1 1932, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Hic et nunc [éditorial] (novembre 1932)
1 st plus possible de taire. Mais c’est en vain que nous cherchons autour de nous leur lien actuel et leur lieu spirituel. Par
2 . Mais c’est en vain que nous cherchons autour de nous leur lien actuel et leur lieu spirituel. Pareille constatation ne peu
3 eur lieu spirituel. Pareille constatation ne peut nous signifier rien d’autre qu’une invitation pressante à créer ce lien et
4 entendre ; à ceux auxquels, peut-être mieux qu’à nous , il sera donné de les comprendre en vérité, c’est-à-dire de les réali
5 au temporel, il y a lieu et ordre d’attester que nous n’avons rien mérité, sinon la colère de Dieu. En face de morales de p
6 artes à Kant, ou de Hegel à Marx, ont cru pouvoir nous sauver de l’angoisse en fondant l’être humain sur soi-même, sur l’int
7 re ». Et qu’heureux sont les pauvres en esprit. ⁂ Notre but n’est pas d’imposer des idées, un système nouveau, plus ou moins
8 peut-être, ils étaient bien près d’abandonner. Il nous est indifférent, en principe, de nous opposer à telles idées courante
9 ndonner. Il nous est indifférent, en principe, de nous opposer à telles idées courantes, ou de confirmer telles autres. Car
10 ées courantes, ou de confirmer telles autres. Car notre opposition ne prendra jamais son point de départ dans ces idées mêmes
11 , aussi fortement que possible, d’une vérité dont nous ne sommes pas les auteurs, mais dont l’essence même implique notre ef
12 as les auteurs, mais dont l’essence même implique notre effort pour la réaliser. Vérité donc essentiellement concrète, vérité
13 mme un ordre, personnellement adressé à chacun de nous . Vérité actuelle aux deux sens de ce mot, qui sont acte et présence.
14 de ce mot, qui sont acte et présence. Et certes notre activité serait injustifiable si nous tentions de la justifier par de
15 Et certes notre activité serait injustifiable si nous tentions de la justifier par des arguments, au lieu d’entrer sans plu
16 n et d’espérance, car ce n’est pas aux hommes que nous disons : nous voici. a. Rougemont Denis de, « Hic et nunc », Hic e
17 ce, car ce n’est pas aux hommes que nous disons : nous voici. a. Rougemont Denis de, « Hic et nunc », Hic et Nunc, Paris,
2 1932, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Principe d’une politique du pessimisme actif (novembre 1932)
18 ique du pessimisme actif (novembre 1932)c …que nous faisons du paradoxe ? Non. Dieu nous est paradoxal. Le paradoxe est l
19 32)c …que nous faisons du paradoxe ? Non. Dieu nous est paradoxal. Le paradoxe est la réalité, ou plus exactement le para
20 alité même. Car la réalité est précisément ce qui nous met en relation personnelle et immédiate avec Dieu : et que la relati
21 é proprement aveuglante et même insupportable, si nous n’avions le Christ, seul médiateur et seul espoir, seulement accessib
22 la nuit, par la foi seule, — qui ne vient pas de nous . Telle est la démarche paradoxale, « dialectique », de la vie chrétie
23 onde chrétien, parce qu’elle est le signe même de notre condition. Et lorsque nous disons le « monde-chrétien », nous exprimo
24 est le signe même de notre condition. Et lorsque nous disons le « monde-chrétien », nous exprimons par ces deux mots l’anti
25 on. Et lorsque nous disons le « monde-chrétien », nous exprimons par ces deux mots l’antinomie hors de laquelle toute médita
26 on constructive reste vaine, évasive et mortelle. Nous sommes au monde, nous ne sommes pas du monde. Toute construction poli
27 vaine, évasive et mortelle. Nous sommes au monde, nous ne sommes pas du monde. Toute construction politique qui ne prend pas
28 ouvent définies les trois hérésies politiques que nous avons à dénoncer. 1° L’hérésie pessimiste abandonne à lui-même un mon
29 iste abandonne à lui-même un monde qui ne saurait nous offrir de salut, puisqu’il n’est de salut qu’en la foi, qui transcend
30 ° L’hérésie optimiste constate au contraire que «  nous sommes au monde pour quelque chose », mais elle oublie que ce quelque
31 e chose », mais elle oublie que ce quelque chose, notre activité, ne vaut rien pour notre salut. Elle se souvient que nous de
32 quelque chose, notre activité, ne vaut rien pour notre salut. Elle se souvient que nous devons travailler à établir le Royau
33 vaut rien pour notre salut. Elle se souvient que nous devons travailler à établir le Royaume sur la terre, mais elle oublie
34 e Royaume sur la terre, mais elle oublie que cela nous est à jamais impossible. C’est le principe de cet activisme que les E
35 refuse comme le marxisme l’antinomie centrale de notre condition, et que, enfermant les conflits purement humains dans le je
36 plique morne et désespérée du millenium chrétien. Nous n’en sommes pas là : Hic et nunc, nous voici, protestants, en face de
37 chrétien. Nous n’en sommes pas là : Hic et nunc, nous voici, protestants, en face de deux solutions synthétiques « possible
38 s « possibles », imposantes, établies. Qu’aurions- nous à leur opposer ? Tout notre espoir est dans un désespoir tellement « 
39 , établies. Qu’aurions-nous à leur opposer ? Tout notre espoir est dans un désespoir tellement « substantiel » qu’il nous ren
40 dans un désespoir tellement « substantiel » qu’il nous rende à leur tour intenables les dernières ruses de la sécurité. ⁂ Il
41 comme toutes les positions existentielles, qu’ici nous défendrons ; intenable comme le fait chrétien lui-même, — s’il n’est
42  ; mais les résultats terrestres de cet effort ne nous mériteront jamais le Pardon ; ils mériteront tout au plus d’être eux-
43 t tout au plus d’être eux-mêmes pardonnés. Ce qui nous assure le Pardon, c’est la foi. Agissez donc, mais votre action ne se
44 et l’hérésie optimiste ainsi renvoyées dos à dos, nous voici maintenant en présence de l’accusation plus subtile des partisa
45 e, mais ce n’est pas ici du concept de la foi que nous parlons. C’est de la foi vivante. Or, cette foi, nul homme n’est capa
46 éder dans la durée ; elle « survient », et jamais nous ne pouvons en tirer argument, comme d’une force à notre disposition ;
47 ne pouvons en tirer argument, comme d’une force à notre disposition ; elle survient, et c’est alors un ordre que nous recevon
48 tion ; elle survient, et c’est alors un ordre que nous recevons et qui nous meut parmi les hommes tels qu’ils sont, — des ho
49 et c’est alors un ordre que nous recevons et qui nous meut parmi les hommes tels qu’ils sont, — des hommes qui ont besoin d
50 Et c’est peut-être vis-à-vis d’eux seulement que notre politique pourra se fixer un programme : la devise de Guillaume d’Ora
51 e suppose un Dieu transcendant. Quel dieu fait de nos désirs d’hommes pourrait nous certifier dans le fond de nos âmes un s
52 t. Quel dieu fait de nos désirs d’hommes pourrait nous certifier dans le fond de nos âmes un salut qui se rit des ultimes ef
53 d’hommes pourrait nous certifier dans le fond de nos âmes un salut qui se rit des ultimes efforts et des ultimes défaites
54 it des ultimes efforts et des ultimes défaites de notre volonté de vivre ? Les dieux de l’Occident réclament des dividendes ;
55 t-être.) Je ne veux parler ici que du principe de notre politique ; il est bien clair qu’elle condamne, dans la mesure où ces
56 ismes, et toute révolution qui prétendrait fonder notre salut sur une organisation terrestre quelle qu’elle soit. Il ne suit
57 oit. Il ne suit pas de là, bien au contraire, que nous ne puissions collaborer à aucune révolution. L’iconoclaste est un typ
58 oclaste est un type assez pur de révolutionnaire. Nous ne pouvons être ni conformistes — les ordres de la foi sont absolus —
59 i sont absolus — ni réformistes, n’ayant rien qui nous assure de l’action continue de la foi. Je songe ici à l’armature cath
60 vangile, et qui même, dans certains cas extrêmes, nous tient quitte de la foi. Il ne s’agit jamais pour nous de rendre cette
61 tient quitte de la foi. Il ne s’agit jamais pour nous de rendre cette vie possible, mais tout au plus d’abattre les obstacl
62 mme un rappel de la seule grandeur transcendante. Nous ne sommes pas condamnés au succès, mais à l’obéissance jusqu’à l’absu
63 e la Promesse et le péché, entre la foi et ce qui nous paraît la « défier ». Que faire donc ? Briser d’abord les idoles, men
64 enaçantes. Et puis rester aux ordres de l’esprit. Nous n’avons pas à prendre d’assurances sur l’avenir. Nous n’avons pas à n
65 n’avons pas à prendre d’assurances sur l’avenir. Nous n’avons pas à nous garantir à l’avance par un programme, si « chrétie
66 dre d’assurances sur l’avenir. Nous n’avons pas à nous garantir à l’avance par un programme, si « chrétien » qu’on le veuill
67 n le veuille. Un certain nombre de compromissions nous sont à jamais impossibles : et tout le reste est affaire d’obéissance
68 », point de « consolation » ailleurs qu’en Dieu : notre action baigne dans l’« angoisse de l’espérance »1. 1. Expression qu
69 le moment décisif, l’acte. Elle n’a de sens, pour nous , que parce qu’il y a la foi. c. Rougemont Denis de, « Principe d’un
3 1933, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Solutions pratiques ? (mars 1933)
70 s 1933)d Beaucoup de personnes, après avoir lu notre premier cahier, nous ont écrit ceci : « Quelles solutions pratiques a
71 e personnes, après avoir lu notre premier cahier, nous ont écrit ceci : « Quelles solutions pratiques apportez-vous ? On vou
72 ez-vous ? On voudrait quelque chose de positif… » Nous avons accueilli cette question de la façon dont nous voudrions que to
73 s avons accueilli cette question de la façon dont nous voudrions que toutes les questions que nous poserons ici soient accue
74 dont nous voudrions que toutes les questions que nous poserons ici soient accueillies : avec un sérieux et un respect si pe
75 nne humeur. Le sérieux ne consistera jamais, pour nous , dans une attitude d’humilité lugubre. Le sérieux et le respect, en p
76 é électoral qui peut être utile à son heure, mais nous avons tout autre chose à faire. Nous ne cherchons pas à avoir raison
77 heure, mais nous avons tout autre chose à faire. Nous ne cherchons pas à avoir raison contre quelqu’un : l’esprit de vérité
78 t de vérité n’est à personne. Bien souvent, parmi nous , on répond mal aux questions parce qu’on se borne à répondre à leurs
79 nd mal parce qu’on prend au sérieux des fumistes. Nous appelons fumistes ces messieurs qui nous interrogent avec politesse s
80 umistes. Nous appelons fumistes ces messieurs qui nous interrogent avec politesse sur nos intentions et nos buts, à seule fi
81 messieurs qui nous interrogent avec politesse sur nos intentions et nos buts, à seule fin de « causer un peu ». Qu’on les r
82 interrogent avec politesse sur nos intentions et nos buts, à seule fin de « causer un peu ». Qu’on les reconnaisse à ce si
83 ient : « Je ne comprends plus ! » En réalité, ils nous demandent des thèmes de discussion, c’est-à-dire des prétextes à diff
84 différer toute action « pratique ». Ceci marqué, nous pourrons répondre plus clairement à ceux qui croient à leur question,
85 qui croient à leur question, j’entends à ceux qui nous la posent parce qu’elle se pose à eux-mêmes. Il n’y a pas de soluti
86 à son frère : c’est la foi. Tout au plus pouvons- nous , par des affirmations qui troublent notre sécurité, par des questions
87 pouvons-nous, par des affirmations qui troublent notre sécurité, par des questions qui gênent nos habitudes, par des exigenc
88 lent notre sécurité, par des questions qui gênent nos habitudes, par des exigences qui révoltent le bon sens, faire naître
89 urageant du paganisme contemporain. Il sévit dans nos églises, avec une virulence sourde, attisée de temps à autre par un s
90 ives, « discutables, certes, mais positives ». Si nous avions écrit, dans notre premier numéro, que la solution des problème
91 tes, mais positives ». Si nous avions écrit, dans notre premier numéro, que la solution des problèmes sociaux réside, par exe
92 beaucoup de personnes auraient trouvé, qu’enfin ! nous apportions quelque chose de « positif » ! Comme si le christianisme n
93 èce de puissance continuellement disponible entre nos mains incertaines, et que nous pourrions appliquer — oh ! avec quelle
94 nt disponible entre nos mains incertaines, et que nous pourrions appliquer — oh ! avec quelle humilité et quelles précaution
95 « positives »… Mais si ces directives venaient à nous manquer, que ferions-nous de cette « foi » que nous prétendions possé
96 s directives venaient à nous manquer, que ferions- nous de cette « foi » que nous prétendions posséder ? Aurions-nous l’honnê
97 us manquer, que ferions-nous de cette « foi » que nous prétendions posséder ? Aurions-nous l’honnêteté de reconnaître qu’en
98 e « foi » que nous prétendions posséder ? Aurions- nous l’honnêteté de reconnaître qu’en réalité nous n’avions rien, — puisqu
99 ons-nous l’honnêteté de reconnaître qu’en réalité nous n’avions rien, — puisque la foi, précisément, c’est cette force qui m
100 éalisation. » Nature du « savoir » chrétien Nous marchons dans la nuit, ne connaissant, de par notre nature, ni le pou
101 ous marchons dans la nuit, ne connaissant, de par notre nature, ni le pourquoi, ni le « vers quoi » de notre vie, ayant perdu
102 re nature, ni le pourquoi, ni le « vers quoi » de notre vie, ayant perdu la clef de l’Origine et de la Fin, qu’il s’agisse de
103 clef de l’Origine et de la Fin, qu’il s’agisse de notre existence personnelle ou du cours de l’histoire terrestre. Voici alor
104 terrestre. Voici alors les chrétiens qui viennent nous parler d’une Révélation. Est-ce donc qu’une grande lumière leur est v
105 me, prouver la foi par l’acte qu’elle ordonne. Nous ne sommes pas des guérisseurs, mais des malades Doctrine désespéra
106 vous n’avez pas compris la gravité du cas humain. Nous n’avons à guérir personne, mais à montrer que la maladie est sérieuse
107 , si sérieuse qu’il serait ridicule d’attendre de nous ou de qui que ce soit un remède. Doctrine désespérante ? Oui, pour ce
108 il y a la Promesse, mais il y a la foi qui vient nous prendre au point où tout espoir apparaît vain, — en ce point justemen
109 en ce point justement, et nulle part ailleurs. On nous demande des réponses ? Mais nous ne pouvons que mettre et remettre en
110 art ailleurs. On nous demande des réponses ? Mais nous ne pouvons que mettre et remettre en question vos sécurités et vos in
111 certitudes, vos solutions et vos questions mêmes. Nous ne pouvons qu’aggraver à vos yeux votre mal. Nous ne pouvons rien vou
112 Nous ne pouvons qu’aggraver à vos yeux votre mal. Nous ne pouvons rien vous apporter d’autre que l’injonction de prendre vou
113 a réponse, vous y offrant sans défenses humaines. Nous avons aussi, à ce moment, à montrer que les rôles se renversent dès q
114 lle est la seule tâche véritablement positive que notre effort, ici, peut s’assigner sans fol orgueil. « Positif » est ce qui
115 oses, mais la raison en est pourtant bien claire. Nous préférons demander aux hommes ces ordres que l’on ne peut attendre qu
116 attendre que de Dieu : parce qu’avec les hommes, nous pourrons discuter… 2. « Mais oui ! malgré l’impopularité du terme 
4 1933, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Dialectique des fins dernières (juillet 1933)
117 teté la plus élémentaire oblige à reconnaître que nos vies comportent d’autant moins de solutions que nous sommes plus exig
118 s vies comportent d’autant moins de solutions que nous sommes plus exigeants. Tout idéal atteint se retourne aussitôt contre
119 s. Tout idéal atteint se retourne aussitôt contre notre bonheur. Depuis l’auteur de l’Ecclésiaste jusqu’au romancier le plus
120 niverselle semble n’avoir voulu mettre en figures nos désirs et nos ambitions que pour mieux nous en révéler l’essentielle
121 ble n’avoir voulu mettre en figures nos désirs et nos ambitions que pour mieux nous en révéler l’essentielle inanité. Sénèq
122 igures nos désirs et nos ambitions que pour mieux nous en révéler l’essentielle inanité. Sénèque nous apprend que l’on n’éch
123 ux nous en révéler l’essentielle inanité. Sénèque nous apprend que l’on n’échappe point à soi-même. Inutilité des voyages. M
124 nt à soi-même. Inutilité des voyages. Mais Proust nous persuade qu’on ne s’atteint jamais. Et les philosophies de l’Occident
125 entraîne dans l’ordre politique, par exemple, que notre temps croit devoir considérer comme plus réel que le spirituel. Il me
126 fondée sur l’actualité permanente de la personne nous oppose d’une part à l’idéal bourgeois, synthèse eudémonique à l’usage
127 n globale à la dialectique humaniste qui paraît à nos yeux s’en rapprocher le plus. ⁂ Cet acte dont nous parlions, à quoi s
128 nos yeux s’en rapprocher le plus. ⁂ Cet acte dont nous parlions, à quoi se suspend-il en dernière analyse ? Vers quelles fin
129 en dernière analyse ? Vers quelles fins dernières nous conduit le dépassement qu’il permet ? Et le rendement créateur de cet
130 moment précis, intervient la critique barthienne. Nous disons « la critique » au sens le plus littéral de ce mot : l’accusat
131 ces problèmes à la réalité de Dieu telle qu’elle nous apparaît, c’est-à-dire au problème de tous nos problèmes, au problème
132 e nous apparaît, c’est-à-dire au problème de tous nos problèmes, au problème absolument insoluble, puisque notre rapport à
133 blèmes, au problème absolument insoluble, puisque notre rapport à Dieu, depuis la chute, est paradoxe par définition. Tel est
134 as dans la situation même de l’homme devant Dieu, notre foi est vaine et c’est perdre son temps que d’en apprécier humainemen
135 vanité, et la vraie joie n’est pas avec ceux qui nous parlent de la « tristesse » du message barthien, puisqu’ils entendent
136 ssibilité radicale s’est incarnée. Mais alors, si nous voulons parler en vérité d’une telle incarnation du oui dans le non,
137 érité d’une telle incarnation du oui dans le non, nous ne pouvons que recourir au langage du paradoxe. Car tout autre langag
138 erait tomber dans l’histoire. « Ainsi donc, il ne nous reste — émouvant spectacle pour ceux qui n’ont pas le vertige — qu’à
139 oui par le non, et le non par le oui, sans jamais nous arrêter un instant sur le oui ou sur le non. » Car la réalité dépasse
140 e oui et le non, et ce que, de leur simultanéité, nous croirons être en droit de déduire par la voie logique. C’est pourtant
141 ce non qui, au travers de toute l’œuvre de Barth, nous entraînent dans une oscillation gigantesque, entre deux infinis contr
142 c’est la Vie en Dieu, et ce non c’est la mort où nous sommes. Ce oui, c’est l’éternité, et ce non, c’est notre durée. Car n
143 ommes. Ce oui, c’est l’éternité, et ce non, c’est notre durée. Car notre durée n’est sans doute que notre perpétuel refus de
144 est l’éternité, et ce non, c’est notre durée. Car notre durée n’est sans doute que notre perpétuel refus de l’éternité. Dieu
145 notre durée. Car notre durée n’est sans doute que notre perpétuel refus de l’éternité. Dieu dit oui : l’homme comprend non, s
146 n tous cas dangereux, de simplification formelle, nous revenions au schéma hégélien, il faudrait dire qu’ici la synthèse pré
147 es. Qu’y a-t-il donc entre ce non dernier et tous nos sic et non ? Qu’y a-t-il entre cette condamnation globale et tous les
148 tion globale et tous les jugements quotidiens que nous pouvons porter sur nos actions, nos doctrines et notre « vie religieu
149 jugements quotidiens que nous pouvons porter sur nos actions, nos doctrines et notre « vie religieuse » ? Il y a la mort,
150 otidiens que nous pouvons porter sur nos actions, nos doctrines et notre « vie religieuse » ? Il y a la mort, et notre acce
151 pouvons porter sur nos actions, nos doctrines et notre « vie religieuse » ? Il y a la mort, et notre acceptation de cette mo
152 et notre « vie religieuse » ? Il y a la mort, et notre acceptation de cette mort. Et qu’y a-t-il entre ce oui dernier et tou
153 mort. Et qu’y a-t-il entre ce oui dernier et tous nos sic et non, qu’y a-t-il entre cette justification totale et toutes le
154 tes les affirmations orgueilleuses ou modestes de notre vie mortelle ? Il y a l’acceptation de la Vie qui n’est pas nôtre, qu
155 le ? Il y a l’acceptation de la Vie qui n’est pas nôtre , qu’il faut croire. Dissymétrie vertigineuse : la place qui nous est
156 t croire. Dissymétrie vertigineuse : la place qui nous est assignée dans ce monde « nous situe plus profondément dans le non
157  : la place qui nous est assignée dans ce monde «  nous situe plus profondément dans le non que dans le oui » ; mais la prome
158 s le non que dans le oui » ; mais la promesse qui nous est faite dans l’instant de la foi, c’est la promesse de la victoire
159 ques, voulu décrire une dialectique qui juge tous nos mots. Je voudrais simplement en avoir dit assez pour qu’il soit inuti
160 l soit inutile d’insister davantage sur ce fait : nos dialectiques humaines et la dialectique chrétienne sont séparées par
161 ion, c’est-à-dire d’une possibilité qui n’est pas nôtre . Et le risque permanent, c’est alors celui qu’encourt l’homme jeté pa
162 age affreux, dira-t-on non sans raison. Traduisez- nous un peu tout cela dans notre parler quotidien. Nous dirons donc : Dieu
163 sans raison. Traduisez-nous un peu tout cela dans notre parler quotidien. Nous dirons donc : Dieu premier et dernier, et ensu
164 ous un peu tout cela dans notre parler quotidien. Nous dirons donc : Dieu premier et dernier, et ensuite seulement notre rec
165 c : Dieu premier et dernier, et ensuite seulement notre recherche, mais en même temps, si elle est vraie, notre salut. Et c’e
166 recherche, mais en même temps, si elle est vraie, notre salut. Et c’est Pascal, traduisant Augustin : « Tu ne Me chercherais
5 1933, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Poésie dialectique (juillet 1933)
167 ue le sonnet publié par Albert-Marie Schmidt dans notre premier numéro « est bien la première poésie dialectique qui lui soit
168 sous les yeux » ! Petite erreur de fait, voulons- nous croire, mais aggravée par l’ironie dont le professeur nous accable à
169 re, mais aggravée par l’ironie dont le professeur nous accable à cette occasion. Erreur qui lèse à la fois l’histoire littér
170 e M. Lanson parlant de Du Bartas, ce géant — mais nous y reviendrons) ; ce sont les sonnets de Goulard, admirable commentate
171 t que les mots n’atteignent jamais directement ?… Nous développerons un jour ces thèmes que je me borne ici à suggérer. Voic
172 laise. Une première traduction de cet hymne, dont nous nous sommes inspirés, a paru dans la Nouvelle Revue française du 1er
173 . Une première traduction de cet hymne, dont nous nous sommes inspirés, a paru dans la Nouvelle Revue française du 1er avril
6 1934, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Grammaire de la personne (janvier 1934)
174 politique — et les idéalistes — en philosophie — nous l’ont légué, c’est l’homme qui n’a pas de prochain et qui n’est le pr
175 , celui que définit, d’ailleurs, le Droit romain. Nous voudrions montrer ici d’une part l’identité de la personne, telle qu’
176 oment, un ordre ou une tentation. Quand cesserons- nous d’agiter des problèmes qui n’ont jamais été notre problème ? Car un p
177 -nous d’agiter des problèmes qui n’ont jamais été notre problème ? Car un problème n’est jamais réel que pour celui qui peut
178 eligieuse qu’on voudrait. Mais l’individu a vécu, nous dit-on… Il faut craindre la mort des mythes : elle n’est jamais qu’un
179 tu sujet d’une parole qui m’advient6. On voudrait nous faire croire aujourd’hui que le conflit fécond, la communion du tu et
180 ion du tu et du je se résout pratiquement dans un nous , qu’on oppose alors fièrement aux ils des sociologues et des positivi
181 porte un nom en politique. C’est le fascisme. Le nous , c’est le groupe, le faisceau. On l’oppose à la masse anonyme, tout a
182 du atomique. Le vœu humain paraît comblé… Mais ce nous est-il autre chose qu’une moyenne entre le je des libéraux et le ils
183 coup objectivés, et prisonniers de ce rapport, le nous . Le groupe ainsi formé est défini par sa circonférence. Et comme le v
184 eurs mains. Pour chacun d’eux, le tu es devenu le nous , c’est-à-dire a cessé d’être le vis-à-vis qui pose une question direc
185 Il a cessé d’être un des pôles de la personne. Le nous n’est rien qu’un biais, c’est un tu sans visage et qui vient se confo
186 ne plus que sur des automates. ⁂ Les partisans du nous , en vérité, ont fait erreur sur la personne. Si la personne est la mi
187 ellement, à mi-distance l’un de l’autre — dans le nous 8. Pour nous aimer, nous devons faire chacun tout le chemin qui nous
188 i-distance l’un de l’autre — dans le nous 8. Pour nous aimer, nous devons faire chacun tout le chemin qui nous sépare l’un d
189 ’un de l’autre — dans le nous 8. Pour nous aimer, nous devons faire chacun tout le chemin qui nous sépare l’un de l’autre. E
190 imer, nous devons faire chacun tout le chemin qui nous sépare l’un de l’autre. Et c’est au seul moment où je t’atteins en to
191 je t’atteins en toi, où tu m’atteins en moi, que nous devenons deux personnes, et l’un pour l’autre le prochain. Ainsi le
192 alité dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle nous assaille de toutes parts avec ses grands panneaux hauts en couleur pr
193 taliennes, et jusque dans les pages illustrées de nos quotidiens. Il me reste à marquer la dépendance théologique d’une ana
194 moi, à tel instant, le symbole réel de Celui qui nous a dit : « En vérité, toutes les fois que vous avez fait cela à un seu
195 t le cœur du paradoxe le plus fou, que l’Évangile nous dit : « Aimez vos ennemis » ? 6. Je préfère employer le pronom tu,
7 1934, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Précisions sur la mort du Grand Pan (avril 1934)
196 r la mort du Grand Pan (avril 1934)i C’est en notre vie seule que la Nature vit. Coleridge. Car nous sommes là pour de
197 re vie seule que la Nature vit. Coleridge. Car nous sommes là pour deviner les choses dans leurs natures particulières :
198 es dans leurs natures particulières : alors elles nous en sont reconnaissantes. C. F. Ramuz (Adam et Ève). La plénitude du
199 n événement. Elle a son lieu dans la question que nous adressent les créatures, lorsque nous distinguons leur véritable ango
200 uestion que nous adressent les créatures, lorsque nous distinguons leur véritable angoisse, et qu’elle nous dresse pour une
201 s distinguons leur véritable angoisse, et qu’elle nous dresse pour une réponse. La plénitude est un combat d’amour. Mais aim
202 e abandonné qui se croit je. Ce rêve peut remplir nos journées : il n’est pas notre vie. Il n’est qu’un abandon aux lois de
203 Ce rêve peut remplir nos journées : il n’est pas notre vie. Il n’est qu’un abandon aux lois de la poussière. ⁂ Ceci peut déf
204 nt la loi peut paraître souverainement illogique, nous voici contraints de nous arrêter : l’an 33 de notre ère, la réponse é
205 ouverainement illogique, nous voici contraints de nous arrêter : l’an 33 de notre ère, la réponse éternelle à la perpétuelle
206 ous voici contraints de nous arrêter : l’an 33 de notre ère, la réponse éternelle à la perpétuelle question du monde, nous es
207 nse éternelle à la perpétuelle question du monde, nous est donnée. C’est d’abord une réponse faite à l’homme. Mais c’est aus
208 la fin du temps. Or, le temps suit son cours, et nous sommes dans l’histoire, et l’histoire temporelle est la succession de
209 re, et l’histoire temporelle est la succession de nos chutes, selon la Loi, à cause de la Loi. Rachetés, mais non pas pour
210 paysage que le plan d’une possible stratégie12 : nous aurons deux images d’un semblable égarement. Cette espèce-là de pagan
211 sme rassuré n’est pas le fait des seuls païens de notre époque. Le recours aux émotions fortes que la Nature est censée dispe
212 de terreur, que ces mots soient intraduisibles en notre langue13 ? Alors que toute l’Allemagne des Novalis, des Schelling et
213 iner que cet effort de la nature pour pénétrer en nous n’est pas sans une mystérieuse signification ? » L’allusion à saint P
214 ente ; et que le panthéisme, par un paradoxe dont nous avons tenté de suivre la logique fatale, isole l’individu dans un mon
215 rps, seul l’amour d’espérance, charité de la foi, nous permet d’apporter à la Nature une réponse qui dépasse sa question et
216 e, parce qu’il est plus inconscient, que celui de nos essais critiques. Mais Ramuz, comme ses héros, s’arrête encore au seu
217 ec la Nature. Erreur moderne. Le Grand Pan, c’est notre angoisse devant la Nature. La Résurrection nous délivre de cette ango
218 notre angoisse devant la Nature. La Résurrection nous délivre de cette angoisse en nous révélant l’éternité perdue de notre
219 La Résurrection nous délivre de cette angoisse en nous révélant l’éternité perdue de notre être. Mais par là même, elle nous
220 te angoisse en nous révélant l’éternité perdue de notre être. Mais par là même, elle nous charge d’une nouvelle responsabilit
221 nité perdue de notre être. Mais par là même, elle nous charge d’une nouvelle responsabilité vis-à-vis de la Nature. 12. Mai
222 uments significatifs et qui viennent à l’appui de notre point de vue. Mais là encore la funeste doctrine de l’analogia entis
8 1934, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Éditorial (juillet 1934)
223 hérésies qui se sont introduites dans la piété de nos églises au cours des deux derniers siècles. Non seulement on voit des
224 es pasteurs lire sans sourciller la confession de nos églises, qui proclame le salut par la foi seule. Bien plus, quand un
225 théologique sont tels qu’on se demande parfois si nos temples sont encore fréquentés par des protestants, et si la prédicat
226 ndale chez la très grande majorité des auditeurs. Nous ne lapidons plus les prophètes : nous savons respecter leur talent !
227 auditeurs. Nous ne lapidons plus les prophètes : nous savons respecter leur talent ! Nous déplorons poliment leurs excès ;
228 s prophètes : nous savons respecter leur talent ! Nous déplorons poliment leurs excès ; si seulement ils parlaient un peu mo
229 , il y a la présence réelle du Seigneur mort pour nous , impies ? Peut-être le fidèle d’aujourd’hui n’a-t-il plus, comme ses
230 s soi-même : il faudrait être autrement exigeant. Nous renoncerons, dans cette nouvelle série de Hic et Nunc , à polémiser
231 érésies qui fourmillent dans la croyance moderne. Nous avons eu le tort, souvent, d’attaquer des erreurs auxquelles bien des
232 u qu’aux vérités qui les réfutent. D’autres fois, nous avons parlé trop haut, à cause de quelques sourds, indisposant ceux q
233 es sourds, indisposant ceux qui ne le sont point. Nous tenterons simplement, désormais, de « donner raison de l’espérance qu
234 ais, de « donner raison de l’espérance qui est en nous  ». À nos lecteurs comme à nous-mêmes, nous demanderons le simple effo
235 donner raison de l’espérance qui est en nous ». À nos lecteurs comme à nous-mêmes, nous demanderons le simple effort de con
236 est en nous ». À nos lecteurs comme à nous-mêmes, nous demanderons le simple effort de confronter la doctrine chrétienne tel
237 étienne telle que les bons docteurs de la Réforme nous l’enseignent, avec l’ensemble vague et contradictoire d’idées, de sen
238 isées, de préjugés, que tout fidèle porte en soi. Nous essaierons de reconstituer l’« appareil » dogmatique dont une théolog
239 ouper en brefs traités. Dans le petit espace dont nous disposons pour aborder de si grands sujets, force nous est de condens
240 disposons pour aborder de si grands sujets, force nous est de condenser, de couper court à des développements qui parfois me
241 eloppements qui parfois mettraient de l’aise dans nos pages. Notre ambition serait d’être relus. Nous aimons cette maxime d
242 qui parfois mettraient de l’aise dans nos pages. Notre ambition serait d’être relus. Nous aimons cette maxime de Nietzsche :
243 ns nos pages. Notre ambition serait d’être relus. Nous aimons cette maxime de Nietzsche : « Ne rien écrire d’autre que ce qu
244 n de Calvin. 16. Et malgré certains catéchismes. Nous y reviendrons au n° 8. j. Rougemont Denis de, « Éditorial », Hic et
9 1935, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Les trois temps de la Parole (mai 1935)
245 ain esprit historique ou historiciste, qui tend à nous faire croire qu’après 19 siècles de christianisme, le « scandale » du
246 » du Christ s’est atténué. Cette longue tradition nous aurait habitués à admettre que l’homme Jésus était aussi le Christ. A
247 t. Ainsi l’histoire, la durée, les dogmes appris, nous dispenseraient progressivement de faire en présence du Verbe divin in
248 pement de la tradition, l’accoutumance religieuse nous faciliteraient cette reconnaissance, et se substitueraient ainsi, san
249 nnaissance, et se substitueraient ainsi, sans que nous nous en doutions, à l’acte de l’Esprit. Le scandale s’évanouirait, po
250 sance, et se substitueraient ainsi, sans que nous nous en doutions, à l’acte de l’Esprit. Le scandale s’évanouirait, pour fa
251 ransporter en imagination aux premières années de notre ère, en Judée, de nous remettre tant bien que mal dans la situation d
252 n aux premières années de notre ère, en Judée, de nous remettre tant bien que mal dans la situation de Pierre devant Jésus,
253 ans la situation de Pierre devant Jésus, bref, de nous rendre contemporains de Jésus-Christ en faisant abstraction du temps
254 Jésus-Christ en faisant abstraction du temps qui nous sépare de son apparition terrestre. Notre formation historique et psy
255 emps qui nous sépare de son apparition terrestre. Notre formation historique et psychologique nous y invite. Bien plus, la pe
256 stre. Notre formation historique et psychologique nous y invite. Bien plus, la pente naturelle de notre esprit nous y pousse
257 e nous y invite. Bien plus, la pente naturelle de notre esprit nous y pousse. D’une part, nous ne pouvons nous empêcher de no
258 te. Bien plus, la pente naturelle de notre esprit nous y pousse. D’une part, nous ne pouvons nous empêcher de nous « transpo
259 urelle de notre esprit nous y pousse. D’une part, nous ne pouvons nous empêcher de nous « transporter par la pensée » à l’ép
260 esprit nous y pousse. D’une part, nous ne pouvons nous empêcher de nous « transporter par la pensée » à l’époque et aux lieu
261 sse. D’une part, nous ne pouvons nous empêcher de nous « transporter par la pensée » à l’époque et aux lieux historiques où
262 s où la vie de Jésus s’est écoulée. D’autre part, nous ne pouvons nous empêcher, après tant d’auteurs religieux — qui ne son
263 ésus s’est écoulée. D’autre part, nous ne pouvons nous empêcher, après tant d’auteurs religieux — qui ne sont pas tous améri
264 religieux — qui ne sont pas tous américains — de nous représenter un « Jésus-homme », un « ami suprême », présent parmi nou
265  Jésus-homme », un « ami suprême », présent parmi nous , ramené à nos proportions idéalisées. Ce double mouvement pourrait êt
266 un « ami suprême », présent parmi nous, ramené à nos proportions idéalisées. Ce double mouvement pourrait être confondu, p
267 ranéité » de Kierkegaard. Il a bien pour objet de nous rendre, d’une façon ou d’une autre, « contemporains » de l’apparition
268 ire de ce qu’il entendait. Car il est évident que notre double effort pour nous re-présenter Jésus, soit en nous transportant
269 . Car il est évident que notre double effort pour nous re-présenter Jésus, soit en nous transportant à son époque, soit en l
270 uble effort pour nous re-présenter Jésus, soit en nous transportant à son époque, soit en le transportant dans la nôtre, ten
271 ant à son époque, soit en le transportant dans la nôtre , tend tout naturellement à ramener ce Jésus sur notre plan, à nous « 
272 e, tend tout naturellement à ramener ce Jésus sur notre plan, à nous « faciliter » la foi, c’est-à-dire à nous en dispenser.
273 aturellement à ramener ce Jésus sur notre plan, à nous « faciliter » la foi, c’est-à-dire à nous en dispenser. Lorsque nous
274 plan, à nous « faciliter » la foi, c’est-à-dire à nous en dispenser. Lorsque nous nous laissons aller à cette tendance de no
275 la foi, c’est-à-dire à nous en dispenser. Lorsque nous nous laissons aller à cette tendance de notre esprit — car c’est bien
276 i, c’est-à-dire à nous en dispenser. Lorsque nous nous laissons aller à cette tendance de notre esprit — car c’est bien de l
277 sque nous nous laissons aller à cette tendance de notre esprit — car c’est bien de la même tendance qu’il s’agit dans les deu
278 la même tendance qu’il s’agit dans les deux cas — nous ne pensons qu’aux 19 siècles qui nous séparent de Jésus-homme, et que
279 deux cas — nous ne pensons qu’aux 19 siècles qui nous séparent de Jésus-homme, et que nous parvenons plus ou moins aisément
280 siècles qui nous séparent de Jésus-homme, et que nous parvenons plus ou moins aisément à survoler, quitte à retomber soudai
281 ent déçus, dans la réalité profane d’aujourd’hui. Nous oublions tout simplement ce fait : c’est qu’entre le Christ et nous,
282 simplement ce fait : c’est qu’entre le Christ et nous , il n’y a pas 19 siècles, mais une éternité ; il n’y a pas une certai
283 é ; il n’y a pas une distance, mais une rupture — notre péché. Or, le péché, c’est notre pente naturelle. Et c’est elle, préc
284 is une rupture — notre péché. Or, le péché, c’est notre pente naturelle. Et c’est elle, précisément, qui nous pousse à vouloi
285 pente naturelle. Et c’est elle, précisément, qui nous pousse à vouloir établir cette contemporanéité illusoire, dans le tem
286 e « sentie et vécue ». Mais si c’est le péché qui nous sépare de Christ, pensons-nous rejoindre Jésus-Christ par les artific
287 c’est le péché qui nous sépare de Christ, pensons- nous rejoindre Jésus-Christ par les artifices d’une pensée justement soumi
288 sée justement soumise au péché ? D’autre part, il nous est impossible de nous arrêter de penser… Telle est l’impasse où nous
289 u péché ? D’autre part, il nous est impossible de nous arrêter de penser… Telle est l’impasse où nous conduisent non seuleme
290 de nous arrêter de penser… Telle est l’impasse où nous conduisent non seulement la pensée « libérale », mais aussi, je le ré
291 la pensée « libérale », mais aussi, je le répète, notre nature humaine irrépressible, dès que la vigilance critique d’une sob
292 ance critique d’une sobre théologie se relâche. ⁂ Nous ne sortirons jamais une fois pour toutes d’une telle impasse. Au cont
293 toutes d’une telle impasse. Au contraire, toutes nos théories nous y ramènent. Notre ambition doit donc se limiter à poser
294 telle impasse. Au contraire, toutes nos théories nous y ramènent. Notre ambition doit donc se limiter à poser clairement le
295 u contraire, toutes nos théories nous y ramènent. Notre ambition doit donc se limiter à poser clairement le problème, et à fo
296 à formuler, si possible, le principe critique qui nous rappellera constamment la vraie nature, le caractère absolu de cette
297 solu de cette difficulté. La question précise que nous nous poserons sera donc simplement celle-ci : comment se mettre en ga
298 de cette difficulté. La question précise que nous nous poserons sera donc simplement celle-ci : comment se mettre en garde c
299 ontre l’illusion historico-psychologique, lorsque nous essayons de prendre au sérieux l’exigence de la contemporanéité avec
300 le Christ des évangiles ? La Dogmatique de Barth nous offre maints exemples de mise au point théologique des thèses parfois
301 vigoureuse des trois temps de la Parole de Dieu. Nous la trouvons aux pages 148 à 155 du premier tome (en cours de traducti
302 de ses témoins bibliques, — le temps de l’Église ( notre temps). Ce sont là les trois temps de la Parole. Jésus-Christ est la
303 is portions successives du même temps dans lequel nous vivons, mais bien trois espèces de temps distinctes. D’où il résulte
304 re, c’est par le « bon plaisir » de Dieu seul que nous pouvons devenir contemporains de sa Parole. Nicodème a beau vivre en
305 ec final de toute méthode historique qui voudrait nous rendre « contemporains » de Christ. Car cette méthode, par elle-même,
306 Christ. Car cette méthode, par elle-même, ne peut nous conduire qu’à revivre la situation du brigand qui refuse. Christ, dan
307 a Bible, est le vis-à-vis absolu de l’Église dans notre temps. Il dépend de Dieu seul, et nullement de nos efforts, que nous
308 re temps. Il dépend de Dieu seul, et nullement de nos efforts, que nous passions de notre temps à ce temps des apôtres, ou
309 nd de Dieu seul, et nullement de nos efforts, que nous passions de notre temps à ce temps des apôtres, ou à ce temps de la P
310 et nullement de nos efforts, que nous passions de notre temps à ce temps des apôtres, ou à ce temps de la Parole faite chair.
311 théologie n’est pas là pour résoudre concrètement nos problèmes. Elle a pour but de les poser, de nous donner un instrument
312 t nos problèmes. Elle a pour but de les poser, de nous donner un instrument critique qui nous renvoie sans cesse à la réalit
313 poser, de nous donner un instrument critique qui nous renvoie sans cesse à la réalité, qui nous inquiète, et qui corrige le
314 que qui nous renvoie sans cesse à la réalité, qui nous inquiète, et qui corrige le mouvement naturel et perverti de nos pens
315 t qui corrige le mouvement naturel et perverti de nos pensées. Cette position du problème, que nous venons d’esquisser, no
316 de nos pensées. Cette position du problème, que nous venons d’esquisser, nous permettra de situer honnêtement les essais q
317 osition du problème, que nous venons d’esquisser, nous permettra de situer honnêtement les essais qui composent ce numéro de
318 ’il soit donc bien établi : 1° que les efforts de notre imagination, qu’ils s’expriment sous une forme franchement littéraire
319 d’habileté, de science, de poésie ou d’éloquence, nous rendre « contemporains » de la Parole ou de ses témoins bibliques ; 2
320 peuvent avoir d’utilité que s’ils concrétisent à nos yeux les limites de nos imaginations. Reconnaître, éprouver pénibleme
321 que s’ils concrétisent à nos yeux les limites de nos imaginations. Reconnaître, éprouver péniblement ces limites, voilà la
322 péniblement ces limites, voilà la vraie leçon de nos voyages en Palestine, réels ou figurés. Nous ne pouvons nous empêcher
323 on de nos voyages en Palestine, réels ou figurés. Nous ne pouvons nous empêcher d’imaginer. Le sermon le plus sec, le plus l
324 s en Palestine, réels ou figurés. Nous ne pouvons nous empêcher d’imaginer. Le sermon le plus sec, le plus littéralement bib
325 t bien entendu que tout cela n’exprime encore que notre réalité humaine. L’important, c’est qu’une instance critique impitoya
326 les, et déclare leur vraie signification19. Quand nous parlons des témoins de la Bible, nous n’avons pas à nous préoccuper o
327 on19. Quand nous parlons des témoins de la Bible, nous n’avons pas à nous préoccuper outre mesure d’exactitude historique, a
328 rlons des témoins de la Bible, nous n’avons pas à nous préoccuper outre mesure d’exactitude historique, archéologique, etc.
329 que, archéologique, etc. La plus grande fantaisie nous est permise dans nos efforts de représentation : puisqu’aussi bien, t
330 c. La plus grande fantaisie nous est permise dans nos efforts de représentation : puisqu’aussi bien, tous ces efforts ne po
331 u’aussi bien, tous ces efforts ne pourront jamais nous conduire sur le plan véritable et dans le temps réel où ces témoins s
332 ’orateur et par l’auditeur comme une nécessité de notre nature, leur sens de prédication. Par le véhicule de l’histoire ou de
333 prédication. Par le véhicule de l’histoire ou de notre imagination — machine à remonter le temps —, nous ne rejoindrons jama
334 otre imagination — machine à remonter le temps —, nous ne rejoindrons jamais que Nicodème, ou Salomon, le roi savant, ou Pie
335 révèle. C’est sous ce signe critique radical que nous plaçons les essais qui suivent. Nous avons voulu confronter avec les
336 radical que nous plaçons les essais qui suivent. Nous avons voulu confronter avec les témoins de la Bible, les « problèmes 
337 ée « chrétienne ». Et ces témoins, ces vis-à-vis, nous jugent, ce n’est pas nous qui les jugeons. Leurs erreurs même nous en
338 témoins, ces vis-à-vis, nous jugent, ce n’est pas nous qui les jugeons. Leurs erreurs même nous enseigneront bien mieux que
339 ’est pas nous qui les jugeons. Leurs erreurs même nous enseigneront bien mieux que nos meilleures raisons. 17. Barth dit s
340 urs erreurs même nous enseigneront bien mieux que nos meilleures raisons. 17. Barth dit simplement « un pas », soucieux s
10 1935, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Soirée chez Nicodème (mai 1935)
341 nce ! W. Monod, Le Problème du Bien, I, p. 512. Nous avions dîné chez Nicodème, et l’on apportait le café. Nicodème — vous
342 prononça Nicodème en s’approchant de l’étudiant. Nous nous assîmes en cercle autour du patriarche. Et l’entretien que nous
343 onça Nicodème en s’approchant de l’étudiant. Nous nous assîmes en cercle autour du patriarche. Et l’entretien que nous atten
344 n cercle autour du patriarche. Et l’entretien que nous attendions tous s’amorça, je l’avoue, par une mauvaise boutade qui m’
345 dialogue s’engagea sans aucune gêne. Nicodème. —  Nous voici donc d’emblée ramenés à notre vieux débat. Je n’ignore pas que
346 . Nicodème. — Nous voici donc d’emblée ramenés à notre vieux débat. Je n’ignore pas que l’éternel problème de la mort à soi-
347 x qui préoccupent le plus, et à très juste titre, nos jeunes barthiens, kierkegaardiens et « réacteurs » de diverses nuance
348 rrain abstrait de l’orgueilleux paradoxe ». Il ne nous pardonne guère de faire table rase de ce qu’il appelle « l’expérience
349 ique « importée d’Allemagne », inassimilable pour nos « clairs esprits latins », et qui, d’ailleurs, signifiait, au pédanti
350 ui, auprès de Jésus, de nuit, et lui dit : Rabbi, nous savons que tu es un docteur venu de Dieu ; car personne ne peut faire
351 oses ! En vérité, en vérité, je te le dis, ce que nous savons nous le disons ; ce que nous avons vu nous l’attestons ; et vo
352 rité, en vérité, je te le dis, ce que nous savons nous le disons ; ce que nous avons vu nous l’attestons ; et vous ne receve
353 e dis, ce que nous savons nous le disons ; ce que nous avons vu nous l’attestons ; et vous ne recevez pas notre témoignage. 
354 nous savons nous le disons ; ce que nous avons vu nous l’attestons ; et vous ne recevez pas notre témoignage. » Un silence p
355 vons vu nous l’attestons ; et vous ne recevez pas notre témoignage. » Un silence pesant et solennel accueillit cette brève le
356 dans son rêve. Ses lèvres remuaient pourtant. Il nous sembla qu’il murmurait machinalement les paroles que je venais de lir
357 machinalement les paroles que je venais de lire. Nous perçûmes enfin quelques mots : il monologuait, les yeux fixes. Mais p
358 arut s’emparer de sa voix. Nicodème. — « …Ce que nous savons, nous le disons. Ce que nous avons vu, nous l’attestons… » Mai
359 r de sa voix. Nicodème. — « …Ce que nous savons, nous le disons. Ce que nous avons vu, nous l’attestons… » Mais que sais-je
360 . — « …Ce que nous savons, nous le disons. Ce que nous avons vu, nous l’attestons… » Mais que sais-je ? Et qu’ai-je donc vu 
361 ous savons, nous le disons. Ce que nous avons vu, nous l’attestons… » Mais que sais-je ? Et qu’ai-je donc vu ?… C’était bien
362 plupart des hôtes de ce soir-là, ne laissa pas de nous plonger dans la gêne, dont quelques-uns ne crurent pouvoir secouer l’
363 n celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? Nous sommes là en pleine et absolue certitude ; nous apercevons le sommet
364 ? Nous sommes là en pleine et absolue certitude ; nous apercevons le sommet d’un gigantesque pylône, d’un poste émetteur d’o
365 bonne scolastique, la grâce infuse ! et si toute notre humanité est soumise à cette fécondation permanente par je ne sais qu
366 adio céleste, pourquoi faudrait-il, en effet, que nous mourrions totalement à nous-mêmes ? Laissons-nous donc radiographier,
367 nous mourrions totalement à nous-mêmes ? Laissons- nous donc radiographier, tout simplement ! S’il existe une cure moins radi
368 autrement qu’en mourant pour eux”. Que pourrions- nous donc faire de plus que lui ? L’imitation du Christ, c’est de mourir e
369 e Nicodème ! Tenez, j’ai l’impression, depuis que nous nous sommes mis à discuter, qu’aucun de nous ne sait ce qu’il dit. J’
370 odème ! Tenez, j’ai l’impression, depuis que nous nous sommes mis à discuter, qu’aucun de nous ne sait ce qu’il dit. J’enten
371 que nous nous sommes mis à discuter, qu’aucun de nous ne sait ce qu’il dit. J’entends exactement : aucun de nous ! Nous par
372 ait ce qu’il dit. J’entends exactement : aucun de nous  ! Nous parlons tous avec beaucoup de conviction, mais je crois bien q
373 qu’il dit. J’entends exactement : aucun de nous ! Nous parlons tous avec beaucoup de conviction, mais je crois bien que nous
374 ec beaucoup de conviction, mais je crois bien que nous délirons à qui mieux mieux. Voulez-vous que je vous le prouve ? Il su
375 ous que je vous le prouve ? Il suffira de résumer notre débat. Quel est le problème que nous discutons ? C’est le problème in
376 de résumer notre débat. Quel est le problème que nous discutons ? C’est le problème inverse de celui d’Hamlet. « Être ou ne
377 amlet. « Être ou ne pas être », disait Hamlet. Et nous disons : mourir ou ne pas mourir. Mourir totalement, ou ne pas mourir
378 étincelle divine qui, selon les uns, subsiste en nous et pourrait rallumer d’un nouveau feu toute notre humanité, plus ou m
379 nous et pourrait rallumer d’un nouveau feu toute notre humanité, plus ou moins consumée par le péché. Pourquoi donc Nicodème
380 qu’il a vécu, de fait, certaines expériences dont nous n’avons qu’une pâle idée. Il affirme qu’il est un homme religieux. Il
381 un docteur envoyé par Dieu ! « Mais voyez-vous, nous sommes ici au nœud de ce mystère étourdissant. Nicodème a reconnu un
382 d’agiter des pensées… Eh bien, je vous demande si nous faisons autre chose ? Oui, même quand nous condamnons Nicodème au nom
383 nde si nous faisons autre chose ? Oui, même quand nous condamnons Nicodème au nom d’une meilleure théologie, faisons-nous au
384 icodème au nom d’une meilleure théologie, faisons- nous autre chose que lui ? Sommes-nous contemporains du Christ autrement o
385 ologie, faisons-nous autre chose que lui ? Sommes- nous contemporains du Christ autrement ou plus réellement qu’il ne le fut,
386 ellement qu’il ne le fut, cette nuit-là ? Faisons- nous autre chose que de répéter formellement des vérités que nous ne pouvo
387 chose que de répéter formellement des vérités que nous ne pouvons pas vivre ? Vivons-nous autre chose que des “vendredis sai
388 es vérités que nous ne pouvons pas vivre ? Vivons- nous autre chose que des “vendredis saints spéculatifs”21 ? Il n’y a pas t
389  ? Oui, maintenant, je vais vous dire la vérité : Nous sommes tous des Nicodèmes ! et jamais plus qu’en ce moment où nous co
390 des Nicodèmes ! et jamais plus qu’en ce moment où nous condamnons Nicodème… Voilà pourquoi Nicodème n’est pas mort : il deme
391 urquoi Nicodème n’est pas mort : il demeure parmi nous comme le vivant symbole de l’homme qui ne peut pas mourir !… Plaise à
392 e depuis sa rencontre nocturne, devienne aussi la nôtre , et nous ferme la bouche ! » J’avais parlé longtemps, et non sans fiè
393 a rencontre nocturne, devienne aussi la nôtre, et nous ferme la bouche ! » J’avais parlé longtemps, et non sans fièvre. Je m
394 tais bien loin de considérer la chose ainsi. Mais nous vivons dans un monde troublé, où la parole n’a plus le même sens pour
395 e n’a plus le même sens pour tous. C’est pourquoi nous multiplions les commentaires, et par là même les malentendus. Et c’es
396 là même les malentendus. Et c’est aussi pourquoi nos disputes sont si vaines… Minuit sonna, dans ce silence. Il était temp
397 ns ce silence. Il était temps de prendre congé de nos hôtes. Mais un des étudiants, qui justement n’avait presque rien dit,
398 it presque rien dit, prit soudain la parole comme nous allions nous séparer ; et je ne suis pas loin de croire qu’il exprima
399 en dit, prit soudain la parole comme nous allions nous séparer ; et je ne suis pas loin de croire qu’il exprima la vérité la
400 x très calme — que l’angoisse de Nicodème devrait nous empêcher tous de parler, c’est-à-dire, si je vous entends bien, devra
401 r, c’est-à-dire, si je vous entends bien, devrait nous empêcher tous de dire des choses complètement impossibles. Je ne pens
402 une certaine mesure, — humainement. Je pense que nous devons parler au nom de cette angoisse, — justement, en son nom ! Et
403 avoir éprouvée jusqu’aux moelles, et que c’est là notre expérience religieuse, proprement dite. Mais nous avons le devoir et
404 otre expérience religieuse, proprement dite. Mais nous avons le devoir et la mission de proclamer que cette angoisse a été s
405 Nicodème trouve sa résolution dans le Baptême. Et nous confirmons ce Baptême chaque fois que nous prenons la Cène, communian
406 me. Et nous confirmons ce Baptême chaque fois que nous prenons la Cène, communiant ainsi avec la mort et la résurrection de
407 là une expérience ! Ou plutôt, les sentiments que nous éprouvons lors du Baptême et de la Cène n’ont aucune espèce d’importa
408 n’ont aucune espèce d’importance. Dieu fait pour nous , à ce moment, ce que Nicodème et tous les hommes reconnaissent qu’ils
409 la foi, tout est fait, — le salut est donné. Mais nous avons alors à dire et à prêcher ce que sont ce Baptême et cette Cène.
410 ont ce Baptême et cette Cène. Certes, ces paroles nous condamnent dans la mesure où nous les prononçons sans foi, hors de to
411 es, ces paroles nous condamnent dans la mesure où nous les prononçons sans foi, hors de toute « crainte et tremblement ». Ma
412 esure où la foi les anime, l’événement central de notre vie chrétienne. Elles sont, avec les sacrements, la promesse de l’acc
413 n Christ — déjà venu et qui revient ! — de ce que nous espérons présentement, à la fois dans l’angoisse et dans la joie : la
414 e expérience nécessaire. Oui, cette expérience-là nous reste à jamais impossible, c’est pour cela qu’il faut la croire ! Et
415 ns la crainte et le tremblement, son espérance. ⁂ Nous nous séparâmes sur ces mots. Les « barthiens » qui avaient parlé rega
416 crainte et le tremblement, son espérance. ⁂ Nous nous séparâmes sur ces mots. Les « barthiens » qui avaient parlé regagnère
11 1936, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Sur une page de Bossuet (ou Tradition et Révélation) (janvier 1936)
417 u Tradition et Révélation) (janvier 1936)m Que nos amis catholiques nous permettent de relever tout d’abord un défaut tr
418 tion) (janvier 1936)m Que nos amis catholiques nous permettent de relever tout d’abord un défaut très courant de la contr
419 uf siècles de tradition universelle — dont quinze nous sont communs d’ailleurs avec l’Église romaine — à quatre siècles d’un
420 t au seul domaine français, sans même compter que nos églises ont subi de telles persécutions qu’elles ont été quasi anéant
421 tin ou de Thomas d’Aquin25, seuls témoignages qui nous restent de la « personne » de ces saints… On pourrait remarquer que
422 s est ici simplement de répondre à l’objection de nos frères romanisés. Si les formules par lesquelles je résume leurs croy
423 ue cela tient à ce que cette « lettre » est, pour nous tout au moins, pratiquement insaisissable ; 2° que cette « lettre » n
424 Voilà l’opposition réelle, du noir au blanc, que nos frères catholiques ont tant de peine à distinguer. Et comment la dist
425 homme, la grâce de la nature, et la Révélation de notre raison ? Au point qu’on en arrive à se demander pourquoi le Christ a
426 pourquoi le Christ a dû mourir pour triompher de notre péché, alors que la sagesse antique pouvait fournir l’amorce de si be
427 leur de cette objection préalable, que pourraient nous opposer les catholiques, si nous les pressions de nous rassurer sur u
428 , que pourraient nous opposer les catholiques, si nous les pressions de nous rassurer sur un texte qui nous inquiète, nous s
429 opposer les catholiques, si nous les pressions de nous rassurer sur un texte qui nous inquiète, nous sommes en droit de pour
430 s les pressions de nous rassurer sur un texte qui nous inquiète, nous sommes en droit de poursuivre l’examen des « réflexes
431 de nous rassurer sur un texte qui nous inquiète, nous sommes en droit de poursuivre l’examen des « réflexes catholiques » q
432 : non, Dieu seul connaît ce qui est de Dieu. Pour nous , ne connaissons de la volonté de Dieu que ce qu’il lui a plu de nous
433 s de la volonté de Dieu que ce qu’il lui a plu de nous en révéler dans l’Écriture, et par l’action du Saint-Esprit, grâce au
434 l’action du Saint-Esprit, grâce auquel l’Écriture nous parle. Serions-nous donc d’accord ? Lisons plus loin : « Le Sauveur n
435 prit, grâce auquel l’Écriture nous parle. Serions- nous donc d’accord ? Lisons plus loin : « Le Sauveur n’a-t-il pas voulu au
436 e dispensatrice de ses sacrements ? » Décidément, nous sommes d’accord. L’Église véritable est bien cela pour nous aussi. No
437 s d’accord. L’Église véritable est bien cela pour nous aussi. Nous ajouterons une simple précision : elle est la « sûre disp
438 L’Église véritable est bien cela pour nous aussi. Nous ajouterons une simple précision : elle est la « sûre dispensatrice de
439 des volontés de Dieu. Mais c’est ici que Bossuet nous arrête : « Qu’entendez-vous, nous dit-il, par “fidèle” ? — Nous enten
440 ici que Bossuet nous arrête : « Qu’entendez-vous, nous dit-il, par “fidèle” ? — Nous entendons : fidèle à la Révélation donn
441 « Qu’entendez-vous, nous dit-il, par “fidèle” ? —  Nous entendons : fidèle à la Révélation donnée une fois pour toutes par Di
442 me de condamner sévèrement cette pratique. » — Si nous comprenons bien, l’Église prouve qu’elle sait le secret de Jésus-Chri
443 que cette tradition de tous les siècles ? C’est, nous répond l’Enchiridion symbolorum et definitionum de Denzinger, « l’aut
444 s revelationis alter est traditio ecclesiastica). Nous la trouvons définie tout d’abord par le concile d’Éphèse (431) comme
445 l Enchiridion. Le catholique se tourne alors vers nous et nous exprime une sorte de pitié : « À quoi s’appuiera le protestan
446 idion. Le catholique se tourne alors vers nous et nous exprime une sorte de pitié : « À quoi s’appuiera le protestant, avec,
447 poque et de sa formation ? »30. Autrement dit, on nous plaint d’être abandonnés à la seule inspiration de l’Esprit, à laquel
448 e à Notre-Dame — on oublie simplement qu’elle est notre critère, ce « vis-à-vis » de l’Église dont parle Barth, et auquel doi
449 évélation. En réalité, c’est l’Église de Rome qui nous paraît à cet égard abandonnée à un subjectivisme redoutable. C’est ce
450 e plus absolu. Pratiquement : un opportunisme qui nous apparaîtra toujours excessivement « politique »… Le second terme, vra
451 politique »… Le second terme, vrai en soi, et que nous croyons de toute notre foi31, devient faux et ne traduit qu’un subjec
452 terme, vrai en soi, et que nous croyons de toute notre foi31, devient faux et ne traduit qu’un subjectivisme absolu dès qu’o
453 sme absolu dès qu’on le sépare de l’Écriture, qui nous fournit son critère objectif. Pourquoi nos frères catholiques nous re
454 , qui nous fournit son critère objectif. Pourquoi nos frères catholiques nous reprochent-ils notre subjectivisme, à nous qu
455 critère objectif. Pourquoi nos frères catholiques nous reprochent-ils notre subjectivisme, à nous qui reconnaissons un critè
456 urquoi nos frères catholiques nous reprochent-ils notre subjectivisme, à nous qui reconnaissons un critère objectif, la Bible
457 liques nous reprochent-ils notre subjectivisme, à nous qui reconnaissons un critère objectif, la Bible, alors qu’ils ont tou
458 s l’autre source de la Révélation : la tradition. Nous avons vu que, pratiquement, la tradition est index sui et falsi. On s
459 Ne faut-il pas la compléter, la garantir, contre nos faiblesses humaines par une assurance humaine, la tradition ? Tout l’
460 tuelles ou quelles humbles œuvres pourront jamais nous garantir ce miracle : que l’Écriture parle, qu’elle parle clairement,
461 trop méticuleusement, trop humainement assurée — nous n’avons qu’une seule réponse, mais une réponse certaine, une réponse
462 s une réponse certaine, une réponse qui n’est pas nôtre  : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. 
463 iture, et non ailleurs. Il reste à dire ceci : Et nous , croyons-nous assez « sérieusement » cela ? Croyons-nous assez sérieu
464 ailleurs. Il reste à dire ceci : Et nous, croyons- nous assez « sérieusement » cela ? Croyons-nous assez sérieusement que les
465 royons-nous assez « sérieusement » cela ? Croyons- nous assez sérieusement que les catholiques un jour peuvent le croire ? So
466 es catholiques un jour peuvent le croire ? Sommes- nous déjà prêts pour cette unité ? 22. Je ne veux envisager que la contr
467 honneur ni à l’information, ni à la bonne foi de nos écrivains, s’appelassent-ils Paul Claudel. Ce très grand poète est l’
468 jamais été proférées sur la réforme luthérienne. Nous ne croyons pas, dans son cas, à la mauvaise foi, mais à une ignorance
469 ’acte libre et parfait de la libre grâce que Dieu nous fait ; et non point cette infusio, ce principium divinum que Rome app