1 1940, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Erreurs sur l’Allemagne (1er mai 1940)
1 érisme et sur ses causes. On voudrait rappeler qu’ en telle matière, tout jugement massif manque de sérieux, et traduit que
2 lique ; que son mouvement s’est développé d’abord en Bavière, pays catholique ; que la doctrine de Luther, là où elle a tr
3 a triomphé sans résistance notable, c’est-à-dire en Scandinavie, n’a pas conduit au national-socialisme, mais plutôt au p
4 mais plutôt au pacifisme et au désarmement (sauf en Finlande), ce qui est peut-être déplorable, mais ce qui n’est pas abs
5 pasteur Niemöller, vrai descendant de Luther, est en prison. 2. Les socialistes et beaucoup de démocrates affirment : Hitl
6 été trompée par ses chefs. Un séjour d’une année en Allemagne, de 1935 à 1936, m’a conduit à des conclusions fort différe
7 rien. L’un d’entre eux me déclarait même que tout en détestant les chefs nazis, « il se ferait tuer pour Hitler », car l’a
8 us tard, le pacte hitléro-stalinien la présentait en termes officiels. 3. M. Maurice Muret, dans la Gazette du 27 avril a
9 aveuglement des bourgeois qui s’obstinèrent jusqu’ en septembre 1939 à voir dans l’hitlérisme « un rempart contre le marxis
10 ntre le marxisme » ! (Certains, que je connais, n’ en ont pas encore démordu.) Après tout, les socialistes français que cri
11 ndons défendre le christianisme, agissons d’abord en chrétiens, et commençons par dénoncer non les erreurs d’autrui, mais
12 , mais bien les nôtres. Surtout s’il se trouve qu’ en fait, ce sont exactement les mêmes erreurs. 4. Si d’aucuns remontent
13 rs. 4. Si d’aucuns remontent à Luther, d’autres s’ en vont chercher encore plus loin les racines de l’hitlérisme. M. Edmond
2 1940, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). « À cette heure où Paris… » (17 juin 1940)
14 eints. Quelqu’un disait : si Paris est détruit, j’ en perdrai le goût d’être un Européen. La Ville Lumière n’est pas détrui
15 e à son approche — Midas de l’ère prolétarienne — en fer tordu, en pierraille lépreuse. N’importe quel badaud d’un soir de
16 he — Midas de l’ère prolétarienne — en fer tordu, en pierraille lépreuse. N’importe quel badaud d’un soir de juin pouvait
3 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). New York alpestre (14 février 1941)
17 Personne ne m’avait dit que New York est une île en forme d’un gratte-ciel couché. C’est la ville la plus simple du monde
18 signer, comme nous énumérons nos Alpes quand nous en contemplons la chaîne, et qui leur servent de repères pour se diriger
19 de cent étages. Et les blocs erratiques, débités en tranches, polis et luisants comme du marbre, ont été plaqués sur les
4 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). La route américaine (18 février 1941)
20 savanes qui firent reculer la frontière de décade en décade, à travers le Far West, jusqu’à ce qu’ils eussent rejoint les
21 oires urbains. Cet effort gigantesque se poursuit en silence à travers tout le continent. Personne n’en parle. On n’a pas
22 n silence à travers tout le continent. Personne n’ en parle. On n’a pas eu besoin de changer de régime pour le réaliser. Le
23 s formes et couleurs. Sans relâche, ils croissent en gros plan et disparaissent en coup de vent, jusqu’à ce que l’œil s’éd
24 âche, ils croissent en gros plan et disparaissent en coup de vent, jusqu’à ce que l’œil s’éduque et se mette à déchiffrer
25 de touristes à 100 yards… Ferry-boat du Delaware en grève… Faites un détour par Philadelphie… Et arrêtez-vous à l’Hôtel F
26 grondement sourd des pneus qui mordent le béton. En cinq heures, nous aurons couvert les 400 kilomètres qui séparent le c
27 qui séparent le centre de New York de Washington, en traversant deux villes énormes : Philadelphie et Baltimore et l’estua
28 iladelphie et Baltimore et l’estuaire du Delaware en ferry-boat. La vitesse rétrécit l’espace américain ; les routes de la
5 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Souvenir de la paix française (15 mars 1941)
29 Périgny… C’était bien ce nom-là ? Un long village en bordure de la route. D’un côté, les maisons dominaient une vallée, de
30 le sol, un grand cercle entourant une inscription en lettres capitales bien arrondies : martine je suis aux champs
6 1946, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Monsieur Denis de Rougemont, de passage en Europe, nous dit… [Entretien] (4 mai 1946)
31 Monsieur Denis de Rougemont, de passage en Europe, nous dit… [Entretien] (4 mai 1946)f g Monsieur, quel bon v
32 er. En outre, j’ai des éditeurs à voir à Paris et en Suisse. Et je serais rentré il y a un an déjà si les circonstances s’
33 circonstances s’y étaient prêtées. Êtes-vous venu en Suisse directement ? Oui, à part un arrêt de quelques jours à Paris.
34 e avec ces grands diables d’Américains ? Non, car en Suisse je n’ai rien éprouvé de semblable. À Paris c’était véritableme
35 . Puis-je vous demander où vous aviez vos assises en Amérique et quelles furent vos occupations durant le temps où la Suis
36 New York, à part les quatre mois que j’ai passés en Argentine à faire les conférences qu’impliquait ma mission. Je pensai
37 pensais alors regagner la Suisse, quand l’entrée en guerre des États-Unis me bloqua sur place. J’avais constaté que les c
38 s un très bon moyen de propagande. Les Américains en écoutent énormément, et les oublient le lendemain. J’ai donc écrit un
39 endemain. J’ai donc écrit un livre sur la Suisse, en collaboration avec Mme Maurice Muret, qui s’intitule Le Cœur de l’Eu
40 ulter, pour se renseigner sur notre pays, et il s’ en vend encore régulièrement. J’ai été professeur — et le suis encore en
41 ièrement. J’ai été professeur — et le suis encore en titre — à l’École libre des hautes études, université française en ex
42 ole libre des hautes études, université française en exil dirigée à ses débuts par Maritain et feu Focillon, aujourd’hui p
43 ant destiné aux jeunes Américains. Je crois qu’on en a peu parlé en Suisse ? En effet. Qu’y enseigniez-vous ? J’avais une
44 jeunes Américains. Je crois qu’on en a peu parlé en Suisse ? En effet. Qu’y enseigniez-vous ? J’avais une chaire de philo
45 utant de commentaires, dans un bruit trépidant et en s’inspirant des directives des chefs locaux de Londres et des América
46 tres sur la bombe atomique (qui seront traduites en anglais, en danois, en hollandais, en espagnol), d’un style du genre
47 bombe atomique (qui seront traduites en anglais, en danois, en hollandais, en espagnol), d’un style du genre voltairien,
48 que (qui seront traduites en anglais, en danois, en hollandais, en espagnol), d’un style du genre voltairien, dans lesque
49 t traduites en anglais, en danois, en hollandais, en espagnol), d’un style du genre voltairien, dans lesquelles je montre
50 c une maison américaine qui a commencé par éditer en anglais La Part du diable et Les Personnes du drame . D’autres de
51 aucoup à la fois. Vous n’êtes plus l’intellectuel en chômage… Au contraire, je vais maintenant pouvoir me consacrer entièr
52 ombe atomique ? Non, et nul ne le sait, je crois, en Amérique. Mais une polémique ardente, sur l’opportunité de le livrer,
53 nre d’humour qui leur plaît, et ils ne font que s’ en amuser. Si on les compare aux Français, il est indéniable que ces der
54 c’est là une de leurs grandes ressemblances (il y en a beaucoup) avec les Suisses. Non, plutôt que l’influence de la stand
55 veau intellectuel auquel les éditeurs contribuent en ne faisant de gros tirages que pour les ouvrages médiocres. Quand un
56 bons auteurs américains sont beaucoup plus connus en Europe qu’en Amérique. Ce qui est tout à notre honneur ! L’Europe res
57 américains sont beaucoup plus connus en Europe qu’ en Amérique. Ce qui est tout à notre honneur ! L’Europe reste le contine
58 fructueuse et solide. Et, à ce propos, on a tort en Europe de craindre l’impérialisme américain. J’ai peur, quant à moi,
59 âtelois — que nous espérons n’avoir point trahies en les résumant — intéresseront vivement nos lecteurs. » f. Rougemont
60 ntretien] Monsieur Denis de Rougemont, de passage en Europe, nous dit… », Gazette de Lausanne, Lausanne, 4 mai 1946, p. 3.
61 ue provisoire, l’écrivain ayant laissé sa famille en Amérique où il la retrouvera cet automne. Il a bien voulu nous accord
7 1947, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Consolation à Me Duperrier sur un procès perdu (5 décembre 1947)
62 en ? Ni moi non plus. C’est que ce raisonnement n’ en est pas un, mais combine deux absurdités. 1. Si l’on admet avec cet a
63 sur la politique. Soit. Mais un avocat qui veut s’ en tenir à la seule ressemblance des mots tombe dans le calembour juridi
64 is, pour les démocraties, donc pour la Suisse. Il en résulte à l’évidence que je faisais en Amérique exactement le contrai
65 Suisse. Il en résulte à l’évidence que je faisais en Amérique exactement le contraire d’Oltramare à Paris. Si Me Duperrier
66 le droit de juger toute cette affaire, mon livre en main, selon votre conscience de citoyens de la plus vieille démocrati
67 . Le texte est précédé du chapeau suivant : « Mis en cause de singulière manière au procès Oltramare par Me Duperrier, Den
8 1949, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Les écrivains romands et Paris (10 septembre 1949)
68 uestions 1 et 2. — Nous avons tout ce qu’il faut, en Suisse romande, pour nourrir une littérature. Nous avons peut-être un
69 tiques ou financiers. Je ne sais trop s’il faut s’ en plaindre. Tout cela se crée naturellement autour des « grands », et i
70 milieu où leur auteur est né, où il a grandi ? J’ en vois si peu, et je trouve en revanche tant d’exemples éclatants des b
71 de Dante à Paul Claudel ou à James Joyce — que j’ en viens à me demander si la condition normale du « bon écrivain » (j’en
72 cès d’une œuvre littéraire, il ne se répand point en lamentations. Au contraire : il préconise des remèdes énergiques. »
9 1949, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe est encore un espoir (8 décembre 1949)
73 r nous est ôtée. » Venez donc à Lausanne, et nous en discuterons. (L’Europe existe encore, là où le dialogue existe.) Vous
74 parlez de la « dernière illusion de l’Europe ». J’ en vois une autre, et votre lettre la traduit d’une manière émouvante. C
75 abîme d’angoisse, et calculons. Le tableau change en un clin d’œil. À l’ouest du rideau de fer, nous sommes 300 millions :
76 pour cent qui ne sont pas communistes. Une Europe en partie ruinée ? Mais elle relève déjà ses industries ; et l’URSS n’a
77 l’URSS n’a pas été traitée mieux qu’elle, qu’on s’ en souvienne. Une Europe entre deux colosses ? Mais gardons-nous des fau
10 1954, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Rejet de la CED : l’avis de Denis de Rougemont (20 septembre 1954)
78 plus, que les nations de l’Europe sont solidaires en fait, pour le meilleur quand elles le reconnaissent, et pour le pire
79 à expliquer l’Europe aux masses, avec franchise, en termes simples et concrets. La vraie lutte pour l’Europe commence. El
11 1957, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Une lettre de Denis de Rougemont (16-17 février 1957)
80 ès européen de la culture, qui se tint à Lausanne en décembre 1949. Mon ami Duncan Sandys y prit part, il est vrai, en tan
12 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Fédéralisme et culture (3-4 mars 1962)
81 thode menacent toute tentative de réveil culturel en Suisse romande : l’esprit de clocher et l’esprit d’administration. L’
82 t que de reconnaître que cela n’est pas possible, en plus d’un cas, il pousse à préférer des solutions médiocres, mais « b
83 déralisme réside dans l’art de distinguer, de cas en cas, ce qui marcherait mieux en étant centralisé et ce qui marcherait
84 istinguer, de cas en cas, ce qui marcherait mieux en étant centralisé et ce qui marcherait mieux en restant libre et dispe
85 ux en étant centralisé et ce qui marcherait mieux en restant libre et dispersé, voire anarchique. Il est clair que nos vil
86 ons pas que les cités qui ont fait la Renaissance en Italie, en Flandres ou en Bourgogne, étaient alors plus petites que n
87 les cités qui ont fait la Renaissance en Italie, en Flandres ou en Bourgogne, étaient alors plus petites que nos villes r
88 ont fait la Renaissance en Italie, en Flandres ou en Bourgogne, étaient alors plus petites que nos villes romandes actuell
89 ice un peu folle de jeunes gens qui se groupaient en écoles, autour d’un maître du métier ; secondement le sens de la dépe
90 et des sommes. Je crains que nous soyons encore, en Suisse romande, aux antipodes de ce climat d’excitation intellectuell
91 pas le fait de supprimer nos douanes qui mettrait en danger nos « raisons d’être » ! C’est bien plutôt le fait de ne plus
92 au de notre vie matérielle, de traiter la culture en mendiante, de refuser de la faire participer à une prospérité économi
13 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Rectification (9 mars 1962)
93 ster sur la nécessité de sauvegarder à la fois et en pratique les droits de l’union et ceux des autonomies locales, les dr
94 dans l’art de distinguer ce qui marcherait mieux en restant… anarchique, c’est donc me faire dire une sottise, dont je su
95 déralisme réside dans l’art de distinguer, de cas en cas, ce qui marcherait mieux en étant centralisé, et ce qui marcherai
96 istinguer, de cas en cas, ce qui marcherait mieux en étant centralisé, et ce qui marcherait mieux en restant libre et disp
97 x en étant centralisé, et ce qui marcherait mieux en restant libre et dispersé, voire anarchique ». s. Rougemont Denis
14 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe est d’abord une culture (30 juin 1962)
98 de rappeler les vraies dimensions du problème, et en insistant sur ses aspects culturels et mondiaux. Je pars d’un raisonn
99 mondiaux. Je pars d’un raisonnement assez simple, en trois points : 1. L’union entre des peuples ne saurait se faire en gé
100 d’unir est d’abord une entité culturelle ; 3. Il en résulte que l’on ne doit et que l’on ne peut « faire l’Europe » qu’en
101 ne doit et que l’on ne peut « faire l’Europe » qu’ en conformité avec le génie même de sa culture, qui est celui de l’union
102 ue des peuples, ne songent à s’unir que s’ils ont en commun certains traits qu’ils tiennent pour essentiels : leur union c
103 ents (4 % des terres du globe), et le plus pauvre en matières premières. Et un fait d’histoire : cette minuscule Europe a
104 s petit territoire. Quand ces diversités tournent en divisions, l’unité de base et la vitalité de l’ensemble sont en péril
105 l’unité de base et la vitalité de l’ensemble sont en péril. Alors paraît le besoin d’union. Les forces de division qui ont
106 qui ont risqué de la faire périr à deux reprises en 1914 et en 1939, se résument dans le terme nationalisme. Elles sont,
107 squé de la faire périr à deux reprises en 1914 et en 1939, se résument dans le terme nationalisme. Elles sont, elles aussi
108 me. Elles sont, elles aussi, d’origine culturelle en dernière analyse. Mais l’opinion publique et les élites responsables
109 me, hélas — a du bon, tant qu’il ne s’exagère pas en chauvinisme. Mais qu’est-ce que le chauvinisme ? C’est tout simplemen
110 n, puis avec le Marché commun des Six, provoquant en écho la Zone de libre-échange des Sept, la candidature britannique, e
111 as dépourvus d’arrière-pensées politiques. ⁂ Même en admettant que l’unification économique puisse suffire à « faire l’Eur
112 s. Il est concevable et faisable de les fabriquer en série au prix de l’éducation générale ou humaniste. C’est ce que fait
113 on des études, insistance sur la culture générale en sont les trois maximes principales. D’autre part, le dynamisme unique
114 de ses foyers créateurs, et dans les tensions qui en naissent. D’autant plus nous sommes d’un canton, d’un pays, d’un clim
115 er les procédés de la technologie. Elle se doit d’ en transmettre aussi les modes d’emploi. Toutes les cultures traditionne
116 ction dans le monde, transformé par ses œuvres, s’ en trouve désormais définie. L’Europe se doit et doit au monde de présen
117 isse, assurerait le degré d’union nécessaire tout en sauvegardant les autonomies et diversités qui ont fait notre culture
118 diverse, les conclusions suivantes me paraissent en découler : 1. Le Marché commun doit englober toutes les nations qui p
119 vilisation occidentale et les responsabilités qui en résultent pour les Européens. La Suisse est aussi bien placée que n’i
120 tralité perpétuelle, la Suisse se trouve défendre en fait une politique très légitime, mais liée au passé du continent, au
121 tionales que l’union, justement, entend éliminer. En invoquant au contraire son expérience fédéraliste, dans les conseils
122 évidence. Mais nous aurons perdu le droit de nous en plaindre. t. Rougemont Denis de, « L’Europe est d’abord une cultu
15 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Universités américaines (12-13 janvier 1963)
123 e évoquant les États-Unis et les traversant d’est en ouest se nomme Vents, et nul n’a compris ce pays s’il n’a pas découve
124 pères ont conquis la Prairie. Hors des hauts murs en falaises de brique ocrée de Manhattan, au-delà des faubourgs du Bronx
125 les voies sont larges, et la radio du bord éclate en mélodies accompagnées de bugles et de chœurs d’une euphorique nostalg
126 un programme et d’arranger des conférences. Je m’ en remets au dieu du Hasard, dont l’autre face est l’Organisation : ce J
127 ependant que Maritain domine la pensée catholique en grand progrès, et que Karl Barth a restauré dans tous les séminaires
128 gnifie Coca-Cola, twist et voitures géantes, sont en retard d’une génération intellectuelle. (Note de 1962 : Paul Tillich
129 Allemagne enfin le redécouvre. Qui va le traduire en français ?) Mohawk trail La route américaine, de nouveau, une a
130 ndredi après-midi au lundi matin. J’ai une cabane en poutres (log cabin) près de la frontière du Canada, sans électricité
131 médite et je récupère. Je ne trouverais pas cela en Europe, toutes vos maisons se touchent, vous n’êtes plus jamais seuls
132 lui ai dit qu’il exagérait, qu’il y avait encore en Europe des refuges à peu près comparables. Mais j’ai dû dire : encore
133 euilles jaune vif et de larges bandes de gazons ; en retrait, des maisons de bois blanc d’un ou deux étages, régulièrement
134 comme des pièces d’or. Je ne sais rien qui égale en Europe la splendeur de l’indian summer aux villages de Nouvelle-Angle
135 e avenue sinueuse dans un parc aux prairies nues, en pente douce vers un bâtiment rouge. Parking sous de grands arbres aux
136 étudiantes sur un long divan, dans des fauteuils en demi-cercle, sur des chaises, ou sur la moquette. La plupart sont en
137 des chaises, ou sur la moquette. La plupart sont en pantalon et blouses de sport. Quelques-unes ont gardé leurs bigoudis,
138 rs girls manifestent leur intention de s’exprimer en levant un doigt discret ou un très long fume-cigarette. Elles parlent
139 que la réalité d’une activité humaine quelconque, en l’occurrence l’expression littéraire. Il est exclu de parler de senti
140 s grandes universités du monde : 36 000 étudiants en additionnant les divers campuses dispersés sur tout l’État. Ici, à Be
141 y rencontrer une bonne trentaine de professeurs, en tête-à-tête ou en groupe, déjeuner et dîner. J’arrive à 11 heures au
142 bonne trentaine de professeurs, en tête-à-tête ou en groupe, déjeuner et dîner. J’arrive à 11 heures au campus, pour mon p
143 nnonce au concierge et j’attends dans un corridor en lisant les panneaux d’annonces. Soudain, mon nom en très grosses lett
144 lisant les panneaux d’annonces. Soudain, mon nom en très grosses lettres sur une affiche. « À 3 heures, dans la Salle de
145 côte à l’autre, mais c’est vraiment tout ce que j’ en sais. La série de mes rendez-vous commence quelques secondes après, j
146 rappelle que c’est l’Europe qui a fait le monde, en créant les moyens de relier les continents et en formulant les valeur
147 en créant les moyens de relier les continents et en formulant les valeurs d’où résulte le concept de genre humain. Je leu
148 que des imitateurs. Le but des Soviétiques, à les en croire, est de rattraper l’Amérique, qui est une invention de l’Europ
149 compris. J’ai terminé, les questions pleuvent : j’ en reçois 42 par écrit. Rien n’est plus caractéristique de l’opinion act
150 ue de l’opinion actuelle des jeunes Américains. J’ en recopie quelques exemples : « Le plus grand homme de notre temps étai
151 tait Gandhi. Pourquoi ne pas défendre nos valeurs en étant prêts à mourir, mais non pas à tuer, en leur nom ? » « Nous dev
152 urs en étant prêts à mourir, mais non pas à tuer, en leur nom ? » « Nous devons incarner nos valeurs. Mais comment peut-on
153 olline : restaurant, salles de réunions, piscine, en style champêtre ultramoderne. Tout autour, sur les pentes, des rangée
154 arbu qui compose des « mobiles » à temps perdu et en décore son cubicle, et Sidney Hook, le philosophe et sociologue. « Je
155 tre latin moderne. » Je me demande où l’on trouve en Europe rien qui ressemble à ce concours des meilleurs esprits d’avant
156 i retrouvé mon Amérique”, note Denis de Rougemont en automne 1961, dans le journal de voyage dont il a bien voulu détacher
16 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’éloge, l’élan, l’amour, le monde ouvert à ceux qui s’ouvrent, cela existe… (2-3 février 1963)
157 ucoup d’esprits dans nos cantons romands. Un seul en a tiré une œuvre forte, c’est Ramuz. Mais il ne croyait pas à l’Helve
158 tentialiste. Il s’est fait un langage de peintre, en prose. Plutôt que d’une « rationalité adéquate », le jeune Suisse rom
159 pas besoin, tout simplement, de ce qu’on appelle en France la classe de rhétorique ? Je ne sens pas que ce soit aux « pré
160 ponse à l’enquête « Homo helveticus : existe-t-il en Suisse romande ? »
17 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Les mythes sommeillent… ils vont se réveiller [Entretien] (9-10 février 1963)
161 évrier 1963)y z Quand Denis de Rougemont était en Amérique, il lui arriva un jour de décrocher son téléphone, et d’ente
162 is de cette période d’anarchie, que nous mettions en place de nouvelles conventions, de nouvelles contraintes. Et alors no
163 je crois que le christianisme a repris sa marche en avant. … de la morale et de la hiérarchie mondaine. Il n’y a plus d’o
164 mythes puissent tenter de vaincre. Pardon ! Il s’ en crée maintenant d’énormes et d’inédits. La terre se surpeuple. Chaque
165 aphes. Si l’humanité se développe au même rythme, en 2260 il y aura 700 milliards d’hommes, ce qui fera un homme tous les
166 hommes, ce qui fera un homme tous les dix mètres. En 2400, nous aurons un mètre carré chacun. Dans moins de 440 ans ! Bien
167 s ! Bien sûr, la statistique aboutit à l’absurde ( en 2500, personne ne pourrait s’asseoir sans écraser les pieds d’un autr
168 e feux clignotants. Nous les respectons, parce qu’ en les violant nous nous condamnerions à de terribles accidents. Moralit
169 mple un texte inédit de Teilhard. Il faudra que j’ en parle à Lausanne. Voyez ce passage : le Père (qui d’ailleurs a eu dan
18 1964, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il nous faut des hommes de synthèses (19-20 septembre 1964)
170 de ce mythe me paraît avoir été donnée par Dante en son Traité de l’éloquence vulgaire, au chapitre septième du 1er livre
171 t dans leur activité spéciale, plus ils parlaient en jargon barbare (tanto rudius nunc et barbarius loquuntur). Si bien qu
172 barbarius loquuntur). Si bien que les seuls qui s’ en tinrent à la langue sacrée furent ceux qui avaient refusé de prendre
173 cations la folie des travailleurs et les tournant en dérision. Ainsi donc, l’origine de la diversité des langues ne serai
174 ur l’édifier, diviser maîtres d’œuvre et ouvriers en équipes spécialisées et qui bientôt ne se comprendront plus, je veux
175 les instituts spécialisés qui, autour d’elles ou en elles, prolifèrent. Dans la page que je viens de vous lire sur l’orig
176 s nations tendent à se regrouper et à s’organiser en de vastes ensembles, par continents, et d’abord en Europe. Les races
177 n de vastes ensembles, par continents, et d’abord en Europe. Les races qui s’ignoraient jadis au point qu’un homme de coul
178 l’issue n’est pas douteuse. Les cultures entrent en dialogue, sur un pied théorique d’égalité, au lendemain de l’ère colo
179 ence. Fédérations. Informations et communications en progression géométrique. Dialogue, union, uniformisation… Voilà le pr
180 ope, durant l’époque colonialiste et tout d’abord en réaction à ses outrages : las Casas, Vitoria et Suárez, Grotius, Leib
181 toria et Suárez, Grotius, Leibniz, Vattel et Kant en sont les pères, et je ne leur vois guère de répondant dans les élites
182 t Gandhi. Enfin l’Europe, par sa technique, a mis en relations toutes les parties du monde, devenu désormais unité théoriq
183 sait ici de quoi je veux parler : nous assistons en fait à une double explosion au sein des institutions d’enseignement s
184 oissante, comme autant de galaxies dans le cosmos en expansion vertigineuse que nous décrivent les astronomes contemporain
185 ar une multiplicité de langages spéciaux de moins en moins traduisibles, et l’évanouissement progressif de la conscience d
186 ssi des hommes d’outre-mer qui viennent chez nous en pèlerinage aux sources vives de la nouvelle culture mondiale. Mais qu
187 niversalisée. Nos universités ne sont plus guère, en fait, que des agglomérats ou juxtapositions souvent fortuites d’école
188 xemple peut suffire ici : le nombre des étudiants en France était de 42 000 en 1924, il est d’environ 280 000 en 1964, et
189 le nombre des étudiants en France était de 42 000 en 1924, il est d’environ 280 000 en 1964, et l’on prévoit qu’il sera de
190 était de 42 000 en 1924, il est d’environ 280 000 en 1964, et l’on prévoit qu’il sera de 500 000 dans une dizaine d’années
191 a 30 à 35 ans, avions appris toute la chimie et n’ en avions rien oublié, nous ne saurions qu’un dixième de ce qu’elle est
192 e je prends pour images, sont probablement vraies en gros dans le domaine des sciences exactes (mathématiques, physique, c
193 ces naturelles (biologie, génétique) et peut-être en psychologie ; rien de comparable ne s’est produit et ne saurait se pr
194 évitablement à la confusion des langages, dissous en terminologies incomparables. L’université, que l’on pourrait considér
195 ui, lisant l’œuvre d’un physicien, ne serait plus en mesure de le juger comme l’Église jugea Galilée, parce que, tout simp
196 ou non à la théologie, et fort probablement ne s’ en soucierait pas. Ainsi chacun va de son côté, et les représentants des
197 des disciplines diverses n’ont souvent plus guère en commun que des platitudes quotidiennes ou des préjugés mutuels hérité
198 erche ? Les lévites administrent les rites… En fait, et aux yeux d’un observateur non prévenu, jugeant seulement sur
199 es, et qui ne peuvent défendre leur « vérité » qu’ en se fermant méthodiquement sur elles-mêmes, acceptant ainsi de n’être
200 iversité occidentale ? Quel type d’homme a-t-elle en vue, veut-elle former ? Je crains bien que si l’on tentait de le dédu
201 Des sages capables de penser, d’agir et de créer en harmonie, ou seulement des producteurs plus efficaces, c’est-à-dire b
202 une insistance gênante — car nous voici de moins en moins armés pour y répondre. Le problème qu’on soulève ici, et qui es
203 vu naître les premières universités européennes, en Italie puis à Paris. (Quant à savoir dans quelle mesure l’apparition
204 sacré. La distinction sacré-profane n’existe pas, en ce sens que sagesse spirituelle, science ethnique et esthétique, sont
205 u simple erreur d’exécution. Mutatis mutandis, il en va de même dans les cultures totalitaires du xxe siècle, dominées pa
206 e seule se voit obligée de rechercher sans cesse, en d’infinis débats, les principes primitifs ou finaux, ou simplement op
207 discutable. Et il faudrait que les physiciens qui en discutent sachent que la dialectique de leurs problèmes actuels sur l
208 sans références à un langage commun. Un savoir en progression géométrique Le grand problème que l’Europe seule me pa
209 Le grand problème que l’Europe seule me paraît en mesure de résoudre, parce qu’elle seule l’a posé dans l’histoire, c’e
210 ne peut vraiment consister que dans une attention en éveil permanent aux implications générales, aux ramifications interdi
211 maîtriser l’ensemble du savoir humain, d’ailleurs en progression géométrique, ait la moindre chance de succès et l’éducati
212 e monde par petits bouts au prix de son âme. Il n’ en reste pas moins que la spécialisation dans l’Université ne peut aller
213 spécialisation dans l’Université ne peut aller qu’ en croissant, sous la double pression que j’ai dite : toujours plus de m
214 de solution en arrière, il faut donc la chercher en avant : accepter le mouvement de spécialisation, mais le pousser jusq
215 coup plus compréhensive. Et chacun sait que c’est en poussant l’exigence de l’analyse jusqu’aux anomalies les plus fines,
216 s disciplines diverses. Par leur réunion physique en séminaires restreints, ils créeraient ces « carrefours de vérités hét
217 spontané de questions et de réponses, le dialogue en un mot, et il exclut l’intervention monologante sous forme de discour
218 te toutes les synthèses imaginables existent déjà en puissance — et pas non plus qu’elle s’inscrive devant nous, sur quelq
219 s de synthèse, un type nouveau d’hommes de pensée en qui s’incarne une sorte de conscience conjoncturelle de l’évolution d
220 te existence communautaire et de tout bon travail en commun, l’on sera conduit à préférer la multiplication de petites uni
221 rsités. L’adjectif petit me paraît intimement lié en Europe, non seulement à l’optimum de l’efficacité pédagogique — qui e
222 ts-Unis et l’URSS viennent loin derrière, ou même en queue de liste. Je n’en dis pas plus sur ce point : dans les petits p
223 nt loin derrière, ou même en queue de liste. Je n’ en dis pas plus sur ce point : dans les petits pays, tout est petit, y c
224 ne répondra pas au défi de la division du savoir en langages spécialisés. Pour y répondre, il faut envisager la création
225 chelle européenne, je veux dire supranationale. J’ en imagine le prototype, qui serait une tour d’anti-Babel. Dans un grand
226 n n’impose pas une image du monde : on la cherche en commun, librement. Au sein des colloques, règne une liberté spontaném
227 s la vie publique et privée de l’unité culturelle en question. Le problème des possibles convergences entre l’Orient et l’
228 contingences dans les progrès de la connaissance en Occident. 3. Au-delà de la technologie. Comment passer de l’ère techn
229 nes, etc. Il n’existe pas, ni hors de l’Europe ni en Europe, de chaires d’études européennes, ou plus précisément d’europé
230 puisqu’elle traiterait spécifiquement du général, en vue d’entretenir ou de former une image cohérente du Tout. Vraiment e
19 1965, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Un écrivain suisse (20-21 mars 1965)
231 et surtout point de langue que ces patries aient en commun, semble interdire la possibilité d’un écrivain qui mériterait
232 érêts, juger sans illusion mais servir avec force en toute indépendance d’esprit, peut-on dire que ces traits composent un
20 1966, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). André Breton à New York (8-9 octobre 1966)
233 is deux équipes d’« announcers » qui les lisaient en alternant les voix devant le micro : parmi eux, le peintre Ozenfant (
234 x avec tel homme, telle femme dont tout me sépare en fait, ou avec qui j’ai rompu sans retour. Ce soir-là, au Village, mon
235 voici bientôt dans l’euphorie de la contestation en convergence heureuse ! À quelques jours de là, il me dit souhaiter qu
236 en quelque sorte ». L’OWI eut ceci de bon de nous en assurer l’occasion quotidienne. Le culte d’une pierre bleue Dès
237 lon Breton, autrement dit, de sa « religion ». Il en tirait une morale ombrageuse, celle qui réglait absolument sa vie, et
238 eu prévisibles, à grands éclats de voix soudains, en rejetant la tête en arrière, et la victime disparaissait dans les tén
239 r encore au-delà de ses plus folles espérances, s’ en allait subitement dégonflé. (Combien de poètes, et plus encore de pei
240 isait de la poésie sur un ton d’emphase contenue, en marchant à grands pas dans son studio : « L’Européen le plus moderne,
241 lus moderne, c’est vous pape Pie X ! », criait-il en déclamant Zone. Ce pape-là ne le gênait pas : c’était un vers d’Apoll
242 ors son nouvel intercesseur : il insistait pour m’ en lire des chapitres décrivant le travail et les plaisirs « réglés » de
243 qu’il y avait là-dessus des bibliothèques ; il n’ en crut rien, visiblement, et avec raison : son Augustin à lui était san
21 1966, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Jacques Chenevière ou la précision des sentiments (22-23 octobre 1966)
244 ien de quoi parle ce livre4 mais aussi comment il en parle. Et c’est cela qui nous intéresse : Jacques Chenevière, écrivai
245 livres mêlés, peut-être quatre, et qui voudrait s’ en plaindre ? (C’eût été bien mal vu des professeurs dans ma jeunesse, i
246 part des écrivains de notre pays — et très Suisse en cela du moins — Jacques Chenevière n’est pas « seulement » un écrivai
247 souvenirs, de rencontres et de récits qui mettent en scène tantôt l’auteur (surtout dans sa jeunesse, et jamais sans humou
248 énarrable incorporation comme volontaire cycliste en culotte Saumur et casquette de yachting dans l’armée suisse de 1914.
249 une mémoire ; et ce qu’elle a gardé, et qui revit en ce recueil, va devenir par la grâce d’un art très sûr un peu de la mé
250 mé) et pourtant quelque chose s’est passé puisque en demeure dans le souvenir cette trace toujours vive, cette vision. Je
251 ustave Adoré, Genève. » La marée monte de semaine en semaine, sans reflux. (Durant la Seconde Guerre mondiale, il y aura c
252 êlée et vivait à Villeneuve, réaliste utopique, «  en une sorte de sérénité meurtrie ». Mussolini et les raisins Plus
253 de sauver les blessés bombardés par les Italiens en Éthiopie. Visite au Duce, très cambré. Max Huber fait son exposé. Mus
254 entrée. » Tout s’étant bien passé, les délégués s’ en vont. « Je ne pus me retenir de regarder, deux secondes par-dessus mo
22 1967, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). J. Robert Oppenheimer (25 février 1967)
255 nous quelque chose de bien plus ancien. Parfois, en l’écoutant, en le voyant de près, méditatif, je songeais à la race du
256 hose de bien plus ancien. Parfois, en l’écoutant, en le voyant de près, méditatif, je songeais à la race du pharaon, fonda
257 ert d’El-Amarna, d’une cité du Soleil absolu : il en avait la sensitivité, l’ossature délicate allongée, le large regard r
258 r. Il aimait citer la Bhagavad-Gita, qu’il lisait en sanscrit. Il connaissait à fond notre littérature, où il préférait à
259 çois Villon. Jeune homme, il avait rêvé un sonnet en français : il l’écrivit au réveil et le publia dans la petite revue d
260 ses amis, et savait écouter comme personne, tout en vous enveloppant d’un regard bleu qui allait interroger au-delà de vo
23 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Entretien avec Denis de Rougemont (6-7 avril 1968)
261 Le Paysan du Danube , Journal d’un intellectuel en chômage , Journal des deux mondes , l’auteur a entamé une manière de
262 Paysan du Danube et Journal d’un intellectuel en chômage . Ce texte reflète un point-charnière dans ma vie et mes préo
263 n de principes de droit international ne servait, en fait, que les nationalismes. Dans le groupement l’Ordre nouveau, nous
264 e revue de pensée existentielle que je dirigeais, en collaboration avec Roger Breuil, Henry Corbin, Roland de Pury, Albert
265 d, et Heidegger que Corbin commençait à traduire. En ce qui concerne L’Ordre nouveau où je retrouvais Arnaud Dandieu, Robe
266 d’une seule secte. Peut-être adoptais-je, sans m’ en douter une attitude suisse, par ma volonté de ménager des intermédiai
267 de ménager des intermédiaires entre les cultures, en faisant connaître, par exemple, Barth et Heidegger à un public frança
268 libération de la personne. Nous étions également en relation avec Réaction, un mouvement d’extrême droite où se trouvait
269 d’extrême droite où se trouvait Thierry Maulnier. En décembre 1932, la Nouvelle Revue française faisait paraître un Cah
270 t tous les mouvements partisans d’une révolution. En reprenant une vue d’ensemble sur votre œuvre, avez-vous relevé une év
271 éologiques. Cette sensibilité est assez fréquente en Suisse, située à la croisée des chemins. C’est ainsi que, Suisse fran
272 intériorise l’événement, ou bien l’on se projette en lui sous le masque d’une relation toujours prête à fournir ses preuve
273 comme je l’écris dans Journal d’un intellectuel en chômage  : « La pensée doit conduire l’action : mais sans agir, elle
24 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il faut réinventer l’Université (29 juin 1968)
274 faut réinventer l’Université (29 juin 1968)aj En Suisse (comme en France, naguère encore), celui qui s’interroge sur l
275 l’Université (29 juin 1968)aj En Suisse (comme en France, naguère encore), celui qui s’interroge sur le destin de l’Uni
276 précautions, et pour faire court, je condenserai en quelques thèses des réflexions parfois anciennes5 sur le plus actuel
277 la totalité des savoirs acquis et des recherches en cours (universitas scientiarum). Au sein de cette communauté, les idé
278 t les sept arts, et réussissent à tout savoir.) En fonction d’un certain sens de la vie 2. Au sens du mot que je vien
279 rofesseurs ou des pasteurs. Ces écoles n’ont plus en commun que leur location dans une même ville, leurs services administ
280 sance. 6. Celui qui veut apprendre un métier pour en vivre n’a que faire de la contestation. Et celui qui entend contester
281 de l’oreille et des bruits. » Définition courante en Suisse mais fausse : le micronationalisme cantonal. Définition juste 
282 t se combiner librement et de manières variables, en départements, selon la nature des recherches. 13. Les cours ex cathed
283 s une Université. 15. Les recherches spécialisées en physique, chimie, astronomie, etc., sont trop chères pour une ville,
284 enter les options fondamentales de notre société, en fonction d’un certain Sens de la vie (à découvrir, assumer, critiquer
285 perdre le sens, en même temps que les moyens de s’ en apercevoir. 5. Voir notamment mon discours prononcé devant les 200
286 à Göttingen, et publié par la Gazette littéraire, en novembre 1964. aj. Rougemont Denis de, « Il faut réinventer l’unive
25 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’écrivain et l’événement (7-8 septembre 1968)
287 nissant l’un par l’autre, se mettant l’un l’autre en question. Mon premier livre paru à Paris s’ouvrait par un chapitre su
288 oit bonnement qu’un auteur engagé est celui qui s’ en est remis une fois pour toutes à la politique d’un parti, quand il s’
289 e, sacrificielle — d’une personne et de sa pensée en corps à corps avec l’époque. « Présence au monde et à soi-même conjoi
290 au monde et à soi-même conjointement », disais-je en 1932. Mais on a glissé depuis lors à un sens partisan ou militaire du
291 elui qui peut dire, dans une situation donnée : j’ en réponds ! Mais de quoi l’écrivain comme tel peut-il répondre, sinon d
292 ent à l’époque : il n’est pas engagé mais immergé en elle, il en révèle les courants locaux et superficiels ou profonds et
293 ue : il n’est pas engagé mais immergé en elle, il en révèle les courants locaux et superficiels ou profonds et en formatio
294 es courants locaux et superficiels ou profonds et en formation, sans essayer d’agir sur eux, soit qu’il n’en ait aucune en
295 mation, sans essayer d’agir sur eux, soit qu’il n’ en ait aucune envie, soit qu’il désespère d’en avoir les moyens, ou nie
296 ’il n’en ait aucune envie, soit qu’il désespère d’ en avoir les moyens, ou nie que ces moyens puissent même exister. La plu
26 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Vers l’Europe des régions [Entretien]
297 de mesure que représentait notre vieux continent. En août 1947 on est venu me demander de parler à un congrès de fédéralis
298 ouvement européen. À partir du congrès de La Haye en 1948 je me suis beaucoup penché sur ce problème de l’union des Europé
299 ographie, de langues. Je souhaiterais que tombent en désuétude les grands États-nations comme la France, l’Espagne, l’Angl
300 es régions. Par exemple l’Italie est déjà divisée en dix régions par sa Constitution ; l’Allemagne en 11 Länder ; et maint
301 en dix régions par sa Constitution ; l’Allemagne en 11 Länder ; et maintenant se dessine en France un grand mouvement qui
302 Allemagne en 11 Länder ; et maintenant se dessine en France un grand mouvement qui vient d’être appuyé par de Gaulle pour
303 d’être appuyé par de Gaulle pour diviser le pays en un certain nombre de régions. Je pense qu’on finira par se mettre d’a
304 ons. Il y a à ce sujet une importante littérature en France qui est le pays le plus concerné par la centralisation, grand
305 de toutes natures. Elles constitueront de proche en proche un tissu plus solide que leurs liens avec les États-nations ;
306 c les États-nations ; ceux-ci peu à peu tomberont en désuétude. Si les problèmes mondiaux dépendent en grande partie de la
307 rétienne qui a imaginé l’ensemble du genre humain en découvrant les possibilités de fraternité universelle : « Désormais,
308 ualité seront traités par d’éminents spécialistes en matière politique et culturelle. »
27 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Jean Paulhan (19-20 octobre 1968)
309 r que je montai chez Jean Paulhan, ce devait être en 1937, 1938, je rejoignis dans l’escalier de la NRF Henry Michaux, q
310 l’escalier de la NRF Henry Michaux, qui me dit en s’arrêtant sur le dernier palier : « Est-ce que vous sentez toujours
311 ela, je me ferai honte. » Posons ces deux phrases en couronne sur le tombeau de notre ami. Telle était notre attente et sa
312 Telle était notre attente et sa folle exigence ; en ce temps-là. Elle s’adressait à cela dans la littérature dont il nous
313 mystifiante naïveté — comme il lui arrivait de s’ en poser à lui-même, et parfois d’y répondre par un opuscule. « Ah ! je
314 eptions près, ce qui a compté dans la littérature en création, c’est ce qui avait mérité son attention. Être accepté par l
315 i retrouvé la première lettre qu’il m’ait écrite, en 1926. M’ayant lu dans la Revue de Genève , il me demandait « s’il m’
316 er de l’écrivain et pas seulement du grand patron en maïeutique de l’expression. Qu’on me permette au moins de recopier ce
317 nsé », c’est toute son œuvre, justement, qui nous en restitue mieux que l’idée : la présence fraîche et vivace. 6. Le co
28 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Témoignage sur Bernard Barbey (7-8 février 1970)
318 raissait aux deux enseignes du plus sûr prestige, en cette haute époque littéraire : les Éditions de la NRF et les « Cahie
319 er la liaison ultrasecrète avec l’armée française en 1940, ce n’est pas rien, ni commander ensuite l’état-major particulie
320 proprement helvétique d’une carrière qui eût été, en changeant de passeport, celle d’un ambassadeur de France, d’un généra
321 s-nous su le lui dire assez…) de pouvoir admirer, en lui, la parfaite élégance du courage secret, du talent et de l’effica
29 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). La cité européenne (18-19 avril 1970)
322 » ou non, conscients ou non de ce qu’ils doivent, en fait, à la culture. Unité non pas homogène et qui ne résulte pas d’un
323 au nom de nos principes, molestés, réveillés, mis en mouvement, fût-ce contre nous, pour le meilleur et pour le pire. Et d
324 ui ne manqueront pas d’appeler la tyrannie. Rome, en réponse à ce défi de l’anarchie, invente l’État et les institutions c
325 e ses dogmes fondamentaux : la Trinité transporte en Dieu lui-même le paradoxe de l’un et du divers, tandis que l’Incarnat
326 amour tel qu’on le parle et qu’on croit le sentir en Occident ; l’apport slave au xixe  ; l’art africain et le jazz nègre
327 in au xxe siècle ? ⁂ Tout cela dure, agit et vit en nous de mille manières. Tout cela se combine en figures et en structu
328 t en nous de mille manières. Tout cela se combine en figures et en structures variées à l’infini, mais dont la plus fréque
329 ille manières. Tout cela se combine en figures et en structures variées à l’infini, mais dont la plus fréquente, de très l
330 remettre en question ces déterminations, et nous en fournit les moyens. Enfin tout cela dénote l’Europe comme patrie de l
331 tance de ce qui les distingue. C’est ainsi qu’ils en viennent à penser sincèrement qu’ils ne pourront jamais s’unir, même
332 lons tous, c’est notre mal et notre bien, il faut en prendre son parti, et c’est là-dessus qu’il faut bâtir notre union, s
30 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe et le sens de la vie (25-26 avril 1970)
333 ) n’est autre que l’État-nation, tel que Napoléon en a posé le modèle, intégralement centralisé en vue de la guerre. C’est
334 t une souveraineté absolues aussi peu défendables en droit qu’elles deviennent illusoires en fait au xxe siècle. Rien, do
335 fendables en droit qu’elles deviennent illusoires en fait au xxe siècle. Rien, donc, de plus hostile à toute espèce d’uni
336 ois, pourquoi l’on n’a pas avancé d’un centimètre en direction de notre union politique. Entre l’union de l’Europe et les
337 is dans son histoire, l’homme se voit aujourd’hui en situation de choisir librement son avenir. Jusqu’à nous, point de cho
338 principalement, et contraints de tirer des plans en conséquence. Voulons-nous par exemple à tout prix notre niveau de vie
339 le sens même de la vie… D’une façon plus précise, en Europe, il nous faut décider si notre union aura pour but la puissanc
340 a liberté des personnes. Il nous faut le décider, en toute conscience, et vite, car le choix de la fin implique évidemment
341 st pas seulement un modèle périmé, mais qu’il est en fait aujourd’hui radicalement incompatible avec les fins de l’Europe
342 cité rendue à l’usage de l’homme. Il faut mettre en commun à l’échelle fédérale continentale, tout ce qui est nécessaire
343 de la communauté la plus apte à les administrer. En un mot, il faut appliquer la méthode du fédéralisme. Puissance ou lib
344 êler les moyens. On ne manquera pas de m’objecter en ce point que la politique a toujours eu pour fin réelle la puissance 
345 respecter », oublient qu’ils n’y arriveraient qu’ en se rendant utiles. Ils exigent, depuis Louis XIV, que l’on s’incline
346 stres, d’essayer d’apaiser les ennemis de l’union en jurant de ne jamais toucher aux droits sacrés de vos États-nations !
347 savez bien que vous ne pourrez pas unir l’Europe en proclamant votre attachement aux causes mêmes de sa division ! Pourqu
348 gions. Il faut défaire et dépasser l’État-nation. En instaurant les régions en deçà, et la fédération au-delà. Il faut dis
349 les régions librement fédérées du continent peut en offrir le modèle. Si l’on me dit maintenant que c’est une utopie que
350 cours que prononça Denis de Rougemont le 15 avril en recevant le prix Robert Schuman. Pour l’orateur, seul le fédéralisme
31 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Une réflexion sur le mode de vie plutôt que sur le niveau de vie (2 juin 1970)
351 étrangers sont venus chez eux depuis des siècles en plus grand nombre relatif que partout ailleurs, touristes, convalesce
352 a présence d’une nombreuse main-d’œuvre étrangère en Suisse ? Permettez-moi de confesser d’abord que le problème qui me p
353 t importer autant de travailleurs étrangers qu’il en faut pour que nos exportations continuent à croître, cela revient, pa
354 clenché un raz de marée de main-d’œuvre italienne en France, par exemple, en dépit des prédictions alarmistes de M. Mendès
355 n’est pas sérieux. L’argument ne vaut rien, mais en cache un meilleur. À part beaucoup d’irritations, quelques bagarres e
356 notre sol, dans nos cités et dans nos mœurs. Je n’ en dirais pas autant d’une industrie dont l’essor défigure nos paysages,
357 es et politiques, si elle n’établit pas ses plans en conséquence et ne s’engage pas à les réaliser, alors je dis : votez p
358 à cette édition, sur « Les travailleurs étrangers en Suisse ». Il est précédé du chapeau suivant : « Invité à se prononcer
32 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Le testament de Tristan (14-15 novembre 1970)
359 in, dans son exil. Il l’a délivrée de haute lutte en terrassant le monstre, qui la tenait captive. Il l’a ramené au mari l
360 « barons félons » (son premier départ volontaire, en 1946). Certes, il est revenu à son appel, et c’est en 1958. « Mais la
361 946). Certes, il est revenu à son appel, et c’est en 1958. « Mais la vraie passion tristanienne se nourrit de retraits et
362 as déposé une épée symbolique ? » J’écrivais cela en 1961, annonçant un second retrait devant d’autres intrigues prévisibl
363 d’autres intrigues prévisibles. Et l’on sait quel en fut le prétexte allégué : l’instauration en France des régions, qu’il
364 quel en fut le prétexte allégué : l’instauration en France des régions, qu’il proposa solennellement, et à quoi il choisi
365 XIV, des jacobins et de Napoléon.) Il m’écrivait en 1962 à propos de mes Vingt-huit siècles d’Europe  : En réunissant e
366 à propos de mes Vingt-huit siècles d’Europe  : En réunissant et replaçant en leur contexte tous ces écrits à travers le
367 t siècles d’Europe  : En réunissant et replaçant en leur contexte tous ces écrits à travers lesquels, au long des siècles
368 bien cet immense et intéressant travail. Je vous en remercie aussi parce que nos efforts actuels, en vue de bâtir une uni
369 hoisi délibérément de se faire écarter du pouvoir en liant son sort au symbole même de l’ère nouvelle, qui est la région.
370 e dernière, a parlé de l’écrivain et à Guy Dumur, en page intérieure, d’étudier les rapports du Général avec la culture, q
33 1971, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Pourquoi j’écris (30-31 janvier 1971)
371 ent n’écrire que pour le salut de leurs lecteurs. En fait, on commence à écrire vers 16 ou 17 ans, sans savoir pourquoi ni
372 ture. Écrire est une démangeaison que l’on calme en grattant du papier. C’est à peu près aussi irrésistible, aussi peu ra
373 ui, dans un poème ou une pensée, vient d’éveiller en vous une émotion : pour la prolonger, la faire vôtre, et rejoindre l’
374 démangeaison, on ne deviendra jamais un écrivain en écrivant pour tel usage bien défini, pour tel objet tout extérieur à
375 savoir pourquoi. Pour aller ainsi je ne sais où, en quête obscure et fascinante, selon ce vers d’Hugo qui m’amusera sans
376 rer la poésie dans l’existence. Un paysage me met en quête d’une mélodie, d’un contrepoint de mots ou d’une couleur tonale
34 1971, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Au défi de l’Europe, la Suisse (31 juillet-1er août 1971)
377 x millions de Suisses d’aujourd’hui ne descendent en aucune manière des trois Waldstätten primitifs. Et pas un seul des au
378 ez nous que de 1848. Ce que nous célébrons, c’est en fait une idée, qui est l’essence de la Suisse et qui a déterminé son
379 aliste et la formule d’union qu’illustre le pacte en latin conclu par trois « communes forestières » commandant les approc
380 té d’autonomie ; et à cette fin, décidant la mise en commun des tâches publiques trop lourdes pour chacun mais réalisables
381 sch, avec lesquels je puis très bien n’avoir rien en commun que cette adhésion même. Telle étant la réalité proprement sui
382 rs, me dit-on, si la fédération s’étend de proche en proche à l’Europe tout entière, la Suisse ne va-t-elle pas s’y perdre
383 u Grütli, berceau mythique. Une idée se perd-elle en se généralisant, et une formule d’union en fécondant des unions toujo
384 d-elle en se généralisant, et une formule d’union en fécondant des unions toujours plus nombreuses ? Ceux qui ont peur que
385 passé, le juriste J.-C. Bluntschli, qui écrivait en 1875 : La Suisse a émis et réalisé des idées et des principes qui se
386 pes qui seront un jour destinés à assurer la paix en Europe… Si cet idéal de l’avenir se réalise, la nationalité suisse de
387 i, à bulletin secret, en connaissance de cause et en majorité nous choisirons de continuer la Suisse. Ceux qui le voudront
388 dront seront alors les vrais Suisses. « Et s’il n’ en reste qu’un… », disait Victor Hugo, reprenant un vers de Corneille.
35 1971, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Une dimension nouvelle (11-12 septembre 1971)
389 tion aisée et sans éclat, les colères bien tenues en brides, l’énergie grande et en partie secrète. Trop passionné pour se
390 olères bien tenues en brides, l’énergie grande et en partie secrète. Trop passionné pour se montrer jamais sentimental, tr
36 1972, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il faut dénationaliser l’enseignement [Entretien] (8 décembre 1972)
391 ard des instituteurs. Or rien n’est plus faux : j’ en veux au système scolaire, dont les instituteurs sont victimes, et qu’
392 victimes, et qu’ils perpétuent malgré eux. Ils n’ en sont pas responsables. J’ai d’ailleurs reçu d’autres lettres d’instit
393 uction publique est du ressort des cantons ? Mais en 1929 je parlais de mon expérience. Elle était tout à fait suisse, pui
394 ailleurs. Et j’ai constaté qu’ailleurs, notamment en France, c’était comme en Suisse. Et même pire. Vous donnez à l’école
395 é qu’ailleurs, notamment en France, c’était comme en Suisse. Et même pire. Vous donnez à l’école un poids déterminant, pre
396 ois que c’est possible les frontières nationales. En finir avec les fleuves qui s’arrêtent de couler à la frontière sur le
397 ues auxquels les citoyens n’ont pas été préparés. En étudiant l’économie, les élèves verraient bien que rien n’y justifie
398 rendu les hommes qui sont actuellement au pouvoir en Europe, incapables de saisir ce que pourrait être une fédération. Or
399 e fédération. Or c’est la seule formule possible. En France, les rares personnes que je n’aie pas trouvées inaccessibles à
400 terrand. Des exceptions. Mais comment pourrait-il en aller autrement ? Prenez le Petit Littré, qui est encore le dictionna
401 r une politique, c’est administrer. Quand l’homme en place invoque les « réalités », le critique répond : « Vous ne voyez
402 u quotidien, pour pouvoir tout reconsidérer. Pour en sortir, il faut une véritable révolution. L’impossible révolution
403 j’ai appris à lire hors de l’école, avec ma sœur. En m’amusant, et en cachette. J’avais 5 ans. Je cite aussi, dans les Mé
404 e hors de l’école, avec ma sœur. En m’amusant, et en cachette. J’avais 5 ans. Je cite aussi, dans les Méfaits , l’exemple
405 e grec. Sous forme de jeu9. Peut-être l’évolution en cours dans la plupart des écoles européennes donnera-t-elle lieu à la
406 lieu à la révolution que vous souhaitez. Mais on en distingue déjà deux développements possibles, et contradictoires : d’
407 valu deux guerres mondiales. Ce qu’Illich appelle en termes marxistes « aliénation » des élèves, je préfère l’appeler « al
408 le premier terme de votre « alternative »… qui n’ en est pas une. Car le second terme est également nécessaire. Je ne vois
409 r avec des camarades plus faibles. Au contraire : en les aidant, ils apprendraient d’autant mieux. On ne sait vraiment que
410 ss médias, ou sous la coupe des chefs de gangs… J’ en ai vu des exemples très proches : aux États-Unis. Plus d’autorité du
411 Je crains la loi de la jungle, le règne des forts en gueule, voire des sadiques. Revenons à l’évolution de l’école, et aux
412 gauche on aura tendance à insister sur le travail en groupe, à laisser les élèves rapides et les élèves lents ensemble le
413 pour le fédéralisme, qui est si mal compris, même en Suisse. Il s’agit de mettre en relation des éléments — dans le cas eu
414 mal compris, même en Suisse. Il s’agit de mettre en relation des éléments — dans le cas européen, des régions — qui aient
415 nt compatible : un réseau routier unifié n’entame en rien l’originalité des génies locaux. Le fédéralisme doit commencer à
416 c’est la mort. Tout ce système est cohérent. Vous en trouverez les racines dans la théologie, dans l’image du Christ — Jés
417 ait merveilleusement dans ma tête, parce que je m’ en croyais l’inventeur… » 10. « … une classe unique, les aînés aidant l
418 us jeunes à apprendre à lire, à compter, à écrire en calligraphie, à parler l’anglais et l’allemand, à observer les lois d
419 première œuvre qu’ait publié Denis de Rougemont, en 1929, à l’âge de 22 ans. Dans ce pamphlet d’une soixantaine de pages,
420 es futurs citoyens dans le sens voulu par l’État, en inculquant le conformisme et en détruisant l’imagination. Le temps, a
421 voulu par l’État, en inculquant le conformisme et en détruisant l’imagination. Le temps, apparemment, n’a pas entamé la ra
422 ence de Denis de Rougemont contre l’école. Preuve en soit la récente réédition des Méfaits, « aggravés » d’une Suite des m
423 72, elle commence ainsi : “Écrit d’un jeune homme en colère, aussi injuste qu’un pamphlet doit l’être, j’ai le triste plai
37 1972, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Merveilleux Lavaux (23-24-25 décembre 1972)
424 nt fabuleuse, et passionnelle. Il est difficile d’ en parler, fût-ce à sa louange éperdue, sans provoquer l’éclat soudain,
425 aimé. Or, ses habitants l’aiment aussi, mais ils en usent, c’est-à-dire le transforment chaque jour par les retouches ins
426 imons, faudrait-il qu’ils renoncent à le vivre, à en vivre ? Sauver Lavaux, oui, mais vivant non pas figé. Et vivant, c’es
427 roblèmes de la survie d’un lieu sublime se posent en des termes semblables. Ainsi, qu’est-ce que sauver Venise ? Non pas o
38 1984, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Philosophie et énergie nucléaire : une mise au point (28 juin 1984)
428 isines et salles de bains. » Je n’ai pas à entrer en discussion avec un directeur qui n’a dit que ce qu’il devait dire pou
429 dénoncer l’usage fait de ces deux citations, qui en falsifie le sens et la portée. 1. La première citation, pronucléaire,
430 comme celui des déchets) était pratiquement nulle en Suisse. J’ai fait cette mise au point le 26 janvier 1979, en prononça
431 J’ai fait cette mise au point le 26 janvier 1979, en prononçant au Palais de Beaulieu, pour introduire les « Rencontres in
432 prononçait les phrases suivantes : « Les réserves en pétrole… seront un jour épuisées. Les experts varient sur la date, no
433 ser d’avoir appris pas mal de choses depuis, et d’ en avoir tiré les conséquences. 2. La seconde citation, antinucléaire c
434 re » non seulement n’est pas de moi et ne traduit en rien notre idéal, mais formule l’exigence « essentielle » du grand pa
435 tielle » du grand patron des centrales nucléaires en France ! J’en donne ici la preuve irréfutable. Dans la revue économiq
436 and patron des centrales nucléaires en France ! J’ en donne ici la preuve irréfutable. Dans la revue économique Investir, e
437 e irréfutable. Dans la revue économique Investir, en mars 1975, M. Jean-Claude Leny, directeur général de Framatome, qui a
438 80, Éditions Georgi, p. 17 et 18. 13. Les lignes en italique sont celles citées par M. Desmeules. 14. Cité par André Gor