1
ue nous cherchons autour de nous leur lien actuel
et
leur lieu spirituel. Pareille constatation ne peut nous signifier rie
2
autre qu’une invitation pressante à créer ce lien
et
ce lieu : ce lieu de témoignage où puissent être dites avec tout le s
3
e. ⁂ En face d’une pensée religieuse qui s’épuise
et
se disqualifie dans ses efforts pour concilier la révélation et la ps
4
fie dans ses efforts pour concilier la révélation
et
la psychologie, pour réfuter par des raisons humaines ces démons que
5
i, pour tout dire, trahit sa mission de scandale,
et
tente lâchement de réduire le divin au « surhumain » (c’est-à-dire au
6
main »), le transcendant au temporel, il y a lieu
et
ordre d’attester que nous n’avons rien mérité, sinon la colère de Die
7
s débilitantes, asservies à la classe, à la race,
et
à la lâcheté publique, il y a lieu et ordre d’attester la scandaleuse
8
à la race, et à la lâcheté publique, il y a lieu
et
ordre d’attester la scandaleuse doctrine du « salut de grâce et bonté
9
ester la scandaleuse doctrine du « salut de grâce
et
bonté pure », du salut par la foi, par l’abandon aux mains du Dieu vi
10
En face de philosophes qui se moquent des hommes
et
ne voient même pas qu’ils n’ont plus de réponses à offrir à leurs per
11
nt plus de réponses à offrir à leurs perpétuelles
et
urgentes questions ; en face de philosophies qui de Descartes à Kant,
12
nt l’être humain sur soi-même, sur l’intelligence
et
la volonté supposées non déchues, il y a lieu et ordre d’attester ave
13
et la volonté supposées non déchues, il y a lieu
et
ordre d’attester avec l’un des prophètes de ce temps, que la raison d
14
e dieu imbécile qu’elle honore sur les « places »
et
qui s’appelle Production, il y a lieu et ordre d’attester qu’« une se
15
places » et qui s’appelle Production, il y a lieu
et
ordre d’attester qu’« une seule chose est nécessaire ». Et qu’heureux
16
d’attester qu’« une seule chose est nécessaire ».
Et
qu’heureux sont les pauvres en esprit. ⁂ Notre but n’est pas d’impose
17
mêmes, mais bien dans une réalité qui les domine
et
qui les juge, en même temps que nous-mêmes. Avant tout, après tout, i
18
é actuelle aux deux sens de ce mot, qui sont acte
et
présence. Et certes notre activité serait injustifiable si nous tent
19
deux sens de ce mot, qui sont acte et présence.
Et
certes notre activité serait injustifiable si nous tentions de la jus
20
nce révolutionnaire. Ceci pourra paraître orgueil
et
vanité aux yeux des hommes. Ceci n’est rien, en vérité, qu’un acte de
21
i n’est rien, en vérité, qu’un acte de soumission
et
d’espérance, car ce n’est pas aux hommes que nous disons : nous voici
22
ité, ou plus exactement le paradoxe est la marque
et
la preuve de toute réalité en tant que saisie et vécue, c’est-à-dire
23
et la preuve de toute réalité en tant que saisie
et
vécue, c’est-à-dire assumée par l’homme. Sortir du paradoxe pour s’év
24
écisément ce qui nous met en relation personnelle
et
immédiate avec Dieu : et que la relation d’un être déchu avec son Cré
25
en relation personnelle et immédiate avec Dieu :
et
que la relation d’un être déchu avec son Créateur ne puisse être que
26
ela est clair, d’une clarté proprement aveuglante
et
même insupportable, si nous n’avions le Christ, seul médiateur et seu
27
table, si nous n’avions le Christ, seul médiateur
et
seul espoir, seulement accessible au plus profond du désespoir et de
28
seulement accessible au plus profond du désespoir
et
de la nuit, par la foi seule, — qui ne vient pas de nous. Telle est l
29
esse qui ne serait pas la seule promesse : espoir
et
promesse de la foi, — et la foi naît au cœur du désespoir. Mais, d’au
30
seule promesse : espoir et promesse de la foi, —
et
la foi naît au cœur du désespoir. Mais, d’autre part, en vertu du mêm
31
tion. La Croix, signe éternel de la contradiction
et
de l’« agonie », est au centre du monde chrétien, parce qu’elle est l
32
rce qu’elle est le signe même de notre condition.
Et
lorsque nous disons le « monde-chrétien », nous exprimons par ces deu
33
oute méditation constructive reste vaine, évasive
et
mortelle. Nous sommes au monde, nous ne sommes pas du monde. Toute co
34
re hiérarchique qui préserve l’homme du désespoir
et
lui fournisse un équilibre durable, dont le péché forme sans doute l’
35
marxisme l’antinomie centrale de notre condition,
et
que, enfermant les conflits purement humains dans le jeu de synthèses
36
l’espèce vers un équilibre final, réplique morne
et
désespérée du millenium chrétien. Nous n’en sommes pas là : Hic et nu
37
otre action ne sert de rien. L’hérésie pessimiste
et
l’hérésie optimiste ainsi renvoyées dos à dos, nous voici maintenant
38
s là où l’homme naturel n’en pouvait distinguer ;
et
surtout elle impose un choix d’ailleurs humainement impossible, là où
39
bandonnait en paix à ses déterminations physiques
et
morales. Doit-on conclure au refus de toute activité politique ? Ce s
40
e que les deux termes de l’antinomie s’équivalent
et
peuvent s’annuler. La logique n’a le droit de conclure qu’à partir de
41
de la posséder dans la durée ; elle « survient »,
et
jamais nous ne pouvons en tirer argument, comme d’une force à notre d
42
d’une force à notre disposition ; elle survient,
et
c’est alors un ordre que nous recevons et qui nous meut parmi les hom
43
rvient, et c’est alors un ordre que nous recevons
et
qui nous meut parmi les hommes tels qu’ils sont, — des hommes qui ont
44
— ou si l’on veut de l’activisme sans illusions.
Et
sa devise n’est autre que la maxime souveraine du Taciturne, la maxim
45
r permis le développement de l’artillerie moderne
et
son utilisation criminelle. ⁂ Mais il existe des êtres que l’attitud
46
tude du pessimisme actif condamne sans discussion
et
sans appel. Et c’est peut-être vis-à-vis d’eux seulement que notre po
47
sme actif condamne sans discussion et sans appel.
Et
c’est peut-être vis-à-vis d’eux seulement que notre politique pourra
48
nos âmes un salut qui se rit des ultimes efforts
et
des ultimes défaites de notre volonté de vivre ? Les dieux de l’Occid
49
tente des macérations de 70 millions de chômeurs,
et
de super-holocaustes annuels de blé, de coton et d’obus. En face des
50
et de super-holocaustes annuels de blé, de coton
et
d’obus. En face des idoles, il n’y a que deux attitudes possibles : l
51
isme comme le stalinisme, tous les nationalismes,
et
toute révolution qui prétendrait fonder notre salut sur une organisat
52
étranger au réalisme « tragique » de l’Évangile,
et
qui même, dans certains cas extrêmes, nous tient quitte de la foi. Il
53
èses dans lesquelles l’homme cherche sa sécurité,
et
qui n’ont pas de vérité. ⁂ La plus grande liberté d’action et de révo
54
pas de vérité. ⁂ La plus grande liberté d’action
et
de révolution est promise à celui que n’empêtre aucun respect du résu
55
au succès, mais à l’obéissance jusqu’à l’absurde
et
au martyre, à l’« agonie » entre la Promesse et le péché, entre la fo
56
e et au martyre, à l’« agonie » entre la Promesse
et
le péché, entre la foi et ce qui nous paraît la « défier ». Que faire
57
nie » entre la Promesse et le péché, entre la foi
et
ce qui nous paraît la « défier ». Que faire donc ? Briser d’abord les
58
ire donc ? Briser d’abord les idoles, menaçantes.
Et
puis rester aux ordres de l’esprit. Nous n’avons pas à prendre d’assu
59
e compromissions nous sont à jamais impossibles :
et
tout le reste est affaire d’obéissance aux ordres imprévisibles et co
60
est affaire d’obéissance aux ordres imprévisibles
et
concrets de la Parole. Point de « synthèse », point de « consolation
61
poserons ici soient accueillies : avec un sérieux
et
un respect si peu feints qu’ils n’excluent nullement la bonne humeur.
62
dans une attitude d’humilité lugubre. Le sérieux
et
le respect, en présence d’une question, c’est tout simplement de se d
63
ous interrogent avec politesse sur nos intentions
et
nos buts, à seule fin de « causer un peu ». Qu’on les reconnaisse à c
64
ur une telle maxime : tout l’Évangile la confirme
et
l’illustre. Or, la force, pour le chrétien, quelle est-elle ? Il se t
65
qui révoltent le bon sens, faire naître le besoin
et
la soif d’une telle force. Et voilà bien la seule acception chrétienn
66
re naître le besoin et la soif d’une telle force.
Et
voilà bien la seule acception chrétienne du mot « positif ». Pour les
67
ce sera tout ce qui trouble en vérité les hommes
et
les délivre de leurs tourments mesquins et dégradants ; tout ce qui l
68
hommes et les délivre de leurs tourments mesquins
et
dégradants ; tout ce qui les libère de leur férocité ou de leur quiét
69
de leur férocité ou de leur quiétude naturelles,
et
les rend enfin responsables dans l’obéissance à la seule force nécess
70
e fois réel ; tout ce qui les désarme devant Dieu
et
les jette nus dans la foi. 2. Un homme qui est dans la foi sait bien
71
force qui se manifeste par des ordres personnels,
et
ces ordres sont pratiques, ou ils ne sont rien. On dirait, à entendre
72
ce d’inspiration flottante, difficile à localiser
et
beaucoup trop imprécise pour que l’homme, faible créature, puisse s’y
73
que l’homme, faible créature, puisse s’y « fier »
et
se passer de recettes morales inventées par les anciens juifs, Kant,
74
nt antibolchévique, ou tout simplement pacifiste.
Et
les fidèles de se congratuler à la sortie, se figurant qu’on vient en
75
ent enfin de leur donner des directives pratiques
et
des solutions positives, « discutables, certes, mais positives ». Si
76
réside, par exemple, dans un embrassement général
et
sans condition, beaucoup de personnes auraient trouvé, qu’enfin ! nou
77
comportaient, en général, une solution chrétienne
et
des solutions humaines, également prévisibles et classées d’avance !
78
et des solutions humaines, également prévisibles
et
classées d’avance ! Comme si la foi était une espèce de puissance con
79
uellement disponible entre nos mains incertaines,
et
que nous pourrions appliquer — oh ! avec quelle humilité et quelles p
80
s pourrions appliquer — oh ! avec quelle humilité
et
quelles précautions oratoires ! — dans tous les cas dûment prévus, se
81
ous les cas dûment prévus, selon certaines règles
et
certaines directives « positives »… Mais si ces directives venaient à
82
nt, c’est cette force qui me dit : « Tu dois, ici
et
maintenant. » — Mieux vaudrait cent-mille fois s’écrier : « Non, je n
83
lle fois s’écrier : « Non, je n’ai pas la foi ! »
et
alors vraiment prier de toute sa pauvreté, plutôt que de dire, comme
84
» de notre vie, ayant perdu la clef de l’Origine
et
de la Fin, qu’il s’agisse de notre existence personnelle ou du cours
85
on universel fournissant la mesure exacte du bien
et
du mal en toute chose. La révélation qu’ils ont reçue et qu’ils reçoi
86
al en toute chose. La révélation qu’ils ont reçue
et
qu’ils reçoivent est purement « pratique », c’est-à-dire immédiate à
87
n ordre qui me dit, à tel endroit précis du temps
et
de l’espace : voici ce que tu dois faire. À celui qui demande : que
88
choisir pour un autre. Mais on peut, dans le cas,
et
pour soi-même, prouver la foi par l’acte qu’elle ordonne. Nous ne
89
alades Doctrine désespérante, dites-vous. Oui,
et
plus encore que vous ne l’imaginez peut-être, car si vous demandez de
90
ut espoir apparaît vain, — en ce point justement,
et
nulle part ailleurs. On nous demande des réponses ? Mais nous ne pouv
91
de des réponses ? Mais nous ne pouvons que mettre
et
remettre en question vos sécurités et vos incertitudes, vos solutions
92
que mettre et remettre en question vos sécurités
et
vos incertitudes, vos solutions et vos questions mêmes. Nous ne pouvo
93
vos sécurités et vos incertitudes, vos solutions
et
vos questions mêmes. Nous ne pouvons qu’aggraver à vos yeux votre mal
94
pose des questions, mais c’est Dieu, seul Sujet.
Et
alors l’homme, enfin, devient responsable3 devant Dieu et devant son
95
l’homme, enfin, devient responsable3 devant Dieu
et
devant son prochain, en tant que ce prochain lui apparaît précisément
96
olutions fabriquées par la « pensée chrétienne »,
et
qui voudraient donner aux hommes une bonne conscience tout à fait inc
97
réponses tantôt prématurées, tantôt inopérantes,
et
toujours équivoques ; désorienter celui qui s’imagine être debout qua
98
semble n’avoir voulu mettre en figures nos désirs
et
nos ambitions que pour mieux nous en révéler l’essentielle inanité. S
99
s Proust nous persuade qu’on ne s’atteint jamais.
Et
les philosophies de l’Occident mettent le comble à cette gigantesque
100
servent l’orgueil bigot ; « tout n’est que vanité
et
poursuite du vent », y compris la sagesse de celui qui croit trouver
101
ions du monde. Elle les assume dans une vue sobre
et
courageuse et cherche en elles la tension, le ressort nécessaires à l
102
Elle les assume dans une vue sobre et courageuse
et
cherche en elles la tension, le ressort nécessaires à l’acte créateur
103
ne veut ni la thèse seule, ni l’antithèse seule,
et
bien moins encore la synthèse. Elle veut le risque permanent, l’actua
104
ignifie la coefficience en nous-mêmes de la thèse
et
de l’antithèse. Avec Kierkegaard, elle répète que « toute prétention
105
c ici d’une dialectique à deux termes simultanés,
et
dont la tension n’est pas orientée vers quelque troisième terme dans
106
qu’il voulut en étaler les éléments dans le temps
et
l’Histoire. Sa dialectique est devenue une espèce de bascule automati
107
sonne se dissout dans un processus qui nie l’acte
et
le risque. Il n’y a plus qu’à compter un, deux, trois, comme le dit K
108
ation éthique dans toute recherche de la synthèse
et
plus sûrement dans la croyance en une synthèse possible, voilà qui ne
109
re de doute. Ailleurs4, j’ai pu marquer mon choix
et
quelles conséquences il entraîne dans l’ordre politique, par exemple,
110
n responsable. Une dialectique sans « médiation »
et
comportant par suite le risque personnel, le choix et l’acte, une sor
111
omportant par suite le risque personnel, le choix
et
l’acte, une sorte de « contre-Hegel » radical, voilà qui ne peut manq
112
eut manquer d’évoquer l’attitude d’un Kierkegaard
et
par là même de ses descendants directs, les théologiens dialectiques.
113
litude si troublante avec les thèses barthiennes,
et
si pour cette raison précisément elles ne constituaient un terme de c
114
nières nous conduit le dépassement qu’il permet ?
Et
le rendement créateur de cette éthique de la personne, par quoi, au b
115
par là même que l’acte créateur se crée soi-même
et
se suffit en soi. Si l’on refusait de poser la question de l’Origine
116
i l’on refusait de poser la question de l’Origine
et
de la Fin, on supposerait par là même que la doctrine de l’acte rend
117
t en état de crise l’ensemble de ces affirmations
et
de ces négations, cette éthique et cette actualité, ce refus de toute
118
s affirmations et de ces négations, cette éthique
et
cette actualité, ce refus de toutes les synthèses et ce principe de s
119
cette actualité, ce refus de toutes les synthèses
et
ce principe de synthèse qu’il contient. Accusation qui ne porte pas s
120
qui tombe perpendiculairement sur le plan humain
et
rien qu’humain où opère la méthode. Accusation qui consiste simplemen
121
la dialectique dont il est question chez Barth ;
et
que cela suffise à faire voir que Barth ne saurait en être tenu pour
122
ur, pas plus que Kierkegaard, pas plus que Luther
et
Calvin, pas plus que Paul ou Jérémie. Que cela suffise aussi à écarte
123
antique, de recours abusif au langage pathétique5
et
au « concept d’angoisse ». Car enfin si le paradoxe n’est pas dans la
124
même de l’homme devant Dieu, notre foi est vaine
et
c’est perdre son temps que d’en apprécier humainement l’expression la
125
ations toutes humaines qui trahissent une vanité,
et
la vraie joie n’est pas avec ceux qui nous parlent de la « tristesse
126
ntendent désigner par là l’acceptation de la mort
et
du rien, de l’insondable et du scandale en tant que tels, l’acceptati
127
cceptation de la mort et du rien, de l’insondable
et
du scandale en tant que tels, l’acceptation du salut impossible, para
128
is vraiment homme !) c’est ce qui est affirmé ici
et
qui ici devient la vérité vivante, le contenu décisif d’un vrai disco
129
entre ne peut être ni appréhendé, ni contemplé. »
Et
pourtant, cette impossibilité radicale s’est incarnée. Mais alors, si
130
t ces deux attitudes l’une à l’autre, la positive
et
la négative, à expliquer le oui par le non, et le non par le oui, san
131
ve et la négative, à expliquer le oui par le non,
et
le non par le oui, sans jamais nous arrêter un instant sur le oui ou
132
e non. » Car la réalité dépassera toujours le oui
et
le non, et ce que, de leur simultanéité, nous croirons être en droit
133
r la réalité dépassera toujours le oui et le non,
et
ce que, de leur simultanéité, nous croirons être en droit de déduire
134
vable réalité qui donne un sens si grave à ce oui
et
à ce non qui, au travers de toute l’œuvre de Barth, nous entraînent d
135
as trop prendre au sérieux les questions étranges
et
cruelles que poserait sinon la vie de tous les jours, — on conçoit qu
136
jours, — on conçoit que ce brave homme s’effare,
et
vitupère une « théologie » pareillement inconfortable, dont, au surpl
137
C’est qu’aussi bien ce oui, c’est la Vie en Dieu,
et
ce non c’est la mort où nous sommes. Ce oui, c’est l’éternité, et ce
138
la mort où nous sommes. Ce oui, c’est l’éternité,
et
ce non, c’est notre durée. Car notre durée n’est sans doute que notre
139
lien, il faudrait dire qu’ici la synthèse précède
et
seule provoque l’antithèse, dont le sens n’est pourtant donné que par
140
’instant éternel, dans le contact mortel du temps
et
de l’éternité ; puisque tout cela, encore une fois, ne concerne que l
141
cela, encore une fois, ne concerne que l’origine
et
la fin, ou, pour employer une expression chère à Karl Barth, se rappo
142
dernières. Qu’y a-t-il donc entre ce non dernier
et
tous nos sic et non ? Qu’y a-t-il entre cette condamnation globale et
143
a-t-il donc entre ce non dernier et tous nos sic
et
non ? Qu’y a-t-il entre cette condamnation globale et tous les jugeme
144
on ? Qu’y a-t-il entre cette condamnation globale
et
tous les jugements quotidiens que nous pouvons porter sur nos actions
145
ous pouvons porter sur nos actions, nos doctrines
et
notre « vie religieuse » ? Il y a la mort, et notre acceptation de ce
146
nes et notre « vie religieuse » ? Il y a la mort,
et
notre acceptation de cette mort. Et qu’y a-t-il entre ce oui dernier
147
y a la mort, et notre acceptation de cette mort.
Et
qu’y a-t-il entre ce oui dernier et tous nos sic et non, qu’y a-t-il
148
e cette mort. Et qu’y a-t-il entre ce oui dernier
et
tous nos sic et non, qu’y a-t-il entre cette justification totale et
149
qu’y a-t-il entre ce oui dernier et tous nos sic
et
non, qu’y a-t-il entre cette justification totale et toutes les affir
150
non, qu’y a-t-il entre cette justification totale
et
toutes les affirmations orgueilleuses ou modestes de notre vie mortel
151
davantage sur ce fait : nos dialectiques humaines
et
la dialectique chrétienne sont séparées par la mort éternelle. Qu’un
152
sophe, qu’un moraliste, parle de choix, de risque
et
d’acte, ces mots désignent des réalités éthiques qui n’ont rien de co
153
s qui n’ont rien de commun avec l’acte, le risque
et
le choix dont parle la théologie dans sa dialectique absolue. Il n’y
154
est-à-dire d’une possibilité qui n’est pas nôtre.
Et
le risque permanent, c’est alors celui qu’encourt l’homme jeté par la
155
évoir le sens dernier. ⁂ Une synthèse qui précède
et
dépasse à la fois l’antithèse et la thèse, et dont toutes les deux pr
156
hèse qui précède et dépasse à la fois l’antithèse
et
la thèse, et dont toutes les deux procèdent ? Langage affreux, dira-t
157
ède et dépasse à la fois l’antithèse et la thèse,
et
dont toutes les deux procèdent ? Langage affreux, dira-t-on non sans
158
parler quotidien. Nous dirons donc : Dieu premier
et
dernier, et ensuite seulement notre recherche, mais en même temps, si
159
dien. Nous dirons donc : Dieu premier et dernier,
et
ensuite seulement notre recherche, mais en même temps, si elle est vr
160
is en même temps, si elle est vraie, notre salut.
Et
c’est Pascal, traduisant Augustin : « Tu ne Me chercherais pas si tu
161
ouvé. » 4. Dans les travaux du groupe politique
et
philosophique de L’Ordre nouveau. 5. Qu’on nomme en France « pathos
162
e à la fois l’histoire littéraire, la dialectique
et
la poésie. Car : 1° Toute la poésie de la Réforme jusqu’au xviie siè
163
e, John Donne, Crashaw, Marvell, Herbert, Vaughan
et
vingt autres, la plupart convertis au protestantisme ; c’est le style
164
de Goulard, admirable commentateur de Du Bartas,
et
toute une école de poètes calvinistes imbus des théories cosmologique
165
iie siècle, les Sonnets spirituels d’un Gombaud.
Et
je cite au hasard d’une mémoire mal informée. Et je ne dis rien de la
166
Et je cite au hasard d’une mémoire mal informée.
Et
je ne dis rien de la dialectique de Polyeucte… 2° La vision dialectiq
167
dramatique ; lui révélant le néant de ses idoles
et
la nouveauté inénarrable de l’instant où la Parole lui est adressée ;
168
itant en lui l’espoir infini au sein du désespoir
et
la joie de la Promesse invisible, — cette vision donnée à l’homme, es
169
au-delà d’elle-même une réalité d’un autre ordre
et
que les mots n’atteignent jamais directement ?… Nous développerons un
170
tu auras ce Donne, tu n’auras pas encore Donne. »
Et
au troisième vers de la dernière strophe, Sonne peut signifier, dans
171
? Pardonneras-tu ces péchés dont je suis le cours
Et
suis encore le cours, bien que je les déplore ? Quand tu auras fini,
172
ma mort ton Soleil Resplendira comme aujourd’hui,
et
à jamais ! Et cela fait, tu as fini, Je n’ai plus peur. John Donne
173
leil Resplendira comme aujourd’hui, et à jamais !
Et
cela fait, tu as fini, Je n’ai plus peur. John Donne f. Rougemo
174
L’individu, tel que les libéraux — en politique —
et
les idéalistes — en philosophie — nous l’ont légué, c’est l’homme qui
175
’ont légué, c’est l’homme qui n’a pas de prochain
et
qui n’est le prochain de personne. Ou encore, comme le dit Keyserling
176
sonne, telle qu’on peut l’opposer à cet individu,
et
du prochain, tel que le définit l’Évangile ; d’autre part, certaines
177
nséquences politiques de l’erreur individualiste,
et
surtout, de ses plus récents succédanés. Le lieu de toute décision
178
plus qu’une certaine question qui m’est adressée,
et
qui ne se précise en moi qu’à l’instant où elle me contraint d’agir.
179
ut-être qu’il est inutile de rien savoir du monde
et
de son train, des sciences, des faits et gestes, des batailles, des a
180
du monde et de son train, des sciences, des faits
et
gestes, des batailles, des accidents, des inventions, des religions,
181
ait probablement aux vertus de surdité, de cécité
et
de mutisme. Par ailleurs, elle pourrait être aussi laïque ou religieu
182
e par la question concrète qu’elles m’adressent ;
et
cette question ne peut être concrète — ne peut être un conflit vérita
183
urd’hui que le conflit fécond, la communion du tu
et
du je se résout pratiquement dans un nous, qu’on oppose alors fièreme
184
on oppose alors fièrement aux ils des sociologues
et
des positivistes. Cette opération magistrale porte un nom en politiqu
185
tre chose qu’une moyenne entre le je des libéraux
et
le ils des collectivistes ? N’est-il pas, lui aussi, inactuel et abst
186
ollectivistes ? N’est-il pas, lui aussi, inactuel
et
abstrait, et par là même, ne laisse-t-il pas le champ libre à la tyra
187
? N’est-il pas, lui aussi, inactuel et abstrait,
et
par là même, ne laisse-t-il pas le champ libre à la tyrannie, c’est-à
188
la tyrannie, c’est-à-dire à la mécanique étatiste
et
dictatoriale qui tient lieu d’ordre dès que l’homme renonce à assumer
189
omme renonce à assumer personnellement son risque
et
celui du « prochain » ? L’erreur fasciste est peut-être plus grave qu
190
centre en chacune des personnes qui la composent,
et
n’est pas définie par autre chose que par ce centre. Elle est le rayo
191
dans la durée de l’acte instantané qui unit un je
et
un tu par un lien de responsabilité7. En son principe, l’erreur fasci
192
esponsabilité réciproque. Il en résulte que le je
et
que le tu, considérés d’un point de vue qui n’est plus ni celui du je
193
ar un tiers, se trouvent du même coup objectivés,
et
prisonniers de ce rapport, le nous. Le groupe ainsi formé est défini
194
oupe ainsi formé est défini par sa circonférence.
Et
comme le veut la géométrie euclidienne, il est plus grand que chacun
195
s n’est rien qu’un biais, c’est un tu sans visage
et
qui vient se confondre avec un je désormais incertain de ses limites
196
nser par une rigidité accrue de la circonférence.
Et
c’est l’histoire de toute association humaine : on s’unit par la forc
197
s’unit par la force d’un principe transcendant, —
et
tant qu’il règne on peut mépriser la police ; puis vient un temps où
198
ps où l’on se lasse d’obéir à la force vivante, —
et
l’on institue la police pour soutenir un corps social qui s’abandonne
199
encontre, cette rencontre n’a lieu que dans le je
et
dans le tu. Deux hommes ne se rencontrent pas, spirituellement, à mi-
200
n tout le chemin qui nous sépare l’un de l’autre.
Et
c’est au seul moment où je t’atteins en toi, où tu m’atteins en moi,
201
atteins en moi, que nous devenons deux personnes,
et
l’un pour l’autre le prochain. Ainsi le phénomène personnel demeure
202
fin de compte retentir tous les problèmes sociaux
et
spirituels. C’est en elle, et c’est en elle seule, qu’ils provoquent
203
s problèmes sociaux et spirituels. C’est en elle,
et
c’est en elle seule, qu’ils provoquent un écho humain. C’est en elle
204
union réelle. La personne est un lieu d’héroïsme,
et
cela signifie qu’elle est le lieu, l’origine et la fin de toute incar
205
, et cela signifie qu’elle est le lieu, l’origine
et
la fin de toute incarnation, de toute création, de tout risque. La pe
206
nt présent, non point dans la durée psychologique
et
descriptible ; c’est pourquoi des généralités abstraites telles que m
207
ystèmes, indépendamment du rapport actuel d’un je
et
d’un tu, ne rendent pas compte de l’être personnel, ni d’aucune réali
208
Ces considérations peuvent paraître assez arides,
et
curieusement abstraites, s’agissant du concret par excellence. J’espè
209
hauts en couleur promenés par les rues allemandes
et
italiennes, et jusque dans les pages illustrées de nos quotidiens. Il
210
r promenés par les rues allemandes et italiennes,
et
jusque dans les pages illustrées de nos quotidiens. Il me reste à mar
211
rt d’un je à un tu. Mais on ne peut le comprendre
et
le vivre, dans son paradoxe profond, que si l’on se réfère au rapport
212
es que voici, c’est à moi que vous l’avez fait. »
Et
si ce tu, non seulement possède le droit d’être reçu par moi, mais en
213
nous en sont reconnaissantes. C. F. Ramuz (Adam
et
Ève). La plénitude du monde n’est pas dans la contemplation d’un esp
214
lorsque nous distinguons leur véritable angoisse,
et
qu’elle nous dresse pour une réponse. La plénitude est un combat d’am
215
r ? C’est d’abord répondre, — c’est en même temps
et
c’est surtout répondre au-delà de la question. ⁂ L’homme jeté dans la
216
diversité de l’univers, aux aguets des tentations
et
des menaces qui surgissent dès qu’il dit je, n’a pas d’autre mouvemen
217
nt de séparation réelle, jamais de vide entre moi
et
le monde, non, rien que la tension d’un corps à corps amoureux ou meu
218
e par cette tension. Elle est ma seule différence
et
je n’échappe point au règne naturel. L’indifférence d’un « esprit »,
219
« esprit », qui s’imagine dégagé d’un tel choix,
et
qui le considère comme une alternative extérieure à son être, un vis-
220
environné par les voix innombrables de l’univers,
et
son recours à la raison pour leur imposer le silence. Ordre géométriq
221
des apparences permanentes : le cours des astres
et
les arêtes du cristal. Ou, du moins, si l’architecture des pierres et
222
stal. Ou, du moins, si l’architecture des pierres
et
des constellations à son tour, fait entendre un langage qui n’est pas
223
humains, c’est à la raison seule qu’il se révèle,
et
ce n’est plus la peur du sang qui lui répond, mais la crainte majestu
224
ée d’orgueil, de l’esprit qui connaît son pouvoir
et
son acte, mesure la grandeur du danger, sait qu’il s’y offre armé, et
225
la grandeur du danger, sait qu’il s’y offre armé,
et
connaît ses retraites. Raison géométrique, adoration intellectuelle o
226
n’est pas le tout de l’homme, — l’homme le sait.
Et
sa dictature n’est pas l’ordre. Elle peut tuer les bêtes, couper les
227
rdre. Elle peut tuer les bêtes, couper les arbres
et
peupler les déserts ; sur le principe animateur des choses, elle est
228
il faut refaire un monde. L’arbre devient colonne
et
ne pose plus de question. Enfermé maintenant dans ses architectures,
229
orgueil. Le grand Pan n’est pas mort pour si peu,
et
sa domination terrifie les provinces autour de la cité. ⁂ Comment rép
230
omme antique, c’est Adam dessaisi de sa royauté ;
et
l’univers antique, c’est son royaume abandonné à l’anarchie. Comment
231
us la faire vivre. L’homme se défend brutalement,
et
plus il se défend, plus il impose à la Nature sa tyrannie, moins il c
232
i ? Empédocle n’a rien sauvé. Je garde ma raison.
Et
, pour le reste, sacrifions aux dieux. ⁂ Un panthéisme angoissé, resso
233
ntique, ne pouvait se résoudre sur le plan humain
et
rien qu’humain. Elle devait conduire l’humanité à des impasses mortel
234
sespère le xxe siècle. Mais avant que d’y venir,
et
suivant l’ordre d’une Histoire dont la loi peut paraître souveraineme
235
réponse, l’homme comprend le sens de la question.
Et
dans l’élan désordonné des êtres et des choses, il découvre une « att
236
la question. Et dans l’élan désordonné des êtres
et
des choses, il découvre une « attente ardente ». Il sait qu’elle s’ad
237
sse en lui à ce qui de lui ressuscite, ayant reçu
et
accepté la mort. Il peut aimer : ce n’est plus un défi, c’est une sou
238
est la fin du temps. Or, le temps suit son cours,
et
nous sommes dans l’histoire, et l’histoire temporelle est la successi
239
s suit son cours, et nous sommes dans l’histoire,
et
l’histoire temporelle est la succession de nos chutes, selon la Loi,
240
alités qui régissent le monde, séparé de l’homme,
et
l’homme, séparé de Dieu. Pourtant le dernier mot a été prononcé. ⁂ L’
241
omme — peut être caractérisé dans ses effets bons
et
mauvais par le mot de séparation. D’une part, il constitue le ressort
242
art, il constitue le ressort de toute invention ;
et
le symbole de cette activité, c’est la machine. D’autre part, il deva
243
l devait aboutir à une distinction entre l’esprit
et
le corps qui, d’accidentelle qu’elle était à l’origine, allait être d
244
t plus réellement compte du péché ni de la grâce.
Et
le symbole de cette passivité, proclamé par la Renaissance, c’est l’i
245
ontre le corps, telle est la dialectique moderne,
et
c’est encore la dialectique antique entre l’homme et la nature, mais
246
c’est encore la dialectique antique entre l’homme
et
la nature, mais transposée dans le déchirement personnel. Lutte stéri
247
sée dans le déchirement personnel. Lutte stérile,
et
dont l’absurdité tragique évoque ce combat d’aveugles peint par un pr
248
nce chrétienne qui le rassure d’une manière vague
et
suffisante quant aux intentions cachées de la Nature. Il arrive alors
249
t la foi le chargeait, se retourne vers la Nature
et
s’en aille lui demander précisément ce qu’il lui doit : la révélation
250
rence morbide à l’endroit des réalités naturelles
et
de l’« attente ardente » des créatures. De la séparation tragique, ma
251
ique incroyant, n’est rien que l’abandon égoïste,
et
parfois voluptueux, d’un moi qui renonce à créer, qui renonce à souff
252
ortuné qu’on a « retranché de la société humaine,
et
qui ne peut plus rien faire ici-bas d’utile et de bon pour autrui ni
253
e, et qui ne peut plus rien faire ici-bas d’utile
et
de bon pour autrui ni pour soi ». Enfin, il précise qu’on y atteint l
254
e. Il est vrai que Rousseau ne s’en glorifie pas,
et
qu’il se voit à cette époque « dans la plus étrange position, où se p
255
cience de l’« étrangeté » d’un tel cas se voilait
et
faisait bientôt place à la satisfaction pauvrette d’une âme flattée d
256
temps, saisissent le premier rayon de soleil venu
et
s’envolent dans une apologétique naturaliste, dont peu d’auditeurs so
257
chez les lakistes ce même sentiment mêlé d’amour
et
de terreur, que ces mots soient intraduisibles en notre langue13 ? Al
258
que toute l’Allemagne des Novalis, des Schelling
et
des Schlegel philosophe ardemment autour de cette « question » du mon
259
isme cosmique, la France rationaliste, catholique
et
citadine, théorise sur le sentiment de la Nature, sans jamais atteind
260
dans une partie de son être inconnue à lui-même,
et
qui tient à la fois des sens et de la pensée. Quoi de plus simple que
261
onnue à lui-même, et qui tient à la fois des sens
et
de la pensée. Quoi de plus simple que d’imaginer que cet effort de la
262
it bien la question ne va pas jusqu’à l’accepter,
et
sa réponse n’est encore qu’une évasion. Cette « partie de son être in
263
il en fait aussitôt une réalité psychologique, «
et
qui tient à la fois des sens et de la pensée ». Il en conclut qu’elle
264
psychologique, « et qui tient à la fois des sens
et
de la pensée ». Il en conclut qu’elle est « essentiellement du domain
265
raison, dans son orgueil haineux, renie le monde
et
trompe son attente ; et que le panthéisme, par un paradoxe dont nous
266
l haineux, renie le monde et trompe son attente ;
et
que le panthéisme, par un paradoxe dont nous avons tenté de suivre la
267
l’individu dans un monde désert ; alors que l’un
et
l’autre divisent l’homme en esprit et en corps, seul l’amour d’espéra
268
rs que l’un et l’autre divisent l’homme en esprit
et
en corps, seul l’amour d’espérance, charité de la foi, nous permet d’
269
r à la Nature une réponse qui dépasse sa question
et
qui atteint et qui embrasse l’être anxieux de la créature. En cet amo
270
ne réponse qui dépasse sa question et qui atteint
et
qui embrasse l’être anxieux de la créature. En cet amour, enfin, l’ho
271
ieux de la créature. En cet amour, enfin, l’homme
et
les choses accèdent au concret de leur existence, assumant leur rappo
272
assumant leur rapport de mutuelle responsabilité.
Et
ce rapport est orienté vers l’homme. Mais, dans l’homme, vers le nouv
273
l’Esprit. En ce lieu où la Poésie devient prière
et
prophétie, où l’homme, environné par le désordre ardent des choses, d
274
désordre ardent des choses, des plantes éphémères
et
des animaux rugissants, se tient debout en plein midi de la vision, v
275
re ce chef-d’œuvre qu’est son dernier roman, Adam
et
Ève. C’est toute la simple grandeur calvinienne retrouvée, — par ce v
276
inait ce capitaine était en somme son état d’âme,
et
qu’un état d’âme technique n’est rien de plus qu’un état d’âme ; et q
277
e technique n’est rien de plus qu’un état d’âme ;
et
que le rêve des ingénieurs occupés à supprimer ou à domestiquer les «
278
’est rien de plus qu’un rêve, idéalisme meurtrier
et
qui fuit devant la question. 13. Cf. la remarquable étude de Charles
279
, 1931. Elle est riche en documents significatifs
et
qui viennent à l’appui de notre point de vue. Mais là encore la funes
280
êche l’auteur de conclure dans le sens paulinien,
et
« naturalise » les réalités eschatologiques. 14. « La nature n’a poi
281
être isolé, destiné seulement à cultiver la terre
et
à la peupler, et n’ayant avec tout ce qui n’est pas de son espèce que
282
né seulement à cultiver la terre et à la peupler,
et
n’ayant avec tout ce qui n’est pas de son espèce que les rapports ari
283
i n’est pas de son espèce que les rapports arides
et
fixes que l’utilité l’invite à établir entre eux et lui. Une grande c
284
fixes que l’utilité l’invite à établir entre eux
et
lui. Une grande correspondance existe entre tous les êtres moraux et
285
correspondance existe entre tous les êtres moraux
et
physiques. Il n’y a personne, je le pense, qui, laissant errer ses re
286
s le couvert duquel renaissent bien des hérésies,
et
celles-là mêmes que les réformateurs combattirent le plus âprement. L
287
cela le dispense de répondre d’une façon précise
et
autorisée aux questions des incroyants ou des catholiques ; mais il s
288
’exaltation de « l’âme humaine » par la religion,
et
qui définissent volontiers l’Église comme une force au service de la
289
isation, s’étonner des rudesses de ce théologien,
et
affirmer innocemment qu’il n’y a rien de bien nouveau dans ce message
290
mples sont encore fréquentés par des protestants,
et
si la prédication de Calvin ressuscité y provoquerait autre chose qu’
291
issent donner raison de ce que dans la communion,
et
non pas dans le pain et le vin, il y a la présence réelle du Seigneur
292
ce que dans la communion, et non pas dans le pain
et
le vin, il y a la présence réelle du Seigneur mort pour nous, impies
293
Réforme nous l’enseignent, avec l’ensemble vague
et
contradictoire d’idées, de sentiments, d’habitudes pieuses, de doctri
294
elle problématique l’expression qui lui manquait,
et
dont le défaut empêchait que la question fût posée utilement. Il suff
295
. » 15. I Pierre 3 :15. Version de Calvin. 16.
Et
malgré certains catéchismes. Nous y reviendrons au n° 8. j. Rougemo
296
igieuse nous faciliteraient cette reconnaissance,
et
se substitueraient ainsi, sans que nous nous en doutions, à l’acte de
297
rait, pour faire place à une adhésion raisonnable
et
éclairée. Mais en même temps que le scandale, la foi s’évanouirait au
298
tte thèse de Kierkegaard, sous la forme polémique
et
non systématique qu’il lui a donnée, peut prêter à de graves malenten
299
apparition terrestre. Notre formation historique
et
psychologique nous y invite. Bien plus, la pente naturelle de notre e
300
de nous « transporter par la pensée » à l’époque
et
aux lieux historiques où la vie de Jésus s’est écoulée. D’autre part,
301
’aux 19 siècles qui nous séparent de Jésus-homme,
et
que nous parvenons plus ou moins aisément à survoler, quitte à retomb
302
out simplement ce fait : c’est qu’entre le Christ
et
nous, il n’y a pas 19 siècles, mais une éternité ; il n’y a pas une c
303
ité ; il n’y a pas une certaine quantité de temps
et
d’histoire, mais l’abîme absolu d’une différence de qualité ; il n’y
304
péché. Or, le péché, c’est notre pente naturelle.
Et
c’est elle, précisément, qui nous pousse à vouloir établir cette cont
305
ntemporanéité illusoire, dans le temps, à travers
et
par-dessus le temps, avec ce Jésus-homme si cher à la théologie moder
306
aux partisans de l’expérience religieuse « sentie
et
vécue ». Mais si c’est le péché qui nous sépare de Christ, pensons-no
307
t donc se limiter à poser clairement le problème,
et
à formuler, si possible, le principe critique qui nous rappellera con
308
ons de résumer sa description extrêmement précise
et
vigoureuse des trois temps de la Parole de Dieu. Nous la trouvons aux
309
Parole de Dieu (Jean i). Les écrits des prophètes
et
des apôtres — l’Ancien et le Nouveau Testament — sont les témoignages
310
es écrits des prophètes et des apôtres — l’Ancien
et
le Nouveau Testament — sont les témoignages de la Parole. Enfin, la p
311
rédication de l’Église procède de ces témoignages
et
renvoie, au-delà d’elle-même, à travers eux, à la Parole même de Dieu
312
me de Dieu. « Autre est le temps du parler direct
et
originel de Dieu lui-même dans sa Révélation, le temps de Jésus-Chris
313
le temps de celui qui a été annoncé aux prophètes
et
aux apôtres pour qu’ils en témoignent ensuite, — autre est le temps d
314
temps de ce témoignage, le temps de la prophétie
et
de l’apostolat, le temps de Pierre sur lequel Christ bâtit son Église
315
la prédication dérivée de la parole des prophètes
et
des apôtres, orientée vers cette parole et recevant d’elle sa norme.
316
phètes et des apôtres, orientée vers cette parole
et
recevant d’elle sa norme. » Or, ces temps différents ne sont pas diff
317
férenciés seulement par l’éloignement des siècles
et
l’évolution historique de l’humanité. Ils résultent d’attitudes diffé
318
temps de l’homme en dehors de la Parole de Dieu,
et
qui dépend ici de la distinction propre aux temps de la Parole. » Aut
319
rains qu’à l’instant où lui-même se révèle à eux.
Et
des deux brigands du Calvaire, l’un seulement devient le contemporain
320
le vis-à-vis absolu des apôtres dans leur temps.
Et
de même, le témoignage des apôtres, la Bible, est le vis-à-vis absolu
321
’Église dans notre temps. Il dépend de Dieu seul,
et
nullement de nos efforts, que nous passions de notre temps à ce temps
322
dira qu’il ne s’agit là que d’un schéma. Certes,
et
j’ai dû schématiser encore les pages que Barth consacre à ce problème
323
nvoie sans cesse à la réalité, qui nous inquiète,
et
qui corrige le mouvement naturel et perverti de nos pensées. Cette p
324
ous inquiète, et qui corrige le mouvement naturel
et
perverti de nos pensées. Cette position du problème, que nous venons
325
ble domine sans cesse ces tentatives inévitables,
et
déclare leur vraie signification19. Quand nous parlons des témoins de
326
urront jamais nous conduire sur le plan véritable
et
dans le temps réel où ces témoins sont apparus. Dans un certain sens,
327
laré expressément, s’il est éprouvé par l’orateur
et
par l’auditeur comme une nécessité de notre nature, leur sens de préd
328
e active du Christ vivant, pensée « chrétienne ».
Et
ces témoins, ces vis-à-vis, nous jugent, ce n’est pas nous qui les ju
329
els », qui ont mis à toutes les sauces humanistes
et
romantiques la notion, chère à Kierkegaard, de saut. 18. ou cinémato
330
Crucifixion d’Issenheim : « Il faut qu’il croisse
et
que je diminue. » Voilà le vrai sens du tableau, et peu importe que l
331
que je diminue. » Voilà le vrai sens du tableau,
et
peu importe que les personnages soient vêtus comme jamais aucun juif
332
Soirée chez Nicodème (mai 1935)l
Et
puis, je vous en supplie, que l’humour ne perde jamais ses droits. Vo
333
Bien, I, p. 512. Nous avions dîné chez Nicodème,
et
l’on apportait le café. Nicodème — vous ne l’ignorez pas — c’est cet
334
de théologie dogmatique dont l’esprit de répartie
et
la finesse à distinguer chez son interlocuteur, quel qu’il soit, le p
335
ît à le dire : il n’a pas d’âge. Sa barbe blanche
et
ses joues roses, son grand front d’humaniste et ses yeux vifs de Médi
336
e et ses joues roses, son grand front d’humaniste
et
ses yeux vifs de Méditerranéen lui composent un visage classique, que
337
qualifient de patriarcal. Tel est donc Nicodème,
et
tel est son aspect vénérable. Pour ses qualités d’âme, j’espère que c
338
Nous nous assîmes en cercle autour du patriarche.
Et
l’entretien que nous attendions tous s’amorça, je l’avoue, par une ma
339
» — Il y a des gens qui ont le sens de la gaffe,
et
le sort, je le crains, a voulu que j’en fusse. Mais Nicodème, par bon
340
en son logis. Il se tourna vers moi en souriant,
et
le dialogue s’engagea sans aucune gêne. Nicodème. — Nous voici donc
341
pas que l’éternel problème de la mort à soi-même
et
au monde est l’un de ceux qui préoccupent le plus, et à très juste ti
342
u monde est l’un de ceux qui préoccupent le plus,
et
à très juste titre, nos jeunes barthiens, kierkegaardiens et « réacte
343
uste titre, nos jeunes barthiens, kierkegaardiens
et
« réacteurs » de diverses nuances. Je m’étonne seulement de vous voir
344
désobligeant, dis-je, pour l’un de mes collègues
et
amis les plus chers. Je serais fort curieux de savoir sur quoi vous a
345
ain concret de l’humble “bon sens” (cartésien ?),
et
de la quotidienne “expérience” chrétienne. » (Tome III, p. 287.) Et c
346
ne “expérience” chrétienne. » (Tome III, p. 287.)
Et
ceci : « Un homme ne peut se dépouiller de son humanité. » Par malheu
347
(au sens où saint Chrysostome prenait le terme).
Et
puis, je vous, en supplie, que l’humour ne perde jamais ses droits. V
348
it ! Ce M. Monod a vraiment le don de la formule.
Et
quelle charité dans tout ce qu’il écrit ! Poupette (fille de Nicodèm
349
icodème, 20 ans). — C’est extrêmement suggestif !
Et
c’est tellement juste, ce qu’il dit, ne trouvez-vous pas ? La seule e
350
ent de l’expérience chrétienne, de sa piété vécue
et
chaque jour expérimentée tout à nouveau ! J’ai connu des évangélistes
351
listes qui avaient fait d’admirables expériences,
et
leurs récits t’eussent fait le plus grand bien. Certes, il y a des ab
352
e, voilà une expérience, une sublime expérience !
Et
combien édifiante ! (Se tournant vers un groupe de jeunes barthiens t
353
is, si le christianisme n’est pas une expérience,
et
je dis bien une expérience à la fois humaine et divine ! — que reste-
354
, et je dis bien une expérience à la fois humaine
et
divine ! — que reste-t-il de la vie chrétienne ? Je vous le demande !
355
établir le barthien entre la notion d’expérience
et
le concept d’existentiel, Nicodème soutenait leur identité et alla mê
356
t d’existentiel, Nicodème soutenait leur identité
et
alla même jusqu’à citer certaines paroles de Kierkegaard à l’appui de
357
inassimilable pour nos « clairs esprits latins »,
et
qui, d’ailleurs, signifiait, au pédantisme près, exactement la même c
358
e. J’avoue que je fus tenté de lui donner raison.
Et
je l’eusse fait avec plaisir si les arguments invoqués à l’appui de s
359
à peu. Les répliques se faisaient plus mordantes
et
plus sèches, du côté des jeunes barthiens. Nicodème, au contraire, de
360
u contraire, devenait de plus en plus sentimental
et
, par instant, grandiloquent : Poupette avait les joues en feu et appr
361
, grandiloquent : Poupette avait les joues en feu
et
approuvait à tout hasard tantôt l’un tantôt l’autre parti, émue par t
362
Brunner, tantôt l’esprit français, tantôt Frommel
et
Vinet, — ces Helvètes — tantôt Calvin, qui écrivait en latin des chos
363
i d’une Bible qui se trouvait posée sur le bureau
et
qui s’ouvrit d’elle-même à la page que je cherchais. Je lus ceci : «
364
s juifs, qui vint, lui, auprès de Jésus, de nuit,
et
lui dit : Rabbi, nous savons que tu es un docteur venu de Dieu ; car
365
t vieux ? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère
et
naître ? Jésus répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si un h
366
n vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau
et
d’Esprit, il ne peut entrer dans le Royaume de Dieu… Nicodème lui dit
367
re ? Jésus lui répondit : Tu es docteur d’Israël,
et
tu ne sais pas ces choses ! En vérité, en vérité, je te le dis, ce qu
368
disons ; ce que nous avons vu nous l’attestons ;
et
vous ne recevez pas notre témoignage. » Un silence pesant et solennel
369
recevez pas notre témoignage. » Un silence pesant
et
solennel accueillit cette brève lecture. Nicodème paraissait perdu da
370
avons vu, nous l’attestons… » Mais que sais-je ?
Et
qu’ai-je donc vu ?… C’était bien moi !… Moi, Nicodème, docteur et pro
371
vu ?… C’était bien moi !… Moi, Nicodème, docteur
et
professeur des choses de Dieu… Ce que j’ai vu et entendu c’est cela q
372
et professeur des choses de Dieu… Ce que j’ai vu
et
entendu c’est cela qu’il me faut attester… Et je l’atteste ! Oui, je
373
vu et entendu c’est cela qu’il me faut attester…
Et
je l’atteste ! Oui, je l’attesterai jusqu’à ma dernière heure… Car el
374
’homme ne peut pas se dépouiller de son humanité,
et
je le dis, et je l’atteste ! C’est là mon expérience, mon expérience
375
pas se dépouiller de son humanité, et je le dis,
et
je l’atteste ! C’est là mon expérience, mon expérience re-li-gieuse !
376
à toute la tradition, ah ! que c’est donc facile
et
rassurant de jeter la pierre à Nicodème ! Nicodème, l’orgueilleux Nic
377
icodème qui refusait si méchamment de comprendre,
et
vous, vous comprenez si bien, n’est-ce pas, si facilement ! Vous n’êt
378
si facilement ! Vous n’êtes que devant Nicodème,
et
moi j’étais devant Celui… Celui qui m’a coupé la parole, durement : «
379
vu, ce que j’ai su, oui c’est cela que j’atteste
et
professe, et que voulez-vous donc qu’un professeur enseigne, si ce n’
380
’ai su, oui c’est cela que j’atteste et professe,
et
que voulez-vous donc qu’un professeur enseigne, si ce n’est ce qu’il
381
ur enseigne, si ce n’est ce qu’il a vécu, entendu
et
vu de ses yeux, son expérience la plus profonde, la seule chose dont
382
s de cette jeunesse ! J’étais un homme religieux,
et
c’est cela que je suis resté. Je l’affirme solennellement ! Toutes le
383
ellement ! Toutes les expériences sont possibles,
et
certaines sont merveilleuses… « On ne doit pas prêcher l’expérience !
384
», disent-ils. Que font-ils donc de Ses miracles,
et
des actions de ses apôtres, celles que j’ai vues et que j’atteste ! M
385
des actions de ses apôtres, celles que j’ai vues
et
que j’atteste ! Mais voilà… il y a eu ceci de plus, — et moi seul je
386
j’atteste ! Mais voilà… il y a eu ceci de plus, —
et
moi seul je puis en parler… Ou bien, est-ce que moi seul, je n’aurais
387
-là justement — rentrer dans le sein de sa mère !
Et
tous ces galopins viennent aujourd’hui prétendre que c’est cela seul
388
urd’hui prétendre que c’est cela seul qui compte,
et
qu’ils font table rase de tout le reste ! Comme s’ils étaient… Je ne
389
igent ! — mais j’ai fait l’expérience de l’amour,
et
c’est elle que je veux attester. Galopins ! voilà ce que vous êtes, —
390
ux attester. Galopins ! voilà ce que vous êtes, —
et
maintenant, je veux vous embrasser. Nicodème se leva, au milieu d’un
391
er. Nicodème se leva, au milieu d’un silence ému,
et
donna l’accolade à chacun. Puis il fit un grand geste de ses deux bra
392
ras levés, — comme pour bénir les circonstants, —
et
soudain, cachant sa figure vénérable, il sortit. ⁂ Cette scène, si im
393
éplique qu’il n’était pas question de s’en aller.
Et
Poupette passa les petits fours, avec un naturel parfait. Le monologu
394
pris en main le « monument » du professeur Monod,
et
s’amusait à lire à ses voisins certains passages qui éveillaient tant
395
us est le Fils de Dieu ? Nous sommes là en pleine
et
absolue certitude ; nous apercevons le sommet d’un gigantesque pylône
396
ant qui lisait referma brusquement le gros volume
et
s’exclama : « Si ce n’est pas là du catholicisme tout pur, je déclare
397
’appelle, en bonne scolastique, la grâce infuse !
et
si toute notre humanité est soumise à cette fécondation permanente pa
398
i ? L’imitation du Christ, c’est de mourir en lui
et
avec lui, — non pas de s’emparer de son message comme d’un prétexte à
399
ut à fait. » Le dirai-je ? Ce dialogue, ces rires
et
ces affirmations si délibérément tragiques ne firent qu’aviver en moi
400
re ces jeunes barthiens d’une part, si convaincus
et
si merveilleusement inconscients de l’insondable gravité de leurs par
401
ients de l’insondable gravité de leurs paroles, —
et
Mme Nicodème d’autre part, dont je craignais qu’elle n’approuvât que
402
À ce coup, je sentis le rouge me monter au front,
et
j’éclatai : « Non ! non ! et non ! ce n’est pas excellent du tout, c’
403
me monter au front, et j’éclatai : « Non ! non !
et
non ! ce n’est pas excellent du tout, c’est même tout simplement odie
404
c’est même tout simplement odieux ! m’écriai-je.
Et
je m’en voudrais plus que je ne puis dire d’avoir lâché cette méchant
405
d’Hamlet. « Être ou ne pas être », disait Hamlet.
Et
nous disons : mourir ou ne pas mourir. Mourir totalement, ou ne pas m
406
celle divine qui, selon les uns, subsiste en nous
et
pourrait rallumer d’un nouveau feu toute notre humanité, plus ou moin
407
rce qu’il ne veut parler que de ce qu’il a vécu —
et
je vous ferai remarquer qu’il a vécu, de fait, certaines expériences
408
ais, religieusement impossible ! Voilà l’angoisse
et
la folie de ceux qui défendent l’expérience, sachant bien, cependant,
409
décisive est justement la seule chose impossible
et
dont ils nient, en toute sincérité, qu’elle soit possible ! Ne riez p
410
ux spirituel dans le vieil homme, de grâce infuse
et
de radioactivité de l’Évangile ! Mais vous, avez-vous donc dépassé ce
411
ment terrifiantes, l’exigence de la mort au monde
et
à soi-même, comme s’il s’agissait là de thèses à imposer ! Nicodème l
412
che de dire sans nulle angoisse des choses folles
et
follement vraies. Je vous reproche tout simplement — de les dire ! et
413
Je vous reproche tout simplement — de les dire !
et
surtout de les dire contre quelqu’un. « Vous souvenez-vous de ce que
414
quelqu’un. « Vous souvenez-vous de ce que disait
et
répétait sans cesse Kierkegaard ? Être chrétien, c’est devenir contem
415
! Mais Nicodème aussi fut contemporain de Jésus.
Et
même il sut reconnaître en ce Jésus un docteur envoyé par Dieu ! « M
416
C’étaient bien là des expériences, n’est-ce pas ?
Et
l’expérience religieuse de ce grand docteur de l’Église avait bien su
417
périence, l’Unique — la seule chose nécessaire —,
et
un homme qui l’affirme unique, sans cependant pouvoir la vivre, et sa
418
’affirme unique, sans cependant pouvoir la vivre,
et
sachant qu’on ne peut la vivre. Entre celui qui affirme qu’on ne peut
419
Entre celui qui affirme qu’on ne peut pas mourir,
et
celui qui affirme l’exigence de la mort, il n’y a peut-être aucune di
420
e différence : car tous les deux sont des vivants
et
non des morts. Et comment osez-vous affirmer cette impossible exigenc
421
tous les deux sont des vivants et non des morts.
Et
comment osez-vous affirmer cette impossible exigence de la mort, si v
422
dire la vérité : Nous sommes tous des Nicodèmes !
et
jamais plus qu’en ce moment où nous condamnons Nicodème… Voilà pourqu
423
s sa rencontre nocturne, devienne aussi la nôtre,
et
nous ferme la bouche ! » J’avais parlé longtemps, et non sans fièvre.
424
nous ferme la bouche ! » J’avais parlé longtemps,
et
non sans fièvre. Je m’arrêtai soudain, plutôt confus de ma véhémence.
425
C’est pourquoi nous multiplions les commentaires,
et
par là même les malentendus. Et c’est aussi pourquoi nos disputes son
426
les commentaires, et par là même les malentendus.
Et
c’est aussi pourquoi nos disputes sont si vaines… Minuit sonna, dans
427
udain la parole comme nous allions nous séparer ;
et
je ne suis pas loin de croire qu’il exprima la vérité la plus certain
428
nom de cette angoisse, — justement, en son nom !
Et
non pas pour la condamner ou la nier dès le principe ! Car je reconna
429
faut d’abord l’avoir éprouvée jusqu’aux moelles,
et
que c’est là notre expérience religieuse, proprement dite. Mais nous
430
ieuse, proprement dite. Mais nous avons le devoir
et
la mission de proclamer que cette angoisse a été surmontée, une fois
431
de Nicodème trouve sa résolution dans le Baptême.
Et
nous confirmons ce Baptême chaque fois que nous prenons la Cène, comm
432
us prenons la Cène, communiant ainsi avec la mort
et
la résurrection de Jésus-Christ. Certes, ce n’est pas là une expérien
433
les sentiments que nous éprouvons lors du Baptême
et
de la Cène n’ont aucune espèce d’importance. Dieu fait pour nous, à c
434
Dieu fait pour nous, à ce moment, ce que Nicodème
et
tous les hommes reconnaissent qu’ils ne peuvent pas faire, — et c’est
435
mmes reconnaissent qu’ils ne peuvent pas faire, —
et
c’est pourquoi je pense qu’on ne doit pas s’opposer au baptême des en
436
insi donc, deux choses demeurent : Par le Baptême
et
la Communion dans la foi, tout est fait, — le salut est donné. Mais n
437
le salut est donné. Mais nous avons alors à dire
et
à prêcher ce que sont ce Baptême et cette Cène. Certes, ces paroles n
438
alors à dire et à prêcher ce que sont ce Baptême
et
cette Cène. Certes, ces paroles nous condamnent dans la mesure où nou
439
les prononçons sans foi, hors de toute « crainte
et
tremblement ». Mais elles n’en sont pas moins, comme le Baptême et co
440
Mais elles n’en sont pas moins, comme le Baptême
et
comme la Cène, dans la mesure où la foi les anime, l’événement centra
441
omesse de l’accomplissement en Christ — déjà venu
et
qui revient ! — de ce que nous espérons présentement, à la fois dans
442
espérons présentement, à la fois dans l’angoisse
et
dans la joie : la seule expérience nécessaire. Oui, cette expérience-
443
mpossible, c’est pour cela qu’il faut la croire !
Et
l’attester sans l’avoir vue. C’est pour cela qu’il faut prêcher, dans
444
est pour cela qu’il faut prêcher, dans la crainte
et
le tremblement, son espérance. ⁂ Nous nous séparâmes sur ces mots. Le
445
Sur une page de Bossuet (ou Tradition
et
Révélation) (janvier 1936)m Que nos amis catholiques nous permette
446
rait-il pas plus conforme à la probité historique
et
plus fécond pour la théologie de mettre en regard du catholicisme rom
447
protestantisme tout entier, luthérien, calviniste
et
wesleyen, voire anglican, dans ce qu’il a de spécifique et de commun
448
en, voire anglican, dans ce qu’il a de spécifique
et
de commun au sein de sa diversité ? L’on verrait mieux alors, que l’o
449
uvisy, entre « l’héritage du Christ » d’une part,
et
les dangers de déviations protestantes de l’autre23. L’on verrait mie
450
on réelle est entre la conception « évangélique »
et
la conception papale ; entre la foi à la Révélation parfaite et suffi
451
on papale ; entre la foi à la Révélation parfaite
et
suffisante, et le recours à la Tradition comme critère des révélation
452
re la foi à la Révélation parfaite et suffisante,
et
le recours à la Tradition comme critère des révélations évangéliques.
453
i au sein d’une Église obéissant à la Révélation,
et
une doctrine du salut par l’Église, par une Église qui prend barre su
454
corps ; tandis que Rome affirme que la tradition
et
le pape détiennent « le secret du Christ » lui-même. (L’expression es
455
épondra probablement que mon antithèse est forcée
et
que mes définitions de la position catholique ne sont pas formulées e
456
ture peut correspondre une objection de ce genre.
Et
pourtant, pour peu qu’on adopte la position des catholiques eux-mêmes
457
ue cette formule lui est tout à fait personnelle,
et
l’on m’oppose une thèse thomiste ; laquelle est, à son tour, contesté
458
concile qui aurait seul qualité pour m’éclairer,
et
qu’on ne saurait convoquer pour si peu, j’ai recours à quelque « Ench
459
s formules dogmatiques élaborées par les conciles
et
les bulles papales, donc simple catalogue de résultats, sans commenta
460
exemple, est bien complexe, bien contradictoire,
et
sous une apparence de précision rigide, bien propice aux interprétati
461
e toute « formulation chrétienne », les évangiles
et
les écrits apostoliques. Mais mon propos est ici simplement de répond
462
que, lequel, s’il ne veut pas se borner à la pure
et
simple copie des formules élaborées par les conciles, est bien forcé
463
u l’imprimatur !) ; 3° que ce n’est pas la lettre
et
la formulation des dogmes qui m’importent, mais la manière dont on en
464
ispose de critères qui ne sont pas tirés de lui26
et
au nom desquels elle a le droit de l’interpréter, voire de le contred
465
rères catholiques ont tant de peine à distinguer.
Et
comment la distingueraient-ils quand l’effort perpétuel et d’ailleurs
466
t la distingueraient-ils quand l’effort perpétuel
et
d’ailleurs émouvant de leur théologie est de combler tant bien que ma
467
temporel, Dieu de l’homme, la grâce de la nature,
et
la Révélation de notre raison ? Au point qu’on en arrive à se demande
468
de la Révélation, ne voile la réalité de l’abîme,
et
ne détourne les fidèles de cette seule chose nécessaire, de cette foi
469
s pour voiler, pour atténuer les scandales réels,
et
pour relier rationnellement ce que le péché a séparé. Est-ce que je m
470
? Si mes reproches leur paraissent porter à faux
et
révéler une simple méconnaissance des possibilités infinies d’interpr
471
enfin de mon erreur, je m’en réjouirai hautement.
Et
je me sentirai d’autant plus libre de leur demander sérieusement, c’e
472
n polémique, ce qu’ils pensent d’un texte précis,
et
comment il se fait que le pape n’ait jamais, que je sache, condamné B
473
on Église de séparer ce qu’il avait mis ensemble…
Et
non seulement l’Église a cessé de faire ce que Jésus-Christ avait fai
474
a cessé de faire ce que Jésus-Christ avait fait,
et
les apôtres suivi ; mais encore elle a pris la liberté d’interdire sé
475
recevant qu’une espèce, on ne reçoit qu’une cène
et
une communion imparfaites, c’est qu’on n’entend pas que c’est l’Églis
476
i doit être dispensé diversement, selon les temps
et
les conjonctures différentes. (Méditations sur l’Évangile, lve jour.
477
qu’on sépare ce que Jésus-Christ a mis ensemble,
et
qu’on donne le corps à manger sans donner en même temps le sang à boi
478
que l’Église fait. Instruite par le Saint-Esprit
et
par la tradition de tous les siècles, elle sait ce que Jésus-Christ a
479
, dont les travaux marient avec aisance théologie
et
humanisme, il me répondit simplement : « Bossuet ne saurait être tenu
480
t amener à poser la question d’une manière claire
et
nette, et à choisir. Car, enfin, si Bossuet, en écrivant cette page,
481
poser la question d’une manière claire et nette,
et
à choisir. Car, enfin, si Bossuet, en écrivant cette page, a déformé
482
de même que ceux qui lui donnèrent l’imprimatur.
Et
si Bossuet n’a pas déformé la vérité, pourquoi serait-on gêné par sa
483
rmules orthodoxes dans la conscience des fidèles,
et
des fidèles de ce pays de France dont on ne peut nier que Bossuet soi
484
ce qui ne l’était pas ? » La Réforme, par Luther
et
Calvin, répond : non, Dieu seul connaît ce qui est de Dieu. Pour nous
485
’il lui a plu de nous en révéler dans l’Écriture,
et
par l’action du Saint-Esprit, grâce auquel l’Écriture nous parle. Ser
486
pour être une fidèle interprète de ses volontés,
et
une sûre dispensatrice de ses sacrements ? » Décidément, nous sommes
487
suet, que vous n’entendez pas que c’est l’Église,
et
non pas la seule Écriture, qui sait le secret de Jésus-Christ ! — Et
488
Écriture, qui sait le secret de Jésus-Christ ! —
Et
d’où l’a-t-elle appris, si ce n’est de l’Écriture ? — Relisez-moi : «
489
? — Relisez-moi : « Instruite par le Saint-Esprit
et
par la tradition de tous les siècles, elle sait ce que Jésus-Christ a
490
ensemble, de cesser de faire ce qu’il avait fait,
et
les apôtres suivi, et même de condamner sévèrement cette pratique. »
491
faire ce qu’il avait fait, et les apôtres suivi,
et
même de condamner sévèrement cette pratique. » — Si nous comprenons b
492
ut le contraire de ce qu’il a dit ? — Exactement,
et
c’est là sa grandeur, ou, comme je l’écrivais, son grand pouvoir. » L
493
s l’origine du secret que l’Église, selon Bossuet
et
les conciles, détient et possède si bien qu’elle a sur lui ce jus uti
494
l’Église, selon Bossuet et les conciles, détient
et
possède si bien qu’elle a sur lui ce jus uti et abutendi qui, selon l
495
t et possède si bien qu’elle a sur lui ce jus uti
et
abutendi qui, selon le vieux droit romain, caractérise la propriété.
496
Christ, c’est « qu’instruite par le Saint-Esprit
et
par la tradition de tous les siècles, elle sait ce que Jésus-Christ a
497
les ? C’est, nous répond l’Enchiridion symbolorum
et
definitionum de Denzinger, « l’autre source » de la Révélation, la pr
498
jansénistes.) Puis les doctrines des théologiens,
et
surtout de Thomas d’Aquin (Encycl. de Benoît XV, en 1923, seulement !
499
ît XV, en 1923, seulement !). Voilà qui est clair
et
sans mystère : la tradition, ce sont des textes. On peut les lire, si
500
. On peut les lire, si l’on sait le latin, réunis
et
classés dans n’importe quel Enchiridion. Le catholique se tourne alor
501
hiridion. Le catholique se tourne alors vers nous
et
nous exprime une sorte de pitié : « À quoi s’appuiera le protestant,
502
de différencier de sa nature à lui, de son époque
et
de sa formation ? »30. Autrement dit, on nous plaint d’être abandonné
503
bjectivement » la vérité à l’homme « subjectif ».
Et
tout en mentionnant la Bible pour mémoire — « ces pâles écrits », dir
504
e, ce « vis-à-vis » de l’Église dont parle Barth,
et
auquel doit se rapporter sans cesse toute prédication vraiment fidèle
505
elle autorité se fonde-t-elle ? Sur les conciles.
Et
ceux-ci à leur tour ? Prenons le concile de Trente : « Sacrosancta œc
506
ns le concile de Trente : « Sacrosancta œcumenica
et
generalis Tridentina Synodus in Spiritu sancto legitime congregata… »
507
Synodus in Spiritu sancto legitime congregata… »,
et
, plus loin : « Itaque ipsa Synodus a Spiritu sancto… edocta… declarat
508
e Saint-Esprit sera-t-il contrôlé, si j’ose dire,
et
« différencié de la nature » des prélats, de leur époque et de leur f
509
rencié de la nature » des prélats, de leur époque
et
de leur formation ? Par la Bible ? En principe, oui. Mais le principe
510
au être affirmé en droit, il est en fait négligé,
et
à tel point négligé qu’il n’y aura pas grand-chose à faire pour le ru
511
ture ne peut être interprétée que selon l’Église,
et
en particulier selon les décisions du concile de Trente. La tradition
512
ment « politique »… Le second terme, vrai en soi,
et
que nous croyons de toute notre foi31, devient faux et ne traduit qu’
513
e nous croyons de toute notre foi31, devient faux
et
ne traduit qu’un subjectivisme absolu dès qu’on le sépare de l’Écritu
514
la Cène, c’est toute la question de la tradition
et
par là même de la Révélation. Résumons brièvement ce développement :
515
vu que, pratiquement, la tradition est index sui
et
falsi. On se demande alors sur quelle base « objective » ou « subject
516
il pas vicieux ? Le scandale de cette innovation (
et
de tant d’autres) serait-il devenu moins grand, avec le temps, qu’il
517
aux catholiques ? Pourtant, je les sens inquiets,
et
c’est pourquoi j’espère. ⁂ L’inquiétude catholique procède de ce dout
518
e l’Écriture parle, qu’elle parle clairement, ici
et
maintenant, que je la croie, que je lui obéisse et qu’elle me sauve ?
519
t maintenant, que je la croie, que je lui obéisse
et
qu’elle me sauve ? Frères catholiques, à la question que vous adresse
520
e à son chef, qui lui fut révélé dans l’Écriture,
et
non ailleurs. Il reste à dire ceci : Et nous, croyons-nous assez « sé
521
Écriture, et non ailleurs. Il reste à dire ceci :
Et
nous, croyons-nous assez « sérieusement » cela ? Croyons-nous assez s
522
ontre Luther qui traînent dans les hebdomadaires,
et
dont la recrudescence actuelle ne fait honneur ni à l’information, ni
523
t qu’il atteste la « vérité » des dogmes ! Hegel,
et
Spinoza, et Marx ne sont-ils pas plus « cohérents » que toute dogmati
524
ste la « vérité » des dogmes ! Hegel, et Spinoza,
et
Marx ne sont-ils pas plus « cohérents » que toute dogmatique ? Comme
525
as plus qu’on ne peut faire une synthèse de l’eau
et
du feu sans éteindre le feu. Celui qui affirmerait y être parvenu ne
526
Trid. Conclusio, Sessio XXI (16 juli 1562) Cap. 1
et
2, et Canones 1 et 2. La seule raison alléguée par ce concile pour in
527
Conclusio, Sessio XXI (16 juli 1562) Cap. 1 et 2,
et
Canones 1 et 2. La seule raison alléguée par ce concile pour interdir
528
ssio XXI (16 juli 1562) Cap. 1 et 2, et Canones 1
et
2. La seule raison alléguée par ce concile pour interdire la communio
529
lle-ci : Jésus a dit : « Celui qui mange ma chair
et
qui boit mon sang a la vie éternelle », mais il a dit néanmoins (dixi
530
ui mange ce pain vivra éternellement » (Jean 6:55
et
6:59). On n’ose pas demander aux catholiques ce qu’ils pensent réelle
531
été amenée par des raisons justes (iustis causis
et
rationibus) à cette décision dogmatique (Canon 2). 29. « Ce grand Do
532
t-Esprit. » 33. L’acte de la grâce, l’acte libre
et
parfait de la libre grâce que Dieu nous fait ; et non point cette inf
533
et parfait de la libre grâce que Dieu nous fait ;
et
non point cette infusio, ce principium divinum que Rome appelle grâce
534
Denis de, « Sur une page de Bossuet (ou Tradition
et
Révélation) », Hic et Nunc, Paris, janvier 1936, p. 8-18.