1 1932, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Hic et nunc [éditorial] (novembre 1932)
1 Hic et nunc [éditorial] (novembre 1932) a b Il existe — hic et nunc — un certain nombre de choses à dire, un
2 porel, il y a lieu et ordre d’attester que nous n’ avons rien mérité, sinon la colère de Dieu. En face de morales de plus en p
3 moquent des hommes et ne voient même pas qu’ils n’ ont plus de réponses à offrir à leurs perpétuelles et urgentes questions 
4 hies qui de Descartes à Kant, ou de Hegel à Marx, ont cru pouvoir nous sauver de l’angoisse en fondant l’être humain sur so
5 st pas aux hommes que nous disons : nous voici. a . Rougemont Denis de, « Hic et nunc », Hic et Nunc, Paris, novembre 1
2 1932, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Principe d’une politique du pessimisme actif (novembre 1932)
6 ement aveuglante et même insupportable, si nous n’ avions le Christ, seul médiateur et seul espoir, seulement accessible au plu
7 t définies les trois hérésies politiques que nous avons à dénoncer. 1° L’hérésie pessimiste abandonne à lui-même un monde qui
8 nd absurde le fait même d’être né, c’est-à-dire d’ avoir été « mis au monde ». 2° L’hérésie optimiste constate au contraire qu
9 thétiques « possibles », imposantes, établies. Qu’ aurions -nous à leur opposer ? Tout notre espoir est dans un désespoir telleme
10 vidualiste, les autres — ou parfois les mêmes — d’ avoir sécrété la mystique du capitalisme américain. Les uns l’accusent de l
11 oi, participer à un effort politique quelconque ? Ayons le courage de l’affirmer ; il n’est pas de réponse à cette question p
12 e s’équivalent et peuvent s’annuler. La logique n’ a le droit de conclure qu’à partir de concepts réduits au même ordre, m
13 rmi les hommes tels qu’ils sont, — des hommes qui ont besoin d’une politique pour suppléer à leur faiblesse, qui ont besoin
14 une politique pour suppléer à leur faiblesse, qui ont besoin tout autant qu’on leur montre la vanité d’une chose si nécessa
15 us les livres d’histoire. Les peuples calvinistes ont été les plus « actifs » des temps modernes. Il s’est même produit cec
16 ment). C’est ainsi que ces activistes désorientés ont développé le capitalisme, symbole même de l’action dépourvue de fins
17 ue celle qui consisterait à reprocher à Euclide d’ avoir permis le développement de l’artillerie moderne et son utilisation cr
18 é, de coton et d’obus. En face des idoles, il n’y a que deux attitudes possibles : les adorer ou les fracasser. (Il y ava
19 ien peintes ! (ou mal). — Pauvre type ! Peut-être aurai -je pourtant la force d’avoir pitié de toi, quand tu grinceras des den
20 vre type ! Peut-être aurai-je pourtant la force d’ avoir pitié de toi, quand tu grinceras des dents sous le genou de ces démon
21 ordres de la foi sont absolus — ni réformistes, n’ ayant rien qui nous assure de l’action continue de la foi. Je songe ici à l
22 lesquelles l’homme cherche sa sécurité, et qui n’ ont pas de vérité. ⁂ La plus grande liberté d’action et de révolution est
23 es. Et puis rester aux ordres de l’esprit. Nous n’ avons pas à prendre d’assurances sur l’avenir. Nous n’avons pas à nous gara
24 s pas à prendre d’assurances sur l’avenir. Nous n’ avons pas à nous garantir à l’avance par un programme, si « chrétien » qu’o
25 du désespoir : le moment décisif, l’acte. Elle n’ a de sens, pour nous, que parce qu’il y a la foi. c. Rougemont Denis
3 1933, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Solutions pratiques ? (mars 1933)
26 es ? (mars 1933)d Beaucoup de personnes, après avoir lu notre premier cahier, nous ont écrit ceci : « Quelles solutions pr
27 sonnes, après avoir lu notre premier cahier, nous ont écrit ceci : « Quelles solutions pratiques apportez-vous ? On voudrai
28 us ? On voudrait quelque chose de positif… » Nous avons accueilli cette question de la façon dont nous voudrions que toutes l
29 e question est justifiée par le fait même qu’elle a surgi à l’occasion de ce que j’écris ; il s’agit, avant que d’y répon
30 ctoral qui peut être utile à son heure, mais nous avons tout autre chose à faire. Nous ne cherchons pas à avoir raison contre
31 tout autre chose à faire. Nous ne cherchons pas à avoir raison contre quelqu’un : l’esprit de vérité n’est à personne. Bien s
32 ’on se borne à répondre à leurs mots, alors qu’il eût fallu répondre à un tourment réel, maladroitement exprimé par ces mot
33 osent parce qu’elle se pose à eux-mêmes. Il n’y a pas de solutions, — il y a des ordres 1. Celui qui veut vraiment a
34 Un homme qui est dans la foi sait bien qu’il n’y a pas à demander de « solutions pratiques », car la foi est précisément
35 « discutables, certes, mais positives ». Si nous avions écrit, dans notre premier numéro, que la solution des problèmes socia
36 général et sans condition, beaucoup de personnes auraient trouvé, qu’enfin ! nous apportions quelque chose de « positif » ! Com
37 de cette « foi » que nous prétendions posséder ? Aurions -nous l’honnêteté de reconnaître qu’en réalité nous n’avions rien, — p
38 s l’honnêteté de reconnaître qu’en réalité nous n’ avions rien, — puisque la foi, précisément, c’est cette force qui me dit : «
39 x vaudrait cent-mille fois s’écrier : « Non, je n’ ai pas la foi ! » et alors vraiment prier de toute sa pauvreté, plutôt q
40 auvreté, plutôt que de dire, comme certains : « J’ ai la foi, mais dites-moi ce qu’il faut que j’en fasse ? » Car, où la fo
41 ni le pourquoi, ni le « vers quoi » de notre vie, ayant perdu la clef de l’Origine et de la Fin, qu’il s’agisse de notre exis
42 re leur est venue dans cette nuit ? Est-ce qu’ils ont , eux, la clef du mystère ou du scandale ? Non, je ne le crois pas. Je
43 andale ? Non, je ne le crois pas. Je dirai qu’ils ont mieux que cela. Ils savent simplement ce qu’il faut faire dans cette
44 la lumière à la mesure de leur obéissance. Ils n’ ont donc pas reçu une révélation ésotérique, que l’homme d’aujourd’hui, s
45 it pas capable de supporter, d’interpréter. Ils n’ ont pas davantage reçu une révélation éthique, un étalon universel fourni
46 en et du mal en toute chose. La révélation qu’ils ont reçue et qu’ils reçoivent est purement « pratique », c’est-à-dire imm
47 i qui demande : que dois-je faire ? le chrétien n’ a donc rien à répondre, en principe. Il ne peut que renvoyer à la seule
48 si vous demandez des solutions pratiques, vous n’ avez pas compris la gravité du cas humain. Nous n’avons à guérir personne,
49 avez pas compris la gravité du cas humain. Nous n’ avons à guérir personne, mais à montrer que la maladie est sérieuse, si sér
50 onse, vous y offrant sans défenses humaines. Nous avons aussi, à ce moment, à montrer que les rôles se renversent dès qu’on r
51 ienter celui qui s’imagine être debout quand il n’ a fait que truquer les repères ; désespérer les optimistes en leur mont
52 istes en leur montrant de quel prix dérisoire ils ont cru payer leur salut, — telle est la seule tâche véritablement positi
4 1933, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Dialectique des fins dernières (juillet 1933)
53 plus moderne, la littérature universelle semble n’ avoir voulu mettre en figures nos désirs et nos ambitions que pour mieux no
54 un processus qui nie l’acte et le risque. Il n’y a plus qu’à compter un, deux, trois, comme le dit Kierkegaard dans La R
55 qui ne paraît point faire de doute. Ailleurs4, j’ ai pu marquer mon choix et quelles conséquences il entraîne dans l’ordre
56 e paradoxe est bien réel, s’il est bien tel que l’ ont formulé un Paul, un Luther, un Calvin, ce sont alors ces appréciation
57 e nous reste — émouvant spectacle pour ceux qui n’ ont pas le vertige — qu’à rapporter constamment ces deux attitudes l’une
58 ie d’ailleurs bien équivoque, puisque tout cela n’ a de réalité que dans l’instant éternel, dans le contact mortel du temp
59 l Barth, se rapporte aux réalités dernières. Qu’y a-t -il donc entre ce non dernier et tous nos sic et non ? Qu’y a-t-il ent
60 ntre ce non dernier et tous nos sic et non ? Qu’y a-t -il entre cette condamnation globale et tous les jugements quotidiens
61 mort, et notre acceptation de cette mort. Et qu’y a-t -il entre ce oui dernier et tous nos sic et non, qu’y a-t-il entre cet
62 entre ce oui dernier et tous nos sic et non, qu’y a-t -il entre cette justification totale et toutes les affirmations orguei
63 victoire éternelle. ⁂ Loin de moi la prétention d’ avoir , par ces quelques traits schématiques, voulu décrire une dialectique
64 qui juge tous nos mots. Je voudrais simplement en avoir dit assez pour qu’il soit inutile d’insister davantage sur ce fait :
65 e, ces mots désignent des réalités éthiques qui n’ ont rien de commun avec l’acte, le risque et le choix dont parle la théol
66 la théologie dans sa dialectique absolue. Il n’y a plus ici d’opération réelle que par la Parole de Dieu : acte de la Pa
67 Augustin : « Tu ne Me chercherais pas si tu ne m’ avais déjà trouvé. » 4. Dans les travaux du groupe politique et philosoph
5 1933, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Poésie dialectique (juillet 1933)
68 ion de cet hymne, dont nous nous sommes inspirés, a paru dans la Nouvelle Revue française du 1er avril 1923 (trad. Jean d
69 done » (vers 5) peut signifier aussi : « Quand tu auras ce Donne, tu n’auras pas encore Donne. » Et au troisième vers de la d
70 signifier aussi : « Quand tu auras ce Donne, tu n’ auras pas encore Donne. » Et au troisième vers de la dernière strophe, Sonn
71 ymne à dieu le père Pardonneras-tu ce péché où j’ ai pris naissance, Ce péché mien, bien qu’avant moi commis ? Pardonneras
72 core le cours, bien que je les déplore ? Quand tu auras fini, tu n’auras rien fini Car il y a plus. Pardonneras-tu ce péché
73 en que je les déplore ? Quand tu auras fini, tu n’ auras rien fini Car il y a plus. Pardonneras-tu ce péché par lequel j’ent
74 péché leur porte ? Pardonneras-tu ce péché que j’ ai fui Un an ou deux, où vingt ans j’ai croupi ? Quand tu auras fini, tu
75 péché que j’ai fui Un an ou deux, où vingt ans j’ ai croupi ? Quand tu auras fini, tu n’auras rien fini, Car il y a plus.
76 n an ou deux, où vingt ans j’ai croupi ? Quand tu auras fini, tu n’auras rien fini, Car il y a plus. J’ai un péché de peur 
77 vingt ans j’ai croupi ? Quand tu auras fini, tu n’ auras rien fini, Car il y a plus. J’ai un péché de peur : mourrai-je sur
78 fini, tu n’auras rien fini, Car il y a plus. J’ ai un péché de peur : mourrai-je sur la rive Lorsque mon dernier fil aur
79  : mourrai-je sur la rive Lorsque mon dernier fil aura été filé ? Oh ! Jure par toi-même qu’à ma mort ton Soleil Resplendira
80 comme aujourd’hui, et à jamais ! Et cela fait, tu as fini, Je n’ai plus peur. John Donne f. Rougemont Denis de, « Po
81 hui, et à jamais ! Et cela fait, tu as fini, Je n’ ai plus peur. John Donne f. Rougemont Denis de, « Poésie dialectiq
6 1934, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Grammaire de la personne (janvier 1934)
82 que — et les idéalistes — en philosophie — nous l’ ont légué, c’est l’homme qui n’a pas de prochain et qui n’est le prochain
83 ilosophie — nous l’ont légué, c’est l’homme qui n’ a pas de prochain et qui n’est le prochain de personne. Ou encore, comm
84 Quand cesserons-nous d’agiter des problèmes qui n’ ont jamais été notre problème ? Car un problème n’est jamais réel que pou
85 ésoudre au concret, ou bien périr par lui. Il n’y a pas au monde un seul problème dont la réalité dernière, dont l’existe
86 que ou religieuse qu’on voudrait. Mais l’individu a vécu, nous dit-on… Il faut craindre la mort des mythes : elle n’est j
87 ou du groupe qui domine la moitié de l’Europe, n’ a pas d’origine plus certaine que ce renversement de l’individualisme.
88 es données me sont extérieures, certes. Mais je n’ ai pas à les connaître autrement que par la question concrète qu’elles m
89 l’expression de leurs rapports spécifiques. Elle a son centre en chacune des personnes qui la composent, et n’est pas dé
90 acun d’eux, le tu es devenu le nous, c’est-à-dire a cessé d’être le vis-à-vis qui pose une question directe, — le prochai
91 qui pose une question directe, — le prochain. Il a cessé d’être un des pôles de la personne. Le nous n’est rien qu’un bi
92 es automates. ⁂ Les partisans du nous, en vérité, ont fait erreur sur la personne. Si la personne est la mise en question d
93 excellence. J’espère toutefois que le lecteur les aura transposées dans une actualité dont le moins qu’on puisse dire est qu
94 apport de l’homme à son Créateur. Le Droit romain a peut-être raison de refuser à mon voisin le pouvoir de me questionner
95 e pouvoir de me questionner, puisque ce pouvoir n’ a pas d’autre fondement que l’ordre révélé par Jésus-Christ. Si le tu a
96 ent que l’ordre révélé par Jésus-Christ. Si le tu a le droit de venir troubler ma quiétude, n’est-ce pas, en définitive,
97 à tel instant, le symbole réel de Celui qui nous a dit : « En vérité, toutes les fois que vous avez fait cela à un seul
98 ous a dit : « En vérité, toutes les fois que vous avez fait cela à un seul des plus petits parmi mes frères que voici, c’est
99 armi mes frères que voici, c’est à moi que vous l’ avez fait. » Et si ce tu, non seulement possède le droit d’être reçu par m
7 1934, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Précisions sur la mort du Grand Pan (avril 1934)
100 ile. La plénitude du monde est un événement. Elle a son lieu dans la question que nous adressent les créatures, lorsque n
101 et des menaces qui surgissent dès qu’il dit je, n’ a pas d’autre mouvement que la peur ou l’amour. Non qu’il ait à choisir
102 autre mouvement que la peur ou l’amour. Non qu’il ait à choisir : déjà il fuit, déjà il s’offre. C’est le je qui est choix.
103 prises avec lui-même. Autarchie rationnelle. Il a mauvaise conscience. « De la raison considérée comme un assassinat »,
104 e sens exact ? Ainsi se défend la Logique. Elle n’ a pas tort. L’enfer logique est sans défaut. Le sens exact d’une questi
105 donné que par la réponse. Mais l’homme antique n’ a pas en lui de quoi répondre à la Nature : il est lui-même une questio
106 te qui s’adresse, en lui, à ce pouvoir qu’il sait avoir perdu ? La Nature se révolte en désordre. Elle veut la mort de l’homm
107 mour ? Mais serait-ce amour ou défi ? Empédocle n’ a rien sauvé. Je garde ma raison. Et, pour le reste, sacrifions aux die
108 elle s’adresse en lui à ce qui de lui ressuscite, ayant reçu et accepté la mort. Il peut aimer : ce n’est plus un défi, c’est
109 l’homme, séparé de Dieu. Pourtant le dernier mot a été prononcé. ⁂ L’effort de l’homme pour imposer au monde — mais sans
110 nalisme scientifique. Les progrès de la technique ont supprimé définitivement la question. La Nature n’est plus que matière
111 le conscience effective. Seul, le désir qu’il dit avoir de « communier » avec la Nature, révèlerait encore qu’il pressent une
112 un des tours communs de l’orgueil romantique. On a coutume d’en rendre Rousseau responsable. Mais c’est à ses disciples
113 disciples qu’il faudrait s’en prendre. Rousseau n’ a pas trompé sur son état. Le sentiment extatique de la nature, dans la
114 n’est pas recommandable, sauf à l’infortuné qu’on a « retranché de la société humaine, et qui ne peut plus rien faire ici
115 age que le plan d’une possible stratégie12 : nous aurons deux images d’un semblable égarement. Cette espèce-là de paganisme ra
116 e existentiel de la question. Un seul, peut-être, a pressenti le sens chrétien de la Nature, c’est Benjamin Constant : on
117 ; et que le panthéisme, par un paradoxe dont nous avons tenté de suivre la logique fatale, isole l’individu dans un monde dés
118 Nul écrivain contemporain mieux que C. F. Ramuz n’ a su replacer l’homme dans la perspective biblique de la Création. Il f
119 les réalités eschatologiques. 14. « La nature n’ a point fait de l’homme un être isolé, destiné seulement à cultiver la
120 ulement à cultiver la terre et à la peupler, et n’ ayant avec tout ce qui n’est pas de son espèce que les rapports arides et f
121 entre tous les êtres moraux et physiques. Il n’y a personne, je le pense, qui, laissant errer ses regards sur un horizon
122 t les yeux vers le firmament parsemé d’étoiles, n’ ait éprouvé une sorte d’émotion qu’il lui était impossible d’analyser ou
123 s voix descendent du haut des cieux…, il semble y avoir je ne sais quoi de prophétique dans le vol pesant du corbeau, dans le
8 1934, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Éditorial (juillet 1934)
124 ce théologien, et affirmer innocemment qu’il n’y a rien de bien nouveau dans ce message ; que c’est là ce qu’ils ont tou
125 nouveau dans ce message ; que c’est là ce qu’ils ont toujours dit. Ainsi le sel perd sa saveur. Les ravages de cette indif
126 e seul avantage de cette situation, c’est qu’elle a quelque peu immunisé les fidèles contre les fausses doctrines moderni
127 octrines modernistes. Malgré ce que certains leur ont prêché16, il se trouve encore des protestants pour ne pas croire que
128 ous, impies ? Peut-être le fidèle d’aujourd’hui n’ a-t -il plus, comme ses pères, la crainte païenne de se présenter à la tab
129 es qui fourmillent dans la croyance moderne. Nous avons eu le tort, souvent, d’attaquer des erreurs auxquelles bien des fidèl
130 fourmillent dans la croyance moderne. Nous avons eu le tort, souvent, d’attaquer des erreurs auxquelles bien des fidèles
131 aux vérités qui les réfutent. D’autres fois, nous avons parlé trop haut, à cause de quelques sourds, indisposant ceux qui ne
132 une absence de théologie également orgueilleuses ont cruellement privé tant de chrétiens de bonne volonté. Scientifiquemen
9 1935, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Les trois temps de la Parole (mai 1935)
133 Christ s’est atténué. Cette longue tradition nous aurait habitués à admettre que l’homme Jésus était aussi le Christ. Ainsi l’
134 la forme polémique et non systématique qu’il lui a donnée, peut prêter à de graves malentendus. À celui-ci en particulie
135 ence de la « contemporanéité » de Kierkegaard. Il a bien pour objet de nous rendre, d’une façon ou d’une autre, « contemp
136 e fait : c’est qu’entre le Christ et nous, il n’y a pas 19 siècles, mais une éternité ; il n’y a pas une certaine quantit
137 n’y a pas 19 siècles, mais une éternité ; il n’y a pas une certaine quantité de temps et d’histoire, mais l’abîme absolu
138 abîme absolu d’une différence de qualité ; il n’y a pas une distance, mais une rupture — notre péché. Or, le péché, c’est
139 , le temps de Jésus-Christ, le temps de celui qui a été annoncé aux prophètes et aux apôtres pour qu’ils en témoignent en
140 s du Dieu vivant. » Or, ni la chair, ni le sang n’ auraient pu lui faire dire cette parole (Matt. 16, 17). C’est Dieu lui-même qu
141 vons devenir contemporains de sa Parole. Nicodème a beau vivre en même temps que le Christ : il ne le reconnaît pas, il n
142 ’est pas son contemporain. Les disciples d’Emmaüs ont beau cheminer aux côtés du Christ : ils ne deviennent ses contemporai
143 qu’il ne s’agit là que d’un schéma. Certes, et j’ ai dû schématiser encore les pages que Barth consacre à ce problème. Mai
144 là pour résoudre concrètement nos problèmes. Elle a pour but de les poser, de nous donner un instrument critique qui nous
145 u de ses témoins bibliques ; 2° qu’ils ne peuvent avoir d’utilité que s’ils concrétisent à nos yeux les limites de nos imagin
146 uand nous parlons des témoins de la Bible, nous n’ avons pas à nous préoccuper outre mesure d’exactitude historique, archéolog
147 cal que nous plaçons les essais qui suivent. Nous avons voulu confronter avec les témoins de la Bible, les « problèmes » — le
148 distinguer des philosophes « existentiels », qui ont mis à toutes les sauces humanistes et romantiques la notion, chère à
149 onnages soient vêtus comme jamais aucun juif ne l’ a été. k. Rougemont Denis de, « Les trois temps de la Parole », Hic e
10 1935, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Soirée chez Nicodème (mai 1935)
150 u nom de quoi ? Au nom de l’expérience que vous n’ avez pas d’expérience ! W. Monod, Le Problème du Bien, I, p. 512. Nous a
151 W. Monod, Le Problème du Bien, I, p. 512. Nous avions dîné chez Nicodème, et l’on apportait le café. Nicodème — vous ne l’i
152 e apparaître par une simple question de bon sens, a fait toute la célébrité. On se plaît à le dire : il n’a pas d’âge. Sa
153 toute la célébrité. On se plaît à le dire : il n’ a pas d’âge. Sa barbe blanche et ses joues roses, son grand front d’hum
154 elui qu’un de mes amis, effrayé de son humanisme, a baptisé l’homme qui ne veut pas mourir ? » — Il y a des gens qui ont
155 qui ne veut pas mourir ? » — Il y a des gens qui ont le sens de la gaffe, et le sort, je le crains, a voulu que j’en fusse
156 nt le sens de la gaffe, et le sort, je le crains, a voulu que j’en fusse. Mais Nicodème, par bonheur, « sait vivre » mieu
157 désobligeant, — si ! si ! ne vous excusez pas, j’ ai surmonté depuis longtemps toute espèce d’amour-propre en ces matières
158 tres dans l’ouvrage de M. Monod. Vous savez qu’il a 3000 pages. Mais que dites-vous de ces deux phrases qui me sont tombé
159 t se dépouiller de son humanité. » Par malheur, j’ ai oublié la référence. Nicodème. — Peu importe. C’est en effet, très e
160 diant. — Tenez, je tombe sur le passage dont vous aviez perdu la référence. Permettez-moi de vous le lire. C’est à la page 51
161 lire. C’est à la page 512 du premier tome : « … n’ avoir pas fait une expérience est à la portée d’un quelconque. À ceux qui p
162 u nom de quoi ? Au nom de l’expérience que vous n’ avez pas d’expérience… » Mme Nicodème. — Comme c’est bien dit ! Ce M. Mon
163 me Nicodème. — Comme c’est bien dit ! Ce M. Monod a vraiment le don de la formule. Et quelle charité dans tout ce qu’il é
164 s ? La seule expérience qu’on fait, c’est qu’on n’ a pas d’expérience… Je n’osais pas le dire, mais c’est ce que je sens p
165 des autres. On s’imagine qu’on est la seule qui n’ a pas fait ces expériences. À la fin, c’est déprimant ! Nicodème. — Ma
166 ue et chaque jour expérimentée tout à nouveau ! J’ ai connu des évangélistes qui avaient fait d’admirables expériences, et
167 tout à nouveau ! J’ai connu des évangélistes qui avaient fait d’admirables expériences, et leurs récits t’eussent fait le plus
168 fait d’admirables expériences, et leurs récits t’ eussent fait le plus grand bien. Certes, il y a des abus partout, mais de là
169  ! N’est-ce pas au récit de ses miracles que je l’ ai reconnu ? Un miracle, voilà une expérience, une sublime expérience !
170 ue que je fus tenté de lui donner raison. Et je l’ eusse fait avec plaisir si les arguments invoqués à l’appui de sa thèse, as
171 ents invoqués à l’appui de sa thèse, assez juste, eussent été d’une autre nature que ceux de M. Dürrleman… Je ne sais si vous s
172 par-dessus le marché. Or, le ton de cette soirée avait été jusqu’à ce moment des plus polis, peut-être même trop poli. Je ne
173 t-être même trop poli. Je ne sais trop pourquoi j’ ai toujours l’impression qu’une certaine politesse bourgeoise stérilise
174 imental et, par instant, grandiloquent : Poupette avait les joues en feu et approuvait à tout hasard tantôt l’un tantôt l’aut
175 alvin, qui écrivait en latin des choses que Barth a mieux comprises que Sabatier, tantôt l’humble bon sens de M. Monod, t
176 tuelle dans les entretiens de l’élite. Soudain, j’ eus une idée paradoxale : je proposai de lire l’Évangile. Je m’emparai d’
177 , ce que nous savons nous le disons ; ce que nous avons vu nous l’attestons ; et vous ne recevez pas notre témoignage. » Un s
178  …Ce que nous savons, nous le disons. Ce que nous avons vu, nous l’attestons… » Mais que sais-je ? Et qu’ai-je donc vu ?… C’é
179 vu, nous l’attestons… » Mais que sais-je ? Et qu’ ai -je donc vu ?… C’était bien moi !… Moi, Nicodème, docteur et professeu
180 octeur et professeur des choses de Dieu… Ce que j’ ai vu et entendu c’est cela qu’il me faut attester… Et je l’atteste ! Ou
181 e heure… Car elle viendra, cette heure absurde. J’ ai vu… Mais qu’ai-je donc vu ?… J’ai vu que l’homme ne peut pas se dépou
182 le viendra, cette heure absurde. J’ai vu… Mais qu’ ai -je donc vu ?… J’ai vu que l’homme ne peut pas se dépouiller de son hu
183 eure absurde. J’ai vu… Mais qu’ai-je donc vu ?… J’ ai vu que l’homme ne peut pas se dépouiller de son humanité, et je le di
184 icodème, et moi j’étais devant Celui… Celui qui m’ a coupé la parole, durement : « En vérité, en vérité, je te le dis ! »…
185 é, je te le dis ! »… Ô mes amis, qui d’entre vous a fait une telle expérience ? N’est-ce pas assez « existentiel », peut-
186 e pas assez « existentiel », peut-être ? Ce que j’ ai vu, ce que j’ai su, oui c’est cela que j’atteste et professe, et que
187 istentiel », peut-être ? Ce que j’ai vu, ce que j’ ai su, oui c’est cela que j’atteste et professe, et que voulez-vous donc
188 c qu’un professeur enseigne, si ce n’est ce qu’il a vécu, entendu et vu de ses yeux, son expérience la plus profonde, la
189 e puisse pas parler ?… Des expériences. Oui, j’en ai fait bien d’autres. J’en parle aussi, j’ai le droit d’en parler… À mo
190 , j’en ai fait bien d’autres. J’en parle aussi, j’ ai le droit d’en parler… À mon âge, j’en ai même le devoir, vis-à-vis de
191 aussi, j’ai le droit d’en parler… À mon âge, j’en ai même le devoir, vis-à-vis de cette jeunesse ! J’étais un homme religi
192 cles, et des actions de ses apôtres, celles que j’ ai vues et que j’atteste ! Mais voilà… il y a eu ceci de plus, — et moi
193 uis en parler… Ou bien, est-ce que moi seul, je n’ aurais pas ce droit ? J’ai fait une expérience de plus, j’ose le dire ! Ah !
194 est-ce que moi seul, je n’aurais pas ce droit ? J’ ai fait une expérience de plus, j’ose le dire ! Ah ! vous savez trop ce
195 s blasphémer. Il faut aussi que je les aime. Je n’ ai pas fait cette expérience qu’ils exigent — oui vraiment on dirait que
196 on dirait que c’est eux qui l’exigent ! — mais j’ ai fait l’expérience de l’amour, et c’est elle que je veux attester. Gal
197 rfait. Le monologue de Nicodème ne paraissait pas avoir fait grande impression sur cette enfant, trop habituée sans doute à l
198 la confession paternelle. Un des jeunes étudiants avait repris en main le « monument » du professeur Monod, et s’amusait à li
199 éponses aux objections des humanistes : “Christ n’ a pas cru pouvoir sauver les hommes autrement qu’en mourant pour eux”.
200 ’aviver en moi l’espèce d’angoisse sur laquelle m’ avait laissé le monologue de Nicodème. Au point que tout d’abord, je n’osai
201 s une sorte de honte… La confession de Nicodème m’ avait profondément ému, en dépit de cette légère pointe de cabotinage pieux
202 e. Et je m’en voudrais plus que je ne puis dire d’ avoir lâché cette méchante boutade, si elle vous est une occasion de triomp
203 mpher, ici, dans la maison de Nicodème ! Tenez, j’ ai l’impression, depuis que nous nous sommes mis à discuter, qu’aucun de
204 ence ? Parce qu’il ne veut parler que de ce qu’il a vécu — et je vous ferai remarquer qu’il a vécu, de fait, certaines ex
205 e qu’il a vécu — et je vous ferai remarquer qu’il a vécu, de fait, certaines expériences dont nous n’avons qu’une pâle id
206 vécu, de fait, certaines expériences dont nous n’ avons qu’une pâle idée. Il affirme qu’il est un homme religieux. Il a raiso
207 idée. Il affirme qu’il est un homme religieux. Il a raison ! La seule religion qui tienne, c’est la religion vécue, c’est
208 p, voilà qu’il ne sait plus ce qu’il dit ! Vous l’ avez entendu tout à l’heure. Il répétait : Qu’est-ce que j’ai vu ? Qu’est-
209 ndu tout à l’heure. Il répétait : Qu’est-ce que j’ ai vu ? Qu’est-ce que j’ai donc vécu, pendant cette fameuse nuit ?… Tout
210 épétait : Qu’est-ce que j’ai vu ? Qu’est-ce que j’ ai donc vécu, pendant cette fameuse nuit ?… Toute son expérience échouai
211 se et de radioactivité de l’Évangile ! Mais vous, avez -vous donc dépassé cette angoisse ? Vraiment, l’avez-vous surmontée ?
212 ez-vous donc dépassé cette angoisse ? Vraiment, l’ avez -vous surmontée ? Quelquefois, lorsque je vous entends, il me semble q
213 . Mais vous tenez le mot d’une énigme qui ne vous a pas longtemps empêchés de dormir ! C’est en tous cas ce que le ton de
214 ici au nœud de ce mystère étourdissant. Nicodème a reconnu un prophète, il l’a formellement reconnu. Il est allé le voir
215 tourdissant. Nicodème a reconnu un prophète, il l’ a formellement reconnu. Il est allé le voir, parce qu’il savait que ce
216 de Dieu”. Comment le savait-il ? Parce qu’on lui avait dit quels miracles faisait Jésus. C’étaient bien là des expériences,
217 rience religieuse de ce grand docteur de l’Église avait bien su les reconnaître. C’était conforme à sa théologie, on pouvait
218 que des “vendredis saints spéculatifs”21 ? Il n’y a pas tant de différence entre un homme qui nie l’Expérience, l’Unique
219 t celui qui affirme l’exigence de la mort, il n’y a peut-être aucune différence : car tous les deux sont des vivants et n
220 nne aussi la nôtre, et nous ferme la bouche ! » J’ avais parlé longtemps, et non sans fièvre. Je m’arrêtai soudain, plutôt con
221 nous vivons dans un monde troublé, où la parole n’ a plus le même sens pour tous. C’est pourquoi nous multiplions les comm
222 nos hôtes. Mais un des étudiants, qui justement n’ avait presque rien dit, prit soudain la parole comme nous allions nous sépa
223 rêtent à ce terme malheureux. Assurément, il doit avoir lu Barth mieux que la plupart de ses confrères. C’est peut-être pourq
224 ucoup moins péremptoire que celui dont les autres avaient usé. — Vous avez dit — commença-t-il d’une voix très calme — que l’an
225 ire que celui dont les autres avaient usé. — Vous avez dit — commença-t-il d’une voix très calme — que l’angoisse de Nicodèm
226 ! Car je reconnais avec vous qu’il faut d’abord l’ avoir éprouvée jusqu’aux moelles, et que c’est là notre expérience religieu
227 expérience religieuse, proprement dite. Mais nous avons le devoir et la mission de proclamer que cette angoisse a été surmont
228 oir et la mission de proclamer que cette angoisse a été surmontée, une fois pour toutes, par la résurrection de Jésus-Chr
229 ue nous éprouvons lors du Baptême et de la Cène n’ ont aucune espèce d’importance. Dieu fait pour nous, à ce moment, ce que
230 i, tout est fait, — le salut est donné. Mais nous avons alors à dire et à prêcher ce que sont ce Baptême et cette Cène. Certe
231 cela qu’il faut la croire ! Et l’attester sans l’ avoir vue. C’est pour cela qu’il faut prêcher, dans la crainte et le trembl
232 ous séparâmes sur ces mots. Les « barthiens » qui avaient parlé regagnèrent leur lieu véritable : inventés par Wilfred Monod, i
233 ils rentrèrent dans son bel ouvrage. — Nicodème n’ avait pas reparu. 20. Op. cit., I, p. 441. 21. Hegel. l. Rougemont De
11 1936, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Sur une page de Bossuet (ou Tradition et Révélation) (janvier 1936)
234 maine français, sans même compter que nos églises ont subi de telles persécutions qu’elles ont été quasi anéanties durant l
235 églises ont subi de telles persécutions qu’elles ont été quasi anéanties durant la moitié de ce temps. Ne serait-il pas pl
236 iniste et wesleyen, voire anglican, dans ce qu’il a de spécifique et de commun au sein de sa diversité ? L’on verrait mie
237 de l’imprimatur. Finalement, faute du concile qui aurait seul qualité pour m’éclairer, et qu’on ne saurait convoquer pour si p
238 rer, et qu’on ne saurait convoquer pour si peu, j’ ai recours à quelque « Enchiridion », ou recueil des formules dogmatique
239 e. On pourrait remarquer que le fidèle protestant a , sur le fidèle catholique, l’avantage sans prix d’avoir toujours à po
240 sur le fidèle catholique, l’avantage sans prix d’ avoir toujours à portée de la main le critère dernier de toute « formulatio
241 n’est pas littéralement « catholique » (même s’il a reçu l’imprimatur !) ; 3° que ce n’est pas la lettre et la formulatio
242 que l’Église est au-dessus de l’Évangile, qu’elle a barre sur lui, qu’elle dispose de critères qui ne sont pas tirés de l
243 e sont pas tirés de lui26 et au nom desquels elle a le droit de l’interpréter, voire de le contredire dans sa lettre. Je
244 lle, du noir au blanc, que nos frères catholiques ont tant de peine à distinguer. Et comment la distingueraient-ils quand l
245 qu’on en arrive à se demander pourquoi le Christ a dû mourir pour triompher de notre péché, alors que la sagesse antique
246 raison des scolastiques, éclairée par la grâce, n’ avait su les achever en les incorporant à la tradition de l’Église, corps d
247 cessaire, de cette foi au seul moyen de salut qui ait été donné aux hommes. Il en va de même du purgatoire, de l’analogia e
248 s, et pour relier rationnellement ce que le péché a séparé. Est-ce que je me trompe grossièrement ? Est-ce que la questio
249 ement ? Est-ce que la question n’existe pas, ou n’ a pas d’importance aux yeux des catholiques ? Est-ce qu’ils se la posen
250 texte précis, et comment il se fait que le pape n’ ait jamais, que je sache, condamné Bossuet pour avoir écrit ce qui suit.
251 n’ait jamais, que je sache, condamné Bossuet pour avoir écrit ce qui suit. (C’est au sujet de la Messe, pour expliquer que le
252 iques la célèbrent tout autrement que le Christ n’ a institué la Cène) : Que Jésus-Christ a donné un grand pouvoir à son
253 Christ n’a institué la Cène) : Que Jésus-Christ a donné un grand pouvoir à son Église dans la dispensation de ses mystè
254 Église dans la dispensation de ses mystères !… Il a permis à son Église de séparer ce qu’il avait mis ensemble… Et non se
255 s !… Il a permis à son Église de séparer ce qu’il avait mis ensemble… Et non seulement l’Église a cessé de faire ce que Jésus
256 ’il avait mis ensemble… Et non seulement l’Église a cessé de faire ce que Jésus-Christ avait fait, et les apôtres suivi ;
257 ent l’Église a cessé de faire ce que Jésus-Christ avait fait, et les apôtres suivi ; mais encore elle a pris la liberté d’int
258 ait fait, et les apôtres suivi ; mais encore elle a pris la liberté d’interdire sévèrement cette pratique… Quand donc on
259 us étonnez de ce qu’on sépare ce que Jésus-Christ a mis ensemble, et qu’on donne le corps à manger sans donner en même te
260 e tous les siècles, elle sait ce que Jésus-Christ a voulu faire… Comme je citais cette page à un abbé fort écouté, dont
261 . Car, enfin, si Bossuet, en écrivant cette page, a déformé la vérité, il le faut déclarer hérétique, de même que ceux qu
262 x qui lui donnèrent l’imprimatur. Et si Bossuet n’ a pas déformé la vérité, pourquoi serait-on gêné par sa franchise ? Il
263 en dans ce que je cite que le concile de Trente n’ ait dit ou n’ait permis de dire28. Seulement, il le dit en français. Or,
264 e je cite que le concile de Trente n’ait dit ou n’ ait permis de dire28. Seulement, il le dit en français. Or, c’est précisé
265 eprenons donc la page de Bossuet : « … Le Sauveur a-t -il voulu laisser aux hommes à distinguer par leur propre sens ce qui
266 onnaissons de la volonté de Dieu que ce qu’il lui a plu de nous en révéler dans l’Écriture, et par l’action du Saint-Espr
267 donc d’accord ? Lisons plus loin : « Le Sauveur n’ a-t -il pas voulu au contraire leur faire voir [aux apôtres] qu’il leur la
268 qui sait le secret de Jésus-Christ ! — Et d’où l’ a-t -elle appris, si ce n’est de l’Écriture ? — Relisez-moi : « Instruite
269 e tous les siècles, elle sait ce que Jésus-Christ a voulu faire. Elle a donc le pouvoir de séparer ce qu’il avait mis ens
270 elle sait ce que Jésus-Christ a voulu faire. Elle a donc le pouvoir de séparer ce qu’il avait mis ensemble, de cesser de
271 faire. Elle a donc le pouvoir de séparer ce qu’il avait mis ensemble, de cesser de faire ce qu’il avait fait, et les apôtres
272 l avait mis ensemble, de cesser de faire ce qu’il avait fait, et les apôtres suivi, et même de condamner sévèrement cette pra
273 ordonnant de faire tout le contraire de ce qu’il a dit ? — Exactement, et c’est là sa grandeur, ou, comme je l’écrivais,
274 les conciles, détient et possède si bien qu’elle a sur lui ce jus uti et abutendi qui, selon le vieux droit romain, cara
275 oit romain, caractérise la propriété. Si l’Église a le secret du Christ, c’est « qu’instruite par le Saint-Esprit et par
276 e tous les siècles, elle sait ce que Jésus-Christ a voulu faire ». (Elle sait même qu’il a voulu faire le contraire de ce
277 sus-Christ a voulu faire ». (Elle sait même qu’il a voulu faire le contraire de ce qu’il a fait.) Qu’est-ce donc que cett
278 même qu’il a voulu faire le contraire de ce qu’il a fait.) Qu’est-ce donc que cette tradition de tous les siècles ? C’est
279 ile d’Éphèse (431) comme étant la fidem definitam a sanctis Patribus qui in Nicaea cum spiritu sancto congregati fuerunt.
280 gregata… », et, plus loin : « Itaque ipsa Synodus a Spiritu sancto… edocta… declarat. » Cela est clair encore : l’autorit
281 Par la Bible ? En principe, oui. Mais le principe a beau être affirmé en droit, il est en fait négligé, et à tel point né
282 en fait négligé, et à tel point négligé qu’il n’y aura pas grand-chose à faire pour le ruiner plus tard en droit. C’est ce q
283 ssons un critère objectif, la Bible, alors qu’ils ont tout fait de leur côté pour évincer ou, en tout cas, pour relativiser
284 du Christ, intention que Bossuet loue l’Église d’ avoir exécutée, n’est donc pas contenue dans l’Écriture. Il faudra la cherc
285 utre source de la Révélation : la tradition. Nous avons vu que, pratiquement, la tradition est index sui et falsi. On se dema
286 es conciles se fonde dans cette inquiétude32, qui a conduit l’Église de Rome à statuer qu’il existe, à côté de la Bible,
287 éticuleusement, trop humainement assurée — nous n’ avons qu’une seule réponse, mais une réponse certaine, une réponse qui n’es
288 re de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. » (Jean 6:29) Si vous croyez cela sérieusement, si vous croye
289 te est l’auteur des plus monumentales âneries qui aient jamais été proférées sur la réforme luthérienne. Nous ne croyons pas,
290 u au psychologisme ou à l’historisme libéral, qui ont trouvé, eux aussi, des critères tout à fait intéressants pour interpr
291 munion sous les deux espèces est celle-ci : Jésus a dit : « Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éterne
292 : « Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle », mais il a dit néanmoins (dixit nihilominus) : « C
293 t qui boit mon sang a la vie éternelle », mais il a dit néanmoins (dixit nihilominus) : « Celui qui mange ce pain vivra é
294 nsent réellement de cette… raison, car le concile a pris soin de déclarer par avance anathème celui qui dirait que l’Égli
295 r avance anathème celui qui dirait que l’Église n’ a pas été amenée par des raisons justes (iustis causis et rationibus) à