1
chez les Grecs ; l’idéal impérial à Rome ; la foi
chrétienne
au Moyen Âge. L’ère moderne a tenté de remplacer tout cela par l’idée
2
ement. Il vous affirmera peut-être même qu’il est
chrétien
, à condition toutefois que l’on débarrasse le christianisme de ses él
3
a morale, et encore moins par ceux de la religion
chrétienne
, mais bien par l’intérêt de la nation. On le tolère dans la mesure où
4
C’est-à-dire qu’en réalité, on a le droit d’être
chrétien
à condition que cela ne se voie pas, que cela n’entraîne aucun acte,
5
ant à la protection qu’Hitler entend accorder aux
chrétiens
, à ces pauvres chrétiens persécutés par les ignobles bolchévistes, il
6
tler entend accorder aux chrétiens, à ces pauvres
chrétiens
persécutés par les ignobles bolchévistes, il est un homme qui vous en
7
Pour une « Suisse
chrétienne
» (1939)f Est-ce un nouveau slogan ? Il ne court pas encore les ru
8
ou tendance qui se serait réclamée de la « Suisse
chrétienne
», mais plutôt le sens moyen et encore flottant de cette expression.
9
rotestant, ce que l’on doit entendre par « Suisse
chrétienne
», si l’on veut éviter que des malentendus déjà possibles ne devienne
10
t réels et irréductibles. ⁂ L’expression « Suisse
chrétienne
», en soi, nous paraît appeler deux critiques assez graves. 1. À parl
11
graves. 1. À parler rigoureusement, l’adjectif «
chrétien
» ne saurait s’appliquer qu’à l’homme converti au Christ. À mesure qu
12
omme converti au Christ. À mesure que le terme de
chrétien
prend une extension plus grande, et s’éloigne de ce sens primitif par
13
iennent possibles. On peut certes parler d’Église
chrétienne
, puisque l’Église est le corps du Christ. On peut encore parler de do
14
orps du Christ. On peut encore parler de doctrine
chrétienne
, lorsqu’il s’agit de la doctrine de cette Église, — mais c’est déjà u
15
dérivé. Si l’on parle maintenant d’une politique
chrétienne
, c’est alors une dérivation de dérivation, puisqu’il s’agit d’une pol
16
oin encore, lorsqu’on parle par exemple de nation
chrétienne
, ou même de civilisation chrétienne pour désigner l’Europe et son his
17
ple de nation chrétienne, ou même de civilisation
chrétienne
pour désigner l’Europe et son histoire, le sens de l’adjectif devient
18
raires à l’Évangile : c’est ainsi qu’on appelle «
chrétienne
» la civilisation que les blancs apportent aux colonies, c’est-à-dire
19
de se méfier d’un emploi inconsidéré du nom de «
chrétien
» pour désigner autre chose que l’homme converti. 2. Si l’on est cons
20
onscient de ce danger, pourra-t-on qualifier de «
chrétiens
» certains États ? Un État, c’est une organisation. Or une organisati
21
anisation ne peut pas se convertir, et ce qui est
chrétien
, c’est ce qui est converti au Christ. Mais, dira-t-on, si l’État repo
22
sur des bases doctrinales conformes à la doctrine
chrétienne
, ne peut-on pas, dans un certain sens, évidemment indirect, l’appeler
23
tain sens, évidemment indirect, l’appeler un État
chrétien
? Cela ne suffit pas encore. Car si l’on imposait à une tribu nègre u
24
’on n’aurait pas encore le droit de parler d’État
chrétien
. Pour que l’on eût ce droit, il faudrait que tous les citoyens, ou en
25
ou en tout cas le plus grand nombre, fussent des
chrétiens
. Et si nous revenons à notre slogan : pour que l’on puisse parler san
26
r que l’on puisse parler sans abus d’une « Suisse
chrétienne
», il faudrait qu’au moins la majorité des Suisses fussent des chréti
27
t qu’au moins la majorité des Suisses fussent des
chrétiens
convertis. Or je ne pense pas que ce soit le cas. Et dès lors, parler
28
ce soit le cas. Et dès lors, parler d’une Suisse
chrétienne
, dans l’état présent de notre pays, c’est faire une anticipation qu’i
29
e pour une réalité politique. (Dangereux pour les
chrétiens
, désobligeant pour les incroyants.) ⁂ Cependant, s’il est bon de véri
30
isatrice. Ceux qui parlent en son nom de « Suisse
chrétienne
» ont en vue la christianisation réelle de notre pays. Ils voudraient
31
s. Ils voudraient que tous les Suisses deviennent
chrétiens
, et que, par suite, ils réalisent les réformes politiques, sociales e
32
que la Confédération puisse être qualifiée d’État
chrétien
. La seconde tendance, au contraire, traduit, inconsciemment sans dout
33
dès l’abord, lorsque j’entends prôner la « Suisse
chrétienne
». Je demande : quelle Suisse ? et comment « chrétienne » ? Je demand
34
enne ». Je demande : quelle Suisse ? et comment «
chrétienne
» ? Je demande s’il s’agit de la Suisse d’aujourd’hui ou de celle qu’
35
onseil fédéral décréterait du jour au lendemain «
chrétienne
», pour la sauvegarde de l’ordre établi, — ou de celle que Dieu conve
36
nous pose désormais le mouvement vers la « Suisse
chrétienne
». Si nous prenons vivement conscience de cette question, nous aurons
37
prennent l’initiative de revendiquer une « Suisse
chrétienne
». Alors tout sera clair. Alors — mais alors seulement — , il n’y au
38
s d’équivoques à redouter. On saura que la Suisse
chrétienne
est celle qui veut servir le Christ, et non pas celle qui veut se ser
39
est par fidélité d’abord qu’il appelle une Suisse
chrétienne
, et non par un calcul politique ou social inconscient. Car tout dépen
40
rition presque simultanée de la première mystique
chrétienne
de l’Amour Divin : Saint Bernard de Clairvaux ; de la première histoi
41
éviation hérétique et paganisante de l’aspiration
chrétienne
primitive : l’amour pour les choses de l’Éternité, l’acte de foi paul
42
les zones d’hérésie situées entre le gnosticisme
chrétien
et le paganisme platonisant. Mais de toute façon ici nous nous intére
43
mple, qu’Hitler propose de supprimer, à la morale
chrétienne
, à « l’intellectualisme » et à la réflexion en général. La masse veut
44
ssayèrent évidemment pas de restaurer la moralité
chrétienne
et les conventions bourgeoises. (Cela aurait signifié implicitement,
45
iquement aux centres de trois grandes confessions
chrétiennes
: le catholicisme romain, l’orthodoxie, le luthéranisme. Mais d’autre