1 1940, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Erreurs sur l’Allemagne (1er mai 1940)
1 né luthérien mais catholique ; que son mouvement s’ est développé d’abord en Bavière, pays catholique ; que la doctrine de
2 même que tout en détestant les chefs nazis, « il se ferait tuer pour Hitler », car l’ambition réelle du Führer, croyait-i
3 ément collectiviste. Les socialistes allemands ne s’ y sont pas trompés. » Sur quoi l’auteur accuse d’aveuglement les socia
4 d’aveuglement les socialistes français qui, eux, s’ y trompent encore. Mais que penser alors de l’aveuglement des bourgeoi
5 e penser alors de l’aveuglement des bourgeois qui s’ obstinèrent jusqu’en septembre 1939 à voir dans l’hitlérisme « un remp
6 s erreurs d’autrui, mais bien les nôtres. Surtout s’ il se trouve qu’en fait, ce sont exactement les mêmes erreurs. 4. Si d
7 eurs. 4. Si d’aucuns remontent à Luther, d’autres s’ en vont chercher encore plus loin les racines de l’hitlérisme. M. Edmo
8 aractérisent les vieux poèmes germaniques. À quoi s’ oppose, selon lui, l’énergique génie des Gaulois celtes. Or les vieux
2 1940, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). « À cette heure où Paris… » (17 juin 1940)
9 re où Paris exsangue voile sa face d’un nuage, et se tait, que son deuil soit le deuil du monde ! Nous sentons bien que no
10 opéen. La Ville Lumière n’est pas détruite : elle s’ est éteinte. Désert de hautes pierres sans âme, cimetière… L’envahisse
11 ra jamais. Il ne verra que d’aveugles façades. Il s’ est privé à tout jamais de quelque chose d’irremplaçable, de quelque c
12 conquérant victorieux : Tout ce qu’il veut saisir se change à son approche — Midas de l’ère prolétarienne — en fer tordu,
13 . N’importe quel badaud d’un soir de juin pouvait s’ annexer pour toujours le bonheur d’un couchant sur Saint-Germain-des-P
14 s terrifiant que le jour de la pire vengeance où, s’ arrêtant enfin, ils comprendront qu’aucun triomphe ne vaut pour eux la
3 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). New York alpestre (14 février 1941)
15 du fleuve et du bras de mer qui entourent l’île, s’ étendent sur des espaces bien plus vastes, îles et plaines reliées par
16 x crêtes des parois rocheuses alors que la vallée s’ emplit d’une ombre froide, et j’étais si bien au fond d’une gorge, dan
17 it un vent âpre et salubre. La mer et la montagne se ressemblent partout. Ici elles se rejoignent et se mêlent. Les grands
18 et la montagne se ressemblent partout. Ici elles se rejoignent et se mêlent. Les grands souffles océaniques, chargés de s
19 e ressemblent partout. Ici elles se rejoignent et se mêlent. Les grands souffles océaniques, chargés de sel et d’aventure,
20 s de ces sommités célèbres que les New-Yorkais ne se lassent pas de désigner, comme nous énumérons nos Alpes quand nous en
21 ns la chaîne, et qui leur servent de repères pour se diriger dans la ville. Le vent fou, l’air ozone, et la lumière éclata
22 Ils couvraient la moitié de l’île, et la moraine s’ étendait bien plus avant. Voici l’un des secrets de la démesure de Man
23 pects physiques et moraux de la cité de Manhattan s’ expliquent par ce sol et ce climat. Entre la Prairie proche et l’Océan
24 nes de l’Ouest, venant à New York, ont coutume de se plaindre de l’inhumanité que revêtent ici le climat et les rapports h
4 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). La route américaine (18 février 1941)
25 de 1929, où les affaires périssent et les bureaux se vident au-dessus du cinquantième étage, pour peu que la pression bais
26 ssent l’approche d’une limite infranchissable. Où s’ élancer encore ? Comment sortir de cet embouteillage de richesses maté
27 t des territoires urbains. Cet effort gigantesque se poursuit en silence à travers tout le continent. Personne n’en parle.
28 uisable d’un peuple libre, et qui voit grand sans se forcer. Voici enfin un spectacle émouvant qui n’effraye pas, mais au
29 ns, séparées par une large bande gazonnée où l’on s’ est ingénié à conserver, ici ou là, un grand arbre isolé, témoin de la
30 par des lignes jaunes et noires, entre lesquelles se déplacent lentement, de droite à gauche, de gauche à droite, entre 10
31 sparaissent en coup de vent, jusqu’à ce que l’œil s’ éduque et se mette à déchiffrer cette espèce de manuel de conduite et
32 en coup de vent, jusqu’à ce que l’œil s’éduque et se mette à déchiffrer cette espèce de manuel de conduite et de morale él
33 icité dans le texte) dont les phrases fragmentées s’ échelonnent tout au long des superhighways. « Perdez une minute, éparg
34 ranklin… Ralentissez, légion de daims… Les partis se réconcilient… autour d’un verre de Champagne Renault !… Avez-vous vér
35 te surface sera suffisamment organisée, vers quoi se tournera l’effort collectif de ce peuple ? Peut-être vers la profonde
5 1941, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Souvenir de la paix française (15 mars 1941)
36 s maisons dominaient une vallée, de l’autre elles s’ élevaient à peine d’un étage au-dessus des champs de roses et des blés
37 . Rares sont les boutiques, et même les cafés. Et s’ il passe une auto, c’est une de ces voitures branlantes qui semblent n
38 la plaine, escortée de quelques maisons ; l’autre s’ incline lentement vers la vallée, dans les vergers. Je m’étais arrêté
39 chemin de son champ. En passant au carrefour, il s’ est dit : Peut-être est-elle à Mandres ; c’est donc jour de marché. Il
6 1946, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Monsieur Denis de Rougemont, de passage en Europe, nous dit… [Entretien] (4 mai 1946)
40 ais rentré il y a un an déjà si les circonstances s’ y étaient prêtées. Êtes-vous venu en Suisse directement ? Oui, à part
41 sse, en collaboration avec Mme Maurice Muret, qui s’ intitule Le Cœur de l’Europe et qui eut un grand succès. C’est le se
42 uvrage que les Américains peuvent consulter, pour se renseigner sur notre pays, et il s’en vend encore régulièrement. J’ai
43 nsulter, pour se renseigner sur notre pays, et il s’ en vend encore régulièrement. J’ai été professeur — et le suis encore
44 ? Au point que trois maisons françaises d’édition s’ y sont fondées pendant la guerre. J’ajoute que l’École des hautes étud
45 nt de commentaires, dans un bruit trépidant et en s’ inspirant des directives des chefs locaux de Londres et des Américains
46 enthousiastes. Savez-vous si les Soviets ont, pu s’ emparer du secret de la bombe atomique ? Non, et nul ne le sait, je cr
47 avants étudient par exemple la meilleure façon de s’ alimenter, et la font enseigner aux écoliers. C’est d’ailleurs une trè
48 ’ailleurs une très belle race qui est en train de se former, et de gens extrêmement gentils. Y a-t-il bien, à votre avis,
49 genre d’humour qui leur plaît, et ils ne font que s’ en amuser. Si on les compare aux Français, il est indéniable que ces d
50 i quelque part. C’est un résumé de la planète. On se sent à New York, en particulier, si cosmopolite aujourd’hui, comme au
51 sent l’occasion de quitter leur « province » pour s’ y rendre. N’ont-ils donc rien à craindre de l’américanisme ? Pour ce q
52 n, et où l’Amérique semble copier l’image qu’elle s’ y fait d’elle-même ; par la baisse du niveau intellectuel auquel les é
53 es conséquences pour l’Europe…1 1. L’entretien se termine par un commentaire conclusif de l’interviewer : « Nous devons
7 1947, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Consolation à Me Duperrier sur un procès perdu (5 décembre 1947)
54 t la cour le bouillant Me Duperrier : — Rougemont s’ est mis au service d’une propagande étrangère, comme Oltramare ; il a
55 , sur la politique. Soit. Mais un avocat qui veut s’ en tenir à la seule ressemblance des mots tombe dans le calembour juri
56 mbour juridique. Car il est vrai que les deux cas s’ énoncent et se prononcent de même, mais par ce procédé l’on pourrait a
57 e. Car il est vrai que les deux cas s’énoncent et se prononcent de même, mais par ce procédé l’on pourrait accuser la vill
58 perdu son procès. La seule question sérieuse qui se posait, notre avocat s’est bien gardé de la formuler, c’est celle du
59 ule question sérieuse qui se posait, notre avocat s’ est bien gardé de la formuler, c’est celle du contenu des émissions. O
60 isonner, puis juger sommairement, et Me Duperrier se voit chargé d’office de ma défense. Que va-t-il dire ? Il n’hésite pa
61 ntacte et libre. On n’a pas fusillé Oltramare, on s’ est borné à le punir un peu. Son avocat garde le droit de me dénoncer
8 1949, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Les écrivains romands et Paris (10 septembre 1949)
62 ociaux, politiques ou financiers. Je ne sais trop s’ il faut s’en plaindre. Tout cela se crée naturellement autour des « gr
63 litiques ou financiers. Je ne sais trop s’il faut s’ en plaindre. Tout cela se crée naturellement autour des « grands », et
64 e ne sais trop s’il faut s’en plaindre. Tout cela se crée naturellement autour des « grands », et ils sont à Paris. Nous f
65 entralisé, dans sa vie littéraire aussi. Pourquoi s’ insurger, nous seuls, contre ce fait ? Imagine-t-on Chateaubriand se d
66 euls, contre ce fait ? Imagine-t-on Chateaubriand se demandant s’il existe pour lui « une possibilité de salut » comme écr
67 ce fait ? Imagine-t-on Chateaubriand se demandant s’ il existe pour lui « une possibilité de salut » comme écrivain, « un p
68 spensable au succès d’une œuvre littéraire, il ne se répand point en lamentations. Au contraire : il préconise des remèdes
9 1949, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe est encore un espoir (8 décembre 1949)
69 t l’URSS n’a pas été traitée mieux qu’elle, qu’on s’ en souvienne. Une Europe entre deux colosses ? Mais gardons-nous des f
70 perdrons ces deux ans si l’Europe dès maintenant se croit perdue, si elle cède au vertige, à l’illusion d’urne impuissanc
71 ceux qui ont lu votre livre l’ont senti, et même s’ ils ignoraient que c’était votre histoire. Je vous invite à Lausanne e
72 re de la Conférence européenne de la culture, qui se tint à Lausanne du 8 au 12 décembre 1949.
10 1953, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). « Ce qu’ils pensent de Noël… » [Réponse] (24 décembre 1953)
73 cembre 1953)n Déjà les pasteurs et les prêtres se préparent à parler du message de Noël aux hommes de bonne volonté, ré
11 1954, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Rejet de la CED : l’avis de Denis de Rougemont (20 septembre 1954)
74 totalité, non par pièces détachées. Il faut enfin se décider à expliquer l’Europe aux masses, avec franchise, en termes si
75 — quand chacun de nos peuples aura compris qu’il s’ agit de se sauver tous ensemble ou de périr isolément. o. Rougemont
76 hacun de nos peuples aura compris qu’il s’agit de se sauver tous ensemble ou de périr isolément. o. Rougemont Denis de,
12 1957, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Une lettre de Denis de Rougemont (16-17 février 1957)
77 comme fut le Congrès européen de la culture, qui se tint à Lausanne en décembre 1949. Mon ami Duncan Sandys y prit part,
13 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Fédéralisme et culture (3-4 mars 1962)
78 lus désuets. Il voudrait que chacune de nos cités se suffise à elle-même dans tous les domaines : université, radio, publi
79 l est clair que nos villes sont trop petites pour se payer chacune un laboratoire de recherches nucléaires, pour ne prendr
80 n ne dise pas qu’elles sont trop petites pour que s’ y développent à foison des écoles de peintres, des galeries d’expositi
81 passion créatrice un peu folle de jeunes gens qui se groupaient en écoles, autour d’un maître du métier ; secondement le s
82 ormalement de rationaliser les activités dont ils s’ occupent, pour les rendre plus économiques ou plus rentables. Mais la
83 s d’être » ! C’est bien plutôt le fait de ne plus s’ intéresser qu’au niveau de notre vie matérielle, de traiter la culture
14 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Rectification (9 mars 1962)
84 ne vérité n’est qu’une sottise, surtout lorsqu’il s’ agit de fédéralisme ! Me faire dire que « tout le secret du fédéralism
15 1962, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe est d’abord une culture (30 juin 1962)
85 ulture (30 juin 1962)t À suivre les débats qui se multiplient sur nos relations futures avec le Marché commun, on croir
86 arché commun, on croirait que l’union de l’Europe se réduit à des problèmes de tarifs douaniers et d’intérêts commerciaux.
87 points : 1. L’union entre des peuples ne saurait se faire en général que sur la base de quelque unité préexistante ; 2. O
88 res. Il est évident que des peuples, ne songent à s’ unir que s’ils ont en commun certains traits qu’ils tiennent pour esse
89 évident que des peuples, ne songent à s’unir que s’ ils ont en commun certains traits qu’ils tiennent pour essentiels : le
90 le est l’origine et le cœur. Voilà qui ne saurait s’ expliquer que par la culture des Européens, entendant par culture, au
91 ’est très peu de chose plus une culture. Quand on s’ imagine que l’Europe, dont discutent aujourd’hui toute la presse et to
92 a faire périr à deux reprises en 1914 et en 1939, se résument dans le terme nationalisme. Elles sont, elles aussi, d’origi
93 conscience de leur nocivité tant que celle-ci ne se manifeste qu’au niveau des idéologies, même meurtrières. On va répéta
94 c le patriotisme, hélas — a du bon, tant qu’il ne s’ exagère pas en chauvinisme. Mais qu’est-ce que le chauvinisme ? C’est
95 isme des autres. Quand le nationalisme des autres s’ oppose aux intérêts économiques de ma nation, que je sois industriel,
96 s le contexte de notre évolution, la question qui se pose est de savoir s’il faut et s’il suffit, pour « faire l’Europe »,
97 évolution, la question qui se pose est de savoir s’ il faut et s’il suffit, pour « faire l’Europe », que toutes les nation
98 a question qui se pose est de savoir s’il faut et s’ il suffit, pour « faire l’Europe », que toutes les nations du continen
99 e l’Europe », que toutes les nations du continent s’ intègrent dans le Marché commun, c’est-à-dire dans un plan technique e
100 e où elles sont encore fécondes, et enfin qu’elle se subordonne à une grande politique commune, laquelle ne peut se dévelo
101 à une grande politique commune, laquelle ne peut se développer qu’à l’échelle mondiale. Commentons brièvement ces conditi
102 monde entier les procédés de la technologie. Elle se doit d’en transmettre aussi les modes d’emploi. Toutes les cultures t
103 les cultures traditionnelles, y compris la nôtre, se voient en effet menacées par la technique. L’Europe ayant cent ans d’
104 effort d’adaptation à la révolution industrielle, se doit donc de faire part aux pays neufs de ses expériences durement ac
105 onction dans le monde, transformé par ses œuvres, s’ en trouve désormais définie. L’Europe se doit et doit au monde de prés
106 s œuvres, s’en trouve désormais définie. L’Europe se doit et doit au monde de présenter l’exemple convaincant d’un dépasse
107 ême-Orient). 4. Cette action commune ne devra pas se limiter au plan économique et commercial, mais s’étendre aux problème
108 se limiter au plan économique et commercial, mais s’ étendre aux problèmes immenses et tout nouveaux que posent le contact
109 scrupules qui nous retiennent encore. Quand elle se borne à invoquer sa neutralité perpétuelle, la Suisse se trouve défen
110 oie d’un avenir authentiquement européen. Si elle s’ y refuse, qui va plaider sa cause ? Une union faite sans nous ne sera
16 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Universités américaines (12-13 janvier 1963)
111 t les États-Unis et les traversant d’est en ouest se nomme Vents, et nul n’a compris ce pays s’il n’a pas découvert un jou
112 ouest se nomme Vents, et nul n’a compris ce pays s’ il n’a pas découvert un jour qu’un souffle immense de lyrisme nomade e
113 ne obligation — je verrai qui je veux ou personne s’ il me plaît, ce que j’ai envie de voir ou rien, pendant deux mois — je
114 autre jour : « Toutes les personnes de mon espèce s’ arrangent pour avoir des maisons, cabanes, pavillons, ce que vous voul
115 trouverais pas cela en Europe, toutes vos maisons se touchent, vous n’êtes plus jamais seuls. » Je lui ai dit qu’il exagér
116 crivains véritables, de peintres et de musiciens, se voient offrir chez nous ces possibilités — à tous égards enrichissant
117 comme un salon. Le professeur (qui est un poète) s’ assied sur un canapé, les étudiantes sur un long divan, dans des faute
118 uelques-unes ont gardé leurs bigoudis, comme cela se fait dans ce pays, la veille d’une fête ou le samedi. Elles s’install
119 ce pays, la veille d’une fête ou le samedi. Elles s’ installent longuement, disposant autour d’elles cendriers, paquets de
120 guliers. À la seconde lecture, je comprends qu’il s’ agit de deux vieillards dans une cuisine regardant par la fenêtre une
121 me. Plusieurs girls manifestent leur intention de s’ exprimer en levant un doigt discret ou un très long fume-cigarette. El
122 à mon avis, I feel… Le professeur intervient peu, se borne à orienter la discussion, à proposer quelques critères de jugem
123 exclu de parler de sentiment, bien entendu, ça ne se fait plus, mais l’horizon de cet art poétique me paraît aussi sec et
124 icain 1910. Des centaines d’étudiants déambulent, se groupent au soleil ou sur des bancs, jonchent les marches des divers
125 é d’étudiants « très à gauche » et dont plusieurs se demandent, m’a-t-on dit, si l’URSS ne détient pas les clés de l’aveni
126 tion de l’Europe. (Marx, juif rhénan dont le père s’ était fait, protestant, écrit au British Museum, des articles que publ
127 décision n’appartient-elle pas aux Soviets ? Car s’ ils décident la guerre, a) ils sont victorieux et ils établissent le c
128 e bonne idée que tous les Américains intelligents se mettent à aimer (pas Éros mais Agapè) tous les Russes du commun peupl
129 les mécènes ? 2. VIP : Very important person. Se dit de quelques centaines de responsables de la vie américaine, très
130 vre des institutions dont l’Europe ferait bien de s’ inspirer. »
17 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’éloge, l’élan, l’amour, le monde ouvert à ceux qui s’ouvrent, cela existe… (2-3 février 1963)
131 loge, l’élan, l’amour, le monde ouvert à ceux qui s’ ouvrent, cela existe… (2-3 février 1963)w x Le problème « d’exprime
132 aurait sans nul doute échoué dans son « projet » s’ il avait emprunté ses « instruments » à une philosophie, même existent
133 nts » à une philosophie, même existentialiste. Il s’ est fait un langage de peintre, en prose. Plutôt que d’une « rationali
134 que ce soit aux « préjugés spiritualistes » qu’il se heurte, mais plutôt au matérialisme néo-bourgeois, réaliste et morali
135 ’inhibitions, de pièges, de frustrations, et l’on se plaint de manquer d’instruments adéquats pour exprimer ces thèmes reb
136 rien, n’est-ce pas le signe qu’il serait temps de se tourner vers autre chose ? L’éloge, l’élan, l’amour, le monde ouvert
137 loge, l’élan, l’amour, le monde ouvert à ceux qui s’ ouvrent à ses risques, cela existe aussi, qui vous retient ? Écoutez N
138 loge, l’élan, l’amour, le monde ouvert à ceux qui s’ ouvrent, cela existe… », Gazette de Lausanne (supplément littéraire),
139 raire), Lausanne, 2–3 février 1963, p. 20. x. Il s’ agit d’une réponse à l’enquête « Homo helveticus : existe-t-il en Suis
18 1963, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Les mythes sommeillent… ils vont se réveiller [Entretien] (9-10 février 1963)
140 Les mythes sommeillent… ils vont se réveiller [Entretien] (9-10 février 1963)y z Quand Denis de Rougem
141 fil une voix annoncer : “Ici Albert Einstein”. Il se souviendra toujours du choc. Un mythe avait pris corps… “J’ai lu votr
142 t la morale et la raison. Aujourd’hui, les mythes s’ évanouissent. Nous devenons très « raisonnables ». Les arts mêmes ne v
143 es mythes puissent tenter de vaincre. Pardon ! Il s’ en crée maintenant d’énormes et d’inédits. La terre se surpeuple. Chaq
144 crée maintenant d’énormes et d’inédits. La terre se surpeuple. Chaque être est tellement enserré par les autres, tellemen
145 ous les prévisions des démographes. Si l’humanité se développe au même rythme, en 2260 il y aura 700 milliards d’hommes, c
146 boutit à l’absurde (en 2500, personne ne pourrait s’ asseoir sans écraser les pieds d’un autre), mais comment ne pas voir l
147 mémorialement superposées, entrelacées, notre moi s’ est fait. Notre animisme est assez bien formé, assez puissant, assez r
148 sublimation. Vous pensez donc que le mythe, après s’ être longuement abâtardi, commence à se manifester par quelques signes
149 the, après s’être longuement abâtardi, commence à se manifester par quelques signes avant-coureurs ? C’est tout à fait pos
150 avant-coureurs ? C’est tout à fait possible. Ici s’ est terminé notre entretien, ici commence la conférence de Denis de Ro
151 ratiquées ; de morales jadis exclusives, mais qui se superposent ou se combinent à l’arrière-plan de nos conduites élément
152 ales jadis exclusives, mais qui se superposent ou se combinent à l’arrière-plan de nos conduites élémentaires ; de complex
153 e, « [Entretien] Les mythes sommeillent… ils vont se réveiller », Gazette de Lausanne (supplément littéraire), Lausanne, 9
19 1964, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il nous faut des hommes de synthèses (19-20 septembre 1964)
154 matériaux par mer ou par terre ; et chaque groupe s’ appliquait à une tâche particulière. Jusqu’à ce qu’ils fussent frappés
155 es langues diverses, et incapables de plus jamais s’ entendre pour accomplir leur dessein. En effet, chacun des groupes exe
156 t barbarius loquuntur). Si bien que les seuls qui s’ en tinrent à la langue sacrée furent ceux qui avaient refusé de prendr
157 x qui avaient refusé de prendre part à l’œuvre et s’ étaient tenus à l’écart, couvrant d’imprécations la folie des travaill
158 des esprits, publiée vers 1920 : « Les Européens se sont jetés dans une aventure prodigieuse qui consiste à modifier les
159 uvriers en équipes spécialisées et qui bientôt ne se comprendront plus, je veux dire l’Université et ses diverses facultés
160 uts finaux de l’existence dans lequel nous voyons s’ enfoncer, inexorablement, le spécialiste. Essayons de poser le problèm
161 vitesse des communications. Les nations tendent à se regrouper et à s’organiser en de vastes ensembles, par continents, et
162 ications. Les nations tendent à se regrouper et à s’ organiser en de vastes ensembles, par continents, et d’abord en Europe
163 r continents, et d’abord en Europe. Les races qui s’ ignoraient jadis au point qu’un homme de couleur différente ne semblai
164 uleur différente ne semblait pas vraiment humain, se reconnaissent et s’admettent. Déjà l’intégration est à la mode. Demai
165 semblait pas vraiment humain, se reconnaissent et s’ admettent. Déjà l’intégration est à la mode. Demain ce sera le métissa
166 plus ancien symbole des divisions de l’humanité, s’ interpénètrent, et certaines s’universalisent. On n’a jamais autant ap
167 ons de l’humanité, s’interpénètrent, et certaines s’ universalisent. On n’a jamais autant appris de deuxièmes et de troisiè
168 sation… Voilà le premier mouvement, mondial. Tout se rapproche, tout interfère, tout coopère ou tout se mêle, pour le meil
169 e rapproche, tout interfère, tout coopère ou tout se mêle, pour le meilleur et pour le pire. Arrêtons-nous quelques instan
170 ur du monde. Mais en même temps que cette culture se mondialise, dans la mesure où partout on exige ses produits, on imite
171 its, on imite ses techniques et procédés, et l’on se réclame, fût-ce pour les retourner contre l’Europe, de ses doctrines
172 s, et de certaines de ses valeurs — en même temps se manifeste et se prononce, précisément au cœur de sa culture qui fut l
173 es de ses valeurs — en même temps se manifeste et se prononce, précisément au cœur de sa culture qui fut l’agent de la con
174 enseignement supérieur : explosion du savoir, qui se traduit par un accroissement continuel à la fois du nombre et de l’ex
175 ir humain, faculté et spécialité sont en train de s’ éloigner les unes des autres avec une vitesse croissante, comme autant
176 t commun, des fins dernières de l’entreprise, qui se perdent dans les nuées de l’inconcevable. Mais dire que tout langage
177 l’inconcevable. Mais dire que tout langage commun se perd, entre les branches sans cesse multipliées du savoir, c’est dire
178 commune mesure d’une civilisation est en train de s’ évanouir — j’entends par là, sa conception de l’homme universel, cet i
179 e plus, de langage commun, et que les buts finaux s’ obscurcissent, il faut bien voir que cela veut dire aussi, très concrè
180 des salles de la Sorbonne, où déjà les étudiants s’ écrasent une heure avant les grands cours.) L’explosion du savoir est
181 peut-être en psychologie ; rien de comparable ne s’ est produit et ne saurait se produire dans la théologie et la philosop
182 rien de comparable ne s’est produit et ne saurait se produire dans la théologie et la philosophie, ni dans les lettres. Ma
183 originelle soit finale, ne peuvent dès lors plus s’ exercer. Un exemple précis illustrera ce point : Supposons que la théo
184 me ou non à la théologie, et fort probablement ne s’ en soucierait pas. Ainsi chacun va de son côté, et les représentants d
185 n, et particulièrement l’esprit européen, ne peut se résoudre à ce que les routines et l’utilité immédiate suffisent à jus
186 x de catastrophe. Après tout, la tour de Babel ne s’ est pas écroulée sur ses bâtisseurs, ils l’ont seulement abandonnée, n
187 , ils l’ont seulement abandonnée, ne sachant plus s’ expliquer les uns aux autres pour quelles fins ils l’avaient entrepris
188 insécurité. L’intellectuel européen d’aujourd’hui se sent tributaire de disciplines forcément partielles, pouvant à tout i
189 et qui ne peuvent défendre leur « vérité » qu’en se fermant méthodiquement sur elles-mêmes, acceptant ainsi de n’être peu
190 plus tout à fait vraies — mais tant pis, cela ne se sait pas encore ! Cette espèce de résignation intellectuelle correspo
191 a à la fois, sans choix bien motivé sur lequel on se soit accordé ? Il est vrai que ces questions débordent le seul domain
192 tact de la culture européenne, et c’est là qu’ils se posent à eux-mêmes ces questions, et nous les posent avec une insista
193 risation de la philosophie et de la recherche qui s’ est manifestée bien avant la Renaissance, probablement au xiiie siècl
194 uoi travaillez-vous autant ? Or rien de tel ne s’ est produit, autant que l’on sache, dans les cultures sacrées et homog
195 moins, le parti qui l’interprète). L’Europe seule se voit obligée de rechercher sans cesse, en d’infinis débats, les princ
196 donner une réponse satisfaisante. Le spécialiste se récuse méthodiquement et met dans ce refus tout son sérieux. Et je vo
197 de la réalité de la matière et du corps, où Dieu se manifeste) et le développement des sciences physiques et naturelles d
198 qui leur posent ces questions fondamentales, ils se verraient conduits à dépasser leur régime de spécialités académiques,
199 ès, il faudrait que le théologien soit capable de se référer non seulement aux conciles et aux textes sacrés, mais aux fon
200 mple, c’est que l’Europe de l’esprit ne peut plus se présenter devant le monde qu’elle a réveillé, dans le désordre spirit
201 et l’éducation permanente qu’on nous propose, qui s’ étendrait du berceau à la tombe, ne laisserait guère le temps de vivre
202 super-savants. Pic de la Mirandole, aujourd’hui, se verrait contraint de choisir entre une carrière de brillant vulgarisa
203 de la recherche la plus hautement spécialisée qui s’ est vue conduite par les nécessités internes de son cheminement, à déb
204 Carrefours de vérités Une phrase de Spinoza s’ est fixée dans mon souvenir dès l’adolescence : « D’autant plus nous c
205 t à partir desquels l’esprit de synthèse pourrait s’ exercer. Le nombre optimum des participants de tels groupes me paraît
206 enre, c’est la qualité personnelle des hommes qui s’ y livrent : sinon une bonne machine électronique, convenablement infor
207 ire. Ce qui importe, ce n’est pas que la synthèse s’ opère dans le vide, ou au ciel des Idées, — car là sans doute toutes l
208 stent déjà en puissance — et pas non plus qu’elle s’ inscrive devant nous, sur quelque carte perforée, comme un résultat ob
209 objectif ; ce qui importe, c’est que la synthèse s’ actualise, qu’elle s’opère donc dans un esprit, dans une personne, car
210 porte, c’est que la synthèse s’actualise, qu’elle s’ opère donc dans un esprit, dans une personne, car là seulement elle pe
211 nthèse, un type nouveau d’hommes de pensée en qui s’ incarne une sorte de conscience conjoncturelle de l’évolution de nos r
212 ls auront pris conscience de ce qu’ils ne peuvent se contenter d’être seulement des spécialistes. Favoriser ou fomenter ce
213 ns des universités nouvelles pourraient librement s’ accorder aux optima que votre Conférence se préoccupe d’établir et que
214 rement s’accorder aux optima que votre Conférence se préoccupe d’établir et que proposent avec beaucoup de sagesse, me sem
215 Léo Moulin, sous le titre d’indice Nobel, et qui se fonde sur le nombre de prix Nobel de sciences par million d’habitants
216 cifiques de notre civilisation, à l’heure où elle se répand d’une manière anarchique sur tous les continents de la planète
217 une anxiété mêlée d’arrogance, à l’heure où elle s’ interroge elle-même plus qu’elle n’a jamais fait dans son histoire. Ce
218 liste de thèmes, vous le sentez, ne demande qu’à s’ allonger au gré de vos désirs. Quant aux relations entre un tel Centre
219 is… Comment baptiser l’entreprise ? Elle pourrait se réclamer de beaucoup de noms illustres, d’hommes qui ont rêvé l’Acadé
220 hommes. 3. Je n’ignore pas les tentatives qui se dessinent, aux États-Unis notamment, pour faire de la mathématique un
20 1965, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Un écrivain suisse (20-21 mars 1965)
221 us leurs pays. Pourtant je vois cette possibilité s’ illustrer d’une manière exemplaire dans l’œuvre et la carrière de Carl
222 onne, le style, la formule créatrice résultent et se composent, précisément, de cette pluralité des données culturelles qu
223 es, héritiers d’une longue tradition humaniste où se mêlent intimement germanisme et latinité, esprit de la cité et cosmop
21 1966, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Stampa, vieux village… (15-16 janvier 1966)
224 Flore, chez Lipp, depuis vingt ans et plus qu’on se rencontrait, je ne l’avais jamais vu dans sa réalité et nous n’avions
225 ur-là, il triturait une mince colonne de terre et se plaignait — « c’est l’enfer ! », disait-il. De la matière fuyait entr
226 disait-il. De la matière fuyait entre ses doigts, s’ effilait et refusait de remplir le volume normal d’un corps, d’une têt
227 r le volume normal d’un corps, d’une tête. « Cela s’ allonge et s’amincit par une poussée irrésistible de bas en haut, rien
228 ormal d’un corps, d’une tête. « Cela s’allonge et s’ amincit par une poussée irrésistible de bas en haut, rien à faire, c’e
22 1966, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). André Breton à New York (8-9 octobre 1966)
229 promission avec tous les snobismes à l’affût.) Il se plaignit, très gentiment, de ce que durant nos années parisiennes, no
230 ’un cordonnier dans le Morvan, les deux portraits se faisant face de la mère Angélique Arnaud et de Marat : l’accord du ja
231 éjetée, insultée jusqu’à l’âme. D’autres fois, il se contentait d’un ou deux coups d’épingle très courtois, ou d’une épith
232 ier encore au-delà de ses plus folles espérances, s’ en allait subitement dégonflé. (Combien de poètes, et plus encore de p
233 plus encore de peintres, n’ont jamais pu vraiment s’ approuver dans leur cœur, parce que Breton ne les avait pas admis et c
234 u’on eût dit nées des comédies de Shakespeare. On se rencontrait chez l’un ou l’autre, faute de terrasses de café, une ou
235 de café, une ou deux soirées par semaine, et l’on se livrait avec beaucoup de sérieux à des jeux d’écriture ou de télépath
236 néfice de l’extrême fraîcheur. » Jamais Breton ne s’ est mieux défini. Je pense au soir où il déclara qu’il était temps d’a
23 1966, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Jacques Chenevière ou la précision des sentiments (22-23 octobre 1966)
237 d’une maison rustique ; une rue de Paris où l’on se hâte vers l’école ; le travail, et au fil des années, sa longue amiti
238 s livres mêlés, peut-être quatre, et qui voudrait s’ en plaindre ? (C’eût été bien mal vu des professeurs dans ma jeunesse,
239 l’action — et l’on dirait ici qu’un nouveau livre se propose — quelques événements silencieux exigent leur durée, leur cha
240 bjectif (si bien nommé) et pourtant quelque chose s’ est passé puisque en demeure dans le souvenir cette trace toujours viv
241 e l’autre guerre mondiale, une délégation du CICR se rend à Rome pour essayer de sauver les blessés bombardés par les Ital
242 que l’attention soit évidente, concentrée. » Tout s’ étant bien passé, les délégués s’en vont. « Je ne pus me retenir de re
243 ncentrée. » Tout s’étant bien passé, les délégués s’ en vont. « Je ne pus me retenir de regarder, deux secondes par-dessus
244 restesse. » Plusieurs chapitres ici ou là, et qui se multiplient vers la fin du recueil (mais souvent trop rapides à mon g
245 deur peut-être, ou comme si l’auteur redoutait de s’ exposer trop longtemps aux rayons du souvenir) rappellent les amis dis
246 sa bouche grande, charnue et bien peinte », même s’ il s’agit seulement des robes que leur composait Worth trente ans plus
247 ouche grande, charnue et bien peinte », même s’il s’ agit seulement des robes que leur composait Worth trente ans plus tôt
248 our (« Avouez que nous étions un peu rivales… »), s’ élève jusqu’au sublime dans la frivolité et touche aux ravissements d’
249 parfois un peu rêveuse du Genevois, voilà de quoi se fait un style, unique dans nos lettres romandes. Entre le Paul Morand
250 t tout le reste est linguistique, dirait Verlaine s’ il revenait parmi nous. 4. Retours et images, Éditions Rencontre.
24 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Entretien avec Denis de Rougemont (6-7 avril 1968)
251 aisait paraître un Cahier de revendications , où s’ exprimaient tous les mouvements partisans d’une révolution. En reprena
252 ans ces journaux, qui ne sont pas des mémoires et se tiennent à égale distance de la chronique et du journal intime, s’exp
253 le distance de la chronique et du journal intime, s’ exprime l’évolution d’une sensibilité européenne, beaucoup plus que de
254 Rien de tout cela n’a les mêmes frontières et il se produit là un jeu complexe d’exclusions et d’inclusions, qui s’oppose
255 un jeu complexe d’exclusions et d’inclusions, qui s’ oppose d’une manière systématique à toute idée de nationalisme. Il fau
256 aux particularités d’un pays, d’une région, qu’il s’ agisse du monde germanique ou de la France. Maintenir les contraires
257 u bien l’on intériorise l’événement, ou bien l’on se projette en lui sous le masque d’une relation toujours prête à fourni
258 , en somme… » Cette tension entre la personne qui se crée et l’époque qu’elle vit n’est-elle pas la caractéristique fondam
259 e œuvre ? Certainement, et c’est un mouvement qui se retrouve à tous les niveaux. Je pense qu’il faut maintenir dans un in
260 ropos recueillis par Henri-Charles Tauxe. ai. Il s’ agit sans doute d’une erreur de transcription : Rougemont se réfère ic
261 s doute d’une erreur de transcription : Rougemont se réfère ici à L’Ordre nouveau, non à Hic et Nunc .
25 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il faut réinventer l’Université (29 juin 1968)
262 isse (comme en France, naguère encore), celui qui s’ interroge sur le destin de l’Université commence par brider sévèrement
263 commune autonome, qui assure sa propre police et s’ administre elle-même. Elle est formée par la totalité (universitas) de
264 n même État. À part cela, elles n’ont plus rien à se dire, ni au fond rien à faire ensemble. 3. L’Université au vrai sens
265 de chercher et de dire le Sens de la société. Il se pourrait qu’au nom du Sens, elle soit amenée à contester les finalité
266 herche, initiative créatrice donc risquée. Là, on s’ efforce de « s’adapter aux besoins de la société », ici, on chercherai
267 ive créatrice donc risquée. Là, on s’efforce de «  s’ adapter aux besoins de la société », ici, on chercherait plutôt les mo
268 doit donc précéder l’Université, et l’une ne peut se désintéresser des problèmes de l’autre. 7. Je propose que l’on trait
269 cision aux finalités des différentes tâches qu’on se propose. 9. Le fédéralisme, au contraire du nationalisme cantonal, n
270 méthode, la seule à mon avis qui ait le droit de se réclamer du fédéralisme. 10. Pourquoi des universités ? Question univ
271 de l’Université : une école, en effet, ne saurait se la poser. Il faut l’Université parce qu’un centre de contestation est
272 t degré pour chaque discipline ; dans l’autre, on se livrera à une perpétuelle mise en question de chaque discipline par l
273 nze étudiants pour un maître. Ces groupes pouvant se combiner librement et de manières variables, en départements, selon l
274 cathedra doivent être conservés : ainsi quand il s’ agit d’exposer les recherches inédites qu’un maître est en train de fa
275 niversitaires mais sur sa valeur comme praticien, s’ il enseigne dans une école, et comme créateur intellectuel, s’il ensei
276 e dans une école, et comme créateur intellectuel, s’ il enseigne dans une Université. 15. Les recherches spécialisées en ph
277 ional (voire international) et dans un seul lieu, s’ impose donc. Au contraire, les recherches interdisciplinaires (science
278 peu coûteuses, demandent peu d’espace, et peuvent s’ organiser n’importe où, à la campagne, dans un village ou dans une vil
279 nom. 16. Il ne faut pas redouter qu’une tension s’ institue entre écoles professionnelles et Université. Ce qu’il faut re
280 d’écoles professionnelles (ou facultés) que l’on s’ obstine encore à nommer des universités. 18. Il ne faut pas détruire c
281 e perdre le sens, en même temps que les moyens de s’ en apercevoir. 5. Voir notamment mon discours prononcé devant les 2
26 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’écrivain et l’événement (7-8 septembre 1968)
282 échi aux rapports de l’écrivain et de l’événement se définissant l’un par l’autre, se mettant l’un l’autre en question. Mo
283 t de l’événement se définissant l’un par l’autre, se mettant l’un l’autre en question. Mon premier livre paru à Paris s’ou
284 autre en question. Mon premier livre paru à Paris s’ ouvrait par un chapitre sur « l’engagement du clerc », sa nécessité et
285 croit bonnement qu’un auteur engagé est celui qui s’ en est remis une fois pour toutes à la politique d’un parti, quand il
286 s pour toutes à la politique d’un parti, quand il s’ agit de prendre une position publique. L’engagement supposait à mon se
287 lifier, je distinguerai trois types d’auteurs qui se définissent par leur rapport à l’événement : le ludion, le contestate
288 par l’angoisse du syndrome totalitaire tel qu’il se constituait alors dans l’inconscient des peuples. Entre ces deux extr
289 (bien plus radicalement que le contestateur) mais s’ il la juge et la refuse, c’est au nom d’une vision meilleure — qu’il a
290 s le meilleur écrivain dans chaque catégorie peut se reconnaître au fait qu’il participe peu ou prou des deux autres : rep
291 égime et au nom d’un autre régime qui ferait pire s’ il le pouvait. Cela comporte : donner réponse, dire la réalité du mond
292 époque, la révolte contre elle de tout homme qui se veut tel, et l’annonce admirable d’un monde équilibré. ak. Rougem
27 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Vers l’Europe des régions [Entretien]
293 de vingt ans afin d’aider tous les mouvements qui se dessinent en faveur d’une coopération au niveau culturel. Nous avons
294 tuts d’études européennes qui étaient en train de se constituer dans différentes universités. Nous avons pris contact avec
295 tution ; l’Allemagne en 11 Länder ; et maintenant se dessine en France un grand mouvement qui vient d’être appuyé par de G
296 tain nombre de régions. Je pense qu’on finira par se mettre d’accord assez vite pour la France sur une dizaine de régions,
297 que ces régions, définies surtout par l’économie, se définissent aussi par la culture et quelquefois par l’ethnie comme da
298 ’Europe, c’est l’union. Si l’union de l’Europe ne se fait pas, nous serons colonisés par le dollar et peut-être par une ce
299 bre de jeunes sociologues et économistes français s’ étant penchés sur ce problème. L’union mondiale ne sera concevable que
300 problème. L’union mondiale ne sera concevable que s’ il existe une solide fédération européenne. Ce sera le point d’accroch
301 uifs ni Grecs. » Cette responsabilité de l’Europe s’ oppose aux racismes et aux guerres d’extermination de races. Les probl
302 la racine d’ordre philosophique ou religieux. Il s’ agit de transposer sur les plans économique et politique les conséquen
28 1968, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Jean Paulhan (19-20 octobre 1968)
303 escalier de la NRF Henry Michaux, qui me dit en s’ arrêtant sur le dernier palier : « Est-ce que vous sentez toujours vot
304 tente et sa folle exigence ; en ce temps-là. Elle s’ adressait à cela dans la littérature dont il nous paraissait tout à fa
305 its par l’écriture et la logique, et son autorité se fondait ailleurs : dans le style de la NRF . Ce n’était pas le sien,
306 on puisse imaginer ! La presse, depuis vingt ans, s’ obstine à le traiter d’éminence grise de nos lettres. Il était tout le
307 ne mystifiante naïveté — comme il lui arrivait de s’ en poser à lui-même, et parfois d’y répondre par un opuscule. « Ah ! j
308 t lu dans la Revue de Genève , il me demandait «  s’ il m’intéresserait quelque jour de collaborer à la NRF  ». J’étais ad
309 veur : « Comme il est difficile, n’est-ce pas, de se libérer de ses origines protestantes. » Je dis : « Pourquoi ne pas le
310 ’a jamais songé.) Je l’ai surpris, notre dialogue s’ est noué, et il se poursuivra dans plusieurs de mes livres, d’une mani
311 Je l’ai surpris, notre dialogue s’est noué, et il se poursuivra dans plusieurs de mes livres, d’une manière que je suis se
312 seconde, dont je croyais d’abord qu’elle pouvait se suffire. Longtemps, Jean P. (comme il signait ses brefs billets) a jo
313 vertus majeures de l’œuvre entière : Victor Hugo se prenait pour un pape, Lamartine pour un homme d’État et Barrès pour u
314 ant exige le triomphe d’une éthique nouvelle, qui se fonde sur le crime et la merveille. « La poésie, dit-il, a pour cela
315 ui semble chose si grave qu’il a pris le parti de se taire. Je ne sais s’il est vrai que les hommes de lettres se soient c
316 ave qu’il a pris le parti de se taire. Je ne sais s’ il est vrai que les hommes de lettres se soient contentés jadis de dis
317 e ne sais s’il est vrai que les hommes de lettres se soient contentés jadis de distraire d’honnêtes gens. (Ils le disaient
318 Lettres ne leur doivent. Et qui pourrait tolérer, se demande un jeune homme, de n’être pas écrivain ? Cet état « singulie
319 littérature n’autorise pas trop d’optimisme. Il se peut que les hommes soient devenus plus exigeants. Il se peut aussi q
320 que les hommes soient devenus plus exigeants. Il se peut aussi que les Lettres soient devenues moins donnantes. Tout se p
321 les Lettres soient devenues moins donnantes. Tout se passe comme s’il y avait à leur endroit je ne sais quoi de libre, de
322 ent devenues moins donnantes. Tout se passe comme s’ il y avait à leur endroit je ne sais quoi de libre, de joyeux et peut-
29 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Témoignage sur Bernard Barbey (7-8 février 1970)
323 sentiments et celui des campagnes désolées où il se développe. Paysages tristes et sans violence, autour de ces êtres don
324 l’analyse pour ne plus évoquer que des visions où se condense le sentiment du récit. Dans Le Cœur gros un parc avant l’ora
325 epublier ces deux romans très courts, dont l’écho se prolonge dans ma mémoire. C’est moins la suite de la carrière littéra
326 uelqu’un que l’on sentait si naturellement prêt à s’ oublier lui-même ? C’est sans nul doute à la très amicale et délicate
327 aire), Lausanne, 7–8 février 1970, p. 21. ap. Il s’ agit de La Confédération helvétique (1953) et de La Suisse ou l’his
30 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). La cité européenne (18-19 avril 1970)
328 base existe, sur laquelle fonder cette union. Il s’ agit de l’unité d’une culture, de laquelle participent tous les Europé
329 la formule même de l’unité européenne : « Ce qui s’ oppose coopère, et de la lutte des contraires procède la plus belle ha
330 ces valeurs grecques, romaines et chrétiennes qui se contredisent avec passion ne se détruisent pas pour autant : entre le
331 t chrétiennes qui se contredisent avec passion ne se détruisent pas pour autant : entre leurs triomphes alternés, elles du
332 stence quotidienne de 700 millions de Chinois qui se croyaient confucianistes, bouddhistes, ou sans croyance aucune… Mais
333 ue. Faut-il enfin rappeler l’apport arabe, qui ne se limite pas au zéro précédant la suite des nombres, mais qui est l’une
334 agit et vit en nous de mille manières. Tout cela se combine en figures et en structures variées à l’infini, mais dont la
335 À ses yeux — et cela peut servir à le définir — «  se distinguer » ou « être distingué » est synonyme d’honneur mérité ou r
336 nt à penser sincèrement qu’ils ne pourront jamais s’ unir, même s’il le faut, du fait qu’ils n’ont en somme rien de commun 
337 incèrement qu’ils ne pourront jamais s’unir, même s’ il le faut, du fait qu’ils n’ont en somme rien de commun ! Un jour, ta
338 L’Européen ne serait-il pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen dans la mesure précise où il doute qu’il le
339 ù il doute qu’il le soit, et prétend au contraire s’ identifier soit avec l’homme d’une seule nation de cette Europe dont i
340 problème ainsi formulé : car l’unité différenciée se traduit tout naturellement par l’union dans la diversité, et cette fo
31 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). L’Europe et le sens de la vie (25-26 avril 1970)
341 précis et sans échappatoire possible désormais : s’ unir, au-delà de nos fausses souverainetés, pour préserver nos vraies
342 core, les idéologies et les religions, sommées de s’ arrêter sur une ligne de barbelés électrifiés. C’est livrer sans recou
343 u sincère, que cet État-nation qui, d’autre part, se révèle incapable de répondre aux exigences concrètes de notre temps,
344 se de cet obstacle radical à toute union que l’on s’ efforce depuis vingt-cinq ans d’unir l’Europe ! Voilà qui explique suf
345 Pour la première fois dans son histoire, l’homme se voit aujourd’hui en situation de choisir librement son avenir. Jusqu’
346 nt délibérés, concertés à long terme : il fallait se battre pour survivre. Aujourd’hui que le nécessaire est assuré, on se
347 vre. Aujourd’hui que le nécessaire est assuré, on se bat pour le contrôle de zones d’influence plus idéologiques que comme
348 e prix d’un confort toujours accru ? Ces dilemmes se posent aujourd’hui à tous les peuples avancés sous le rapport de l’in
349 selon la loi de l’État-nation dès ses débuts. Il s’ agit donc d’une utopie catastrophique, mais dont la réalisation ne sau
350 réduire l’obstruction des stato-nationalismes, et se consacrer sérieusement à la tâche de construire des modèles neufs pou
351 tière. Nos États-nations, obsédés par l’idée de «  se faire respecter », oublient qu’ils n’y arriveraient qu’en se rendant
352 specter », oublient qu’ils n’y arriveraient qu’en se rendant utiles. Ils exigent, depuis Louis XIV, que l’on s’incline dev
353 t utiles. Ils exigent, depuis Louis XIV, que l’on s’ incline devant la « majesté de l’État ». Mais non ! L’État n’est pas u
32 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Une réflexion sur le mode de vie plutôt que sur le niveau de vie (2 juin 1970)
354 les salaires dépendent de ce qui précède. De quoi se plaint-on ? C’est ici qu’interviennent les deux questions que vous av
355 disent : « À l’heure où il n’est question que de s’ ouvrir à l’Europe, pourquoi nous fermer devant les travailleurs étrang
356  » C’est confondre deux sens bien différents de «  s’ ouvrir à… » Si s’ouvrir à l’Europe signifie supprimer les frontières é
357 e deux sens bien différents de « s’ouvrir à… » Si s’ ouvrir à l’Europe signifie supprimer les frontières économiques et int
358 ’appoint des travailleurs étrangers, cet argument se détruit lui-même : car dans une Europe intégrée, il n’y a plus « d’éc
359 y a seulement une économie européenne. Mais si «  s’ ouvrir à l’Europe » signifie seulement importer autant de travailleurs
360 inuent à croître, cela revient, paradoxalement, à s’ enfermer dans un concept d’économie « nationale », par définition non
361 On constate au contraire que les travailleurs ne se déplacent en général que s’ils y sont fortement incités, s’ils sont e
362 e les travailleurs ne se déplacent en général que s’ ils y sont fortement incités, s’ils sont en quelque sorte recrutés, à
363 nt en général que s’ils y sont fortement incités, s’ ils sont en quelque sorte recrutés, à l’instar des soldats du service
364 elle n’établit pas ses plans en conséquence et ne s’ engage pas à les réaliser, alors je dis : votez pour, votez contre, da
365 député zurichois sera des plus utiles aux Suisses s’ il les amène à se poser — bien au-delà du 7 juin et de ses résultats —
366 sera des plus utiles aux Suisses s’il les amène à se poser — bien au-delà du 7 juin et de ses résultats — les questions su
367 ». Il est précédé du chapeau suivant : « Invité à se prononcer sur notre double question — intégrité de l’État dans l’Euro
33 1970, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Le testament de Tristan (14-15 novembre 1970)
368 oter son exil. Mais j’ai tort de dire France : il s’ agit des Français, et de Gaulle a toujours distingué. Toute ma vie, j
369 vouée à une destinée éminente et exceptionnelle… S’ il advient que la médiocrité marque, pourtant, ses faits et gestes, [c
370 gurait le Pays légal, la République. Puis il a dû s’ éloigner d’elle et de la Cour, de nouveau, écœuré par l’intrigue des «
371 est en 1958. « Mais la vraie passion tristanienne se nourrit de retraits et d’obstacles, quitte à les susciter s’ils sembl
372 de retraits et d’obstacles, quitte à les susciter s’ ils semblent faire défaut. Entre la France et lui, quand il était le p
373 s écrits à travers lesquels, au long des siècles, s’ est manifestée l’idée d’Europe, ce sont les cheminements de la conscie
374 din de l’ère des Nations a choisi délibérément de se faire écarter du pouvoir en liant son sort au symbole même de l’ère n
375 ivant : « De Gaulle est mort le jour où la Suisse se préparait à discuter avec le Marché commun. Ce hasard marquera-t-il l
34 1971, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Pourquoi j’écris (30-31 janvier 1971)
376 auvais auteur). Et c’est beaucoup plus tard qu’on s’ inventera de belles et bonnes raisons d’écrire pour exposer, pour conv
377 d nullement du processus de la pensée en train de se former par écrit : vote des femmes ou guerre du Vietnam, par exemple,
378 e de la pensée proprement poétique, l’horizon qui se définit par rapport à notre progrès. ⁂ Ce n’est qu’au début d’une car
379 ais d’un discours, d’un livre, d’un article qu’il s’ agit de donner à date fixe — et de tout ce qu’il faut bien ajouter à q
35 1971, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Au défi de l’Europe, la Suisse (31 juillet-1er août 1971)
380 et les arts réduits, paraît-il, à celui de ne pas se mouiller. Nous savons que la Suisse, c’est autre chose. Mais quoi ? C
381 rance8 auquel la Gazette demandait dernièrement s’ il pensait que l’on devait faire l’Europe sur le modèle de la Suisse,
382 t généralisable. » Réponse plutôt comique si l’on s’ avise que le fédéralisme n’a jamais été ni pu être une « solution » au
383 iversaire de la Confédération helvétique, de quoi s’ agit-il ? Ni de l’anniversaire d’une dynastie — les Zähringen et les K
384 une authentique fédération dans la mesure où elle s’ est formée par la libre association de communes rurales et urbaines, d
385 siècle celle de trois communes du Gothard et qui se « généralisa » par la suite aux XIII cantons ligués, puis à l’union d
386 tous que la formule de l’État-nation napoléonien s’ oppose radicalement à toute union de l’Europe, et que sa généralisatio
387 ble pour les Européens qui éprouvent le besoin de s’ associer librement par-dessus les frontières, ces « cicatrices de l’hi
388 es armes. Mais alors, me dit-on, si la fédération s’ étend de proche en proche à l’Europe tout entière, la Suisse ne va-t-e
389 l’Europe tout entière, la Suisse ne va-t-elle pas s’ y perdre ? — C’est oublier ce qu’est la Suisse. Dans une Europe unie,
390 e qu’est la Suisse. Dans une Europe unie, loin de se perdre, elle se retrouverait agrandie, prolongée dans l’espace et le
391 se. Dans une Europe unie, loin de se perdre, elle se retrouverait agrandie, prolongée dans l’espace et le temps, au-delà d
392 qu’elle fut au Grütli, berceau mythique. Une idée se perd-elle en se généralisant, et une formule d’union en fécondant des
393 rütli, berceau mythique. Une idée se perd-elle en se généralisant, et une formule d’union en fécondant des unions toujours
394 plus nombreuses ? Ceux qui ont peur que la Suisse se perde dans une Europe fédéraliste montrent par là qu’ils ne savent pa
395 surer la paix en Europe… Si cet idéal de l’avenir se réalise, la nationalité suisse de caractère international devra s’inc
396 tionalité suisse de caractère international devra s’ incorporer à la communauté de la Grande Europe. De cette façon, elle n
397 n, elle n’aura pas vécu en vain, ni sans gloire. S’ évanouir dans le succès de notre idée et d’une formule d’union qui est
398 il reste à savoir, et c’est ce qui nous inquiète. S’ il n’y a plus de frontières tangibles, plus de douaniers, où sera la S
399 nos « patriotes » désorientés. Or il est sain de se demander, au minimum une fois par an, ce que nous faisons là, et pour
400 le voudront seront alors les vrais Suisses. « Et s’ il n’en reste qu’un… », disait Victor Hugo, reprenant un vers de Corne
401 or Hugo, reprenant un vers de Corneille. 8. Il s’ agit d’une interview de M. Raymond Aron, publiée dans la Gazette de La
36 1971, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Une dimension nouvelle (11-12 septembre 1971)
402 grande et en partie secrète. Trop passionné pour se montrer jamais sentimental, trop pessimiste pour moraliser, et avec t
37 1972, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Il faut dénationaliser l’enseignement [Entretien] (8 décembre 1972)
403 é qu’à demi la réédition des Méfaits, soit qu’ils se sentent attaqués dans leur conscience professionnelle, soit qu’ils ju
404 Merci, vous nous vengez. » Vos critiques semblent s’ adresser surtout à un système scolaire très centralisé, comme le systè
405 suite, par le biais européen, j’ai pu voir ce qui se faisait ailleurs. Et j’ai constaté qu’ailleurs, notamment en France,
406 sens peut avoir pour un enfant l’histoire suisse, s’ il ignore celle de sa région ? À Couvet, j’ai tout appris sur les Wald
407 ntières nationales. En finir avec les fleuves qui s’ arrêtent de couler à la frontière sur les croquis de géographie. Une
408 e face à ce problème. Il faudrait qu’ils puissent s’ arrêter, sortir de l’urgent et du quotidien, pour pouvoir tout reconsi
409 ites, l’élève pourra « trotter à son pas, galoper s’ il le peut à travers les programmes, bride sur le cou ». Dans le secon
410 chez tous les enfants une sorte de besoin inné de s’ instruire et de s’entraider. Pour lui, l’homme naît bon, et l’école le
411 nts une sorte de besoin inné de s’instruire et de s’ entraider. Pour lui, l’homme naît bon, et l’école le corrompt. Or je c
412 es : aux États-Unis. Plus d’autorité du maître Il se forme spontanément des groupes, autour d’un chef, fanatiquement obéi,
413 ’importe quoi… À l’autorité défaillante du maître se substitue celle d’un camarade. Vous ne croyez pas à la « socialisatio
414 de communiquer avec ses semblables, mais aussi de se retrouver face à lui-même. Lui imposer la société permanente des autr
415 lisme, qui est si mal compris, même en Suisse. Il s’ agit de mettre en relation des éléments — dans le cas européen, des ré
416 ion. Là encore, supposez qu’un équilibre statique s’ installe : c’est la mort. Tout ce système est cohérent. Vous en trouve
417 talents paralysés par les structures actuelles de s’ exprimer. On ne peut pas forcer les gens à être bons ou intelligents,
418 eur intelligence aient au moins la possibilité de s’ exercer. La modification des structures ne suffit pas, les efforts ind
419 t français était traduit d’un mot grec. Tout cela se gravait merveilleusement dans ma tête, parce que je m’en croyais l’in
420 tracteur et l’auto. » 11. « Le sort de l’an 2000 se joue dans nos écoles », Civisme européen, Genève, mars 1972, publié p
421 ce pamphlet d’une soixantaine de pages, l’auteur se livrait à un éreintement impitoyable du système scolaire, “vaste dist
38 1972, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Merveilleux Lavaux (23-24-25 décembre 1972)
422 tivité l’a démontré. Mais, que le centre du monde se situe réellement quelque part dans les airs au-dessus du Léman, à mi-
423 tact avec la nature, et ce contact pour lui vital s’ est révélé mortel pour la nature. C’est l’histoire d’un amour fatal :
424 touriste découvre un endroit solitaire, la foule s’ y jette et le supprime. L’homme a besoin de solitude. Mais la plupart
425 e où les problèmes de la survie d’un lieu sublime se posent en des termes semblables. Ainsi, qu’est-ce que sauver Venise ?
426 Les artisans du livre, auteurs des textes, qu’ils s’ appellent Paul Chaudet, Claude Massy, Jean Villars-Gilles, François De
39 1984, Gazette de Lausanne, articles (1940–1984). Philosophie et énergie nucléaire : une mise au point (28 juin 1984)
427 autonomie en particulier. Mais j’ai changé, qu’on se rassure, et même à 180°, comme on a cru pouvoir me le reprocher dans
428 e 1984. Je la rappelle : Selon que (notre) choix se portera sur le nucléaire ou sur le solaire, nous aurons soit une soci