1 1932, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Hic et nunc [éditorial] (novembre 1932)
1 pensée religieuse qui s’épuise et se disqualifie dans ses efforts pour concilier la révélation et la psychologie, pour réfu
2 intellectuelles, forcer certains à se retrancher dans des positions que, peut-être, ils étaient bien près d’abandonner. Il
3 opposition ne prendra jamais son point de départ dans ces idées mêmes, mais bien dans une réalité qui les domine et qui les
4 n point de départ dans ces idées mêmes, mais bien dans une réalité qui les domine et qui les juge, en même temps que nous-mê
5 ellement concrète, vérité qui ne peut s’accomplir dans une synthèse satisfaisante en soi, mais qui se manifeste au contraire
2 1932, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Principe d’une politique du pessimisme actif (novembre 1932)
6 mée par l’homme. Sortir du paradoxe pour s’évader dans une synthèse quelconque, rationaliste, catholique, ou marxiste, c’est
7 comme le système romain, enfermer les antinomies dans un cadre hiérarchique qui préserve l’homme du désespoir et lui fourni
8 , et que, enfermant les conflits purement humains dans le jeu de synthèses successives, il achemine l’espèce vers un équilib
9 rions-nous à leur opposer ? Tout notre espoir est dans un désespoir tellement « substantiel » qu’il nous rende à leur tour i
10 autres — ou parfois les mêmes — de vouloir fonder dans ce monde un Royaume de Dieu qui pour capitale, plutôt que Genève, cho
11 fait chrétien lui-même, — s’il n’est pas attesté dans l’acte de la foi. Qu’est-ce donc, en effet, que l’effort humain ? Sin
12 la politique est l’art d’accommoder les relations dans le sens de la plus grande facilité de réalisation. La politique est u
13 synthèses pratiques ; son office est de résoudre dans la mesure de l’utile des difficultés naturelles. Mais la foi, bien so
14 cette foi, nul homme n’est capable de la posséder dans la durée ; elle « survient », et jamais nous ne pouvons en tirer argu
15 e la vanité d’une chose si nécessaire. Telle est, dans son principe, la seule attitude politique que puisse adopter le prote
16 ps le meilleur ressort de l’action. La preuve est dans tous les livres d’histoire. Les peuples calvinistes ont été les plus
17 it de nos désirs d’hommes pourrait nous certifier dans le fond de nos âmes un salut qui se rit des ultimes efforts et des ul
18 e politique ; il est bien clair qu’elle condamne, dans la mesure où ces idolâtries sont suspendues à la réussite matérielle
19 réalisme « tragique » de l’Évangile, et qui même, dans certains cas extrêmes, nous tient quitte de la foi. Il ne s’agit jama
20 les obstacles à la foi, les idoles, les synthèses dans lesquelles l’homme cherche sa sécurité, et qui n’ont pas de vérité. ⁂
21 ation » ailleurs qu’en Dieu : notre action baigne dans l’« angoisse de l’espérance »1. 1. Expression qu’Arnaud Dandieu opp
22 ce »1. 1. Expression qu’Arnaud Dandieu opposait dans un intéressant article de la Revue d’Allemagne (oct. 1932), à la conc
3 1933, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Solutions pratiques ? (mars 1933)
23 meur. Le sérieux ne consistera jamais, pour nous, dans une attitude d’humilité lugubre. Le sérieux et le respect, en présenc
24 iétude naturelles, et les rend enfin responsables dans l’obéissance à la seule force nécessaire ; tout ce qui leur fiche un
25 t ce qui les désarme devant Dieu et les jette nus dans la foi. 2. Un homme qui est dans la foi sait bien qu’il n’y a pas à d
26 et les jette nus dans la foi. 2. Un homme qui est dans la foi sait bien qu’il n’y a pas à demander de « solutions pratiques 
27 décourageant du paganisme contemporain. Il sévit dans nos églises, avec une virulence sourde, attisée de temps à autre par
28 , certes, mais positives ». Si nous avions écrit, dans notre premier numéro, que la solution des problèmes sociaux réside, p
29 lution des problèmes sociaux réside, par exemple, dans un embrassement général et sans condition, beaucoup de personnes aura
30 lle humilité et quelles précautions oratoires ! —  dans tous les cas dûment prévus, selon certaines règles et certaines direc
31 tale de Kierkegaard : « L’Éthique ne commence pas dans une ignorance qu’il faudrait muer en savoir, mais dans un savoir qui
32 une ignorance qu’il faudrait muer en savoir, mais dans un savoir qui exige sa réalisation. » Nature du « savoir » chrétie
33 Nature du « savoir » chrétien Nous marchons dans la nuit, ne connaissant, de par notre nature, ni le pourquoi, ni le «
34 Est-ce donc qu’une grande lumière leur est venue dans cette nuit ? Est-ce qu’ils ont, eux, la clef du mystère ou du scandal
35 e cela. Ils savent simplement ce qu’il faut faire dans cette nuit pour en sortir un jour. Ils savent que le Christ leur prom
36 : on ne peut choisir pour un autre. Mais on peut, dans le cas, et pour soi-même, prouver la foi par l’acte qu’elle ordonne.
37 les rôles se renversent dès qu’on regarde l’homme dans la perspective chrétienne. Ce n’est plus l’homme qui pose des questio
4 1933, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Dialectique des fins dernières (juillet 1933)
38 , y compris la sagesse de celui qui croit trouver dans cette sentence la justification de son refus de vivre. Mais il existe
39 utes les contradictions du monde. Elle les assume dans une vue sobre et courageuse et cherche en elles la tension, le ressor
40 te l’exigence de la personne lorsqu’elle s’insère dans le donné hostile du monde ambiant. Elle ne veut ni la thèse seule, ni
41 n n’est pas orientée vers quelque troisième terme dans lequel elle s’annulerait, non sans soulagement, mais bien vers l’acte
42 e conflit lorsqu’il voulut en étaler les éléments dans le temps et l’Histoire. Sa dialectique est devenue une espèce de basc
43 vanouit, le choix s’élude, la personne se dissout dans un processus qui nie l’acte et le risque. Il n’y a plus qu’à compter
44 compter un, deux, trois, comme le dit Kierkegaard dans La Répétition. Qu’il y ait une virtu dans l’acceptation volontaire du
45 kegaard dans La Répétition. Qu’il y ait une virtu dans l’acceptation volontaire du conflit permanent ; qu’il y ait au contra
46 t au contraire un principe de dégradation éthique dans toute recherche de la synthèse et plus sûrement dans la croyance en u
47 s toute recherche de la synthèse et plus sûrement dans la croyance en une synthèse possible, voilà qui ne paraît point faire
48 uer mon choix et quelles conséquences il entraîne dans l’ordre politique, par exemple, que notre temps croit devoir considér
49 erais pas attardé à développer ici ces thèses, si dans leur expression elles ne comportaient, à première vue, une similitude
50 d’angoisse ». Car enfin si le paradoxe n’est pas dans la situation même de l’homme devant Dieu, notre foi est vaine et c’es
51 ité centrale d’une telle dialectique est formulée dans ce passage de Barth : « Que Dieu (mais vraiment Dieu) devienne homme
52 s parler en vérité d’une telle incarnation du oui dans le non, nous ne pouvons que recourir au langage du paradoxe. Car tout
53 es de synthèse, l’objectiverait, le ferait tomber dans l’histoire. « Ainsi donc, il ne nous reste — émouvant spectacle pour
54 ravers de toute l’œuvre de Barth, nous entraînent dans une oscillation gigantesque, entre deux infinis contradictoires. On c
55 e fidèle habitué à venir chaque dimanche chercher dans un sermon consolateur le droit de ne pas trop prendre au sérieux les
56 ’homme comprend non, se découvrant soudain plongé dans la négation radicale. Mais aussitôt, s’il accepte ce non, l’affirmati
57 n équivoque, puisque tout cela n’a de réalité que dans l’instant éternel, dans le contact mortel du temps et de l’éternité ;
58 t cela n’a de réalité que dans l’instant éternel, dans le contact mortel du temps et de l’éternité ; puisque tout cela, enco
59 rie vertigineuse : la place qui nous est assignée dans ce monde « nous situe plus profondément dans le non que dans le oui »
60 gnée dans ce monde « nous situe plus profondément dans le non que dans le oui » ; mais la promesse qui nous est faite dans l
61 de « nous situe plus profondément dans le non que dans le oui » ; mais la promesse qui nous est faite dans l’instant de la f
62 ns le oui » ; mais la promesse qui nous est faite dans l’instant de la foi, c’est la promesse de la victoire éternelle. ⁂ Lo
63 te, le risque et le choix dont parle la théologie dans sa dialectique absolue. Il n’y a plus ici d’opération réelle que par
64 acte de la Parole, que l’homme ne peut saisir que dans la foi ; choix de l’élection, c’est-à-dire d’une possibilité qui n’es
65 court l’homme jeté par la révélation de la Parole dans une situation absolument nouvelle, dans un instant dont nulle morale
66 la Parole dans une situation absolument nouvelle, dans un instant dont nulle morale ne peut prévoir le sens dernier. ⁂ Une s
67 non sans raison. Traduisez-nous un peu tout cela dans notre parler quotidien. Nous dirons donc : Dieu premier et dernier, e
68 rcherais pas si tu ne m’avais déjà trouvé. » 4. Dans les travaux du groupe politique et philosophique de L’Ordre nouveau.
5 1933, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Poésie dialectique (juillet 1933)
69 are que le sonnet publié par Albert-Marie Schmidt dans notre premier numéro « est bien la première poésie dialectique qui lu
70 Pléiade, si méchamment enterrés par les jésuites dans leurs Histoires de la littérature française (pour ne rien dire des la
71 olyeucte… 2° La vision dialectique jetant l’homme dans une situation dramatique ; lui révélant le néant de ses idoles et la
72 oésie. 3° Enfin toute poésie ne serait-elle pas, dans son essence, dialectique ? La métaphore ne tire-t-elle pas sa puissan
73 nt par cette image beaucoup plus que ce qu’il y a dans chacun de ses termes, désignant au-delà d’elle-même une réalité d’un
74 cet hymne, dont nous nous sommes inspirés, a paru dans la Nouvelle Revue française du 1er avril 1923 (trad. Jean de Menasce)
75 ers de la dernière strophe, Sonne peut signifier, dans la langue de l’époque, Soleil ou Fils. hymne à dieu le père Pardonn
6 1934, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Grammaire de la personne (janvier 1934)
76 st jamais réel que pour celui qui peut l’incarner dans sa vie, le résoudre au concret, ou bien périr par lui. Il n’y a pas a
77 morphose. L’individu n’est mort que pour renaître dans le collectif. La mystique de la masse ou du groupe qui domine la moit
78 exigeant une réponse ne se pose pas ailleurs que dans le je aux prises avec le tu. Ses données me sont extérieures, certes.
79 a communion du tu et du je se résout pratiquement dans un nous, qu’on oppose alors fièrement aux ils des sociologues et des
80 éritable entre les hommes, mais qu’elle la figure dans l’abstrait, dans le plan même de ce qu’elle croit mépriser. Le rappor
81 s hommes, mais qu’elle la figure dans l’abstrait, dans le plan même de ce qu’elle croit mépriser. Le rapport véritable entre
82 chose que par ce centre. Elle est le rayonnement dans la durée de l’acte instantané qui unit un je et un tu par un lien de
83 lui du je ni celui du tu, c’est-à-dire considérés dans leur rapport objectivé, vu par un tiers, se trouvent du même coup obj
84 donc une rencontre, cette rencontre n’a lieu que dans le je et dans le tu. Deux hommes ne se rencontrent pas, spirituelleme
85 ontre, cette rencontre n’a lieu que dans le je et dans le tu. Deux hommes ne se rencontrent pas, spirituellement, à mi-dista
86 spirituellement, à mi-distance l’un de l’autre — dans le nous 8. Pour nous aimer, nous devons faire chacun tout le chemin q
87 hain. Ainsi le phénomène personnel demeure situé dans l’individu, mais dans un individu transformé, orienté, animé par une
88 ène personnel demeure situé dans l’individu, mais dans un individu transformé, orienté, animé par une présence extérieure. F
89 plus un isolé9, mais je reste un solitaire. C’est dans cette « solitude menacée » que viennent en fin de compte retentir tou
90 idu moral, l’individu social par excellence. Mais dans son acte seulement, c’est-à-dire dans l’instant présent, non point da
91 lence. Mais dans son acte seulement, c’est-à-dire dans l’instant présent, non point dans la durée psychologique et descripti
92 t, c’est-à-dire dans l’instant présent, non point dans la durée psychologique et descriptible ; c’est pourquoi des généralit
93 ère toutefois que le lecteur les aura transposées dans une actualité dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle nous assail
94 par les rues allemandes et italiennes, et jusque dans les pages illustrées de nos quotidiens. Il me reste à marquer la dépe
95 un tu. Mais on ne peut le comprendre et le vivre, dans son paradoxe profond, que si l’on se réfère au rapport primitif qui f
96 t pas autonome. 7. Ainsi l’Église : le chrétien, dans l’acte de la communion avec le Christ, fonde véritablement l’Église u
97 L’Église est universelle parce qu’elle s’enracine dans l’acte qui confère à tout homme son être véritable, devant Dieu. 8.
98 étymologiquement le « particulier » qui s’enferme dans sa particularité, — qui refuse donc d’être le prochain de son frère.
7 1934, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Précisions sur la mort du Grand Pan (avril 1934)
99 dge. Car nous sommes là pour deviner les choses dans leurs natures particulières : alors elles nous en sont reconnaissante
100 z (Adam et Ève). La plénitude du monde n’est pas dans la contemplation d’un esprit immobile. La plénitude du monde est un é
101 nitude du monde est un événement. Elle a son lieu dans la question que nous adressent les créatures, lorsque nous distinguon
102 t répondre au-delà de la question. ⁂ L’homme jeté dans la diversité de l’univers, aux aguets des tentations et des menaces q
103 e et ne pose plus de question. Enfermé maintenant dans ses architectures, l’homme se retrouve seul aux prises avec lui-même.
104 c’est aussi, à travers l’homme désormais restauré dans sa condition éternelle, une réponse à toute la création, désormais re
105 e réponse à toute la création, désormais replacée dans l’ordre originel. À cet instant, parce qu’il possède cette réponse, l
106 onse, l’homme comprend le sens de la question. Et dans l’élan désordonné des êtres et des choses, il découvre une « attente
107 Grand Pan11. ⁂ Le Nouvel Adam vit : il ne vit que dans la promesse. Cette Promesse est certaine, mais son accomplissement es
108 emps. Or, le temps suit son cours, et nous sommes dans l’histoire, et l’histoire temporelle est la succession de nos chutes,
109 is non pas pour ce temps. Restaurés, mais non pas dans la forme visible de ce monde. Ainsi la lutte se poursuit, entre les f
110 is sans connaître l’Homme — peut être caractérisé dans ses effets bons et mauvais par le mot de séparation. D’une part, il c
111 tique entre l’homme et la nature, mais transposée dans le déchirement personnel. Lutte stérile, et dont l’absurdité tragique
112 ment de la Nature. L’Occidental rationaliste naît dans une ambiance chrétienne qui le rassure d’une manière vague et suffisa
113 ur son état. Le sentiment extatique de la nature, dans la Cinquième Rêverie, comment le décrit-il, sinon, précisément, comme
114 Enfin, il précise qu’on y atteint le mieux couché dans un bateau « qui dérive au gré de l’eau ». Image assez frappante de l’
115 n glorifie pas, et qu’il se voit à cette époque «  dans la plus étrange position, où se puisse jamais trouver un mortel ». Ma
116 sfaction pauvrette d’une âme flattée de s’admirer dans l’infini d’un paysage. « Un paysage est un état d’âme », disait Amiel
117 hnique, plaçons ce capitaine qui ne voyait jamais dans un paysage que le plan d’une possible stratégie12 : nous aurons deux
118 ne un lyrisme qu’elle n’osait plus aller chercher dans l’invective prophétique ou dans la joie de la doctrine du salut. Song
119 us aller chercher dans l’invective prophétique ou dans la joie de la doctrine du salut. Songez à ces pasteurs qui, chaque pr
120 ent le premier rayon de soleil venu et s’envolent dans une apologétique naturaliste, dont peu d’auditeurs soupçonnent qu’ell
121 là peut-être le seul auteur qui situe le problème dans sa réalité. Lisons ses Réflexions sur le Théâtre allemand. Il y décri
122 out voisin de la « panique » antique14, mais qui, dans cet esprit nourri des Écritures, ne peut manquer d’évoquer aussitôt l
123 ux Romains : « Tout l’univers s’adresse à l’homme dans un langage ineffable qui se fait entendre dans l’intérieur de son âme
124 me dans un langage ineffable qui se fait entendre dans l’intérieur de son âme, dans une partie de son être inconnue à lui-mê
125 qui se fait entendre dans l’intérieur de son âme, dans une partie de son être inconnue à lui-même, et qui tient à la fois de
126 de l’inconscient ne serait-elle pas, elle aussi, dans ce refus de croire à la réalité tout invisible de « l’homme nouveau »
127 vec une intrépide plénitude. Alors que la raison, dans son orgueil haineux, renie le monde et trompe son attente ; et que le
128 nté de suivre la logique fatale, isole l’individu dans un monde désert ; alors que l’un et l’autre divisent l’homme en espri
129 té. Et ce rapport est orienté vers l’homme. Mais, dans l’homme, vers le nouvel homme, vers les prémices de l’Esprit. En ce l
130 ain mieux que C. F. Ramuz n’a su replacer l’homme dans la perspective biblique de la Création. Il faut lire ce chef-d’œuvre
131 marquable étude de Charles Du Bos sur Wordsworth, dans Vigile, IV, 1931. Elle est riche en documents significatifs et qui vi
132 de l’analogia entis empêche l’auteur de conclure dans le sens paulinien, et « naturalise » les réalités eschatologiques. 1
133 il semble y avoir je ne sais quoi de prophétique dans le vol pesant du corbeau, dans les cris funèbres des oiseaux de la nu
134 uoi de prophétique dans le vol pesant du corbeau, dans les cris funèbres des oiseaux de la nuit, dans les rugissements éloig
135 u, dans les cris funèbres des oiseaux de la nuit, dans les rugissements éloignés des bêtes sauvages. » (Benjamin Constant :
8 1934, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Éditorial (juillet 1934)
136 ait pas affirmer que le protestant d’aujourd’hui, dans la moyenne, soit trop bien appareillé. Il advient même que l’argutie
137 é. Il advient même que l’argutie papiste le jette dans l’incertitude. Il ne lui reste alors que le refuge d’un antidogmatism
138 t moyen » affirme son attachement au libre examen dans la mesure où cela le dispense de répondre d’une façon précise et auto
139 s plus vives des hérésies qui se sont introduites dans la piété de nos églises au cours des deux derniers siècles. Non seule
140 rmer innocemment qu’il n’y a rien de bien nouveau dans ce message ; que c’est là ce qu’ils ont toujours dit. Ainsi le sel pe
141 nt ? Combien qui puissent donner raison de ce que dans la communion, et non pas dans le pain et le vin, il y a la présence r
142 er raison de ce que dans la communion, et non pas dans le pain et le vin, il y a la présence réelle du Seigneur mort pour no
143 crainte païenne de se présenter à la table sainte dans un état « moral » insuffisant ; mais sait-il bien que seul l’aveu de
144 udrait être autrement exigeant. Nous renoncerons, dans cette nouvelle série de Hic et Nunc , à polémiser directement contre
145 r directement contre les hérésies qui fourmillent dans la croyance moderne. Nous avons eu le tort, souvent, d’attaquer des e
146 ains arguments ; de les grouper en brefs traités. Dans le petit espace dont nous disposons pour aborder de si grands sujets,
147 s développements qui parfois mettraient de l’aise dans nos pages. Notre ambition serait d’être relus. Nous aimons cette maxi
9 1935, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Les trois temps de la Parole (mai 1935)
148 sait avec quelle insistance Kierkegaard revient, dans toutes ses œuvres proprement religieuses, sur la notion de « contempo
149 ement de faire en présence du Verbe divin incarné dans un homme juif, l’acte de foi impossible à l’homme, celui que Pierre f
150 ère, en Judée, de nous remettre tant bien que mal dans la situation de Pierre devant Jésus, bref, de nous rendre contemporai
151 ransportant à son époque, soit en le transportant dans la nôtre, tend tout naturellement à ramener ce Jésus sur notre plan,
152 — car c’est bien de la même tendance qu’il s’agit dans les deux cas — nous ne pensons qu’aux 19 siècles qui nous séparent de
153 r, quitte à retomber soudain, profondément déçus, dans la réalité profane d’aujourd’hui. Nous oublions tout simplement ce fa
154 vouloir établir cette contemporanéité illusoire, dans le temps, à travers et par-dessus le temps, avec ce Jésus-homme si ch
155 mps du parler direct et originel de Dieu lui-même dans sa Révélation, le temps de Jésus-Christ, le temps de celui qui a été
156 Dieu bien distinctes. « Cette position différente dans la hiérarchie de Dieu distingue les trois temps d’une manière tout à
157 ole. » Autrement dit, ces trois temps ne sont pas dans le prolongement historique l’un de l’autre ; ce ne sont pas trois por
158 sont pas trois portions successives du même temps dans lequel nous vivons, mais bien trois espèces de temps distinctes. D’où
159 Pierre à Césarée de Philippe. Certes, Pierre vit dans le même temps que Jésus, le rabbi de Nazareth, mais il ne devient le
160 vivre la situation du brigand qui refuse. Christ, dans son temps, est le vis-à-vis absolu des apôtres dans leur temps. Et de
161 ns son temps, est le vis-à-vis absolu des apôtres dans leur temps. Et de même, le témoignage des apôtres, la Bible, est le v
162 es, la Bible, est le vis-à-vis absolu de l’Église dans notre temps. Il dépend de Dieu seul, et nullement de nos efforts, que
163 e, etc. La plus grande fantaisie nous est permise dans nos efforts de représentation : puisqu’aussi bien, tous ces efforts n
164 ont jamais nous conduire sur le plan véritable et dans le temps réel où ces témoins sont apparus. Dans un certain sens, on p
165 t dans le temps réel où ces témoins sont apparus. Dans un certain sens, on peut dire que l’échec seul de ces efforts leur co
10 1935, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Soirée chez Nicodème (mai 1935)
166 d’âme, j’espère que ce récit d’une soirée passée dans son salon pourra faire deviner quelques-unes d’entre elles. La conver
167 affirmation choisie entre trente-six-mille autres dans l’ouvrage de M. Monod. Vous savez qu’il a 3000 pages. Mais que dites-
168 vraiment le don de la formule. Et quelle charité dans tout ce qu’il écrit ! Poupette (fille de Nicodème, 20 ans). — C’est
169 pe de jeunes barthiens très excités qui échangent dans un coin des coups de coude significatifs.) Enfin, mes chers amis, si
170 e cacophonie, vous le savez, est assez habituelle dans les entretiens de l’élite. Soudain, j’eus une idée paradoxale : je pr
171 ut-il naître quand il est vieux ? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et naître ? Jésus répondit : En vérité, en vérité,
172 omme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le Royaume de Dieu… Nicodème lui dit : Comment cela peut-il se faire 
173 it cette brève lecture. Nicodème paraissait perdu dans son rêve. Ses lèvres remuaient pourtant. Il nous sembla qu’il murmura
174 cette expérience-là, celle-là justement — rentrer dans le sein de sa mère ! Et tous ces galopins viennent aujourd’hui préten
175 ôtes de ce soir-là, ne laissa pas de nous plonger dans la gêne, dont quelques-uns ne crurent pouvoir secouer l’effet qu’en s
176 c’est celui que Barth exprimait si magnifiquement dans une de ses réponses aux objections des humanistes : “Christ n’a pas c
177 l’accent de controverse de mes amis qui me jetait dans une sorte de honte… La confession de Nicodème m’avait profondément ém
178 gère pointe de cabotinage pieux qu’il met, hélas, dans ses moindres propos… J’en étais donc à hésiter assez lâchement, lorsq
179 si elle vous est une occasion de triompher, ici, dans la maison de Nicodème ! Tenez, j’ai l’impression, depuis que nous nou
180 ntes, de métaphores mystiques, d’influx spirituel dans le vieil homme, de grâce infuse et de radioactivité de l’Évangile ! M
181 étien, c’est devenir contemporain de Jésus-Christ dans son abaissement. Contemporains ! Mais Nicodème aussi fut contemporain
182 in de considérer la chose ainsi. Mais nous vivons dans un monde troublé, où la parole n’a plus le même sens pour tous. C’est
183 urquoi nos disputes sont si vaines… Minuit sonna, dans ce silence. Il était temps de prendre congé de nos hôtes. Mais un des
184 mpte. L’angoisse de Nicodème trouve sa résolution dans le Baptême. Et nous confirmons ce Baptême chaque fois que nous prenon
185 choses demeurent : Par le Baptême et la Communion dans la foi, tout est fait, — le salut est donné. Mais nous avons alors à
186 t cette Cène. Certes, ces paroles nous condamnent dans la mesure où nous les prononçons sans foi, hors de toute « crainte et
187 ont pas moins, comme le Baptême et comme la Cène, dans la mesure où la foi les anime, l’événement central de notre vie chrét
188 — de ce que nous espérons présentement, à la fois dans l’angoisse et dans la joie : la seule expérience nécessaire. Oui, cet
189 pérons présentement, à la fois dans l’angoisse et dans la joie : la seule expérience nécessaire. Oui, cette expérience-là no
190 l’avoir vue. C’est pour cela qu’il faut prêcher, dans la crainte et le tremblement, son espérance. ⁂ Nous nous séparâmes su
191 able : inventés par Wilfred Monod, ils rentrèrent dans son bel ouvrage. — Nicodème n’avait pas reparu. 20. Op. cit., I, p
11 1936, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Sur une page de Bossuet (ou Tradition et Révélation) (janvier 1936)
192 uthérien, calviniste et wesleyen, voire anglican, dans ce qu’il a de spécifique et de commun au sein de sa diversité ? L’on
193 connaît une expression exacte de sa substance que dans la personne de ses saints », écrit le père Congar en une fort belle d
194 ur, contestée par un Newman ou un Laberthonnière, dans des livres pourtant revêtus de l’imprimatur. Finalement, faute du con
195 pourrait remarquer que tout cela, même simplifié dans mon exemple, est bien complexe, bien contradictoire, et sous une appa
196 s qui m’importent, mais la manière dont on en use dans l’Église romaine, mais le degré de sérieux qu’on leur accorde en fait
197 le droit de l’interpréter, voire de le contredire dans sa lettre. Je suis certain de ne pas forcer le moins du monde l’antit
198 ésus-Christ a donné un grand pouvoir à son Église dans la dispensation de ses mystères !… Il a permis à son Église de sépare
199 serait-on gêné par sa franchise ? Il ne dit rien dans ce que je cite que le concile de Trente n’ait dit ou n’ait permis de
200 e que je cherche : l’écho des formules orthodoxes dans la conscience des fidèles, et des fidèles de ce pays de France dont o
201 de Dieu que ce qu’il lui a plu de nous en révéler dans l’Écriture, et par l’action du Saint-Esprit, grâce auquel l’Écriture
202 elle est la « sûre dispensatrice des sacrements » dans la mesure exacte où elle demeure la « fidèle interprète » des volonté
203 ion donnée une fois pour toutes par Dieu lui-même dans son incarnation unique, dont l’Écriture témoigne. — C’est, rétorque B
204 es lire, si l’on sait le latin, réunis et classés dans n’importe quel Enchiridion. Le catholique se tourne alors vers nous e
205 ’Église d’avoir exécutée, n’est donc pas contenue dans l’Écriture. Il faudra la chercher alors dans l’autre source de la Rév
206 enue dans l’Écriture. Il faudra la chercher alors dans l’autre source de la Révélation : la tradition. Nous avons vu que, pr
207  ? Tout l’effort dogmatique des conciles se fonde dans cette inquiétude32, qui a conduit l’Église de Rome à statuer qu’il ex
208 ’Église historique à son chef, qui lui fut révélé dans l’Écriture, et non ailleurs. Il reste à dire ceci : Et nous, croyons-
209 les banales invectives contre Luther qui traînent dans les hebdomadaires, et dont la recrudescence actuelle ne fait honneur
210 sur la réforme luthérienne. Nous ne croyons pas, dans son cas, à la mauvaise foi, mais à une ignorance totale de ce qu’il c
211 impunément Aristote à une tradition qui se fonde dans la Révélation ; pas plus qu’on ne peut faire une synthèse de l’eau et
212 ve, au hasard, ces deux qualifications de Bossuet dans des articles récents de chroniqueurs catholiques, qui ne sont nulleme
213 Cela produit des effets étranges. Ainsi je trouve dans Denzinger ce dogme : « brûler les hérétiques n’est pas contraire au S