1 1932, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Hic et nunc [éditorial] (novembre 1932)
1 b Il existe — hic et nunc — un certain nombre de choses à dire, un certain ordre de vérités qu’il n’est plus possible
2 certain nombre de choses à dire, un certain ordre de vérités qu’il n’est plus possible de taire. Mais c’est en vain que no
3 ertain ordre de vérités qu’il n’est plus possible de taire. Mais c’est en vain que nous cherchons autour de nous leur lien
4 Pareille constatation ne peut nous signifier rien d’ autre qu’une invitation pressante à créer ce lien et ce lieu : ce lieu
5 on pressante à créer ce lien et ce lieu : ce lieu de témoignage où puissent être dites avec tout le sérieux, toute l’ironi
6 uxquels, peut-être mieux qu’à nous, il sera donné de les comprendre en vérité, c’est-à-dire de les réaliser en obéissance.
7 a donné de les comprendre en vérité, c’est-à-dire de les réaliser en obéissance. ⁂ En face d’une pensée religieuse qui s’é
8 ines ces démons que seule la prière peut délivrer d’ eux-mêmes ; en face d’une pensée religieuse qui, pour tout dire, trahi
9 religieuse qui, pour tout dire, trahit sa mission de scandale, et tente lâchement de réduire le divin au « surhumain » (c’
10 trahit sa mission de scandale, et tente lâchement de réduire le divin au « surhumain » (c’est-à-dire au « trop humain »),
11 le transcendant au temporel, il y a lieu et ordre d’ attester que nous n’avons rien mérité, sinon la colère de Dieu. En fac
12 ter que nous n’avons rien mérité, sinon la colère de Dieu. En face de morales de plus en plus débilitantes, asservies à la
13 e, et à la lâcheté publique, il y a lieu et ordre d’ attester la scandaleuse doctrine du « salut de grâce et bonté pure »,
14 dre d’attester la scandaleuse doctrine du « salut de grâce et bonté pure », du salut par la foi, par l’abandon aux mains d
15 es hommes et ne voient même pas qu’ils n’ont plus de réponses à offrir à leurs perpétuelles et urgentes questions ; en fac
16 urgentes questions ; en face de philosophies qui de Descartes à Kant, ou de Hegel à Marx, ont cru pouvoir nous sauver de
17 face de philosophies qui de Descartes à Kant, ou de Hegel à Marx, ont cru pouvoir nous sauver de l’angoisse en fondant l’
18 , ou de Hegel à Marx, ont cru pouvoir nous sauver de l’angoisse en fondant l’être humain sur soi-même, sur l’intelligence
19 lonté supposées non déchues, il y a lieu et ordre d’ attester avec l’un des prophètes de ce temps, que la raison d’un homme
20 lieu et ordre d’attester avec l’un des prophètes de ce temps, que la raison d’un homme n’est pas sa raison d’être : « Cog
21 vec l’un des prophètes de ce temps, que la raison d’ un homme n’est pas sa raison d’être : « Cogitor, ergo sum. » (Je suis
22 mps, que la raison d’un homme n’est pas sa raison d’ être : « Cogitor, ergo sum. » (Je suis pensé…). En face d’une civilisa
23 et qui s’appelle Production, il y a lieu et ordre d’ attester qu’« une seule chose est nécessaire ». Et qu’heureux sont les
24 sont les pauvres en esprit. ⁂ Notre but n’est pas d’ imposer des idées, un système nouveau, plus ou moins cohérent. Ce sera
25 veau, plus ou moins cohérent. Ce serait alimenter de nouvelles discussions, exciter des oppositions stériles, purement int
26 s positions que, peut-être, ils étaient bien près d’ abandonner. Il nous est indifférent, en principe, de nous opposer à te
27 abandonner. Il nous est indifférent, en principe, de nous opposer à telles idées courantes, ou de confirmer telles autres.
28 ipe, de nous opposer à telles idées courantes, ou de confirmer telles autres. Car notre opposition ne prendra jamais son p
29 Car notre opposition ne prendra jamais son point de départ dans ces idées mêmes, mais bien dans une réalité qui les domin
30 es. Avant tout, après tout, il ne peut s’agir que d’ une chose : témoigner, aussi fortement que possible, d’une vérité dont
31 chose : témoigner, aussi fortement que possible, d’ une vérité dont nous ne sommes pas les auteurs, mais dont l’essence mê
32 comme un ordre, personnellement adressé à chacun de nous. Vérité actuelle aux deux sens de ce mot, qui sont acte et prése
33 é à chacun de nous. Vérité actuelle aux deux sens de ce mot, qui sont acte et présence. Et certes notre activité serait i
34 re activité serait injustifiable si nous tentions de la justifier par des arguments, au lieu d’entrer sans plus tarder en
35 es hommes. Ceci n’est rien, en vérité, qu’un acte de soumission et d’espérance, car ce n’est pas aux hommes que nous dison
36 ’est rien, en vérité, qu’un acte de soumission et d’ espérance, car ce n’est pas aux hommes que nous disons : nous voici.
37 e nous disons : nous voici. a. Rougemont Denis de , « Hic et nunc », Hic et Nunc, Paris, novembre 1932, p. 1-3. b. Text
2 1932, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Principe d’une politique du pessimisme actif (novembre 1932)
38 Principe d’ une politique du pessimisme actif (novembre 1932)c …que nous faison
39 exactement le paradoxe est la marque et la preuve de toute réalité en tant que saisie et vécue, c’est-à-dire assumée par l
40 tionaliste, catholique, ou marxiste, c’est sortir de la réalité même. Car la réalité est précisément ce qui nous met en re
41 nelle et immédiate avec Dieu : et que la relation d’ un être déchu avec son Créateur ne puisse être que paradoxale, cela es
42 ur ne puisse être que paradoxale, cela est clair, d’ une clarté proprement aveuglante et même insupportable, si nous n’avio
43 lement accessible au plus profond du désespoir et de la nuit, par la foi seule, — qui ne vient pas de nous. Telle est la d
44 elle est la démarche paradoxale, « dialectique », de la vie chrétienne : elle rejette tout espoir qui ne serait pas le seu
45 serait pas la seule promesse : espoir et promesse de la foi, — et la foi naît au cœur du désespoir. Mais, d’autre part, en
46 ofondeurs dernières où l’attend l’espoir éclatant de la révélation. La Croix, signe éternel de la contradiction et de l’« 
47 clatant de la révélation. La Croix, signe éternel de la contradiction et de l’« agonie », est au centre du monde chrétien,
48 n. La Croix, signe éternel de la contradiction et de l’« agonie », est au centre du monde chrétien, parce qu’elle est le s
49 u monde chrétien, parce qu’elle est le signe même de notre condition. Et lorsque nous disons le « monde-chrétien », nous e
50 d pas au sérieux ce qu’impliquent les deux termes de l’antinomie, ou qui cherche à la supprimer, est antichrétienne en son
51 ne à lui-même un monde qui ne saurait nous offrir de salut, puisqu’il n’est de salut qu’en la foi, qui transcende le monde
52 ne saurait nous offrir de salut, puisqu’il n’est de salut qu’en la foi, qui transcende le monde. Principe de l’individual
53 t qu’en la foi, qui transcende le monde. Principe de l’individualisme anarchique ; point de vue qui rend absurde le fait m
54 ique ; point de vue qui rend absurde le fait même d’ être né, c’est-à-dire d’avoir été « mis au monde ». 2° L’hérésie optim
55 rend absurde le fait même d’être né, c’est-à-dire d’ avoir été « mis au monde ». 2° L’hérésie optimiste constate au contrai
56 a nous est à jamais impossible. C’est le principe de cet activisme que les Européens trouvent commode de nommer « américai
57 cet activisme que les Européens trouvent commode de nommer « américain ». 3° L’hérésie de la synthèse est inhérente à tou
58 ent commode de nommer « américain ». 3° L’hérésie de la synthèse est inhérente à tout système rationaliste du monde, soit
59 ’il refuse comme le marxisme l’antinomie centrale de notre condition, et que, enfermant les conflits purement humains dans
60 fermant les conflits purement humains dans le jeu de synthèses successives, il achemine l’espèce vers un équilibre final,
61 rende à leur tour intenables les dernières ruses de la sécurité. ⁂ Il faut les entendre parler du « protestantisme ». Les
62 parler du « protestantisme ». Les uns l’accusent de fomenter une anarchie individualiste, les autres — ou parfois les mêm
63 dividualiste, les autres — ou parfois les mêmes — d’ avoir sécrété la mystique du capitalisme américain. Les uns l’accusent
64 ique du capitalisme américain. Les uns l’accusent de livrer le monde au Malin, les autres — ou parfois les mêmes — de voul
65 nde au Malin, les autres — ou parfois les mêmes — de vouloir fonder dans ce monde un Royaume de Dieu qui pour capitale, pl
66 êmes — de vouloir fonder dans ce monde un Royaume de Dieu qui pour capitale, plutôt que Genève, choisirait Détroit. Il s’a
67 utôt que Genève, choisirait Détroit. Il s’agirait de s’entendre ; mais pour cela il faudrait tout d’abord connaître la pos
68 en lui-même, — s’il n’est pas attesté dans l’acte de la foi. Qu’est-ce donc, en effet, que l’effort humain ? Sinon l’exerc
69 que l’effort humain ? Sinon l’exercice nécessaire de l’âme, son actualisation, la raison d’être de son incorporation ; mai
70 nécessaire de l’âme, son actualisation, la raison d’ être de son incorporation ; mais les résultats terrestres de cet effor
71 ire de l’âme, son actualisation, la raison d’être de son incorporation ; mais les résultats terrestres de cet effort ne no
72 son incorporation ; mais les résultats terrestres de cet effort ne nous mériteront jamais le Pardon ; ils mériteront tout
73 nt jamais le Pardon ; ils mériteront tout au plus d’ être eux-mêmes pardonnés. Ce qui nous assure le Pardon, c’est la foi.
74 t la foi. Agissez donc, mais votre action ne sert de rien. L’hérésie pessimiste et l’hérésie optimiste ainsi renvoyées dos
75 ésence de l’accusation plus subtile des partisans de la synthèse. Comment des gens qui se réclament de Calvin, de Luther,
76 de la synthèse. Comment des gens qui se réclament de Calvin, de Luther, c’est-à-dire de contempteurs absolus des mérites h
77 èse. Comment des gens qui se réclament de Calvin, de Luther, c’est-à-dire de contempteurs absolus des mérites humains, pou
78 i se réclament de Calvin, de Luther, c’est-à-dire de contempteurs absolus des mérites humains, pourraient-ils, s’ils prenn
79 un effort politique quelconque ? Ayons le courage de l’affirmer ; il n’est pas de réponse à cette question pour ceux qui n
80 e ? Ayons le courage de l’affirmer ; il n’est pas de réponse à cette question pour ceux qui ne savent pas ce que c’est que
81 s), tandis qu’au contraire la politique est l’art d’ accommoder les relations dans le sens de la plus grande facilité de ré
82 est l’art d’accommoder les relations dans le sens de la plus grande facilité de réalisation. La politique est un art de sy
83 relations dans le sens de la plus grande facilité de réalisation. La politique est un art de synthèses pratiques ; son off
84 facilité de réalisation. La politique est un art de synthèses pratiques ; son office est de résoudre dans la mesure de l’
85 st un art de synthèses pratiques ; son office est de résoudre dans la mesure de l’utile des difficultés naturelles. Mais l
86 iques ; son office est de résoudre dans la mesure de l’utile des difficultés naturelles. Mais la foi, bien souvent, ne peu
87 s physiques et morales. Doit-on conclure au refus de toute activité politique ? Ce serait admettre que les deux termes de
88 olitique ? Ce serait admettre que les deux termes de l’antinomie s’équivalent et peuvent s’annuler. La logique n’a le droi
89 ent et peuvent s’annuler. La logique n’a le droit de conclure qu’à partir de concepts réduits au même ordre, mais ce n’est
90 s au même ordre, mais ce n’est pas ici du concept de la foi que nous parlons. C’est de la foi vivante. Or, cette foi, nul
91 ici du concept de la foi que nous parlons. C’est de la foi vivante. Or, cette foi, nul homme n’est capable de la posséder
92 i vivante. Or, cette foi, nul homme n’est capable de la posséder dans la durée ; elle « survient », et jamais nous ne pouv
93 t jamais nous ne pouvons en tirer argument, comme d’ une force à notre disposition ; elle survient, et c’est alors un ordre
94 mes tels qu’ils sont, — des hommes qui ont besoin d’ une politique pour suppléer à leur faiblesse, qui ont besoin tout auta
95 nt besoin tout autant qu’on leur montre la vanité d’ une chose si nécessaire. Telle est, dans son principe, la seule attitu
96 politique du pessimisme actif, — ou si l’on veut de l’activisme sans illusions. Et sa devise n’est autre que la maxime so
97 calviniste par excellence : « Point n’est besoin d’ espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. » Cette abse
98 oint n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. » Cette absence d’illusions quant à la valeu
99 e, ni de réussir pour persévérer. » Cette absence d’ illusions quant à la valeur absolue du résultat sinon de l’acte, est e
100 sions quant à la valeur absolue du résultat sinon de l’acte, est en même temps le meilleur ressort de l’action. La preuve
101 de l’acte, est en même temps le meilleur ressort de l’action. La preuve est dans tous les livres d’histoire. Les peuples
102 t de l’action. La preuve est dans tous les livres d’ histoire. Les peuples calvinistes ont été les plus « actifs » des temp
103 principe animateur — n’en continuaient pas moins d’ agir en vertu du principe d’inertie (tout corps en mouvement tend à co
104 ontinuaient pas moins d’agir en vertu du principe d’ inertie (tout corps en mouvement tend à conserver son mouvement). C’es
105 ientés ont développé le capitalisme, symbole même de l’action dépourvue de fins transcendantes, de l’action optimiste. Ceu
106 e capitalisme, symbole même de l’action dépourvue de fins transcendantes, de l’action optimiste. Ceux donc qui rendent le
107 ême de l’action dépourvue de fins transcendantes, de l’action optimiste. Ceux donc qui rendent le calvinisme responsable d
108 que celle qui consisterait à reprocher à Euclide d’ avoir permis le développement de l’artillerie moderne et son utilisati
109 procher à Euclide d’avoir permis le développement de l’artillerie moderne et son utilisation criminelle. ⁂ Mais il existe
110 ssion et sans appel. Et c’est peut-être vis-à-vis d’ eux seulement que notre politique pourra se fixer un programme : la de
111 olitique pourra se fixer un programme : la devise de Guillaume d’Orange est l’arrêt de mort des idoles. Elle suppose un Di
112 mme : la devise de Guillaume d’Orange est l’arrêt de mort des idoles. Elle suppose un Dieu transcendant. Quel dieu fait de
113 Elle suppose un Dieu transcendant. Quel dieu fait de nos désirs d’hommes pourrait nous certifier dans le fond de nos âmes
114 n Dieu transcendant. Quel dieu fait de nos désirs d’ hommes pourrait nous certifier dans le fond de nos âmes un salut qui s
115 irs d’hommes pourrait nous certifier dans le fond de nos âmes un salut qui se rit des ultimes efforts et des ultimes défai
116 e rit des ultimes efforts et des ultimes défaites de notre volonté de vivre ? Les dieux de l’Occident réclament des divide
117 efforts et des ultimes défaites de notre volonté de vivre ? Les dieux de l’Occident réclament des dividendes ; ils réclam
118 es défaites de notre volonté de vivre ? Les dieux de l’Occident réclament des dividendes ; ils réclament aussi des sacrifi
119 es humains. Le dieu-nation respire la bonne odeur d’ onze millions de morts sacrifiés en quatre ans à sa gloire. Moins redo
120 ieu-nation respire la bonne odeur d’onze millions de morts sacrifiés en quatre ans à sa gloire. Moins redoutable, en appar
121 e, le dieu-production se contente des macérations de 70 millions de chômeurs, et de super-holocaustes annuels de blé, de c
122 uction se contente des macérations de 70 millions de chômeurs, et de super-holocaustes annuels de blé, de coton et d’obus.
123 te des macérations de 70 millions de chômeurs, et de super-holocaustes annuels de blé, de coton et d’obus. En face des ido
124 ions de chômeurs, et de super-holocaustes annuels de blé, de coton et d’obus. En face des idoles, il n’y a que deux attitu
125 chômeurs, et de super-holocaustes annuels de blé, de coton et d’obus. En face des idoles, il n’y a que deux attitudes poss
126 de super-holocaustes annuels de blé, de coton et d’ obus. En face des idoles, il n’y a que deux attitudes possibles : les
127 auvre type ! Peut-être aurai-je pourtant la force d’ avoir pitié de toi, quand tu grinceras des dents sous le genou de ces
128 eut-être aurai-je pourtant la force d’avoir pitié de toi, quand tu grinceras des dents sous le genou de ces démons que tu
129 e toi, quand tu grinceras des dents sous le genou de ces démons que tu veux ignorer hic et nunc. Peut-être.) Je ne veux pa
130 Peut-être.) Je ne veux parler ici que du principe de notre politique ; il est bien clair qu’elle condamne, dans la mesure
131 endues à la réussite matérielle ou à des systèmes d’ assurances, le capitalisme comme le stalinisme, tous les nationalismes
132 ion terrestre quelle qu’elle soit. Il ne suit pas de là, bien au contraire, que nous ne puissions collaborer à aucune révo
133 e révolution. L’iconoclaste est un type assez pur de révolutionnaire. Nous ne pouvons être ni conformistes — les ordres de
134 Nous ne pouvons être ni conformistes — les ordres de la foi sont absolus — ni réformistes, n’ayant rien qui nous assure de
135 us — ni réformistes, n’ayant rien qui nous assure de l’action continue de la foi. Je songe ici à l’armature catholique, qu
136 n’ayant rien qui nous assure de l’action continue de la foi. Je songe ici à l’armature catholique, qui condamne cette Égli
137 int-Esprit. La politique romaine est la recherche d’ une harmonie statique des relations humaines, d’un visible « principe
138 e d’une harmonie statique des relations humaines, d’ un visible « principe d’union » (terme de l’encyclique Quadragesimo an
139 e des relations humaines, d’un visible « principe d’ union » (terme de l’encyclique Quadragesimo anno), tout à fait étrange
140 umaines, d’un visible « principe d’union » (terme de l’encyclique Quadragesimo anno), tout à fait étranger au réalisme « t
141 o), tout à fait étranger au réalisme « tragique » de l’Évangile, et qui même, dans certains cas extrêmes, nous tient quitt
142 me, dans certains cas extrêmes, nous tient quitte de la foi. Il ne s’agit jamais pour nous de rendre cette vie possible, m
143 t quitte de la foi. Il ne s’agit jamais pour nous de rendre cette vie possible, mais tout au plus d’abattre les obstacles
144 s de rendre cette vie possible, mais tout au plus d’ abattre les obstacles à la foi, les idoles, les synthèses dans lesquel
145 les l’homme cherche sa sécurité, et qui n’ont pas de vérité. ⁂ La plus grande liberté d’action et de révolution est promis
146 qui n’ont pas de vérité. ⁂ La plus grande liberté d’ action et de révolution est promise à celui que n’empêtre aucun respec
147 s de vérité. ⁂ La plus grande liberté d’action et de révolution est promise à celui que n’empêtre aucun respect du résulta
148 isme rétablissant sur un plan supérieur une sorte de jeu, ou mieux d’humour, qui se mêle au tragique quotidien comme un ra
149 sur un plan supérieur une sorte de jeu, ou mieux d’ humour, qui se mêle au tragique quotidien comme un rappel de la seule
150 qui se mêle au tragique quotidien comme un rappel de la seule grandeur transcendante. Nous ne sommes pas condamnés au succ
151 les idoles, menaçantes. Et puis rester aux ordres de l’esprit. Nous n’avons pas à prendre d’assurances sur l’avenir. Nous
152 ux ordres de l’esprit. Nous n’avons pas à prendre d’ assurances sur l’avenir. Nous n’avons pas à nous garantir à l’avance p
153 « chrétien » qu’on le veuille. Un certain nombre de compromissions nous sont à jamais impossibles : et tout le reste est
154 jamais impossibles : et tout le reste est affaire d’ obéissance aux ordres imprévisibles et concrets de la Parole. Point de
155 d’obéissance aux ordres imprévisibles et concrets de la Parole. Point de « synthèse », point de « consolation » ailleurs q
156 res imprévisibles et concrets de la Parole. Point de « synthèse », point de « consolation » ailleurs qu’en Dieu : notre ac
157 ncrets de la Parole. Point de « synthèse », point de « consolation » ailleurs qu’en Dieu : notre action baigne dans l’« an
158 u’en Dieu : notre action baigne dans l’« angoisse de l’espérance »1. 1. Expression qu’Arnaud Dandieu opposait dans un in
159 naud Dandieu opposait dans un intéressant article de la Revue d’Allemagne (oct. 1932), à la conception kierkegaardienne du
160 opposait dans un intéressant article de la Revue d’ Allemagne (oct. 1932), à la conception kierkegaardienne du désespoir.
161 oir. Elle ne désigne en réalité qu’un des moments de la dialectique du désespoir : le moment décisif, l’acte. Elle n’a de
162 u désespoir : le moment décisif, l’acte. Elle n’a de sens, pour nous, que parce qu’il y a la foi. c. Rougemont Denis de,
163 que parce qu’il y a la foi. c. Rougemont Denis de , « Principe d’une politique du pessimisme actif », Hic et Nunc, Paris
164 l y a la foi. c. Rougemont Denis de, « Principe d’ une politique du pessimisme actif », Hic et Nunc, Paris, novembre 1932
3 1933, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Solutions pratiques ? (mars 1933)
165 atiques apportez-vous ? On voudrait quelque chose de positif… » Nous avons accueilli cette question de la façon dont nous
166 de positif… » Nous avons accueilli cette question de la façon dont nous voudrions que toutes les questions que nous posero
167 e consistera jamais, pour nous, dans une attitude d’ humilité lugubre. Le sérieux et le respect, en présence d’une question
168 en présence d’une question, c’est tout simplement de se dire : cette question est justifiée par le fait même qu’elle a sur
169 iée par le fait même qu’elle a surgi à l’occasion de ce que j’écris ; il s’agit, avant que d’y répondre, de se rendre comp
170 occasion de ce que j’écris ; il s’agit, avant que d’ y répondre, de se rendre compte de ce qu’elle signifie pour celui qui
171 que j’écris ; il s’agit, avant que d’y répondre, de se rendre compte de ce qu’elle signifie pour celui qui me la pose. Ré
172 agit, avant que d’y répondre, de se rendre compte de ce qu’elle signifie pour celui qui me la pose. Répondre du tac au tac
173 la pose. Répondre du tac au tac, à la « lettre » de la question, c’est un procédé électoral qui peut être utile à son heu
174 ns pas à avoir raison contre quelqu’un : l’esprit de vérité n’est à personne. Bien souvent, parmi nous, on répond mal aux
175 tesse sur nos intentions et nos buts, à seule fin de « causer un peu ». Qu’on les reconnaisse à ce signe : dès qu’ils comm
176 e à ce signe : dès qu’ils commencent à comprendre de quoi il s’agit, ils s’écrient : « Je ne comprends plus ! » En réalité
177 lus ! » En réalité, ils nous demandent des thèmes de discussion, c’est-à-dire des prétextes à différer toute action « prat
178 parce qu’elle se pose à eux-mêmes. Il n’y a pas de solutions, — il y a des ordres 1. Celui qui veut vraiment agir ne
179 d’abord une force. On peut affirmer sans crainte d’ erreur une telle maxime : tout l’Évangile la confirme et l’illustre. O
180 elle ? Il se trouve que nul homme n’est en mesure de la donner à son frère : c’est la foi. Tout au plus pouvons-nous, par
181 nt le bon sens, faire naître le besoin et la soif d’ une telle force. Et voilà bien la seule acception chrétienne du mot « 
182 e qui trouble en vérité les hommes et les délivre de leurs tourments mesquins et dégradants ; tout ce qui les libère de le
183 s mesquins et dégradants ; tout ce qui les libère de leur férocité ou de leur quiétude naturelles, et les rend enfin respo
184 ants ; tout ce qui les libère de leur férocité ou de leur quiétude naturelles, et les rend enfin responsables dans l’obéis
185 dans la foi sait bien qu’il n’y a pas à demander de « solutions pratiques », car la foi est précisément une force qui se
186 ler certains chrétiens, que la foi est une espèce d’ inspiration flottante, difficile à localiser et beaucoup trop imprécis
187 faible créature, puisse s’y « fier » et se passer de recettes morales inventées par les anciens juifs, Kant, Joseph Prudho
188 s nos églises, avec une virulence sourde, attisée de temps à autre par un sermon courageusement moralisateur2, ou résolume
189 que, ou tout simplement pacifiste. Et les fidèles de se congratuler à la sortie, se figurant qu’on vient enfin de leur don
190 atuler à la sortie, se figurant qu’on vient enfin de leur donner des directives pratiques et des solutions positives, « di
191 trouvé, qu’enfin ! nous apportions quelque chose de « positif » ! Comme si le christianisme n’était qu’une politique poss
192 tions humaines, également prévisibles et classées d’ avance ! Comme si la foi était une espèce de puissance continuellement
193 ssées d’avance ! Comme si la foi était une espèce de puissance continuellement disponible entre nos mains incertaines, et
194 ectives venaient à nous manquer, que ferions-nous de cette « foi » que nous prétendions posséder ? Aurions-nous l’honnêtet
195 s prétendions posséder ? Aurions-nous l’honnêteté de reconnaître qu’en réalité nous n’avions rien, — puisque la foi, préci
196 n, je n’ai pas la foi ! » et alors vraiment prier de toute sa pauvreté, plutôt que de dire, comme certains : « J’ai la foi
197 s vraiment prier de toute sa pauvreté, plutôt que de dire, comme certains : « J’ai la foi, mais dites-moi ce qu’il faut qu
198 avoir. Entendons maintenant cette phrase capitale de Kierkegaard : « L’Éthique ne commence pas dans une ignorance qu’il fa
199 notre nature, ni le pourquoi, ni le « vers quoi » de notre vie, ayant perdu la clef de l’Origine et de la Fin, qu’il s’agi
200 e « vers quoi » de notre vie, ayant perdu la clef de l’Origine et de la Fin, qu’il s’agisse de notre existence personnelle
201 de notre vie, ayant perdu la clef de l’Origine et de la Fin, qu’il s’agisse de notre existence personnelle ou du cours de
202 la clef de l’Origine et de la Fin, qu’il s’agisse de notre existence personnelle ou du cours de l’histoire terrestre. Voic
203 agisse de notre existence personnelle ou du cours de l’histoire terrestre. Voici alors les chrétiens qui viennent nous par
204 oici alors les chrétiens qui viennent nous parler d’ une Révélation. Est-ce donc qu’une grande lumière leur est venue dans
205 que le Christ leur promet la lumière à la mesure de leur obéissance. Ils n’ont donc pas reçu une révélation ésotérique, q
206 c pas reçu une révélation ésotérique, que l’homme d’ aujourd’hui, sans doute, ne serait pas capable de supporter, d’interpr
207 d’aujourd’hui, sans doute, ne serait pas capable de supporter, d’interpréter. Ils n’ont pas davantage reçu une révélation
208 , sans doute, ne serait pas capable de supporter, d’ interpréter. Ils n’ont pas davantage reçu une révélation éthique, un é
209 atique », c’est-à-dire immédiate à chacun des cas de l’existence, inconcevable pour celui qui se place en dehors du cas. C
210 rdre qui me dit, à tel endroit précis du temps et de l’espace : voici ce que tu dois faire. À celui qui demande : que doi
211 rincipe. Il ne peut que renvoyer à la seule force d’ où provient l’ordre véritable. La décision éthique est toujours choix 
212 e est sérieuse, si sérieuse qu’il serait ridicule d’ attendre de nous ou de qui que ce soit un remède. Doctrine désespérant
213 use, si sérieuse qu’il serait ridicule d’attendre de nous ou de qui que ce soit un remède. Doctrine désespérante ? Oui, po
214 ieuse qu’il serait ridicule d’attendre de nous ou de qui que ce soit un remède. Doctrine désespérante ? Oui, pour ceux qui
215 eux votre mal. Nous ne pouvons rien vous apporter d’ autre que l’injonction de prendre vous-mêmes au sérieux vos questions.
216 uvons rien vous apporter d’autre que l’injonction de prendre vous-mêmes au sérieux vos questions. Car alors, vous approche
217 rieux vos questions. Car alors, vous approcheriez de la réponse, vous y offrant sans défenses humaines. Nous avons aussi,
218 mme la question que Dieu lui adresse. À la faveur de cette « conversion », la notion même de positif est bouleversée. Crit
219 la faveur de cette « conversion », la notion même de positif est bouleversée. Critiquer les doctrines qui prétendent résou
220 inconcevable ; dénoncer tous les codes existants de morale, parce qu’ils dénaturent ou refoulent la question, en lui four
221 ères ; désespérer les optimistes en leur montrant de quel prix dérisoire ils ont cru payer leur salut, — telle est la seul
222 pproche du Réel. Cela prend bien souvent l’aspect d’ une destruction. Il peut paraître étrange que l’on doive rappeler de t
223 Il peut paraître étrange que l’on doive rappeler de telles choses, mais la raison en est pourtant bien claire. Nous préfé
224 x hommes ces ordres que l’on ne peut attendre que de Dieu : parce qu’avec les hommes, nous pourrons discuter… 2. « Mais
225  ! malgré l’impopularité du terme ! » 3. Capable de réponse, c’est-à-dire capable de prière. d. Rougemont Denis de, « S
226  ! » 3. Capable de réponse, c’est-à-dire capable de prière. d. Rougemont Denis de, « Solutions pratiques ? », Hic et Nu
227 st-à-dire capable de prière. d. Rougemont Denis de , « Solutions pratiques ? », Hic et Nunc, Paris, mars 1933, p. 37-42.
4 1933, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Dialectique des fins dernières (juillet 1933)
228 aire oblige à reconnaître que nos vies comportent d’ autant moins de solutions que nous sommes plus exigeants. Tout idéal a
229 econnaître que nos vies comportent d’autant moins de solutions que nous sommes plus exigeants. Tout idéal atteint se retou
230 ne aussitôt contre notre bonheur. Depuis l’auteur de l’Ecclésiaste jusqu’au romancier le plus moderne, la littérature univ
231 de qu’on ne s’atteint jamais. Et les philosophies de l’Occident mettent le comble à cette gigantesque pagaille dont naquit
232 dont naquit bizarrement au xviiie siècle l’idée de Progrès. L’extérieur déçoit, l’intérieur égare ; l’objet pur opprime,
233 nité et poursuite du vent », y compris la sagesse de celui qui croit trouver dans cette sentence la justification de son r
234 roit trouver dans cette sentence la justification de son refus de vivre. Mais il existe une sagesse qui semble bien n’être
235 dans cette sentence la justification de son refus de vivre. Mais il existe une sagesse qui semble bien n’être pas affectée
236 e une sagesse qui semble bien n’être pas affectée de la dégradation immanente à toute solution humaine. Cette sagesse dit
237 its sans cesse renaissants que suscite l’exigence de la personne lorsqu’elle s’insère dans le donné hostile du monde ambia
238 nnelle que signifie la coefficience en nous-mêmes de la thèse et de l’antithèse. Avec Kierkegaard, elle répète que « toute
239 ifie la coefficience en nous-mêmes de la thèse et de l’antithèse. Avec Kierkegaard, elle répète que « toute prétention à u
240 taphysique contre l’éthique ». Il s’agit donc ici d’ une dialectique à deux termes simultanés, et dont la tension n’est pas
241 l’Histoire. Sa dialectique est devenue une espèce de bascule automatique. Le tragique s’évanouit, le choix s’élude, la per
242 permanent ; qu’il y ait au contraire un principe de dégradation éthique dans toute recherche de la synthèse et plus sûrem
243 ncipe de dégradation éthique dans toute recherche de la synthèse et plus sûrement dans la croyance en une synthèse possibl
244 ynthèse possible, voilà qui ne paraît point faire de doute. Ailleurs4, j’ai pu marquer mon choix et quelles conséquences i
245 une dialectique fondée sur l’actualité permanente de la personne nous oppose d’une part à l’idéal bourgeois, synthèse eudé
246 l’idéal marxiste, synthèse eudémonique à l’usage d’ une masse non responsable. Une dialectique sans « médiation » et compo
247 e risque personnel, le choix et l’acte, une sorte de « contre-Hegel » radical, voilà qui ne peut manquer d’évoquer l’attit
248 contre-Hegel » radical, voilà qui ne peut manquer d’ évoquer l’attitude d’un Kierkegaard et par là même de ses descendants
249 l, voilà qui ne peut manquer d’évoquer l’attitude d’ un Kierkegaard et par là même de ses descendants directs, les théologi
250 voquer l’attitude d’un Kierkegaard et par là même de ses descendants directs, les théologiens dialectiques. Je ne me serai
251 aison précisément elles ne constituaient un terme de comparaison tout à fait privilégié. Peut-être le point de vue dialect
252 privilégié. Peut-être le point de vue dialectique de Barth se laissera-t-il d’autant plus clairement définir qu’on le défi
253 oint de vue dialectique de Barth se laissera-t-il d’ autant plus clairement définir qu’on le définira par son opposition gl
254 passement qu’il permet ? Et le rendement créateur de cette éthique de la personne, par quoi, au bout du temps, se trouve-t
255 ermet ? Et le rendement créateur de cette éthique de la personne, par quoi, au bout du temps, se trouve-t-il à son tour ju
256 ée soi-même et se suffit en soi. Si l’on refusait de poser la question de l’Origine et de la Fin, on supposerait par là mê
257 fit en soi. Si l’on refusait de poser la question de l’Origine et de la Fin, on supposerait par là même que la doctrine de
258 ’on refusait de poser la question de l’Origine et de la Fin, on supposerait par là même que la doctrine de l’acte rend un
259 a Fin, on supposerait par là même que la doctrine de l’acte rend un compte suffisant de l’ensemble du monde. Ce serait dir
260 ue la doctrine de l’acte rend un compte suffisant de l’ensemble du monde. Ce serait dire qu’elle constitue finalement la s
261 s disons « la critique » au sens le plus littéral de ce mot : l’accusation qui met en état de crise l’ensemble de ces affi
262 littéral de ce mot : l’accusation qui met en état de crise l’ensemble de ces affirmations et de ces négations, cette éthiq
263 l’accusation qui met en état de crise l’ensemble de ces affirmations et de ces négations, cette éthique et cette actualit
264 n état de crise l’ensemble de ces affirmations et de ces négations, cette éthique et cette actualité, ce refus de toutes l
265 tions, cette éthique et cette actualité, ce refus de toutes les synthèses et ce principe de synthèse qu’il contient. Accus
266 , ce refus de toutes les synthèses et ce principe de synthèse qu’il contient. Accusation qui ne porte pas sur le détail ni
267 e porte pas sur le détail ni sur la valeur morale de cette méthode, mais qui tombe perpendiculairement sur le plan humain
268 ement à rapporter tous ces problèmes à la réalité de Dieu telle qu’elle nous apparaît, c’est-à-dire au problème de tous no
269 e qu’elle nous apparaît, c’est-à-dire au problème de tous nos problèmes, au problème absolument insoluble, puisque notre r
270 paradoxe par définition. Tel est l’aspect humain de la dialectique dont il est question chez Barth ; et que cela suffise
271 ou là contre la théologie dialectique incriminée de pessimisme romantique, de recours abusif au langage pathétique5 et au
272 dialectique incriminée de pessimisme romantique, de recours abusif au langage pathétique5 et au « concept d’angoisse ». C
273 urs abusif au langage pathétique5 et au « concept d’ angoisse ». Car enfin si le paradoxe n’est pas dans la situation même
274 n si le paradoxe n’est pas dans la situation même de l’homme devant Dieu, notre foi est vaine et c’est perdre son temps qu
275 notre foi est vaine et c’est perdre son temps que d’ en apprécier humainement l’expression la plus directe ; si au contrair
276 a vraie joie n’est pas avec ceux qui nous parlent de la « tristesse » du message barthien, puisqu’ils entendent désigner p
277 uisqu’ils entendent désigner par là l’acceptation de la mort et du rien, de l’insondable et du scandale en tant que tels,
278 igner par là l’acceptation de la mort et du rien, de l’insondable et du scandale en tant que tels, l’acceptation du salut
279 ossible, paradoxe dont la formule est le nom même de Jésus-Christ. La réalité centrale d’une telle dialectique est formulé
280 le nom même de Jésus-Christ. La réalité centrale d’ une telle dialectique est formulée dans ce passage de Barth : « Que Di
281 ne telle dialectique est formulée dans ce passage de Barth : « Que Dieu (mais vraiment Dieu) devienne homme (mais vraiment
282 ici devient la vérité vivante, le contenu décisif d’ un vrai discours sur Dieu. Mais comment établir le rapport nécessaire
283 Dieu. Mais comment établir le rapport nécessaire de ces deux aspects de la vérité à leur centre vivant ? Le vrai dialecti
284 établir le rapport nécessaire de ces deux aspects de la vérité à leur centre vivant ? Le vrai dialecticien sait que ce cen
285 née. Mais alors, si nous voulons parler en vérité d’ une telle incarnation du oui dans le non, nous ne pouvons que recourir
286 é dépassera toujours le oui et le non, et ce que, de leur simultanéité, nous croirons être en droit de déduire par la voie
287 de leur simultanéité, nous croirons être en droit de déduire par la voie logique. C’est pourtant cette inconcevable réalit
288 oui et à ce non qui, au travers de toute l’œuvre de Barth, nous entraînent dans une oscillation gigantesque, entre deux i
289 nche chercher dans un sermon consolateur le droit de ne pas trop prendre au sérieux les questions étranges et cruelles que
290 ns étranges et cruelles que poserait sinon la vie de tous les jours, — on conçoit que ce brave homme s’effare, et vitupère
291 ortable, dont, au surplus, il n’est plus possible de se défaire au nom de l’« action » ou de la « piété du cœur », puisqu’
292 possible de se défaire au nom de l’« action » ou de la « piété du cœur », puisqu’elle prétend précisément les mettre en c
293 durée n’est sans doute que notre perpétuel refus de l’éternité. Dieu dit oui : l’homme comprend non, se découvrant soudai
294 Mais aussitôt, s’il accepte ce non, l’affirmation de son salut paraît : il reconnaît la Vie au travers de sa mort. Si, par
295 r un souci peut-être vain, en tous cas dangereux, de simplification formelle, nous revenions au schéma hégélien, il faudra
296 d’ailleurs bien équivoque, puisque tout cela n’a de réalité que dans l’instant éternel, dans le contact mortel du temps e
297 stant éternel, dans le contact mortel du temps et de l’éternité ; puisque tout cela, encore une fois, ne concerne que l’or
298 ligieuse » ? Il y a la mort, et notre acceptation de cette mort. Et qu’y a-t-il entre ce oui dernier et tous nos sic et no
299 toutes les affirmations orgueilleuses ou modestes de notre vie mortelle ? Il y a l’acceptation de la Vie qui n’est pas nôt
300 stes de notre vie mortelle ? Il y a l’acceptation de la Vie qui n’est pas nôtre, qu’il faut croire. Dissymétrie vertigineu
301 ais la promesse qui nous est faite dans l’instant de la foi, c’est la promesse de la victoire éternelle. ⁂ Loin de moi la
302 faite dans l’instant de la foi, c’est la promesse de la victoire éternelle. ⁂ Loin de moi la prétention d’avoir, par ces q
303 a victoire éternelle. ⁂ Loin de moi la prétention d’ avoir, par ces quelques traits schématiques, voulu décrire une dialect
304 lement en avoir dit assez pour qu’il soit inutile d’ insister davantage sur ce fait : nos dialectiques humaines et la diale
305 ernelle. Qu’un philosophe, qu’un moraliste, parle de choix, de risque et d’acte, ces mots désignent des réalités éthiques
306 u’un philosophe, qu’un moraliste, parle de choix, de risque et d’acte, ces mots désignent des réalités éthiques qui n’ont
307 he, qu’un moraliste, parle de choix, de risque et d’ acte, ces mots désignent des réalités éthiques qui n’ont rien de commu
308 ts désignent des réalités éthiques qui n’ont rien de commun avec l’acte, le risque et le choix dont parle la théologie dan
309 ie dans sa dialectique absolue. Il n’y a plus ici d’ opération réelle que par la Parole de Dieu : acte de la Parole, que l’
310 y a plus ici d’opération réelle que par la Parole de Dieu : acte de la Parole, que l’homme ne peut saisir que dans la foi 
311 opération réelle que par la Parole de Dieu : acte de la Parole, que l’homme ne peut saisir que dans la foi ; choix de l’él
312 ue l’homme ne peut saisir que dans la foi ; choix de l’élection, c’est-à-dire d’une possibilité qui n’est pas nôtre. Et le
313 e dans la foi ; choix de l’élection, c’est-à-dire d’ une possibilité qui n’est pas nôtre. Et le risque permanent, c’est alo
314 s celui qu’encourt l’homme jeté par la révélation de la Parole dans une situation absolument nouvelle, dans un instant don
315 les travaux du groupe politique et philosophique de L’Ordre nouveau. 5. Qu’on nomme en France « pathos » alors que ce mo
316 inologie propre à un auteur. e. Rougemont Denis de , « Dialectique des fins dernières », Hic et Nunc, Paris, juillet 1933
5 1933, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Poésie dialectique (juillet 1933)
317 Poésie dialectique (juillet 1933)f Au cours d’ un article paru en Suisse allemande, le professeur O.-E. Strasser décl
318 i lui soit tombée sous les yeux » ! Petite erreur de fait, voulons-nous croire, mais aggravée par l’ironie dont le profess
319 ialectique et la poésie. Car : 1° Toute la poésie de la Réforme jusqu’au xviie siècle peut être qualifiée de dialectique 
320 éforme jusqu’au xviie siècle peut être qualifiée de dialectique : c’est le « wit » des poètes métaphysiciens de la Renais
321 ique : c’est le « wit » des poètes métaphysiciens de la Renaissance anglaise, John Donne, Crashaw, Marvell, Herbert, Vaugh
322 le style antithétique des huguenots contemporains de la Pléiade, si méchamment enterrés par les jésuites dans leurs Histoi
323 nt enterrés par les jésuites dans leurs Histoires de la littérature française (pour ne rien dire des lamentables dédains d
324 nçaise (pour ne rien dire des lamentables dédains de M. Lanson parlant de Du Bartas, ce géant — mais nous y reviendrons) ;
325 dire des lamentables dédains de M. Lanson parlant de Du Bartas, ce géant — mais nous y reviendrons) ; ce sont les sonnets
326 — mais nous y reviendrons) ; ce sont les sonnets de Goulard, admirable commentateur de Du Bartas, et toute une école de p
327 nt les sonnets de Goulard, admirable commentateur de Du Bartas, et toute une école de poètes calvinistes imbus des théorie
328 ble commentateur de Du Bartas, et toute une école de poètes calvinistes imbus des théories cosmologiques de Paracelse ; ce
329 ètes calvinistes imbus des théories cosmologiques de Paracelse ; ce sont encore en plein xviie siècle, les Sonnets spirit
330 re en plein xviie siècle, les Sonnets spirituels d’ un Gombaud. Et je cite au hasard d’une mémoire mal informée. Et je ne
331 ets spirituels d’un Gombaud. Et je cite au hasard d’ une mémoire mal informée. Et je ne dis rien de la dialectique de Polye
332 ard d’une mémoire mal informée. Et je ne dis rien de la dialectique de Polyeucte… 2° La vision dialectique jetant l’homme
333 mal informée. Et je ne dis rien de la dialectique de Polyeucte… 2° La vision dialectique jetant l’homme dans une situation
334 une situation dramatique ; lui révélant le néant de ses idoles et la nouveauté inénarrable de l’instant où la Parole lui
335 e néant de ses idoles et la nouveauté inénarrable de l’instant où la Parole lui est adressée ; enfin, excitant en lui l’es
336 i l’espoir infini au sein du désespoir et la joie de la Promesse invisible, — cette vision donnée à l’homme, est la plus p
337 homme, est la plus propre à créer en lui l’organe d’ une haute poésie. 3° Enfin toute poésie ne serait-elle pas, dans son
338 ue ? La métaphore ne tire-t-elle pas sa puissance de la nouveauté paradoxale des rapprochements qu’elle opère ? Ne jaillit
339 approchements qu’elle opère ? Ne jaillit-elle pas de la tension des contradictoires qu’elle saisit en une seule image, ind
340 image beaucoup plus que ce qu’il y a dans chacun de ses termes, désignant au-delà d’elle-même une réalité d’un autre ordr
341 y a dans chacun de ses termes, désignant au-delà d’ elle-même une réalité d’un autre ordre et que les mots n’atteignent ja
342 termes, désignant au-delà d’elle-même une réalité d’ un autre ordre et que les mots n’atteignent jamais directement ?… Nous
343 ici à suggérer. Voici en attendant la traduction d’ un hymne de John Donne (1573-1661), le plus grand des « poètes métaphy
344 érer. Voici en attendant la traduction d’un hymne de John Donne (1573-1661), le plus grand des « poètes métaphysiciens » d
345 661), le plus grand des « poètes métaphysiciens » de l’école anglaise. Une première traduction de cet hymne, dont nous nou
346 ns » de l’école anglaise. Une première traduction de cet hymne, dont nous nous sommes inspirés, a paru dans la Nouvelle Re
347 Menasce).   N. B. — Le poème contient deux jeux de mots intraduisibles : « When thou hast done, thou hast not done » (ve
348 n’auras pas encore Donne. » Et au troisième vers de la dernière strophe, Sonne peut signifier, dans la langue de l’époque
349 ère strophe, Sonne peut signifier, dans la langue de l’époque, Soleil ou Fils. hymne à dieu le père Pardonneras-tu ce pé
350 par lequel j’entraînai D’autres pécheurs, faisant de mon péché leur porte ? Pardonneras-tu ce péché que j’ai fui Un an ou
351 auras rien fini, Car il y a plus. J’ai un péché de peur : mourrai-je sur la rive Lorsque mon dernier fil aura été filé ?
352 ai plus peur. John Donne f. Rougemont Denis de , « Poésie dialectique », Hic et Nunc, Paris, juillet 1933, p. 116-117
6 1934, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Grammaire de la personne (janvier 1934)
353 Grammaire de la personne (janvier 1934)g h L’individu, tel que les libéraux — e
354 hie — nous l’ont légué, c’est l’homme qui n’a pas de prochain et qui n’est le prochain de personne. Ou encore, comme le di
355 qui n’a pas de prochain et qui n’est le prochain de personne. Ou encore, comme le dit Keyserling, c’est l’homme pour lequ
356 Nous voudrions montrer ici d’une part l’identité de la personne, telle qu’on peut l’opposer à cet individu, et du prochai
357 ; d’autre part, certaines conséquences politiques de l’erreur individualiste, et surtout, de ses plus récents succédanés.
358 olitiques de l’erreur individualiste, et surtout, de ses plus récents succédanés.   Le lieu de toute décision qui crée, c’
359 urtout, de ses plus récents succédanés.   Le lieu de toute décision qui crée, c’est la personne. Toute l’agitation du mond
360 récise en moi qu’à l’instant où elle me contraint d’ agir. Peut-être qu’il est inutile de rien savoir du monde et de son tr
361 me contraint d’agir. Peut-être qu’il est inutile de rien savoir du monde et de son train, des sciences, des faits et gest
362 être qu’il est inutile de rien savoir du monde et de son train, des sciences, des faits et gestes, des batailles, des acci
363 , un ordre ou une tentation. Quand cesserons-nous d’ agiter des problèmes qui n’ont jamais été notre problème ? Car un prob
364 té dernière, dont l’existence déborde les limites de l’incarnation personnelle. On songe ici tout de suite à la question s
365 ion des grands problèmes sociaux est une question de morale individuelle. » L’originalité d’une morale individuelle apte à
366 question de morale individuelle. » L’originalité d’ une morale individuelle apte à résoudre les conflits sociaux se réduir
367 lits sociaux se réduirait probablement aux vertus de surdité, de cécité et de mutisme. Par ailleurs, elle pourrait être au
368 se réduirait probablement aux vertus de surdité, de cécité et de mutisme. Par ailleurs, elle pourrait être aussi laïque o
369 probablement aux vertus de surdité, de cécité et de mutisme. Par ailleurs, elle pourrait être aussi laïque ou religieuse
370 que pour renaître dans le collectif. La mystique de la masse ou du groupe qui domine la moitié de l’Europe, n’a pas d’ori
371 que de la masse ou du groupe qui domine la moitié de l’Europe, n’a pas d’origine plus certaine que ce renversement de l’in
372 groupe qui domine la moitié de l’Europe, n’a pas d’ origine plus certaine que ce renversement de l’individualisme. Ramener
373 a pas d’origine plus certaine que ce renversement de l’individualisme. Ramener la question sociale aux limites de la perso
374 dualisme. Ramener la question sociale aux limites de la personne, c’est constater que la question sociale, en tant qu’elle
375 pose. Qu’il soit là, proche ou lointain, à portée de ma main, à portée de mes yeux, à portée d’imagination, peu importe, p
376 proche ou lointain, à portée de ma main, à portée de mes yeux, à portée d’imagination, peu importe, pourvu que cette prise
377 portée de ma main, à portée de mes yeux, à portée d’ imagination, peu importe, pourvu que cette prise, cette vue, cette ima
378 t pour moi une « deuxième personne », un tu sujet d’ une parole qui m’advient6. On voudrait nous faire croire aujourd’hui q
379 mécanique étatiste et dictatoriale qui tient lieu d’ ordre dès que l’homme renonce à assumer personnellement son risque et
380 elle la figure dans l’abstrait, dans le plan même de ce qu’elle croit mépriser. Le rapport véritable entre les hommes, c’e
381 s que les personnes : elle n’est que l’expression de leurs rapports spécifiques. Elle a son centre en chacune des personne
382 ce centre. Elle est le rayonnement dans la durée de l’acte instantané qui unit un je et un tu par un lien de responsabili
383 te instantané qui unit un je et un tu par un lien de responsabilité7. En son principe, l’erreur fasciste consiste à consid
384 comme un état. C’est faire simplement abstraction de la responsabilité réciproque. Il en résulte que le je et que le tu, c
385 Il en résulte que le je et que le tu, considérés d’ un point de vue qui n’est plus ni celui du je ni celui du tu, c’est-à-
386 trouvent du même coup objectivés, et prisonniers de ce rapport, le nous. Le groupe ainsi formé est défini par sa circonfé
387 ts sur eux, bien qu’à la vérité il ne résulte que de la somme de leurs altérations. Les hommes qui constituent ce groupe n
388 bien qu’à la vérité il ne résulte que de la somme de leurs altérations. Les hommes qui constituent ce groupe ne sont plus
389 mes véritablement humains, puisque l’un des pôles de leur être n’est plus visible ni concret, échappe aux prises de leurs
390 n’est plus visible ni concret, échappe aux prises de leurs mains. Pour chacun d’eux, le tu es devenu le nous, c’est-à-dire
391 t, échappe aux prises de leurs mains. Pour chacun d’ eux, le tu es devenu le nous, c’est-à-dire a cessé d’être le vis-à-vis
392 ux, le tu es devenu le nous, c’est-à-dire a cessé d’ être le vis-à-vis qui pose une question directe, — le prochain. Il a c
393 e une question directe, — le prochain. Il a cessé d’ être un des pôles de la personne. Le nous n’est rien qu’un biais, c’es
394 te, — le prochain. Il a cessé d’être un des pôles de la personne. Le nous n’est rien qu’un biais, c’est un tu sans visage
395 vient se confondre avec un je désormais incertain de ses limites agrandies. Perte de tension, en chaque point du cercle. I
396 sormais incertain de ses limites agrandies. Perte de tension, en chaque point du cercle. Il faudra bien la compenser par u
397 faudra bien la compenser par une rigidité accrue de la circonférence. Et c’est l’histoire de toute association humaine :
398 é accrue de la circonférence. Et c’est l’histoire de toute association humaine : on s’unit par la force d’un principe tran
399 oute association humaine : on s’unit par la force d’ un principe transcendant, — et tant qu’il règne on peut mépriser la po
400 la police ; puis vient un temps où l’on se lasse d’ obéir à la force vivante, — et l’on institue la police pour soutenir u
401 personne. Si la personne est la mise en question d’ un je par un tu, donc une rencontre, cette rencontre n’a lieu que dans
402 contrent pas, spirituellement, à mi-distance l’un de l’autre — dans le nous 8. Pour nous aimer, nous devons faire chacun t
403 faire chacun tout le chemin qui nous sépare l’un de l’autre. Et c’est au seul moment où je t’atteins en toi, où tu m’atte
404 ho humain. C’est en elle enfin que s’opère l’acte d’ une communion réelle. La personne est un lieu d’héroïsme, et cela sign
405 e d’une communion réelle. La personne est un lieu d’ héroïsme, et cela signifie qu’elle est le lieu, l’origine et la fin de
406 signifie qu’elle est le lieu, l’origine et la fin de toute incarnation, de toute création, de tout risque. La personne est
407 e lieu, l’origine et la fin de toute incarnation, de toute création, de tout risque. La personne est aussi, par conséquent
408 t la fin de toute incarnation, de toute création, de tout risque. La personne est aussi, par conséquent, l’individu moral,
409 me des systèmes, indépendamment du rapport actuel d’ un je et d’un tu, ne rendent pas compte de l’être personnel, ni d’aucu
410 èmes, indépendamment du rapport actuel d’un je et d’ un tu, ne rendent pas compte de l’être personnel, ni d’aucune réalité
411 actuel d’un je et d’un tu, ne rendent pas compte de l’être personnel, ni d’aucune réalité humaine. ⁂ Ces considérations p
412 tu, ne rendent pas compte de l’être personnel, ni d’ aucune réalité humaine. ⁂ Ces considérations peuvent paraître assez ar
413 t italiennes, et jusque dans les pages illustrées de nos quotidiens. Il me reste à marquer la dépendance théologique d’une
414 . Il me reste à marquer la dépendance théologique d’ une analyse qui peut paraître strictement humaine. On peut parler en t
415 n peut parler en termes de philosophie du rapport d’ un je à un tu. Mais on ne peut le comprendre et le vivre, dans son par
416 imitif qui fonde la personne humaine : le rapport de l’homme à son Créateur. Le Droit romain a peut-être raison de refuser
417 son Créateur. Le Droit romain a peut-être raison de refuser à mon voisin le pouvoir de me questionner, puisque ce pouvoir
418 ut-être raison de refuser à mon voisin le pouvoir de me questionner, puisque ce pouvoir n’a pas d’autre fondement que l’or
419 oir de me questionner, puisque ce pouvoir n’a pas d’ autre fondement que l’ordre révélé par Jésus-Christ. Si le tu a le dro
420 rdre révélé par Jésus-Christ. Si le tu a le droit de venir troubler ma quiétude, n’est-ce pas, en définitive, parce qu’il
421 u’il est pour moi, à tel instant, le symbole réel de Celui qui nous a dit : « En vérité, toutes les fois que vous avez fai
422 it. » Et si ce tu, non seulement possède le droit d’ être reçu par moi, mais encore d’être reçu quoi qu’il me demande, fût-
423 possède le droit d’être reçu par moi, mais encore d’ être reçu quoi qu’il me demande, fût-ce ma mort, n’est-ce pas pour cet
424  » ? 6. Je préfère employer le pronom tu, sujet de son action — plutôt que le toi, plus couramment employé par certains
425 me. 7. Ainsi l’Église : le chrétien, dans l’acte de la communion avec le Christ, fonde véritablement l’Église universelle
426 asciste n’est que le lieu des points équidistants de tous les individus qui composent le groupe. Un lieu parfaitement abst
427 rationalistes, on peut faire remarquer que le nom d’ idiot désigne étymologiquement le « particulier » qui s’enferme dans s
428 ’enferme dans sa particularité, — qui refuse donc d’ être le prochain de son frère. 10. ou tout autre « isme » qu’on voudr
429 rticularité, — qui refuse donc d’être le prochain de son frère. 10. ou tout autre « isme » qu’on voudra. g. Rougemont D
430 autre « isme » qu’on voudra. g. Rougemont Denis de , « Grammaire de la personne », Hic et Nunc, Paris, janvier 1934, p. 1
431 u’on voudra. g. Rougemont Denis de, « Grammaire de la personne », Hic et Nunc, Paris, janvier 1934, p. 18-23. h. Une no
432 r 1934, p. 18-23. h. Une note ajoute : « Extrait d’ un volume à paraître, intitulé Penser avec les mains . »
7 1934, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Précisions sur la mort du Grand Pan (avril 1934)
433 lénitude du monde n’est pas dans la contemplation d’ un esprit immobile. La plénitude du monde est un événement. Elle a son
434 esse pour une réponse. La plénitude est un combat d’ amour. Mais aimer ? C’est d’abord répondre, — c’est en même temps et c
435 t en même temps et c’est surtout répondre au-delà de la question. ⁂ L’homme jeté dans la diversité de l’univers, aux aguet
436 de la question. ⁂ L’homme jeté dans la diversité de l’univers, aux aguets des tentations et des menaces qui surgissent dè
437 menaces qui surgissent dès qu’il dit je, n’a pas d’ autre mouvement que la peur ou l’amour. Non qu’il ait à choisir : déjà
438 e distingue du monde n’est pas autre que cet élan de refus ou de tendresse. En vérité, point de séparation réelle, jamais
439 du monde n’est pas autre que cet élan de refus ou de tendresse. En vérité, point de séparation réelle, jamais de vide entr
440 t élan de refus ou de tendresse. En vérité, point de séparation réelle, jamais de vide entre moi et le monde, non, rien qu
441 se. En vérité, point de séparation réelle, jamais de vide entre moi et le monde, non, rien que la tension d’un corps à cor
442 e entre moi et le monde, non, rien que la tension d’ un corps à corps amoureux ou meurtrier. Je n’existe que par cette tens
443 n’échappe point au règne naturel. L’indifférence d’ un « esprit », qui s’imagine dégagé d’un tel choix, et qui le considèr
444 ndifférence d’un « esprit », qui s’imagine dégagé d’ un tel choix, et qui le considère comme une alternative extérieure à s
445 ourner, cette indifférence n’est rien que le rêve d’ un atome abandonné qui se croit je. Ce rêve peut remplir nos journées 
446 st pas notre vie. Il n’est qu’un abandon aux lois de la poussière. ⁂ Ceci peut définir l’Antiquité : la panique de l’homme
447 ère. ⁂ Ceci peut définir l’Antiquité : la panique de l’homme environné par les voix innombrables de l’univers, et son reco
448 ue de l’homme environné par les voix innombrables de l’univers, et son recours à la raison pour leur imposer le silence. O
449 ui lui répond, mais la crainte majestueuse, mêlée d’ orgueil, de l’esprit qui connaît son pouvoir et son acte, mesure la gr
450 nd, mais la crainte majestueuse, mêlée d’orgueil, de l’esprit qui connaît son pouvoir et son acte, mesure la grandeur du d
451 ellectuelle ou sophismes logiques, ce sont autant de formes d’une espèce de fuite en avant, autant de tentatives angoissée
452 e ou sophismes logiques, ce sont autant de formes d’ une espèce de fuite en avant, autant de tentatives angoissées pour opp
453 s logiques, ce sont autant de formes d’une espèce de fuite en avant, autant de tentatives angoissées pour opposer à la ter
454 de formes d’une espèce de fuite en avant, autant de tentatives angoissées pour opposer à la terreur de Pan les ordonnance
455 e tentatives angoissées pour opposer à la terreur de Pan les ordonnances dictatoriales de l’esprit. Mais cet esprit n’est
456 à la terreur de Pan les ordonnances dictatoriales de l’esprit. Mais cet esprit n’est pas le tout de l’homme, — l’homme le
457 es de l’esprit. Mais cet esprit n’est pas le tout de l’homme, — l’homme le sait. Et sa dictature n’est pas l’ordre. Elle p
458 un monde. L’arbre devient colonne et ne pose plus de question. Enfermé maintenant dans ses architectures, l’homme se retro
459 tarchie rationnelle. Il a mauvaise conscience. «  De la raison considérée comme un assassinat », écrit un jour un philosop
460 our un philosophe. Mais c’est encore une illusion d’ orgueil. Le grand Pan n’est pas mort pour si peu, et sa domination ter
461 t. L’enfer logique est sans défaut. Le sens exact d’ une question n’est donné que par la réponse. Mais l’homme antique n’a
462 r la réponse. Mais l’homme antique n’a pas en lui de quoi répondre à la Nature : il est lui-même une question que Dieu ne
463 as entendre. L’homme antique, c’est Adam dessaisi de sa royauté ; et l’univers antique, c’est son royaume abandonné à l’an
464 l’anarchie. Comment Adam ne s’effraierait-il pas d’ une plainte qui s’adresse, en lui, à ce pouvoir qu’il sait avoir perdu
465 Nature se révolte en désordre. Elle veut la mort de l’homme parce qu’il ne sait plus la faire vivre. L’homme se défend br
466 la Nature sa tyrannie, moins il comprend le sens de sa haine anxieuse. Peut-être, s’il allait au-devant de ces voix, sans
467 haine anxieuse. Peut-être, s’il allait au-devant de ces voix, sans armes, les mains nues, au risque de sa vie, peut-être
468 ions aux dieux. ⁂ Un panthéisme angoissé, ressort d’ une révolte rationnelle contre la Nature, — cette dialectique fondamen
469 ontre la Nature, — cette dialectique fondamentale de l’univers antique, ne pouvait se résoudre sur le plan humain et rien
470 es où se désespère le xxe siècle. Mais avant que d’ y venir, et suivant l’ordre d’une Histoire dont la loi peut paraître s
471 cle. Mais avant que d’y venir, et suivant l’ordre d’ une Histoire dont la loi peut paraître souverainement illogique, nous
472 e souverainement illogique, nous voici contraints de nous arrêter : l’an 33 de notre ère, la réponse éternelle à la perpét
473 , nous voici contraints de nous arrêter : l’an 33 de notre ère, la réponse éternelle à la perpétuelle question du monde, n
474 l possède cette réponse, l’homme comprend le sens de la question. Et dans l’élan désordonné des êtres et des choses, il dé
475 ente ». Il sait qu’elle s’adresse en lui à ce qui de lui ressuscite, ayant reçu et accepté la mort. Il peut aimer : ce n’e
476 est ressuscité ! » Le Nouvel Adam vit. Le message de Pâques, c’est la mort du Grand Pan11. ⁂ Le Nouvel Adam vit : il ne vi
477 toire, et l’histoire temporelle est la succession de nos chutes, selon la Loi, à cause de la Loi. Rachetés, mais non pas p
478 ps. Restaurés, mais non pas dans la forme visible de ce monde. Ainsi la lutte se poursuit, entre les fatalités qui régisse
479 ntre les fatalités qui régissent le monde, séparé de l’homme, et l’homme, séparé de Dieu. Pourtant le dernier mot a été pr
480 t le monde, séparé de l’homme, et l’homme, séparé de Dieu. Pourtant le dernier mot a été prononcé. ⁂ L’effort de l’homme p
481 ourtant le dernier mot a été prononcé. ⁂ L’effort de l’homme pour imposer au monde — mais sans comprendre sa question — un
482 térisé dans ses effets bons et mauvais par le mot de séparation. D’une part, il constitue le ressort de toute invention ;
483 e séparation. D’une part, il constitue le ressort de toute invention ; et le symbole de cette activité, c’est la machine.
484 tue le ressort de toute invention ; et le symbole de cette activité, c’est la machine. D’autre part, il devait aboutir à u
485 à une distinction entre l’esprit et le corps qui, d’ accidentelle qu’elle était à l’origine, allait être décrétée essentiel
486 ne tiendraient plus réellement compte du péché ni de la grâce. Et le symbole de cette passivité, proclamé par la Renaissan
487 ent compte du péché ni de la grâce. Et le symbole de cette passivité, proclamé par la Renaissance, c’est l’individu autono
488 le, et dont l’absurdité tragique évoque ce combat d’ aveugles peint par un primitif flamand. L’humanité pâtit à tous les co
489 s’installe un matérialisme sans âme. ⁂ À ce degré d’ évolution du mal, la conscience du danger s’obscurcit. Une espèce d’in
490 , la conscience du danger s’obscurcit. Une espèce d’ indifférence monstrueuse se répand chez les civilisés. Formulée d’abor
491 orieuse du rationalisme scientifique. Les progrès de la technique ont supprimé définitivement la question. La Nature n’est
492 ature n’est plus que matières premières, surfaces d’ exploitations, richesses du sous-sol ; par une charité dernière, jardi
493 rnière, jardin public. Mais cette forme grossière de la mutilation cosmique n’est pas plus dangereuse que la perversion sp
494 lui oppose depuis le xviiie siècle, sous le nom de Sentiment de la Nature. L’Occidental rationaliste naît dans une ambia
495 epuis le xviiie siècle, sous le nom de Sentiment de la Nature. L’Occidental rationaliste naît dans une ambiance chrétienn
496 naît dans une ambiance chrétienne qui le rassure d’ une manière vague et suffisante quant aux intentions cachées de la Nat
497 vague et suffisante quant aux intentions cachées de la Nature. Il arrive alors que cet homme, trahissant la mission dont
498 ce morbide à l’endroit des réalités naturelles et de l’« attente ardente » des créatures. De la séparation tragique, maint
499 relles et de l’« attente ardente » des créatures. De la séparation tragique, maintenant consommée, il ne subsiste en l’hom
500 science effective. Seul, le désir qu’il dit avoir de « communier » avec la Nature, révèlerait encore qu’il pressent une sé
501 aration dont, par ailleurs, son optimisme, hérité d’ une foi morte, lui dissimule l’irréparable gravité. La « communion ave
502 ien que l’abandon égoïste, et parfois voluptueux, d’ un moi qui renonce à créer, qui renonce à souffrir, qui se rend sourd
503 uestion des choses en même temps qu’à la question de Dieu. Baptiser communion ce lyrisme de l’isolement, c’est un des tour
504 a question de Dieu. Baptiser communion ce lyrisme de l’isolement, c’est un des tours communs de l’orgueil romantique. On a
505 yrisme de l’isolement, c’est un des tours communs de l’orgueil romantique. On a coutume d’en rendre Rousseau responsable.
506 urs communs de l’orgueil romantique. On a coutume d’ en rendre Rousseau responsable. Mais c’est à ses disciples qu’il faudr
507 a pas trompé sur son état. Le sentiment extatique de la nature, dans la Cinquième Rêverie, comment le décrit-il, sinon, pr
508 crit-il, sinon, précisément, comme « le sentiment de l’existence dépouillé de toute autre affection » (entendons : dégagé
509 nt, comme « le sentiment de l’existence dépouillé de toute autre affection » (entendons : dégagé de toute passion, comme a
510 lé de toute autre affection » (entendons : dégagé de toute passion, comme aussi de toute responsabilité !) ; il note bien
511 (entendons : dégagé de toute passion, comme aussi de toute responsabilité !) ; il note bien que ce sentiment permet l’écon
512 ; il note bien que ce sentiment permet l’économie de tout « concours actif de l’âme » ; il pousse la lucidité jusqu’à marq
513 timent permet l’économie de tout « concours actif de l’âme » ; il pousse la lucidité jusqu’à marquer qu’un tel état n’est
514 mmandable, sauf à l’infortuné qu’on a « retranché de la société humaine, et qui ne peut plus rien faire ici-bas d’utile et
515 é humaine, et qui ne peut plus rien faire ici-bas d’ utile et de bon pour autrui ni pour soi ». Enfin, il précise qu’on y a
516 et qui ne peut plus rien faire ici-bas d’utile et de bon pour autrui ni pour soi ». Enfin, il précise qu’on y atteint le m
517 e mieux couché dans un bateau « qui dérive au gré de l’eau ». Image assez frappante de l’homme qui conclut avec le monde u
518 i dérive au gré de l’eau ». Image assez frappante de l’homme qui conclut avec le monde une paix honteuse. Il est vrai que
519 un homme aux solitudes naturelles, la conscience de l’« étrangeté » d’un tel cas se voilait et faisait bientôt place à la
520 udes naturelles, la conscience de l’« étrangeté » d’ un tel cas se voilait et faisait bientôt place à la satisfaction pauvr
521 faisait bientôt place à la satisfaction pauvrette d’ une âme flattée de s’admirer dans l’infini d’un paysage. « Un paysage
522 ace à la satisfaction pauvrette d’une âme flattée de s’admirer dans l’infini d’un paysage. « Un paysage est un état d’âme 
523 ette d’une âme flattée de s’admirer dans l’infini d’ un paysage. « Un paysage est un état d’âme », disait Amiel au comble d
524 un état d’âme », disait Amiel au comble du délire d’ isolement idéaliste. À l’autre extrême, celui du délire objectif ou te
525 qui ne voyait jamais dans un paysage que le plan d’ une possible stratégie12 : nous aurons deux images d’un semblable égar
526 ne possible stratégie12 : nous aurons deux images d’ un semblable égarement. Cette espèce-là de paganisme rassuré n’est pas
527 images d’un semblable égarement. Cette espèce-là de paganisme rassuré n’est pas le fait des seuls païens de notre époque.
528 anisme rassuré n’est pas le fait des seuls païens de notre époque. Le recours aux émotions fortes que la Nature est censée
529 cher dans l’invective prophétique ou dans la joie de la doctrine du salut. Songez à ces pasteurs qui, chaque printemps, sa
530 ui, chaque printemps, saisissent le premier rayon de soleil venu et s’envolent dans une apologétique naturaliste, dont peu
531 olent dans une apologétique naturaliste, dont peu d’ auditeurs soupçonnent qu’elle n’est, au mieux, que le dernier relent,
532 antiques. ⁂ N’est-il pas significatif que le mot de Ehrfurcht qui, chez Goethe, traduit la vénération de l’homme en prése
533 Ehrfurcht qui, chez Goethe, traduit la vénération de l’homme en présence de la Nature ; que le mot de awe, qui exprime che
534 de l’homme en présence de la Nature ; que le mot de awe, qui exprime chez les lakistes ce même sentiment mêlé d’amour et
535 exprime chez les lakistes ce même sentiment mêlé d’ amour et de terreur, que ces mots soient intraduisibles en notre langu
536 ez les lakistes ce même sentiment mêlé d’amour et de terreur, que ces mots soient intraduisibles en notre langue13 ? Alors
537 que les lyriques anglais nourrissent leur flamme d’ une connaissance voluptueuse de l’antagonisme cosmique, la France rati
538 issent leur flamme d’une connaissance voluptueuse de l’antagonisme cosmique, la France rationaliste, catholique et citadin
539 catholique et citadine, théorise sur le sentiment de la Nature, sans jamais atteindre au pathétique existentiel de la ques
540 , sans jamais atteindre au pathétique existentiel de la question. Un seul, peut-être, a pressenti le sens chrétien de la N
541 Un seul, peut-être, a pressenti le sens chrétien de la Nature, c’est Benjamin Constant : on l’accusa de panthéisme. Const
542 la Nature, c’est Benjamin Constant : on l’accusa de panthéisme. Constant, drôle de corps ironique, esprit exact dont les
543 tant : on l’accusa de panthéisme. Constant, drôle de corps ironique, esprit exact dont les erreurs ne sont jamais que défa
544 dont les erreurs ne sont jamais que défaillances de caractère, cet « inconstant », ce païen calviniste, bien moins romain
545 en calviniste, bien moins romain que grec — hélas d’ un hellénisme style Empire — voilà peut-être le seul auteur qui situe
546 e allemand. Il y décrit un état d’âme tout voisin de la « panique » antique14, mais qui, dans cet esprit nourri des Écritu
547 cet esprit nourri des Écritures, ne peut manquer d’ évoquer aussitôt la réponse de l’Épître aux Romains : « Tout l’univers
548 es, ne peut manquer d’évoquer aussitôt la réponse de l’Épître aux Romains : « Tout l’univers s’adresse à l’homme dans un l
549 e ineffable qui se fait entendre dans l’intérieur de son âme, dans une partie de son être inconnue à lui-même, et qui tien
550 ndre dans l’intérieur de son âme, dans une partie de son être inconnue à lui-même, et qui tient à la fois des sens et de l
551 ue à lui-même, et qui tient à la fois des sens et de la pensée. Quoi de plus simple que d’imaginer que cet effort de la na
552 des sens et de la pensée. Quoi de plus simple que d’ imaginer que cet effort de la nature pour pénétrer en nous n’est pas s
553 Quoi de plus simple que d’imaginer que cet effort de la nature pour pénétrer en nous n’est pas sans une mystérieuse signif
554 ponse n’est encore qu’une évasion. Cette « partie de son être inconnue à lui-même », il en fait aussitôt une réalité psych
555 ychologique, « et qui tient à la fois des sens et de la pensée ». Il en conclut qu’elle est « essentiellement du domaine d
556 conclut qu’elle est « essentiellement du domaine de la poésie ». L’origine du mythe contemporain de l’inconscient ne sera
557 e de la poésie ». L’origine du mythe contemporain de l’inconscient ne serait-elle pas, elle aussi, dans ce refus de croire
558 ent ne serait-elle pas, elle aussi, dans ce refus de croire à la réalité tout invisible de « l’homme nouveau » — réalité d
559 ns ce refus de croire à la réalité tout invisible de « l’homme nouveau » — réalité de foi ? ⁂ Seule, l’attitude chrétienne
560 é tout invisible de « l’homme nouveau » — réalité de foi ? ⁂ Seule, l’attitude chrétienne dit « oui » au monde avec une in
561 panthéisme, par un paradoxe dont nous avons tenté de suivre la logique fatale, isole l’individu dans un monde désert ; alo
562 isent l’homme en esprit et en corps, seul l’amour d’ espérance, charité de la foi, nous permet d’apporter à la Nature une r
563 it et en corps, seul l’amour d’espérance, charité de la foi, nous permet d’apporter à la Nature une réponse qui dépasse sa
564 amour d’espérance, charité de la foi, nous permet d’ apporter à la Nature une réponse qui dépasse sa question et qui attein
565 ion et qui atteint et qui embrasse l’être anxieux de la créature. En cet amour, enfin, l’homme et les choses accèdent au c
566 enfin, l’homme et les choses accèdent au concret de leur existence, assumant leur rapport de mutuelle responsabilité. Et
567 concret de leur existence, assumant leur rapport de mutuelle responsabilité. Et ce rapport est orienté vers l’homme. Mais
568 l’homme, vers le nouvel homme, vers les prémices de l’Esprit. En ce lieu où la Poésie devient prière et prophétie, où l’h
569 animaux rugissants, se tient debout en plein midi de la vision, vêtu de sa royale charité.   P.-S. — Nul écrivain contemp
570 se tient debout en plein midi de la vision, vêtu de sa royale charité.   P.-S. — Nul écrivain contemporain mieux que C.
571 su replacer l’homme dans la perspective biblique de la Création. Il faut lire ce chef-d’œuvre qu’est son dernier roman, A
572 deur calvinienne retrouvée, — par ce vieil ennemi de la Genève moderne ! Il faudrait parler longuement du « barthisme » d’
573  ! Il faudrait parler longuement du « barthisme » d’ une telle œuvre, — plus réel sans doute, parce qu’il est plus inconsci
574 oute, parce qu’il est plus inconscient, que celui de nos essais critiques. Mais Ramuz, comme ses héros, s’arrête encore au
575 se devant la Nature. La Résurrection nous délivre de cette angoisse en nous révélant l’éternité perdue de notre être. Mais
576 cette angoisse en nous révélant l’éternité perdue de notre être. Mais par là même, elle nous charge d’une nouvelle respons
577 de notre être. Mais par là même, elle nous charge d’ une nouvelle responsabilité vis-à-vis de la Nature. 12. Mais on peut
578 devant la question. 13. Cf. la remarquable étude de Charles Du Bos sur Wordsworth, dans Vigile, IV, 1931. Elle est riche
579 point de vue. Mais là encore la funeste doctrine de l’analogia entis empêche l’auteur de conclure dans le sens paulinien,
580 ste doctrine de l’analogia entis empêche l’auteur de conclure dans le sens paulinien, et « naturalise » les réalités escha
581 eschatologiques. 14. « La nature n’a point fait de l’homme un être isolé, destiné seulement à cultiver la terre et à la
582 la peupler, et n’ayant avec tout ce qui n’est pas de son espèce que les rapports arides et fixes que l’utilité l’invite à
583 orizon sans bornes, ou se promenant sur les rives de la mer que viennent battre les vagues, ou levant les yeux vers le fir
584 ues, ou levant les yeux vers le firmament parsemé d’ étoiles, n’ait éprouvé une sorte d’émotion qu’il lui était impossible
585 mament parsemé d’étoiles, n’ait éprouvé une sorte d’ émotion qu’il lui était impossible d’analyser ou de définir. On dirait
586 vé une sorte d’émotion qu’il lui était impossible d’ analyser ou de définir. On dirait que des voix descendent du haut des
587 ’émotion qu’il lui était impossible d’analyser ou de définir. On dirait que des voix descendent du haut des cieux…, il sem
588 aut des cieux…, il semble y avoir je ne sais quoi de prophétique dans le vol pesant du corbeau, dans les cris funèbres des
589 nt du corbeau, dans les cris funèbres des oiseaux de la nuit, dans les rugissements éloignés des bêtes sauvages. » (Benjam
590 ns sur le Théâtre allemand). i. Rougemont Denis de , « Précisions sur la mort du grand Pan », Hic et Nunc, Paris, avril 1
8 1934, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Éditorial (juillet 1934)
591 lez à respondre à chascun qui vont demande rayson de l’espérance qui est en vous.15 » On n’oserait pas affirmer que le pro
592 .15 » On n’oserait pas affirmer que le protestant d’ aujourd’hui, dans la moyenne, soit trop bien appareillé. Il advient mê
593 ’incertitude. Il ne lui reste alors que le refuge d’ un antidogmatisme cordial, sous le couvert duquel renaissent bien des
594 u libre examen dans la mesure où cela le dispense de répondre d’une façon précise et autorisée aux questions des incroyant
595 en dans la mesure où cela le dispense de répondre d’ une façon précise et autorisée aux questions des incroyants ou des cat
596 oyants ou des catholiques ; mais il se soucie peu d’ examiner « librement », comme le veut la formule rationaliste, ou fidè
597 t, comme le voulait Calvin, le contenu des dogmes de l’Église chrétienne. Cette indifférence est si profonde qu’elle rend
598 es hérésies qui se sont introduites dans la piété de nos églises au cours des deux derniers siècles. Non seulement on voit
599 ulement on voit des pasteurs prêcher l’équivalent de la doctrine du salut par les œuvres, mais encore on voit ces mêmes pa
600 mêmes pasteurs lire sans sourciller la confession de nos églises, qui proclame le salut par la foi seule. Bien plus, quand
601 vient rappeler avec force l’exigence évangélique de la mort à soi-même, vient définir à nouveau l’Église chrétienne comme
602 , chaque dimanche pourtant, prêchent l’exaltation de « l’âme humaine » par la religion, et qui définissent volontiers l’Ég
603 nt volontiers l’Église comme une force au service de la civilisation, s’étonner des rudesses de ce théologien, et affirmer
604 ervice de la civilisation, s’étonner des rudesses de ce théologien, et affirmer innocemment qu’il n’y a rien de bien nouve
605 ologien, et affirmer innocemment qu’il n’y a rien de bien nouveau dans ce message ; que c’est là ce qu’ils ont toujours di
606 urs dit. Ainsi le sel perd sa saveur. Les ravages de cette indifférence théologique sont tels qu’on se demande parfois si
607 quentés par des protestants, et si la prédication de Calvin ressuscité y provoquerait autre chose qu’une curiosité passagè
608 laient un peu moins fort, ce serait bien édifiant de les entendre… Le seul avantage de cette situation, c’est qu’elle a qu
609 t bien édifiant de les entendre… Le seul avantage de cette situation, c’est qu’elle a quelque peu immunisé les fidèles con
610 Mais combien s’en trouve-t-il qui soient capables d’ expliquer ce qu’ils croient ? Combien qui puissent donner raison de ce
611 ’ils croient ? Combien qui puissent donner raison de ce que dans la communion, et non pas dans le pain et le vin, il y a l
612 neur mort pour nous, impies ? Peut-être le fidèle d’ aujourd’hui n’a-t-il plus, comme ses pères, la crainte païenne de se p
613 ’a-t-il plus, comme ses pères, la crainte païenne de se présenter à la table sainte dans un état « moral » insuffisant ; m
614 » insuffisant ; mais sait-il bien que seul l’aveu de sa totale insuffisance morale lui donne le droit de saisir le salut d
615 sa totale insuffisance morale lui donne le droit de saisir le salut dont les signes sacrés sont le gage ? On est moins ex
616 eant. Nous renoncerons, dans cette nouvelle série de Hic et Nunc , à polémiser directement contre les hérésies qui fourmi
617 croyance moderne. Nous avons eu le tort, souvent, d’ attaquer des erreurs auxquelles bien des fidèles tiennent aussi peu qu
618 sont point. Nous tenterons simplement, désormais, de « donner raison de l’espérance qui est en nous ». À nos lecteurs comm
619 nterons simplement, désormais, de « donner raison de l’espérance qui est en nous ». À nos lecteurs comme à nous-mêmes, nou
620 e à nous-mêmes, nous demanderons le simple effort de confronter la doctrine chrétienne telle que les bons docteurs de la R
621 a doctrine chrétienne telle que les bons docteurs de la Réforme nous l’enseignent, avec l’ensemble vague et contradictoire
622 seignent, avec l’ensemble vague et contradictoire d’ idées, de sentiments, d’habitudes pieuses, de doctrines plus ou moins
623 avec l’ensemble vague et contradictoire d’idées, de sentiments, d’habitudes pieuses, de doctrines plus ou moins autorisée
624 e vague et contradictoire d’idées, de sentiments, d’ habitudes pieuses, de doctrines plus ou moins autorisées, de préjugés,
625 oire d’idées, de sentiments, d’habitudes pieuses, de doctrines plus ou moins autorisées, de préjugés, que tout fidèle port
626 s pieuses, de doctrines plus ou moins autorisées, de préjugés, que tout fidèle porte en soi. Nous essaierons de reconstitu
627 és, que tout fidèle porte en soi. Nous essaierons de reconstituer l’« appareil » dogmatique dont une théologie ou une abse
628 il » dogmatique dont une théologie ou une absence de théologie également orgueilleuses ont cruellement privé tant de chrét
629 eilleuses ont cruellement privé tant de chrétiens de bonne volonté. Scientifiquement, il y faudrait de gros volumes. Mais
630 de bonne volonté. Scientifiquement, il y faudrait de gros volumes. Mais il suffit parfois de quelques phrases, d’un mot re
631 faudrait de gros volumes. Mais il suffit parfois de quelques phrases, d’un mot rendu à son vrai sens, pour orienter le dé
632 umes. Mais il suffit parfois de quelques phrases, d’ un mot rendu à son vrai sens, pour orienter le débat intérieur, pour d
633 a question fût posée utilement. Il suffit parfois d’ indiquer, de rappeler certains arguments ; de les grouper en brefs tra
634 ût posée utilement. Il suffit parfois d’indiquer, de rappeler certains arguments ; de les grouper en brefs traités. Dans l
635 fois d’indiquer, de rappeler certains arguments ; de les grouper en brefs traités. Dans le petit espace dont nous disposon
636 le petit espace dont nous disposons pour aborder de si grands sujets, force nous est de condenser, de couper court à des
637 pour aborder de si grands sujets, force nous est de condenser, de couper court à des développements qui parfois mettraien
638 de si grands sujets, force nous est de condenser, de couper court à des développements qui parfois mettraient de l’aise da
639 court à des développements qui parfois mettraient de l’aise dans nos pages. Notre ambition serait d’être relus. Nous aimon
640 t de l’aise dans nos pages. Notre ambition serait d’ être relus. Nous aimons cette maxime de Nietzsche : « Ne rien écrire d
641 ion serait d’être relus. Nous aimons cette maxime de Nietzsche : « Ne rien écrire d’autre que ce qui pourrait désespérer l
642 mons cette maxime de Nietzsche : « Ne rien écrire d’ autre que ce qui pourrait désespérer l’espèce d’hommes qui “se hâte”. 
643 e d’autre que ce qui pourrait désespérer l’espèce d’ hommes qui “se hâte”. » 15. I Pierre 3 :15. Version de Calvin. 16.
644 es qui “se hâte”. » 15. I Pierre 3 :15. Version de Calvin. 16. Et malgré certains catéchismes. Nous y reviendrons au n°
645 Nous y reviendrons au n° 8. j. Rougemont Denis de , « Éditorial », Hic et Nunc, Paris, juillet 1934, p. 65-67.
9 1935, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Les trois temps de la Parole (mai 1935)
646 Les trois temps de la Parole (mai 1935)k On sait avec quelle insistance Kierkegaard r
647 ses œuvres proprement religieuses, sur la notion de « contemporanéité » avec le Christ. Toute la polémique de Kierkegaard
648 temporanéité » avec le Christ. Toute la polémique de Kierkegaard est dirigée contre un certain esprit historique ou histor
649 qui tend à nous faire croire qu’après 19 siècles de christianisme, le « scandale » du Christ s’est atténué. Cette longue
650 ogmes appris, nous dispenseraient progressivement de faire en présence du Verbe divin incarné dans un homme juif, l’acte d
651 du Verbe divin incarné dans un homme juif, l’acte de foi impossible à l’homme, celui que Pierre fit lorsqu’il dit à Jésus 
652 s du Dieu vivant ! » L’Histoire, le développement de la tradition, l’accoutumance religieuse nous faciliteraient cette rec
653 t ainsi, sans que nous nous en doutions, à l’acte de l’Esprit. Le scandale s’évanouirait, pour faire place à une adhésion
654 i toucher, ni comprendre humainement. Cette thèse de Kierkegaard, sous la forme polémique et non systématique qu’il lui a
655 on systématique qu’il lui a donnée, peut prêter à de graves malentendus. À celui-ci en particulier : certains seront tenté
656 celui-ci en particulier : certains seront tentés de croire que tout l’effort de la pensée chrétienne doit être de remonte
657 ertains seront tentés de croire que tout l’effort de la pensée chrétienne doit être de remonter l’Histoire, de se transpor
658 e tout l’effort de la pensée chrétienne doit être de remonter l’Histoire, de se transporter en imagination aux premières a
659 nsée chrétienne doit être de remonter l’Histoire, de se transporter en imagination aux premières années de notre ère, en J
660 e transporter en imagination aux premières années de notre ère, en Judée, de nous remettre tant bien que mal dans la situa
661 tion aux premières années de notre ère, en Judée, de nous remettre tant bien que mal dans la situation de Pierre devant Jé
662 nous remettre tant bien que mal dans la situation de Pierre devant Jésus, bref, de nous rendre contemporains de Jésus-Chri
663 l dans la situation de Pierre devant Jésus, bref, de nous rendre contemporains de Jésus-Christ en faisant abstraction du t
664 devant Jésus, bref, de nous rendre contemporains de Jésus-Christ en faisant abstraction du temps qui nous sépare de son a
665 t en faisant abstraction du temps qui nous sépare de son apparition terrestre. Notre formation historique et psychologique
666 ique nous y invite. Bien plus, la pente naturelle de notre esprit nous y pousse. D’une part, nous ne pouvons nous empêcher
667 pousse. D’une part, nous ne pouvons nous empêcher de nous « transporter par la pensée » à l’époque et aux lieux historique
668 e » à l’époque et aux lieux historiques où la vie de Jésus s’est écoulée. D’autre part, nous ne pouvons nous empêcher, apr
669 e part, nous ne pouvons nous empêcher, après tant d’ auteurs religieux — qui ne sont pas tous américains — de nous représen
670 urs religieux — qui ne sont pas tous américains — de nous représenter un « Jésus-homme », un « ami suprême », présent parm
671 rait être confondu, par certains, avec l’exigence de la « contemporanéité » de Kierkegaard. Il a bien pour objet de nous r
672 rtains, avec l’exigence de la « contemporanéité » de Kierkegaard. Il a bien pour objet de nous rendre, d’une façon ou d’un
673 mporanéité » de Kierkegaard. Il a bien pour objet de nous rendre, d’une façon ou d’une autre, « contemporains » de l’appar
674 Kierkegaard. Il a bien pour objet de nous rendre, d’ une façon ou d’une autre, « contemporains » de l’apparition de Jésus-C
675 a bien pour objet de nous rendre, d’une façon ou d’ une autre, « contemporains » de l’apparition de Jésus-Christ. Mais ne
676 re, d’une façon ou d’une autre, « contemporains » de l’apparition de Jésus-Christ. Mais ne jouons pas sur le mot pour fair
677 ou d’une autre, « contemporains » de l’apparition de Jésus-Christ. Mais ne jouons pas sur le mot pour faire dire à Kierkeg
678 faire dire à Kierkegaard exactement le contraire de ce qu’il entendait. Car il est évident que notre double effort pour n
679 Lorsque nous nous laissons aller à cette tendance de notre esprit — car c’est bien de la même tendance qu’il s’agit dans l
680 à cette tendance de notre esprit — car c’est bien de la même tendance qu’il s’agit dans les deux cas — nous ne pensons qu’
681 us ne pensons qu’aux 19 siècles qui nous séparent de Jésus-homme, et que nous parvenons plus ou moins aisément à survoler,
682 dain, profondément déçus, dans la réalité profane d’ aujourd’hui. Nous oublions tout simplement ce fait : c’est qu’entre le
683 une éternité ; il n’y a pas une certaine quantité de temps et d’histoire, mais l’abîme absolu d’une différence de qualité 
684  ; il n’y a pas une certaine quantité de temps et d’ histoire, mais l’abîme absolu d’une différence de qualité ; il n’y a p
685 ntité de temps et d’histoire, mais l’abîme absolu d’ une différence de qualité ; il n’y a pas une distance, mais une ruptur
686 d’histoire, mais l’abîme absolu d’une différence de qualité ; il n’y a pas une distance, mais une rupture — notre péché.
687 ce Jésus-homme si cher à la théologie moderniste ( de Lessing à Fosdick), si cher aux historiens, aux psychologues, aux par
688 r aux historiens, aux psychologues, aux partisans de l’expérience religieuse « sentie et vécue ». Mais si c’est le péché q
689 t vécue ». Mais si c’est le péché qui nous sépare de Christ, pensons-nous rejoindre Jésus-Christ par les artifices d’une p
690 ons-nous rejoindre Jésus-Christ par les artifices d’ une pensée justement soumise au péché ? D’autre part, il nous est impo
691 e au péché ? D’autre part, il nous est impossible de nous arrêter de penser… Telle est l’impasse où nous conduisent non se
692 utre part, il nous est impossible de nous arrêter de penser… Telle est l’impasse où nous conduisent non seulement la pensé
693 aine irrépressible, dès que la vigilance critique d’ une sobre théologie se relâche. ⁂ Nous ne sortirons jamais une fois po
694 . ⁂ Nous ne sortirons jamais une fois pour toutes d’ une telle impasse. Au contraire, toutes nos théories nous y ramènent.
695 constamment la vraie nature, le caractère absolu de cette difficulté. La question précise que nous nous poserons sera don
696 on historico-psychologique, lorsque nous essayons de prendre au sérieux l’exigence de la contemporanéité avec le Christ de
697 ue nous essayons de prendre au sérieux l’exigence de la contemporanéité avec le Christ des évangiles ? La Dogmatique de Ba
698 éité avec le Christ des évangiles ? La Dogmatique de Barth nous offre maints exemples de mise au point théologique des thè
699 La Dogmatique de Barth nous offre maints exemples de mise au point théologique des thèses parfois fort équivoques de Kierk
700 nt théologique des thèses parfois fort équivoques de Kierkegaard. Le plus frappant est peut-être fourni par le passage où
701 fourni par le passage où Barth traite précisément de la notion de contemporanéité avec la Parole de Dieu. Essayons de résu
702 passage où Barth traite précisément de la notion de contemporanéité avec la Parole de Dieu. Essayons de résumer sa descri
703 nt de la notion de contemporanéité avec la Parole de Dieu. Essayons de résumer sa description extrêmement précise et vigou
704 contemporanéité avec la Parole de Dieu. Essayons de résumer sa description extrêmement précise et vigoureuse des trois te
705 extrêmement précise et vigoureuse des trois temps de la Parole de Dieu. Nous la trouvons aux pages 148 à 155 du premier to
706 récise et vigoureuse des trois temps de la Parole de Dieu. Nous la trouvons aux pages 148 à 155 du premier tome (en cours
707 ons aux pages 148 à 155 du premier tome (en cours de traduction). Il y a trois sortes de temps, dit Barth : le temps de Jé
708 ome (en cours de traduction). Il y a trois sortes de temps, dit Barth : le temps de Jésus-Christ, — le temps de ses témoin
709 l y a trois sortes de temps, dit Barth : le temps de Jésus-Christ, — le temps de ses témoins bibliques, — le temps de l’Ég
710 dit Barth : le temps de Jésus-Christ, — le temps de ses témoins bibliques, — le temps de l’Église (notre temps). Ce sont
711 , — le temps de ses témoins bibliques, — le temps de l’Église (notre temps). Ce sont là les trois temps de la Parole. Jésu
712 ’Église (notre temps). Ce sont là les trois temps de la Parole. Jésus-Christ est la Parole de Dieu (Jean i). Les écrits de
713 is temps de la Parole. Jésus-Christ est la Parole de Dieu (Jean i). Les écrits des prophètes et des apôtres — l’Ancien et
714 en et le Nouveau Testament — sont les témoignages de la Parole. Enfin, la prédication de l’Église procède de ces témoignag
715 s témoignages de la Parole. Enfin, la prédication de l’Église procède de ces témoignages et renvoie, au-delà d’elle-même,
716 Parole. Enfin, la prédication de l’Église procède de ces témoignages et renvoie, au-delà d’elle-même, à travers eux, à la
717 se procède de ces témoignages et renvoie, au-delà d’ elle-même, à travers eux, à la Parole même de Dieu. « Autre est le tem
718 delà d’elle-même, à travers eux, à la Parole même de Dieu. « Autre est le temps du parler direct et originel de Dieu lui-m
719 « Autre est le temps du parler direct et originel de Dieu lui-même dans sa Révélation, le temps de Jésus-Christ, le temps
720 nel de Dieu lui-même dans sa Révélation, le temps de Jésus-Christ, le temps de celui qui a été annoncé aux prophètes et au
721 sa Révélation, le temps de Jésus-Christ, le temps de celui qui a été annoncé aux prophètes et aux apôtres pour qu’ils en t
722 u’ils en témoignent ensuite, — autre est le temps de ce témoignage, le temps de la prophétie et de l’apostolat, le temps d
723 , — autre est le temps de ce témoignage, le temps de la prophétie et de l’apostolat, le temps de Pierre sur lequel Christ
724 mps de ce témoignage, le temps de la prophétie et de l’apostolat, le temps de Pierre sur lequel Christ bâtit son Église…,
725 temps de la prophétie et de l’apostolat, le temps de Pierre sur lequel Christ bâtit son Église…, — autre encore est le tem
726 st bâtit son Église…, — autre encore est le temps de cette Église même, le temps de la prédication dérivée de la parole de
727 ncore est le temps de cette Église même, le temps de la prédication dérivée de la parole des prophètes et des apôtres, ori
728 e Église même, le temps de la prédication dérivée de la parole des prophètes et des apôtres, orientée vers cette parole et
729 s apôtres, orientée vers cette parole et recevant d’ elle sa norme. » Or, ces temps différents ne sont pas différenciés seu
730 éloignement des siècles et l’évolution historique de l’humanité. Ils résultent d’attitudes différentes que Dieu adopte en
731 évolution historique de l’humanité. Ils résultent d’ attitudes différentes que Dieu adopte en face de l’homme. Ils représen
732 face de l’homme. Ils représentent trois activités de Dieu bien distinctes. « Cette position différente dans la hiérarchie
733 s. « Cette position différente dans la hiérarchie de Dieu distingue les trois temps d’une manière tout à fait particulière
734 s la hiérarchie de Dieu distingue les trois temps d’ une manière tout à fait particulière, qui n’est pas celle dont se dist
735 qui n’est pas celle dont se distinguent les temps de l’homme en dehors de la Parole de Dieu, et qui dépend ici de la disti
736 guent les temps de l’homme en dehors de la Parole de Dieu, et qui dépend ici de la distinction propre aux temps de la Paro
737 en dehors de la Parole de Dieu, et qui dépend ici de la distinction propre aux temps de la Parole. » Autrement dit, ces tr
738 qui dépend ici de la distinction propre aux temps de la Parole. » Autrement dit, ces trois temps ne sont pas dans le prolo
739 ne sont pas dans le prolongement historique l’un de l’autre ; ce ne sont pas trois portions successives du même temps dan
740 dans lequel nous vivons, mais bien trois espèces de temps distinctes. D’où il résulte que l’on ne peut pas passer de l’un
741 ons, mais bien trois espèces de temps distinctes. D’ où il résulte que l’on ne peut pas passer de l’un à l’autre par un mou
742 ctes. D’où il résulte que l’on ne peut pas passer de l’un à l’autre par un mouvement continu, de proche en proche. Il faut
743 asser de l’un à l’autre par un mouvement continu, de proche en proche. Il faut un saut17. Prenons un exemple fameux : celu
744 faut un saut17. Prenons un exemple fameux : celui de Pierre à Césarée de Philippe. Certes, Pierre vit dans le même temps q
745 Pierre vit dans le même temps que Jésus, le rabbi de Nazareth, mais il ne devient le « contemporain » du Fils de Dieu qu’à
746 h, mais il ne devient le « contemporain » du Fils de Dieu qu’à l’instant où, par la foi, il prononce : « Tu es le Christ,
747 , qui lui fait faire le « pas », le saut du temps de la prophétie au temps de la présence. Ou encore : c’est Dieu seul qui
748 e : c’est Dieu seul qui peut faire passer l’homme d’ un temps à l’autre, c’est par le « bon plaisir » de Dieu seul que nous
749 ’un temps à l’autre, c’est par le « bon plaisir » de Dieu seul que nous pouvons devenir contemporains de sa Parole. Nicodè
750 Dieu seul que nous pouvons devenir contemporains de sa Parole. Nicodème a beau vivre en même temps que le Christ : il ne
751 ète, il n’est pas son contemporain. Les disciples d’ Emmaüs ont beau cheminer aux côtés du Christ : ils ne deviennent ses c
752 Calvaire, l’un seulement devient le contemporain de son Sauveur. Ce dernier exemple fait sentir l’échec final de toute mé
753 eur. Ce dernier exemple fait sentir l’échec final de toute méthode historique qui voudrait nous rendre « contemporains » d
754 orique qui voudrait nous rendre « contemporains » de Christ. Car cette méthode, par elle-même, ne peut nous conduire qu’à
755 ge des apôtres, la Bible, est le vis-à-vis absolu de l’Église dans notre temps. Il dépend de Dieu seul, et nullement de no
756 is absolu de l’Église dans notre temps. Il dépend de Dieu seul, et nullement de nos efforts, que nous passions de notre te
757 notre temps. Il dépend de Dieu seul, et nullement de nos efforts, que nous passions de notre temps à ce temps des apôtres,
758 l, et nullement de nos efforts, que nous passions de notre temps à ce temps des apôtres, ou à ce temps de la Parole faite
759 notre temps à ce temps des apôtres, ou à ce temps de la Parole faite chair. ⁂ On dira qu’il ne s’agit là que d’un schéma.
760 ole faite chair. ⁂ On dira qu’il ne s’agit là que d’ un schéma. Certes, et j’ai dû schématiser encore les pages que Barth c
761 oudre concrètement nos problèmes. Elle a pour but de les poser, de nous donner un instrument critique qui nous renvoie san
762 ment nos problèmes. Elle a pour but de les poser, de nous donner un instrument critique qui nous renvoie sans cesse à la r
763 , et qui corrige le mouvement naturel et perverti de nos pensées. Cette position du problème, que nous venons d’esquisser
764 ées. Cette position du problème, que nous venons d’ esquisser, nous permettra de situer honnêtement les essais qui compose
765 lème, que nous venons d’esquisser, nous permettra de situer honnêtement les essais qui composent ce numéro de Hic et Nunc.
766 er honnêtement les essais qui composent ce numéro de Hic et Nunc. Qu’il soit donc bien établi : 1° que les efforts de notr
767 Qu’il soit donc bien établi : 1° que les efforts de notre imagination, qu’ils s’expriment sous une forme franchement litt
768 forme franchement littéraire18, ou sous la forme de méditations religieuses, ou même sous forme de sermons, sont par eux-
769 mêmes absolument vains, s’ils prétendent, à force d’ habileté, de science, de poésie ou d’éloquence, nous rendre « contempo
770 ment vains, s’ils prétendent, à force d’habileté, de science, de poésie ou d’éloquence, nous rendre « contemporains » de l
771 s’ils prétendent, à force d’habileté, de science, de poésie ou d’éloquence, nous rendre « contemporains » de la Parole ou
772 ent, à force d’habileté, de science, de poésie ou d’ éloquence, nous rendre « contemporains » de la Parole ou de ses témoin
773 sie ou d’éloquence, nous rendre « contemporains » de la Parole ou de ses témoins bibliques ; 2° qu’ils ne peuvent avoir d’
774 ce, nous rendre « contemporains » de la Parole ou de ses témoins bibliques ; 2° qu’ils ne peuvent avoir d’utilité que s’il
775 es témoins bibliques ; 2° qu’ils ne peuvent avoir d’ utilité que s’ils concrétisent à nos yeux les limites de nos imaginati
776 ité que s’ils concrétisent à nos yeux les limites de nos imaginations. Reconnaître, éprouver péniblement ces limites, voil
777 ver péniblement ces limites, voilà la vraie leçon de nos voyages en Palestine, réels ou figurés. Nous ne pouvons nous empê
778 , réels ou figurés. Nous ne pouvons nous empêcher d’ imaginer. Le sermon le plus sec, le plus littéralement biblique, compo
779 téralement biblique, comportera toujours une part de « littérature », une tentative de représenter aux yeux des fidèles le
780 ujours une part de « littérature », une tentative de représenter aux yeux des fidèles les choses qu’il annonce. L’importan
781 e signification19. Quand nous parlons des témoins de la Bible, nous n’avons pas à nous préoccuper outre mesure d’exactitud
782 , nous n’avons pas à nous préoccuper outre mesure d’ exactitude historique, archéologique, etc. La plus grande fantaisie no
783 rande fantaisie nous est permise dans nos efforts de représentation : puisqu’aussi bien, tous ces efforts ne pourront jama
784 ns un certain sens, on peut dire que l’échec seul de ces efforts leur confère, s’il est déclaré expressément, s’il est épr
785 r l’orateur et par l’auditeur comme une nécessité de notre nature, leur sens de prédication. Par le véhicule de l’histoire
786 ur comme une nécessité de notre nature, leur sens de prédication. Par le véhicule de l’histoire ou de notre imagination — 
787 nature, leur sens de prédication. Par le véhicule de l’histoire ou de notre imagination — machine à remonter le temps —, n
788 de prédication. Par le véhicule de l’histoire ou de notre imagination — machine à remonter le temps —, nous ne rejoindron
789 ent. Nous avons voulu confronter avec les témoins de la Bible, les « problèmes » — le mot est bien faible — qui se posent
790 th dit simplement « un pas », soucieux sans doute de se distinguer des philosophes « existentiels », qui ont mis à toutes
791 es et romantiques la notion, chère à Kierkegaard, de saut. 18. ou cinématographique ! Voir le film Golgotha. Ou encore la
792 que ! Voir le film Golgotha. Ou encore la Passion d’ Oberammergau ! 19. C’est le rôle que joue la parole peinte par Grünew
793 amais aucun juif ne l’a été. k. Rougemont Denis de , « Les trois temps de la Parole », Hic et Nunc, Paris, mai 1935, p. 1
794 a été. k. Rougemont Denis de, « Les trois temps de la Parole », Hic et Nunc, Paris, mai 1935, p. 152-158.
10 1935, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Soirée chez Nicodème (mai 1935)
795 quoi ? Au nom de l’expérience que vous n’avez pas d’ expérience ! W. Monod, Le Problème du Bien, I, p. 512. Nous avions d
796 ne l’ignorez pas — c’est cet illustre professeur de théologie dogmatique dont l’esprit de répartie et la finesse à distin
797 professeur de théologie dogmatique dont l’esprit de répartie et la finesse à distinguer chez son interlocuteur, quel qu’i
798 n interlocuteur, quel qu’il soit, le point faible d’ un raisonnement, qu’il se borne à faire apparaître par une simple ques
799 borne à faire apparaître par une simple question de bon sens, a fait toute la célébrité. On se plaît à le dire : il n’a p
800 la célébrité. On se plaît à le dire : il n’a pas d’ âge. Sa barbe blanche et ses joues roses, son grand front d’humaniste
801 barbe blanche et ses joues roses, son grand front d’ humaniste et ses yeux vifs de Méditerranéen lui composent un visage cl
802 ses, son grand front d’humaniste et ses yeux vifs de Méditerranéen lui composent un visage classique, que d’aucuns n’hésit
803 iterranéen lui composent un visage classique, que d’ aucuns n’hésitent pas à comparer à celui du Vinci, que d’autres, simpl
804 ui du Vinci, que d’autres, simplement, qualifient de patriarcal. Tel est donc Nicodème, et tel est son aspect vénérable. P
805 t tel est son aspect vénérable. Pour ses qualités d’ âme, j’espère que ce récit d’une soirée passée dans son salon pourra f
806 e. Pour ses qualités d’âme, j’espère que ce récit d’ une soirée passée dans son salon pourra faire deviner quelques-unes d’
807 , revint à la théologie avec les premières tasses de café. Un étudiant feuilletait un gros ouvrage posé en évidence sur le
808 Un monument ! » prononça Nicodème en s’approchant de l’étudiant. Nous nous assîmes en cercle autour du patriarche. Et l’en
809 fred Monod, m’écriai-je, n’est-ce pas celui qu’un de mes amis, effrayé de son humanisme, a baptisé l’homme qui ne veut pas
810 je, n’est-ce pas celui qu’un de mes amis, effrayé de son humanisme, a baptisé l’homme qui ne veut pas mourir ? » — Il y a
811 pas mourir ? » — Il y a des gens qui ont le sens de la gaffe, et le sort, je le crains, a voulu que j’en fusse. Mais Nico
812 eux débat. Je n’ignore pas que l’éternel problème de la mort à soi-même et au monde est l’un de ceux qui préoccupent le pl
813 oblème de la mort à soi-même et au monde est l’un de ceux qui préoccupent le plus, et à très juste titre, nos jeunes barth
814 eunes barthiens, kierkegaardiens et « réacteurs » de diverses nuances. Je m’étonne seulement de vous voir prendre à votre
815 eurs » de diverses nuances. Je m’étonne seulement de vous voir prendre à votre compte un jugement si désobligeant, — si !
816 pas, j’ai surmonté depuis longtemps toute espèce d’ amour-propre en ces matières ! —, un jugement si désobligeant, dis-je,
817 —, un jugement si désobligeant, dis-je, pour l’un de mes collègues et amis les plus chers. Je serais fort curieux de savoi
818 es et amis les plus chers. Je serais fort curieux de savoir sur quoi vous appuyez, précisément, ce jugement-là : « L’homme
819 mme qui ne veut pas mourir. » Moi. — Il y aurait de l’impertinence à affirmer rien de « précis », en se rapportant à quel
820 . — Il y aurait de l’impertinence à affirmer rien de « précis », en se rapportant à quelque affirmation choisie entre tren
821 isie entre trente-six-mille autres dans l’ouvrage de M. Monod. Vous savez qu’il a 3000 pages. Mais que dites-vous de ces d
822 ous savez qu’il a 3000 pages. Mais que dites-vous de ces deux phrases qui me sont tombées sous les yeux tandis que je parc
823 petit carnet) : « Je reste sur le terrain concret de l’humble “bon sens” (cartésien ?), et de la quotidienne “expérience”
824 concret de l’humble “bon sens” (cartésien ?), et de la quotidienne “expérience” chrétienne. » (Tome III, p. 287.) Et ceci
825  287.) Et ceci : « Un homme ne peut se dépouiller de son humanité. » Par malheur, j’ai oublié la référence. Nicodème. — P
826 Moi. — M. Monod dit même : « Le terrain concret de l’humble bon sens cartésien. » Étiez-vous vraiment « cartésien » en c
827 ien l’êtes-vous devenu ? Peut-on dire que l’homme de la table rase se soit placé sur le « terrain concret de l’humble bon
828 table rase se soit placé sur le « terrain concret de l’humble bon sens » ? Pardonnez-moi d’ergoter… Mais je sais bien ce q
829 in concret de l’humble bon sens » ? Pardonnez-moi d’ ergoter… Mais je sais bien ce que M. Monod voulait dire : il pense que
830 placent plus volontiers sur le « terrain abstrait de l’orgueilleux paradoxe ». Il ne nous pardonne guère de faire table ra
831 orgueilleux paradoxe ». Il ne nous pardonne guère de faire table rase de ce qu’il appelle « l’expérience chrétienne ». U
832  ». Il ne nous pardonne guère de faire table rase de ce qu’il appelle « l’expérience chrétienne ». Un étudiant. — Tenez,
833 dont vous aviez perdu la référence. Permettez-moi de vous le lire. C’est à la page 512 du premier tome : « … n’avoir pas f
834 … n’avoir pas fait une expérience est à la portée d’ un quelconque. À ceux qui préconisent un pareil idéal (au moins en app
835 u moins en apparence, entraînés par l’exagération de leurs formules téméraires) je dirais volontiers : un homme ne peut se
836 irais volontiers : un homme ne peut se dépouiller de son humanité ; un chrétien ne peut se dégager de sa “divinité” (au se
837 de son humanité ; un chrétien ne peut se dégager de sa “divinité” (au sens où saint Chrysostome prenait le terme). Et pui
838 quoi ? Au nom de l’expérience que vous n’avez pas d’ expérience… » Mme Nicodème. — Comme c’est bien dit ! Ce M. Monod a vr
839 me c’est bien dit ! Ce M. Monod a vraiment le don de la formule. Et quelle charité dans tout ce qu’il écrit ! Poupette (f
840 arité dans tout ce qu’il écrit ! Poupette (fille de Nicodème, 20 ans). — C’est extrêmement suggestif ! Et c’est tellement
841 seule expérience qu’on fait, c’est qu’on n’a pas d’ expérience… Je n’osais pas le dire, mais c’est ce que je sens profondé
842 est, comme moi d’ailleurs, un partisan impénitent de l’expérience chrétienne, de sa piété vécue et chaque jour expérimenté
843 n partisan impénitent de l’expérience chrétienne, de sa piété vécue et chaque jour expérimentée tout à nouveau ! J’ai conn
844 au ! J’ai connu des évangélistes qui avaient fait d’ admirables expériences, et leurs récits t’eussent fait le plus grand b
845 grand bien. Certes, il y a des abus partout, mais de là à condamner la notion même d’expérience ! N’est-ce pas au récit de
846 us partout, mais de là à condamner la notion même d’ expérience ! N’est-ce pas au récit de ses miracles que je l’ai reconnu
847 notion même d’expérience ! N’est-ce pas au récit de ses miracles que je l’ai reconnu ? Un miracle, voilà une expérience,
848 t combien édifiante ! (Se tournant vers un groupe de jeunes barthiens très excités qui échangent dans un coin des coups de
849 très excités qui échangent dans un coin des coups de coude significatifs.) Enfin, mes chers amis, si le christianisme n’es
850 ce à la fois humaine et divine ! — que reste-t-il de la vie chrétienne ? Je vous le demande ! Mme Nicodème (sèchement). —
851 bien, il reste simplement le message existentiel de la Parole de Dieu ! Il me semble que c’est assez !   — Ici s’engagea
852 te simplement le message existentiel de la Parole de Dieu ! Il me semble que c’est assez !   — Ici s’engagea un débat extr
853 e que voulait établir le barthien entre la notion d’ expérience et le concept d’existentiel, Nicodème soutenait leur identi
854 rthien entre la notion d’expérience et le concept d’ existentiel, Nicodème soutenait leur identité et alla même jusqu’à cit
855 tité et alla même jusqu’à citer certaines paroles de Kierkegaard à l’appui de sa thèse : « Kierkegaard, ce prince du parad
856 oliment mon ami Monod. » Selon Nicodème, le terme d’ existentiel n’était qu’une locution philosophique « importée d’Allemag
857 n’était qu’une locution philosophique « importée d’ Allemagne », inassimilable pour nos « clairs esprits latins », et qui,
858 ême chose qu’expérience. J’avoue que je fus tenté de lui donner raison. Et je l’eusse fait avec plaisir si les arguments i
859 s à l’appui de sa thèse, assez juste, eussent été d’ une autre nature que ceux de M. Dürrleman… Je ne sais si vous sentez c
860 ez juste, eussent été d’une autre nature que ceux de M. Dürrleman… Je ne sais si vous sentez comme moi, mais cette « clart
861 s cette « clarté latine » me donne toujours envie de dire des grossièretés, — en allemand, par-dessus le marché. Or, le to
862 , — en allemand, par-dessus le marché. Or, le ton de cette soirée avait été jusqu’à ce moment des plus polis, peut-être mê
863 de conviction, quel que fut par ailleurs l’objet de la conviction. Une belle soirée théologique ! On invoquait tantôt Hei
864 comprises que Sabatier, tantôt l’humble bon sens de M. Monod, tantôt la science universelle du même auteur. Cette espèce
865 science universelle du même auteur. Cette espèce de cacophonie, vous le savez, est assez habituelle dans les entretiens d
866 e savez, est assez habituelle dans les entretiens de l’élite. Soudain, j’eus une idée paradoxale : je proposai de lire l’É
867 Soudain, j’eus une idée paradoxale : je proposai de lire l’Évangile. Je m’emparai d’une Bible qui se trouvait posée sur l
868 le : je proposai de lire l’Évangile. Je m’emparai d’ une Bible qui se trouvait posée sur le bureau et qui s’ouvrit d’elle-m
869 i se trouvait posée sur le bureau et qui s’ouvrit d’ elle-même à la page que je cherchais. Je lus ceci : « Mais il y eut un
870 n chef des juifs, qui vint, lui, auprès de Jésus, de nuit, et lui dit : Rabbi, nous savons que tu es un docteur venu de Di
871 me ne naît de nouveau, il ne peut voir le Royaume de Dieu. Nicodème lui dit : Comment un homme peut-il naître quand il est
872 quand il est vieux ? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et naître ? Jésus répondit : En vérité, en vérité, je te le d
873 ité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’ eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le Royaume de Dieu… Nicodème l
874 érité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’ Esprit, il ne peut entrer dans le Royaume de Dieu… Nicodème lui dit :
875 au et d’Esprit, il ne peut entrer dans le Royaume de Dieu… Nicodème lui dit : Comment cela peut-il se faire ? Jésus lui ré
876 is peu à peu une vivacité fébrile parut s’emparer de sa voix. Nicodème. — « …Ce que nous savons, nous le disons. Ce que n
877 … Moi, Nicodème, docteur et professeur des choses de Dieu… Ce que j’ai vu et entendu c’est cela qu’il me faut attester… Et
878  ?… J’ai vu que l’homme ne peut pas se dépouiller de son humanité, et je le dis, et je l’atteste ! C’est là mon expérience
879 radition, ah ! que c’est donc facile et rassurant de jeter la pierre à Nicodème ! Nicodème, l’orgueilleux Nicodème qui ref
880 l’orgueilleux Nicodème qui refusait si méchamment de comprendre, et vous, vous comprenez si bien, n’est-ce pas, si facilem
881 eigne, si ce n’est ce qu’il a vécu, entendu et vu de ses yeux, son expérience la plus profonde, la seule chose dont il pui
882 it bien d’autres. J’en parle aussi, j’ai le droit d’ en parler… À mon âge, j’en ai même le devoir, vis-à-vis de cette jeune
883 r l’expérience ! », disent-ils. Que font-ils donc de Ses miracles, et des actions de ses apôtres, celles que j’ai vues et
884 Que font-ils donc de Ses miracles, et des actions de ses apôtres, celles que j’ai vues et que j’atteste ! Mais voilà… il y
885 nce-là, celle-là justement — rentrer dans le sein de sa mère ! Et tous ces galopins viennent aujourd’hui prétendre que c’e
886 t cela seul qui compte, et qu’ils font table rase de tout le reste ! Comme s’ils étaient… Je ne veux pas blasphémer. Il fa
887 eux qui l’exigent ! — mais j’ai fait l’expérience de l’amour, et c’est elle que je veux attester. Galopins ! voilà ce que
888 a l’accolade à chacun. Puis il fit un grand geste de ses deux bras levés, — comme pour bénir les circonstants, — et soudai
889 ette scène, si imprévue pour la plupart des hôtes de ce soir-là, ne laissa pas de nous plonger dans la gêne, dont quelques
890 la plupart des hôtes de ce soir-là, ne laissa pas de nous plonger dans la gêne, dont quelques-uns ne crurent pouvoir secou
891 uvoir secouer l’effet qu’en s’étonnant subitement de l’heure tardive. Mais Mme Nicodème les rassura vivement, affirmant d’
892 Mais Mme Nicodème les rassura vivement, affirmant d’ un ton sans réplique qu’il n’était pas question de s’en aller. Et Poup
893 d’un ton sans réplique qu’il n’était pas question de s’en aller. Et Poupette passa les petits fours, avec un naturel parfa
894 tits fours, avec un naturel parfait. Le monologue de Nicodème ne paraissait pas avoir fait grande impression sur cette enf
895 ui éveillaient tantôt des rires excessifs, tantôt de véhémentes protestations. Je ne vous rapporterai que le dernier de ce
896 testations. Je ne vous rapporterai que le dernier de ces passages : — « Qui est vainqueur du monde, sinon celui qui croit
897 onde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? Nous sommes là en pleine et absolue certitude ; nous apercevon
898 et absolue certitude ; nous apercevons le sommet d’ un gigantesque pylône, d’un poste émetteur d’où émanent depuis quasi d
899 ous apercevons le sommet d’un gigantesque pylône, d’ un poste émetteur d’où émanent depuis quasi deux-mille années, intaris
900 mmet d’un gigantesque pylône, d’un poste émetteur d’ où émanent depuis quasi deux-mille années, intarissablement, à travers
901 e moins radicale que la mort, on serait bien bête de ne pas y recourir. Mais saint Jean ne se doutait guère que son Évangi
902 etteur ! » — À quoi l’un des barthiens s’empressa d’ ajouter : « Quoi qu’il en soit, d’ailleurs, de toutes ces métaphores,
903 ssa d’ajouter : « Quoi qu’il en soit, d’ailleurs, de toutes ces métaphores, le seul fait qui demeure, c’est celui que Bart
904 ui que Barth exprimait si magnifiquement dans une de ses réponses aux objections des humanistes : “Christ n’a pas cru pouv
905 re de plus que lui ? L’imitation du Christ, c’est de mourir en lui et avec lui, — non pas de s’emparer de son message comm
906 st, c’est de mourir en lui et avec lui, — non pas de s’emparer de son message comme d’un prétexte à ne plus mourir tout à
907 mourir en lui et avec lui, — non pas de s’emparer de son message comme d’un prétexte à ne plus mourir tout à fait. » Le di
908 lui, — non pas de s’emparer de son message comme d’ un prétexte à ne plus mourir tout à fait. » Le dirai-je ? Ce dialogue,
909 ent tragiques ne firent qu’aviver en moi l’espèce d’ angoisse sur laquelle m’avait laissé le monologue de Nicodème. Au poin
910 angoisse sur laquelle m’avait laissé le monologue de Nicodème. Au point que tout d’abord, je n’osai pas élever la voix. Je
911 si convaincus et si merveilleusement inconscients de l’insondable gravité de leurs paroles, — et Mme Nicodème d’autre part
912 eilleusement inconscients de l’insondable gravité de leurs paroles, — et Mme Nicodème d’autre part, dont je craignais qu’e
913 ment mes réserves, j’hésitais à parler, redoutant d’ introduire un nouvel élément de discorde, quand c’était justement l’ac
914 parler, redoutant d’introduire un nouvel élément de discorde, quand c’était justement l’accent de controverse de mes amis
915 ent de discorde, quand c’était justement l’accent de controverse de mes amis qui me jetait dans une sorte de honte… La con
916 , quand c’était justement l’accent de controverse de mes amis qui me jetait dans une sorte de honte… La confession de Nico
917 troverse de mes amis qui me jetait dans une sorte de honte… La confession de Nicodème m’avait profondément ému, en dépit d
918 me jetait dans une sorte de honte… La confession de Nicodème m’avait profondément ému, en dépit de cette légère pointe de
919 profondément ému, en dépit de cette légère pointe de cabotinage pieux qu’il met, hélas, dans ses moindres propos… J’en éta
920 s moi : « Je retiens en tous cas votre définition de l’auteur du Problème du Bien ! “L’homme qui ne veut pas mourir”, c’es
921 -je. Et je m’en voudrais plus que je ne puis dire d’ avoir lâché cette méchante boutade, si elle vous est une occasion de t
922 e méchante boutade, si elle vous est une occasion de triompher, ici, dans la maison de Nicodème ! Tenez, j’ai l’impression
923 st une occasion de triompher, ici, dans la maison de Nicodème ! Tenez, j’ai l’impression, depuis que nous nous sommes mis
924 uis que nous nous sommes mis à discuter, qu’aucun de nous ne sait ce qu’il dit. J’entends exactement : aucun de nous ! Nou
925 e sait ce qu’il dit. J’entends exactement : aucun de nous ! Nous parlons tous avec beaucoup de conviction, mais je crois b
926 x. Voulez-vous que je vous le prouve ? Il suffira de résumer notre débat. Quel est le problème que nous discutons ? C’est
927 me que nous discutons ? C’est le problème inverse de celui d’Hamlet. « Être ou ne pas être », disait Hamlet. Et nous dison
928 us discutons ? C’est le problème inverse de celui d’ Hamlet. « Être ou ne pas être », disait Hamlet. Et nous disons : mouri
929 as mourir tout à fait, c’est-à-dire revivre avant d’ être tout à fait mort, — souffler sur la petite étincelle divine qui,
930 on les uns, subsiste en nous et pourrait rallumer d’ un nouveau feu toute notre humanité, plus ou moins consumée par le péc
931 -il l’expérience ? Parce qu’il ne veut parler que de ce qu’il a vécu — et je vous ferai remarquer qu’il a vécu, de fait, c
932 a vécu — et je vous ferai remarquer qu’il a vécu, de fait, certaines expériences dont nous n’avons qu’une pâle idée. Il af
933 igion vécue, c’est-à-dire expérimentée. Mais tout d’ un coup, voilà qu’il ne sait plus ce qu’il dit ! Vous l’avez entendu t
934 échouait devant l’apparition du souvenir terrible de cette seule expérience impossible, humainement impossible, à jamais,
935 usement impossible ! Voilà l’angoisse et la folie de ceux qui défendent l’expérience, sachant bien, cependant, que la seul
936 te sincérité, qu’elle soit possible ! Ne riez pas de leurs efforts pour remplacer cette unique expérience par d’autres exp
937 n qu’ils cherchent à se rassurer, à grand renfort d’ images impressionnantes, de métaphores mystiques, d’influx spirituel d
938 surer, à grand renfort d’images impressionnantes, de métaphores mystiques, d’influx spirituel dans le vieil homme, de grâc
939 images impressionnantes, de métaphores mystiques, d’ influx spirituel dans le vieil homme, de grâce infuse et de radioactiv
940 ystiques, d’influx spirituel dans le vieil homme, de grâce infuse et de radioactivité de l’Évangile ! Mais vous, avez-vous
941 spirituel dans le vieil homme, de grâce infuse et de radioactivité de l’Évangile ! Mais vous, avez-vous donc dépassé cette
942 vieil homme, de grâce infuse et de radioactivité de l’Évangile ! Mais vous, avez-vous donc dépassé cette angoisse ? Vraim
943 ous entends, il me semble que vous essayez plutôt de la conjurer par des formules théologiques. Je ne nie pas un instant l
944 Je ne nie pas un instant la vérité, comme telles, de ces formules. Mais vous tenez le mot d’une énigme qui ne vous a pas l
945 e telles, de ces formules. Mais vous tenez le mot d’ une énigme qui ne vous a pas longtemps empêchés de dormir ! C’est en t
946 d’une énigme qui ne vous a pas longtemps empêchés de dormir ! C’est en tous cas ce que le ton de vos affirmations pourrait
947 êchés de dormir ! C’est en tous cas ce que le ton de vos affirmations pourrait faire croire. Voilà votre folie à vous : vo
948 es vérités littéralement terrifiantes, l’exigence de la mort au monde et à soi-même, comme s’il s’agissait là de thèses à
949 au monde et à soi-même, comme s’il s’agissait là de thèses à imposer ! Nicodème le disait : On croirait que c’est vous qu
950 , au nom d’une théologie… Je ne vous reproche pas d’ être fous, je vous reproche de dire sans nulle angoisse des choses fol
951 e vous reproche pas d’être fous, je vous reproche de dire sans nulle angoisse des choses folles et follement vraies. Je vo
952 lement vraies. Je vous reproche tout simplement — de les dire ! et surtout de les dire contre quelqu’un. « Vous souvenez-v
953 proche tout simplement — de les dire ! et surtout de les dire contre quelqu’un. « Vous souvenez-vous de ce que disait et r
954 e les dire contre quelqu’un. « Vous souvenez-vous de ce que disait et répétait sans cesse Kierkegaard ? Être chrétien, c’e
955 gaard ? Être chrétien, c’est devenir contemporain de Jésus-Christ dans son abaissement. Contemporains ! Mais Nicodème auss
956 temporains ! Mais Nicodème aussi fut contemporain de Jésus. Et même il sut reconnaître en ce Jésus un docteur envoyé par D
957 ieu ! « Mais voyez-vous, nous sommes ici au nœud de ce mystère étourdissant. Nicodème a reconnu un prophète, il l’a forme
958 it que ce prophète, Jésus, “était venu de la part de Dieu”. Comment le savait-il ? Parce qu’on lui avait dit quels miracle
959 iences, n’est-ce pas ? Et l’expérience religieuse de ce grand docteur de l’Église avait bien su les reconnaître. C’était c
960 , on pouvait se risquer à discuter avec cet homme de nuit, quand il ne s’agit plus d’agir, mais seulement d’agiter des pen
961 r avec cet homme de nuit, quand il ne s’agit plus d’ agir, mais seulement d’agiter des pensées… Eh bien, je vous demande si
962 t, quand il ne s’agit plus d’agir, mais seulement d’ agiter des pensées… Eh bien, je vous demande si nous faisons autre cho
963 fut, cette nuit-là ? Faisons-nous autre chose que de répéter formellement des vérités que nous ne pouvons pas vivre ? Vivo
964 peut pas mourir, et celui qui affirme l’exigence de la mort, il n’y a peut-être aucune différence : car tous les deux son
965 ment osez-vous affirmer cette impossible exigence de la mort, si vous ne vivez pas de cette mort ! Or, vous n’en vivez pas
966 ossible exigence de la mort, si vous ne vivez pas de cette mort ! Or, vous n’en vivez pas, j’en suis trop sûr, quand vous
967 t théologique ! Où donc est-il, celui qui accepte de mourir ? Oui, maintenant, je vais vous dire la vérité : Nous sommes t
968 t : il demeure parmi nous comme le vivant symbole de l’homme qui ne peut pas mourir !… Plaise à Dieu que l’angoisse qui to
969 sans fièvre. Je m’arrêtai soudain, plutôt confus de ma véhémence. Les jeunes barthiens se consultaient du regard. Était-c
970 nes barthiens se consultaient du regard. Était-ce de ma part une palinodie ? J’étais bien loin de considérer la chose ain
971 es… Minuit sonna, dans ce silence. Il était temps de prendre congé de nos hôtes. Mais un des étudiants, qui justement n’av
972 dans ce silence. Il était temps de prendre congé de nos hôtes. Mais un des étudiants, qui justement n’avait presque rien
973 e croire qu’il exprima la vérité la plus certaine de la soirée, encore que cette vérité ne soit point facile à entendre. J
974 -être pourquoi son langage me parut rendre un son d’ autorité, bien qu’il fût beaucoup moins péremptoire que celui dont les
975 tres avaient usé. — Vous avez dit — commença-t-il d’ une voix très calme — que l’angoisse de Nicodème devrait nous empêcher
976 mença-t-il d’une voix très calme — que l’angoisse de Nicodème devrait nous empêcher tous de parler, c’est-à-dire, si je vo
977 l’angoisse de Nicodème devrait nous empêcher tous de parler, c’est-à-dire, si je vous entends bien, devrait nous empêcher
978 je vous entends bien, devrait nous empêcher tous de dire des choses complètement impossibles. Je ne pense pas comme vous,
979 ent dite. Mais nous avons le devoir et la mission de proclamer que cette angoisse a été surmontée, une fois pour toutes, p
980 montée, une fois pour toutes, par la résurrection de Jésus-Christ. Pardonnez mon langage, peut-être trop ecclésiastique, m
981 ots, ce que je crois, pour mon compte. L’angoisse de Nicodème trouve sa résolution dans le Baptême. Et nous confirmons ce
982 communiant ainsi avec la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Certes, ce n’est pas là une expérience ! Ou plutôt, les
983 sentiments que nous éprouvons lors du Baptême et de la Cène n’ont aucune espèce d’importance. Dieu fait pour nous, à ce m
984 lors du Baptême et de la Cène n’ont aucune espèce d’ importance. Dieu fait pour nous, à ce moment, ce que Nicodème et tous
985 as s’opposer au baptême des enfants, c’est-à-dire de ceux qui ne peuvent rien encore… Ainsi donc, deux choses demeurent :
986 a mesure où la foi les anime, l’événement central de notre vie chrétienne. Elles sont, avec les sacrements, la promesse de
987 nne. Elles sont, avec les sacrements, la promesse de l’accomplissement en Christ — déjà venu et qui revient ! — de ce que
988 issement en Christ — déjà venu et qui revient ! —  de ce que nous espérons présentement, à la fois dans l’angoisse et dans
989 cit., I, p. 441. 21. Hegel. l. Rougemont Denis de , « Soirée chez Nicodème », Hic et Nunc, Paris, mai 1935, p. 159-170.
11 1936, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Sur une page de Bossuet (ou Tradition et Révélation) (janvier 1936)
990 Sur une page de Bossuet (ou Tradition et Révélation) (janvier 1936)m Que nos amis
991 936)m Que nos amis catholiques nous permettent de relever tout d’abord un défaut très courant de la controverse22 avec
992 nt de relever tout d’abord un défaut très courant de la controverse22 avec la Réforme, en France : on oppose dix-neuf sièc
993 a Réforme, en France : on oppose dix-neuf siècles de tradition universelle — dont quinze nous sont communs d’ailleurs avec
994 ailleurs avec l’Église romaine — à quatre siècles d’ une tradition que l’on réduit au seul domaine français, sans même comp
995 nçais, sans même compter que nos églises ont subi de telles persécutions qu’elles ont été quasi anéanties durant la moitié
996 qu’elles ont été quasi anéanties durant la moitié de ce temps. Ne serait-il pas plus conforme à la probité historique et p
997 obité historique et plus fécond pour la théologie de mettre en regard du catholicisme romain le protestantisme tout entier
998 iste et wesleyen, voire anglican, dans ce qu’il a de spécifique et de commun au sein de sa diversité ? L’on verrait mieux
999 voire anglican, dans ce qu’il a de spécifique et de commun au sein de sa diversité ? L’on verrait mieux alors, que l’oppo
1000 l’opposition réelle n’est pas, ainsi qu’on risque de le déduire de l’entreprise des Pères de Juvisy, entre « l’héritage du
1001 éelle n’est pas, ainsi qu’on risque de le déduire de l’entreprise des Pères de Juvisy, entre « l’héritage du Christ » d’un
1002 l’héritage du Christ » d’une part, et les dangers de déviations protestantes de l’autre23. L’on verrait mieux que l’opposi
1003 e part, et les dangers de déviations protestantes de l’autre23. L’on verrait mieux que l’opposition réelle est entre la co
1004 héma, qui ne prétend qu’à indiquer le lieu précis de la divergence : la Réforme prêche que le Christ est le chef absolu, s
1005 rist est le chef absolu, souverainement adorable, de l’Église qui est son corps ; tandis que Rome affirme que la tradition
1006 le secret du Christ » lui-même. (L’expression est de Bossuet.) À la question ainsi posée, on me répondra probablement que
1007 e mon antithèse est forcée et que mes définitions de la position catholique ne sont pas formulées en termes catholiques. J
1008 comprends parfaitement à quel souci très légitime d’ honnêteté, à quelle crainte très légitime de me voir combattre une car
1009 itime d’honnêteté, à quelle crainte très légitime de me voir combattre une caricature peut correspondre une objection de c
1010 re une caricature peut correspondre une objection de ce genre. Et pourtant, pour peu qu’on adopte la position des catholiq
1011 vis-à-vis de leurs grands docteurs, on est obligé de constater que cette objection ne porte guère. En effet, « l’Église ne
1012 et, « l’Église ne reconnaît une expression exacte de sa substance que dans la personne de ses saints », écrit le père Cong
1013 ssion exacte de sa substance que dans la personne de ses saints », écrit le père Congar en une fort belle définition24. Or
1014 rt belle définition24. Or, si je cite une formule d’ Augustin, qui est un grand saint, on me répond que cette formule lui e
1015 Laberthonnière, dans des livres pourtant revêtus de l’imprimatur. Finalement, faute du concile qui aurait seul qualité po
1016 iles et les bulles papales, donc simple catalogue de résultats, sans commentaires ni justifications. Serait-ce là le langa
1017 je cherche ? Il est souvent contraire aux écrits d’ Augustin ou de Thomas d’Aquin25, seuls témoignages qui nous restent de
1018 Il est souvent contraire aux écrits d’Augustin ou de Thomas d’Aquin25, seuls témoignages qui nous restent de la « personne
1019 mas d’Aquin25, seuls témoignages qui nous restent de la « personne » de ces saints… On pourrait remarquer que tout cela,
1020 s témoignages qui nous restent de la « personne » de ces saints… On pourrait remarquer que tout cela, même simplifié dans
1021 plexe, bien contradictoire, et sous une apparence de précision rigide, bien propice aux interprétations, aux distinguos in
1022 nguos infinis par où le pire subjectivisme, celui de la prudence opportuniste, s’insinue jusqu’au cœur de la dogmatique ro
1023 la prudence opportuniste, s’insinue jusqu’au cœur de la dogmatique romaine. On pourrait remarquer que le fidèle protestant
1024 a, sur le fidèle catholique, l’avantage sans prix d’ avoir toujours à portée de la main le critère dernier de toute « formu
1025 e, l’avantage sans prix d’avoir toujours à portée de la main le critère dernier de toute « formulation chrétienne », les é
1026 r toujours à portée de la main le critère dernier de toute « formulation chrétienne », les évangiles et les écrits apostol
1027 apostoliques. Mais mon propos est ici simplement de répondre à l’objection de nos frères romanisés. Si les formules par l
1028 opos est ici simplement de répondre à l’objection de nos frères romanisés. Si les formules par lesquelles je résume leurs
1029 rmules élaborées par les conciles, est bien forcé de parler un langage personnel, dont il sera toujours possible d’affirme
1030 langage personnel, dont il sera toujours possible d’ affirmer qu’il n’est pas littéralement « catholique » (même s’il a reç
1031 nt on en use dans l’Église romaine, mais le degré de sérieux qu’on leur accorde en fait, mais l’opinion commune qu’elles s
1032 registrer. Cette opinion commune, je suis certain de la traduire sans la fausser quand je dis que le catholique, en tant q
1033 en tant que tel, croit que l’Église est au-dessus de l’Évangile, qu’elle a barre sur lui, qu’elle dispose de critères qui
1034 vangile, qu’elle a barre sur lui, qu’elle dispose de critères qui ne sont pas tirés de lui26 et au nom desquels elle a le
1035 qu’elle dispose de critères qui ne sont pas tirés de lui26 et au nom desquels elle a le droit de l’interpréter, voire de l
1036 tirés de lui26 et au nom desquels elle a le droit de l’interpréter, voire de le contredire dans sa lettre. Je suis certain
1037 desquels elle a le droit de l’interpréter, voire de le contredire dans sa lettre. Je suis certain de ne pas forcer le moi
1038 de le contredire dans sa lettre. Je suis certain de ne pas forcer le moins du monde l’antithèse lorsque j’affirme que cet
1039 est un négatif absolu des positions fondamentales de la Réforme. Voilà l’opposition réelle, du noir au blanc, que nos frèr
1040 s quand l’effort perpétuel et d’ailleurs émouvant de leur théologie est de combler tant bien que mal tous les abîmes : ceu
1041 tuel et d’ailleurs émouvant de leur théologie est de combler tant bien que mal tous les abîmes : ceux qui séparent l’étern
1042 s : ceux qui séparent l’éternel du temporel, Dieu de l’homme, la grâce de la nature, et la Révélation de notre raison ? Au
1043 l’éternel du temporel, Dieu de l’homme, la grâce de la nature, et la Révélation de notre raison ? Au point qu’on en arriv
1044 l’homme, la grâce de la nature, et la Révélation de notre raison ? Au point qu’on en arrive à se demander pourquoi le Chr
1045 der pourquoi le Christ a dû mourir pour triompher de notre péché, alors que la sagesse antique pouvait fournir l’amorce de
1046 s que la sagesse antique pouvait fournir l’amorce de si belles synthèses ! « Blasphème ! me dit alors un catholique. Ces s
1047 su les achever en les incorporant à la tradition de l’Église, corps du Christ ressuscité ! » Réponse qui justement donne
1048 ponse qui justement donne un exemple bien typique de la méthode romaine de médiation27. Cette tradition n’est, à vrai dire
1049 nne un exemple bien typique de la méthode romaine de médiation27. Cette tradition n’est, à vrai dire, qu’une transition, u
1050 ment suffisant, on ne cherche pas d’autres moyens de surmonter la séparation originelle. On craint au contraire que tout a
1051 contraire que tout autre moyen, fût-il « déduit » de la Révélation, ne voile la réalité de l’abîme, et ne détourne les fid
1052 « déduit » de la Révélation, ne voile la réalité de l’abîme, et ne détourne les fidèles de cette seule chose nécessaire,
1053 la réalité de l’abîme, et ne détourne les fidèles de cette seule chose nécessaire, de cette foi au seul moyen de salut qui
1054 urne les fidèles de cette seule chose nécessaire, de cette foi au seul moyen de salut qui ait été donné aux hommes. Il en
1055 eule chose nécessaire, de cette foi au seul moyen de salut qui ait été donné aux hommes. Il en va de même du purgatoire, d
1056 donné aux hommes. Il en va de même du purgatoire, de l’analogia entis, de la grâce infuse, de la révélation progressive :
1057 en va de même du purgatoire, de l’analogia entis, de la grâce infuse, de la révélation progressive : termes transitifs int
1058 gatoire, de l’analogia entis, de la grâce infuse, de la révélation progressive : termes transitifs introduits pour voiler,
1059 ? Est-ce que la question n’existe pas, ou n’a pas d’ importance aux yeux des catholiques ? Est-ce qu’ils se la posent parfo
1060 e simple méconnaissance des possibilités infinies d’ interprétation dont dispose leur apologétique, s’ils me convainquent e
1061 se leur apologétique, s’ils me convainquent enfin de mon erreur, je m’en réjouirai hautement. Et je me sentirai d’autant p
1062 r, je m’en réjouirai hautement. Et je me sentirai d’ autant plus libre de leur demander sérieusement, c’est-à-dire sans auc
1063 hautement. Et je me sentirai d’autant plus libre de leur demander sérieusement, c’est-à-dire sans aucune intention polémi
1064 ans aucune intention polémique, ce qu’ils pensent d’ un texte précis, et comment il se fait que le pape n’ait jamais, que j
1065 n grand pouvoir à son Église dans la dispensation de ses mystères !… Il a permis à son Église de séparer ce qu’il avait mi
1066 ation de ses mystères !… Il a permis à son Église de séparer ce qu’il avait mis ensemble… Et non seulement l’Église a cess
1067 t mis ensemble… Et non seulement l’Église a cessé de faire ce que Jésus-Christ avait fait, et les apôtres suivi ; mais enc
1068 pôtres suivi ; mais encore elle a pris la liberté d’ interdire sévèrement cette pratique… Quand donc on veut s’imaginer qu’
1069 ’entend pas que c’est l’Église qui sait le secret de Jésus-Christ, qui sait ce qui appartient essentiellement à son instit
1070 lve jour.) Bossuet ajoute : Vous vous étonnez de ce qu’on sépare ce que Jésus-Christ a mis ensemble, et qu’on donne le
1071 me temps le sang à boire. Étonnez-vous donc aussi de ce que la Cène sacrée est séparée du souper commun ! Mais plutôt ne v
1072 ouper commun ! Mais plutôt ne vous étonnez jamais de ce que l’Église fait. Instruite par le Saint-Esprit et par la traditi
1073 Instruite par le Saint-Esprit et par la tradition de tous les siècles, elle sait ce que Jésus-Christ a voulu faire… Comme
1074 ormules qui pourraient amener à poser la question d’ une manière claire et nette, et à choisir. Car, enfin, si Bossuet, en
1075 Il ne dit rien dans ce que je cite que le concile de Trente n’ait dit ou n’ait permis de dire28. Seulement, il le dit en f
1076 ue le concile de Trente n’ait dit ou n’ait permis de dire28. Seulement, il le dit en français. Or, c’est précisément ce qu
1077 es dans la conscience des fidèles, et des fidèles de ce pays de France dont on ne peut nier que Bossuet soit l’un des clas
1078 conscience des fidèles, et des fidèles de ce pays de France dont on ne peut nier que Bossuet soit l’un des classiques préf
1079 assiques préférés29. ⁂ Une fois définie la valeur de cette objection préalable, que pourraient nous opposer les catholique
1080 us opposer les catholiques, si nous les pressions de nous rassurer sur un texte qui nous inquiète, nous sommes en droit de
1081 un texte qui nous inquiète, nous sommes en droit de poursuivre l’examen des « réflexes catholiques » que ce texte trahit.
1082 ues » que ce texte trahit. Reprenons donc la page de Bossuet : « … Le Sauveur a-t-il voulu laisser aux hommes à distinguer
1083 er par leur propre sens ce qui était la substance de l’institution d’avec ce qui ne l’était pas ? » La Réforme, par Luther
1084 alvin, répond : non, Dieu seul connaît ce qui est de Dieu. Pour nous, ne connaissons de la volonté de Dieu que ce qu’il lu
1085 aît ce qui est de Dieu. Pour nous, ne connaissons de la volonté de Dieu que ce qu’il lui a plu de nous en révéler dans l’É
1086 de Dieu. Pour nous, ne connaissons de la volonté de Dieu que ce qu’il lui a plu de nous en révéler dans l’Écriture, et pa
1087 sons de la volonté de Dieu que ce qu’il lui a plu de nous en révéler dans l’Écriture, et par l’action du Saint-Esprit, grâ
1088 issait son Église pour être une fidèle interprète de ses volontés, et une sûre dispensatrice de ses sacrements ? » Décidém
1089 rprète de ses volontés, et une sûre dispensatrice de ses sacrements ? » Décidément, nous sommes d’accord. L’Église véritab
1090 lle demeure la « fidèle interprète » des volontés de Dieu. Mais c’est ici que Bossuet nous arrête : « Qu’entendez-vous, no
1091 et non pas la seule Écriture, qui sait le secret de Jésus-Christ ! — Et d’où l’a-t-elle appris, si ce n’est de l’Écriture
1092 riture, qui sait le secret de Jésus-Christ ! — Et d’ où l’a-t-elle appris, si ce n’est de l’Écriture ? — Relisez-moi : « In
1093 Christ ! — Et d’où l’a-t-elle appris, si ce n’est de l’Écriture ? — Relisez-moi : « Instruite par le Saint-Esprit et par l
1094 Instruite par le Saint-Esprit et par la tradition de tous les siècles, elle sait ce que Jésus-Christ a voulu faire. Elle a
1095 ésus-Christ a voulu faire. Elle a donc le pouvoir de séparer ce qu’il avait mis ensemble, de cesser de faire ce qu’il avai
1096 e pouvoir de séparer ce qu’il avait mis ensemble, de cesser de faire ce qu’il avait fait, et les apôtres suivi, et même de
1097 de séparer ce qu’il avait mis ensemble, de cesser de faire ce qu’il avait fait, et les apôtres suivi, et même de condamner
1098 e qu’il avait fait, et les apôtres suivi, et même de condamner sévèrement cette pratique. » — Si nous comprenons bien, l’É
1099 nons bien, l’Église prouve qu’elle sait le secret de Jésus-Christ, en ordonnant de faire tout le contraire de ce qu’il a d
1100 elle sait le secret de Jésus-Christ, en ordonnant de faire tout le contraire de ce qu’il a dit ? — Exactement, et c’est là
1101 s-Christ, en ordonnant de faire tout le contraire de ce qu’il a dit ? — Exactement, et c’est là sa grandeur, ou, comme je
1102 instruite par le Saint-Esprit et par la tradition de tous les siècles, elle sait ce que Jésus-Christ a voulu faire ». (Ell
1103 (Elle sait même qu’il a voulu faire le contraire de ce qu’il a fait.) Qu’est-ce donc que cette tradition de tous les sièc
1104 qu’il a fait.) Qu’est-ce donc que cette tradition de tous les siècles ? C’est, nous répond l’Enchiridion symbolorum et def
1105 s répond l’Enchiridion symbolorum et definitionum de Denzinger, « l’autre source » de la Révélation, la première source ét
1106 et definitionum de Denzinger, « l’autre source » de la Révélation, la première source étant la Bible (fons revelationis a
1107 s la trouvons définie tout d’abord par le concile d’ Éphèse (431) comme étant la fidem definitam a sanctis Patribus qui in
1108 m spiritu sancto congregati fuerunt. Aux formules de ce premier concile de Nicée, s’ajoutent ensuite celles des conciles d
1109 egati fuerunt. Aux formules de ce premier concile de Nicée, s’ajoutent ensuite celles des conciles d’Éphèse, de Chalcédoin
1110 de Nicée, s’ajoutent ensuite celles des conciles d’ Éphèse, de Chalcédoine, etc., etc. Puis, dès 514, les écrits d’Augusti
1111 s’ajoutent ensuite celles des conciles d’Éphèse, de Chalcédoine, etc., etc. Puis, dès 514, les écrits d’Augustin. (Import
1112 Chalcédoine, etc., etc. Puis, dès 514, les écrits d’ Augustin. (Importante réserve indiquée en 1689 lors de la condamnation
1113 .) Puis les doctrines des théologiens, et surtout de Thomas d’Aquin (Encycl. de Benoît XV, en 1923, seulement !). Voilà qu
1114 héologiens, et surtout de Thomas d’Aquin (Encycl. de Benoît XV, en 1923, seulement !). Voilà qui est clair et sans mystère
1115 tourne alors vers nous et nous exprime une sorte de pitié : « À quoi s’appuiera le protestant, avec, pour tout guide, une
1116 érieur du Saint-Esprit, qu’il sera bien incapable de différencier de sa nature à lui, de son époque et de sa formation ? »
1117 Esprit, qu’il sera bien incapable de différencier de sa nature à lui, de son époque et de sa formation ? »30. Autrement di
1118 ien incapable de différencier de sa nature à lui, de son époque et de sa formation ? »30. Autrement dit, on nous plaint d’
1119 différencier de sa nature à lui, de son époque et de sa formation ? »30. Autrement dit, on nous plaint d’être abandonnés à
1120 sa formation ? »30. Autrement dit, on nous plaint d’ être abandonnés à la seule inspiration de l’Esprit, à laquelle on n’ac
1121 s plaint d’être abandonnés à la seule inspiration de l’Esprit, à laquelle on n’accorde aucun pouvoir réel d’éclairer, de f
1122 sprit, à laquelle on n’accorde aucun pouvoir réel d’ éclairer, de faire taire la nature, d’enseigner « objectivement » la v
1123 uelle on n’accorde aucun pouvoir réel d’éclairer, de faire taire la nature, d’enseigner « objectivement » la vérité à l’ho
1124 ouvoir réel d’éclairer, de faire taire la nature, d’ enseigner « objectivement » la vérité à l’homme « subjectif ». Et tout
1125 ement qu’elle est notre critère, ce « vis-à-vis » de l’Église dont parle Barth, et auquel doit se rapporter sans cesse tou
1126 on vraiment fidèle. Cette méconnaissance profonde de la Réforme est la rançon fatale de la croyance romaine en la traditio
1127 sance profonde de la Réforme est la rançon fatale de la croyance romaine en la tradition considérée comme « l’autre source
1128 la tradition considérée comme « l’autre source » de la Révélation. En réalité, c’est l’Église de Rome qui nous paraît à c
1129 ce » de la Révélation. En réalité, c’est l’Église de Rome qui nous paraît à cet égard abandonnée à un subjectivisme redout
1130 voir aisément par l’examen du critère infaillible de discernement que représenterait la « tradition ». En effet, sur quel
1131 iles. Et ceux-ci à leur tour ? Prenons le concile de Trente : « Sacrosancta œcumenica et generalis Tridentina Synodus in S
1132 ra-t-il contrôlé, si j’ose dire, et « différencié de la nature » des prélats, de leur époque et de leur formation ? Par la
1133 ire, et « différencié de la nature » des prélats, de leur époque et de leur formation ? Par la Bible ? En principe, oui. M
1134 cié de la nature » des prélats, de leur époque et de leur formation ? Par la Bible ? En principe, oui. Mais le principe a
1135 ue fit le concile du Vatican (1869-1870. Cap. 2 : de revelatione, de interpretatione S. Scripturae) en déclarant que l’Écr
1136 e du Vatican (1869-1870. Cap. 2 : de revelatione, de interpretatione S. Scripturae) en déclarant que l’Écriture ne peut êt
1137 et en particulier selon les décisions du concile de Trente. La tradition est ainsi substituée à l’Écriture comme critère
1138 ituée à l’Écriture comme critère des inspirations de l’Esprit saint. Mais la tradition, ce sont les conciles. Inspirés par
1139  ; ou bien que l’Esprit saint est le seul critère de l’Esprit saint. Le premier terme de l’alternative revient à consacrer
1140 seul critère de l’Esprit saint. Le premier terme de l’alternative revient à consacrer en droit l’arbitraire le plus absol
1141 Le second terme, vrai en soi, et que nous croyons de toute notre foi31, devient faux et ne traduit qu’un subjectivisme abs
1142 it qu’un subjectivisme absolu dès qu’on le sépare de l’Écriture, qui nous fournit son critère objectif. Pourquoi nos frère
1143 re objectif, la Bible, alors qu’ils ont tout fait de leur côté pour évincer ou, en tout cas, pour relativiser ce seul crit
1144 e seul critère ? Comprennent-ils toute la gravité de la question ? ⁂ En vérité, la question que pose la page de Bossuet ce
1145 stion ? ⁂ En vérité, la question que pose la page de Bossuet ce n’est pas seulement la question capitale de la Cène, c’est
1146 ssuet ce n’est pas seulement la question capitale de la Cène, c’est toute la question de la tradition et par là même de la
1147 tion capitale de la Cène, c’est toute la question de la tradition et par là même de la Révélation. Résumons brièvement ce
1148 toute la question de la tradition et par là même de la Révélation. Résumons brièvement ce développement : L’Écriture dit,
1149 eloppement : L’Écriture dit, à propos de la coupe de la Sainte-Cène : « Buvez-en tous ! » L’intention « secrète » du Chris
1150  » du Christ, intention que Bossuet loue l’Église d’ avoir exécutée, n’est donc pas contenue dans l’Écriture. Il faudra la
1151 . Il faudra la chercher alors dans l’autre source de la Révélation : la tradition. Nous avons vu que, pratiquement, la tra
1152 liques se sont fondés pour opposer à la tradition de leur temps (qui était encore le « Buvez-en tous ») un démenti formel
1153 en boire), devenu par la suite partie intégrante de la nouvelle tradition, contradictoire à l’Écriture. Le cercle n’est-i
1154 ure. Le cercle n’est-il pas vicieux ? Le scandale de cette innovation (et de tant d’autres) serait-il devenu moins grand,
1155 pas vicieux ? Le scandale de cette innovation (et de tant d’autres) serait-il devenu moins grand, avec le temps, qu’il ne
1156 tait en 1569 ? La tradition serait-elle une sorte de promotion « à l’ancienneté » des erreurs les plus manifestes des conc
1157 ître brutale, simpliste. Elle manque certainement d’ « onction ». Est-ce assez pour qu’on l’écarte ? Ne se pose-t-elle jama
1158 rquoi j’espère. ⁂ L’inquiétude catholique procède de ce doute profond : la Révélation évangélique éclairée par l’Esprit es
1159 e dans cette inquiétude32, qui a conduit l’Église de Rome à statuer qu’il existe, à côté de la Bible, une autre source. To
1160 question que vous adressez à la Réforme, du haut d’ une grandeur traditionnelle mal assurée, — trop craintivement, trop mé
1161 aine, une réponse qui n’est pas nôtre : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. » (Jean 6:29) S
1162 à cette autre parole qui est comme un commentaire de la première : « Ma grâce te suffit »33, vous retrouvez le sens de la
1163 « Ma grâce te suffit »33, vous retrouvez le sens de la vraie tradition : celle qui n’est pas une « autre source », un vai
1164 envisager que la controverse sérieuse. Je laisse de côté les banales invectives contre Luther qui traînent dans les hebdo
1165 ait honneur ni à l’information, ni à la bonne foi de nos écrivains, s’appelassent-ils Paul Claudel. Ce très grand poète es
1166 s, à la mauvaise foi, mais à une ignorance totale de ce qu’il croit devoir attaquer périodiquement. Le diable sait pourquo
1167 intell., numéro cit., p. 363. 25. Sur des points de dogme aussi importants que la prédestination (pour Augustin) ou l’Imm
1168 ination (pour Augustin) ou l’Immaculée Conception de la Vierge (pour Thomas d’Aquin), par exemple. 26. Le plus étonnant,
1169 in), par exemple. 26. Le plus étonnant, aux yeux d’ un protestant, c’est peut-être le critère de cohérence dont un prêtre
1170 yeux d’un protestant, c’est peut-être le critère de cohérence dont un prêtre me disait récemment qu’il atteste la « vérit
1171 toujours, en fin de compte, sur la méconnaissance de l’un des termes qu’on entend concilier. On ne peut pas incorporer imp
1172 ation ; pas plus qu’on ne peut faire une synthèse de l’eau et du feu sans éteindre le feu. Celui qui affirmerait y être pa
1173 nder aux catholiques ce qu’ils pensent réellement de cette… raison, car le concile a pris soin de déclarer par avance anat
1174 ment de cette… raison, car le concile a pris soin de déclarer par avance anathème celui qui dirait que l’Église n’a pas ét
1175 (Canon 2). 29. « Ce grand Docteur », — « ce père de la spiritualité française » : je relève, au hasard, ces deux qualific
1176 » : je relève, au hasard, ces deux qualifications de Bossuet dans des articles récents de chroniqueurs catholiques, qui ne
1177 alifications de Bossuet dans des articles récents de chroniqueurs catholiques, qui ne sont nullement de l’Académie ! 30.
1178 e chroniqueurs catholiques, qui ne sont nullement de l’Académie ! 30. Vie intellectuelle, numéro cit., p. 413. 31. « Ca
1179 « Car l’Esprit pénètre tout, même les profondeurs de Dieu... De même — personne ne connaît ce qui est en Dieu, si ce n’est
1180 connaît ce qui est en Dieu, si ce n’est l’Esprit de Dieu. » I Cor. 2:10. 32. On le voit bien à ce trait : le « développe
1181 nt du dogme » n’est en fait qu’une stratification de refus, de défenses contre les hérésies. Cela produit des effets étran
1182 e » n’est en fait qu’une stratification de refus, de défenses contre les hérésies. Cela produit des effets étranges. Ainsi
1183 Saint-Esprit ». C’est simplement la condamnation de la thèse inverse de Luther ! De même l’article suivant : « Faire la g
1184 st simplement la condamnation de la thèse inverse de Luther ! De même l’article suivant : « Faire la guerre aux Turcs n’es
1185 ’est pas contraire au Saint-Esprit. » 33. L’acte de la grâce, l’acte libre et parfait de la libre grâce que Dieu nous fai
1186 33. L’acte de la grâce, l’acte libre et parfait de la libre grâce que Dieu nous fait ; et non point cette infusio, ce pr
1187 um divinum que Rome appelle grâce. Voir l’article de R. de Pury. m. Rougemont Denis de, « Sur une page de Bossuet (ou Tr
1188 oir l’article de R. de Pury. m. Rougemont Denis de , « Sur une page de Bossuet (ou Tradition et Révélation) », Hic et Nun
1189 de Pury. m. Rougemont Denis de, « Sur une page de Bossuet (ou Tradition et Révélation) », Hic et Nunc, Paris, janvier 1