1 a-t-on parlé comme il convient ? C’est un ouvrage de première grandeur. Certes, sa densité et sa longueur, son vocabulaire

2 ertes, sa densité et sa longueur, son vocabulaire de sociologue, et d’autre part l’extrême conscience qu’apporte l’auteur

3 l’auteur à prévenir les interprétations abusives de sa pensée, tout cela rend cette lecture plus laborieuse que de raison

4 tout cela rend cette lecture plus laborieuse que de raison. Mais si l’on songe que L’Idée socialiste n’est pas seulement

5 epuis Sorel — qui pose avec franchise le problème de la culture parmi nous, on conviendra que ces obstacles formels ne sau

6 comparable à celle des Réflexions sur la violence de Sorel. Ce n’est point par hasard que le nom de Sorel hante le lecteur

7 ce de Sorel. Ce n’est point par hasard que le nom de Sorel hante le lecteur de M. de Man. Le rapprochement, l’opposition d

8 t par hasard que le nom de Sorel hante le lecteur de M. de Man. Le rapprochement, l’opposition de ces deux auteurs illustr

9 teur de M. de Man. Le rapprochement, l’opposition de ces deux auteurs illustre d’une manière frappante l’évolution du soci

10 hement, l’opposition de ces deux auteurs illustre d’ une manière frappante l’évolution du socialisme européen durant les tr

11 si l’on peut proposer cet adjectif commode — fait de larges emprunts au vocabulaire sorélien. Pour me borner à un exemple,

12 e relève chez de Man l’emploi constant des termes de « producteurs » et de « consommateurs de la culture », termes analysé

13 ’emploi constant des termes de « producteurs » et de « consommateurs de la culture », termes analysés par Sorel (voir ses

14 s termes de « producteurs » et de « consommateurs de la culture », termes analysés par Sorel (voir ses récents Propos) ave

15 eur et une autorité qui les marque définitivement de son sceau. Cette terminologie commune permet de prendre une vue aisée

16 t de son sceau. Cette terminologie commune permet de prendre une vue aisée du contraste que font les deux doctrines : tout

17 es : tout ce qui était romantique, anarchisant et d’ inspiration nietzschéenne chez Sorel, est devenu chez de Man technique

18 , est devenu chez de Man technique, organique, et d’ inspiration nettement humaniste. D’autre part, l’exaltation sorélienne

19 humaniste. D’autre part, l’exaltation sorélienne de la violence et de la haine de classe fait place chez l’auteur de L’Id

20 e part, l’exaltation sorélienne de la violence et de la haine de classe fait place chez l’auteur de L’Idée socialiste à un

21 altation sorélienne de la violence et de la haine de classe fait place chez l’auteur de L’Idée socialiste à une théorie ob

22 et de la haine de classe fait place chez l’auteur de L’Idée socialiste à une théorie objective, solidement étayée à l’hist

23 héorie objective, solidement étayée à l’histoire, de l’évolution normale du prolétariat, considéré comme porteur de l’idée

24 n normale du prolétariat, considéré comme porteur de l’idée révolutionnaire. (La notion de saut irrationnel reste absolume

25 mme porteur de l’idée révolutionnaire. (La notion de saut irrationnel reste absolument étrangère à la pensée de M. de Man.

26 rrationnel reste absolument étrangère à la pensée de M. de Man.) Ceci s’explique d’abord, comme je le disais tout à l’heur

27 dangers du recours à la violence, ou en tout cas de ses équivoques. Mais cela s’explique aussi par la personnalité de M.

28 s. Mais cela s’explique aussi par la personnalité de M. de Man. Nous n’avons pas affaire ici à un intellectuel détaché — c

29 un homme dont la pensée est constamment soucieuse de ses applications prochaines et nécessaires. M. de Man est aujourd’hui

30 nnu des aventures plus rudes, parmi les ouvriers, de son pays ou les pêcheurs de l’Atlantique. Ce n’est pas un idéologue.

31 , parmi les ouvriers, de son pays ou les pêcheurs de l’Atlantique. Ce n’est pas un idéologue. C’est un homme qui a reconnu

32 ologue. C’est un homme qui a reconnu, à la faveur d’ expériences précises, la valeur de certaines idées capables de « confi

33 nu, à la faveur d’expériences précises, la valeur de certaines idées capables de « configurer l’action » (pour parler comm

34 s précises, la valeur de certaines idées capables de « configurer l’action » (pour parler comme ses traducteurs). Il y aur

35 rler comme ses traducteurs). Il y aurait plus que de l’imprudence à vouloir résumer ici cet essai de 550 pages, cette anal

36 e de l’imprudence à vouloir résumer ici cet essai de 550 pages, cette analyse de la formation du monde bourgeois et de ses

37 résumer ici cet essai de 550 pages, cette analyse de la formation du monde bourgeois et de ses vertus, cette critique de l

38 tte analyse de la formation du monde bourgeois et de ses vertus, cette critique de la culture actuelle, ces déterminations

39 monde bourgeois et de ses vertus, cette critique de la culture actuelle, ces déterminations de la culture à venir et surt

40 itique de la culture actuelle, ces déterminations de la culture à venir et surtout de la « morale socialiste »… Comme le t

41 s déterminations de la culture à venir et surtout de la « morale socialiste »… Comme le titre de l’un de ses précédents ou

42 rtout de la « morale socialiste »… Comme le titre de l’un de ses précédents ouvrages l’indiquait, M. de Man veut aller Au-

43 la « morale socialiste »… Comme le titre de l’un de ses précédents ouvrages l’indiquait, M. de Man veut aller Au-delà du

44 veut aller Au-delà du marxisme. Il ne s’agit pas de renier le marxisme, mais d’appliquer la méthode même de Marx à des fa

45 sme. Il ne s’agit pas de renier le marxisme, mais d’ appliquer la méthode même de Marx à des faits qu’il avait négligés, et

46 ier le marxisme, mais d’appliquer la méthode même de Marx à des faits qu’il avait négligés, et qui se révèlent aujourd’hui

47 et » des phénomènes économiques. Cette définition d’ origine purement polémique a fait plus de tort au socialisme que les a

48 finition d’origine purement polémique a fait plus de tort au socialisme que les attaques de tous ses ennemis. Elle l’a en

49 fait plus de tort au socialisme que les attaques de tous ses ennemis. Elle l’a en effet empêché de formuler à temps — dan

50 es de tous ses ennemis. Elle l’a en effet empêché de formuler à temps — dans certains pays — les éléments d’une culture et

51 muler à temps — dans certains pays — les éléments d’ une culture et d’une morale aptes à remplacer la culture et la morale

52 ans certains pays — les éléments d’une culture et d’ une morale aptes à remplacer la culture et la morale bourgeoise décade

53 ise décadentes. On s’imaginait que le « processus de la lutte des classes » sécréterait de lui-même et fatalement la cultu

54 « processus de la lutte des classes » sécréterait de lui-même et fatalement la culture qu’on ne voulait pas créer. Les tou

55 iste à un autre point de vue ont montré l’étendue de cette erreur, et les fatalités qu’elle laissait se développer. C’est

56 laissait se développer. C’est sur ce double échec de la théorie matérialiste que se fonde M. de Man pour affirmer la néces

57 que se fonde M. de Man pour affirmer la nécessité d’ une orientation toute nouvelle du socialisme. Pour M. de Man, en effet

58 ormais lui donner son vrai sens. Il vaut la peine d’ insister sur cette thèse et de souligner sa nouveauté réelle dans l’hi

59 s. Il vaut la peine d’insister sur cette thèse et de souligner sa nouveauté réelle dans l’histoire des doctrines politique

60 ement au-delà du marxisme. On a parlé à ce propos d’ idéalisme. Je vois bien l’intérêt polémique que présenterait l’usage d

61 bien l’intérêt polémique que présenterait l’usage de ce mot, opposé à matérialisme. Mais je crains que, précisément, il ne

62 s inverse l’erreur du marxisme orthodoxe, qui fit de nécessité vertu. M. de Man paraît d’ailleurs l’avoir récusé par avanc

63 l, écrit-il, n’est rien qu’une forme particulière de l’idée, si l’on veut, une forme dégénérée. C’est une idée devenue aff

64 (Une idée-force comme disait Fouillée.) Le terme d’ idéalisme ne pourrait être accepté aujourd’hui pour désigner les doctr

65 voisines à bien des égards, que si la définition de l’idée donnée par de Man était elle-même couramment acceptée : « Le p

66 était elle-même couramment acceptée : « Le propre d’ une idée est d’anticiper sur un but », mais aussi « d’orienter et de d

67 couramment acceptée : « Le propre d’une idée est d’ anticiper sur un but », mais aussi « d’orienter et de diriger l’action

68 e idée est d’anticiper sur un but », mais aussi «  d’ orienter et de diriger l’action vers des fins déterminées ». Lorsque M

69 nticiper sur un but », mais aussi « d’orienter et de diriger l’action vers des fins déterminées ». Lorsque M. de Man parle

70 s des fins déterminées ». Lorsque M. de Man parle de la puissance des idées, il n’entend point parler des idées en soi, de

71 es idées en soi, des idées détachées et gratuites de l’idéalisme de nos pères, — cet illusionnisme généreux qui masquait d

72 , des idées détachées et gratuites de l’idéalisme de nos pères, — cet illusionnisme généreux qui masquait des complots d’i

73 illusionnisme généreux qui masquait des complots d’ intérêt fort « réalistes » comme on sait. L’« idéalisme » demanien veu

74 efficace. Ce n’est pas un rêve, c’est une méthode d’ action ; ce n’est pas une explication idéale du monde, mais c’est une

75 plication idéale du monde, mais c’est une volonté de transformer le monde, orientée par une vision finale et totale. M. de

76 en épigraphe à son premier chapitre cette phrase de Chesterton : « Nous ne pouvons réaliser rien de bon sans nous l’être

77 e de Chesterton : « Nous ne pouvons réaliser rien de bon sans nous l’être d’abord représenté. » Qu’il me permette à mon to

78 ’abord représenté. » Qu’il me permette à mon tour de citer Lénine, qui écrivait d’une manière plus énergique : « Sans doct

79 permette à mon tour de citer Lénine, qui écrivait d’ une manière plus énergique : « Sans doctrine révolutionnaire, pas d’ac

80 énergique : « Sans doctrine révolutionnaire, pas d’ action révolutionnaire. » Ce qui signifierait, dans le domaine de la c

81 tionnaire. » Ce qui signifierait, dans le domaine de la culture, auquel revient sans cesse M. de Man : sans une hiérarchie

82 evient sans cesse M. de Man : sans une hiérarchie de valeurs suspendue à une fin bien définie, pas de société ni de morale

83 de valeurs suspendue à une fin bien définie, pas de société ni de morale vraiment renouvelées. Le mérite capital de ce li

84 spendue à une fin bien définie, pas de société ni de morale vraiment renouvelées. Le mérite capital de ce livre, c’est qu’

85 de morale vraiment renouvelées. Le mérite capital de ce livre, c’est qu’il pose dans toute son ampleur la question du but

86 e dans toute son ampleur la question du but final de la culture, élevant ainsi le débat au-dessus des polémiques partisane

87 de s’épuiser. « La culture est une forme commune de la vie dont l’activité économique et politique ne forme qu’une partie

88 d’abord », M. de Man affirme à sa façon — qui est d’ un humaniste — la primauté du spirituel. Il reste à voir, évidemment,

89 vers laquelle nos efforts doivent tendre. Le but de chaque individu est-il la société parfaite ? Ou bien le but d’une soc

90 ividu est-il la société parfaite ? Ou bien le but d’ une société normale — il faudrait tout d’abord la rendre telle — ne se

91 e la personne ? a. Édition réalisée sur la base d’ un tapuscrit conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de N

92 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 1036.

93 L’esprit totalitaire et les devoirs de la personne (mai 1938)b On parle couramment d’État totalitaire dep

94 de la personne (mai 1938)b On parle couramment d’ État totalitaire depuis quelques années, et l’on a coutume de désigner

95 litaire depuis quelques années, et l’on a coutume de désigner ainsi l’Italie fasciste et surtout l’Allemagne nationale-soc

96 rt, l’URSS stalinienne. Mais mon propos n’est pas de décrire ces États, et encore moins de les juger. En choisissant cette

97 s n’est pas de décrire ces États, et encore moins de les juger. En choisissant cette expression d’esprit, et non d’État to

98 ins de les juger. En choisissant cette expression d’ esprit, et non d’État totalitaire, j’ai eu en vue quelque chose de plu

99 En choisissant cette expression d’esprit, et non d’ État totalitaire, j’ai eu en vue quelque chose de plus vaste que les f

100 eu. Mais aussi, j’en suis persuadé, sous la forme d’ une tentation, plus ou moins inconsciente ou honteuse, généralement in

101 z puissante déjà pour que je n’aie pas à redouter de parler ici de choses tout étrangères à vos intimes préoccupations. Un

102 jà pour que je n’aie pas à redouter de parler ici de choses tout étrangères à vos intimes préoccupations. Une menace et un

103 mprends dans une certaine mesure. Nous sommes las de nous indigner. Les pires excès nous trouvent de plus en plus indiffér

104 ouvent de plus en plus indifférents. Et les coups de force périodiques des dictateurs, on dirait presque que nous les atte

105 ait presque que nous les attendons avec une sorte d’ impatience sourde, comme les péripéties d’un roman d’aventures. Nos pe

106 e sorte d’impatience sourde, comme les péripéties d’ un roman d’aventures. Nos pensées imitent ces oiseaux qui vont se perc

107 mpatience sourde, comme les péripéties d’un roman d’ aventures. Nos pensées imitent ces oiseaux qui vont se percher de préf

108 s pensées imitent ces oiseaux qui vont se percher de préférence sur les bras de l’épouvantail, ou pour moderniser l’image,

109 ux qui vont se percher de préférence sur les bras de l’épouvantail, ou pour moderniser l’image, sur la gueule d’un canon c

110 antail, ou pour moderniser l’image, sur la gueule d’ un canon chargé. Fatigués de dénonciations inefficaces, lassés par la

111 ’image, sur la gueule d’un canon chargé. Fatigués de dénonciations inefficaces, lassés par la grandiloquence d’un certain

112 iations inefficaces, lassés par la grandiloquence d’ un certain humanitarisme, plusieurs d’entre nous réagissent par un opt

113 uvriers ont du travail, etc. D’autres s’efforcent de nous persuader — ou de se persuader à eux-mêmes — que le phénomène n’

114 etc. D’autres s’efforcent de nous persuader — ou de se persuader à eux-mêmes — que le phénomène n’est pas si grave. Un tr

115 quelques mois. Et je citerai enfin cette opinion d’ un des plus grands historiens de l’Europe qui me disait un jour ici mê

116 fin cette opinion d’un des plus grands historiens de l’Europe qui me disait un jour ici même : vous avez tort d’attribuer

117 e qui me disait un jour ici même : vous avez tort d’ attribuer tant d’importance doctrinale à des régimes qui ne sont en fa

118 n jour ici même : vous avez tort d’attribuer tant d’ importance doctrinale à des régimes qui ne sont en fait que les phénom

119 les phénomènes anormaux, puisqu’ils sont le fait d’ usurpateurs, de bandes d’individus armés s’emparant du pouvoir sans lé

120 anormaux, puisqu’ils sont le fait d’usurpateurs, de bandes d’individus armés s’emparant du pouvoir sans légitimité. Je sa

121 puisqu’ils sont le fait d’usurpateurs, de bandes d’ individus armés s’emparant du pouvoir sans légitimité. Je sais tout ce

122 ou anticommuniste pareillement, se met au service d’ intérêts que nous n’avons pas envie de voir triompher. Je sais que tou

123 au service d’intérêts que nous n’avons pas envie de voir triompher. Je sais que tout n’est pas mal, de ce qui s’est fait

124 e voir triompher. Je sais que tout n’est pas mal, de ce qui s’est fait là-bas, loin de là. Je tiendrai compte de toutes ce

125 s’est fait là-bas, loin de là. Je tiendrai compte de toutes ces objections. Auparavant, je tiens à préciser la perspective

126 s. Auparavant, je tiens à préciser la perspective de ma pensée. Je ne suis membre d’aucun parti. Je ne suis ni de gauche n

127 er la perspective de ma pensée. Je ne suis membre d’ aucun parti. Je ne suis ni de gauche ni de droite. Je ne vous parle pa

128 e. Je ne suis membre d’aucun parti. Je ne suis ni de gauche ni de droite. Je ne vous parle pas de politique, et je compte

129 membre d’aucun parti. Je ne suis ni de gauche ni de droite. Je ne vous parle pas de politique, et je compte bien que mes

130 s ni de gauche ni de droite. Je ne vous parle pas de politique, et je compte bien que mes propos ne flatteront aucun des d

131 Moyen Âge fut une période collectiviste, qui dura de l’Empire carolingien jusqu’au début de la Renaissance, c’est à dire e

132 , qui dura de l’Empire carolingien jusqu’au début de la Renaissance, c’est à dire environ 600 ans. De la Renaissance jusqu

133 de la Renaissance, c’est à dire environ 600 ans. De la Renaissance jusqu’à la guerre de 1914, il y eut une période sinon

134 iron 600 ans. De la Renaissance jusqu’à la guerre de 1914, il y eut une période sinon d’individualisme réel, du moins d’am

135 u’à la guerre de 1914, il y eut une période sinon d’ individualisme réel, du moins d’ambition individualiste, et elle dura

136 une période sinon d’individualisme réel, du moins d’ ambition individualiste, et elle dura environ ans. Ce second cycle est

137 lle dura environ ans. Ce second cycle est en voie de s’accomplir, et nous assistons aujourd’hui aux prodromes d’une troisi

138 plir, et nous assistons aujourd’hui aux prodromes d’ une troisième période, retour en force du collectivisme, aggravé de mo

139 ériode, retour en force du collectivisme, aggravé de moyens techniques dont le Moyen Âge n’avait aucune idée. C’est là le

140 aintenant. Envisager, c’est voir en face, et voir de près. Or il nous est très difficile d’envisager la menace totalitaire

141 e, et voir de près. Or il nous est très difficile d’ envisager la menace totalitaire, pour cette raison qu’entre elle et no

142 son qu’entre elle et nous, se dressent les écrans de l’esprit partisan. Depuis vingt ans, le monde s’épuise à discuter de

143 n. Depuis vingt ans, le monde s’épuise à discuter de faux problèmes, des problèmes qui ne sont pas urgents ni décisifs, et

144 vraie menace. Mais plus je vais, moins j’accorde d’ importance aux doctrines et aux intérêts qui se heurtent dans les disc

145 regard du phénomène profond, du vaste soulèvement de passions obscures que représente l’esprit totalitaire, il me semble q

146 ouflage. Je ne le dis pas pour le mauvais plaisir de faire du paradoxe et de déconcerter. Je le dis parce que l’histoire l

147 s pour le mauvais plaisir de faire du paradoxe et de déconcerter. Je le dis parce que l’histoire la plus récente, celle qu

148 n de vivre, nous porte à ressentir déjà la vanité de nos partis pris sociaux et politiques. Je le dis parce que je suis fr

149 capitaliste — encore qu’il y ait des différences d’ accent — , mais qui est la fois les deux choses, qui est une synthèse

150 systèmes, synthèse dominée et orientée par l’idée de puissance militaire. Je me réserve d’en donner quelques preuves. Cert

151 par l’idée de puissance militaire. Je me réserve d’ en donner quelques preuves. Certes, les partisans de droite et de gauc

152 en donner quelques preuves. Certes, les partisans de droite et de gauche ont d’excellentes raisons de contester l’identité

153 lques preuves. Certes, les partisans de droite et de gauche ont d’excellentes raisons de contester l’identité profonde du

154 Certes, les partisans de droite et de gauche ont d’ excellentes raisons de contester l’identité profonde du stalinisme et

155 de droite et de gauche ont d’excellentes raisons de contester l’identité profonde du stalinisme et du fascisme. Mais ce s

156 alinisme et du fascisme. Mais ce sont des raisons de propagande, pieux mensonges et mensonges sacrés. Pour qui veut s’en t

157 prétextes invoqués officiellement par les hommes de gauche ou de droite qui ont conduit telle ou telle révolution, tous c

158 voqués officiellement par les hommes de gauche ou de droite qui ont conduit telle ou telle révolution, tous ces prétextes

159 gabarit. Il n’y a pas trente-six moyens pratiques de maintenir l’ordre dictatorial. Il n’y en a qu’un, et c’est la tyranni

160 tatorial. Il n’y en a qu’un, et c’est la tyrannie de la police et de l’armée. Que l’esprit et l’humanité soient brimés et

161 en a qu’un, et c’est la tyrannie de la police et de l’armée. Que l’esprit et l’humanité soient brimés et persécutés par d

162 cela fasse une différence telle qu’il y ait lieu de s’exciter pour l’une de ces méthodes contre l’autre. La maladie est b

163 ce telle qu’il y ait lieu de s’exciter pour l’une de ces méthodes contre l’autre. La maladie est bien la même dans les deu

164 une pneumonie, la question que je me pose, c’est de savoir comment on pourrait la guérir, et non si le malheureux l’a con

165 et non si le malheureux l’a contractée au sortir d’ un meeting communiste, fasciste ou même antifasciste. Je laisserai don

166 ou même antifasciste. Je laisserai donc carrément de côté la question à mes yeux insoluble, et au surplus sans intérêt urg

167 eux insoluble, et au surplus sans intérêt urgent, de savoir si le mal en question est une pneumonie raciste ou marxiste. L

168 venir au fait présent, entre l’esprit totalitaire d’ où qu’il provienne, et l’esprit de liberté qui s’y oppose, et que j’au

169 rit totalitaire d’où qu’il provienne, et l’esprit de liberté qui s’y oppose, et que j’aurai à définir. Considérons mainten

170 s maintenant la maladie. Et tout d’abord essayons de voir ce qui a bien pu prédisposer l’Europe à la gagner. ⁂ Dans un ou

171 la gagner. ⁂ Dans un ouvrage récent, j’ai tenté de montrer que les excès de l’individualisme en politique et en morale o

172 vrage récent, j’ai tenté de montrer que les excès de l’individualisme en politique et en morale ont fini par détruire dans

173 ar détruire dans notre civilisation, toute espèce de commune mesure. Voici ce que j’entends par ce terme. Toutes les grand

174 s les grandes civilisations se sont faites autour d’ un principe qui était commun à tous les ordres d’activité sociale ou p

175 d’un principe qui était commun à tous les ordres d’ activité sociale ou personnelle. C’était ce principe, et lui seul, qui

176 , qui donnait un sens aux actions, qui permettait de les juger grandes ou basses, qui était l’étalon idéal et la mesure de

177 ou basses, qui était l’étalon idéal et la mesure de toutes choses. Je ne dis pas qu’il triomphait toujours, mais tout le

178 Hébreux ; l’idée le l’homme dans la cité, mesure de toutes choses, chez les Grecs ; l’idéal impérial à Rome ; la foi chré

179 oi chrétienne au Moyen Âge. L’ère moderne a tenté de remplacer tout cela par l’idée de progrès matériel, et pratiquement,

180 moderne a tenté de remplacer tout cela par l’idée de progrès matériel, et pratiquement, par le culte de l’argent. Évidemme

181 e progrès matériel, et pratiquement, par le culte de l’argent. Évidemment, on ne disait pas la chose si crûment. On invoqu

182 mme le sens commun. Une des maximes fondamentales de l’individualiste du xix e, c’était : chacun pour soi et Dieu pour tou

183 cun pour soi. Cela revenait à pratiquer la morale de la concurrence, sans frein légal, sans scrupule du prochain. Et comme

184 e hargneuse et abstraite, quitte à payer le moins d’ impôts possible. Mais un cadre administratif et une poussière d’indivi

185 ble. Mais un cadre administratif et une poussière d’ individus, cela ne fait pas une société vivante. Chacun tirant de son

186 la ne fait pas une société vivante. Chacun tirant de son côté, sans souci de l’idéal commun, on en vient à un stade de div

187 té vivante. Chacun tirant de son côté, sans souci de l’idéal commun, on en vient à un stade de division sociale sans précé

188 s souci de l’idéal commun, on en vient à un stade de division sociale sans précédent, je crois, dans toute l’histoire. Le

189 ait sa loi, qui contredisait totalement la morale de la vie privée. Le monde de la culture vivait sur des principes qui n’

190 t totalement la morale de la vie privée. Le monde de la culture vivait sur des principes qui n’avaient plus aucun rapport

191 disputaient à leur tour les partis, et l’intérêt de la classe ou du parti primait partout le bien commun. Seul, le respec

192 le bien commun. Seul, le respect quasi religieux de l’argent constituait encore un lieu commun. On n’en parlait d’ailleur

193 On n’en parlait d’ailleurs qu’avec pudeur, comme de tout ce que l’on tient pour sacré. Mais vint la guerre, et vint la c

194 us isolés sont envahis par une vague angoisse, et de l’angoisse naît un appel confus à une nouvelle religion. Car la relig

195 e dieu dont la loi fonde la commune mesure. Point de société, point de communauté sans religion ; et à l’inverse dès que p

196 fonde la commune mesure. Point de société, point de communauté sans religion ; et à l’inverse dès que paraît une religion

197 araît une religion, une société se reforme autour d’ elle. Je n’insiste pas sur ces données élémentaires qui ne sont plus c

198 , fût-il le plus obtus rationaliste. Dans l’état d’ atomisation où se trouvait la société moderne, il était aisé de prévoi

199 où se trouvait la société moderne, il était aisé de prévoir qu’un formidable appel religieux se ferait jour. Et c’est pré

200 une religion qui se présenta d’abord comme celle d’ une classe, puis d’une race, et finalement de la nation armée. J’insis

201 e présenta d’abord comme celle d’une classe, puis d’ une race, et finalement de la nation armée. J’insisterai fortement sur

202 elle d’une classe, puis d’une race, et finalement de la nation armée. J’insisterai fortement sur ce point : il ne s’agissa

203 rai fortement sur ce point : il ne s’agissait pas de politique, au sens étroit et partisan du terme. Certes, le détail de

204 ns étroit et partisan du terme. Certes, le détail de l’opération ressort évidemment de l’analyse politique, et plus encore

205 rtes, le détail de l’opération ressort évidemment de l’analyse politique, et plus encore de l’analyse économique, mais la

206 évidemment de l’analyse politique, et plus encore de l’analyse économique, mais la cause déterminante du foudroyant succès

207 ont voulu satisfaire. L’esprit totalitaire est né d’ une angoisse dont la vraie nature est en fin le compte religieuse. Cet

208 e très générale, et peut-être nouvelle, n’est pas de la pure poésie, quoi qu’en pensent les esprits réalistes. Je vais vou

209 assage l’une lettre que j’ai reçue tout récemment d’ Allemagne. Elle est d’un jeune national-socialiste dont je ne connais

210 e j’ai reçue tout récemment d’Allemagne. Elle est d’ un jeune national-socialiste dont je ne connais d’ailleurs que le nom

211 t l’écriture, et qui a lu par hasard mon Journal d’ un intellectuel en chômage . Il entreprend de justifier le régime qu’i

212 rnal d’un intellectuel en chômage . Il entreprend de justifier le régime qu’il sert. Il m’explique tout d’abord que ce rég

213 . Il m’explique tout d’abord que ce régime est né de la pauvreté et du malheur de son pays, ce qui est très juste. Et il a

214 que ce régime est né de la pauvreté et du malheur de son pays, ce qui est très juste. Et il ajoute : Mais la pauvreté ou

215 que des phénomènes extérieurs. La raison profonde d’ un mouvement comme le nôtre est irrationnelle. Nous voulions croire à

216 ants à celui qui nous apportait cette possibilité de croire. Le christianisme, probablement par la faute de ses ministres,

217 ne satisfait plus depuis bien longtemps au besoin de croire de la majorité du peuple. Nous voulons croire à la mission du

218 it plus depuis bien longtemps au besoin de croire de la majorité du peuple. Nous voulons croire à la mission du peuple all

219 tre réussirons-nous à y croire. Je m’en voudrais de commenter ce document. Ruine des croyances communes, carence du chris

220 es, carence du christianisme, appel irrationnel à de nouvelles raisons de vivre, volonté angoissée de croire à la première

221 ianisme, appel irrationnel à de nouvelles raisons de vivre, volonté angoissée de croire à la première réalité qui se prése

222 de nouvelles raisons de vivre, volonté angoissée de croire à la première réalité qui se présente — la nation — , on ne pe

223 présente — la nation — , on ne peut pas exprimer d’ une manière plus précise et ramassée la nature proprement religieuse d

224 reste, je place pêle-mêle les passions partisanes de gauche et de droite, les intérêts de classe, les programmes des parti

225 ce pêle-mêle les passions partisanes de gauche et de droite, les intérêts de classe, les programmes des partis, bref toute

226 s partisanes de gauche et de droite, les intérêts de classe, les programmes des partis, bref toutes les fariboles chères à

227 omènes extérieurs », c’est-à-dire dans le domaine de cette énorme mystification qu’est la politique pour les masses. ⁂ D’

228 ique pour les masses. ⁂ D’ailleurs, ce caractère de religion au sens le plus élémentaire du terme qu’ont pris les grands

229 courage à ses adeptes ? On ne peut rien accomplir de grand sinon dans un état d’amoureuse passion, de mysticisme religieux

230 e peut rien accomplir de grand sinon dans un état d’ amoureuse passion, de mysticisme religieux. Et le Credo du Balilla, r

231 de grand sinon dans un état d’amoureuse passion, de mysticisme religieux. Et le Credo du Balilla, récité par tous les en

232 rois en notre Saint-Père le Fascisme. Au congrès de Nuremberg en 1935, Hitler s’écrie : Vous avez été cette garde qui ja

233  : Vous avez été cette garde qui jadis m’a suivi d’ un cœur croyant. Vous avez été les premiers qui ont cru en moi… Ce n’e

234 pant les cheveux en quatre qui a tiré l’Allemagne de sa détresse, mais votre foi… Pourquoi sommes-nous ici ? Par ordre ? N

235 n votre mouvement et en ses chefs. Seule la force de l’idéalisme a pu accomplir cela… La raison vous eût déconseillé de ve

236 pu accomplir cela… La raison vous eût déconseillé de venir à moi, et seule la foi vous l’a commandé. Foi en qui ? Croyanc

237 au chef qui est l’incarnation du destin immortel de la nation. M. Goebbels s’adresse à son Führer dans le langage même du

238 s avons trouvé en vous celui qui montre le chemin de la foi. Vous avez été pour nous l’accomplissement d’un mystérieux dés

239 la foi. Vous avez été pour nous l’accomplissement d’ un mystérieux désir. Et je lis ailleurs, sous la même plume : La foi

240 le Führer est entourée, on pourrait presque dire, d’ une mystique mystérieuse et énigmatique. Un autre chef du parti va pl

241 ührer, écrit-il, est est effectivement la volonté de Dieu. Et M. Goering déclarait à l’envoyé d’un quotidien anglais : D

242 onté de Dieu. Et M. Goering déclarait à l’envoyé d’ un quotidien anglais : De même que les catholiques considèrent le pap

243 pape comme infaillible dans toutes les questions de religion et de morale, de même nous croyons avec la même conviction p

244 aillible dans toutes les questions de religion et de morale, de même nous croyons avec la même conviction profonde que le

245 iques lui attribuent la charge vraiment écrasante de faire lever le soleil chaque matin, et de favoriser les naissances. I

246 rasante de faire lever le soleil chaque matin, et de favoriser les naissances. Il est vrai que ces poètes sont du Midi de

247 a Russie… Mais il est vrai aussi que le programme de Lénine supposait l’extinction de la superstition, et non pas sa publi

248 que le programme de Lénine supposait l’extinction de la superstition, et non pas sa publication en première page de la Pra

249 ition, et non pas sa publication en première page de la Pravda. Là encore, la logique totalitaire a balayé tous les princi

250 rain de se dire : après tout, il ne s’agit là que de façons de parler, et d’exagérations lyriques. Tout cela, ce sont des

251 dire : après tout, il ne s’agit là que de façons de parler, et d’exagérations lyriques. Tout cela, ce sont des trucs de p

252 tout, il ne s’agit là que de façons de parler, et d’ exagérations lyriques. Tout cela, ce sont des trucs de propagande, des

253 agérations lyriques. Tout cela, ce sont des trucs de propagande, des phénomènes épisodiques. Je l’ai longtemps cru moi-mêm

254 à Francfort, en 1936, j’ai assisté à un discours d’ Hitler. Permettez-moi de vous lire une page que j’envoyai le lendemain

255 ’ai assisté à un discours d’Hitler. Permettez-moi de vous lire une page que j’envoyai le lendemain même à une revue frança

256 endemain même à une revue française, sous le coup de la révélation qu’avait été pour moi cette cérémoniec.   Le caractère

257 moniec.   Le caractère sacral et quasi liturgique de pareilles fêtes se trouve d’ailleurs curieusement confirmé par l’inco

258 on toutefois que l’on débarrasse le christianisme de ses éléments judaïques. Et il sera sans aucun doute sincère. Mais cel

259 sme sont en réalité des religions ; que les chefs de ces mouvements sont en réalité divinisés, et que l’État ou la nation

260 , et que l’État ou la nation sont le contenu réel de ces cultes nouveaux, ce n’est pas seulement sur la base des textes qu

261 out à l’heure. J’ai des raisons plus péremptoires de le penser. Et je vais vous en donner deux. La première, c’est que la

262 r deux. La première, c’est que la croyance réelle d’ un homme est définie d’une part par la nature des sacrifices qu’il con

263 le blasphémer le Christ, mais il n’est pas permis d’ élever ne fût-ce qu’une critique polie à l’endroit de la personne du C

264 inis officiellement par les principes du droit ou de la morale, et encore moins par ceux de la religion chrétienne, mais b

265 u droit ou de la morale, et encore moins par ceux de la religion chrétienne, mais bien par l’intérêt de la nation. On le t

266 e la religion chrétienne, mais bien par l’intérêt de la nation. On le tolère dans la mesure où il peut lui rendre service.

267 nd et russe proclament dans leurs lois la liberté de tous les cultes, en précisant seulement que la pratique du christiani

268 tianisme ne doit gêner en rien les droits absolus de l’État. C’est-à-dire qu’en réalité, on a le droit d’être chrétien à c

269 l’État. C’est-à-dire qu’en réalité, on a le droit d’ être chrétien à condition que cela ne se voie pas, que cela n’entraîne

270 le dit si plaisamment Mussolini : une illusion «  d’ usage interne pour les cœurs ingénus et primitifs ». Mon second argum

271 claire. Je n’ai pas à insister ici sur des faits de persécution que chacun connaît. Je me bornerai à noter que là encore,

272 classe. Certes, les communistes ont jugé opportun d’ inaugurer il y a deux ans une politique de « main tendue » aux catholi

273 pportun d’inaugurer il y a deux ans une politique de « main tendue » aux catholiques. Mais cette hypocrisie est par trop é

274 ette hypocrisie est par trop éclatante. Il s’agit d’ une alliance tactique, c’est-à-dire d’une manœuvre absolument antichré

275 . Il s’agit d’une alliance tactique, c’est-à-dire d’ une manœuvre absolument antichrétienne par sa nature et j’ajouterai bl

276 entre dans l’Église. Si l’on ne croit pas, l’acte de tendre la main signifie simplement : je te pardonne cette faiblesse b

277 e. Je veux bien croire qu’elle ne t’empêchera pas de collaborer au dessein de l’incroyance. Mais prenons garde ! L’incroya

278 ’elle ne t’empêchera pas de collaborer au dessein de l’incroyance. Mais prenons garde ! L’incroyance consciente n’a jamais

279 ’instant où elle a compris que le Christ refusait de servir ses desseins, et de se laisser couronner roi. Voilà la situati

280 que le Christ refusait de servir ses desseins, et de se laisser couronner roi. Voilà la situation réelle et éternelle, et

281 la situation réelle et éternelle, et dans le fond de notre cœur, nous savons bien que c’est encore la nôtre. Quant à la p

282 vit en prison et dont l’exemple sauvera l’honneur de notre époque : c’est le pasteur Martin Niemöller, « incarcéré pour fa

283 e pasteur Martin Niemöller, « incarcéré pour fait de christianisme » comme l’écrivait l’autre jour Paul Claudel. ⁂ L’espr

284 r Paul Claudel. ⁂ L’esprit totalitaire, religion de la nation, tel est le fait qui domine le xx e siècle. Une religion de

285 t le fait qui domine le xx e siècle. Une religion de la nation déifiée. À condition que l’on prenne ces mots dans leur sen

286 e religion, et vraiment la nation a pris la place de Dieu. Je ne connais pas de définition plus simple, plus complète, ni

287 nation a pris la place de Dieu. Je ne connais pas de définition plus simple, plus complète, ni moins discutable à mes yeux

288 yeux, du phénomène totalitaire. Elle a le mérite d’ embrasser la réalité profonde et inavouée des trois régimes dictatoria

289 ique leurs ressemblances, et qu’elle donne la clé de leur tactique. D’autre part elle réduit à leurs vraies proportions le

290 eurs vraies proportions les doctrines officielles de ces régimes. On voit enfin que s’ils ont triomphé, ce n’est pas au ma

291 que s’ils ont triomphé, ce n’est pas au marxisme de Lénine, au machiavélisme du Duce, ou au programme hétéroclite du Führ

292 la masse doit connaître la clé qui ouvre la porte de son cœur. Dans tous les temps, la force qui a mis en mouvement sur ce

293 iolentes a résidé bien moins dans la proclamation d’ une idée scientifique qui s’emparait des foules que dans un fanatisme

294 ement. Maintenant, je n’ignore pas qu’on a donné d’ innombrables définitions politiques, économiques, sociologiques, des r

295 religieux fondamental. Il est juste, par exemple, de remarquer que le bolchévisme s’est appuyé sur les ouvriers de Pétrogr

296 que le bolchévisme s’est appuyé sur les ouvriers de Pétrograd, tandis que les deux fascismes ont cherché leurs appuis dan

297 départ, une différence considérable. Mais il est d’ autant plus frappant de voir qu’à l’arrivée, cette contradiction s’éva

298 considérable. Mais il est d’autant plus frappant de voir qu’à l’arrivée, cette contradiction s’évanouit. Les nationaliste

299 ngez que l’industrie lourde allemande est en voie d’ étatisation, ce qui représente un processus socialiste. Et songez, d’a

300 jets du Père des peuples subissent l’interdiction de quitter la Russie sous peine de mort, ce qui est une très curieuse ma

301 ine de mort, ce qui est une très curieuse manière de concevoir l’internationale… Songez que la bourgeoisie allemande se pl

302 le… Songez que la bourgeoisie allemande se plaint de perdre tous ses privilèges, paye des impôts qui équivalent à une conf

303 paye des impôts qui équivalent à une confiscation de capital, et gémit qu’on ne fait rien pour elle et qu’on ne s’occupe q

304 des ouvriers. Songez aussi que le but du Service de travail est d’effacer les différences de classes. Celui qui présenter

305 Songez aussi que le but du Service de travail est d’ effacer les différences de classes. Celui qui présenterait un tel prog

306 Service de travail est d’effacer les différences de classes. Celui qui présenterait un tel programme chez nous serait imm

307 l programme chez nous serait immédiatement traité de bolchéviste. Ce serait d’ailleurs une grosse erreur, un effort actuel

308 it d’ailleurs une grosse erreur, un effort actuel de Staline est dirigé exactement dans le sens contraire, comme le démont

309 s chiffres que j’emprunte à l’ouvrage tout récent d’ un communiste français orthodoxe :   Salaire mensuel d’une bonne à t

310 mmuniste français orthodoxe :   Salaire mensuel d’ une bonne à tout faire en URSS 80 roubles Salaire d’un manœuvre 120

311 e bonne à tout faire en URSS 80 roubles Salaire d’ un manœuvre 120 roubles Salaire d’un ouvrier qualifié 240 roubles

312 les Salaire d’un manœuvre 120 roubles Salaire d’ un ouvrier qualifié 240 roubles Salaire d’un ouvrier stakhanoviste 8

313 laire d’un ouvrier qualifié 240 roubles Salaire d’ un ouvrier stakhanoviste 800 à 1200 roubles Salaire d’un écrivain !!

314 uvrier stakhanoviste 800 à 1200 roubles Salaire d’ un écrivain !!!! 10 000 roubles Salaire d’un cinéaste en vogue 15 00

315 laire d’un écrivain !!!! 10 000 roubles Salaire d’ un cinéaste en vogue 15 000 roubles   Ainsi un ouvrier qualifié gagn

316 r ordinaire. Je répète que j’extrais ces chiffres d’ un ouvrage entièrement favorable à Staline. Il résulterait de ces donn

317 e entièrement favorable à Staline. Il résulterait de ces données que les gens de droite devraient appuyer Staline et comba

318 aline. Il résulterait de ces données que les gens de droite devraient appuyer Staline et combattre Hitler, si c’était au n

319 mbattre Hitler, si c’était au nom de la raison et de leurs intérêts qu’ils jugeaient. Mais on sait bien qu’il n’en est rie

320 ialistes avec Hitler, et critiquer le capitalisme de Staline. Il en va de même, bien entendu, pour les gens de gauche, enc

321 ne. Il en va de même, bien entendu, pour les gens de gauche, encore qu’il soit juste de marquer qu’ils se méfient plus de

322 pour les gens de gauche, encore qu’il soit juste de marquer qu’ils se méfient plus de Staline que les droites ne se méfie

323 u’il soit juste de marquer qu’ils se méfient plus de Staline que les droites ne se méfient d’Hitler. Dans les deux cas, ce

324 ent plus de Staline que les droites ne se méfient d’ Hitler. Dans les deux cas, ces partisans sont les victimes d’idéologie

325 ans les deux cas, ces partisans sont les victimes d’ idéologies de façades, sans grands rapports avec les phénomènes réels,

326 cas, ces partisans sont les victimes d’idéologies de façades, sans grands rapports avec les phénomènes réels, mais qui ont

327 ts avec les phénomènes réels, mais qui ont le don de les rassurer d’une manière toute sentimentale. Il n’y a pas de pires

328 omènes réels, mais qui ont le don de les rassurer d’ une manière toute sentimentale. Il n’y a pas de pires utopistes, dans

329 er d’une manière toute sentimentale. Il n’y a pas de pires utopistes, dans notre monde présent, que les hommes de partis.

330 opistes, dans notre monde présent, que les hommes de partis. On dit aussi : le communisme nivelle tout, tandis que le fasc

331 is je viens de vous rappeler que le but des camps de travail est proprement de niveler les classes, et que la raison des f

332 er que le but des camps de travail est proprement de niveler les classes, et que la raison des formidables différences de

333 ses, et que la raison des formidables différences de salaires en Russie est au contraire de constituer des « cadres dirige

334 décourage les études, tandis que l’URSS y pousse de toutes ses forces, etc., etc. Je n’insiste pas, encore qu’il soit ais

335 c., etc. Je n’insiste pas, encore qu’il soit aisé de faire cent remarques analogues en ce qui concerne le statut des ouvri

336 logues en ce qui concerne le statut des ouvriers, de l’industrie, de l’armée, et de la pensée libre, dans les régimes comm

337 concerne le statut des ouvriers, de l’industrie, de l’armée, et de la pensée libre, dans les régimes communistes et fasci

338 atut des ouvriers, de l’industrie, de l’armée, et de la pensée libre, dans les régimes communistes et fascistes, mais tout

339 ue le communisme, en théorie. Si vous étiez forcé de choisir, vous choisiriez. Le feriez-vous après enquête approfondie su

340 Staline, ou l’inverse, ne le font pas sur la base d’ une connaissance des faits. Ils le font au contraire sur la base d’une

341 e des faits. Ils le font au contraire sur la base d’ une furieuse ignorance du réel. Ils ont entendu dire, ils ont lu un ar

342 les salaires sont trop faibles… la presse excite de vagues paniques… et l’on choisit ! Si par hasard on voulait vérifier

343 rches techniques au cours desquelles toute espèce de passion s’évanouirait. Mais dans le fond, c’est la passion qu’on aime

344 non la froide vérité. Il est commode et agréable de traiter de fasciste ou de communiste le Monsieur dont la tête ne vous

345 ide vérité. Il est commode et agréable de traiter de fasciste ou de communiste le Monsieur dont la tête ne vous revient pa

346 est commode et agréable de traiter de fasciste ou de communiste le Monsieur dont la tête ne vous revient pas, et cette inj

347 la tête ne vous revient pas, et cette injure est d’ autant plus facile qu’on ignore davantage de quoi on parle. Ensuite, à

348 e est d’autant plus facile qu’on ignore davantage de quoi on parle. Ensuite, à supposer qu’on aboutisse à relever des diff

349  , il faut avouer que ces différences s’atténuent de mois en mois. Ce qui apparaît alors derrière le camouflage des nuées

350 itarisme, monumental et pétrifié, l’immense idole de la nation armée, encensée par des foules en rang, dans une hystérie s

351 , dans une hystérie solennelle, dans cette espèce d’ horreur sacrée qui annonce les sacrifices humains. ⁂ Il faut ici que j

352 ins. ⁂ Il faut ici que je dise deux mots au sujet d’ une certaine naïveté que j’observe quotidiennement dans la bourgeoisie

353 rve quotidiennement dans la bourgeoisie libérale, de droite ou de gauche d’ailleurs. Il est des gens qui viennent m’object

354 nement dans la bourgeoisie libérale, de droite ou de gauche d’ailleurs. Il est des gens qui viennent m’objecter : tout ce

355 ais après tout, ces régimes-là n’ont-ils pas fait d’ excellentes choses ? Prétendez-vous qu’il n’y ait rien à prendre chez

356 z eux ? Vous ne pouvez pas nier, me dit cet homme de droite, qu’Hitler n’ait rétabli l’ordre en Allemagne. Il fait régner

357 ait régner la paix sociale. Il y avait 6 millions de chômeurs en 1933, il n’y en a plus que 1 200 000d. La dignité de la n

358 1933, il n’y en a plus que 1 200 000d. La dignité de la nation est rétablie, et nous voici sauvés du communisme. — Même co

359 à l’heure. Et ne voyez-vous pas, me dit cet homme de gauche, que Staline a repris l’œuvre de Pierre le Grand, qu’il a fait

360 cet homme de gauche, que Staline a repris l’œuvre de Pierre le Grand, qu’il a fait de la Russie une grande nation, que les

361 a repris l’œuvre de Pierre le Grand, qu’il a fait de la Russie une grande nation, que les ouvriers s’y sentent chez eux, e

362 res apportent leur petite contribution à l’effort de la propagande totalitaire dans nos pays. Ils le font sans malice, et

363 pieusement son petit fagot au bûcher du supplice de Jean Huss : ce que voyant, le martyr prononça O sanctas simplicitas !

364 encore qu’on puisse détacher telle ou telle pièce de ces régimes pour l’admirer isolément. Les libéraux qui parlent ainsi

365 s libéraux qui parlent ainsi ignorent sereinement de quoi ils parlent. Ils ignorent tout bonnement le sens du mot totalita

366 talitaire est la condamnation radicale et brutale de l’esprit libéral au nom duquel ils admirent ceci ou cela, pris à part

367 ibéralisme impénitent, que cette manière libérale d’ admirer les totalitaires. Comme si le mot totalitaire ne signifiait pa

368 n être détaché, sous peine de perdre toute espèce de sens ! Croyez-vous que Mussolini ait fait une révolution dans l’inten

369 t une révolution dans l’intention philanthropique de faire partir les trains à l’heure ? Croyez-vous que l’ordre social qu

370 st simplement la suppression brutale et militaire de toute expression libre des vrais antagonismes ? Ne voit-on pas que la

371 pas que l’unanimité des ouvriers en URSS résulte de la suppression brutale des syndicats et de la dictature des bureaucra

372 ésulte de la suppression brutale des syndicats et de la dictature des bureaucrates ? Ne voit-on pas enfin que ce qui impor

373 end par rapport au mouvement total, à la religion de la nation armée ? ⁂ Mais revenons à des choses plus sérieuses. Voyons

374 avez qu’en Russie comme en Allemagne, l’éducation de la jeunesse consiste à supprimer chez elle toute espèce de conflits m

375 nesse consiste à supprimer chez elle toute espèce de conflits moraux, sentimentaux ou spirituels. Les conflits intérieurs,

376 uels, c’est un manque à gagner pour l’État, c’est de l’énergie perdue pour l’armée nationale. Un Nietzsche ou un Dostoïevs

377 ationale. Un Nietzsche ou un Dostoïevski seraient de très mauvais SA, de très mauvais stakhanovistes, des hommes que leurs

378 he ou un Dostoïevski seraient de très mauvais SA, de très mauvais stakhanovistes, des hommes que leurs soucis privés empêc

379 des hommes que leurs soucis privés empêcheraient de marcher bien au pas. Il s’agit donc de former une jeunesse en qui le

380 êcheraient de marcher bien au pas. Il s’agit donc de former une jeunesse en qui le sens de la discipline remplace le sens

381 s’agit donc de former une jeunesse en qui le sens de la discipline remplace le sens de l’intime réflexion. Un développera,

382 en qui le sens de la discipline remplace le sens de l’intime réflexion. Un développera, bien entendu, les qualités d’init

383 exion. Un développera, bien entendu, les qualités d’ initiative, mais seulement dans le cadre étatique. Lorsque les Russes

384 étatique. Lorsque les Russes ou les nazis parlent d’ initiative individuelle, il faut entendre qu’il s’agit d’aptitudes pro

385 ative individuelle, il faut entendre qu’il s’agit d’ aptitudes proprement militaires, telles qu’en exige la guerre moderne.

386 e moderne. C’est ainsi, par le sport et la morale d’ État, qu’on est en train de fabriquer une jeunesse sans problèmes inti

387 es, une saine jeunesse toute délivrée des miasmes de l’intelligence et de la culture bourgeoise, une jeunesse qui possède

388 e toute délivrée des miasmes de l’intelligence et de la culture bourgeoise, une jeunesse qui possède dans un corps sain au

389 jeunesse qui possède dans un corps sain aussi peu d’ esprit que possible. Or, comme les hommes ne peuvent pas vivre sans pa

390 la passion individuelle est condamnée, il s’agit de reporter tous les conflits et les passions à l’échelle de la seule na

391 ter tous les conflits et les passions à l’échelle de la seule nation. Tel est le sens du totalitarisme : c’est la nation t

392 isme : c’est la nation totale qui est seule dotée de qualités individuelles, d’initiative réelle, de liberté et de respons

393 le qui est seule dotée de qualités individuelles, d’ initiative réelle, de liberté et de responsabilité morale. Quand le Fü

394 e de qualités individuelles, d’initiative réelle, de liberté et de responsabilité morale. Quand le Führer réclame la liber

395 individuelles, d’initiative réelle, de liberté et de responsabilité morale. Quand le Führer réclame la liberté pour les Al

396 ate. La liberté, dans son esprit, est un attribut de la nation, et non pas des individus. Elle suppose même le renoncement

397 uelles. Elle consiste, par exemple, dans le droit d’ annexer l’Autriche ou de réarmer en dépit des traités. Ainsi, toutes l

398 ar exemple, dans le droit d’annexer l’Autriche ou de réarmer en dépit des traités. Ainsi, toutes les qualités et tous les

399 utes les qualités et tous les vices que l’intérêt de l’État ou la morale interdisent aux particuliers, sont reportées sur

400 en et ce qui est le mal. Voici un paragraphe tiré de Mein Kampf qui le confirme sans équivoque : Telle solution sera-t-el

401 ilà la seule opinion qui compte. Il s’agit donc d’ « éliminer impitoyablement toute considération de politique de partis,

402 d’« éliminer impitoyablement toute considération de politique de partis, de religion, d’humanité, bref toutes autres cons

403 impitoyablement toute considération de politique de partis, de religion, d’humanité, bref toutes autres considérations qu

404 ement toute considération de politique de partis, de religion, d’humanité, bref toutes autres considérations quelles qu’el

405 onsidération de politique de partis, de religion, d’ humanité, bref toutes autres considérations quelles qu’elles soient… »

406 ce que morale et religion condamnent dans la vie d’ un particulier devient le devoir sacré de la nation : l’orgueil est gl

407 s la vie d’un particulier devient le devoir sacré de la nation : l’orgueil est glorifié, quand il est national, les attitu

408 d il est national, les attitudes provocantes sont de règle, en tant que nation, ou le droit de se faire valoir comme le pl

409 es sont de règle, en tant que nation, ou le droit de se faire valoir comme le plus grossier nouveau riche. Les vantardises

410 taires se comporte exactement corme les « bandits d’ honneur » de la Corse. Elle a la même « morale », si l’on peut dire, e

411 mporte exactement corme les « bandits d’honneur » de la Corse. Elle a la même « morale », si l’on peut dire, et les mêmes

412 , claire et nette, des écrits des grands chefs et de leurs actes récents : la morale totalitaire inaugure dans notre histo

413 du butor armé. Que cela satisfasse les instincts d’ un certain nombre de nos contemporains, c’est indéniable. Je dirai plu

414 cela satisfasse les instincts d’un certain nombre de nos contemporains, c’est indéniable. Je dirai plus : la brute sommeil

415 ivilisés. Mais on peut se demander si l’idéal est de réveiller cette brute, de l’exciter et de la satisfaire collectivemen

416 demander si l’idéal est de réveiller cette brute, de l’exciter et de la satisfaire collectivement. La question eût paru gr

417 éal est de réveiller cette brute, de l’exciter et de la satisfaire collectivement. La question eût paru grotesque il y a v

418 lle se pose sérieusement aujourd’hui, et beaucoup d’ hommes la tranchent déjà par une joyeuse et solennelle affirmative. «

419 L’État fasciste, écrit Mussolini, est une volonté de puissance et de domination. » Il s’oppose à l’« esprit casanier, sign

420 écrit Mussolini, est une volonté de puissance et de domination. » Il s’oppose à l’« esprit casanier, signe de décadence »

421 ation. » Il s’oppose à l’« esprit casanier, signe de décadence ». Notez que cet esprit casanier, c’est ce qu’on appelle ch

422 er, c’est ce qu’on appelle chez nous : la volonté de rester dans ses frontières et de ne pas embêter ses voisins. Signe de

423 ous : la volonté de rester dans ses frontières et de ne pas embêter ses voisins. Signe de décadence, aux yeux du Duce. Ain

424 rontières et de ne pas embêter ses voisins. Signe de décadence, aux yeux du Duce. Ainsi la religion de la nation a pour co

425 de décadence, aux yeux du Duce. Ainsi la religion de la nation a pour contenu la volonté de puissance. Mais cette volonté,

426 a religion de la nation a pour contenu la volonté de puissance. Mais cette volonté, en pratique, ne peut conduire qu’à la

427 , comme elle est seule dans sa rêverie passionnée de domination. Elle a tout de même, en fait, quelques voisins. Et dès lo

428 assion unique et totale ne peut trouver son champ d’ action que dans le conflit avec les voisins. L’État totalitaire, c’est

429 vec les voisins. L’État totalitaire, c’est l’état de guerre. Nés de la guerre, organisés pour elle et selon ses méthodes p

430 . L’État totalitaire, c’est l’état de guerre. Nés de la guerre, organisés pour elle et selon ses méthodes propres, les rég

431 r la guerre. Ils n’y manquent pas. Voici un texte de Mussolini, texte officiel s’il en fut, puisqu’il figure dans la défin

432 u fascisme, composée à tête reposée après dix ans de pouvoir, par le Duce lui-même. Il figure dans l’Encyclopédie italienn

433 ir. Avant tout, le fascisme, en ce qui concerne d’ une manière générale l’avenir et le développement de l’humanité — et a

434 une manière générale l’avenir et le développement de l’humanité — et abstraction faite de toute considération de politique

435 éveloppement de l’humanité — et abstraction faite de toute considération de politique actuelle — , ne croit ni à la possib

436 ité — et abstraction faite de toute considération de politique actuelle — , ne croit ni à la possibilité ni à l’utilité de

437 e — , ne croit ni à la possibilité ni à l’utilité de la paix perpétuelle. Il repousse le pacifisme, qui cache une fuite de

438 le sacrifice. La guerre, seule, porte au maximum de tension toutes les énergies humaines et imprime une marque de nobless

439 outes les énergies humaines et imprime une marque de noblesse aux peuples qui ont le courage de l’affronter. Toutes les au

440 marque de noblesse aux peuples qui ont le courage de l’affronter. Toutes les autres épreuves ne sont que secondaires et ne

441 s l’homme en face de lui-même, dans l’alternative de la vie et de la mort. Trente pages plus loin, je lis ceci : « Le fas

442 face de lui-même, dans l’alternative de la vie et de la mort. Trente pages plus loin, je lis ceci : « Le fascisme et une

443 loin, je lis ceci : « Le fascisme et une doctrine de vie… car il a eu ses morts et ses martyrs. » Et maintenant, pour ceux

444 une page traduite des Izvestia, journal officiel de Staline. Elle est datée du 6 septembre 1935, et commente un décret do

445 nné 3 jours avant, instituant le port obligatoire de l’uniforme pour tous les écoliers, dès l’école primaire. Il faut inc

446 aître et l’ingénieur son directeur… Il faut aider de toutes nos forces l’école dans sa lutte pour la discipline. Il faut s

447 la discipline. Il faut se féliciter sans réserve de la décision du Comité central du parti introduisant le port obligatoi

448 central du parti introduisant le port obligatoire d’ un uniforme pour les écoliers. Autrefois, nous nous moquions de l’honn

449 pour les écoliers. Autrefois, nous nous moquions de l’honneur dû à l’uniforme, parce que les classes ennemies et exploite

450 peuple. Mais aujourd’hui nous défendons l’honneur de l’uniforme de l’Armée rouge qui nous protège et nous savons que nos e

451 ujourd’hui nous défendons l’honneur de l’uniforme de l’Armée rouge qui nous protège et nous savons que nos enfants sont pl

452 rotège et nous savons que nos enfants sont pleins d’ amour et de fierté pour notre Armée rouge. Je n’ai pas rencontré un se

453 ous savons que nos enfants sont pleins d’amour et de fierté pour notre Armée rouge. Je n’ai pas rencontré un seul enfant q

454 ndit non. Que nos enfants sachent donc que le but de l’école est de les préparer au rôle de soldats de l’Armée rouge, de s

455 os enfants sachent donc que le but de l’école est de les préparer au rôle de soldats de l’Armée rouge, de soldats du socia

456 que le but de l’école est de les préparer au rôle de soldats de l’Armée rouge, de soldats du socialisme, et que le droit d

457 de l’école est de les préparer au rôle de soldats de l’Armée rouge, de soldats du socialisme, et que le droit de porter l’

458 les préparer au rôle de soldats de l’Armée rouge, de soldats du socialisme, et que le droit de porter l’uniforme de l’écol

459 rouge, de soldats du socialisme, et que le droit de porter l’uniforme de l’école est un grand honneur. On se demande ce

460 socialisme, et que le droit de porter l’uniforme de l’école est un grand honneur. On se demande ce que le socialisme vi

461 socialisme vient encore faire dans cette histoire d’ uniformes et de respect dû aux galons. C’est une survivance rhétorique

462 t encore faire dans cette histoire d’uniformes et de respect dû aux galons. C’est une survivance rhétorique. On sent bien

463 s aujourd’hui que l’objectif réel du premier plan de 5 ans, développant d’une manière absurde l’industrie lourde, c’était

464 jectif réel du premier plan de 5 ans, développant d’ une manière absurde l’industrie lourde, c’était tout simplement la pui

465 ement la puissance militaire. Le dernier discours de Staline exalte d’ailleurs, en termes très mussoliniens, la puissance

466 termes très mussoliniens, la puissance offensive de la Russie nouvelle. Résumons-nous : la religion de la nation, à défau

467 e la Russie nouvelle. Résumons-nous : la religion de la nation, à défaut d’autre foi réelle, a pour contenu la volonté de

468 ésumons-nous : la religion de la nation, à défaut d’ autre foi réelle, a pour contenu la volonté de domination. Cette volon

469 aut d’autre foi réelle, a pour contenu la volonté de domination. Cette volonté ne peut s’appuyer que sur un peuple encaser

470 nfance. Elle ne peut trouver son objet, son point d’ application concret, que dans la guerre. Or la guerre signifie la mort

471 mort. La religion des masses, c’est donc le culte de la mort. « Doctrine de vie… car elle a eu ses morts », s’écriait l’un

472 asses, c’est donc le culte de la mort. « Doctrine de vie… car elle a eu ses morts », s’écriait l’un des dictateurs. Non pa

473 s grand chef-d’œuvre, qui est le poème orchestral de Tristan, nous révèle le dernier secret de la passion sous toutes ses

474 hestral de Tristan, nous révèle le dernier secret de la passion sous toutes ses formes. La passion exalte la vie à l’extrê

475 est sombrer dans la Nuit éternelle. Souvenez-vous de la mort d’Isolde, de ce crescendo infini vers la catastrophe désirée 

476 dans la Nuit éternelle. Souvenez-vous de la mort d’ Isolde, de ce crescendo infini vers la catastrophe désirée ! Ce que ve

477 uit éternelle. Souvenez-vous de la mort d’Isolde, de ce crescendo infini vers la catastrophe désirée ! Ce que veut la pass

478 n naufrage. Et la religion totalitaire n’est rien d’ autre que la passion transportée à l’échelle des peuples déifiés.   J

479 euples déifiés.   J’aborde ici la seconde partie de cet exposé : elle sera beaucoup plus brève, rassurez-vous, car nos cr

480 errain pour reconstruire. En face de la menace et de la tentation totalitaire, la question qui se pose maintenant, c’est Q

481 e pose maintenant, c’est Que faire ? J’essaierai d’ y répondre dans la perspective du personnaliste. Et ce sera la meilleu

482 e du personnaliste. Et ce sera la meilleure façon de définir cette doctrine — non par quelques formules abstraites et géné

483 taires. Et cela nous dictera peut-être les moyens de résistance et les vrais buts d’une contre-attaque. Le totalitarisme a

484 t-être les moyens de résistance et les vrais buts d’ une contre-attaque. Le totalitarisme a triomphé surtout pour deux rais

485 tout pour deux raisons, me semble-t-il. [La suite de cette conférence a été publiée dans les Cahiers protestants en juil

486 totalitaire ».] b. Édition réalisée sur la base d’ un tapuscrit conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de N

487 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 405. Une note manuscrite indique : « Con

488 rite indique : « Conférence donnée à l’Université de Genève en avril ou mai 1938 (pendant la rédaction de L’Amour et l’Oc

489 Genève en avril ou mai 1938 (pendant la rédaction de L’Amour et l’Occident ). » La seconde partie de la conférence a été

490 de L’Amour et l’Occident ). » La seconde partie de la conférence a été publiée dans les Cahiers protestants . Nous ne r

491 passage cité, dont on peut supposer qu’il s’agit de la « cérémonie sacrée » publiée dans le Journal d’Allemagne . On n’a

492 la « cérémonie sacrée » publiée dans le Journal d’ Allemagne . On n’a pas identifié la revue à laquelle Rougemont fait ré

493 dans certains discours, dans certains programmes de groupes ou de partis politiques, tant « réactionnaires » qu’« avancés

494 discours, dans certains programmes de groupes ou de partis politiques, tant « réactionnaires » qu’« avancés », tant catho

495 dans notre presse protestante. Il est donc temps de poser à notre tour la célèbre question de Foch : « De quoi s’agit-il 

496 c temps de poser à notre tour la célèbre question de Foch : « De quoi s’agit-il ? » Nous n’avons pas en vue, ici, telle ou

497 oser à notre tour la célèbre question de Foch : «  De quoi s’agit-il ? » Nous n’avons pas en vue, ici, telle ou telle décla

498 e personnalité ou tendance qui se serait réclamée de la « Suisse chrétienne », mais plutôt le sens moyen et encore flottan

499 e », mais plutôt le sens moyen et encore flottant de cette expression. Nous pensons que le moment est venu de définir, du

500 l’homme converti au Christ. À mesure que le terme de chrétien prend une extension plus grande, et s’éloigne de ce sens pri

501 ien prend une extension plus grande, et s’éloigne de ce sens primitif par une suite de dérivations de plus en plus indirec

502 e, et s’éloigne de ce sens primitif par une suite de dérivations de plus en plus indirectes, toutes sortes d’abus devienne

503 vations de plus en plus indirectes, toutes sortes d’ abus deviennent possibles. On peut certes parler d’Église chrétienne,

504 ’abus deviennent possibles. On peut certes parler d’ Église chrétienne, puisque l’Église est le corps du Christ. On peut en

505 ise est le corps du Christ. On peut encore parler de doctrine chrétienne, lorsqu’il s’agit de la doctrine de cette Église,

506 e parler de doctrine chrétienne, lorsqu’il s’agit de la doctrine de cette Église, — mais c’est déjà un sens dérivé. Si l’o

507 trine chrétienne, lorsqu’il s’agit de la doctrine de cette Église, — mais c’est déjà un sens dérivé. Si l’on parle mainten

508 est déjà un sens dérivé. Si l’on parle maintenant d’ une politique chrétienne, c’est alors une dérivation de dérivation, pu

509 politique chrétienne, c’est alors une dérivation de dérivation, puisqu’il s’agit d’une politique plus ou moins fidèlement

510 rs une dérivation de dérivation, puisqu’il s’agit d’ une politique plus ou moins fidèlement déduite de la doctrine élaborée

511 d’une politique plus ou moins fidèlement déduite de la doctrine élaborée par une Église dont le chef est le Christ. Le ri

512 une Église dont le chef est le Christ. Le risque d’ abus apparaît clairement. Et lorsqu’on va plus loin encore, lorsqu’on

513 va plus loin encore, lorsqu’on parle par exemple de nation chrétienne, ou même de civilisation chrétienne pour désigner l

514 n parle par exemple de nation chrétienne, ou même de civilisation chrétienne pour désigner l’Europe et son histoire, le se

515 e pour désigner l’Europe et son histoire, le sens de l’adjectif devient tellement indirect qu’il finit par recouvrir n’imp

516 s armes à feu, l’alcoolisme, etc. Première raison de se méfier d’un emploi inconsidéré du nom de « chrétien » pour désigne

517 , l’alcoolisme, etc. Première raison de se méfier d’ un emploi inconsidéré du nom de « chrétien » pour désigner autre chose

518 aison de se méfier d’un emploi inconsidéré du nom de « chrétien » pour désigner autre chose que l’homme converti. 2. Si l’

519 se que l’homme converti. 2. Si l’on est conscient de ce danger, pourra-t-on qualifier de « chrétiens » certains États ? Un

520 est conscient de ce danger, pourra-t-on qualifier de « chrétiens » certains États ? Un État, c’est une organisation. Or un

521 posait à une tribu nègre une organisation déduite de la doctrine calviniste par exemple, alors que tous les membres de la

522 alviniste par exemple, alors que tous les membres de la tribu resteraient païens, il est clair qu’on n’aurait pas encore l

523 , il est clair qu’on n’aurait pas encore le droit de parler d’État chrétien. Pour que l’on eût ce droit, il faudrait que t

524 lair qu’on n’aurait pas encore le droit de parler d’ État chrétien. Pour que l’on eût ce droit, il faudrait que tous les ci

525 re slogan : pour que l’on puisse parler sans abus d’ une « Suisse chrétienne », il faudrait qu’au moins la majorité des Sui

526 pense pas que ce soit le cas. Et dès lors, parler d’ une Suisse chrétienne, dans l’état présent de notre pays, c’est faire

527 rler d’une Suisse chrétienne, dans l’état présent de notre pays, c’est faire une anticipation qu’il serait très dangereux

528 aire une anticipation qu’il serait très dangereux de prendre pour une réalité politique. (Dangereux pour les chrétiens, dé

529 t pour les incroyants.) ⁂ Cependant, s’il est bon de vérifier d’abord le sens des mots, afin de prévenir certains abus de

530 le sens des mots, afin de prévenir certains abus de langage qui pourraient en entraîner d’autres plus graves, sur le terr

531 en entraîner d’autres plus graves, sur le terrain de la doctrine et des faits, on ne saurait s’en tenir là, sans passer à

532 es concrètes se cachent derrière l’emploi courant de cette expression approximative, et en soi dangereuse. J’en vois deux,

533 erai évangélisatrice. Ceux qui parlent en son nom de « Suisse chrétienne » ont en vue la christianisation réelle de notre

534 hrétienne » ont en vue la christianisation réelle de notre pays. Ils voudraient que tous les Suisses deviennent chrétiens,

535 s pour que la Confédération puisse être qualifiée d’ État chrétien. La seconde tendance, au contraire, traduit, inconsciemm

536 nt sans doute, un désir politique d’abord : celui de défendre l’état de choses existant contre le communisme ou l’hitléris

537 leurs adversaires se voient naturellement tentés de les combattre à l’aide du christianisme. Ce n’est d’ailleurs pas forc

538 christianisme. Ce n’est d’ailleurs pas forcément de leur christianisme personnel qu’il s’agit alors, mais peut-être surto

539 sonnel qu’il s’agit alors, mais peut-être surtout de celui des autres… de ce « christianisme » officiel et diffus, qui est

540 lors, mais peut-être surtout de celui des autres… de ce « christianisme » officiel et diffus, qui est considéré comme fais

541 et diffus, qui est considéré comme faisant partie de l’ordre établi et de la civilisation bourgeoise. En d’autres termes,

542 nsidéré comme faisant partie de l’ordre établi et de la civilisation bourgeoise. En d’autres termes, si certains sont tent

543 oise. En d’autres termes, si certains sont tentés de recourir à l’appui du christianisme, c’est moins parce qu’ils le croi

544 le danger. Il n’est pas négligeable. Il est même d’ autant plus à redouter qu’il est très souvent ignoré de ceux-là mêmes

545 ant plus à redouter qu’il est très souvent ignoré de ceux-là mêmes qui le créent, et qui pensent n’avoir vraiment que de b

546 ui le créent, et qui pensent n’avoir vraiment que de bonnes intentions. La Suisse est le pays du monde où l’on se méfie le

547 t comment « chrétienne » ? Je demande s’il s’agit de la Suisse d’aujourd’hui ou de celle qu’on espère à l’avenir. De celle

548 hrétienne » ? Je demande s’il s’agit de la Suisse d’ aujourd’hui ou de celle qu’on espère à l’avenir. De celle qu’un arrêté

549 demande s’il s’agit de la Suisse d’aujourd’hui ou de celle qu’on espère à l’avenir. De celle qu’un arrêté du Conseil fédér

550 ’aujourd’hui ou de celle qu’on espère à l’avenir. De celle qu’un arrêté du Conseil fédéral décréterait du jour au lendemai

551 r au lendemain « chrétienne », pour la sauvegarde de l’ordre établi, — ou de celle que Dieu convertirait pour Son honneur 

552 nne », pour la sauvegarde de l’ordre établi, — ou de celle que Dieu convertirait pour Son honneur ? ⁂ Comment favoriser la

553 gélisatrice tout en évitant qu’elle soit utilisée d’ une manière abusive par la politique ? Telle est la question concrète

554 chrétienne ». Si nous prenons vivement conscience de cette question, nous aurons fait le principal. Car la réponse est alo

555 ou une classe sociale, qui prennent l’initiative de revendiquer une « Suisse chrétienne ». Alors tout sera clair. Alors

556 Alors — mais alors seulement — , il n’y aura plus d’ équivoques à redouter. On saura que la Suisse chrétienne est celle qui

557 ir le Christ, et non pas celle qui veut se servir de son nom. On saura qu’il s’agit d’un mouvement de conquête religieuse,

558 veut se servir de son nom. On saura qu’il s’agit d’ un mouvement de conquête religieuse, et par suite de rénovation civiqu

559 de son nom. On saura qu’il s’agit d’un mouvement de conquête religieuse, et par suite de rénovation civique, non pas d’un

560 euse, et par suite de rénovation civique, non pas d’ une vaine habileté de politiciens, ou d’une confusion du temporel et d

561 rénovation civique, non pas d’une vaine habileté de politiciens, ou d’une confusion du temporel et du spirituel. On saura

562 , non pas d’une vaine habileté de politiciens, ou d’ une confusion du temporel et du spirituel. On saura qu’il s’agit de co

563 u temporel et du spirituel. On saura qu’il s’agit de conversion, non de maintien de l’ordre bourgeois. Que chacun donc s’e

564 irituel. On saura qu’il s’agit de conversion, non de maintien de l’ordre bourgeois. Que chacun donc s’examine sérieusement

565 saura qu’il s’agit de conversion, non de maintien de l’ordre bourgeois. Que chacun donc s’examine sérieusement et se deman

566 politique ou social inconscient. Car tout dépend de cela : savoir au nom de quoi ou au nom de qui nous agissons. Et le dé

567 en tout temps. f. Édition réalisée sur la base d’ un tapuscrit conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de N

568 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 965. Suivant une lettre adressée à Max D

569 minicé, datée du 16 août 1939, Rougemont a oublié d’ envoyer ce texte « au Semeur vaudois, qui pourtant me l’avait demandé.

570 tats qui entouraient la Suisse fut notre garantie d’ indépendance. Cet équilibre vient d’être rompu. L’immense révolution t

571 otre garantie d’indépendance. Cet équilibre vient d’ être rompu. L’immense révolution totalitaire a refermé autour de nos f

572 masses qui n’existent pas chez nous. Il est animé d’ une volonté impériale qui nous est interdite. Il est rigoureusement ce

573 sommes une fédération. Il aspire à l’unification de la race, de la langue, de la culture, et nous, nous sommes jaloux de

574 fédération. Il aspire à l’unification de la race, de la langue, de la culture, et nous, nous sommes jaloux de nos diversit

575 aspire à l’unification de la race, de la langue, de la culture, et nous, nous sommes jaloux de nos diversités dans tous c

576 angue, de la culture, et nous, nous sommes jaloux de nos diversités dans tous ces domaines. Il est dictatorial, et nous so

577 s, et les nôtres relèvent encore en grande partie de l’initiative et de la propriété privées. Ces oppositions sont évident

578 lèvent encore en grande partie de l’initiative et de la propriété privées. Ces oppositions sont évidentes. Elles ne résult

579 ppositions sont évidentes. Elles ne résultent pas de nos opinions et de nos appréciations. Elles ne résultent pas non plus

580 dentes. Elles ne résultent pas de nos opinions et de nos appréciations. Elles ne résultent pas non plus de la malveillance

581 os appréciations. Elles ne résultent pas non plus de la malveillance de nos voisins, qui ont au contraire réaffirmé leur v

582 lles ne résultent pas non plus de la malveillance de nos voisins, qui ont au contraire réaffirmé leur volonté de respecter

583 sins, qui ont au contraire réaffirmé leur volonté de respecter notre pays. Elles sont inscrites dans les faits. Notre régi

584 t sérieusement mis en question par l’organisation de la nouvelle Europe. Nous courons le risque d’être absorbés économique

585 ion de la nouvelle Europe. Nous courons le risque d’ être absorbés économiquement, divisés racialement, manœuvrés moralemen

586 de cette situation, certains nous proposent déjà de capituler sans combat. Si nous sommes attaqués, d’une manière ou d’un

587 e capituler sans combat. Si nous sommes attaqués, d’ une manière ou d’une autre, murmurent-ils, pourquoi chercher à nous dé

588 combat. Si nous sommes attaqués, d’une manière ou d’ une autre, murmurent-ils, pourquoi chercher à nous défendre ? Primo, c

589 honneur, démocratie, on en a trop parlé, ce sont de vieux bateaux. L’histoire suit fatalement son cours. Il n’est pas sag

590 oire suit fatalement son cours. Il n’est pas sage de se mettre en travers, il est fatigant de remonter le courant. Adapton

591 pas sage de se mettre en travers, il est fatigant de remonter le courant. Adaptons-nous, résignons-nous, tâchons de nous f

592 e courant. Adaptons-nous, résignons-nous, tâchons de nous faire une petite place… Et puis, ce régime nouveau, c’est l’ordr

593 sibles aux raisons. Le défaitisme est une maladie de l’esprit et de la volonté. Une maladie ne se réfute pas à force d’arg

594 ons. Le défaitisme est une maladie de l’esprit et de la volonté. Une maladie ne se réfute pas à force d’arguments, elle se

595 la volonté. Une maladie ne se réfute pas à force d’ arguments, elle se soigne. Et cette maladie-là ne peut être guérie que

596 dent qu’un peuple qui a été formé par six siècles de libertés civiques chèrement conquises ne supporterait ni physiquement

597 terait ni physiquement ni moralement la dictature de l’étranger. Si d’autres peuples paraissent accepter le joug, c’est qu

598 ous dans le sang, le besoin et l’antique habitude de gouverner eux-mêmes, sur place, à leur manière. Il est évident qu’une

599 ranger bouleverserait profondément nos conditions de vie et de travail, et que ceux d’entre nous qui ont le plus à se plai

600 leverserait profondément nos conditions de vie et de travail, et que ceux d’entre nous qui ont le plus à se plaindre de l’

601 e ceux d’entre nous qui ont le plus à se plaindre de l’état social actuel seraient les premiers à regretter le temps où il

602 ù ils avaient encore au moins un droit : le droit de se plaindre. Nous devons nous défendre, comme nous l’avons juré ; nou

603 Et non seulement nous le devons, mais avec l’aide de Dieu, nous le pouvons ! La Suisse est le pays d’Europe le mieux fait,

604 de Dieu, nous le pouvons ! La Suisse est le pays d’ Europe le mieux fait, par sa nature même, pour résister aux procédés d

605 t, par sa nature même, pour résister aux procédés de combat modernes. Sa topographie paraît avoir été calculée tout exprès

606 ès pour opposer aux divisions blindées le maximum d’ obstacles naturels. Ses forêts la protègent, non moins que ses montagn

607 gent, non moins que ses montagnes. Ses traditions de résistance locale, vallée par vallée, village par village, sont connu

608 lée par vallée, village par village, sont connues de tous nos voisins : il n’en est pas qui soient plus favorables aux con

609 ui soient plus favorables aux conditions modernes de la défense armée. Mais tout cela, dira-t-on, ne nous empêcherait pas

610 ais tout cela, dira-t-on, ne nous empêcherait pas de succomber au bout de quelques semaines devant des forces vingt fois s

611 ense avant de lancer leurs armées. Il dépend donc de nous, de notre volonté et de notre préparation, que cette dépense soi

612 t de lancer leurs armées. Il dépend donc de nous, de notre volonté et de notre préparation, que cette dépense soit jugée t

613 mées. Il dépend donc de nous, de notre volonté et de notre préparation, que cette dépense soit jugée trop forte et que l’o

614 e pas rentable. Une volonté indiscutée et unanime de nous défendre jusqu’au bout et à tout prix, voilà la seule garantie q

615 éfaitisme est aujourd’hui la manière la plus sûre d’ attirer le péril et de préparer la catastrophe. Si nous le voulons, no

616 hui la manière la plus sûre d’attirer le péril et de préparer la catastrophe. Si nous le voulons, nous pouvons nous défend

617 appels au devoir les plus impératifs ne serviront de rien, ne seront que des phrases, si nous ne savons pas, et si nous ne

618 ? Beaucoup de Suisses ne se rendent pas compte de la grandeur unique de leur petit pays. Voilà la vraie raison de leur

619 es ne se rendent pas compte de la grandeur unique de leur petit pays. Voilà la vraie raison de leur défaitisme. Ils ne sav

620 unique de leur petit pays. Voilà la vraie raison de leur défaitisme. Ils ne savent pas ce que sont nos libertés, parce qu

621 scolaires, ennuyeux et pâlis. On nous a fait trop de discours conventionnels dans les cantines de tirs fédéraux. On nous a

622 trop de discours conventionnels dans les cantines de tirs fédéraux. On nous a trop parlé du peuple des bergers, de Guillau

623 raux. On nous a trop parlé du peuple des bergers, de Guillaume Tell et de Sempach : nous ne voyons plus le rapport entre c

624 parlé du peuple des bergers, de Guillaume Tell et de Sempach : nous ne voyons plus le rapport entre ces vieux clichés et l

625 a situation réelle et dure que nous fait le monde d’ aujourd’hui, avec ses crises économiques, son chômage chronique, sa lu

626 hez nos ancêtres bien plus qu’un mot : une raison de vivre et de mourir. Notre histoire est celle de la liberté. Ajoutons 

627 tres bien plus qu’un mot : une raison de vivre et de mourir. Notre histoire est celle de la liberté. Ajoutons : de la libe

628 n de vivre et de mourir. Notre histoire est celle de la liberté. Ajoutons : de la liberté menacée, conquise au prix des de

629 otre histoire est celle de la liberté. Ajoutons : de la liberté menacée, conquise au prix des derniers sacrifices, toujour

630 ours sauvée envers et contre tout. C’est l’esprit de liberté des communes. […]g Nos ancêtres n’ont pas combattu pour un

631 liberté, pour eux, avait un sens concret : droit d’ être armé, droit de s’occuper de ses affaires et le celles du pays, dr

632 avait un sens concret : droit d’être armé, droit de s’occuper de ses affaires et le celles du pays, droit de donner à ses

633 s concret : droit d’être armé, droit de s’occuper de ses affaires et le celles du pays, droit de donner à ses enfants l’éd

634 cuper de ses affaires et le celles du pays, droit de donner à ses enfants l’éducation qu’on juge bonne. Nous avons conserv

635 ranger nous soumet, s’il prive un paysan du droit de posséder son champ, de vendre ou de consommer librement ses produits,

636 l prive un paysan du droit de posséder son champ, de vendre ou de consommer librement ses produits, s’il prive un ouvrier

637 ysan du droit de posséder son champ, de vendre ou de consommer librement ses produits, s’il prive un ouvrier du droit de c

638 ment ses produits, s’il prive un ouvrier du droit de changer de domicile ou de profession, s’il réduit au silence l’opinio

639 oduits, s’il prive un ouvrier du droit de changer de domicile ou de profession, s’il réduit au silence l’opinion, réglemen

640 ive un ouvrier du droit de changer de domicile ou de profession, s’il réduit au silence l’opinion, réglemente les mariages

641 nte les mariages et intervient dans la vie intime de chacun, nous comprendrons — trop tard — ce que signifiaient pour nous

642 ote, arme civique, et le droit pour chaque soldat d’ emporter chez lui son fusil. Ces symboles nous apparaîtront alors comm

643 aîtront alors comme les marques du plus haut état de liberté et d’ordre véritable auquel soit parvenu un peuple européen.

644 comme les marques du plus haut état de liberté et d’ ordre véritable auquel soit parvenu un peuple européen. Jamais, nulle

645 uvre d’art nationale ! Voilà notre présent, digne d’ un grand passé. Mais il nous reste à voir qu’en défendant tout cela, n

646 fendons aussi un grand avenir. Peut-être l’avenir de l’Europe. La mission des Suisses Se défendre n’est pas suffisan

647 lutions actuelles que si elle croit à la grandeur de son avenir. Il est temps que les Suisses comprennent que leur État es

648 les Suisses comprennent que leur État est chargé d’ une mission, et que cette mission seule les rend indispensables aux au

649 seule les rend indispensables aux autres peuples de l’Europe. Quelle est donc la mission de la Suisse ? Le chef-d’œuvre q

650 s peuples de l’Europe. Quelle est donc la mission de la Suisse ? Le chef-d’œuvre que représente notre démocratie fédérativ

651 e a été préservée, jusqu’ici, ne nous faisons pas d’ illusions : c’est au titre de parc national des anciennes libertés civ

652 ne nous faisons pas d’illusions : c’est au titre de parc national des anciennes libertés civiques, partout ailleurs appri

653 onde ancien ne va pas devenir un germe ! Le germe d’ une Europe nouvelle, réconciliée avec elle-même et tolérante. Le noyau

654 réconciliée avec elle-même et tolérante. Le noyau d’ une Europe fédérée. Adaptons-nous à la nouvelle Europe ! disent nos jo

655 toutes nos coutumes y répugnent. Si nous refusons de devenir une colonie, il ne nous reste donc qu’une seule issue : faire

656 il ne nous reste donc qu’une seule issue : faire de notre statut fédératif les prémisses d’un monde nouveau. Non pas imit

657 e : faire de notre statut fédératif les prémisses d’ un monde nouveau. Non pas imiter, mais créer ! Non pas se résigner, ma

658 out tracé : nous avons à maintenir sur notre coin de terre une pratique exemplaire des libertés civiques. Jusqu’au jour où

659 civiques. Jusqu’au jour où les peuples satisfaits de leurs conquêtes viendront nous demander les secrets de notre paix. Ce

660 urs conquêtes viendront nous demander les secrets de notre paix. Cette mission est réalisable, elle n’est pas disproportio

661 onvient à notre taille. Mais on sait qu’il suffit d’ une graine, poussée dans une fissure à peine visible, pour qu’éclate u

662 sure à peine visible, pour qu’éclate un gros bloc de pierre. Gardons ce germe. Rendons-le fécond, ménageons-lui un terrain

663 cier. Cela doit signifier pratiquement : essayons de nous rendre dignes, par une discipline personnelle, de l’idéal de lib

664 us rendre dignes, par une discipline personnelle, de l’idéal de liberté, d’entraide et de sérieux civique, qui est la rais

665 ignes, par une discipline personnelle, de l’idéal de liberté, d’entraide et de sérieux civique, qui est la raison d’être d

666 ne discipline personnelle, de l’idéal de liberté, d’ entraide et de sérieux civique, qui est la raison d’être de la Suisse,

667 personnelle, de l’idéal de liberté, d’entraide et de sérieux civique, qui est la raison d’être de la Suisse, et qui l’illu

668 entraide et de sérieux civique, qui est la raison d’ être de la Suisse, et qui l’illustre aux yeux des autres peuples. M

669 e et de sérieux civique, qui est la raison d’être de la Suisse, et qui l’illustre aux yeux des autres peuples. Mais som

670 ux des autres peuples. Mais sommes-nous dignes de la Suisse ? Ici, les « réalistes » m’arrêteront. Ils me traiteront

671 les « réalistes » m’arrêteront. Ils me traiteront d’ idéaliste (c’est une injure dans certaines bouches). Ils me diront que

672 nes bouches). Ils me diront que la Suisse n’a pas de mission, et que la seule tâche sérieuse est de s’occuper du prix du l

673 as de mission, et que la seule tâche sérieuse est de s’occuper du prix du lait ou des barèmes d’exportation. Je ne méprise

674 e est de s’occuper du prix du lait ou des barèmes d’ exportation. Je ne méprise nullement les problèmes de ce genre. Je dis

675 xportation. Je ne méprise nullement les problèmes de ce genre. Je dis seulement qu’un véritable réalisme ne doit pas comme

676 s événements récents nous ont montré que la force d’ un peuple dépend de sa foi dans ses destinées, et de la conscience qu’

677 s nous ont montré que la force d’un peuple dépend de sa foi dans ses destinées, et de la conscience qu’il prend de sa miss

678 un peuple dépend de sa foi dans ses destinées, et de la conscience qu’il prend de sa mission. Le reste étant l’affaire des

679 ns ses destinées, et de la conscience qu’il prend de sa mission. Le reste étant l’affaire des techniciens. Soyons net : si

680 hniciens. Soyons net : si l’on ne veut pas parler d’ une mission de la Suisse, qu’on ne parle pas non plus de la défendre.

681 ns net : si l’on ne veut pas parler d’une mission de la Suisse, qu’on ne parle pas non plus de la défendre. Ce ne sont pa

682 mission de la Suisse, qu’on ne parle pas non plus de la défendre. Ce ne sont pas des capitaux, ou le confort moderne que

683 erdraient pas nécessairement si la Suisse cessait d’ être libre. Ce n’est pas pour nos paysages que nous nous ferons tuer :

684 nvahissait notre terre. Seule, la volonté résolue de sauver un idéal personnel et commun, et de maintenir des raisons d’êt

685 ésolue de sauver un idéal personnel et commun, et de maintenir des raisons d’être nationales, peut donner à un citoyen l’e

686 personnel et commun, et de maintenir des raisons d’ être nationales, peut donner à un citoyen l’esprit de résistance à tou

687 tre nationales, peut donner à un citoyen l’esprit de résistance à tout prix. Voilà la leçon de l’histoire contemporaine. V

688 ’esprit de résistance à tout prix. Voilà la leçon de l’histoire contemporaine. Voilà le véritable réaliste. Or cette volon

689 tenir que nous sommes tous conscients des raisons d’ être de la Suisse, et par là même imperméables aux propagandes étrangè

690 ue nous sommes tous conscients des raisons d’être de la Suisse, et par là même imperméables aux propagandes étrangères ? Q

691 re que nous sommes, dans l’ensemble, à la hauteur de la mission de la Suisse ? Ayons le courage d’avouer la vérité avant q

692 mmes, dans l’ensemble, à la hauteur de la mission de la Suisse ? Ayons le courage d’avouer la vérité avant qu’il soit trop

693 eur de la mission de la Suisse ? Ayons le courage d’ avouer la vérité avant qu’il soit trop tard pour réparer le mal. Dans

694 peuple suisse n’a guère le sens et la conscience de sa mission. Dans l’ensemble, il n’est guère « à la hauteur » de sa na

695 Dans l’ensemble, il n’est guère « à la hauteur » de sa nature sublime, de son histoire et de ses libertés tant vantées. U

696 ’est guère « à la hauteur » de sa nature sublime, de son histoire et de ses libertés tant vantées. Un siècle de matérialis

697 auteur » de sa nature sublime, de son histoire et de ses libertés tant vantées. Un siècle de matérialisme épais et inconsc

698 stoire et de ses libertés tant vantées. Un siècle de matérialisme épais et inconscient, dans toutes les classes, a détendu

699 a détendu bien des ressorts spirituels. Un siècle de confort et de sécurité trompeuse a endormi les énergies. Un siècle de

700 des ressorts spirituels. Un siècle de confort et de sécurité trompeuse a endormi les énergies. Un siècle de luttes partis

701 urité trompeuse a endormi les énergies. Un siècle de luttes partisanes, de petits calculs politiciens, de petit réalisme à

702 rmi les énergies. Un siècle de luttes partisanes, de petits calculs politiciens, de petit réalisme à courte vue, d’indiffé

703 luttes partisanes, de petits calculs politiciens, de petit réalisme à courte vue, d’indifférence religieuse affectée, et d

704 culs politiciens, de petit réalisme à courte vue, d’ indifférence religieuse affectée, et d’absence d’idéal viril, montre a

705 ourte vue, d’indifférence religieuse affectée, et d’ absence d’idéal viril, montre aujourd’hui ses effets menaçants pour le

706 d’indifférence religieuse affectée, et d’absence d’ idéal viril, montre aujourd’hui ses effets menaçants pour le moral de

707 re aujourd’hui ses effets menaçants pour le moral de la nation. On dit dans les discours : un pour tous, tous pour un. Mai

708 ntraire : chacun pour soi, l’État pour tous. Trop de Suisses en sont arrivés à ne prendre au sérieux que les questions mat

709 nous serons balayés, parce que nous n’aurons plus de raisons d’être, à nos yeux et aux yeux de l’Europe. Si cela dure, nou

710 balayés, parce que nous n’aurons plus de raisons d’ être, à nos yeux et aux yeux de l’Europe. Si cela dure, nous ne serons

711 . Si cela dure, nous ne serons même plus capables de nous défendre par les armes. Une Suisse armée et surarmée, mais sans

712 s. Une Suisse armée et surarmée, mais sans esprit de liberté et sans foi dans un idéal, c’est comme un obus sans fusée.

713 plus une question. Le Conseil fédéral et le chef de l’armée ont publié au mois de mai de cette année un document qui les

714 fédéral et le chef de l’armée ont publié au mois de mai de cette année un document qui les engage et nous engage sans dis

715 l et le chef de l’armée ont publié au mois de mai de cette année un document qui les engage et nous engage sans discussion

716 soldats, que ceux qui mettent en doute la volonté de résistance du gouvernement ou du commandement de l’armée sont traître

717 de résistance du gouvernement ou du commandement de l’armée sont traîtres au pays. Si le bruit se répand que nos autorité

718 t, il s’agira, selon les termes mêmes du message, de propagande ennemie et de sabotage. N’oublions jamais qu’un ordre de p

719 termes mêmes du message, de propagande ennemie et de sabotage. N’oublions jamais qu’un ordre de poser les armes donné par

720 mie et de sabotage. N’oublions jamais qu’un ordre de poser les armes donné par radio est incontrôlable, hautement suspect 

721 dre écrit peut être truqué ; que seul le message [ de ] mai fait loi, et que nous lui devons obéissance quoi qu’il arrive. F

722 ur, rien ne puisse ébranler notre moral, et créer de la confusion. Mais, quelle que soit la volonté de nos chefs, elle ne

723 de la confusion. Mais, quelle que soit la volonté de nos chefs, elle ne suffira pas si, à la base, elle n’est pas appuyée

724 elle n’est pas appuyée par l’unanimité des hommes de cœur, par l’initiative de tous ceux qui ont un commandement local, pa

725 l’unanimité des hommes de cœur, par l’initiative de tous ceux qui ont un commandement local, par l’action immédiate de to

726 ont un commandement local, par l’action immédiate de tous ceux qui ont leur tâche fixe, si minime soit-elle. Pour se défen

727 iner le poison partisan, et les causes séculaires de division du peuple. Elle doit se rénover dans son esprit, dans ses in

728 on esprit, dans ses institutions, dans son rythme d’ action. Elle doit se recréer et elle doit inventer, mais dans la ligne

729 recréer et elle doit inventer, mais dans la ligne de son idéal traditionnel. Je parle ici au nom des hommes qui ont été mo

730 e s’était rien passé. Nous exigeons, à l’occasion de notre retour, le « grand nettoyage du samedi » dans toutes les pièces

731 rand nettoyage du samedi » dans toutes les pièces de notre maison suisse. Mais attention ! Une solution n’est pas forcémen

732 s générations, afin de la détourner sur des voies de garage. On ne surmonte une révolution que par une autre révolution. N

733 ngères si nous essayons, avec beaucoup de retard, de les imiter. Nous ne nous sauverons que par une révolution « à la Suis

734 évolution « à la Suisse », conforme à notre amour de l’ordre humain et de la liberté, à nos traditions et à nos possibilit

735 se », conforme à notre amour de l’ordre humain et de la liberté, à nos traditions et à nos possibilités actuelles. Cette r

736 rte pas. Ce qui importe, c’est un changement réel d’ état d’esprit. Il sera réel s’il a des conséquences pratiques. La révo

737 que est essentiellement suisse, et que la mission de la Suisse consiste justement à l’illustrer, à la réaliser d’une maniè

738 e consiste justement à l’illustrer, à la réaliser d’ une manière exemplaire. Seul le fédéralisme bien compris échappe à la

739 es totalitaires et impérialistes. C’est le régime de l’avenir européen. Le fédéralisme bien compris n’est pas l’égoïsme de

740 . Le fédéralisme bien compris n’est pas l’égoïsme de la région isolée, mais la solidarité des régions autonomes. Il n’est

741 l est l’union dans la diversité. Tous ses défauts d’ application proviennent chez nous de ce que les uns oublient l’union (

742 s ses défauts d’application proviennent chez nous de ce que les uns oublient l’union (régionalistes), et les autres la div

743 , à nos méfiances. Ceux qui placent la discipline de leur parti au-dessus du bien commun de la fédération doivent être éca

744 discipline de leur parti au-dessus du bien commun de la fédération doivent être écartés des postes de commande, à tous les

745 de la fédération doivent être écartés des postes de commande, à tous les degrés. Les journaux qui perpétuent des polémiqu

746 rtisanes monotones, prolongées par la seule force de l’habitude, et hautement inopportunes à l’heure actuelle, doivent êtr

747 ter ensemble, et non séparément, avec les organes de l’État. Le développement du système coopératif dans les entreprises d

748 pement du système coopératif dans les entreprises de production doit devenir la base de la vitalité et de la résistance d’

749 es entreprises de production doit devenir la base de la vitalité et de la résistance d’une économie vraiment fédéraliste.

750 production doit devenir la base de la vitalité et de la résistance d’une économie vraiment fédéraliste. La réduction du no

751 evenir la base de la vitalité et de la résistance d’ une économie vraiment fédéraliste. La réduction du nombre des fonction

752 lors ils renoueront la tradition la plus ancienne de la Suisse : celle des communes des Waldstätten, qui créèrent notre Ét

753 ne affaire personnelle, mais la cellule organique d’ un ensemble, tant social qu’économique. Le seul moyen de sauvegarder l

754 nsemble, tant social qu’économique. Le seul moyen de sauvegarder l’initiative nécessaire du chef, c’est de renforcer le se

755 auvegarder l’initiative nécessaire du chef, c’est de renforcer le sens de sa responsabilité sociale. L’étatisme abusif est

756 ve nécessaire du chef, c’est de renforcer le sens de sa responsabilité sociale. L’étatisme abusif est toujours le résultat

757 ciale. L’étatisme abusif est toujours le résultat de l’égoïsme des chefs, tant patronaux que syndicaux. Un seul exemple il

758 ourd’hui, ce mois-ci, en présence d’une « épreuve de force » qui sera décisive pour le régime fédéraliste. Si elle parvien

759 e menace pour notre indépendance. Chaque occasion de travail créée et utilisée comblera une lacune dans notre défense nati

760 chômage à tout, prix ! » Je conjure les ouvriers de consentir à des réductions de salaire, si cela peut permettre de donn

761 onjure les ouvriers de consentir à des réductions de salaire, si cela peut permettre de donner du travail à leurs camarade

762 des réductions de salaire, si cela peut permettre de donner du travail à leurs camarades : il y va de la liberté des trava

763 de donner du travail à leurs camarades : il y va de la liberté des travailleurs. Je conjure les patrons de consentir une

764 liberté des travailleurs. Je conjure les patrons de consentir une réduction de leur profit, qui devra même être totale da

765 Je conjure les patrons de consentir une réduction de leur profit, qui devra même être totale dans certains cas, si cela pe

766 as, si cela peut éviter des débauchages : il y va de la liberté des entreprises. Je conjure les paysans de s’unir en coopé

767 a liberté des entreprises. Je conjure les paysans de s’unir en coopératives agricoles de production, sur le modèle des com

768 e les paysans de s’unir en coopératives agricoles de production, sur le modèle des communautés de la Suisse primitive, au

769 oles de production, sur le modèle des communautés de la Suisse primitive, au lieu de s’épuiser en concurrence mesquine et

770 s’épuiser en concurrence mesquine et en demandes de subventions. Je conjure les fonctionnaires de faire un effort maximum

771 des de subventions. Je conjure les fonctionnaires de faire un effort maximum d’humanité dans l’accomplissement de leur ser

772 ure les fonctionnaires de faire un effort maximum d’ humanité dans l’accomplissement de leur service ; chaque citoyen a le

773 effort maximum d’humanité dans l’accomplissement de leur service ; chaque citoyen a le droit d’être considéré comme un ca

774 ement de leur service ; chaque citoyen a le droit d’ être considéré comme un cas particulier. Je conjure nos gouvernants de

775 me un cas particulier. Je conjure nos gouvernants de gouverner, et de ne plus se contenter d’administrer. Je les conjure d

776 lier. Je conjure nos gouvernants de gouverner, et de ne plus se contenter d’administrer. Je les conjure de se retirer s’il

777 vernants de gouverner, et de ne plus se contenter d’ administrer. Je les conjure de se retirer s’ils ne se sentent plus la

778 e plus se contenter d’administrer. Je les conjure de se retirer s’ils ne se sentent plus la force d’innover : ils feront u

779 e de se retirer s’ils ne se sentent plus la force d’ innover : ils feront un acte de patriotisme, ils épargneront au pays d

780 tent plus la force d’innover : ils feront un acte de patriotisme, ils épargneront au pays des désordres autrement inévitab

781 amilles des soldats. Ce que la guerre sut obtenir de nous, il faut que la paix le maintienne, et le développe encore au ma

782 ou bien mourir ; ou bien donner un grand exemple de solidarité, ou bien se faire coloniser et disparaître sans honneur, a

783 et disparaître sans honneur, avec tout son trésor de libertés. Petit peuple chargé d’une grande mission : s’il la reconnaî

784 tout son trésor de libertés. Petit peuple chargé d’ une grande mission : s’il la reconnaît, il sauve son avenir, et crée d

785 : s’il la reconnaît, il sauve son avenir, et crée de l’espoir en Europe. S’il la néglige ou la trahit, il démissionne de s

786 ope. S’il la néglige ou la trahit, il démissionne de son indépendance. Que ceux qui, tranquillement, refusent cette démiss

787 un grand effort commun. Mais il vous rendra fiers d’ être hommes, et d’être Suisses. 1. Édition réalisée sur la base d’u

788 mmun. Mais il vous rendra fiers d’être hommes, et d’ être Suisses. 1. Édition réalisée sur la base d’un tapuscrit conser

789 ’être Suisses. 1. Édition réalisée sur la base d’ un tapuscrit conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de N

790 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 970. g. Il manque ici la page 5 du tapu

791 Blind alley of Europe (1941)k «  De quoi s’agit-il ? » avait coutume de dire le maréchal Foch. Posons-nou

792 (1941)k « De quoi s’agit-il ? » avait coutume de dire le maréchal Foch. Posons-nous la question pendant qu’il en est t

793 alité immédiate, où se perdent les grandes lignes de l’histoire. Les causes directes de la guerre sont le problème nationa

794 grandes lignes de l’histoire. Les causes directes de la guerre sont le problème national des minorités (Sudètes, Dantzig,

795 Sudètes, Dantzig, etc.) et le problème économique de la répartition des matières premières (pétrole, acier, blé, colonies,

796 cier, blé, colonies, etc.). La solution pacifique de ces questions ne pouvait être trouvée que dans le fédéralisme. L’Euro

797 ée que dans le fédéralisme. L’Europe ayant refusé de se fédérer, les totalitaires ont essayé d’imposer leur solution, qui

798 refusé de se fédérer, les totalitaires ont essayé d’ imposer leur solution, qui est l’unification forcée. Pour y parvenir,

799 et leurs pouvoirs, c’est-à-dire que du seul fait de leur déclarer la guerre, ils allaient forcer les démocraties à adopte

800 des méthodes totalitaires. Et cela n’a pas manqué de se produire : mobilisation de l’industrie et de la main-d’œuvre, plei

801 cela n’a pas manqué de se produire : mobilisation de l’industrie et de la main-d’œuvre, pleins pouvoirs politiques en Fran

802 é de se produire : mobilisation de l’industrie et de la main-d’œuvre, pleins pouvoirs politiques en France et en Angleterr

803 listes déclaraient impossible et funeste en temps de paix est devenu possible et désirable du seul fait de la guerre. Mais

804 aix est devenu possible et désirable du seul fait de la guerre. Mais les totalitaires ne sont pas en meilleure posture : a

805 les cadres nationaux, sapant ainsi les fondements de leur doctrine. Leur triomphe même les prive de l’avantage d’être les

806 ts de leur doctrine. Leur triomphe même les prive de l’avantage d’être les seuls États centralisés et capables de mener un

807 trine. Leur triomphe même les prive de l’avantage d’ être les seuls États centralisés et capables de mener une guerre ; d’a

808 ge d’être les seuls États centralisés et capables de mener une guerre ; d’autre part, il les prive de l’appui dynamique de

809 de mener une guerre ; d’autre part, il les prive de l’appui dynamique des revendications raciales et minoritaires. Ainsi,

810 valant à une défaite : ils détruisent la pratique de la démocratie chez leurs ennemis, mais ils détruisent aussi leur prop

811 ationaliste. Et plus la guerre dure, moins il y a de chances de restaurer soit cette pratique, soit cette mystique. Dès ma

812 . Et plus la guerre dure, moins il y a de chances de restaurer soit cette pratique, soit cette mystique. Dès maintenant, d

813 rgeois pourra redevenir la morale civique admise. De l’autre côté, l’annexion des Tchèques et des Polonais, ou certains tr

814 Tchèques et des Polonais, ou certains transferts de populations comme celui qui est train de s’opérer de Bessarabie en Lo

815 ansferts de populations comme celui qui est train de s’opérer de Bessarabie en Lorraine française, réduisent à néant les d

816 populations comme celui qui est train de s’opérer de Bessarabie en Lorraine française, réduisent à néant les dernières ill

817 e part, que peuvent espérer l’un et l’autre parti de leur victoire, s’ils l’obtiennent ? Et que peuvent souhaiter les peup

818 obtiennent ? Et que peuvent souhaiter les peuples de l’Europe actuellement soumis ou occupés ? 1. Hitler Sa force se

819 Hitler Sa force se nourrit des contradictions de l’Europe et des défauts de la démocratie. Il a compris, ou plutôt sen

820 rit des contradictions de l’Europe et des défauts de la démocratie. Il a compris, ou plutôt senti, qu’il y avait une contr

821 théories sur la justice sociale et notre pratique de la lutte des classes ; entre notre attachement au droit international

822 chement au droit international et notre politique de l’intérêt national. Il a manœuvré de façon à aggraver ces antagonisme

823 t à l’intérieur du Reich, c’est-à-dire en faisant de sa nation tout entière une classe prolétarienne. À l’individualisme i

824 intenable des démocraties, il a opposé l’exemple d’ une communauté militaire que beaucoup ont pris pour une vraie communau

825 sa combinaison instable et explosive des notions de classe et de nation, il a fait sauter les vieilles structures de l’Eu

826 on instable et explosive des notions de classe et de nation, il a fait sauter les vieilles structures de l’Europe, les vie

827 nation, il a fait sauter les vieilles structures de l’Europe, les vieilles barrières qui s’opposaient à l’union des peupl

828 en même temps, il détruit tous les germes vivants d’ une union future : valeurs universelles de culture, de droit, de raiso

829 vivants d’une union future : valeurs universelles de culture, de droit, de raison, de religion. Il a détruit les internati

830 e union future : valeurs universelles de culture, de droit, de raison, de religion. Il a détruit les internationales, mais

831 ture : valeurs universelles de culture, de droit, de raison, de religion. Il a détruit les internationales, mais il détrui

832 urs universelles de culture, de droit, de raison, de religion. Il a détruit les internationales, mais il détruit maintenan

833 , mais il détruit maintenant les bases nationales de sa mystique. Que reste-t-il du national-socialisme ? Un socialisme sa

834 e, un système purement technique et pénitentiaire de répartition du travail et des biens matériels. Cette machinerie sans

835 tait plus Paris… Car voici l’impuissance tragique de ce conquérant victorieux : tout ce qu’il veut saisir se change à son

836 u’il veut saisir se change à son approche — Midas de l’ère prolétarienne — en fer tordu, en pierraille lépreuse. Et telle

837 devant le sentiment, devant ce qui fait la valeur de la vie, et qui permet à la vie de durer. Qu’il fasse dix fois le tour

838 fait la valeur de la vie, et qui permet à la vie de durer. Qu’il fasse dix fois le tour du monde ! Il ne rencontrera jama

839 du néant mécanique. Quand il aura fait table rase de l’Europe et de ses traditions, ce magicien sera sans force, et son mo

840 que. Quand il aura fait table rase de l’Europe et de ses traditions, ce magicien sera sans force, et son mouvement mourra

841 e laisser porter, n’en retirera qu’un violent mal de mer. Pendant ce temps, heureusement pour nous tous, « Britannia rules

842 ais la guerre. Ne me parlez pas d’autres buts que de la gagner, c’est mon job. Cette simplification n’est qu’un sophisme.

843 ne s’intéressent qu’à la paix. Le meilleur moyen de perdre la guerre actuelle, c’est de n’avoir aucune autre idée que de

844 eilleur moyen de perdre la guerre actuelle, c’est de n’avoir aucune autre idée que de la gagner d’abord. Car c’est n’avoir

845 actuelle, c’est de n’avoir aucune autre idée que de la gagner d’abord. Car c’est n’avoir aucune idée de ce que peut signi

846 la gagner d’abord. Car c’est n’avoir aucune idée de ce que peut signifier humainement l’expression « gagner la guerre ».

847 ement l’expression « gagner la guerre ». La force de Churchill est ambiguë. Elle est faite d’une part de l’attachement de

848 Churchill est ambiguë. Elle est faite d’une part de l’attachement de la bourgeoisie à l’ordre ancien — déjà détruit dans

849 biguë. Elle est faite d’une part de l’attachement de la bourgeoisie à l’ordre ancien — déjà détruit dans ses assises par l

850 dans ses assises par la guerre — et d’autre part de l’attachement des peuples à certains espoirs que permettait l’ordre a

851 mettait l’ordre ancien, malgré lui. Le seul moyen de rendre ces espoirs dynamiques et efficaces, serait de les désolidaris

852 endre ces espoirs dynamiques et efficaces, serait de les désolidariser nettement de ce qui, dans l’ordre ancien, est déjà

853 efficaces, serait de les désolidariser nettement de ce qui, dans l’ordre ancien, est déjà condamné. Mais Churchill paraît

854 . Mais Churchill paraît redouter les conséquences de cette déclaration. Il voit mal, ou craint de voir, la réalisation de

855 nces de cette déclaration. Il voit mal, ou craint de voir, la réalisation de ces espoirs. C’est pourquoi il voit mal, ou r

856 n. Il voit mal, ou craint de voir, la réalisation de ces espoirs. C’est pourquoi il voit mal, ou refuse de montrer ce que

857 es espoirs. C’est pourquoi il voit mal, ou refuse de montrer ce que signifierait la victoire. D’où les erreurs de sa polit

858 efuse de montrer ce que signifierait la victoire. D’ où les erreurs de sa politique et l’inefficacité de sa propagande. Il

859 ce que signifierait la victoire. D’où les erreurs de sa politique et l’inefficacité de sa propagande. Il parle aux Italien

860 ’où les erreurs de sa politique et l’inefficacité de sa propagande. Il parle aux Italiens de leur roi, qui n’est plus rien

861 fficacité de sa propagande. Il parle aux Italiens de leur roi, qui n’est plus rien, de Mazzini et de Garibaldi, qu’ils ont

862 le aux Italiens de leur roi, qui n’est plus rien, de Mazzini et de Garibaldi, qu’ils ont oubliés, et il leur demande de re

863 s de leur roi, qui n’est plus rien, de Mazzini et de Garibaldi, qu’ils ont oubliés, et il leur demande de revenir à l’« or

864 Garibaldi, qu’ils ont oubliés, et il leur demande de revenir à l’« ordre » de 1919, qu’ils méprisent. Il n’ose pas leur di

865 liés, et il leur demande de revenir à l’« ordre » de 1919, qu’ils méprisent. Il n’ose pas leur dire franchement : vous ête

866 ranchement : vous êtes affamés et battus, le prix de la vie a augmenté chez vous de 42 %, l’Angleterre devient socialiste,

867 et battus, le prix de la vie a augmenté chez vous de 42 %, l’Angleterre devient socialiste, renversez-donc votre tyran et

868 eutralisation des forces, qui n’est pas un espoir de paix réelle. 3. Les peuples de l’Europe Je ne pense pas qu’il s

869 t pas un espoir de paix réelle. 3. Les peuples de l’Europe Je ne pense pas qu’il soit utile de multiplier les enquêt

870 s de l’Europe Je ne pense pas qu’il soit utile de multiplier les enquêtes pour savoir ce que pensent les peuples envahi

871 ahisseurs. Mais ils ne croient plus à la victoire de la « démocratie » telle qu’ils l’ont connue. Certes, la présence des

872 leur fait sentir durement ce qu’est la privation de liberté, mais ils ne peuvent plus lier leur espoir de liberté aux ins

873 iberté, mais ils ne peuvent plus lier leur espoir de liberté aux institutions parlementaires, à la lutte des partis, au je

874 erbal, à tout ce qui faisait naguère la substance de la vie politique dite démocratique. Le mot démocratie a perdu pour eu

875 e, elle a été avortée par la guerre et la défaite de son contenu d’espérance). Ils ne veulent plus d’un régime qui les a m

876 vortée par la guerre et la défaite de son contenu d’ espérance). Ils ne veulent plus d’un régime qui les a menés où ils en

877 de son contenu d’espérance). Ils ne veulent plus d’ un régime qui les a menés où ils en sont. Ils ne veulent pas davantage

878 les Anglais. Mais les Anglais ne seront capables de triompher militairement que si les peuples vaincus se soulèvent contr

879 ois, depuis des siècles, l’Europe ne possède plus d’ utopie vivante, de mythe du futur. En 1918, les peuples pouvaient rêve

880 ècles, l’Europe ne possède plus d’utopie vivante, de mythe du futur. En 1918, les peuples pouvaient rêver un avenir social

881 e. En 1941, on ne leur offre rien que du vieux ou de l’inhumain. Marxisme, capitalisme, internationales et nationalisme, o

882  : la confédération des cantons suisses ; au-delà de l’Europe, qu’un seul État qui représente un espoir de force libérale 

883 ’Europe, qu’un seul État qui représente un espoir de force libérale : la confédération des USA. Blind alley. Tout est remi

884 alley. Tout est remis en question. Dans les camps d’ internés et de démobilisés, en France, les hommes découvrent et discut

885 t remis en question. Dans les camps d’internés et de démobilisés, en France, les hommes découvrent et discutent les problè

886 adres nationaux craquent. Les idéologies meurent. De toutes ces négations, que pourrait-il sortir ? Un appel aux États-Uni

887 nt utilisable… k. Édition réalisée sur la base d’ un tapuscrit conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de N

888 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 901. Une note manuscrite indique : « Iné

889 alisme se confond aujourd’hui avec celle des buts de guerre. Elle n’est plus seulement un problème intérieur pour des État

890 ritannique et la Suisse, mais un problème mondial d’ extrême urgence. Jusqu’ici le fédéralisme n’était qu’un héritage tradi

891 rnative au totalitarisme, le seul avenir possible d’ un monde pacifié. De là les plans, plus ou moins vagues ou utopiques,

892 isme, le seul avenir possible d’un monde pacifié. De là les plans, plus ou moins vagues ou utopiques, proposés et soutenus

893 it (Union Now) et Coudenhove-Kalergi (Paneuropa). De là les souhaits réitérés par certains leaders politiques, chefs d’Égl

894 s réitérés par certains leaders politiques, chefs d’ Églises, ou directeurs de conscience de l’opinion publique. Il n’est p

895 eaders politiques, chefs d’Églises, ou directeurs de conscience de l’opinion publique. Il n’est pas jusqu’aux totalitaires

896 ues, chefs d’Églises, ou directeurs de conscience de l’opinion publique. Il n’est pas jusqu’aux totalitaires, staliniens o

897 ens ou hitlériens, qui n’aient parlé à l’occasion de fédération mondiale. En opposant dans les pages qui suivent le fédéra

898 pages qui suivent le fédéralisme traditionnel, né de nécessités historiques et géographiques, au fédéralisme utopique, né

899 ues et géographiques, au fédéralisme utopique, né de désirs moraux et d’idéologies pacifistes ou utilitaires, je n’ai pas

900 , au fédéralisme utopique, né de désirs moraux et d’ idéologies pacifistes ou utilitaires, je n’ai pas l’intention d’exalte

901 acifistes ou utilitaires, je n’ai pas l’intention d’ exalter le premier aux dépens du second. Je voudrais simplement tirer

902 ux dépens du second. Je voudrais simplement tirer de l’histoire certaines conclusions pratiques et théoriques faute desque

903 t théoriques faute desquelles nos meilleurs plans d’ avenir resteront ce qu’ils sont actuellement : de l’utopie. Enfin, com

904 d’avenir resteront ce qu’ils sont actuellement : de l’utopie. Enfin, comme Suisse, héritier de la plus ancienne tradition

905 ment : de l’utopie. Enfin, comme Suisse, héritier de la plus ancienne tradition fédéraliste — six siècles et demi cette an

906 ler qu’un certain empirisme est la condition même de tout effort fédérateur. L’exemple suisse est minuscule au regard des

907 on. Mais il est concluant. Il peut et doit servir d’ avertissement par ses échecs non moins que par ses réussites. Il repré

908 ience-témoin » opérée dans le concret et la durée de l’histoire. À tout le moins pourrons-nous en déduire ce qu’il ne faut

909 praxis ne peut rayonner et créer qu’avec l’appui d’ une theoria, à partir d’un certain moment. Ce moment est venu. Nous y

910 et créer qu’avec l’appui d’une theoria, à partir d’ un certain moment. Ce moment est venu. Nous y sommes. Dans la révoluti

911 efficace, voilà le principe tactique fondamental de notre siècle. Si aucune contre-propagande n’entre en action pour la n

912 tain rendement qui varie entre 5 % (dans les pays d’ opinion « libre ») et 98 % (d’autres pays). Il y a donc aujourd’hui po

913 onc aujourd’hui pour le fédéralisme une nécessité de s’exprimer, quand ce ne serait que pour se défendre. En même temps, u

914 fendre. En même temps, une possibilité se révèle, d’ élargissement continental et même mondial. Mais afin de nous mettre en

915 même mondial. Mais afin de nous mettre en mesure de prêcher le fédéralisme, il nous faut savoir d’où il vient, à quoi il

916 re de prêcher le fédéralisme, il nous faut savoir d’ où il vient, à quoi il tend, et quelle est son essence. Dans le temps,

917 cessité, et tend à nous y enfermer. Dans le monde de l’esprit, tout s’ouvre et se libère, devient grâce et devient nouveau

918 râce et devient nouveauté. L’action réelle, c’est de passer du monde de la nécessité à celui de la liberté. Cet acte seul

919 veauté. L’action réelle, c’est de passer du monde de la nécessité à celui de la liberté. Cet acte seul nous rend humains e

920 c’est de passer du monde de la nécessité à celui de la liberté. Cet acte seul nous rend humains et nous maintient à haute

921 eul nous rend humains et nous maintient à hauteur d’ homme. (Pas question de monter jusqu’à l’ange ; nous avons bien assez

922 t nous maintient à hauteur d’homme. (Pas question de monter jusqu’à l’ange ; nous avons bien assez à faire à ne point reto

923 a bête.) Ainsi pour le fédéralisme. Qu’il soit né de la géographie, c’est un fait dont il faut partir sous peine d’utopie

924 hie, c’est un fait dont il faut partir sous peine d’ utopie pernicieuse. Mais il faut en « partir » justement, si l’on veut

925 i l’on veut qu’il révèle son sens. Aucun fait n’a de sens en soi. L’esprit seul donne un sens aux données dans lesquelles

926 s artificiel, plus utopique, que le matérialisme, d’ où qu’il vienne. Cette doctrine n’est en fait qu’un ressentiment. Elle

927 n ressentiment. Elle naît toujours des déceptions de l’idéalisme et de ses lacunes. Elle est toujours une revanche des ins

928 le naît toujours des déceptions de l’idéalisme et de ses lacunes. Elle est toujours une revanche des instincts, une nostal

929 dans ce dernier cas, il est particulièrement aisé de les illustrer avec précision. La position géographique de la Suisse s

930 llustrer avec précision. La position géographique de la Suisse semble l’avoir prédestinée à un statut fédéraliste. Le comp

931 sée à celle qui règne normalement dans les landes de Prusse ou les steppes de l’Asie. Le fait géographique que le massif d

932 malement dans les landes de Prusse ou les steppes de l’Asie. Le fait géographique que le massif du Gothard est le seul poi

933 Gothard est le seul point où un seul col permette de traverser les Alpes suffit à expliquer ce grand fait historique : « l

934  l’immédiateté impériale » (c’est-à-dire le droit de ne rendre de comptes qu’au chef du Saint-Empire, et non pas aux seign

935 é impériale » (c’est-à-dire le droit de ne rendre de comptes qu’au chef du Saint-Empire, et non pas aux seigneurs locaux)

936 e la nature, qui se borne à leur fournir un point de fixation. C’est l’esprit des communes italiennes qui donne l’impulsio

937 uis, sur l’autre versant du Gothard, aux environs de 1291. En vérité, dès ce début, c’est la mission spéciale confiée aux

938 moitiés du Saint-Empire — qui définit l’existence de la Suisse et assure son indépendance. La nécessité de s’entraider et

939 a Suisse et assure son indépendance. La nécessité de s’entraider et le besoin d’indépendance des montagnards existaient au

940 endance. La nécessité de s’entraider et le besoin d’ indépendance des montagnards existaient aussi bien dans le reste des A

941 en dans le reste des Alpes : ce qui leur a permis de se réaliser en ce point très précis de l’espace et du temps, ce n’est

942 r a permis de se réaliser en ce point très précis de l’espace et du temps, ce n’est pas seulement le fait physique de l’ou

943 du temps, ce n’est pas seulement le fait physique de l’ouverture du col du Gothard, mais c’est aussi le fait sociologique

944 a l’idée et l’idéal du Saint-Empire, c’est-à-dire de l’Europe unie, dont il faut protéger le cœur. Toute l’histoire suisse

945 , illustre ce même équilibre entre les conditions de fait et les volontés de l’esprit. C’est une interminable interaction

946 ibre entre les conditions de fait et les volontés de l’esprit. C’est une interminable interaction de l’idéal et de la néce

947 s de l’esprit. C’est une interminable interaction de l’idéal et de la nécessité, de l’intérêt local et de l’intérêt commun

948 C’est une interminable interaction de l’idéal et de la nécessité, de l’intérêt local et de l’intérêt commun, de la petite

949 inable interaction de l’idéal et de la nécessité, de l’intérêt local et de l’intérêt commun, de la petite patrie et de l’E

950 l’idéal et de la nécessité, de l’intérêt local et de l’intérêt commun, de la petite patrie et de l’Empire. Peu à peu, le G

951 ssité, de l’intérêt local et de l’intérêt commun, de la petite patrie et de l’Empire. Peu à peu, le Gothard perdra son imp

952 al et de l’intérêt commun, de la petite patrie et de l’Empire. Peu à peu, le Gothard perdra son importance économique, mai

953 importance économique, mais il prendra la valeur d’ un symbole, et la mission des Suisses s’élargira. Peu à peu, de nouvea

954 et la mission des Suisses s’élargira. Peu à peu, de nouveaux cantons s’allieront aux communes du Gothard. Un réseau compl

955 ront aux communes du Gothard. Un réseau compliqué de pactes reliera les villes aux campagnes. Et chaque fois que l’un des

956 fois que l’un des cantons voudra prendre la tête de la Ligue, il trouvera tous les autres unis contre sa volonté d’hégémo

957 l trouvera tous les autres unis contre sa volonté d’ hégémonie. Ainsi jusqu’à la fin du xv e siècle. À ce moment, la puissa

958 viendront tenter les Suisses, « premiers soldats de l’Europe ». L’Italie s’ouvre à eux, la Souabe et la Bourgogne… Vont-i

959 gogne… Vont-ils faillir à leur mission ? La Garde de l’Europe sera-t-elle un coup d’État, et trahissant l’Empire, deviendr

960 ission ? La Garde de l’Europe sera-t-elle un coup d’ État, et trahissant l’Empire, deviendra-t-elle impérialiste pour son c

961 Les historiens modernes accusent parfois Zwingli d’ avoir brisé l’essor guerrier des Suisses, leur élan vers la mer et l’a

962 e pouvait être gouverné par les cantons dépourvus de pouvoir central. Ou bien ce pouvoir central aurait dû être improvisé,

963 ral aurait dû être improvisé, et c’eût été la fin de notre fédéralisme ; ou bien les provinces annexées auraient pris une

964 s en deux camps religieux eut au moins pour effet de tuer en germe l’ambition centralisatrice, chez ceux-là mêmes qui deva

965 ois, citoyens des deux villes les plus puissantes de la Ligue. Dès lors, la Suisse est ramenée à sa mission exceptionnelle

966 x appuis étrangers, et c’est le nouveau fondement de notre neutralité. Ils accommodent leurs exigences aux nécessités de l

967 é. Ils accommodent leurs exigences aux nécessités de l’union, et c’est le nouveau fondement de notre fédéralisme. Ainsi l’

968 essités de l’union, et c’est le nouveau fondement de notre fédéralisme. Ainsi l’on a passé progressivement d’une alliance

969 e fédéralisme. Ainsi l’on a passé progressivement d’ une alliance avant tout nécessaire à une alliance beaucoup plus spirit

970 du xviii e siècle, la Confédération sera capable d’ intégrer et des races et des langues nouvelles : c’est ce qui se produ

971 t du siècle suivant. Par le rattachement sur pied d’ égalité des cantons italiens et romands. Notre fédéralisme actuel ne d

972 . Notre fédéralisme actuel ne date légalement que de 1848, et ce n’est même qu’à partir de 1919 que son statut légal a pri

973 partir de 1919 que son statut légal a pris force de vie. (Quand le « fossé » entre Suisses allemands et français eût été

974 nçais eût été comblé.) Nous sommes donc au sommet de notre histoire, si l’on admet que le sens de cette histoire est de cr

975 mmet de notre histoire, si l’on admet que le sens de cette histoire est de créer et d’illustrer la réalité fédérale. Cepen

976 , si l’on admet que le sens de cette histoire est de créer et d’illustrer la réalité fédérale. Cependant, de nouveaux prob

977 met que le sens de cette histoire est de créer et d’ illustrer la réalité fédérale. Cependant, de nouveaux problèmes, et de

978 er et d’illustrer la réalité fédérale. Cependant, de nouveaux problèmes, et des plus graves, sollicitent un progrès nouvea

979 utres plans. La Suisse, moins que tout autre pays d’ Europe, peut rêver d’autarchie. Elle ne produit pas de matières premiè

980 e, moins que tout autre pays d’Europe, peut rêver d’ autarchie. Elle ne produit pas de matières premières, et dépend entièr

981 rope, peut rêver d’autarchie. Elle ne produit pas de matières premières, et dépend entièrement du complexe industriel des

982 choses — qui n’est qu’une traduction automatique de la faiblesse des hommes — fait aujourd’hui de la politique traditionn

983 que de la faiblesse des hommes — fait aujourd’hui de la politique traditionnelle du fédéralisme helvétique une sorte de pr

984 raditionnelle du fédéralisme helvétique une sorte de programme et même de manifeste nettement antitotalitaire. Par la forc

985 ralisme helvétique une sorte de programme et même de manifeste nettement antitotalitaire. Par la force des choses, l’union

986 itaire. Par la force des choses, l’union paisible de deux religions, de quatre langues, de 22 républiques, et de je ne sai

987 e des choses, l’union paisible de deux religions, de quatre langues, de 22 républiques, et de je ne sais combien de races

988 on paisible de deux religions, de quatre langues, de 22 républiques, et de je ne sais combien de races en un État qui les

989 ligions, de quatre langues, de 22 républiques, et de je ne sais combien de races en un État qui les respecte, cette union

990 gues, de 22 républiques, et de je ne sais combien de races en un État qui les respecte, cette union prend l’allure à la fo

991 es respecte, cette union prend l’allure à la fois d’ un antiracisme déclaré et d’un antinationalisme. Par la force des chos

992 nd l’allure à la fois d’un antiracisme déclaré et d’ un antinationalisme. Par la force des choses, la pratique séculaire et

993 des choses, la pratique séculaire et instructive d’ une méthode d’arrangements empiriques, c’est-à-dire non rationalistes,

994 a pratique séculaire et instructive d’une méthode d’ arrangements empiriques, c’est-à-dire non rationalistes, prend l’allur

995 s, c’est-à-dire non rationalistes, prend l’allure d’ un antijacobinisme, ou d’un antimarxisme. Par la force des choses enfi

996 nalistes, prend l’allure d’un antijacobinisme, ou d’ un antimarxisme. Par la force des choses enfin, la préférence accordée

997 r les Suisses à la coutume sur la loi ; leur goût d’ utiliser ce qui existe plutôt que de décréter sur table rase ; leur re

998 i ; leur goût d’utiliser ce qui existe plutôt que de décréter sur table rase ; leur refus d’opposer pathétiquement la trad

999 lutôt que de décréter sur table rase ; leur refus d’ opposer pathétiquement la tradition et le progrès, tout cela prend l’a

1000 tradition et le progrès, tout cela prend l’allure d’ une réaction contre les « mystiques » et les mythes, apparemment contr

1001 ues » et les mythes, apparemment contradictoires, de la révolution européenne.19 L’instinct contrecarré devient conscienc

1002 n par une propagande agressive se voit contrainte de développer pour sa défense une théorie. Nous vivons ce moment de l’hi

1003 our sa défense une théorie. Nous vivons ce moment de l’histoire où le fédéralisme, s’il veut durer, doit devenir à son tou

1004 rise : ou se nier, ou triompher, mais sur le plan de l’Europe entière, puis du globe. Le grand danger de l’heure présente,

1005 l’Europe entière, puis du globe. Le grand danger de l’heure présente, pour la Suisse, je le vois dans ce fait qu’elle doi

1006 mieux. Elle s’expose à son risque maximum : celui de décoller de ses bases concrètes, perdant ainsi en force originelle ce

1007 s’expose à son risque maximum : celui de décoller de ses bases concrètes, perdant ainsi en force originelle ce qu’elle pou

1008 iginelle ce qu’elle pourrait gagner en conscience de ses fins. De même pour le fédéralisme européen. Un sentiment commun s

1009 ent commun se formait peu à peu, depuis la guerre de 1914-1918. La SDN fut l’un de ses symptômes, bien faible encore. L’id

1010 u, depuis la guerre de 1914-1918. La SDN fut l’un de ses symptômes, bien faible encore. L’idée d’un réseau de pactes bilat

1011 l’un de ses symptômes, bien faible encore. L’idée d’ un réseau de pactes bilatéraux, ou à trois, ou à quatre, en fut un aut

1012 symptômes, bien faible encore. L’idée d’un réseau de pactes bilatéraux, ou à trois, ou à quatre, en fut un autre. Dans les

1013 nt fédéraliste fut promptement détourné au profit de politiques d’hégémonie. Toutefois ce sentiment ne cessait pas de croî

1014 fut promptement détourné au profit de politiques d’ hégémonie. Toutefois ce sentiment ne cessait pas de croître et de se r

1015 ’hégémonie. Toutefois ce sentiment ne cessait pas de croître et de se renforcer dans la plupart des peuples. La guerre act

1016 utefois ce sentiment ne cessait pas de croître et de se renforcer dans la plupart des peuples. La guerre actuelle est venu

1017 enue le fouetter. Brusquement la question se pose de fédérer l’Europe dès la paix rétablie. Mais parce qu’elle se pose bru

1018 is parce qu’elle se pose brusquement, elle risque d’ être mal posée. J’entends qu’elle risque de ne susciter que des plans

1019 risque d’être mal posée. J’entends qu’elle risque de ne susciter que des plans rationnels et des systèmes. Or tout système

1020 tion. Le fédéralisme réel est le contraire absolu d’ un système, toujours conçu par un cerveau et à partir d’une seule idée

1021 ystème, toujours conçu par un cerveau et à partir d’ une seule idée, d’un centre abstrait. Je définirais même le fédéralism

1022 onçu par un cerveau et à partir d’une seule idée, d’ un centre abstrait. Je définirais même le fédéralisme comme un refus c

1023 fédéralisme comme un refus constant et instinctif de recourir aux solutions systématiques. Ceci ne signifie pas d’ailleurs

1024 leurs que la fédération mondiale puisse se passer d’ une philosophie de la cité, laquelle suppose nécessairement une certai

1025 ation mondiale puisse se passer d’une philosophie de la cité, laquelle suppose nécessairement une certaine définition de l

1026 le suppose nécessairement une certaine définition de l’homme et de son destin, terrestre ou divin. Essayons d’en esquisser

1027 essairement une certaine définition de l’homme et de son destin, terrestre ou divin. Essayons d’en esquisser les bases.

1028 me et de son destin, terrestre ou divin. Essayons d’ en esquisser les bases. III Aujourd’hui apparaît au concret le p

1029 apparaît au concret le problème, ou la nécessité d’ une philosophie fédéraliste. Car lorsqu’il s’agit de prévoir, l’empiri

1030 une philosophie fédéraliste. Car lorsqu’il s’agit de prévoir, l’empirisme reste nécessaire, mais n’est plus suffisant. La

1031 ir ; et le premier horizon qu’il nous soit permis d’ embrasser, à nous les Suisses, c’est celui de l’Europe entière, non te

1032 rmis d’embrasser, à nous les Suisses, c’est celui de l’Europe entière, non tel groupe de puissances voisines. Or l’Europe

1033 , c’est celui de l’Europe entière, non tel groupe de puissances voisines. Or l’Europe est un idéal, une civilisation et un

1034 er que si nous lui donnons pour fin la fédération de l’Occident. Et celle-ci ne pourra prendre forme qu’au sein d’une fédé

1035 ne conception universaliste et concrète du destin de l’homme. Promouvoir une fédération, ce n’est pas créer un nouvel ordr

1036 st pas créer un nouvel ordre systématique, simple de lignes, clair et satisfaisant pour la logique. Fédérer, c’est tout si

1037 emble des réalités concrètes. Pour être en mesure de comprendre vraiment la véritable alternative politique de notre temps

1038 endre vraiment la véritable alternative politique de notre temps — totalitarisme ou fédéralisme (et non point gauche ou dr

1039 i existe entre « faire le l’ordre » sur une table de travail et « arranger » des papiers. Il arrive que ma femme de ménage

1040 « arranger » des papiers. Il arrive que ma femme de ménage fasse de l’ordre à son idée dans mon bureau : c’est une petite

1041 s papiers. Il arrive que ma femme de ménage fasse de l’ordre à son idée dans mon bureau : c’est une petite catastrophe tot

1042 ur moi, quand j’arrange mes feuilles en une série de liasses ou d’éventails, je ne tiens pas compte de leur format ou de l

1043 j’arrange mes feuilles en une série de liasses ou d’ éventails, je ne tiens pas compte de leur format ou de leur couleur, m

1044 de liasses ou d’éventails, je ne tiens pas compte de leur format ou de leur couleur, mais de ce que j’ai écrit dessus. Et

1045 entails, je ne tiens pas compte de leur format ou de leur couleur, mais de ce que j’ai écrit dessus. Et c’est pourquoi je

1046 as compte de leur format ou de leur couleur, mais de ce que j’ai écrit dessus. Et c’est pourquoi je m’y retrouve avec aisa

1047 conforme au sens et aux qualités propres à chacun de ces feuillets, conforme aussi à mon usage pratique ; tenant compte de

1048 i à mon usage pratique ; tenant compte des uns et de l’autre, dans une mesure que je ne songe pas définir, mais que m’indi

1049 entends l’œuvre que j’ai en train. (Il n’y a pas de petits exemples pour qui sait lire le réel dans le texte original, et

1050 éel dans le texte original, et ne se contente pas de résumés traduits.) Prenons maintenant l’exemple de la fédération suis

1051 e résumés traduits.) Prenons maintenant l’exemple de la fédération suisse. En vérité ce ne sont ni les idées qui ont « ins

1052 nature qui l’a « dicté » ; mais ce statut est né de l’arrangement tout empirique de réalités très diverses, voire même tr

1053 ce statut est né de l’arrangement tout empirique de réalités très diverses, voire même très hétéroclites : la nature comp

1054 nt des communes italiennes, l’instinct germanique de la liberté armée, la rivalité entre l’empereur et les grands vassaux,

1055 e plus ou moins consciemment dans le pacte fameux de 1291, qui fonde officiellement la Confédération. Cette confédération

1056 l’avons vue s’accroître organiquement par un jeu d’ alliances très complexes, qui se chevauchent sans jamais se recouvrir

1057 rimitif des cantons forestiers s’allie aux villes de Lucerne et Zurich ; puis conquiert avec l’aide de Zurich les pays de

1058 de Lucerne et Zurich ; puis conquiert avec l’aide de Zurich les pays de Glaris et de Zoug ; puis les libère et s’allie ave

1059 h ; puis conquiert avec l’aide de Zurich les pays de Glaris et de Zoug ; puis les libère et s’allie avec eux ; puis s’alli

1060 uiert avec l’aide de Zurich les pays de Glaris et de Zoug ; puis les libère et s’allie avec eux ; puis s’allie avec Berne,

1061 dant des siècles, la Confédération n’a donc point de centre légal, de capitale, ni de constitution. Elle ne connaît et ne

1062 la Confédération n’a donc point de centre légal, de capitale, ni de constitution. Elle ne connaît et ne tolère nulle hégé

1063 n n’a donc point de centre légal, de capitale, ni de constitution. Elle ne connaît et ne tolère nulle hégémonie dans son s

1064 réunit comme spontanément, ici ou là, et n’a pas de pouvoirs bien définis, mais seulement une autorité, souvent décisive

1065 ns se trouvent appartenir à deux ou trois réseaux d’ alliances, lesquelles ne sont pas toujours réciproques dans toutes leu

1066 iproques dans toutes leurs obligations. (Comme si de nos jours, deux pays concluaient un pacte qui pour l’un serait d’assi

1067 ux pays concluaient un pacte qui pour l’un serait d’ assistance obligatoire, pour l’autre seulement de non-agression.) D’où

1068 d’assistance obligatoire, pour l’autre seulement de non-agression.) D’où vient que cette fédération ait triomphé de toute

1069 atoire, pour l’autre seulement de non-agression.) D’ où vient que cette fédération ait triomphé de toutes les crises d’une

1070 on.) D’où vient que cette fédération ait triomphé de toutes les crises d’une histoire violente et complexe ? Le secret de

1071 ette fédération ait triomphé de toutes les crises d’ une histoire violente et complexe ? Le secret de sa force est à peine

1072 s d’une histoire violente et complexe ? Le secret de sa force est à peine formulable : il est de l’ordre du sentiment. Oui

1073 ecret de sa force est à peine formulable : il est de l’ordre du sentiment. Oui, ce n’est guère qu’un sentiment communautai

1074 sque de se voir discuté ; à partir de 1848 — date de notre première constitution centrale — et surtout à partir de 1941. L

1075 à partir de 1941. Le premier enseignement négatif de notre petite expérience, nous venons de le voir : c’est qu’il faut re

1076 me pour promouvoir une fédération. Il faut partir d’ une connaissance aussi intime que possible des diversités nationales,

1077 intime que possible des diversités nationales, et de leurs aspects les plus originaux. On ne fédère pas des ressemblances

1078 ement négatif, c’est qu’il faut renoncer à l’idée d’ une hégémonie éducatrice et organisatrice de la future fédération. Be

1079 ’idée d’une hégémonie éducatrice et organisatrice de la future fédération. Beaucoup de gens s’imaginent que l’Europe ne p

1080 ue l’Europe ne peut être fédérée que par l’action d’ une grande puissance. Ce fut l’idée de Napoléon. C’est peut-être l’idé

1081 ar l’action d’une grande puissance. Ce fut l’idée de Napoléon. C’est peut-être l’idée d’Hitler. C’est aussi celle de certa

1082 Ce fut l’idée de Napoléon. C’est peut-être l’idée d’ Hitler. C’est aussi celle de certains neutres admirateurs de l’Anglete

1083 ’est peut-être l’idée d’Hitler. C’est aussi celle de certains neutres admirateurs de l’Angleterre, et je le pressens, de U

1084 C’est aussi celle de certains neutres admirateurs de l’Angleterre, et je le pressens, de Union Now. Ici, la Suisse peut di

1085 s admirateurs de l’Angleterre, et je le pressens, de Union Now. Ici, la Suisse peut dire : regardez-moi ! Je n’ai réussi à

1086 jetée entre les USA et l’Angleterre soit le germe d’ une fédération, il est certain que ce germe sera tué si l’un de ces Ét

1087 ion, il est certain que ce germe sera tué si l’un de ces États, ou tous les deux ensemble, conçoivent la fédération mondia

1088 raient la tête. C’est le renoncement à toute idée d’ hégémonie qui est créateur de la fédération. Introduisons ici une noti

1089 ncement à toute idée d’hégémonie qui est créateur de la fédération. Introduisons ici une notion nouvelle : le paradoxe ess

1090 ntiel du fédéralisme, qui est la prise au sérieux de l’expression s’unir dans la diversité. Les systèmes unitaires ou tota

1091 ont faciles à concevoir et à réaliser : il suffit de dompter l’opposition. Mais le fédéralisme implique la vitalité d’un g

1092 osition. Mais le fédéralisme implique la vitalité d’ un grand nombre d’éléments opposés, et leur harmonisation. C’est là to

1093 édéralisme implique la vitalité d’un grand nombre d’ éléments opposés, et leur harmonisation. C’est là tout le problème. Le

1094 oblème. Le mot « fédéralisme », en Suisse, a pris de nos jours, chez les conservateurs, le sens restreint et inexact d’aut

1095 z les conservateurs, le sens restreint et inexact d’ autonomie de la région ou du canton, et d’opposition systématique au c

1096 vateurs, le sens restreint et inexact d’autonomie de la région ou du canton, et d’opposition systématique au centre. Être

1097 inexact d’autonomie de la région ou du canton, et d’ opposition systématique au centre. Être « fédéraliste », en Suisse fra

1098 par principe tout ce qui vient de Berne, capitale de la fédération. Cela revient à une sorte de nationalisme local. Au con

1099 pitale de la fédération. Cela revient à une sorte de nationalisme local. Au contraire, le mot allemand qui correspond à fé

1100 ement sur l’union centrale. Or quand nous parlons de fédéralisme, nous devons entendre à la fois l’union et l’autonomie de

1101 is un pour tous et tous pour un, les deux membres de notre vieille devise helvétique. IV Le fédéralisme est une édu

1102 l est véritablement personnaliste. La philosophie de la personne est à mon sens la seule philosophie acceptable pour le fé

1103 a fois autonome et solidaire, à la fois conscient de sa vocation unique et des implications sociales de cette vocation. Le

1104 e sa vocation unique et des implications sociales de cette vocation. Le personnalisme n’est pas une moyenne, un « parti du

1105 bides. Quand l’homme oublie qu’il est responsable de sa vocation devant la communauté, il devient individualiste. Quand il

1106 vidualiste. Quand il oublie qu’il est responsable de sa vocation devant Dieu et devant lui-même, il devient collectiviste.

1107 sques et abstraits, sur lesquels l’homme n’a plus de prises, et qui n’ont plus d’autre moteur que l’inhumaine « force les

1108 els l’homme n’a plus de prises, et qui n’ont plus d’ autre moteur que l’inhumaine « force les choses ». La méthode, ou mieu

1109 doit normalement sacrifier à l’ensemble une part de ses prérogatives, si elle veut rester en mesure d’exercer concrètemen

1110 e ses prérogatives, si elle veut rester en mesure d’ exercer concrètement sa vocation. Mais d’autre part, elle sait aussi q

1111 ussi que l’ensemble — ou le pouvoir central — n’a d’ autre fin que de sauvegarder les libertés individuelles, par où j’ente

1112 ble — ou le pouvoir central — n’a d’autre fin que de sauvegarder les libertés individuelles, par où j’entends l’exercice l

1113 cice libre des vocations. Pour la personne, point de contradiction de principe entre ces deux nécessités vitales : central

1114 cations. Pour la personne, point de contradiction de principe entre ces deux nécessités vitales : centralisation et autono

1115 utonomie. Reste à résoudre la difficulté pratique de leur dosage dans les institutions. À cet égard, le mouvement personna

1116 uvement personnaliste français (surtout le groupe de l’Ordre nouveau) me paraît avoir indiqué la seule méthode praticable.

1117 la seule méthode praticable. Il s’agit selon lui de reconnaître par une enquête technique, en tous domaines, quelles sont

1118 est alors celle-ci : centraliser tout ce qui est de l’ordre du travail « indifférencié » ou parcellaire, afin de permettr

1119 qualifiées. L’Ordre nouveau proposait par exemple d’ instituer un service civil industriel de quelques mois, assurant à cha

1120 r exemple d’instituer un service civil industriel de quelques mois, assurant à chaque entreprise libre une main-d’œuvre à

1121 se libre une main-d’œuvre à bas prix ou gratuite. D’ où la possibilité de supprimer la condition prolétarienne ; la suppres

1122 œuvre à bas prix ou gratuite. D’où la possibilité de supprimer la condition prolétarienne ; la suppression du chômage péri

1123 mage périodique et technologique ; la possibilité d’ adapter la production à la consommation sans créer de troubles sociaux

1124 dapter la production à la consommation sans créer de troubles sociaux ou de nomadisme ; et une éducation sociale et morale

1125 la consommation sans créer de troubles sociaux ou de nomadisme ; et une éducation sociale et morale des participants (anal

1126 Suisse). Je ne puis indiquer ici que le principe de cette solution. Mais cela suffit à faire voir comment une attitude pe

1127 nt dans tous les plans — et jusque dans le détail de la « pratique » — par un dépassement des vieux conflits. Au lieu de l

1128 le personnaliste envisage la recherche en commun d’ un arrangement technique orienté par une conscience vigilante des buts

1129 té par une conscience vigilante des buts derniers de toute fédération. Faute d’une conscience claire de ces buts, les mesu

1130 ante des buts derniers de toute fédération. Faute d’ une conscience claire de ces buts, les mesures pratiques que l’on pren

1131 e toute fédération. Faute d’une conscience claire de ces buts, les mesures pratiques que l’on prendra seront toujours, de

1132 sures pratiques que l’on prendra seront toujours, de fait, antifédéralistes. V Le troisième enseignement négatif que

1133 isième enseignement négatif que nous devons tirer de l’expérience suisse est d’un ordre plus quotidien et intime. Le morce

1134 que nous devons tirer de l’expérience suisse est d’ un ordre plus quotidien et intime. Le morcellement d’un pays — ou dema

1135 n ordre plus quotidien et intime. Le morcellement d’ un pays — ou demain de l’Europe et du monde — en régions autonomes et

1136 et intime. Le morcellement d’un pays — ou demain de l’Europe et du monde — en régions autonomes et de faible étendue, a p

1137 de l’Europe et du monde — en régions autonomes et de faible étendue, a pour avantage d’écarter toute possibilité d’impéria

1138 s autonomes et de faible étendue, a pour avantage d’ écarter toute possibilité d’impérialisme, tout gigantisme inhumain, to

1139 ndue, a pour avantage d’écarter toute possibilité d’ impérialisme, tout gigantisme inhumain, tout délire de puissance. Mais

1140 périalisme, tout gigantisme inhumain, tout délire de puissance. Mais il peut avoir pour inconvénient de restreindre les ho

1141 e puissance. Mais il peut avoir pour inconvénient de restreindre les horizons, et de créer une certaine médiocrité d’espri

1142 pour inconvénient de restreindre les horizons, et de créer une certaine médiocrité d’esprit, rançon de la grandeur matérie

1143 les horizons, et de créer une certaine médiocrité d’ esprit, rançon de la grandeur matérielle sacrifiée. Nous sommes ici en

1144 de créer une certaine médiocrité d’esprit, rançon de la grandeur matérielle sacrifiée. Nous sommes ici en présence d’une m

1145 dité intellectuelle, méfiance à l’égard du voisin de langue ou de confession, crainte perpétuelle d’être majorisé. Notons

1146 tuelle, méfiance à l’égard du voisin de langue ou de confession, crainte perpétuelle d’être majorisé. Notons que cette mal

1147 n de langue ou de confession, crainte perpétuelle d’ être majorisé. Notons que cette maladie a fait son apparition en Suiss

1148 orme, au lieu qu’auparavant chacun faisait partie de plusieurs réseaux d’alliances superposées. Ainsi chacun s’est refermé

1149 ravant chacun faisait partie de plusieurs réseaux d’ alliances superposées. Ainsi chacun s’est refermé sur soi, tendant à u

1150 st refermé sur soi, tendant à une espèce boiteuse d’ autarcie. Chacun s’est trouvé isolé en présence de tous les autres. D’

1151 ’est trouvé isolé en présence de tous les autres. D’ où sa timidité déguisée en prudence et tolérance, par gain de paix ou

1152 idité déguisée en prudence et tolérance, par gain de paix ou par faiblesse. D’où sa crainte de s’affirmer trop nettement d

1153 et tolérance, par gain de paix ou par faiblesse. D’ où sa crainte de s’affirmer trop nettement différent. D’où finalement

1154 ar gain de paix ou par faiblesse. D’où sa crainte de s’affirmer trop nettement différent. D’où finalement l’espèce de gêne

1155 a crainte de s’affirmer trop nettement différent. D’ où finalement l’espèce de gêne morale, puis d’intolérance sourde et la

1156 rop nettement différent. D’où finalement l’espèce de gêne morale, puis d’intolérance sourde et larvée qui paralyse les esp

1157 nt. D’où finalement l’espèce de gêne morale, puis d’ intolérance sourde et larvée qui paralyse les esprits « trop » entrepr

1158 ts. Pour prévenir cette maladie, il est essentiel d’ insister sur le caractère non systématique et non unitaire du fédérali

1159 composent, gardent le droit, le souci et le goût de se rattacher à plusieurs organismes supra-régionaux. Je préciserai pa

1160 e, et c’est par là seulement qu’ils sont citoyens de l’État suisse ; religieusement à une Église dont les frontières sont

1161 t les frontières sont bien plus vastes que celles de l’État ; intellectuellement, à l’une des grandes cultures voisines ;

1162 plusieurs grandes dimensions, au-delà des limites de leur canton natal, et sans nul détriment pour ce dernier, bien au con

1163 que sous la forme du Kantönligeist, c’est-à-dire d’ un patriotisme autarcique et totalitaire en miniature ; ceux qui veule

1164 totalitaire en miniature ; ceux qui veulent être de leur canton d’abord ou uniquement, et appellent cela « fédéralisme »,

1165 ruinent le principe même dont ils forment le nom de leur parti. La formule de la tyrannie maxima est celle de l’État qui

1166 dont ils forment le nom de leur parti. La formule de la tyrannie maxima est celle de l’État qui prétend que ses frontières

1167 parti. La formule de la tyrannie maxima est celle de l’État qui prétend que ses frontières douanières et politiques soient

1168 anières et politiques soient en même temps celles de la religion des citoyens, de leur culture, de leur honneur, de leur a

1169 en même temps celles de la religion des citoyens, de leur culture, de leur honneur, de leur amour… sinon de leur avidité.

1170 les de la religion des citoyens, de leur culture, de leur honneur, de leur amour… sinon de leur avidité. C’est la formule

1171 n des citoyens, de leur culture, de leur honneur, de leur amour… sinon de leur avidité. C’est la formule même du totalitar

1172 ur culture, de leur honneur, de leur amour… sinon de leur avidité. C’est la formule même du totalitarisme. Construire la f

1173 velopper tout d’abord, et affirmer, une pluralité d’ organismes déjà existants, religieux, culturels, linguistiques, idéolo

1174 ues ou économiques, à condition qu’ils aient ceci de commun : l’œcuménicité, la volonté de relativiser les frontières poli

1175 aient ceci de commun : l’œcuménicité, la volonté de relativiser les frontières politiques. (Nul besoin d’abolir celles-ci

1176 elativiser les frontières politiques. (Nul besoin d’ abolir celles-ci, comme le voulaient les Internationales : si l’on gar

1177 ient les Internationales : si l’on garde le droit de les déborder dans plusieurs domaines, elles gardent aussi leur légiti

1178 l » plus apte qu’aucun autre à préparer les bases de la fédération. C’est le charisme de la Suisse que de produire des hom

1179 rer les bases de la fédération. C’est le charisme de la Suisse que de produire des hommes dont la fonction est avant tout

1180 la fédération. C’est le charisme de la Suisse que de produire des hommes dont la fonction est avant tout de connaître l’Eu

1181 oduire des hommes dont la fonction est avant tout de connaître l’Europe et le monde : juges et négociateurs d’accords inte

1182 ître l’Europe et le monde : juges et négociateurs d’ accords internationaux, cosmopolites ou Suisses de l’étranger (il y a

1183 d’accords internationaux, cosmopolites ou Suisses de l’étranger (il y a aujourd’hui 5 millions de citoyens suisses, dont 5

1184 sses de l’étranger (il y a aujourd’hui 5 millions de citoyens suisses, dont 500 000 habitent à l’étranger), directeurs d’u

1185 , dont 500 000 habitent à l’étranger), directeurs d’ unions universelles, secrétaires d’alliances œcuméniques, membres du C

1186 r), directeurs d’unions universelles, secrétaires d’ alliances œcuméniques, membres du Comité international de la Croix-Rou

1187 nces œcuméniques, membres du Comité international de la Croix-Rouge, etc. Le « Suisse international » est un homme qui peu

1188 . Et la connaître non pour l’utiliser au bénéfice de quelque impérialisme, mais la connaître pour la faire. Pour la servir

1189 r, et non pour s’en servir. La mission historique de la Suisse fut, à partir du xiii e siècle, de garder libres pour les p

1190 ique de la Suisse fut, à partir du xiii e siècle, de garder libres pour les peuples et les princes les cols du centre de l

1191 our les peuples et les princes les cols du centre de l’Europe. Mission pratique, devenue symbolique. Désormais, il nous ap

1192 devenue symbolique. Désormais, il nous appartient d’ en proclamer la signification moderne : c’est la défense du cœur spiri

1193 tion moderne : c’est la défense du cœur spirituel de l’Europe, la garde montée autour du drapeau rouge à la croix blanche,

1194 rouge à la croix blanche, où le rouge est couleur d’ empire, c’est-à-dire d’union des nations, et la croix signe de salut,

1195 e, où le rouge est couleur d’empire, c’est-à-dire d’ union des nations, et la croix signe de salut, de sacrifice de soi, et

1196 est-à-dire d’union des nations, et la croix signe de salut, de sacrifice de soi, et d’espérance. Gardienne des cols par où

1197 d’union des nations, et la croix signe de salut, de sacrifice de soi, et d’espérance. Gardienne des cols par où s’échange

1198 nations, et la croix signe de salut, de sacrifice de soi, et d’espérance. Gardienne des cols par où s’échangent les riches

1199 la croix signe de salut, de sacrifice de soi, et d’ espérance. Gardienne des cols par où s’échangent les richesses, gardie

1200 cols par où s’échangent les richesses, gardienne de l’idéal d’où renaîtra la paix si Dieu le veut, la Suisse tient les cl

1201 ù s’échangent les richesses, gardienne de l’idéal d’ où renaîtra la paix si Dieu le veut, la Suisse tient les clés de l’Eur

1202 la paix si Dieu le veut, la Suisse tient les clés de l’Europe, et c’est là sa vraie vocation. Elle est le lieu et la formu

1203 lle est le lieu et la formule, le génie tutélaire de l’empire. De cet empire, on a bien dit que nous sommes le dernier ves

1204 eu et la formule, le génie tutélaire de l’empire. De cet empire, on a bien dit que nous sommes le dernier vestige. Toute l

1205 sommes le dernier vestige. Toute la question est de savoir si c’est là notre dernier mot — ou le premier d’un chapitre no

1206 oir si c’est là notre dernier mot — ou le premier d’ un chapitre nouveau ; toute la question est de savoir si ce vestige ne

1207 ier d’un chapitre nouveau ; toute la question est de savoir si ce vestige ne va pas devenir un germe ! Un germe, ce n’est

1208 ur que la Suisse puisse prétendre à jouer le rôle d’ un germe d’une Europe nouvelle. Mais il y va de notre indépendance aut

1209 uisse puisse prétendre à jouer le rôle d’un germe d’ une Europe nouvelle. Mais il y va de notre indépendance autant que de

1210 le d’un germe d’une Europe nouvelle. Mais il y va de notre indépendance autant que de la paix occidentale. Si nous n’embra

1211 le. Mais il y va de notre indépendance autant que de la paix occidentale. Si nous n’embrassons pas cette mission-là, l’his

1212 n-là, l’histoire aura tôt fait, n’en doutons pas, d’ accepter notre démission — soit volontaire, soit forcée. VII Pui

1213 érique un écho fraternel, et davantage : le désir de traduire en termes proprement américains — et c’est facile — les leço

1214 ns — et c’est facile — les leçons qui se dégagent de l’expérience suisse, si petite, mais en même temps si chargée de sign

1215 suisse, si petite, mais en même temps si chargée de significations séculaires. Beaucoup de choses dépendent en Europe du

1216 oup de choses dépendent en Europe du fait suisse, de ce paradoxe miraculeusement maintenu au cœur du continent. Mais presq

1217 . Mais presque tout dépend, dans le monde actuel, de la volonté américaine. Que ce fait puisse contribuer à éclairer cette

1218 à éclairer cette volonté, c’est toute l’ambition de ces pages. 19. Laquelle est à la fois ou alternativement jacobine,

1219 ons historiques. j. Édition réalisée sur la base d’ un tapuscrit conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de N

1220 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 927.

1221 Passion et origine de l’hitlérisme (janvier 1941)h L’hitlérisme n’est pas la création d’

1222 vier 1941)h L’hitlérisme n’est pas la création d’ un individu isolé, la création personnelle d’Hitler : c’est un phénomè

1223 tion d’un individu isolé, la création personnelle d’ Hitler : c’est un phénomène de masse. Ce n’est pas non plus le résulta

1224 réation personnelle d’Hitler : c’est un phénomène de masse. Ce n’est pas non plus le résultat nécessaire d’un système écon

1225 sse. Ce n’est pas non plus le résultat nécessaire d’ un système économique déterminé : ses « convertis » se trouvent aussi

1226 es historiques plus ou moins immédiates du succès d’ Hitler — le germanisme éternel, le traité de Versailles, l’inflation,

1227 uccès d’Hitler — le germanisme éternel, le traité de Versailles, l’inflation, la crainte du bolchevisme, la personnalité d

1228 ue ces causes hétérogènes n’aient joué qu’un rôle de prétextes, d’agents catalyseurs, déterminés, orientés, portés par le

1229 hétérogènes n’aient joué qu’un rôle de prétextes, d’ agents catalyseurs, déterminés, orientés, portés par le phénomène lui-

1230 ste encore à expliquer. Quel est donc le principe de cohésion du mouvement hitlérien ? Quel est le secret de son pouvoir c

1231 ésion du mouvement hitlérien ? Quel est le secret de son pouvoir contagieux ? Ils me semblent résider dans les deux faits

1232 comme un remède à la décomposition individualiste de la société moderne. 2° L’hitlérisme réalise un transfert gigantesque

1233 entée par le Führer et le Parti. C’est à l’examen de la seconde thèse que je voudrais consacrer cet essai. I. La passio

1234 ons rationalistes ou matérialistes. Qu’il suffise de mentionner ses fondateurs : Hegel, Auguste Comte et Marx. Depuis Lévy

1235 Depuis Lévy-Bruhl, il est vrai, nous avons tenté de décrire et d’interpréter certains phénomènes collectifs de nature irr

1236 ruhl, il est vrai, nous avons tenté de décrire et d’ interpréter certains phénomènes collectifs de nature irrationnelle. Ce

1237 e et d’interpréter certains phénomènes collectifs de nature irrationnelle. Cependant, il est curieux d’observer que nous l

1238 e nature irrationnelle. Cependant, il est curieux d’ observer que nous les avons localisés chez les peuples soi-disant « pr

1239 hez les peuples soi-disant « primitifs ». L’étude de la passion dans les sociétés civilisées n’a été qu’à peine entamée pa

1240 les peuvent être également trouvés dans l’analyse de l’Inconscient collectif, élaborée par C. G. Jung. Quant à moi, il me

1241 tude, poursuivie systématiquement, serait capable d’ expliquer les phénomènes de masse qui dominent notre époque. Car la ma

1242 uement, serait capable d’expliquer les phénomènes de masse qui dominent notre époque. Car la masse ne réagit pas comme un

1243 que. Car la masse ne réagit pas comme un ensemble d’ individus raisonnables ; la masse réagit selon la dialectique de l’Inc

1244 isonnables ; la masse réagit selon la dialectique de l’Inconscient et, en particulier, de la passion à l’état pur. Le phén

1245 dialectique de l’Inconscient et, en particulier, de la passion à l’état pur. Le phénomène de la passion en soi doit donc

1246 iculier, de la passion à l’état pur. Le phénomène de la passion en soi doit donc être examiné en premier lieu. J’utilisera

1247 premier lieu. J’utiliserai ici certains résultats d’ une étude que j’ai consacrée à l’évolution de l’amour-passion et de la

1248 tats d’une étude que j’ai consacrée à l’évolution de l’amour-passion et de la passion mystique en Occident, du Moyen Âge à

1249 ’ai consacrée à l’évolution de l’amour-passion et de la passion mystique en Occident, du Moyen Âge à nos jours. On sait qu

1250 cle ne vit-il pas l’apparition presque simultanée de la première mystique chrétienne de l’Amour Divin : Saint Bernard de C

1251 que simultanée de la première mystique chrétienne de l’Amour Divin : Saint Bernard de Clairvaux ; de la première histoire

1252 e de l’Amour Divin : Saint Bernard de Clairvaux ; de la première histoire d’amour-passion : Tristan et Iseult ; des premie

1253 nt Bernard de Clairvaux ; de la première histoire d’ amour-passion : Tristan et Iseult ; des premiers poètes de l’amour pur

1254 passion : Tristan et Iseult ; des premiers poètes de l’amour pur : les troubadours ; et du premier couple d’amants célèbre

1255 mour pur : les troubadours ; et du premier couple d’ amants célèbres pour leur passion désespérée : Abélard et Héloïse ? L

1256 sespérée : Abélard et Héloïse ? Les conséquences de cette révolution affective ont été si nombreuses et importantes — dan

1257 passion est devenue la seconde nature des peuples de l’Occident (Américains compris) : ils ont donc une difficulté quasi i

1258 presqu’entièrement ignoré en Orient. Les peuples de l’Antiquité et ceux de l’Orient ont certes connu certaines formes de

1259 oré en Orient. Les peuples de l’Antiquité et ceux de l’Orient ont certes connu certaines formes de passion. Mais ils n’ont

1260 eux de l’Orient ont certes connu certaines formes de passion. Mais ils n’ont jamais admis, cultivé et admiré la passion po

1261 miré la passion pour elle-même comme le font ceux d’ Occident. Ils l’ont considéré comme un excès soit morbide (Plutarque),

1262 cule (Ménandre). Il est possible, par conséquent, d’ affirmer que la passion est l’une des caractéristiques de l’Occident m

1263 mer que la passion est l’une des caractéristiques de l’Occident moderne. Analyser la passion, telle qu’elle s’exprime orig

1264 le qu’elle s’exprime originellement dans le mythe de Tristan et Iseult, c’est analyser du même coup certains aspects de l’

1265 ult, c’est analyser du même coup certains aspects de l’évolution récente du monde occidental — ceux qui sont du ressort de

1266 te du monde occidental — ceux qui sont du ressort de l’Inconscient collectif et ceux qui sont intimement liés au phénomène

1267 ntimement liés au phénomène totalitaire. Le récit de l’amour de Tristan et Iseult est la première description connue d’une

1268 iés au phénomène totalitaire. Le récit de l’amour de Tristan et Iseult est la première description connue d’une passion co

1269 stan et Iseult est la première description connue d’ une passion complètement triomphante. De même, c’est le modèle univers

1270 modèle universellement admiré et toujours répété de toutes les histoires d’amour. Il concerne, il est vrai, seulement une

1271 admiré et toujours répété de toutes les histoires d’ amour. Il concerne, il est vrai, seulement une forme de la passion, la

1272 ur. Il concerne, il est vrai, seulement une forme de la passion, la passion concentrée dans l’amour d’un homme pour une fe

1273 de la passion, la passion concentrée dans l’amour d’ un homme pour une femme. Mais il en donne les caractéristiques avec un

1274 venu l’illustration classique des traits éternels de toute passion, en général. Énumérons-les ici brièvement. Il faut se s

1275 s ici brièvement. Il faut se souvenir que l’amour de Tristan pour Iseult est décrit comme une fatalité, dans tous les sens

1276 es amants s’aiment parce qu’ils ont bu le philtre d’ amour par erreur. Leur amour est donc né en vertu d’un pouvoir extérie

1277 u d’un pouvoir extérieur à eux-mêmes, indépendant de leur volonté et de leurs qualités individuelles. Leur amour n’est pas

1278 rieur à eux-mêmes, indépendant de leur volonté et de leurs qualités individuelles. Leur amour n’est pas un choix, mais une

1279 , mais une destinée qui les subjugue et les prive de tout sentiment de responsabilité. Or celui qui n’est pas responsable

1280 e qui les subjugue et les prive de tout sentiment de responsabilité. Or celui qui n’est pas responsable des actes de son c

1281 ité. Or celui qui n’est pas responsable des actes de son coeur se sent pour cette raison même libre de tout sentiment de c

1282 de son coeur se sent pour cette raison même libre de tout sentiment de culpabilité. La destinée a conduit les amants à boi

1283 nt pour cette raison même libre de tout sentiment de culpabilité. La destinée a conduit les amants à boire le philtre d’am

1284 destinée a conduit les amants à boire le philtre d’ amour. Le pouvoir magique du philtre les contraint à commettre l’adult

1285 erdu leur réalité. Ceux qui ont fait l’expérience d’ une passion intense savent que son premier effet est d’obscurcir le se

1286 passion intense savent que son premier effet est d’ obscurcir le sens de la réalité. Bientôt c’est l’intensité même de la

1287 ent que son premier effet est d’obscurcir le sens de la réalité. Bientôt c’est l’intensité même de la passion qui devient

1288 ens de la réalité. Bientôt c’est l’intensité même de la passion qui devient la preuve de la « réalité » de leur amour. La

1289 ntensité même de la passion qui devient la preuve de la « réalité » de leur amour. La passion ne transporte pas seulement

1290 a passion qui devient la preuve de la « réalité » de leur amour. La passion ne transporte pas seulement les amants au-delà

1291 n univers quasi transcendant par rapport à la vie de tous les jours. Ils ne peuvent plus s’expliquer et bientôt ils ne le

1292 le désirent même plus. Ils vivent dans une sorte d’ autarcie psychologique. Ils ne se sentent pas obligés d’expliquer une

1293 rcie psychologique. Ils ne se sentent pas obligés d’ expliquer une conduite que les autres ne sont de toute façon pas susce

1294 s d’expliquer une conduite que les autres ne sont de toute façon pas susceptibles de comprendre. Cet état d’aveuglement et

1295 es autres ne sont de toute façon pas susceptibles de comprendre. Cet état d’aveuglement et de négation des normes ne peut

1296 te façon pas susceptibles de comprendre. Cet état d’ aveuglement et de négation des normes ne peut être obtenu sans la créa

1297 eptibles de comprendre. Cet état d’aveuglement et de négation des normes ne peut être obtenu sans la création de tourments

1298 n des normes ne peut être obtenu sans la création de tourments grandissants. Mais les obstacles que les lois divines et hu

1299 tacles (séparations, épreuves diverses, existence d’ un époux légitime : le roi Marc, etc.). L’amour les invente quand ils

1300 ur les invente quand ils n’existent plus (épisode de l’épée nue placée par Tristan entre sa maîtresse et lui, alors qu’ils

1301 ues et morales, devient le seul obstacle au désir d’ infini de leur passion. La passion donne un démenti à la vie. De là le

1302 rales, devient le seul obstacle au désir d’infini de leur passion. La passion donne un démenti à la vie. De là le désir de

1303 ur passion. La passion donne un démenti à la vie. De là le désir de la mort, la caractéristique de la passion pure. Wagner

1304 passion donne un démenti à la vie. De là le désir de la mort, la caractéristique de la passion pure. Wagner comprit si bie

1305 ie. De là le désir de la mort, la caractéristique de la passion pure. Wagner comprit si bien cela qu’il en fit le véritabl

1306 prit si bien cela qu’il en fit le véritable sujet de son Tristan. Dans la mort, l’obstacle suprême, les amants voient l’ém

1307 amants voient l’émancipation finale et déifiante de toutes les barrières du monde créé. Dans la mort, comme l’a si bien d

1308 t le philosophe allemand Karl Jaspers, la Passion de la Nuit triomphe sur toutes les Lois du Jour. Par conséquent, l’essen

1309 outes les Lois du Jour. Par conséquent, l’essence de la passion paraît être le choix d’un tourment intense et même mortel

1310 ent, l’essence de la passion paraît être le choix d’ un tourment intense et même mortel de préférence à celui des joies et

1311 tel de préférence à celui des joies et des peines de la vie quotidienne. D’ailleurs, la passion agit précisément comme l’h

1312 ément comme l’hypnose : elle dépossède l’individu de son libre arbitre et l’enferme dans un monde sans contact avec l’exté

1313 orales, légales et rationnelles. II. Évolution de la passion en Occident Pourquoi la Passion fit-elle irruption en O

1314 ondre à cette question, je devrais trop m’écarter de mon sujet2. Je prendrai ici la passion comme base historique de dépar

1315 Je prendrai ici la passion comme base historique de départ en indiquant seulement qu’elle est sans aucun doute le résulta

1316 eulement qu’elle est sans aucun doute le résultat d’ une déviation hérétique et paganisante de l’aspiration chrétienne prim

1317 résultat d’une déviation hérétique et paganisante de l’aspiration chrétienne primitive : l’amour pour les choses de l’Éter

1318 on chrétienne primitive : l’amour pour les choses de l’Éternité, l’acte de foi paulien (« pour moi … mourir est un gain »)

1319 e : l’amour pour les choses de l’Éternité, l’acte de foi paulien (« pour moi … mourir est un gain »). Passion et christian

1320 ’hérésie et orthodoxie. En somme, il est possible de définir la passion comme la réaction d’une âme païenne contre le chri

1321 possible de définir la passion comme la réaction d’ une âme païenne contre le christianisme. De fait, le phénomène de la p

1322 action d’une âme païenne contre le christianisme. De fait, le phénomène de la passion se développe au xii e siècle dans le

1323 ne contre le christianisme. De fait, le phénomène de la passion se développe au xii e siècle dans les zones d’hérésie situ

1324 ssion se développe au xii e siècle dans les zones d’ hérésie situées entre le gnosticisme chrétien et le paganisme platonis

1325 icisme chrétien et le paganisme platonisant. Mais de toute façon ici nous nous intéressons à l’évolution sociologique de l

1326 nous nous intéressons à l’évolution sociologique de la passion, après son apparition (comme à une maladie qui après être

1327 une maladie qui après être passée par la période d’ incubation, apparaîtrait enfin au grand jour). La mystique d’un Saint

1328 n, apparaîtrait enfin au grand jour). La mystique d’ un Saint Bernard ou d’un Saint François d’Assise « canalisait » la pas

1329 au grand jour). La mystique d’un Saint Bernard ou d’ un Saint François d’Assise « canalisait » la passion naissante dans le

1330 ulaire qui n’étaient applicables qu’aux histoires d’ amour. C’est pourquoi cette littérature devint un moyen de défense de

1331 C’est pourquoi cette littérature devint un moyen de défense de la société contre la passion anarchique et antisociale. El

1332 es sentiments individuels. D’autre part, les lois de la chevalerie réglaient à la même époque la forme que devait observer

1333 trouvons en face d’une seule et unique réaction «  d’ auto-protection » de la société, car nous savons que l’amour courtois

1334 ne seule et unique réaction « d’auto-protection » de la société, car nous savons que l’amour courtois (cortezia) détermina

1335 avons que l’amour courtois (cortezia) déterminait d’ un seul et même coup les rituels de l’amour, idéalisés par la poésie,

1336 a) déterminait d’un seul et même coup les rituels de l’amour, idéalisés par la poésie, et l’art militaire dans ses plus pe

1337 du Moyen Âge, comme l’a montré J. Huizinga3, est d’ avoir fixé la forme d’amour et de l’avoir enfermé dans le cadre d’un r

1338 ’a montré J. Huizinga3, est d’avoir fixé la forme d’ amour et de l’avoir enfermé dans le cadre d’un rite pour sublimer la v

1339 . Huizinga3, est d’avoir fixé la forme d’amour et de l’avoir enfermé dans le cadre d’un rite pour sublimer la violence irr

1340 forme d’amour et de l’avoir enfermé dans le cadre d’ un rite pour sublimer la violence irrésistible de la passion. Cependan

1341 d’un rite pour sublimer la violence irrésistible de la passion. Cependant, ce succès réel contenait certains risques. La

1342 s réel contenait certains risques. La littérature de l’amour courtois idéalisait la passion, certes, mais en même temps el

1343 rolongeait la tradition et donnait à des milliers d’ auditeurs, plus tard de lecteurs, la nostalgie de sa jouissance. Les s

1344 et donnait à des milliers d’auditeurs, plus tard de lecteurs, la nostalgie de sa jouissance. Les siècles suivants de pens

1345 d’auditeurs, plus tard de lecteurs, la nostalgie de sa jouissance. Les siècles suivants de pensée classique tentèrent une

1346 nostalgie de sa jouissance. Les siècles suivants de pensée classique tentèrent une analyse rationnelle de la passion (Cor

1347 ensée classique tentèrent une analyse rationnelle de la passion (Corneille, Racine). Le xviii e siècle porta même cette an

1348 i complète des éléments affectifs et irrationnels de notre vie consciente. (À l’époque de Voltaire, l’amour perd son halo

1349 irrationnels de notre vie consciente. (À l’époque de Voltaire, l’amour perd son halo tragique ou sentimental. La guerre pe

1350 ns redoutables qui étaient déjà visibles à l’état d’ embryon dans les oeuvres de Rousseau comme dans celles du Marquis de S

1351 déjà visibles à l’état d’embryon dans les oeuvres de Rousseau comme dans celles du Marquis de Sade. La Révolution français

1352 on française explosa comme un souffle destructeur de passion. Étant tout à la fois sentimentale et sanglante — rousseauist

1353 — elle détruisit immédiatement toute la charpente de règles et de conventions que le Moyen Âge avait établie pour tenter d

1354 sit immédiatement toute la charpente de règles et de conventions que le Moyen Âge avait établie pour tenter de contenir la

1355 ntions que le Moyen Âge avait établie pour tenter de contenir la passion et que le rationalisme avait imprudemment sapée p

1356 isme. Le nationalisme est l’expression collective de la résurgence de la passion trop longtemps réprimée dans l’inconscien

1357 isme est l’expression collective de la résurgence de la passion trop longtemps réprimée dans l’inconscient, les aspects in

1358 rimée dans l’inconscient, les aspects individuels de cette résurgence étant décrits dans le romantisme. Pendant tout le xi

1359 e domaine des morales individuelles des obstacles de moins en moins sérieux, la passion popularisée tombera dans le sentim

1360 ra dans le sentimentalisme et ne rencontrera plus de réelle intensité exceptée au niveau collectif. C’est si vrai qu’au xx

1361 ’au xx e siècle les traits originaux et virulents de la passion se retrouvent davantage dans le comportement des masses qu

1362 nconscient Le xx e siècle est devenu conscient de l’inconscient. En même temps il a vu l’organisation des masses. Ces d

1363 nisation des masses. Ces deux faits sont plus que de simples coïncidences. Le comportement de la masse n’a rien de commun

1364 lus que de simples coïncidences. Le comportement de la masse n’a rien de commun avec celui d’un individu raisonnable. Mai

1365 ïncidences. Le comportement de la masse n’a rien de commun avec celui d’un individu raisonnable. Mais, pour moi, il resse

1366 rtement de la masse n’a rien de commun avec celui d’ un individu raisonnable. Mais, pour moi, il ressemble suffisamment au

1367 ur moi, il ressemble suffisamment au comportement de l’inconscient dans un individu. La masse précisément est composée d’i

1368 ns un individu. La masse précisément est composée d’ individus privés momentanément de leur jugement rationnel et de leur c

1369 ent est composée d’individus privés momentanément de leur jugement rationnel et de leur conscience normale. L’irruption de

1370 rivés momentanément de leur jugement rationnel et de leur conscience normale. L’irruption des masses ainsi définies dans l

1371 et sociale contemporaine ressemble à l’irruption de l’inconscient dans la vie d’un individu : c’est une sorte de névrose

1372 semble à l’irruption de l’inconscient dans la vie d’ un individu : c’est une sorte de névrose collective. On sait qu’un név

1373 cient dans la vie d’un individu : c’est une sorte de névrose collective. On sait qu’un névrosé est un homme qui est soudai

1374 par sa raison. Dans un esprit sain, ces attaques de l’inconscient ont lieu généralement durant le sommeil, sous la forme

1375 ieu généralement durant le sommeil, sous la forme de cauchemars. L’irruption du Prolétariat dans la vie moderne est un phé

1376 u même ordre : les couches « basses et obscures » de la population que nous ne voulions pas affronter ou considérer, que n

1377 « réprimé » socialement dans les « profondeurs » de l’Inconscient collectif — explosent soudain maintenant et se font ent

1378 t pas seulement métaphoriquement le « cauchemar » de la bourgeoisie. Les exigences des masses rendues « conscientes et org

1379 sme, ressemblent formellement à ces compensations de l’inconscient qui tente de bousculer l’équilibre superficiel d’un hom

1380 nt à ces compensations de l’inconscient qui tente de bousculer l’équilibre superficiel d’un homme qui est trop étroitement

1381 nt qui tente de bousculer l’équilibre superficiel d’ un homme qui est trop étroitement raisonnable. Et quand elles se sont

1382 s social et dans la conscience politique, sources de déséquilibre permanent, elles deviennent à proprement parler une névr

1383 elles deviennent à proprement parler une névrose de la société. Indiquons que le contenu rationnel de ces exigences est m

1384 de la société. Indiquons que le contenu rationnel de ces exigences est moins important que la forme dynamique dans laquell

1385 re différents ou opposés comme, par exemple, ceux de Hitler et de Lénine, sans que le schéma dynamique de l’apparition des

1386 ou opposés comme, par exemple, ceux de Hitler et de Lénine, sans que le schéma dynamique de l’apparition des masses soit

1387 Hitler et de Lénine, sans que le schéma dynamique de l’apparition des masses soit sensiblement chargé. Eh bien, cette tech

1388 réveil des masses, c’est ce que l’étude du mythe de la passion nous a révélé. C. G. Jung4 a étudié un certain nombre de

1389 a révélé. C. G. Jung4 a étudié un certain nombre de symboles et de schémas psychiques qui réapparaissent identiques, soit

1390 . Jung4 a étudié un certain nombre de symboles et de schémas psychiques qui réapparaissent identiques, soit dans la consci

1391 éapparaissent identiques, soit dans la conscience d’ une époque et dans ses rites religieux, soit dans l’inconscience d’ind

1392 ans ses rites religieux, soit dans l’inconscience d’ individus vivant dans des époques et des religions entièrement différe

1393 ’il n’est pas nécessaire pour tel ou tel individu d’ avoir entendu parler de ces symboles pour les voir apparaître dans ses

1394 e pour tel ou tel individu d’avoir entendu parler de ces symboles pour les voir apparaître dans ses rêves : les symboles n

1395 qu’à ce qu’ils réapparaissent à nouveau. Le mythe de la passion, tel qu’il fut exprimé longtemps auparavant dans l’histoir

1396 fut exprimé longtemps auparavant dans l’histoire de Tristan, me semble fournir une excellente illustration de la théorie

1397 an, me semble fournir une excellente illustration de la théorie jungienne. Réprimée par la conscience rationaliste, déprim

1398 s dans la mesure où ils sont fondés sur une perte de la conscience individuelle, dans la mesure donc où ils constituent de

1399 rirent pas au sérieux ce phénomène très important de notre époque, la plupart des hommes d’État démocratiques se sont trou

1400 dernières années dans une position psychologique d’ infériorité dans leurs rapports avec les dictateurs. Tout le succès de

1401 liser cyniquement ce que Jung appelle « l’énergie de l’âme collective », c’est-à-dire les forces latentes de l’inconscient

1402 me collective », c’est-à-dire les forces latentes de l’inconscient. Les masses modernes ont choisi de véritables « directe

1403 de l’inconscient. Les masses modernes ont choisi de véritables « directeurs d’inconscience ». Hitler, à mon avis, est le

1404 es modernes ont choisi de véritables « directeurs d’ inconscience ». Hitler, à mon avis, est le plus doué de tous. Dès 1924

1405 onscience ». Hitler, à mon avis, est le plus doué de tous. Dès 1924, il donna des descriptions étonnamment exactes du réve

1406 il des puissances souterraines qu’il se proposait de manipuler. Maintenant, ce qui nous intéresse ici, c’est que ces descr

1407 désire créer une force dynamique, le problème est de susciter la passion, Hitler l’a répété vingt fois, « la passion hysté

1408 est la forme la plus vivante et la plus virulente de la passion en Occident. IV. « La nationalisation des masses » selo

1409 mouvements populaires, des éruptions volcaniques de passions humaines et d’états d’âme [sic !] soulevées ou bien par la c

1410 des éruptions volcaniques de passions humaines et d’ états d’âme [sic !] soulevées ou bien par la cruelle Déesse de la Misè

1411 tions volcaniques de passions humaines et d’états d’ âme [sic !] soulevées ou bien par la cruelle Déesse de la Misère ou bi

1412 e [sic !] soulevées ou bien par la cruelle Déesse de la Misère ou bien par les torches de la parole jetée au sein des mass

1413 uelle Déesse de la Misère ou bien par les torches de la parole jetée au sein des masses, — jamais par les jets de limonade

1414 e jetée au sein des masses, — jamais par les jets de limonade de littérateurs esthétisants et de héros de salon. Seule, un

1415 ein des masses, — jamais par les jets de limonade de littérateurs esthétisants et de héros de salon. Seule, une tempête de

1416 jets de limonade de littérateurs esthétisants et de héros de salon. Seule, une tempête de passion brûlante peut changer l

1417 limonade de littérateurs esthétisants et de héros de salon. Seule, une tempête de passion brûlante peut changer le destin

1418 étisants et de héros de salon. Seule, une tempête de passion brûlante peut changer le destin des peuples ; mais seul peut

1419 porte en lui-même […]. Un mouvement qui poursuit de grands buts doit donc veiller anxieusement à ne pas perdre le contact

1420 peut […] être obtenue [que] par une concentration d’ efforts poussés à fond, avec fanatisme, jusqu’au but qu’il importe d’a

1421 fond, avec fanatisme, jusqu’au but qu’il importe d’ atteindre. […]. La grande masse d’un peuple ne se compose ni de profes

1422 t qu’il importe d’atteindre. […]. La grande masse d’ un peuple ne se compose ni de professeurs ni de diplomates. Elle est p

1423 […]. La grande masse d’un peuple ne se compose ni de professeurs ni de diplomates. Elle est peu accessible aux idées abstr

1424 se d’un peuple ne se compose ni de professeurs ni de diplomates. Elle est peu accessible aux idées abstraites. Par contre,

1425 iolentes a résidé bien moins dans la proclamation d’ une idée scientifique qui s’emparait des foules que dans un fanatisme

1426 hystérie, il faut d’abord écarter les objections de l’intelligence, puis l’opposition des sentiments, Cette seconde opéra

1427 ition des sentiments, Cette seconde opération est de loin la plus importante et la plus difficile. « Seul, un appel à ces

1428 ul, un appel à ces forces mystérieuses peut avoir de l’effet. »7 Quelle sera la technique de cet appel aux forces mystéri

1429 ut avoir de l’effet. »7 Quelle sera la technique de cet appel aux forces mystérieuses ? La technique de l’hypnose collect

1430 cet appel aux forces mystérieuses ? La technique de l’hypnose collective. Pour les meetings de masse, on fixera l’heure l

1431 hnique de l’hypnose collective. Pour les meetings de masse, on fixera l’heure la plus favorable, c’est-à-dire l’heure où l

1432 est-à-dire l’heure où l’individu offrira le moins de résistance consciente. L’orateur choisira aussi un endroit où il aura

1433 teur choisira aussi un endroit où il aura le plus de chance de créer l’atmosphère favorable.8 Dans tous ces cas, il s’ag

1434 ira aussi un endroit où il aura le plus de chance de créer l’atmosphère favorable.8 Dans tous ces cas, il s’agit de l’af

1435 sphère favorable.8 Dans tous ces cas, il s’agit de l’affaiblissement du libre arbitre de l’homme. […] Le matin et encore

1436 , il s’agit de l’affaiblissement du libre arbitre de l’homme. […] Le matin et encore pendant la journée, les forces de la

1437 Le matin et encore pendant la journée, les forces de la volonté des hommes s’opposent avec la plus grande énergie aux tent

1438 posent avec la plus grande énergie aux tentatives de leur suggérer une volonté étrangère, une opinion étrangère. Mais le s

1439 succombent plus facilement à la force dominatrice d’ une volonté plus puissante.9 Personne ne devrait tenter de convaincr

1440 nté plus puissante.9 Personne ne devrait tenter de convaincre une foule par des arguments d’ordre intellectuel, il faudr

1441 tenter de convaincre une foule par des arguments d’ ordre intellectuel, il faudrait plutôt essayer de la priver de ses sch

1442 d’ordre intellectuel, il faudrait plutôt essayer de la priver de ses schémas de réflexions et de la mettre en face d’un f

1443 llectuel, il faudrait plutôt essayer de la priver de ses schémas de réflexions et de la mettre en face d’un fait accompli

1444 udrait plutôt essayer de la priver de ses schémas de réflexions et de la mettre en face d’un fait accompli affectif.10 Ain

1445 ayer de la priver de ses schémas de réflexions et de la mettre en face d’un fait accompli affectif.10 Ainsi on parvient à

1446 tif.10 Ainsi on parvient à déposséder les membres de la foule de tous leurs sentiments de responsabilité et à les réduire

1447 on parvient à déposséder les membres de la foule de tous leurs sentiments de responsabilité et à les réduire à l’état de

1448 les membres de la foule de tous leurs sentiments de responsabilité et à les réduire à l’état de « masse ». Or, une masse

1449 ments de responsabilité et à les réduire à l’état de « masse ». Or, une masse « n’est qu’une partie de la nature »11, c’es

1450 de « masse ». Or, une masse « n’est qu’une partie de la nature »11, c’est-à-dire qu’elle n’a pas d’autres réactions que ce

1451 ue celles qui sont déterminées par la dialectique de l’inconscient. Nous savons avec quel succès Goebbels perfectionna la

1452 ec quel succès Goebbels perfectionna la technique de l’hypnose collective ; à l’époque où le Führer tint ses discours les

1453 urs les plus importants, il créa un nouveau genre de mise en scène, un véritable théâtre des masses. Nous avons vu que cet

1454 éâtre des masses. Nous avons vu que cette hypnose de la passion (déclenchée chez Tristan par le philtre d’amour) prive l’h

1455 a passion (déclenchée chez Tristan par le philtre d’ amour) prive l’homme de son libre arbitre, mais le libère aussi simult

1456 hez Tristan par le philtre d’amour) prive l’homme de son libre arbitre, mais le libère aussi simultanément de son sens de

1457 libre arbitre, mais le libère aussi simultanément de son sens de culpabilité. Hitler était bien conscient de ce qu’il accé

1458 e, mais le libère aussi simultanément de son sens de culpabilité. Hitler était bien conscient de ce qu’il accélérerait l’a

1459 sens de culpabilité. Hitler était bien conscient de ce qu’il accélérerait l’action hypnotique en supprimant le complexe d

1460 ait l’action hypnotique en supprimant le complexe de culpabilité que les Allemands subissaient durant l’après-guerre. Pour

1461 jet, l’opérateur d’une part contraint sa volonté, de l’autre exerce une séduction sur ses émotions. Or, rien ne séduit dav

1462 . Or, rien ne séduit davantage que la perspective d’ être libéré d’une conscience chargée. Peu importe celui qui promet cet

1463 séduit davantage que la perspective d’être libéré d’ une conscience chargée. Peu importe celui qui promet cette libération,

1464 importe celui qui promet cette libération, il met de son côté toutes les chances d’être « cru ». Il m’était clair alors q

1465 libération, il met de son côté toutes les chances d’ être « cru ». Il m’était clair alors que pour les premiers militants

1466 lait vider à fond la question des responsabilités de guerre […]. À cette époque, où tous voyaient encore dans cette paix (

1467 ù tous voyaient encore dans cette paix (le traité de Versailles) une victoire de la démocratie, on devait faire front cont

1468 cette paix (le traité de Versailles) une victoire de la démocratie, on devait faire front contre cette idée, et nous grave

1469 urs dans la cervelle des hommes comme les ennemis de ce traité, afin que, par la suite […], le souvenir de notre attitude

1470 e traité, afin que, par la suite […], le souvenir de notre attitude dans cette question nous amène la confiance des masses

1471 nous amène la confiance des masses.12 Le traité de Versailles, une nouvelle Méduse (« … notre peuple, désarmé sous les m

1472 sous les mille regards des signataires du traité de Versailles »)13 symbolise toutes les fautes individuelles et collecti

1473 lus monstrueuse et la plus inhumaine des cruautés de tous les temps, par opposition au traité de Brest-Litowsk, décrit com

1474 autés de tous les temps, par opposition au traité de Brest-Litowsk, décrit comme un acte d’humanité infinie.14 Ainsi, la

1475 au traité de Brest-Litowsk, décrit comme un acte d’ humanité infinie.14 Ainsi, la masse irresponsable et blanchie comme

1476 comme neige est prête à atteindre le stade final de la passion. Elle acceptera dorénavant comme « vérité » ce qui « inten

1477 temps, le peuple a considéré l’attaque sans merci de ses adversaires comme la preuve de son bon droit ; pour lui, renoncer

1478 que sans merci de ses adversaires comme la preuve de son bon droit ; pour lui, renoncer à les détruire c’est douter de ce

1479  ; pour lui, renoncer à les détruire c’est douter de ce bon droit : c’est même nier qu’il existe.15 Les masses frénétiqu

1480 aux lois romaines, par exemple, qu’Hitler propose de supprimer, à la morale chrétienne, à « l’intellectualisme » et à la r

1481 e tout ce qui rendrait capable la masse allemande de communiquer avec l’extérieur contre chaque conception universaliste :

1482 s intellectuels, les Églises. La nationalisation de notre masse ne pourra réussir que si, outre le combat mené pour conqu

1483 que si, outre le combat mené pour conquérir l’âme de notre peuple, on entreprend de détruire ses empoisonneurs internation

1484 ur conquérir l’âme de notre peuple, on entreprend de détruire ses empoisonneurs internationaux.16 D’où le racisme et l’e

1485 de détruire ses empoisonneurs internationaux.16 D’ où le racisme et l’exaltation du pur germanisme : la communauté allema

1486 e compréhension du monde extérieur qui menacerait d’ affaiblir sa passion. Or, le racisme est la religion la plus imperméab

1487 pourrez jamais comprendre les mystères créateurs de l’esprit allemand…). Une autre caractéristique de la passion, c’est :

1488 de l’esprit allemand…). Une autre caractéristique de la passion, c’est : le besoin de produire sans cesse des obstacles, d

1489 caractéristique de la passion, c’est : le besoin de produire sans cesse des obstacles, de plus en plus insurmontables à m

1490 ans aucun doute, on peut dire que sa force (celle d’ un mouvement) et, avec elle, son droit à la vie ne se développent qu’a

1491 développent qu’autant qu’il admet comme condition d’ extension l’idée de se battre ; on peut dire aussi que le moment où un

1492 nt qu’il admet comme condition d’extension l’idée de se battre ; on peut dire aussi que le moment où un mouvement aura att

1493 mais momentanés, lui imposera une longue période de croissance et de longs combats provoqués par son intolérance absolue

1494 lui imposera une longue période de croissance et de longs combats provoqués par son intolérance absolue vis-à-vis des aut

1495 rès, comme chacun sait, Hitler adopta la tactique d’ une multiplication systématique des obstacles : chaque fois qu’il obte

1496 toire, qu’il avait précédemment qualifié du signe d’ « aboliton finale du Diktat infamant », il découvrait immédiatement de

1497 du Diktat infamant », il découvrait immédiatement de nouveaux articles dans le traité contre lesquels il fallait combattre

1498 e pour les exigences territoriales, car l’essence de la passion est de se nourrir d’obstacle et d’aspirer non pas à telle

1499 es territoriales, car l’essence de la passion est de se nourrir d’obstacle et d’aspirer non pas à telle ou telle réalisati

1500 es, car l’essence de la passion est de se nourrir d’ obstacle et d’aspirer non pas à telle ou telle réalisation concrète, m

1501 nce de la passion est de se nourrir d’obstacle et d’ aspirer non pas à telle ou telle réalisation concrète, mais à un objec

1502 des possibilités matérielles ou humaines, au-delà de la vie et de ses lois, dans la guerre, qui est considérée comme glori

1503 tés matérielles ou humaines, au-delà de la vie et de ses lois, dans la guerre, qui est considérée comme glorieuse, bref, d

1504 peuple raisonnable, se trouvant dans la position de l’Allemagne après la Première Guerre mondiale, aurait choisi pour obj

1505 tives, conquête infinie. Il ne se sent pas obligé de rétablir un certain mode de conduite, il se sent plutôt contraint de

1506 ne se sent pas obligé de rétablir un certain mode de conduite, il se sent plutôt contraint de solliciter et de préférer le

1507 ain mode de conduite, il se sent plutôt contraint de solliciter et de préférer les épreuves et les difficultés au lieu des

1508 ite, il se sent plutôt contraint de solliciter et de préférer les épreuves et les difficultés au lieu des plaisirs et des

1509 fficultés au lieu des plaisirs et des souffrances de la vie de tous les jours. Dans une des comédies de Somerset Maugham,

1510 au lieu des plaisirs et des souffrances de la vie de tous les jours. Dans une des comédies de Somerset Maugham, une femme

1511 la vie de tous les jours. Dans une des comédies de Somerset Maugham, une femme amoureuse hésite entre son mari et son am

1512 ce que je peux vous promettre, ce sont des peines de cœur et un drame. » (« All I can promise you is drama and the torment

1513  ») La femme se jette immédiatement dans les bras de son amant. Cette réaction élémentaire de la passion explique le plébi

1514 les bras de son amant. Cette réaction élémentaire de la passion explique le plébiscite sarrois : les Sarrois ont préféré e

1515 éféré en 1935 à une écrasante majorité le malheur de devenir nazis au bonheur d’être des hommes libres. Hitler avait réuss

1516 e majorité le malheur de devenir nazis au bonheur d’ être des hommes libres. Hitler avait réussi à enflammer leur « passion

1517 ler Hitler lui-même : « Le développement étonnant de notre mouvement […] tient à ce que nous ayons compris cette idée et q

1518 nalisation des masses » est un fait accompli dans de nombreux pays d’Europe et se poursuit dès maintenant dans le reste du

1519 sses » est un fait accompli dans de nombreux pays d’ Europe et se poursuit dès maintenant dans le reste du monde, bien qu’à

1520 L’homme moderne vit de plus en plus dans un monde d’ affolement collectif, où il ne participe que par des manières étrangèr

1521 nions-monstre » permettent également à l’individu de s’unir par l’imagination et l’émotion aux grands événements qui affec

1522 aders). Tout ceci contribue à éloigner l’individu de son propre environnement, dans lequel rien de similaire ne pourrait j

1523 idu de son propre environnement, dans lequel rien de similaire ne pourrait jamais se passer. Les inconvénients de la vie d

1524 e ne pourrait jamais se passer. Les inconvénients de la vie de tous les jours, autrefois considérés comme normaux, devienn

1525 ait jamais se passer. Les inconvénients de la vie de tous les jours, autrefois considérés comme normaux, deviennent de plu

1526 — ceux qui rendaient autrefois l’individu capable d’ accepter patiemment son sort. D’une part, l’individu est exaspéré au p

1527 ort. D’une part, l’individu est exaspéré au point de chercher à échapper à son existence mesquine, d’autre part il est sai

1528 mesquine, d’autre part il est saisi par la flamme de l’émotion collective. Cette répulsion et cette attraction aboutissent

1529 elles amènent l’homme à rechercher toute occasion d’ échapper à son individualité. Elles nous prédisposent tous à l’hypnose

1530 tous à l’hypnose collective, à être les victimes de la passion de la masse. b) Les Allemands en général, et plus particul

1531 ose collective, à être les victimes de la passion de la masse. b) Les Allemands en général, et plus particulièrement ceux

1532 lemands en général, et plus particulièrement ceux de l’entre-deux-guerres, ont montré des dispositions spéciales pour cett

1533 ontré des dispositions spéciales pour cette sorte de fuite collective, d’abandon de soi. Qu’il soit suffisant de rappeler

1534 s spéciales pour cette sorte de fuite collective, d’ abandon de soi. Qu’il soit suffisant de rappeler l’existence de leur p

1535 s pour cette sorte de fuite collective, d’abandon de soi. Qu’il soit suffisant de rappeler l’existence de leur perpétuel c

1536 ollective, d’abandon de soi. Qu’il soit suffisant de rappeler l’existence de leur perpétuel complexe d’infériorité, aggrav

1537 soi. Qu’il soit suffisant de rappeler l’existence de leur perpétuel complexe d’infériorité, aggravé par leur sentiment aig

1538 e rappeler l’existence de leur perpétuel complexe d’ infériorité, aggravé par leur sentiment aigu de culpabilité et de dépr

1539 xe d’infériorité, aggravé par leur sentiment aigu de culpabilité et de dépréciation après Versailles. Les auteurs du trait

1540 aggravé par leur sentiment aigu de culpabilité et de dépréciation après Versailles. Les auteurs du traité oublièrent que l

1541 bolique du désarmement : pour eux c’est une sorte de castration. Être sans armes, dans l’univers allemand, c’est cesser d’

1542 sans armes, dans l’univers allemand, c’est cesser d’ être un homme libre. Pour cette raison, la célébration de Nuremberg po

1543 un homme libre. Pour cette raison, la célébration de Nuremberg pour le rétablissement de la Reichswehr fut baptisée par Hi

1544 a célébration de Nuremberg pour le rétablissement de la Reichswehr fut baptisée par Hitler en : Jour de la liberté. Les na

1545 e la Reichswehr fut baptisée par Hitler en : Jour de la liberté. Les nazis ont distingué avec acuité entre ces facteurs gé

1546 distingué avec acuité entre ces facteurs généraux de dépersonnalisation, communs à tous les hommes de notre époque, et les

1547 de dépersonnalisation, communs à tous les hommes de notre époque, et les facteurs plus spécifiquement allemands ; loin de

1548 loités intentionnellement et cyniquement. Et ceci de deux façons : 1. La Weltanschauung nationale-socialiste enseigne que

1549 aque Allemand par la race, dit Hitler, a le droit de vivre librement. » Traduisons ceci dans la terminologie nazie : « Cha

1550 ètement la loi du parti totalitaire, seul capable de garantir à l’Allemagne sa liberté. » Traduisons de nouveau cette fois

1551 rmes démocratiques : « Chaque Allemand a le droit de vivre, mais seulement dans la mesure où il cesse d’être lui-même et o

1552 vivre, mais seulement dans la mesure où il cesse d’ être lui-même et où il collabore aveuglément à l’effort passionné du P

1553 ti nazi tend à supprimer dans l’individu l’aspect de la personne (de sa vocation irréductible et transcendante) pour le li

1554 upprimer dans l’individu l’aspect de la personne ( de sa vocation irréductible et transcendante) pour le livrer, bien disci

1555 anipulées par le Führer. 2. Que la démoralisation de la jeunesse allemande, dans le domaine sexuel, ait été très avancée a

1556 rales, il s’ensuit nécessairement une dégradation de la passion en amour. Pour mettre fin à l’anarchie des moeurs, les naz

1557 des moeurs, les nazis n’essayèrent évidemment pas de restaurer la moralité chrétienne et les conventions bourgeoises. (Cel

1558 individuelles.) Ils décrétèrent un certain nombre de mesures étatiques concernant le mariage et l’eugénisme. Ils éliminère

1559 que autour de la femme, et la réduisirent au rôle de procréatrice de soldats-citoyens et à celui de ménagère. Ils fondèren

1560 femme, et la réduisirent au rôle de procréatrice de soldats-citoyens et à celui de ménagère. Ils fondèrent des « écoles d

1561 le de procréatrice de soldats-citoyens et à celui de ménagère. Ils fondèrent des « écoles de fiancées » obligatoires pour

1562 t à celui de ménagère. Ils fondèrent des « écoles de fiancées » obligatoires pour les futures femmes des SS, troupes d’éli

1563 igatoires pour les futures femmes des SS, troupes d’ élite du Parti. Ils eurent de plus en plus tendance à autoriser les ma

1564 ndance à autoriser les mariages sur la seule base d’ une sélection pseudoscientifique et raciale. Ainsi le mariage cesse d’

1565 doscientifique et raciale. Ainsi le mariage cesse d’ être une affaire personnelle et émotionnelle pour la jeunesse allemand

1566 nd à devenir seulement un acte civique, une sorte de service rendu à la société. Une fois de plus, nous voyons que la démo

1567 mes résultats : ils nient et rabaissent le besoin de passion individuelle ; ils détruisent ses plus intimes motivations. M

1568 sent ses plus intimes motivations. Mais le besoin de la passion subsiste dans le cœur de l’Occidental et spécialement dans

1569 ais le besoin de la passion subsiste dans le cœur de l’Occidental et spécialement dans le cœur de l’Allemand. S’il ne trou

1570 cœur de l’Occidental et spécialement dans le cœur de l’Allemand. S’il ne trouve plus de satisfaction dans sa vie privée, i

1571 t dans le cœur de l’Allemand. S’il ne trouve plus de satisfaction dans sa vie privée, il ira autre part rechercher des moy

1572 e privée, il ira autre part rechercher des moyens d’ exaltation. C’est précisément ce que lui offre Hitler à l’échelle nati

1573 La Nation par conséquent adoptera la dialectique de l’obstacle exaltant (demandes territoriales, jamais satisfaites) ; la

1574 utarcie ; préférera la souffrance au bonheur (pas de beurre, mais des fusils) ; enfin, suscitera une aspiration indéfinie

1575 idus, donc à la base, sont concentrées au pinacle de l’édifice totalitaire. Sur ce pinacle se tient le Führer. C’est lui p

1576 de, et la nationalise. Les relations du Führer et de la masse allemande m’ont toujours semblé procéder d’une sorte de sexu

1577 la masse allemande m’ont toujours semblé procéder d’ une sorte de sexualisation du collectivisme. La masse joue le rôle de

1578 emande m’ont toujours semblé procéder d’une sorte de sexualisation du collectivisme. La masse joue le rôle de l’élément fé

1579 t particulièrement allemande. Hitler ne tente pas de la séduire en la submergeant de flatteries comme le faisaient les hom

1580 tler ne tente pas de la séduire en la submergeant de flatteries comme le faisaient les hommes politiques français quand il

1581 nière française leurs électeurs. Hitler s’efforce de « violer » la masse, naturellement inerte, ou même hostile à sa perso

1582 e déchaîne, tantôt il supplie. Il n’essaie jamais d’ endoctriner ses auditeurs. ; il lance un sortilège sur eux. Finalement

1583 e soudainement elle se sent libérée par ce Destin de la responsabilité de ses actes. Elle capitule devant ce Sauveur terri

1584 e sent libérée par ce Destin de la responsabilité de ses actes. Elle capitule devant ce Sauveur terrible et l’acclame comm

1585 des démocraties Je me rends compte que le type d’ explication sociologique que j’avance ici donne prise à un certain nom

1586 que j’avance ici donne prise à un certain nombre d’ objections de la part d’excellents esprits. Certains diront que je nég

1587 les facteurs économiques ou les grands incidents de politiques internationales ou l’influence des doctrines pangermanique

1588 a Realpolitik, etc. Je répondrai que j’essaie ici de décrire quelque chose de plus profond que toutes ces « causes » analy

1589 cède et leur donne un fondement qui leur a permis d’ agir toutes dans la même direction. Certains croiront peut-être que mo

1590 e objection exprime et illustre l’erreur capitale de nos démocraties. Car l’hitlérisme est en vérité une forme de romantis

1591 craties. Car l’hitlérisme est en vérité une forme de romantisme, et si nous refusons d’accepter ce fait, si nous sommes in

1592 rité une forme de romantisme, et si nous refusons d’ accepter ce fait, si nous sommes incapables de le comprendre, nous som

1593 ons d’accepter ce fait, si nous sommes incapables de le comprendre, nous sommes condamnés à répéter les erreurs commises d

1594 damnés à répéter les erreurs commises depuis plus de quinze ans dans la lutte contre les mouvements totalitaires. Goebbels