1 1932, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Hic et nunc [éditorial] (novembre 1932)
1 hoses à dire, un certain ordre de vérités qu’il n’ est plus possible de taire. Mais c’est en vain que nous cherchons autour
2 en et ce lieu : ce lieu de témoignage où puissent être dites avec tout le sérieux, toute l’ironie, toute la décence, toute l
3  ; à ceux auxquels, peut-être mieux qu’à nous, il sera donné de les comprendre en vérité, c’est-à-dire de les réaliser en ob
4 ru pouvoir nous sauver de l’angoisse en fondant l’ être humain sur soi-même, sur l’intelligence et la volonté supposées non d
5 prophètes de ce temps, que la raison d’un homme n’ est pas sa raison d’être : « Cogitor, ergo sum. » (Je suis pensé…). En fa
6 s, que la raison d’un homme n’est pas sa raison d’ être  : « Cogitor, ergo sum. » (Je suis pensé…). En face d’une civilisation
7 pas sa raison d’être : « Cogitor, ergo sum. » (Je suis pensé…). En face d’une civilisation de plus en plus soumise à ce dieu
8 y a lieu et ordre d’attester qu’« une seule chose est nécessaire ». Et qu’heureux sont les pauvres en esprit. ⁂ Notre but n
9 « une seule chose est nécessaire ». Et qu’heureux sont les pauvres en esprit. ⁂ Notre but n’est pas d’imposer des idées, un
10 heureux sont les pauvres en esprit. ⁂ Notre but n’ est pas d’imposer des idées, un système nouveau, plus ou moins cohérent.
11 s, un système nouveau, plus ou moins cohérent. Ce serait alimenter de nouvelles discussions, exciter des oppositions stériles,
12 retrancher dans des positions que, peut-être, ils étaient bien près d’abandonner. Il nous est indifférent, en principe, de nous
13 être, ils étaient bien près d’abandonner. Il nous est indifférent, en principe, de nous opposer à telles idées courantes, o
14 fortement que possible, d’une vérité dont nous ne sommes pas les auteurs, mais dont l’essence même implique notre effort pour
15 ous. Vérité actuelle aux deux sens de ce mot, qui sont acte et présence. Et certes notre activité serait injustifiable si n
16 sont acte et présence. Et certes notre activité serait injustifiable si nous tentions de la justifier par des arguments, au
17 tre orgueil et vanité aux yeux des hommes. Ceci n’ est rien, en vérité, qu’un acte de soumission et d’espérance, car ce n’es
18 qu’un acte de soumission et d’espérance, car ce n’ est pas aux hommes que nous disons : nous voici. a. Rougemont Denis de
2 1932, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Principe d’une politique du pessimisme actif (novembre 1932)
19 …que nous faisons du paradoxe ? Non. Dieu nous est paradoxal. Le paradoxe est la réalité, ou plus exactement le paradoxe
20 adoxe ? Non. Dieu nous est paradoxal. Le paradoxe est la réalité, ou plus exactement le paradoxe est la marque et la preuve
21 xe est la réalité, ou plus exactement le paradoxe est la marque et la preuve de toute réalité en tant que saisie et vécue,
22 , c’est sortir de la réalité même. Car la réalité est précisément ce qui nous met en relation personnelle et immédiate avec
23 et immédiate avec Dieu : et que la relation d’un être déchu avec son Créateur ne puisse être que paradoxale, cela est clair
24 ation d’un être déchu avec son Créateur ne puisse être que paradoxale, cela est clair, d’une clarté proprement aveuglante et
25 son Créateur ne puisse être que paradoxale, cela est clair, d’une clarté proprement aveuglante et même insupportable, si n
26 r la foi seule, — qui ne vient pas de nous. Telle est la démarche paradoxale, « dialectique », de la vie chrétienne : elle
27 vie chrétienne : elle rejette tout espoir qui ne serait pas le seul espoir ; toute promesse qui ne serait pas la seule promes
28 serait pas le seul espoir ; toute promesse qui ne serait pas la seule promesse : espoir et promesse de la foi, — et la foi naî
29 lectique chrétienne rejette tout désespoir qui ne serait pas le seul désespoir réel : celui qui dévaste la nature humaine jusq
30 e éternel de la contradiction et de l’« agonie », est au centre du monde chrétien, parce qu’elle est le signe même de notre
31 », est au centre du monde chrétien, parce qu’elle est le signe même de notre condition. Et lorsque nous disons le « monde-c
32 nstructive reste vaine, évasive et mortelle. Nous sommes au monde, nous ne sommes pas du monde. Toute construction politique q
33 vasive et mortelle. Nous sommes au monde, nous ne sommes pas du monde. Toute construction politique qui ne prend pas au sérieu
34 es de l’antinomie, ou qui cherche à la supprimer, est antichrétienne en son principe. Ainsi se trouvent définies les trois
35 qui ne saurait nous offrir de salut, puisqu’il n’ est de salut qu’en la foi, qui transcende le monde. Principe de l’individ
36 ue ; point de vue qui rend absurde le fait même d’ être né, c’est-à-dire d’avoir été « mis au monde ». 2° L’hérésie optimiste
37 urde le fait même d’être né, c’est-à-dire d’avoir été « mis au monde ». 2° L’hérésie optimiste constate au contraire que « 
38 érésie optimiste constate au contraire que « nous sommes au monde pour quelque chose », mais elle oublie que ce quelque chose,
39 aume sur la terre, mais elle oublie que cela nous est à jamais impossible. C’est le principe de cet activisme que les Europ
40 nommer « américain ». 3° L’hérésie de la synthèse est inhérente à tout système rationaliste du monde, soit qu’il prétende,
41 t inhérente à tout système rationaliste du monde, soit qu’il prétende, comme le système romain, enfermer les antinomies dans
42 le péché forme sans doute l’une des composantes ; soit qu’il refuse comme le marxisme l’antinomie centrale de notre conditio
43 ne et désespérée du millenium chrétien. Nous n’en sommes pas là : Hic et nunc, nous voici, protestants, en face de deux soluti
44 u’aurions-nous à leur opposer ? Tout notre espoir est dans un désespoir tellement « substantiel » qu’il nous rende à leur t
45 tenable comme le fait chrétien lui-même, — s’il n’ est pas attesté dans l’acte de la foi. Qu’est-ce donc, en effet, que l’ef
46  s’il n’est pas attesté dans l’acte de la foi. Qu’ est -ce donc, en effet, que l’effort humain ? Sinon l’exercice nécessaire
47 cessaire de l’âme, son actualisation, la raison d’ être de son incorporation ; mais les résultats terrestres de cet effort ne
48 jamais le Pardon ; ils mériteront tout au plus d’ être eux-mêmes pardonnés. Ce qui nous assure le Pardon, c’est la foi. Agis
49 uelconque ? Ayons le courage de l’affirmer ; il n’ est pas de réponse à cette question pour ceux qui ne savent pas ce que c’
50 e, mais l’ensemble des relations humaines, la foi est ce qui rend la vie impossible (par ses exigences absolues), tandis qu
51 es absolues), tandis qu’au contraire la politique est l’art d’accommoder les relations dans le sens de la plus grande facil
52 plus grande facilité de réalisation. La politique est un art de synthèses pratiques ; son office est de résoudre dans la me
53 ue est un art de synthèses pratiques ; son office est de résoudre dans la mesure de l’utile des difficultés naturelles. Mai
54 onclure au refus de toute activité politique ? Ce serait admettre que les deux termes de l’antinomie s’équivalent et peuvent s
55 rtir de concepts réduits au même ordre, mais ce n’ est pas ici du concept de la foi que nous parlons. C’est de la foi vivant
56 est de la foi vivante. Or, cette foi, nul homme n’ est capable de la posséder dans la durée ; elle « survient », et jamais n
57 ons et qui nous meut parmi les hommes tels qu’ils sont , — des hommes qui ont besoin d’une politique pour suppléer à leur fai
58 montre la vanité d’une chose si nécessaire. Telle est , dans son principe, la seule attitude politique que puisse adopter le
59 eut de l’activisme sans illusions. Et sa devise n’ est autre que la maxime souveraine du Taciturne, la maxime calviniste par
60 , la maxime calviniste par excellence : « Point n’ est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. »
61 à la valeur absolue du résultat sinon de l’acte, est en même temps le meilleur ressort de l’action. La preuve est dans tou
62 temps le meilleur ressort de l’action. La preuve est dans tous les livres d’histoire. Les peuples calvinistes ont été les
63 es livres d’histoire. Les peuples calvinistes ont été les plus « actifs » des temps modernes. Il s’est même produit ceci (c
64 été les plus « actifs » des temps modernes. Il s’ est même produit ceci (corruptio optimi pessima) que ceux d’entre eux qui
65 son utilisation criminelle. ⁂ Mais il existe des êtres que l’attitude du pessimisme actif condamne sans discussion et sans a
66 er un programme : la devise de Guillaume d’Orange est l’arrêt de mort des idoles. Elle suppose un Dieu transcendant. Quel d
67 e esthétique, qui consistait à dire : comme elles sont bien peintes ! (ou mal). — Pauvre type ! Peut-être aurai-je pourtant
68 arler ici que du principe de notre politique ; il est bien clair qu’elle condamne, dans la mesure où ces idolâtries sont su
69 u’elle condamne, dans la mesure où ces idolâtries sont suspendues à la réussite matérielle ou à des systèmes d’assurances, l
70 lut sur une organisation terrestre quelle qu’elle soit . Il ne suit pas de là, bien au contraire, que nous ne puissions colla
71 ons collaborer à aucune révolution. L’iconoclaste est un type assez pur de révolutionnaire. Nous ne pouvons être ni conform
72 ype assez pur de révolutionnaire. Nous ne pouvons être ni conformistes — les ordres de la foi sont absolus — ni réformistes,
73 uvons être ni conformistes — les ordres de la foi sont absolus — ni réformistes, n’ayant rien qui nous assure de l’action co
74 fulgurantes du Saint-Esprit. La politique romaine est la recherche d’une harmonie statique des relations humaines, d’un vis
75 La plus grande liberté d’action et de révolution est promise à celui que n’empêtre aucun respect du résultat en soi. Pessi
76 appel de la seule grandeur transcendante. Nous ne sommes pas condamnés au succès, mais à l’obéissance jusqu’à l’absurde et au
77 veuille. Un certain nombre de compromissions nous sont à jamais impossibles : et tout le reste est affaire d’obéissance aux
78 nous sont à jamais impossibles : et tout le reste est affaire d’obéissance aux ordres imprévisibles et concrets de la Parol
3 1933, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Solutions pratiques ? (mars 1933)
79 ns que toutes les questions que nous poserons ici soient accueillies : avec un sérieux et un respect si peu feints qu’ils n’ex
80 c’est tout simplement de se dire : cette question est justifiée par le fait même qu’elle a surgi à l’occasion de ce que j’é
81 la question, c’est un procédé électoral qui peut être utile à son heure, mais nous avons tout autre chose à faire. Nous ne
82 ir raison contre quelqu’un : l’esprit de vérité n’ est à personne. Bien souvent, parmi nous, on répond mal aux questions par
83 ’illustre. Or, la force, pour le chrétien, quelle est -elle ? Il se trouve que nul homme n’est en mesure de la donner à son
84 n, quelle est-elle ? Il se trouve que nul homme n’ est en mesure de la donner à son frère : c’est la foi. Tout au plus pouvo
85 les autres, ce qui rassure. Pour le chrétien, ce sera tout ce qui trouble en vérité les hommes et les délivre de leurs tour
86 ieu et les jette nus dans la foi. 2. Un homme qui est dans la foi sait bien qu’il n’y a pas à demander de « solutions prati
87 à demander de « solutions pratiques », car la foi est précisément une force qui se manifeste par des ordres personnels, et
88 anifeste par des ordres personnels, et ces ordres sont pratiques, ou ils ne sont rien. On dirait, à entendre parler certains
89 rsonnels, et ces ordres sont pratiques, ou ils ne sont rien. On dirait, à entendre parler certains chrétiens, que la foi est
90 à entendre parler certains chrétiens, que la foi est une espèce d’inspiration flottante, difficile à localiser et beaucoup
91 oseph Prudhomme ou le pasteur Charles Wagner. Tel est l’aspect décourageant du paganisme contemporain. Il sévit dans nos ég
92 hose de « positif » ! Comme si le christianisme n’ était qu’une politique possible, entre autres ! Comme si les situations hum
93 révisibles et classées d’avance ! Comme si la foi était une espèce de puissance continuellement disponible entre nos mains in
94 étiens qui viennent nous parler d’une Révélation. Est -ce donc qu’une grande lumière leur est venue dans cette nuit ? Est-ce
95 évélation. Est-ce donc qu’une grande lumière leur est venue dans cette nuit ? Est-ce qu’ils ont, eux, la clef du mystère ou
96 e grande lumière leur est venue dans cette nuit ? Est -ce qu’ils ont, eux, la clef du mystère ou du scandale ? Non, je ne le
97 érique, que l’homme d’aujourd’hui, sans doute, ne serait pas capable de supporter, d’interpréter. Ils n’ont pas davantage reçu
98 a révélation qu’ils ont reçue et qu’ils reçoivent est purement « pratique », c’est-à-dire immédiate à chacun des cas de l’e
99 ce en dehors du cas. Cette révélation ne peut pas être formulée en termes généraux, n’étant pas autre chose qu’un ordre qui
100 n ne peut pas être formulée en termes généraux, n’ étant pas autre chose qu’un ordre qui me dit, à tel endroit précis du temps
101 ù provient l’ordre véritable. La décision éthique est toujours choix : on ne peut choisir pour un autre. Mais on peut, dans
102 ver la foi par l’acte qu’elle ordonne. Nous ne sommes pas des guérisseurs, mais des malades Doctrine désespérante, dites
103 à guérir personne, mais à montrer que la maladie est sérieuse, si sérieuse qu’il serait ridicule d’attendre de nous ou de
104 er que la maladie est sérieuse, si sérieuse qu’il serait ridicule d’attendre de nous ou de qui que ce soit un remède. Doctrine
105 rait ridicule d’attendre de nous ou de qui que ce soit un remède. Doctrine désespérante ? Oui, pour ceux qui cherchent des e
106 arde l’homme dans la perspective chrétienne. Ce n’ est plus l’homme qui pose des questions, mais c’est Dieu, seul Sujet. Et
107 e cette « conversion », la notion même de positif est bouleversée. Critiquer les doctrines qui prétendent résoudre humainem
108 ours équivoques ; désorienter celui qui s’imagine être debout quand il n’a fait que truquer les repères ; désespérer les opt
109 x dérisoire ils ont cru payer leur salut, — telle est la seule tâche véritablement positive que notre effort, ici, peut s’a
110 ci, peut s’assigner sans fol orgueil. « Positif » est ce qui rapproche du Réel. Cela prend bien souvent l’aspect d’une dest
111 oive rappeler de telles choses, mais la raison en est pourtant bien claire. Nous préférons demander aux hommes ces ordres q
4 1933, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Dialectique des fins dernières (juillet 1933)
112 s comportent d’autant moins de solutions que nous sommes plus exigeants. Tout idéal atteint se retourne aussitôt contre notre
113 r s’évade ; les morales échouent, l’immoralisme n’ est qu’une morale de plus ; l’athéisme conserve l’orgueil bourgeois, les
114 s religions conservent l’orgueil bigot ; « tout n’ est que vanité et poursuite du vent », y compris la sagesse de celui qui
115 vre. Mais il existe une sagesse qui semble bien n’ être pas affectée de la dégradation immanente à toute solution humaine. Ce
116 e qui harmoniserait les contradictions absolues n’ est qu’un attentat métaphysique contre l’éthique ». Il s’agit donc ici d’
117 ue à deux termes simultanés, et dont la tension n’ est pas orientée vers quelque troisième terme dans lequel elle s’annulera
118 ments dans le temps et l’Histoire. Sa dialectique est devenue une espèce de bascule automatique. Le tragique s’évanouit, le
119 s directs, les théologiens dialectiques. Je ne me serais pas attardé à développer ici ces thèses, si dans leur expression elle
120 nd un compte suffisant de l’ensemble du monde. Ce serait dire qu’elle constitue finalement la solution au nom de quoi l’on ref
121 e, puisque notre rapport à Dieu, depuis la chute, est paradoxe par définition. Tel est l’aspect humain de la dialectique do
122 depuis la chute, est paradoxe par définition. Tel est l’aspect humain de la dialectique dont il est question chez Barth ; e
123 Tel est l’aspect humain de la dialectique dont il est question chez Barth ; et que cela suffise à faire voir que Barth ne s
124 cela suffise à faire voir que Barth ne saurait en être tenu pour l’inventeur, pas plus que Kierkegaard, pas plus que Luther
125  concept d’angoisse ». Car enfin si le paradoxe n’ est pas dans la situation même de l’homme devant Dieu, notre foi est vain
126 situation même de l’homme devant Dieu, notre foi est vaine et c’est perdre son temps que d’en apprécier humainement l’expr
127 ion la plus directe ; si au contraire le paradoxe est bien réel, s’il est bien tel que l’ont formulé un Paul, un Luther, un
128 ; si au contraire le paradoxe est bien réel, s’il est bien tel que l’ont formulé un Paul, un Luther, un Calvin, ce sont alo
129 e l’ont formulé un Paul, un Luther, un Calvin, ce sont alors ces appréciations toutes humaines qui trahissent une vanité, et
130 nes qui trahissent une vanité, et la vraie joie n’ est pas avec ceux qui nous parlent de la « tristesse » du message barthie
131 ion du salut impossible, paradoxe dont la formule est le nom même de Jésus-Christ. La réalité centrale d’une telle dialecti
132 rist. La réalité centrale d’une telle dialectique est formulée dans ce passage de Barth : « Que Dieu (mais vraiment Dieu) d
133 vienne homme (mais vraiment homme !) c’est ce qui est affirmé ici et qui ici devient la vérité vivante, le contenu décisif
134 ? Le vrai dialecticien sait que ce centre ne peut être ni appréhendé, ni contemplé. » Et pourtant, cette impossibilité radic
135 lé. » Et pourtant, cette impossibilité radicale s’ est incarnée. Mais alors, si nous voulons parler en vérité d’une telle in
136 n, et ce que, de leur simultanéité, nous croirons être en droit de déduire par la voie logique. C’est pourtant cette inconce
137 areillement inconfortable, dont, au surplus, il n’ est plus possible de se défaire au nom de l’« action » ou de la « piété d
138 t la Vie en Dieu, et ce non c’est la mort où nous sommes . Ce oui, c’est l’éternité, et ce non, c’est notre durée. Car notre du
139 , et ce non, c’est notre durée. Car notre durée n’ est sans doute que notre perpétuel refus de l’éternité. Dieu dit oui : l’
140 ède et seule provoque l’antithèse, dont le sens n’ est pourtant donné que par la thèse simultanée. Chronologie d’ailleurs bi
141 e mortelle ? Il y a l’acceptation de la Vie qui n’ est pas nôtre, qu’il faut croire. Dissymétrie vertigineuse : la place qui
142 ire. Dissymétrie vertigineuse : la place qui nous est assignée dans ce monde « nous situe plus profondément dans le non que
143 non que dans le oui » ; mais la promesse qui nous est faite dans l’instant de la foi, c’est la promesse de la victoire éter
144 voudrais simplement en avoir dit assez pour qu’il soit inutile d’insister davantage sur ce fait : nos dialectiques humaines
145 ialectiques humaines et la dialectique chrétienne sont séparées par la mort éternelle. Qu’un philosophe, qu’un moraliste, pa
146 l’élection, c’est-à-dire d’une possibilité qui n’ est pas nôtre. Et le risque permanent, c’est alors celui qu’encourt l’hom
147 ment notre recherche, mais en même temps, si elle est vraie, notre salut. Et c’est Pascal, traduisant Augustin : « Tu ne Me
5 1933, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Poésie dialectique (juillet 1933)
148 Albert-Marie Schmidt dans notre premier numéro «  est bien la première poésie dialectique qui lui soit tombée sous les yeux
149 « est bien la première poésie dialectique qui lui soit tombée sous les yeux » ! Petite erreur de fait, voulons-nous croire,
150 poésie de la Réforme jusqu’au xviie siècle peut être qualifiée de dialectique : c’est le « wit » des poètes métaphysiciens
151 Bartas, ce géant — mais nous y reviendrons) ; ce sont les sonnets de Goulard, admirable commentateur de Du Bartas, et toute
152 mbus des théories cosmologiques de Paracelse ; ce sont encore en plein xviie siècle, les Sonnets spirituels d’un Gombaud. E
153 uveauté inénarrable de l’instant où la Parole lui est adressée ; enfin, excitant en lui l’espoir infini au sein du désespoi
154 messe invisible, — cette vision donnée à l’homme, est la plus propre à créer en lui l’organe d’une haute poésie. 3° Enfin
155 ane d’une haute poésie. 3° Enfin toute poésie ne serait -elle pas, dans son essence, dialectique ? La métaphore ne tire-t-elle
156 première traduction de cet hymne, dont nous nous sommes inspirés, a paru dans la Nouvelle Revue française du 1er avril 1923 (
157 nt moi commis ? Pardonneras-tu ces péchés dont je suis le cours Et suis encore le cours, bien que je les déplore ? Quand tu
158 ardonneras-tu ces péchés dont je suis le cours Et suis encore le cours, bien que je les déplore ? Quand tu auras fini, tu n’
159 urrai-je sur la rive Lorsque mon dernier fil aura été filé ? Oh ! Jure par toi-même qu’à ma mort ton Soleil Resplendira com
6 1934, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Grammaire de la personne (janvier 1934)
160 é, c’est l’homme qui n’a pas de prochain et qui n’ est le prochain de personne. Ou encore, comme le dit Keyserling, c’est l’
161 Keyserling, c’est l’homme pour lequel le prochain est devenu tout simplement « le voisin inévitable », celui que définit, d
162 , c’est la personne. Toute l’agitation du monde n’ est rien de plus qu’une certaine question qui m’est adressée, et qui ne s
163 n’est rien de plus qu’une certaine question qui m’ est adressée, et qui ne se précise en moi qu’à l’instant où elle me contr
164 tant où elle me contraint d’agir. Peut-être qu’il est inutile de rien savoir du monde et de son train, des sciences, des fa
165 des accidents, des inventions, des religions, des êtres , si ce savoir n’est pas pour moi, à tel moment, un ordre ou une tenta
166 entions, des religions, des êtres, si ce savoir n’ est pas pour moi, à tel moment, un ordre ou une tentation. Quand cesseron
167 rons-nous d’agiter des problèmes qui n’ont jamais été notre problème ? Car un problème n’est jamais réel que pour celui qui
168 ont jamais été notre problème ? Car un problème n’ est jamais réel que pour celui qui peut l’incarner dans sa vie, le résoud
169 dire : « La solution des grands problèmes sociaux est une question de morale individuelle. » L’originalité d’une morale ind
170 cécité et de mutisme. Par ailleurs, elle pourrait être aussi laïque ou religieuse qu’on voudrait. Mais l’individu a vécu, no
171 -on… Il faut craindre la mort des mythes : elle n’ est jamais qu’une métamorphose. L’individu n’est mort que pour renaître d
172 le n’est jamais qu’une métamorphose. L’individu n’ est mort que pour renaître dans le collectif. La mystique de la masse ou
173 onstater que la question sociale, en tant qu’elle est question exigeant une réponse ne se pose pas ailleurs que dans le je
174 dans le je aux prises avec le tu. Ses données me sont extérieures, certes. Mais je n’ai pas à les connaître autrement que p
175 qu’elles m’adressent ; et cette question ne peut être concrète — ne peut être un conflit véritable — que si c’est un autre
176 et cette question ne peut être concrète — ne peut être un conflit véritable — que si c’est un autre homme, en face de moi, q
177 utre homme, en face de moi, qui me la pose. Qu’il soit là, proche ou lointain, à portée de ma main, à portée de mes yeux, à
178 , pourvu que cette prise, cette vue, cette image, soient pour moi une « deuxième personne », un tu sujet d’une parole qui m’ad
179 omique. Le vœu humain paraît comblé… Mais ce nous est -il autre chose qu’une moyenne entre le je des libéraux et le ils des
180 je des libéraux et le ils des collectivistes ? N’ est -il pas, lui aussi, inactuel et abstrait, et par là même, ne laisse-t-
181 sque et celui du « prochain » ? L’erreur fasciste est peut-être plus grave que les erreurs qu’elle combat, parce qu’elle fi
182 des personnes responsables. Mais la communauté n’ est rien de plus que les personnes : elle n’est que l’expression de leurs
183 uté n’est rien de plus que les personnes : elle n’ est que l’expression de leurs rapports spécifiques. Elle a son centre en
184 e en chacune des personnes qui la composent, et n’ est pas définie par autre chose que par ce centre. Elle est le rayonnemen
185 s définie par autre chose que par ce centre. Elle est le rayonnement dans la durée de l’acte instantané qui unit un je et u
186 et que le tu, considérés d’un point de vue qui n’ est plus ni celui du je ni celui du tu, c’est-à-dire considérés dans leur
187 ers de ce rapport, le nous. Le groupe ainsi formé est défini par sa circonférence. Et comme le veut la géométrie euclidienn
188 ce. Et comme le veut la géométrie euclidienne, il est plus grand que chacun des éléments qui le composent. Il s’arroge des
189 érations. Les hommes qui constituent ce groupe ne sont plus des hommes véritablement humains, puisque l’un des pôles de leur
190 tablement humains, puisque l’un des pôles de leur être n’est plus visible ni concret, échappe aux prises de leurs mains. Pou
191 nt humains, puisque l’un des pôles de leur être n’ est plus visible ni concret, échappe aux prises de leurs mains. Pour chac
192 x prises de leurs mains. Pour chacun d’eux, le tu es devenu le nous, c’est-à-dire a cessé d’être le vis-à-vis qui pose une
193 , le tu es devenu le nous, c’est-à-dire a cessé d’ être le vis-à-vis qui pose une question directe, — le prochain. Il a cessé
194 une question directe, — le prochain. Il a cessé d’ être un des pôles de la personne. Le nous n’est rien qu’un biais, c’est un
195 ssé d’être un des pôles de la personne. Le nous n’ est rien qu’un biais, c’est un tu sans visage et qui vient se confondre a
196 qui s’abandonne ; enfin la police décrète qu’elle est elle-même la force véritable. Mais elle ne règne plus que sur des aut
197 , ont fait erreur sur la personne. Si la personne est la mise en question d’un je par un tu, donc une rencontre, cette renc
198 e. Face à face avec le prochain que j’aime, je ne suis plus un isolé9, mais je reste un solitaire. C’est dans cette « solitu
199 ’opère l’acte d’une communion réelle. La personne est un lieu d’héroïsme, et cela signifie qu’elle est le lieu, l’origine e
200 est un lieu d’héroïsme, et cela signifie qu’elle est le lieu, l’origine et la fin de toute incarnation, de toute création,
201 n, de toute création, de tout risque. La personne est aussi, par conséquent, l’individu moral, l’individu social par excell
202 el d’un je et d’un tu, ne rendent pas compte de l’ être personnel, ni d’aucune réalité humaine. ⁂ Ces considérations peuvent
203 ans une actualité dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle nous assaille de toutes parts avec ses grands panneaux hauts
204 le tu a le droit de venir troubler ma quiétude, n’ est -ce pas, en définitive, parce qu’il est pour moi, à tel instant, le sy
205 uiétude, n’est-ce pas, en définitive, parce qu’il est pour moi, à tel instant, le symbole réel de Celui qui nous a dit : « 
206 . » Et si ce tu, non seulement possède le droit d’ être reçu par moi, mais encore d’être reçu quoi qu’il me demande, fût-ce m
207 ssède le droit d’être reçu par moi, mais encore d’ être reçu quoi qu’il me demande, fût-ce ma mort, n’est-ce pas pour cette s
208 i, mais encore d’être reçu quoi qu’il me demande, fût -ce ma mort, n’est-ce pas pour cette seule raison, où bat le cœur du p
209 tre reçu quoi qu’il me demande, fût-ce ma mort, n’ est -ce pas pour cette seule raison, où bat le cœur du paradoxe le plus fo
210 is. (Cf. G. Marcel, Journal métaphysique). Le toi est mon objet, il n’est pas autonome. 7. Ainsi l’Église : le chrétien, d
211 Journal métaphysique). Le toi est mon objet, il n’ est pas autonome. 7. Ainsi l’Église : le chrétien, dans l’acte de la com
212 onde véritablement l’Église universelle. L’Église est universelle parce qu’elle s’enracine dans l’acte qui confère à tout h
213 enracine dans l’acte qui confère à tout homme son être véritable, devant Dieu. 8. Le groupe fasciste n’est que le lieu des
214 véritable, devant Dieu. 8. Le groupe fasciste n’ est que le lieu des points équidistants de tous les individus qui compose
215 nferme dans sa particularité, — qui refuse donc d’ être le prochain de son frère. 10. ou tout autre « isme » qu’on voudra.
7 1934, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Précisions sur la mort du Grand Pan (avril 1934)
216 e seule que la Nature vit. Coleridge. Car nous sommes là pour deviner les choses dans leurs natures particulières : alors e
217 leurs natures particulières : alors elles nous en sont reconnaissantes. C. F. Ramuz (Adam et Ève). La plénitude du monde n
218 F. Ramuz (Adam et Ève). La plénitude du monde n’ est pas dans la contemplation d’un esprit immobile. La plénitude du monde
219 ation d’un esprit immobile. La plénitude du monde est un événement. Elle a son lieu dans la question que nous adressent les
220 u’elle nous dresse pour une réponse. La plénitude est un combat d’amour. Mais aimer ? C’est d’abord répondre, — c’est en mê
221  : déjà il fuit, déjà il s’offre. C’est le je qui est choix. L’acte qui me distingue du monde n’est pas autre que cet élan
222 qui est choix. L’acte qui me distingue du monde n’ est pas autre que cet élan de refus ou de tendresse. En vérité, point de
223 eurtrier. Je n’existe que par cette tension. Elle est ma seule différence et je n’échappe point au règne naturel. L’indiffé
224 considère comme une alternative extérieure à son être , un vis-à-vis dont il pourrait se détourner, cette indifférence n’est
225 nt il pourrait se détourner, cette indifférence n’ est rien que le rêve d’un atome abandonné qui se croit je. Ce rêve peut r
226 roit je. Ce rêve peut remplir nos journées : il n’ est pas notre vie. Il n’est qu’un abandon aux lois de la poussière. ⁂ Cec
227 mplir nos journées : il n’est pas notre vie. Il n’ est qu’un abandon aux lois de la poussière. ⁂ Ceci peut définir l’Antiqui
228 ations à son tour, fait entendre un langage qui n’ est pas celui des humains, c’est à la raison seule qu’il se révèle, et ce
229 c’est à la raison seule qu’il se révèle, et ce n’ est plus la peur du sang qui lui répond, mais la crainte majestueuse, mêl
230 doration intellectuelle ou sophismes logiques, ce sont autant de formes d’une espèce de fuite en avant, autant de tentatives
231 nces dictatoriales de l’esprit. Mais cet esprit n’ est pas le tout de l’homme, — l’homme le sait. Et sa dictature n’est pas
232 de l’homme, — l’homme le sait. Et sa dictature n’ est pas l’ordre. Elle peut tuer les bêtes, couper les arbres et peupler l
233 erts ; sur le principe animateur des choses, elle est sans prise. Elle ne règne vraiment que sur ses propres créatures. Alo
234 est encore une illusion d’orgueil. Le grand Pan n’ est pas mort pour si peu, et sa domination terrifie les provinces autour
235 nd la Logique. Elle n’a pas tort. L’enfer logique est sans défaut. Le sens exact d’une question n’est donné que par la répo
236 e est sans défaut. Le sens exact d’une question n’ est donné que par la réponse. Mais l’homme antique n’a pas en lui de quoi
237 n’a pas en lui de quoi répondre à la Nature : il est lui-même une question que Dieu ne semble pas entendre. L’homme antiqu
238 et du grand Pan s’ouvrirait-il à son amour ? Mais serait -ce amour ou défi ? Empédocle n’a rien sauvé. Je garde ma raison. Et,
239 ternelle à la perpétuelle question du monde, nous est donnée. C’est d’abord une réponse faite à l’homme. Mais c’est aussi,
240 ens de la question. Et dans l’élan désordonné des êtres et des choses, il découvre une « attente ardente ». Il sait qu’elle s
241 ant reçu et accepté la mort. Il peut aimer : ce n’ est plus un défi, c’est une soumission à l’Éternel. « Christ est ressusci
242 défi, c’est une soumission à l’Éternel. « Christ est ressuscité ! » Le Nouvel Adam vit. Le message de Pâques, c’est la mor
243  : il ne vit que dans la promesse. Cette Promesse est certaine, mais son accomplissement est hors du temps, bien plus, il e
244 e Promesse est certaine, mais son accomplissement est hors du temps, bien plus, il est la fin du temps. Or, le temps suit s
245 accomplissement est hors du temps, bien plus, il est la fin du temps. Or, le temps suit son cours, et nous sommes dans l’h
246 in du temps. Or, le temps suit son cours, et nous sommes dans l’histoire, et l’histoire temporelle est la succession de nos ch
247 sommes dans l’histoire, et l’histoire temporelle est la succession de nos chutes, selon la Loi, à cause de la Loi. Racheté
248 ’homme, séparé de Dieu. Pourtant le dernier mot a été prononcé. ⁂ L’effort de l’homme pour imposer au monde — mais sans com
249 e « humain » — mais sans connaître l’Homme — peut être caractérisé dans ses effets bons et mauvais par le mot de séparation.
250 l’esprit et le corps qui, d’accidentelle qu’elle était à l’origine, allait être décrétée essentielle par les philosophes dès
251 d’accidentelle qu’elle était à l’origine, allait être décrétée essentielle par les philosophes dès qu’ils ne tiendraient pl
252 ndividu autonome. L’esprit contre le corps, telle est la dialectique moderne, et c’est encore la dialectique antique entre
253 mitif flamand. L’humanité pâtit à tous les coups, soit que triomphe un spiritualisme sans corps ou que s’installe un matéria
254 supprimé définitivement la question. La Nature n’ est plus que matières premières, surfaces d’exploitations, richesses du s
255 cette forme grossière de la mutilation cosmique n’ est pas plus dangereuse que la perversion spiritualiste qu’on lui oppose
256 re », telle que la chante un lyrique incroyant, n’ est rien que l’abandon égoïste, et parfois voluptueux, d’un moi qui renon
257 usse la lucidité jusqu’à marquer qu’un tel état n’ est pas recommandable, sauf à l’infortuné qu’on a « retranché de la socié
258 e qui conclut avec le monde une paix honteuse. Il est vrai que Rousseau ne s’en glorifie pas, et qu’il se voit à cette époq
259 ’admirer dans l’infini d’un paysage. « Un paysage est un état d’âme », disait Amiel au comble du délire d’isolement idéalis
260 égarement. Cette espèce-là de paganisme rassuré n’ est pas le fait des seuls païens de notre époque. Le recours aux émotions
261 que. Le recours aux émotions fortes que la Nature est censée dispenser à toute âme un peu cultivée, fournit à la prédicatio
262 liste, dont peu d’auditeurs soupçonnent qu’elle n’ est , au mieux, que le dernier relent, l’écho infiniment amenuisé des bacc
263 nfiniment amenuisé des bacchanales antiques. ⁂ N’ est -il pas significatif que le mot de Ehrfurcht qui, chez Goethe, traduit
264 entiment mêlé d’amour et de terreur, que ces mots soient intraduisibles en notre langue13 ? Alors que toute l’Allemagne des No
265 corps ironique, esprit exact dont les erreurs ne sont jamais que défaillances de caractère, cet « inconstant », ce païen ca
266 ns l’intérieur de son âme, dans une partie de son être inconnue à lui-même, et qui tient à la fois des sens et de la pensée.
267 e cet effort de la nature pour pénétrer en nous n’ est pas sans une mystérieuse signification ? » L’allusion à saint Paul es
268 érieuse signification ? » L’allusion à saint Paul est évidente. Mais Constant, comme les romantiques allemands, s’il voit b
269 ion ne va pas jusqu’à l’accepter, et sa réponse n’ est encore qu’une évasion. Cette « partie de son être inconnue à lui-même
270 ’est encore qu’une évasion. Cette « partie de son être inconnue à lui-même », il en fait aussitôt une réalité psychologique,
271 des sens et de la pensée ». Il en conclut qu’elle est « essentiellement du domaine de la poésie ». L’origine du mythe conte
272 origine du mythe contemporain de l’inconscient ne serait -elle pas, elle aussi, dans ce refus de croire à la réalité tout invis
273 asse sa question et qui atteint et qui embrasse l’ être anxieux de la créature. En cet amour, enfin, l’homme et les choses ac
274 rapport de mutuelle responsabilité. Et ce rapport est orienté vers l’homme. Mais, dans l’homme, vers le nouvel homme, vers
275 e de la Création. Il faut lire ce chef-d’œuvre qu’ est son dernier roman, Adam et Ève. C’est toute la simple grandeur calvin
276 telle œuvre, — plus réel sans doute, parce qu’il est plus inconscient, que celui de nos essais critiques. Mais Ramuz, comm
277 oisse en nous révélant l’éternité perdue de notre être . Mais par là même, elle nous charge d’une nouvelle responsabilité vis
278 ut dire que la bataille qu’imaginait ce capitaine était en somme son état d’âme, et qu’un état d’âme technique n’est rien de
279 e son état d’âme, et qu’un état d’âme technique n’ est rien de plus qu’un état d’âme ; et que le rêve des ingénieurs occupés
280 imer ou à domestiquer les « facteurs naturels » n’ est rien de plus qu’un rêve, idéalisme meurtrier et qui fuit devant la qu
281 u Bos sur Wordsworth, dans Vigile, IV, 1931. Elle est riche en documents significatifs et qui viennent à l’appui de notre p
282 es. 14. « La nature n’a point fait de l’homme un être isolé, destiné seulement à cultiver la terre et à la peupler, et n’ay
283 re et à la peupler, et n’ayant avec tout ce qui n’ est pas de son espèce que les rapports arides et fixes que l’utilité l’in
284 . Une grande correspondance existe entre tous les êtres moraux et physiques. Il n’y a personne, je le pense, qui, laissant er
285 iles, n’ait éprouvé une sorte d’émotion qu’il lui était impossible d’analyser ou de définir. On dirait que des voix descenden
8 1934, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Éditorial (juillet 1934)
286 Éditorial (juillet 1934)j «  Soyez appareillez à respondre à chascun qui vont demande rayson de l’espéra
287 hascun qui vont demande rayson de l’espérance qui est en vous.15 » On n’oserait pas affirmer que le protestant d’aujourd’hu
288 que le protestant d’aujourd’hui, dans la moyenne, soit trop bien appareillé. Il advient même que l’argutie papiste le jette
289 dogmes de l’Église chrétienne. Cette indifférence est si profonde qu’elle rend parfois inefficaces non seulement des affirm
290 les critiques les plus vives des hérésies qui se sont introduites dans la piété de nos églises au cours des deux derniers s
291 au l’Église chrétienne comme le lieu où la Parole est prêchée, on voit des pasteurs qui, chaque dimanche pourtant, prêchent
292 ur. Les ravages de cette indifférence théologique sont tels qu’on se demande parfois si nos temples sont encore fréquentés p
293 sont tels qu’on se demande parfois si nos temples sont encore fréquentés par des protestants, et si la prédication de Calvin
294 si seulement ils parlaient un peu moins fort, ce serait bien édifiant de les entendre… Le seul avantage de cette situation, c
295 re des protestants pour ne pas croire que la Cène est une simple commémoration symbolique. Mais combien s’en trouve-t-il qu
296 ion symbolique. Mais combien s’en trouve-t-il qui soient capables d’expliquer ce qu’ils croient ? Combien qui puissent donner
297 e droit de saisir le salut dont les signes sacrés sont le gage ? On est moins exigeant envers soi-même : il faudrait être au
298 le salut dont les signes sacrés sont le gage ? On est moins exigeant envers soi-même : il faudrait être autrement exigeant.
299 est moins exigeant envers soi-même : il faudrait être autrement exigeant. Nous renoncerons, dans cette nouvelle série de H
300 se de quelques sourds, indisposant ceux qui ne le sont point. Nous tenterons simplement, désormais, de « donner raison de l’
301 désormais, de « donner raison de l’espérance qui est en nous ». À nos lecteurs comme à nous-mêmes, nous demanderons le sim
302 uait, et dont le défaut empêchait que la question fût posée utilement. Il suffit parfois d’indiquer, de rappeler certains a
303 sons pour aborder de si grands sujets, force nous est de condenser, de couper court à des développements qui parfois mettra
304 ttraient de l’aise dans nos pages. Notre ambition serait d’être relus. Nous aimons cette maxime de Nietzsche : « Ne rien écrir
305 de l’aise dans nos pages. Notre ambition serait d’ être relus. Nous aimons cette maxime de Nietzsche : « Ne rien écrire d’aut
9 1935, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Les trois temps de la Parole (mai 1935)
306 avec le Christ. Toute la polémique de Kierkegaard est dirigée contre un certain esprit historique ou historiciste, qui tend
307 les de christianisme, le « scandale » du Christ s’ est atténué. Cette longue tradition nous aurait habitués à admettre que l
308 nous aurait habitués à admettre que l’homme Jésus était aussi le Christ. Ainsi l’histoire, la durée, les dogmes appris, nous
309 celui que Pierre fit lorsqu’il dit à Jésus : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » L’Histoire, le développement de
310 malentendus. À celui-ci en particulier : certains seront tentés de croire que tout l’effort de la pensée chrétienne doit être
311 re que tout l’effort de la pensée chrétienne doit être de remonter l’Histoire, de se transporter en imagination aux première
312 que et aux lieux historiques où la vie de Jésus s’ est écoulée. D’autre part, nous ne pouvons nous empêcher, après tant d’au
313 empêcher, après tant d’auteurs religieux — qui ne sont pas tous américains — de nous représenter un « Jésus-homme », un « am
314 portions idéalisées. Ce double mouvement pourrait être confondu, par certains, avec l’exigence de la « contemporanéité » de
315 tement le contraire de ce qu’il entendait. Car il est évident que notre double effort pour nous re-présenter Jésus, soit en
316 notre double effort pour nous re-présenter Jésus, soit en nous transportant à son époque, soit en le transportant dans la nô
317 er Jésus, soit en nous transportant à son époque, soit en le transportant dans la nôtre, tend tout naturellement à ramener c
318 ustement soumise au péché ? D’autre part, il nous est impossible de nous arrêter de penser… Telle est l’impasse où nous con
319 s est impossible de nous arrêter de penser… Telle est l’impasse où nous conduisent non seulement la pensée « libérale », ma
320 culté. La question précise que nous nous poserons sera donc simplement celle-ci : comment se mettre en garde contre l’illusi
321 fort équivoques de Kierkegaard. Le plus frappant est peut-être fourni par le passage où Barth traite précisément de la not
322 bliques, — le temps de l’Église (notre temps). Ce sont là les trois temps de la Parole. Jésus-Christ est la Parole de Dieu (
323 ont là les trois temps de la Parole. Jésus-Christ est la Parole de Dieu (Jean i). Les écrits des prophètes et des apôtres —
324 des apôtres — l’Ancien et le Nouveau Testament — sont les témoignages de la Parole. Enfin, la prédication de l’Église procè
325 à travers eux, à la Parole même de Dieu. « Autre est le temps du parler direct et originel de Dieu lui-même dans sa Révéla
326 le temps de Jésus-Christ, le temps de celui qui a été annoncé aux prophètes et aux apôtres pour qu’ils en témoignent ensuit
327 pôtres pour qu’ils en témoignent ensuite, — autre est le temps de ce témoignage, le temps de la prophétie et de l’apostolat
328 r lequel Christ bâtit son Église…, — autre encore est le temps de cette Église même, le temps de la prédication dérivée de
329 nt d’elle sa norme. » Or, ces temps différents ne sont pas différenciés seulement par l’éloignement des siècles et l’évoluti
330 mps d’une manière tout à fait particulière, qui n’ est pas celle dont se distinguent les temps de l’homme en dehors de la Pa
331 de la Parole. » Autrement dit, ces trois temps ne sont pas dans le prolongement historique l’un de l’autre ; ce ne sont pas
332 e prolongement historique l’un de l’autre ; ce ne sont pas trois portions successives du même temps dans lequel nous vivons,
333 qu’à l’instant où, par la foi, il prononce : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » Or, ni la chair, ni le sang n’au
334 nnaît pas, il ne voit en lui qu’un prophète, il n’ est pas son contemporain. Les disciples d’Emmaüs ont beau cheminer aux cô
335 on du brigand qui refuse. Christ, dans son temps, est le vis-à-vis absolu des apôtres dans leur temps. Et de même, le témoi
336 Et de même, le témoignage des apôtres, la Bible, est le vis-à-vis absolu de l’Église dans notre temps. Il dépend de Dieu s
337 problème. Mais faut-il le redire ? La théologie n’ est pas là pour résoudre concrètement nos problèmes. Elle a pour but de l
338 ais qui composent ce numéro de Hic et Nunc. Qu’il soit donc bien établi : 1° que les efforts de notre imagination, qu’ils s’
339 tions religieuses, ou même sous forme de sermons, sont par eux-mêmes absolument vains, s’ils prétendent, à force d’habileté,
340 es choses qu’il annonce. L’important, c’est qu’il soit bien entendu que tout cela n’exprime encore que notre réalité humaine
341 archéologique, etc. La plus grande fantaisie nous est permise dans nos efforts de représentation : puisqu’aussi bien, tous
342 an véritable et dans le temps réel où ces témoins sont apparus. Dans un certain sens, on peut dire que l’échec seul de ces e
343 ue l’échec seul de ces efforts leur confère, s’il est déclaré expressément, s’il est éprouvé par l’orateur et par l’auditeu
344 leur confère, s’il est déclaré expressément, s’il est éprouvé par l’orateur et par l’auditeur comme une nécessité de notre
345 s témoins de la Bible, les « problèmes » — le mot est bien faible — qui se posent au chrétien en tout temps : mort à soi-mê
346 Et ces témoins, ces vis-à-vis, nous jugent, ce n’ est pas nous qui les jugeons. Leurs erreurs même nous enseigneront bien m
347 ns du tableau, et peu importe que les personnages soient vêtus comme jamais aucun juif ne l’a été. k. Rougemont Denis de, « 
348 nages soient vêtus comme jamais aucun juif ne l’a été . k. Rougemont Denis de, « Les trois temps de la Parole », Hic et Nu
10 1935, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Soirée chez Nicodème (mai 1935)
349 e à distinguer chez son interlocuteur, quel qu’il soit , le point faible d’un raisonnement, qu’il se borne à faire apparaître
350 autres, simplement, qualifient de patriarcal. Tel est donc Nicodème, et tel est son aspect vénérable. Pour ses qualités d’â
351 ient de patriarcal. Tel est donc Nicodème, et tel est son aspect vénérable. Pour ses qualités d’âme, j’espère que ce récit
352 uelques-unes d’entre elles. La conversation qui s’ était égarée vers la politique, au dessert, revint à la théologie avec les
353 e qui m’échappa : « Wilfred Monod, m’écriai-je, n’ est -ce pas celui qu’un de mes amis, effrayé de son humanisme, a baptisé l
354 gaffe, et le sort, je le crains, a voulu que j’en fusse . Mais Nicodème, par bonheur, « sait vivre » mieux que la plupart des
355 ternel problème de la mort à soi-même et au monde est l’un de ceux qui préoccupent le plus, et à très juste titre, nos jeun
356 l’un de mes collègues et amis les plus chers. Je serais fort curieux de savoir sur quoi vous appuyez, précisément, ce jugemen
357 s. Mais que dites-vous de ces deux phrases qui me sont tombées sous les yeux tandis que je parcourais les chapitres sur Bart
358 terrain concret de l’humble bon sens cartésien. » Étiez -vous vraiment « cartésien » en ce temps-là, cher Monsieur Nicodème ?
359 n ce temps-là, cher Monsieur Nicodème ? Ou bien l’ êtes -vous devenu ? Peut-on dire que l’homme de la table rase se soit placé
360 nu ? Peut-on dire que l’homme de la table rase se soit placé sur le « terrain concret de l’humble bon sens » ? Pardonnez-moi
361 remier tome : « … n’avoir pas fait une expérience est à la portée d’un quelconque. À ceux qui préconisent un pareil idéal (
362 oujours au-dessous des autres. On s’imagine qu’on est la seule qui n’a pas fait ces expériences. À la fin, c’est déprimant 
363 M. Monod ne voulait pas dire ce que tu crois. Il est , comme moi d’ailleurs, un partisan impénitent de l’expérience chrétie
364 de là à condamner la notion même d’expérience ! N’ est -ce pas au récit de ses miracles que je l’ai reconnu ? Un miracle, voi
365 fs.) Enfin, mes chers amis, si le christianisme n’ est pas une expérience, et je dis bien une expérience à la fois humaine e
366 Monod. » Selon Nicodème, le terme d’existentiel n’ était qu’une locution philosophique « importée d’Allemagne », inassimilable
367 ement la même chose qu’expérience. J’avoue que je fus tenté de lui donner raison. Et je l’eusse fait avec plaisir si les ar
368 oqués à l’appui de sa thèse, assez juste, eussent été d’une autre nature que ceux de M. Dürrleman… Je ne sais si vous sente
369 essus le marché. Or, le ton de cette soirée avait été jusqu’à ce moment des plus polis, peut-être même trop poli. Je ne sai
370 utre parti, émue par tant de conviction, quel que fut par ailleurs l’objet de la conviction. Une belle soirée théologique !
371 uteur. Cette espèce de cacophonie, vous le savez, est assez habituelle dans les entretiens de l’élite. Soudain, j’eus une i
372 , de nuit, et lui dit : Rabbi, nous savons que tu es un docteur venu de Dieu ; car personne ne peut faire ces miracles que
373 ne peut faire ces miracles que tu fais, si Dieu n’ est avec lui. Jésus lui répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si
374 ui dit : Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et naître ? Jésus rép
375 t cela peut-il se faire ? Jésus lui répondit : Tu es docteur d’Israël, et tu ne sais pas ces choses ! En vérité, en vérité
376 à mon expérience, mon expérience re-li-gieuse ! N’ étais -je pas en face de Celui… Oh non ! pas ces théologiens avec leurs argu
377 pas savoir ce que c’est que mon expérience… Vous êtes devant Nicodème, suspect à toute la tradition, ah ! que c’est donc fa
378 de comprendre, et vous, vous comprenez si bien, n’ est -ce pas, si facilement ! Vous n’êtes que devant Nicodème, et moi j’éta
379 nez si bien, n’est-ce pas, si facilement ! Vous n’ êtes que devant Nicodème, et moi j’étais devant Celui… Celui qui m’a coupé
380 ement ! Vous n’êtes que devant Nicodème, et moi j’ étais devant Celui… Celui qui m’a coupé la parole, durement : « En vérité,
381 qui d’entre vous a fait une telle expérience ? N’ est -ce pas assez « existentiel », peut-être ? Ce que j’ai vu, ce que j’ai
382 ulez-vous donc qu’un professeur enseigne, si ce n’ est ce qu’il a vécu, entendu et vu de ses yeux, son expérience la plus pr
383 i même le devoir, vis-à-vis de cette jeunesse ! J’ étais un homme religieux, et c’est cela que je suis resté. Je l’affirme sol
384 J’étais un homme religieux, et c’est cela que je suis resté. Je l’affirme solennellement ! Toutes les expériences sont poss
385 l’affirme solennellement ! Toutes les expériences sont possibles, et certaines sont merveilleuses… « On ne doit pas prêcher
386 utes les expériences sont possibles, et certaines sont merveilleuses… « On ne doit pas prêcher l’expérience ! », disent-ils.
387 e plus, — et moi seul je puis en parler… Ou bien, est -ce que moi seul, je n’aurais pas ce droit ? J’ai fait une expérience
388 , j’ose le dire ! Ah ! vous savez trop ce qu’elle est — l’expérience qu’on ne peut faire cette expérience-là, celle-là just
389 ls font table rase de tout le reste ! Comme s’ils étaient … Je ne veux pas blasphémer. Il faut aussi que je les aime. Je n’ai pa
390 ue je veux attester. Galopins ! voilà ce que vous êtes , — et maintenant, je veux vous embrasser. Nicodème se leva, au milieu
391 ivement, affirmant d’un ton sans réplique qu’il n’ était pas question de s’en aller. Et Poupette passa les petits fours, avec
392 porterai que le dernier de ces passages : — « Qui est vainqueur du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Di
393 inqueur du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? Nous sommes là en pleine et absolue certitude ; nou
394 ui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? Nous sommes là en pleine et absolue certitude ; nous apercevons le sommet d’un gi
395 usquement le gros volume et s’exclama : « Si ce n’ est pas là du catholicisme tout pur, je déclare ne plus rien comprendre à
396 que, la grâce infuse ! et si toute notre humanité est soumise à cette fécondation permanente par je ne sais quelle radio cé
397 il existe une cure moins radicale que la mort, on serait bien bête de ne pas y recourir. Mais saint Jean ne se doutait guère q
398 s saint Jean ne se doutait guère que son Évangile serait un jour transformé en pylône émetteur ! » — À quoi l’un des barthiens
399 barthiens s’empressa d’ajouter : « Quoi qu’il en soit , d’ailleurs, de toutes ces métaphores, le seul fait qui demeure, c’es
400 qu’il met, hélas, dans ses moindres propos… J’en étais donc à hésiter assez lâchement, lorsqu’un des étudiants lança, tourné
401 front, et j’éclatai : « Non ! non ! et non ! ce n’ est pas excellent du tout, c’est même tout simplement odieux ! m’écriai-j
402 ’avoir lâché cette méchante boutade, si elle vous est une occasion de triompher, ici, dans la maison de Nicodème ! Tenez, j
403  ! Tenez, j’ai l’impression, depuis que nous nous sommes mis à discuter, qu’aucun de nous ne sait ce qu’il dit. J’entends exac
404 prouve ? Il suffira de résumer notre débat. Quel est le problème que nous discutons ? C’est le problème inverse de celui d
405  ? C’est le problème inverse de celui d’Hamlet. «  Être ou ne pas être », disait Hamlet. Et nous disons : mourir ou ne pas mo
406 blème inverse de celui d’Hamlet. « Être ou ne pas être  », disait Hamlet. Et nous disons : mourir ou ne pas mourir. Mourir to
407 mourir tout à fait, c’est-à-dire revivre avant d’ être tout à fait mort, — souffler sur la petite étincelle divine qui, selo
408 t nous n’avons qu’une pâle idée. Il affirme qu’il est un homme religieux. Il a raison ! La seule religion qui tienne, c’est
409 s l’avez entendu tout à l’heure. Il répétait : Qu’ est -ce que j’ai vu ? Qu’est-ce que j’ai donc vécu, pendant cette fameuse
410 l’heure. Il répétait : Qu’est-ce que j’ai vu ? Qu’ est -ce que j’ai donc vécu, pendant cette fameuse nuit ?… Toute son expéri
411 bien, cependant, que la seule expérience décisive est justement la seule chose impossible et dont ils nient, en toute sincé
412 le et dont ils nient, en toute sincérité, qu’elle soit possible ! Ne riez pas de leurs efforts pour remplacer cette unique e
413 au nom d’une théologie… Je ne vous reproche pas d’ être fous, je vous reproche de dire sans nulle angoisse des choses folles
414 e que disait et répétait sans cesse Kierkegaard ? Être chrétien, c’est devenir contemporain de Jésus-Christ dans son abaisse
415 abaissement. Contemporains ! Mais Nicodème aussi fut contemporain de Jésus. Et même il sut reconnaître en ce Jésus un doct
416 octeur envoyé par Dieu ! « Mais voyez-vous, nous sommes ici au nœud de ce mystère étourdissant. Nicodème a reconnu un prophèt
417 onnu un prophète, il l’a formellement reconnu. Il est allé le voir, parce qu’il savait que ce prophète, Jésus, “était venu
418 voir, parce qu’il savait que ce prophète, Jésus, “ était venu de la part de Dieu”. Comment le savait-il ? Parce qu’on lui avai
419 isait Jésus. C’étaient bien là des expériences, n’ est -ce pas ? Et l’expérience religieuse de ce grand docteur de l’Église a
420 ure théologie, faisons-nous autre chose que lui ? Sommes -nous contemporains du Christ autrement ou plus réellement qu’il ne le
421 u Christ autrement ou plus réellement qu’il ne le fut , cette nuit-là ? Faisons-nous autre chose que de répéter formellement
422 a peut-être aucune différence : car tous les deux sont des vivants et non des morts. Et comment osez-vous affirmer cette imp
423 pas de cette mort ! Or, vous n’en vivez pas, j’en suis trop sûr, quand vous en faites un argument théologique ! Où donc est-
424 vous en faites un argument théologique ! Où donc est -il, celui qui accepte de mourir ? Oui, maintenant, je vais vous dire
425 i, maintenant, je vais vous dire la vérité : Nous sommes tous des Nicodèmes ! et jamais plus qu’en ce moment où nous condamnon
426 us condamnons Nicodème… Voilà pourquoi Nicodème n’ est pas mort : il demeure parmi nous comme le vivant symbole de l’homme q
427 . Les jeunes barthiens se consultaient du regard. Était -ce de ma part une palinodie ? J’étais bien loin de considérer la cho
428 du regard. Était-ce de ma part une palinodie ? J’ étais bien loin de considérer la chose ainsi. Mais nous vivons dans un mond
429 malentendus. Et c’est aussi pourquoi nos disputes sont si vaines… Minuit sonna, dans ce silence. Il était temps de prendre c
430 sont si vaines… Minuit sonna, dans ce silence. Il était temps de prendre congé de nos hôtes. Mais un des étudiants, qui juste
431 parole comme nous allions nous séparer ; et je ne suis pas loin de croire qu’il exprima la vérité la plus certaine de la soi
432 certaine de la soirée, encore que cette vérité ne soit point facile à entendre. Je ne sais si c’est un « barthien », au sens
433 age me parut rendre un son d’autorité, bien qu’il fût beaucoup moins péremptoire que celui dont les autres avaient usé. — V
434 r et la mission de proclamer que cette angoisse a été surmontée, une fois pour toutes, par la résurrection de Jésus-Christ.
435 et la résurrection de Jésus-Christ. Certes, ce n’ est pas là une expérience ! Ou plutôt, les sentiments que nous éprouvons
436 Par le Baptême et la Communion dans la foi, tout est fait, — le salut est donné. Mais nous avons alors à dire et à prêcher
437 Communion dans la foi, tout est fait, — le salut est donné. Mais nous avons alors à dire et à prêcher ce que sont ce Baptê
438 Mais nous avons alors à dire et à prêcher ce que sont ce Baptême et cette Cène. Certes, ces paroles nous condamnent dans la
439 toute « crainte et tremblement ». Mais elles n’en sont pas moins, comme le Baptême et comme la Cène, dans la mesure où la fo
440 ’événement central de notre vie chrétienne. Elles sont , avec les sacrements, la promesse de l’accomplissement en Christ — dé
11 1936, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Sur une page de Bossuet (ou Tradition et Révélation) (janvier 1936)
441 ècles de tradition universelle — dont quinze nous sont communs d’ailleurs avec l’Église romaine — à quatre siècles d’une tra
442 ises ont subi de telles persécutions qu’elles ont été quasi anéanties durant la moitié de ce temps. Ne serait-il pas plus c
443 quasi anéanties durant la moitié de ce temps. Ne serait -il pas plus conforme à la probité historique et plus fécond pour la t
444 on verrait mieux alors, que l’opposition réelle n’ est pas, ainsi qu’on risque de le déduire de l’entreprise des Pères de Ju
445 tre23. L’on verrait mieux que l’opposition réelle est entre la conception « évangélique » et la conception papale ; entre l
446 e la divergence : la Réforme prêche que le Christ est le chef absolu, souverainement adorable, de l’Église qui est son corp
447 absolu, souverainement adorable, de l’Église qui est son corps ; tandis que Rome affirme que la tradition et le pape détie
448 t « le secret du Christ » lui-même. (L’expression est de Bossuet.) À la question ainsi posée, on me répondra probablement q
449 ée, on me répondra probablement que mon antithèse est forcée et que mes définitions de la position catholique ne sont pas f
450 que mes définitions de la position catholique ne sont pas formulées en termes catholiques. Je comprends parfaitement à quel
451 eux-mêmes vis-à-vis de leurs grands docteurs, on est obligé de constater que cette objection ne porte guère. En effet, « l
452 ion24. Or, si je cite une formule d’Augustin, qui est un grand saint, on me répond que cette formule lui est tout à fait pe
453 n grand saint, on me répond que cette formule lui est tout à fait personnelle, et l’on m’oppose une thèse thomiste ; laquel
454 e, et l’on m’oppose une thèse thomiste ; laquelle est , à son tour, contestée par un Newman ou un Laberthonnière, dans des l
455 e résultats, sans commentaires ni justifications. Serait -ce là le langage orthodoxe que je cherche ? Il est souvent contraire
456 it-ce là le langage orthodoxe que je cherche ? Il est souvent contraire aux écrits d’Augustin ou de Thomas d’Aquin25, seuls
457 r que tout cela, même simplifié dans mon exemple, est bien complexe, bien contradictoire, et sous une apparence de précisio
458 giles et les écrits apostoliques. Mais mon propos est ici simplement de répondre à l’objection de nos frères romanisés. Si
459 mules par lesquelles je résume leurs croyances ne sont pas « à la lettre » catholiques, je dis : 1° que cela tient à ce que
460 dis : 1° que cela tient à ce que cette « lettre » est , pour nous tout au moins, pratiquement insaisissable ; 2° que cette «
461 le copie des formules élaborées par les conciles, est bien forcé de parler un langage personnel, dont il sera toujours poss
462 ien forcé de parler un langage personnel, dont il sera toujours possible d’affirmer qu’il n’est pas littéralement « catholiq
463 dont il sera toujours possible d’affirmer qu’il n’ est pas littéralement « catholique » (même s’il a reçu l’imprimatur !) ;
464 » (même s’il a reçu l’imprimatur !) ; 3° que ce n’ est pas la lettre et la formulation des dogmes qui m’importent, mais la m
465 accorde en fait, mais l’opinion commune qu’elles sont censées enregistrer. Cette opinion commune, je suis certain de la tra
466 nt censées enregistrer. Cette opinion commune, je suis certain de la traduire sans la fausser quand je dis que le catholique
467 e catholique, en tant que tel, croit que l’Église est au-dessus de l’Évangile, qu’elle a barre sur lui, qu’elle dispose de
468 barre sur lui, qu’elle dispose de critères qui ne sont pas tirés de lui26 et au nom desquels elle a le droit de l’interpréte
469 préter, voire de le contredire dans sa lettre. Je suis certain de ne pas forcer le moins du monde l’antithèse lorsque j’affi
470 thèse lorsque j’affirme que cette opinion commune est un négatif absolu des positions fondamentales de la Réforme. Voilà l’
471 erpétuel et d’ailleurs émouvant de leur théologie est de combler tant bien que mal tous les abîmes : ceux qui séparent l’ét
472 es acquis, par les souffrances du Sauveur : elles seraient au contraire tout imparfaites si la raison des scolastiques, éclairée
473 méthode romaine de médiation27. Cette tradition n’ est , à vrai dire, qu’une transition, un terme transitif insinué entre des
474 ’on croit sérieusement que le sacrifice du Christ est éternellement suffisant, on ne cherche pas d’autres moyens de surmont
475 lle. On craint au contraire que tout autre moyen, fût -il « déduit » de la Révélation, ne voile la réalité de l’abîme, et ne
476 aire, de cette foi au seul moyen de salut qui ait été donné aux hommes. Il en va de même du purgatoire, de l’analogia entis
477 relier rationnellement ce que le péché a séparé. Est -ce que je me trompe grossièrement ? Est-ce que la question n’existe p
478 a séparé. Est-ce que je me trompe grossièrement ? Est -ce que la question n’existe pas, ou n’a pas d’importance aux yeux des
479 u n’a pas d’importance aux yeux des catholiques ? Est -ce qu’ils se la posent parfois ? Est-ce qu’ils comprennent que leur a
480 atholiques ? Est-ce qu’ils se la posent parfois ? Est -ce qu’ils comprennent que leur attitude la pose ? Si mes reproches le
481 nt essentiellement à son institution, ce qui doit être dispensé diversement, selon les temps et les conjonctures différentes
482 Étonnez-vous donc aussi de ce que la Cène sacrée est séparée du souper commun ! Mais plutôt ne vous étonnez jamais de ce q
483 il me répondit simplement : « Bossuet ne saurait être tenu pour un Père de l’Église que par un académicien ! » Boutade, en
484 Et si Bossuet n’a pas déformé la vérité, pourquoi serait -on gêné par sa franchise ? Il ne dit rien dans ce que je cite que le
485 e pays de France dont on ne peut nier que Bossuet soit l’un des classiques préférés29. ⁂ Une fois définie la valeur de cette
486 ous rassurer sur un texte qui nous inquiète, nous sommes en droit de poursuivre l’examen des « réflexes catholiques » que ce t
487 x hommes à distinguer par leur propre sens ce qui était la substance de l’institution d’avec ce qui ne l’était pas ? » La Réf
488 la substance de l’institution d’avec ce qui ne l’ était pas ? » La Réforme, par Luther et Calvin, répond : non, Dieu seul con
489 et Calvin, répond : non, Dieu seul connaît ce qui est de Dieu. Pour nous, ne connaissons de la volonté de Dieu que ce qu’il
490 Saint-Esprit, grâce auquel l’Écriture nous parle. Serions -nous donc d’accord ? Lisons plus loin : « Le Sauveur n’a-t-il pas vou
491 [aux apôtres] qu’il leur laissait son Église pour être une fidèle interprète de ses volontés, et une sûre dispensatrice de s
492 pensatrice de ses sacrements ? » Décidément, nous sommes d’accord. L’Église véritable est bien cela pour nous aussi. Nous ajou
493 idément, nous sommes d’accord. L’Église véritable est bien cela pour nous aussi. Nous ajouterons une simple précision : ell
494 ussi. Nous ajouterons une simple précision : elle est la « sûre dispensatrice des sacrements » dans la mesure exacte où ell
495 sus-Christ ! — Et d’où l’a-t-elle appris, si ce n’ est de l’Écriture ? — Relisez-moi : « Instruite par le Saint-Esprit et pa
496 je l’écrivais, son grand pouvoir. » Les positions sont nettes maintenant. Examinons alors l’origine du secret que l’Église,
497 voulu faire le contraire de ce qu’il a fait.) Qu’ est -ce donc que cette tradition de tous les siècles ? C’est, nous répond
498 tre source » de la Révélation, la première source étant la Bible (fons revelationis alter est traditio ecclesiastica). Nous l
499 re source étant la Bible (fons revelationis alter est traditio ecclesiastica). Nous la trouvons définie tout d’abord par le
500 tout d’abord par le concile d’Éphèse (431) comme étant la fidem definitam a sanctis Patribus qui in Nicaea cum spiritu sanct
501 l. de Benoît XV, en 1923, seulement !). Voilà qui est clair et sans mystère : la tradition, ce sont des textes. On peut les
502 qui est clair et sans mystère : la tradition, ce sont des textes. On peut les lire, si l’on sait le latin, réunis et classé
503 ou le témoignage intérieur du Saint-Esprit, qu’il sera bien incapable de différencier de sa nature à lui, de son époque et d
504 formation ? »30. Autrement dit, on nous plaint d’ être abandonnés à la seule inspiration de l’Esprit, à laquelle on n’accord
505 llaye à Notre-Dame — on oublie simplement qu’elle est notre critère, ce « vis-à-vis » de l’Église dont parle Barth, et auqu
506 dèle. Cette méconnaissance profonde de la Réforme est la rançon fatale de la croyance romaine en la tradition considérée co
507 ynodus a Spiritu sancto… edocta… declarat. » Cela est clair encore : l’autorité des conciles se fonde sur l’inspiration du
508 piration du Saint-Esprit. Comment ce Saint-Esprit sera-t -il contrôlé, si j’ose dire, et « différencié de la nature » des préla
509 Bible ? En principe, oui. Mais le principe a beau être affirmé en droit, il est en fait négligé, et à tel point négligé qu’i
510 Mais le principe a beau être affirmé en droit, il est en fait négligé, et à tel point négligé qu’il n’y aura pas grand-chos
511 . Scripturae) en déclarant que l’Écriture ne peut être interprétée que selon l’Église, et en particulier selon les décisions
512 les décisions du concile de Trente. La tradition est ainsi substituée à l’Écriture comme critère des inspirations de l’Esp
513 irations de l’Esprit saint. Mais la tradition, ce sont les conciles. Inspirés par l’Esprit saint, ils ne sauraient être, en
514 es. Inspirés par l’Esprit saint, ils ne sauraient être , en bonne logique, ses juges. Il faut donc admettre ou bien que les c
515 s. Il faut donc admettre ou bien que les conciles sont le seul critère des conciles ; ou bien que l’Esprit saint est le seul
516 critère des conciles ; ou bien que l’Esprit saint est le seul critère de l’Esprit saint. Le premier terme de l’alternative
517 ité, la question que pose la page de Bossuet ce n’ est pas seulement la question capitale de la Cène, c’est toute la questio
518 ion que Bossuet loue l’Église d’avoir exécutée, n’ est donc pas contenue dans l’Écriture. Il faudra la chercher alors dans l
519 on. Nous avons vu que, pratiquement, la tradition est index sui et falsi. On se demande alors sur quelle base « objective »
520 e » ou « subjective » les docteurs catholiques se sont fondés pour opposer à la tradition de leur temps (qui était encore le
521 és pour opposer à la tradition de leur temps (qui était encore le « Buvez-en tous ») un démenti formel (le prêtre seul peut e
522 adition, contradictoire à l’Écriture. Le cercle n’ est -il pas vicieux ? Le scandale de cette innovation (et de tant d’autres
523 candale de cette innovation (et de tant d’autres) serait -il devenu moins grand, avec le temps, qu’il ne l’était en 1569 ? La t
524 -il devenu moins grand, avec le temps, qu’il ne l’ était en 1569 ? La tradition serait-elle une sorte de promotion « à l’ancie
525 le temps, qu’il ne l’était en 1569 ? La tradition serait -elle une sorte de promotion « à l’ancienneté » des erreurs les plus m
526 impliste. Elle manque certainement d’« onction ». Est -ce assez pour qu’on l’écarte ? Ne se pose-t-elle jamais aux catholiqu
527 : la Révélation évangélique éclairée par l’Esprit est -elle vraiment suffisante ? Ne faut-il pas la compléter, la garantir,
528 l danger que la Parole ne parle pas, que l’Esprit soit mal entendu, c’est-à-dire que la foi défaille. Mais quelle cohérence
529 nse, mais une réponse certaine, une réponse qui n’ est pas nôtre : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il
530 eusement, si vous croyez à cette autre parole qui est comme un commentaire de la première : « Ma grâce te suffit »33, vous
531 ouvez le sens de la vraie tradition : celle qui n’ est pas une « autre source », un vain renfort humain, mais la suite des t
532 endus par l’Église historique à son chef, qui lui fut révélé dans l’Écriture, et non ailleurs. Il reste à dire ceci : Et no
533 t que les catholiques un jour peuvent le croire ? Sommes -nous déjà prêts pour cette unité ? 22. Je ne veux envisager que la
534 appelassent-ils Paul Claudel. Ce très grand poète est l’auteur des plus monumentales âneries qui aient jamais été proférées
535 ur des plus monumentales âneries qui aient jamais été proférées sur la réforme luthérienne. Nous ne croyons pas, dans son c
536 rité » des dogmes ! Hegel, et Spinoza, et Marx ne sont -ils pas plus « cohérents » que toute dogmatique ? Comme cela ressembl
537 feu sans éteindre le feu. Celui qui affirmerait y être parvenu ne prouverait-il pas simplement qu’il ignore la nature du feu
538 pour interdire la communion sous les deux espèces est celle-ci : Jésus a dit : « Celui qui mange ma chair et qui boit mon s
539 ce anathème celui qui dirait que l’Église n’a pas été amenée par des raisons justes (iustis causis et rationibus) à cette d
540 icles récents de chroniqueurs catholiques, qui ne sont nullement de l’Académie ! 30. Vie intellectuelle, numéro cit., p. 4
541 s de Dieu... De même — personne ne connaît ce qui est en Dieu, si ce n’est l’Esprit de Dieu. » I Cor. 2:10. 32. On le voit
542 — personne ne connaît ce qui est en Dieu, si ce n’ est l’Esprit de Dieu. » I Cor. 2:10. 32. On le voit bien à ce trait : le
543 bien à ce trait : le « développement du dogme » n’ est en fait qu’une stratification de refus, de défenses contre les hérési
544 ns Denzinger ce dogme : « brûler les hérétiques n’ est pas contraire au Saint-Esprit ». C’est simplement la condamnation de
545 l’article suivant : « Faire la guerre aux Turcs n’ est pas contraire au Saint-Esprit. » 33. L’acte de la grâce, l’acte libr