1
d’oublier, par exemple, que le Führer autrichien
n’
est pas né luthérien mais catholique ; que son mouvement s’est dévelop
2
résistance notable, c’est-à-dire en Scandinavie,
n’
a pas conduit au national-socialisme, mais plutôt au pacifisme et au d
3
de), ce qui est peut-être déplorable, mais ce qui
n’
est pas absolument pareil ; que l’Autriche catholique, bien qu’armée,
4
areil ; que l’Autriche catholique, bien qu’armée,
n’
a pas résisté à l’hitlérisme, alors que la Norvège luthérienne, bien q
5
rès désarmée, résiste ; qu’enfin le totalitarisme
n’
est pas l’apanage de la seule Allemagne, à demi luthérienne seulement,
6
doxe, et dans une Italie toute catholique. Ce qui
n’
est pas sans compliquer l’affaire… Qu’on recherche la coloration parti
7
xie au totalitarisme russe, fort bien. Mais qu’on
ne
dise pas : Luther mène à Hitler. C’est une sottise et une mauvaise ac
8
stes et beaucoup de démocrates affirment : Hitler
n’
est pas le peuple allemand : la masse a été trompée par ses chefs. Un
9
ondément collectiviste. Les socialistes allemands
ne
s’y sont pas trompés. » Sur quoi l’auteur accuse d’aveuglement les so
10
contre le marxisme » ! (Certains, que je connais,
n’
en ont pas encore démordu.) Après tout, les socialistes français que c
11
alistes français que critique justement M. Muret,
ne
sont coupables que d’avoir partagé l’erreur fatale et prolongée des b
12
Or les vieux poèmes allemands, pour autant qu’ils
ne
sont pas les traductions de chants islandais ou scandinaves, sont des
13
eltiques. Hubert, le meilleur celtisant français,
n’
écrit-il pas que dans la mythologie des Celtes, « l’idée de la mort do
14
t mal les causes d’une révolution dont les effets
ne
sont que trop connus. Le seul avantage de ce procédé historique et li
15
a guerre présente nous rappelle au sérieux. Et ce
n’
est pas ma faute, ni celle des protestants, si l’axe Berlin-Rome passe
16
i l’axe Berlin-Rome passe justement par Rome, qui
n’
est pourtant pas luthérienne. Je m’excuse de tant d’évidences, et d’av
17
drai le goût d’être un Européen. La Ville Lumière
n’
est pas détruite : elle s’est éteinte. Désert de hautes pierres sans â
18
ntrerai dans Paris. Il y entre, en effet, mais ce
n’
est plus Paris. Et telle est sa défaite irrémédiable devant l’esprit,
19
rd’hui ces rues les plus émouvantes du monde : Il
ne
les connaîtra jamais. Il ne verra que d’aveugles façades. Il s’est pr
20
uvantes du monde : Il ne les connaîtra jamais. Il
ne
verra que d’aveugles façades. Il s’est privé à tout jamais de quelque
21
ble, de quelque chose qu’on peut tuer, mais qu’on
ne
peut conquérir par la force, et qui vaut plus, insondablement plus qu
22
étarienne — en fer tordu, en pierraille lépreuse.
N’
importe quel badaud d’un soir de juin pouvait s’annexer pour toujours
23
ère qu’aucune autre portait les traces pacifiées.
N’
importe quel badaud, mais pas un conquérant. La confrontation stupéfia
24
de entier qu’il est des victoires impossibles. On
ne
conquiert pas avec des chars les dons de l’âme et les raisons de vivr
25
e. Qu’ils fassent dix fois le tour du monde ! Ils
ne
rencontreront partout que le fracas du néant mécanique. Jusqu’au jour
26
rrêtant enfin, ils comprendront qu’aucun triomphe
ne
vaut pour eux la moindre des réalités humaines qu’ils ont tuées. « …c
27
es réalités humaines qu’ils ont tuées. « …car ils
ne
savent ce qu’ils font. » Le 15 juin 1940. b. Rougemont Denis de, «
28
New York alpestre (14 février 1941)c Personne
ne
m’avait dit que New York est une île en forme d’un gratte-ciel couché
29
de tunnels et d’autostrades surélevées. Personne
ne
m’avait dit, non plus, que New York est une ville alpestre. Je l’ai s
30
tres de ces sommités célèbres que les New-Yorkais
ne
se lassent pas de désigner, comme nous énumérons nos Alpes quand nous
31
rême civilisation matérielle demeure hanté par on
ne
sait quelle sauvagerie des hauteurs ; et ce lieu d’extrême densité hu
32
u’ils eussent rejoint les terres du Pacifique. On
ne
pouvait plus rien ajouter aux plus hauts gratte-ciel de New York, à c
33
en silence à travers tout le continent. Personne
n’
en parle. On n’a pas eu besoin de changer de régime pour le réaliser.
34
ravers tout le continent. Personne n’en parle. On
n’
a pas eu besoin de changer de régime pour le réaliser. Les autostrades
35
ime pour le réaliser. Les autostrades américaines
ne
sont pas une réclame politique, ni même un expédient pour lutter cont
36
se forcer. Voici enfin un spectacle émouvant qui
n’
effraye pas, mais au contraire atteste une force paisible et utile. Tr
37
s les masses elles-mêmes comprendront-elles qu’il
n’
est qu’un seul infini véritable : celui que chacun porte en soi, celui
38
-rue : comme elle est vide ! Les toits d’ardoises
ne
dépassent pas les façades nues, brunies par l’âge, palmées par les ve
39
c’est une de ces voitures branlantes qui semblent
ne
pouvoir rouler que sur les routes écartées, d’une ferme au marché le
40
marché le plus proche. Nulle part au monde la vie
n’
apparaît si discrète, si pacifique et séculaire. Ce pays-là n’est qu’a
41
i discrète, si pacifique et séculaire. Ce pays-là
n’
est qu’amitié des tons et des lignes humaines, humilité sous la douceu
42
une longue absence et des déboires : il entre, il
ne
trouve personne. Mais ses outils sont là, contre le mur. Il reprend l
43
rançaise ; la production littéraire demande qu’on
ne
séjourne pas indéfiniment dans le climat étranger. En outre, j’ai des
44
brutalement avec la foule qui la peuple et que je
ne
reconnaissais plus : des visages sans gaieté, des corps petits, comme
45
corps petits, comme affaissés… Un vrai cauchemar…
N’
était-ce pas le contraste avec ces grands diables d’Américains ? Non,
46
ands diables d’Américains ? Non, car en Suisse je
n’
ai rien éprouvé de semblable. À Paris c’était véritablement oppressant
47
a sur place. J’avais constaté que les conférences
n’
étaient pas un très bon moyen de propagande. Les Américains en écouten
48
ions cette année ! C’est beaucoup à la fois. Vous
n’
êtes plus l’intellectuel en chômage… Au contraire, je vais maintenant
49
arer du secret de la bombe atomique ? Non, et nul
ne
le sait, je crois, en Amérique. Mais une polémique ardente, sur l’opp
50
ne question de mœurs, de rapports quotidiens. Ils
n’
ont pas de culture proprement dite, mais bien une civilisation scienti
51
nt d’esprit critique. Quant à leurs loufoqueries,
ne
croyons pas qu’ils les prennent au sérieux : c’est un genre d’humour
52
: c’est un genre d’humour qui leur plaît, et ils
ne
font que s’en amuser. Si on les compare aux Français, il est indéniab
53
polite aujourd’hui, comme au centre du monde. Et,
ne
serait-ce que pour mieux comprendre leur continent grâce à l’éloignem
54
ion de quitter leur « province » pour s’y rendre.
N’
ont-ils donc rien à craindre de l’américanisme ? Pour ce qui est du ma
55
iration pour le progrès technique, les Américains
n’
ont en somme pas grand-chose à nous apprendre, et c’est là une de leur
56
u intellectuel auquel les éditeurs contribuent en
ne
faisant de gros tirages que pour les ouvrages médiocres. Quand un liv
57
ope reste le continent de la création. L’Amérique
ne
crée pas. Elle est plutôt complémentaire de l’Europe. Cela permettrai
58
rialisme américain. J’ai peur, quant à moi, qu’il
ne
soit beaucoup trop timide ! Car les Américains redoutent énormément d
59
: « Nous devons arrêter là cette interview ; nous
ne
doutons pas que les considérations de l’écrivain neuchâtelois — que n
60
ns de l’écrivain neuchâtelois — que nous espérons
n’
avoir point trahies en les résumant — intéresseront vivement nos lecte
61
Neuchâtel, dont il est une des fiertés. Ce retour
n’
est d’ailleurs que provisoire, l’écrivain ayant laissé sa famille en A
62
Rougemont, mais il faut acquitter Oltramare. Vous
n’
y comprenez rien ? Ni moi non plus. C’est que ce raisonnement n’en est
63
rien ? Ni moi non plus. C’est que ce raisonnement
n’
en est pas un, mais combine deux absurdités. 1. Si l’on admet avec cet
64
u bien il faut acquitter Oltramare, mais alors il
n’
y a pas lieu de me dénoncer, tout ce discours retombe à plat, et notre
65
le contraire d’Oltramare à Paris. Si Me Duperrier
ne
sent pas la différence, essayons de l’éclairer par une fable. Supposo
66
rgé d’office de ma défense. Que va-t-il dire ? Il
n’
hésite pas : il dit que j’ai fait comme Oltramare, notre infaillible f
67
e infaillible führer suisse. On lui répond que ça
ne
prend pas, que j’ai fait exactement le contraire. On me fusille et on
68
guerre. La Suisse subsiste, intacte et libre. On
n’
a pas fusillé Oltramare, on s’est borné à le punir un peu. Son avocat
69
e leur « ordre » où nous serions des morts, ou je
ne
sais quels esclaves honteux de vivre. h. Rougemont Denis de, « Con
70
igieuse, proximité du monde germanique. Mais nous
n’
avons rien de ce qu’il faut pour assurer le succès d’une œuvre : publi
71
eur, appuis sociaux, politiques ou financiers. Je
ne
sais trop s’il faut s’en plaindre. Tout cela se crée naturellement au
72
ulier. Je suis prêt à le croire. Mais enfin, cela
ne
va pas de soi. Question 3. – « Le départ vers Paris… » Il n’y a pas
73
soi. Question 3. – « Le départ vers Paris… » Il
n’
y a pas que Paris, mais c’est le départ qui importe. Combien de grande
74
la plus fréquente et la plus bénéfique à la fois)
n’
est pas précisément de vivre et de créer loin de son milieu et de sa p
75
ion suffisants pour alimenter une littérature qui
ne
soit pas uniquement et strictement « locale » ? 2. A-t-il des chances
76
Des appuis ? Un milieu ? 3. Le départ vers Paris
n’
est-il pas, en même temps qu’une tentative de retrouver ailleurs ce qu
77
u’une tentative de retrouver ailleurs ce que l’on
ne
trouve pas dans son pays, une fuite, loin de ce que Ramuz appelle “le
78
“le train-train d’une vie moyenne où l’exception,
n’
a point de part” ? Après les réponses de J.-E. Chable, Robert de Traz,
79
ndispensable au succès d’une œuvre littéraire, il
ne
se répand point en lamentations. Au contraire : il préconise des remè
80
reprochent une hâte « imprudente », la différence
n’
est pas de jugement politique, mais d’expérience humaine, et surtout d
81
ait seul sauver l’Europe. Les autres dorment. Ils
n’
ont pas encore vu qu’on ne leur laissera plus le temps d’être prudents
82
Les autres dorment. Ils n’ont pas encore vu qu’on
ne
leur laissera plus le temps d’être prudents. Trop tard, dites-vous. «
83
’être prudents. Trop tard, dites-vous. « L’Europe
n’
existe plus ». Les Russes et les Américains vont lui régler son compte
84
les Américains vont lui régler son compte, si ce
n’
est pas déjà fait. Et vous avez presque raison. Mais dans ce presque i
85
argument sera simple, le voici : Si notre Europe
n’
existait plus, si c’était vrai, vous ne pourriez plus même le dire, et
86
tre Europe n’existait plus, si c’était vrai, vous
ne
pourriez plus même le dire, et cela pour des raisons que vous avez bi
87
. L’Europe existe encore, là où le cri des hommes
n’
est pas étouffé dans leur bouche, ou dans les sources mêmes de leur ré
88
mêmes de leur révolte. Vous allez me dire : « Ce
n’
est qu’une survivance. En réalité, les jeux sont faits. Le droit de pa
89
e parler nous est encore laissé, mais c’est qu’il
n’
a plus d’importance. La possibilité d’agir nous est ôtée. » Venez donc
90
ons de satellites, quatre-vingt-dix pour cent qui
ne
sont pas communistes. Une Europe en partie ruinée ? Mais elle relève
91
Mais elle relève déjà ses industries ; et l’URSS
n’
a pas été traitée mieux qu’elle, qu’on s’en souvienne. Une Europe entr
92
i que l’Amérique souhaite l’union de l’Europe. Ce
n’
est pas la même union que les Russes nous imposeraient ! L’Amérique ve
93
nous avons besoin de l’Amérique, en retour ; nous
n’
avons pas besoin des Russes. Les Américains seront forcés de nous forc
94
s forcer à l’union ou de nous abandonner, si nous
n’
arrivons pas, d’ici deux ans, à nous fédérer librement. Il ne dépend q
95
pas, d’ici deux ans, à nous fédérer librement. Il
ne
dépend que de nous d’y réussir. Les jeux ne sont donc pas faits. Il n
96
t. Il ne dépend que de nous d’y réussir. Les jeux
ne
sont donc pas faits. Il nous reste deux ans. Nous perdrons ces deux a
97
de proposer qu’on choisisse un Grand Homme. Vous
n’
y croyez sans doute pas plus que moi. Et vous dites : « Ou bien un enf
98
onne volonté ? La plupart sont involontaires, ils
ne
font que subir leur condition. n. Rougemont Denis de, « [Réponse à
99
gardent une ferme orientation. L’échec de la CED
n’
est pas celui de l’idée fédérale, mais celui d’une diplomatie qui tent
100
rets. La vraie lutte pour l’Europe commence. Elle
ne
sera pas gagnée dans ces lieux indécents que sont les couloirs de par
101
dys » ( Gazette de Lausanne des 2-3 février 1957)
n’
est pas celle du ministre britannique de la Défense. Elle représente u
102
tions, etc. Et plutôt que de reconnaître que cela
n’
est pas possible, en plus d’un cas, il pousse à préférer des solutions
103
est une autre erreur, inverse de la première, qui
ne
cessera de vous tenter : celle de l’organisation rationnelle d’activi
104
nisation rationnelle d’activités qui par essence,
ne
le sont pas. Tout le secret du fédéralisme réside dans l’art de disti
105
une un laboratoire de recherches nucléaires, pour
ne
prendre que cet exemple. Mais qu’on ne dise pas qu’elles sont trop pe
106
ires, pour ne prendre que cet exemple. Mais qu’on
ne
dise pas qu’elles sont trop petites pour que s’y développent à foison
107
ent ces groupes avec l’intransigeance nécessaire.
N’
oublions pas que les cités qui ont fait la Renaissance en Italie, en F
108
de ce sens du mécénat, nul comité de coordination
ne
pourra jamais remédier. Les comités ne peuvent faire, au mieux, que d
109
ordination ne pourra jamais remédier. Les comités
ne
peuvent faire, au mieux, que des choses raisonnables, mais la culture
110
sions individuelles et par des petits groupes qui
ne
craignent pas de passer pour extravagants ou excessifs. Les comités s
111
te de répartition géographique équitable — ce qui
n’
est, soit dit en passant, qu’une parodie du vrai fédéralisme — c’est t
112
ésenterait pour notre Suisse fédéraliste. Mais ce
n’
est pas le fait de supprimer nos douanes qui mettrait en danger nos «
113
« raisons d’être » ! C’est bien plutôt le fait de
ne
plus s’intéresser qu’au niveau de notre vie matérielle, de traiter la
114
récédent. Nos raisons d’être et de rester Suisses
ne
sont pas des raisons économiques. Le fédéralisme, j’ai tenté de vous
115
attitudes de pensée que la culture créatrice. On
ne
sauvera pas l’un sans l’autre. q. Rougemont Denis de, « Fédéralism
116
ations. En effet, « l’essentiel » de mon discours
ne
consistait nullement, comme l’écrit votre collaborateur, à « vitupére
117
on et ceux de la création. La moitié d’une vérité
n’
est qu’une sottise, surtout lorsqu’il s’agit de fédéralisme ! Me faire
118
e faire dire une sottise, dont je suis heureux de
ne
pas être l’auteur. Voici mon texte : « Tout le secret du fédéralisme
119
e, en trois points : 1. L’union entre des peuples
ne
saurait se faire en général que sur la base de quelque unité préexist
120
une entité culturelle ; 3. Il en résulte que l’on
ne
doit et que l’on ne peut « faire l’Europe » qu’en conformité avec le
121
e ; 3. Il en résulte que l’on ne doit et que l’on
ne
peut « faire l’Europe » qu’en conformité avec le génie même de sa cul
122
politique bien définie. ⁂ La première proposition
n’
entraîne pas de longs commentaires. Il est évident que des peuples, ne
123
ngs commentaires. Il est évident que des peuples,
ne
songent à s’unir que s’ils ont en commun certains traits qu’ils tienn
124
ion, internes ou externes. La seconde proposition
n’
est pas aussi évidente pour chacun. Cependant, il n’est pas difficile
125
est pas aussi évidente pour chacun. Cependant, il
n’
est pas difficile de l’établir. Quand je dis que l’Europe est d’abord
126
ion dont elle est l’origine et le cœur. Voilà qui
ne
saurait s’expliquer que par la culture des Européens, entendant par c
127
réalité économique, on oublie que notre économie
n’
est pas tombée du ciel ni sortie du sol, et qu’elle ne tire pas son or
128
t pas tombée du ciel ni sortie du sol, et qu’elle
ne
tire pas son origine et sa vitalité de notre nature, mais bien de nos
129
dre conscience de leur nocivité tant que celle-ci
ne
se manifeste qu’au niveau des idéologies, même meurtrières. On va rép
130
avec le patriotisme, hélas — a du bon, tant qu’il
ne
s’exagère pas en chauvinisme. Mais qu’est-ce que le chauvinisme ? C’e
131
paysan ou politicien, je me dis que quelque chose
ne
marche pas. C’est alors que j’accepte de prendre au sérieux les « uto
132
un plan technique et économique, dont les auteurs
ne
sont d’ailleurs pas dépourvus d’arrière-pensées politiques. ⁂ Même en
133
notamment exiger que cette unification économique
ne
détruise pas les bases de l’Europe, mais y puise au contraire ses mei
134
bordonne à une grande politique commune, laquelle
ne
peut se développer qu’à l’échelle mondiale. Commentons brièvement ces
135
ar malheur, l’auteur de ce mot d’ordre, M. Debré,
ne
pensait qu’à l’Europe des États, qui est tout à fait autre chose.)
136
se.) Les modes d’emploi Enfin, l’Europe unie
ne
saurait être conçue comme un but en soi, comme un nationalisme agrand
137
ion économique appelle une union politique, qu’on
ne
peut souhaiter que fédérale. L’intégration totale et uniformisante dé
138
dynamisme. Une simple alliance d’États souverains
ne
répondrait nullement aux exigences du siècle. Seule une fédération, s
139
e nommée Europe. 2. Cette organisation économique
ne
saurait fournir les bases d’une organisation politique, mais seulemen
140
’Inde, l’Extrême-Orient). 4. Cette action commune
ne
devra pas se limiter au plan économique et commercial, mais s’étendre
141
es Européens. La Suisse est aussi bien placée que
n’
importe quel autre pays pour faire valoir ces vues mondiales : on ne l
142
re pays pour faire valoir ces vues mondiales : on
ne
l’accusera jamais de néo-colonialisme ! Et elle est mieux placée que
143
i va plaider sa cause ? Une union faite sans nous
ne
sera pas faite pour nous, c’est l’évidence. Mais nous aurons perdu le
144
traversant d’est en ouest se nomme Vents, et nul
n’
a compris ce pays s’il n’a pas découvert un jour qu’un souffle immense
145
t se nomme Vents, et nul n’a compris ce pays s’il
n’
a pas découvert un jour qu’un souffle immense de lyrisme nomade est le
146
s ?) Harvard Déjeuner avec Paul Tillich. Je
ne
l’avais pas revu depuis un soir de 1941, à New York, chez notre ami c
147
et rose pourpre d’une intensité de couleur que je
n’
ai jamais vue ailleurs. Arrêt dans une auberge faite d’un vieux wagon
148
is, je lis, je dors, je médite et je récupère. Je
ne
trouverais pas cela en Europe, toutes vos maisons se touchent, vous n
149
a en Europe, toutes vos maisons se touchent, vous
n’
êtes plus jamais seuls. » Je lui ai dit qu’il exagérait, qu’il y avait
150
ent de feuilles rondes, comme des pièces d’or. Je
ne
sais rien qui égale en Europe la splendeur de l’indian summer aux vil
151
st exclu de parler de sentiment, bien entendu, ça
ne
se fait plus, mais l’horizon de cet art poétique me paraît aussi sec
152
rendez-vous commence quelques secondes après, je
n’
ai plus le temps de m’inquiéter de rien. Tout occupé à satisfaire d’ar
153
t plusieurs se demandent, m’a-t-on dit, si l’URSS
ne
détient pas les clés de l’avenir du monde uni, je leur rappelle que c
154
ticles que publie le New York Herald Tribune : on
ne
fait pas plus Européen.) Où sont les successeurs de l’Occident ? Je n
155
péen.) Où sont les successeurs de l’Occident ? Je
ne
vois que des imitateurs. Le but des Soviétiques, à les en croire, est
156
estions pleuvent : j’en reçois 42 par écrit. Rien
n’
est plus caractéristique de l’opinion actuelle des jeunes Américains.
157
grand homme de notre temps était Gandhi. Pourquoi
ne
pas défendre nos valeurs en étant prêts à mourir, mais non pas à tuer
158
peut-elle être présentée de telle manière qu’elle
ne
soit pas méprisée comme un simple sermon ? » « La décision n’appartie
159
méprisée comme un simple sermon ? » « La décision
n’
appartient-elle pas aux Soviets ? Car s’ils décident la guerre, a) ils
160
question, j’ai répondu : « J’espère bien que vous
n’
attendez pas ma permission pour aimer les Russes ! » (la salle croule.
161
et Sidney Hook, le philosophe et sociologue. « Je
n’
ai jamais fait de ma vie autant de mathématiques, me dit ce dernier, c
162
e idée m’est tellement étrangère que je crains de
ne
pouvoir rendre justice à la problématique de M. Tauxe. Je sais bien q
163
l en a tiré une œuvre forte, c’est Ramuz. Mais il
ne
croyait pas à l’Helvetia et à l’homo helveticus. Il ne croyait qu’au
164
oyait pas à l’Helvetia et à l’homo helveticus. Il
ne
croyait qu’au pays de Vaud, réduit aux vignes, et pimenté d’exotisme
165
déquate », le jeune Suisse romand qui veut écrire
n’
aurait-il pas besoin, tout simplement, de ce qu’on appelle en France l
166
on appelle en France la classe de rhétorique ? Je
ne
sens pas que ce soit aux « préjugés spiritualistes » qu’il se heurte,
167
vée par l’école primaire et secondaire. Tout cela
n’
a rien à voir avec Calvin, spirituel de plein vent, et de langue assur
168
s ou familiales, le Suisse romand qui veut écrire
n’
a qu’à jouer ses atouts et bien savoir sa langue. Cela donne Rousseau,
169
. Cela donne Rousseau, Staël ou Constant. Et cela
n’
empêche nullement Cendrars ou Cingria. On nous parle de révolte, de cr
170
quats pour exprimer ces thèmes rebattus ! Si cela
ne
donne plus rien, n’est-ce pas le signe qu’il serait temps de se tourn
171
ces thèmes rebattus ! Si cela ne donne plus rien,
n’
est-ce pas le signe qu’il serait temps de se tourner vers autre chose
172
beaucoup changé… Les années 1930, puis la guerre,
n’
ont-elles pas porté au romantisme, donc à l’amour-passion, un coup mor
173
us devenons très « raisonnables ». Les arts mêmes
ne
veulent plus exprimer la part instinctive de l’homme, ce que j’appell
174
ins refusent de donner forme à l’irrationnel, ils
ne
veulent plus être poètes, ils calculent, ils cherchent de façon purem
175
donne une impression de sécheresse, d’épuisement.
Ne
croyez-vous pas que l’Europe est épuisée ? Absolument pas. D’ailleurs
176
s autres civilisations, oui, sont épuisées. Elles
ne
font, pour l’essentiel, que prendre ce que nous leur donnons. Mais si
177
érer de quelque chose. Mais la société européenne
n’
a jamais été moins asservie par les impératifs ou par les interdits de
178
. … de la morale et de la hiérarchie mondaine. Il
n’
y a plus d’obstacles que les mythes puissent tenter de vaincre. Pardon
179
tatistique aboutit à l’absurde (en 2500, personne
ne
pourrait s’asseoir sans écraser les pieds d’un autre), mais comment n
180
sans écraser les pieds d’un autre), mais comment
ne
pas voir le problème ? Aujourd’hui déjà, notre vie est balisée de feu
181
, de très vieux mythes. Vous savez, l’être humain
n’
a pas changé dans ses profondeurs, Jung a montré de quelles couches im
182
dé son rôle primordial. Mais oui. Les troubadours
ne
l’avaient pas inventé. Ils lui avaient donné une forme nouvelle. Cett
183
ur le xxie ? On peut tracer des perspectives. On
ne
peut pas prophétiser. Il y a un auteur d’anticipation qui a longueme
184
extrêmement proches du xiie siècle. La Chasteté
n’
est pas le refoulement de l’amour, la négation de la Femme. C’est au c
185
e complexes ignorés, mais d’autant plus actifs… »
N’
accueillons pas sans reconnaissance l’homme capable de nous dire savam
186
Ainsi donc, l’origine de la diversité des langues
ne
serait autre que la spécialisation des métiers et par suite des jargo
187
t ouvriers en équipes spécialisées et qui bientôt
ne
se comprendront plus, je veux dire l’Université et ses diverses facul
188
jadis au point qu’un homme de couleur différente
ne
semblait pas vraiment humain, se reconnaissent et s’admettent. Déjà l
189
de conflits peut-être atroces, mais dont l’issue
n’
est pas douteuse. Les cultures entrent en dialogue, sur un pied théori
190
interpénètrent, et certaines s’universalisent. On
n’
a jamais autant appris de deuxièmes et de troisièmes langues. On n’a j
191
appris de deuxièmes et de troisièmes langues. On
n’
a jamais autant traduit et déchiffré. Et des machines électroniques vo
192
a découvert la terre entière, et personne d’autre
n’
est jamais venu la découvrir. L’Europe gréco-romaine et judéo-chrétien
193
Leibniz, Vattel et Kant en sont les pères, et je
ne
leur vois guère de répondant dans les élites d’Asie, d’Arabie et d’Af
194
n et de séparation, qui est proprement babélique,
ne
me paraît nulle part plus visible et plus facile à observer, hélas, q
195
vives de la nouvelle culture mondiale. Mais qu’il
n’
y ait plus, ou presque plus, de langage commun, et que les buts finaux
196
ue cela veut dire aussi, très concrètement, qu’il
n’
y a plus d’Université aux deux sens primitifs de l’universitas, qui so
197
ens synthétique ou universalisée. Nos universités
ne
sont plus guère, en fait, que des agglomérats ou juxtapositions souve
198
les professionnelles et d’instituts de recherches
n’
ayant plus d’autres liens réels que ceux d’une administration en outre
199
rit humain. La juxtaposition de facultés étanches
ne
fait pas plus une université qu’une addition d’organes ne fait un cor
200
pas plus une université qu’une addition d’organes
ne
fait un corps vivant. Regardons cela d’un peu plus près. Sur l’explos
201
era de 500 000 dans une dizaine d’années. (Seules
n’
auront pu varier les dimensions des salles de la Sorbonne, où déjà les
202
y a 30 à 35 ans, avions appris toute la chimie et
n’
en avions rien oublié, nous ne saurions qu’un dixième de ce qu’elle es
203
toute la chimie et n’en avions rien oublié, nous
ne
saurions qu’un dixième de ce qu’elle est aujourd’hui. Ces données num
204
et peut-être en psychologie ; rien de comparable
ne
s’est produit et ne saurait se produire dans la théologie et la philo
205
chologie ; rien de comparable ne s’est produit et
ne
saurait se produire dans la théologie et la philosophie, ni dans les
206
sophie, ni dans les lettres. Mais cette disparité
n’
a rien de rassurant, tout au contraire : elle accroît la séparation et
207
de fonctionner normalement quand les informations
ne
peuvent plus être échangées entre les branches du savoir, ou entre le
208
obale de conception, soit originelle soit finale,
ne
peuvent dès lors plus s’exercer. Un exemple précis illustrera ce poin
209
ien d’aujourd’hui, lisant l’œuvre d’un physicien,
ne
serait plus en mesure de le juger comme l’Église jugea Galilée, parce
210
ise jugea Galilée, parce que, tout simplement, il
ne
comprendrait pas de quoi parle le physicien, et a fortiori ne saurait
211
ait pas de quoi parle le physicien, et a fortiori
ne
saurait pas si le rapport entre les conclusions du physicien et la do
212
positif ou indifférent. J’ajoute que le physicien
ne
saurait pas davantage si sa démarche est conforme ou non à la théolog
213
forme ou non à la théologie, et fort probablement
ne
s’en soucierait pas. Ainsi chacun va de son côté, et les représentant
214
té, et les représentants des disciplines diverses
n’
ont souvent plus guère en commun que des platitudes quotidiennes ou de
215
it humain, et particulièrement l’esprit européen,
ne
peut se résoudre à ce que les routines et l’utilité immédiate suffise
216
ieux de catastrophe. Après tout, la tour de Babel
ne
s’est pas écroulée sur ses bâtisseurs, ils l’ont seulement abandonnée
217
r ses bâtisseurs, ils l’ont seulement abandonnée,
ne
sachant plus s’expliquer les uns aux autres pour quelles fins ils l’a
218
es, qu’on l’agrandisse ! Les crises de croissance
n’
ont jamais été mortelles pour les administrations : elles représentent
219
n, radicalement, par d’autres disciplines, et qui
ne
peuvent défendre leur « vérité » qu’en se fermant méthodiquement sur
220
éthodiquement sur elles-mêmes, acceptant ainsi de
n’
être peut-être plus tout à fait vraies — mais tant pis, cela ne se sai
221
tre plus tout à fait vraies — mais tant pis, cela
ne
se sait pas encore ! Cette espèce de résignation intellectuelle corre
222
ne observation attentive de nos universités, l’on
ne
trouve qu’une sorte de monstre, assemblage de pièces et de morceaux q
223
urquoi travaillez-vous autant ? Or rien de tel
ne
s’est produit, autant que l’on sache, dans les cultures sacrées et ho
224
ures tout est sacré. La distinction sacré-profane
n’
existe pas, en ce sens que sagesse spirituelle, science ethnique et es
225
et esthétique, sont réglées par les mêmes lois et
ne
connaissent pas de développements particuliers et divergents. L’origi
226
culiers et divergents. L’originalité, pour elles,
n’
est pas vertu, mais atteinte à l’ordre sacré — ou simple erreur d’exéc
227
tière et le corps pour essentiellement illusoires
n’
allait pas perdre à leur étude le meilleur de son temps de méditation.
228
monter leur ignorance méthodique des domaines qui
ne
sont pas de leur département. Je reprends ici mon exemple du physicie
229
r par cet exemple, c’est que l’Europe de l’esprit
ne
peut plus se présenter devant le monde qu’elle a réveillé, dans le dé
230
oirs spécialisés et synthèse de nos connaissances
n’
est guère qu’un cas particulier. Le paradoxe européen par excellence d
231
opéen par excellence de l’union dans la diversité
n’
est pas seulement celui de l’Université, mais celui de notre politique
232
toutes les facultés et instituts spécialisés. Je
n’
y crois pas. La presque totalité des expériences tentées dans cette in
233
tés me paraissent assez évidentes. La généralité
n’
est pas une matière enseignable. Elle ne peut vraiment consister que d
234
énéralité n’est pas une matière enseignable. Elle
ne
peut vraiment consister que dans une attention en éveil permanent aux
235
s propose, qui s’étendrait du berceau à la tombe,
ne
laisserait guère le temps de vivre à ses bénéficiaires super-savants.
236
sation du savoir, loin de représenter un progrès,
n’
est littéralement qu’une monstruosité : le développement excessif d’un
237
s partiels, additionnés, dus à la spécialisation,
ne
combleront jamais, et toujours moins. C’est gagner le monde par petit
238
le monde par petits bouts au prix de son âme. Il
n’
en reste pas moins que la spécialisation dans l’Université ne peut all
239
pas moins que la spécialisation dans l’Université
ne
peut aller qu’en croissant, sous la double pression que j’ai dite : t
240
d d’étudiants et de futurs enseignants. Puisqu’on
ne
peut chercher de solution en arrière, il faut donc la chercher en ava
241
fronter désormais à des options métaphysiques. Je
ne
l’imagine pas : je les écoute, et plusieurs d’entre eux l’ont écrit.
242
des synthèses nécessaires. c) Mais ces synthèses
ne
tomberont pas du Ciel, elles n’apparaîtront pas objectivement et comm
243
ais ces synthèses ne tomberont pas du Ciel, elles
n’
apparaîtront pas objectivement et comme spontanément au terme d’une co
244
beaucoup mieux notre affaire. Ce qui importe, ce
n’
est pas que la synthèse s’opère dans le vide, ou au ciel des Idées, —
245
t même qu’ils auront pris conscience de ce qu’ils
ne
peuvent se contenter d’être seulement des spécialistes. Favoriser ou
246
e de l’explosion des effectifs universitaires, je
n’
aurais guère à proposer qu’une solution de bon sens presque simpliste
247
sprit la règle d’or de la culture européenne, qui
n’
est rien d’autre que la mesure humaine, le module des relations person
248
r d’un milieu donné, cité, pays ou université. Ce
n’
est pas du tout par hasard que dans le tableau qu’a établi le sociolog
249
nent loin derrière, ou même en queue de liste. Je
n’
en dis pas plus sur ce point : dans les petits pays, tout est petit, y
250
s apparaîtront peut-être comme un rêve, mais rien
ne
devient jamais réel qui n’ait été d’abord rêvé. La multiplication des
251
mme un rêve, mais rien ne devient jamais réel qui
n’
ait été d’abord rêvé. La multiplication des universités, maintenues da
252
t de l’entropie au niveau de l’enseignement, mais
ne
répondra pas au défi de la division du savoir en langages spécialisés
253
oirement suivie d’une discussion réglée. Ici l’on
n’
impose pas une image du monde : on la cherche en commun, librement. Au
254
utuelle. Deux meneurs de jeu par colloque, et ils
ne
peuvent appartenir à la même spécialité. Faire le monde Et quan
255
fricaines, indaméricaines, indonésiennes, etc. Il
n’
existe pas, ni hors de l’Europe ni en Europe, de chaires d’études euro
256
’heure où elle s’interroge elle-même plus qu’elle
n’
a jamais fait dans son histoire. Cette liste de thèmes, vous le sentez
257
histoire. Cette liste de thèmes, vous le sentez,
ne
demande qu’à s’allonger au gré de vos désirs. Quant aux relations ent
258
’hui, plus que jamais, faire des hommes. 3. Je
n’
ignore pas les tentatives qui se dessinent, aux États-Unis notamment,
259
Un écrivain suisse (20-21 mars 1965)ab Qu’il
n’
y ait pas une patrie suisse mais deux douzaines, point de grands centr
260
i italien, bien avant que l’Allemagne ou l’Italie
n’
aient réuni dans une de ces super-provinces qu’on nomme nations toutes
261
ntain cousin de l’historien de la Renaissance, je
ne
pense pas qu’il tienne de lui ce don de prévision de l’avenir europée
262
us. Burckhardt est le type même de l’écrivain qui
ne
peut séparer la pensée de l’action, ni la passion de la lucidité. Son
263
ssant de la vie et son sens du service de la cité
n’
ont cessé de le ramener aux grands postes publics, quand un appel pres
264
je l’avais surpris un jour en plein travail — on
ne
devrait jamais faire ça — pour découvrir qu’avant, ailleurs, au Flore
265
depuis vingt ans et plus qu’on se rencontrait, je
ne
l’avais jamais vu dans sa réalité et nous n’avions presque rien dit q
266
, je ne l’avais jamais vu dans sa réalité et nous
n’
avions presque rien dit qui vaille entre deux hommes. Mais ce jour-là,
267
nt, de ce que durant nos années parisiennes, nous
n’
ayons pu, ou cru pouvoir, nous rencontrer. « Ce sont de ces conneries
268
ert quelque chose dont je pense bien que personne
ne
parlera dans les centaines d’articles à paraître ces prochains jours.
269
t que Breton, pour toute la haine vigilante qu’il
n’
a cessé de vouer sa vie durant aux manifestations visibles et officiel
270
l’artisan lui semblait des plus exaltants. Or, il
n’
est rien de commun aux deux doctrines hors le grand ton de rigueur fan
271
. (Combien de poètes, et plus encore de peintres,
n’
ont jamais pu vraiment s’approuver dans leur cœur, parce que Breton ne
272
ment s’approuver dans leur cœur, parce que Breton
ne
les avait pas admis et célébrés !) J’ai vu plus d’une scène de ce gen
273
ie X ! », criait-il en déclamant Zone. Ce pape-là
ne
le gênait pas : c’était un vers d’Apollinaire. (Mais tout de même, la
274
i procède chez eux de la griserie imaginative, on
ne
peut refuser d’accorder aux écrivains réformateurs de la première moi
275
bénéfice de l’extrême fraîcheur. » Jamais Breton
ne
s’est mieux défini. Je pense au soir où il déclara qu’il était temps
276
l était temps d’aller regarder de plus près qu’on
ne
l’avait fait saint Augustin, qu’il tenait pour l’ancêtre des jansénis
277
es qu’il y avait là-dessus des bibliothèques ; il
n’
en crut rien, visiblement, et avec raison : son Augustin à lui était s
278
eligion qu’il faut absolument fonder, et pourquoi
ne
pas la fonder sur le culte d’une pierre bleue ? » Changer la vie
279
tion passionnelle (« la beauté sera convulsive ou
ne
sera pas ») et la régler jusqu’au moindre soupir. Autoritaire et libe
280
bibelots, entre le délire et l’extrême rigueur il
n’
a jamais cessé d’inventer un chemin qui ne pouvait exister que pour lu
281
ueur il n’a jamais cessé d’inventer un chemin qui
ne
pouvait exister que pour lui seul. De personne je ne suis à ce point
282
pouvait exister que pour lui seul. De personne je
ne
suis à ce point sûr qu’il a toujours suivi — avec autant d’audace que
283
intéresse : Jacques Chenevière, écrivain de race,
ne
donne pas ici ses mémoires, c’est plutôt sa mémoire elle-même qui est
284
vre, et comme son véritable auteur. Ces souvenirs
ne
seront donc pas faits de dates, d’événements et de justifications, co
285
très Suisse en cela du moins — Jacques Chenevière
n’
est pas « seulement » un écrivain. Une seconde vocation le requiert, d
286
ou le rassurer sur lui-même, mais finalement elle
n’
aura pas contaminé son art d’écrire « pour le plaisir ». Je pense à de
287
es, Rois, Daphné, ou la Jeune Fille de Neige, qui
n’
ont rien de philanthropique. (Ils ravissaient Valéry Larbaud, et c’est
288
de chaque lecteur. Je sais bien les images que je
n’
oublierai plus, que j’aimerais évoquer ici, mais beaucoup ne sont pas
289
i plus, que j’aimerais évoquer ici, mais beaucoup
ne
sont pas de celles que l’on peut désigner facilement, faites d’atmosp
290
sentiment, et d’un regard imaginant. Presque rien
n’
eût été enregistré par l’objectif (si bien nommé) et pourtant quelque
291
sé sur un col haut, tout droit, empesé. Le regard
ne
me quittait pas. — Quel travail préféreriez-vous, Monsieur ? — N’impo
292
as. — Quel travail préféreriez-vous, Monsieur ? —
N’
importe quoi qui soit utile. Et dès aujourd’hui si vous voulez. » C’ét
293
périeux dans le vide, semble-t-il, car il fixe on
ne
sait quel objet imaginaire bien au-delà de nos personnes, quoique l’a
294
s’étant bien passé, les délégués s’en vont. « Je
ne
pus me retenir de regarder, deux secondes par-dessus mon épaule : Mus
295
s dire qu’un tel livre transmet quelque chose qui
n’
a pas de prix : les secrets de l’usage d’une civilisation. Je l’intitu
296
nous serons seuls. » C’était il y a deux ans, je
ne
devais plus le revoir. Il aimait citer la Bhagavad-Gita, qu’il lisait
297
le signe sensible de la situation que l’écrivain
n’
a cessé d’occuper dans la culture de notre temps : à proximité, le reg
298
u témoignèrent de cette prise de conscience. Nous
ne
partions pas d’une insatisfaction de notre sort. Nous pensions que la
299
L’affirmation de principes de droit international
ne
servait, en fait, que les nationalismes. Dans le groupement l’Ordre n
300
es jeunes gens qui voulaient faire la révolution,
n’
était pas nette. Nous refusions aussi bien la dictature stalinienne du
301
Pour ma part, j’étais relié aux trois mouvements,
n’
ayant jamais voulu être l’homme d’une seule secte. Peut-être adoptais-
302
mple, Barth et Heidegger à un public français qui
ne
les connaissait pas. Pour marquer une différence, je dirai que l’on t
303
de l’Europe ? Je dirai que dans ces journaux, qui
ne
sont pas des mémoires et se tiennent à égale distance de la chronique
304
Novalis, et de Hölderlin que les jeunes Français
ne
connaissaient pas. On peut d’ailleurs repérer un filon hölderlinien à
305
ous est très proche et, chose curieuse, la langue
ne
constitue pas un barrage. J’ai d’ailleurs toujours, dans ma conceptio
306
spirituelle le protestantisme. Rien de tout cela
n’
a les mêmes frontières et il se produit là un jeu complexe d’exclusion
307
ultiplier les communautés d’aires différentes qui
n’
ont pas les mêmes bornes territoriales. Cette indépendance par rapport
308
ois l’homme à la fois cosmopolite et enraciné. Je
n’
ai jamais senti la moindre gêne à être d’un pays où j’ai des racines e
309
e la personne qui se crée et l’époque qu’elle vit
n’
est-elle pas la caractéristique fondamentale de votre vie et de votre
310
sée doit conduire l’action : mais sans agir, elle
n’
est pas vraie pensée. » ⁂ Quittant Ferney-Voltaire, où des êtres humai
311
d’identité au douanier ! L’Europe des politiciens
n’
est pas encore celle des intellectuels, mais une œuvre comme celle de
312
le de Denis de Rougemont est là pour nous aider à
ne
pas désespérer complètement de l’esprit. ag. Rougemont Denis de,
313
, obsédé qu’il est par la crainte que ses projets
ne
soient pas « sérieux », c’est-à-dire puissent paraître « nouveaux »,
314
, c’est-à-dire puissent paraître « nouveaux », et
ne
correspondent pas à un poste du budget courant. Ce « réalisme » condu
315
sens du mot que je viens de définir, l’Université
n’
existe plus. Ce qu’on persiste à décorer de ce nom n’est que la juxtap
316
xiste plus. Ce qu’on persiste à décorer de ce nom
n’
est que la juxtaposition d’une quantité variable d’écoles professionne
317
iers, des professeurs ou des pasteurs. Ces écoles
n’
ont plus en commun que leur location dans une même ville, leurs servic
318
nce financière d’un même État. À part cela, elles
n’
ont plus rien à se dire, ni au fond rien à faire ensemble. 3. L’Univer
319
Celui qui veut apprendre un métier pour en vivre
n’
a que faire de la contestation. Et celui qui entend contester la socié
320
station. Et celui qui entend contester la société
n’
a que faire d’une « étude des débouchés ». Cependant, avant de contest
321
faculté doit donc précéder l’Université, et l’une
ne
peut se désintéresser des problèmes de l’autre. 7. Je propose que l’
322
déralisme, au contraire du nationalisme cantonal,
ne
consiste pas à vouloir tout partout et à tout prix, mais à répartir l
323
spécifique de l’Université : une école, en effet,
ne
saurait se la poser. Il faut l’Université parce qu’un centre de conte
324
polycopié et plus tard, publié. 14. Un professeur
ne
devrait pas être et avoir été seulement professeur. Il ne devrait pas
325
it pas être et avoir été seulement professeur. Il
ne
devrait pas être jugé sur ses seuls titres universitaires mais sur sa
326
s, demandent peu d’espace, et peuvent s’organiser
n’
importe où, à la campagne, dans un village ou dans une ville. Cependan
327
e à la vie d’une Université digne du nom. 16. Il
ne
faut pas redouter qu’une tension s’institue entre écoles professionne
328
’une science ou une technique, dont les principes
ne
seraient pas remis en question et « contestés » par l’Université, dép
329
cesserait du même coup d’être une Université, et
n’
aurait plus qu’à disparaître. 17. Une Université digne du nom, dont le
330
le de création et de rayonnement culturel. Ce que
ne
peuvent être, bien évidemment, ces encombrants conglomérats d’écoles
331
s’obstine encore à nommer des universités. 18. Il
ne
faut pas détruire ce qui existe — les écoles professionnelles (ou fac
332
— ou non. Dans le fait, dans le concret vécu, il
n’
y a pas l’écrivain d’un côté et l’événement de l’autre, deux objets qu
333
cher à volonté. Nul événement social ou politique
n’
existe en soi sans qu’on l’ait exprimé, nommé, écrit, avant ou après l
334
uit de l’écriture ! Nul écrivain digne du nom qui
ne
soit par lui-même événement, et dont l’œuvre ne constitue une partie
335
i ne soit par lui-même événement, et dont l’œuvre
ne
constitue une partie de la réalité qu’il croit décrire quand il l’écr
336
éalité qu’il croit décrire quand il l’écrit… ⁂ On
ne
peut donc parler que de différents modes de relations entre l’œuvre e
337
. 1. Le ludion réagit passivement à l’époque : il
n’
est pas engagé mais immergé en elle, il en révèle les courants locaux
338
ormation, sans essayer d’agir sur eux, soit qu’il
n’
en ait aucune envie, soit qu’il désespère d’en avoir les moyens, ou ni
339
ans le témoignage desquels la société de l’époque
n’
eût pas eu son portrait tiré, et n’eût assumé devant l’Histoire son vi
340
té de l’époque n’eût pas eu son portrait tiré, et
n’
eût assumé devant l’Histoire son visage et son style, conditions de l’
341
stinction entre unité et union. L’unité existe ou
n’
existe pas. L’union est ce que l’on peut bâtir. Non pas une uniformité
342
puisque vingt ans de tentatives de rapprochement
n’
ont abouti à rien sur le plan politique. Cette situation tient au fait
343
i eux-mêmes l’obstacle à toute espèce d’union. On
ne
peut bâtir une union de l’Europe sur les obstacles à toute union ! No
344
e l’Europe, c’est l’union. Si l’union de l’Europe
ne
se fait pas, nous serons colonisés par le dollar et peut-être par une
345
te — quoique cela soit moins sûr. Mais le fait de
ne
plus être maîtres de notre destinée économique entraînerait une quant
346
s’étant penchés sur ce problème. L’union mondiale
ne
sera concevable que s’il existe une solide fédération européenne. Ce
347
universelle : « Désormais, disait saint Paul, il
n’
y a plus ni Juifs ni Grecs. » Cette responsabilité de l’Europe s’oppos
348
moment de passer cette porte ? Le jour où moi, je
ne
sentirai plus cela, je me ferai honte. » Posons ces deux phrases en c
349
ent beaucoup plus tard les Fleurs de Tarbes !) Il
n’
avait encore publié que deux ou trois petits livres un peu trop parfai
350
fondait ailleurs : dans le style de la NRF . Ce
n’
était pas le sien, bien entendu, il ne récrivait pas nos textes, mais
351
a NRF . Ce n’était pas le sien, bien entendu, il
ne
récrivait pas nos textes, mais le style de chacun des auteurs de la r
352
, mais le style de chacun des auteurs de la revue
n’
eût pas été tout à fait le même sans sa présence et sans son attention
353
de toute secrète volonté de puissance, attentif à
ne
rien nous imposer qui ne fût ce qu’il avait senti, bien avant nous, q
354
de puissance, attentif à ne rien nous imposer qui
ne
fût ce qu’il avait senti, bien avant nous, qui pourrait être nous. Bi
355
nous. Bien trop curieux pour être autoritaire, il
n’
avait de goût que pour nos singularités (que d’autres nommeraient voca
356
re revue, nulle autre école. De 1925 à 1940, à je
ne
sais quelles exceptions près, ce qui a compté dans la littérature en
357
-John Perse ! Étourdi de bonheur je répondis : Je
n’
ai pas vingt ans et mon tiroir est vide, mais je verrai… Quelques anné
358
il me confie, rêveur : « Comme il est difficile,
n’
est-ce pas, de se libérer de ses origines protestantes. » Je dis : « P
359
ses origines protestantes. » Je dis : « Pourquoi
ne
pas les assumer ? » (Bien sûr qu’à cela, du moins, il n’a jamais song
360
les assumer ? » (Bien sûr qu’à cela, du moins, il
n’
a jamais songé.) Je l’ai surpris, notre dialogue s’est noué, et il se
361
aul Valéry attend des Lettres ce qu’un philosophe
n’
ose pas toujours espérer de la philosophie : il veut connaître ce que
362
us de l’eau toute une civilisation qui sombre. Je
ne
dis rien d’Alerte : la poésie lui semble chose si grave qu’il a pris
363
se si grave qu’il a pris le parti de se taire. Je
ne
sais s’il est vrai que les hommes de lettres se soient contentés jadi
364
une morale, et le sens de la vie enfin révélé. Il
n’
est pas une joie de l’esprit que les Lettres ne leur doivent. Et qui p
365
Il n’est pas une joie de l’esprit que les Lettres
ne
leur doivent. Et qui pourrait tolérer, se demande un jeune homme, de
366
i pourrait tolérer, se demande un jeune homme, de
n’
être pas écrivain ? Cet état « singulier » de notre littérature n’aut
367
in ? Cet état « singulier » de notre littérature
n’
autorise pas trop d’optimisme. Il se peut que les hommes soient deven
368
out se passe comme s’il y avait à leur endroit je
ne
sais quoi de libre, de joyeux et peut-être d’insensé, dont nous aurio
369
rdu tout à fait ni pour toujours, puisque ce « je
ne
sais quoi de libre, de joyeux et peut-être d’insensé », c’est toute s
370
l’avenant. La presse est allergique à tout ce qui
n’
est pas « le petit fait faux » qui seul intéressera, croit-elle. an.
371
age sur Bernard Barbey (7-8 février 1970)ao Je
n’
avais pas encore vingt ans et je lisais tout ce qui paraissait aux deu
372
lie son intrigue et la justesse de l’analyse pour
ne
plus évoquer que des visions où se condense le sentiment du récit. Da
373
n ultrasecrète avec l’armée française en 1940, ce
n’
est pas rien, ni commander ensuite l’état-major particulier d’un génér
374
l’un des plus jeunes élus de l’Académie. Mais là
n’
était pas son souci ! Et il nous suffisait, nous ses amis (mais avons-
375
fait, à la culture. Unité non pas homogène et qui
ne
résulte pas d’un processus forcé d’uniformisation, de nivellement et
376
stances universelles, et toutes les créations qui
ne
cessent de jaillir de cette discorde permanente. Dès l’aube de la phi
377
ù les excès de l’individualisme hellénistique qui
ne
manqueront pas d’appeler la tyrannie. Rome, en réponse à ce défi de l
378
s et chrétiennes qui se contredisent avec passion
ne
se détruisent pas pour autant : entre leurs triomphes alternés, elles
379
es, bouddhistes, ou sans croyance aucune… Mais ce
n’
est pas tout. Avec les trois sources classiques d’Athènes, de Rome et
380
tique. Faut-il enfin rappeler l’apport arabe, qui
ne
se limite pas au zéro précédant la suite des nombres, mais qui est l’
381
si qu’ils en viennent à penser sincèrement qu’ils
ne
pourront jamais s’unir, même s’il le faut, du fait qu’ils n’ont en so
382
jamais s’unir, même s’il le faut, du fait qu’ils
n’
ont en somme rien de commun ! Un jour, tandis que je présidais une tab
383
vert l’essai de définition suivant : L’Européen
ne
serait-il pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen dans
384
partie, par le seul fait qu’il le conteste ? On
ne
changera pas cela, ce ne serait plus l’Europe. Le goût furieux de dif
385
qu’il le conteste ? On ne changera pas cela, ce
ne
serait plus l’Europe. Le goût furieux de différer, par lequel nous no
386
t le sens de la vie (25-26 avril 1970)at au Je
ne
vois pas d’autre forme d’union qui réponde à la double exigence du re
387
rantir leur concurrence féconde, dans la paix. Je
ne
vois pas d’autre réponse imaginable au défi que l’Histoire nous pose
388
i ferait leur force ; mais en retour, cette union
ne
saurait être acquise au prix des libertés qu’elle est censée servir.
389
ase de notre unité est une culture pluraliste, on
ne
peut fonder sur elle qu’une union fédérale. Ce qui paraît beaucoup pl
390
aucoup plus difficile à expliquer, c’est que rien
n’
ait encore été fait dans ce sens, depuis près de vingt-cinq ans qu’on
391
hill — dans son fameux discours de Zurich — qu’il
n’
y a pas une minute à perdre ! Quel est l’obstacle apparemment insurmon
392
admet qu’il faut faire — et que pourtant personne
ne
fait ? Eh bien, chacun le sait, rien n’est moins mystérieux : l’obsta
393
personne ne fait ? Eh bien, chacun le sait, rien
n’
est moins mystérieux : l’obstacle à toute union possible de l’Europe (
394
ossible de l’Europe (donc à toute union fédérale)
n’
est autre que l’État-nation, tel que Napoléon en a posé le modèle, int
395
atrie », des réalités absolument hétérogènes, qui
n’
ont aucune raison d’avoir les mêmes frontières, comme la langue et l’é
396
e naturelles contre toute évidence, l’État-nation
n’
admet aucune autonomie, aucune diversité réelle. À l’extérieur, il ref
397
ui explique suffisamment, je crois, pourquoi l’on
n’
a pas avancé d’un centimètre en direction de notre union politique. En
398
oyens, ils risquent bien de vous conduire où vous
ne
vouliez pas aller… Voici donc le dilemme présent : Si nous attribuons
399
européenne. Sans compter qu’un super-État-nation
ne
pourrait être imposé à tous nos peuples qu’à la faveur d’une guerre g
400
e utopie catastrophique, mais dont la réalisation
ne
saurait être exclue pour autant. Au contraire, si nous donnons pour f
401
nomie des communautés (la production industrielle
n’
étant qu’un des moyens de ces libertés), alors il faut reconnaître que
402
tés), alors il faut reconnaître que l’État-nation
n’
est pas seulement un modèle périmé, mais qu’il est en fait aujourd’hui
403
eux politiques d’union, dont je crains bien qu’on
ne
puisse pas impunément continuer à mêler les moyens. On ne manquera pa
404
e pas impunément continuer à mêler les moyens. On
ne
manquera pas de m’objecter en ce point que la politique a toujours eu
405
ce ou liberté comme finalités de l’union. Mais je
ne
crois pas qu’il y ait un tiers parti tenable. Je ne crois pas à cette
406
crois pas qu’il y ait un tiers parti tenable. Je
ne
crois pas à cette « imposante confédération » qu’évoquait le général
407
t leurs prétentions à la souveraineté absolue. Je
ne
crois pas à cette amicale des misanthropes. Je crois à la nécessité d
408
res sur terre, sous terre et dans les airs, et de
ne
pas perdre une occasion de faire voir à quel point elles sont absurde
409
roductions industrielles et agricoles. Mais elles
ne
servent absolument à rien pour arrêter ce qui devrait l’être : les te
410
inexistant quand on voudrait compter sur lui. Je
ne
sais, n’étant pas économiste, si nos États-nations délimités pour la
411
nt quand on voudrait compter sur lui. Je ne sais,
n’
étant pas économiste, si nos États-nations délimités pour la plupart a
412
iracle, des entités économiques intelligibles. Je
ne
sais si les problèmes profonds que pose leur balance commerciale (laq
413
fonds que pose leur balance commerciale (laquelle
ne
saurait être positive, me semble-t-il, dans tous les pays à la fois…)
414
e, me semble-t-il, dans tous les pays à la fois…)
ne
sont pas le type même de faux problèmes, résultant de la seule fictio
415
a seule fiction d’économies dites nationales, qui
ne
correspondent à rien d’économique. Mais ce que je sais de science cer
416
de science certaine, c’est que les États-nations
n’
existent pas dans l’histoire de la culture, et que les « cheminements
417
ntières sans les apercevoir : dans ce plan, elles
n’
existent pas. Il n’y a pas de « cultures nationales », en dépit des ma
418
ercevoir : dans ce plan, elles n’existent pas. Il
n’
y a pas de « cultures nationales », en dépit des manuels scolaires, il
419
nationales », en dépit des manuels scolaires, il
n’
y a que des divisions tout arbitraires opérées dans l’ensemble vivant
420
enne. Et les diversités que nous devons respecter
ne
sont pas celles de ces États-nations nés d’hier : elles les traversen
421
les traversent et les divisent tous également, et
ne
coïncident jamais avec aucune frontière. Nos États-nations, obsédés p
422
l’idée de « se faire respecter », oublient qu’ils
n’
y arriveraient qu’en se rendant utiles. Ils exigent, depuis Louis XIV,
423
evant la « majesté de l’État ». Mais non ! L’État
n’
est pas un dieu, ce n’est qu’un appareil plus ou moins efficace, qui d
424
l’État ». Mais non ! L’État n’est pas un dieu, ce
n’
est qu’un appareil plus ou moins efficace, qui doit être mis au servic
425
yer d’apaiser les ennemis de l’union en jurant de
ne
jamais toucher aux droits sacrés de vos États-nations ! Vous savez bi
426
s de vos États-nations ! Vous savez bien que vous
ne
pourrez pas unir l’Europe en proclamant votre attachement aux causes
427
hement aux causes mêmes de sa division ! Pourquoi
ne
pas le dire ouvertement ? Tous les sondages d’opinion montrent qu’on
428
égatif de ses travaux, elle ajouterait l’étude on
ne
peut plus positive de la renaissance des régions. Il faut défaire et
429
fédérations continentales. Et vous noterez que je
ne
parle pas de relations ou d’affaires étrangères : c’est un mot qu’il
430
mme est révolutionnaire ? Il l’est, bien sûr : on
ne
fera pas l’Europe sans casser des œufs, nous le voyons depuis vingt-c
431
Europe des marchandages entre économies étatiques
ne
peut pas entraîner d’adhésions enthousiastes. Les jeunes gens d’aujou
432
ions enthousiastes. Les jeunes gens d’aujourd’hui
ne
seront pas convaincus par des avantages matériels : ils sont presque
433
c’est un sens de la vie, maintenant que la guerre
n’
est plus leur exutoire, l’alibi des raisons de vivre inexistantes. La
434
ontestation de la jeunesse, dans le monde entier,
ne
relève pas de l’économie, et encore moins de la politique au sens étr
435
l’humanité, nous lui devons cela ! Une Europe qui
ne
sera pas nécessairement la plus puissante ou la plus riche, mais bien
436
rée, et par le motif principal de cet afflux, qui
n’
est pas d’admirer nos lacs ni de fuir des dictatures, mais de faire du
437
le découvrir. Ils nous disent : « À l’heure où il
n’
est question que de s’ouvrir à l’Europe, pourquoi nous fermer devant l
438
rrence étrangère à laquelle « l’économie suisse »
ne
pourrait « résister » que grâce à l’appoint des travailleurs étranger
439
truit lui-même : car dans une Europe intégrée, il
n’
y a plus « d’économie suisse », il y a seulement une économie européen
440
ie « nationale », par définition non intégrée. On
ne
peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. On ne peut pas invoqu
441
eut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. On
ne
peut pas invoquer à la fois l’intégration de l’Europe et les lois de
442
nations. (Sans compter que tous les États-nations
ne
peuvent pas avoir en même temps une balance commerciale positive !) D
443
positive !) De fait, l’ouverture du Marché commun
n’
a nullement déclenché un raz de marée de main-d’œuvre italienne en Fra
444
le. On constate au contraire que les travailleurs
ne
se déplacent en général que s’ils y sont fortement incités, s’ils son
445
comme vous osez l’écrire ! — il est clair que ce
n’
est pas sérieux. L’argument ne vaut rien, mais en cache un meilleur. À
446
il est clair que ce n’est pas sérieux. L’argument
ne
vaut rien, mais en cache un meilleur. À part beaucoup d’irritations,
447
r notre sol, dans nos cités et dans nos mœurs. Je
n’
en dirais pas autant d’une industrie dont l’essor défigure nos paysage
448
t hygiéniques, écologiques et politiques, si elle
n’
établit pas ses plans en conséquence et ne s’engage pas à les réaliser
449
si elle n’établit pas ses plans en conséquence et
ne
s’engage pas à les réaliser, alors je dis : votez pour, votez contre,
450
aurez tort, car l’enjeu véritable est au-delà et
ne
peut être atteint par ce choix. La question qu’a soulevée M. James Sc
451
juste titre les adversaires de l’initiative (« on
ne
peut pas chasser des frères humains ») serait-elle encore invoquée si
452
travailleurs étrangers nous coûtait plus qu’elle
ne
rapporte ? — La pire menace contre notre mode de vie suisse vient-ell
453
lle aura été le dernier monarque d’une France qui
n’
a rien préféré à l’amour de son roi, sinon le plaisir de le décapiter,
454
plus fort — Tristan plus fort que le roi Marc —,
n’
a-t-il pas déposé une épée symbolique ? » J’écrivais cela en 1961, ann
455
», était en réalité un fédéraliste ! (Mais le mot
ne
peut passer le gosier d’un Français héritier de Louis XIV, des jacobi
456
ntinent, y trouvent appuis et encouragements. On
ne
peut mieux définir le régime général d’union dans la diversité qu’il
457
tature : écartant les barons et le Pays légal, il
ne
veut devant sa tombe que la France seule, une fois de plus symbolisée
458
er les rapports du Général avec la culture, qu’il
n’
a guère encouragée. »
459
Nulle part peut-être mieux que dans ses « jeux »
n’
a régné l’essentiel terrorisme qu’entretenait le surréalisme. André Br
460
dans les années 1930… Elle était vraie, mais elle
n’
expliquait rien. Quand on demande à Zazie pourquoi elle veut devenir i
461
si, je le crains, certains de ceux qui prétendent
n’
écrire que pour le salut de leurs lecteurs. En fait, on commence à écr
462
point quelques demi-mensonges, l’important est de
n’
y pas croire, sinon ce serait la preuve qu’on a perdu le contact avec
463
mystère brut, la réalité. Nietzsche a dit cela on
ne
peut mieux dans Aurore : « Toutes les choses qui vivent longtemps son
464
inale qui agit comme vraie motivation. Mais si je
n’
avais pas écrit d’abord sans cause, je ne saurais pas écrire pour une
465
is si je n’avais pas écrit d’abord sans cause, je
ne
saurais pas écrire pour une cause. Si l’on n’a pas d’abord écrit pour
466
je ne saurais pas écrire pour une cause. Si l’on
n’
a pas d’abord écrit pour rien, pour le plaisir, à cause de la démangea
467
, pour le plaisir, à cause de la démangeaison, on
ne
deviendra jamais un écrivain en écrivant pour tel usage bien défini,
468
our tel objet tout extérieur à l’écriture, et qui
ne
dépend nullement du processus de la pensée en train de se former par
469
qui se définit par rapport à notre progrès. ⁂ Ce
n’
est qu’au début d’une carrière que l’on écrit par pure envie d’écrire.
470
ère que l’on écrit par pure envie d’écrire. Et je
ne
dis pas que ce besoin à l’état brut ne continue d’agir dans mes écrit
471
ire. Et je ne dis pas que ce besoin à l’état brut
ne
continue d’agir dans mes écrits, mais il n’est plus seul discernable,
472
brut ne continue d’agir dans mes écrits, mais il
n’
est plus seul discernable, tout mêlé qu’il se trouve à des courants vi
473
nvie et pour savoir pourquoi. Pour aller ainsi je
ne
sais où, en quête obscure et fascinante, selon ce vers d’Hugo qui m’a
474
r chercher le sens au bout du compte. Un sens qui
ne
peut être défini que par le tout — que pas un scientifique n’appréhen
475
défini que par le tout — que pas un scientifique
n’
appréhende et par suite ne saurait nier, et qui est au-delà de tout —
476
que pas un scientifique n’appréhende et par suite
ne
saurait nier, et qui est au-delà de tout — comme le corps transcendan
477
’abord qu’elle devrait être une autre pour que je
n’
y sois plus seulement un moi contre elle, mais que [je] m’y perde et m
478
nques, et les arts réduits, paraît-il, à celui de
ne
pas se mouiller. Nous savons que la Suisse, c’est autre chose. Mais q
479
me est pour votre pays une bonne solution. Ce qui
ne
veut pas dire qu’elle soit généralisable. » Réponse plutôt comique si
480
plutôt comique si l’on s’avise que le fédéralisme
n’
a jamais été ni pu être une « solution » aux problèmes de la Suisse, p
481
et que seul il la définit en tant que Suisse. Il
n’
y a pas eu la Suisse d’abord, puis le fédéralisme appliqué à ce pays p
482
, religieuse, économique ou culturelle, la Suisse
n’
est rien hors du fédéralisme. Elle n’est rien qu’un régime d’union. Da
483
e, la Suisse n’est rien hors du fédéralisme. Elle
n’
est rien qu’un régime d’union. Dans leur très grande majorité — 98 % e
484
ement — les six millions de Suisses d’aujourd’hui
ne
descendent en aucune manière des trois Waldstätten primitifs. Et pas
485
tten primitifs. Et pas un seul des autres cantons
n’
a jamais adhéré au Pacte dit du Grütli, qui ne porte que trois signatu
486
ons n’a jamais adhéré au Pacte dit du Grütli, qui
ne
porte que trois signatures. Mais alors, si nous fêtons aujourd’hui le
487
signature d’une Constitution, car ces deux choses
ne
datent chez nous que de 1848. Ce que nous célébrons, c’est en fait un
488
» commandant les approches du Gothard. La Suisse
n’
est nullement née comme on le croit trop souvent (et pas seulement à l
489
’exécuter ces tâches communes, le Conseil fédéral
n’
est nullement une émanation des cantons, mais le collège de chefs des
490
Grison romantsch, avec lesquels je puis très bien
n’
avoir rien en commun que cette adhésion même. Telle étant la réalité p
491
toute union de l’Europe, et que sa généralisation
ne
conduirait qu’à la guerre, autant il apparaît que la formule suisse,
492
oche en proche à l’Europe tout entière, la Suisse
ne
va-t-elle pas s’y perdre ? — C’est oublier ce qu’est la Suisse. Dans
493
ans une Europe fédéraliste montrent par là qu’ils
ne
savent pas ce qu’est la Suisse. Écoutons plutôt un grand Zurichois du
494
munauté de la Grande Europe. De cette façon, elle
n’
aura pas vécu en vain, ni sans gloire. S’évanouir dans le succès de n
495
’une formule d’union qui est notre raison d’être,
ne
serait-ce pas le sort le plus beau que nous puissions souhaiter en ta
496
urope des foyers rayonnants sans frontières, rien
ne
nous empêchera, Suisses de tous les cantons, de rester ensemble et de
497
ste à savoir, et c’est ce qui nous inquiète. S’il
n’
y a plus de frontières tangibles, plus de douaniers, où sera la Suisse
498
s là, et pourquoi nous restons ensemble. Personne
ne
peut prédire si, à bulletin secret, en connaissance de cause et en ma
499
oudront seront alors les vrais Suisses. « Et s’il
n’
en reste qu’un… », disait Victor Hugo, reprenant un vers de Corneille.
500
notre ami dans un pays égalitaire. Aujourd’hui je
ne
reculerai plus, les jeux sont faits et sa gloire établie. Du prince e
501
archétypal, avant tous titres décernés, C. J. B.
n’
a pas seulement la prestance et la sagacité profonde du regard, mais l
502
décembre 1972)bc bd Certains pédagogues, pour
ne
pas parler des autorités scolaires, n’ont apprécié qu’à demi la réédi
503
gues, pour ne pas parler des autorités scolaires,
n’
ont apprécié qu’à demi la réédition des Méfaits, soit qu’ils se senten
504
he mon mépris à l’égard des instituteurs. Or rien
n’
est plus faux : j’en veux au système scolaire, dont les instituteurs s
505
nt victimes, et qu’ils perpétuent malgré eux. Ils
n’
en sont pas responsables. J’ai d’ailleurs reçu d’autres lettres d’inst
506
e vallée… La nation est un concept artificiel qui
ne
repose sur aucune réalité fondamentale. Il y a la région, réalité tan
507
Gaulle Pourquoi l’économie et l’écologie ? On
ne
comprend pas le monde actuel sans l’économie. Sur dix votations propo
508
t des problèmes économiques auxquels les citoyens
n’
ont pas été préparés. En étudiant l’économie, les élèves verraient bie
509
nt l’économie, les élèves verraient bien que rien
n’
y justifie les frontières. Idem pour l’écologie, où la perception des
510
déjà très jeunes, est immédiate : les frontières
n’
ont rien à voir avec les lois de la nature. Elles n’arrêtent rien de c
511
ont rien à voir avec les lois de la nature. Elles
n’
arrêtent rien de ce qu’il faudrait arrêter : les nuages, les tempêtes,
512
mmes, les marchandises, quelquefois les idées. On
ne
fera jamais l’Europe avec les ministres d’aujourd’hui, parce que tout
513
e possible. En France, les rares personnes que je
n’
aie pas trouvées inaccessibles à l’idée du fédéralisme appartiennent p
514
n. Vous écrivez, dans la Suite des Méfaits : « On
ne
changera pas l’école sans changer l’État. » Est-ce à dire que l’État
515
ous dites là est bien beau, mais on voit que vous
n’
avez pas affaire à la réalité. » Or que font-ils ? Ils expédient les a
516
bâtiment, l’attribution de nouveaux subsides, ce
n’
est pas concevoir une politique, c’est administrer. Quand l’homme en p
517
que les « réalités », le critique répond : « Vous
ne
voyez pas la vraie réalité parce que vous êtes aux prises avec l’admi
518
réalité, c’est tout le système scolaire. Mais ils
ne
peuvent jamais faire face à ce problème. Il faudrait qu’ils puissent
519
nt fortuit, au hasard des occasions… Aucune place
ne
lui est faite — et pour cause — dans nos programmes. Moi, j’ai appris
520
ur le premier terme de votre « alternative »… qui
n’
en est pas une. Car le second terme est également nécessaire. Je ne vo
521
Car le second terme est également nécessaire. Je
ne
vois pas d’opposition entre l’enseignement individualisé et le travai
522
vail collectif, mais bien une complémentarité. Je
ne
crois pas que des élèves doués puissent avoir à souffrir de travaille
523
les aidant, ils apprendraient d’autant mieux. On
ne
sait vraiment que ce qu’on a dû enseigner. Je l’observe tous les jour
524
e tous les jours sur moi-même à l’Université : je
ne
creuse jamais si bien un problème que quand je dois le présenter à me
525
Or je crains que, livrés à eux-mêmes, les enfants
ne
tombent en proie à toutes les modes successives diffusées par les mas
526
i, et qui peut ordonner aux membres de son groupe
n’
importe quoi… À l’autorité défaillante du maître se substitue celle d’
527
du maître se substitue celle d’un camarade. Vous
ne
croyez pas à la « socialisation par le groupe » ?… Je crains la loi d
528
vidualisation… La droite et la gauche ont tort de
ne
tolérer qu’un des deux termes. Car il faut que l’un existe pour que l
529
ltante d’une tension dynamique entre les deux. On
ne
peut nier que l’homme a besoin de compagnie, mais aussi besoin d’être
530
arfaitement compatible : un réseau routier unifié
n’
entame en rien l’originalité des génies locaux. Le fédéralisme doit co
531
st clair que, seule, la bonne volonté des maîtres
ne
suffira pas. Il faut modifier les structures. Les structures nouvelle
532
e nouvelle pédagogie, de nouveaux maîtres ? Elles
n’
entraîneront pas automatiquement une meilleure pédagogie mais pourront
533
és par les structures actuelles de s’exprimer. On
ne
peut pas forcer les gens à être bons ou intelligents, mais on peut le
534
lité de s’exercer. La modification des structures
ne
suffit pas, les efforts individuels ne suffisent pas. Mais si le prob
535
structures ne suffit pas, les efforts individuels
ne
suffisent pas. Mais si le problème est attaqué par les deux bouts à l
536
proposa de nous faire à nous deux une langue qui
ne
serait connue que de nous ; je me passionnai pour cette idée. Nous fo
537
détruisant l’imagination. Le temps, apparemment,
n’
a pas entamé la rancune ni la virulence de Denis de Rougemont contre l
538
avés » d’une Suite des méfaits . Le texte de 1929
n’
a subi que des retouches de détail, et fort peu. Quant à l’“aggravatio
539
j’ai le triste plaisir de constater que mon texte
n’
a pas vieilli, parce que l’école n’a pas changé.” Et l’auteur de retro
540
que mon texte n’a pas vieilli, parce que l’école
n’
a pas changé.” Et l’auteur de retrouver dans une série d’écrits tout r
541
uteur du grand vignoble de Lavaux, cette évidence
ne
saurait exiger ni d’ailleurs endurer la moindre preuve : vous la vive
542
la vivez « comme on respire », ou c’est que vous
n’
êtes jamais vraiment venu, n’avez jamais existé dans ce lieu. Tout ce
543
», ou c’est que vous n’êtes jamais vraiment venu,
n’
avez jamais existé dans ce lieu. Tout ce qui touche à un centre et tou
544
me. L’homme a besoin de solitude. Mais la plupart
n’
osant aimer que ce qui par d’autres est aimé, ils détruisent à coup sû
545
ont déjà leurs longues blessures. Tout cela — nul
n’
y peut rien — aux dépens du paysage. Les « nécessités » de la vie tend
546
divine — une lumière neutre comme les dieux, qui
ne
sont de gauche ni de droite, mais toujours d’en haut, rayonnants. Il
547
e la foi sans les œuvres est morte. Sauver Lavaux
ne
suppose rien de moins que la prédominance accordée par un peuple à la
548
s habitez un pays ravissant et radieux. Mais vous
ne
le sauverez pas sans héroïsme. Si Lavaux doit faire son salut, ce ser
549
étique aux calculs des vrais réalistes — lesquels
ne
sont nullement ceux qui pensent court et bas et nous jettent dans la
550
Merveillleux Lavaux. Sauver cette unique contrée
n’
est pas le postulat d’un seul homme. Les artisans du livre, auteurs de
551
jusque dans nos cuisines et salles de bains. » Je
n’
ai pas à entrer en discussion avec un directeur qui n’a dit que ce qu’
552
pas à entrer en discussion avec un directeur qui
n’
a dit que ce qu’il devait dire pour défendre les intérêts de sa compag
553
s espoir, si la culture élaborée par notre Europe
n’
avait pas découvert une fois de plus, et vraiment au dernier moment, u
554
toire d’alors, devenus PDG pour la plupart et qui
n’
ont rien appris depuis vingt ans, alors oui, ces déclarations seraient
555
e générale où nous étions à peu près tous. […] Je
ne
pense pas avoir à m’excuser d’avoir appris pas mal de choses depuis,
556
» titre votre rédacteur.) Or il est clair qu’elle
ne
contredit en réalité que les intentions que M. Desmeules nous attribu
557
e tout, décidément, et beaucoup plus encore qu’on
ne
le croirait : car l’expression « exploitée de façon quasi militaire »
558
xploitée de façon quasi militaire » non seulement
n’
est pas de moi et ne traduit en rien notre idéal, mais formule l’exige
559
asi militaire » non seulement n’est pas de moi et
ne
traduit en rien notre idéal, mais formule l’exigence « essentielle »
560
type PWR, déclare : Les installations nucléaires
ne
sont pas dangereuses, à condition qu’elles soient exploitées et contr
561
aire 14. M. Desmeules aurait-il mal compris ? Ce
n’
est pas nous, mais ceux de son bord qui ont dit cela. Quant à prétendr
562
idéal serait l’État marxiste omnipotent, il faut
n’
avoir rien lu de moi pour oser le répéter à longueur de colonnes. Est-