1 1932, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Hic et nunc [éditorial] (novembre 1932)
1 ée religieuse qui s’épuise et se disqualifie dans ses efforts pour concilier la révélation et la psychologie, pour réfuter
2 une pensée religieuse qui, pour tout dire, trahit sa mission de scandale, et tente lâchement de réduire le divin au « surh
3 s de ce temps, que la raison d’un homme n’est pas sa raison d’être : « Cogitor, ergo sum. » (Je suis pensé…). En face d’un
4 es autres. Car notre opposition ne prendra jamais son point de départ dans ces idées mêmes, mais bien dans une réalité qui
2 1932, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Principe d’une politique du pessimisme actif (novembre 1932)
5 ec Dieu : et que la relation d’un être déchu avec son Créateur ne puisse être que paradoxale, cela est clair, d’une clarté
6 qui cherche à la supprimer, est antichrétienne en son principe. Ainsi se trouvent définies les trois hérésies politiques qu
7 rt humain ? Sinon l’exercice nécessaire de l’âme, son actualisation, la raison d’être de son incorporation ; mais les résul
8 de l’âme, son actualisation, la raison d’être de son incorporation ; mais les résultats terrestres de cet effort ne nous m
9 es, la foi est ce qui rend la vie impossible (par ses exigences absolues), tandis qu’au contraire la politique est l’art d’
10 La politique est un art de synthèses pratiques ; son office est de résoudre dans la mesure de l’utile des difficultés natu
11 le, là où l’homme naturel s’abandonnait en paix à ses déterminations physiques et morales. Doit-on conclure au refus de tou
12 vanité d’une chose si nécessaire. Telle est, dans son principe, la seule attitude politique que puisse adopter le protestan
13 ou si l’on veut de l’activisme sans illusions. Et sa devise n’est autre que la maxime souveraine du Taciturne, la maxime c
14 inertie (tout corps en mouvement tend à conserver son mouvement). C’est ainsi que ces activistes désorientés ont développé
15 ermis le développement de l’artillerie moderne et son utilisation criminelle. ⁂ Mais il existe des êtres que l’attitude du
16 ’onze millions de morts sacrifiés en quatre ans à sa gloire. Moins redoutable, en apparence, le dieu-production se content
17 es, les synthèses dans lesquelles l’homme cherche sa sécurité, et qui n’ont pas de vérité. ⁂ La plus grande liberté d’acti
3 1933, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Solutions pratiques ? (mars 1933)
18 c’est un procédé électoral qui peut être utile à son heure, mais nous avons tout autre chose à faire. Nous ne cherchons pa
19 ouve que nul homme n’est en mesure de la donner à son frère : c’est la foi. Tout au plus pouvons-nous, par des affirmations
20 i pas la foi ! » et alors vraiment prier de toute sa pauvreté, plutôt que de dire, comme certains : « J’ai la foi, mais di
21 ait muer en savoir, mais dans un savoir qui exige sa réalisation. » Nature du « savoir » chrétien Nous marchons dans
22 enfin, devient responsable3 devant Dieu et devant son prochain, en tant que ce prochain lui apparaît précisément comme la q
4 1933, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Dialectique des fins dernières (juillet 1933)
23 t trouver dans cette sentence la justification de son refus de vivre. Mais il existe une sagesse qui semble bien n’être pas
24 étaler les éléments dans le temps et l’Histoire. Sa dialectique est devenue une espèce de bascule automatique. Le tragiqu
25 uer l’attitude d’un Kierkegaard et par là même de ses descendants directs, les théologiens dialectiques. Je ne me serais pa
26 ant plus clairement définir qu’on le définira par son opposition globale à la dialectique humaniste qui paraît à nos yeux s
27 nne, par quoi, au bout du temps, se trouve-t-il à son tour jugé ? Si l’on récusait ces questions, on affirmerait par là mêm
28 devant Dieu, notre foi est vaine et c’est perdre son temps que d’en apprécier humainement l’expression la plus directe ; s
29 s aussitôt, s’il accepte ce non, l’affirmation de son salut paraît : il reconnaît la Vie au travers de sa mort. Si, par un
30 salut paraît : il reconnaît la Vie au travers de sa mort. Si, par un souci peut-être vain, en tous cas dangereux, de simp
31 e risque et le choix dont parle la théologie dans sa dialectique absolue. Il n’y a plus ici d’opération réelle que par la
5 1933, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Poésie dialectique (juillet 1933)
32 e situation dramatique ; lui révélant le néant de ses idoles et la nouveauté inénarrable de l’instant où la Parole lui est
33 . 3° Enfin toute poésie ne serait-elle pas, dans son essence, dialectique ? La métaphore ne tire-t-elle pas sa puissance d
34 ce, dialectique ? La métaphore ne tire-t-elle pas sa puissance de la nouveauté paradoxale des rapprochements qu’elle opère
35 age beaucoup plus que ce qu’il y a dans chacun de ses termes, désignant au-delà d’elle-même une réalité d’un autre ordre et
6 1934, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Grammaire de la personne (janvier 1934)
36 tiques de l’erreur individualiste, et surtout, de ses plus récents succédanés.   Le lieu de toute décision qui crée, c’est
37 e qu’il est inutile de rien savoir du monde et de son train, des sciences, des faits et gestes, des batailles, des accident
38 mais réel que pour celui qui peut l’incarner dans sa vie, le résoudre au concret, ou bien périr par lui. Il n’y a pas au m
39 as ailleurs que dans le je aux prises avec le tu. Ses données me sont extérieures, certes. Mais je n’ai pas à les connaître
40 dès que l’homme renonce à assumer personnellement son risque et celui du « prochain » ? L’erreur fasciste est peut-être plu
41 ’expression de leurs rapports spécifiques. Elle a son centre en chacune des personnes qui la composent, et n’est pas défini
42 un je et un tu par un lien de responsabilité7. En son principe, l’erreur fasciste consiste à considérer cette communion non
43 rt, le nous. Le groupe ainsi formé est défini par sa circonférence. Et comme le veut la géométrie euclidienne, il est plus
44 nt se confondre avec un je désormais incertain de ses limites agrandies. Perte de tension, en chaque point du cercle. Il fa
45 oral, l’individu social par excellence. Mais dans son acte seulement, c’est-à-dire dans l’instant présent, non point dans l
46 re est qu’elle nous assaille de toutes parts avec ses grands panneaux hauts en couleur promenés par les rues allemandes et
47 . Mais on ne peut le comprendre et le vivre, dans son paradoxe profond, que si l’on se réfère au rapport primitif qui fonde
48 nde la personne humaine : le rapport de l’homme à son Créateur. Le Droit romain a peut-être raison de refuser à mon voisin
49 ? 6. Je préfère employer le pronom tu, sujet de son action — plutôt que le toi, plus couramment employé par certains phil
50 e s’enracine dans l’acte qui confère à tout homme son être véritable, devant Dieu. 8. Le groupe fasciste n’est que le lieu
51 logiquement le « particulier » qui s’enferme dans sa particularité, — qui refuse donc d’être le prochain de son frère. 10
52 cularité, — qui refuse donc d’être le prochain de son frère. 10. ou tout autre « isme » qu’on voudra. g. Rougemont Denis
7 1934, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Précisions sur la mort du Grand Pan (avril 1934)
53 e. La plénitude du monde est un événement. Elle a son lieu dans la question que nous adressent les créatures, lorsque nous
54 i le considère comme une alternative extérieure à son être, un vis-à-vis dont il pourrait se détourner, cette indifférence
55 ironné par les voix innombrables de l’univers, et son recours à la raison pour leur imposer le silence. Ordre géométrique,
56 ’architecture des pierres et des constellations à son tour, fait entendre un langage qui n’est pas celui des humains, c’est
57 stueuse, mêlée d’orgueil, de l’esprit qui connaît son pouvoir et son acte, mesure la grandeur du danger, sait qu’il s’y off
58 d’orgueil, de l’esprit qui connaît son pouvoir et son acte, mesure la grandeur du danger, sait qu’il s’y offre armé, et con
59 du danger, sait qu’il s’y offre armé, et connaît ses retraites. Raison géométrique, adoration intellectuelle ou sophismes
60 est pas le tout de l’homme, — l’homme le sait. Et sa dictature n’est pas l’ordre. Elle peut tuer les bêtes, couper les arb
61 le est sans prise. Elle ne règne vraiment que sur ses propres créatures. Alors il faut refaire un monde. L’arbre devient co
62 ne pose plus de question. Enfermé maintenant dans ses architectures, l’homme se retrouve seul aux prises avec lui-même. Aut
63 ueil. Le grand Pan n’est pas mort pour si peu, et sa domination terrifie les provinces autour de la cité. ⁂ Comment répond
64 entendre. L’homme antique, c’est Adam dessaisi de sa royauté ; et l’univers antique, c’est son royaume abandonné à l’anarc
65 saisi de sa royauté ; et l’univers antique, c’est son royaume abandonné à l’anarchie. Comment Adam ne s’effraierait-il pas
66 et plus il se défend, plus il impose à la Nature sa tyrannie, moins il comprend le sens de sa haine anxieuse. Peut-être,
67 Nature sa tyrannie, moins il comprend le sens de sa haine anxieuse. Peut-être, s’il allait au-devant de ces voix, sans ar
68 es voix, sans armes, les mains nues, au risque de sa vie, peut-être alors le secret du grand Pan s’ouvrirait-il à son amou
69 tre alors le secret du grand Pan s’ouvrirait-il à son amour ? Mais serait-ce amour ou défi ? Empédocle n’a rien sauvé. Je g
70 aussi, à travers l’homme désormais restauré dans sa condition éternelle, une réponse à toute la création, désormais repla
71 ns la promesse. Cette Promesse est certaine, mais son accomplissement est hors du temps, bien plus, il est la fin du temps.
72 n plus, il est la fin du temps. Or, le temps suit son cours, et nous sommes dans l’histoire, et l’histoire temporelle est l
73 omme pour imposer au monde — mais sans comprendre sa question — un ordre « humain » — mais sans connaître l’Homme — peut ê
74 ns connaître l’Homme — peut être caractérisé dans ses effets bons et mauvais par le mot de séparation. D’une part, il const
75 qu’il pressent une séparation dont, par ailleurs, son optimisme, hérité d’une foi morte, lui dissimule l’irréparable gravit
76 me d’en rendre Rousseau responsable. Mais c’est à ses disciples qu’il faudrait s’en prendre. Rousseau n’a pas trompé sur so
77 audrait s’en prendre. Rousseau n’a pas trompé sur son état. Le sentiment extatique de la nature, dans la Cinquième Rêverie,
78 ut-être le seul auteur qui situe le problème dans sa réalité. Lisons ses Réflexions sur le Théâtre allemand. Il y décrit u
79 eur qui situe le problème dans sa réalité. Lisons ses Réflexions sur le Théâtre allemand. Il y décrit un état d’âme tout vo
80 neffable qui se fait entendre dans l’intérieur de son âme, dans une partie de son être inconnue à lui-même, et qui tient à
81 e dans l’intérieur de son âme, dans une partie de son être inconnue à lui-même, et qui tient à la fois des sens et de la pe
82 bien la question ne va pas jusqu’à l’accepter, et sa réponse n’est encore qu’une évasion. Cette « partie de son être incon
83 se n’est encore qu’une évasion. Cette « partie de son être inconnue à lui-même », il en fait aussitôt une réalité psycholog
84 ne intrépide plénitude. Alors que la raison, dans son orgueil haineux, renie le monde et trompe son attente ; et que le pan
85 ans son orgueil haineux, renie le monde et trompe son attente ; et que le panthéisme, par un paradoxe dont nous avons tenté
86 et d’apporter à la Nature une réponse qui dépasse sa question et qui atteint et qui embrasse l’être anxieux de la créature
87 tient debout en plein midi de la vision, vêtu de sa royale charité.   P.-S. — Nul écrivain contemporain mieux que C. F.
88 la Création. Il faut lire ce chef-d’œuvre qu’est son dernier roman, Adam et Ève. C’est toute la simple grandeur calvinienn
89 celui de nos essais critiques. Mais Ramuz, comme ses héros, s’arrête encore au seuil du Nouveau Testament… 11. On confon
90 bataille qu’imaginait ce capitaine était en somme son état d’âme, et qu’un état d’âme technique n’est rien de plus qu’un ét
91 peupler, et n’ayant avec tout ce qui n’est pas de son espèce que les rapports arides et fixes que l’utilité l’invite à étab
92 n’y a personne, je le pense, qui, laissant errer ses regards sur un horizon sans bornes, ou se promenant sur les rives de
8 1934, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Éditorial (juillet 1934)
93 le plus âprement. Le « protestant moyen » affirme son attachement au libre examen dans la mesure où cela le dispense de rép
94 là ce qu’ils ont toujours dit. Ainsi le sel perd sa saveur. Les ravages de cette indifférence théologique sont tels qu’on
95 être le fidèle d’aujourd’hui n’a-t-il plus, comme ses pères, la crainte païenne de se présenter à la table sainte dans un é
96 nsuffisant ; mais sait-il bien que seul l’aveu de sa totale insuffisance morale lui donne le droit de saisir le salut dont
97 fit parfois de quelques phrases, d’un mot rendu à son vrai sens, pour orienter le débat intérieur, pour donner à telle prob
9 1935, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Les trois temps de la Parole (mai 1935)
98 uelle insistance Kierkegaard revient, dans toutes ses œuvres proprement religieuses, sur la notion de « contemporanéité » a
99 n faisant abstraction du temps qui nous sépare de son apparition terrestre. Notre formation historique et psychologique nou
100 s re-présenter Jésus, soit en nous transportant à son époque, soit en le transportant dans la nôtre, tend tout naturellemen
101 néité avec la Parole de Dieu. Essayons de résumer sa description extrêmement précise et vigoureuse des trois temps de la P
102 t Barth : le temps de Jésus-Christ, — le temps de ses témoins bibliques, — le temps de l’Église (notre temps). Ce sont là l
103 u parler direct et originel de Dieu lui-même dans sa Révélation, le temps de Jésus-Christ, le temps de celui qui a été ann
104 tolat, le temps de Pierre sur lequel Christ bâtit son Église…, — autre encore est le temps de cette Église même, le temps d
105 es, orientée vers cette parole et recevant d’elle sa norme. » Or, ces temps différents ne sont pas différenciés seulement
106 eu seul que nous pouvons devenir contemporains de sa Parole. Nicodème a beau vivre en même temps que le Christ : il ne le
107 s, il ne voit en lui qu’un prophète, il n’est pas son contemporain. Les disciples d’Emmaüs ont beau cheminer aux côtés du C
108 cheminer aux côtés du Christ : ils ne deviennent ses contemporains qu’à l’instant où lui-même se révèle à eux. Et des deux
109 lvaire, l’un seulement devient le contemporain de son Sauveur. Ce dernier exemple fait sentir l’échec final de toute méthod
110 la situation du brigand qui refuse. Christ, dans son temps, est le vis-à-vis absolu des apôtres dans leur temps. Et de mêm
111 nous rendre « contemporains » de la Parole ou de ses témoins bibliques ; 2° qu’ils ne peuvent avoir d’utilité que s’ils co
10 1935, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Soirée chez Nicodème (mai 1935)
112 je vous en supplie, que l’humour ne perde jamais ses droits. Vous ne croyez pas à l’expérience ! Au nom de quoi ? Au nom d
113 sprit de répartie et la finesse à distinguer chez son interlocuteur, quel qu’il soit, le point faible d’un raisonnement, qu
114 ébrité. On se plaît à le dire : il n’a pas d’âge. Sa barbe blanche et ses joues roses, son grand front d’humaniste et ses
115 à le dire : il n’a pas d’âge. Sa barbe blanche et ses joues roses, son grand front d’humaniste et ses yeux vifs de Méditerr
116 a pas d’âge. Sa barbe blanche et ses joues roses, son grand front d’humaniste et ses yeux vifs de Méditerranéen lui compose
117 t ses joues roses, son grand front d’humaniste et ses yeux vifs de Méditerranéen lui composent un visage classique, que d’a
118 de patriarcal. Tel est donc Nicodème, et tel est son aspect vénérable. Pour ses qualités d’âme, j’espère que ce récit d’un
119 c Nicodème, et tel est son aspect vénérable. Pour ses qualités d’âme, j’espère que ce récit d’une soirée passée dans son sa
120 e, j’espère que ce récit d’une soirée passée dans son salon pourra faire deviner quelques-unes d’entre elles. La conversati
121 n’est-ce pas celui qu’un de mes amis, effrayé de son humanisme, a baptisé l’homme qui ne veut pas mourir ? » — Il y a des
122 il accueille si généreusement, chaque semaine, en son logis. Il se tourna vers moi en souriant, et le dialogue s’engagea sa
123 7.) Et ceci : « Un homme ne peut se dépouiller de son humanité. » Par malheur, j’ai oublié la référence. Nicodème. — Peu i
124 is volontiers : un homme ne peut se dépouiller de son humanité ; un chrétien ne peut se dégager de sa “divinité” (au sens o
125 son humanité ; un chrétien ne peut se dégager de sa “divinité” (au sens où saint Chrysostome prenait le terme). Et puis,
126 je vous, en supplie, que l’humour ne perde jamais ses droits. Vous ne croyez pas à l’expérience ! Au nom de quoi ? Au nom d
127 artisan impénitent de l’expérience chrétienne, de sa piété vécue et chaque jour expérimentée tout à nouveau ! J’ai connu d
128 tion même d’expérience ! N’est-ce pas au récit de ses miracles que je l’ai reconnu ? Un miracle, voilà une expérience, une
129 ter certaines paroles de Kierkegaard à l’appui de sa thèse : « Kierkegaard, ce prince du paradoxe, comme l’appelle si joli
130 ec plaisir si les arguments invoqués à l’appui de sa thèse, assez juste, eussent été d’une autre nature que ceux de M. Dür
131 nd il est vieux ? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et naître ? Jésus répondit : En vérité, en vérité, je te le dis,
132 tte brève lecture. Nicodème paraissait perdu dans son rêve. Ses lèvres remuaient pourtant. Il nous sembla qu’il murmurait m
133 lecture. Nicodème paraissait perdu dans son rêve. Ses lèvres remuaient pourtant. Il nous sembla qu’il murmurait machinaleme
134 peu à peu une vivacité fébrile parut s’emparer de sa voix. Nicodème. — « …Ce que nous savons, nous le disons. Ce que nous
135 J’ai vu que l’homme ne peut pas se dépouiller de son humanité, et je le dis, et je l’atteste ! C’est là mon expérience, mo
136 ne, si ce n’est ce qu’il a vécu, entendu et vu de ses yeux, son expérience la plus profonde, la seule chose dont il puisse
137 n’est ce qu’il a vécu, entendu et vu de ses yeux, son expérience la plus profonde, la seule chose dont il puisse parler… Ma
138 ’expérience ! », disent-ils. Que font-ils donc de Ses miracles, et des actions de ses apôtres, celles que j’ai vues et que
139 font-ils donc de Ses miracles, et des actions de ses apôtres, celles que j’ai vues et que j’atteste ! Mais voilà… il y a e
140 -là, celle-là justement — rentrer dans le sein de sa mère ! Et tous ces galopins viennent aujourd’hui prétendre que c’est
141 ’accolade à chacun. Puis il fit un grand geste de ses deux bras levés, — comme pour bénir les circonstants, — et soudain, c
142 our bénir les circonstants, — et soudain, cachant sa figure vénérable, il sortit. ⁂ Cette scène, si imprévue pour la plupa
143 ment » du professeur Monod, et s’amusait à lire à ses voisins certains passages qui éveillaient tantôt des rires excessifs,
144 recourir. Mais saint Jean ne se doutait guère que son Évangile serait un jour transformé en pylône émetteur ! » — À quoi l’
145 que Barth exprimait si magnifiquement dans une de ses réponses aux objections des humanistes : “Christ n’a pas cru pouvoir
146 rir en lui et avec lui, — non pas de s’emparer de son message comme d’un prétexte à ne plus mourir tout à fait. » Le dirai-
147 pointe de cabotinage pieux qu’il met, hélas, dans ses moindres propos… J’en étais donc à hésiter assez lâchement, lorsqu’un
148 ai donc vécu, pendant cette fameuse nuit ?… Toute son expérience échouait devant l’apparition du souvenir terrible de cette
149 , c’est devenir contemporain de Jésus-Christ dans son abaissement. Contemporains ! Mais Nicodème aussi fut contemporain de
150 avait bien su les reconnaître. C’était conforme à sa théologie, on pouvait se risquer à discuter avec cet homme de nuit, q
151 ieu que l’angoisse qui tourmente cet homme depuis sa rencontre nocturne, devienne aussi la nôtre, et nous ferme la bouche 
152 t, il doit avoir lu Barth mieux que la plupart de ses confrères. C’est peut-être pourquoi son langage me parut rendre un so
153 lupart de ses confrères. C’est peut-être pourquoi son langage me parut rendre un son d’autorité, bien qu’il fût beaucoup mo
154 peut-être pourquoi son langage me parut rendre un son d’autorité, bien qu’il fût beaucoup moins péremptoire que celui dont
155 parler au nom de cette angoisse, — justement, en son nom ! Et non pas pour la condamner ou la nier dès le principe ! Car j
156 s, pour mon compte. L’angoisse de Nicodème trouve sa résolution dans le Baptême. Et nous confirmons ce Baptême chaque fois
157 faut prêcher, dans la crainte et le tremblement, son espérance. ⁂ Nous nous séparâmes sur ces mots. Les « barthiens » qui
158 : inventés par Wilfred Monod, ils rentrèrent dans son bel ouvrage. — Nicodème n’avait pas reparu. 20. Op. cit., I, p. 44
11 1936, Hic et Nunc, articles (1932–1936). Sur une page de Bossuet (ou Tradition et Révélation) (janvier 1936)
159 ce qu’il a de spécifique et de commun au sein de sa diversité ? L’on verrait mieux alors, que l’opposition réelle n’est p
160 olu, souverainement adorable, de l’Église qui est son corps ; tandis que Rome affirme que la tradition et le pape détiennen
161 « l’Église ne reconnaît une expression exacte de sa substance que dans la personne de ses saints », écrit le père Congar
162 on exacte de sa substance que dans la personne de ses saints », écrit le père Congar en une fort belle définition24. Or, si
163 ’on m’oppose une thèse thomiste ; laquelle est, à son tour, contestée par un Newman ou un Laberthonnière, dans des livres p
164 oit de l’interpréter, voire de le contredire dans sa lettre. Je suis certain de ne pas forcer le moins du monde l’antithès
165 e) : Que Jésus-Christ a donné un grand pouvoir à son Église dans la dispensation de ses mystères !… Il a permis à son Égli
166 rand pouvoir à son Église dans la dispensation de ses mystères !… Il a permis à son Église de séparer ce qu’il avait mis en
167 la dispensation de ses mystères !… Il a permis à son Église de séparer ce qu’il avait mis ensemble… Et non seulement l’Égl
168 ist, qui sait ce qui appartient essentiellement à son institution, ce qui doit être dispensé diversement, selon les temps e
169 as déformé la vérité, pourquoi serait-on gêné par sa franchise ? Il ne dit rien dans ce que je cite que le concile de Tren
170 leur faire voir [aux apôtres] qu’il leur laissait son Église pour être une fidèle interprète de ses volontés, et une sûre d
171 ait son Église pour être une fidèle interprète de ses volontés, et une sûre dispensatrice de ses sacrements ? » Décidément,
172 ète de ses volontés, et une sûre dispensatrice de ses sacrements ? » Décidément, nous sommes d’accord. L’Église véritable e
173 onnée une fois pour toutes par Dieu lui-même dans son incarnation unique, dont l’Écriture témoigne. — C’est, rétorque Bossu
174 ire de ce qu’il a dit ? — Exactement, et c’est là sa grandeur, ou, comme je l’écrivais, son grand pouvoir. » Les positions
175 et c’est là sa grandeur, ou, comme je l’écrivais, son grand pouvoir. » Les positions sont nettes maintenant. Examinons alor
176 rit, qu’il sera bien incapable de différencier de sa nature à lui, de son époque et de sa formation ? »30. Autrement dit,
177 incapable de différencier de sa nature à lui, de son époque et de sa formation ? »30. Autrement dit, on nous plaint d’être
178 férencier de sa nature à lui, de son époque et de sa formation ? »30. Autrement dit, on nous plaint d’être abandonnés à la
179 t saint, ils ne sauraient être, en bonne logique, ses juges. Il faut donc admettre ou bien que les conciles sont le seul cr
180 s qu’on le sépare de l’Écriture, qui nous fournit son critère objectif. Pourquoi nos frères catholiques nous reprochent-ils
181 des témoignages rendus par l’Église historique à son chef, qui lui fut révélé dans l’Écriture, et non ailleurs. Il reste à
182 la réforme luthérienne. Nous ne croyons pas, dans son cas, à la mauvaise foi, mais à une ignorance totale de ce qu’il croit