1 1932, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Hic et nunc [éditorial] (novembre 1932)
1 ue nous cherchons autour de nous leur lien actuel et leur lieu spirituel. Pareille constatation ne peut nous signifier rie
2 autre qu’une invitation pressante à créer ce lien et ce lieu : ce lieu de témoignage où puissent être dites avec tout le s
3 e. ⁂ En face d’une pensée religieuse qui s’épuise et se disqualifie dans ses efforts pour concilier la révélation et la ps
4 fie dans ses efforts pour concilier la révélation et la psychologie, pour réfuter par des raisons humaines ces démons que
5 i, pour tout dire, trahit sa mission de scandale, et tente lâchement de réduire le divin au « surhumain » (c’est-à-dire au
6 main »), le transcendant au temporel, il y a lieu et ordre d’attester que nous n’avons rien mérité, sinon la colère de Die
7 s débilitantes, asservies à la classe, à la race, et à la lâcheté publique, il y a lieu et ordre d’attester la scandaleuse
8 à la race, et à la lâcheté publique, il y a lieu et ordre d’attester la scandaleuse doctrine du « salut de grâce et bonté
9 ester la scandaleuse doctrine du « salut de grâce et bonté pure », du salut par la foi, par l’abandon aux mains du Dieu vi
10 En face de philosophes qui se moquent des hommes et ne voient même pas qu’ils n’ont plus de réponses à offrir à leurs per
11 nt plus de réponses à offrir à leurs perpétuelles et urgentes questions ; en face de philosophies qui de Descartes à Kant,
12 nt l’être humain sur soi-même, sur l’intelligence et la volonté supposées non déchues, il y a lieu et ordre d’attester ave
13 et la volonté supposées non déchues, il y a lieu et ordre d’attester avec l’un des prophètes de ce temps, que la raison d
14 e dieu imbécile qu’elle honore sur les « places » et qui s’appelle Production, il y a lieu et ordre d’attester qu’« une se
15 places » et qui s’appelle Production, il y a lieu et ordre d’attester qu’« une seule chose est nécessaire ». Et qu’heureux
16 d’attester qu’« une seule chose est nécessaire ». Et qu’heureux sont les pauvres en esprit. ⁂ Notre but n’est pas d’impose
17 mêmes, mais bien dans une réalité qui les domine et qui les juge, en même temps que nous-mêmes. Avant tout, après tout, i
18 é actuelle aux deux sens de ce mot, qui sont acte et présence. Et certes notre activité serait injustifiable si nous tent
19 deux sens de ce mot, qui sont acte et présence. Et certes notre activité serait injustifiable si nous tentions de la jus
20 nce révolutionnaire. Ceci pourra paraître orgueil et vanité aux yeux des hommes. Ceci n’est rien, en vérité, qu’un acte de
21 i n’est rien, en vérité, qu’un acte de soumission et d’espérance, car ce n’est pas aux hommes que nous disons : nous voici
2 1932, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Principe d’une politique du pessimisme actif (novembre 1932)
22 ité, ou plus exactement le paradoxe est la marque et la preuve de toute réalité en tant que saisie et vécue, c’est-à-dire
23 et la preuve de toute réalité en tant que saisie et vécue, c’est-à-dire assumée par l’homme. Sortir du paradoxe pour s’év
24 écisément ce qui nous met en relation personnelle et immédiate avec Dieu : et que la relation d’un être déchu avec son Cré
25 en relation personnelle et immédiate avec Dieu : et que la relation d’un être déchu avec son Créateur ne puisse être que
26 ela est clair, d’une clarté proprement aveuglante et même insupportable, si nous n’avions le Christ, seul médiateur et seu
27 table, si nous n’avions le Christ, seul médiateur et seul espoir, seulement accessible au plus profond du désespoir et de
28 seulement accessible au plus profond du désespoir et de la nuit, par la foi seule, — qui ne vient pas de nous. Telle est l
29 esse qui ne serait pas la seule promesse : espoir et promesse de la foi, — et la foi naît au cœur du désespoir. Mais, d’au
30 seule promesse : espoir et promesse de la foi, —  et la foi naît au cœur du désespoir. Mais, d’autre part, en vertu du mêm
31 tion. La Croix, signe éternel de la contradiction et de l’« agonie », est au centre du monde chrétien, parce qu’elle est l
32 rce qu’elle est le signe même de notre condition. Et lorsque nous disons le « monde-chrétien », nous exprimons par ces deu
33 oute méditation constructive reste vaine, évasive et mortelle. Nous sommes au monde, nous ne sommes pas du monde. Toute co
34 re hiérarchique qui préserve l’homme du désespoir et lui fournisse un équilibre durable, dont le péché forme sans doute l’
35 marxisme l’antinomie centrale de notre condition, et que, enfermant les conflits purement humains dans le jeu de synthèses
36 l’espèce vers un équilibre final, réplique morne et désespérée du millenium chrétien. Nous n’en sommes pas là : Hic et nu
37 otre action ne sert de rien. L’hérésie pessimiste et l’hérésie optimiste ainsi renvoyées dos à dos, nous voici maintenant
38 s là où l’homme naturel n’en pouvait distinguer ; et surtout elle impose un choix d’ailleurs humainement impossible, là où
39 bandonnait en paix à ses déterminations physiques et morales. Doit-on conclure au refus de toute activité politique ? Ce s
40 e que les deux termes de l’antinomie s’équivalent et peuvent s’annuler. La logique n’a le droit de conclure qu’à partir de
41 de la posséder dans la durée ; elle « survient », et jamais nous ne pouvons en tirer argument, comme d’une force à notre d
42 d’une force à notre disposition ; elle survient, et c’est alors un ordre que nous recevons et qui nous meut parmi les hom
43 rvient, et c’est alors un ordre que nous recevons et qui nous meut parmi les hommes tels qu’ils sont, — des hommes qui ont
44 — ou si l’on veut de l’activisme sans illusions. Et sa devise n’est autre que la maxime souveraine du Taciturne, la maxim
45 r permis le développement de l’artillerie moderne et son utilisation criminelle. ⁂ Mais il existe des êtres que l’attitud
46 tude du pessimisme actif condamne sans discussion et sans appel. Et c’est peut-être vis-à-vis d’eux seulement que notre po
47 sme actif condamne sans discussion et sans appel. Et c’est peut-être vis-à-vis d’eux seulement que notre politique pourra
48 nos âmes un salut qui se rit des ultimes efforts et des ultimes défaites de notre volonté de vivre ? Les dieux de l’Occid
49 tente des macérations de 70 millions de chômeurs, et de super-holocaustes annuels de blé, de coton et d’obus. En face des
50 et de super-holocaustes annuels de blé, de coton et d’obus. En face des idoles, il n’y a que deux attitudes possibles : l
51 isme comme le stalinisme, tous les nationalismes, et toute révolution qui prétendrait fonder notre salut sur une organisat
52 étranger au réalisme « tragique » de l’Évangile, et qui même, dans certains cas extrêmes, nous tient quitte de la foi. Il
53 èses dans lesquelles l’homme cherche sa sécurité, et qui n’ont pas de vérité. ⁂ La plus grande liberté d’action et de révo
54 pas de vérité. ⁂ La plus grande liberté d’action et de révolution est promise à celui que n’empêtre aucun respect du résu
55 au succès, mais à l’obéissance jusqu’à l’absurde et au martyre, à l’« agonie » entre la Promesse et le péché, entre la fo
56 e et au martyre, à l’« agonie » entre la Promesse et le péché, entre la foi et ce qui nous paraît la « défier ». Que faire
57 nie » entre la Promesse et le péché, entre la foi et ce qui nous paraît la « défier ». Que faire donc ? Briser d’abord les
58 ire donc ? Briser d’abord les idoles, menaçantes. Et puis rester aux ordres de l’esprit. Nous n’avons pas à prendre d’assu
59 e compromissions nous sont à jamais impossibles : et tout le reste est affaire d’obéissance aux ordres imprévisibles et co
60 est affaire d’obéissance aux ordres imprévisibles et concrets de la Parole. Point de « synthèse », point de « consolation 
3 1933, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Solutions pratiques ? (mars 1933)
61 poserons ici soient accueillies : avec un sérieux et un respect si peu feints qu’ils n’excluent nullement la bonne humeur.
62 dans une attitude d’humilité lugubre. Le sérieux et le respect, en présence d’une question, c’est tout simplement de se d
63 ous interrogent avec politesse sur nos intentions et nos buts, à seule fin de « causer un peu ». Qu’on les reconnaisse à c
64 ur une telle maxime : tout l’Évangile la confirme et l’illustre. Or, la force, pour le chrétien, quelle est-elle ? Il se t
65 qui révoltent le bon sens, faire naître le besoin et la soif d’une telle force. Et voilà bien la seule acception chrétienn
66 re naître le besoin et la soif d’une telle force. Et voilà bien la seule acception chrétienne du mot « positif ». Pour les
67 ce sera tout ce qui trouble en vérité les hommes et les délivre de leurs tourments mesquins et dégradants ; tout ce qui l
68 hommes et les délivre de leurs tourments mesquins et dégradants ; tout ce qui les libère de leur férocité ou de leur quiét
69 de leur férocité ou de leur quiétude naturelles, et les rend enfin responsables dans l’obéissance à la seule force nécess
70 e fois réel ; tout ce qui les désarme devant Dieu et les jette nus dans la foi. 2. Un homme qui est dans la foi sait bien
71 force qui se manifeste par des ordres personnels, et ces ordres sont pratiques, ou ils ne sont rien. On dirait, à entendre
72 ce d’inspiration flottante, difficile à localiser et beaucoup trop imprécise pour que l’homme, faible créature, puisse s’y
73 que l’homme, faible créature, puisse s’y « fier » et se passer de recettes morales inventées par les anciens juifs, Kant,
74 nt antibolchévique, ou tout simplement pacifiste. Et les fidèles de se congratuler à la sortie, se figurant qu’on vient en
75 ent enfin de leur donner des directives pratiques et des solutions positives, « discutables, certes, mais positives ». Si
76 réside, par exemple, dans un embrassement général et sans condition, beaucoup de personnes auraient trouvé, qu’enfin ! nou
77 comportaient, en général, une solution chrétienne et des solutions humaines, également prévisibles et classées d’avance !
78 et des solutions humaines, également prévisibles et classées d’avance ! Comme si la foi était une espèce de puissance con
79 uellement disponible entre nos mains incertaines, et que nous pourrions appliquer — oh ! avec quelle humilité et quelles p
80 s pourrions appliquer — oh ! avec quelle humilité et quelles précautions oratoires ! — dans tous les cas dûment prévus, se
81 ous les cas dûment prévus, selon certaines règles et certaines directives « positives »… Mais si ces directives venaient à
82 nt, c’est cette force qui me dit : « Tu dois, ici et maintenant. » — Mieux vaudrait cent-mille fois s’écrier : « Non, je n
83 lle fois s’écrier : « Non, je n’ai pas la foi ! » et alors vraiment prier de toute sa pauvreté, plutôt que de dire, comme
84  » de notre vie, ayant perdu la clef de l’Origine et de la Fin, qu’il s’agisse de notre existence personnelle ou du cours
85 on universel fournissant la mesure exacte du bien et du mal en toute chose. La révélation qu’ils ont reçue et qu’ils reçoi
86 al en toute chose. La révélation qu’ils ont reçue et qu’ils reçoivent est purement « pratique », c’est-à-dire immédiate à
87 n ordre qui me dit, à tel endroit précis du temps et de l’espace : voici ce que tu dois faire. À celui qui demande : que
88 choisir pour un autre. Mais on peut, dans le cas, et pour soi-même, prouver la foi par l’acte qu’elle ordonne. Nous ne
89 alades Doctrine désespérante, dites-vous. Oui, et plus encore que vous ne l’imaginez peut-être, car si vous demandez de
90 ut espoir apparaît vain, — en ce point justement, et nulle part ailleurs. On nous demande des réponses ? Mais nous ne pouv
91 de des réponses ? Mais nous ne pouvons que mettre et remettre en question vos sécurités et vos incertitudes, vos solutions
92 que mettre et remettre en question vos sécurités et vos incertitudes, vos solutions et vos questions mêmes. Nous ne pouvo
93 vos sécurités et vos incertitudes, vos solutions et vos questions mêmes. Nous ne pouvons qu’aggraver à vos yeux votre mal
94 pose des questions, mais c’est Dieu, seul Sujet. Et alors l’homme, enfin, devient responsable3 devant Dieu et devant son
95 l’homme, enfin, devient responsable3 devant Dieu et devant son prochain, en tant que ce prochain lui apparaît précisément
96 olutions fabriquées par la « pensée chrétienne », et qui voudraient donner aux hommes une bonne conscience tout à fait inc
97 réponses tantôt prématurées, tantôt inopérantes, et toujours équivoques ; désorienter celui qui s’imagine être debout qua
4 1933, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Dialectique des fins dernières (juillet 1933)
98 semble n’avoir voulu mettre en figures nos désirs et nos ambitions que pour mieux nous en révéler l’essentielle inanité. S
99 s Proust nous persuade qu’on ne s’atteint jamais. Et les philosophies de l’Occident mettent le comble à cette gigantesque
100 servent l’orgueil bigot ; « tout n’est que vanité et poursuite du vent », y compris la sagesse de celui qui croit trouver
101 ions du monde. Elle les assume dans une vue sobre et courageuse et cherche en elles la tension, le ressort nécessaires à l
102 Elle les assume dans une vue sobre et courageuse et cherche en elles la tension, le ressort nécessaires à l’acte créateur
103 ne veut ni la thèse seule, ni l’antithèse seule, et bien moins encore la synthèse. Elle veut le risque permanent, l’actua
104 ignifie la coefficience en nous-mêmes de la thèse et de l’antithèse. Avec Kierkegaard, elle répète que « toute prétention
105 c ici d’une dialectique à deux termes simultanés, et dont la tension n’est pas orientée vers quelque troisième terme dans
106 qu’il voulut en étaler les éléments dans le temps et l’Histoire. Sa dialectique est devenue une espèce de bascule automati
107 sonne se dissout dans un processus qui nie l’acte et le risque. Il n’y a plus qu’à compter un, deux, trois, comme le dit K
108 ation éthique dans toute recherche de la synthèse et plus sûrement dans la croyance en une synthèse possible, voilà qui ne
109 re de doute. Ailleurs4, j’ai pu marquer mon choix et quelles conséquences il entraîne dans l’ordre politique, par exemple,
110 n responsable. Une dialectique sans « médiation » et comportant par suite le risque personnel, le choix et l’acte, une sor
111 omportant par suite le risque personnel, le choix et l’acte, une sorte de « contre-Hegel » radical, voilà qui ne peut manq
112 eut manquer d’évoquer l’attitude d’un Kierkegaard et par là même de ses descendants directs, les théologiens dialectiques.
113 litude si troublante avec les thèses barthiennes, et si pour cette raison précisément elles ne constituaient un terme de c
114 nières nous conduit le dépassement qu’il permet ? Et le rendement créateur de cette éthique de la personne, par quoi, au b
115 par là même que l’acte créateur se crée soi-même et se suffit en soi. Si l’on refusait de poser la question de l’Origine
116 i l’on refusait de poser la question de l’Origine et de la Fin, on supposerait par là même que la doctrine de l’acte rend
117 t en état de crise l’ensemble de ces affirmations et de ces négations, cette éthique et cette actualité, ce refus de toute
118 s affirmations et de ces négations, cette éthique et cette actualité, ce refus de toutes les synthèses et ce principe de s
119 cette actualité, ce refus de toutes les synthèses et ce principe de synthèse qu’il contient. Accusation qui ne porte pas s
120 qui tombe perpendiculairement sur le plan humain et rien qu’humain où opère la méthode. Accusation qui consiste simplemen
121 la dialectique dont il est question chez Barth ; et que cela suffise à faire voir que Barth ne saurait en être tenu pour
122 ur, pas plus que Kierkegaard, pas plus que Luther et Calvin, pas plus que Paul ou Jérémie. Que cela suffise aussi à écarte
123 antique, de recours abusif au langage pathétique5 et au « concept d’angoisse ». Car enfin si le paradoxe n’est pas dans la
124 même de l’homme devant Dieu, notre foi est vaine et c’est perdre son temps que d’en apprécier humainement l’expression la
125 ations toutes humaines qui trahissent une vanité, et la vraie joie n’est pas avec ceux qui nous parlent de la « tristesse 
126 ntendent désigner par là l’acceptation de la mort et du rien, de l’insondable et du scandale en tant que tels, l’acceptati
127 cceptation de la mort et du rien, de l’insondable et du scandale en tant que tels, l’acceptation du salut impossible, para
128 is vraiment homme !) c’est ce qui est affirmé ici et qui ici devient la vérité vivante, le contenu décisif d’un vrai disco
129 entre ne peut être ni appréhendé, ni contemplé. » Et pourtant, cette impossibilité radicale s’est incarnée. Mais alors, si
130 t ces deux attitudes l’une à l’autre, la positive et la négative, à expliquer le oui par le non, et le non par le oui, san
131 ve et la négative, à expliquer le oui par le non, et le non par le oui, sans jamais nous arrêter un instant sur le oui ou
132 e non. » Car la réalité dépassera toujours le oui et le non, et ce que, de leur simultanéité, nous croirons être en droit
133 r la réalité dépassera toujours le oui et le non, et ce que, de leur simultanéité, nous croirons être en droit de déduire
134 vable réalité qui donne un sens si grave à ce oui et à ce non qui, au travers de toute l’œuvre de Barth, nous entraînent d
135 as trop prendre au sérieux les questions étranges et cruelles que poserait sinon la vie de tous les jours, — on conçoit qu
136 jours, — on conçoit que ce brave homme s’effare, et vitupère une « théologie » pareillement inconfortable, dont, au surpl
137 C’est qu’aussi bien ce oui, c’est la Vie en Dieu, et ce non c’est la mort où nous sommes. Ce oui, c’est l’éternité, et ce
138 la mort où nous sommes. Ce oui, c’est l’éternité, et ce non, c’est notre durée. Car notre durée n’est sans doute que notre
139 lien, il faudrait dire qu’ici la synthèse précède et seule provoque l’antithèse, dont le sens n’est pourtant donné que par
140 ’instant éternel, dans le contact mortel du temps et de l’éternité ; puisque tout cela, encore une fois, ne concerne que l
141 cela, encore une fois, ne concerne que l’origine et la fin, ou, pour employer une expression chère à Karl Barth, se rappo
142 dernières. Qu’y a-t-il donc entre ce non dernier et tous nos sic et non ? Qu’y a-t-il entre cette condamnation globale et
143 a-t-il donc entre ce non dernier et tous nos sic et non ? Qu’y a-t-il entre cette condamnation globale et tous les jugeme
144 on ? Qu’y a-t-il entre cette condamnation globale et tous les jugements quotidiens que nous pouvons porter sur nos actions
145 ous pouvons porter sur nos actions, nos doctrines et notre « vie religieuse » ? Il y a la mort, et notre acceptation de ce
146 nes et notre « vie religieuse » ? Il y a la mort, et notre acceptation de cette mort. Et qu’y a-t-il entre ce oui dernier
147 y a la mort, et notre acceptation de cette mort. Et qu’y a-t-il entre ce oui dernier et tous nos sic et non, qu’y a-t-il
148 e cette mort. Et qu’y a-t-il entre ce oui dernier et tous nos sic et non, qu’y a-t-il entre cette justification totale et
149 qu’y a-t-il entre ce oui dernier et tous nos sic et non, qu’y a-t-il entre cette justification totale et toutes les affir
150 non, qu’y a-t-il entre cette justification totale et toutes les affirmations orgueilleuses ou modestes de notre vie mortel
151 davantage sur ce fait : nos dialectiques humaines et la dialectique chrétienne sont séparées par la mort éternelle. Qu’un
152 sophe, qu’un moraliste, parle de choix, de risque et d’acte, ces mots désignent des réalités éthiques qui n’ont rien de co
153 s qui n’ont rien de commun avec l’acte, le risque et le choix dont parle la théologie dans sa dialectique absolue. Il n’y
154 est-à-dire d’une possibilité qui n’est pas nôtre. Et le risque permanent, c’est alors celui qu’encourt l’homme jeté par la
155 évoir le sens dernier. ⁂ Une synthèse qui précède et dépasse à la fois l’antithèse et la thèse, et dont toutes les deux pr
156 hèse qui précède et dépasse à la fois l’antithèse et la thèse, et dont toutes les deux procèdent ? Langage affreux, dira-t
157 ède et dépasse à la fois l’antithèse et la thèse, et dont toutes les deux procèdent ? Langage affreux, dira-t-on non sans
158 parler quotidien. Nous dirons donc : Dieu premier et dernier, et ensuite seulement notre recherche, mais en même temps, si
159 dien. Nous dirons donc : Dieu premier et dernier, et ensuite seulement notre recherche, mais en même temps, si elle est vr
160 is en même temps, si elle est vraie, notre salut. Et c’est Pascal, traduisant Augustin : « Tu ne Me chercherais pas si tu
161 ouvé. » 4. Dans les travaux du groupe politique et philosophique de L’Ordre nouveau. 5. Qu’on nomme en France « pathos 
5 1933, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Poésie dialectique (juillet 1933)
162 e à la fois l’histoire littéraire, la dialectique et la poésie. Car : 1° Toute la poésie de la Réforme jusqu’au xviie siè
163 e, John Donne, Crashaw, Marvell, Herbert, Vaughan et vingt autres, la plupart convertis au protestantisme ; c’est le style
164 de Goulard, admirable commentateur de Du Bartas, et toute une école de poètes calvinistes imbus des théories cosmologique
165 iie siècle, les Sonnets spirituels d’un Gombaud. Et je cite au hasard d’une mémoire mal informée. Et je ne dis rien de la
166 Et je cite au hasard d’une mémoire mal informée. Et je ne dis rien de la dialectique de Polyeucte… 2° La vision dialectiq
167 dramatique ; lui révélant le néant de ses idoles et la nouveauté inénarrable de l’instant où la Parole lui est adressée ;
168 itant en lui l’espoir infini au sein du désespoir et la joie de la Promesse invisible, — cette vision donnée à l’homme, es
169 au-delà d’elle-même une réalité d’un autre ordre et que les mots n’atteignent jamais directement ?… Nous développerons un
170 tu auras ce Donne, tu n’auras pas encore Donne. » Et au troisième vers de la dernière strophe, Sonne peut signifier, dans
171 ? Pardonneras-tu ces péchés dont je suis le cours Et suis encore le cours, bien que je les déplore ? Quand tu auras fini,
172 ma mort ton Soleil Resplendira comme aujourd’hui, et à jamais ! Et cela fait, tu as fini, Je n’ai plus peur. John Donne
173 leil Resplendira comme aujourd’hui, et à jamais ! Et cela fait, tu as fini, Je n’ai plus peur. John Donne f. Rougemo
6 1934, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Grammaire de la personne (janvier 1934)
174 L’individu, tel que les libéraux — en politique — et les idéalistes — en philosophie — nous l’ont légué, c’est l’homme qui
175 ’ont légué, c’est l’homme qui n’a pas de prochain et qui n’est le prochain de personne. Ou encore, comme le dit Keyserling
176 sonne, telle qu’on peut l’opposer à cet individu, et du prochain, tel que le définit l’Évangile ; d’autre part, certaines
177 nséquences politiques de l’erreur individualiste, et surtout, de ses plus récents succédanés.   Le lieu de toute décision
178 plus qu’une certaine question qui m’est adressée, et qui ne se précise en moi qu’à l’instant où elle me contraint d’agir.
179 ut-être qu’il est inutile de rien savoir du monde et de son train, des sciences, des faits et gestes, des batailles, des a
180 du monde et de son train, des sciences, des faits et gestes, des batailles, des accidents, des inventions, des religions,
181 ait probablement aux vertus de surdité, de cécité et de mutisme. Par ailleurs, elle pourrait être aussi laïque ou religieu
182 e par la question concrète qu’elles m’adressent ; et cette question ne peut être concrète — ne peut être un conflit vérita
183 urd’hui que le conflit fécond, la communion du tu et du je se résout pratiquement dans un nous, qu’on oppose alors fièreme
184 on oppose alors fièrement aux ils des sociologues et des positivistes. Cette opération magistrale porte un nom en politiqu
185 tre chose qu’une moyenne entre le je des libéraux et le ils des collectivistes ? N’est-il pas, lui aussi, inactuel et abst
186 ollectivistes ? N’est-il pas, lui aussi, inactuel et abstrait, et par là même, ne laisse-t-il pas le champ libre à la tyra
187  ? N’est-il pas, lui aussi, inactuel et abstrait, et par là même, ne laisse-t-il pas le champ libre à la tyrannie, c’est-à
188 la tyrannie, c’est-à-dire à la mécanique étatiste et dictatoriale qui tient lieu d’ordre dès que l’homme renonce à assumer
189 omme renonce à assumer personnellement son risque et celui du « prochain » ? L’erreur fasciste est peut-être plus grave qu
190 centre en chacune des personnes qui la composent, et n’est pas définie par autre chose que par ce centre. Elle est le rayo
191 dans la durée de l’acte instantané qui unit un je et un tu par un lien de responsabilité7. En son principe, l’erreur fasci
192 esponsabilité réciproque. Il en résulte que le je et que le tu, considérés d’un point de vue qui n’est plus ni celui du je
193 ar un tiers, se trouvent du même coup objectivés, et prisonniers de ce rapport, le nous. Le groupe ainsi formé est défini
194 oupe ainsi formé est défini par sa circonférence. Et comme le veut la géométrie euclidienne, il est plus grand que chacun
195 s n’est rien qu’un biais, c’est un tu sans visage et qui vient se confondre avec un je désormais incertain de ses limites
196 nser par une rigidité accrue de la circonférence. Et c’est l’histoire de toute association humaine : on s’unit par la forc
197 s’unit par la force d’un principe transcendant, —  et tant qu’il règne on peut mépriser la police ; puis vient un temps où
198 ps où l’on se lasse d’obéir à la force vivante, —  et l’on institue la police pour soutenir un corps social qui s’abandonne
199 encontre, cette rencontre n’a lieu que dans le je et dans le tu. Deux hommes ne se rencontrent pas, spirituellement, à mi-
200 n tout le chemin qui nous sépare l’un de l’autre. Et c’est au seul moment où je t’atteins en toi, où tu m’atteins en moi,
201 atteins en moi, que nous devenons deux personnes, et l’un pour l’autre le prochain. Ainsi le phénomène personnel demeure
202 fin de compte retentir tous les problèmes sociaux et spirituels. C’est en elle, et c’est en elle seule, qu’ils provoquent
203 s problèmes sociaux et spirituels. C’est en elle, et c’est en elle seule, qu’ils provoquent un écho humain. C’est en elle
204 union réelle. La personne est un lieu d’héroïsme, et cela signifie qu’elle est le lieu, l’origine et la fin de toute incar
205 , et cela signifie qu’elle est le lieu, l’origine et la fin de toute incarnation, de toute création, de tout risque. La pe
206 nt présent, non point dans la durée psychologique et descriptible ; c’est pourquoi des généralités abstraites telles que m
207 ystèmes, indépendamment du rapport actuel d’un je et d’un tu, ne rendent pas compte de l’être personnel, ni d’aucune réali
208 Ces considérations peuvent paraître assez arides, et curieusement abstraites, s’agissant du concret par excellence. J’espè
209 hauts en couleur promenés par les rues allemandes et italiennes, et jusque dans les pages illustrées de nos quotidiens. Il
210 r promenés par les rues allemandes et italiennes, et jusque dans les pages illustrées de nos quotidiens. Il me reste à mar
211 rt d’un je à un tu. Mais on ne peut le comprendre et le vivre, dans son paradoxe profond, que si l’on se réfère au rapport
212 es que voici, c’est à moi que vous l’avez fait. » Et si ce tu, non seulement possède le droit d’être reçu par moi, mais en
7 1934, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Précisions sur la mort du Grand Pan (avril 1934)
213 nous en sont reconnaissantes. C. F. Ramuz (Adam et Ève). La plénitude du monde n’est pas dans la contemplation d’un esp
214 lorsque nous distinguons leur véritable angoisse, et qu’elle nous dresse pour une réponse. La plénitude est un combat d’am
215 r ? C’est d’abord répondre, — c’est en même temps et c’est surtout répondre au-delà de la question. ⁂ L’homme jeté dans la
216 diversité de l’univers, aux aguets des tentations et des menaces qui surgissent dès qu’il dit je, n’a pas d’autre mouvemen
217 nt de séparation réelle, jamais de vide entre moi et le monde, non, rien que la tension d’un corps à corps amoureux ou meu
218 e par cette tension. Elle est ma seule différence et je n’échappe point au règne naturel. L’indifférence d’un « esprit »,
219 « esprit », qui s’imagine dégagé d’un tel choix, et qui le considère comme une alternative extérieure à son être, un vis-
220 environné par les voix innombrables de l’univers, et son recours à la raison pour leur imposer le silence. Ordre géométriq
221 des apparences permanentes : le cours des astres et les arêtes du cristal. Ou, du moins, si l’architecture des pierres et
222 stal. Ou, du moins, si l’architecture des pierres et des constellations à son tour, fait entendre un langage qui n’est pas
223 humains, c’est à la raison seule qu’il se révèle, et ce n’est plus la peur du sang qui lui répond, mais la crainte majestu
224 ée d’orgueil, de l’esprit qui connaît son pouvoir et son acte, mesure la grandeur du danger, sait qu’il s’y offre armé, et
225 la grandeur du danger, sait qu’il s’y offre armé, et connaît ses retraites. Raison géométrique, adoration intellectuelle o
226 n’est pas le tout de l’homme, — l’homme le sait. Et sa dictature n’est pas l’ordre. Elle peut tuer les bêtes, couper les
227 rdre. Elle peut tuer les bêtes, couper les arbres et peupler les déserts ; sur le principe animateur des choses, elle est
228 il faut refaire un monde. L’arbre devient colonne et ne pose plus de question. Enfermé maintenant dans ses architectures,
229 orgueil. Le grand Pan n’est pas mort pour si peu, et sa domination terrifie les provinces autour de la cité. ⁂ Comment rép
230 omme antique, c’est Adam dessaisi de sa royauté ; et l’univers antique, c’est son royaume abandonné à l’anarchie. Comment
231 us la faire vivre. L’homme se défend brutalement, et plus il se défend, plus il impose à la Nature sa tyrannie, moins il c
232 i ? Empédocle n’a rien sauvé. Je garde ma raison. Et , pour le reste, sacrifions aux dieux. ⁂ Un panthéisme angoissé, resso
233 ntique, ne pouvait se résoudre sur le plan humain et rien qu’humain. Elle devait conduire l’humanité à des impasses mortel
234 sespère le xxe siècle. Mais avant que d’y venir, et suivant l’ordre d’une Histoire dont la loi peut paraître souveraineme
235 réponse, l’homme comprend le sens de la question. Et dans l’élan désordonné des êtres et des choses, il découvre une « att
236 la question. Et dans l’élan désordonné des êtres et des choses, il découvre une « attente ardente ». Il sait qu’elle s’ad
237 sse en lui à ce qui de lui ressuscite, ayant reçu et accepté la mort. Il peut aimer : ce n’est plus un défi, c’est une sou
238 est la fin du temps. Or, le temps suit son cours, et nous sommes dans l’histoire, et l’histoire temporelle est la successi
239 s suit son cours, et nous sommes dans l’histoire, et l’histoire temporelle est la succession de nos chutes, selon la Loi,
240 alités qui régissent le monde, séparé de l’homme, et l’homme, séparé de Dieu. Pourtant le dernier mot a été prononcé. ⁂ L’
241 omme — peut être caractérisé dans ses effets bons et mauvais par le mot de séparation. D’une part, il constitue le ressort
242 art, il constitue le ressort de toute invention ; et le symbole de cette activité, c’est la machine. D’autre part, il deva
243 l devait aboutir à une distinction entre l’esprit et le corps qui, d’accidentelle qu’elle était à l’origine, allait être d
244 t plus réellement compte du péché ni de la grâce. Et le symbole de cette passivité, proclamé par la Renaissance, c’est l’i
245 ontre le corps, telle est la dialectique moderne, et c’est encore la dialectique antique entre l’homme et la nature, mais
246 c’est encore la dialectique antique entre l’homme et la nature, mais transposée dans le déchirement personnel. Lutte stéri
247 sée dans le déchirement personnel. Lutte stérile, et dont l’absurdité tragique évoque ce combat d’aveugles peint par un pr
248 nce chrétienne qui le rassure d’une manière vague et suffisante quant aux intentions cachées de la Nature. Il arrive alors
249 t la foi le chargeait, se retourne vers la Nature et s’en aille lui demander précisément ce qu’il lui doit : la révélation
250 rence morbide à l’endroit des réalités naturelles et de l’« attente ardente » des créatures. De la séparation tragique, ma
251 ique incroyant, n’est rien que l’abandon égoïste, et parfois voluptueux, d’un moi qui renonce à créer, qui renonce à souff
252 ortuné qu’on a « retranché de la société humaine, et qui ne peut plus rien faire ici-bas d’utile et de bon pour autrui ni
253 e, et qui ne peut plus rien faire ici-bas d’utile et de bon pour autrui ni pour soi ». Enfin, il précise qu’on y atteint l
254 e. Il est vrai que Rousseau ne s’en glorifie pas, et qu’il se voit à cette époque « dans la plus étrange position, où se p
255 cience de l’« étrangeté » d’un tel cas se voilait et faisait bientôt place à la satisfaction pauvrette d’une âme flattée d
256 temps, saisissent le premier rayon de soleil venu et s’envolent dans une apologétique naturaliste, dont peu d’auditeurs so
257 chez les lakistes ce même sentiment mêlé d’amour et de terreur, que ces mots soient intraduisibles en notre langue13 ? Al
258 que toute l’Allemagne des Novalis, des Schelling et des Schlegel philosophe ardemment autour de cette « question » du mon
259 isme cosmique, la France rationaliste, catholique et citadine, théorise sur le sentiment de la Nature, sans jamais atteind
260 dans une partie de son être inconnue à lui-même, et qui tient à la fois des sens et de la pensée. Quoi de plus simple que
261 onnue à lui-même, et qui tient à la fois des sens et de la pensée. Quoi de plus simple que d’imaginer que cet effort de la
262 it bien la question ne va pas jusqu’à l’accepter, et sa réponse n’est encore qu’une évasion. Cette « partie de son être in
263 il en fait aussitôt une réalité psychologique, «  et qui tient à la fois des sens et de la pensée ». Il en conclut qu’elle
264 psychologique, « et qui tient à la fois des sens et de la pensée ». Il en conclut qu’elle est « essentiellement du domain
265 raison, dans son orgueil haineux, renie le monde et trompe son attente ; et que le panthéisme, par un paradoxe dont nous
266 l haineux, renie le monde et trompe son attente ; et que le panthéisme, par un paradoxe dont nous avons tenté de suivre la
267 l’individu dans un monde désert ; alors que l’un et l’autre divisent l’homme en esprit et en corps, seul l’amour d’espéra
268 rs que l’un et l’autre divisent l’homme en esprit et en corps, seul l’amour d’espérance, charité de la foi, nous permet d’
269 r à la Nature une réponse qui dépasse sa question et qui atteint et qui embrasse l’être anxieux de la créature. En cet amo
270 ne réponse qui dépasse sa question et qui atteint et qui embrasse l’être anxieux de la créature. En cet amour, enfin, l’ho
271 ieux de la créature. En cet amour, enfin, l’homme et les choses accèdent au concret de leur existence, assumant leur rappo
272 assumant leur rapport de mutuelle responsabilité. Et ce rapport est orienté vers l’homme. Mais, dans l’homme, vers le nouv
273 l’Esprit. En ce lieu où la Poésie devient prière et prophétie, où l’homme, environné par le désordre ardent des choses, d
274 désordre ardent des choses, des plantes éphémères et des animaux rugissants, se tient debout en plein midi de la vision, v
275 re ce chef-d’œuvre qu’est son dernier roman, Adam et Ève. C’est toute la simple grandeur calvinienne retrouvée, — par ce v
276 inait ce capitaine était en somme son état d’âme, et qu’un état d’âme technique n’est rien de plus qu’un état d’âme ; et q
277 e technique n’est rien de plus qu’un état d’âme ; et que le rêve des ingénieurs occupés à supprimer ou à domestiquer les «
278 ’est rien de plus qu’un rêve, idéalisme meurtrier et qui fuit devant la question. 13. Cf. la remarquable étude de Charles
279 , 1931. Elle est riche en documents significatifs et qui viennent à l’appui de notre point de vue. Mais là encore la funes
280 êche l’auteur de conclure dans le sens paulinien, et « naturalise » les réalités eschatologiques. 14. « La nature n’a poi
281 être isolé, destiné seulement à cultiver la terre et à la peupler, et n’ayant avec tout ce qui n’est pas de son espèce que
282 né seulement à cultiver la terre et à la peupler, et n’ayant avec tout ce qui n’est pas de son espèce que les rapports ari
283 i n’est pas de son espèce que les rapports arides et fixes que l’utilité l’invite à établir entre eux et lui. Une grande c
284 fixes que l’utilité l’invite à établir entre eux et lui. Une grande correspondance existe entre tous les êtres moraux et
285 correspondance existe entre tous les êtres moraux et physiques. Il n’y a personne, je le pense, qui, laissant errer ses re
8 1934, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Éditorial (juillet 1934)
286 s le couvert duquel renaissent bien des hérésies, et celles-là mêmes que les réformateurs combattirent le plus âprement. L
287 cela le dispense de répondre d’une façon précise et autorisée aux questions des incroyants ou des catholiques ; mais il s
288 ’exaltation de « l’âme humaine » par la religion, et qui définissent volontiers l’Église comme une force au service de la
289 isation, s’étonner des rudesses de ce théologien, et affirmer innocemment qu’il n’y a rien de bien nouveau dans ce message
290 mples sont encore fréquentés par des protestants, et si la prédication de Calvin ressuscité y provoquerait autre chose qu’
291 issent donner raison de ce que dans la communion, et non pas dans le pain et le vin, il y a la présence réelle du Seigneur
292 ce que dans la communion, et non pas dans le pain et le vin, il y a la présence réelle du Seigneur mort pour nous, impies 
293 Réforme nous l’enseignent, avec l’ensemble vague et contradictoire d’idées, de sentiments, d’habitudes pieuses, de doctri
294 elle problématique l’expression qui lui manquait, et dont le défaut empêchait que la question fût posée utilement. Il suff
295 . » 15. I Pierre 3 :15. Version de Calvin. 16. Et malgré certains catéchismes. Nous y reviendrons au n° 8. j. Rougemo
9 1935, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Les trois temps de la Parole (mai 1935)
296 igieuse nous faciliteraient cette reconnaissance, et se substitueraient ainsi, sans que nous nous en doutions, à l’acte de
297 rait, pour faire place à une adhésion raisonnable et éclairée. Mais en même temps que le scandale, la foi s’évanouirait au
298 tte thèse de Kierkegaard, sous la forme polémique et non systématique qu’il lui a donnée, peut prêter à de graves malenten
299 apparition terrestre. Notre formation historique et psychologique nous y invite. Bien plus, la pente naturelle de notre e
300 de nous « transporter par la pensée » à l’époque et aux lieux historiques où la vie de Jésus s’est écoulée. D’autre part,
301 ’aux 19 siècles qui nous séparent de Jésus-homme, et que nous parvenons plus ou moins aisément à survoler, quitte à retomb
302 out simplement ce fait : c’est qu’entre le Christ et nous, il n’y a pas 19 siècles, mais une éternité ; il n’y a pas une c
303 ité ; il n’y a pas une certaine quantité de temps et d’histoire, mais l’abîme absolu d’une différence de qualité ; il n’y
304 péché. Or, le péché, c’est notre pente naturelle. Et c’est elle, précisément, qui nous pousse à vouloir établir cette cont
305 ntemporanéité illusoire, dans le temps, à travers et par-dessus le temps, avec ce Jésus-homme si cher à la théologie moder
306 aux partisans de l’expérience religieuse « sentie et vécue ». Mais si c’est le péché qui nous sépare de Christ, pensons-no
307 t donc se limiter à poser clairement le problème, et à formuler, si possible, le principe critique qui nous rappellera con
308 ons de résumer sa description extrêmement précise et vigoureuse des trois temps de la Parole de Dieu. Nous la trouvons aux
309 Parole de Dieu (Jean i). Les écrits des prophètes et des apôtres — l’Ancien et le Nouveau Testament — sont les témoignages
310 es écrits des prophètes et des apôtres — l’Ancien et le Nouveau Testament — sont les témoignages de la Parole. Enfin, la p
311 rédication de l’Église procède de ces témoignages et renvoie, au-delà d’elle-même, à travers eux, à la Parole même de Dieu
312 me de Dieu. « Autre est le temps du parler direct et originel de Dieu lui-même dans sa Révélation, le temps de Jésus-Chris
313 le temps de celui qui a été annoncé aux prophètes et aux apôtres pour qu’ils en témoignent ensuite, — autre est le temps d
314 temps de ce témoignage, le temps de la prophétie et de l’apostolat, le temps de Pierre sur lequel Christ bâtit son Église
315 la prédication dérivée de la parole des prophètes et des apôtres, orientée vers cette parole et recevant d’elle sa norme. 
316 phètes et des apôtres, orientée vers cette parole et recevant d’elle sa norme. » Or, ces temps différents ne sont pas diff
317 férenciés seulement par l’éloignement des siècles et l’évolution historique de l’humanité. Ils résultent d’attitudes diffé
318 temps de l’homme en dehors de la Parole de Dieu, et qui dépend ici de la distinction propre aux temps de la Parole. » Aut
319 rains qu’à l’instant où lui-même se révèle à eux. Et des deux brigands du Calvaire, l’un seulement devient le contemporain
320 le vis-à-vis absolu des apôtres dans leur temps. Et de même, le témoignage des apôtres, la Bible, est le vis-à-vis absolu
321 ’Église dans notre temps. Il dépend de Dieu seul, et nullement de nos efforts, que nous passions de notre temps à ce temps
322 dira qu’il ne s’agit là que d’un schéma. Certes, et j’ai dû schématiser encore les pages que Barth consacre à ce problème
323 nvoie sans cesse à la réalité, qui nous inquiète, et qui corrige le mouvement naturel et perverti de nos pensées. Cette p
324 ous inquiète, et qui corrige le mouvement naturel et perverti de nos pensées. Cette position du problème, que nous venons
325 ble domine sans cesse ces tentatives inévitables, et déclare leur vraie signification19. Quand nous parlons des témoins de
326 urront jamais nous conduire sur le plan véritable et dans le temps réel où ces témoins sont apparus. Dans un certain sens,
327 laré expressément, s’il est éprouvé par l’orateur et par l’auditeur comme une nécessité de notre nature, leur sens de préd
328 e active du Christ vivant, pensée « chrétienne ». Et ces témoins, ces vis-à-vis, nous jugent, ce n’est pas nous qui les ju
329 els », qui ont mis à toutes les sauces humanistes et romantiques la notion, chère à Kierkegaard, de saut. 18. ou cinémato
330 Crucifixion d’Issenheim : « Il faut qu’il croisse et que je diminue. » Voilà le vrai sens du tableau, et peu importe que l
331 que je diminue. » Voilà le vrai sens du tableau, et peu importe que les personnages soient vêtus comme jamais aucun juif
10 1935, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Soirée chez Nicodème (mai 1935)
332 Soirée chez Nicodème (mai 1935)l Et puis, je vous en supplie, que l’humour ne perde jamais ses droits. Vo
333 Bien, I, p. 512. Nous avions dîné chez Nicodème, et l’on apportait le café. Nicodème — vous ne l’ignorez pas — c’est cet
334 de théologie dogmatique dont l’esprit de répartie et la finesse à distinguer chez son interlocuteur, quel qu’il soit, le p
335 ît à le dire : il n’a pas d’âge. Sa barbe blanche et ses joues roses, son grand front d’humaniste et ses yeux vifs de Médi
336 e et ses joues roses, son grand front d’humaniste et ses yeux vifs de Méditerranéen lui composent un visage classique, que
337 qualifient de patriarcal. Tel est donc Nicodème, et tel est son aspect vénérable. Pour ses qualités d’âme, j’espère que c
338 Nous nous assîmes en cercle autour du patriarche. Et l’entretien que nous attendions tous s’amorça, je l’avoue, par une ma
339  » — Il y a des gens qui ont le sens de la gaffe, et le sort, je le crains, a voulu que j’en fusse. Mais Nicodème, par bon
340 en son logis. Il se tourna vers moi en souriant, et le dialogue s’engagea sans aucune gêne. Nicodème. — Nous voici donc
341 pas que l’éternel problème de la mort à soi-même et au monde est l’un de ceux qui préoccupent le plus, et à très juste ti
342 u monde est l’un de ceux qui préoccupent le plus, et à très juste titre, nos jeunes barthiens, kierkegaardiens et « réacte
343 uste titre, nos jeunes barthiens, kierkegaardiens et « réacteurs » de diverses nuances. Je m’étonne seulement de vous voir
344 désobligeant, dis-je, pour l’un de mes collègues et amis les plus chers. Je serais fort curieux de savoir sur quoi vous a
345 ain concret de l’humble “bon sens” (cartésien ?), et de la quotidienne “expérience” chrétienne. » (Tome III, p. 287.) Et c
346 ne “expérience” chrétienne. » (Tome III, p. 287.) Et ceci : « Un homme ne peut se dépouiller de son humanité. » Par malheu
347 (au sens où saint Chrysostome prenait le terme). Et puis, je vous, en supplie, que l’humour ne perde jamais ses droits. V
348 it ! Ce M. Monod a vraiment le don de la formule. Et quelle charité dans tout ce qu’il écrit ! Poupette (fille de Nicodèm
349 icodème, 20 ans). — C’est extrêmement suggestif ! Et c’est tellement juste, ce qu’il dit, ne trouvez-vous pas ? La seule e
350 ent de l’expérience chrétienne, de sa piété vécue et chaque jour expérimentée tout à nouveau ! J’ai connu des évangélistes
351 listes qui avaient fait d’admirables expériences, et leurs récits t’eussent fait le plus grand bien. Certes, il y a des ab
352 e, voilà une expérience, une sublime expérience ! Et combien édifiante ! (Se tournant vers un groupe de jeunes barthiens t
353 is, si le christianisme n’est pas une expérience, et je dis bien une expérience à la fois humaine et divine ! — que reste-
354 , et je dis bien une expérience à la fois humaine et divine ! — que reste-t-il de la vie chrétienne ? Je vous le demande !
355 établir le barthien entre la notion d’expérience et le concept d’existentiel, Nicodème soutenait leur identité et alla mê
356 t d’existentiel, Nicodème soutenait leur identité et alla même jusqu’à citer certaines paroles de Kierkegaard à l’appui de
357 inassimilable pour nos « clairs esprits latins », et qui, d’ailleurs, signifiait, au pédantisme près, exactement la même c
358 e. J’avoue que je fus tenté de lui donner raison. Et je l’eusse fait avec plaisir si les arguments invoqués à l’appui de s
359 à peu. Les répliques se faisaient plus mordantes et plus sèches, du côté des jeunes barthiens. Nicodème, au contraire, de
360 u contraire, devenait de plus en plus sentimental et , par instant, grandiloquent : Poupette avait les joues en feu et appr
361 , grandiloquent : Poupette avait les joues en feu et approuvait à tout hasard tantôt l’un tantôt l’autre parti, émue par t
362 Brunner, tantôt l’esprit français, tantôt Frommel et Vinet, — ces Helvètes — tantôt Calvin, qui écrivait en latin des chos
363 i d’une Bible qui se trouvait posée sur le bureau et qui s’ouvrit d’elle-même à la page que je cherchais. Je lus ceci : « 
364 s juifs, qui vint, lui, auprès de Jésus, de nuit, et lui dit : Rabbi, nous savons que tu es un docteur venu de Dieu ; car
365 t vieux ? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et naître ? Jésus répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si un h
366 n vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le Royaume de Dieu… Nicodème lui dit
367 re ? Jésus lui répondit : Tu es docteur d’Israël, et tu ne sais pas ces choses ! En vérité, en vérité, je te le dis, ce qu
368 disons ; ce que nous avons vu nous l’attestons ; et vous ne recevez pas notre témoignage. » Un silence pesant et solennel
369 recevez pas notre témoignage. » Un silence pesant et solennel accueillit cette brève lecture. Nicodème paraissait perdu da
370 avons vu, nous l’attestons… » Mais que sais-je ? Et qu’ai-je donc vu ?… C’était bien moi !… Moi, Nicodème, docteur et pro
371 vu ?… C’était bien moi !… Moi, Nicodème, docteur et professeur des choses de Dieu… Ce que j’ai vu et entendu c’est cela q
372 et professeur des choses de Dieu… Ce que j’ai vu et entendu c’est cela qu’il me faut attester… Et je l’atteste ! Oui, je
373 vu et entendu c’est cela qu’il me faut attester… Et je l’atteste ! Oui, je l’attesterai jusqu’à ma dernière heure… Car el
374 ’homme ne peut pas se dépouiller de son humanité, et je le dis, et je l’atteste ! C’est là mon expérience, mon expérience
375 pas se dépouiller de son humanité, et je le dis, et je l’atteste ! C’est là mon expérience, mon expérience re-li-gieuse !
376 à toute la tradition, ah ! que c’est donc facile et rassurant de jeter la pierre à Nicodème ! Nicodème, l’orgueilleux Nic
377 icodème qui refusait si méchamment de comprendre, et vous, vous comprenez si bien, n’est-ce pas, si facilement ! Vous n’êt
378 si facilement ! Vous n’êtes que devant Nicodème, et moi j’étais devant Celui… Celui qui m’a coupé la parole, durement : «
379 vu, ce que j’ai su, oui c’est cela que j’atteste et professe, et que voulez-vous donc qu’un professeur enseigne, si ce n’
380 ’ai su, oui c’est cela que j’atteste et professe, et que voulez-vous donc qu’un professeur enseigne, si ce n’est ce qu’il
381 ur enseigne, si ce n’est ce qu’il a vécu, entendu et vu de ses yeux, son expérience la plus profonde, la seule chose dont
382 s de cette jeunesse ! J’étais un homme religieux, et c’est cela que je suis resté. Je l’affirme solennellement ! Toutes le
383 ellement ! Toutes les expériences sont possibles, et certaines sont merveilleuses… « On ne doit pas prêcher l’expérience !
384 », disent-ils. Que font-ils donc de Ses miracles, et des actions de ses apôtres, celles que j’ai vues et que j’atteste ! M
385 des actions de ses apôtres, celles que j’ai vues et que j’atteste ! Mais voilà… il y a eu ceci de plus, — et moi seul je
386 j’atteste ! Mais voilà… il y a eu ceci de plus, —  et moi seul je puis en parler… Ou bien, est-ce que moi seul, je n’aurais
387 -là justement — rentrer dans le sein de sa mère ! Et tous ces galopins viennent aujourd’hui prétendre que c’est cela seul
388 urd’hui prétendre que c’est cela seul qui compte, et qu’ils font table rase de tout le reste ! Comme s’ils étaient… Je ne
389 igent ! — mais j’ai fait l’expérience de l’amour, et c’est elle que je veux attester. Galopins ! voilà ce que vous êtes, —
390 ux attester. Galopins ! voilà ce que vous êtes, —  et maintenant, je veux vous embrasser. Nicodème se leva, au milieu d’un
391 er. Nicodème se leva, au milieu d’un silence ému, et donna l’accolade à chacun. Puis il fit un grand geste de ses deux bra
392 ras levés, — comme pour bénir les circonstants, —  et soudain, cachant sa figure vénérable, il sortit. ⁂ Cette scène, si im
393 éplique qu’il n’était pas question de s’en aller. Et Poupette passa les petits fours, avec un naturel parfait. Le monologu
394 pris en main le « monument » du professeur Monod, et s’amusait à lire à ses voisins certains passages qui éveillaient tant
395 us est le Fils de Dieu ? Nous sommes là en pleine et absolue certitude ; nous apercevons le sommet d’un gigantesque pylône
396 ant qui lisait referma brusquement le gros volume et s’exclama : « Si ce n’est pas là du catholicisme tout pur, je déclare
397 ’appelle, en bonne scolastique, la grâce infuse ! et si toute notre humanité est soumise à cette fécondation permanente pa
398 i ? L’imitation du Christ, c’est de mourir en lui et avec lui, — non pas de s’emparer de son message comme d’un prétexte à
399 ut à fait. » Le dirai-je ? Ce dialogue, ces rires et ces affirmations si délibérément tragiques ne firent qu’aviver en moi
400 re ces jeunes barthiens d’une part, si convaincus et si merveilleusement inconscients de l’insondable gravité de leurs par
401 ients de l’insondable gravité de leurs paroles, —  et Mme Nicodème d’autre part, dont je craignais qu’elle n’approuvât que
402 À ce coup, je sentis le rouge me monter au front, et j’éclatai : « Non ! non ! et non ! ce n’est pas excellent du tout, c’
403 me monter au front, et j’éclatai : « Non ! non ! et non ! ce n’est pas excellent du tout, c’est même tout simplement odie
404 c’est même tout simplement odieux ! m’écriai-je. Et je m’en voudrais plus que je ne puis dire d’avoir lâché cette méchant
405 d’Hamlet. « Être ou ne pas être », disait Hamlet. Et nous disons : mourir ou ne pas mourir. Mourir totalement, ou ne pas m
406 celle divine qui, selon les uns, subsiste en nous et pourrait rallumer d’un nouveau feu toute notre humanité, plus ou moin
407 rce qu’il ne veut parler que de ce qu’il a vécu — et je vous ferai remarquer qu’il a vécu, de fait, certaines expériences
408 ais, religieusement impossible ! Voilà l’angoisse et la folie de ceux qui défendent l’expérience, sachant bien, cependant,
409 décisive est justement la seule chose impossible et dont ils nient, en toute sincérité, qu’elle soit possible ! Ne riez p
410 ux spirituel dans le vieil homme, de grâce infuse et de radioactivité de l’Évangile ! Mais vous, avez-vous donc dépassé ce
411 ment terrifiantes, l’exigence de la mort au monde et à soi-même, comme s’il s’agissait là de thèses à imposer ! Nicodème l
412 che de dire sans nulle angoisse des choses folles et follement vraies. Je vous reproche tout simplement — de les dire ! et
413 Je vous reproche tout simplement — de les dire ! et surtout de les dire contre quelqu’un. « Vous souvenez-vous de ce que
414 quelqu’un. « Vous souvenez-vous de ce que disait et répétait sans cesse Kierkegaard ? Être chrétien, c’est devenir contem
415  ! Mais Nicodème aussi fut contemporain de Jésus. Et même il sut reconnaître en ce Jésus un docteur envoyé par Dieu ! « M
416 C’étaient bien là des expériences, n’est-ce pas ? Et l’expérience religieuse de ce grand docteur de l’Église avait bien su
417 périence, l’Unique — la seule chose nécessaire —, et un homme qui l’affirme unique, sans cependant pouvoir la vivre, et sa
418 ’affirme unique, sans cependant pouvoir la vivre, et sachant qu’on ne peut la vivre. Entre celui qui affirme qu’on ne peut
419 Entre celui qui affirme qu’on ne peut pas mourir, et celui qui affirme l’exigence de la mort, il n’y a peut-être aucune di
420 e différence : car tous les deux sont des vivants et non des morts. Et comment osez-vous affirmer cette impossible exigenc
421 tous les deux sont des vivants et non des morts. Et comment osez-vous affirmer cette impossible exigence de la mort, si v
422 dire la vérité : Nous sommes tous des Nicodèmes ! et jamais plus qu’en ce moment où nous condamnons Nicodème… Voilà pourqu
423 s sa rencontre nocturne, devienne aussi la nôtre, et nous ferme la bouche ! » J’avais parlé longtemps, et non sans fièvre.
424 nous ferme la bouche ! » J’avais parlé longtemps, et non sans fièvre. Je m’arrêtai soudain, plutôt confus de ma véhémence.
425 C’est pourquoi nous multiplions les commentaires, et par là même les malentendus. Et c’est aussi pourquoi nos disputes son
426 les commentaires, et par là même les malentendus. Et c’est aussi pourquoi nos disputes sont si vaines… Minuit sonna, dans
427 udain la parole comme nous allions nous séparer ; et je ne suis pas loin de croire qu’il exprima la vérité la plus certain
428 nom de cette angoisse, — justement, en son nom ! Et non pas pour la condamner ou la nier dès le principe ! Car je reconna
429 faut d’abord l’avoir éprouvée jusqu’aux moelles, et que c’est là notre expérience religieuse, proprement dite. Mais nous
430 ieuse, proprement dite. Mais nous avons le devoir et la mission de proclamer que cette angoisse a été surmontée, une fois
431 de Nicodème trouve sa résolution dans le Baptême. Et nous confirmons ce Baptême chaque fois que nous prenons la Cène, comm
432 us prenons la Cène, communiant ainsi avec la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Certes, ce n’est pas là une expérien
433 les sentiments que nous éprouvons lors du Baptême et de la Cène n’ont aucune espèce d’importance. Dieu fait pour nous, à c
434 Dieu fait pour nous, à ce moment, ce que Nicodème et tous les hommes reconnaissent qu’ils ne peuvent pas faire, — et c’est
435 mmes reconnaissent qu’ils ne peuvent pas faire, —  et c’est pourquoi je pense qu’on ne doit pas s’opposer au baptême des en
436 insi donc, deux choses demeurent : Par le Baptême et la Communion dans la foi, tout est fait, — le salut est donné. Mais n
437  le salut est donné. Mais nous avons alors à dire et à prêcher ce que sont ce Baptême et cette Cène. Certes, ces paroles n
438 alors à dire et à prêcher ce que sont ce Baptême et cette Cène. Certes, ces paroles nous condamnent dans la mesure où nou
439 les prononçons sans foi, hors de toute « crainte et tremblement ». Mais elles n’en sont pas moins, comme le Baptême et co
440 Mais elles n’en sont pas moins, comme le Baptême et comme la Cène, dans la mesure où la foi les anime, l’événement centra
441 omesse de l’accomplissement en Christ — déjà venu et qui revient ! — de ce que nous espérons présentement, à la fois dans
442 espérons présentement, à la fois dans l’angoisse et dans la joie : la seule expérience nécessaire. Oui, cette expérience-
443 mpossible, c’est pour cela qu’il faut la croire ! Et l’attester sans l’avoir vue. C’est pour cela qu’il faut prêcher, dans
444 est pour cela qu’il faut prêcher, dans la crainte et le tremblement, son espérance. ⁂ Nous nous séparâmes sur ces mots. Le
11 1936, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Sur une page de Bossuet (ou Tradition et Révélation) (janvier 1936)
445 Sur une page de Bossuet (ou Tradition et Révélation) (janvier 1936)m Que nos amis catholiques nous permette
446 rait-il pas plus conforme à la probité historique et plus fécond pour la théologie de mettre en regard du catholicisme rom
447 protestantisme tout entier, luthérien, calviniste et wesleyen, voire anglican, dans ce qu’il a de spécifique et de commun
448 en, voire anglican, dans ce qu’il a de spécifique et de commun au sein de sa diversité ? L’on verrait mieux alors, que l’o
449 uvisy, entre « l’héritage du Christ » d’une part, et les dangers de déviations protestantes de l’autre23. L’on verrait mie
450 on réelle est entre la conception « évangélique » et la conception papale ; entre la foi à la Révélation parfaite et suffi
451 on papale ; entre la foi à la Révélation parfaite et suffisante, et le recours à la Tradition comme critère des révélation
452 re la foi à la Révélation parfaite et suffisante, et le recours à la Tradition comme critère des révélations évangéliques.
453 i au sein d’une Église obéissant à la Révélation, et une doctrine du salut par l’Église, par une Église qui prend barre su
454 corps ; tandis que Rome affirme que la tradition et le pape détiennent « le secret du Christ » lui-même. (L’expression es
455 épondra probablement que mon antithèse est forcée et que mes définitions de la position catholique ne sont pas formulées e
456 ture peut correspondre une objection de ce genre. Et pourtant, pour peu qu’on adopte la position des catholiques eux-mêmes
457 ue cette formule lui est tout à fait personnelle, et l’on m’oppose une thèse thomiste ; laquelle est, à son tour, contesté
458 concile qui aurait seul qualité pour m’éclairer, et qu’on ne saurait convoquer pour si peu, j’ai recours à quelque « Ench
459 s formules dogmatiques élaborées par les conciles et les bulles papales, donc simple catalogue de résultats, sans commenta
460 exemple, est bien complexe, bien contradictoire, et sous une apparence de précision rigide, bien propice aux interprétati
461 e toute « formulation chrétienne », les évangiles et les écrits apostoliques. Mais mon propos est ici simplement de répond
462 que, lequel, s’il ne veut pas se borner à la pure et simple copie des formules élaborées par les conciles, est bien forcé
463 u l’imprimatur !) ; 3° que ce n’est pas la lettre et la formulation des dogmes qui m’importent, mais la manière dont on en
464 ispose de critères qui ne sont pas tirés de lui26 et au nom desquels elle a le droit de l’interpréter, voire de le contred
465 rères catholiques ont tant de peine à distinguer. Et comment la distingueraient-ils quand l’effort perpétuel et d’ailleurs
466 t la distingueraient-ils quand l’effort perpétuel et d’ailleurs émouvant de leur théologie est de combler tant bien que ma
467 temporel, Dieu de l’homme, la grâce de la nature, et la Révélation de notre raison ? Au point qu’on en arrive à se demande
468 de la Révélation, ne voile la réalité de l’abîme, et ne détourne les fidèles de cette seule chose nécessaire, de cette foi
469 s pour voiler, pour atténuer les scandales réels, et pour relier rationnellement ce que le péché a séparé. Est-ce que je m
470  ? Si mes reproches leur paraissent porter à faux et révéler une simple méconnaissance des possibilités infinies d’interpr
471 enfin de mon erreur, je m’en réjouirai hautement. Et je me sentirai d’autant plus libre de leur demander sérieusement, c’e
472 n polémique, ce qu’ils pensent d’un texte précis, et comment il se fait que le pape n’ait jamais, que je sache, condamné B
473 on Église de séparer ce qu’il avait mis ensemble… Et non seulement l’Église a cessé de faire ce que Jésus-Christ avait fai
474 a cessé de faire ce que Jésus-Christ avait fait, et les apôtres suivi ; mais encore elle a pris la liberté d’interdire sé
475 recevant qu’une espèce, on ne reçoit qu’une cène et une communion imparfaites, c’est qu’on n’entend pas que c’est l’Églis
476 i doit être dispensé diversement, selon les temps et les conjonctures différentes. (Méditations sur l’Évangile, lve jour.
477 qu’on sépare ce que Jésus-Christ a mis ensemble, et qu’on donne le corps à manger sans donner en même temps le sang à boi
478 que l’Église fait. Instruite par le Saint-Esprit et par la tradition de tous les siècles, elle sait ce que Jésus-Christ a
479 , dont les travaux marient avec aisance théologie et humanisme, il me répondit simplement : « Bossuet ne saurait être tenu
480 t amener à poser la question d’une manière claire et nette, et à choisir. Car, enfin, si Bossuet, en écrivant cette page,
481 poser la question d’une manière claire et nette, et à choisir. Car, enfin, si Bossuet, en écrivant cette page, a déformé
482 de même que ceux qui lui donnèrent l’imprimatur. Et si Bossuet n’a pas déformé la vérité, pourquoi serait-on gêné par sa
483 rmules orthodoxes dans la conscience des fidèles, et des fidèles de ce pays de France dont on ne peut nier que Bossuet soi
484 ce qui ne l’était pas ? » La Réforme, par Luther et Calvin, répond : non, Dieu seul connaît ce qui est de Dieu. Pour nous
485 ’il lui a plu de nous en révéler dans l’Écriture, et par l’action du Saint-Esprit, grâce auquel l’Écriture nous parle. Ser
486 pour être une fidèle interprète de ses volontés, et une sûre dispensatrice de ses sacrements ? » Décidément, nous sommes
487 suet, que vous n’entendez pas que c’est l’Église, et non pas la seule Écriture, qui sait le secret de Jésus-Christ ! — Et
488 Écriture, qui sait le secret de Jésus-Christ ! —  Et d’où l’a-t-elle appris, si ce n’est de l’Écriture ? — Relisez-moi : «
489 ? — Relisez-moi : « Instruite par le Saint-Esprit et par la tradition de tous les siècles, elle sait ce que Jésus-Christ a
490 ensemble, de cesser de faire ce qu’il avait fait, et les apôtres suivi, et même de condamner sévèrement cette pratique. »
491 faire ce qu’il avait fait, et les apôtres suivi, et même de condamner sévèrement cette pratique. » — Si nous comprenons b
492 ut le contraire de ce qu’il a dit ? — Exactement, et c’est là sa grandeur, ou, comme je l’écrivais, son grand pouvoir. » L
493 s l’origine du secret que l’Église, selon Bossuet et les conciles, détient et possède si bien qu’elle a sur lui ce jus uti
494 l’Église, selon Bossuet et les conciles, détient et possède si bien qu’elle a sur lui ce jus uti et abutendi qui, selon l
495 t et possède si bien qu’elle a sur lui ce jus uti et abutendi qui, selon le vieux droit romain, caractérise la propriété.
496 Christ, c’est « qu’instruite par le Saint-Esprit et par la tradition de tous les siècles, elle sait ce que Jésus-Christ a
497 les ? C’est, nous répond l’Enchiridion symbolorum et definitionum de Denzinger, « l’autre source » de la Révélation, la pr
498 jansénistes.) Puis les doctrines des théologiens, et surtout de Thomas d’Aquin (Encycl. de Benoît XV, en 1923, seulement !
499 ît XV, en 1923, seulement !). Voilà qui est clair et sans mystère : la tradition, ce sont des textes. On peut les lire, si
500 . On peut les lire, si l’on sait le latin, réunis et classés dans n’importe quel Enchiridion. Le catholique se tourne alor
501 hiridion. Le catholique se tourne alors vers nous et nous exprime une sorte de pitié : « À quoi s’appuiera le protestant,
502 de différencier de sa nature à lui, de son époque et de sa formation ? »30. Autrement dit, on nous plaint d’être abandonné
503 bjectivement » la vérité à l’homme « subjectif ». Et tout en mentionnant la Bible pour mémoire — « ces pâles écrits », dir
504 e, ce « vis-à-vis » de l’Église dont parle Barth, et auquel doit se rapporter sans cesse toute prédication vraiment fidèle
505 elle autorité se fonde-t-elle ? Sur les conciles. Et ceux-ci à leur tour ? Prenons le concile de Trente : « Sacrosancta œc
506 ns le concile de Trente : « Sacrosancta œcumenica et generalis Tridentina Synodus in Spiritu sancto legitime congregata… »
507 Synodus in Spiritu sancto legitime congregata… », et , plus loin : « Itaque ipsa Synodus a Spiritu sancto… edocta… declarat
508 e Saint-Esprit sera-t-il contrôlé, si j’ose dire, et « différencié de la nature » des prélats, de leur époque et de leur f
509 rencié de la nature » des prélats, de leur époque et de leur formation ? Par la Bible ? En principe, oui. Mais le principe
510 au être affirmé en droit, il est en fait négligé, et à tel point négligé qu’il n’y aura pas grand-chose à faire pour le ru
511 ture ne peut être interprétée que selon l’Église, et en particulier selon les décisions du concile de Trente. La tradition
512 ment « politique »… Le second terme, vrai en soi, et que nous croyons de toute notre foi31, devient faux et ne traduit qu’
513 e nous croyons de toute notre foi31, devient faux et ne traduit qu’un subjectivisme absolu dès qu’on le sépare de l’Écritu
514 la Cène, c’est toute la question de la tradition et par là même de la Révélation. Résumons brièvement ce développement :
515 vu que, pratiquement, la tradition est index sui et falsi. On se demande alors sur quelle base « objective » ou « subject
516 il pas vicieux ? Le scandale de cette innovation ( et de tant d’autres) serait-il devenu moins grand, avec le temps, qu’il
517 aux catholiques ? Pourtant, je les sens inquiets, et c’est pourquoi j’espère. ⁂ L’inquiétude catholique procède de ce dout
518 e l’Écriture parle, qu’elle parle clairement, ici et maintenant, que je la croie, que je lui obéisse et qu’elle me sauve ?
519 t maintenant, que je la croie, que je lui obéisse et qu’elle me sauve ? Frères catholiques, à la question que vous adresse
520 e à son chef, qui lui fut révélé dans l’Écriture, et non ailleurs. Il reste à dire ceci : Et nous, croyons-nous assez « sé
521 Écriture, et non ailleurs. Il reste à dire ceci : Et nous, croyons-nous assez « sérieusement » cela ? Croyons-nous assez s
522 ontre Luther qui traînent dans les hebdomadaires, et dont la recrudescence actuelle ne fait honneur ni à l’information, ni
523 t qu’il atteste la « vérité » des dogmes ! Hegel, et Spinoza, et Marx ne sont-ils pas plus « cohérents » que toute dogmati
524 ste la « vérité » des dogmes ! Hegel, et Spinoza, et Marx ne sont-ils pas plus « cohérents » que toute dogmatique ? Comme
525 as plus qu’on ne peut faire une synthèse de l’eau et du feu sans éteindre le feu. Celui qui affirmerait y être parvenu ne
526 Trid. Conclusio, Sessio XXI (16 juli 1562) Cap. 1 et 2, et Canones 1 et 2. La seule raison alléguée par ce concile pour in
527 Conclusio, Sessio XXI (16 juli 1562) Cap. 1 et 2, et Canones 1 et 2. La seule raison alléguée par ce concile pour interdir
528 ssio XXI (16 juli 1562) Cap. 1 et 2, et Canones 1 et 2. La seule raison alléguée par ce concile pour interdire la communio
529 lle-ci : Jésus a dit : « Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle », mais il a dit néanmoins (dixi
530 ui mange ce pain vivra éternellement » (Jean 6:55 et 6:59). On n’ose pas demander aux catholiques ce qu’ils pensent réelle
531 été amenée par des raisons justes (iustis causis et rationibus) à cette décision dogmatique (Canon 2). 29. « Ce grand Do
532 t-Esprit. » 33. L’acte de la grâce, l’acte libre et parfait de la libre grâce que Dieu nous fait ; et non point cette inf
533 et parfait de la libre grâce que Dieu nous fait ; et non point cette infusio, ce principium divinum que Rome appelle grâce
534 Denis de, « Sur une page de Bossuet (ou Tradition et Révélation) », Hic et Nunc, Paris, janvier 1936, p. 8-18.