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Hic et nunc [éditorial] (novembre 1932)a b
Il
existe — hic et nunc — un certain nombre de choses à dire, un certain
2
de choses à dire, un certain ordre de vérités qu’
il
n’est plus possible de taire. Mais c’est en vain que nous cherchons a
3
l’ironie, toute la décence, toute la violence qu’
elles
imposent, des vérités actuelles, personnelles, dangereuses. Dites à n
4
dre ; à ceux auxquels, peut-être mieux qu’à nous,
il
sera donné de les comprendre en vérité, c’est-à-dire de les réaliser
5
ui se moquent des hommes et ne voient même pas qu’
ils
n’ont plus de réponses à offrir à leurs perpétuelles et urgentes ques
6
ion de plus en plus soumise à ce dieu imbécile qu’
elle
honore sur les « places » et qui s’appelle Production, il y a lieu et
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se retrancher dans des positions que, peut-être,
ils
étaient bien près d’abandonner. Il nous est indifférent, en principe,
8
e, peut-être, ils étaient bien près d’abandonner.
Il
nous est indifférent, en principe, de nous opposer à telles idées cou
9
ême temps que nous-mêmes. Avant tout, après tout,
il
ne peut s’agir que d’une chose : témoigner, aussi fortement que possi
10
radoxale, « dialectique », de la vie chrétienne :
elle
rejette tout espoir qui ne serait pas le seul espoir ; toute promesse
11
onie », est au centre du monde chrétien, parce qu’
elle
est le signe même de notre condition. Et lorsque nous disons le « mon
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monde qui ne saurait nous offrir de salut, puisqu’
il
n’est de salut qu’en la foi, qui transcende le monde. Principe de l’i
13
« nous sommes au monde pour quelque chose », mais
elle
oublie que ce quelque chose, notre activité, ne vaut rien pour notre
14
e, notre activité, ne vaut rien pour notre salut.
Elle
se souvient que nous devons travailler à établir le Royaume sur la te
15
ravailler à établir le Royaume sur la terre, mais
elle
oublie que cela nous est à jamais impossible. C’est le principe de ce
16
nte à tout système rationaliste du monde, soit qu’
il
prétende, comme le système romain, enfermer les antinomies dans un ca
17
forme sans doute l’une des composantes ; soit qu’
il
refuse comme le marxisme l’antinomie centrale de notre condition, et
18
ent humains dans le jeu de synthèses successives,
il
achemine l’espèce vers un équilibre final, réplique morne et désespér
19
st dans un désespoir tellement « substantiel » qu’
il
nous rende à leur tour intenables les dernières ruses de la sécurité.
20
intenables les dernières ruses de la sécurité. ⁂
Il
faut les entendre parler du « protestantisme ». Les uns l’accusent de
21
capitale, plutôt que Genève, choisirait Détroit.
Il
s’agirait de s’entendre ; mais pour cela il faudrait tout d’abord con
22
roit. Il s’agirait de s’entendre ; mais pour cela
il
faudrait tout d’abord connaître la position du calvinisme dialectique
23
; intenable comme le fait chrétien lui-même, — s’
il
n’est pas attesté dans l’acte de la foi. Qu’est-ce donc, en effet, qu
24
cet effort ne nous mériteront jamais le Pardon ;
ils
mériteront tout au plus d’être eux-mêmes pardonnés. Ce qui nous assur
25
tempteurs absolus des mérites humains, pourraient-
ils
, s’ils prennent au sérieux leur foi, participer à un effort politique
26
rs absolus des mérites humains, pourraient-ils, s’
ils
prennent au sérieux leur foi, participer à un effort politique quelco
27
que quelconque ? Ayons le courage de l’affirmer ;
il
n’est pas de réponse à cette question pour ceux qui ne savent pas ce
28
’aiguiser ces oppositions naturelles ; bien plus,
elle
crée des conflits là où l’homme naturel n’en pouvait distinguer ; et
29
omme naturel n’en pouvait distinguer ; et surtout
elle
impose un choix d’ailleurs humainement impossible, là où l’homme natu
30
omme n’est capable de la posséder dans la durée ;
elle
« survient », et jamais nous ne pouvons en tirer argument, comme d’un
31
argument, comme d’une force à notre disposition ;
elle
survient, et c’est alors un ordre que nous recevons et qui nous meut
32
ecevons et qui nous meut parmi les hommes tels qu’
ils
sont, — des hommes qui ont besoin d’une politique pour suppléer à leu
33
s ont été les plus « actifs » des temps modernes.
Il
s’est même produit ceci (corruptio optimi pessima) que ceux d’entre e
34
ie moderne et son utilisation criminelle. ⁂ Mais
il
existe des êtres que l’attitude du pessimisme actif condamne sans dis
35
uillaume d’Orange est l’arrêt de mort des idoles.
Elle
suppose un Dieu transcendant. Quel dieu fait de nos désirs d’hommes p
36
es dieux de l’Occident réclament des dividendes ;
ils
réclament aussi des sacrifices humains. Le dieu-nation respire la bon
37
s de blé, de coton et d’obus. En face des idoles,
il
n’y a que deux attitudes possibles : les adorer ou les fracasser. (Il
38
appelée esthétique, qui consistait à dire : comme
elles
sont bien peintes ! (ou mal). — Pauvre type ! Peut-être aurai-je pour
39
x parler ici que du principe de notre politique ;
il
est bien clair qu’elle condamne, dans la mesure où ces idolâtries son
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rincipe de notre politique ; il est bien clair qu’
elle
condamne, dans la mesure où ces idolâtries sont suspendues à la réuss
41
re salut sur une organisation terrestre quelle qu’
elle
soit. Il ne suit pas de là, bien au contraire, que nous ne puissions
42
r une organisation terrestre quelle qu’elle soit.
Il
ne suit pas de là, bien au contraire, que nous ne puissions collabore
43
rtains cas extrêmes, nous tient quitte de la foi.
Il
ne s’agit jamais pour nous de rendre cette vie possible, mais tout au
44
), à la conception kierkegaardienne du désespoir.
Elle
ne désigne en réalité qu’un des moments de la dialectique du désespoi
45
ectique du désespoir : le moment décisif, l’acte.
Elle
n’a de sens, pour nous, que parce qu’il y a la foi. c. Rougemont De
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: avec un sérieux et un respect si peu feints qu’
ils
n’excluent nullement la bonne humeur. Le sérieux ne consistera jamais
47
cette question est justifiée par le fait même qu’
elle
a surgi à l’occasion de ce que j’écris ; il s’agit, avant que d’y rép
48
qu’elle a surgi à l’occasion de ce que j’écris ;
il
s’agit, avant que d’y répondre, de se rendre compte de ce qu’elle sig
49
nt que d’y répondre, de se rendre compte de ce qu’
elle
signifie pour celui qui me la pose. Répondre du tac au tac, à la « le
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qu’on se borne à répondre à leurs mots, alors qu’
il
eût fallu répondre à un tourment réel, maladroitement exprimé par ces
51
peu ». Qu’on les reconnaisse à ce signe : dès qu’
ils
commencent à comprendre de quoi il s’agit, ils s’écrient : « Je ne co
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igne : dès qu’ils commencent à comprendre de quoi
il
s’agit, ils s’écrient : « Je ne comprends plus ! » En réalité, ils no
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qu’ils commencent à comprendre de quoi il s’agit,
ils
s’écrient : « Je ne comprends plus ! » En réalité, ils nous demandent
54
’écrient : « Je ne comprends plus ! » En réalité,
ils
nous demandent des thèmes de discussion, c’est-à-dire des prétextes à
55
ion, j’entends à ceux qui nous la posent parce qu’
elle
se pose à eux-mêmes. Il n’y a pas de solutions, — il y a des ordres
56
us la posent parce qu’elle se pose à eux-mêmes.
Il
n’y a pas de solutions, — il y a des ordres 1. Celui qui veut vrai
57
ustre. Or, la force, pour le chrétien, quelle est-
elle
? Il se trouve que nul homme n’est en mesure de la donner à son frère
58
Or, la force, pour le chrétien, quelle est-elle ?
Il
se trouve que nul homme n’est en mesure de la donner à son frère : c’
59
foi. 2. Un homme qui est dans la foi sait bien qu’
il
n’y a pas à demander de « solutions pratiques », car la foi est préci
60
dres personnels, et ces ordres sont pratiques, ou
ils
ne sont rien. On dirait, à entendre parler certains chrétiens, que la
61
l’aspect décourageant du paganisme contemporain.
Il
sévit dans nos églises, avec une virulence sourde, attisée de temps à
62
me certains : « J’ai la foi, mais dites-moi ce qu’
il
faut que j’en fasse ? » Car, où la foi existe, existe le savoir. Ente
63
« L’Éthique ne commence pas dans une ignorance qu’
il
faudrait muer en savoir, mais dans un savoir qui exige sa réalisation
64
ayant perdu la clef de l’Origine et de la Fin, qu’
il
s’agisse de notre existence personnelle ou du cours de l’histoire ter
65
umière leur est venue dans cette nuit ? Est-ce qu’
ils
ont, eux, la clef du mystère ou du scandale ? Non, je ne le crois pas
66
u scandale ? Non, je ne le crois pas. Je dirai qu’
ils
ont mieux que cela. Ils savent simplement ce qu’il faut faire dans ce
67
le crois pas. Je dirai qu’ils ont mieux que cela.
Ils
savent simplement ce qu’il faut faire dans cette nuit pour en sortir
68
s ont mieux que cela. Ils savent simplement ce qu’
il
faut faire dans cette nuit pour en sortir un jour. Ils savent que le
69
aut faire dans cette nuit pour en sortir un jour.
Ils
savent que le Christ leur promet la lumière à la mesure de leur obéis
70
promet la lumière à la mesure de leur obéissance.
Ils
n’ont donc pas reçu une révélation ésotérique, que l’homme d’aujourd’
71
e serait pas capable de supporter, d’interpréter.
Ils
n’ont pas davantage reçu une révélation éthique, un étalon universel
72
u bien et du mal en toute chose. La révélation qu’
ils
ont reçue et qu’ils reçoivent est purement « pratique », c’est-à-dire
73
toute chose. La révélation qu’ils ont reçue et qu’
ils
reçoivent est purement « pratique », c’est-à-dire immédiate à chacun
74
e chrétien n’a donc rien à répondre, en principe.
Il
ne peut que renvoyer à la seule force d’où provient l’ordre véritable
75
s, et pour soi-même, prouver la foi par l’acte qu’
elle
ordonne. Nous ne sommes pas des guérisseurs, mais des malades D
76
ntrer que la maladie est sérieuse, si sérieuse qu’
il
serait ridicule d’attendre de nous ou de qui que ce soit un remède. D
77
ncer tous les codes existants de morale, parce qu’
ils
dénaturent ou refoulent la question, en lui fournissant des réponses
78
désorienter celui qui s’imagine être debout quand
il
n’a fait que truquer les repères ; désespérer les optimistes en leur
79
ptimistes en leur montrant de quel prix dérisoire
ils
ont cru payer leur salut, — telle est la seule tâche véritablement po
80
la prend bien souvent l’aspect d’une destruction.
Il
peut paraître étrange que l’on doive rappeler de telles choses, mais
81
ence la justification de son refus de vivre. Mais
il
existe une sagesse qui semble bien n’être pas affectée de la dégradat
82
sse dit oui à toutes les contradictions du monde.
Elle
les assume dans une vue sobre et courageuse et cherche en elles la te
83
me dans une vue sobre et courageuse et cherche en
elles
la tension, le ressort nécessaires à l’acte créateur. Loin de tenter
84
tenter leur réduction à quelque idéale synthèse,
elle
s’exalte des conflits sans cesse renaissants que suscite l’exigence d
85
ants que suscite l’exigence de la personne lorsqu’
elle
s’insère dans le donné hostile du monde ambiant. Elle ne veut ni la t
86
s’insère dans le donné hostile du monde ambiant.
Elle
ne veut ni la thèse seule, ni l’antithèse seule, et bien moins encore
87
ntithèse seule, et bien moins encore la synthèse.
Elle
veut le risque permanent, l’actualité permanente. Elle provoque sans
88
veut le risque permanent, l’actualité permanente.
Elle
provoque sans répit cette mise en question personnelle que signifie l
89
de la thèse et de l’antithèse. Avec Kierkegaard,
elle
répète que « toute prétention à une unité supérieure qui harmoniserai
90
t qu’un attentat métaphysique contre l’éthique ».
Il
s’agit donc ici d’une dialectique à deux termes simultanés, et dont l
91
orientée vers quelque troisième terme dans lequel
elle
s’annulerait, non sans soulagement, mais bien vers l’acte créateur pa
92
l des hégéliens. Hegel supprima le conflit lorsqu’
il
voulut en étaler les éléments dans le temps et l’Histoire. Sa dialect
93
ut dans un processus qui nie l’acte et le risque.
Il
n’y a plus qu’à compter un, deux, trois, comme le dit Kierkegaard dan
94
j’ai pu marquer mon choix et quelles conséquences
il
entraîne dans l’ordre politique, par exemple, que notre temps croit d
95
voir considérer comme plus réel que le spirituel.
Il
me paraît certain qu’une dialectique fondée sur l’actualité permanent
96
évelopper ici ces thèses, si dans leur expression
elles
ne comportaient, à première vue, une similitude si troublante avec le
97
barthiennes, et si pour cette raison précisément
elles
ne constituaient un terme de comparaison tout à fait privilégié. Peut
98
e point de vue dialectique de Barth se laissera-t-
il
d’autant plus clairement définir qu’on le définira par son opposition
99
⁂ Cet acte dont nous parlions, à quoi se suspend-
il
en dernière analyse ? Vers quelles fins dernières nous conduit le dép
100
les fins dernières nous conduit le dépassement qu’
il
permet ? Et le rendement créateur de cette éthique de la personne, pa
101
personne, par quoi, au bout du temps, se trouve-t-
il
à son tour jugé ? Si l’on récusait ces questions, on affirmerait par
102
ffisant de l’ensemble du monde. Ce serait dire qu’
elle
constitue finalement la solution au nom de quoi l’on refuse toutes le
103
outes les synthèses et ce principe de synthèse qu’
il
contient. Accusation qui ne porte pas sur le détail ni sur la valeur
104
tous ces problèmes à la réalité de Dieu telle qu’
elle
nous apparaît, c’est-à-dire au problème de tous nos problèmes, au pro
105
n. Tel est l’aspect humain de la dialectique dont
il
est question chez Barth ; et que cela suffise à faire voir que Barth
106
te ; si au contraire le paradoxe est bien réel, s’
il
est bien tel que l’ont formulé un Paul, un Luther, un Calvin, ce sont
107
t de la « tristesse » du message barthien, puisqu’
ils
entendent désigner par là l’acceptation de la mort et du rien, de l’i
108
, le ferait tomber dans l’histoire. « Ainsi donc,
il
ne nous reste — émouvant spectacle pour ceux qui n’ont pas le vertige
109
e » pareillement inconfortable, dont, au surplus,
il
n’est plus possible de se défaire au nom de l’« action » ou de la « p
110
e l’« action » ou de la « piété du cœur », puisqu’
elle
prétend précisément les mettre en cause. C’est qu’aussi bien ce oui,
111
longé dans la négation radicale. Mais aussitôt, s’
il
accepte ce non, l’affirmation de son salut paraît : il reconnaît la V
112
cepte ce non, l’affirmation de son salut paraît :
il
reconnaît la Vie au travers de sa mort. Si, par un souci peut-être va
113
tion formelle, nous revenions au schéma hégélien,
il
faudrait dire qu’ici la synthèse précède et seule provoque l’antithès
114
rth, se rapporte aux réalités dernières. Qu’y a-t-
il
donc entre ce non dernier et tous nos sic et non ? Qu’y a-t-il entre
115
ce non dernier et tous nos sic et non ? Qu’y a-t-
il
entre cette condamnation globale et tous les jugements quotidiens que
116
, et notre acceptation de cette mort. Et qu’y a-t-
il
entre ce oui dernier et tous nos sic et non, qu’y a-t-il entre cette
117
e ce oui dernier et tous nos sic et non, qu’y a-t-
il
entre cette justification totale et toutes les affirmations orgueille
118
a l’acceptation de la Vie qui n’est pas nôtre, qu’
il
faut croire. Dissymétrie vertigineuse : la place qui nous est assigné
119
Je voudrais simplement en avoir dit assez pour qu’
il
soit inutile d’insister davantage sur ce fait : nos dialectiques huma
120
t parle la théologie dans sa dialectique absolue.
Il
n’y a plus ici d’opération réelle que par la Parole de Dieu : acte de
121
seulement notre recherche, mais en même temps, si
elle
est vraie, notre salut. Et c’est Pascal, traduisant Augustin : « Tu n
122
ne haute poésie. 3° Enfin toute poésie ne serait-
elle
pas, dans son essence, dialectique ? La métaphore ne tire-t-elle pas
123
son essence, dialectique ? La métaphore ne tire-t-
elle
pas sa puissance de la nouveauté paradoxale des rapprochements qu’ell
124
de la nouveauté paradoxale des rapprochements qu’
elle
opère ? Ne jaillit-elle pas de la tension des contradictoires qu’elle
125
ale des rapprochements qu’elle opère ? Ne jaillit-
elle
pas de la tension des contradictoires qu’elle saisit en une seule ima
126
lit-elle pas de la tension des contradictoires qu’
elle
saisit en une seule image, indiquant par cette image beaucoup plus qu
127
ée, et qui ne se précise en moi qu’à l’instant où
elle
me contraint d’agir. Peut-être qu’il est inutile de rien savoir du mo
128
instant où elle me contraint d’agir. Peut-être qu’
il
est inutile de rien savoir du monde et de son train, des sciences, de
129
e, le résoudre au concret, ou bien périr par lui.
Il
n’y a pas au monde un seul problème dont la réalité dernière, dont l’
130
e surdité, de cécité et de mutisme. Par ailleurs,
elle
pourrait être aussi laïque ou religieuse qu’on voudrait. Mais l’indiv
131
on voudrait. Mais l’individu a vécu, nous dit-on…
Il
faut craindre la mort des mythes : elle n’est jamais qu’une métamorph
132
ous dit-on… Il faut craindre la mort des mythes :
elle
n’est jamais qu’une métamorphose. L’individu n’est mort que pour rena
133
est constater que la question sociale, en tant qu’
elle
est question exigeant une réponse ne se pose pas ailleurs que dans le
134
nnaître autrement que par la question concrète qu’
elles
m’adressent ; et cette question ne peut être concrète — ne peut être
135
n autre homme, en face de moi, qui me la pose. Qu’
il
soit là, proche ou lointain, à portée de ma main, à portée de mes yeu
136
nt dans un nous, qu’on oppose alors fièrement aux
ils
des sociologues et des positivistes. Cette opération magistrale porte
137
ue. Le vœu humain paraît comblé… Mais ce nous est-
il
autre chose qu’une moyenne entre le je des libéraux et le ils des col
138
ose qu’une moyenne entre le je des libéraux et le
ils
des collectivistes ? N’est-il pas, lui aussi, inactuel et abstrait, e
139
des libéraux et le ils des collectivistes ? N’est-
il
pas, lui aussi, inactuel et abstrait, et par là même, ne laisse-t-il
140
inactuel et abstrait, et par là même, ne laisse-t-
il
pas le champ libre à la tyrannie, c’est-à-dire à la mécanique étatist
141
ciste est peut-être plus grave que les erreurs qu’
elle
combat, parce qu’elle figure l’image du rapport véritable entre les h
142
us grave que les erreurs qu’elle combat, parce qu’
elle
figure l’image du rapport véritable entre les hommes, mais qu’elle la
143
ge du rapport véritable entre les hommes, mais qu’
elle
la figure dans l’abstrait, dans le plan même de ce qu’elle croit mépr
144
igure dans l’abstrait, dans le plan même de ce qu’
elle
croit mépriser. Le rapport véritable entre les hommes, c’est la commu
145
communauté n’est rien de plus que les personnes :
elle
n’est que l’expression de leurs rapports spécifiques. Elle a son cent
146
t que l’expression de leurs rapports spécifiques.
Elle
a son centre en chacune des personnes qui la composent, et n’est pas
147
st pas définie par autre chose que par ce centre.
Elle
est le rayonnement dans la durée de l’acte instantané qui unit un je
148
ment abstraction de la responsabilité réciproque.
Il
en résulte que le je et que le tu, considérés d’un point de vue qui n
149
rence. Et comme le veut la géométrie euclidienne,
il
est plus grand que chacun des éléments qui le composent. Il s’arroge
150
s grand que chacun des éléments qui le composent.
Il
s’arroge des droits sur eux, bien qu’à la vérité il ne résulte que de
151
s’arroge des droits sur eux, bien qu’à la vérité
il
ne résulte que de la somme de leurs altérations. Les hommes qui const
152
vis qui pose une question directe, — le prochain.
Il
a cessé d’être un des pôles de la personne. Le nous n’est rien qu’un
153
ies. Perte de tension, en chaque point du cercle.
Il
faudra bien la compenser par une rigidité accrue de la circonférence.
154
la force d’un principe transcendant, — et tant qu’
il
règne on peut mépriser la police ; puis vient un temps où l’on se las
155
cial qui s’abandonne ; enfin la police décrète qu’
elle
est elle-même la force véritable. Mais elle ne règne plus que sur des
156
te qu’elle est elle-même la force véritable. Mais
elle
ne règne plus que sur des automates. ⁂ Les partisans du nous, en véri
157
ous les problèmes sociaux et spirituels. C’est en
elle
, et c’est en elle seule, qu’ils provoquent un écho humain. C’est en e
158
sociaux et spirituels. C’est en elle, et c’est en
elle
seule, qu’ils provoquent un écho humain. C’est en elle enfin que s’op
159
ituels. C’est en elle, et c’est en elle seule, qu’
ils
provoquent un écho humain. C’est en elle enfin que s’opère l’acte d’u
160
seule, qu’ils provoquent un écho humain. C’est en
elle
enfin que s’opère l’acte d’une communion réelle. La personne est un l
161
sonne est un lieu d’héroïsme, et cela signifie qu’
elle
est le lieu, l’origine et la fin de toute incarnation, de toute créat
162
actualité dont le moins qu’on puisse dire est qu’
elle
nous assaille de toutes parts avec ses grands panneaux hauts en coule
163
sque dans les pages illustrées de nos quotidiens.
Il
me reste à marquer la dépendance théologique d’une analyse qui peut p
164
a quiétude, n’est-ce pas, en définitive, parce qu’
il
est pour moi, à tel instant, le symbole réel de Celui qui nous a dit
165
tre reçu par moi, mais encore d’être reçu quoi qu’
il
me demande, fût-ce ma mort, n’est-ce pas pour cette seule raison, où
166
cel, Journal métaphysique). Le toi est mon objet,
il
n’est pas autonome. 7. Ainsi l’Église : le chrétien, dans l’acte de
167
se universelle. L’Église est universelle parce qu’
elle
s’enracine dans l’acte qui confère à tout homme son être véritable, d
168
s choses dans leurs natures particulières : alors
elles
nous en sont reconnaissantes. C. F. Ramuz (Adam et Ève). La plénitu
169
immobile. La plénitude du monde est un événement.
Elle
a son lieu dans la question que nous adressent les créatures, lorsque
170
e nous distinguons leur véritable angoisse, et qu’
elle
nous dresse pour une réponse. La plénitude est un combat d’amour. Mai
171
s tentations et des menaces qui surgissent dès qu’
il
dit je, n’a pas d’autre mouvement que la peur ou l’amour. Non qu’il a
172
d’autre mouvement que la peur ou l’amour. Non qu’
il
ait à choisir : déjà il fuit, déjà il s’offre. C’est le je qui est ch
173
a peur ou l’amour. Non qu’il ait à choisir : déjà
il
fuit, déjà il s’offre. C’est le je qui est choix. L’acte qui me disti
174
our. Non qu’il ait à choisir : déjà il fuit, déjà
il
s’offre. C’est le je qui est choix. L’acte qui me distingue du monde
175
ou meurtrier. Je n’existe que par cette tension.
Elle
est ma seule différence et je n’échappe point au règne naturel. L’ind
176
ernative extérieure à son être, un vis-à-vis dont
il
pourrait se détourner, cette indifférence n’est rien que le rêve d’un
177
se croit je. Ce rêve peut remplir nos journées :
il
n’est pas notre vie. Il n’est qu’un abandon aux lois de la poussière.
178
ut remplir nos journées : il n’est pas notre vie.
Il
n’est qu’un abandon aux lois de la poussière. ⁂ Ceci peut définir l’A
179
pas celui des humains, c’est à la raison seule qu’
il
se révèle, et ce n’est plus la peur du sang qui lui répond, mais la c
180
t son acte, mesure la grandeur du danger, sait qu’
il
s’y offre armé, et connaît ses retraites. Raison géométrique, adorati
181
homme le sait. Et sa dictature n’est pas l’ordre.
Elle
peut tuer les bêtes, couper les arbres et peupler les déserts ; sur l
182
s déserts ; sur le principe animateur des choses,
elle
est sans prise. Elle ne règne vraiment que sur ses propres créatures.
183
incipe animateur des choses, elle est sans prise.
Elle
ne règne vraiment que sur ses propres créatures. Alors il faut refair
184
gne vraiment que sur ses propres créatures. Alors
il
faut refaire un monde. L’arbre devient colonne et ne pose plus de que
185
aux prises avec lui-même. Autarchie rationnelle.
Il
a mauvaise conscience. « De la raison considérée comme un assassinat
186
aisir le sens exact ? Ainsi se défend la Logique.
Elle
n’a pas tort. L’enfer logique est sans défaut. Le sens exact d’une qu
187
que n’a pas en lui de quoi répondre à la Nature :
il
est lui-même une question que Dieu ne semble pas entendre. L’homme an
188
donné à l’anarchie. Comment Adam ne s’effraierait-
il
pas d’une plainte qui s’adresse, en lui, à ce pouvoir qu’il sait avoi
189
ne plainte qui s’adresse, en lui, à ce pouvoir qu’
il
sait avoir perdu ? La Nature se révolte en désordre. Elle veut la mor
190
t avoir perdu ? La Nature se révolte en désordre.
Elle
veut la mort de l’homme parce qu’il ne sait plus la faire vivre. L’ho
191
n désordre. Elle veut la mort de l’homme parce qu’
il
ne sait plus la faire vivre. L’homme se défend brutalement, et plus i
192
ire vivre. L’homme se défend brutalement, et plus
il
se défend, plus il impose à la Nature sa tyrannie, moins il comprend
193
se défend brutalement, et plus il se défend, plus
il
impose à la Nature sa tyrannie, moins il comprend le sens de sa haine
194
nd, plus il impose à la Nature sa tyrannie, moins
il
comprend le sens de sa haine anxieuse. Peut-être, s’il allait au-deva
195
mprend le sens de sa haine anxieuse. Peut-être, s’
il
allait au-devant de ces voix, sans armes, les mains nues, au risque d
196
eut-être alors le secret du grand Pan s’ouvrirait-
il
à son amour ? Mais serait-ce amour ou défi ? Empédocle n’a rien sauvé
197
se résoudre sur le plan humain et rien qu’humain.
Elle
devait conduire l’humanité à des impasses mortelles, celles-là mêmes
198
ée dans l’ordre originel. À cet instant, parce qu’
il
possède cette réponse, l’homme comprend le sens de la question. Et da
199
t dans l’élan désordonné des êtres et des choses,
il
découvre une « attente ardente ». Il sait qu’elle s’adresse en lui à
200
des choses, il découvre une « attente ardente ».
Il
sait qu’elle s’adresse en lui à ce qui de lui ressuscite, ayant reçu
201
, il découvre une « attente ardente ». Il sait qu’
elle
s’adresse en lui à ce qui de lui ressuscite, ayant reçu et accepté la
202
de lui ressuscite, ayant reçu et accepté la mort.
Il
peut aimer : ce n’est plus un défi, c’est une soumission à l’Éternel.
203
st la mort du Grand Pan11. ⁂ Le Nouvel Adam vit :
il
ne vit que dans la promesse. Cette Promesse est certaine, mais son ac
204
son accomplissement est hors du temps, bien plus,
il
est la fin du temps. Or, le temps suit son cours, et nous sommes dans
205
et mauvais par le mot de séparation. D’une part,
il
constitue le ressort de toute invention ; et le symbole de cette acti
206
e cette activité, c’est la machine. D’autre part,
il
devait aboutir à une distinction entre l’esprit et le corps qui, d’ac
207
entre l’esprit et le corps qui, d’accidentelle qu’
elle
était à l’origine, allait être décrétée essentielle par les philosoph
208
e décrétée essentielle par les philosophes dès qu’
ils
ne tiendraient plus réellement compte du péché ni de la grâce. Et le
209
lisés. Formulée d’abord par les élites citadines,
elle
revêt l’apparence victorieuse du rationalisme scientifique. Les progr
210
isante quant aux intentions cachées de la Nature.
Il
arrive alors que cet homme, trahissant la mission dont la foi le char
211
ture et s’en aille lui demander précisément ce qu’
il
lui doit : la révélation salutaire. Il faut voir que ce mouvement sup
212
ment ce qu’il lui doit : la révélation salutaire.
Il
faut voir que ce mouvement suppose encore une indifférence morbide à
213
De la séparation tragique, maintenant consommée,
il
ne subsiste en l’homme nulle conscience effective. Seul, le désir qu’
214
mme nulle conscience effective. Seul, le désir qu’
il
dit avoir de « communier » avec la Nature, révèlerait encore qu’il pr
215
communier » avec la Nature, révèlerait encore qu’
il
pressent une séparation dont, par ailleurs, son optimisme, hérité d’u
216
usseau responsable. Mais c’est à ses disciples qu’
il
faudrait s’en prendre. Rousseau n’a pas trompé sur son état. Le senti
217
ure, dans la Cinquième Rêverie, comment le décrit-
il
, sinon, précisément, comme « le sentiment de l’existence dépouillé de
218
passion, comme aussi de toute responsabilité !) ;
il
note bien que ce sentiment permet l’économie de tout « concours actif
219
l’économie de tout « concours actif de l’âme » ;
il
pousse la lucidité jusqu’à marquer qu’un tel état n’est pas recommand
220
utile et de bon pour autrui ni pour soi ». Enfin,
il
précise qu’on y atteint le mieux couché dans un bateau « qui dérive a
221
omme qui conclut avec le monde une paix honteuse.
Il
est vrai que Rousseau ne s’en glorifie pas, et qu’il se voit à cette
222
est vrai que Rousseau ne s’en glorifie pas, et qu’
il
se voit à cette époque « dans la plus étrange position, où se puisse
223
fournit à la prédication chrétienne un lyrisme qu’
elle
n’osait plus aller chercher dans l’invective prophétique ou dans la j
224
naturaliste, dont peu d’auditeurs soupçonnent qu’
elle
n’est, au mieux, que le dernier relent, l’écho infiniment amenuisé de
225
iment amenuisé des bacchanales antiques. ⁂ N’est-
il
pas significatif que le mot de Ehrfurcht qui, chez Goethe, traduit la
226
é. Lisons ses Réflexions sur le Théâtre allemand.
Il
y décrit un état d’âme tout voisin de la « panique » antique14, mais
227
Mais Constant, comme les romantiques allemands, s’
il
voit bien la question ne va pas jusqu’à l’accepter, et sa réponse n’e
228
Cette « partie de son être inconnue à lui-même »,
il
en fait aussitôt une réalité psychologique, « et qui tient à la fois
229
t qui tient à la fois des sens et de la pensée ».
Il
en conclut qu’elle est « essentiellement du domaine de la poésie ». L
230
fois des sens et de la pensée ». Il en conclut qu’
elle
est « essentiellement du domaine de la poésie ». L’origine du mythe c
231
du mythe contemporain de l’inconscient ne serait-
elle
pas, elle aussi, dans ce refus de croire à la réalité tout invisible
232
contemporain de l’inconscient ne serait-elle pas,
elle
aussi, dans ce refus de croire à la réalité tout invisible de « l’hom
233
omme dans la perspective biblique de la Création.
Il
faut lire ce chef-d’œuvre qu’est son dernier roman, Adam et Ève. C’es
234
vée, — par ce vieil ennemi de la Genève moderne !
Il
faudrait parler longuement du « barthisme » d’une telle œuvre, — plus
235
une telle œuvre, — plus réel sans doute, parce qu’
il
est plus inconscient, que celui de nos essais critiques. Mais Ramuz,
236
’éternité perdue de notre être. Mais par là même,
elle
nous charge d’une nouvelle responsabilité vis-à-vis de la Nature. 12
237
les Du Bos sur Wordsworth, dans Vigile, IV, 1931.
Elle
est riche en documents significatifs et qui viennent à l’appui de not
238
existe entre tous les êtres moraux et physiques.
Il
n’y a personne, je le pense, qui, laissant errer ses regards sur un h
239
é d’étoiles, n’ait éprouvé une sorte d’émotion qu’
il
lui était impossible d’analyser ou de définir. On dirait que des voix
240
irait que des voix descendent du haut des cieux…,
il
semble y avoir je ne sais quoi de prophétique dans le vol pesant du c
241
’hui, dans la moyenne, soit trop bien appareillé.
Il
advient même que l’argutie papiste le jette dans l’incertitude. Il ne
242
ue l’argutie papiste le jette dans l’incertitude.
Il
ne lui reste alors que le refuge d’un antidogmatisme cordial, sous le
243
uestions des incroyants ou des catholiques ; mais
il
se soucie peu d’examiner « librement », comme le veut la formule rati
244
chrétienne. Cette indifférence est si profonde qu’
elle
rend parfois inefficaces non seulement des affirmations renouvelées d
245
sses de ce théologien, et affirmer innocemment qu’
il
n’y a rien de bien nouveau dans ce message ; que c’est là ce qu’ils o
246
bien nouveau dans ce message ; que c’est là ce qu’
ils
ont toujours dit. Ainsi le sel perd sa saveur. Les ravages de cette i
247
curiosité passagère, alors qu’en toute honnêteté,
elle
devrait provoquer le scandale chez la très grande majorité des audite
248
ous déplorons poliment leurs excès ; si seulement
ils
parlaient un peu moins fort, ce serait bien édifiant de les entendre…
249
re… Le seul avantage de cette situation, c’est qu’
elle
a quelque peu immunisé les fidèles contre les fausses doctrines moder
250
nistes. Malgré ce que certains leur ont prêché16,
il
se trouve encore des protestants pour ne pas croire que la Cène est u
251
mémoration symbolique. Mais combien s’en trouve-t-
il
qui soient capables d’expliquer ce qu’ils croient ? Combien qui puiss
252
trouve-t-il qui soient capables d’expliquer ce qu’
ils
croient ? Combien qui puissent donner raison de ce que dans la commun
253
impies ? Peut-être le fidèle d’aujourd’hui n’a-t-
il
plus, comme ses pères, la crainte païenne de se présenter à la table
254
te dans un état « moral » insuffisant ; mais sait-
il
bien que seul l’aveu de sa totale insuffisance morale lui donne le dr
255
le gage ? On est moins exigeant envers soi-même :
il
faudrait être autrement exigeant. Nous renoncerons, dans cette nouvel
256
de chrétiens de bonne volonté. Scientifiquement,
il
y faudrait de gros volumes. Mais il suffit parfois de quelques phrase
257
ntifiquement, il y faudrait de gros volumes. Mais
il
suffit parfois de quelques phrases, d’un mot rendu à son vrai sens, p
258
ut empêchait que la question fût posée utilement.
Il
suffit parfois d’indiquer, de rappeler certains arguments ; de les gr
259
impossible à l’homme, celui que Pierre fit lorsqu’
il
dit à Jésus : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » L’Histoir
260
d, sous la forme polémique et non systématique qu’
il
lui a donnée, peut prêter à de graves malentendus. À celui-ci en part
261
xigence de la « contemporanéité » de Kierkegaard.
Il
a bien pour objet de nous rendre, d’une façon ou d’une autre, « conte
262
re à Kierkegaard exactement le contraire de ce qu’
il
entendait. Car il est évident que notre double effort pour nous re-pr
263
xactement le contraire de ce qu’il entendait. Car
il
est évident que notre double effort pour nous re-présenter Jésus, soi
264
re esprit — car c’est bien de la même tendance qu’
il
s’agit dans les deux cas — nous ne pensons qu’aux 19 siècles qui nous
265
ement ce fait : c’est qu’entre le Christ et nous,
il
n’y a pas 19 siècles, mais une éternité ; il n’y a pas une certaine q
266
ous, il n’y a pas 19 siècles, mais une éternité ;
il
n’y a pas une certaine quantité de temps et d’histoire, mais l’abîme
267
mais l’abîme absolu d’une différence de qualité ;
il
n’y a pas une distance, mais une rupture — notre péché. Or, le péché,
268
, le péché, c’est notre pente naturelle. Et c’est
elle
, précisément, qui nous pousse à vouloir établir cette contemporanéité
269
pensée justement soumise au péché ? D’autre part,
il
nous est impossible de nous arrêter de penser… Telle est l’impasse où
270
été annoncé aux prophètes et aux apôtres pour qu’
ils
en témoignent ensuite, — autre est le temps de ce témoignage, le temp
271
apôtres, orientée vers cette parole et recevant d’
elle
sa norme. » Or, ces temps différents ne sont pas différenciés seuleme
272
siècles et l’évolution historique de l’humanité.
Ils
résultent d’attitudes différentes que Dieu adopte en face de l’homme.
273
s différentes que Dieu adopte en face de l’homme.
Ils
représentent trois activités de Dieu bien distinctes. « Cette positio
274
mais bien trois espèces de temps distinctes. D’où
il
résulte que l’on ne peut pas passer de l’un à l’autre par un mouvemen
275
re par un mouvement continu, de proche en proche.
Il
faut un saut17. Prenons un exemple fameux : celui de Pierre à Césarée
276
même temps que Jésus, le rabbi de Nazareth, mais
il
ne devient le « contemporain » du Fils de Dieu qu’à l’instant où, par
277
» du Fils de Dieu qu’à l’instant où, par la foi,
il
prononce : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » Or, ni la cha
278
codème a beau vivre en même temps que le Christ :
il
ne le reconnaît pas, il ne voit en lui qu’un prophète, il n’est pas s
279
ême temps que le Christ : il ne le reconnaît pas,
il
ne voit en lui qu’un prophète, il n’est pas son contemporain. Les dis
280
reconnaît pas, il ne voit en lui qu’un prophète,
il
n’est pas son contemporain. Les disciples d’Emmaüs ont beau cheminer
281
d’Emmaüs ont beau cheminer aux côtés du Christ :
ils
ne deviennent ses contemporains qu’à l’instant où lui-même se révèle
282
le vis-à-vis absolu de l’Église dans notre temps.
Il
dépend de Dieu seul, et nullement de nos efforts, que nous passions d
283
à ce temps de la Parole faite chair. ⁂ On dira qu’
il
ne s’agit là que d’un schéma. Certes, et j’ai dû schématiser encore l
284
pages que Barth consacre à ce problème. Mais faut-
il
le redire ? La théologie n’est pas là pour résoudre concrètement nos
285
pas là pour résoudre concrètement nos problèmes.
Elle
a pour but de les poser, de nous donner un instrument critique qui no
286
essais qui composent ce numéro de Hic et Nunc. Qu’
il
soit donc bien établi : 1° que les efforts de notre imagination, qu’i
287
bli : 1° que les efforts de notre imagination, qu’
ils
s’expriment sous une forme franchement littéraire18, ou sous la forme
288
e sermons, sont par eux-mêmes absolument vains, s’
ils
prétendent, à force d’habileté, de science, de poésie ou d’éloquence,
289
de la Parole ou de ses témoins bibliques ; 2° qu’
ils
ne peuvent avoir d’utilité que s’ils concrétisent à nos yeux les limi
290
ques ; 2° qu’ils ne peuvent avoir d’utilité que s’
ils
concrétisent à nos yeux les limites de nos imaginations. Reconnaître,
291
de représenter aux yeux des fidèles les choses qu’
il
annonce. L’important, c’est qu’il soit bien entendu que tout cela n’e
292
s les choses qu’il annonce. L’important, c’est qu’
il
soit bien entendu que tout cela n’exprime encore que notre réalité hu
293
e que l’échec seul de ces efforts leur confère, s’
il
est déclaré expressément, s’il est éprouvé par l’orateur et par l’aud
294
ts leur confère, s’il est déclaré expressément, s’
il
est éprouvé par l’orateur et par l’auditeur comme une nécessité de no
295
u Jean-Baptiste de la Crucifixion d’Issenheim : «
Il
faut qu’il croisse et que je diminue. » Voilà le vrai sens du tableau
296
iste de la Crucifixion d’Issenheim : « Il faut qu’
il
croisse et que je diminue. » Voilà le vrai sens du tableau, et peu im
297
esse à distinguer chez son interlocuteur, quel qu’
il
soit, le point faible d’un raisonnement, qu’il se borne à faire appar
298
qu’il soit, le point faible d’un raisonnement, qu’
il
se borne à faire apparaître par une simple question de bon sens, a fa
299
fait toute la célébrité. On se plaît à le dire :
il
n’a pas d’âge. Sa barbe blanche et ses joues roses, son grand front d
300
salon pourra faire deviner quelques-unes d’entre
elles
. La conversation qui s’était égarée vers la politique, au dessert, re
301
t vivre » mieux que la plupart des jeunes gens qu’
il
accueille si généreusement, chaque semaine, en son logis. Il se tourn
302
e si généreusement, chaque semaine, en son logis.
Il
se tourna vers moi en souriant, et le dialogue s’engagea sans aucune
303
autres dans l’ouvrage de M. Monod. Vous savez qu’
il
a 3000 pages. Mais que dites-vous de ces deux phrases qui me sont tom
304
Mais je sais bien ce que M. Monod voulait dire :
il
pense que les jeunes « réacteurs » se placent plus volontiers sur le
305
e « terrain abstrait de l’orgueilleux paradoxe ».
Il
ne nous pardonne guère de faire table rase de ce qu’il appelle « l’ex
306
nous pardonne guère de faire table rase de ce qu’
il
appelle « l’expérience chrétienne ». Un étudiant. — Tenez, je tombe
307
de la formule. Et quelle charité dans tout ce qu’
il
écrit ! Poupette (fille de Nicodème, 20 ans). — C’est extrêmement su
308
ement suggestif ! Et c’est tellement juste, ce qu’
il
dit, ne trouvez-vous pas ? La seule expérience qu’on fait, c’est qu’o
309
te, M. Monod ne voulait pas dire ce que tu crois.
Il
est, comme moi d’ailleurs, un partisan impénitent de l’expérience chr
310
ience à la fois humaine et divine ! — que reste-t-
il
de la vie chrétienne ? Je vous le demande ! Mme Nicodème (sèchement)
311
ez la soi-disant expérience chrétienne : eh bien,
il
reste simplement le message existentiel de la Parole de Dieu ! Il me
312
ent le message existentiel de la Parole de Dieu !
Il
me semble que c’est assez ! — Ici s’engagea un débat extrêmement co
313
té, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau,
il
ne peut voir le Royaume de Dieu. Nicodème lui dit : Comment un homme
314
de Dieu. Nicodème lui dit : Comment un homme peut-
il
naître quand il est vieux ? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère e
315
e lui dit : Comment un homme peut-il naître quand
il
est vieux ? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et naître ? Jésus
316
un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-
il
rentrer dans le sein de sa mère et naître ? Jésus répondit : En vérit
317
te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit,
il
ne peut entrer dans le Royaume de Dieu… Nicodème lui dit : Comment ce
318
ume de Dieu… Nicodème lui dit : Comment cela peut-
il
se faire ? Jésus lui répondit : Tu es docteur d’Israël, et tu ne sais
319
rdu dans son rêve. Ses lèvres remuaient pourtant.
Il
nous sembla qu’il murmurait machinalement les paroles que je venais d
320
Ses lèvres remuaient pourtant. Il nous sembla qu’
il
murmurait machinalement les paroles que je venais de lire. Nous perçû
321
nais de lire. Nous perçûmes enfin quelques mots :
il
monologuait, les yeux fixes. Mais peu à peu une vivacité fébrile paru
322
de Dieu… Ce que j’ai vu et entendu c’est cela qu’
il
me faut attester… Et je l’atteste ! Oui, je l’attesterai jusqu’à ma d
323
i, je l’attesterai jusqu’à ma dernière heure… Car
elle
viendra, cette heure absurde. J’ai vu… Mais qu’ai-je donc vu ?… J’ai
324
donc qu’un professeur enseigne, si ce n’est ce qu’
il
a vécu, entendu et vu de ses yeux, son expérience la plus profonde, l
325
expérience la plus profonde, la seule chose dont
il
puisse parler… Mais si c’était aussi la seule chose dont justement on
326
« On ne doit pas prêcher l’expérience ! », disent-
ils
. Que font-ils donc de Ses miracles, et des actions de ses apôtres, ce
327
as prêcher l’expérience ! », disent-ils. Que font-
ils
donc de Ses miracles, et des actions de ses apôtres, celles que j’ai
328
plus, j’ose le dire ! Ah ! vous savez trop ce qu’
elle
est — l’expérience qu’on ne peut faire cette expérience-là, celle-là
329
i prétendre que c’est cela seul qui compte, et qu’
ils
font table rase de tout le reste ! Comme s’ils étaient… Je ne veux pa
330
qu’ils font table rase de tout le reste ! Comme s’
ils
étaient… Je ne veux pas blasphémer. Il faut aussi que je les aime. Je
331
! Comme s’ils étaient… Je ne veux pas blasphémer.
Il
faut aussi que je les aime. Je n’ai pas fait cette expérience qu’ils
332
je les aime. Je n’ai pas fait cette expérience qu’
ils
exigent — oui vraiment on dirait que c’est eux qui l’exigent ! — mais
333
mais j’ai fait l’expérience de l’amour, et c’est
elle
que je veux attester. Galopins ! voilà ce que vous êtes, — et mainten
334
n silence ému, et donna l’accolade à chacun. Puis
il
fit un grand geste de ses deux bras levés, — comme pour bénir les cir
335
tants, — et soudain, cachant sa figure vénérable,
il
sortit. ⁂ Cette scène, si imprévue pour la plupart des hôtes de ce so
336
ura vivement, affirmant d’un ton sans réplique qu’
il
n’était pas question de s’en aller. Et Poupette passa les petits four
337
e ne sais quelle radio céleste, pourquoi faudrait-
il
, en effet, que nous mourrions totalement à nous-mêmes ? Laissons-nous
338
sons-nous donc radiographier, tout simplement ! S’
il
existe une cure moins radicale que la mort, on serait bien bête de ne
339
un des barthiens s’empressa d’ajouter : « Quoi qu’
il
en soit, d’ailleurs, de toutes ces métaphores, le seul fait qui demeu
340
é. Mais le lieu ne s’y prêtait guère, me semblait-
il
: entre ces jeunes barthiens d’une part, si convaincus et si merveill
341
t Mme Nicodème d’autre part, dont je craignais qu’
elle
n’approuvât que trop vivement mes réserves, j’hésitais à parler, redo
342
pit de cette légère pointe de cabotinage pieux qu’
il
met, hélas, dans ses moindres propos… J’en étais donc à hésiter assez
343
uis dire d’avoir lâché cette méchante boutade, si
elle
vous est une occasion de triompher, ici, dans la maison de Nicodème !
344
es mis à discuter, qu’aucun de nous ne sait ce qu’
il
dit. J’entends exactement : aucun de nous ! Nous parlons tous avec be
345
mieux mieux. Voulez-vous que je vous le prouve ?
Il
suffira de résumer notre débat. Quel est le problème que nous discuto
346
sumée par le péché. Pourquoi donc Nicodème défend-
il
l’expérience ? Parce qu’il ne veut parler que de ce qu’il a vécu — et
347
i donc Nicodème défend-il l’expérience ? Parce qu’
il
ne veut parler que de ce qu’il a vécu — et je vous ferai remarquer qu
348
érience ? Parce qu’il ne veut parler que de ce qu’
il
a vécu — et je vous ferai remarquer qu’il a vécu, de fait, certaines
349
e ce qu’il a vécu — et je vous ferai remarquer qu’
il
a vécu, de fait, certaines expériences dont nous n’avons qu’une pâle
350
s expériences dont nous n’avons qu’une pâle idée.
Il
affirme qu’il est un homme religieux. Il a raison ! La seule religion
351
dont nous n’avons qu’une pâle idée. Il affirme qu’
il
est un homme religieux. Il a raison ! La seule religion qui tienne, c
352
le idée. Il affirme qu’il est un homme religieux.
Il
a raison ! La seule religion qui tienne, c’est la religion vécue, c’e
353
-dire expérimentée. Mais tout d’un coup, voilà qu’
il
ne sait plus ce qu’il dit ! Vous l’avez entendu tout à l’heure. Il ré
354
is tout d’un coup, voilà qu’il ne sait plus ce qu’
il
dit ! Vous l’avez entendu tout à l’heure. Il répétait : Qu’est-ce que
355
e qu’il dit ! Vous l’avez entendu tout à l’heure.
Il
répétait : Qu’est-ce que j’ai vu ? Qu’est-ce que j’ai donc vécu, pend
356
e est justement la seule chose impossible et dont
ils
nient, en toute sincérité, qu’elle soit possible ! Ne riez pas de leu
357
ossible et dont ils nient, en toute sincérité, qu’
elle
soit possible ! Ne riez pas de leurs efforts pour remplacer cette uni
358
tte unique expérience par d’autres expériences qu’
ils
appellent « religieuses ». Vous voyez bien qu’ils cherchent à se rass
359
ils appellent « religieuses ». Vous voyez bien qu’
ils
cherchent à se rassurer, à grand renfort d’images impressionnantes, d
360
surmontée ? Quelquefois, lorsque je vous entends,
il
me semble que vous essayez plutôt de la conjurer par des formules thé
361
igence de la mort au monde et à soi-même, comme s’
il
s’agissait là de thèses à imposer ! Nicodème le disait : On croirait
362
Nicodème aussi fut contemporain de Jésus. Et même
il
sut reconnaître en ce Jésus un docteur envoyé par Dieu ! « Mais voye
363
ère étourdissant. Nicodème a reconnu un prophète,
il
l’a formellement reconnu. Il est allé le voir, parce qu’il savait que
364
reconnu un prophète, il l’a formellement reconnu.
Il
est allé le voir, parce qu’il savait que ce prophète, Jésus, “était v
365
rmellement reconnu. Il est allé le voir, parce qu’
il
savait que ce prophète, Jésus, “était venu de la part de Dieu”. Comme
366
était venu de la part de Dieu”. Comment le savait-
il
? Parce qu’on lui avait dit quels miracles faisait Jésus. C’étaient b
367
risquer à discuter avec cet homme de nuit, quand
il
ne s’agit plus d’agir, mais seulement d’agiter des pensées… Eh bien,
368
porains du Christ autrement ou plus réellement qu’
il
ne le fut, cette nuit-là ? Faisons-nous autre chose que de répéter fo
369
chose que des “vendredis saints spéculatifs”21 ?
Il
n’y a pas tant de différence entre un homme qui nie l’Expérience, l’U
370
urir, et celui qui affirme l’exigence de la mort,
il
n’y a peut-être aucune différence : car tous les deux sont des vivant
371
s en faites un argument théologique ! Où donc est-
il
, celui qui accepte de mourir ? Oui, maintenant, je vais vous dire la
372
icodème… Voilà pourquoi Nicodème n’est pas mort :
il
demeure parmi nous comme le vivant symbole de l’homme qui ne peut pas
373
es sont si vaines… Minuit sonna, dans ce silence.
Il
était temps de prendre congé de nos hôtes. Mais un des étudiants, qui
374
ous séparer ; et je ne suis pas loin de croire qu’
il
exprima la vérité la plus certaine de la soirée, encore que cette vér
375
raux » prêtent à ce terme malheureux. Assurément,
il
doit avoir lu Barth mieux que la plupart de ses confrères. C’est peut
376
angage me parut rendre un son d’autorité, bien qu’
il
fût beaucoup moins péremptoire que celui dont les autres avaient usé.
377
autres avaient usé. — Vous avez dit — commença-t-
il
d’une voix très calme — que l’angoisse de Nicodème devrait nous empêc
378
r dès le principe ! Car je reconnais avec vous qu’
il
faut d’abord l’avoir éprouvée jusqu’aux moelles, et que c’est là notr
379
que Nicodème et tous les hommes reconnaissent qu’
ils
ne peuvent pas faire, — et c’est pourquoi je pense qu’on ne doit pas
380
i, hors de toute « crainte et tremblement ». Mais
elles
n’en sont pas moins, comme le Baptême et comme la Cène, dans la mesur
381
ime, l’événement central de notre vie chrétienne.
Elles
sont, avec les sacrements, la promesse de l’accomplissement en Christ
382
ous reste à jamais impossible, c’est pour cela qu’
il
faut la croire ! Et l’attester sans l’avoir vue. C’est pour cela qu’i
383
t l’attester sans l’avoir vue. C’est pour cela qu’
il
faut prêcher, dans la crainte et le tremblement, son espérance. ⁂ Nou
384
leur lieu véritable : inventés par Wilfred Monod,
ils
rentrèrent dans son bel ouvrage. — Nicodème n’avait pas reparu. 20.
385
ue nos églises ont subi de telles persécutions qu’
elles
ont été quasi anéanties durant la moitié de ce temps. Ne serait-il pa
386
anéanties durant la moitié de ce temps. Ne serait-
il
pas plus conforme à la probité historique et plus fécond pour la théo
387
alviniste et wesleyen, voire anglican, dans ce qu’
il
a de spécifique et de commun au sein de sa diversité ? L’on verrait m
388
erait-ce là le langage orthodoxe que je cherche ?
Il
est souvent contraire aux écrits d’Augustin ou de Thomas d’Aquin25, s
389
davantage qu’au théologien catholique, lequel, s’
il
ne veut pas se borner à la pure et simple copie des formules élaborée
390
t bien forcé de parler un langage personnel, dont
il
sera toujours possible d’affirmer qu’il n’est pas littéralement « cat
391
nel, dont il sera toujours possible d’affirmer qu’
il
n’est pas littéralement « catholique » (même s’il a reçu l’imprimatur
392
il n’est pas littéralement « catholique » (même s’
il
a reçu l’imprimatur !) ; 3° que ce n’est pas la lettre et la formulat
393
n leur accorde en fait, mais l’opinion commune qu’
elles
sont censées enregistrer. Cette opinion commune, je suis certain de l
394
roit que l’Église est au-dessus de l’Évangile, qu’
elle
a barre sur lui, qu’elle dispose de critères qui ne sont pas tirés de
395
dessus de l’Évangile, qu’elle a barre sur lui, qu’
elle
dispose de critères qui ne sont pas tirés de lui26 et au nom desquels
396
qui ne sont pas tirés de lui26 et au nom desquels
elle
a le droit de l’interpréter, voire de le contredire dans sa lettre. J
397
peine à distinguer. Et comment la distingueraient-
ils
quand l’effort perpétuel et d’ailleurs émouvant de leur théologie est
398
mérites acquis, par les souffrances du Sauveur :
elles
seraient au contraire tout imparfaites si la raison des scolastiques,
399
On craint au contraire que tout autre moyen, fût-
il
« déduit » de la Révélation, ne voile la réalité de l’abîme, et ne dé
400
seul moyen de salut qui ait été donné aux hommes.
Il
en va de même du purgatoire, de l’analogia entis, de la grâce infuse,
401
d’importance aux yeux des catholiques ? Est-ce qu’
ils
se la posent parfois ? Est-ce qu’ils comprennent que leur attitude la
402
? Est-ce qu’ils se la posent parfois ? Est-ce qu’
ils
comprennent que leur attitude la pose ? Si mes reproches leur paraiss
403
’interprétation dont dispose leur apologétique, s’
ils
me convainquent enfin de mon erreur, je m’en réjouirai hautement. Et
404
est-à-dire sans aucune intention polémique, ce qu’
ils
pensent d’un texte précis, et comment il se fait que le pape n’ait ja
405
, ce qu’ils pensent d’un texte précis, et comment
il
se fait que le pape n’ait jamais, que je sache, condamné Bossuet pour
406
on Église dans la dispensation de ses mystères !…
Il
a permis à son Église de séparer ce qu’il avait mis ensemble… Et non
407
ères !… Il a permis à son Église de séparer ce qu’
il
avait mis ensemble… Et non seulement l’Église a cessé de faire ce que
408
st avait fait, et les apôtres suivi ; mais encore
elle
a pris la liberté d’interdire sévèrement cette pratique… Quand donc o
409
t-Esprit et par la tradition de tous les siècles,
elle
sait ce que Jésus-Christ a voulu faire… Comme je citais cette page à
410
vaux marient avec aisance théologie et humanisme,
il
me répondit simplement : « Bossuet ne saurait être tenu pour un Père
411
uet, en écrivant cette page, a déformé la vérité,
il
le faut déclarer hérétique, de même que ceux qui lui donnèrent l’impr
412
érité, pourquoi serait-on gêné par sa franchise ?
Il
ne dit rien dans ce que je cite que le concile de Trente n’ait dit ou
413
e n’ait dit ou n’ait permis de dire28. Seulement,
il
le dit en français. Or, c’est précisément ce que je cherche : l’écho
414
nons donc la page de Bossuet : « … Le Sauveur a-t-
il
voulu laisser aux hommes à distinguer par leur propre sens ce qui éta
415
s, ne connaissons de la volonté de Dieu que ce qu’
il
lui a plu de nous en révéler dans l’Écriture, et par l’action du Sain
416
d’accord ? Lisons plus loin : « Le Sauveur n’a-t-
il
pas voulu au contraire leur faire voir [aux apôtres] qu’il leur laiss
417
ulu au contraire leur faire voir [aux apôtres] qu’
il
leur laissait son Église pour être une fidèle interprète de ses volon
418
ous aussi. Nous ajouterons une simple précision :
elle
est la « sûre dispensatrice des sacrements » dans la mesure exacte où
419
satrice des sacrements » dans la mesure exacte où
elle
demeure la « fidèle interprète » des volontés de Dieu. Mais c’est ici
420
ossuet nous arrête : « Qu’entendez-vous, nous dit-
il
, par “fidèle” ? — Nous entendons : fidèle à la Révélation donnée une
421
sait le secret de Jésus-Christ ! — Et d’où l’a-t-
elle
appris, si ce n’est de l’Écriture ? — Relisez-moi : « Instruite par l
422
t-Esprit et par la tradition de tous les siècles,
elle
sait ce que Jésus-Christ a voulu faire. Elle a donc le pouvoir de sép
423
les, elle sait ce que Jésus-Christ a voulu faire.
Elle
a donc le pouvoir de séparer ce qu’il avait mis ensemble, de cesser d
424
lu faire. Elle a donc le pouvoir de séparer ce qu’
il
avait mis ensemble, de cesser de faire ce qu’il avait fait, et les ap
425
u’il avait mis ensemble, de cesser de faire ce qu’
il
avait fait, et les apôtres suivi, et même de condamner sévèrement cet
426
. » — Si nous comprenons bien, l’Église prouve qu’
elle
sait le secret de Jésus-Christ, en ordonnant de faire tout le contrai
427
en ordonnant de faire tout le contraire de ce qu’
il
a dit ? — Exactement, et c’est là sa grandeur, ou, comme je l’écrivai
428
et et les conciles, détient et possède si bien qu’
elle
a sur lui ce jus uti et abutendi qui, selon le vieux droit romain, ca
429
t-Esprit et par la tradition de tous les siècles,
elle
sait ce que Jésus-Christ a voulu faire ». (Elle sait même qu’il a vou
430
, elle sait ce que Jésus-Christ a voulu faire ». (
Elle
sait même qu’il a voulu faire le contraire de ce qu’il a fait.) Qu’es
431
Jésus-Christ a voulu faire ». (Elle sait même qu’
il
a voulu faire le contraire de ce qu’il a fait.) Qu’est-ce donc que ce
432
it même qu’il a voulu faire le contraire de ce qu’
il
a fait.) Qu’est-ce donc que cette tradition de tous les siècles ? C’e
433
e… ou le témoignage intérieur du Saint-Esprit, qu’
il
sera bien incapable de différencier de sa nature à lui, de son époque
434
a Boullaye à Notre-Dame — on oublie simplement qu’
elle
est notre critère, ce « vis-à-vis » de l’Église dont parle Barth, et
435
tion ». En effet, sur quelle autorité se fonde-t-
elle
? Sur les conciles. Et ceux-ci à leur tour ? Prenons le concile de Tr
436
n du Saint-Esprit. Comment ce Saint-Esprit sera-t-
il
contrôlé, si j’ose dire, et « différencié de la nature » des prélats,
437
i. Mais le principe a beau être affirmé en droit,
il
est en fait négligé, et à tel point négligé qu’il n’y aura pas grand-
438
il est en fait négligé, et à tel point négligé qu’
il
n’y aura pas grand-chose à faire pour le ruiner plus tard en droit. C
439
e sont les conciles. Inspirés par l’Esprit saint,
ils
ne sauraient être, en bonne logique, ses juges. Il faut donc admettre
440
s ne sauraient être, en bonne logique, ses juges.
Il
faut donc admettre ou bien que les conciles sont le seul critère des
441
. Pourquoi nos frères catholiques nous reprochent-
ils
notre subjectivisme, à nous qui reconnaissons un critère objectif, la
442
nnaissons un critère objectif, la Bible, alors qu’
ils
ont tout fait de leur côté pour évincer ou, en tout cas, pour relativ
443
s, pour relativiser ce seul critère ? Comprennent-
ils
toute la gravité de la question ? ⁂ En vérité, la question que pose l
444
xécutée, n’est donc pas contenue dans l’Écriture.
Il
faudra la chercher alors dans l’autre source de la Révélation : la tr
445
ion, contradictoire à l’Écriture. Le cercle n’est-
il
pas vicieux ? Le scandale de cette innovation (et de tant d’autres) s
446
de cette innovation (et de tant d’autres) serait-
il
devenu moins grand, avec le temps, qu’il ne l’était en 1569 ? La trad
447
) serait-il devenu moins grand, avec le temps, qu’
il
ne l’était en 1569 ? La tradition serait-elle une sorte de promotion
448
s, qu’il ne l’était en 1569 ? La tradition serait-
elle
une sorte de promotion « à l’ancienneté » des erreurs les plus manife
449
s ? La question peut paraître brutale, simpliste.
Elle
manque certainement d’« onction ». Est-ce assez pour qu’on l’écarte ?
450
. Est-ce assez pour qu’on l’écarte ? Ne se pose-t-
elle
jamais aux catholiques ? Pourtant, je les sens inquiets, et c’est pou
451
Révélation évangélique éclairée par l’Esprit est-
elle
vraiment suffisante ? Ne faut-il pas la compléter, la garantir, contr
452
r l’Esprit est-elle vraiment suffisante ? Ne faut-
il
pas la compléter, la garantir, contre nos faiblesses humaines par une
453
de32, qui a conduit l’Église de Rome à statuer qu’
il
existe, à côté de la Bible, une autre source. Tout l’effort dogmatiqu
454
us garantir ce miracle : que l’Écriture parle, qu’
elle
parle clairement, ici et maintenant, que je la croie, que je lui obéi
455
tenant, que je la croie, que je lui obéisse et qu’
elle
me sauve ? Frères catholiques, à la question que vous adressez à la R
456
œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’
il
a envoyé. » (Jean 6:29) Si vous croyez cela sérieusement, si vous cro
457
lui fut révélé dans l’Écriture, et non ailleurs.
Il
reste à dire ceci : Et nous, croyons-nous assez « sérieusement » cela
458
ni à la bonne foi de nos écrivains, s’appelassent-
ils
Paul Claudel. Ce très grand poète est l’auteur des plus monumentales
459
auvaise foi, mais à une ignorance totale de ce qu’
il
croit devoir attaquer périodiquement. Le diable sait pourquoi. 23.
460
e cohérence dont un prêtre me disait récemment qu’
il
atteste la « vérité » des dogmes ! Hegel, et Spinoza, et Marx ne sont
461
» des dogmes ! Hegel, et Spinoza, et Marx ne sont-
ils
pas plus « cohérents » que toute dogmatique ? Comme cela ressemble au
462
es évangiles… 27. Méthode dont je crains bien qu’
elle
ne repose toujours, en fin de compte, sur la méconnaissance de l’un d
463
elui qui affirmerait y être parvenu ne prouverait-
il
pas simplement qu’il ignore la nature du feu ? 28. Concilia Trid. C
464
y être parvenu ne prouverait-il pas simplement qu’
il
ignore la nature du feu ? 28. Concilia Trid. Conclusio, Sessio XXI
465
r et qui boit mon sang a la vie éternelle », mais
il
a dit néanmoins (dixit nihilominus) : « Celui qui mange ce pain vivra
466
:59). On n’ose pas demander aux catholiques ce qu’
ils
pensent réellement de cette… raison, car le concile a pris soin de dé