1 1940, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Erreurs sur l’Allemagne (1er mai 1940)
1 lier, par exemple, que le Führer autrichien n’est pas né luthérien mais catholique ; que son mouvement s’est développé d’ab
2 istance notable, c’est-à-dire en Scandinavie, n’a pas conduit au national-socialisme, mais plutôt au pacifisme et au désarm
3 e qui est peut-être déplorable, mais ce qui n’est pas absolument pareil ; que l’Autriche catholique, bien qu’armée, n’a pas
4 l ; que l’Autriche catholique, bien qu’armée, n’a pas résisté à l’hitlérisme, alors que la Norvège luthérienne, bien qu’à p
5 sarmée, résiste ; qu’enfin le totalitarisme n’est pas l’apanage de la seule Allemagne, à demi luthérienne seulement, mais q
6 et dans une Italie toute catholique. Ce qui n’est pas sans compliquer l’affaire… Qu’on recherche la coloration particulière
7 otalitarisme russe, fort bien. Mais qu’on ne dise pas  : Luther mène à Hitler. C’est une sottise et une mauvaise action, si
8 t beaucoup de démocrates affirment : Hitler n’est pas le peuple allemand : la masse a été trompée par ses chefs. Un séjour
9 lectiviste. Les socialistes allemands ne s’y sont pas trompés. » Sur quoi l’auteur accuse d’aveuglement les socialistes fra
10 marxisme » ! (Certains, que je connais, n’en ont pas encore démordu.) Après tout, les socialistes français que critique ju
11 ieux poèmes allemands, pour autant qu’ils ne sont pas les traductions de chants islandais ou scandinaves, sont des imitatio
12 ubert, le meilleur celtisant français, n’écrit-il pas que dans la mythologie des Celtes, « l’idée de la mort domine tout, e
13 re présente nous rappelle au sérieux. Et ce n’est pas ma faute, ni celle des protestants, si l’axe Berlin-Rome passe justem
14 Rome passe justement par Rome, qui n’est pourtant pas luthérienne. Je m’excuse de tant d’évidences, et d’avoir à les rappel
2 1940, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). « À cette heure où Paris… » (17 juin 1940)
15 e goût d’être un Européen. La Ville Lumière n’est pas détruite : elle s’est éteinte. Désert de hautes pierres sans âme, cim
16 les traces pacifiées. N’importe quel badaud, mais pas un conquérant. La confrontation stupéfiante de cet homme et de cette
17 il est des victoires impossibles. On ne conquiert pas avec des chars les dons de l’âme et les raisons de vivre dont on manq
3 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). New York alpestre (14 février 1941)
18 mmités célèbres que les New-Yorkais ne se lassent pas de désigner, comme nous énumérons nos Alpes quand nous en contemplons
4 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). La route américaine (18 février 1941)
19 rs tout le continent. Personne n’en parle. On n’a pas eu besoin de changer de régime pour le réaliser. Les autostrades amér
20 le réaliser. Les autostrades américaines ne sont pas une réclame politique, ni même un expédient pour lutter contre le chô
21 . Voici enfin un spectacle émouvant qui n’effraye pas , mais au contraire atteste une force paisible et utile. Trois pistes
5 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Souvenir de la paix française (15 mars 1941)
22 elle est vide ! Les toits d’ardoises ne dépassent pas les façades nues, brunies par l’âge, palmées par les vents. Rares son
6 1946, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Monsieur Denis de Rougemont, de passage en Europe, nous dit… [Entretien] (4 mai 1946)
23 a production littéraire demande qu’on ne séjourne pas indéfiniment dans le climat étranger. En outre, j’ai des éditeurs à v
24 s, comme affaissés… Un vrai cauchemar… N’était-ce pas le contraste avec ces grands diables d’Américains ? Non, car en Suiss
25 e. J’avais constaté que les conférences n’étaient pas un très bon moyen de propagande. Les Américains en écoutent énormémen
26 stion de mœurs, de rapports quotidiens. Ils n’ont pas de culture proprement dite, mais bien une civilisation scientifique,
27 critique. Quant à leurs loufoqueries, ne croyons pas qu’ils les prennent au sérieux : c’est un genre d’humour qui leur pla
28 progrès technique, les Américains n’ont en somme pas grand-chose à nous apprendre, et c’est là une de leurs grandes ressem
29 e le continent de la création. L’Amérique ne crée pas . Elle est plutôt complémentaire de l’Europe. Cela permettrait entre e
30 vons arrêter là cette interview ; nous ne doutons pas que les considérations de l’écrivain neuchâtelois — que nous espérons
7 1947, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Consolation à Me Duperrier sur un procès perdu (5 décembre 1947)
31 moi non plus. C’est que ce raisonnement n’en est pas un, mais combine deux absurdités. 1. Si l’on admet avec cet avocat qu
32 aire d’Oltramare à Paris. Si Me Duperrier ne sent pas la différence, essayons de l’éclairer par une fable. Supposons que j’
33 ice de ma défense. Que va-t-il dire ? Il n’hésite pas  : il dit que j’ai fait comme Oltramare, notre infaillible führer suis
34 ible führer suisse. On lui répond que ça ne prend pas , que j’ai fait exactement le contraire. On me fusille et on le pend d
35 rre. La Suisse subsiste, intacte et libre. On n’a pas fusillé Oltramare, on s’est borné à le punir un peu. Son avocat garde
8 1949, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Les écrivains romands et Paris (10 septembre 1949)
36 Question 3. – « Le départ vers Paris… » Il n’y a pas que Paris, mais c’est le départ qui importe. Combien de grandes œuvre
37 s fréquente et la plus bénéfique à la fois) n’est pas précisément de vivre et de créer loin de son milieu et de sa province
38 isants pour alimenter une littérature qui ne soit pas uniquement et strictement « locale » ? 2. A-t-il des chances d’être c
39 is ? Un milieu ? 3. Le départ vers Paris n’est-il pas , en même temps qu’une tentative de retrouver ailleurs ce que l’on ne
40 ative de retrouver ailleurs ce que l’on ne trouve pas dans son pays, une fuite, loin de ce que Ramuz appelle “le train-trai
9 1949, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe est encore un espoir (8 décembre 1949)
41 hent une hâte « imprudente », la différence n’est pas de jugement politique, mais d’expérience humaine, et surtout de souff
42 ul sauver l’Europe. Les autres dorment. Ils n’ont pas encore vu qu’on ne leur laissera plus le temps d’être prudents. Trop
43 méricains vont lui régler son compte, si ce n’est pas déjà fait. Et vous avez presque raison. Mais dans ce presque il y a t
44 rope existe encore, là où le cri des hommes n’est pas étouffé dans leur bouche, ou dans les sources mêmes de leur révolte.
45 atellites, quatre-vingt-dix pour cent qui ne sont pas communistes. Une Europe en partie ruinée ? Mais elle relève déjà ses
46 s elle relève déjà ses industries ; et l’URSS n’a pas été traitée mieux qu’elle, qu’on s’en souvienne. Une Europe entre deu
47 l’Amérique souhaite l’union de l’Europe. Ce n’est pas la même union que les Russes nous imposeraient ! L’Amérique veut l’Eu
48 qu’Européens, autonomes, et même concurrents, non pas en tant qu’esclaves coûteux à entretenir. Et nous avons besoin de l’A
49 ns besoin de l’Amérique, en retour ; nous n’avons pas besoin des Russes. Les Américains seront forcés de nous forcer à l’un
50 l’union ou de nous abandonner, si nous n’arrivons pas , d’ici deux ans, à nous fédérer librement. Il ne dépend que de nous d
51 nd que de nous d’y réussir. Les jeux ne sont donc pas faits. Il nous reste deux ans. Nous perdrons ces deux ans si l’Europe
10 1954, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Rejet de la CED : l’avis de Denis de Rougemont (20 septembre 1954)
52 nt une ferme orientation. L’échec de la CED n’est pas celui de l’idée fédérale, mais celui d’une diplomatie qui tentait de
53 vraie lutte pour l’Europe commence. Elle ne sera pas gagnée dans ces lieux indécents que sont les couloirs de parlements,
11 1957, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Une lettre de Denis de Rougemont (16-17 février 1957)
54 ( Gazette de Lausanne des 2-3 février 1957) n’est pas celle du ministre britannique de la Défense. Elle représente un homme
12 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Fédéralisme et culture (3-4 mars 1962)
55 etc. Et plutôt que de reconnaître que cela n’est pas possible, en plus d’un cas, il pousse à préférer des solutions médioc
56 tionnelle d’activités qui par essence, ne le sont pas . Tout le secret du fédéralisme réside dans l’art de distinguer, de ca
57 ur ne prendre que cet exemple. Mais qu’on ne dise pas qu’elles sont trop petites pour que s’y développent à foison des écol
58 upes avec l’intransigeance nécessaire. N’oublions pas que les cités qui ont fait la Renaissance en Italie, en Flandres ou e
59 uelles et par des petits groupes qui ne craignent pas de passer pour extravagants ou excessifs. Les comités sont par défini
60 rait pour notre Suisse fédéraliste. Mais ce n’est pas le fait de supprimer nos douanes qui mettrait en danger nos « raisons
61 . Nos raisons d’être et de rester Suisses ne sont pas des raisons économiques. Le fédéralisme, j’ai tenté de vous le montre
62 de pensée que la culture créatrice. On ne sauvera pas l’un sans l’autre. q. Rougemont Denis de, « Fédéralisme et culture
13 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Rectification (9 mars 1962)
63 aire dire une sottise, dont je suis heureux de ne pas être l’auteur. Voici mon texte : « Tout le secret du fédéralisme rési
14 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe est d’abord une culture (30 juin 1962)
64 ien définie. ⁂ La première proposition n’entraîne pas de longs commentaires. Il est évident que des peuples, ne songent à s
65 nternes ou externes. La seconde proposition n’est pas aussi évidente pour chacun. Cependant, il n’est pas difficile de l’ét
66 s aussi évidente pour chacun. Cependant, il n’est pas difficile de l’établir. Quand je dis que l’Europe est d’abord une ent
67 té économique, on oublie que notre économie n’est pas tombée du ciel ni sortie du sol, et qu’elle ne tire pas son origine e
68 mbée du ciel ni sortie du sol, et qu’elle ne tire pas son origine et sa vitalité de notre nature, mais bien de nos cerveaux
69 otisme, hélas — a du bon, tant qu’il ne s’exagère pas en chauvinisme. Mais qu’est-ce que le chauvinisme ? C’est tout simple
70 politicien, je me dis que quelque chose ne marche pas . C’est alors que j’accepte de prendre au sérieux les « utopistes » qu
71 t économique, dont les auteurs ne sont d’ailleurs pas dépourvus d’arrière-pensées politiques. ⁂ Même en admettant que l’uni
72 iger que cette unification économique ne détruise pas les bases de l’Europe, mais y puise au contraire ses meilleures énerg
73 Extrême-Orient). 4. Cette action commune ne devra pas se limiter au plan économique et commercial, mais s’étendre aux probl
74 ider sa cause ? Une union faite sans nous ne sera pas faite pour nous, c’est l’évidence. Mais nous aurons perdu le droit de
15 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Universités américaines (12-13 janvier 1963)
75 nomme Vents, et nul n’a compris ce pays s’il n’a pas découvert un jour qu’un souffle immense de lyrisme nomade est le secr
76 ule à 100, comme font toutes les autres voitures, pas un problème de dépassement, pas une injure, le ciel est bleu, les voi
77 autres voitures, pas un problème de dépassement, pas une injure, le ciel est bleu, les voies sont larges, et la radio du b
78 vard Déjeuner avec Paul Tillich. Je ne l’avais pas revu depuis un soir de 1941, à New York, chez notre ami commun Reinho
79 ère du Canada, sans électricité ni aucun confort. Pas une maison à 20 km à la ronde. La paix totale. Je coupe du bois, je l
80 dors, je médite et je récupère. Je ne trouverais pas cela en Europe, toutes vos maisons se touchent, vous n’êtes plus jama
81 se demandent, m’a-t-on dit, si l’URSS ne détient pas les clés de l’avenir du monde uni, je leur rappelle que c’est l’Europ
82 ue publie le New York Herald Tribune : on ne fait pas plus Européen.) Où sont les successeurs de l’Occident ? Je ne vois qu
83 nd homme de notre temps était Gandhi. Pourquoi ne pas défendre nos valeurs en étant prêts à mourir, mais non pas à tuer, en
84 dre nos valeurs en étant prêts à mourir, mais non pas à tuer, en leur nom ? » « Nous devons incarner nos valeurs. Mais comm
85 e être présentée de telle manière qu’elle ne soit pas méprisée comme un simple sermon ? » « La décision n’appartient-elle p
86 simple sermon ? » « La décision n’appartient-elle pas aux Soviets ? Car s’ils décident la guerre, a) ils sont victorieux et
87 s les Américains intelligents se mettent à aimer ( pas Éros mais Agapè) tous les Russes du commun peuple ? » À la dernière q
88 ’ai répondu : « J’espère bien que vous n’attendez pas ma permission pour aimer les Russes ! » (la salle croule.) Un couve
16 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’éloge, l’élan, l’amour, le monde ouvert à ceux qui s’ouvrent, cela existe… (2-3 février 1963)
89 une œuvre forte, c’est Ramuz. Mais il ne croyait pas à l’Helvetia et à l’homo helveticus. Il ne croyait qu’au pays de Vaud
90 e jeune Suisse romand qui veut écrire n’aurait-il pas besoin, tout simplement, de ce qu’on appelle en France la classe de r
91 le en France la classe de rhétorique ? Je ne sens pas que ce soit aux « préjugés spiritualistes » qu’il se heurte, mais plu
92 s rebattus ! Si cela ne donne plus rien, n’est-ce pas le signe qu’il serait temps de se tourner vers autre chose ? L’éloge,
17 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Les mythes sommeillent… ils vont se réveiller [Entretien] (9-10 février 1963)
93 ngé… Les années 1930, puis la guerre, n’ont-elles pas porté au romantisme, donc à l’amour-passion, un coup mortel ? Pas mor
94 antisme, donc à l’amour-passion, un coup mortel ? Pas mortel. Mais dur. J’ai provisoirement modifié ma perspective. Quand j
95 ssion de sécheresse, d’épuisement. Ne croyez-vous pas que l’Europe est épuisée ? Absolument pas. D’ailleurs, si elle l’étai
96 ez-vous pas que l’Europe est épuisée ? Absolument pas . D’ailleurs, si elle l’était, qui reprendrait le flambeau ? Les autre
97 ns écraser les pieds d’un autre), mais comment ne pas voir le problème ? Aujourd’hui déjà, notre vie est balisée de feux ve
98 très vieux mythes. Vous savez, l’être humain n’a pas changé dans ses profondeurs, Jung a montré de quelles couches immémor
99 rimordial. Mais oui. Les troubadours ne l’avaient pas inventé. Ils lui avaient donné une forme nouvelle. Cette forme lui a
100 ie  ? On peut tracer des perspectives. On ne peut pas prophétiser. Il y a un auteur d’anticipation qui a longuement parlé,
101 mement proches du xiie siècle. La Chasteté n’est pas le refoulement de l’amour, la négation de la Femme. C’est au contrair
102 lusion touchante peut les aider à vivre, mais non pas à comprendre leur vie. Car tous, tant que nous sommes, sans le savoir
103 norés, mais d’autant plus actifs… » N’accueillons pas sans reconnaissance l’homme capable de nous dire savamment, certes, m
18 1964, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il nous faut des hommes de synthèses (19-20 septembre 1964)
104 int qu’un homme de couleur différente ne semblait pas vraiment humain, se reconnaissent et s’admettent. Déjà l’intégration
105 nflits peut-être atroces, mais dont l’issue n’est pas douteuse. Les cultures entrent en dialogue, sur un pied théorique d’é
106 in. La juxtaposition de facultés étanches ne fait pas plus une université qu’une addition d’organes ne fait un corps vivant
107 e, parce que, tout simplement, il ne comprendrait pas de quoi parle le physicien, et a fortiori ne saurait pas si le rappor
108 quoi parle le physicien, et a fortiori ne saurait pas si le rapport entre les conclusions du physicien et la dogmatique de
109 indifférent. J’ajoute que le physicien ne saurait pas davantage si sa démarche est conforme ou non à la théologie, et fort
110 héologie, et fort probablement ne s’en soucierait pas . Ainsi chacun va de son côté, et les représentants des disciplines di
111 atastrophe. Après tout, la tour de Babel ne s’est pas écroulée sur ses bâtisseurs, ils l’ont seulement abandonnée, ne sacha
112 ut à fait vraies — mais tant pis, cela ne se sait pas encore ! Cette espèce de résignation intellectuelle correspond à une
113 est sacré. La distinction sacré-profane n’existe pas , en ce sens que sagesse spirituelle, science ethnique et esthétique,
114 sont réglées par les mêmes lois et ne connaissent pas de développements particuliers et divergents. L’originalité, pour ell
115 s et divergents. L’originalité, pour elles, n’est pas vertu, mais atteinte à l’ordre sacré — ou simple erreur d’exécution.
116 le corps pour essentiellement illusoires n’allait pas perdre à leur étude le meilleur de son temps de méditation. Si les Eu
117 eur ignorance méthodique des domaines qui ne sont pas de leur département. Je reprends ici mon exemple du physicien et du t
118 par excellence de l’union dans la diversité n’est pas seulement celui de l’Université, mais celui de notre politique d’inté
119 s facultés et instituts spécialisés. Je n’y crois pas . La presque totalité des expériences tentées dans cette intention si
120 paraissent assez évidentes. La généralité n’est pas une matière enseignable. Elle ne peut vraiment consister que dans une
121 ar petits bouts au prix de son âme. Il n’en reste pas moins que la spécialisation dans l’Université ne peut aller qu’en cro
122 mais à des options métaphysiques. Je ne l’imagine pas  : je les écoute, et plusieurs d’entre eux l’ont écrit. Carrefours
123 s nécessaires. c) Mais ces synthèses ne tomberont pas du Ciel, elles n’apparaîtront pas objectivement et comme spontanément
124 es ne tomberont pas du Ciel, elles n’apparaîtront pas objectivement et comme spontanément au terme d’une comparaison systém
125 oup mieux notre affaire. Ce qui importe, ce n’est pas que la synthèse s’opère dans le vide, ou au ciel des Idées, — car là
126 hèses imaginables existent déjà en puissance — et pas non plus qu’elle s’inscrive devant nous, sur quelque carte perforée,
127 milieu donné, cité, pays ou université. Ce n’est pas du tout par hasard que dans le tableau qu’a établi le sociologue belg
128 derrière, ou même en queue de liste. Je n’en dis pas plus sur ce point : dans les petits pays, tout est petit, y compris l
129 pie au niveau de l’enseignement, mais ne répondra pas au défi de la division du savoir en langages spécialisés. Pour y répo
130 ou d’une large rivière, en pleine campagne, mais pas trop loin d’une ville de moyenne grandeur et de vie culturelle et soc
131 suivie d’une discussion réglée. Ici l’on n’impose pas une image du monde : on la cherche en commun, librement. Au sein des
132 , indaméricaines, indonésiennes, etc. Il n’existe pas , ni hors de l’Europe ni en Europe, de chaires d’études européennes, o
133 s que jamais, faire des hommes. 3. Je n’ignore pas les tentatives qui se dessinent, aux États-Unis notamment, pour faire
19 1965, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Un écrivain suisse (20-21 mars 1965)
134 ivain suisse (20-21 mars 1965)ab Qu’il n’y ait pas une patrie suisse mais deux douzaines, point de grands centres ni de
135 sin de l’historien de la Renaissance, je ne pense pas qu’il tienne de lui ce don de prévision de l’avenir européen dont tou
20 1966, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). André Breton à New York (8-9 octobre 1966)
136 ver dans leur cœur, parce que Breton ne les avait pas admis et célébrés !) J’ai vu plus d’une scène de ce genre aux réunion
137 r un ton d’emphase contenue, en marchant à grands pas dans son studio : « L’Européen le plus moderne, c’est vous pape Pie X
138 ait-il en déclamant Zone. Ce pape-là ne le gênait pas  : c’était un vers d’Apollinaire. (Mais tout de même, la litanie du Ch
139 uve soudain devant Breton, qui marche lentement à pas de rêve. « Je pensais, me dit-il, à la religion qu’il faut absolument
140 gion qu’il faut absolument fonder, et pourquoi ne pas la fonder sur le culte d’une pierre bleue ? » Changer la vie La
141 sionnelle (« la beauté sera convulsive ou ne sera pas  ») et la régler jusqu’au moindre soupir. Autoritaire et libertaire, a
21 1966, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Jacques Chenevière ou la précision des sentiments (22-23 octobre 1966)
142  : Jacques Chenevière, écrivain de race, ne donne pas ici ses mémoires, c’est plutôt sa mémoire elle-même qui est le sujet
143 on véritable auteur. Ces souvenirs ne seront donc pas faits de dates, d’événements et de justifications, comme ceux d’un ho
144 uisse en cela du moins — Jacques Chenevière n’est pas « seulement » un écrivain. Une seconde vocation le requiert, dès le s
145 assurer sur lui-même, mais finalement elle n’aura pas contaminé son art d’écrire « pour le plaisir ». Je pense à des récits
146 que j’aimerais évoquer ici, mais beaucoup ne sont pas de celles que l’on peut désigner facilement, faites d’atmosphère, de
147 aut, tout droit, empesé. Le regard ne me quittait pas . — Quel travail préféreriez-vous, Monsieur ? — N’importe quoi qui soi
148 re qu’un tel livre transmet quelque chose qui n’a pas de prix : les secrets de l’usage d’une civilisation. Je l’intitule pa
22 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Entretien avec Denis de Rougemont (6-7 avril 1968)
149 nt de cette prise de conscience. Nous ne partions pas d’une insatisfaction de notre sort. Nous pensions que la société où n
150 s gens qui voulaient faire la révolution, n’était pas nette. Nous refusions aussi bien la dictature stalinienne du parti, q
151 egger à un public français qui ne les connaissait pas . Pour marquer une différence, je dirai que l’on trouvait, chez Esprit
152 ope ? Je dirai que dans ces journaux, qui ne sont pas des mémoires et se tiennent à égale distance de la chronique et du jo
153 ölderlin que les jeunes Français ne connaissaient pas . On peut d’ailleurs repérer un filon hölderlinien à travers plusieurs
154 proche et, chose curieuse, la langue ne constitue pas un barrage. J’ai d’ailleurs toujours, dans ma conception de la libert
155 ier les communautés d’aires différentes qui n’ont pas les mêmes bornes territoriales. Cette indépendance par rapport au ter
156 ne qui se crée et l’époque qu’elle vit n’est-elle pas la caractéristique fondamentale de votre vie et de votre œuvre ? Cert
157 it conduire l’action : mais sans agir, elle n’est pas vraie pensée. » ⁂ Quittant Ferney-Voltaire, où des êtres humains, sem
158 tité au douanier ! L’Europe des politiciens n’est pas encore celle des intellectuels, mais une œuvre comme celle de Denis d
159 de Denis de Rougemont est là pour nous aider à ne pas désespérer complètement de l’esprit. ag. Rougemont Denis de, « [E
23 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il faut réinventer l’Université (29 juin 1968)
160 u’il est par la crainte que ses projets ne soient pas « sérieux », c’est-à-dire puissent paraître « nouveaux », et ne corre
161 issent paraître « nouveaux », et ne correspondent pas à un poste du budget courant. Ce « réalisme » conduit au marasme ou à
162 u contraire du nationalisme cantonal, ne consiste pas à vouloir tout partout et à tout prix, mais à répartir les activités
163 t plus tard, publié. 14. Un professeur ne devrait pas être et avoir été seulement professeur. Il ne devrait pas être jugé s
164 et avoir été seulement professeur. Il ne devrait pas être jugé sur ses seuls titres universitaires mais sur sa valeur comm
165 ie d’une Université digne du nom. 16. Il ne faut pas redouter qu’une tension s’institue entre écoles professionnelles et U
166 ou une technique, dont les principes ne seraient pas remis en question et « contestés » par l’Université, dépérirait ou se
167 e encore à nommer des universités. 18. Il ne faut pas détruire ce qui existe — les écoles professionnelles (ou facultés) —
24 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’écrivain et l’événement (7-8 septembre 1968)
168 non. Dans le fait, dans le concret vécu, il n’y a pas l’écrivain d’un côté et l’événement de l’autre, deux objets qu’on pou
169 e ludion réagit passivement à l’époque : il n’est pas engagé mais immergé en elle, il en révèle les courants locaux et supe
170 témoignage desquels la société de l’époque n’eût pas eu son portrait tiré, et n’eût assumé devant l’Histoire son visage et
25 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Vers l’Europe des régions [Entretien]
171 entre unité et union. L’unité existe ou n’existe pas . L’union est ce que l’on peut bâtir. Non pas une uniformité mais un c
172 iste pas. L’union est ce que l’on peut bâtir. Non pas une uniformité mais un certain mode de contacts organisés. Cette base
173 c’est l’union. Si l’union de l’Europe ne se fait pas , nous serons colonisés par le dollar et peut-être par une certaine id
26 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Jean Paulhan (19-20 octobre 1968)
174 ailleurs : dans le style de la NRF . Ce n’était pas le sien, bien entendu, il ne récrivait pas nos textes, mais le style
175 ’était pas le sien, bien entendu, il ne récrivait pas nos textes, mais le style de chacun des auteurs de la revue n’eût pas
176 le style de chacun des auteurs de la revue n’eût pas été tout à fait le même sans sa présence et sans son attention. Il ét
177 tention. Être accepté par lui, c’était la preuve, pas toujours suffisante mais nécessaire, qu’on avait quelques chances d’e
178 Perse ! Étourdi de bonheur je répondis : Je n’ai pas vingt ans et mon tiroir est vide, mais je verrai… Quelques années plu
179 nfie, rêveur : « Comme il est difficile, n’est-ce pas , de se libérer de ses origines protestantes. » Je dis : « Pourquoi ne
180 s origines protestantes. » Je dis : « Pourquoi ne pas les assumer ? » (Bien sûr qu’à cela, du moins, il n’a jamais songé.)
181 i ? J’aurais aimé pouvoir parler de l’écrivain et pas seulement du grand patron en maïeutique de l’expression. Qu’on me per
182 trait, l’énergie bien menée mais l’humour amusé ( pas du tout noir) qui restent les vertus majeures de l’œuvre entière : V
183 léry attend des Lettres ce qu’un philosophe n’ose pas toujours espérer de la philosophie : il veut connaître ce que peut l’
184 rale, et le sens de la vie enfin révélé. Il n’est pas une joie de l’esprit que les Lettres ne leur doivent. Et qui pourrait
185 ait tolérer, se demande un jeune homme, de n’être pas écrivain ? Cet état « singulier » de notre littérature n’autorise pa
186 tat « singulier » de notre littérature n’autorise pas trop d’optimisme. Il se peut que les hommes soient devenus plus exig
187 ns perdu jusqu’au souvenir et à l’idée. Mais non pas perdu tout à fait ni pour toujours, puisque ce « je ne sais quoi de l
188 ant. La presse est allergique à tout ce qui n’est pas « le petit fait faux » qui seul intéressera, croit-elle. an. Rougem
27 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Témoignage sur Bernard Barbey (7-8 février 1970)
189 Bernard Barbey (7-8 février 1970)ao Je n’avais pas encore vingt ans et je lisais tout ce qui paraissait aux deux enseign
190 asecrète avec l’armée française en 1940, ce n’est pas rien, ni commander ensuite l’état-major particulier d’un général en c
191 s plus jeunes élus de l’Académie. Mais là n’était pas son souci ! Et il nous suffisait, nous ses amis (mais avons-nous su l
28 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). La cité européenne (18-19 avril 1970)
192 qu’ils doivent, en fait, à la culture. Unité non pas homogène et qui ne résulte pas d’un processus forcé d’uniformisation,
193 culture. Unité non pas homogène et qui ne résulte pas d’un processus forcé d’uniformisation, de nivellement et d’exclusion
194 l’individualisme hellénistique qui ne manqueront pas d’appeler la tyrannie. Rome, en réponse à ce défi de l’anarchie, inve
195 qui se contredisent avec passion ne se détruisent pas pour autant : entre leurs triomphes alternés, elles durent dans l’omb
196 uddhistes, ou sans croyance aucune… Mais ce n’est pas tout. Avec les trois sources classiques d’Athènes, de Rome et de Jéru
197 l enfin rappeler l’apport arabe, qui ne se limite pas au zéro précédant la suite des nombres, mais qui est l’une des source
198 ngué » est synonyme d’honneur mérité ou reçu, non pas d’impardonnable faute de goût, de tentative déviationniste, ou de bla
199 de définition suivant : L’Européen ne serait-il pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen dans la mesure préc
200 le seul fait qu’il le conteste ? On ne changera pas cela, ce ne serait plus l’Europe. Le goût furieux de différer, par le
29 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe et le sens de la vie (25-26 avril 1970)
201 s de la vie (25-26 avril 1970)at au Je ne vois pas d’autre forme d’union qui réponde à la double exigence du respect des
202 eur concurrence féconde, dans la paix. Je ne vois pas d’autre réponse imaginable au défi que l’Histoire nous pose dans les
203 dans son fameux discours de Zurich — qu’il n’y a pas une minute à perdre ! Quel est l’obstacle apparemment insurmontable à
204 xplique suffisamment, je crois, pourquoi l’on n’a pas avancé d’un centimètre en direction de notre union politique. Entre l
205 risquent bien de vous conduire où vous ne vouliez pas aller… Voici donc le dilemme présent : Si nous attribuons pour finali
206 alors il faut reconnaître que l’État-nation n’est pas seulement un modèle périmé, mais qu’il est en fait aujourd’hui radica
207 ques d’union, dont je crains bien qu’on ne puisse pas impunément continuer à mêler les moyens. On ne manquera pas de m’obje
208 ment continuer à mêler les moyens. On ne manquera pas de m’objecter en ce point que la politique a toujours eu pour fin rée
209 erté comme finalités de l’union. Mais je ne crois pas qu’il y ait un tiers parti tenable. Je ne crois pas à cette « imposan
210 s qu’il y ait un tiers parti tenable. Je ne crois pas à cette « imposante confédération » qu’évoquait le général de Gaulle,
211 rétentions à la souveraineté absolue. Je ne crois pas à cette amicale des misanthropes. Je crois à la nécessité de défaire
212 sur terre, sous terre et dans les airs, et de ne pas perdre une occasion de faire voir à quel point elles sont absurdes. E
213 on voudrait compter sur lui. Je ne sais, n’étant pas économiste, si nos États-nations délimités pour la plupart au xixe e
214 mble-t-il, dans tous les pays à la fois…) ne sont pas le type même de faux problèmes, résultant de la seule fiction d’écono
215 certaine, c’est que les États-nations n’existent pas dans l’histoire de la culture, et que les « cheminements de l’esprit 
216 s les apercevoir : dans ce plan, elles n’existent pas . Il n’y a pas de « cultures nationales », en dépit des manuels scolai
217 ir : dans ce plan, elles n’existent pas. Il n’y a pas de « cultures nationales », en dépit des manuels scolaires, il n’y a
218 les diversités que nous devons respecter ne sont pas celles de ces États-nations nés d’hier : elles les traversent et les
219 la « majesté de l’État ». Mais non ! L’État n’est pas un dieu, ce n’est qu’un appareil plus ou moins efficace, qui doit êtr
220 ats-nations ! Vous savez bien que vous ne pourrez pas unir l’Europe en proclamant votre attachement aux causes mêmes de sa
221 ent aux causes mêmes de sa division ! Pourquoi ne pas le dire ouvertement ? Tous les sondages d’opinion montrent qu’on vous
222 ns continentales. Et vous noterez que je ne parle pas de relations ou d’affaires étrangères : c’est un mot qu’il nous faut
223 révolutionnaire ? Il l’est, bien sûr : on ne fera pas l’Europe sans casser des œufs, nous le voyons depuis vingt-cinq ans.
224 non la puissance, un mode de vie qualitatif, non pas un « niveau de vie » déterminé en termes de profit et de PNB, c’est p
225 es marchandages entre économies étatiques ne peut pas entraîner d’adhésions enthousiastes. Les jeunes gens d’aujourd’hui ne
226 usiastes. Les jeunes gens d’aujourd’hui ne seront pas convaincus par des avantages matériels : ils sont presque comblés à c
227 n de la jeunesse, dans le monde entier, ne relève pas de l’économie, et encore moins de la politique au sens étroit et part
228 té, nous lui devons cela ! Une Europe qui ne sera pas nécessairement la plus puissante ou la plus riche, mais bien ce coin
229 ù les hommes de toutes races pourront trouver non pas le plus de bonheur, peut-être, mais le plus de saveur, le plus de sen
30 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Une réflexion sur le mode de vie plutôt que sur le niveau de vie (2 juin 1970)
230 t par le motif principal de cet afflux, qui n’est pas d’admirer nos lacs ni de fuir des dictatures, mais de faire du « fric
231 ionale », par définition non intégrée. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. On ne peut pas invoquer à la f
232 avoir le beurre et l’argent du beurre. On ne peut pas invoquer à la fois l’intégration de l’Europe et les lois de la concur
233 ans compter que tous les États-nations ne peuvent pas avoir en même temps une balance commerciale positive !) De fait, l’ou
234 vous osez l’écrire ! — il est clair que ce n’est pas sérieux. L’argument ne vaut rien, mais en cache un meilleur. À part b
235 dans nos cités et dans nos mœurs. Je n’en dirais pas autant d’une industrie dont l’essor défigure nos paysages, détruit no
236 ues, écologiques et politiques, si elle n’établit pas ses plans en conséquence et ne s’engage pas à les réaliser, alors je
237 ablit pas ses plans en conséquence et ne s’engage pas à les réaliser, alors je dis : votez pour, votez contre, dans les deu
238 tre les adversaires de l’initiative (« on ne peut pas chasser des frères humains ») serait-elle encore invoquée si la prése
31 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Le testament de Tristan (14-15 novembre 1970)
239 le dire dans plus d’une page de ses Mémoires, et pas seulement dans ces célèbres premières phrases où il l’a peinte « tell
240 t — Tristan plus fort que le roi Marc —, n’a-t-il pas déposé une épée symbolique ? » J’écrivais cela en 1961, annonçant un
32 1971, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Pourquoi j’écris (30-31 janvier 1971)
241 t quelques demi-mensonges, l’important est de n’y pas croire, sinon ce serait la preuve qu’on a perdu le contact avec le my
242 i agit comme vraie motivation. Mais si je n’avais pas écrit d’abord sans cause, je ne saurais pas écrire pour une cause. Si
243 avais pas écrit d’abord sans cause, je ne saurais pas écrire pour une cause. Si l’on n’a pas d’abord écrit pour rien, pour
244 ne saurais pas écrire pour une cause. Si l’on n’a pas d’abord écrit pour rien, pour le plaisir, à cause de la démangeaison,
245 es femmes ou guerre du Vietnam, par exemple, mais pas l’Europe, puisque l’Europe est une création continue de la pensée pro
246 l’on écrit par pure envie d’écrire. Et je ne dis pas que ce besoin à l’état brut ne continue d’agir dans mes écrits, mais
247 te une page qui change ma vie — cette page et non pas l’événement. Je cherche un sens. J’écris pour chercher le sens au bou
248 ens qui ne peut être défini que par le tout — que pas un scientifique n’appréhende et par suite ne saurait nier, et qui est
33 1971, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Au défi de l’Europe, la Suisse (31 juillet-1er août 1971)
249 es, et les arts réduits, paraît-il, à celui de ne pas se mouiller. Nous savons que la Suisse, c’est autre chose. Mais quoi 
250 e seul il la définit en tant que Suisse. Il n’y a pas eu la Suisse d’abord, puis le fédéralisme appliqué à ce pays plutôt q
251 ucune manière des trois Waldstätten primitifs. Et pas un seul des autres cantons n’a jamais adhéré au Pacte dit du Grütli,
252 nullement née comme on le croit trop souvent (et pas seulement à l’étranger) de l’union de vingt-cinq États cantonaux — co
253 e à l’Europe tout entière, la Suisse ne va-t-elle pas s’y perdre ? — C’est oublier ce qu’est la Suisse. Dans une Europe uni
254 rope fédéraliste montrent par là qu’ils ne savent pas ce qu’est la Suisse. Écoutons plutôt un grand Zurichois du siècle pas
255 de la Grande Europe. De cette façon, elle n’aura pas vécu en vain, ni sans gloire. S’évanouir dans le succès de notre idé
256 d’union qui est notre raison d’être, ne serait-ce pas le sort le plus beau que nous puissions souhaiter en tant que Suisse 
34 1971, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Une dimension nouvelle (11-12 septembre 1971)
257 hétypal, avant tous titres décernés, C. J. B. n’a pas seulement la prestance et la sagacité profonde du regard, mais la sim
35 1972, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il faut dénationaliser l’enseignement [Entretien] (8 décembre 1972)
258 cembre 1972)bc bd Certains pédagogues, pour ne pas parler des autorités scolaires, n’ont apprécié qu’à demi la réédition
259 s, et qu’ils perpétuent malgré eux. Ils n’en sont pas responsables. J’ai d’ailleurs reçu d’autres lettres d’instituteurs qu
260 ourquoi l’économie et l’écologie ? On ne comprend pas le monde actuel sans l’économie. Sur dix votations proposées au peupl
261 problèmes économiques auxquels les citoyens n’ont pas été préparés. En étudiant l’économie, les élèves verraient bien que r
262 ible. En France, les rares personnes que je n’aie pas trouvées inaccessibles à l’idée du fédéralisme appartiennent plutôt a
263 vez, dans la Suite des Méfaits : « On ne changera pas l’école sans changer l’État. » Est-ce à dire que l’État doit changer
264 es là est bien beau, mais on voit que vous n’avez pas affaire à la réalité. » Or que font-ils ? Ils expédient les affaires
265 ent, l’attribution de nouveaux subsides, ce n’est pas concevoir une politique, c’est administrer. Quand l’homme en place in
266  réalités », le critique répond : « Vous ne voyez pas la vraie réalité parce que vous êtes aux prises avec l’administration
267 mme vous le dites, l’élève pourra « trotter à son pas , galoper s’il le peut à travers les programmes, bride sur le cou ». D
268 mier terme de votre « alternative »… qui n’en est pas une. Car le second terme est également nécessaire. Je ne vois pas d’o
269 second terme est également nécessaire. Je ne vois pas d’opposition entre l’enseignement individualisé et le travail collect
270 ectif, mais bien une complémentarité. Je ne crois pas que des élèves doués puissent avoir à souffrir de travailler avec des
271 se substitue celle d’un camarade. Vous ne croyez pas à la « socialisation par le groupe » ?… Je crains la loi de la jungle
272 e, seule, la bonne volonté des maîtres ne suffira pas . Il faut modifier les structures. Les structures nouvelles étant cens
273 gogie, de nouveaux maîtres ? Elles n’entraîneront pas automatiquement une meilleure pédagogie mais pourront permettre à des
274 es structures actuelles de s’exprimer. On ne peut pas forcer les gens à être bons ou intelligents, mais on peut leur offrir
275 exercer. La modification des structures ne suffit pas , les efforts individuels ne suffisent pas. Mais si le problème est at
276 suffit pas, les efforts individuels ne suffisent pas . Mais si le problème est attaqué par les deux bouts à la fois, alors
277 ruisant l’imagination. Le temps, apparemment, n’a pas entamé la rancune ni la virulence de Denis de Rougemont contre l’écol
278 le triste plaisir de constater que mon texte n’a pas vieilli, parce que l’école n’a pas changé.” Et l’auteur de retrouver
279 mon texte n’a pas vieilli, parce que l’école n’a pas changé.” Et l’auteur de retrouver dans une série d’écrits tout récent
36 1972, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Merveilleux Lavaux (23-24-25 décembre 1972)
280 à en vivre ? Sauver Lavaux, oui, mais vivant non pas figé. Et vivant, c’est-à-dire changeant selon sa loi. Il est d’autres
281 blables. Ainsi, qu’est-ce que sauver Venise ? Non pas offrir des étages de palais sur le Grand Canal à des riches. Il faut
282 ys. Et qu’ils y trouvent un intérêt vital, et non pas archéologique. Pour sauver Venise, il faudra la changer. Inaliénable,
283 ys ravissant et radieux. Mais vous ne le sauverez pas sans héroïsme. Si Lavaux doit faire son salut, ce sera par la grâce d
284 illleux Lavaux. Sauver cette unique contrée n’est pas le postulat d’un seul homme. Les artisans du livre, auteurs des texte
37 1984, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Philosophie et énergie nucléaire : une mise au point (28 juin 1984)
285 e dans nos cuisines et salles de bains. » Je n’ai pas à entrer en discussion avec un directeur qui n’a dit que ce qu’il dev
286 istorique : elle remonte en effet à 1958 — et non pas 1964 comme vous le dites — date à laquelle l’expérience des centrales
287 , si la culture élaborée par notre Europe n’avait pas découvert une fois de plus, et vraiment au dernier moment, une nouvel
288 e où nous étions à peu près tous. […] Je ne pense pas avoir à m’excuser d’avoir appris pas mal de choses depuis, et d’en av
289 Je ne pense pas avoir à m’excuser d’avoir appris pas mal de choses depuis, et d’en avoir tiré les conséquences. 2. La sec
290 ée de façon quasi militaire » non seulement n’est pas de moi et ne traduit en rien notre idéal, mais formule l’exigence « e
291 , déclare : Les installations nucléaires ne sont pas dangereuses, à condition qu’elles soient exploitées et contrôlées par
292 4. M. Desmeules aurait-il mal compris ? Ce n’est pas nous, mais ceux de son bord qui ont dit cela. Quant à prétendre que m