1 1932, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Hic et nunc [éditorial] (novembre 1932)
1 reuses. Dites à nous-mêmes, d’abord ; à tous ceux qui voudront les entendre ; à ceux auxquels, peut-être mieux qu’à nous, i
2 en obéissance. ⁂ En face d’une pensée religieuse qui s’épuise et se disqualifie dans ses efforts pour concilier la révélat
3 rer d’eux-mêmes ; en face d’une pensée religieuse qui , pour tout dire, trahit sa mission de scandale, et tente lâchement de
4 aux mains du Dieu vivant. En face de philosophes qui se moquent des hommes et ne voient même pas qu’ils n’ont plus de répo
5 s et urgentes questions ; en face de philosophies qui de Descartes à Kant, ou de Hegel à Marx, ont cru pouvoir nous sauver
6 ieu imbécile qu’elle honore sur les « places » et qui s’appelle Production, il y a lieu et ordre d’attester qu’« une seule
7 dans ces idées mêmes, mais bien dans une réalité qui les domine et qui les juge, en même temps que nous-mêmes. Avant tout,
8 mes, mais bien dans une réalité qui les domine et qui les juge, en même temps que nous-mêmes. Avant tout, après tout, il ne
9 ser. Vérité donc essentiellement concrète, vérité qui ne peut s’accomplir dans une synthèse satisfaisante en soi, mais qui
10 plir dans une synthèse satisfaisante en soi, mais qui se manifeste au contraire comme un ordre, personnellement adressé à c
11 de nous. Vérité actuelle aux deux sens de ce mot, qui sont acte et présence. Et certes notre activité serait injustifiable
2 1932, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Principe d’une politique du pessimisme actif (novembre 1932)
12 a réalité même. Car la réalité est précisément ce qui nous met en relation personnelle et immédiate avec Dieu : et que la r
13 d du désespoir et de la nuit, par la foi seule, —  qui ne vient pas de nous. Telle est la démarche paradoxale, « dialectique
14 , de la vie chrétienne : elle rejette tout espoir qui ne serait pas le seul espoir ; toute promesse qui ne serait pas la se
15 qui ne serait pas le seul espoir ; toute promesse qui ne serait pas la seule promesse : espoir et promesse de la foi, — et
16 la dialectique chrétienne rejette tout désespoir qui ne serait pas le seul désespoir réel : celui qui dévaste la nature hu
17 qui ne serait pas le seul désespoir réel : celui qui dévaste la nature humaine jusqu’à ces profondeurs dernières où l’atte
18 sommes pas du monde. Toute construction politique qui ne prend pas au sérieux ce qu’impliquent les deux termes de l’antinom
19 qu’impliquent les deux termes de l’antinomie, ou qui cherche à la supprimer, est antichrétienne en son principe. Ainsi se
20 ’hérésie pessimiste abandonne à lui-même un monde qui ne saurait nous offrir de salut, puisqu’il n’est de salut qu’en la fo
21 de salut, puisqu’il n’est de salut qu’en la foi, qui transcende le monde. Principe de l’individualisme anarchique ; point
22 ipe de l’individualisme anarchique ; point de vue qui rend absurde le fait même d’être né, c’est-à-dire d’avoir été « mis a
23 nfermer les antinomies dans un cadre hiérarchique qui préserve l’homme du désespoir et lui fournisse un équilibre durable,
24 e vouloir fonder dans ce monde un Royaume de Dieu qui pour capitale, plutôt que Genève, choisirait Détroit. Il s’agirait de
25 eront tout au plus d’être eux-mêmes pardonnés. Ce qui nous assure le Pardon, c’est la foi. Agissez donc, mais votre action
26 le des partisans de la synthèse. Comment des gens qui se réclament de Calvin, de Luther, c’est-à-dire de contempteurs absol
27 l n’est pas de réponse à cette question pour ceux qui ne savent pas ce que c’est que la foi. Si l’on entend par vie non seu
28 l’ensemble des relations humaines, la foi est ce qui rend la vie impossible (par ses exigences absolues), tandis qu’au con
29 ent, et c’est alors un ordre que nous recevons et qui nous meut parmi les hommes tels qu’ils sont, — des hommes qui ont bes
30 t parmi les hommes tels qu’ils sont, — des hommes qui ont besoin d’une politique pour suppléer à leur faiblesse, qui ont be
31 n d’une politique pour suppléer à leur faiblesse, qui ont besoin tout autant qu’on leur montre la vanité d’une chose si néc
32 i (corruptio optimi pessima) que ceux d’entre eux qui perdaient la foi — c’est-à-dire le principe animateur — n’en continua
33 transcendantes, de l’action optimiste. Ceux donc qui rendent le calvinisme responsable du capitalisme commettent une erreu
34 capitalisme commettent une erreur pire que celle qui consisterait à reprocher à Euclide d’avoir permis le développement de
35 nous certifier dans le fond de nos âmes un salut qui se rit des ultimes efforts et des ultimes défaites de notre volonté d
36 attitude cynique — faussement appelée esthétique, qui consistait à dire : comme elles sont bien peintes ! (ou mal). — Pauvr
37 isme, tous les nationalismes, et toute révolution qui prétendrait fonder notre salut sur une organisation terrestre quelle
38 a foi sont absolus — ni réformistes, n’ayant rien qui nous assure de l’action continue de la foi. Je songe ici à l’armature
39 de la foi. Je songe ici à l’armature catholique, qui condamne cette Église au réformisme modéré, c’est-à-dire à un effort
40 ranger au réalisme « tragique » de l’Évangile, et qui même, dans certains cas extrêmes, nous tient quitte de la foi. Il ne
41 s dans lesquelles l’homme cherche sa sécurité, et qui n’ont pas de vérité. ⁂ La plus grande liberté d’action et de révoluti
42 an supérieur une sorte de jeu, ou mieux d’humour, qui se mêle au tragique quotidien comme un rappel de la seule grandeur tr
43 entre la Promesse et le péché, entre la foi et ce qui nous paraît la « défier ». Que faire donc ? Briser d’abord les idoles
3 1933, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Solutions pratiques ? (mars 1933)
44 e rendre compte de ce qu’elle signifie pour celui qui me la pose. Répondre du tac au tac, à la « lettre » de la question, c
45 ttre » de la question, c’est un procédé électoral qui peut être utile à son heure, mais nous avons tout autre chose à faire
46 es fumistes. Nous appelons fumistes ces messieurs qui nous interrogent avec politesse sur nos intentions et nos buts, à seu
47 ué, nous pourrons répondre plus clairement à ceux qui croient à leur question, j’entends à ceux qui nous la posent parce qu
48 eux qui croient à leur question, j’entends à ceux qui nous la posent parce qu’elle se pose à eux-mêmes. Il n’y a pas de s
49 pas de solutions, — il y a des ordres 1. Celui qui veut vraiment agir ne demande pas d’abord un programme, mais d’abord
50 . Tout au plus pouvons-nous, par des affirmations qui troublent notre sécurité, par des questions qui gênent nos habitudes,
51 s qui troublent notre sécurité, par des questions qui gênent nos habitudes, par des exigences qui révoltent le bon sens, fa
52 tions qui gênent nos habitudes, par des exigences qui révoltent le bon sens, faire naître le besoin et la soif d’une telle
53 « positif ». Pour les uns, « positif », c’est ce qui rapporte. Pour les autres, ce qui rassure. Pour le chrétien, ce sera
54 tif », c’est ce qui rapporte. Pour les autres, ce qui rassure. Pour le chrétien, ce sera tout ce qui trouble en vérité les
55 ce qui rassure. Pour le chrétien, ce sera tout ce qui trouble en vérité les hommes et les délivre de leurs tourments mesqui
56 leurs tourments mesquins et dégradants ; tout ce qui les libère de leur férocité ou de leur quiétude naturelles, et les re
57 ’obéissance à la seule force nécessaire ; tout ce qui leur fiche un désespoir pour une fois réel ; tout ce qui les désarme
58 r fiche un désespoir pour une fois réel ; tout ce qui les désarme devant Dieu et les jette nus dans la foi. 2. Un homme qui
59 nt Dieu et les jette nus dans la foi. 2. Un homme qui est dans la foi sait bien qu’il n’y a pas à demander de « solutions p
60 pratiques », car la foi est précisément une force qui se manifeste par des ordres personnels, et ces ordres sont pratiques,
61 — puisque la foi, précisément, c’est cette force qui me dit : « Tu dois, ici et maintenant. » — Mieux vaudrait cent-mille
62 u’il faudrait muer en savoir, mais dans un savoir qui exige sa réalisation. » Nature du « savoir » chrétien Nous marc
63 e l’histoire terrestre. Voici alors les chrétiens qui viennent nous parler d’une Révélation. Est-ce donc qu’une grande lumi
64 n des cas de l’existence, inconcevable pour celui qui se place en dehors du cas. Cette révélation ne peut pas être formulée
65 mes généraux, n’étant pas autre chose qu’un ordre qui me dit, à tel endroit précis du temps et de l’espace : voici ce que t
66 e l’espace : voici ce que tu dois faire. À celui qui demande : que dois-je faire ? le chrétien n’a donc rien à répondre, e
67 un remède. Doctrine désespérante ? Oui, pour ceux qui cherchent des espoirs à bon compte, hors de la réalité certainement d
68 ante. Mais il y a la Promesse, mais il y a la foi qui vient nous prendre au point où tout espoir apparaît vain, — en ce poi
69 la perspective chrétienne. Ce n’est plus l’homme qui pose des questions, mais c’est Dieu, seul Sujet. Et alors l’homme, en
70 positif est bouleversée. Critiquer les doctrines qui prétendent résoudre humainement les conflits essentiels ; rejeter tou
71 tions fabriquées par la « pensée chrétienne », et qui voudraient donner aux hommes une bonne conscience tout à fait inconce
72 antes, et toujours équivoques ; désorienter celui qui s’imagine être debout quand il n’a fait que truquer les repères ; dés
73 t s’assigner sans fol orgueil. « Positif » est ce qui rapproche du Réel. Cela prend bien souvent l’aspect d’une destruction
4 1933, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Dialectique des fins dernières (juillet 1933)
74 oursuite du vent », y compris la sagesse de celui qui croit trouver dans cette sentence la justification de son refus de vi
75 de son refus de vivre. Mais il existe une sagesse qui semble bien n’être pas affectée de la dégradation immanente à toute s
76 ète que « toute prétention à une unité supérieure qui harmoniserait les contradictions absolues n’est qu’un attentat métaph
77 s’élude, la personne se dissout dans un processus qui nie l’acte et le risque. Il n’y a plus qu’à compter un, deux, trois,
78 dans la croyance en une synthèse possible, voilà qui ne paraît point faire de doute. Ailleurs4, j’ai pu marquer mon choix
79 cte, une sorte de « contre-Hegel » radical, voilà qui ne peut manquer d’évoquer l’attitude d’un Kierkegaard et par là même
80 son opposition globale à la dialectique humaniste qui paraît à nos yeux s’en rapprocher le plus. ⁂ Cet acte dont nous parli
81 au sens le plus littéral de ce mot : l’accusation qui met en état de crise l’ensemble de ces affirmations et de ces négatio
82 e principe de synthèse qu’il contient. Accusation qui ne porte pas sur le détail ni sur la valeur morale de cette méthode,
83 il ni sur la valeur morale de cette méthode, mais qui tombe perpendiculairement sur le plan humain et rien qu’humain où opè
84 et rien qu’humain où opère la méthode. Accusation qui consiste simplement à rapporter tous ces problèmes à la réalité de Di
85 , ce sont alors ces appréciations toutes humaines qui trahissent une vanité, et la vraie joie n’est pas avec ceux qui nous
86 une vanité, et la vraie joie n’est pas avec ceux qui nous parlent de la « tristesse » du message barthien, puisqu’ils ente
87 ) devienne homme (mais vraiment homme !) c’est ce qui est affirmé ici et qui ici devient la vérité vivante, le contenu déci
88 vraiment homme !) c’est ce qui est affirmé ici et qui ici devient la vérité vivante, le contenu décisif d’un vrai discours
89 , il ne nous reste — émouvant spectacle pour ceux qui n’ont pas le vertige — qu’à rapporter constamment ces deux attitudes
90 ogique. C’est pourtant cette inconcevable réalité qui donne un sens si grave à ce oui et à ce non qui, au travers de toute
91 é qui donne un sens si grave à ce oui et à ce non qui , au travers de toute l’œuvre de Barth, nous entraînent dans une oscil
92 tre vie mortelle ? Il y a l’acceptation de la Vie qui n’est pas nôtre, qu’il faut croire. Dissymétrie vertigineuse : la pla
93 faut croire. Dissymétrie vertigineuse : la place qui nous est assignée dans ce monde « nous situe plus profondément dans l
94 dans le non que dans le oui » ; mais la promesse qui nous est faite dans l’instant de la foi, c’est la promesse de la vict
95 raits schématiques, voulu décrire une dialectique qui juge tous nos mots. Je voudrais simplement en avoir dit assez pour qu
96 d’acte, ces mots désignent des réalités éthiques qui n’ont rien de commun avec l’acte, le risque et le choix dont parle la
97 oix de l’élection, c’est-à-dire d’une possibilité qui n’est pas nôtre. Et le risque permanent, c’est alors celui qu’encourt
98 e ne peut prévoir le sens dernier. ⁂ Une synthèse qui précède et dépasse à la fois l’antithèse et la thèse, et dont toutes
5 1933, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Poésie dialectique (juillet 1933)
99 numéro « est bien la première poésie dialectique qui lui soit tombée sous les yeux » ! Petite erreur de fait, voulons-nous
100 professeur nous accable à cette occasion. Erreur qui lèse à la fois l’histoire littéraire, la dialectique et la poésie. Ca
6 1934, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Grammaire de la personne (janvier 1934)
101 en philosophie — nous l’ont légué, c’est l’homme qui n’a pas de prochain et qui n’est le prochain de personne. Ou encore,
102 t légué, c’est l’homme qui n’a pas de prochain et qui n’est le prochain de personne. Ou encore, comme le dit Keyserling, c’
103 s récents succédanés.   Le lieu de toute décision qui crée, c’est la personne. Toute l’agitation du monde n’est rien de plu
104 monde n’est rien de plus qu’une certaine question qui m’est adressée, et qui ne se précise en moi qu’à l’instant où elle me
105 s qu’une certaine question qui m’est adressée, et qui ne se précise en moi qu’à l’instant où elle me contraint d’agir. Peut
106 tion. Quand cesserons-nous d’agiter des problèmes qui n’ont jamais été notre problème ? Car un problème n’est jamais réel q
107 Car un problème n’est jamais réel que pour celui qui peut l’incarner dans sa vie, le résoudre au concret, ou bien périr pa
108 vient peut-être aussi des libéraux spiritualistes qui aimaient à dire : « La solution des grands problèmes sociaux est une
109 e collectif. La mystique de la masse ou du groupe qui domine la moitié de l’Europe, n’a pas d’origine plus certaine que ce
110 le — que si c’est un autre homme, en face de moi, qui me la pose. Qu’il soit là, proche ou lointain, à portée de ma main, à
111 e « deuxième personne », un tu sujet d’une parole qui m’advient6. On voudrait nous faire croire aujourd’hui que le conflit
112 st-à-dire à la mécanique étatiste et dictatoriale qui tient lieu d’ordre dès que l’homme renonce à assumer personnellement
113 iques. Elle a son centre en chacune des personnes qui la composent, et n’est pas définie par autre chose que par ce centre.
114 le rayonnement dans la durée de l’acte instantané qui unit un je et un tu par un lien de responsabilité7. En son principe,
115 le je et que le tu, considérés d’un point de vue qui n’est plus ni celui du je ni celui du tu, c’est-à-dire considérés dan
116 dienne, il est plus grand que chacun des éléments qui le composent. Il s’arroge des droits sur eux, bien qu’à la vérité il
117 que de la somme de leurs altérations. Les hommes qui constituent ce groupe ne sont plus des hommes véritablement humains,
118 le nous, c’est-à-dire a cessé d’être le vis-à-vis qui pose une question directe, — le prochain. Il a cessé d’être un des pô
119 ’est rien qu’un biais, c’est un tu sans visage et qui vient se confondre avec un je désormais incertain de ses limites agra
120 institue la police pour soutenir un corps social qui s’abandonne ; enfin la police décrète qu’elle est elle-même la force
121 us aimer, nous devons faire chacun tout le chemin qui nous sépare l’un de l’autre. Et c’est au seul moment où je t’atteins
122 à marquer la dépendance théologique d’une analyse qui peut paraître strictement humaine. On peut parler en termes de philos
123 rofond, que si l’on se réfère au rapport primitif qui fonde la personne humaine : le rapport de l’homme à son Créateur. Le
124 pour moi, à tel instant, le symbole réel de Celui qui nous a dit : « En vérité, toutes les fois que vous avez fait cela à u
125 universelle parce qu’elle s’enracine dans l’acte qui confère à tout homme son être véritable, devant Dieu. 8. Le groupe f
126 ieu des points équidistants de tous les individus qui composent le groupe. Un lieu parfaitement abstrait. 9. Aux individua
127 idiot désigne étymologiquement le « particulier » qui s’enferme dans sa particularité, — qui refuse donc d’être le prochain
128 ticulier » qui s’enferme dans sa particularité, —  qui refuse donc d’être le prochain de son frère. 10. ou tout autre « ism
7 1934, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Précisions sur la mort du Grand Pan (avril 1934)
129 univers, aux aguets des tentations et des menaces qui surgissent dès qu’il dit je, n’a pas d’autre mouvement que la peur ou
130 isir : déjà il fuit, déjà il s’offre. C’est le je qui est choix. L’acte qui me distingue du monde n’est pas autre que cet é
131 éjà il s’offre. C’est le je qui est choix. L’acte qui me distingue du monde n’est pas autre que cet élan de refus ou de ten
132 au règne naturel. L’indifférence d’un « esprit », qui s’imagine dégagé d’un tel choix, et qui le considère comme une altern
133 esprit », qui s’imagine dégagé d’un tel choix, et qui le considère comme une alternative extérieure à son être, un vis-à-vi
134 rence n’est rien que le rêve d’un atome abandonné qui se croit je. Ce rêve peut remplir nos journées : il n’est pas notre v
135 nstellations à son tour, fait entendre un langage qui n’est pas celui des humains, c’est à la raison seule qu’il se révèle,
136 qu’il se révèle, et ce n’est plus la peur du sang qui lui répond, mais la crainte majestueuse, mêlée d’orgueil, de l’esprit
137 crainte majestueuse, mêlée d’orgueil, de l’esprit qui connaît son pouvoir et son acte, mesure la grandeur du danger, sait q
138 omment Adam ne s’effraierait-il pas d’une plainte qui s’adresse, en lui, à ce pouvoir qu’il sait avoir perdu ? La Nature se
139 ardente ». Il sait qu’elle s’adresse en lui à ce qui de lui ressuscite, ayant reçu et accepté la mort. Il peut aimer : ce
140 . Ainsi la lutte se poursuit, entre les fatalités qui régissent le monde, séparé de l’homme, et l’homme, séparé de Dieu. Po
141 utir à une distinction entre l’esprit et le corps qui , d’accidentelle qu’elle était à l’origine, allait être décrétée essen
142 al rationaliste naît dans une ambiance chrétienne qui le rassure d’une manière vague et suffisante quant aux intentions cac
143 ’abandon égoïste, et parfois voluptueux, d’un moi qui renonce à créer, qui renonce à souffrir, qui se rend sourd à la quest
144 parfois voluptueux, d’un moi qui renonce à créer, qui renonce à souffrir, qui se rend sourd à la question des choses en mêm
145 moi qui renonce à créer, qui renonce à souffrir, qui se rend sourd à la question des choses en même temps qu’à la question
146 uné qu’on a « retranché de la société humaine, et qui ne peut plus rien faire ici-bas d’utile et de bon pour autrui ni pour
147 qu’on y atteint le mieux couché dans un bateau «  qui dérive au gré de l’eau ». Image assez frappante de l’homme qui conclu
148 gré de l’eau ». Image assez frappante de l’homme qui conclut avec le monde une paix honteuse. Il est vrai que Rousseau ne
149 s ! À mesure que le sort se faisait plus clément, qui conduisait un homme aux solitudes naturelles, la conscience de l’« ét
150 élire objectif ou technique, plaçons ce capitaine qui ne voyait jamais dans un paysage que le plan d’une possible stratégie
151 ie de la doctrine du salut. Songez à ces pasteurs qui , chaque printemps, saisissent le premier rayon de soleil venu et s’en
152 N’est-il pas significatif que le mot de Ehrfurcht qui , chez Goethe, traduit la vénération de l’homme en présence de la Natu
153 mme en présence de la Nature ; que le mot de awe, qui exprime chez les lakistes ce même sentiment mêlé d’amour et de terreu
154 sme style Empire — voilà peut-être le seul auteur qui situe le problème dans sa réalité. Lisons ses Réflexions sur le Théât
155 âme tout voisin de la « panique » antique14, mais qui , dans cet esprit nourri des Écritures, ne peut manquer d’évoquer auss
156 ers s’adresse à l’homme dans un langage ineffable qui se fait entendre dans l’intérieur de son âme, dans une partie de son
157 ns une partie de son être inconnue à lui-même, et qui tient à la fois des sens et de la pensée. Quoi de plus simple que d’i
158 en fait aussitôt une réalité psychologique, « et qui tient à la fois des sens et de la pensée ». Il en conclut qu’elle est
159 i, nous permet d’apporter à la Nature une réponse qui dépasse sa question et qui atteint et qui embrasse l’être anxieux de
160 la Nature une réponse qui dépasse sa question et qui atteint et qui embrasse l’être anxieux de la créature. En cet amour,
161 réponse qui dépasse sa question et qui atteint et qui embrasse l’être anxieux de la créature. En cet amour, enfin, l’homme
162 t rien de plus qu’un rêve, idéalisme meurtrier et qui fuit devant la question. 13. Cf. la remarquable étude de Charles Du
163 931. Elle est riche en documents significatifs et qui viennent à l’appui de notre point de vue. Mais là encore la funeste d
164 la terre et à la peupler, et n’ayant avec tout ce qui n’est pas de son espèce que les rapports arides et fixes que l’utilit
165 aux et physiques. Il n’y a personne, je le pense, qui , laissant errer ses regards sur un horizon sans bornes, ou se promena
8 1934, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Éditorial (juillet 1934)
166 34)j « Soyez appareillez à respondre à chascun qui vont demande rayson de l’espérance qui est en vous.15 » On n’oserait
167 à chascun qui vont demande rayson de l’espérance qui est en vous.15 » On n’oserait pas affirmer que le protestant d’aujour
168 encore les critiques les plus vives des hérésies qui se sont introduites dans la piété de nos églises au cours des deux de
169 ire sans sourciller la confession de nos églises, qui proclame le salut par la foi seule. Bien plus, quand un théologien fi
170 eu où la Parole est prêchée, on voit des pasteurs qui , chaque dimanche pourtant, prêchent l’exaltation de « l’âme humaine »
171 altation de « l’âme humaine » par la religion, et qui définissent volontiers l’Église comme une force au service de la civi
172 oration symbolique. Mais combien s’en trouve-t-il qui soient capables d’expliquer ce qu’ils croient ? Combien qui puissent
173 capables d’expliquer ce qu’ils croient ? Combien qui puissent donner raison de ce que dans la communion, et non pas dans l
174 unc , à polémiser directement contre les hérésies qui fourmillent dans la croyance moderne. Nous avons eu le tort, souvent,
175 ien des fidèles tiennent aussi peu qu’aux vérités qui les réfutent. D’autres fois, nous avons parlé trop haut, à cause de q
176 aut, à cause de quelques sourds, indisposant ceux qui ne le sont point. Nous tenterons simplement, désormais, de « donner r
177 ent, désormais, de « donner raison de l’espérance qui est en nous ». À nos lecteurs comme à nous-mêmes, nous demanderons le
178 r, pour donner à telle problématique l’expression qui lui manquait, et dont le défaut empêchait que la question fût posée u
179 e condenser, de couper court à des développements qui parfois mettraient de l’aise dans nos pages. Notre ambition serait d’
180 me de Nietzsche : « Ne rien écrire d’autre que ce qui pourrait désespérer l’espèce d’hommes qui “se hâte”. » 15. I Pierre
181 que ce qui pourrait désespérer l’espèce d’hommes qui “se hâte”. » 15. I Pierre 3 :15. Version de Calvin. 16. Et malgré
9 1935, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Les trois temps de la Parole (mai 1935)
182 tre un certain esprit historique ou historiciste, qui tend à nous faire croire qu’après 19 siècles de christianisme, le « s
183 s de Jésus-Christ en faisant abstraction du temps qui nous sépare de son apparition terrestre. Notre formation historique e
184 s nous empêcher, après tant d’auteurs religieux — qui ne sont pas tous américains — de nous représenter un « Jésus-homme »,
185 les deux cas — nous ne pensons qu’aux 19 siècles qui nous séparent de Jésus-homme, et que nous parvenons plus ou moins ais
186 otre pente naturelle. Et c’est elle, précisément, qui nous pousse à vouloir établir cette contemporanéité illusoire, dans l
187 ieuse « sentie et vécue ». Mais si c’est le péché qui nous sépare de Christ, pensons-nous rejoindre Jésus-Christ par les ar
188 et à formuler, si possible, le principe critique qui nous rappellera constamment la vraie nature, le caractère absolu de c
189 tion, le temps de Jésus-Christ, le temps de celui qui a été annoncé aux prophètes et aux apôtres pour qu’ils en témoignent
190 ois temps d’une manière tout à fait particulière, qui n’est pas celle dont se distinguent les temps de l’homme en dehors de
191 mps de l’homme en dehors de la Parole de Dieu, et qui dépend ici de la distinction propre aux temps de la Parole. » Autreme
192 cette parole (Matt. 16, 17). C’est Dieu lui-même qui agit en lui à ce moment, qui lui fait faire le « pas », le saut du te
193 C’est Dieu lui-même qui agit en lui à ce moment, qui lui fait faire le « pas », le saut du temps de la prophétie au temps
194 temps de la présence. Ou encore : c’est Dieu seul qui peut faire passer l’homme d’un temps à l’autre, c’est par le « bon pl
195 sentir l’échec final de toute méthode historique qui voudrait nous rendre « contemporains » de Christ. Car cette méthode,
196 ous conduire qu’à revivre la situation du brigand qui refuse. Christ, dans son temps, est le vis-à-vis absolu des apôtres d
197 les poser, de nous donner un instrument critique qui nous renvoie sans cesse à la réalité, qui nous inquiète, et qui corri
198 ritique qui nous renvoie sans cesse à la réalité, qui nous inquiète, et qui corrige le mouvement naturel et perverti de nos
199 ie sans cesse à la réalité, qui nous inquiète, et qui corrige le mouvement naturel et perverti de nos pensées. Cette posit
200 , nous permettra de situer honnêtement les essais qui composent ce numéro de Hic et Nunc. Qu’il soit donc bien établi : 1°
201 igne critique radical que nous plaçons les essais qui suivent. Nous avons voulu confronter avec les témoins de la Bible, le
202 ble, les « problèmes » — le mot est bien faible — qui se posent au chrétien en tout temps : mort à soi-même, obéissance, at
203 ns, ces vis-à-vis, nous jugent, ce n’est pas nous qui les jugeons. Leurs erreurs même nous enseigneront bien mieux que nos
204 e se distinguer des philosophes « existentiels », qui ont mis à toutes les sauces humanistes et romantiques la notion, chèr
10 1935, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Soirée chez Nicodème (mai 1935)
205 iner quelques-unes d’entre elles. La conversation qui s’était égarée vers la politique, au dessert, revint à la théologie a
206 us s’amorça, je l’avoue, par une mauvaise boutade qui m’échappa : « Wilfred Monod, m’écriai-je, n’est-ce pas celui qu’un de
207 amis, effrayé de son humanisme, a baptisé l’homme qui ne veut pas mourir ? » — Il y a des gens qui ont le sens de la gaffe,
208 omme qui ne veut pas mourir ? » — Il y a des gens qui ont le sens de la gaffe, et le sort, je le crains, a voulu que j’en f
209 e la mort à soi-même et au monde est l’un de ceux qui préoccupent le plus, et à très juste titre, nos jeunes barthiens, kie
210 appuyez, précisément, ce jugement-là : « L’homme qui ne veut pas mourir. » Moi. — Il y aurait de l’impertinence à affirme
211 00 pages. Mais que dites-vous de ces deux phrases qui me sont tombées sous les yeux tandis que je parcourais les chapitres
212 xpérience est à la portée d’un quelconque. À ceux qui préconisent un pareil idéal (au moins en apparence, entraînés par l’e
213 ssous des autres. On s’imagine qu’on est la seule qui n’a pas fait ces expériences. À la fin, c’est déprimant ! Nicodème.
214 ntée tout à nouveau ! J’ai connu des évangélistes qui avaient fait d’admirables expériences, et leurs récits t’eussent fait
215 t vers un groupe de jeunes barthiens très excités qui échangent dans un coin des coups de coude significatifs.) Enfin, mes
216 ssimilable pour nos « clairs esprits latins », et qui , d’ailleurs, signifiait, au pédantisme près, exactement la même chose
217 Frommel et Vinet, — ces Helvètes — tantôt Calvin, qui écrivait en latin des choses que Barth a mieux comprises que Sabatier
218 osai de lire l’Évangile. Je m’emparai d’une Bible qui se trouvait posée sur le bureau et qui s’ouvrit d’elle-même à la page
219 ’une Bible qui se trouvait posée sur le bureau et qui s’ouvrit d’elle-même à la page que je cherchais. Je lus ceci : « Mais
220 es pharisiens, nommé Nicodème, un chef des juifs, qui vint, lui, auprès de Jésus, de nuit, et lui dit : Rabbi, nous savons
221 rre à Nicodème ! Nicodème, l’orgueilleux Nicodème qui refusait si méchamment de comprendre, et vous, vous comprenez si bien
222 vant Nicodème, et moi j’étais devant Celui… Celui qui m’a coupé la parole, durement : « En vérité, en vérité, je te le dis 
223 vérité, en vérité, je te le dis ! »… Ô mes amis, qui d’entre vous a fait une telle expérience ? N’est-ce pas assez « exist
224 iennent aujourd’hui prétendre que c’est cela seul qui compte, et qu’ils font table rase de tout le reste ! Comme s’ils étai
225 ls exigent — oui vraiment on dirait que c’est eux qui l’exigent ! — mais j’ai fait l’expérience de l’amour, et c’est elle q
226 s’amusait à lire à ses voisins certains passages qui éveillaient tantôt des rires excessifs, tantôt de véhémentes protesta
227 rapporterai que le dernier de ces passages : — «  Qui est vainqueur du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils d
228 ges : — « Qui est vainqueur du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? Nous sommes là en pleine et abs
229 , les ondes radioactives du Salut.20 » L’étudiant qui lisait referma brusquement le gros volume et s’exclama : « Si ce n’es
230 ’ailleurs, de toutes ces métaphores, le seul fait qui demeure, c’est celui que Barth exprimait si magnifiquement dans une d
231 ait justement l’accent de controverse de mes amis qui me jetait dans une sorte de honte… La confession de Nicodème m’avait
232 nition de l’auteur du Problème du Bien ! “L’homme qui ne veut pas mourir”, c’est exactement ça ! Vraiment, c’est excellent 
233 onviction, mais je crois bien que nous délirons à qui mieux mieux. Voulez-vous que je vous le prouve ? Il suffira de résume
234 t mort, — souffler sur la petite étincelle divine qui , selon les uns, subsiste en nous et pourrait rallumer d’un nouveau fe
235 homme religieux. Il a raison ! La seule religion qui tienne, c’est la religion vécue, c’est-à-dire expérimentée. Mais tout
236 impossible ! Voilà l’angoisse et la folie de ceux qui défendent l’expérience, sachant bien, cependant, que la seule expérie
237 ces formules. Mais vous tenez le mot d’une énigme qui ne vous a pas longtemps empêchés de dormir ! C’est en tous cas ce que
238 ! Nicodème le disait : On croirait que c’est vous qui exigez cette expérience unique, au nom d’une théologie… Je ne vous re
239  ? Il n’y a pas tant de différence entre un homme qui nie l’Expérience, l’Unique — la seule chose nécessaire —, et un homme
240 Unique — la seule chose nécessaire —, et un homme qui l’affirme unique, sans cependant pouvoir la vivre, et sachant qu’on n
241 e, et sachant qu’on ne peut la vivre. Entre celui qui affirme qu’on ne peut pas mourir, et celui qui affirme l’exigence de
242 ui qui affirme qu’on ne peut pas mourir, et celui qui affirme l’exigence de la mort, il n’y a peut-être aucune différence :
243 s un argument théologique ! Où donc est-il, celui qui accepte de mourir ? Oui, maintenant, je vais vous dire la vérité : No
244 ure parmi nous comme le vivant symbole de l’homme qui ne peut pas mourir !… Plaise à Dieu que l’angoisse qui tourmente cet
245 e peut pas mourir !… Plaise à Dieu que l’angoisse qui tourmente cet homme depuis sa rencontre nocturne, devienne aussi la n
246 rendre congé de nos hôtes. Mais un des étudiants, qui justement n’avait presque rien dit, prit soudain la parole comme nous
247 oser au baptême des enfants, c’est-à-dire de ceux qui ne peuvent rien encore… Ainsi donc, deux choses demeurent : Par le Ba
248 sse de l’accomplissement en Christ — déjà venu et qui revient ! — de ce que nous espérons présentement, à la fois dans l’an
249 us nous séparâmes sur ces mots. Les « barthiens » qui avaient parlé regagnèrent leur lieu véritable : inventés par Wilfred
11 1936, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Sur une page de Bossuet (ou Tradition et Révélation) (janvier 1936)
250 on comme critère des révélations évangéliques. Ce qui s’oppose en réalité, c’est une doctrine du salut par la foi au sein d
251 ne doctrine du salut par l’Église, par une Église qui prend barre sur l’Écriture. Précisons encore ce schéma, qui ne préten
252 barre sur l’Écriture. Précisons encore ce schéma, qui ne prétend qu’à indiquer le lieu précis de la divergence : la Réforme
253 chef absolu, souverainement adorable, de l’Église qui est son corps ; tandis que Rome affirme que la tradition et le pape d
254 inition24. Or, si je cite une formule d’Augustin, qui est un grand saint, on me répond que cette formule lui est tout à fai
255 tus de l’imprimatur. Finalement, faute du concile qui aurait seul qualité pour m’éclairer, et qu’on ne saurait convoquer po
256 ugustin ou de Thomas d’Aquin25, seuls témoignages qui nous restent de la « personne » de ces saints… On pourrait remarquer
257 n’est pas la lettre et la formulation des dogmes qui m’importent, mais la manière dont on en use dans l’Église romaine, ma
258 elle a barre sur lui, qu’elle dispose de critères qui ne sont pas tirés de lui26 et au nom desquels elle a le droit de l’in
259 combler tant bien que mal tous les abîmes : ceux qui séparent l’éternel du temporel, Dieu de l’homme, la grâce de la natur
260 l’Église, corps du Christ ressuscité ! » Réponse qui justement donne un exemple bien typique de la méthode romaine de médi
261 e nécessaire, de cette foi au seul moyen de salut qui ait été donné aux hommes. Il en va de même du purgatoire, de l’analog
262 ue je sache, condamné Bossuet pour avoir écrit ce qui suit. (C’est au sujet de la Messe, pour expliquer que les catholiques
263 ites, c’est qu’on n’entend pas que c’est l’Église qui sait le secret de Jésus-Christ, qui sait ce qui appartient essentiell
264 ’est l’Église qui sait le secret de Jésus-Christ, qui sait ce qui appartient essentiellement à son institution, ce qui doit
265 e qui sait le secret de Jésus-Christ, qui sait ce qui appartient essentiellement à son institution, ce qui doit être dispen
266 appartient essentiellement à son institution, ce qui doit être dispensé diversement, selon les temps et les conjonctures d
267 à récuser l’une après l’autre toutes les formules qui pourraient amener à poser la question d’une manière claire et nette,
268 , il le faut déclarer hérétique, de même que ceux qui lui donnèrent l’imprimatur. Et si Bossuet n’a pas déformé la vérité,
269 nous les pressions de nous rassurer sur un texte qui nous inquiète, nous sommes en droit de poursuivre l’examen des « réfl
270 r aux hommes à distinguer par leur propre sens ce qui était la substance de l’institution d’avec ce qui ne l’était pas ? »
271 qui était la substance de l’institution d’avec ce qui ne l’était pas ? » La Réforme, par Luther et Calvin, répond : non, Di
272 her et Calvin, répond : non, Dieu seul connaît ce qui est de Dieu. Pour nous, ne connaissons de la volonté de Dieu que ce q
273 que c’est l’Église, et non pas la seule Écriture, qui sait le secret de Jésus-Christ ! — Et d’où l’a-t-elle appris, si ce n
274 si bien qu’elle a sur lui ce jus uti et abutendi qui , selon le vieux droit romain, caractérise la propriété. Si l’Église a
275 comme étant la fidem definitam a sanctis Patribus qui in Nicaea cum spiritu sancto congregati fuerunt. Aux formules de ce p
276 ncycl. de Benoît XV, en 1923, seulement !). Voilà qui est clair et sans mystère : la tradition, ce sont des textes. On peut
277 la Révélation. En réalité, c’est l’Église de Rome qui nous paraît à cet égard abandonnée à un subjectivisme redoutable. C’e
278 re le plus absolu. Pratiquement : un opportunisme qui nous apparaîtra toujours excessivement « politique »… Le second terme
279 tivisme absolu dès qu’on le sépare de l’Écriture, qui nous fournit son critère objectif. Pourquoi nos frères catholiques no
280 s nous reprochent-ils notre subjectivisme, à nous qui reconnaissons un critère objectif, la Bible, alors qu’ils ont tout fa
281 fondés pour opposer à la tradition de leur temps ( qui était encore le « Buvez-en tous ») un démenti formel (le prêtre seul
282 ue des conciles se fonde dans cette inquiétude32, qui a conduit l’Église de Rome à statuer qu’il existe, à côté de la Bible
283 ssurances contre tous les « dangers », possibles, qui se ramènent au seul danger que la Parole ne parle pas, que l’Esprit s
284 e réponse, mais une réponse certaine, une réponse qui n’est pas nôtre : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui
285 sérieusement, si vous croyez à cette autre parole qui est comme un commentaire de la première : « Ma grâce te suffit »33, v
286 s retrouvez le sens de la vraie tradition : celle qui n’est pas une « autre source », un vain renfort humain, mais la suite
287 gnages rendus par l’Église historique à son chef, qui lui fut révélé dans l’Écriture, et non ailleurs. Il reste à dire ceci
288 isse de côté les banales invectives contre Luther qui traînent dans les hebdomadaires, et dont la recrudescence actuelle ne
289 poète est l’auteur des plus monumentales âneries qui aient jamais été proférées sur la réforme luthérienne. Nous ne croyon
290 me ou au psychologisme ou à l’historisme libéral, qui ont trouvé, eux aussi, des critères tout à fait intéressants pour int
291 as incorporer impunément Aristote à une tradition qui se fonde dans la Révélation ; pas plus qu’on ne peut faire une synthè
292 se de l’eau et du feu sans éteindre le feu. Celui qui affirmerait y être parvenu ne prouverait-il pas simplement qu’il igno
293 deux espèces est celle-ci : Jésus a dit : « Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle », mais il a d
294 -ci : Jésus a dit : « Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle », mais il a dit néanmoins (dixit ni
295 il a dit néanmoins (dixit nihilominus) : « Celui qui mange ce pain vivra éternellement » (Jean 6:55 et 6:59). On n’ose pas
296 a pris soin de déclarer par avance anathème celui qui dirait que l’Église n’a pas été amenée par des raisons justes (iustis
297 des articles récents de chroniqueurs catholiques, qui ne sont nullement de l’Académie ! 30. Vie intellectuelle, numéro ci
298 deurs de Dieu... De même — personne ne connaît ce qui est en Dieu, si ce n’est l’Esprit de Dieu. » I Cor. 2:10. 32. On le