera pas faite pour nous, c’est l’évidence. Mais nous aurons perdu
130 Une union faite sans nous ne sera pas faite pour nous , c’est l’évidence. Mais nous aurons perdu le droit de nous en plaindr
131 sera pas faite pour nous, c’est l’évidence. Mais nous aurons perdu le droit de nous en plaindre. t. Rougemont Denis de,
132 st l’évidence. Mais nous aurons perdu le droit de nous en plaindre. t. Rougemont Denis de, « L’Europe est d’abord une cu
13 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Universités américaines (12-13 janvier 1963)
133 pas revu depuis un soir de 1941, à New York, chez notre ami commun Reinhold Niebuhr. Cet Allemand qui a fui les nazis est dev
134 t des religions de l’Orient, et de la gnose (dont nous allons beaucoup parler), cependant que Maritain domine la pensée cath
135 l’on est ami du patron et de la fille superbe qui nous sert le café après quelques échanges de phrases banales. Vivre ici se
136 le Vermont, sur la mer, dans des lieux déserts où nous allons passer le week-end, du vendredi après-midi au lundi matin. J’a
137 est le site d’un célèbre collège de jeunes gens. Nous y entrons par une avenue bordée d’arbres immenses aux petites feuille
138 us de grands arbres aux branches horizontales. On nous conduit par des sentiers dallés vers une maison de brique dominant le
139 fond noir, signée Georges Mathieu. Tout en haut, notre appartement pour quelques jours. Une musique bien rythmée remplit l’é
140 e peintres et de musiciens, se voient offrir chez nous ces possibilités — à tous égards enrichissantes — de contact avec la
141 mon ami Sidney Hook a répondu : « Cette attitude nous conduirait à être à la fois rouges et morts. » Ils ont parlé surtout
142 que, qui est une invention de l’Europe. Croyons à nos valeurs et prouvons-le, c’est ce que le monde attend de nous, pour no
143 s et prouvons-le, c’est ce que le monde attend de nous , pour nous rejoindre en fin de compte, Russes compris. J’ai terminé,
144 ns-le, c’est ce que le monde attend de nous, pour nous rejoindre en fin de compte, Russes compris. J’ai terminé, les questio
145 opie quelques exemples : « Le plus grand homme de notre temps était Gandhi. Pourquoi ne pas défendre nos valeurs en étant prê
146 otre temps était Gandhi. Pourquoi ne pas défendre nos valeurs en étant prêts à mourir, mais non pas à tuer, en leur nom ? »
147 à mourir, mais non pas à tuer, en leur nom ? » «  Nous devons incarner nos valeurs. Mais comment peut-on faire cela, compte
148 urir, mais non pas à tuer, en leur nom ? » « Nous devons incarner nos valeurs. Mais comment peut-on faire cela, compte tenu de
149 as à tuer, en leur nom ? » « Nous devons incarner nos valeurs. Mais comment peut-on faire cela, compte tenu des tensions po
150 eux et ils établissent le communisme mondial ; b) nous sommes vainqueurs et nos chères valeurs occidentales sont détruites d
151 communisme mondial ; b) nous sommes vainqueurs et nos chères valeurs occidentales sont détruites de toute façon. » « Admett
152 s, me dit ce dernier, c’est le langage commun que nous avons trouvé, entre nos différentes spécialités. Les historiens recou
153 st le langage commun que nous avons trouvé, entre nos différentes spécialités. Les historiens recourent aux maths pour éval
154 otidien sur les matrices algébriques. Bref, c’est notre latin moderne. » Je me demande où l’on trouve en Europe rien qui ress
155 urs esprits d’avant-garde. D’un instrument pareil nous ferions sans nul doute un usage assez différent, plus philosophique a
156 large. Mais encore faudrait-il le créer. Où sont nos fondations, à quoi pensent les mécènes ? 2. VIP : Very important p
157 ge dont il a bien voulu détacher quelques pages à notre intention. L’Amérique, c’est le vent, la mer, c’est aussi la jeunesse
14 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’éloge, l’élan, l’amour, le monde ouvert à ceux qui s’ouvrent, cela existe… (2-3 février 1963)
158 asi obsessionnel » bloque beaucoup d’esprits dans nos cantons romands. Un seul en a tiré une œuvre forte, c’est Ramuz. Mais
159 x vignes, et pimenté d’exotisme valaisan. « Entre nous , nous sommes racistes », me disait-il un jour — provocateur ! Il aura
160 es, et pimenté d’exotisme valaisan. « Entre nous, nous sommes racistes », me disait-il un jour — provocateur ! Il aurait san
161 cela n’empêche nullement Cendrars ou Cingria. On nous parle de révolte, de crise et d’analyse, d’inhibitions, de pièges, de
15 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Les mythes sommeillent… ils vont se réveiller [Entretien] (9-10 février 1963)
162 a raison. Aujourd’hui, les mythes s’évanouissent. Nous devenons très « raisonnables ». Les arts mêmes ne veulent plus exprim
163 ement intellectuelle de nouveaux langages… Ce qui nous donne une impression de sécheresse, d’épuisement. Ne croyez-vous pas
164 les ne font, pour l’essentiel, que prendre ce que nous leur donnons. Mais si nos mythes sont morts… Ils sommeillent. Ils att
165 el, que prendre ce que nous leur donnons. Mais si nos mythes sont morts… Ils sommeillent. Ils attendent que nous soyons tou
166 es sont morts… Ils sommeillent. Ils attendent que nous soyons tout à fait sortis de cette période d’anarchie, que nous metti
167 ut à fait sortis de cette période d’anarchie, que nous mettions en place de nouvelles conventions, de nouvelles contraintes.
168 s conventions, de nouvelles contraintes. Et alors nous aurons de nouveau l’envie de nous libérer de quelque chose. Mais la s
169 intes. Et alors nous aurons de nouveau l’envie de nous libérer de quelque chose. Mais la société européenne n’a jamais été m
170 lement dépendant, conditionné par les autres, que nous parvenons à un choix : régler, réglementer minutieusement chaque déta
171 gler, réglementer minutieusement chaque détail de notre vie, de nos comportements ; ou bien déclencher des catastrophes. Tout
172 ter minutieusement chaque détail de notre vie, de nos comportements ; ou bien déclencher des catastrophes. Tout de même, ra
173 e qui fera un homme tous les dix mètres. En 2400, nous aurons un mètre carré chacun. Dans moins de 440 ans ! Bien sûr, la st
174 mment ne pas voir le problème ? Aujourd’hui déjà, notre vie est balisée de feux verts, de feux rouges et de feux clignotants.
175 eux verts, de feux rouges et de feux clignotants. Nous les respectons, parce qu’en les violant nous nous condamnerions à de
176 nts. Nous les respectons, parce qu’en les violant nous nous condamnerions à de terribles accidents. Moralité : l’homme tourn
177 Nous les respectons, parce qu’en les violant nous nous condamnerions à de terribles accidents. Moralité : l’homme tourne à l
178 couches immémorialement superposées, entrelacées, notre moi s’est fait. Notre animisme est assez bien formé, assez puissant,
179 t superposées, entrelacées, notre moi s’est fait. Notre animisme est assez bien formé, assez puissant, assez rusé pour trouve
180 e l’étude systématique du xie et du xiie siècle nous donnerait des éléments d’appréciation pour le xxie  ? On peut tracer
181 s ? C’est tout à fait possible. Ici s’est terminé notre entretien, ici commence la conférence de Denis de Rougemont. « Les mo
182 non pas à comprendre leur vie. Car tous, tant que nous sommes, sans le savoir, menons nos vies de civilisés dans une confusi
183 ous, tant que nous sommes, sans le savoir, menons nos vies de civilisés dans une confusion proprement insensée de religions
184 e superposent ou se combinent à l’arrière-plan de nos conduites élémentaires ; de complexes ignorés, mais d’autant plus act
185 illons pas sans reconnaissance l’homme capable de nous dire savamment, certes, mais avec une fougue et une simplicité devenu
186 té devenues rares, de quelle manière, à son avis, nous devons nous comprendre. y. Rougemont Denis de, « [Entretien] Les m
187 venues rares, de quelle manière, à son avis, nous devons nous comprendre. y. Rougemont Denis de, « [Entretien] Les mythes s
188 rares, de quelle manière, à son avis, nous devons nous comprendre. y. Rougemont Denis de, « [Entretien] Les mythes sommei
16 1964, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il nous faut des hommes de synthèses (19-20 septembre 1964)
189 Il nous faut des hommes de synthèses (19-20 septembre 1964)aa Le mythe de
190 ctuels, et aussi des plus angoissants de ceux que nous a légués l’Antiquité proche-orientale, si étroitement mêlée aux origi
191 venus à l’œuvre parlant une seule et même langue, dussent la quitter parlant des langues diverses, et incapables de plus jamais
192 i m’évoque d’abord la description de l’Europe que nous donnait Paul Valéry dans sa célèbre Lettre sur la société des esprits
193 titution dont le nom même semble indiquer qu’elle devrait résumer le monde de l’esprit, l’ensemble de nos activités intellectue
194 vrait résumer le monde de l’esprit, l’ensemble de nos activités intellectuelles, et donc artificielles — elle fait songer à
195 oubli des buts finaux de l’existence dans lequel nous voyons s’enfoncer, inexorablement, le spécialiste. Essayons de poser
196 oblème dans son ensemble, à l’échelle planétaire. Nous assistons, me semble-t-il, au xxe siècle, à deux mouvements de sens
197 mêle, pour le meilleur et pour le pire. Arrêtons- nous quelques instants pour nous demander quelles sont les causes, le mote
198 our le pire. Arrêtons-nous quelques instants pour nous demander quelles sont les causes, le moteur et l’agent de ce mouvemen
199 ugnante, à l’Asie brahmanique ou chinoise, et qui devait aboutir à la condamnation puis à la suppression — mais après combien
200 isible et plus facile à observer, hélas, que dans nos universités. Tout le monde sait ici de quoi je veux parler : nous ass
201 . Tout le monde sait ici de quoi je veux parler : nous assistons en fait à une double explosion au sein des institutions d’e
202 xies dans le cosmos en expansion vertigineuse que nous décrivent les astronomes contemporains. D’où résultent les deux consé
203 is aussi des hommes d’outre-mer qui viennent chez nous en pèlerinage aux sources vives de la nouvelle culture mondiale. Mais
204 autaire, et le sens synthétique ou universalisée. Nos universités ne sont plus guère, en fait, que des agglomérats ou juxta
205 ’un peu plus près. Sur l’explosion des effectifs, nous disposons d’une grande richesse de statistiques. Un seul exemple peut
206 Robert Oppenheimer et d’autres savants américains nous affirment que 85 % des scientifiques ayant vécu depuis l’aube de l’hi
207 s Armand me disait un jour : si vous et moi, dans nos années d’études, il y a 30 à 35 ans, avions appris toute la chimie et
208 ppris toute la chimie et n’en avions rien oublié, nous ne saurions qu’un dixième de ce qu’elle est aujourd’hui. Ces données
209 t gardé ses pouvoirs régulateurs de l’ensemble de nos croyances : un théologien d’aujourd’hui, lisant l’œuvre d’un physicie
210 lusions du physicien et la dogmatique de l’Église doit être estimé négatif, positif ou indifférent. J’ajoute que le physicie
211 te de me faire ici l’interprète. Faudrait-il donc nous résigner à que l’accroissement même du savoir traîne pour conséquence
212 ateur non prévenu, jugeant seulement sur ce qu’il nous voit faire, il semblerait que la très grande majorité des Européens t
213 ils l’avaient entreprise. Mais l’Université, dans nos pays, paraît plus florissante que jamais : loin d’être abandonnée, el
214 L’incommunicabilité des savoirs est ressentie par notre esprit comme une frustration, comme une blessure intime, et comme une
215 tait de le déduire d’une observation attentive de nos universités, l’on ne trouve qu’une sorte de monstre, assemblage de pi
216 c’est pourquoi sans doute on la pose si rarement. Notre enseignement vise-t-il à former des personnes réelles et complètes, o
217 là qu’ils se posent à eux-mêmes ces questions, et nous les posent avec une insistance gênante — car nous voici de moins en m
218 nous les posent avec une insistance gênante — car nous voici de moins en moins armés pour y répondre. Le problème qu’on soul
219 ici, et qui est celui du principe de cohérence de notre civilisation, me paraît absolument spécifique de l’Europe. Seule en e
220 licité des disciplines spécialisées provient chez nous de la sécularisation de la philosophie et de la recherche qui s’est m
221 s hommes nourris de cultures différentes viennent nous poser leurs grandes questions naïves et pénétrantes : pourquoi l’Euro
222 que vos passions et vos désirs ? Bien peu d’entre nous sont capables de donner une réponse satisfaisante. Le spécialiste se
223 a doctrine physique du Temps, aux discussions qui durent déjà depuis un siècle sur le principe de Carnot et Clausius sur la dé
224 elations entre savoirs spécialisés et synthèse de nos connaissances n’est guère qu’un cas particulier. Le paradoxe européen
225 as seulement celui de l’Université, mais celui de notre politique d’intégration européenne, dans sa forme fédéraliste, non un
226 e. Comment résoudre ce problème dans le cadre qui nous intéresse ici, celui de l’Université ? Trois solutions me paraissent
227 . La vie est trop courte, même prolongée comme on nous le promet jusqu’à une moyenne de 90 ans, pour que l’espoir de maîtris
228 chance de succès et l’éducation permanente qu’on nous propose, qui s’étendrait du berceau à la tombe, ne laisserait guère l
229 tielle, que tous les gains partiels, additionnés, dus à la spécialisation, ne combleront jamais, et toujours moins. C’est g
230 mon souvenir dès l’adolescence : « D’autant plus nous connaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons
231 nnaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons Dieu. » Si je la transpose au domaine moins sublime que j
232 dans l’analyse de certains cas particuliers, qui nous conduisent le plus sûrement au général ou tout au moins au seuil des
233 ue l’œuvre de synthèse qu’exige l’état présent de notre culture et de nos universités, devrait d’abord être confiée à des gro
234 se qu’exige l’état présent de notre culture et de nos universités, devrait d’abord être confiée à des groupes de chercheurs
235 t présent de notre culture et de nos universités, devrait d’abord être confiée à des groupes de chercheurs représentant des dis
236 e, convenablement informée, ferait beaucoup mieux notre affaire. Ce qui importe, ce n’est pas que la synthèse s’opère dans le
237 sance — et pas non plus qu’elle s’inscrive devant nous , sur quelque carte perforée, comme un résultat objectif ; ce qui impo
238 utilité au sens le plus élevé du terme. Ce qu’il nous faut enfin, ce qui nous manque, ce sont des hommes de synthèse, un ty
239 élevé du terme. Ce qu’il nous faut enfin, ce qui nous manque, ce sont des hommes de synthèse, un type nouveau d’hommes de p
240 te de conscience conjoncturelle de l’évolution de nos recherches, un sens constamment alerté de leurs corrélations virtuell
241 oilà sans doute le genre de solution concrète que nous pourrions préconiser, si nous voulons tenter de faire face au problèm
242 lution concrète que nous pourrions préconiser, si nous voulons tenter de faire face au problème posé par l’accroissement bab
243 erait le plus malaisé de traiter dans le cadre de nos facultés classiques. Voici quelques-uns des sujets que, pour ma part,
244 isciplines farouches qu’imposent à la majorité de nos contemporains les impératifs de la croissance de production, et de l’
245 ts. 5. Européologie. Il existe dans la plupart de nos grandes universités des départements d’indianisme, de sinologie, d’is
246 rdination de leurs politiques économiques. Ce qui nous manque encore, c’est une étude quasi ethnographique des caractères sp
247 uasi ethnographique des caractères spécifiques de notre civilisation, à l’heure où elle se répand d’une manière anarchique su
248 nera sans peine. L’introduction si désirable dans nos mœurs universitaires d’une année sabbatique de type américain, permet
249 emise en question générale, et c’est aussi ce que nous attendons tous de nos vacances. Après un an, les professeurs détachés
250 ale, et c’est aussi ce que nous attendons tous de nos vacances. Après un an, les professeurs détachés reviendraient à leur
251 l’union dans la diversité, qui est la formule de notre grand passé, et de notre avenir, intégré, le seul possible. L’Europe,
252 é, qui est la formule de notre grand passé, et de notre avenir, intégré, le seul possible. L’Europe, c’est très peu de chose
253 liées par une culture qui a fait le Monde, et qui doit aujourd’hui, plus que jamais, faire des hommes. 3. Je n’ignore pas
254 langage mathématique, même une fois maîtrisé par nos économistes, philosophes, psychologues, politistes, biologistes, voir
255 fectives et personnelles, essentielles au sens de nos vies. aa. Rougemont Denis de, « Il nous faut des hommes de synthèse
256 sens de nos vies. aa. Rougemont Denis de, « Il nous faut des hommes de synthèses », Gazette de Lausanne (supplément litté
17 1965, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Un écrivain suisse (20-21 mars 1965)
257 profonde méfiance à l’endroit de ce qui vient, de notre monde moderne en général, mais son goût puissant de la vie et son sen
18 1966, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Stampa, vieux village… (15-16 janvier 1966)
258 l’avais surpris un jour en plein travail — on ne devrait jamais faire ça — pour découvrir qu’avant, ailleurs, au Flore, chez L
259 trait, je ne l’avais jamais vu dans sa réalité et nous n’avions presque rien dit qui vaille entre deux hommes. Mais ce jour-
260 moi… » Là-dessus des théories bien saugrenues, et nous sommes allés prendre un verre sur la terrasse du Café de la Poste, au
261 r la Suisse, c’était la raison de mon passage, et nous avons parlé de notre pays, fraternisé dans un éloge immodéré de ses a
262 la raison de mon passage, et nous avons parlé de notre pays, fraternisé dans un éloge immodéré de ses aspects variés et inso
263 t ses palais alpestres. Et quel paysage autour de nous  ! Le clocher aigu de l’église ; de maigres peupliers noueux sur des p
19 1966, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). André Breton à New York (8-9 octobre 1966)
264 ui avait été l’un des « phares » baudelairiens de notre adolescence loin de Paris, puis un symbole (refusé mais sacré) de la
265 Il se plaignit, très gentiment, de ce que durant nos années parisiennes, nous n’ayons pu, ou cru pouvoir, nous rencontrer.
266 ntiment, de ce que durant nos années parisiennes, nous n’ayons pu, ou cru pouvoir, nous rencontrer. « Ce sont de ces conneri
267 ées parisiennes, nous n’ayons pu, ou cru pouvoir, nous rencontrer. « Ce sont de ces conneries ! Et que l’on expie ! » (Beauc
268 e soir-là, au Village, mon rêve est devenu vrai : nous parlons certes de ce qui peut nous rapprocher, l’amour-passion, les t
269 devenu vrai : nous parlons certes de ce qui peut nous rapprocher, l’amour-passion, les troubadours, la psychanalyse, Saint-
270 chanalyse, Saint-John Perse, mais aussi de ce qui doit nous opposer de front : nos options politiques, morales et religieuse
271 lyse, Saint-John Perse, mais aussi de ce qui doit nous opposer de front : nos options politiques, morales et religieuses. Et
272 mais aussi de ce qui doit nous opposer de front : nos options politiques, morales et religieuses. Et nous voici bientôt dan
273 os options politiques, morales et religieuses. Et nous voici bientôt dans l’euphorie de la contestation en convergence heure
274 ! À quelques jours de là, il me dit souhaiter que nous puissions désormais nous rencontrer « mécaniquement en quelque sorte 
275 il me dit souhaiter que nous puissions désormais nous rencontrer « mécaniquement en quelque sorte ». L’OWI eut ceci de bon
276 ment en quelque sorte ». L’OWI eut ceci de bon de nous en assurer l’occasion quotidienne. Le culte d’une pierre bleue D
277 quotidienne. Le culte d’une pierre bleue Dès notre première vraie rencontre, j’avais découvert quelque chose dont je pen
278 du Père Enfantin… une grande réparation vous est due  », écrira-t-il dans Arcane 17, deux ans plus tard, et il poursuit : «
279 tin, qu’il tenait pour l’ancêtre des jansénistes. Nous lui dîmes qu’il y avait là-dessus des bibliothèques ; il n’en crut ri
20 1966, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Jacques Chenevière ou la précision des sentiments (22-23 octobre 1966)
280 ticulations déliées mais fort précises, car elles nous disent très bien de quoi parle ce livre4 mais aussi comment il en par
281 mais aussi comment il en parle. Et c’est cela qui nous intéresse : Jacques Chenevière, écrivain de race, ne donne pas ici se
282 et signifiante. Comme la plupart des écrivains de notre pays — et très Suisse en cela du moins — Jacques Chenevière n’est pas
283 stoire politique et littéraire d’un passé proche, nous font passer et repasser sans transition de la prose à la poésie, d’un
284 des prisonniers de guerre, dès l’automne de 1914. Notre cycliste volontaire rappelé à Genève par Gustave Ador, président du C
285 on ne sait quel objet imaginaire bien au-delà de nos personnes, quoique l’attention soit évidente, concentrée. » Tout s’ét
286 ans plus tôt pour un bal de la Cour (« Avouez que nous étions un peu rivales… »), s’élève jusqu’au sublime dans la frivolité
287 vois, voilà de quoi se fait un style, unique dans nos lettres romandes. Entre le Paul Morand des descriptions de la Belle É
288 linguistique, dirait Verlaine s’il revenait parmi nous . 4. Retours et images, Éditions Rencontre. ae. Rougemont Denis
21 1967, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). J. Robert Oppenheimer (25 février 1967)
289 s il me donnait l’impression de représenter parmi nous quelque chose de bien plus ancien. Parfois, en l’écoutant, en le voya
290 tranger à toute espèce de religion des prêtres. «  Nous devons être absolument séculiers » insistait-il. Mais une fois je l’e
291 er à toute espèce de religion des prêtres. « Nous devons être absolument séculiers » insistait-il. Mais une fois je l’entendis
292 nque… Il faudra bien que je vous l’explique quand nous serons seuls. » C’était il y a deux ans, je ne devais plus le revoir.
293 us serons seuls. » C’était il y a deux ans, je ne devais plus le revoir. Il aimait citer la Bhagavad-Gita, qu’il lisait en san
294 , qu’il lisait en sanscrit. Il connaissait à fond notre littérature, où il préférait à tout François Villon. Jeune homme, il
22 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Entretien avec Denis de Rougemont (6-7 avril 1968)
295 l’écrivain n’a cessé d’occuper dans la culture de notre temps : à proximité, le regard rencontre les champs et les arbres de
296 arler de l’Europe, de la personne, du langage, de notre univers, des avions passant dans le ciel apportaient comme un écho de
297 ouveau témoignèrent de cette prise de conscience. Nous ne partions pas d’une insatisfaction de notre sort. Nous pensions que
298 nce. Nous ne partions pas d’une insatisfaction de notre sort. Nous pensions que la société où nous vivions était fichue, qu’o
299 partions pas d’une insatisfaction de notre sort. Nous pensions que la société où nous vivions était fichue, qu’on allait à
300 on de notre sort. Nous pensions que la société où nous vivions était fichue, qu’on allait à des catastrophes, notamment à la
301 notamment à la guerre : faire la révolution, pour nous , signifiait refaire un ordre, là où menaçait la guerre, qui résume to
302 çait la guerre, qui résume toutes les injustices. Nous étions frappés par l’anarchie des pays dits démocratiques et par les
303 par les réactions massives des pays totalitaires. Nous décelions également, chez la bourgeoisie capitaliste, la dissolution
304 ationalismes. Dans le groupement l’Ordre nouveau, nous nous attachions à une doctrine très rigoureuse de la personne qui déb
305 alismes. Dans le groupement l’Ordre nouveau, nous nous attachions à une doctrine très rigoureuse de la personne qui déboucha
306 voulaient faire la révolution, n’était pas nette. Nous refusions aussi bien la dictature stalinienne du parti, que la dictat
307 Les théologiens et philosophes qui nourrissaient notre pensée étaient Karl Barth, Kierkegaard, et Heidegger que Corbin comme
308 élien, avec sa triade thèse, antithèse, synthèse, nous voulions laisser les choses dans leur état de tension. Quant à Esprit
309 rut, Mounier a trouvé que j’y allais un peu fort. Nous avons échangé quelques lettres assez vives. Pour ma part, j’étais rel
310 our les réalités scientifiques et techniques, qui nous intéressaient, à Hic et Nunc ai, comme moyens de libération de la p
311 c ai, comme moyens de libération de la personne. Nous étions également en relation avec Réaction, un mouvement d’extrême dr
312 et. Il existe un filon de romantisme allemand qui nous est très proche et, chose curieuse, la langue ne constitue pas un bar
313 urnal d’un intellectuel en chômage  : « La pensée doit conduire l’action : mais sans agir, elle n’est pas vraie pensée. » ⁂
314 vre comme celle de Denis de Rougemont est là pour nous aider à ne pas désespérer complètement de l’esprit. ag. Rougemont
23 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il faut réinventer l’Université (29 juin 1968)
315 tiers : elles servent la Production. L’Université devrait préparer à juger, évaluer, orienter les esprits et les activités : el
316 dapter la société à un certain Sens… 5. Une école doit normalement déboucher sur un job. Elle doit donc, comme le dit un de
317 école doit normalement déboucher sur un job. Elle doit donc, comme le dit un de nos magistrats, « favoriser une meilleure co
318 er sur un job. Elle doit donc, comme le dit un de nos magistrats, « favoriser une meilleure connaissance des débouchés ». M
319 ses activités. L’école professionnelle ou faculté doit donc précéder l’Université, et l’une ne peut se désintéresser des pro
320 problèmes des écoles professionnelles ou facultés devraient être revus à l’aide de cette méthode, la seule à mon avis qui ait le
321 communautaires et ses finalités. 11. L’Université doit donc comprendre deux genres ou ordres d’activité distincts mais relié
322 nature des recherches. 13. Les cours ex cathedra doivent être conservés : ainsi quand il s’agit d’exposer les recherches inédi
323 ycopié et plus tard, publié. 14. Un professeur ne devrait pas être et avoir été seulement professeur. Il ne devrait pas être ju
324 pas être et avoir été seulement professeur. Il ne devrait pas être jugé sur ses seuls titres universitaires mais sur sa valeur
325 le serait d’orienter les options fondamentales de notre société, en fonction d’un certain Sens de la vie (à découvrir, assume
24 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’écrivain et l’événement (7-8 septembre 1968)
326 c’est autant dire de fondateur. Ce que l’écrivain doit au monde et à l’événement, c’est de les créer. Et ce qu’il faut atten
25 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Vers l’Europe des régions [Entretien]
327 valeurs, d’équilibre, de mesure que représentait notre vieux continent. En août 1947 on est venu me demander de parler à un
328 t en faveur d’une coopération au niveau culturel. Nous avons réuni pour la première fois les directeurs d’administration d’a
329 té la réalisation de cette première initiative de notre centre. Nous avons fondé une Association des festivals de musique eur
330 ion de cette première initiative de notre centre. Nous avons fondé une Association des festivals de musique européens que je
331 européens que je préside tout à fait par hasard. Nous avons coordonné les instituts d’études européennes qui étaient en tra
332 in de se constituer dans différentes universités. Nous avons pris contact avec des historiens, des professeurs d’enseignemen
333 fesseurs d’enseignement secondaire, des éditeurs. Nous avons d’autre part lancé une Campagne européenne d’éducation civique
334 ion de l’Europe sur les obstacles à toute union ! Notre espoir réside dans une politique des régions. Par exemple l’Italie es
335 la France sur une dizaine de régions, plus Paris. Notre idée de fédéralistes européens est que ces régions, définies surtout
336 t l’union. Si l’union de l’Europe ne se fait pas, nous serons colonisés par le dollar et peut-être par une certaine idéologi
337 oins sûr. Mais le fait de ne plus être maîtres de notre destinée économique entraînerait une quantité de conséquences sur le
338 iale. Sans doute d’ici à dix ou quinze ans serons- nous parvenus à créer des régions sur une base économique, historique, eth
339 urgence des problèmes européens. À cette occasion nous présentons l’activité de Denis de Rougemont dans ce domaine, et son p
26 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Jean Paulhan (19-20 octobre 1968)
340 an Un jour que je montai chez Jean Paulhan, ce devait être en 1937, 1938, je rejoignis dans l’escalier de la NRF Henry Mi
341 ns ces deux phrases en couronne sur le tombeau de notre ami. Telle était notre attente et sa folle exigence ; en ce temps-là.
342 couronne sur le tombeau de notre ami. Telle était notre attente et sa folle exigence ; en ce temps-là. Elle s’adressait à cel
343 le s’adressait à cela dans la littérature dont il nous paraissait tout à fait évident que Paulhan détenait les clefs et les
344 (Mais c’était justement ce qu’il cherchait, comme nous l’apprirent beaucoup plus tard les Fleurs de Tarbes !) Il n’avait enc
345 it pas le sien, bien entendu, il ne récrivait pas nos textes, mais le style de chacun des auteurs de la revue n’eût pas été
346 ésence et sans son attention. Il était à lui seul notre air de parenté, si différents ou opposés que nous fussions. C’est le
347 otre air de parenté, si différents ou opposés que nous fussions. C’est le seul directeur de revue littéraire qui ait jamais
348 t ans, s’obstine à le traiter d’éminence grise de nos lettres. Il était tout le contraire : un maître socratique, indemne d
349 secrète volonté de puissance, attentif à ne rien nous imposer qui ne fût ce qu’il avait senti, bien avant nous, qui pourrai
350 poser qui ne fût ce qu’il avait senti, bien avant nous , qui pourrait être nous. Bien trop curieux pour être autoritaire, il
351 l avait senti, bien avant nous, qui pourrait être nous . Bien trop curieux pour être autoritaire, il n’avait de goût que pour
352 our être autoritaire, il n’avait de goût que pour nos singularités (que d’autres nommeraient vocations) et il les respectai
353 e semble que depuis des années je vous supplie de nous donner des textes ! » Me voici mis à l’aise, et mal à l’aise aussi. U
354 du moins, il n’a jamais songé.) Je l’ai surpris, notre dialogue s’est noué, et il se poursuivra dans plusieurs de mes livres
355 , c’est qu’ils sont personnels… à combien d’entre nous , jeunes auteurs de l’entre-deux-guerres ! Que dirai-je de plus aujour
356 (Ils le disaient du moins.) Les plus modestes de nous attendent une religion, une morale, et le sens de la vie enfin révélé
357 pas une joie de l’esprit que les Lettres ne leur doivent . Et qui pourrait tolérer, se demande un jeune homme, de n’être pas éc
358 n’être pas écrivain ? Cet état « singulier » de notre littérature n’autorise pas trop d’optimisme. Il se peut que les homm
359 de libre, de joyeux et peut-être d’insensé, dont nous aurions perdu jusqu’au souvenir et à l’idée. Mais non pas perdu tout
360 ’insensé », c’est toute son œuvre, justement, qui nous en restitue mieux que l’idée : la présence fraîche et vivace. 6. Le
27 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Témoignage sur Bernard Barbey (7-8 février 1970)
361 sé obsédant, d’une trop plaisante jeunesse.7 On devrait bien republier ces deux romans très courts, dont l’écho se prolonge d
362 ès amicale et délicate insistance de Berne que je dois d’avoir écrit mes deux livres sur la Suisseap. « Romancier aux succès
363 l’Académie. Mais là n’était pas son souci ! Et il nous suffisait, nous ses amis (mais avons-nous su le lui dire assez…) de p
364 là n’était pas son souci ! Et il nous suffisait, nous ses amis (mais avons-nous su le lui dire assez…) de pouvoir admirer,
365 ! Et il nous suffisait, nous ses amis (mais avons- nous su le lui dire assez…) de pouvoir admirer, en lui, la parfaite élégan
28 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). La cité européenne (18-19 avril 1970)
366 e, avec Robert Schuman, qu’il est possible d’unir nos pays pour cette raison littéralement fondamentale qu’une unité de bas
367 cultivés » ou non, conscients ou non de ce qu’ils doivent , en fait, à la culture. Unité non pas homogène et qui ne résulte pas
368 es continents découverts tour à tour, conquis par nos aventuriers puis libérés au nom de nos principes, molestés, réveillés
369 onquis par nos aventuriers puis libérés au nom de nos principes, molestés, réveillés, mis en mouvement, fût-ce contre nous,
370 estés, réveillés, mis en mouvement, fût-ce contre nous , pour le meilleur et pour le pire. Et de là viennent aussi nos divisi
371 meilleur et pour le pire. Et de là viennent aussi nos divisions mortelles, nos efforts pour les surmonter par le recours à
372 Et de là viennent aussi nos divisions mortelles, nos efforts pour les surmonter par le recours à des instances universelle
373 cités d’Ionie où prit naissance la dialectique de notre histoire, Héraclite écrivait cette phrase décisive, qu’il faut tenir
374 la plus belle harmonie. » ⁂ De ce temps jusqu’au nôtre , tout concourt à nourrir ce paradoxe qui paraît bien être la loi cons
375 adoxe qui paraît bien être la loi constitutive de notre histoire et le ressort de notre pensée : l’antinomie de l’un et du di
376 i constitutive de notre histoire et le ressort de notre pensée : l’antinomie de l’un et du divers, l’unité dans la diversité,
377 ur autant : entre leurs triomphes alternés, elles durent dans l’ombre de l’histoire, dans la tradition, dans les livres, et da
378 au xxe siècle ? ⁂ Tout cela dure, agit et vit en nous de mille manières. Tout cela se combine en figures et en structures v
379 este et les rénove. Tout cela préforme, dès avant notre naissance, nos sensibilités et nos jugements moraux, nos réflexes soc
380 e. Tout cela préforme, dès avant notre naissance, nos sensibilités et nos jugements moraux, nos réflexes sociaux et nos bes
381 e, dès avant notre naissance, nos sensibilités et nos jugements moraux, nos réflexes sociaux et nos besoins économiques. To
382 ssance, nos sensibilités et nos jugements moraux, nos réflexes sociaux et nos besoins économiques. Tout cela nous incite au
383 et nos jugements moraux, nos réflexes sociaux et nos besoins économiques. Tout cela nous incite aussi à remettre en questi
384 xes sociaux et nos besoins économiques. Tout cela nous incite aussi à remettre en question ces déterminations, et nous en fo
385 ssi à remettre en question ces déterminations, et nous en fournit les moyens. Enfin tout cela dénote l’Europe comme patrie d
386 l’Europe. Le goût furieux de différer, par lequel nous nous ressemblons tous, c’est notre mal et notre bien, il faut en pren
387 ope. Le goût furieux de différer, par lequel nous nous ressemblons tous, c’est notre mal et notre bien, il faut en prendre s
388 rer, par lequel nous nous ressemblons tous, c’est notre mal et notre bien, il faut en prendre son parti, et c’est là-dessus q
389 el nous nous ressemblons tous, c’est notre mal et notre bien, il faut en prendre son parti, et c’est là-dessus qu’il faut bât
390 re son parti, et c’est là-dessus qu’il faut bâtir notre union, si l’on veut qu’elle mérite le nom d’Europe. Si l’on me demand
29 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe et le sens de la vie (25-26 avril 1970)
391 d’autre réponse imaginable au défi que l’Histoire nous pose dans les termes les plus précis et sans échappatoire possible dé
392 appatoire possible désormais : s’unir, au-delà de nos fausses souverainetés, pour préserver nos vraies diversités — créer u
393 delà de nos fausses souverainetés, pour préserver nos vraies diversités — créer un pouvoir fédéral pour la sauvegarde de no
394 — créer un pouvoir fédéral pour la sauvegarde de nos autonomies. Car ces autonomies seront perdues une à une, si nous refu
395 . Car ces autonomies seront perdues une à une, si nous refusons l’union qui ferait leur force ; mais en retour, cette union
396 fait toute ma thèse : étant donné que la base de notre unité est une culture pluraliste, on ne peut fonder sur elle qu’une u
397 dans ce sens, depuis près de vingt-cinq ans qu’on nous déclare, avec Churchill — dans son fameux discours de Zurich — qu’il
398 s l’autre tout au long du xixe siècle, suivis de nos jours par le reste du monde, notamment par le tiers-monde, mal décolo
399 incapable de répondre aux exigences concrètes de notre temps, puisqu’il est à la fois trop petit pour agir à l’échelle mondi
400 n projet rationnel. Or voici l’ironie tragique de notre histoire : c’est sur la base de cet obstacle radical à toute union qu
401 on n’a pas avancé d’un centimètre en direction de notre union politique. Entre l’union de l’Europe et les États-nations sacra
402 ituation de choisir librement son avenir. Jusqu’à nous , point de choix économiques ni même peut-être politiques longuement d
403 somme du superflu. Mais dès lors que ce choix de notre avenir est libre, nous voici contraints de le faire, à nos risques et
404 dès lors que ce choix de notre avenir est libre, nous voici contraints de le faire, à nos risques et périls ! Nous voici co
405 r est libre, nous voici contraints de le faire, à nos risques et périls ! Nous voici contraints de nous demander ce que nou
406 contraints de le faire, à nos risques et périls ! Nous voici contraints de nous demander ce que nous attendons de notre vie
407 nos risques et périls ! Nous voici contraints de nous demander ce que nous attendons de notre vie et de la société, ce que
408 s ! Nous voici contraints de nous demander ce que nous attendons de notre vie et de la société, ce que nous voulons réelleme
409 traints de nous demander ce que nous attendons de notre vie et de la société, ce que nous voulons réellement, principalement,
410 s attendons de notre vie et de la société, ce que nous voulons réellement, principalement, et contraints de tirer des plans
411 raints de tirer des plans en conséquence. Voulons- nous par exemple à tout prix notre niveau de vie, quantitatif — ou plutôt
412 conséquence. Voulons-nous par exemple à tout prix notre niveau de vie, quantitatif — ou plutôt voulons-nous sauvegarder un ce
413 re niveau de vie, quantitatif — ou plutôt voulons- nous sauvegarder un certain mode de vie, qualitatif ? Voulons-nous contrib
414 rder un certain mode de vie, qualitatif ? Voulons- nous contribuer à tout prix à l’accroissement indéfini du PNB (produit nat
415 ent, une communauté vivante ? Et quel prix sommes- nous prêts à payer pour cela ? Le prix de certaines libertés, ou le prix d
416 e la vie… D’une façon plus précise, en Europe, il nous faut décider si notre union aura pour but la puissance collective ou
417 plus précise, en Europe, il nous faut décider si notre union aura pour but la puissance collective ou la liberté des personn
418 ssance collective ou la liberté des personnes. Il nous faut le décider, en toute conscience, et vite, car le choix de la fin
419 iez pas aller… Voici donc le dilemme présent : Si nous attribuons pour finalité à la Cité européenne de demain la puissance,
420 gressif, comme la France de Napoléon, et faire de nos États autant de départements. Il faut tout unifier par des lois infle
421 super-État-nation ne pourrait être imposé à tous nos peuples qu’à la faveur d’une guerre générale — selon la loi de l’État
422 saurait être exclue pour autant. Au contraire, si nous donnons pour finalité à la Cité européenne la liberté, c’est-à-dire l
423 et je crois bien que toutes les civilisations que nous connaissons ont choisi la puissance comme seul but réaliste de la soc
424 misanthropes. Je crois à la nécessité de défaire nos États-nations. Ou plutôt, de les dépasser, de démystifier leur sacré,
425 ne servent absolument à rien pour arrêter ce qui devrait l’être : les tempêtes et les épidémies, la pollution de l’air et des
426 r sur lui. Je ne sais, n’étant pas économiste, si nos États-nations délimités pour la plupart au xixe et au xxe siècle, s
427 t de la culture européenne. Et les diversités que nous devons respecter ne sont pas celles de ces États-nations nés d’hier :
428 la culture européenne. Et les diversités que nous devons respecter ne sont pas celles de ces États-nations nés d’hier : elles
429 t, et ne coïncident jamais avec aucune frontière. Nos États-nations, obsédés par l’idée de « se faire respecter », oublient
430 n’est qu’un appareil plus ou moins efficace, qui doit être mis au service des citoyens et de leurs cités ; et non l’inverse
431 ons ou d’affaires étrangères : c’est un mot qu’il nous faut bannir du vocabulaire politique dans une Europe fédérale, au seu
432 r : on ne fera pas l’Europe sans casser des œufs, nous le voyons depuis vingt-cinq ans. Mais il l’est moins parce qu’il dema
433 communiste à la mise en question du sens même de nos vies, et des vrais buts de nos activités communautaires et personnell
434 on du sens même de nos vies, et des vrais buts de nos activités communautaires et personnelles. Si sérieux que soient les p
435 e c’est au contraire la grande tâche politique de notre temps. Précisons : des vingt ans qui viennent. Car à ce prix seulemen
436 s vingt ans qui viennent. Car à ce prix seulement nous ferons l’Europe, et nous la ferons pour toute l’humanité, nous lui de
437 Car à ce prix seulement nous ferons l’Europe, et nous la ferons pour toute l’humanité, nous lui devons cela ! Une Europe qu
438 ’Europe, et nous la ferons pour toute l’humanité, nous lui devons cela ! Une Europe qui ne sera pas nécessairement la plus p
439 et nous la ferons pour toute l’humanité, nous lui devons cela ! Une Europe qui ne sera pas nécessairement la plus puissante ou
440 au. Le texte est précédé du chapeau suivant : «  Nous publions la fin du discours que prononça Denis de Rougemont le 15 avr
30 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Une réflexion sur le mode de vie plutôt que sur le niveau de vie (2 juin 1970)
441 s, convalescents, réfugiés politiques attirés par nos paysages, notre air, nos libertés. Mais le problème actuel se trouve
442 ts, réfugiés politiques attirés par nos paysages, notre air, nos libertés. Mais le problème actuel se trouve posé par la soud
443 s politiques attirés par nos paysages, notre air, nos libertés. Mais le problème actuel se trouve posé par la soudaineté d’
444 principal de cet afflux, qui n’est pas d’admirer nos lacs ni de fuir des dictatures, mais de faire du « fric ». Or ce moti
445 ux côtés : pour eux, gagner vite et rentrer, pour nous , produire plus grâce à eux et les renvoyer au plus vite. Il semblerai
446 u : l’industrie qui y trouve le moyen d’accroître nos exportations, le peuple suisse dont le niveau de vie matérielle dépen
447 e-t-elle ? Et si oui, dans le cas particulier qui nous préoccupe, cette « helvéticité » est-elle menacée par la présence d’u
448 plupart de ceux qui viennent de le découvrir. Ils nous disent : « À l’heure où il n’est question que de s’ouvrir à l’Europe,
449 est question que de s’ouvrir à l’Europe, pourquoi nous fermer devant les travailleurs étrangers ? » C’est confondre deux sen
450 supprimer les frontières économiques et intégrer nos entreprises dans une économie concertée à l’échelle continentale (com
451 de travailleurs étrangers qu’il en faut pour que nos exportations continuent à croître, cela revient, paradoxalement, à s’
452 nace ? II. Quant au danger que la présence sur notre sol d’un étranger contre cinq ou six Suisses représenterait pour notr
453 er contre cinq ou six Suisses représenterait pour notre mode de vie — notre « helvéticité », comme vous osez l’écrire ! — il
454 x Suisses représenterait pour notre mode de vie — notre « helvéticité », comme vous osez l’écrire ! — il est clair que ce n’e
455 tugais laissent peu de traces de leur passage sur notre sol, dans nos cités et dans nos mœurs. Je n’en dirais pas autant d’un
456 peu de traces de leur passage sur notre sol, dans nos cités et dans nos mœurs. Je n’en dirais pas autant d’une industrie do
457 eur passage sur notre sol, dans nos cités et dans nos mœurs. Je n’en dirais pas autant d’une industrie dont l’essor défigur
458 pas autant d’une industrie dont l’essor défigure nos paysages, détruit nos forêts et nos champs, pollue nos lacs et dévers
459 strie dont l’essor défigure nos paysages, détruit nos forêts et nos champs, pollue nos lacs et déverse un flot de ciment, d
460 ssor défigure nos paysages, détruit nos forêts et nos champs, pollue nos lacs et déverse un flot de ciment, d’agglomérés et
461 aysages, détruit nos forêts et nos champs, pollue nos lacs et déverse un flot de ciment, d’agglomérés et de plastique sur «
462 ourtant cela qui modifie radicalement le cadre de nos vies, l’air que nous respirons, et à la longue nos sensibilités. Si n
463 ifie radicalement le cadre de nos vies, l’air que nous respirons, et à la longue nos sensibilités. Si notre industrie suisse
464 os vies, l’air que nous respirons, et à la longue nos sensibilités. Si notre industrie suisse refuse de calculer le prix hu
465 us respirons, et à la longue nos sensibilités. Si notre industrie suisse refuse de calculer le prix humain de son essor, ses
466 nvoquée si la présence des travailleurs étrangers nous coûtait plus qu’elle ne rapporte ? — La pire menace contre notre mode
467 lus qu’elle ne rapporte ? — La pire menace contre notre mode de vie suisse vient-elle de la présence d’étrangers parmi nous,
468 uisse vient-elle de la présence d’étrangers parmi nous , ou de nous-mêmes, qui tolérons la destruction de notre environnement
469 ou de nous-mêmes, qui tolérons la destruction de notre environnement au nom de valeurs bien plus matérialistes que celles de
470 du chapeau suivant : « Invité à se prononcer sur notre double question — intégrité de l’État dans l’Europe fédérée et notion
471 ’une “helvéticité” menacée ? — Denis de Rougemont nous suggère ses réflexions sous forme d’interrogations. »
31 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Le testament de Tristan (14-15 novembre 1970)
472 figurait le Pays légal, la République. Puis il a s’éloigner d’elle et de la Cour, de nouveau, écœuré par l’intrigue de
473 sant travail. Je vous en remercie aussi parce que nos efforts actuels, en vue de bâtir une union des peuples européens, qui
474 caractère original de chacun et le génie propre à notre continent, y trouvent appuis et encouragements. On ne peut mieux déf
475 ral d’union dans la diversité qu’il admirait dans notre Suisse. Quant à la participation qu’il demandait, c’est le mot clé du
476 fin d’une certaine Europe, le début d’une autre ? Nous avons demandé à Denis de Rougemont ce qu’il pensait de l’homme d’État
32 1971, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Pourquoi j’écris (30-31 janvier 1971)
477 r les équipes de la TV) de l’enquête méfiante sur nos motivations. Les écrivains ont développé contre elle une série de réa
478 poétique, l’horizon qui se définit par rapport à notre progrès. ⁂ Ce n’est qu’au début d’une carrière que l’on écrit par pur
479 ue, je me l’écrie, et je lui crie d’abord qu’elle devrait être une autre pour que je n’y sois plus seulement un moi contre elle
33 1971, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Au défi de l’Europe, la Suisse (31 juillet-1er août 1971)
480 Europe, la Suisse (31 juillet-1er août 1971)ba Nous souffrons des clichés ridicules qui composent l’image de la Suisse à
481 éduits, paraît-il, à celui de ne pas se mouiller. Nous savons que la Suisse, c’est autre chose. Mais quoi ? Combien de nos c
482 Suisse, c’est autre chose. Mais quoi ? Combien de nos compatriotes interrogés au hasard dans la rue seraient capables de le
483 terviewer des étrangers : quelle est à leurs yeux notre image ? Ils nous renvoient le plus souvent celle de nos erreurs sur n
484 ngers : quelle est à leurs yeux notre image ? Ils nous renvoient le plus souvent celle de nos erreurs sur nous-mêmes. Tel ce
485 age ? Ils nous renvoient le plus souvent celle de nos erreurs sur nous-mêmes. Tel ce professeur au Collège de France8 auque
486 tte demandait dernièrement s’il pensait que l’on devait faire l’Europe sur le modèle de la Suisse, et qui répondait : « Le fé
487 qui ne porte que trois signatures. Mais alors, si nous fêtons aujourd’hui le 680e anniversaire de la Confédération helvétiqu
488 Constitution, car ces deux choses ne datent chez nous que de 1848. Ce que nous célébrons, c’est en fait une idée, qui est l
489 ux choses ne datent chez nous que de 1848. Ce que nous célébrons, c’est en fait une idée, qui est l’essence de la Suisse et
490 e l’Europe de Churchill ou de Gaulle était censée devoir naître de l’alliance impossible des quelque vingt-cinq États nationau
491 la nationalité suisse de caractère international devra s’incorporer à la communauté de la Grande Europe. De cette façon, ell
492 in, ni sans gloire. S’évanouir dans le succès de notre idée et d’une formule d’union qui est notre raison d’être, ne serait-
493 ès de notre idée et d’une formule d’union qui est notre raison d’être, ne serait-ce pas le sort le plus beau que nous puissio
494 d’être, ne serait-ce pas le sort le plus beau que nous puissions souhaiter en tant que Suisse ? Dans l’Europe des régions qu
495 pe des foyers rayonnants sans frontières, rien ne nous empêchera, Suisses de tous les cantons, de rester ensemble et de cont
496 ommunauté : celle des gardiens de l’idée mère. Si nous le désirons vraiment, si nous le voulons. C’est ce qu’il reste à savo
497 de l’idée mère. Si nous le désirons vraiment, si nous le voulons. C’est ce qu’il reste à savoir, et c’est ce qui nous inqui
498 s. C’est ce qu’il reste à savoir, et c’est ce qui nous inquiète. S’il n’y a plus de frontières tangibles, plus de douaniers,
499 , plus de douaniers, où sera la Suisse, gémissent nos « patriotes » désorientés. Or il est sain de se demander, au minimum
500 e se demander, au minimum une fois par an, ce que nous faisons là, et pourquoi nous restons ensemble. Personne ne peut prédi
501 fois par an, ce que nous faisons là, et pourquoi nous restons ensemble. Personne ne peut prédire si, à bulletin secret, en
502 n secret, en connaissance de cause et en majorité nous choisirons de continuer la Suisse. Ceux qui le voudront seront alors
34 1971, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Une dimension nouvelle (11-12 septembre 1971)
503 s précaution — à desservir la bonne réputation de notre ami dans un pays égalitaire. Aujourd’hui je ne reculerai plus, les je
504 fois prophétiques : — Carl-J. Burckhardt ajoute à notre Suisse la dimension qui manquait le plus à ce pays, celle que j’aime
35 1972, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il faut dénationaliser l’enseignement [Entretien] (8 décembre 1972)
505 système actuel, et qui me disent : « Merci, vous nous vengez. » Vos critiques semblent s’adresser surtout à un système scol
506 e l’Église et contre la famille. Cet état de fait nous vient tout droit de Napoléon, qui a légué au monde entier, à peu près
507 emmes qui travaillent à l’extérieur. Mais l’école doit changer. Il faut dénationaliser l’enseignement. Quel sens peut avoir
508 a géographie, l’écologie, l’économie — l’économie doit être une des branches principales des programmes — dans ces dimension
509 polluée ; et elles empêchent le passage de ce qui devrait circuler : les hommes, les marchandises, quelquefois les idées. On ne
510 e sans changer l’État. » Est-ce à dire que l’État doit changer l’école, ou que l’école doit former ceux qui changeront l’Éta
511 e que l’État doit changer l’école, ou que l’école doit former ceux qui changeront l’État ? L’un et l’autre, et les deux à la
512 tat. C’est un cercle vicieux : chercher l’origine nous ramène au problème de la poule et de l’œuf… Il faut agir aux deux niv
513 ouvelles… ce qui est pratiquement impossible dans notre culture. Il faudrait, au minimum, une volonté générale de sortir du c
514 volonté générale de sortir du cercle vicieux dont nous parlions tout à l’heure. Une école nouvelle pourrait exploiter des po
515 une place ne lui est faite — et pour cause — dans nos programmes. Moi, j’ai appris à lire hors de l’école, avec ma sœur. En
516 tante — il faut interdire la phrase : « Ici, tous doivent faire la même chose ! » Ça, c’est la formule de base de l’école napol
517 uoi on a fabriqué des peuples militarisés, et qui nous a déjà valu deux guerres mondiales. Ce qu’Illich appelle en termes ma
518 ’autant mieux. On ne sait vraiment que ce qu’on a enseigner. Je l’observe tous les jours sur moi-même à l’Université :
519 ne creuse jamais si bien un problème que quand je dois le présenter à mes étudiants. « Illich est trop rousseauiste »
520 à l’évolution de l’école, et aux deux pôles dont nous avons parlé : individualisation et travail collectif. À supposer que
521 n l’originalité des génies locaux. Le fédéralisme doit commencer à la base. Prenez le couple : la femme et l’homme doivent e
522 à la base. Prenez le couple : la femme et l’homme doivent exister à la fois pour soi et pour l’autre, sans qu’il y ait confusio
523 ifficile, voire impossible à concevoir. Mais cela nous éloigne un peu de l’école… Comment changer l’école ? Pour y rev
524 éenne que je préside depuis une dizaine d’années, nous essayons de toucher le plus grand nombre possible d’enseignants, du d
525 venter le grec pour l’apprendre. Il me proposa de nous faire à nous deux une langue qui ne serait connue que de nous ; je me
526 c pour l’apprendre. Il me proposa de nous faire à nous deux une langue qui ne serait connue que de nous ; je me passionnai p
527 nous deux une langue qui ne serait connue que de nous  ; je me passionnai pour cette idée. Nous formâmes d’abord un alphabet
528 e que de nous ; je me passionnai pour cette idée. Nous formâmes d’abord un alphabet, où il introduisait les lettres grecques
529 et, où il introduisait les lettres grecques. Puis nous commençâmes un dictionnaire dans lequel chaque mot français était tra
530 ’auto. » 11. « Le sort de l’an 2000 se joue dans nos écoles », Civisme européen, Genève, mars 1972, publié par le Centre e
531 une homme en colère, aussi injuste qu’un pamphlet doit l’être, j’ai le triste plaisir de constater que mon texte n’a pas vie
532 et même un collégien lausannois, bien connu chez nous pour avoir prononcé un discours inconvenant lors d’une cérémonie de p
36 1972, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Merveilleux Lavaux (23-24-25 décembre 1972)
533 es autos figurent l’emblème du paradoxe majeur de notre civilisation. Grâce à elles, l’homme des villes a retrouvé le contact
534 re et patine à la fois. Pour garder le Lavaux que nous aimons, faudrait-il qu’ils renoncent à le vivre, à en vivre ? Sauver
535 vous ne le sauverez pas sans héroïsme. Si Lavaux doit faire son salut, ce sera par la grâce de quelques fous associant leur
536 e sont nullement ceux qui pensent court et bas et nous jettent dans la pollution au nom de la rentabilité, mais ceux qui fon
537 Laubscher, auteur de Dixence Cathédrale, que l’on doit un ouvrage qui vient à point nommé : Merveillleux Lavaux. Sauver cett
538 ux épuré, prouve néanmoins qu’un tel coin de pays doit être sauvegardé au prix de l’intelligence et de sacrifices, comme le
37 1984, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Philosophie et énergie nucléaire : une mise au point (28 juin 1984)
539  préparent l’avènement du dirigisme marxiste dans notre pays » et préconisent en réalité « une société policière … centralisé
540 ec « intervention de la Confédération jusque dans nos cuisines et salles de bains. » Je n’ai pas à entrer en discussion ave
541 la portée. 1. La première citation, pronucléaire, doit être replacée dans son contexte historique : elle remonte en effet à
542 non sur la vraisemblance du fait… La situation de notre continent et de l’humanité entière serait apparemment sans espoir, si
543 paremment sans espoir, si la culture élaborée par notre Europe n’avait pas découvert une fois de plus, et vraiment au dernier
544 L’énergie nucléaire est la réponse, inventée par notre génie, par nos savants européens, au défi d’une humanité dont notre s
545 ire est la réponse, inventée par notre génie, par nos savants européens, au défi d’une humanité dont notre science, notre h
546 os savants européens, au défi d’une humanité dont notre science, notre hygiène, et nos techniques étaient en train d’accroîtr
547 péens, au défi d’une humanité dont notre science, notre hygiène, et nos techniques étaient en train d’accroître au-delà du po
548 ne humanité dont notre science, notre hygiène, et nos techniques étaient en train d’accroître au-delà du possible les besoi
549 ma description de l’état d’innocence générale où nous étions à peu près tous. […] Je ne pense pas avoir à m’excuser d’avoir
550 , est datée de 1984. Je la rappelle : Selon que ( notre ) choix se portera sur le nucléaire ou sur le solaire, nous aurons soi
551 ix se portera sur le nucléaire ou sur le solaire, nous aurons soit une société centralisée, exploitée de façon quasi militai
552 it en réalité que les intentions que M. Desmeules nous attribue d’une manière arbitraire et calomnieuse. Il embrouille tout,
553 seulement n’est pas de moi et ne traduit en rien notre idéal, mais formule l’exigence « essentielle » du grand patron des ce
554 M. Desmeules aurait-il mal compris ? Ce n’est pas nous , mais ceux de son bord qui ont dit cela. Quant à prétendre que mon id