1
xiste — hic et nunc — un certain nombre de choses
à
dire, un certain ordre de vérités qu’il n’est plus possible de taire.
2
ignifier rien d’autre qu’une invitation pressante
à
créer ce lien et ce lieu : ce lieu de témoignage où puissent être dit
3
rités actuelles, personnelles, dangereuses. Dites
à
nous-mêmes, d’abord ; à tous ceux qui voudront les entendre ; à ceux
4
elles, dangereuses. Dites à nous-mêmes, d’abord ;
à
tous ceux qui voudront les entendre ; à ceux auxquels, peut-être mieu
5
d’abord ; à tous ceux qui voudront les entendre ;
à
ceux auxquels, peut-être mieux qu’à nous, il sera donné de les compre
6
es entendre ; à ceux auxquels, peut-être mieux qu’
à
nous, il sera donné de les comprendre en vérité, c’est-à-dire de les
7
e morales de plus en plus débilitantes, asservies
à
la classe, à la race, et à la lâcheté publique, il y a lieu et ordre
8
plus en plus débilitantes, asservies à la classe,
à
la race, et à la lâcheté publique, il y a lieu et ordre d’attester la
9
ébilitantes, asservies à la classe, à la race, et
à
la lâcheté publique, il y a lieu et ordre d’attester la scandaleuse d
10
ne voient même pas qu’ils n’ont plus de réponses
à
offrir à leurs perpétuelles et urgentes questions ; en face de philos
11
t même pas qu’ils n’ont plus de réponses à offrir
à
leurs perpétuelles et urgentes questions ; en face de philosophies qu
12
stions ; en face de philosophies qui de Descartes
à
Kant, ou de Hegel à Marx, ont cru pouvoir nous sauver de l’angoisse e
13
philosophies qui de Descartes à Kant, ou de Hegel
à
Marx, ont cru pouvoir nous sauver de l’angoisse en fondant l’être hum
14
n face d’une civilisation de plus en plus soumise
à
ce dieu imbécile qu’elle honore sur les « places » et qui s’appelle P
15
ériles, purement intellectuelles, forcer certains
à
se retrancher dans des positions que, peut-être, ils étaient bien prè
16
ous est indifférent, en principe, de nous opposer
à
telles idées courantes, ou de confirmer telles autres. Car notre oppo
17
contraire comme un ordre, personnellement adressé
à
chacun de nous. Vérité actuelle aux deux sens de ce mot, qui sont act
18
réel : celui qui dévaste la nature humaine jusqu’
à
ces profondeurs dernières où l’attend l’espoir éclatant de la révélat
19
nt les deux termes de l’antinomie, ou qui cherche
à
la supprimer, est antichrétienne en son principe. Ainsi se trouvent d
20
nies les trois hérésies politiques que nous avons
à
dénoncer. 1° L’hérésie pessimiste abandonne à lui-même un monde qui n
21
ons à dénoncer. 1° L’hérésie pessimiste abandonne
à
lui-même un monde qui ne saurait nous offrir de salut, puisqu’il n’es
22
alut. Elle se souvient que nous devons travailler
à
établir le Royaume sur la terre, mais elle oublie que cela nous est à
23
sur la terre, mais elle oublie que cela nous est
à
jamais impossible. C’est le principe de cet activisme que les Europée
24
cain ». 3° L’hérésie de la synthèse est inhérente
à
tout système rationaliste du monde, soit qu’il prétende, comme le sys
25
ossibles », imposantes, établies. Qu’aurions-nous
à
leur opposer ? Tout notre espoir est dans un désespoir tellement « su
26
espoir tellement « substantiel » qu’il nous rende
à
leur tour intenables les dernières ruses de la sécurité. ⁂ Il faut le
27
imiste et l’hérésie optimiste ainsi renvoyées dos
à
dos, nous voici maintenant en présence de l’accusation plus subtile d
28
s, s’ils prennent au sérieux leur foi, participer
à
un effort politique quelconque ? Ayons le courage de l’affirmer ; il
29
e courage de l’affirmer ; il n’est pas de réponse
à
cette question pour ceux qui ne savent pas ce que c’est que la foi. S
30
ible, là où l’homme naturel s’abandonnait en paix
à
ses déterminations physiques et morales. Doit-on conclure au refus de
31
s ne pouvons en tirer argument, comme d’une force
à
notre disposition ; elle survient, et c’est alors un ordre que nous r
32
mmes qui ont besoin d’une politique pour suppléer
à
leur faiblesse, qui ont besoin tout autant qu’on leur montre la vanit
33
principe d’inertie (tout corps en mouvement tend
à
conserver son mouvement). C’est ainsi que ces activistes désorientés
34
ettent une erreur pire que celle qui consisterait
à
reprocher à Euclide d’avoir permis le développement de l’artillerie m
35
rreur pire que celle qui consisterait à reprocher
à
Euclide d’avoir permis le développement de l’artillerie moderne et so
36
d’onze millions de morts sacrifiés en quatre ans
à
sa gloire. Moins redoutable, en apparence, le dieu-production se cont
37
e — faussement appelée esthétique, qui consistait
à
dire : comme elles sont bien peintes ! (ou mal). — Pauvre type ! Peut
38
dans la mesure où ces idolâtries sont suspendues
à
la réussite matérielle ou à des systèmes d’assurances, le capitalisme
39
tries sont suspendues à la réussite matérielle ou
à
des systèmes d’assurances, le capitalisme comme le stalinisme, tous l
40
en au contraire, que nous ne puissions collaborer
à
aucune révolution. L’iconoclaste est un type assez pur de révolutionn
41
sure de l’action continue de la foi. Je songe ici
à
l’armature catholique, qui condamne cette Église au réformisme modéré
42
e cette Église au réformisme modéré, c’est-à-dire
à
un effort pour durer par des moyens humains, comme à l’abri des touch
43
n effort pour durer par des moyens humains, comme
à
l’abri des touches fulgurantes du Saint-Esprit. La politique romaine
44
» (terme de l’encyclique Quadragesimo anno), tout
à
fait étranger au réalisme « tragique » de l’Évangile, et qui même, da
45
ssible, mais tout au plus d’abattre les obstacles
à
la foi, les idoles, les synthèses dans lesquelles l’homme cherche sa
46
nde liberté d’action et de révolution est promise
à
celui que n’empêtre aucun respect du résultat en soi. Pessimisme réta
47
nte. Nous ne sommes pas condamnés au succès, mais
à
l’obéissance jusqu’à l’absurde et au martyre, à l’« agonie » entre la
48
as condamnés au succès, mais à l’obéissance jusqu’
à
l’absurde et au martyre, à l’« agonie » entre la Promesse et le péché
49
s à l’obéissance jusqu’à l’absurde et au martyre,
à
l’« agonie » entre la Promesse et le péché, entre la foi et ce qui no
50
s rester aux ordres de l’esprit. Nous n’avons pas
à
prendre d’assurances sur l’avenir. Nous n’avons pas à nous garantir à
51
endre d’assurances sur l’avenir. Nous n’avons pas
à
nous garantir à l’avance par un programme, si « chrétien » qu’on le v
52
es sur l’avenir. Nous n’avons pas à nous garantir
à
l’avance par un programme, si « chrétien » qu’on le veuille. Un certa
53
le. Un certain nombre de compromissions nous sont
à
jamais impossibles : et tout le reste est affaire d’obéissance aux or
54
sant article de la Revue d’Allemagne (oct. 1932),
à
la conception kierkegaardienne du désespoir. Elle ne désigne en réali
55
on est justifiée par le fait même qu’elle a surgi
à
l’occasion de ce que j’écris ; il s’agit, avant que d’y répondre, de
56
our celui qui me la pose. Répondre du tac au tac,
à
la « lettre » de la question, c’est un procédé électoral qui peut êtr
57
n, c’est un procédé électoral qui peut être utile
à
son heure, mais nous avons tout autre chose à faire. Nous ne cherchon
58
ile à son heure, mais nous avons tout autre chose
à
faire. Nous ne cherchons pas à avoir raison contre quelqu’un : l’espr
59
s tout autre chose à faire. Nous ne cherchons pas
à
avoir raison contre quelqu’un : l’esprit de vérité n’est à personne.
60
aison contre quelqu’un : l’esprit de vérité n’est
à
personne. Bien souvent, parmi nous, on répond mal aux questions parce
61
on répond mal aux questions parce qu’on se borne
à
répondre à leurs mots, alors qu’il eût fallu répondre à un tourment r
62
mal aux questions parce qu’on se borne à répondre
à
leurs mots, alors qu’il eût fallu répondre à un tourment réel, maladr
63
ndre à leurs mots, alors qu’il eût fallu répondre
à
un tourment réel, maladroitement exprimé par ces mots. Mais, bien sou
64
nt avec politesse sur nos intentions et nos buts,
à
seule fin de « causer un peu ». Qu’on les reconnaisse à ce signe : dè
65
e fin de « causer un peu ». Qu’on les reconnaisse
à
ce signe : dès qu’ils commencent à comprendre de quoi il s’agit, ils
66
es reconnaisse à ce signe : dès qu’ils commencent
à
comprendre de quoi il s’agit, ils s’écrient : « Je ne comprends plus
67
thèmes de discussion, c’est-à-dire des prétextes
à
différer toute action « pratique ». Ceci marqué, nous pourrons répon
68
ci marqué, nous pourrons répondre plus clairement
à
ceux qui croient à leur question, j’entends à ceux qui nous la posent
69
rrons répondre plus clairement à ceux qui croient
à
leur question, j’entends à ceux qui nous la posent parce qu’elle se p
70
ent à ceux qui croient à leur question, j’entends
à
ceux qui nous la posent parce qu’elle se pose à eux-mêmes. Il n’y a
71
s à ceux qui nous la posent parce qu’elle se pose
à
eux-mêmes. Il n’y a pas de solutions, — il y a des ordres 1. Cel
72
trouve que nul homme n’est en mesure de la donner
à
son frère : c’est la foi. Tout au plus pouvons-nous, par des affirmat
73
et les rend enfin responsables dans l’obéissance
à
la seule force nécessaire ; tout ce qui leur fiche un désespoir pour
74
mme qui est dans la foi sait bien qu’il n’y a pas
à
demander de « solutions pratiques », car la foi est précisément une f
75
s sont pratiques, ou ils ne sont rien. On dirait,
à
entendre parler certains chrétiens, que la foi est une espèce d’inspi
76
est une espèce d’inspiration flottante, difficile
à
localiser et beaucoup trop imprécise pour que l’homme, faible créatur
77
ises, avec une virulence sourde, attisée de temps
à
autre par un sermon courageusement moralisateur2, ou résolument antib
78
ement pacifiste. Et les fidèles de se congratuler
à
la sortie, se figurant qu’on vient enfin de leur donner des directive
79
es « positives »… Mais si ces directives venaient
à
nous manquer, que ferions-nous de cette « foi » que nous prétendions
80
. Ils savent que le Christ leur promet la lumière
à
la mesure de leur obéissance. Ils n’ont donc pas reçu une révélation
81
est purement « pratique », c’est-à-dire immédiate
à
chacun des cas de l’existence, inconcevable pour celui qui se place e
82
, n’étant pas autre chose qu’un ordre qui me dit,
à
tel endroit précis du temps et de l’espace : voici ce que tu dois fai
83
mps et de l’espace : voici ce que tu dois faire.
À
celui qui demande : que dois-je faire ? le chrétien n’a donc rien à r
84
e : que dois-je faire ? le chrétien n’a donc rien
à
répondre, en principe. Il ne peut que renvoyer à la seule force d’où
85
à répondre, en principe. Il ne peut que renvoyer
à
la seule force d’où provient l’ordre véritable. La décision éthique e
86
as compris la gravité du cas humain. Nous n’avons
à
guérir personne, mais à montrer que la maladie est sérieuse, si série
87
cas humain. Nous n’avons à guérir personne, mais
à
montrer que la maladie est sérieuse, si sérieuse qu’il serait ridicul
88
érante ? Oui, pour ceux qui cherchent des espoirs
à
bon compte, hors de la réalité certainement désespérante. Mais il y a
89
vos questions mêmes. Nous ne pouvons qu’aggraver
à
vos yeux votre mal. Nous ne pouvons rien vous apporter d’autre que l’
90
offrant sans défenses humaines. Nous avons aussi,
à
ce moment, à montrer que les rôles se renversent dès qu’on regarde l’
91
défenses humaines. Nous avons aussi, à ce moment,
à
montrer que les rôles se renversent dès qu’on regarde l’homme dans la
92
écisément comme la question que Dieu lui adresse.
À
la faveur de cette « conversion », la notion même de positif est boul
93
aient donner aux hommes une bonne conscience tout
à
fait inconcevable ; dénoncer tous les codes existants de morale, parc
94
1933)e L’honnêteté la plus élémentaire oblige
à
reconnaître que nos vies comportent d’autant moins de solutions que n
95
té. Sénèque nous apprend que l’on n’échappe point
à
soi-même. Inutilité des voyages. Mais Proust nous persuade qu’on ne s
96
les philosophies de l’Occident mettent le comble
à
cette gigantesque pagaille dont naquit bizarrement au xviiie siècle
97
n n’être pas affectée de la dégradation immanente
à
toute solution humaine. Cette sagesse dit oui à toutes les contradict
98
e à toute solution humaine. Cette sagesse dit oui
à
toutes les contradictions du monde. Elle les assume dans une vue sobr
99
erche en elles la tension, le ressort nécessaires
à
l’acte créateur. Loin de tenter leur réduction à quelque idéale synth
100
à l’acte créateur. Loin de tenter leur réduction
à
quelque idéale synthèse, elle s’exalte des conflits sans cesse renais
101
c Kierkegaard, elle répète que « toute prétention
à
une unité supérieure qui harmoniserait les contradictions absolues n’
102
l’éthique ». Il s’agit donc ici d’une dialectique
à
deux termes simultanés, et dont la tension n’est pas orientée vers qu
103
en vers l’acte créateur par où la personne accède
à
une plus dangereuse réalité. Ceci peut rappeler le jeune Hegel, mais
104
sus qui nie l’acte et le risque. Il n’y a plus qu’
à
compter un, deux, trois, comme le dit Kierkegaard dans La Répétition.
105
permanente de la personne nous oppose d’une part
à
l’idéal bourgeois, synthèse eudémonique à l’usage des individus égoïs
106
ne part à l’idéal bourgeois, synthèse eudémonique
à
l’usage des individus égoïstes, d’autre part à l’idéal marxiste, synt
107
ue à l’usage des individus égoïstes, d’autre part
à
l’idéal marxiste, synthèse eudémonique à l’usage d’une masse non resp
108
tre part à l’idéal marxiste, synthèse eudémonique
à
l’usage d’une masse non responsable. Une dialectique sans « médiation
109
logiens dialectiques. Je ne me serais pas attardé
à
développer ici ces thèses, si dans leur expression elles ne comportai
110
s, si dans leur expression elles ne comportaient,
à
première vue, une similitude si troublante avec les thèses barthienne
111
les ne constituaient un terme de comparaison tout
à
fait privilégié. Peut-être le point de vue dialectique de Barth se la
112
inir qu’on le définira par son opposition globale
à
la dialectique humaniste qui paraît à nos yeux s’en rapprocher le plu
113
ion globale à la dialectique humaniste qui paraît
à
nos yeux s’en rapprocher le plus. ⁂ Cet acte dont nous parlions, à qu
114
approcher le plus. ⁂ Cet acte dont nous parlions,
à
quoi se suspend-il en dernière analyse ? Vers quelles fins dernières
115
sonne, par quoi, au bout du temps, se trouve-t-il
à
son tour jugé ? Si l’on récusait ces questions, on affirmerait par là
116
de quoi l’on refuse toutes les autres solutions.
À
ce moment précis, intervient la critique barthienne. Nous disons « la
117
re la méthode. Accusation qui consiste simplement
à
rapporter tous ces problèmes à la réalité de Dieu telle qu’elle nous
118
onsiste simplement à rapporter tous ces problèmes
à
la réalité de Dieu telle qu’elle nous apparaît, c’est-à-dire au probl
119
blème absolument insoluble, puisque notre rapport
à
Dieu, depuis la chute, est paradoxe par définition. Tel est l’aspect
120
il est question chez Barth ; et que cela suffise
à
faire voir que Barth ne saurait en être tenu pour l’inventeur, pas pl
121
plus que Paul ou Jérémie. Que cela suffise aussi
à
écarter les toutes superficielles appréciations portées ici ou là con
122
pport nécessaire de ces deux aspects de la vérité
à
leur centre vivant ? Le vrai dialecticien sait que ce centre ne peut
123
spectacle pour ceux qui n’ont pas le vertige — qu’
à
rapporter constamment ces deux attitudes l’une à l’autre, la positive
124
’à rapporter constamment ces deux attitudes l’une
à
l’autre, la positive et la négative, à expliquer le oui par le non, e
125
udes l’une à l’autre, la positive et la négative,
à
expliquer le oui par le non, et le non par le oui, sans jamais nous a
126
e inconcevable réalité qui donne un sens si grave
à
ce oui et à ce non qui, au travers de toute l’œuvre de Barth, nous en
127
le réalité qui donne un sens si grave à ce oui et
à
ce non qui, au travers de toute l’œuvre de Barth, nous entraînent dan
128
contradictoires. On conçoit que le fidèle habitué
à
venir chaque dimanche chercher dans un sermon consolateur le droit de
129
et la fin, ou, pour employer une expression chère
à
Karl Barth, se rapporte aux réalités dernières. Qu’y a-t-il donc entr
130
en Allemagne, à peu près, la terminologie propre
à
un auteur. e. Rougemont Denis de, « Dialectique des fins dernières
131
avée par l’ironie dont le professeur nous accable
à
cette occasion. Erreur qui lèse à la fois l’histoire littéraire, la d
132
e de la Promesse invisible, — cette vision donnée
à
l’homme, est la plus propre à créer en lui l’organe d’une haute poési
133
cette vision donnée à l’homme, est la plus propre
à
créer en lui l’organe d’une haute poésie. 3° Enfin toute poésie ne s
134
elopperons un jour ces thèmes que je me borne ici
à
suggérer. Voici en attendant la traduction d’un hymne de John Donne (
135
ans la langue de l’époque, Soleil ou Fils. hymne
à
dieu le père Pardonneras-tu ce péché où j’ai pris naissance, Ce péch
136
ier fil aura été filé ? Oh ! Jure par toi-même qu’
à
ma mort ton Soleil Resplendira comme aujourd’hui, et à jamais ! Et ce
137
mort ton Soleil Resplendira comme aujourd’hui, et
à
jamais ! Et cela fait, tu as fini, Je n’ai plus peur. John Donne
138
entité de la personne, telle qu’on peut l’opposer
à
cet individu, et du prochain, tel que le définit l’Évangile ; d’autre
139
ions, des êtres, si ce savoir n’est pas pour moi,
à
tel moment, un ordre ou une tentation. Quand cesserons-nous d’agiter
140
carnation personnelle. On songe ici tout de suite
à
la question sociale. On se souvient peut-être aussi des libéraux spir
141
re aussi des libéraux spiritualistes qui aimaient
à
dire : « La solution des grands problèmes sociaux est une question de
142
e. » L’originalité d’une morale individuelle apte
à
résoudre les conflits sociaux se réduirait probablement aux vertus de
143
ées me sont extérieures, certes. Mais je n’ai pas
à
les connaître autrement que par la question concrète qu’elles m’adres
144
ui me la pose. Qu’il soit là, proche ou lointain,
à
portée de ma main, à portée de mes yeux, à portée d’imagination, peu
145
soit là, proche ou lointain, à portée de ma main,
à
portée de mes yeux, à portée d’imagination, peu importe, pourvu que c
146
ntain, à portée de ma main, à portée de mes yeux,
à
portée d’imagination, peu importe, pourvu que cette prise, cette vue,
147
e nous, c’est le groupe, le faisceau. On l’oppose
à
la masse anonyme, tout autant qu’à l’individu atomique. Le vœu humain
148
u. On l’oppose à la masse anonyme, tout autant qu’
à
l’individu atomique. Le vœu humain paraît comblé… Mais ce nous est-il
149
et par là même, ne laisse-t-il pas le champ libre
à
la tyrannie, c’est-à-dire à la mécanique étatiste et dictatoriale qui
150
il pas le champ libre à la tyrannie, c’est-à-dire
à
la mécanique étatiste et dictatoriale qui tient lieu d’ordre dès que
151
le qui tient lieu d’ordre dès que l’homme renonce
à
assumer personnellement son risque et celui du « prochain » ? L’erreu
152
ité7. En son principe, l’erreur fasciste consiste
à
considérer cette communion non plus comme un acte, mais comme un état
153
omposent. Il s’arroge des droits sur eux, bien qu’
à
la vérité il ne résulte que de la somme de leurs altérations. Les hom
154
ce ; puis vient un temps où l’on se lasse d’obéir
à
la force vivante, — et l’on institue la police pour soutenir un corps
155
ux hommes ne se rencontrent pas, spirituellement,
à
mi-distance l’un de l’autre — dans le nous 8. Pour nous aimer, nous d
156
orienté, animé par une présence extérieure. Face
à
face avec le prochain que j’aime, je ne suis plus un isolé9, mais je
157
s pages illustrées de nos quotidiens. Il me reste
à
marquer la dépendance théologique d’une analyse qui peut paraître str
158
arler en termes de philosophie du rapport d’un je
à
un tu. Mais on ne peut le comprendre et le vivre, dans son paradoxe p
159
fonde la personne humaine : le rapport de l’homme
à
son Créateur. Le Droit romain a peut-être raison de refuser à mon voi
160
ur. Le Droit romain a peut-être raison de refuser
à
mon voisin le pouvoir de me questionner, puisque ce pouvoir n’a pas d
161
-ce pas, en définitive, parce qu’il est pour moi,
à
tel instant, le symbole réel de Celui qui nous a dit : « En vérité, t
162
n vérité, toutes les fois que vous avez fait cela
à
un seul des plus petits parmi mes frères que voici, c’est à moi que v
163
des plus petits parmi mes frères que voici, c’est
à
moi que vous l’avez fait. » Et si ce tu, non seulement possède le dro
164
parce qu’elle s’enracine dans l’acte qui confère
à
tout homme son être véritable, devant Dieu. 8. Le groupe fasciste n’
165
8-23. h. Une note ajoute : « Extrait d’un volume
à
paraître, intitulé Penser avec les mains . »
166
e mouvement que la peur ou l’amour. Non qu’il ait
à
choisir : déjà il fuit, déjà il s’offre. C’est le je qui est choix. L
167
et le monde, non, rien que la tension d’un corps
à
corps amoureux ou meurtrier. Je n’existe que par cette tension. Elle
168
qui le considère comme une alternative extérieure
à
son être, un vis-à-vis dont il pourrait se détourner, cette indiffére
169
es voix innombrables de l’univers, et son recours
à
la raison pour leur imposer le silence. Ordre géométrique, loi des ch
170
l’architecture des pierres et des constellations
à
son tour, fait entendre un langage qui n’est pas celui des humains, c
171
un langage qui n’est pas celui des humains, c’est
à
la raison seule qu’il se révèle, et ce n’est plus la peur du sang qui
172
ant, autant de tentatives angoissées pour opposer
à
la terreur de Pan les ordonnances dictatoriales de l’esprit. Mais cet
173
a cité. ⁂ Comment répondre sans quelque injustice
à
une question dont on ne peut saisir le sens exact ? Ainsi se défend l
174
s l’homme antique n’a pas en lui de quoi répondre
à
la Nature : il est lui-même une question que Dieu ne semble pas enten
175
et l’univers antique, c’est son royaume abandonné
à
l’anarchie. Comment Adam ne s’effraierait-il pas d’une plainte qui s’
176
erait-il pas d’une plainte qui s’adresse, en lui,
à
ce pouvoir qu’il sait avoir perdu ? La Nature se révolte en désordre.
177
brutalement, et plus il se défend, plus il impose
à
la Nature sa tyrannie, moins il comprend le sens de sa haine anxieuse
178
-être alors le secret du grand Pan s’ouvrirait-il
à
son amour ? Mais serait-ce amour ou défi ? Empédocle n’a rien sauvé.
179
t rien qu’humain. Elle devait conduire l’humanité
à
des impasses mortelles, celles-là mêmes où se désespère le xxe siècl
180
êter : l’an 33 de notre ère, la réponse éternelle
à
la perpétuelle question du monde, nous est donnée. C’est d’abord une
181
nous est donnée. C’est d’abord une réponse faite
à
l’homme. Mais c’est aussi, à travers l’homme désormais restauré dans
182
restauré dans sa condition éternelle, une réponse
à
toute la création, désormais replacée dans l’ordre originel. À cet in
183
éation, désormais replacée dans l’ordre originel.
À
cet instant, parce qu’il possède cette réponse, l’homme comprend le s
184
tente ardente ». Il sait qu’elle s’adresse en lui
à
ce qui de lui ressuscite, ayant reçu et accepté la mort. Il peut aime
185
mer : ce n’est plus un défi, c’est une soumission
à
l’Éternel. « Christ est ressuscité ! » Le Nouvel Adam vit. Le message
186
c’est la machine. D’autre part, il devait aboutir
à
une distinction entre l’esprit et le corps qui, d’accidentelle qu’ell
187
rit et le corps qui, d’accidentelle qu’elle était
à
l’origine, allait être décrétée essentielle par les philosophes dès q
188
s peint par un primitif flamand. L’humanité pâtit
à
tous les coups, soit que triomphe un spiritualisme sans corps ou que
189
rps ou que s’installe un matérialisme sans âme. ⁂
À
ce degré d’évolution du mal, la conscience du danger s’obscurcit. Une
190
mouvement suppose encore une indifférence morbide
à
l’endroit des réalités naturelles et de l’« attente ardente » des cré
191
ïste, et parfois voluptueux, d’un moi qui renonce
à
créer, qui renonce à souffrir, qui se rend sourd à la question des ch
192
ptueux, d’un moi qui renonce à créer, qui renonce
à
souffrir, qui se rend sourd à la question des choses en même temps qu
193
créer, qui renonce à souffrir, qui se rend sourd
à
la question des choses en même temps qu’à la question de Dieu. Baptis
194
d sourd à la question des choses en même temps qu’
à
la question de Dieu. Baptiser communion ce lyrisme de l’isolement, c’
195
tume d’en rendre Rousseau responsable. Mais c’est
à
ses disciples qu’il faudrait s’en prendre. Rousseau n’a pas trompé su
196
rs actif de l’âme » ; il pousse la lucidité jusqu’
à
marquer qu’un tel état n’est pas recommandable, sauf à l’infortuné qu
197
e Rousseau ne s’en glorifie pas, et qu’il se voit
à
cette époque « dans la plus étrange position, où se puisse jamais tro
198
puisse jamais trouver un mortel ». Mais depuis !
À
mesure que le sort se faisait plus clément, qui conduisait un homme a
199
d’un tel cas se voilait et faisait bientôt place
à
la satisfaction pauvrette d’une âme flattée de s’admirer dans l’infin
200
Amiel au comble du délire d’isolement idéaliste.
À
l’autre extrême, celui du délire objectif ou technique, plaçons ce ca
201
motions fortes que la Nature est censée dispenser
à
toute âme un peu cultivée, fournit à la prédication chrétienne un lyr
202
ée dispenser à toute âme un peu cultivée, fournit
à
la prédication chrétienne un lyrisme qu’elle n’osait plus aller cherc
203
e ou dans la joie de la doctrine du salut. Songez
à
ces pasteurs qui, chaque printemps, saisissent le premier rayon de so
204
l’Épître aux Romains : « Tout l’univers s’adresse
à
l’homme dans un langage ineffable qui se fait entendre dans l’intérie
205
de son âme, dans une partie de son être inconnue
à
lui-même, et qui tient à la fois des sens et de la pensée. Quoi de pl
206
sans une mystérieuse signification ? » L’allusion
à
saint Paul est évidente. Mais Constant, comme les romantiques alleman
207
mands, s’il voit bien la question ne va pas jusqu’
à
l’accepter, et sa réponse n’est encore qu’une évasion. Cette « partie
208
’une évasion. Cette « partie de son être inconnue
à
lui-même », il en fait aussitôt une réalité psychologique, « et qui t
209
ait-elle pas, elle aussi, dans ce refus de croire
à
la réalité tout invisible de « l’homme nouveau » — réalité de foi ? ⁂
210
érance, charité de la foi, nous permet d’apporter
à
la Nature une réponse qui dépasse sa question et qui atteint et qui e
211
tat d’âme ; et que le rêve des ingénieurs occupés
à
supprimer ou à domestiquer les « facteurs naturels » n’est rien de pl
212
que le rêve des ingénieurs occupés à supprimer ou
à
domestiquer les « facteurs naturels » n’est rien de plus qu’un rêve,
213
fait de l’homme un être isolé, destiné seulement
à
cultiver la terre et à la peupler, et n’ayant avec tout ce qui n’est
214
e isolé, destiné seulement à cultiver la terre et
à
la peupler, et n’ayant avec tout ce qui n’est pas de son espèce que l
215
s rapports arides et fixes que l’utilité l’invite
à
établir entre eux et lui. Une grande correspondance existe entre tous
216
Éditorial (juillet 1934)j « Soyez appareillez
à
respondre à chascun qui vont demande rayson de l’espérance qui est en
217
juillet 1934)j « Soyez appareillez à respondre
à
chascun qui vont demande rayson de l’espérance qui est en vous.15 » O
218
eler avec force l’exigence évangélique de la mort
à
soi-même, vient définir à nouveau l’Église chrétienne comme le lieu o
219
mme ses pères, la crainte païenne de se présenter
à
la table sainte dans un état « moral » insuffisant ; mais sait-il bie
220
rons, dans cette nouvelle série de Hic et Nunc ,
à
polémiser directement contre les hérésies qui fourmillent dans la cro
221
« donner raison de l’espérance qui est en nous ».
À
nos lecteurs comme à nous-mêmes, nous demanderons le simple effort de
222
espérance qui est en nous ». À nos lecteurs comme
à
nous-mêmes, nous demanderons le simple effort de confronter la doctri
223
uffit parfois de quelques phrases, d’un mot rendu
à
son vrai sens, pour orienter le débat intérieur, pour donner à telle
224
ns, pour orienter le débat intérieur, pour donner
à
telle problématique l’expression qui lui manquait, et dont le défaut
225
ets, force nous est de condenser, de couper court
à
des développements qui parfois mettraient de l’aise dans nos pages. N
226
rtain esprit historique ou historiciste, qui tend
à
nous faire croire qu’après 19 siècles de christianisme, le « scandale
227
énué. Cette longue tradition nous aurait habitués
à
admettre que l’homme Jésus était aussi le Christ. Ainsi l’histoire, l
228
arné dans un homme juif, l’acte de foi impossible
à
l’homme, celui que Pierre fit lorsqu’il dit à Jésus : « Tu es le Chri
229
ble à l’homme, celui que Pierre fit lorsqu’il dit
à
Jésus : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » L’Histoire, le
230
itueraient ainsi, sans que nous nous en doutions,
à
l’acte de l’Esprit. Le scandale s’évanouirait, pour faire place à une
231
prit. Le scandale s’évanouirait, pour faire place
à
une adhésion raisonnable et éclairée. Mais en même temps que le scand
232
’évanouirait aussi. Car la foi consiste justement
à
croire ce qu’on ne peut ni voir, ni toucher, ni comprendre humainemen
233
non systématique qu’il lui a donnée, peut prêter
à
de graves malentendus. À celui-ci en particulier : certains seront te
234
ui a donnée, peut prêter à de graves malentendus.
À
celui-ci en particulier : certains seront tentés de croire que tout l
235
us empêcher de nous « transporter par la pensée »
à
l’époque et aux lieux historiques où la vie de Jésus s’est écoulée. D
236
», un « ami suprême », présent parmi nous, ramené
à
nos proportions idéalisées. Ce double mouvement pourrait être confond
237
st. Mais ne jouons pas sur le mot pour faire dire
à
Kierkegaard exactement le contraire de ce qu’il entendait. Car il est
238
ous re-présenter Jésus, soit en nous transportant
à
son époque, soit en le transportant dans la nôtre, tend tout naturell
239
ansportant dans la nôtre, tend tout naturellement
à
ramener ce Jésus sur notre plan, à nous « faciliter » la foi, c’est-à
240
naturellement à ramener ce Jésus sur notre plan,
à
nous « faciliter » la foi, c’est-à-dire à nous en dispenser. Lorsque
241
e plan, à nous « faciliter » la foi, c’est-à-dire
à
nous en dispenser. Lorsque nous nous laissons aller à cette tendance
242
us en dispenser. Lorsque nous nous laissons aller
à
cette tendance de notre esprit — car c’est bien de la même tendance q
243
mme, et que nous parvenons plus ou moins aisément
à
survoler, quitte à retomber soudain, profondément déçus, dans la réal
244
rvenons plus ou moins aisément à survoler, quitte
à
retomber soudain, profondément déçus, dans la réalité profane d’aujou
245
elle. Et c’est elle, précisément, qui nous pousse
à
vouloir établir cette contemporanéité illusoire, dans le temps, à tra
246
par-dessus le temps, avec ce Jésus-homme si cher
à
la théologie moderniste (de Lessing à Fosdick), si cher aux historien
247
mme si cher à la théologie moderniste (de Lessing
à
Fosdick), si cher aux historiens, aux psychologues, aux partisans de
248
s y ramènent. Notre ambition doit donc se limiter
à
poser clairement le problème, et à formuler, si possible, le principe
249
onc se limiter à poser clairement le problème, et
à
formuler, si possible, le principe critique qui nous rappellera const
250
la Parole de Dieu. Nous la trouvons aux pages 148
à
155 du premier tome (en cours de traduction). Il y a trois sortes de
251
s et renvoie, au-delà d’elle-même, à travers eux,
à
la Parole même de Dieu. « Autre est le temps du parler direct et orig
252
Dieu distingue les trois temps d’une manière tout
à
fait particulière, qui n’est pas celle dont se distinguent les temps
253
où il résulte que l’on ne peut pas passer de l’un
à
l’autre par un mouvement continu, de proche en proche. Il faut un sau
254
ut17. Prenons un exemple fameux : celui de Pierre
à
Césarée de Philippe. Certes, Pierre vit dans le même temps que Jésus,
255
att. 16, 17). C’est Dieu lui-même qui agit en lui
à
ce moment, qui lui fait faire le « pas », le saut du temps de la prop
256
ieu seul qui peut faire passer l’homme d’un temps
à
l’autre, c’est par le « bon plaisir » de Dieu seul que nous pouvons d
257
ontemporains qu’à l’instant où lui-même se révèle
à
eux. Et des deux brigands du Calvaire, l’un seulement devient le cont
258
méthode, par elle-même, ne peut nous conduire qu’
à
revivre la situation du brigand qui refuse. Christ, dans son temps, e
259
de nos efforts, que nous passions de notre temps
à
ce temps des apôtres, ou à ce temps de la Parole faite chair. ⁂ On di
260
assions de notre temps à ce temps des apôtres, ou
à
ce temps de la Parole faite chair. ⁂ On dira qu’il ne s’agit là que d
261
û schématiser encore les pages que Barth consacre
à
ce problème. Mais faut-il le redire ? La théologie n’est pas là pour
262
n instrument critique qui nous renvoie sans cesse
à
la réalité, qui nous inquiète, et qui corrige le mouvement naturel et
263
par eux-mêmes absolument vains, s’ils prétendent,
à
force d’habileté, de science, de poésie ou d’éloquence, nous rendre «
264
ne peuvent avoir d’utilité que s’ils concrétisent
à
nos yeux les limites de nos imaginations. Reconnaître, éprouver pénib
265
parlons des témoins de la Bible, nous n’avons pas
à
nous préoccuper outre mesure d’exactitude historique, archéologique,
266
e de l’histoire ou de notre imagination — machine
à
remonter le temps —, nous ne rejoindrons jamais que Nicodème, ou Salo
267
— qui se posent au chrétien en tout temps : mort
à
soi-même, obéissance, attente active du Christ vivant, pensée « chrét
268
uer des philosophes « existentiels », qui ont mis
à
toutes les sauces humanistes et romantiques la notion, chère à Kierke
269
sauces humanistes et romantiques la notion, chère
à
Kierkegaard, de saut. 18. ou cinématographique ! Voir le film Golgot
270
t le rôle que joue la parole peinte par Grünewald
à
côté du Jean-Baptiste de la Crucifixion d’Issenheim : « Il faut qu’il
271
ur ne perde jamais ses droits. Vous ne croyez pas
à
l’expérience ! Au nom de quoi ? Au nom de l’expérience que vous n’ave
272
ogmatique dont l’esprit de répartie et la finesse
à
distinguer chez son interlocuteur, quel qu’il soit, le point faible d
273
le point faible d’un raisonnement, qu’il se borne
à
faire apparaître par une simple question de bon sens, a fait toute la
274
bon sens, a fait toute la célébrité. On se plaît
à
le dire : il n’a pas d’âge. Sa barbe blanche et ses joues roses, son
275
un visage classique, que d’aucuns n’hésitent pas
à
comparer à celui du Vinci, que d’autres, simplement, qualifient de pa
276
classique, que d’aucuns n’hésitent pas à comparer
à
celui du Vinci, que d’autres, simplement, qualifient de patriarcal. T
277
tait égarée vers la politique, au dessert, revint
à
la théologie avec les premières tasses de café. Un étudiant feuilleta
278
ne. Nicodème. — Nous voici donc d’emblée ramenés
à
notre vieux débat. Je n’ignore pas que l’éternel problème de la mort
279
Je n’ignore pas que l’éternel problème de la mort
à
soi-même et au monde est l’un de ceux qui préoccupent le plus, et à t
280
onde est l’un de ceux qui préoccupent le plus, et
à
très juste titre, nos jeunes barthiens, kierkegaardiens et « réacteur
281
ances. Je m’étonne seulement de vous voir prendre
à
votre compte un jugement si désobligeant, — si ! si ! ne vous excusez
282
s mourir. » Moi. — Il y aurait de l’impertinence
à
affirmer rien de « précis », en se rapportant à quelque affirmation c
283
e à affirmer rien de « précis », en se rapportant
à
quelque affirmation choisie entre trente-six-mille autres dans l’ouvr
284
a référence. Permettez-moi de vous le lire. C’est
à
la page 512 du premier tome : « … n’avoir pas fait une expérience est
285
er tome : « … n’avoir pas fait une expérience est
à
la portée d’un quelconque. À ceux qui préconisent un pareil idéal (au
286
t une expérience est à la portée d’un quelconque.
À
ceux qui préconisent un pareil idéal (au moins en apparence, entraîné
287
ur ne perde jamais ses droits. Vous ne croyez pas
à
l’expérience ! Au nom de quoi ? Au nom de l’expérience que vous n’ave
288
on est la seule qui n’a pas fait ces expériences.
À
la fin, c’est déprimant ! Nicodème. — Ma chère Poupette, M. Monod ne
289
bien. Certes, il y a des abus partout, mais de là
à
condamner la notion même d’expérience ! N’est-ce pas au récit de ses
290
codème soutenait leur identité et alla même jusqu’
à
citer certaines paroles de Kierkegaard à l’appui de sa thèse : « Kier
291
arché. Or, le ton de cette soirée avait été jusqu’
à
ce moment des plus polis, peut-être même trop poli. Je ne sais trop p
292
t : Poupette avait les joues en feu et approuvait
à
tout hasard tantôt l’un tantôt l’autre parti, émue par tant de convic
293
t posée sur le bureau et qui s’ouvrit d’elle-même
à
la page que je cherchais. Je lus ceci : « Mais il y eut un homme d’en
294
ter… Et je l’atteste ! Oui, je l’attesterai jusqu’
à
ma dernière heure… Car elle viendra, cette heure absurde. J’ai vu… Ma
295
on expérience… Vous êtes devant Nicodème, suspect
à
toute la tradition, ah ! que c’est donc facile et rassurant de jeter
296
c’est donc facile et rassurant de jeter la pierre
à
Nicodème ! Nicodème, l’orgueilleux Nicodème qui refusait si méchammen
297
res. J’en parle aussi, j’ai le droit d’en parler…
À
mon âge, j’en ai même le devoir, vis-à-vis de cette jeunesse ! J’étai
298
, au milieu d’un silence ému, et donna l’accolade
à
chacun. Puis il fit un grand geste de ses deux bras levés, — comme po
299
ession sur cette enfant, trop habituée sans doute
à
la confession paternelle. Un des jeunes étudiants avait repris en mai
300
le « monument » du professeur Monod, et s’amusait
à
lire à ses voisins certains passages qui éveillaient tantôt des rires
301
nument » du professeur Monod, et s’amusait à lire
à
ses voisins certains passages qui éveillaient tantôt des rires excess
302
isme tout pur, je déclare ne plus rien comprendre
à
rien. Ces “ondes radioactives du Salut”, cela s’appelle, en bonne sco
303
e infuse ! et si toute notre humanité est soumise
à
cette fécondation permanente par je ne sais quelle radio céleste, pou
304
drait-il, en effet, que nous mourrions totalement
à
nous-mêmes ? Laissons-nous donc radiographier, tout simplement ! S’il
305
erait un jour transformé en pylône émetteur ! » —
À
quoi l’un des barthiens s’empressa d’ajouter : « Quoi qu’il en soit,
306
s de s’emparer de son message comme d’un prétexte
à
ne plus mourir tout à fait. » Le dirai-je ? Ce dialogue, ces rires et
307
message comme d’un prétexte à ne plus mourir tout
à
fait. » Le dirai-je ? Ce dialogue, ces rires et ces affirmations si d
308
rouvât que trop vivement mes réserves, j’hésitais
à
parler, redoutant d’introduire un nouvel élément de discorde, quand c
309
hélas, dans ses moindres propos… J’en étais donc
à
hésiter assez lâchement, lorsqu’un des étudiants lança, tourné vers m
310
est exactement ça ! Vraiment, c’est excellent ! »
À
ce coup, je sentis le rouge me monter au front, et j’éclatai : « Non
311
’ai l’impression, depuis que nous nous sommes mis
à
discuter, qu’aucun de nous ne sait ce qu’il dit. J’entends exactement
312
conviction, mais je crois bien que nous délirons
à
qui mieux mieux. Voulez-vous que je vous le prouve ? Il suffira de ré
313
mourir. Mourir totalement, ou ne pas mourir tout
à
fait, c’est-à-dire revivre avant d’être tout à fait mort, — souffler
314
ut à fait, c’est-à-dire revivre avant d’être tout
à
fait mort, — souffler sur la petite étincelle divine qui, selon les u
315
sait plus ce qu’il dit ! Vous l’avez entendu tout
à
l’heure. Il répétait : Qu’est-ce que j’ai vu ? Qu’est-ce que j’ai don
316
le expérience impossible, humainement impossible,
à
jamais, religieusement impossible ! Voilà l’angoisse et la folie de c
317
« religieuses ». Vous voyez bien qu’ils cherchent
à
se rassurer, à grand renfort d’images impressionnantes, de métaphores
318
. Vous voyez bien qu’ils cherchent à se rassurer,
à
grand renfort d’images impressionnantes, de métaphores mystiques, d’i
319
rmations pourrait faire croire. Voilà votre folie
à
vous : vous proférez des vérités littéralement terrifiantes, l’exigen
320
t terrifiantes, l’exigence de la mort au monde et
à
soi-même, comme s’il s’agissait là de thèses à imposer ! Nicodème le
321
et à soi-même, comme s’il s’agissait là de thèses
à
imposer ! Nicodème le disait : On croirait que c’est vous qui exigez
322
e avait bien su les reconnaître. C’était conforme
à
sa théologie, on pouvait se risquer à discuter avec cet homme de nuit
323
it conforme à sa théologie, on pouvait se risquer
à
discuter avec cet homme de nuit, quand il ne s’agit plus d’agir, mais
324
mbole de l’homme qui ne peut pas mourir !… Plaise
à
Dieu que l’angoisse qui tourmente cet homme depuis sa rencontre noctu
325
rée, encore que cette vérité ne soit point facile
à
entendre. Je ne sais si c’est un « barthien », au sens que certains «
326
hien », au sens que certains « libéraux » prêtent
à
ce terme malheureux. Assurément, il doit avoir lu Barth mieux que la
327
aucune espèce d’importance. Dieu fait pour nous,
à
ce moment, ce que Nicodème et tous les hommes reconnaissent qu’ils ne
328
fait, — le salut est donné. Mais nous avons alors
à
dire et à prêcher ce que sont ce Baptême et cette Cène. Certes, ces p
329
salut est donné. Mais nous avons alors à dire et
à
prêcher ce que sont ce Baptême et cette Cène. Certes, ces paroles nou
330
e nécessaire. Oui, cette expérience-là nous reste
à
jamais impossible, c’est pour cela qu’il faut la croire ! Et l’attest
331
s sont communs d’ailleurs avec l’Église romaine —
à
quatre siècles d’une tradition que l’on réduit au seul domaine frança
332
oitié de ce temps. Ne serait-il pas plus conforme
à
la probité historique et plus fécond pour la théologie de mettre en r
333
ngélique » et la conception papale ; entre la foi
à
la Révélation parfaite et suffisante, et le recours à la Tradition co
334
Révélation parfaite et suffisante, et le recours
à
la Tradition comme critère des révélations évangéliques. Ce qui s’opp
335
u salut par la foi au sein d’une Église obéissant
à
la Révélation, et une doctrine du salut par l’Église, par une Église
336
re. Précisons encore ce schéma, qui ne prétend qu’
à
indiquer le lieu précis de la divergence : la Réforme prêche que le C
337
Christ » lui-même. (L’expression est de Bossuet.)
À
la question ainsi posée, on me répondra probablement que mon antithès
338
en termes catholiques. Je comprends parfaitement
à
quel souci très légitime d’honnêteté, à quelle crainte très légitime
339
faitement à quel souci très légitime d’honnêteté,
à
quelle crainte très légitime de me voir combattre une caricature peut
340
aint, on me répond que cette formule lui est tout
à
fait personnelle, et l’on m’oppose une thèse thomiste ; laquelle est,
341
l’on m’oppose une thèse thomiste ; laquelle est,
à
son tour, contestée par un Newman ou un Laberthonnière, dans des livr
342
on ne saurait convoquer pour si peu, j’ai recours
à
quelque « Enchiridion », ou recueil des formules dogmatiques élaborée
343
catholique, l’avantage sans prix d’avoir toujours
à
portée de la main le critère dernier de toute « formulation chrétienn
344
s. Mais mon propos est ici simplement de répondre
à
l’objection de nos frères romanisés. Si les formules par lesquelles j
345
esquelles je résume leurs croyances ne sont pas «
à
la lettre » catholiques, je dis : 1° que cela tient à ce que cette «
346
lettre » catholiques, je dis : 1° que cela tient
à
ce que cette « lettre » est, pour nous tout au moins, pratiquement in
347
en catholique, lequel, s’il ne veut pas se borner
à
la pure et simple copie des formules élaborées par les conciles, est
348
anc, que nos frères catholiques ont tant de peine
à
distinguer. Et comment la distingueraient-ils quand l’effort perpétue
349
lation de notre raison ? Au point qu’on en arrive
à
se demander pourquoi le Christ a dû mourir pour triompher de notre pé
350
grâce, n’avait su les achever en les incorporant
à
la tradition de l’Église, corps du Christ ressuscité ! » Réponse qui
351
la pose ? Si mes reproches leur paraissent porter
à
faux et révéler une simple méconnaissance des possibilités infinies d
352
ène) : Que Jésus-Christ a donné un grand pouvoir
à
son Église dans la dispensation de ses mystères !… Il a permis à son
353
ns la dispensation de ses mystères !… Il a permis
à
son Église de séparer ce qu’il avait mis ensemble… Et non seulement l
354
hrist, qui sait ce qui appartient essentiellement
à
son institution, ce qui doit être dispensé diversement, selon les tem
355
us-Christ a mis ensemble, et qu’on donne le corps
à
manger sans donner en même temps le sang à boire. Étonnez-vous donc a
356
corps à manger sans donner en même temps le sang
à
boire. Étonnez-vous donc aussi de ce que la Cène sacrée est séparée d
357
Christ a voulu faire… Comme je citais cette page
à
un abbé fort écouté, dont les travaux marient avec aisance théologie
358
holique consiste, comme je le montrais plus haut,
à
récuser l’une après l’autre toutes les formules qui pourraient amener
359
l’autre toutes les formules qui pourraient amener
à
poser la question d’une manière claire et nette, et à choisir. Car, e
360
ser la question d’une manière claire et nette, et
à
choisir. Car, enfin, si Bossuet, en écrivant cette page, a déformé la
361
: « … Le Sauveur a-t-il voulu laisser aux hommes
à
distinguer par leur propre sens ce qui était la substance de l’instit
362
dit-il, par “fidèle” ? — Nous entendons : fidèle
à
la Révélation donnée une fois pour toutes par Dieu lui-même dans son
363
vers nous et nous exprime une sorte de pitié : «
À
quoi s’appuiera le protestant, avec, pour tout guide, une Bible… ou l
364
sera bien incapable de différencier de sa nature
à
lui, de son époque et de sa formation ? »30. Autrement dit, on nous p
365
. Autrement dit, on nous plaint d’être abandonnés
à
la seule inspiration de l’Esprit, à laquelle on n’accorde aucun pouvo
366
re abandonnés à la seule inspiration de l’Esprit,
à
laquelle on n’accorde aucun pouvoir réel d’éclairer, de faire taire l
367
a nature, d’enseigner « objectivement » la vérité
à
l’homme « subjectif ». Et tout en mentionnant la Bible pour mémoire —
368
âles écrits », dira le père Pinard de la Boullaye
à
Notre-Dame — on oublie simplement qu’elle est notre critère, ce « vis
369
se de Rome qui nous paraît à cet égard abandonnée
à
un subjectivisme redoutable. C’est ce que l’on peut voir aisément par
370
té se fonde-t-elle ? Sur les conciles. Et ceux-ci
à
leur tour ? Prenons le concile de Trente : « Sacrosancta œcumenica et
371
être affirmé en droit, il est en fait négligé, et
à
tel point négligé qu’il n’y aura pas grand-chose à faire pour le ruin
372
tel point négligé qu’il n’y aura pas grand-chose
à
faire pour le ruiner plus tard en droit. C’est ce que fit le concile
373
cile de Trente. La tradition est ainsi substituée
à
l’Écriture comme critère des inspirations de l’Esprit saint. Mais la
374
saint. Le premier terme de l’alternative revient
à
consacrer en droit l’arbitraire le plus absolu. Pratiquement : un opp
375
holiques nous reprochent-ils notre subjectivisme,
à
nous qui reconnaissons un critère objectif, la Bible, alors qu’ils on
376
docteurs catholiques se sont fondés pour opposer
à
la tradition de leur temps (qui était encore le « Buvez-en tous ») un
377
tégrante de la nouvelle tradition, contradictoire
à
l’Écriture. Le cercle n’est-il pas vicieux ? Le scandale de cette inn
378
La tradition serait-elle une sorte de promotion «
à
l’ancienneté » des erreurs les plus manifestes des conciles ? La ques
379
ette inquiétude32, qui a conduit l’Église de Rome
à
statuer qu’il existe, à côté de la Bible, une autre source. Tout l’ef
380
e. Tout l’effort dogmatique des conciles consiste
à
accumuler des assurances contre tous les « dangers », possibles, qui
381
obéisse et qu’elle me sauve ? Frères catholiques,
à
la question que vous adressez à la Réforme, du haut d’une grandeur tr
382
ères catholiques, à la question que vous adressez
à
la Réforme, du haut d’une grandeur traditionnelle mal assurée, — trop
383
Si vous croyez cela sérieusement, si vous croyez
à
cette autre parole qui est comme un commentaire de la première : « Ma
384
te des témoignages rendus par l’Église historique
à
son chef, qui lui fut révélé dans l’Écriture, et non ailleurs. Il res
385
révélé dans l’Écriture, et non ailleurs. Il reste
à
dire ceci : Et nous, croyons-nous assez « sérieusement » cela ? Croyo
386
dont la recrudescence actuelle ne fait honneur ni
à
l’information, ni à la bonne foi de nos écrivains, s’appelassent-ils
387
e actuelle ne fait honneur ni à l’information, ni
à
la bonne foi de nos écrivains, s’appelassent-ils Paul Claudel. Ce trè
388
e luthérienne. Nous ne croyons pas, dans son cas,
à
la mauvaise foi, mais à une ignorance totale de ce qu’il croit devoir
389
royons pas, dans son cas, à la mauvaise foi, mais
à
une ignorance totale de ce qu’il croit devoir attaquer périodiquement
390
ressemble au rationalisme ou au psychologisme ou
à
l’historisme libéral, qui ont trouvé, eux aussi, des critères tout à
391
ral, qui ont trouvé, eux aussi, des critères tout
à
fait intéressants pour interpréter les évangiles… 27. Méthode dont j
392
er. On ne peut pas incorporer impunément Aristote
à
une tradition qui se fonde dans la Révélation ; pas plus qu’on ne peu
393
des raisons justes (iustis causis et rationibus)
à
cette décision dogmatique (Canon 2). 29. « Ce grand Docteur », — « c
394
prit de Dieu. » I Cor. 2:10. 32. On le voit bien
à
ce trait : le « développement du dogme » n’est en fait qu’une stratif