1 1938, Tapuscrits divers (1936-1947). L’esprit totalitaire et les devoirs de la personne (mai 1938)
1 chez les Grecs ; l’idéal impérial à Rome ; la foi chrétienne au Moyen Âge. L’ère moderne a tenté de remplacer tout cela par l’idée
2 ement. Il vous affirmera peut-être même qu’il est chrétien , à condition toutefois que l’on débarrasse le christianisme de ses él
3 a morale, et encore moins par ceux de la religion chrétienne , mais bien par l’intérêt de la nation. On le tolère dans la mesure où
4 C’est-à-dire qu’en réalité, on a le droit d’être chrétien à condition que cela ne se voie pas, que cela n’entraîne aucun acte,
5 ant à la protection qu’Hitler entend accorder aux chrétiens , à ces pauvres chrétiens persécutés par les ignobles bolchévistes, il
6 tler entend accorder aux chrétiens, à ces pauvres chrétiens persécutés par les ignobles bolchévistes, il est un homme qui vous en
2 1939, Tapuscrits divers (1936-1947). Pour une « Suisse chrétienne » (1939)
7 Pour une « Suisse chrétienne  » (1939)f Est-ce un nouveau slogan ? Il ne court pas encore les ru
8 ou tendance qui se serait réclamée de la « Suisse chrétienne  », mais plutôt le sens moyen et encore flottant de cette expression.
9 rotestant, ce que l’on doit entendre par « Suisse chrétienne  », si l’on veut éviter que des malentendus déjà possibles ne devienne
10 t réels et irréductibles. ⁂ L’expression « Suisse chrétienne  », en soi, nous paraît appeler deux critiques assez graves. 1. À parl
11 graves. 1. À parler rigoureusement, l’adjectif «  chrétien  » ne saurait s’appliquer qu’à l’homme converti au Christ. À mesure qu
12 omme converti au Christ. À mesure que le terme de chrétien prend une extension plus grande, et s’éloigne de ce sens primitif par
13 iennent possibles. On peut certes parler d’Église chrétienne , puisque l’Église est le corps du Christ. On peut encore parler de do
14 orps du Christ. On peut encore parler de doctrine chrétienne , lorsqu’il s’agit de la doctrine de cette Église, — mais c’est déjà u
15 dérivé. Si l’on parle maintenant d’une politique chrétienne , c’est alors une dérivation de dérivation, puisqu’il s’agit d’une pol
16 oin encore, lorsqu’on parle par exemple de nation chrétienne , ou même de civilisation chrétienne pour désigner l’Europe et son his
17 ple de nation chrétienne, ou même de civilisation chrétienne pour désigner l’Europe et son histoire, le sens de l’adjectif devient
18 raires à l’Évangile : c’est ainsi qu’on appelle «  chrétienne  » la civilisation que les blancs apportent aux colonies, c’est-à-dire
19 de se méfier d’un emploi inconsidéré du nom de «  chrétien  » pour désigner autre chose que l’homme converti. 2. Si l’on est cons
20 onscient de ce danger, pourra-t-on qualifier de «  chrétiens  » certains États ? Un État, c’est une organisation. Or une organisati
21 anisation ne peut pas se convertir, et ce qui est chrétien , c’est ce qui est converti au Christ. Mais, dira-t-on, si l’État repo
22 sur des bases doctrinales conformes à la doctrine chrétienne , ne peut-on pas, dans un certain sens, évidemment indirect, l’appeler
23 tain sens, évidemment indirect, l’appeler un État chrétien  ? Cela ne suffit pas encore. Car si l’on imposait à une tribu nègre u
24 ’on n’aurait pas encore le droit de parler d’État chrétien . Pour que l’on eût ce droit, il faudrait que tous les citoyens, ou en
25 ou en tout cas le plus grand nombre, fussent des chrétiens . Et si nous revenons à notre slogan : pour que l’on puisse parler san
26 r que l’on puisse parler sans abus d’une « Suisse chrétienne  », il faudrait qu’au moins la majorité des Suisses fussent des chréti
27 t qu’au moins la majorité des Suisses fussent des chrétiens convertis. Or je ne pense pas que ce soit le cas. Et dès lors, parler
28 ce soit le cas. Et dès lors, parler d’une Suisse chrétienne , dans l’état présent de notre pays, c’est faire une anticipation qu’i
29 e pour une réalité politique. (Dangereux pour les chrétiens , désobligeant pour les incroyants.) ⁂ Cependant, s’il est bon de véri
30 isatrice. Ceux qui parlent en son nom de « Suisse chrétienne  » ont en vue la christianisation réelle de notre pays. Ils voudraient
31 s. Ils voudraient que tous les Suisses deviennent chrétiens , et que, par suite, ils réalisent les réformes politiques, sociales e
32 que la Confédération puisse être qualifiée d’État chrétien . La seconde tendance, au contraire, traduit, inconsciemment sans dout
33 dès l’abord, lorsque j’entends prôner la « Suisse chrétienne  ». Je demande : quelle Suisse ? et comment « chrétienne » ? Je demand
34 enne ». Je demande : quelle Suisse ? et comment «  chrétienne  » ? Je demande s’il s’agit de la Suisse d’aujourd’hui ou de celle qu’
35 onseil fédéral décréterait du jour au lendemain «  chrétienne  », pour la sauvegarde de l’ordre établi, — ou de celle que Dieu conve
36 nous pose désormais le mouvement vers la « Suisse chrétienne  ». Si nous prenons vivement conscience de cette question, nous aurons
37 prennent l’initiative de revendiquer une « Suisse chrétienne  ». Alors tout sera clair. Alors — mais alors seulement — , il n’y au
38 s d’équivoques à redouter. On saura que la Suisse chrétienne est celle qui veut servir le Christ, et non pas celle qui veut se ser
39 est par fidélité d’abord qu’il appelle une Suisse chrétienne , et non par un calcul politique ou social inconscient. Car tout dépen
3 1941, Tapuscrits divers (1936-1947). Passion et origine de l’hitlérisme (janvier 1941)
40 rition presque simultanée de la première mystique chrétienne de l’Amour Divin : Saint Bernard de Clairvaux ; de la première histoi
41 éviation hérétique et paganisante de l’aspiration chrétienne primitive : l’amour pour les choses de l’Éternité, l’acte de foi paul
42 les zones d’hérésie situées entre le gnosticisme chrétien et le paganisme platonisant. Mais de toute façon ici nous nous intére
43 mple, qu’Hitler propose de supprimer, à la morale chrétienne , à « l’intellectualisme » et à la réflexion en général. La masse veut
44 ssayèrent évidemment pas de restaurer la moralité chrétienne et les conventions bourgeoises. (Cela aurait signifié implicitement,
4 1942, Tapuscrits divers (1936-1947). La grande « stratégie religieuse » de cette guerre (avril-mai 1942)
45 iquement aux centres de trois grandes confessions chrétiennes  : le catholicisme romain, l’orthodoxie, le luthéranisme. Mais d’autre