1 1940, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Erreurs sur l’Allemagne (1er mai 1940)
1 acifisme et au désarmement (sauf en Finlande), ce qui est peut-être déplorable, mais ce qui n’est pas absolument pareil ; q
2 nlande), ce qui est peut-être déplorable, mais ce qui n’est pas absolument pareil ; que l’Autriche catholique, bien qu’armé
3 rthodoxe, et dans une Italie toute catholique. Ce qui n’est pas sans compliquer l’affaire… Qu’on recherche la coloration pa
4 bien réfuté l’erreur que je viens de relever, et qui consiste à voir dans l’hitlérisme une tyrannie « de droite », détesté
5 eur accuse d’aveuglement les socialistes français qui , eux, s’y trompent encore. Mais que penser alors de l’aveuglement des
6 s que penser alors de l’aveuglement des bourgeois qui s’obstinèrent jusqu’en septembre 1939 à voir dans l’hitlérisme « un r
7 avril), dans le romantisme et le goût de la mort qui caractérisent les vieux poèmes germaniques. À quoi s’oppose, selon lu
8 e de la politique franco-anglaise jusqu’à Munich, qui ménageait Hitler à titre de « rempart » contre Staline… Tout cela est
9 s, si l’axe Berlin-Rome passe justement par Rome, qui n’est pourtant pas luthérienne. Je m’excuse de tant d’évidences, et d
2 1940, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). « À cette heure où Paris… » (17 juin 1940)
10 e devant l’esprit, devant le sentiment, devant ce qui fait la valeur de la vie. Je songe au chef de guerre qui traverse auj
11 t la valeur de la vie. Je songe au chef de guerre qui traverse aujourd’hui ces rues les plus émouvantes du monde : Il ne le
12 er, mais qu’on ne peut conquérir par la force, et qui vaut plus, insondablement plus que tout ce que peuvent rafler dans le
3 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). New York alpestre (14 février 1941)
13 avenues parallèles, dans le sens de la longueur, qui est d’une vingtaine de kilomètres, et deux-cent-cinquante rues de qua
14 es faubourgs, au-delà du fleuve et du bras de mer qui entourent l’île, s’étendent sur des espaces bien plus vastes, îles et
15 nos Alpes quand nous en contemplons la chaîne, et qui leur servent de repères pour se diriger dans la ville. Le vent fou, l
16 t que je connais. Mais il y a plus. Il y a le sol qui est alpestre dans sa profondeur. À Central Park, au milieu des prairi
4 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). La route américaine (18 février 1941)
17 téralement : de la route américaine de la vie. Ce qui est pour nous concept, forme arrêtée, devient chez eux chemin, mouvem
18 e des pionniers, l’ère des défricheurs de savanes qui firent reculer la frontière de décade en décade, à travers le Far Wes
19 de la vitalité inépuisable d’un peuple libre, et qui voit grand sans se forcer. Voici enfin un spectacle émouvant qui n’ef
20 sans se forcer. Voici enfin un spectacle émouvant qui n’effraye pas, mais au contraire atteste une force paisible et utile.
21 lques minutes l’illusion d’une puissance immobile qui vaincrait la distance par le charme, attirant les villes à soi et dép
22 es yeux et j’écoute le grondement sourd des pneus qui mordent le béton. En cinq heures, nous aurons couvert les 400 kilomèt
23 nq heures, nous aurons couvert les 400 kilomètres qui séparent le centre de New York de Washington, en traversant deux vill
5 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Souvenir de la paix française (15 mars 1941)
24 se une auto, c’est une de ces voitures branlantes qui semblent ne pouvoir rouler que sur les routes écartées, d’une ferme a
25 x volets clos. Imaginant une idylle muette. Celui qui revient au pays après une longue absence et des déboires : il entre,
26 it. Je suis redescendu vers la vallée de l’Yerre, qui coule entre des saules et des peupliers blancs. Il faisait lourd et d
6 1946, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Monsieur Denis de Rougemont, de passage en Europe, nous dit… [Entretien] (4 mai 1946)
27 ire beauté, contrastant brutalement avec la foule qui la peuple et que je ne reconnaissais plus : des visages sans gaieté,
28 Suisse, en collaboration avec Mme Maurice Muret, qui s’intitule Le Cœur de l’Europe et qui eut un grand succès. C’est le
29 ce Muret, qui s’intitule Le Cœur de l’Europe et qui eut un grand succès. C’est le seul ouvrage que les Américains peuvent
30 atigant et j’ai abandonné au bout de deux ans. Ce qui fut sans doute tout bénéfice pour les lettres ? Je rapporte quatre ma
31 mérique  ; et 18 Lettres sur la bombe atomique ( qui seront traduites en anglais, en danois, en hollandais, en espagnol),
32 ains ? J’ai un contrat avec une maison américaine qui a commencé par éditer en anglais La Part du diable et Les Personne
33 ; c’est une autre civilisation que la nôtre, mais qui a ses valeurs à elle. Peut-on employer ce mot de civilisation pour un
34 ux écoliers. C’est d’ailleurs une très belle race qui est en train de se former, et de gens extrêmement gentils. Y a-t-il b
35 er sur les histoires d’un pittoresque extravagant qui nous viennent de là-bas ? Puérils, ils le sont à nos yeux sur certain
36 les prennent au sérieux : c’est un genre d’humour qui leur plaît, et ils ne font que s’en amuser. Si on les compare aux Fra
37 donc rien à craindre de l’américanisme ? Pour ce qui est du matérialisme, avec son culte du confort et de la machine, son
38 matérielle, c’est la standardisation de la pensée qui me paraît très dangereuse. De la pensée et des jugements moraux : par
39 presse ; par le prestige incroyable d’Hollywood, qui donne le ton, et où l’Amérique semble copier l’image qu’elle s’y fait
40 beaucoup plus connus en Europe qu’en Amérique. Ce qui est tout à notre honneur ! L’Europe reste le continent de la création
7 1947, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Consolation à Me Duperrier sur un procès perdu (5 décembre 1947)
41 erd la face. 2. Mais où est l’homme sain d’esprit qui peut admettre que j’aie vraiment agi comme Oltramare ? Nous avons tou
42 de Suisse, sur la politique. Soit. Mais un avocat qui veut s’en tenir à la seule ressemblance des mots tombe dans le calemb
43 rt, et Malherbe d’avoir consolé Duperrier — celui qui a perdu son procès. La seule question sérieuse qui se posait, notre a
44 ui a perdu son procès. La seule question sérieuse qui se posait, notre avocat s’est bien gardé de la formuler, c’est celle
45 s ; elles intéresseront tous ceux, fort nombreux, qui ont jugé… surprenant le procédé du défenseur d’Oltramare. »
8 1949, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Les écrivains romands et Paris (10 septembre 1949)
46 s… » Il n’y a pas que Paris, mais c’est le départ qui importe. Combien de grandes œuvres ont-elles été écrites, et publiées
47 ciation suffisants pour alimenter une littérature qui ne soit pas uniquement et strictement « locale » ? 2. A-t-il des chan
48 prochaine. […] Ce sont la concision et la vigueur qui distinguent la réponse de M. Denis de Rougemont. Si ce Suisse très co
49 econnaît, à son tour, que notre pays manque de ce qui est indispensable au succès d’une œuvre littéraire, il ne se répand p
9 1949, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe est encore un espoir (8 décembre 1949)
50 tard. D’autres nous disent : trop tôt… Entre ceux qui parlent comme vous, et ceux qui nous reprochent une hâte « imprudente
51 p tôt… Entre ceux qui parlent comme vous, et ceux qui nous reprochent une hâte « imprudente », la différence n’est pas de j
52 reur des camps pour croire au sursaut de l’humain qui pourrait seul sauver l’Europe. Les autres dorment. Ils n’ont pas enco
53 s vous montrer que ce presque est une réalité, et qui change tout. Mon argument sera simple, le voici : Si notre Europe n’e
54 illions de satellites, quatre-vingt-dix pour cent qui ne sont pas communistes. Une Europe en partie ruinée ? Mais elle relè
55 cède au vertige, à l’illusion d’urne impuissance qui alors seulement deviendra vraie. Cher ami, vous avez quelques raisons
56 ns d’être plus pessimiste que d’autres. Tous ceux qui ont lu votre livre l’ont senti, et même s’ils ignoraient que c’était
57 seront les savants, les poètes et les philosophes qui prendront enfin la parole. (Ils auraient dû la prendre les premiers.)
58 . Elle les conduisait dans la nuit vers un Enfant qui a sauvé le monde. l. Rougemont Denis de, « L’Europe est encore un
59 erture de la Conférence européenne de la culture, qui se tint à Lausanne du 8 au 12 décembre 1949.
10 1953, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). « Ce qu’ils pensent de Noël… » [Réponse] (24 décembre 1953)
60 ient, et de la méfiance et de la peur réciproques qui président aux rapports des nations, et de l’antisémitisme et de l’ant
11 1954, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Rejet de la CED : l’avis de Denis de Rougemont (20 septembre 1954)
61 quand elles le nient. Dans la confusion générale qui a suivi la journée des dupes du 30 août, les fédéralistes européens g
62 i de l’idée fédérale, mais celui d’une diplomatie qui tentait de « faire l’Europe » à la sauvette, sans poser la question d
12 1957, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Une lettre de Denis de Rougemont (16-17 février 1957)
63 rès, comme fut le Congrès européen de la culture, qui se tint à Lausanne en décembre 1949. Mon ami Duncan Sandys y prit par
13 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Fédéralisme et culture (3-4 mars 1962)
64 s c’est une autre erreur, inverse de la première, qui ne cessera de vous tenter : celle de l’organisation rationnelle d’act
65 : celle de l’organisation rationnelle d’activités qui par essence, ne le sont pas. Tout le secret du fédéralisme réside dan
66 éside dans l’art de distinguer, de cas en cas, ce qui marcherait mieux en étant centralisé et ce qui marcherait mieux en re
67 ce qui marcherait mieux en étant centralisé et ce qui marcherait mieux en restant libre et dispersé, voire anarchique. Il e
68 des groupes d’écrivains, voire des petites revues qui expriment ces groupes avec l’intransigeance nécessaire. N’oublions pa
69 sigeance nécessaire. N’oublions pas que les cités qui ont fait la Renaissance en Italie, en Flandres ou en Bourgogne, étaie
70 la passion créatrice un peu folle de jeunes gens qui se groupaient en écoles, autour d’un maître du métier ; secondement l
71 nifique, le goût de la nouveauté et du somptueux, qui caractérisent tant de princes et de grands marchands de l’époque. Il
72 passions individuelles et par des petits groupes qui ne craignent pas de passer pour extravagants ou excessifs. Les comité
73 étexte de répartition géographique équitable — ce qui n’est, soit dit en passant, qu’une parodie du vrai fédéralisme — c’es
74 une parodie du vrai fédéralisme — c’est tout cela qui mérite aujourd’hui d’inquiéter les amis de la culture, et c’est aussi
75 les amis de la culture, et c’est aussi tout cela qui menace dans ses sources notre vitalité fédéraliste. On parle beaucoup
76 ais ce n’est pas le fait de supprimer nos douanes qui mettrait en danger nos « raisons d’être » ! C’est bien plutôt le fait
14 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Rectification (9 mars 1962)
77 fédéralisme » réside dans l’art de distinguer ce qui marcherait mieux en restant… anarchique, c’est donc me faire dire une
78 éside dans l’art de distinguer, de cas en cas, ce qui marcherait mieux en étant centralisé, et ce qui marcherait mieux en r
79 e qui marcherait mieux en étant centralisé, et ce qui marcherait mieux en restant libre et dispersé, voire anarchique ».
15 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe est d’abord une culture (30 juin 1962)
80 ne culture (30 juin 1962)t À suivre les débats qui se multiplient sur nos relations futures avec le Marché commun, on cr
81 u’en conformité avec le génie même de sa culture, qui est celui de l’union dans la diversité. On va voir que cette thèse « 
82 isation dont elle est l’origine et le cœur. Voilà qui ne saurait s’expliquer que par la culture des Européens, entendant pa
83 paraît le besoin d’union. Les forces de division qui ont miné l’Europe depuis un siècle, et qui ont risqué de la faire pér
84 vision qui ont miné l’Europe depuis un siècle, et qui ont risqué de la faire périr à deux reprises en 1914 et en 1939, se r
85 j’accepte de prendre au sérieux les « utopistes » qui me parlaient depuis longtemps de mesures d’union supranationales. Et
86 dans le contexte de notre évolution, la question qui se pose est de savoir s’il faut et s’il suffit, pour « faire l’Europe
87 ans cette hypothèse quelques conditions de succès qui me paraissent absolument vitales. Il faudrait notamment exiger que ce
88 ologiques. Tout système centralisé ou institution qui aurait pour effet de déprimer les autonomies locales et d’uniformiser
89 ité de ses foyers créateurs, et dans les tensions qui en naissent. D’autant plus nous sommes d’un canton, d’un pays, d’un c
90 re, M. Debré, ne pensait qu’à l’Europe des États, qui est tout à fait autre chose.) Les modes d’emploi Enfin, l’Europe
91 de justice sociale et de solidarité universelle, qui relèvent de l’esprit. Sa fonction dans le monde, transformé par ses œ
92 tout en sauvegardant les autonomies et diversités qui ont fait notre culture et sa vitalité. ⁂ Le problème européen étant a
93 Le Marché commun doit englober toutes les nations qui participent à l’unité de culture nommée Europe. 2. Cette organisation
94 a civilisation occidentale et les responsabilités qui en résultent pour les Européens. La Suisse est aussi bien placée que
95 me semblent avoir plus de poids que les scrupules qui nous retiennent encore. Quand elle se borne à invoquer sa neutralité
96 nir authentiquement européen. Si elle s’y refuse, qui va plaider sa cause ? Une union faite sans nous ne sera pas faite pou
16 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Universités américaines (12-13 janvier 1963)
97 ts-Unis sans l’ombre d’une obligation — je verrai qui je veux ou personne s’il me plaît, ce que j’ai envie de voir ou rien,
98 rique, mais il faut faire son choix entre l’ennui qui paie et l’imprévu révélateur, quitte à corriger le sort par quelques
99 z notre ami commun Reinhold Niebuhr. Cet Allemand qui a fui les nazis est devenu le penseur religieux le plus influent de l
100 ne théologie qu’on pourrait nommer culturelle, et qui tient compte des arts et des religions de l’Orient, et de la gnose (d
101 ois noms européens. Les Européens goguenards pour qui l’Amérique signifie Coca-Cola, twist et voitures géantes, sont en ret
102 re de Francfort. L’Allemagne enfin le redécouvre. Qui va le traduire en français ?) Mohawk trail La route américaine,
103 et l’on est ami du patron et de la fille superbe qui nous sert le café après quelques échanges de phrases banales. Vivre i
104 es rondes, comme des pièces d’or. Je ne sais rien qui égale en Europe la splendeur de l’indian summer aux villages de Nouve
105 ing. Salle meublée comme un salon. Le professeur ( qui est un poète) s’assied sur un canapé, les étudiantes sur un long diva
106 pour 3 à 4000 dollars par an. Et ce seront elles qui domineront la société américaine de demain, avec une infaillible comp
107 re Sidney Hook, C. P. Snow et Hans Morgenthau, et qui semble avoir fait du bruit, d’une côte à l’autre, mais c’est vraiment
108 rès peu des valeurs occidentales. Je vois donc ce qui me reste à faire. Improvisation d’une demi-heure. Sachant que mon aud
109 du monde uni, je leur rappelle que c’est l’Europe qui a fait le monde, en créant les moyens de relier les continents et en
110 es, à les en croire, est de rattraper l’Amérique, qui est une invention de l’Europe. Croyons à nos valeurs et prouvons-le,
111 nommée cubicles sont réservées aux moines laïques qui viennent y passer une année d’études personnelles et de conversations
112 site la colline avec Abe Lerner, économiste barbu qui compose des « mobiles » à temps perdu et en décore son cubicle, et Si
113 ne. » Je me demande où l’on trouve en Europe rien qui ressemble à ce concours des meilleurs esprits d’avant-garde. D’un ins
114 mer, c’est aussi la jeunesse curieuse, imprévue, qui assaille l’écrivain de questions sur Marx et l’Europe, dans des unive
17 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’éloge, l’élan, l’amour, le monde ouvert à ceux qui s’ouvrent, cela existe… (2-3 février 1963)
115 L’éloge, l’élan, l’amour, le monde ouvert à ceux qui s’ouvrent, cela existe… (2-3 février 1963)w x Le problème « d’expr
116 « rationalité adéquate », le jeune Suisse romand qui veut écrire n’aurait-il pas besoin, tout simplement, de ce qu’on appe
117 gieuse, exemplairement fédéraliste et pluraliste, qui lui permet de participer à tout un jeu de dimensions spirituelles et
118 ntonales, locales ou familiales, le Suisse romand qui veut écrire n’a qu’à jouer ses atouts et bien savoir sa langue. Cela
119 L’éloge, l’élan, l’amour, le monde ouvert à ceux qui s’ouvrent à ses risques, cela existe aussi, qui vous retient ? Écoute
120 x qui s’ouvrent à ses risques, cela existe aussi, qui vous retient ? Écoutez Nietzsche : « Je veux que tu me dises ta pensé
121 L’éloge, l’élan, l’amour, le monde ouvert à ceux qui s’ouvrent, cela existe… », Gazette de Lausanne (supplément littéraire
18 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Les mythes sommeillent… ils vont se réveiller [Entretien] (9-10 février 1963)
122 r j’enregistrais une voix, un visage, une stature qui revendiquaient la légitime propriété du nom. Un œil clair, un menton
123 donc, parmi les innombrables chasseurs de mythes qui écrivent aujourd’hui des livres, un de ceux qui a fait, avec simplici
124 s qui écrivent aujourd’hui des livres, un de ceux qui a fait, avec simplicité, les prises les plus sensationnelles. Quelque
125 and j’écrivais mon livre, je dénonçais les mythes qui corrodent l’institution du mariage, qui défient la morale et la raiso
126 es mythes qui corrodent l’institution du mariage, qui défient la morale et la raison. Aujourd’hui, les mythes s’évanouissen
127 purement intellectuelle de nouveaux langages… Ce qui nous donne une impression de sécheresse, d’épuisement. Ne croyez-vous
128 ée ? Absolument pas. D’ailleurs, si elle l’était, qui reprendrait le flambeau ? Les autres civilisations, oui, sont épuisée
129 hme, en 2260 il y aura 700 milliards d’hommes, ce qui fera un homme tous les dix mètres. En 2400, nous aurons un mètre carr
130 ces montres extraplates… Justement ! Et c’est ce qui prépare le réveil de très vieux instincts, de très vieux mythes. Vous
131 pas prophétiser. Il y a un auteur d’anticipation qui a longuement parlé, lui aussi, du surpeuplement, du resserrement de l
132 ’en parle à Lausanne. Voyez ce passage : le Père ( qui d’ailleurs a eu dans sa vie un grand amour) parle de la Chasteté comm
133 et pratiquées ; de morales jadis exclusives, mais qui se superposent ou se combinent à l’arrière-plan de nos conduites élém
19 1964, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il nous faut des hommes de synthèses (19-20 septembre 1964)
134 ifices non seulement la Nature, mais le Naturant, qui est Dieu, et il entreprit d’édifier une tour à Sennaar, qui fut ensui
135 eu, et il entreprit d’édifier une tour à Sennaar, qui fut ensuite appelée Babel, ce qui veut dire confusion. Grâce à cette
136 tour à Sennaar, qui fut ensuite appelée Babel, ce qui veut dire confusion. Grâce à cette tour, il espérait escalader le Cie
137 l et jetés dans une confusion telle que tous ceux qui étaient venus à l’œuvre parlant une seule et même langue, dussent la
138 me langue, p. ex. les architectes entre eux, ceux qui roulaient les pierres, entre eux, et ceux qui les taillaient, et ains
139 eux qui roulaient les pierres, entre eux, et ceux qui les taillaient, et ainsi de chaque groupe spécialisé (et sic de singu
140 nc et barbarius loquuntur). Si bien que les seuls qui s’en tinrent à la langue sacrée furent ceux qui avaient refusé de pre
141 s qui s’en tinrent à la langue sacrée furent ceux qui avaient refusé de prendre part à l’œuvre et s’étaient tenus à l’écart
142 ation exigée par les dimensions mêmes d’un projet qui consistait à dépasser la mesure naturelle par l’artifice humain. L’
143 péens se sont jetés dans une aventure prodigieuse qui consiste à modifier les données initiales « naturelles » de la vie, n
144 es d’œuvre et ouvriers en équipes spécialisées et qui bientôt ne se comprendront plus, je veux dire l’Université et ses div
145 e ces facultés, et tous les instituts spécialisés qui , autour d’elles ou en elles, prolifèrent. Dans la page que je viens d
146 icitement le problème beaucoup plus général de ce qui divise les hommes depuis l’aube des temps : les langues certes, mais
147 xxe siècle, à deux mouvements de sens contraire, qui affectent ces facteurs traditionnels de division du genre humain. Mou
148 , par continents, et d’abord en Europe. Les races qui s’ignoraient jadis au point qu’un homme de couleur différente ne semb
149 es décennies encore, c’est la culture occidentale qui domine tout, unifie tout, uniformise les apparences de la vie quotidi
150 araît évidente. C’est l’Europe, c’est elle seule, qui a déclenché cette évolution planétaire. L’Europe a découvert la terre
151 répugnante, à l’Asie brahmanique ou chinoise, et qui devait aboutir à la condamnation puis à la suppression — mais après c
152 formes de vie — disons d’un mot : par sa culture, qui a fait littéralement le tour du monde. Mais en même temps que cette c
153 et se prononce, précisément au cœur de sa culture qui fut l’agent de la convergence mondiale, un mouvement radicalement con
154 nt de dissociation, de division et de séparation, qui est proprement babélique, ne me paraît nulle part plus visible et plu
155 s d’enseignement supérieur : explosion du savoir, qui se traduit par un accroissement continuel à la fois du nombre et de l
156 ent entre les facultés mais entre les spécialités qui prolifèrent dans une même faculté tendent à devenir infranchissables.
157 ntemporains. D’où résultent les deux conséquences qui définissent le phénomène de Babel : la disparition rapide de toute la
158 u but commun, des fins dernières de l’entreprise, qui se perdent dans les nuées de l’inconcevable. Mais dire que tout langa
159 sse européenne, mais aussi des hommes d’outre-mer qui viennent chez nous en pèlerinage aux sources vives de la nouvelle cul
160 versité aux deux sens primitifs de l’universitas, qui sont le sens corporatif, communautaire, et le sens synthétique ou uni
161 stration en outre accablée de soucis matériels et qui a d’autres chats à fouetter que de méditer sur la synthèse des facult
162 érimés3. Mais il y a le point de vue de l’esprit, qui est différent. L’esprit humain, et particulièrement l’esprit européen
163 stion, radicalement, par d’autres disciplines, et qui ne peuvent défendre leur « vérité » qu’en se fermant méthodiquement s
164 our y répondre. Le problème qu’on soulève ici, et qui est celui du principe de cohérence de notre civilisation, me paraît a
165 Seule en effet parmi toutes les grandes cultures qui ont fait l’histoire de l’humanité, l’Europe a osé l’aventure d’un dév
166 cularisation de la philosophie et de la recherche qui s’est manifestée bien avant la Renaissance, probablement au xiiie si
167 bablement au xiiie siècle — à l’époque justement qui a vu naître les premières universités européennes, en Italie puis à P
168 ure le marxisme-léninisme (ou, au moins, le parti qui l’interprète). L’Europe seule se voit obligée de rechercher sans cess
169 tout son sérieux. Et je vois peu de généralistes qui aient osé relever, par exemple, la relation de continuité entre le do
170 christianisé — alors qu’il est clair qu’une Asie qui tenait la matière et le corps pour essentiellement illusoires n’allai
171 dre aux Asiatiques, aux Africains, ou aux Arabes, qui leur posent ces questions fondamentales, ils se verraient conduits à
172 surmonter leur ignorance méthodique des domaines qui ne sont pas de leur département. Je reprends ici mon exemple du physi
173 sicien et du théologien. Pour répondre à l’hindou qui interroge l’Occident sur son obsession de l’Histoire, du Temps, de l’
174 de la doctrine physique du Temps, aux discussions qui durent déjà depuis un siècle sur le principe de Carnot et Clausius su
175  flèche du temps » et l’entropie, notions de base qui ont une portée métaphysique indiscutable. Et il faudrait que les phys
176 e indiscutable. Et il faudrait que les physiciens qui en discutent sachent que la dialectique de leurs problèmes actuels su
177 r allusions rapides, peut-être obscures, un sujet qui demanderait de gros ouvrages pour être exposé sérieusement. Ce qu’il
178 rable. Comment résoudre ce problème dans le cadre qui nous intéresse ici, celui de l’Université ? Trois solutions me parais
179 cès et l’éducation permanente qu’on nous propose, qui s’étendrait du berceau à la tombe, ne laisserait guère le temps de vi
180 vulgarisateur scientifique et une spécialisation qui lui vaudrait sans doute le prix Nobel, mais au prix de son ambition m
181 pline particulière va déboucher sur des problèmes qui relèvent d’autres disciplines, parfois connexes mais souvent très dis
182 rde de la recherche la plus hautement spécialisée qui s’est vue conduite par les nécessités internes de son cheminement, à
183 re, science des systèmes de signes, l’explication qui lui manquait de la prohibition de l’inceste ; cependant que des biolo
184 même théorie saussurienne les schèmes structuraux qui permettent aux uns d’interpréter la transmission du patrimoine hérédi
185 ont les meilleurs spécialistes, c’est-à-dire ceux qui vont le plus loin dans l’analyse de certains cas particuliers, qui no
186 loin dans l’analyse de certains cas particuliers, qui nous conduisent le plus sûrement au général ou tout au moins au seuil
187 e de discours. Ce détail a son importance. Car ce qui importe au bout du compte, dans une entreprise de ce genre, c’est la
188 ce genre, c’est la qualité personnelle des hommes qui s’y livrent : sinon une bonne machine électronique, convenablement in
189 informée, ferait beaucoup mieux notre affaire. Ce qui importe, ce n’est pas que la synthèse s’opère dans le vide, ou au cie
190 e carte perforée, comme un résultat objectif ; ce qui importe, c’est que la synthèse s’actualise, qu’elle s’opère donc dans
191 plus élevé du terme. Ce qu’il nous faut enfin, ce qui nous manque, ce sont des hommes de synthèse, un type nouveau d’hommes
192 e synthèse, un type nouveau d’hommes de pensée en qui s’incarne une sorte de conscience conjoncturelle de l’évolution de no
193 s. Ces hommes seront d’abord des spécialistes, et qui prouveront leur excellence en tant que tels par le fait même qu’ils a
194 e sagesse, me semble-t-il, les rapports d’experts qui vous sont soumis. Si l’on garde à l’esprit la règle d’or de la cultur
195 l’esprit la règle d’or de la culture européenne, qui n’est rien d’autre que la mesure humaine, le module des relations per
196 ulement à l’optimum de l’efficacité pédagogique — qui exige la proximité — mais aussi au maximum du pouvoir créateur d’un m
197 elge Léo Moulin, sous le titre d’indice Nobel, et qui se fonde sur le nombre de prix Nobel de sciences par million d’habita
198 901 à 1960, ce sont les plus petits pays d’Europe qui occupent les cinq premiers rangs, soit dans l’ordre la Suisse, le Dan
199 s conclusions plus personnelles et plus précises, qui vous apparaîtront peut-être comme un rêve, mais rien ne devient jamai
200 e comme un rêve, mais rien ne devient jamais réel qui n’ait été d’abord rêvé. La multiplication des universités, maintenues
201 x dire supranationale. J’en imagine le prototype, qui serait une tour d’anti-Babel. Dans un grand parc, près de la mer, ou
202 coordination de leurs politiques économiques. Ce qui nous manque encore, c’est une étude quasi ethnographique des caractèr
203 réclamer de beaucoup de noms illustres, d’hommes qui ont rêvé l’Académie européenne, comme Tommaso Campanella ou Amos Come
204 e plan de son Conseil de la Lumière ; ou d’hommes qui méditaient sur la nécessité d’un langage commun aux sciences exactes,
205 it pour fin de recréer l’union dans la diversité, qui est la formule de notre grand passé, et de notre avenir, intégré, le
206 t des terres du globe multipliées par une culture qui a fait le Monde, et qui doit aujourd’hui, plus que jamais, faire des
207 ltipliées par une culture qui a fait le Monde, et qui doit aujourd’hui, plus que jamais, faire des hommes. 3. Je n’ignor
208 des hommes. 3. Je n’ignore pas les tentatives qui se dessinent, aux États-Unis notamment, pour faire de la mathématique
20 1965, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Un écrivain suisse (20-21 mars 1965)
209 un, semble interdire la possibilité d’un écrivain qui mériterait d’être appelé suisse, comme Hölderlin fut sans conteste al
210 ément, de cette pluralité des données culturelles qui , moins forts, moins doués, les eût neutralisés. Lointain cousin de l’
211 latinité, esprit de la cité et cosmopolitisme, et qui rend plus sensibles à l’oreille intérieure les arythmies annonciatric
212 prévus. Burckhardt est le type même de l’écrivain qui ne peut séparer la pensée de l’action, ni la passion de la lucidité.
213 té. Son expérience des hommes et de l’irrationnel qui conduit leurs affaires au pire a certes confirmé son pessimisme inné,
214 e inné, et sa profonde méfiance à l’endroit de ce qui vient, de notre monde moderne en général, mais son goût puissant de l
215 itions civiques et culturelles des Suisses. Voilà qui suffira peut-être à justifier l’existence autonome de ce pays, dans u
21 1966, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Stampa, vieux village… (15-16 janvier 1966)
216 sa très vieille mère et travailler dans l’atelier qui avait été celui de son père. Il y est mort hier soir, puisse-t-il y r
217 dans sa réalité et nous n’avions presque rien dit qui vaille entre deux hommes. Mais ce jour-là, il triturait une mince col
22 1966, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). André Breton à New York (8-9 octobre 1966)
218 libératrice, il a fallu tout cela pour que celui qui avait été l’un des « phares » baudelairiens de notre adolescence loin
219 nçais », et j’avais deux équipes d’« announcers » qui les lisaient en alternant les voix devant le micro : parmi eux, le pe
220 devant le micro : parmi eux, le peintre Ozenfant ( qui vient de mourir), Lévi-Strauss, un des fils Pitoëff, et Breton. (Il a
221 telle femme dont tout me sépare en fait, ou avec qui j’ai rompu sans retour. Ce soir-là, au Village, mon rêve est devenu v
222 rêve est devenu vrai : nous parlons certes de ce qui peut nous rapprocher, l’amour-passion, les troubadours, la psychanaly
223 psychanalyse, Saint-John Perse, mais aussi de ce qui doit nous opposer de front : nos options politiques, morales et relig
224 lui, bien entendu, une rigueur folle dans le défi qui rejoignait l’Inquisition… Il me dit ce soir-là qu’il avait découvert
225 doctrines hors le grand ton de rigueur fanatique qui était l’un des aspects de la poésie selon Breton, autrement dit, de s
226 gion ». Il en tirait une morale ombrageuse, celle qui réglait absolument sa vie, et des décrets d’excommunication peu prévi
227 à New York. Il avait pour noyau quelques peintres qui allaient changer là-bas le cours des arts, Max Ernst, Matta, Tanguy,
228 hie. Parfois, on arrangeait une fête (comme celle qui fut dédiée au Nombre 21) ou une exposition, ou une vitrine (Breton, S
229 ine (Breton, Seligmann et Duchamp signèrent celle qui annonçait ma Part du diable ). J’allais chez lui, il me lisait de la
230 poursuit : « À travers leurs outrances et tout ce qui procède chez eux de la griserie imaginative, on ne peut refuser d’acc
231 et à droite, je me trouve soudain devant Breton, qui marche lentement à pas de rêve. « Je pensais, me dit-il, à la religio
232  ? » Changer la vie La grande contradiction qui a tendu l’arc d’une existence poétique si hautement exemplaire à tant
233 rigueur il n’a jamais cessé d’inventer un chemin qui ne pouvait exister que pour lui seul. De personne je ne suis à ce poi
23 1966, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Jacques Chenevière ou la précision des sentiments (22-23 octobre 1966)
234 tié souvent difficile. Des rires. Des jours aussi qui touchent à l’histoire. Et des adieux… Seules donc m’ont guidé — ou ég
235 re4 mais aussi comment il en parle. Et c’est cela qui nous intéresse : Jacques Chenevière, écrivain de race, ne donne pas i
236 i ses mémoires, c’est plutôt sa mémoire elle-même qui est le sujet du livre, et comme son véritable auteur. Ces souvenirs n
237 deux ou trois livres mêlés, peut-être quatre, et qui voudrait s’en plaindre ? (C’eût été bien mal vu des professeurs dans
238 Reines, Rois, Daphné, ou la Jeune Fille de Neige, qui n’ont rien de philanthropique. (Ils ravissaient Valéry Larbaud, et c’
239 e portraits-souvenirs, de rencontres et de récits qui mettent en scène tantôt l’auteur (surtout dans sa jeunesse, et jamais
240 iptions d’une mémoire ; et ce qu’elle a gardé, et qui revit en ce recueil, va devenir par la grâce d’un art très sûr un peu
241 ail préféreriez-vous, Monsieur ? — N’importe quoi qui soit utile. Et dès aujourd’hui si vous voulez. » C’était Romain Rolla
242 te prestesse. » Plusieurs chapitres ici ou là, et qui se multiplient vers la fin du recueil (mais souvent trop rapides à mo
243 talès et princesse Metternich — dames d’antan, et qui furent de ces grandes corolles posées sur la prairie auprès de l’Impé
244 poésie pure. Quels sont les secrets de l’écriture qui anime ainsi tant d’images, et si variées ? Allons les rechercher dans
245 es enfances et surtout les adolescences du poète, qui sont triples : l’élocution bien déliée du Parisien, la chaleur drôle
246 cents recueils de Jacques Chardonne, voici un art qui exprime son temps avec plus de tendresse, de scrupules et d’humour, e
247 c plus de tendresse, de scrupules et d’humour, et qui , pour moins griffer, d’autant mieux charme. Aux jeunes gens et jeunes
248 erais dire qu’un tel livre transmet quelque chose qui n’a pas de prix : les secrets de l’usage d’une civilisation. Je l’int
249 ment l’adjectif infaillible, comique ou émouvant, qui est avec le mouvement et l’allure de la phrase, le sérieux de la litt
24 1967, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). J. Robert Oppenheimer (25 février 1967)
250 bert Oppenheimer (25 février 1967)af Cet homme qui avait su mettre en œuvre avec vigueur dans un désert de rochers rouge
251 rsonne, tout en vous enveloppant d’un regard bleu qui allait interroger au-delà de vous-même. Il avait une aura, il le sava
25 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Entretien avec Denis de Rougemont (6-7 avril 1968)
252 ttéraire. Pour l’élaboration de ce dense recueil, qui groupe Le Paysan du Danube , Journal d’un intellectuel en chômage ,
253 s de Rougemont dans sa maison de Ferney-Voltaire, qui est comme le signe sensible de la situation que l’écrivain n’a cessé
254 ise Denis de Rougemont, est Sur l’Automne 1932 , qui joint Paysan du Danube et Journal d’un intellectuel en chômage . C
255 fiait refaire un ordre, là où menaçait la guerre, qui résume toutes les injustices. Nous étions frappés par l’anarchie des
256 ons à une doctrine très rigoureuse de la personne qui débouchait sur l’idée de la fédération de l’Europe, liée à la notion
257 ascisme et de la démocratie, pour des jeunes gens qui voulaient faire la révolution, n’était pas nette. Nous refusions auss
258 ert-Marie Schmidt. Les théologiens et philosophes qui nourrissaient notre pensée étaient Karl Barth, Kierkegaard, et Heideg
259 Heidegger que Corbin commençait à traduire. En ce qui concerne L’Ordre nouveau où je retrouvais Arnaud Dandieu, Robert Aron
260 exemple, Barth et Heidegger à un public français qui ne les connaissait pas. Pour marquer une différence, je dirai que l’o
261 ce pour les réalités scientifiques et techniques, qui nous intéressaient, à Hic et Nunc ai, comme moyens de libération de
262 ion de l’Europe ? Je dirai que dans ces journaux, qui ne sont pas des mémoires et se tiennent à égale distance de la chroni
263 cottet. Il existe un filon de romantisme allemand qui nous est très proche et, chose curieuse, la langue ne constitue pas u
264 là un jeu complexe d’exclusions et d’inclusions, qui s’oppose d’une manière systématique à toute idée de nationalisme. Il
265 ut multiplier les communautés d’aires différentes qui n’ont pas les mêmes bornes territoriales. Cette indépendance par rapp
266 rire, en somme… » Cette tension entre la personne qui se crée et l’époque qu’elle vit n’est-elle pas la caractéristique fon
267 votre œuvre ? Certainement, et c’est un mouvement qui se retrouve à tous les niveaux. Je pense qu’il faut maintenir dans un
268 e, j’envisage une théorie générale du fédéralisme qui irait de la personne à la fédération mondiale. Je tiens aussi beaucou
26 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il faut réinventer l’Université (29 juin 1968)
269 n Suisse (comme en France, naguère encore), celui qui s’interroge sur le destin de l’Université commence par brider sévèrem
270 ent, après les nuits de mai du Quartier latin, ce qui était utopie devient nécessité, ce que l’on qualifiait avec un sourir
271 e et xiiie siècles, c’est une commune autonome, qui assure sa propre police et s’administre elle-même. Elle est formée pa
272 meilleurs débouchés sur la connaissance. 6. Celui qui veut apprendre un métier pour en vivre n’a que faire de la contestati
273 vivre n’a que faire de la contestation. Et celui qui entend contester la société n’a que faire d’une « étude des débouchés
274 us à l’aide de cette méthode, la seule à mon avis qui ait le droit de se réclamer du fédéralisme. 10. Pourquoi des universi
275 sités ? Question universitaire par excellence, et qui définit même la fonction spécifique de l’Université : une école, en e
276 es inédites qu’un maître est en train de faire et qui peuvent intéresser beaucoup d’étudiants. Une fois la recherche termin
277 r des universités. 18. Il ne faut pas détruire ce qui existe — les écoles professionnelles (ou facultés) — mais éliminer ce
278 professionnelles (ou facultés) — mais éliminer ce qui empêche d’exister bien (le micronationalisme cantonal, notamment) et
279 (le micronationalisme cantonal, notamment) et ce qui fait croire que l’Université existe encore (routines, vanités, ignora
27 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’écrivain et l’événement (7-8 septembre 1968)
280 on croit bonnement qu’un auteur engagé est celui qui s’en est remis une fois pour toutes à la politique d’un parti, quand
281 l’écrivain dans la cité ? ⁂ Responsable est celui qui peut dire, dans une situation donnée : j’en réponds ! Mais de quoi l’
282 ès la date que l’Histoire lui attribue — Histoire qui est le produit de l’écriture ! Nul écrivain digne du nom qui ne soit
283 produit de l’écriture ! Nul écrivain digne du nom qui ne soit par lui-même événement, et dont l’œuvre ne constitue une part
284 simplifier, je distinguerai trois types d’auteurs qui se définissent par leur rapport à l’événement : le ludion, le contest
285 , de concepts, et l’expression de modes de sentir qui donnent « un sens plus pur aux mots de la tribu », et instaurent ou r
286 victimes d’un régime et au nom d’un autre régime qui ferait pire s’il le pouvait. Cela comporte : donner réponse, dire la
287 son époque, la révolte contre elle de tout homme qui se veut tel, et l’annonce admirable d’un monde équilibré. ak. Rou
28 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Vers l’Europe des régions [Entretien]
288 rès de vingt ans afin d’aider tous les mouvements qui se dessinent en faveur d’une coopération au niveau culturel. Nous avo
289 vons coordonné les instituts d’études européennes qui étaient en train de se constituer dans différentes universités. Nous
290 lancé une Campagne européenne d’éducation civique qui cherche à introduire l’angle de vision européen dans la leçon d’histo
291 aintenant se dessine en France un grand mouvement qui vient d’être appuyé par de Gaulle pour diviser le pays en un certain
292 a à ce sujet une importante littérature en France qui est le pays le plus concerné par la centralisation, grand nombre de j
293 ue, ethnique — tout cela mêlé à doses variables — qui seront de plus en plus les vrais centres de la production et de la vi
294 nvention des Européens. C’est l’Europe chrétienne qui a imaginé l’ensemble du genre humain en découvrant les possibilités d
295 von Heuer et Christian Roux-Petel. Cet entretien, qui prend ici la forme d’un long propos rapporté, non d’un échange de que
296 w. Denis de Rougemont sera l’un des conférenciers qui parleront cet hiver à Lausanne, invités par la Gazette littéraire. Le
29 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Jean Paulhan (19-20 octobre 1968)
297 oignis dans l’escalier de la NRF Henry Michaux, qui me dit en s’arrêtant sur le dernier palier : « Est-ce que vous sentez
298 ions. C’est le seul directeur de revue littéraire qui ait jamais montré dans cet emploi ce qu’il faut appeler du génie. Et
299 nté de puissance, attentif à ne rien nous imposer qui ne fût ce qu’il avait senti, bien avant nous, qui pourrait être nous.
300 qui ne fût ce qu’il avait senti, bien avant nous, qui pourrait être nous. Bien trop curieux pour être autoritaire, il n’ava
301 uper court aux confidences, plaintes et intrigues qui assiègent en permanence un directeur.) Chaque jour, d’un large bec de
302 llimard, faisaient seuls, à eux deux, cette NRF qui a marqué le siècle littéraire comme nulle autre revue, nulle autre éc
303 à 1940, à je ne sais quelles exceptions près, ce qui a compté dans la littérature en création, c’est ce qui avait mérité s
304 compté dans la littérature en création, c’est ce qui avait mérité son attention. Être accepté par lui, c’était la preuve,
305 égère et gaie, réchauffée par une pointe d’assent qui me lance, à peine passé la porte : « Mais il me semble que depuis des
306 doute les exigences, de l’interlocuteur invisible qui relit avec vous, par-dessus votre épaule. Mounier notera drôlement, à
307 l sur l’Éternel et l’autre sur Jean Paulhan ». Ce qui m’engage à rapporter ces petits souvenirs, c’est qu’ils sont personne
308 bien menée mais l’humour amusé (pas du tout noir) qui restent les vertus majeures de l’œuvre entière : Victor Hugo se pren
309 pendant exige le triomphe d’une éthique nouvelle, qui se fonde sur le crime et la merveille. « La poésie, dit-il, a pour ce
310 ntienne au-dessus de l’eau toute une civilisation qui sombre. Je ne dis rien d’Alerte : la poésie lui semble chose si grave
311 e de l’esprit que les Lettres ne leur doivent. Et qui pourrait tolérer, se demande un jeune homme, de n’être pas écrivain ?
312 re d’insensé », c’est toute son œuvre, justement, qui nous en restitue mieux que l’idée : la présence fraîche et vivace.
313 e à l’avenant. La presse est allergique à tout ce qui n’est pas « le petit fait faux » qui seul intéressera, croit-elle. a
314 ue à tout ce qui n’est pas « le petit fait faux » qui seul intéressera, croit-elle. an. Rougemont Denis de, « Jean Paulha
30 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Témoignage sur Bernard Barbey (7-8 février 1970)
315 n’avais pas encore vingt ans et je lisais tout ce qui paraissait aux deux enseignes du plus sûr prestige, en cette haute ép
316 les paysages pluvieux de plateaux au pied du Jura qui avaient ému ma prime adolescence, et je me sentais touché, au double
317 s du mot, par la gloire naissante d’un jeune aîné qui venait de mon pays ou presque. Un peu plus tard, j’écrivais du second
318 suite de la carrière littéraire de Bernard Barbey qui explique leur éclipse injuste et provisoire, que les deux ou trois au
319 l a connues avec de si constants succès pour ceux qui savent — dans l’armée, la diplomatie, et la vie internationale L’écri
320 it le résumé proprement helvétique d’une carrière qui eût été, en changeant de passeport, celle d’un ambassadeur de France,
31 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). La cité européenne (18-19 avril 1970)
321 en fait, à la culture. Unité non pas homogène et qui ne résulte pas d’un processus forcé d’uniformisation, de nivellement
322 iformisation, de nivellement et d’exclusion de ce qui diffère, mais qui au contraire englobe, et compose largement, dans un
323 ivellement et d’exclusion de ce qui diffère, mais qui au contraire englobe, et compose largement, dans une communauté de pl
324 s répit. Et de là vient l’irrépressible dynamisme qui a porté la civilisation européenne sur tous les continents découverts
325 s instances universelles, et toutes les créations qui ne cessent de jaillir de cette discorde permanente. Dès l’aube de la
326 pour la formule même de l’unité européenne : « Ce qui s’oppose coopère, et de la lutte des contraires procède la plus belle
327 squ’au nôtre, tout concourt à nourrir ce paradoxe qui paraît bien être la loi constitutive de notre histoire et le ressort
328 d’où les excès de l’individualisme hellénistique qui ne manqueront pas d’appeler la tyrannie. Rome, en réponse à ce défi d
329 ngereux ennui, jusqu’à ce vide de l’âme inoccupée qui appelle les tempêtes et les révolutions. Le christianisme apporte alo
330 Or, ces valeurs grecques, romaines et chrétiennes qui se contredisent avec passion ne se détruisent pas pour autant : entre
331 ’existence quotidienne de 700 millions de Chinois qui se croyaient confucianistes, bouddhistes, ou sans croyance aucune… Ma
332 mystique. Faut-il enfin rappeler l’apport arabe, qui ne se limite pas au zéro précédant la suite des nombres, mais qui est
333 pas au zéro précédant la suite des nombres, mais qui est l’une des sources principales de la poésie amoureuse, donc de l’a
334 besoin de sécurité et goût du risque, conformité qui maintient les valeurs, originalité qui les conteste et les rénove. To
335 conformité qui maintient les valeurs, originalité qui les conteste et les rénove. Tout cela préforme, dès avant notre naiss
336 nière tout à fait extravagante l’importance de ce qui les distingue. C’est ainsi qu’ils en viennent à penser sincèrement qu
337  : L’Européen ne serait-il pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen dans la mesure précise où il doute qu’il
32 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe et le sens de la vie (25-26 avril 1970)
338 970)at au Je ne vois pas d’autre forme d’union qui réponde à la double exigence du respect des diversités et de l’instau
339 eront perdues une à une, si nous refusons l’union qui ferait leur force ; mais en retour, cette union ne saurait être acqui
340 sée servir. Rien de plus limpide que la déduction qui fait toute ma thèse : étant donné que la base de notre unité est une
341 ne peut fonder sur elle qu’une union fédérale. Ce qui paraît beaucoup plus difficile à expliquer, c’est que rien n’ait enco
342 la patrie », des réalités absolument hétérogènes, qui n’ont aucune raison d’avoir les mêmes frontières, comme la langue et
343 soit peu sérieuse ou sincère, que cet État-nation qui , d’autre part, se révèle incapable de répondre aux exigences concrète
344 rce depuis vingt-cinq ans d’unir l’Europe ! Voilà qui explique suffisamment, je crois, pourquoi l’on n’a pas avancé d’un ce
345 oir le Vietnam) et l’on travaille pour le profit, qui est en somme du superflu. Mais dès lors que ce choix de notre avenir
346 ns nul doute de créer une Europe très forte, mais qui serait très peu européenne. Sans compter qu’un super-État-nation ne p
347 commun à l’échelle fédérale continentale, tout ce qui est nécessaire pour garantir les autonomies de tous ordres, régionale
348 fédération » qu’évoquait le général de Gaulle, et qui serait formée d’États-nations conservant jalousement leurs prétention
349 lles ne servent absolument à rien pour arrêter ce qui devrait l’être : les tempêtes et les épidémies, la pollution de l’air
350 blement déficient, est caractéristique de tout ce qui touche à l’État-nation : néfaste dans la mesure où il est encore réel
351 de la seule fiction d’économies dites nationales, qui ne correspondent à rien d’économique. Mais ce que je sais de science
352 , ce n’est qu’un appareil plus ou moins efficace, qui doit être mis au service des citoyens et de leurs cités ; et non l’in
353 ériels : ils sont presque comblés à cet égard. Ce qui leur manque le plus durement, c’est un but transcendant, c’est un sen
354 litique de notre temps. Précisons : des vingt ans qui viennent. Car à ce prix seulement nous ferons l’Europe, et nous la fe
355 ute l’humanité, nous lui devons cela ! Une Europe qui ne sera pas nécessairement la plus puissante ou la plus riche, mais b
33 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Une réflexion sur le mode de vie plutôt que sur le niveau de vie (2 juin 1970)
356 tuel se trouve posé par la soudaineté d’un afflux qui prend l’allure d’un raz de marée, et par le motif principal de cet af
357 e marée, et par le motif principal de cet afflux, qui n’est pas d’admirer nos lacs ni de fuir des dictatures, mais de faire
358 ue tout le monde « gagne » à ce jeu : l’industrie qui y trouve le moyen d’accroître nos exportations, le peuple suisse dont
359 eurs étrangers, dont les salaires dépendent de ce qui précède. De quoi se plaint-on ? C’est ici qu’interviennent les deux q
360 xiste-t-elle ? Et si oui, dans le cas particulier qui nous préoccupe, cette « helvéticité » est-elle menacée par la présenc
361 ermettez-moi de confesser d’abord que le problème qui me préoccupe est beaucoup moins celui du oui ou du non, que celui de
362 tes qu’entraîneront les attitudes réelles de ceux qui les invoquent. C’est dans cet esprit que je vais esquisser une répons
363 de recouvrir un sophisme chez la plupart de ceux qui viennent de le découvrir. Ils nous disent : « À l’heure où il n’est q
364 nne semble y faire attention. C’est pourtant cela qui modifie radicalement le cadre de nos vies, l’air que nous respirons,
365 ames Schwarzenbach dépasse très largement tout ce qui peut résulter d’un refus ou d’une acceptation de l’initiative. Le fab
366 résence d’étrangers parmi nous, ou de nous-mêmes, qui tolérons la destruction de notre environnement au nom de valeurs bien
34 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Le testament de Tristan (14-15 novembre 1970)
367 Gaulle aura été le dernier monarque d’une France qui n’a rien préféré à l’amour de son roi, sinon le plaisir de le décapit
368 délivrée de haute lutte en terrassant le monstre, qui la tenait captive. Il l’a ramené au mari légitime, à ce roi Marc que
369 ais ici le personnage prend ses vraies dimensions qui sont celles d’une glorieuse ambiguïté et d’un tragique malentendu ent
370 e « de Gaulle », comme il disait, et cette Europe qui l’eût plébiscité comme un second Charles le Grand. Ce Tristan de la n
371 en vue de bâtir une union des peuples européens, qui respecte le caractère original de chacun et le génie propre à notre c
372 liant son sort au symbole même de l’ère nouvelle, qui est la région. Mais dans la page si belle qui règle ses obsèques, c’e
373 le, qui est la région. Mais dans la page si belle qui règle ses obsèques, c’est Tristan qui revient dans sa pleine stature 
374 ge si belle qui règle ses obsèques, c’est Tristan qui revient dans sa pleine stature : écartant les barons et le Pays légal
35 1971, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Pourquoi j’écris (30-31 janvier 1971)
375 ains, c’était vers 1925, sur le ton d’un gangster qui demande la clé de la caisse. Nulle part peut-être mieux que dans ses
376 nts animent aussi, je le crains, certains de ceux qui prétendent n’écrire que pour le salut de leurs lecteurs. En fait, on
377 n ne peut mieux dans Aurore : « Toutes les choses qui vivent longtemps sont peu à peu tellement imbibées de raison que l’or
378 ement. C’est aussi un effet du besoin d’imiter ce qui , dans un poème ou une pensée, vient d’éveiller en vous une émotion :
379 prolonger, la faire vôtre, et rejoindre l’auteur qui vous l’a révélée — pour devenir aussi admirable aux yeux des autres q
380 à toute une nation par la TV. C’est le pour quoi qui devient alors le vrai pourquoi, la cause finale qui agit comme vraie
381 i devient alors le vrai pourquoi, la cause finale qui agit comme vraie motivation. Mais si je n’avais pas écrit d’abord san
382 i, pour tel objet tout extérieur à l’écriture, et qui ne dépend nullement du processus de la pensée en train de se former p
383 tinue de la pensée proprement poétique, l’horizon qui se définit par rapport à notre progrès. ⁂ Ce n’est qu’au début d’une
384 quête obscure et fascinante, selon ce vers d’Hugo qui m’amusera sans fin : Vous dites : Où vas-tu ? Je l’ignore et j’y v
385 l’ignore et j’y vais ! J’y vais par l’écriture, qui est ma manière d’enregistrer la poésie dans l’existence. Un paysage m
386 ne couleur tonale. Un événement me dicte une page qui change ma vie — cette page et non pas l’événement. Je cherche un sens
387 pour chercher le sens au bout du compte. Un sens qui ne peut être défini que par le tout — que pas un scientifique n’appré
388 que n’appréhende et par suite ne saurait nier, et qui est au-delà de tout — comme le corps transcendant aux organes. Je che
389 de l’écriture, ou mieux, j’aurai rejoint ma fin, qui est de me former sur une pensée vécue dans l’écriture. Au terme de me
36 1971, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Au défi de l’Europe, la Suisse (31 juillet-1er août 1971)
390 t 1971)ba Nous souffrons des clichés ridicules qui composent l’image de la Suisse à l’étranger, pendules à coucou, trous
391 ait faire l’Europe sur le modèle de la Suisse, et qui répondait : « Le fédéralisme est pour votre pays une bonne solution.
392 alisme est pour votre pays une bonne solution. Ce qui ne veut pas dire qu’elle soit généralisable. » Réponse plutôt comique
393 cantons n’a jamais adhéré au Pacte dit du Grütli, qui ne porte que trois signatures. Mais alors, si nous fêtons aujourd’hui
394 8. Ce que nous célébrons, c’est en fait une idée, qui est l’essence de la Suisse et qui a déterminé son existence : l’idée
395 fait une idée, qui est l’essence de la Suisse et qui a déterminé son existence : l’idée fédéraliste et la formule d’union
396 proprement suisse : une idée, une formule d’union qui fut au xiiie siècle celle de trois communes du Gothard et qui se « g
397 iie siècle celle de trois communes du Gothard et qui se « généralisa » par la suite aux XIII cantons ligués, puis à l’unio
398 les traditions historiques — on voit très mal ce qui empêcherait de généraliser cette formule à toute l’Europe. Autant il
399 au contraire la seule possible pour les Européens qui éprouvent le besoin de s’associer librement par-dessus les frontières
400 le temps, au-delà de ce qu’elle est aujourd’hui, qui est tellement au-delà de ce qu’elle fut au Grütli, berceau mythique.
401 ondant des unions toujours plus nombreuses ? Ceux qui ont peur que la Suisse se perde dans une Europe fédéraliste montrent
402 ois du siècle passé, le juriste J.-C. Bluntschli, qui écrivait en 1875 : La Suisse a émis et réalisé des idées et des prin
403 isse a émis et réalisé des idées et des principes qui seront un jour destinés à assurer la paix en Europe… Si cet idéal de
404 le succès de notre idée et d’une formule d’union qui est notre raison d’être, ne serait-ce pas le sort le plus beau que no
405 ulons. C’est ce qu’il reste à savoir, et c’est ce qui nous inquiète. S’il n’y a plus de frontières tangibles, plus de douan
406 rité nous choisirons de continuer la Suisse. Ceux qui le voudront seront alors les vrais Suisses. « Et s’il n’en reste qu’u
37 1971, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Une dimension nouvelle (11-12 septembre 1971)
407 -J. Burckhardt ajoute à notre Suisse la dimension qui manquait le plus à ce pays, celle que j’aime à nommer la dimension pr
38 1972, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il faut dénationaliser l’enseignement [Entretien] (8 décembre 1972)
408 i d’ailleurs reçu d’autres lettres d’instituteurs qui souffrent d’être paralysés dans le système actuel, et qui me disent :
409 frent d’être paralysés dans le système actuel, et qui me disent : « Merci, vous nous vengez. » Vos critiques semblent s’adr
410 . Ensuite, par le biais européen, j’ai pu voir ce qui se faisait ailleurs. Et j’ai constaté qu’ailleurs, notamment en Franc
411 t état de fait nous vient tout droit de Napoléon, qui a légué au monde entier, à peu près, l’école militarisée au service d
412 serait contre soi, par exemple, toutes les femmes qui travaillent à l’extérieur. Mais l’école doit changer. Il faut dénatio
413 ropre vallée… La nation est un concept artificiel qui ne repose sur aucune réalité fondamentale. Il y a la région, réalité
414 frontières nationales. En finir avec les fleuves qui s’arrêtent de couler à la frontière sur les croquis de géographie.
415 eau polluée ; et elles empêchent le passage de ce qui devrait circuler : les hommes, les marchandises, quelquefois les idée
416 llines, traversée par un affluent de la Volga, et qui est maintenant le cœur du bassin de l’industrie lourde de l’URSS. Exa
417 e Gibraltar à l’Oural. L’école a rendu les hommes qui sont actuellement au pouvoir en Europe, incapables de saisir ce que p
418 t-il en aller autrement ? Prenez le Petit Littré, qui est encore le dictionnaire de référence des Français cultivés, et che
419 changer l’école, ou que l’école doit former ceux qui changeront l’État ? L’un et l’autre, et les deux à la fois. Il y a in
420 la fois. Il y a interaction : l’État crée l’école qui lui convient, l’école produit des citoyens à la mesure de l’État. C’e
421 : une mutation, un changement brusque et radical, qui permette de repartir sur des bases entièrement nouvelles… ce qui est
422 repartir sur des bases entièrement nouvelles… ce qui est pratiquement impossible dans notre culture. Il faudrait, au minim
423 ar quoi on a fabriqué des peuples militarisés, et qui nous a déjà valu deux guerres mondiales. Ce qu’Illich appelle en term
424 i pour le premier terme de votre « alternative »… qui n’en est pas une. Car le second terme est également nécessaire. Je ne
425 groupes, autour d’un chef, fanatiquement obéi, et qui peut ordonner aux membres de son groupe n’importe quoi… À l’autorité
426 d’équilibre dynamique. Ainsi pour le fédéralisme, qui est si mal compris, même en Suisse. Il s’agit de mettre en relation d
427 es éléments — dans le cas européen, des régions — qui aient chacun leur autonomie, leurs caractéristiques propres, différen
428 gnants, du degré secondaire surtout : ce sont eux qui feront l’Europe de l’an 2000, comme le dit le titre de mon dernier ar
429 l me proposa de nous faire à nous deux une langue qui ne serait connue que de nous ; je me passionnai pour cette idée. Nous
39 1972, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Merveilleux Lavaux (23-24-25 décembre 1972)
430 venu, n’avez jamais existé dans ce lieu. Tout ce qui touche à un centre et tout ce qui respire dans la grâce de son rayonn
431 e lieu. Tout ce qui touche à un centre et tout ce qui respire dans la grâce de son rayonnement revêt une importance rapidem
432 de solitude. Mais la plupart n’osant aimer que ce qui par d’autres est aimé, ils détruisent à coup sûr les amours qu’ils pa
433 ière divine — une lumière neutre comme les dieux, qui ne sont de gauche ni de droite, mais toujours d’en haut, rayonnants.
434 ont faire les hommes et les femmes et les enfants qui habitent ici ? « Lavaux appartient à tout le monde », à tous ceux qui
435  Lavaux appartient à tout le monde », à tous ceux qui aiment la beauté, et qui voudraient que Lavaux, à jamais, demeure tel
436 le monde », à tous ceux qui aiment la beauté, et qui voudraient que Lavaux, à jamais, demeure tel qu’un beau jour ils l’on
437 vrais réalistes — lesquels ne sont nullement ceux qui pensent court et bas et nous jettent dans la pollution au nom de la r
438 la pollution au nom de la rentabilité, mais ceux qui font passer avant le profit d’argent — cette chose abstraite — les dé
439 r de Dixence Cathédrale, que l’on doit un ouvrage qui vient à point nommé : Merveillleux Lavaux. Sauver cette unique contré
440 ennent la parole. L’objectif de Michèle Duperrex, qui donne peut-être le reflet d’un Lavaux épuré, prouve néanmoins qu’un t
40 1984, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Philosophie et énergie nucléaire : une mise au point (28 juin 1984)
441 n’ai pas à entrer en discussion avec un directeur qui n’a dit que ce qu’il devait dire pour défendre les intérêts de sa com
442 e de dénoncer l’usage fait de ces deux citations, qui en falsifie le sens et la portée. 1. La première citation, pronucléai
443 auditoire d’alors, devenus PDG pour la plupart et qui n’ont rien appris depuis vingt ans, alors oui, ces déclarations serai
444 resse de cette ville. Et c’est cela, précisément, qui m’autorise à prendre la parole parmi vous. […] Quelques-uns de ceux q
445 re la parole parmi vous. […] Quelques-uns de ceux qui sont ici ce matin, et non des moindres, partageaient à l’époque mes i
446 Jean-Claude Leny, directeur général de Framatome, qui assure la maîtrise d’œuvre de tous les réacteurs français de type PWR
447 ompris ? Ce n’est pas nous, mais ceux de son bord qui ont dit cela. Quant à prétendre que mon idéal serait l’État marxiste