1 1932, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Hic et nunc [éditorial] (novembre 1932)
1 omprendre en vérité, c’est-à-dire de les réaliser en obéissance. ⁂ En face d’une pensée religieuse qui s’épuise et se disq
2 à Marx, ont cru pouvoir nous sauver de l’angoisse en fondant l’être humain sur soi-même, sur l’intelligence et la volonté
3 est nécessaire ». Et qu’heureux sont les pauvres en esprit. ⁂ Notre but n’est pas d’imposer des idées, un système nouveau
4 bien près d’abandonner. Il nous est indifférent, en principe, de nous opposer à telles idées courantes, ou de confirmer t
5 des arguments, au lieu d’entrer sans plus tarder en obéissance révolutionnaire. Ceci pourra paraître orgueil et vanité au
2 1932, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Principe d’une politique du pessimisme actif (novembre 1932)
6 e. Car la réalité est précisément ce qui nous met en relation personnelle et immédiate avec Dieu : et que la relation d’un
7 ou qui cherche à la supprimer, est antichrétienne en son principe. Ainsi se trouvent définies les trois hérésies politique
8 nous offrir de salut, puisqu’il n’est de salut qu’ en la foi, qui transcende le monde. Principe de l’individualisme anarchi
9 morne et désespérée du millenium chrétien. Nous n’ en sommes pas là : Hic et nunc, nous voici, protestants, en face de deux
10 tout de suite, intenable in abstracto, intenable en logique rationaliste, comme toutes les positions existentielles, qu’i
11 s, elle crée des conflits là où l’homme naturel n’ en pouvait distinguer ; et surtout elle impose un choix d’ailleurs humai
12 t impossible, là où l’homme naturel s’abandonnait en paix à ses déterminations physiques et morales. Doit-on conclure au r
13 ée ; elle « survient », et jamais nous ne pouvons en tirer argument, comme d’une force à notre disposition ; elle survient
14 t la foi — c’est-à-dire le principe animateur — n’ en continuaient pas moins d’agir en vertu du principe d’inertie (tout co
15 d’agir en vertu du principe d’inertie (tout corps en mouvement tend à conserver son mouvement). C’est ainsi que ces activi
16 la bonne odeur d’onze millions de morts sacrifiés en quatre ans à sa gloire. Moins redoutable, en apparence, le dieu-produ
17  synthèse », point de « consolation » ailleurs qu’ en Dieu : notre action baigne dans l’« angoisse de l’espérance »1. 1.
3 1933, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Solutions pratiques ? (mars 1933)
18 uelle est-elle ? Il se trouve que nul homme n’est en mesure de la donner à son frère : c’est la foi. Tout au plus pouvons-
19 « J’ai la foi, mais dites-moi ce qu’il faut que j’ en fasse ? » Car, où la foi existe, existe le savoir. Entendons maintena
20 mmence pas dans une ignorance qu’il faudrait muer en savoir, mais dans un savoir qui exige sa réalisation. » Nature du
21 mplement ce qu’il faut faire dans cette nuit pour en sortir un jour. Ils savent que le Christ leur promet la lumière à la
22 el fournissant la mesure exacte du bien et du mal en toute chose. La révélation qu’ils ont reçue et qu’ils reçoivent est p
23 u cas. Cette révélation ne peut pas être formulée en termes généraux, n’étant pas autre chose qu’un ordre qui me dit, à te
24 -je faire ? le chrétien n’a donc rien à répondre, en principe. Il ne peut que renvoyer à la seule force d’où provient l’or
25 prendre au point où tout espoir apparaît vain, —  en ce point justement, et nulle part ailleurs. On nous demande des répon
26 parce qu’ils dénaturent ou refoulent la question, en lui fournissant des réponses tantôt prématurées, tantôt inopérantes,
27 e truquer les repères ; désespérer les optimistes en leur montrant de quel prix dérisoire ils ont cru payer leur salut, — 
28 n doive rappeler de telles choses, mais la raison en est pourtant bien claire. Nous préférons demander aux hommes ces ordr
4 1933, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Dialectique des fins dernières (juillet 1933)
29 ttérature universelle semble n’avoir voulu mettre en figures nos désirs et nos ambitions que pour mieux nous en révéler l’
30 s nos désirs et nos ambitions que pour mieux nous en révéler l’essentielle inanité. Sénèque nous apprend que l’on n’échapp
31 ssume dans une vue sobre et courageuse et cherche en elles la tension, le ressort nécessaires à l’acte créateur. Loin de t
32 question personnelle que signifie la coefficience en nous-mêmes de la thèse et de l’antithèse. Avec Kierkegaard, elle répè
33 liens. Hegel supprima le conflit lorsqu’il voulut en étaler les éléments dans le temps et l’Histoire. Sa dialectique est d
34 de la synthèse et plus sûrement dans la croyance en une synthèse possible, voilà qui ne paraît point faire de doute. Aill
35 la dialectique humaniste qui paraît à nos yeux s’ en rapprocher le plus. ⁂ Cet acte dont nous parlions, à quoi se suspend-
36 Cet acte dont nous parlions, à quoi se suspend-il en dernière analyse ? Vers quelles fins dernières nous conduit le dépass
37 le plus littéral de ce mot : l’accusation qui met en état de crise l’ensemble de ces affirmations et de ces négations, cet
38 ue cela suffise à faire voir que Barth ne saurait en être tenu pour l’inventeur, pas plus que Kierkegaard, pas plus que Lu
39 tre foi est vaine et c’est perdre son temps que d’ en apprécier humainement l’expression la plus directe ; si au contraire
40 ce que, de leur simultanéité, nous croirons être en droit de déduire par la voie logique. C’est pourtant cette inconcevab
41 œur », puisqu’elle prétend précisément les mettre en cause. C’est qu’aussi bien ce oui, c’est la Vie en Dieu, et ce non c’
42 n cause. C’est qu’aussi bien ce oui, c’est la Vie en Dieu, et ce non c’est la mort où nous sommes. Ce oui, c’est l’éternit
43 ue qui juge tous nos mots. Je voudrais simplement en avoir dit assez pour qu’il soit inutile d’insister davantage sur ce f
44 philosophique de L’Ordre nouveau. 5. Qu’on nomme en France « pathos » alors que ce mot désigne en Allemagne, à peu près,
45 mme en France « pathos » alors que ce mot désigne en Allemagne, à peu près, la terminologie propre à un auteur. e. Rouge
5 1933, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Poésie dialectique (juillet 1933)
46 que (juillet 1933)f Au cours d’un article paru en Suisse allemande, le professeur O.-E. Strasser déclare que le sonnet
47 t où la Parole lui est adressée ; enfin, excitant en lui l’espoir infini au sein du désespoir et la joie de la Promesse in
48 sion donnée à l’homme, est la plus propre à créer en lui l’organe d’une haute poésie. 3° Enfin toute poésie ne serait-ell
49 de la tension des contradictoires qu’elle saisit en une seule image, indiquant par cette image beaucoup plus que ce qu’il
50 ces thèmes que je me borne ici à suggérer. Voici en attendant la traduction d’un hymne de John Donne (1573-1661), le plus
6 1934, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Grammaire de la personne (janvier 1934)
51 er 1934)g h L’individu, tel que les libéraux — en politique — et les idéalistes — en philosophie — nous l’ont légué, c’
52 les libéraux — en politique — et les idéalistes — en philosophie — nous l’ont légué, c’est l’homme qui n’a pas de prochain
53 question qui m’est adressée, et qui ne se précise en moi qu’à l’instant où elle me contraint d’agir. Peut-être qu’il est i
54 tivistes. Cette opération magistrale porte un nom en politique. C’est le fascisme. Le nous, c’est le groupe, le faisceau.
55 de leurs rapports spécifiques. Elle a son centre en chacune des personnes qui la composent, et n’est pas définie par autr
56 it un je et un tu par un lien de responsabilité7. En son principe, l’erreur fasciste consiste à considérer cette communion
57 t abstraction de la responsabilité réciproque. Il en résulte que le je et que le tu, considérés d’un point de vue qui n’es
58 rtain de ses limites agrandies. Perte de tension, en chaque point du cercle. Il faudra bien la compenser par une rigidité
59 l’autre. Et c’est au seul moment où je t’atteins en toi, où tu m’atteins en moi, que nous devenons deux personnes, et l’u
60 ul moment où je t’atteins en toi, où tu m’atteins en moi, que nous devenons deux personnes, et l’un pour l’autre le procha
61 r tous les problèmes sociaux et spirituels. C’est en elle, et c’est en elle seule, qu’ils provoquent un écho humain. C’est
62 es sociaux et spirituels. C’est en elle, et c’est en elle seule, qu’ils provoquent un écho humain. C’est en elle enfin que
63 le seule, qu’ils provoquent un écho humain. C’est en elle enfin que s’opère l’acte d’une communion réelle. La personne est
64 le de toutes parts avec ses grands panneaux hauts en couleur promenés par les rues allemandes et italiennes, et jusque dan
7 1934, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Précisions sur la mort du Grand Pan (avril 1934)
65 sur la mort du Grand Pan (avril 1934)i C’est en notre vie seule que la Nature vit. Coleridge. Car nous sommes là p
66 ns leurs natures particulières : alors elles nous en sont reconnaissantes. C. F. Ramuz (Adam et Ève). La plénitude du mo
67 s, ce sont autant de formes d’une espèce de fuite en avant, autant de tentatives angoissées pour opposer à la terreur de P
68 que par la réponse. Mais l’homme antique n’a pas en lui de quoi répondre à la Nature : il est lui-même une question que D
69 s’effraierait-il pas d’une plainte qui s’adresse, en lui, à ce pouvoir qu’il sait avoir perdu ? La Nature se révolte en dé
70 oir qu’il sait avoir perdu ? La Nature se révolte en désordre. Elle veut la mort de l’homme parce qu’il ne sait plus la fa
71 ne « attente ardente ». Il sait qu’elle s’adresse en lui à ce qui de lui ressuscite, ayant reçu et accepté la mort. Il peu
72 foi le chargeait, se retourne vers la Nature et s’ en aille lui demander précisément ce qu’il lui doit : la révélation salu
73 on tragique, maintenant consommée, il ne subsiste en l’homme nulle conscience effective. Seul, le désir qu’il dit avoir de
74 s communs de l’orgueil romantique. On a coutume d’ en rendre Rousseau responsable. Mais c’est à ses disciples qu’il faudrai
75 able. Mais c’est à ses disciples qu’il faudrait s’ en prendre. Rousseau n’a pas trompé sur son état. Le sentiment extatique
76 une paix honteuse. Il est vrai que Rousseau ne s’ en glorifie pas, et qu’il se voit à cette époque « dans la plus étrange
77 et de terreur, que ces mots soient intraduisibles en notre langue13 ? Alors que toute l’Allemagne des Novalis, des Schelli
78 maginer que cet effort de la nature pour pénétrer en nous n’est pas sans une mystérieuse signification ? » L’allusion à sa
79 te « partie de son être inconnue à lui-même », il en fait aussitôt une réalité psychologique, « et qui tient à la fois des
80 ui tient à la fois des sens et de la pensée ». Il en conclut qu’elle est « essentiellement du domaine de la poésie ». L’or
81 sert ; alors que l’un et l’autre divisent l’homme en esprit et en corps, seul l’amour d’espérance, charité de la foi, nous
82 que l’un et l’autre divisent l’homme en esprit et en corps, seul l’amour d’espérance, charité de la foi, nous permet d’app
83 nt et qui embrasse l’être anxieux de la créature. En cet amour, enfin, l’homme et les choses accèdent au concret de leur e
84 s le nouvel homme, vers les prémices de l’Esprit. En ce lieu où la Poésie devient prière et prophétie, où l’homme, environ
85 e. La Résurrection nous délivre de cette angoisse en nous révélant l’éternité perdue de notre être. Mais par là même, elle
86 Wordsworth, dans Vigile, IV, 1931. Elle est riche en documents significatifs et qui viennent à l’appui de notre point de v
8 1934, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Éditorial (juillet 1934)
87 un qui vont demande rayson de l’espérance qui est en vous.15 » On n’oserait pas affirmer que le protestant d’aujourd’hui,
88 autre chose qu’une curiosité passagère, alors qu’ en toute honnêteté, elle devrait provoquer le scandale chez la très gran
89 e simple commémoration symbolique. Mais combien s’ en trouve-t-il qui soient capables d’expliquer ce qu’ils croient ? Combi
90 ormais, de « donner raison de l’espérance qui est en nous ». À nos lecteurs comme à nous-mêmes, nous demanderons le simple
91 , de rappeler certains arguments ; de les grouper en brefs traités. Dans le petit espace dont nous disposons pour aborder
9 1935, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Les trois temps de la Parole (mai 1935)
92 , et se substitueraient ainsi, sans que nous nous en doutions, à l’acte de l’Esprit. Le scandale s’évanouirait, pour faire
93 it être de remonter l’Histoire, de se transporter en imagination aux premières années de notre ère, en Judée, de nous reme
94 en imagination aux premières années de notre ère, en Judée, de nous remettre tant bien que mal dans la situation de Pierre
95 ref, de nous rendre contemporains de Jésus-Christ en faisant abstraction du temps qui nous sépare de son apparition terres
96 double effort pour nous re-présenter Jésus, soit en nous transportant à son époque, soit en le transportant dans la nôtre
97 sus, soit en nous transportant à son époque, soit en le transportant dans la nôtre, tend tout naturellement à ramener ce J
98 à nous « faciliter » la foi, c’est-à-dire à nous en dispenser. Lorsque nous nous laissons aller à cette tendance de notre
99 la trouvons aux pages 148 à 155 du premier tome ( en cours de traduction). Il y a trois sortes de temps, dit Barth : le te
100 annoncé aux prophètes et aux apôtres pour qu’ils en témoignent ensuite, — autre est le temps de ce témoignage, le temps d
101 ’un à l’autre par un mouvement continu, de proche en proche. Il faut un saut17. Prenons un exemple fameux : celui de Pierr
102 role (Matt. 16, 17). C’est Dieu lui-même qui agit en lui à ce moment, qui lui fait faire le « pas », le saut du temps de l
103 ue le Christ : il ne le reconnaît pas, il ne voit en lui qu’un prophète, il n’est pas son contemporain. Les disciples d’Em
104 ces limites, voilà la vraie leçon de nos voyages en Palestine, réels ou figurés. Nous ne pouvons nous empêcher d’imaginer
105 e mot est bien faible — qui se posent au chrétien en tout temps : mort à soi-même, obéissance, attente active du Christ vi
10 1935, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Soirée chez Nicodème (mai 1935)
106 ée chez Nicodème (mai 1935)l Et puis, je vous en supplie, que l’humour ne perde jamais ses droits. Vous ne croyez pas
107 afé. Un étudiant feuilletait un gros ouvrage posé en évidence sur le bureau du maître, — cet ouvrage, que vous connaissez
108 ilfred Monod. « Un monument ! » prononça Nicodème en s’approchant de l’étudiant. Nous nous assîmes en cercle autour du pat
109 en s’approchant de l’étudiant. Nous nous assîmes en cercle autour du patriarche. Et l’entretien que nous attendions tous
110 la gaffe, et le sort, je le crains, a voulu que j’ en fusse. Mais Nicodème, par bonheur, « sait vivre » mieux que la plupar
111 qu’il accueille si généreusement, chaque semaine, en son logis. Il se tourna vers moi en souriant, et le dialogue s’engage
112 aque semaine, en son logis. Il se tourna vers moi en souriant, et le dialogue s’engagea sans aucune gêne. Nicodème. — Nou
113 onté depuis longtemps toute espèce d’amour-propre en ces matières ! —, un jugement si désobligeant, dis-je, pour l’un de m
114 de l’impertinence à affirmer rien de « précis », en se rapportant à quelque affirmation choisie entre trente-six-mille au
115 ns cartésien. » Étiez-vous vraiment « cartésien » en ce temps-là, cher Monsieur Nicodème ? Ou bien l’êtes-vous devenu ? Pe
116 Chrysostome prenait le terme). Et puis, je vous, en supplie, que l’humour ne perde jamais ses droits. Vous ne croyez pas
117 donne toujours envie de dire des grossièretés, —  en allemand, par-dessus le marché. Or, le ton de cette soirée avait été
118 instant, grandiloquent : Poupette avait les joues en feu et approuvait à tout hasard tantôt l’un tantôt l’autre parti, ému
119 net, — ces Helvètes — tantôt Calvin, qui écrivait en latin des choses que Barth a mieux comprises que Sabatier, tantôt l’h
120 n ne puisse pas parler ?… Des expériences. Oui, j’ en ai fait bien d’autres. J’en parle aussi, j’ai le droit d’en parler… À
121 s expériences. Oui, j’en ai fait bien d’autres. J’ en parle aussi, j’ai le droit d’en parler… À mon âge, j’en ai même le de
122 bien d’autres. J’en parle aussi, j’ai le droit d’ en parler… À mon âge, j’en ai même le devoir, vis-à-vis de cette jeuness
123 le aussi, j’ai le droit d’en parler… À mon âge, j’ en ai même le devoir, vis-à-vis de cette jeunesse ! J’étais un homme rel
124 là… il y a eu ceci de plus, — et moi seul je puis en parler… Ou bien, est-ce que moi seul, je n’aurais pas ce droit ? J’ai
125 uelques-uns ne crurent pouvoir secouer l’effet qu’ en s’étonnant subitement de l’heure tardive. Mais Mme Nicodème les rassu
126 ton sans réplique qu’il n’était pas question de s’ en aller. Et Poupette passa les petits fours, avec un naturel parfait. L
127 paternelle. Un des jeunes étudiants avait repris en main le « monument » du professeur Monod, et s’amusait à lire à ses v
128 es “ondes radioactives du Salut”, cela s’appelle, en bonne scolastique, la grâce infuse ! et si toute notre humanité est s
129 guère que son Évangile serait un jour transformé en pylône émetteur ! » — À quoi l’un des barthiens s’empressa d’ajouter 
130 des barthiens s’empressa d’ajouter : « Quoi qu’il en soit, d’ailleurs, de toutes ces métaphores, le seul fait qui demeure,
131 ’a pas cru pouvoir sauver les hommes autrement qu’ en mourant pour eux”. Que pourrions-nous donc faire de plus que lui ? L’
132 que lui ? L’imitation du Christ, c’est de mourir en lui et avec lui, — non pas de s’emparer de son message comme d’un pré
133 ons si délibérément tragiques ne firent qu’aviver en moi l’espèce d’angoisse sur laquelle m’avait laissé le monologue de N
134 eux qu’il met, hélas, dans ses moindres propos… J’ en étais donc à hésiter assez lâchement, lorsqu’un des étudiants lança,
135 ême tout simplement odieux ! m’écriai-je. Et je m’ en voudrais plus que je ne puis dire d’avoir lâché cette méchante boutad
136 ite étincelle divine qui, selon les uns, subsiste en nous et pourrait rallumer d’un nouveau feu toute notre humanité, plus
137 ment la seule chose impossible et dont ils nient, en toute sincérité, qu’elle soit possible ! Ne riez pas de leurs efforts
138 contemporain de Jésus. Et même il sut reconnaître en ce Jésus un docteur envoyé par Dieu ! « Mais voyez-vous, nous sommes
139 , si vous ne vivez pas de cette mort ! Or, vous n’ en vivez pas, j’en suis trop sûr, quand vous en faites un argument théol
140 ez pas de cette mort ! Or, vous n’en vivez pas, j’ en suis trop sûr, quand vous en faites un argument théologique ! Où donc
141 us n’en vivez pas, j’en suis trop sûr, quand vous en faites un argument théologique ! Où donc est-il, celui qui accepte de
142 ous sommes tous des Nicodèmes ! et jamais plus qu’ en ce moment où nous condamnons Nicodème… Voilà pourquoi Nicodème n’est
143 ons parler au nom de cette angoisse, — justement, en son nom ! Et non pas pour la condamner ou la nier dès le principe ! C
144 puis pas m’exprimer plus clairement. Voici donc, en peu de mots, ce que je crois, pour mon compte. L’angoisse de Nicodème
145 de toute « crainte et tremblement ». Mais elles n’ en sont pas moins, comme le Baptême et comme la Cène, dans la mesure où
146 les sacrements, la promesse de l’accomplissement en Christ — déjà venu et qui revient ! — de ce que nous espérons présent
11 1936, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Sur une page de Bossuet (ou Tradition et Révélation) (janvier 1936)
147 très courant de la controverse22 avec la Réforme, en France : on oppose dix-neuf siècles de tradition universelle — dont q
148 orique et plus fécond pour la théologie de mettre en regard du catholicisme romain le protestantisme tout entier, luthérie
149 s de la position catholique ne sont pas formulées en termes catholiques. Je comprends parfaitement à quel souci très légit
150 la personne de ses saints », écrit le père Congar en une fort belle définition24. Or, si je cite une formule d’Augustin, q
151 s dogmes qui m’importent, mais la manière dont on en use dans l’Église romaine, mais le degré de sérieux qu’on leur accord
152 aine, mais le degré de sérieux qu’on leur accorde en fait, mais l’opinion commune qu’elles sont censées enregistrer. Cette
153 et la Révélation de notre raison ? Au point qu’on en arrive à se demander pourquoi le Christ a dû mourir pour triompher de
154 es, éclairée par la grâce, n’avait su les achever en les incorporant à la tradition de l’Église, corps du Christ ressuscit
155 l moyen de salut qui ait été donné aux hommes. Il en va de même du purgatoire, de l’analogia entis, de la grâce infuse, de
156 , s’ils me convainquent enfin de mon erreur, je m’ en réjouirai hautement. Et je me sentirai d’autant plus libre de leur de
157 cette pratique… Quand donc on veut s’imaginer qu’ en ne recevant qu’une espèce, on ne reçoit qu’une cène et une communion
158 e et nette, et à choisir. Car, enfin, si Bossuet, en écrivant cette page, a déformé la vérité, il le faut déclarer hérétiq
159 t ou n’ait permis de dire28. Seulement, il le dit en français. Or, c’est précisément ce que je cherche : l’écho des formul
160 surer sur un texte qui nous inquiète, nous sommes en droit de poursuivre l’examen des « réflexes catholiques » que ce text
161 la volonté de Dieu que ce qu’il lui a plu de nous en révéler dans l’Écriture, et par l’action du Saint-Esprit, grâce auque
162 se prouve qu’elle sait le secret de Jésus-Christ, en ordonnant de faire tout le contraire de ce qu’il a dit ? — Exactement
163 s écrits d’Augustin. (Importante réserve indiquée en 1689 lors de la condamnation des jansénistes.) Puis les doctrines des
164 surtout de Thomas d’Aquin (Encycl. de Benoît XV, en 1923, seulement !). Voilà qui est clair et sans mystère : la traditio
165 ment » la vérité à l’homme « subjectif ». Et tout en mentionnant la Bible pour mémoire — « ces pâles écrits », dira le pèr
166 forme est la rançon fatale de la croyance romaine en la tradition considérée comme « l’autre source » de la Révélation. En
167 leur époque et de leur formation ? Par la Bible ? En principe, oui. Mais le principe a beau être affirmé en droit, il est
168 incipe, oui. Mais le principe a beau être affirmé en droit, il est en fait négligé, et à tel point négligé qu’il n’y aura
169 le principe a beau être affirmé en droit, il est en fait négligé, et à tel point négligé qu’il n’y aura pas grand-chose à
170 pas grand-chose à faire pour le ruiner plus tard en droit. C’est ce que fit le concile du Vatican (1869-1870. Cap. 2 : de
171 de revelatione, de interpretatione S. Scripturae) en déclarant que l’Écriture ne peut être interprétée que selon l’Église,
172 spirés par l’Esprit saint, ils ne sauraient être, en bonne logique, ses juges. Il faut donc admettre ou bien que les conci
173 remier terme de l’alternative revient à consacrer en droit l’arbitraire le plus absolu. Pratiquement : un opportunisme qui
174 u’ils ont tout fait de leur côté pour évincer ou, en tout cas, pour relativiser ce seul critère ? Comprennent-ils toute la
175 à propos de la coupe de la Sainte-Cène : « Buvez- en tous ! » L’intention « secrète » du Christ, intention que Bossuet lou
176 dition de leur temps (qui était encore le « Buvez- en tous ») un démenti formel (le prêtre seul peut en boire), devenu par
177 en tous ») un démenti formel (le prêtre seul peut en boire), devenu par la suite partie intégrante de la nouvelle traditio
178 venu moins grand, avec le temps, qu’il ne l’était en 1569 ? La tradition serait-elle une sorte de promotion « à l’ancienne
179 nôtre : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. » (Jean 6:29) Si vous croyez cela sérieusement,
180 Dieu... De même — personne ne connaît ce qui est en Dieu, si ce n’est l’Esprit de Dieu. » I Cor. 2:10. 32. On le voit bi
181 à ce trait : le « développement du dogme » n’est en fait qu’une stratification de refus, de défenses contre les hérésies.