1 1940, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Erreurs sur l’Allemagne (1er mai 1940)
1 d’oublier, par exemple, que le Führer autrichien n’ est pas né luthérien mais catholique ; que son mouvement s’est dévelop
2 résistance notable, c’est-à-dire en Scandinavie, n’ a pas conduit au national-socialisme, mais plutôt au pacifisme et au d
3 de), ce qui est peut-être déplorable, mais ce qui n’ est pas absolument pareil ; que l’Autriche catholique, bien qu’armée,
4 areil ; que l’Autriche catholique, bien qu’armée, n’ a pas résisté à l’hitlérisme, alors que la Norvège luthérienne, bien q
5 rès désarmée, résiste ; qu’enfin le totalitarisme n’ est pas l’apanage de la seule Allemagne, à demi luthérienne seulement,
6 doxe, et dans une Italie toute catholique. Ce qui n’ est pas sans compliquer l’affaire… Qu’on recherche la coloration parti
7 xie au totalitarisme russe, fort bien. Mais qu’on ne dise pas : Luther mène à Hitler. C’est une sottise et une mauvaise ac
8 stes et beaucoup de démocrates affirment : Hitler n’ est pas le peuple allemand : la masse a été trompée par ses chefs. Un
9 ondément collectiviste. Les socialistes allemands ne s’y sont pas trompés. » Sur quoi l’auteur accuse d’aveuglement les so
10 contre le marxisme » ! (Certains, que je connais, n’ en ont pas encore démordu.) Après tout, les socialistes français que c
11 alistes français que critique justement M. Muret, ne sont coupables que d’avoir partagé l’erreur fatale et prolongée des b
12 Or les vieux poèmes allemands, pour autant qu’ils ne sont pas les traductions de chants islandais ou scandinaves, sont des
13 eltiques. Hubert, le meilleur celtisant français, n’ écrit-il pas que dans la mythologie des Celtes, « l’idée de la mort do
14 t mal les causes d’une révolution dont les effets ne sont que trop connus. Le seul avantage de ce procédé historique et li
15 a guerre présente nous rappelle au sérieux. Et ce n’ est pas ma faute, ni celle des protestants, si l’axe Berlin-Rome passe
16 i l’axe Berlin-Rome passe justement par Rome, qui n’ est pourtant pas luthérienne. Je m’excuse de tant d’évidences, et d’av
2 1940, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). « À cette heure où Paris… » (17 juin 1940)
17 drai le goût d’être un Européen. La Ville Lumière n’ est pas détruite : elle s’est éteinte. Désert de hautes pierres sans â
18 ntrerai dans Paris. Il y entre, en effet, mais ce n’ est plus Paris. Et telle est sa défaite irrémédiable devant l’esprit,
19 rd’hui ces rues les plus émouvantes du monde : Il ne les connaîtra jamais. Il ne verra que d’aveugles façades. Il s’est pr
20 uvantes du monde : Il ne les connaîtra jamais. Il ne verra que d’aveugles façades. Il s’est privé à tout jamais de quelque
21 ble, de quelque chose qu’on peut tuer, mais qu’on ne peut conquérir par la force, et qui vaut plus, insondablement plus qu
22 étarienne — en fer tordu, en pierraille lépreuse. N’ importe quel badaud d’un soir de juin pouvait s’annexer pour toujours
23 ère qu’aucune autre portait les traces pacifiées. N’ importe quel badaud, mais pas un conquérant. La confrontation stupéfia
24 de entier qu’il est des victoires impossibles. On ne conquiert pas avec des chars les dons de l’âme et les raisons de vivr
25 e. Qu’ils fassent dix fois le tour du monde ! Ils ne rencontreront partout que le fracas du néant mécanique. Jusqu’au jour
26 rrêtant enfin, ils comprendront qu’aucun triomphe ne vaut pour eux la moindre des réalités humaines qu’ils ont tuées. « …c
27 es réalités humaines qu’ils ont tuées. « …car ils ne savent ce qu’ils font. » Le 15 juin 1940. b. Rougemont Denis de, «
3 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). New York alpestre (14 février 1941)
28 New York alpestre (14 février 1941)c Personne ne m’avait dit que New York est une île en forme d’un gratte-ciel couché
29 de tunnels et d’autostrades surélevées. Personne ne m’avait dit, non plus, que New York est une ville alpestre. Je l’ai s
30 tres de ces sommités célèbres que les New-Yorkais ne se lassent pas de désigner, comme nous énumérons nos Alpes quand nous
31 rême civilisation matérielle demeure hanté par on ne sait quelle sauvagerie des hauteurs ; et ce lieu d’extrême densité hu
4 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). La route américaine (18 février 1941)
32 u’ils eussent rejoint les terres du Pacifique. On ne pouvait plus rien ajouter aux plus hauts gratte-ciel de New York, à c
33 en silence à travers tout le continent. Personne n’ en parle. On n’a pas eu besoin de changer de régime pour le réaliser.
34 ravers tout le continent. Personne n’en parle. On n’ a pas eu besoin de changer de régime pour le réaliser. Les autostrades
35 ime pour le réaliser. Les autostrades américaines ne sont pas une réclame politique, ni même un expédient pour lutter cont
36 se forcer. Voici enfin un spectacle émouvant qui n’ effraye pas, mais au contraire atteste une force paisible et utile. Tr
37 s les masses elles-mêmes comprendront-elles qu’il n’ est qu’un seul infini véritable : celui que chacun porte en soi, celui
5 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Souvenir de la paix française (15 mars 1941)
38 -rue : comme elle est vide ! Les toits d’ardoises ne dépassent pas les façades nues, brunies par l’âge, palmées par les ve
39 c’est une de ces voitures branlantes qui semblent ne pouvoir rouler que sur les routes écartées, d’une ferme au marché le
40 marché le plus proche. Nulle part au monde la vie n’ apparaît si discrète, si pacifique et séculaire. Ce pays-là n’est qu’a
41 i discrète, si pacifique et séculaire. Ce pays-là n’ est qu’amitié des tons et des lignes humaines, humilité sous la douceu
42 une longue absence et des déboires : il entre, il ne trouve personne. Mais ses outils sont là, contre le mur. Il reprend l
6 1946, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Monsieur Denis de Rougemont, de passage en Europe, nous dit… [Entretien] (4 mai 1946)
43 rançaise ; la production littéraire demande qu’on ne séjourne pas indéfiniment dans le climat étranger. En outre, j’ai des
44 brutalement avec la foule qui la peuple et que je ne reconnaissais plus : des visages sans gaieté, des corps petits, comme
45 corps petits, comme affaissés… Un vrai cauchemar… N’ était-ce pas le contraste avec ces grands diables d’Américains ? Non,
46 ands diables d’Américains ? Non, car en Suisse je n’ ai rien éprouvé de semblable. À Paris c’était véritablement oppressant
47 a sur place. J’avais constaté que les conférences n’ étaient pas un très bon moyen de propagande. Les Américains en écouten
48 ions cette année ! C’est beaucoup à la fois. Vous n’ êtes plus l’intellectuel en chômage… Au contraire, je vais maintenant
49 arer du secret de la bombe atomique ? Non, et nul ne le sait, je crois, en Amérique. Mais une polémique ardente, sur l’opp
50 ne question de mœurs, de rapports quotidiens. Ils n’ ont pas de culture proprement dite, mais bien une civilisation scienti
51 nt d’esprit critique. Quant à leurs loufoqueries, ne croyons pas qu’ils les prennent au sérieux : c’est un genre d’humour
52  : c’est un genre d’humour qui leur plaît, et ils ne font que s’en amuser. Si on les compare aux Français, il est indéniab
53 polite aujourd’hui, comme au centre du monde. Et, ne serait-ce que pour mieux comprendre leur continent grâce à l’éloignem
54 ion de quitter leur « province » pour s’y rendre. N’ ont-ils donc rien à craindre de l’américanisme ? Pour ce qui est du ma
55 iration pour le progrès technique, les Américains n’ ont en somme pas grand-chose à nous apprendre, et c’est là une de leur
56 u intellectuel auquel les éditeurs contribuent en ne faisant de gros tirages que pour les ouvrages médiocres. Quand un liv
57 ope reste le continent de la création. L’Amérique ne crée pas. Elle est plutôt complémentaire de l’Europe. Cela permettrai
58 rialisme américain. J’ai peur, quant à moi, qu’il ne soit beaucoup trop timide ! Car les Américains redoutent énormément d
59 : « Nous devons arrêter là cette interview ; nous ne doutons pas que les considérations de l’écrivain neuchâtelois — que n
60 ns de l’écrivain neuchâtelois — que nous espérons n’ avoir point trahies en les résumant — intéresseront vivement nos lecte
61 Neuchâtel, dont il est une des fiertés. Ce retour n’ est d’ailleurs que provisoire, l’écrivain ayant laissé sa famille en A
7 1947, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Consolation à Me Duperrier sur un procès perdu (5 décembre 1947)
62 Rougemont, mais il faut acquitter Oltramare. Vous n’ y comprenez rien ? Ni moi non plus. C’est que ce raisonnement n’en est
63 rien ? Ni moi non plus. C’est que ce raisonnement n’ en est pas un, mais combine deux absurdités. 1. Si l’on admet avec cet
64 u bien il faut acquitter Oltramare, mais alors il n’ y a pas lieu de me dénoncer, tout ce discours retombe à plat, et notre
65 le contraire d’Oltramare à Paris. Si Me Duperrier ne sent pas la différence, essayons de l’éclairer par une fable. Supposo
66 rgé d’office de ma défense. Que va-t-il dire ? Il n’ hésite pas : il dit que j’ai fait comme Oltramare, notre infaillible f
67 e infaillible führer suisse. On lui répond que ça ne prend pas, que j’ai fait exactement le contraire. On me fusille et on
68 guerre. La Suisse subsiste, intacte et libre. On n’ a pas fusillé Oltramare, on s’est borné à le punir un peu. Son avocat
69 e leur « ordre » où nous serions des morts, ou je ne sais quels esclaves honteux de vivre. h. Rougemont Denis de, « Con
8 1949, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Les écrivains romands et Paris (10 septembre 1949)
70 igieuse, proximité du monde germanique. Mais nous n’ avons rien de ce qu’il faut pour assurer le succès d’une œuvre : publi
71 eur, appuis sociaux, politiques ou financiers. Je ne sais trop s’il faut s’en plaindre. Tout cela se crée naturellement au
72 ulier. Je suis prêt à le croire. Mais enfin, cela ne va pas de soi. Question 3. – « Le départ vers Paris… » Il n’y a pas
73 soi. Question 3. – « Le départ vers Paris… » Il n’ y a pas que Paris, mais c’est le départ qui importe. Combien de grande
74 la plus fréquente et la plus bénéfique à la fois) n’ est pas précisément de vivre et de créer loin de son milieu et de sa p
75 ion suffisants pour alimenter une littérature qui ne soit pas uniquement et strictement « locale » ? 2. A-t-il des chances
76 Des appuis ? Un milieu ? 3. Le départ vers Paris n’ est-il pas, en même temps qu’une tentative de retrouver ailleurs ce qu
77 u’une tentative de retrouver ailleurs ce que l’on ne trouve pas dans son pays, une fuite, loin de ce que Ramuz appelle “le
78 “le train-train d’une vie moyenne où l’exception, n’ a point de part” ? Après les réponses de J.-E. Chable, Robert de Traz,
79 ndispensable au succès d’une œuvre littéraire, il ne se répand point en lamentations. Au contraire : il préconise des remè
9 1949, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe est encore un espoir (8 décembre 1949)
80 reprochent une hâte « imprudente », la différence n’ est pas de jugement politique, mais d’expérience humaine, et surtout d
81 ait seul sauver l’Europe. Les autres dorment. Ils n’ ont pas encore vu qu’on ne leur laissera plus le temps d’être prudents
82 Les autres dorment. Ils n’ont pas encore vu qu’on ne leur laissera plus le temps d’être prudents. Trop tard, dites-vous. «
83 ’être prudents. Trop tard, dites-vous. « L’Europe n’ existe plus ». Les Russes et les Américains vont lui régler son compte
84 les Américains vont lui régler son compte, si ce n’ est pas déjà fait. Et vous avez presque raison. Mais dans ce presque i
85 argument sera simple, le voici : Si notre Europe n’ existait plus, si c’était vrai, vous ne pourriez plus même le dire, et
86 tre Europe n’existait plus, si c’était vrai, vous ne pourriez plus même le dire, et cela pour des raisons que vous avez bi
87 . L’Europe existe encore, là où le cri des hommes n’ est pas étouffé dans leur bouche, ou dans les sources mêmes de leur ré
88 mêmes de leur révolte. Vous allez me dire : « Ce n’ est qu’une survivance. En réalité, les jeux sont faits. Le droit de pa
89 e parler nous est encore laissé, mais c’est qu’il n’ a plus d’importance. La possibilité d’agir nous est ôtée. » Venez donc
90 ons de satellites, quatre-vingt-dix pour cent qui ne sont pas communistes. Une Europe en partie ruinée ? Mais elle relève
91 Mais elle relève déjà ses industries ; et l’URSS n’ a pas été traitée mieux qu’elle, qu’on s’en souvienne. Une Europe entr
92 i que l’Amérique souhaite l’union de l’Europe. Ce n’ est pas la même union que les Russes nous imposeraient ! L’Amérique ve
93 nous avons besoin de l’Amérique, en retour ; nous n’ avons pas besoin des Russes. Les Américains seront forcés de nous forc
94 s forcer à l’union ou de nous abandonner, si nous n’ arrivons pas, d’ici deux ans, à nous fédérer librement. Il ne dépend q
95 pas, d’ici deux ans, à nous fédérer librement. Il ne dépend que de nous d’y réussir. Les jeux ne sont donc pas faits. Il n
96 t. Il ne dépend que de nous d’y réussir. Les jeux ne sont donc pas faits. Il nous reste deux ans. Nous perdrons ces deux a
97 de proposer qu’on choisisse un Grand Homme. Vous n’ y croyez sans doute pas plus que moi. Et vous dites : « Ou bien un enf
10 1953, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). « Ce qu’ils pensent de Noël… » [Réponse] (24 décembre 1953)
98 onne volonté ? La plupart sont involontaires, ils ne font que subir leur condition. n. Rougemont Denis de, « [Réponse à
11 1954, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Rejet de la CED : l’avis de Denis de Rougemont (20 septembre 1954)
99 gardent une ferme orientation. L’échec de la CED n’ est pas celui de l’idée fédérale, mais celui d’une diplomatie qui tent
100 rets. La vraie lutte pour l’Europe commence. Elle ne sera pas gagnée dans ces lieux indécents que sont les couloirs de par
12 1957, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Une lettre de Denis de Rougemont (16-17 février 1957)
101 dys » ( Gazette de Lausanne des 2-3 février 1957) n’ est pas celle du ministre britannique de la Défense. Elle représente u
13 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Fédéralisme et culture (3-4 mars 1962)
102 tions, etc. Et plutôt que de reconnaître que cela n’ est pas possible, en plus d’un cas, il pousse à préférer des solutions
103 est une autre erreur, inverse de la première, qui ne cessera de vous tenter : celle de l’organisation rationnelle d’activi
104 nisation rationnelle d’activités qui par essence, ne le sont pas. Tout le secret du fédéralisme réside dans l’art de disti
105 une un laboratoire de recherches nucléaires, pour ne prendre que cet exemple. Mais qu’on ne dise pas qu’elles sont trop pe
106 ires, pour ne prendre que cet exemple. Mais qu’on ne dise pas qu’elles sont trop petites pour que s’y développent à foison
107 ent ces groupes avec l’intransigeance nécessaire. N’ oublions pas que les cités qui ont fait la Renaissance en Italie, en F
108 de ce sens du mécénat, nul comité de coordination ne pourra jamais remédier. Les comités ne peuvent faire, au mieux, que d
109 ordination ne pourra jamais remédier. Les comités ne peuvent faire, au mieux, que des choses raisonnables, mais la culture
110 sions individuelles et par des petits groupes qui ne craignent pas de passer pour extravagants ou excessifs. Les comités s
111 te de répartition géographique équitable — ce qui n’ est, soit dit en passant, qu’une parodie du vrai fédéralisme — c’est t
112 ésenterait pour notre Suisse fédéraliste. Mais ce n’ est pas le fait de supprimer nos douanes qui mettrait en danger nos « 
113 « raisons d’être » ! C’est bien plutôt le fait de ne plus s’intéresser qu’au niveau de notre vie matérielle, de traiter la
114 récédent. Nos raisons d’être et de rester Suisses ne sont pas des raisons économiques. Le fédéralisme, j’ai tenté de vous
115 attitudes de pensée que la culture créatrice. On ne sauvera pas l’un sans l’autre. q. Rougemont Denis de, « Fédéralism
14 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Rectification (9 mars 1962)
116 ations. En effet, « l’essentiel » de mon discours ne consistait nullement, comme l’écrit votre collaborateur, à « vitupére
117 on et ceux de la création. La moitié d’une vérité n’ est qu’une sottise, surtout lorsqu’il s’agit de fédéralisme ! Me faire
118 e faire dire une sottise, dont je suis heureux de ne pas être l’auteur. Voici mon texte : « Tout le secret du fédéralisme
15 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe est d’abord une culture (30 juin 1962)
119 e, en trois points : 1. L’union entre des peuples ne saurait se faire en général que sur la base de quelque unité préexist
120 une entité culturelle ; 3. Il en résulte que l’on ne doit et que l’on ne peut « faire l’Europe » qu’en conformité avec le
121 e ; 3. Il en résulte que l’on ne doit et que l’on ne peut « faire l’Europe » qu’en conformité avec le génie même de sa cul
122 politique bien définie. ⁂ La première proposition n’ entraîne pas de longs commentaires. Il est évident que des peuples, ne
123 ngs commentaires. Il est évident que des peuples, ne songent à s’unir que s’ils ont en commun certains traits qu’ils tienn
124 ion, internes ou externes. La seconde proposition n’ est pas aussi évidente pour chacun. Cependant, il n’est pas difficile
125 est pas aussi évidente pour chacun. Cependant, il n’ est pas difficile de l’établir. Quand je dis que l’Europe est d’abord
126 ion dont elle est l’origine et le cœur. Voilà qui ne saurait s’expliquer que par la culture des Européens, entendant par c
127 réalité économique, on oublie que notre économie n’ est pas tombée du ciel ni sortie du sol, et qu’elle ne tire pas son or
128 t pas tombée du ciel ni sortie du sol, et qu’elle ne tire pas son origine et sa vitalité de notre nature, mais bien de nos
129 dre conscience de leur nocivité tant que celle-ci ne se manifeste qu’au niveau des idéologies, même meurtrières. On va rép
130 avec le patriotisme, hélas — a du bon, tant qu’il ne s’exagère pas en chauvinisme. Mais qu’est-ce que le chauvinisme ? C’e
131 paysan ou politicien, je me dis que quelque chose ne marche pas. C’est alors que j’accepte de prendre au sérieux les « uto
132 un plan technique et économique, dont les auteurs ne sont d’ailleurs pas dépourvus d’arrière-pensées politiques. ⁂ Même en
133 notamment exiger que cette unification économique ne détruise pas les bases de l’Europe, mais y puise au contraire ses mei
134 bordonne à une grande politique commune, laquelle ne peut se développer qu’à l’échelle mondiale. Commentons brièvement ces
135 ar malheur, l’auteur de ce mot d’ordre, M. Debré, ne pensait qu’à l’Europe des États, qui est tout à fait autre chose.)
136 se.) Les modes d’emploi Enfin, l’Europe unie ne saurait être conçue comme un but en soi, comme un nationalisme agrand
137 ion économique appelle une union politique, qu’on ne peut souhaiter que fédérale. L’intégration totale et uniformisante dé
138 dynamisme. Une simple alliance d’États souverains ne répondrait nullement aux exigences du siècle. Seule une fédération, s
139 e nommée Europe. 2. Cette organisation économique ne saurait fournir les bases d’une organisation politique, mais seulemen
140 ’Inde, l’Extrême-Orient). 4. Cette action commune ne devra pas se limiter au plan économique et commercial, mais s’étendre
141 es Européens. La Suisse est aussi bien placée que n’ importe quel autre pays pour faire valoir ces vues mondiales : on ne l
142 re pays pour faire valoir ces vues mondiales : on ne l’accusera jamais de néo-colonialisme ! Et elle est mieux placée que
143 i va plaider sa cause ? Une union faite sans nous ne sera pas faite pour nous, c’est l’évidence. Mais nous aurons perdu le
16 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Universités américaines (12-13 janvier 1963)
144 traversant d’est en ouest se nomme Vents, et nul n’ a compris ce pays s’il n’a pas découvert un jour qu’un souffle immense
145 t se nomme Vents, et nul n’a compris ce pays s’il n’ a pas découvert un jour qu’un souffle immense de lyrisme nomade est le
146 s ?) Harvard Déjeuner avec Paul Tillich. Je ne l’avais pas revu depuis un soir de 1941, à New York, chez notre ami c
147 et rose pourpre d’une intensité de couleur que je n’ ai jamais vue ailleurs. Arrêt dans une auberge faite d’un vieux wagon
148 is, je lis, je dors, je médite et je récupère. Je ne trouverais pas cela en Europe, toutes vos maisons se touchent, vous n
149 a en Europe, toutes vos maisons se touchent, vous n’ êtes plus jamais seuls. » Je lui ai dit qu’il exagérait, qu’il y avait
150 ent de feuilles rondes, comme des pièces d’or. Je ne sais rien qui égale en Europe la splendeur de l’indian summer aux vil
151 st exclu de parler de sentiment, bien entendu, ça ne se fait plus, mais l’horizon de cet art poétique me paraît aussi sec
152 rendez-vous commence quelques secondes après, je n’ ai plus le temps de m’inquiéter de rien. Tout occupé à satisfaire d’ar
153 t plusieurs se demandent, m’a-t-on dit, si l’URSS ne détient pas les clés de l’avenir du monde uni, je leur rappelle que c
154 ticles que publie le New York Herald Tribune : on ne fait pas plus Européen.) Où sont les successeurs de l’Occident ? Je n
155 péen.) Où sont les successeurs de l’Occident ? Je ne vois que des imitateurs. Le but des Soviétiques, à les en croire, est
156 estions pleuvent : j’en reçois 42 par écrit. Rien n’ est plus caractéristique de l’opinion actuelle des jeunes Américains.
157 grand homme de notre temps était Gandhi. Pourquoi ne pas défendre nos valeurs en étant prêts à mourir, mais non pas à tuer
158 peut-elle être présentée de telle manière qu’elle ne soit pas méprisée comme un simple sermon ? » « La décision n’appartie
159 méprisée comme un simple sermon ? » « La décision n’ appartient-elle pas aux Soviets ? Car s’ils décident la guerre, a) ils
160 question, j’ai répondu : « J’espère bien que vous n’ attendez pas ma permission pour aimer les Russes ! » (la salle croule.
161 et Sidney Hook, le philosophe et sociologue. « Je n’ ai jamais fait de ma vie autant de mathématiques, me dit ce dernier, c
17 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’éloge, l’élan, l’amour, le monde ouvert à ceux qui s’ouvrent, cela existe… (2-3 février 1963)
162 e idée m’est tellement étrangère que je crains de ne pouvoir rendre justice à la problématique de M. Tauxe. Je sais bien q
163 l en a tiré une œuvre forte, c’est Ramuz. Mais il ne croyait pas à l’Helvetia et à l’homo helveticus. Il ne croyait qu’au
164 oyait pas à l’Helvetia et à l’homo helveticus. Il ne croyait qu’au pays de Vaud, réduit aux vignes, et pimenté d’exotisme
165 déquate », le jeune Suisse romand qui veut écrire n’ aurait-il pas besoin, tout simplement, de ce qu’on appelle en France l
166 on appelle en France la classe de rhétorique ? Je ne sens pas que ce soit aux « préjugés spiritualistes » qu’il se heurte,
167 vée par l’école primaire et secondaire. Tout cela n’ a rien à voir avec Calvin, spirituel de plein vent, et de langue assur
168 s ou familiales, le Suisse romand qui veut écrire n’ a qu’à jouer ses atouts et bien savoir sa langue. Cela donne Rousseau,
169 . Cela donne Rousseau, Staël ou Constant. Et cela n’ empêche nullement Cendrars ou Cingria. On nous parle de révolte, de cr
170 quats pour exprimer ces thèmes rebattus ! Si cela ne donne plus rien, n’est-ce pas le signe qu’il serait temps de se tourn
171 ces thèmes rebattus ! Si cela ne donne plus rien, n’ est-ce pas le signe qu’il serait temps de se tourner vers autre chose 
18 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Les mythes sommeillent… ils vont se réveiller [Entretien] (9-10 février 1963)
172 beaucoup changé… Les années 1930, puis la guerre, n’ ont-elles pas porté au romantisme, donc à l’amour-passion, un coup mor
173 us devenons très « raisonnables ». Les arts mêmes ne veulent plus exprimer la part instinctive de l’homme, ce que j’appell
174 ins refusent de donner forme à l’irrationnel, ils ne veulent plus être poètes, ils calculent, ils cherchent de façon purem
175 donne une impression de sécheresse, d’épuisement. Ne croyez-vous pas que l’Europe est épuisée ? Absolument pas. D’ailleurs
176 s autres civilisations, oui, sont épuisées. Elles ne font, pour l’essentiel, que prendre ce que nous leur donnons. Mais si
177 érer de quelque chose. Mais la société européenne n’ a jamais été moins asservie par les impératifs ou par les interdits de
178 . … de la morale et de la hiérarchie mondaine. Il n’ y a plus d’obstacles que les mythes puissent tenter de vaincre. Pardon
179 tatistique aboutit à l’absurde (en 2500, personne ne pourrait s’asseoir sans écraser les pieds d’un autre), mais comment n
180 sans écraser les pieds d’un autre), mais comment ne pas voir le problème ? Aujourd’hui déjà, notre vie est balisée de feu
181 , de très vieux mythes. Vous savez, l’être humain n’ a pas changé dans ses profondeurs, Jung a montré de quelles couches im
182 dé son rôle primordial. Mais oui. Les troubadours ne l’avaient pas inventé. Ils lui avaient donné une forme nouvelle. Cett
183 ur le xxie  ? On peut tracer des perspectives. On ne peut pas prophétiser. Il y a un auteur d’anticipation qui a longueme
184 extrêmement proches du xiie siècle. La Chasteté n’ est pas le refoulement de l’amour, la négation de la Femme. C’est au c
185 e complexes ignorés, mais d’autant plus actifs… » N’ accueillons pas sans reconnaissance l’homme capable de nous dire savam
19 1964, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il nous faut des hommes de synthèses (19-20 septembre 1964)
186 Ainsi donc, l’origine de la diversité des langues ne serait autre que la spécialisation des métiers et par suite des jargo
187 t ouvriers en équipes spécialisées et qui bientôt ne se comprendront plus, je veux dire l’Université et ses diverses facul
188 jadis au point qu’un homme de couleur différente ne semblait pas vraiment humain, se reconnaissent et s’admettent. Déjà l
189 de conflits peut-être atroces, mais dont l’issue n’ est pas douteuse. Les cultures entrent en dialogue, sur un pied théori
190 interpénètrent, et certaines s’universalisent. On n’ a jamais autant appris de deuxièmes et de troisièmes langues. On n’a j
191 appris de deuxièmes et de troisièmes langues. On n’ a jamais autant traduit et déchiffré. Et des machines électroniques vo
192 a découvert la terre entière, et personne d’autre n’ est jamais venu la découvrir. L’Europe gréco-romaine et judéo-chrétien
193 Leibniz, Vattel et Kant en sont les pères, et je ne leur vois guère de répondant dans les élites d’Asie, d’Arabie et d’Af
194 n et de séparation, qui est proprement babélique, ne me paraît nulle part plus visible et plus facile à observer, hélas, q
195 vives de la nouvelle culture mondiale. Mais qu’il n’ y ait plus, ou presque plus, de langage commun, et que les buts finaux
196 ue cela veut dire aussi, très concrètement, qu’il n’ y a plus d’Université aux deux sens primitifs de l’universitas, qui so
197 ens synthétique ou universalisée. Nos universités ne sont plus guère, en fait, que des agglomérats ou juxtapositions souve
198 les professionnelles et d’instituts de recherches n’ ayant plus d’autres liens réels que ceux d’une administration en outre
199 rit humain. La juxtaposition de facultés étanches ne fait pas plus une université qu’une addition d’organes ne fait un cor
200 pas plus une université qu’une addition d’organes ne fait un corps vivant. Regardons cela d’un peu plus près. Sur l’explos
201 era de 500 000 dans une dizaine d’années. (Seules n’ auront pu varier les dimensions des salles de la Sorbonne, où déjà les
202 y a 30 à 35 ans, avions appris toute la chimie et n’ en avions rien oublié, nous ne saurions qu’un dixième de ce qu’elle es
203 toute la chimie et n’en avions rien oublié, nous ne saurions qu’un dixième de ce qu’elle est aujourd’hui. Ces données num
204 et peut-être en psychologie ; rien de comparable ne s’est produit et ne saurait se produire dans la théologie et la philo
205 chologie ; rien de comparable ne s’est produit et ne saurait se produire dans la théologie et la philosophie, ni dans les
206 sophie, ni dans les lettres. Mais cette disparité n’ a rien de rassurant, tout au contraire : elle accroît la séparation et
207 de fonctionner normalement quand les informations ne peuvent plus être échangées entre les branches du savoir, ou entre le
208 obale de conception, soit originelle soit finale, ne peuvent dès lors plus s’exercer. Un exemple précis illustrera ce poin
209 ien d’aujourd’hui, lisant l’œuvre d’un physicien, ne serait plus en mesure de le juger comme l’Église jugea Galilée, parce
210 ise jugea Galilée, parce que, tout simplement, il ne comprendrait pas de quoi parle le physicien, et a fortiori ne saurait
211 ait pas de quoi parle le physicien, et a fortiori ne saurait pas si le rapport entre les conclusions du physicien et la do
212 positif ou indifférent. J’ajoute que le physicien ne saurait pas davantage si sa démarche est conforme ou non à la théolog
213 forme ou non à la théologie, et fort probablement ne s’en soucierait pas. Ainsi chacun va de son côté, et les représentant
214 té, et les représentants des disciplines diverses n’ ont souvent plus guère en commun que des platitudes quotidiennes ou de
215 it humain, et particulièrement l’esprit européen, ne peut se résoudre à ce que les routines et l’utilité immédiate suffise
216 ieux de catastrophe. Après tout, la tour de Babel ne s’est pas écroulée sur ses bâtisseurs, ils l’ont seulement abandonnée
217 r ses bâtisseurs, ils l’ont seulement abandonnée, ne sachant plus s’expliquer les uns aux autres pour quelles fins ils l’a
218 es, qu’on l’agrandisse ! Les crises de croissance n’ ont jamais été mortelles pour les administrations : elles représentent
219 n, radicalement, par d’autres disciplines, et qui ne peuvent défendre leur « vérité » qu’en se fermant méthodiquement sur
220 éthodiquement sur elles-mêmes, acceptant ainsi de n’ être peut-être plus tout à fait vraies — mais tant pis, cela ne se sai
221 tre plus tout à fait vraies — mais tant pis, cela ne se sait pas encore ! Cette espèce de résignation intellectuelle corre
222 ne observation attentive de nos universités, l’on ne trouve qu’une sorte de monstre, assemblage de pièces et de morceaux q
223 urquoi travaillez-vous autant ? Or rien de tel ne s’est produit, autant que l’on sache, dans les cultures sacrées et ho
224 ures tout est sacré. La distinction sacré-profane n’ existe pas, en ce sens que sagesse spirituelle, science ethnique et es
225 et esthétique, sont réglées par les mêmes lois et ne connaissent pas de développements particuliers et divergents. L’origi
226 culiers et divergents. L’originalité, pour elles, n’ est pas vertu, mais atteinte à l’ordre sacré — ou simple erreur d’exéc
227 tière et le corps pour essentiellement illusoires n’ allait pas perdre à leur étude le meilleur de son temps de méditation.
228 monter leur ignorance méthodique des domaines qui ne sont pas de leur département. Je reprends ici mon exemple du physicie
229 r par cet exemple, c’est que l’Europe de l’esprit ne peut plus se présenter devant le monde qu’elle a réveillé, dans le dé
230 oirs spécialisés et synthèse de nos connaissances n’ est guère qu’un cas particulier. Le paradoxe européen par excellence d
231 opéen par excellence de l’union dans la diversité n’ est pas seulement celui de l’Université, mais celui de notre politique
232 toutes les facultés et instituts spécialisés. Je n’ y crois pas. La presque totalité des expériences tentées dans cette in
233 tés me paraissent assez évidentes. La généralité n’ est pas une matière enseignable. Elle ne peut vraiment consister que d
234 énéralité n’est pas une matière enseignable. Elle ne peut vraiment consister que dans une attention en éveil permanent aux
235 s propose, qui s’étendrait du berceau à la tombe, ne laisserait guère le temps de vivre à ses bénéficiaires super-savants.
236 sation du savoir, loin de représenter un progrès, n’ est littéralement qu’une monstruosité : le développement excessif d’un
237 s partiels, additionnés, dus à la spécialisation, ne combleront jamais, et toujours moins. C’est gagner le monde par petit
238 le monde par petits bouts au prix de son âme. Il n’ en reste pas moins que la spécialisation dans l’Université ne peut all
239 pas moins que la spécialisation dans l’Université ne peut aller qu’en croissant, sous la double pression que j’ai dite : t
240 d d’étudiants et de futurs enseignants. Puisqu’on ne peut chercher de solution en arrière, il faut donc la chercher en ava
241 fronter désormais à des options métaphysiques. Je ne l’imagine pas : je les écoute, et plusieurs d’entre eux l’ont écrit.
242 des synthèses nécessaires. c) Mais ces synthèses ne tomberont pas du Ciel, elles n’apparaîtront pas objectivement et comm
243 ais ces synthèses ne tomberont pas du Ciel, elles n’ apparaîtront pas objectivement et comme spontanément au terme d’une co
244 beaucoup mieux notre affaire. Ce qui importe, ce n’ est pas que la synthèse s’opère dans le vide, ou au ciel des Idées, — 
245 t même qu’ils auront pris conscience de ce qu’ils ne peuvent se contenter d’être seulement des spécialistes. Favoriser ou
246 e de l’explosion des effectifs universitaires, je n’ aurais guère à proposer qu’une solution de bon sens presque simpliste 
247 sprit la règle d’or de la culture européenne, qui n’ est rien d’autre que la mesure humaine, le module des relations person
248 r d’un milieu donné, cité, pays ou université. Ce n’ est pas du tout par hasard que dans le tableau qu’a établi le sociolog
249 nent loin derrière, ou même en queue de liste. Je n’ en dis pas plus sur ce point : dans les petits pays, tout est petit, y
250 s apparaîtront peut-être comme un rêve, mais rien ne devient jamais réel qui n’ait été d’abord rêvé. La multiplication des
251 mme un rêve, mais rien ne devient jamais réel qui n’ ait été d’abord rêvé. La multiplication des universités, maintenues da
252 t de l’entropie au niveau de l’enseignement, mais ne répondra pas au défi de la division du savoir en langages spécialisés
253 oirement suivie d’une discussion réglée. Ici l’on n’ impose pas une image du monde : on la cherche en commun, librement. Au
254 utuelle. Deux meneurs de jeu par colloque, et ils ne peuvent appartenir à la même spécialité. Faire le monde Et quan
255 fricaines, indaméricaines, indonésiennes, etc. Il n’ existe pas, ni hors de l’Europe ni en Europe, de chaires d’études euro
256 ’heure où elle s’interroge elle-même plus qu’elle n’ a jamais fait dans son histoire. Cette liste de thèmes, vous le sentez
257 histoire. Cette liste de thèmes, vous le sentez, ne demande qu’à s’allonger au gré de vos désirs. Quant aux relations ent
258 ’hui, plus que jamais, faire des hommes. 3. Je n’ ignore pas les tentatives qui se dessinent, aux États-Unis notamment,
20 1965, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Un écrivain suisse (20-21 mars 1965)
259 Un écrivain suisse (20-21 mars 1965)ab Qu’il n’ y ait pas une patrie suisse mais deux douzaines, point de grands centr
260 i italien, bien avant que l’Allemagne ou l’Italie n’ aient réuni dans une de ces super-provinces qu’on nomme nations toutes
261 ntain cousin de l’historien de la Renaissance, je ne pense pas qu’il tienne de lui ce don de prévision de l’avenir europée
262 us. Burckhardt est le type même de l’écrivain qui ne peut séparer la pensée de l’action, ni la passion de la lucidité. Son
263 ssant de la vie et son sens du service de la cité n’ ont cessé de le ramener aux grands postes publics, quand un appel pres
21 1966, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Stampa, vieux village… (15-16 janvier 1966)
264 je l’avais surpris un jour en plein travail — on ne devrait jamais faire ça — pour découvrir qu’avant, ailleurs, au Flore
265 depuis vingt ans et plus qu’on se rencontrait, je ne l’avais jamais vu dans sa réalité et nous n’avions presque rien dit q
266 , je ne l’avais jamais vu dans sa réalité et nous n’ avions presque rien dit qui vaille entre deux hommes. Mais ce jour-là,
22 1966, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). André Breton à New York (8-9 octobre 1966)
267 nt, de ce que durant nos années parisiennes, nous n’ ayons pu, ou cru pouvoir, nous rencontrer. « Ce sont de ces conneries 
268 ert quelque chose dont je pense bien que personne ne parlera dans les centaines d’articles à paraître ces prochains jours.
269 t que Breton, pour toute la haine vigilante qu’il n’ a cessé de vouer sa vie durant aux manifestations visibles et officiel
270 l’artisan lui semblait des plus exaltants. Or, il n’ est rien de commun aux deux doctrines hors le grand ton de rigueur fan
271 . (Combien de poètes, et plus encore de peintres, n’ ont jamais pu vraiment s’approuver dans leur cœur, parce que Breton ne
272 ment s’approuver dans leur cœur, parce que Breton ne les avait pas admis et célébrés !) J’ai vu plus d’une scène de ce gen
273 ie X ! », criait-il en déclamant Zone. Ce pape-là ne le gênait pas : c’était un vers d’Apollinaire. (Mais tout de même, la
274 i procède chez eux de la griserie imaginative, on ne peut refuser d’accorder aux écrivains réformateurs de la première moi
275 bénéfice de l’extrême fraîcheur. » Jamais Breton ne s’est mieux défini. Je pense au soir où il déclara qu’il était temps
276 l était temps d’aller regarder de plus près qu’on ne l’avait fait saint Augustin, qu’il tenait pour l’ancêtre des jansénis
277 es qu’il y avait là-dessus des bibliothèques ; il n’ en crut rien, visiblement, et avec raison : son Augustin à lui était s
278 eligion qu’il faut absolument fonder, et pourquoi ne pas la fonder sur le culte d’une pierre bleue ? » Changer la vie
279 tion passionnelle (« la beauté sera convulsive ou ne sera pas ») et la régler jusqu’au moindre soupir. Autoritaire et libe
280 bibelots, entre le délire et l’extrême rigueur il n’ a jamais cessé d’inventer un chemin qui ne pouvait exister que pour lu
281 ueur il n’a jamais cessé d’inventer un chemin qui ne pouvait exister que pour lui seul. De personne je ne suis à ce point
282 pouvait exister que pour lui seul. De personne je ne suis à ce point sûr qu’il a toujours suivi — avec autant d’audace que
23 1966, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Jacques Chenevière ou la précision des sentiments (22-23 octobre 1966)
283 intéresse : Jacques Chenevière, écrivain de race, ne donne pas ici ses mémoires, c’est plutôt sa mémoire elle-même qui est
284 vre, et comme son véritable auteur. Ces souvenirs ne seront donc pas faits de dates, d’événements et de justifications, co
285 très Suisse en cela du moins — Jacques Chenevière n’ est pas « seulement » un écrivain. Une seconde vocation le requiert, d
286 ou le rassurer sur lui-même, mais finalement elle n’ aura pas contaminé son art d’écrire « pour le plaisir ». Je pense à de
287 es, Rois, Daphné, ou la Jeune Fille de Neige, qui n’ ont rien de philanthropique. (Ils ravissaient Valéry Larbaud, et c’est
288 de chaque lecteur. Je sais bien les images que je n’ oublierai plus, que j’aimerais évoquer ici, mais beaucoup ne sont pas
289 i plus, que j’aimerais évoquer ici, mais beaucoup ne sont pas de celles que l’on peut désigner facilement, faites d’atmosp
290 sentiment, et d’un regard imaginant. Presque rien n’ eût été enregistré par l’objectif (si bien nommé) et pourtant quelque
291 sé sur un col haut, tout droit, empesé. Le regard ne me quittait pas. — Quel travail préféreriez-vous, Monsieur ? — N’impo
292 as. — Quel travail préféreriez-vous, Monsieur ? — N’ importe quoi qui soit utile. Et dès aujourd’hui si vous voulez. » C’ét
293 périeux dans le vide, semble-t-il, car il fixe on ne sait quel objet imaginaire bien au-delà de nos personnes, quoique l’a
294 s’étant bien passé, les délégués s’en vont. « Je ne pus me retenir de regarder, deux secondes par-dessus mon épaule : Mus
295 s dire qu’un tel livre transmet quelque chose qui n’ a pas de prix : les secrets de l’usage d’une civilisation. Je l’intitu
24 1967, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). J. Robert Oppenheimer (25 février 1967)
296 nous serons seuls. » C’était il y a deux ans, je ne devais plus le revoir. Il aimait citer la Bhagavad-Gita, qu’il lisait
25 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Entretien avec Denis de Rougemont (6-7 avril 1968)
297 le signe sensible de la situation que l’écrivain n’ a cessé d’occuper dans la culture de notre temps : à proximité, le reg
298 u témoignèrent de cette prise de conscience. Nous ne partions pas d’une insatisfaction de notre sort. Nous pensions que la
299 L’affirmation de principes de droit international ne servait, en fait, que les nationalismes. Dans le groupement l’Ordre n
300 es jeunes gens qui voulaient faire la révolution, n’ était pas nette. Nous refusions aussi bien la dictature stalinienne du
301 Pour ma part, j’étais relié aux trois mouvements, n’ ayant jamais voulu être l’homme d’une seule secte. Peut-être adoptais-
302 mple, Barth et Heidegger à un public français qui ne les connaissait pas. Pour marquer une différence, je dirai que l’on t
303 de l’Europe ? Je dirai que dans ces journaux, qui ne sont pas des mémoires et se tiennent à égale distance de la chronique
304 Novalis, et de Hölderlin que les jeunes Français ne connaissaient pas. On peut d’ailleurs repérer un filon hölderlinien à
305 ous est très proche et, chose curieuse, la langue ne constitue pas un barrage. J’ai d’ailleurs toujours, dans ma conceptio
306 spirituelle le protestantisme. Rien de tout cela n’ a les mêmes frontières et il se produit là un jeu complexe d’exclusion
307 ultiplier les communautés d’aires différentes qui n’ ont pas les mêmes bornes territoriales. Cette indépendance par rapport
308 ois l’homme à la fois cosmopolite et enraciné. Je n’ ai jamais senti la moindre gêne à être d’un pays où j’ai des racines e
309 e la personne qui se crée et l’époque qu’elle vit n’ est-elle pas la caractéristique fondamentale de votre vie et de votre
310 sée doit conduire l’action : mais sans agir, elle n’ est pas vraie pensée. » ⁂ Quittant Ferney-Voltaire, où des êtres humai
311 d’identité au douanier ! L’Europe des politiciens n’ est pas encore celle des intellectuels, mais une œuvre comme celle de
312 le de Denis de Rougemont est là pour nous aider à ne pas désespérer complètement de l’esprit. ag. Rougemont Denis de,
26 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il faut réinventer l’Université (29 juin 1968)
313 , obsédé qu’il est par la crainte que ses projets ne soient pas « sérieux », c’est-à-dire puissent paraître « nouveaux »,
314 , c’est-à-dire puissent paraître « nouveaux », et ne correspondent pas à un poste du budget courant. Ce « réalisme » condu
315 sens du mot que je viens de définir, l’Université n’ existe plus. Ce qu’on persiste à décorer de ce nom n’est que la juxtap
316 xiste plus. Ce qu’on persiste à décorer de ce nom n’ est que la juxtaposition d’une quantité variable d’écoles professionne
317 iers, des professeurs ou des pasteurs. Ces écoles n’ ont plus en commun que leur location dans une même ville, leurs servic
318 nce financière d’un même État. À part cela, elles n’ ont plus rien à se dire, ni au fond rien à faire ensemble. 3. L’Univer
319 Celui qui veut apprendre un métier pour en vivre n’ a que faire de la contestation. Et celui qui entend contester la socié
320 station. Et celui qui entend contester la société n’ a que faire d’une « étude des débouchés ». Cependant, avant de contest
321 faculté doit donc précéder l’Université, et l’une ne peut se désintéresser des problèmes de l’autre. 7. Je propose que l’
322 déralisme, au contraire du nationalisme cantonal, ne consiste pas à vouloir tout partout et à tout prix, mais à répartir l
323 spécifique de l’Université : une école, en effet, ne saurait se la poser. Il faut l’Université parce qu’un centre de conte
324 polycopié et plus tard, publié. 14. Un professeur ne devrait pas être et avoir été seulement professeur. Il ne devrait pas
325 it pas être et avoir été seulement professeur. Il ne devrait pas être jugé sur ses seuls titres universitaires mais sur sa
326 s, demandent peu d’espace, et peuvent s’organiser n’ importe où, à la campagne, dans un village ou dans une ville. Cependan
327 e à la vie d’une Université digne du nom. 16. Il ne faut pas redouter qu’une tension s’institue entre écoles professionne
328 ’une science ou une technique, dont les principes ne seraient pas remis en question et « contestés » par l’Université, dép
329 cesserait du même coup d’être une Université, et n’ aurait plus qu’à disparaître. 17. Une Université digne du nom, dont le
330 le de création et de rayonnement culturel. Ce que ne peuvent être, bien évidemment, ces encombrants conglomérats d’écoles
331 s’obstine encore à nommer des universités. 18. Il ne faut pas détruire ce qui existe — les écoles professionnelles (ou fac
27 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’écrivain et l’événement (7-8 septembre 1968)
332 — ou non. Dans le fait, dans le concret vécu, il n’ y a pas l’écrivain d’un côté et l’événement de l’autre, deux objets qu
333 cher à volonté. Nul événement social ou politique n’ existe en soi sans qu’on l’ait exprimé, nommé, écrit, avant ou après l
334 uit de l’écriture ! Nul écrivain digne du nom qui ne soit par lui-même événement, et dont l’œuvre ne constitue une partie
335 i ne soit par lui-même événement, et dont l’œuvre ne constitue une partie de la réalité qu’il croit décrire quand il l’écr
336 éalité qu’il croit décrire quand il l’écrit… ⁂ On ne peut donc parler que de différents modes de relations entre l’œuvre e
337 . 1. Le ludion réagit passivement à l’époque : il n’ est pas engagé mais immergé en elle, il en révèle les courants locaux
338 ormation, sans essayer d’agir sur eux, soit qu’il n’ en ait aucune envie, soit qu’il désespère d’en avoir les moyens, ou ni
339 ans le témoignage desquels la société de l’époque n’ eût pas eu son portrait tiré, et n’eût assumé devant l’Histoire son vi
340 té de l’époque n’eût pas eu son portrait tiré, et n’ eût assumé devant l’Histoire son visage et son style, conditions de l’
28 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Vers l’Europe des régions [Entretien]
341 stinction entre unité et union. L’unité existe ou n’ existe pas. L’union est ce que l’on peut bâtir. Non pas une uniformité
342 puisque vingt ans de tentatives de rapprochement n’ ont abouti à rien sur le plan politique. Cette situation tient au fait
343 i eux-mêmes l’obstacle à toute espèce d’union. On ne peut bâtir une union de l’Europe sur les obstacles à toute union ! No
344 e l’Europe, c’est l’union. Si l’union de l’Europe ne se fait pas, nous serons colonisés par le dollar et peut-être par une
345 te — quoique cela soit moins sûr. Mais le fait de ne plus être maîtres de notre destinée économique entraînerait une quant
346 s’étant penchés sur ce problème. L’union mondiale ne sera concevable que s’il existe une solide fédération européenne. Ce
347 universelle : « Désormais, disait saint Paul, il n’ y a plus ni Juifs ni Grecs. » Cette responsabilité de l’Europe s’oppos
29 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Jean Paulhan (19-20 octobre 1968)
348 moment de passer cette porte ? Le jour où moi, je ne sentirai plus cela, je me ferai honte. » Posons ces deux phrases en c
349 ent beaucoup plus tard les Fleurs de Tarbes !) Il n’ avait encore publié que deux ou trois petits livres un peu trop parfai
350 fondait ailleurs : dans le style de la NRF . Ce n’ était pas le sien, bien entendu, il ne récrivait pas nos textes, mais
351 a NRF . Ce n’était pas le sien, bien entendu, il ne récrivait pas nos textes, mais le style de chacun des auteurs de la r
352 , mais le style de chacun des auteurs de la revue n’ eût pas été tout à fait le même sans sa présence et sans son attention
353 de toute secrète volonté de puissance, attentif à ne rien nous imposer qui ne fût ce qu’il avait senti, bien avant nous, q
354 de puissance, attentif à ne rien nous imposer qui ne fût ce qu’il avait senti, bien avant nous, qui pourrait être nous. Bi
355 nous. Bien trop curieux pour être autoritaire, il n’ avait de goût que pour nos singularités (que d’autres nommeraient voca
356 re revue, nulle autre école. De 1925 à 1940, à je ne sais quelles exceptions près, ce qui a compté dans la littérature en
357 -John Perse ! Étourdi de bonheur je répondis : Je n’ ai pas vingt ans et mon tiroir est vide, mais je verrai… Quelques anné
358 il me confie, rêveur : « Comme il est difficile, n’ est-ce pas, de se libérer de ses origines protestantes. » Je dis : « P
359 ses origines protestantes. » Je dis : « Pourquoi ne pas les assumer ? » (Bien sûr qu’à cela, du moins, il n’a jamais song
360 les assumer ? » (Bien sûr qu’à cela, du moins, il n’ a jamais songé.) Je l’ai surpris, notre dialogue s’est noué, et il se
361 aul Valéry attend des Lettres ce qu’un philosophe n’ ose pas toujours espérer de la philosophie : il veut connaître ce que
362 us de l’eau toute une civilisation qui sombre. Je ne dis rien d’Alerte : la poésie lui semble chose si grave qu’il a pris
363 se si grave qu’il a pris le parti de se taire. Je ne sais s’il est vrai que les hommes de lettres se soient contentés jadi
364 une morale, et le sens de la vie enfin révélé. Il n’ est pas une joie de l’esprit que les Lettres ne leur doivent. Et qui p
365 Il n’est pas une joie de l’esprit que les Lettres ne leur doivent. Et qui pourrait tolérer, se demande un jeune homme, de
366 i pourrait tolérer, se demande un jeune homme, de n’ être pas écrivain ? Cet état « singulier » de notre littérature n’aut
367 in ? Cet état « singulier » de notre littérature n’ autorise pas trop d’optimisme. Il se peut que les hommes soient deven
368 out se passe comme s’il y avait à leur endroit je ne sais quoi de libre, de joyeux et peut-être d’insensé, dont nous aurio
369 rdu tout à fait ni pour toujours, puisque ce « je ne sais quoi de libre, de joyeux et peut-être d’insensé », c’est toute s
370 l’avenant. La presse est allergique à tout ce qui n’ est pas « le petit fait faux » qui seul intéressera, croit-elle. an.
30 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Témoignage sur Bernard Barbey (7-8 février 1970)
371 age sur Bernard Barbey (7-8 février 1970)ao Je n’ avais pas encore vingt ans et je lisais tout ce qui paraissait aux deu
372 lie son intrigue et la justesse de l’analyse pour ne plus évoquer que des visions où se condense le sentiment du récit. Da
373 n ultrasecrète avec l’armée française en 1940, ce n’ est pas rien, ni commander ensuite l’état-major particulier d’un génér
374 l’un des plus jeunes élus de l’Académie. Mais là n’ était pas son souci ! Et il nous suffisait, nous ses amis (mais avons-
31 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). La cité européenne (18-19 avril 1970)
375 fait, à la culture. Unité non pas homogène et qui ne résulte pas d’un processus forcé d’uniformisation, de nivellement et
376 stances universelles, et toutes les créations qui ne cessent de jaillir de cette discorde permanente. Dès l’aube de la phi
377 ù les excès de l’individualisme hellénistique qui ne manqueront pas d’appeler la tyrannie. Rome, en réponse à ce défi de l
378 s et chrétiennes qui se contredisent avec passion ne se détruisent pas pour autant : entre leurs triomphes alternés, elles
379 es, bouddhistes, ou sans croyance aucune… Mais ce n’ est pas tout. Avec les trois sources classiques d’Athènes, de Rome et
380 tique. Faut-il enfin rappeler l’apport arabe, qui ne se limite pas au zéro précédant la suite des nombres, mais qui est l’
381 si qu’ils en viennent à penser sincèrement qu’ils ne pourront jamais s’unir, même s’il le faut, du fait qu’ils n’ont en so
382 jamais s’unir, même s’il le faut, du fait qu’ils n’ ont en somme rien de commun ! Un jour, tandis que je présidais une tab
383 vert l’essai de définition suivant : L’Européen ne serait-il pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen dans
384 partie, par le seul fait qu’il le conteste ? On ne changera pas cela, ce ne serait plus l’Europe. Le goût furieux de dif
385 qu’il le conteste ? On ne changera pas cela, ce ne serait plus l’Europe. Le goût furieux de différer, par lequel nous no
32 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe et le sens de la vie (25-26 avril 1970)
386 t le sens de la vie (25-26 avril 1970)at au Je ne vois pas d’autre forme d’union qui réponde à la double exigence du re
387 rantir leur concurrence féconde, dans la paix. Je ne vois pas d’autre réponse imaginable au défi que l’Histoire nous pose
388 i ferait leur force ; mais en retour, cette union ne saurait être acquise au prix des libertés qu’elle est censée servir.
389 ase de notre unité est une culture pluraliste, on ne peut fonder sur elle qu’une union fédérale. Ce qui paraît beaucoup pl
390 aucoup plus difficile à expliquer, c’est que rien n’ ait encore été fait dans ce sens, depuis près de vingt-cinq ans qu’on
391 hill — dans son fameux discours de Zurich — qu’il n’ y a pas une minute à perdre ! Quel est l’obstacle apparemment insurmon
392 admet qu’il faut faire — et que pourtant personne ne fait ? Eh bien, chacun le sait, rien n’est moins mystérieux : l’obsta
393 personne ne fait ? Eh bien, chacun le sait, rien n’ est moins mystérieux : l’obstacle à toute union possible de l’Europe (
394 ossible de l’Europe (donc à toute union fédérale) n’ est autre que l’État-nation, tel que Napoléon en a posé le modèle, int
395 atrie », des réalités absolument hétérogènes, qui n’ ont aucune raison d’avoir les mêmes frontières, comme la langue et l’é
396 e naturelles contre toute évidence, l’État-nation n’ admet aucune autonomie, aucune diversité réelle. À l’extérieur, il ref
397 ui explique suffisamment, je crois, pourquoi l’on n’ a pas avancé d’un centimètre en direction de notre union politique. En
398 oyens, ils risquent bien de vous conduire où vous ne vouliez pas aller… Voici donc le dilemme présent : Si nous attribuons
399 européenne. Sans compter qu’un super-État-nation ne pourrait être imposé à tous nos peuples qu’à la faveur d’une guerre g
400 e utopie catastrophique, mais dont la réalisation ne saurait être exclue pour autant. Au contraire, si nous donnons pour f
401 nomie des communautés (la production industrielle n’ étant qu’un des moyens de ces libertés), alors il faut reconnaître que
402 tés), alors il faut reconnaître que l’État-nation n’ est pas seulement un modèle périmé, mais qu’il est en fait aujourd’hui
403 eux politiques d’union, dont je crains bien qu’on ne puisse pas impunément continuer à mêler les moyens. On ne manquera pa
404 e pas impunément continuer à mêler les moyens. On ne manquera pas de m’objecter en ce point que la politique a toujours eu
405 ce ou liberté comme finalités de l’union. Mais je ne crois pas qu’il y ait un tiers parti tenable. Je ne crois pas à cette
406 crois pas qu’il y ait un tiers parti tenable. Je ne crois pas à cette « imposante confédération » qu’évoquait le général
407 t leurs prétentions à la souveraineté absolue. Je ne crois pas à cette amicale des misanthropes. Je crois à la nécessité d
408 res sur terre, sous terre et dans les airs, et de ne pas perdre une occasion de faire voir à quel point elles sont absurde
409 roductions industrielles et agricoles. Mais elles ne servent absolument à rien pour arrêter ce qui devrait l’être : les te
410 inexistant quand on voudrait compter sur lui. Je ne sais, n’étant pas économiste, si nos États-nations délimités pour la
411 nt quand on voudrait compter sur lui. Je ne sais, n’ étant pas économiste, si nos États-nations délimités pour la plupart a
412 iracle, des entités économiques intelligibles. Je ne sais si les problèmes profonds que pose leur balance commerciale (laq
413 fonds que pose leur balance commerciale (laquelle ne saurait être positive, me semble-t-il, dans tous les pays à la fois…)
414 e, me semble-t-il, dans tous les pays à la fois…) ne sont pas le type même de faux problèmes, résultant de la seule fictio
415 a seule fiction d’économies dites nationales, qui ne correspondent à rien d’économique. Mais ce que je sais de science cer
416 de science certaine, c’est que les États-nations n’ existent pas dans l’histoire de la culture, et que les « cheminements
417 ntières sans les apercevoir : dans ce plan, elles n’ existent pas. Il n’y a pas de « cultures nationales », en dépit des ma
418 ercevoir : dans ce plan, elles n’existent pas. Il n’ y a pas de « cultures nationales », en dépit des manuels scolaires, il
419 nationales », en dépit des manuels scolaires, il n’ y a que des divisions tout arbitraires opérées dans l’ensemble vivant
420 enne. Et les diversités que nous devons respecter ne sont pas celles de ces États-nations nés d’hier : elles les traversen
421 les traversent et les divisent tous également, et ne coïncident jamais avec aucune frontière. Nos États-nations, obsédés p
422 l’idée de « se faire respecter », oublient qu’ils n’ y arriveraient qu’en se rendant utiles. Ils exigent, depuis Louis XIV,
423 evant la « majesté de l’État ». Mais non ! L’État n’ est pas un dieu, ce n’est qu’un appareil plus ou moins efficace, qui d
424 l’État ». Mais non ! L’État n’est pas un dieu, ce n’ est qu’un appareil plus ou moins efficace, qui doit être mis au servic
425 yer d’apaiser les ennemis de l’union en jurant de ne jamais toucher aux droits sacrés de vos États-nations ! Vous savez bi
426 s de vos États-nations ! Vous savez bien que vous ne pourrez pas unir l’Europe en proclamant votre attachement aux causes
427 hement aux causes mêmes de sa division ! Pourquoi ne pas le dire ouvertement ? Tous les sondages d’opinion montrent qu’on
428 égatif de ses travaux, elle ajouterait l’étude on ne peut plus positive de la renaissance des régions. Il faut défaire et
429 fédérations continentales. Et vous noterez que je ne parle pas de relations ou d’affaires étrangères : c’est un mot qu’il
430 mme est révolutionnaire ? Il l’est, bien sûr : on ne fera pas l’Europe sans casser des œufs, nous le voyons depuis vingt-c
431 Europe des marchandages entre économies étatiques ne peut pas entraîner d’adhésions enthousiastes. Les jeunes gens d’aujou
432 ions enthousiastes. Les jeunes gens d’aujourd’hui ne seront pas convaincus par des avantages matériels : ils sont presque
433 c’est un sens de la vie, maintenant que la guerre n’ est plus leur exutoire, l’alibi des raisons de vivre inexistantes. La
434 ontestation de la jeunesse, dans le monde entier, ne relève pas de l’économie, et encore moins de la politique au sens étr
435 l’humanité, nous lui devons cela ! Une Europe qui ne sera pas nécessairement la plus puissante ou la plus riche, mais bien
33 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Une réflexion sur le mode de vie plutôt que sur le niveau de vie (2 juin 1970)
436 rée, et par le motif principal de cet afflux, qui n’ est pas d’admirer nos lacs ni de fuir des dictatures, mais de faire du
437 le découvrir. Ils nous disent : « À l’heure où il n’ est question que de s’ouvrir à l’Europe, pourquoi nous fermer devant l
438 rrence étrangère à laquelle « l’économie suisse » ne pourrait « résister » que grâce à l’appoint des travailleurs étranger
439 truit lui-même : car dans une Europe intégrée, il n’ y a plus « d’économie suisse », il y a seulement une économie européen
440 ie « nationale », par définition non intégrée. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. On ne peut pas invoqu
441 eut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. On ne peut pas invoquer à la fois l’intégration de l’Europe et les lois de
442 nations. (Sans compter que tous les États-nations ne peuvent pas avoir en même temps une balance commerciale positive !) D
443 positive !) De fait, l’ouverture du Marché commun n’ a nullement déclenché un raz de marée de main-d’œuvre italienne en Fra
444 le. On constate au contraire que les travailleurs ne se déplacent en général que s’ils y sont fortement incités, s’ils son
445 comme vous osez l’écrire ! — il est clair que ce n’ est pas sérieux. L’argument ne vaut rien, mais en cache un meilleur. À
446 il est clair que ce n’est pas sérieux. L’argument ne vaut rien, mais en cache un meilleur. À part beaucoup d’irritations,
447 r notre sol, dans nos cités et dans nos mœurs. Je n’ en dirais pas autant d’une industrie dont l’essor défigure nos paysage
448 t hygiéniques, écologiques et politiques, si elle n’ établit pas ses plans en conséquence et ne s’engage pas à les réaliser
449 si elle n’établit pas ses plans en conséquence et ne s’engage pas à les réaliser, alors je dis : votez pour, votez contre,
450 aurez tort, car l’enjeu véritable est au-delà et ne peut être atteint par ce choix. La question qu’a soulevée M. James Sc
451 juste titre les adversaires de l’initiative (« on ne peut pas chasser des frères humains ») serait-elle encore invoquée si
452 travailleurs étrangers nous coûtait plus qu’elle ne rapporte ? — La pire menace contre notre mode de vie suisse vient-ell
34 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Le testament de Tristan (14-15 novembre 1970)
453 lle aura été le dernier monarque d’une France qui n’ a rien préféré à l’amour de son roi, sinon le plaisir de le décapiter,
454 plus fort — Tristan plus fort que le roi Marc —, n’ a-t-il pas déposé une épée symbolique ? » J’écrivais cela en 1961, ann
455 », était en réalité un fédéraliste ! (Mais le mot ne peut passer le gosier d’un Français héritier de Louis XIV, des jacobi
456 ntinent, y trouvent appuis et encouragements. On ne peut mieux définir le régime général d’union dans la diversité qu’il
457 tature : écartant les barons et le Pays légal, il ne veut devant sa tombe que la France seule, une fois de plus symbolisée
458 er les rapports du Général avec la culture, qu’il n’ a guère encouragée. »
35 1971, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Pourquoi j’écris (30-31 janvier 1971)
459 Nulle part peut-être mieux que dans ses « jeux » n’ a régné l’essentiel terrorisme qu’entretenait le surréalisme. André Br
460 dans les années 1930… Elle était vraie, mais elle n’ expliquait rien. Quand on demande à Zazie pourquoi elle veut devenir i
461 si, je le crains, certains de ceux qui prétendent n’ écrire que pour le salut de leurs lecteurs. En fait, on commence à écr
462 point quelques demi-mensonges, l’important est de n’ y pas croire, sinon ce serait la preuve qu’on a perdu le contact avec
463 mystère brut, la réalité. Nietzsche a dit cela on ne peut mieux dans Aurore : « Toutes les choses qui vivent longtemps son
464 inale qui agit comme vraie motivation. Mais si je n’ avais pas écrit d’abord sans cause, je ne saurais pas écrire pour une
465 is si je n’avais pas écrit d’abord sans cause, je ne saurais pas écrire pour une cause. Si l’on n’a pas d’abord écrit pour
466 je ne saurais pas écrire pour une cause. Si l’on n’ a pas d’abord écrit pour rien, pour le plaisir, à cause de la démangea
467 , pour le plaisir, à cause de la démangeaison, on ne deviendra jamais un écrivain en écrivant pour tel usage bien défini,
468 our tel objet tout extérieur à l’écriture, et qui ne dépend nullement du processus de la pensée en train de se former par
469 qui se définit par rapport à notre progrès. ⁂ Ce n’ est qu’au début d’une carrière que l’on écrit par pure envie d’écrire.
470 ère que l’on écrit par pure envie d’écrire. Et je ne dis pas que ce besoin à l’état brut ne continue d’agir dans mes écrit
471 ire. Et je ne dis pas que ce besoin à l’état brut ne continue d’agir dans mes écrits, mais il n’est plus seul discernable,
472 brut ne continue d’agir dans mes écrits, mais il n’ est plus seul discernable, tout mêlé qu’il se trouve à des courants vi
473 nvie et pour savoir pourquoi. Pour aller ainsi je ne sais où, en quête obscure et fascinante, selon ce vers d’Hugo qui m’a
474 r chercher le sens au bout du compte. Un sens qui ne peut être défini que par le tout — que pas un scientifique n’appréhen
475 défini que par le tout — que pas un scientifique n’ appréhende et par suite ne saurait nier, et qui est au-delà de tout —
476 que pas un scientifique n’appréhende et par suite ne saurait nier, et qui est au-delà de tout — comme le corps transcendan
477 ’abord qu’elle devrait être une autre pour que je n’ y sois plus seulement un moi contre elle, mais que [je] m’y perde et m
36 1971, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Au défi de l’Europe, la Suisse (31 juillet-1er août 1971)
478 nques, et les arts réduits, paraît-il, à celui de ne pas se mouiller. Nous savons que la Suisse, c’est autre chose. Mais q
479 me est pour votre pays une bonne solution. Ce qui ne veut pas dire qu’elle soit généralisable. » Réponse plutôt comique si
480 plutôt comique si l’on s’avise que le fédéralisme n’ a jamais été ni pu être une « solution » aux problèmes de la Suisse, p
481 et que seul il la définit en tant que Suisse. Il n’ y a pas eu la Suisse d’abord, puis le fédéralisme appliqué à ce pays p
482 , religieuse, économique ou culturelle, la Suisse n’ est rien hors du fédéralisme. Elle n’est rien qu’un régime d’union. Da
483 e, la Suisse n’est rien hors du fédéralisme. Elle n’ est rien qu’un régime d’union. Dans leur très grande majorité — 98 % e
484 ement — les six millions de Suisses d’aujourd’hui ne descendent en aucune manière des trois Waldstätten primitifs. Et pas
485 tten primitifs. Et pas un seul des autres cantons n’ a jamais adhéré au Pacte dit du Grütli, qui ne porte que trois signatu
486 ons n’a jamais adhéré au Pacte dit du Grütli, qui ne porte que trois signatures. Mais alors, si nous fêtons aujourd’hui le
487 signature d’une Constitution, car ces deux choses ne datent chez nous que de 1848. Ce que nous célébrons, c’est en fait un
488  » commandant les approches du Gothard. La Suisse n’ est nullement née comme on le croit trop souvent (et pas seulement à l
489 ’exécuter ces tâches communes, le Conseil fédéral n’ est nullement une émanation des cantons, mais le collège de chefs des
490 Grison romantsch, avec lesquels je puis très bien n’ avoir rien en commun que cette adhésion même. Telle étant la réalité p
491 toute union de l’Europe, et que sa généralisation ne conduirait qu’à la guerre, autant il apparaît que la formule suisse,
492 oche en proche à l’Europe tout entière, la Suisse ne va-t-elle pas s’y perdre ? — C’est oublier ce qu’est la Suisse. Dans
493 ans une Europe fédéraliste montrent par là qu’ils ne savent pas ce qu’est la Suisse. Écoutons plutôt un grand Zurichois du
494 munauté de la Grande Europe. De cette façon, elle n’ aura pas vécu en vain, ni sans gloire. S’évanouir dans le succès de n
495 ’une formule d’union qui est notre raison d’être, ne serait-ce pas le sort le plus beau que nous puissions souhaiter en ta
496 urope des foyers rayonnants sans frontières, rien ne nous empêchera, Suisses de tous les cantons, de rester ensemble et de
497 ste à savoir, et c’est ce qui nous inquiète. S’il n’ y a plus de frontières tangibles, plus de douaniers, où sera la Suisse
498 s là, et pourquoi nous restons ensemble. Personne ne peut prédire si, à bulletin secret, en connaissance de cause et en ma
499 oudront seront alors les vrais Suisses. « Et s’il n’ en reste qu’un… », disait Victor Hugo, reprenant un vers de Corneille.
37 1971, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Une dimension nouvelle (11-12 septembre 1971)
500 notre ami dans un pays égalitaire. Aujourd’hui je ne reculerai plus, les jeux sont faits et sa gloire établie. Du prince e
501 archétypal, avant tous titres décernés, C. J. B. n’ a pas seulement la prestance et la sagacité profonde du regard, mais l
38 1972, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il faut dénationaliser l’enseignement [Entretien] (8 décembre 1972)
502 décembre 1972)bc bd Certains pédagogues, pour ne pas parler des autorités scolaires, n’ont apprécié qu’à demi la réédi
503 gues, pour ne pas parler des autorités scolaires, n’ ont apprécié qu’à demi la réédition des Méfaits, soit qu’ils se senten
504 he mon mépris à l’égard des instituteurs. Or rien n’ est plus faux : j’en veux au système scolaire, dont les instituteurs s
505 nt victimes, et qu’ils perpétuent malgré eux. Ils n’ en sont pas responsables. J’ai d’ailleurs reçu d’autres lettres d’inst
506 e vallée… La nation est un concept artificiel qui ne repose sur aucune réalité fondamentale. Il y a la région, réalité tan
507 Gaulle Pourquoi l’économie et l’écologie ? On ne comprend pas le monde actuel sans l’économie. Sur dix votations propo
508 t des problèmes économiques auxquels les citoyens n’ ont pas été préparés. En étudiant l’économie, les élèves verraient bie
509 nt l’économie, les élèves verraient bien que rien n’ y justifie les frontières. Idem pour l’écologie, où la perception des
510 déjà très jeunes, est immédiate : les frontières n’ ont rien à voir avec les lois de la nature. Elles n’arrêtent rien de c
511 ont rien à voir avec les lois de la nature. Elles n’ arrêtent rien de ce qu’il faudrait arrêter : les nuages, les tempêtes,
512 mmes, les marchandises, quelquefois les idées. On ne fera jamais l’Europe avec les ministres d’aujourd’hui, parce que tout
513 e possible. En France, les rares personnes que je n’ aie pas trouvées inaccessibles à l’idée du fédéralisme appartiennent p
514 n. Vous écrivez, dans la Suite des Méfaits : « On ne changera pas l’école sans changer l’État. » Est-ce à dire que l’État
515 ous dites là est bien beau, mais on voit que vous n’ avez pas affaire à la réalité. » Or que font-ils ? Ils expédient les a
516 bâtiment, l’attribution de nouveaux subsides, ce n’ est pas concevoir une politique, c’est administrer. Quand l’homme en p
517 que les « réalités », le critique répond : « Vous ne voyez pas la vraie réalité parce que vous êtes aux prises avec l’admi
518 réalité, c’est tout le système scolaire. Mais ils ne peuvent jamais faire face à ce problème. Il faudrait qu’ils puissent
519 nt fortuit, au hasard des occasions… Aucune place ne lui est faite — et pour cause — dans nos programmes. Moi, j’ai appris
520 ur le premier terme de votre « alternative »… qui n’ en est pas une. Car le second terme est également nécessaire. Je ne vo
521 Car le second terme est également nécessaire. Je ne vois pas d’opposition entre l’enseignement individualisé et le travai
522 vail collectif, mais bien une complémentarité. Je ne crois pas que des élèves doués puissent avoir à souffrir de travaille
523 les aidant, ils apprendraient d’autant mieux. On ne sait vraiment que ce qu’on a dû enseigner. Je l’observe tous les jour
524 e tous les jours sur moi-même à l’Université : je ne creuse jamais si bien un problème que quand je dois le présenter à me
525 Or je crains que, livrés à eux-mêmes, les enfants ne tombent en proie à toutes les modes successives diffusées par les mas
526 i, et qui peut ordonner aux membres de son groupe n’ importe quoi… À l’autorité défaillante du maître se substitue celle d’
527 du maître se substitue celle d’un camarade. Vous ne croyez pas à la « socialisation par le groupe » ?… Je crains la loi d
528 vidualisation… La droite et la gauche ont tort de ne tolérer qu’un des deux termes. Car il faut que l’un existe pour que l
529 ltante d’une tension dynamique entre les deux. On ne peut nier que l’homme a besoin de compagnie, mais aussi besoin d’être
530 arfaitement compatible : un réseau routier unifié n’ entame en rien l’originalité des génies locaux. Le fédéralisme doit co
531 st clair que, seule, la bonne volonté des maîtres ne suffira pas. Il faut modifier les structures. Les structures nouvelle
532 e nouvelle pédagogie, de nouveaux maîtres ? Elles n’ entraîneront pas automatiquement une meilleure pédagogie mais pourront
533 és par les structures actuelles de s’exprimer. On ne peut pas forcer les gens à être bons ou intelligents, mais on peut le
534 lité de s’exercer. La modification des structures ne suffit pas, les efforts individuels ne suffisent pas. Mais si le prob
535 structures ne suffit pas, les efforts individuels ne suffisent pas. Mais si le problème est attaqué par les deux bouts à l
536 proposa de nous faire à nous deux une langue qui ne serait connue que de nous ; je me passionnai pour cette idée. Nous fo
537 détruisant l’imagination. Le temps, apparemment, n’ a pas entamé la rancune ni la virulence de Denis de Rougemont contre l
538 avés » d’une Suite des méfaits . Le texte de 1929 n’ a subi que des retouches de détail, et fort peu. Quant à l’“aggravatio
539 j’ai le triste plaisir de constater que mon texte n’ a pas vieilli, parce que l’école n’a pas changé.” Et l’auteur de retro
540 que mon texte n’a pas vieilli, parce que l’école n’ a pas changé.” Et l’auteur de retrouver dans une série d’écrits tout r
39 1972, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Merveilleux Lavaux (23-24-25 décembre 1972)
541 uteur du grand vignoble de Lavaux, cette évidence ne saurait exiger ni d’ailleurs endurer la moindre preuve : vous la vive
542 la vivez « comme on respire », ou c’est que vous n’ êtes jamais vraiment venu, n’avez jamais existé dans ce lieu. Tout ce
543 », ou c’est que vous n’êtes jamais vraiment venu, n’ avez jamais existé dans ce lieu. Tout ce qui touche à un centre et tou
544 me. L’homme a besoin de solitude. Mais la plupart n’ osant aimer que ce qui par d’autres est aimé, ils détruisent à coup sû
545 ont déjà leurs longues blessures. Tout cela — nul n’ y peut rien — aux dépens du paysage. Les « nécessités » de la vie tend
546 divine — une lumière neutre comme les dieux, qui ne sont de gauche ni de droite, mais toujours d’en haut, rayonnants. Il
547 e la foi sans les œuvres est morte. Sauver Lavaux ne suppose rien de moins que la prédominance accordée par un peuple à la
548 s habitez un pays ravissant et radieux. Mais vous ne le sauverez pas sans héroïsme. Si Lavaux doit faire son salut, ce ser
549 étique aux calculs des vrais réalistes — lesquels ne sont nullement ceux qui pensent court et bas et nous jettent dans la
550 Merveillleux Lavaux. Sauver cette unique contrée n’ est pas le postulat d’un seul homme. Les artisans du livre, auteurs de
40 1984, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Philosophie et énergie nucléaire : une mise au point (28 juin 1984)
551 jusque dans nos cuisines et salles de bains. » Je n’ ai pas à entrer en discussion avec un directeur qui n’a dit que ce qu’
552 pas à entrer en discussion avec un directeur qui n’ a dit que ce qu’il devait dire pour défendre les intérêts de sa compag
553 s espoir, si la culture élaborée par notre Europe n’ avait pas découvert une fois de plus, et vraiment au dernier moment, u
554 toire d’alors, devenus PDG pour la plupart et qui n’ ont rien appris depuis vingt ans, alors oui, ces déclarations seraient
555 e générale où nous étions à peu près tous. […] Je ne pense pas avoir à m’excuser d’avoir appris pas mal de choses depuis,
556 » titre votre rédacteur.) Or il est clair qu’elle ne contredit en réalité que les intentions que M. Desmeules nous attribu
557 e tout, décidément, et beaucoup plus encore qu’on ne le croirait : car l’expression « exploitée de façon quasi militaire »
558 xploitée de façon quasi militaire » non seulement n’ est pas de moi et ne traduit en rien notre idéal, mais formule l’exige
559 asi militaire » non seulement n’est pas de moi et ne traduit en rien notre idéal, mais formule l’exigence « essentielle »
560 type PWR, déclare : Les installations nucléaires ne sont pas dangereuses, à condition qu’elles soient exploitées et contr
561 aire 14. M. Desmeules aurait-il mal compris ? Ce n’ est pas nous, mais ceux de son bord qui ont dit cela. Quant à prétendr
562 idéal serait l’État marxiste omnipotent, il faut n’ avoir rien lu de moi pour oser le répéter à longueur de colonnes. Est-