1 a-t-on parlé comme il convient ? C’est un ouvrage de première grandeur. Certes, sa densité et sa longueur, son vocabulaire

2 ertes, sa densité et sa longueur, son vocabulaire de sociologue, et d’autre part l’extrême conscience qu’apporte l’auteur

3 l’auteur à prévenir les interprétations abusives de sa pensée, tout cela rend cette lecture plus laborieuse que de raison

4 tout cela rend cette lecture plus laborieuse que de raison. Mais si l’on songe que L’Idée socialiste n’est pas seulement

5 epuis Sorel — qui pose avec franchise le problème de la culture parmi nous, on conviendra que ces obstacles formels ne sau

6 comparable à celle des Réflexions sur la violence de Sorel. Ce n’est point par hasard que le nom de Sorel hante le lecteur

7 ce de Sorel. Ce n’est point par hasard que le nom de Sorel hante le lecteur de M. de Man. Le rapprochement, l’opposition d

8 t par hasard que le nom de Sorel hante le lecteur de M. de Man. Le rapprochement, l’opposition de ces deux auteurs illustr

9 teur de M. de Man. Le rapprochement, l’opposition de ces deux auteurs illustre d’une manière frappante l’évolution du soci

10 hement, l’opposition de ces deux auteurs illustre d’ une manière frappante l’évolution du socialisme européen durant les tr

11 d’une manière frappante l’évolution du socialisme européen durant les trente dernières années. Notons d’abord que le vocabulaire

12 si l’on peut proposer cet adjectif commode — fait de larges emprunts au vocabulaire sorélien. Pour me borner à un exemple,

13 e relève chez de Man l’emploi constant des termes de « producteurs » et de « consommateurs de la culture », termes analysé

14 ’emploi constant des termes de « producteurs » et de « consommateurs de la culture », termes analysés par Sorel (voir ses

15 s termes de « producteurs » et de « consommateurs de la culture », termes analysés par Sorel (voir ses récents Propos) ave

16 eur et une autorité qui les marque définitivement de son sceau. Cette terminologie commune permet de prendre une vue aisée

17 t de son sceau. Cette terminologie commune permet de prendre une vue aisée du contraste que font les deux doctrines : tout

18 es : tout ce qui était romantique, anarchisant et d’ inspiration nietzschéenne chez Sorel, est devenu chez de Man technique

19 , est devenu chez de Man technique, organique, et d’ inspiration nettement humaniste. D’autre part, l’exaltation sorélienne

20 humaniste. D’autre part, l’exaltation sorélienne de la violence et de la haine de classe fait place chez l’auteur de L’Id

21 e part, l’exaltation sorélienne de la violence et de la haine de classe fait place chez l’auteur de L’Idée socialiste à un

22 altation sorélienne de la violence et de la haine de classe fait place chez l’auteur de L’Idée socialiste à une théorie ob

23 et de la haine de classe fait place chez l’auteur de L’Idée socialiste à une théorie objective, solidement étayée à l’hist

24 héorie objective, solidement étayée à l’histoire, de l’évolution normale du prolétariat, considéré comme porteur de l’idée

25 n normale du prolétariat, considéré comme porteur de l’idée révolutionnaire. (La notion de saut irrationnel reste absolume

26 mme porteur de l’idée révolutionnaire. (La notion de saut irrationnel reste absolument étrangère à la pensée de M. de Man.

27 rrationnel reste absolument étrangère à la pensée de M. de Man.) Ceci s’explique d’abord, comme je le disais tout à l’heur

28 dangers du recours à la violence, ou en tout cas de ses équivoques. Mais cela s’explique aussi par la personnalité de M.

29 s. Mais cela s’explique aussi par la personnalité de M. de Man. Nous n’avons pas affaire ici à un intellectuel détaché — c

30 un homme dont la pensée est constamment soucieuse de ses applications prochaines et nécessaires. M. de Man est aujourd’hui

31 nnu des aventures plus rudes, parmi les ouvriers, de son pays ou les pêcheurs de l’Atlantique. Ce n’est pas un idéologue.

32 , parmi les ouvriers, de son pays ou les pêcheurs de l’Atlantique. Ce n’est pas un idéologue. C’est un homme qui a reconnu

33 ologue. C’est un homme qui a reconnu, à la faveur d’ expériences précises, la valeur de certaines idées capables de « confi

34 nu, à la faveur d’expériences précises, la valeur de certaines idées capables de « configurer l’action » (pour parler comm

35 s précises, la valeur de certaines idées capables de « configurer l’action » (pour parler comme ses traducteurs). Il y aur

36 rler comme ses traducteurs). Il y aurait plus que de l’imprudence à vouloir résumer ici cet essai de 550 pages, cette anal

37 e de l’imprudence à vouloir résumer ici cet essai de 550 pages, cette analyse de la formation du monde bourgeois et de ses

38 résumer ici cet essai de 550 pages, cette analyse de la formation du monde bourgeois et de ses vertus, cette critique de l

39 tte analyse de la formation du monde bourgeois et de ses vertus, cette critique de la culture actuelle, ces déterminations

40 monde bourgeois et de ses vertus, cette critique de la culture actuelle, ces déterminations de la culture à venir et surt

41 itique de la culture actuelle, ces déterminations de la culture à venir et surtout de la « morale socialiste »… Comme le t

42 s déterminations de la culture à venir et surtout de la « morale socialiste »… Comme le titre de l’un de ses précédents ou

43 rtout de la « morale socialiste »… Comme le titre de l’un de ses précédents ouvrages l’indiquait, M. de Man veut aller Au-

44 la « morale socialiste »… Comme le titre de l’un de ses précédents ouvrages l’indiquait, M. de Man veut aller Au-delà du

45 veut aller Au-delà du marxisme. Il ne s’agit pas de renier le marxisme, mais d’appliquer la méthode même de Marx à des fa

46 sme. Il ne s’agit pas de renier le marxisme, mais d’ appliquer la méthode même de Marx à des faits qu’il avait négligés, et

47 ier le marxisme, mais d’appliquer la méthode même de Marx à des faits qu’il avait négligés, et qui se révèlent aujourd’hui

48 et » des phénomènes économiques. Cette définition d’ origine purement polémique a fait plus de tort au socialisme que les a

49 finition d’origine purement polémique a fait plus de tort au socialisme que les attaques de tous ses ennemis. Elle l’a en

50 fait plus de tort au socialisme que les attaques de tous ses ennemis. Elle l’a en effet empêché de formuler à temps — dan

51 es de tous ses ennemis. Elle l’a en effet empêché de formuler à temps — dans certains pays — les éléments d’une culture et

52 muler à temps — dans certains pays — les éléments d’ une culture et d’une morale aptes à remplacer la culture et la morale

53 ans certains pays — les éléments d’une culture et d’ une morale aptes à remplacer la culture et la morale bourgeoise décade

54 ise décadentes. On s’imaginait que le « processus de la lutte des classes » sécréterait de lui-même et fatalement la cultu

55 « processus de la lutte des classes » sécréterait de lui-même et fatalement la culture qu’on ne voulait pas créer. Les tou

56 iste à un autre point de vue ont montré l’étendue de cette erreur, et les fatalités qu’elle laissait se développer. C’est

57 laissait se développer. C’est sur ce double échec de la théorie matérialiste que se fonde M. de Man pour affirmer la néces

58 que se fonde M. de Man pour affirmer la nécessité d’ une orientation toute nouvelle du socialisme. Pour M. de Man, en effet

59 ormais lui donner son vrai sens. Il vaut la peine d’ insister sur cette thèse et de souligner sa nouveauté réelle dans l’hi

60 s. Il vaut la peine d’insister sur cette thèse et de souligner sa nouveauté réelle dans l’histoire des doctrines politique

61 ement au-delà du marxisme. On a parlé à ce propos d’ idéalisme. Je vois bien l’intérêt polémique que présenterait l’usage d

62 bien l’intérêt polémique que présenterait l’usage de ce mot, opposé à matérialisme. Mais je crains que, précisément, il ne

63 s inverse l’erreur du marxisme orthodoxe, qui fit de nécessité vertu. M. de Man paraît d’ailleurs l’avoir récusé par avanc

64 l, écrit-il, n’est rien qu’une forme particulière de l’idée, si l’on veut, une forme dégénérée. C’est une idée devenue aff

65 (Une idée-force comme disait Fouillée.) Le terme d’ idéalisme ne pourrait être accepté aujourd’hui pour désigner les doctr

66 voisines à bien des égards, que si la définition de l’idée donnée par de Man était elle-même couramment acceptée : « Le p

67 était elle-même couramment acceptée : « Le propre d’ une idée est d’anticiper sur un but », mais aussi « d’orienter et de d

68 couramment acceptée : « Le propre d’une idée est d’ anticiper sur un but », mais aussi « d’orienter et de diriger l’action

69 e idée est d’anticiper sur un but », mais aussi «  d’ orienter et de diriger l’action vers des fins déterminées ». Lorsque M

70 nticiper sur un but », mais aussi « d’orienter et de diriger l’action vers des fins déterminées ». Lorsque M. de Man parle

71 s des fins déterminées ». Lorsque M. de Man parle de la puissance des idées, il n’entend point parler des idées en soi, de

72 es idées en soi, des idées détachées et gratuites de l’idéalisme de nos pères, — cet illusionnisme généreux qui masquait d

73 , des idées détachées et gratuites de l’idéalisme de nos pères, — cet illusionnisme généreux qui masquait des complots d’i

74 illusionnisme généreux qui masquait des complots d’ intérêt fort « réalistes » comme on sait. L’« idéalisme » demanien veu

75 efficace. Ce n’est pas un rêve, c’est une méthode d’ action ; ce n’est pas une explication idéale du monde, mais c’est une

76 plication idéale du monde, mais c’est une volonté de transformer le monde, orientée par une vision finale et totale. M. de

77 en épigraphe à son premier chapitre cette phrase de Chesterton : « Nous ne pouvons réaliser rien de bon sans nous l’être

78 e de Chesterton : « Nous ne pouvons réaliser rien de bon sans nous l’être d’abord représenté. » Qu’il me permette à mon to

79 ’abord représenté. » Qu’il me permette à mon tour de citer Lénine, qui écrivait d’une manière plus énergique : « Sans doct

80 permette à mon tour de citer Lénine, qui écrivait d’ une manière plus énergique : « Sans doctrine révolutionnaire, pas d’ac

81 énergique : « Sans doctrine révolutionnaire, pas d’ action révolutionnaire. » Ce qui signifierait, dans le domaine de la c

82 tionnaire. » Ce qui signifierait, dans le domaine de la culture, auquel revient sans cesse M. de Man : sans une hiérarchie

83 evient sans cesse M. de Man : sans une hiérarchie de valeurs suspendue à une fin bien définie, pas de société ni de morale

84 de valeurs suspendue à une fin bien définie, pas de société ni de morale vraiment renouvelées. Le mérite capital de ce li

85 spendue à une fin bien définie, pas de société ni de morale vraiment renouvelées. Le mérite capital de ce livre, c’est qu’

86 de morale vraiment renouvelées. Le mérite capital de ce livre, c’est qu’il pose dans toute son ampleur la question du but

87 e dans toute son ampleur la question du but final de la culture, élevant ainsi le débat au-dessus des polémiques partisane

88 de s’épuiser. « La culture est une forme commune de la vie dont l’activité économique et politique ne forme qu’une partie

89 d’abord », M. de Man affirme à sa façon — qui est d’ un humaniste — la primauté du spirituel. Il reste à voir, évidemment,

90 vers laquelle nos efforts doivent tendre. Le but de chaque individu est-il la société parfaite ? Ou bien le but d’une soc

91 ividu est-il la société parfaite ? Ou bien le but d’ une société normale — il faudrait tout d’abord la rendre telle — ne se

92 e la personne ? a. Édition réalisée sur la base d’ un tapuscrit conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de N

93 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 1036.

94 L’esprit totalitaire et les devoirs de la personne (mai 1938)b On parle couramment d’État totalitaire dep

95 de la personne (mai 1938)b On parle couramment d’ État totalitaire depuis quelques années, et l’on a coutume de désigner

96 litaire depuis quelques années, et l’on a coutume de désigner ainsi l’Italie fasciste et surtout l’Allemagne nationale-soc

97 rt, l’URSS stalinienne. Mais mon propos n’est pas de décrire ces États, et encore moins de les juger. En choisissant cette

98 s n’est pas de décrire ces États, et encore moins de les juger. En choisissant cette expression d’esprit, et non d’État to

99 ins de les juger. En choisissant cette expression d’ esprit, et non d’État totalitaire, j’ai eu en vue quelque chose de plu

100 En choisissant cette expression d’esprit, et non d’ État totalitaire, j’ai eu en vue quelque chose de plus vaste que les f

101 eu. Mais aussi, j’en suis persuadé, sous la forme d’ une tentation, plus ou moins inconsciente ou honteuse, généralement in

102 z puissante déjà pour que je n’aie pas à redouter de parler ici de choses tout étrangères à vos intimes préoccupations. Un

103 jà pour que je n’aie pas à redouter de parler ici de choses tout étrangères à vos intimes préoccupations. Une menace et un

104 mprends dans une certaine mesure. Nous sommes las de nous indigner. Les pires excès nous trouvent de plus en plus indiffér

105 ouvent de plus en plus indifférents. Et les coups de force périodiques des dictateurs, on dirait presque que nous les atte

106 ait presque que nous les attendons avec une sorte d’ impatience sourde, comme les péripéties d’un roman d’aventures. Nos pe

107 e sorte d’impatience sourde, comme les péripéties d’ un roman d’aventures. Nos pensées imitent ces oiseaux qui vont se perc

108 mpatience sourde, comme les péripéties d’un roman d’ aventures. Nos pensées imitent ces oiseaux qui vont se percher de préf

109 s pensées imitent ces oiseaux qui vont se percher de préférence sur les bras de l’épouvantail, ou pour moderniser l’image,

110 ux qui vont se percher de préférence sur les bras de l’épouvantail, ou pour moderniser l’image, sur la gueule d’un canon c

111 antail, ou pour moderniser l’image, sur la gueule d’ un canon chargé. Fatigués de dénonciations inefficaces, lassés par la

112 ’image, sur la gueule d’un canon chargé. Fatigués de dénonciations inefficaces, lassés par la grandiloquence d’un certain

113 iations inefficaces, lassés par la grandiloquence d’ un certain humanitarisme, plusieurs d’entre nous réagissent par un opt

114 uvriers ont du travail, etc. D’autres s’efforcent de nous persuader — ou de se persuader à eux-mêmes — que le phénomène n’

115 etc. D’autres s’efforcent de nous persuader — ou de se persuader à eux-mêmes — que le phénomène n’est pas si grave. Un tr

116 quelques mois. Et je citerai enfin cette opinion d’ un des plus grands historiens de l’Europe qui me disait un jour ici mê

117 fin cette opinion d’un des plus grands historiens de l’Europe qui me disait un jour ici même : vous avez tort d’attribuer

118 ette opinion d’un des plus grands historiens de l’ Europe qui me disait un jour ici même : vous avez tort d’attribuer tant d’im

119 e qui me disait un jour ici même : vous avez tort d’ attribuer tant d’importance doctrinale à des régimes qui ne sont en fa

120 n jour ici même : vous avez tort d’attribuer tant d’ importance doctrinale à des régimes qui ne sont en fait que les phénom

121 les phénomènes anormaux, puisqu’ils sont le fait d’ usurpateurs, de bandes d’individus armés s’emparant du pouvoir sans lé

122 anormaux, puisqu’ils sont le fait d’usurpateurs, de bandes d’individus armés s’emparant du pouvoir sans légitimité. Je sa

123 puisqu’ils sont le fait d’usurpateurs, de bandes d’ individus armés s’emparant du pouvoir sans légitimité. Je sais tout ce

124 ou anticommuniste pareillement, se met au service d’ intérêts que nous n’avons pas envie de voir triompher. Je sais que tou

125 au service d’intérêts que nous n’avons pas envie de voir triompher. Je sais que tout n’est pas mal, de ce qui s’est fait

126 e voir triompher. Je sais que tout n’est pas mal, de ce qui s’est fait là-bas, loin de là. Je tiendrai compte de toutes ce

127 s’est fait là-bas, loin de là. Je tiendrai compte de toutes ces objections. Auparavant, je tiens à préciser la perspective

128 s. Auparavant, je tiens à préciser la perspective de ma pensée. Je ne suis membre d’aucun parti. Je ne suis ni de gauche n

129 er la perspective de ma pensée. Je ne suis membre d’ aucun parti. Je ne suis ni de gauche ni de droite. Je ne vous parle pa

130 e. Je ne suis membre d’aucun parti. Je ne suis ni de gauche ni de droite. Je ne vous parle pas de politique, et je compte

131 membre d’aucun parti. Je ne suis ni de gauche ni de droite. Je ne vous parle pas de politique, et je compte bien que mes

132 s ni de gauche ni de droite. Je ne vous parle pas de politique, et je compte bien que mes propos ne flatteront aucun des d

133 mystique, telle qu’il en est passé déjà sur notre Europe , mais celle-ci est la plus puissante. Le Moyen Âge fut une période co

134 Moyen Âge fut une période collectiviste, qui dura de l’Empire carolingien jusqu’au début de la Renaissance, c’est à dire e

135 , qui dura de l’Empire carolingien jusqu’au début de la Renaissance, c’est à dire environ 600 ans. De la Renaissance jusqu

136 de la Renaissance, c’est à dire environ 600 ans. De la Renaissance jusqu’à la guerre de 1914, il y eut une période sinon

137 iron 600 ans. De la Renaissance jusqu’à la guerre de 1914, il y eut une période sinon d’individualisme réel, du moins d’am

138 u’à la guerre de 1914, il y eut une période sinon d’ individualisme réel, du moins d’ambition individualiste, et elle dura

139 une période sinon d’individualisme réel, du moins d’ ambition individualiste, et elle dura environ ans. Ce second cycle est

140 lle dura environ ans. Ce second cycle est en voie de s’accomplir, et nous assistons aujourd’hui aux prodromes d’une troisi

141 plir, et nous assistons aujourd’hui aux prodromes d’ une troisième période, retour en force du collectivisme, aggravé de mo

142 ériode, retour en force du collectivisme, aggravé de moyens techniques dont le Moyen Âge n’avait aucune idée. C’est là le

143 aintenant. Envisager, c’est voir en face, et voir de près. Or il nous est très difficile d’envisager la menace totalitaire

144 e, et voir de près. Or il nous est très difficile d’ envisager la menace totalitaire, pour cette raison qu’entre elle et no

145 son qu’entre elle et nous, se dressent les écrans de l’esprit partisan. Depuis vingt ans, le monde s’épuise à discuter de

146 n. Depuis vingt ans, le monde s’épuise à discuter de faux problèmes, des problèmes qui ne sont pas urgents ni décisifs, et

147 vraie menace. Mais plus je vais, moins j’accorde d’ importance aux doctrines et aux intérêts qui se heurtent dans les disc

148 regard du phénomène profond, du vaste soulèvement de passions obscures que représente l’esprit totalitaire, il me semble q

149 ouflage. Je ne le dis pas pour le mauvais plaisir de faire du paradoxe et de déconcerter. Je le dis parce que l’histoire l

150 s pour le mauvais plaisir de faire du paradoxe et de déconcerter. Je le dis parce que l’histoire la plus récente, celle qu

151 n de vivre, nous porte à ressentir déjà la vanité de nos partis pris sociaux et politiques. Je le dis parce que je suis fr

152 capitaliste — encore qu’il y ait des différences d’ accent — , mais qui est la fois les deux choses, qui est une synthèse

153 systèmes, synthèse dominée et orientée par l’idée de puissance militaire. Je me réserve d’en donner quelques preuves. Cert

154 par l’idée de puissance militaire. Je me réserve d’ en donner quelques preuves. Certes, les partisans de droite et de gauc

155 en donner quelques preuves. Certes, les partisans de droite et de gauche ont d’excellentes raisons de contester l’identité

156 lques preuves. Certes, les partisans de droite et de gauche ont d’excellentes raisons de contester l’identité profonde du

157 Certes, les partisans de droite et de gauche ont d’ excellentes raisons de contester l’identité profonde du stalinisme et

158 de droite et de gauche ont d’excellentes raisons de contester l’identité profonde du stalinisme et du fascisme. Mais ce s

159 alinisme et du fascisme. Mais ce sont des raisons de propagande, pieux mensonges et mensonges sacrés. Pour qui veut s’en t

160 prétextes invoqués officiellement par les hommes de gauche ou de droite qui ont conduit telle ou telle révolution, tous c

161 voqués officiellement par les hommes de gauche ou de droite qui ont conduit telle ou telle révolution, tous ces prétextes

162 gabarit. Il n’y a pas trente-six moyens pratiques de maintenir l’ordre dictatorial. Il n’y en a qu’un, et c’est la tyranni

163 tatorial. Il n’y en a qu’un, et c’est la tyrannie de la police et de l’armée. Que l’esprit et l’humanité soient brimés et

164 en a qu’un, et c’est la tyrannie de la police et de l’armée. Que l’esprit et l’humanité soient brimés et persécutés par d

165 cela fasse une différence telle qu’il y ait lieu de s’exciter pour l’une de ces méthodes contre l’autre. La maladie est b

166 ce telle qu’il y ait lieu de s’exciter pour l’une de ces méthodes contre l’autre. La maladie est bien la même dans les deu

167 une pneumonie, la question que je me pose, c’est de savoir comment on pourrait la guérir, et non si le malheureux l’a con

168 et non si le malheureux l’a contractée au sortir d’ un meeting communiste, fasciste ou même antifasciste. Je laisserai don

169 ou même antifasciste. Je laisserai donc carrément de côté la question à mes yeux insoluble, et au surplus sans intérêt urg

170 eux insoluble, et au surplus sans intérêt urgent, de savoir si le mal en question est une pneumonie raciste ou marxiste. L

171 venir au fait présent, entre l’esprit totalitaire d’ où qu’il provienne, et l’esprit de liberté qui s’y oppose, et que j’au

172 rit totalitaire d’où qu’il provienne, et l’esprit de liberté qui s’y oppose, et que j’aurai à définir. Considérons mainten

173 s maintenant la maladie. Et tout d’abord essayons de voir ce qui a bien pu prédisposer l’Europe à la gagner. ⁂ Dans un ou

174 d essayons de voir ce qui a bien pu prédisposer l’ Europe à la gagner. ⁂ Dans un ouvrage récent, j’ai tenté de montrer que les

175 la gagner. ⁂ Dans un ouvrage récent, j’ai tenté de montrer que les excès de l’individualisme en politique et en morale o

176 vrage récent, j’ai tenté de montrer que les excès de l’individualisme en politique et en morale ont fini par détruire dans

177 ar détruire dans notre civilisation, toute espèce de commune mesure. Voici ce que j’entends par ce terme. Toutes les grand

178 s les grandes civilisations se sont faites autour d’ un principe qui était commun à tous les ordres d’activité sociale ou p

179 d’un principe qui était commun à tous les ordres d’ activité sociale ou personnelle. C’était ce principe, et lui seul, qui

180 , qui donnait un sens aux actions, qui permettait de les juger grandes ou basses, qui était l’étalon idéal et la mesure de

181 ou basses, qui était l’étalon idéal et la mesure de toutes choses. Je ne dis pas qu’il triomphait toujours, mais tout le

182 Hébreux ; l’idée le l’homme dans la cité, mesure de toutes choses, chez les Grecs ; l’idéal impérial à Rome ; la foi chré

183 oi chrétienne au Moyen Âge. L’ère moderne a tenté de remplacer tout cela par l’idée de progrès matériel, et pratiquement,

184 moderne a tenté de remplacer tout cela par l’idée de progrès matériel, et pratiquement, par le culte de l’argent. Évidemme

185 e progrès matériel, et pratiquement, par le culte de l’argent. Évidemment, on ne disait pas la chose si crûment. On invoqu

186 mme le sens commun. Une des maximes fondamentales de l’individualiste du xix e, c’était : chacun pour soi et Dieu pour tou

187 cun pour soi. Cela revenait à pratiquer la morale de la concurrence, sans frein légal, sans scrupule du prochain. Et comme

188 e hargneuse et abstraite, quitte à payer le moins d’ impôts possible. Mais un cadre administratif et une poussière d’indivi

189 ble. Mais un cadre administratif et une poussière d’ individus, cela ne fait pas une société vivante. Chacun tirant de son

190 la ne fait pas une société vivante. Chacun tirant de son côté, sans souci de l’idéal commun, on en vient à un stade de div

191 té vivante. Chacun tirant de son côté, sans souci de l’idéal commun, on en vient à un stade de division sociale sans précé

192 s souci de l’idéal commun, on en vient à un stade de division sociale sans précédent, je crois, dans toute l’histoire. Le

193 ait sa loi, qui contredisait totalement la morale de la vie privée. Le monde de la culture vivait sur des principes qui n’

194 t totalement la morale de la vie privée. Le monde de la culture vivait sur des principes qui n’avaient plus aucun rapport

195 disputaient à leur tour les partis, et l’intérêt de la classe ou du parti primait partout le bien commun. Seul, le respec

196 le bien commun. Seul, le respect quasi religieux de l’argent constituait encore un lieu commun. On n’en parlait d’ailleur

197 On n’en parlait d’ailleurs qu’avec pudeur, comme de tout ce que l’on tient pour sacré. Mais vint la guerre, et vint la c

198 us isolés sont envahis par une vague angoisse, et de l’angoisse naît un appel confus à une nouvelle religion. Car la relig

199 e dieu dont la loi fonde la commune mesure. Point de société, point de communauté sans religion ; et à l’inverse dès que p

200 fonde la commune mesure. Point de société, point de communauté sans religion ; et à l’inverse dès que paraît une religion

201 araît une religion, une société se reforme autour d’ elle. Je n’insiste pas sur ces données élémentaires qui ne sont plus c

202 , fût-il le plus obtus rationaliste. Dans l’état d’ atomisation où se trouvait la société moderne, il était aisé de prévoi

203 où se trouvait la société moderne, il était aisé de prévoir qu’un formidable appel religieux se ferait jour. Et c’est pré

204 une religion qui se présenta d’abord comme celle d’ une classe, puis d’une race, et finalement de la nation armée. J’insis

205 e présenta d’abord comme celle d’une classe, puis d’ une race, et finalement de la nation armée. J’insisterai fortement sur

206 elle d’une classe, puis d’une race, et finalement de la nation armée. J’insisterai fortement sur ce point : il ne s’agissa

207 rai fortement sur ce point : il ne s’agissait pas de politique, au sens étroit et partisan du terme. Certes, le détail de

208 ns étroit et partisan du terme. Certes, le détail de l’opération ressort évidemment de l’analyse politique, et plus encore

209 rtes, le détail de l’opération ressort évidemment de l’analyse politique, et plus encore de l’analyse économique, mais la

210 évidemment de l’analyse politique, et plus encore de l’analyse économique, mais la cause déterminante du foudroyant succès

211 ont voulu satisfaire. L’esprit totalitaire est né d’ une angoisse dont la vraie nature est en fin le compte religieuse. Cet

212 e très générale, et peut-être nouvelle, n’est pas de la pure poésie, quoi qu’en pensent les esprits réalistes. Je vais vou

213 assage l’une lettre que j’ai reçue tout récemment d’ Allemagne. Elle est d’un jeune national-socialiste dont je ne connais

214 e j’ai reçue tout récemment d’Allemagne. Elle est d’ un jeune national-socialiste dont je ne connais d’ailleurs que le nom

215 t l’écriture, et qui a lu par hasard mon Journal d’ un intellectuel en chômage . Il entreprend de justifier le régime qu’i

216 rnal d’un intellectuel en chômage . Il entreprend de justifier le régime qu’il sert. Il m’explique tout d’abord que ce rég

217 . Il m’explique tout d’abord que ce régime est né de la pauvreté et du malheur de son pays, ce qui est très juste. Et il a

218 que ce régime est né de la pauvreté et du malheur de son pays, ce qui est très juste. Et il ajoute : Mais la pauvreté ou

219 que des phénomènes extérieurs. La raison profonde d’ un mouvement comme le nôtre est irrationnelle. Nous voulions croire à

220 ants à celui qui nous apportait cette possibilité de croire. Le christianisme, probablement par la faute de ses ministres,

221 ne satisfait plus depuis bien longtemps au besoin de croire de la majorité du peuple. Nous voulons croire à la mission du

222 it plus depuis bien longtemps au besoin de croire de la majorité du peuple. Nous voulons croire à la mission du peuple all

223 tre réussirons-nous à y croire. Je m’en voudrais de commenter ce document. Ruine des croyances communes, carence du chris

224 es, carence du christianisme, appel irrationnel à de nouvelles raisons de vivre, volonté angoissée de croire à la première

225 ianisme, appel irrationnel à de nouvelles raisons de vivre, volonté angoissée de croire à la première réalité qui se prése

226 de nouvelles raisons de vivre, volonté angoissée de croire à la première réalité qui se présente — la nation — , on ne pe

227 présente — la nation — , on ne peut pas exprimer d’ une manière plus précise et ramassée la nature proprement religieuse d

228 reste, je place pêle-mêle les passions partisanes de gauche et de droite, les intérêts de classe, les programmes des parti

229 ce pêle-mêle les passions partisanes de gauche et de droite, les intérêts de classe, les programmes des partis, bref toute

230 s partisanes de gauche et de droite, les intérêts de classe, les programmes des partis, bref toutes les fariboles chères à

231 omènes extérieurs », c’est-à-dire dans le domaine de cette énorme mystification qu’est la politique pour les masses. ⁂ D’

232 ique pour les masses. ⁂ D’ailleurs, ce caractère de religion au sens le plus élémentaire du terme qu’ont pris les grands

233 courage à ses adeptes ? On ne peut rien accomplir de grand sinon dans un état d’amoureuse passion, de mysticisme religieux

234 e peut rien accomplir de grand sinon dans un état d’ amoureuse passion, de mysticisme religieux. Et le Credo du Balilla, r

235 de grand sinon dans un état d’amoureuse passion, de mysticisme religieux. Et le Credo du Balilla, récité par tous les en

236 rois en notre Saint-Père le Fascisme. Au congrès de Nuremberg en 1935, Hitler s’écrie : Vous avez été cette garde qui ja

237  : Vous avez été cette garde qui jadis m’a suivi d’ un cœur croyant. Vous avez été les premiers qui ont cru en moi… Ce n’e

238 pant les cheveux en quatre qui a tiré l’Allemagne de sa détresse, mais votre foi… Pourquoi sommes-nous ici ? Par ordre ? N

239 n votre mouvement et en ses chefs. Seule la force de l’idéalisme a pu accomplir cela… La raison vous eût déconseillé de ve

240 pu accomplir cela… La raison vous eût déconseillé de venir à moi, et seule la foi vous l’a commandé. Foi en qui ? Croyanc

241 au chef qui est l’incarnation du destin immortel de la nation. M. Goebbels s’adresse à son Führer dans le langage même du

242 s avons trouvé en vous celui qui montre le chemin de la foi. Vous avez été pour nous l’accomplissement d’un mystérieux dés

243 la foi. Vous avez été pour nous l’accomplissement d’ un mystérieux désir. Et je lis ailleurs, sous la même plume : La foi

244 le Führer est entourée, on pourrait presque dire, d’ une mystique mystérieuse et énigmatique. Un autre chef du parti va pl

245 ührer, écrit-il, est est effectivement la volonté de Dieu. Et M. Goering déclarait à l’envoyé d’un quotidien anglais : D

246 onté de Dieu. Et M. Goering déclarait à l’envoyé d’ un quotidien anglais : De même que les catholiques considèrent le pap

247 pape comme infaillible dans toutes les questions de religion et de morale, de même nous croyons avec la même conviction p

248 aillible dans toutes les questions de religion et de morale, de même nous croyons avec la même conviction profonde que le

249 iques lui attribuent la charge vraiment écrasante de faire lever le soleil chaque matin, et de favoriser les naissances. I

250 rasante de faire lever le soleil chaque matin, et de favoriser les naissances. Il est vrai que ces poètes sont du Midi de

251 a Russie… Mais il est vrai aussi que le programme de Lénine supposait l’extinction de la superstition, et non pas sa publi

252 que le programme de Lénine supposait l’extinction de la superstition, et non pas sa publication en première page de la Pra

253 ition, et non pas sa publication en première page de la Pravda. Là encore, la logique totalitaire a balayé tous les princi

254 rain de se dire : après tout, il ne s’agit là que de façons de parler, et d’exagérations lyriques. Tout cela, ce sont des

255 dire : après tout, il ne s’agit là que de façons de parler, et d’exagérations lyriques. Tout cela, ce sont des trucs de p

256 tout, il ne s’agit là que de façons de parler, et d’ exagérations lyriques. Tout cela, ce sont des trucs de propagande, des

257 agérations lyriques. Tout cela, ce sont des trucs de propagande, des phénomènes épisodiques. Je l’ai longtemps cru moi-mêm

258 à Francfort, en 1936, j’ai assisté à un discours d’ Hitler. Permettez-moi de vous lire une page que j’envoyai le lendemain

259 ’ai assisté à un discours d’Hitler. Permettez-moi de vous lire une page que j’envoyai le lendemain même à une revue frança

260 endemain même à une revue française, sous le coup de la révélation qu’avait été pour moi cette cérémoniec.   Le caractère

261 moniec.   Le caractère sacral et quasi liturgique de pareilles fêtes se trouve d’ailleurs curieusement confirmé par l’inco

262 on toutefois que l’on débarrasse le christianisme de ses éléments judaïques. Et il sera sans aucun doute sincère. Mais cel

263 sme sont en réalité des religions ; que les chefs de ces mouvements sont en réalité divinisés, et que l’État ou la nation

264 , et que l’État ou la nation sont le contenu réel de ces cultes nouveaux, ce n’est pas seulement sur la base des textes qu

265 out à l’heure. J’ai des raisons plus péremptoires de le penser. Et je vais vous en donner deux. La première, c’est que la

266 r deux. La première, c’est que la croyance réelle d’ un homme est définie d’une part par la nature des sacrifices qu’il con

267 le blasphémer le Christ, mais il n’est pas permis d’ élever ne fût-ce qu’une critique polie à l’endroit de la personne du C

268 inis officiellement par les principes du droit ou de la morale, et encore moins par ceux de la religion chrétienne, mais b

269 u droit ou de la morale, et encore moins par ceux de la religion chrétienne, mais bien par l’intérêt de la nation. On le t

270 e la religion chrétienne, mais bien par l’intérêt de la nation. On le tolère dans la mesure où il peut lui rendre service.

271 nd et russe proclament dans leurs lois la liberté de tous les cultes, en précisant seulement que la pratique du christiani

272 tianisme ne doit gêner en rien les droits absolus de l’État. C’est-à-dire qu’en réalité, on a le droit d’être chrétien à c

273 l’État. C’est-à-dire qu’en réalité, on a le droit d’ être chrétien à condition que cela ne se voie pas, que cela n’entraîne

274 le dit si plaisamment Mussolini : une illusion «  d’ usage interne pour les cœurs ingénus et primitifs ». Mon second argum

275 claire. Je n’ai pas à insister ici sur des faits de persécution que chacun connaît. Je me bornerai à noter que là encore,

276 classe. Certes, les communistes ont jugé opportun d’ inaugurer il y a deux ans une politique de « main tendue » aux catholi

277 pportun d’inaugurer il y a deux ans une politique de « main tendue » aux catholiques. Mais cette hypocrisie est par trop é

278 ette hypocrisie est par trop éclatante. Il s’agit d’ une alliance tactique, c’est-à-dire d’une manœuvre absolument antichré

279 . Il s’agit d’une alliance tactique, c’est-à-dire d’ une manœuvre absolument antichrétienne par sa nature et j’ajouterai bl

280 entre dans l’Église. Si l’on ne croit pas, l’acte de tendre la main signifie simplement : je te pardonne cette faiblesse b

281 e. Je veux bien croire qu’elle ne t’empêchera pas de collaborer au dessein de l’incroyance. Mais prenons garde ! L’incroya

282 ’elle ne t’empêchera pas de collaborer au dessein de l’incroyance. Mais prenons garde ! L’incroyance consciente n’a jamais

283 ’instant où elle a compris que le Christ refusait de servir ses desseins, et de se laisser couronner roi. Voilà la situati

284 que le Christ refusait de servir ses desseins, et de se laisser couronner roi. Voilà la situation réelle et éternelle, et

285 la situation réelle et éternelle, et dans le fond de notre cœur, nous savons bien que c’est encore la nôtre. Quant à la p

286 vit en prison et dont l’exemple sauvera l’honneur de notre époque : c’est le pasteur Martin Niemöller, « incarcéré pour fa

287 e pasteur Martin Niemöller, « incarcéré pour fait de christianisme » comme l’écrivait l’autre jour Paul Claudel. ⁂ L’espr

288 r Paul Claudel. ⁂ L’esprit totalitaire, religion de la nation, tel est le fait qui domine le xx e siècle. Une religion de

289 t le fait qui domine le xx e siècle. Une religion de la nation déifiée. À condition que l’on prenne ces mots dans leur sen

290 e religion, et vraiment la nation a pris la place de Dieu. Je ne connais pas de définition plus simple, plus complète, ni

291 nation a pris la place de Dieu. Je ne connais pas de définition plus simple, plus complète, ni moins discutable à mes yeux

292 yeux, du phénomène totalitaire. Elle a le mérite d’ embrasser la réalité profonde et inavouée des trois régimes dictatoria

293 ique leurs ressemblances, et qu’elle donne la clé de leur tactique. D’autre part elle réduit à leurs vraies proportions le

294 eurs vraies proportions les doctrines officielles de ces régimes. On voit enfin que s’ils ont triomphé, ce n’est pas au ma

295 que s’ils ont triomphé, ce n’est pas au marxisme de Lénine, au machiavélisme du Duce, ou au programme hétéroclite du Führ

296 la masse doit connaître la clé qui ouvre la porte de son cœur. Dans tous les temps, la force qui a mis en mouvement sur ce

297 iolentes a résidé bien moins dans la proclamation d’ une idée scientifique qui s’emparait des foules que dans un fanatisme

298 ement. Maintenant, je n’ignore pas qu’on a donné d’ innombrables définitions politiques, économiques, sociologiques, des r

299 religieux fondamental. Il est juste, par exemple, de remarquer que le bolchévisme s’est appuyé sur les ouvriers de Pétrogr

300 que le bolchévisme s’est appuyé sur les ouvriers de Pétrograd, tandis que les deux fascismes ont cherché leurs appuis dan

301 départ, une différence considérable. Mais il est d’ autant plus frappant de voir qu’à l’arrivée, cette contradiction s’éva

302 considérable. Mais il est d’autant plus frappant de voir qu’à l’arrivée, cette contradiction s’évanouit. Les nationaliste

303 ngez que l’industrie lourde allemande est en voie d’ étatisation, ce qui représente un processus socialiste. Et songez, d’a

304 jets du Père des peuples subissent l’interdiction de quitter la Russie sous peine de mort, ce qui est une très curieuse ma

305 ine de mort, ce qui est une très curieuse manière de concevoir l’internationale… Songez que la bourgeoisie allemande se pl

306 le… Songez que la bourgeoisie allemande se plaint de perdre tous ses privilèges, paye des impôts qui équivalent à une conf

307 paye des impôts qui équivalent à une confiscation de capital, et gémit qu’on ne fait rien pour elle et qu’on ne s’occupe q

308 des ouvriers. Songez aussi que le but du Service de travail est d’effacer les différences de classes. Celui qui présenter

309 Songez aussi que le but du Service de travail est d’ effacer les différences de classes. Celui qui présenterait un tel prog

310 Service de travail est d’effacer les différences de classes. Celui qui présenterait un tel programme chez nous serait imm

311 l programme chez nous serait immédiatement traité de bolchéviste. Ce serait d’ailleurs une grosse erreur, un effort actuel

312 it d’ailleurs une grosse erreur, un effort actuel de Staline est dirigé exactement dans le sens contraire, comme le démont

313 s chiffres que j’emprunte à l’ouvrage tout récent d’ un communiste français orthodoxe :   Salaire mensuel d’une bonne à t

314 mmuniste français orthodoxe :   Salaire mensuel d’ une bonne à tout faire en URSS 80 roubles Salaire d’un manœuvre 120

315 e bonne à tout faire en URSS 80 roubles Salaire d’ un manœuvre 120 roubles Salaire d’un ouvrier qualifié 240 roubles

316 les Salaire d’un manœuvre 120 roubles Salaire d’ un ouvrier qualifié 240 roubles Salaire d’un ouvrier stakhanoviste 8

317 laire d’un ouvrier qualifié 240 roubles Salaire d’ un ouvrier stakhanoviste 800 à 1200 roubles Salaire d’un écrivain !!

318 uvrier stakhanoviste 800 à 1200 roubles Salaire d’ un écrivain !!!! 10 000 roubles Salaire d’un cinéaste en vogue 15 00

319 laire d’un écrivain !!!! 10 000 roubles Salaire d’ un cinéaste en vogue 15 000 roubles   Ainsi un ouvrier qualifié gagn

320 r ordinaire. Je répète que j’extrais ces chiffres d’ un ouvrage entièrement favorable à Staline. Il résulterait de ces donn

321 e entièrement favorable à Staline. Il résulterait de ces données que les gens de droite devraient appuyer Staline et comba

322 aline. Il résulterait de ces données que les gens de droite devraient appuyer Staline et combattre Hitler, si c’était au n

323 mbattre Hitler, si c’était au nom de la raison et de leurs intérêts qu’ils jugeaient. Mais on sait bien qu’il n’en est rie

324 ialistes avec Hitler, et critiquer le capitalisme de Staline. Il en va de même, bien entendu, pour les gens de gauche, enc

325 ne. Il en va de même, bien entendu, pour les gens de gauche, encore qu’il soit juste de marquer qu’ils se méfient plus de

326 pour les gens de gauche, encore qu’il soit juste de marquer qu’ils se méfient plus de Staline que les droites ne se méfie

327 u’il soit juste de marquer qu’ils se méfient plus de Staline que les droites ne se méfient d’Hitler. Dans les deux cas, ce

328 ent plus de Staline que les droites ne se méfient d’ Hitler. Dans les deux cas, ces partisans sont les victimes d’idéologie

329 ans les deux cas, ces partisans sont les victimes d’ idéologies de façades, sans grands rapports avec les phénomènes réels,

330 cas, ces partisans sont les victimes d’idéologies de façades, sans grands rapports avec les phénomènes réels, mais qui ont

331 ts avec les phénomènes réels, mais qui ont le don de les rassurer d’une manière toute sentimentale. Il n’y a pas de pires

332 omènes réels, mais qui ont le don de les rassurer d’ une manière toute sentimentale. Il n’y a pas de pires utopistes, dans

333 er d’une manière toute sentimentale. Il n’y a pas de pires utopistes, dans notre monde présent, que les hommes de partis.

334 opistes, dans notre monde présent, que les hommes de partis. On dit aussi : le communisme nivelle tout, tandis que le fasc

335 is je viens de vous rappeler que le but des camps de travail est proprement de niveler les classes, et que la raison des f

336 er que le but des camps de travail est proprement de niveler les classes, et que la raison des formidables différences de

337 ses, et que la raison des formidables différences de salaires en Russie est au contraire de constituer des « cadres dirige

338 dit encore : Hitler est le rempart qui protège l’ Europe contre la barbarie des bolchéviques. Il a sauvé notre culture. Mais o

339 décourage les études, tandis que l’URSS y pousse de toutes ses forces, etc., etc. Je n’insiste pas, encore qu’il soit ais

340 c., etc. Je n’insiste pas, encore qu’il soit aisé de faire cent remarques analogues en ce qui concerne le statut des ouvri

341 logues en ce qui concerne le statut des ouvriers, de l’industrie, de l’armée, et de la pensée libre, dans les régimes comm

342 concerne le statut des ouvriers, de l’industrie, de l’armée, et de la pensée libre, dans les régimes communistes et fasci

343 atut des ouvriers, de l’industrie, de l’armée, et de la pensée libre, dans les régimes communistes et fascistes, mais tout

344 ue le communisme, en théorie. Si vous étiez forcé de choisir, vous choisiriez. Le feriez-vous après enquête approfondie su

345 Staline, ou l’inverse, ne le font pas sur la base d’ une connaissance des faits. Ils le font au contraire sur la base d’une

346 e des faits. Ils le font au contraire sur la base d’ une furieuse ignorance du réel. Ils ont entendu dire, ils ont lu un ar

347 les salaires sont trop faibles… la presse excite de vagues paniques… et l’on choisit ! Si par hasard on voulait vérifier

348 rches techniques au cours desquelles toute espèce de passion s’évanouirait. Mais dans le fond, c’est la passion qu’on aime

349 non la froide vérité. Il est commode et agréable de traiter de fasciste ou de communiste le Monsieur dont la tête ne vous

350 ide vérité. Il est commode et agréable de traiter de fasciste ou de communiste le Monsieur dont la tête ne vous revient pa

351 est commode et agréable de traiter de fasciste ou de communiste le Monsieur dont la tête ne vous revient pas, et cette inj

352 la tête ne vous revient pas, et cette injure est d’ autant plus facile qu’on ignore davantage de quoi on parle. Ensuite, à

353 e est d’autant plus facile qu’on ignore davantage de quoi on parle. Ensuite, à supposer qu’on aboutisse à relever des diff

354  , il faut avouer que ces différences s’atténuent de mois en mois. Ce qui apparaît alors derrière le camouflage des nuées

355 itarisme, monumental et pétrifié, l’immense idole de la nation armée, encensée par des foules en rang, dans une hystérie s

356 , dans une hystérie solennelle, dans cette espèce d’ horreur sacrée qui annonce les sacrifices humains. ⁂ Il faut ici que j

357 ins. ⁂ Il faut ici que je dise deux mots au sujet d’ une certaine naïveté que j’observe quotidiennement dans la bourgeoisie

358 rve quotidiennement dans la bourgeoisie libérale, de droite ou de gauche d’ailleurs. Il est des gens qui viennent m’object

359 nement dans la bourgeoisie libérale, de droite ou de gauche d’ailleurs. Il est des gens qui viennent m’objecter : tout ce

360 ais après tout, ces régimes-là n’ont-ils pas fait d’ excellentes choses ? Prétendez-vous qu’il n’y ait rien à prendre chez

361 z eux ? Vous ne pouvez pas nier, me dit cet homme de droite, qu’Hitler n’ait rétabli l’ordre en Allemagne. Il fait régner

362 ait régner la paix sociale. Il y avait 6 millions de chômeurs en 1933, il n’y en a plus que 1 200 000d. La dignité de la n

363 1933, il n’y en a plus que 1 200 000d. La dignité de la nation est rétablie, et nous voici sauvés du communisme. — Même co

364 à l’heure. Et ne voyez-vous pas, me dit cet homme de gauche, que Staline a repris l’œuvre de Pierre le Grand, qu’il a fait

365 cet homme de gauche, que Staline a repris l’œuvre de Pierre le Grand, qu’il a fait de la Russie une grande nation, que les

366 a repris l’œuvre de Pierre le Grand, qu’il a fait de la Russie une grande nation, que les ouvriers s’y sentent chez eux, e

367 res apportent leur petite contribution à l’effort de la propagande totalitaire dans nos pays. Ils le font sans malice, et

368 pieusement son petit fagot au bûcher du supplice de Jean Huss : ce que voyant, le martyr prononça O sanctas simplicitas !

369 encore qu’on puisse détacher telle ou telle pièce de ces régimes pour l’admirer isolément. Les libéraux qui parlent ainsi

370 s libéraux qui parlent ainsi ignorent sereinement de quoi ils parlent. Ils ignorent tout bonnement le sens du mot totalita

371 talitaire est la condamnation radicale et brutale de l’esprit libéral au nom duquel ils admirent ceci ou cela, pris à part

372 ibéralisme impénitent, que cette manière libérale d’ admirer les totalitaires. Comme si le mot totalitaire ne signifiait pa

373 n être détaché, sous peine de perdre toute espèce de sens ! Croyez-vous que Mussolini ait fait une révolution dans l’inten

374 t une révolution dans l’intention philanthropique de faire partir les trains à l’heure ? Croyez-vous que l’ordre social qu

375 st simplement la suppression brutale et militaire de toute expression libre des vrais antagonismes ? Ne voit-on pas que la

376 pas que l’unanimité des ouvriers en URSS résulte de la suppression brutale des syndicats et de la dictature des bureaucra

377 ésulte de la suppression brutale des syndicats et de la dictature des bureaucrates ? Ne voit-on pas enfin que ce qui impor

378 end par rapport au mouvement total, à la religion de la nation armée ? ⁂ Mais revenons à des choses plus sérieuses. Voyons

379 avez qu’en Russie comme en Allemagne, l’éducation de la jeunesse consiste à supprimer chez elle toute espèce de conflits m

380 nesse consiste à supprimer chez elle toute espèce de conflits moraux, sentimentaux ou spirituels. Les conflits intérieurs,

381 uels, c’est un manque à gagner pour l’État, c’est de l’énergie perdue pour l’armée nationale. Un Nietzsche ou un Dostoïevs

382 ationale. Un Nietzsche ou un Dostoïevski seraient de très mauvais SA, de très mauvais stakhanovistes, des hommes que leurs

383 he ou un Dostoïevski seraient de très mauvais SA, de très mauvais stakhanovistes, des hommes que leurs soucis privés empêc

384 des hommes que leurs soucis privés empêcheraient de marcher bien au pas. Il s’agit donc de former une jeunesse en qui le

385 êcheraient de marcher bien au pas. Il s’agit donc de former une jeunesse en qui le sens de la discipline remplace le sens

386 s’agit donc de former une jeunesse en qui le sens de la discipline remplace le sens de l’intime réflexion. Un développera,

387 en qui le sens de la discipline remplace le sens de l’intime réflexion. Un développera, bien entendu, les qualités d’init

388 exion. Un développera, bien entendu, les qualités d’ initiative, mais seulement dans le cadre étatique. Lorsque les Russes

389 étatique. Lorsque les Russes ou les nazis parlent d’ initiative individuelle, il faut entendre qu’il s’agit d’aptitudes pro

390 ative individuelle, il faut entendre qu’il s’agit d’ aptitudes proprement militaires, telles qu’en exige la guerre moderne.

391 e moderne. C’est ainsi, par le sport et la morale d’ État, qu’on est en train de fabriquer une jeunesse sans problèmes inti

392 es, une saine jeunesse toute délivrée des miasmes de l’intelligence et de la culture bourgeoise, une jeunesse qui possède

393 e toute délivrée des miasmes de l’intelligence et de la culture bourgeoise, une jeunesse qui possède dans un corps sain au

394 jeunesse qui possède dans un corps sain aussi peu d’ esprit que possible. Or, comme les hommes ne peuvent pas vivre sans pa

395 la passion individuelle est condamnée, il s’agit de reporter tous les conflits et les passions à l’échelle de la seule na

396 ter tous les conflits et les passions à l’échelle de la seule nation. Tel est le sens du totalitarisme : c’est la nation t

397 isme : c’est la nation totale qui est seule dotée de qualités individuelles, d’initiative réelle, de liberté et de respons

398 le qui est seule dotée de qualités individuelles, d’ initiative réelle, de liberté et de responsabilité morale. Quand le Fü

399 e de qualités individuelles, d’initiative réelle, de liberté et de responsabilité morale. Quand le Führer réclame la liber

400 individuelles, d’initiative réelle, de liberté et de responsabilité morale. Quand le Führer réclame la liberté pour les Al

401 ate. La liberté, dans son esprit, est un attribut de la nation, et non pas des individus. Elle suppose même le renoncement

402 uelles. Elle consiste, par exemple, dans le droit d’ annexer l’Autriche ou de réarmer en dépit des traités. Ainsi, toutes l

403 ar exemple, dans le droit d’annexer l’Autriche ou de réarmer en dépit des traités. Ainsi, toutes les qualités et tous les

404 utes les qualités et tous les vices que l’intérêt de l’État ou la morale interdisent aux particuliers, sont reportées sur

405 en et ce qui est le mal. Voici un paragraphe tiré de Mein Kampf qui le confirme sans équivoque : Telle solution sera-t-el

406 ilà la seule opinion qui compte. Il s’agit donc d’ « éliminer impitoyablement toute considération de politique de partis,

407 d’« éliminer impitoyablement toute considération de politique de partis, de religion, d’humanité, bref toutes autres cons

408 impitoyablement toute considération de politique de partis, de religion, d’humanité, bref toutes autres considérations qu

409 ement toute considération de politique de partis, de religion, d’humanité, bref toutes autres considérations quelles qu’el

410 onsidération de politique de partis, de religion, d’ humanité, bref toutes autres considérations quelles qu’elles soient… »

411 ce que morale et religion condamnent dans la vie d’ un particulier devient le devoir sacré de la nation : l’orgueil est gl

412 s la vie d’un particulier devient le devoir sacré de la nation : l’orgueil est glorifié, quand il est national, les attitu

413 d il est national, les attitudes provocantes sont de règle, en tant que nation, ou le droit de se faire valoir comme le pl

414 es sont de règle, en tant que nation, ou le droit de se faire valoir comme le plus grossier nouveau riche. Les vantardises

415 taires se comporte exactement corme les « bandits d’ honneur » de la Corse. Elle a la même « morale », si l’on peut dire, e

416 mporte exactement corme les « bandits d’honneur » de la Corse. Elle a la même « morale », si l’on peut dire, et les mêmes

417 , claire et nette, des écrits des grands chefs et de leurs actes récents : la morale totalitaire inaugure dans notre histo

418 du butor armé. Que cela satisfasse les instincts d’ un certain nombre de nos contemporains, c’est indéniable. Je dirai plu

419 cela satisfasse les instincts d’un certain nombre de nos contemporains, c’est indéniable. Je dirai plus : la brute sommeil

420 ivilisés. Mais on peut se demander si l’idéal est de réveiller cette brute, de l’exciter et de la satisfaire collectivemen

421 demander si l’idéal est de réveiller cette brute, de l’exciter et de la satisfaire collectivement. La question eût paru gr

422 éal est de réveiller cette brute, de l’exciter et de la satisfaire collectivement. La question eût paru grotesque il y a v

423 lle se pose sérieusement aujourd’hui, et beaucoup d’ hommes la tranchent déjà par une joyeuse et solennelle affirmative. «

424 L’État fasciste, écrit Mussolini, est une volonté de puissance et de domination. » Il s’oppose à l’« esprit casanier, sign

425 écrit Mussolini, est une volonté de puissance et de domination. » Il s’oppose à l’« esprit casanier, signe de décadence »

426 ation. » Il s’oppose à l’« esprit casanier, signe de décadence ». Notez que cet esprit casanier, c’est ce qu’on appelle ch

427 er, c’est ce qu’on appelle chez nous : la volonté de rester dans ses frontières et de ne pas embêter ses voisins. Signe de

428 ous : la volonté de rester dans ses frontières et de ne pas embêter ses voisins. Signe de décadence, aux yeux du Duce. Ain

429 rontières et de ne pas embêter ses voisins. Signe de décadence, aux yeux du Duce. Ainsi la religion de la nation a pour co

430 de décadence, aux yeux du Duce. Ainsi la religion de la nation a pour contenu la volonté de puissance. Mais cette volonté,

431 a religion de la nation a pour contenu la volonté de puissance. Mais cette volonté, en pratique, ne peut conduire qu’à la

432 , comme elle est seule dans sa rêverie passionnée de domination. Elle a tout de même, en fait, quelques voisins. Et dès lo

433 assion unique et totale ne peut trouver son champ d’ action que dans le conflit avec les voisins. L’État totalitaire, c’est

434 vec les voisins. L’État totalitaire, c’est l’état de guerre. Nés de la guerre, organisés pour elle et selon ses méthodes p

435 . L’État totalitaire, c’est l’état de guerre. Nés de la guerre, organisés pour elle et selon ses méthodes propres, les rég

436 r la guerre. Ils n’y manquent pas. Voici un texte de Mussolini, texte officiel s’il en fut, puisqu’il figure dans la défin

437 u fascisme, composée à tête reposée après dix ans de pouvoir, par le Duce lui-même. Il figure dans l’Encyclopédie italienn

438 ir. Avant tout, le fascisme, en ce qui concerne d’ une manière générale l’avenir et le développement de l’humanité — et a

439 une manière générale l’avenir et le développement de l’humanité — et abstraction faite de toute considération de politique

440 éveloppement de l’humanité — et abstraction faite de toute considération de politique actuelle — , ne croit ni à la possib

441 ité — et abstraction faite de toute considération de politique actuelle — , ne croit ni à la possibilité ni à l’utilité de

442 e — , ne croit ni à la possibilité ni à l’utilité de la paix perpétuelle. Il repousse le pacifisme, qui cache une fuite de

443 le sacrifice. La guerre, seule, porte au maximum de tension toutes les énergies humaines et imprime une marque de nobless

444 outes les énergies humaines et imprime une marque de noblesse aux peuples qui ont le courage de l’affronter. Toutes les au

445 marque de noblesse aux peuples qui ont le courage de l’affronter. Toutes les autres épreuves ne sont que secondaires et ne

446 s l’homme en face de lui-même, dans l’alternative de la vie et de la mort. Trente pages plus loin, je lis ceci : « Le fas

447 face de lui-même, dans l’alternative de la vie et de la mort. Trente pages plus loin, je lis ceci : « Le fascisme et une

448 loin, je lis ceci : « Le fascisme et une doctrine de vie… car il a eu ses morts et ses martyrs. » Et maintenant, pour ceux

449 une page traduite des Izvestia, journal officiel de Staline. Elle est datée du 6 septembre 1935, et commente un décret do

450 nné 3 jours avant, instituant le port obligatoire de l’uniforme pour tous les écoliers, dès l’école primaire. Il faut inc

451 aître et l’ingénieur son directeur… Il faut aider de toutes nos forces l’école dans sa lutte pour la discipline. Il faut s

452 la discipline. Il faut se féliciter sans réserve de la décision du Comité central du parti introduisant le port obligatoi

453 central du parti introduisant le port obligatoire d’ un uniforme pour les écoliers. Autrefois, nous nous moquions de l’honn

454 pour les écoliers. Autrefois, nous nous moquions de l’honneur dû à l’uniforme, parce que les classes ennemies et exploite

455 peuple. Mais aujourd’hui nous défendons l’honneur de l’uniforme de l’Armée rouge qui nous protège et nous savons que nos e

456 ujourd’hui nous défendons l’honneur de l’uniforme de l’Armée rouge qui nous protège et nous savons que nos enfants sont pl

457 rotège et nous savons que nos enfants sont pleins d’ amour et de fierté pour notre Armée rouge. Je n’ai pas rencontré un se

458 ous savons que nos enfants sont pleins d’amour et de fierté pour notre Armée rouge. Je n’ai pas rencontré un seul enfant q

459 ndit non. Que nos enfants sachent donc que le but de l’école est de les préparer au rôle de soldats de l’Armée rouge, de s

460 os enfants sachent donc que le but de l’école est de les préparer au rôle de soldats de l’Armée rouge, de soldats du socia

461 que le but de l’école est de les préparer au rôle de soldats de l’Armée rouge, de soldats du socialisme, et que le droit d

462 de l’école est de les préparer au rôle de soldats de l’Armée rouge, de soldats du socialisme, et que le droit de porter l’

463 les préparer au rôle de soldats de l’Armée rouge, de soldats du socialisme, et que le droit de porter l’uniforme de l’écol

464 rouge, de soldats du socialisme, et que le droit de porter l’uniforme de l’école est un grand honneur. On se demande ce

465 socialisme, et que le droit de porter l’uniforme de l’école est un grand honneur. On se demande ce que le socialisme vi

466 socialisme vient encore faire dans cette histoire d’ uniformes et de respect dû aux galons. C’est une survivance rhétorique

467 t encore faire dans cette histoire d’uniformes et de respect dû aux galons. C’est une survivance rhétorique. On sent bien

468 s aujourd’hui que l’objectif réel du premier plan de 5 ans, développant d’une manière absurde l’industrie lourde, c’était

469 jectif réel du premier plan de 5 ans, développant d’ une manière absurde l’industrie lourde, c’était tout simplement la pui

470 ement la puissance militaire. Le dernier discours de Staline exalte d’ailleurs, en termes très mussoliniens, la puissance

471 termes très mussoliniens, la puissance offensive de la Russie nouvelle. Résumons-nous : la religion de la nation, à défau

472 e la Russie nouvelle. Résumons-nous : la religion de la nation, à défaut d’autre foi réelle, a pour contenu la volonté de

473 ésumons-nous : la religion de la nation, à défaut d’ autre foi réelle, a pour contenu la volonté de domination. Cette volon

474 aut d’autre foi réelle, a pour contenu la volonté de domination. Cette volonté ne peut s’appuyer que sur un peuple encaser

475 nfance. Elle ne peut trouver son objet, son point d’ application concret, que dans la guerre. Or la guerre signifie la mort

476 mort. La religion des masses, c’est donc le culte de la mort. « Doctrine de vie… car elle a eu ses morts », s’écriait l’un

477 asses, c’est donc le culte de la mort. « Doctrine de vie… car elle a eu ses morts », s’écriait l’un des dictateurs. Non pa

478 s grand chef-d’œuvre, qui est le poème orchestral de Tristan, nous révèle le dernier secret de la passion sous toutes ses

479 hestral de Tristan, nous révèle le dernier secret de la passion sous toutes ses formes. La passion exalte la vie à l’extrê

480 est sombrer dans la Nuit éternelle. Souvenez-vous de la mort d’Isolde, de ce crescendo infini vers la catastrophe désirée 

481 dans la Nuit éternelle. Souvenez-vous de la mort d’ Isolde, de ce crescendo infini vers la catastrophe désirée ! Ce que ve

482 uit éternelle. Souvenez-vous de la mort d’Isolde, de ce crescendo infini vers la catastrophe désirée ! Ce que veut la pass

483 n naufrage. Et la religion totalitaire n’est rien d’ autre que la passion transportée à l’échelle des peuples déifiés.   J

484 euples déifiés.   J’aborde ici la seconde partie de cet exposé : elle sera beaucoup plus brève, rassurez-vous, car nos cr

485 errain pour reconstruire. En face de la menace et de la tentation totalitaire, la question qui se pose maintenant, c’est Q

486 e pose maintenant, c’est Que faire ? J’essaierai d’ y répondre dans la perspective du personnaliste. Et ce sera la meilleu

487 e du personnaliste. Et ce sera la meilleure façon de définir cette doctrine — non par quelques formules abstraites et géné

488 taires. Et cela nous dictera peut-être les moyens de résistance et les vrais buts d’une contre-attaque. Le totalitarisme a

489 t-être les moyens de résistance et les vrais buts d’ une contre-attaque. Le totalitarisme a triomphé surtout pour deux rais

490 tout pour deux raisons, me semble-t-il. [La suite de cette conférence a été publiée dans les Cahiers protestants en juil

491 totalitaire ».] b. Édition réalisée sur la base d’ un tapuscrit conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de N

492 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 405. Une note manuscrite indique : « Con

493 rite indique : « Conférence donnée à l’Université de Genève en avril ou mai 1938 (pendant la rédaction de L’Amour et l’Oc

494 Genève en avril ou mai 1938 (pendant la rédaction de L’Amour et l’Occident ). » La seconde partie de la conférence a été

495 de L’Amour et l’Occident ). » La seconde partie de la conférence a été publiée dans les Cahiers protestants . Nous ne r

496 passage cité, dont on peut supposer qu’il s’agit de la « cérémonie sacrée » publiée dans le Journal d’Allemagne . On n’a

497 la « cérémonie sacrée » publiée dans le Journal d’ Allemagne . On n’a pas identifié la revue à laquelle Rougemont fait ré

498 dans certains discours, dans certains programmes de groupes ou de partis politiques, tant « réactionnaires » qu’« avancés

499 discours, dans certains programmes de groupes ou de partis politiques, tant « réactionnaires » qu’« avancés », tant catho

500 dans notre presse protestante. Il est donc temps de poser à notre tour la célèbre question de Foch : « De quoi s’agit-il 

501 c temps de poser à notre tour la célèbre question de Foch : « De quoi s’agit-il ? » Nous n’avons pas en vue, ici, telle ou

502 oser à notre tour la célèbre question de Foch : «  De quoi s’agit-il ? » Nous n’avons pas en vue, ici, telle ou telle décla

503 e personnalité ou tendance qui se serait réclamée de la « Suisse chrétienne », mais plutôt le sens moyen et encore flottan

504 e », mais plutôt le sens moyen et encore flottant de cette expression. Nous pensons que le moment est venu de définir, du

505 l’homme converti au Christ. À mesure que le terme de chrétien prend une extension plus grande, et s’éloigne de ce sens pri

506 ien prend une extension plus grande, et s’éloigne de ce sens primitif par une suite de dérivations de plus en plus indirec

507 e, et s’éloigne de ce sens primitif par une suite de dérivations de plus en plus indirectes, toutes sortes d’abus devienne

508 vations de plus en plus indirectes, toutes sortes d’ abus deviennent possibles. On peut certes parler d’Église chrétienne,

509 ’abus deviennent possibles. On peut certes parler d’ Église chrétienne, puisque l’Église est le corps du Christ. On peut en

510 ise est le corps du Christ. On peut encore parler de doctrine chrétienne, lorsqu’il s’agit de la doctrine de cette Église,

511 e parler de doctrine chrétienne, lorsqu’il s’agit de la doctrine de cette Église, — mais c’est déjà un sens dérivé. Si l’o

512 trine chrétienne, lorsqu’il s’agit de la doctrine de cette Église, — mais c’est déjà un sens dérivé. Si l’on parle mainten

513 est déjà un sens dérivé. Si l’on parle maintenant d’ une politique chrétienne, c’est alors une dérivation de dérivation, pu

514 politique chrétienne, c’est alors une dérivation de dérivation, puisqu’il s’agit d’une politique plus ou moins fidèlement

515 rs une dérivation de dérivation, puisqu’il s’agit d’ une politique plus ou moins fidèlement déduite de la doctrine élaborée

516 d’une politique plus ou moins fidèlement déduite de la doctrine élaborée par une Église dont le chef est le Christ. Le ri

517 une Église dont le chef est le Christ. Le risque d’ abus apparaît clairement. Et lorsqu’on va plus loin encore, lorsqu’on

518 va plus loin encore, lorsqu’on parle par exemple de nation chrétienne, ou même de civilisation chrétienne pour désigner l

519 n parle par exemple de nation chrétienne, ou même de civilisation chrétienne pour désigner l’Europe et son histoire, le se

520 u même de civilisation chrétienne pour désigner l’ Europe et son histoire, le sens de l’adjectif devient tellement indirect qu’

521 e pour désigner l’Europe et son histoire, le sens de l’adjectif devient tellement indirect qu’il finit par recouvrir n’imp

522 s armes à feu, l’alcoolisme, etc. Première raison de se méfier d’un emploi inconsidéré du nom de « chrétien » pour désigne

523 , l’alcoolisme, etc. Première raison de se méfier d’ un emploi inconsidéré du nom de « chrétien » pour désigner autre chose

524 aison de se méfier d’un emploi inconsidéré du nom de « chrétien » pour désigner autre chose que l’homme converti. 2. Si l’

525 se que l’homme converti. 2. Si l’on est conscient de ce danger, pourra-t-on qualifier de « chrétiens » certains États ? Un

526 est conscient de ce danger, pourra-t-on qualifier de « chrétiens » certains États ? Un État, c’est une organisation. Or un

527 posait à une tribu nègre une organisation déduite de la doctrine calviniste par exemple, alors que tous les membres de la

528 alviniste par exemple, alors que tous les membres de la tribu resteraient païens, il est clair qu’on n’aurait pas encore l

529 , il est clair qu’on n’aurait pas encore le droit de parler d’État chrétien. Pour que l’on eût ce droit, il faudrait que t

530 lair qu’on n’aurait pas encore le droit de parler d’ État chrétien. Pour que l’on eût ce droit, il faudrait que tous les ci

531 re slogan : pour que l’on puisse parler sans abus d’ une « Suisse chrétienne », il faudrait qu’au moins la majorité des Sui

532 pense pas que ce soit le cas. Et dès lors, parler d’ une Suisse chrétienne, dans l’état présent de notre pays, c’est faire

533 rler d’une Suisse chrétienne, dans l’état présent de notre pays, c’est faire une anticipation qu’il serait très dangereux

534 aire une anticipation qu’il serait très dangereux de prendre pour une réalité politique. (Dangereux pour les chrétiens, dé

535 t pour les incroyants.) ⁂ Cependant, s’il est bon de vérifier d’abord le sens des mots, afin de prévenir certains abus de

536 le sens des mots, afin de prévenir certains abus de langage qui pourraient en entraîner d’autres plus graves, sur le terr

537 en entraîner d’autres plus graves, sur le terrain de la doctrine et des faits, on ne saurait s’en tenir là, sans passer à

538 es concrètes se cachent derrière l’emploi courant de cette expression approximative, et en soi dangereuse. J’en vois deux,

539 erai évangélisatrice. Ceux qui parlent en son nom de « Suisse chrétienne » ont en vue la christianisation réelle de notre

540 hrétienne » ont en vue la christianisation réelle de notre pays. Ils voudraient que tous les Suisses deviennent chrétiens,

541 s pour que la Confédération puisse être qualifiée d’ État chrétien. La seconde tendance, au contraire, traduit, inconsciemm

542 nt sans doute, un désir politique d’abord : celui de défendre l’état de choses existant contre le communisme ou l’hitléris

543 leurs adversaires se voient naturellement tentés de les combattre à l’aide du christianisme. Ce n’est d’ailleurs pas forc

544 christianisme. Ce n’est d’ailleurs pas forcément de leur christianisme personnel qu’il s’agit alors, mais peut-être surto

545 sonnel qu’il s’agit alors, mais peut-être surtout de celui des autres… de ce « christianisme » officiel et diffus, qui est

546 lors, mais peut-être surtout de celui des autres… de ce « christianisme » officiel et diffus, qui est considéré comme fais

547 et diffus, qui est considéré comme faisant partie de l’ordre établi et de la civilisation bourgeoise. En d’autres termes,

548 nsidéré comme faisant partie de l’ordre établi et de la civilisation bourgeoise. En d’autres termes, si certains sont tent

549 oise. En d’autres termes, si certains sont tentés de recourir à l’appui du christianisme, c’est moins parce qu’ils le croi

550 le danger. Il n’est pas négligeable. Il est même d’ autant plus à redouter qu’il est très souvent ignoré de ceux-là mêmes

551 ant plus à redouter qu’il est très souvent ignoré de ceux-là mêmes qui le créent, et qui pensent n’avoir vraiment que de b

552 ui le créent, et qui pensent n’avoir vraiment que de bonnes intentions. La Suisse est le pays du monde où l’on se méfie le

553 t comment « chrétienne » ? Je demande s’il s’agit de la Suisse d’aujourd’hui ou de celle qu’on espère à l’avenir. De celle

554 hrétienne » ? Je demande s’il s’agit de la Suisse d’ aujourd’hui ou de celle qu’on espère à l’avenir. De celle qu’un arrêté

555 demande s’il s’agit de la Suisse d’aujourd’hui ou de celle qu’on espère à l’avenir. De celle qu’un arrêté du Conseil fédér

556 ’aujourd’hui ou de celle qu’on espère à l’avenir. De celle qu’un arrêté du Conseil fédéral décréterait du jour au lendemai

557 r au lendemain « chrétienne », pour la sauvegarde de l’ordre établi, — ou de celle que Dieu convertirait pour Son honneur 

558 nne », pour la sauvegarde de l’ordre établi, — ou de celle que Dieu convertirait pour Son honneur ? ⁂ Comment favoriser la

559 gélisatrice tout en évitant qu’elle soit utilisée d’ une manière abusive par la politique ? Telle est la question concrète

560 chrétienne ». Si nous prenons vivement conscience de cette question, nous aurons fait le principal. Car la réponse est alo

561 ou une classe sociale, qui prennent l’initiative de revendiquer une « Suisse chrétienne ». Alors tout sera clair. Alors

562 Alors — mais alors seulement — , il n’y aura plus d’ équivoques à redouter. On saura que la Suisse chrétienne est celle qui

563 ir le Christ, et non pas celle qui veut se servir de son nom. On saura qu’il s’agit d’un mouvement de conquête religieuse,

564 veut se servir de son nom. On saura qu’il s’agit d’ un mouvement de conquête religieuse, et par suite de rénovation civiqu

565 de son nom. On saura qu’il s’agit d’un mouvement de conquête religieuse, et par suite de rénovation civique, non pas d’un

566 euse, et par suite de rénovation civique, non pas d’ une vaine habileté de politiciens, ou d’une confusion du temporel et d

567 rénovation civique, non pas d’une vaine habileté de politiciens, ou d’une confusion du temporel et du spirituel. On saura

568 , non pas d’une vaine habileté de politiciens, ou d’ une confusion du temporel et du spirituel. On saura qu’il s’agit de co

569 u temporel et du spirituel. On saura qu’il s’agit de conversion, non de maintien de l’ordre bourgeois. Que chacun donc s’e

570 irituel. On saura qu’il s’agit de conversion, non de maintien de l’ordre bourgeois. Que chacun donc s’examine sérieusement

571 saura qu’il s’agit de conversion, non de maintien de l’ordre bourgeois. Que chacun donc s’examine sérieusement et se deman

572 politique ou social inconscient. Car tout dépend de cela : savoir au nom de quoi ou au nom de qui nous agissons. Et le dé

573 en tout temps. f. Édition réalisée sur la base d’ un tapuscrit conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de N

574 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 965. Suivant une lettre adressée à Max D

575 minicé, datée du 16 août 1939, Rougemont a oublié d’ envoyer ce texte « au Semeur vaudois, qui pourtant me l’avait demandé.

576 tats qui entouraient la Suisse fut notre garantie d’ indépendance. Cet équilibre vient d’être rompu. L’immense révolution t

577 otre garantie d’indépendance. Cet équilibre vient d’ être rompu. L’immense révolution totalitaire a refermé autour de nos f

578 es idéologies nouvelles. Le régime qui va régir l’ Europe s’appuie sur des masses qui n’existent pas chez nous. Il est animé d’

579 masses qui n’existent pas chez nous. Il est animé d’ une volonté impériale qui nous est interdite. Il est rigoureusement ce

580 sommes une fédération. Il aspire à l’unification de la race, de la langue, de la culture, et nous, nous sommes jaloux de

581 fédération. Il aspire à l’unification de la race, de la langue, de la culture, et nous, nous sommes jaloux de nos diversit

582 aspire à l’unification de la race, de la langue, de la culture, et nous, nous sommes jaloux de nos diversités dans tous c

583 angue, de la culture, et nous, nous sommes jaloux de nos diversités dans tous ces domaines. Il est dictatorial, et nous so

584 s, et les nôtres relèvent encore en grande partie de l’initiative et de la propriété privées. Ces oppositions sont évident

585 lèvent encore en grande partie de l’initiative et de la propriété privées. Ces oppositions sont évidentes. Elles ne résult

586 ppositions sont évidentes. Elles ne résultent pas de nos opinions et de nos appréciations. Elles ne résultent pas non plus

587 dentes. Elles ne résultent pas de nos opinions et de nos appréciations. Elles ne résultent pas non plus de la malveillance

588 os appréciations. Elles ne résultent pas non plus de la malveillance de nos voisins, qui ont au contraire réaffirmé leur v

589 lles ne résultent pas non plus de la malveillance de nos voisins, qui ont au contraire réaffirmé leur volonté de respecter

590 sins, qui ont au contraire réaffirmé leur volonté de respecter notre pays. Elles sont inscrites dans les faits. Notre régi

591 t sérieusement mis en question par l’organisation de la nouvelle Europe. Nous courons le risque d’être absorbés économique

592 mis en question par l’organisation de la nouvelle Europe . Nous courons le risque d’être absorbés économiquement, divisés racia

593 ion de la nouvelle Europe. Nous courons le risque d’ être absorbés économiquement, divisés racialement, manœuvrés moralemen

594 de cette situation, certains nous proposent déjà de capituler sans combat. Si nous sommes attaqués, d’une manière ou d’un

595 e capituler sans combat. Si nous sommes attaqués, d’ une manière ou d’une autre, murmurent-ils, pourquoi chercher à nous dé

596 combat. Si nous sommes attaqués, d’une manière ou d’ une autre, murmurent-ils, pourquoi chercher à nous défendre ? Primo, c

597 honneur, démocratie, on en a trop parlé, ce sont de vieux bateaux. L’histoire suit fatalement son cours. Il n’est pas sag

598 oire suit fatalement son cours. Il n’est pas sage de se mettre en travers, il est fatigant de remonter le courant. Adapton

599 pas sage de se mettre en travers, il est fatigant de remonter le courant. Adaptons-nous, résignons-nous, tâchons de nous f

600 e courant. Adaptons-nous, résignons-nous, tâchons de nous faire une petite place… Et puis, ce régime nouveau, c’est l’ordr

601 sibles aux raisons. Le défaitisme est une maladie de l’esprit et de la volonté. Une maladie ne se réfute pas à force d’arg

602 ons. Le défaitisme est une maladie de l’esprit et de la volonté. Une maladie ne se réfute pas à force d’arguments, elle se

603 la volonté. Une maladie ne se réfute pas à force d’ arguments, elle se soigne. Et cette maladie-là ne peut être guérie que

604 dent qu’un peuple qui a été formé par six siècles de libertés civiques chèrement conquises ne supporterait ni physiquement

605 terait ni physiquement ni moralement la dictature de l’étranger. Si d’autres peuples paraissent accepter le joug, c’est qu

606 ous dans le sang, le besoin et l’antique habitude de gouverner eux-mêmes, sur place, à leur manière. Il est évident qu’une

607 ranger bouleverserait profondément nos conditions de vie et de travail, et que ceux d’entre nous qui ont le plus à se plai

608 leverserait profondément nos conditions de vie et de travail, et que ceux d’entre nous qui ont le plus à se plaindre de l’

609 e ceux d’entre nous qui ont le plus à se plaindre de l’état social actuel seraient les premiers à regretter le temps où il

610 ù ils avaient encore au moins un droit : le droit de se plaindre. Nous devons nous défendre, comme nous l’avons juré ; nou

611 Et non seulement nous le devons, mais avec l’aide de Dieu, nous le pouvons ! La Suisse est le pays d’Europe le mieux fait,

612 de Dieu, nous le pouvons ! La Suisse est le pays d’ Europe le mieux fait, par sa nature même, pour résister aux procédés d

613 e Dieu, nous le pouvons ! La Suisse est le pays d’ Europe le mieux fait, par sa nature même, pour résister aux procédés de comb

614 t, par sa nature même, pour résister aux procédés de combat modernes. Sa topographie paraît avoir été calculée tout exprès

615 ès pour opposer aux divisions blindées le maximum d’ obstacles naturels. Ses forêts la protègent, non moins que ses montagn

616 gent, non moins que ses montagnes. Ses traditions de résistance locale, vallée par vallée, village par village, sont connu

617 lée par vallée, village par village, sont connues de tous nos voisins : il n’en est pas qui soient plus favorables aux con

618 ui soient plus favorables aux conditions modernes de la défense armée. Mais tout cela, dira-t-on, ne nous empêcherait pas

619 ais tout cela, dira-t-on, ne nous empêcherait pas de succomber au bout de quelques semaines devant des forces vingt fois s

620 ense avant de lancer leurs armées. Il dépend donc de nous, de notre volonté et de notre préparation, que cette dépense soi

621 t de lancer leurs armées. Il dépend donc de nous, de notre volonté et de notre préparation, que cette dépense soit jugée t

622 mées. Il dépend donc de nous, de notre volonté et de notre préparation, que cette dépense soit jugée trop forte et que l’o

623 e pas rentable. Une volonté indiscutée et unanime de nous défendre jusqu’au bout et à tout prix, voilà la seule garantie q

624 éfaitisme est aujourd’hui la manière la plus sûre d’ attirer le péril et de préparer la catastrophe. Si nous le voulons, no

625 hui la manière la plus sûre d’attirer le péril et de préparer la catastrophe. Si nous le voulons, nous pouvons nous défend

626 appels au devoir les plus impératifs ne serviront de rien, ne seront que des phrases, si nous ne savons pas, et si nous ne

627 ? Beaucoup de Suisses ne se rendent pas compte de la grandeur unique de leur petit pays. Voilà la vraie raison de leur

628 es ne se rendent pas compte de la grandeur unique de leur petit pays. Voilà la vraie raison de leur défaitisme. Ils ne sav

629 unique de leur petit pays. Voilà la vraie raison de leur défaitisme. Ils ne savent pas ce que sont nos libertés, parce qu

630 scolaires, ennuyeux et pâlis. On nous a fait trop de discours conventionnels dans les cantines de tirs fédéraux. On nous a

631 trop de discours conventionnels dans les cantines de tirs fédéraux. On nous a trop parlé du peuple des bergers, de Guillau

632 raux. On nous a trop parlé du peuple des bergers, de Guillaume Tell et de Sempach : nous ne voyons plus le rapport entre c

633 parlé du peuple des bergers, de Guillaume Tell et de Sempach : nous ne voyons plus le rapport entre ces vieux clichés et l

634 a situation réelle et dure que nous fait le monde d’ aujourd’hui, avec ses crises économiques, son chômage chronique, sa lu

635 hez nos ancêtres bien plus qu’un mot : une raison de vivre et de mourir. Notre histoire est celle de la liberté. Ajoutons 

636 tres bien plus qu’un mot : une raison de vivre et de mourir. Notre histoire est celle de la liberté. Ajoutons : de la libe

637 n de vivre et de mourir. Notre histoire est celle de la liberté. Ajoutons : de la liberté menacée, conquise au prix des de

638 otre histoire est celle de la liberté. Ajoutons : de la liberté menacée, conquise au prix des derniers sacrifices, toujour

639 ours sauvée envers et contre tout. C’est l’esprit de liberté des communes. […]g Nos ancêtres n’ont pas combattu pour un

640 liberté, pour eux, avait un sens concret : droit d’ être armé, droit de s’occuper de ses affaires et le celles du pays, dr

641 avait un sens concret : droit d’être armé, droit de s’occuper de ses affaires et le celles du pays, droit de donner à ses

642 s concret : droit d’être armé, droit de s’occuper de ses affaires et le celles du pays, droit de donner à ses enfants l’éd

643 cuper de ses affaires et le celles du pays, droit de donner à ses enfants l’éducation qu’on juge bonne. Nous avons conserv

644 ranger nous soumet, s’il prive un paysan du droit de posséder son champ, de vendre ou de consommer librement ses produits,

645 l prive un paysan du droit de posséder son champ, de vendre ou de consommer librement ses produits, s’il prive un ouvrier

646 ysan du droit de posséder son champ, de vendre ou de consommer librement ses produits, s’il prive un ouvrier du droit de c

647 ment ses produits, s’il prive un ouvrier du droit de changer de domicile ou de profession, s’il réduit au silence l’opinio

648 oduits, s’il prive un ouvrier du droit de changer de domicile ou de profession, s’il réduit au silence l’opinion, réglemen

649 ive un ouvrier du droit de changer de domicile ou de profession, s’il réduit au silence l’opinion, réglemente les mariages

650 nte les mariages et intervient dans la vie intime de chacun, nous comprendrons — trop tard — ce que signifiaient pour nous

651 ote, arme civique, et le droit pour chaque soldat d’ emporter chez lui son fusil. Ces symboles nous apparaîtront alors comm

652 aîtront alors comme les marques du plus haut état de liberté et d’ordre véritable auquel soit parvenu un peuple européen.

653 comme les marques du plus haut état de liberté et d’ ordre véritable auquel soit parvenu un peuple européen. Jamais, nulle

654 t d’ordre véritable auquel soit parvenu un peuple européen . Jamais, nulle part ailleurs, le citoyen n’a mieux senti que la chose

655 uvre d’art nationale ! Voilà notre présent, digne d’ un grand passé. Mais il nous reste à voir qu’en défendant tout cela, n

656 fendons aussi un grand avenir. Peut-être l’avenir de l’Europe. La mission des Suisses Se défendre n’est pas suffisan

657 ns aussi un grand avenir. Peut-être l’avenir de l’ Europe . La mission des Suisses Se défendre n’est pas suffisant, bien q

658 lutions actuelles que si elle croit à la grandeur de son avenir. Il est temps que les Suisses comprennent que leur État es

659 les Suisses comprennent que leur État est chargé d’ une mission, et que cette mission seule les rend indispensables aux au

660 seule les rend indispensables aux autres peuples de l’Europe. Quelle est donc la mission de la Suisse ? Le chef-d’œuvre q

661 e les rend indispensables aux autres peuples de l’ Europe . Quelle est donc la mission de la Suisse ? Le chef-d’œuvre que représ

662 s peuples de l’Europe. Quelle est donc la mission de la Suisse ? Le chef-d’œuvre que représente notre démocratie fédérativ

663 à certains égards une survivance, au milieu de l’ Europe totalitaire. Si la Suisse a été préservée, jusqu’ici, ne nous faisons

664 e a été préservée, jusqu’ici, ne nous faisons pas d’ illusions : c’est au titre de parc national des anciennes libertés civ

665 ne nous faisons pas d’illusions : c’est au titre de parc national des anciennes libertés civiques, partout ailleurs appri

666 onde ancien ne va pas devenir un germe ! Le germe d’ une Europe nouvelle, réconciliée avec elle-même et tolérante. Le noyau

667 ncien ne va pas devenir un germe ! Le germe d’une Europe nouvelle, réconciliée avec elle-même et tolérante. Le noyau d’une Eur

668 réconciliée avec elle-même et tolérante. Le noyau d’ une Europe fédérée. Adaptons-nous à la nouvelle Europe ! disent nos jo

669 iliée avec elle-même et tolérante. Le noyau d’une Europe fédérée. Adaptons-nous à la nouvelle Europe ! disent nos journaux. Ou

670 d’une Europe fédérée. Adaptons-nous à la nouvelle Europe  ! disent nos journaux. Oui certes, mais non pas comme des vaincus, de

671 toutes nos coutumes y répugnent. Si nous refusons de devenir une colonie, il ne nous reste donc qu’une seule issue : faire

672 il ne nous reste donc qu’une seule issue : faire de notre statut fédératif les prémisses d’un monde nouveau. Non pas imit

673 e : faire de notre statut fédératif les prémisses d’ un monde nouveau. Non pas imiter, mais créer ! Non pas se résigner, ma

674 out tracé : nous avons à maintenir sur notre coin de terre une pratique exemplaire des libertés civiques. Jusqu’au jour où

675 civiques. Jusqu’au jour où les peuples satisfaits de leurs conquêtes viendront nous demander les secrets de notre paix. Ce

676 urs conquêtes viendront nous demander les secrets de notre paix. Cette mission est réalisable, elle n’est pas disproportio

677 onvient à notre taille. Mais on sait qu’il suffit d’ une graine, poussée dans une fissure à peine visible, pour qu’éclate u

678 sure à peine visible, pour qu’éclate un gros bloc de pierre. Gardons ce germe. Rendons-le fécond, ménageons-lui un terrain

679 cier. Cela doit signifier pratiquement : essayons de nous rendre dignes, par une discipline personnelle, de l’idéal de lib

680 us rendre dignes, par une discipline personnelle, de l’idéal de liberté, d’entraide et de sérieux civique, qui est la rais

681 ignes, par une discipline personnelle, de l’idéal de liberté, d’entraide et de sérieux civique, qui est la raison d’être d

682 ne discipline personnelle, de l’idéal de liberté, d’ entraide et de sérieux civique, qui est la raison d’être de la Suisse,

683 personnelle, de l’idéal de liberté, d’entraide et de sérieux civique, qui est la raison d’être de la Suisse, et qui l’illu

684 entraide et de sérieux civique, qui est la raison d’ être de la Suisse, et qui l’illustre aux yeux des autres peuples. M

685 e et de sérieux civique, qui est la raison d’être de la Suisse, et qui l’illustre aux yeux des autres peuples. Mais som

686 ux des autres peuples. Mais sommes-nous dignes de la Suisse ? Ici, les « réalistes » m’arrêteront. Ils me traiteront

687 les « réalistes » m’arrêteront. Ils me traiteront d’ idéaliste (c’est une injure dans certaines bouches). Ils me diront que

688 nes bouches). Ils me diront que la Suisse n’a pas de mission, et que la seule tâche sérieuse est de s’occuper du prix du l

689 as de mission, et que la seule tâche sérieuse est de s’occuper du prix du lait ou des barèmes d’exportation. Je ne méprise

690 e est de s’occuper du prix du lait ou des barèmes d’ exportation. Je ne méprise nullement les problèmes de ce genre. Je dis

691 xportation. Je ne méprise nullement les problèmes de ce genre. Je dis seulement qu’un véritable réalisme ne doit pas comme

692 s événements récents nous ont montré que la force d’ un peuple dépend de sa foi dans ses destinées, et de la conscience qu’

693 s nous ont montré que la force d’un peuple dépend de sa foi dans ses destinées, et de la conscience qu’il prend de sa miss

694 un peuple dépend de sa foi dans ses destinées, et de la conscience qu’il prend de sa mission. Le reste étant l’affaire des

695 ns ses destinées, et de la conscience qu’il prend de sa mission. Le reste étant l’affaire des techniciens. Soyons net : si

696 hniciens. Soyons net : si l’on ne veut pas parler d’ une mission de la Suisse, qu’on ne parle pas non plus de la défendre.

697 ns net : si l’on ne veut pas parler d’une mission de la Suisse, qu’on ne parle pas non plus de la défendre. Ce ne sont pa

698 mission de la Suisse, qu’on ne parle pas non plus de la défendre. Ce ne sont pas des capitaux, ou le confort moderne que

699 erdraient pas nécessairement si la Suisse cessait d’ être libre. Ce n’est pas pour nos paysages que nous nous ferons tuer :

700 nvahissait notre terre. Seule, la volonté résolue de sauver un idéal personnel et commun, et de maintenir des raisons d’êt

701 ésolue de sauver un idéal personnel et commun, et de maintenir des raisons d’être nationales, peut donner à un citoyen l’e

702 personnel et commun, et de maintenir des raisons d’ être nationales, peut donner à un citoyen l’esprit de résistance à tou

703 tre nationales, peut donner à un citoyen l’esprit de résistance à tout prix. Voilà la leçon de l’histoire contemporaine. V

704 ’esprit de résistance à tout prix. Voilà la leçon de l’histoire contemporaine. Voilà le véritable réaliste. Or cette volon

705 tenir que nous sommes tous conscients des raisons d’ être de la Suisse, et par là même imperméables aux propagandes étrangè

706 ue nous sommes tous conscients des raisons d’être de la Suisse, et par là même imperméables aux propagandes étrangères ? Q

707 re que nous sommes, dans l’ensemble, à la hauteur de la mission de la Suisse ? Ayons le courage d’avouer la vérité avant q

708 mmes, dans l’ensemble, à la hauteur de la mission de la Suisse ? Ayons le courage d’avouer la vérité avant qu’il soit trop

709 eur de la mission de la Suisse ? Ayons le courage d’ avouer la vérité avant qu’il soit trop tard pour réparer le mal. Dans

710 peuple suisse n’a guère le sens et la conscience de sa mission. Dans l’ensemble, il n’est guère « à la hauteur » de sa na

711 Dans l’ensemble, il n’est guère « à la hauteur » de sa nature sublime, de son histoire et de ses libertés tant vantées. U

712 ’est guère « à la hauteur » de sa nature sublime, de son histoire et de ses libertés tant vantées. Un siècle de matérialis

713 auteur » de sa nature sublime, de son histoire et de ses libertés tant vantées. Un siècle de matérialisme épais et inconsc

714 stoire et de ses libertés tant vantées. Un siècle de matérialisme épais et inconscient, dans toutes les classes, a détendu

715 a détendu bien des ressorts spirituels. Un siècle de confort et de sécurité trompeuse a endormi les énergies. Un siècle de

716 des ressorts spirituels. Un siècle de confort et de sécurité trompeuse a endormi les énergies. Un siècle de luttes partis

717 urité trompeuse a endormi les énergies. Un siècle de luttes partisanes, de petits calculs politiciens, de petit réalisme à

718 rmi les énergies. Un siècle de luttes partisanes, de petits calculs politiciens, de petit réalisme à courte vue, d’indiffé

719 luttes partisanes, de petits calculs politiciens, de petit réalisme à courte vue, d’indifférence religieuse affectée, et d

720 culs politiciens, de petit réalisme à courte vue, d’ indifférence religieuse affectée, et d’absence d’idéal viril, montre a

721 ourte vue, d’indifférence religieuse affectée, et d’ absence d’idéal viril, montre aujourd’hui ses effets menaçants pour le

722 d’indifférence religieuse affectée, et d’absence d’ idéal viril, montre aujourd’hui ses effets menaçants pour le moral de

723 re aujourd’hui ses effets menaçants pour le moral de la nation. On dit dans les discours : un pour tous, tous pour un. Mai

724 ntraire : chacun pour soi, l’État pour tous. Trop de Suisses en sont arrivés à ne prendre au sérieux que les questions mat

725 nous serons balayés, parce que nous n’aurons plus de raisons d’être, à nos yeux et aux yeux de l’Europe. Si cela dure, nou

726 balayés, parce que nous n’aurons plus de raisons d’ être, à nos yeux et aux yeux de l’Europe. Si cela dure, nous ne serons

727 us de raisons d’être, à nos yeux et aux yeux de l’ Europe . Si cela dure, nous ne serons même plus capables de nous défendre par

728 . Si cela dure, nous ne serons même plus capables de nous défendre par les armes. Une Suisse armée et surarmée, mais sans

729 s. Une Suisse armée et surarmée, mais sans esprit de liberté et sans foi dans un idéal, c’est comme un obus sans fusée.

730 plus une question. Le Conseil fédéral et le chef de l’armée ont publié au mois de mai de cette année un document qui les

731 fédéral et le chef de l’armée ont publié au mois de mai de cette année un document qui les engage et nous engage sans dis

732 l et le chef de l’armée ont publié au mois de mai de cette année un document qui les engage et nous engage sans discussion

733 soldats, que ceux qui mettent en doute la volonté de résistance du gouvernement ou du commandement de l’armée sont traître

734 de résistance du gouvernement ou du commandement de l’armée sont traîtres au pays. Si le bruit se répand que nos autorité

735 t, il s’agira, selon les termes mêmes du message, de propagande ennemie et de sabotage. N’oublions jamais qu’un ordre de p

736 termes mêmes du message, de propagande ennemie et de sabotage. N’oublions jamais qu’un ordre de poser les armes donné par

737 mie et de sabotage. N’oublions jamais qu’un ordre de poser les armes donné par radio est incontrôlable, hautement suspect 

738 dre écrit peut être truqué ; que seul le message [ de ] mai fait loi, et que nous lui devons obéissance quoi qu’il arrive. F

739 ur, rien ne puisse ébranler notre moral, et créer de la confusion. Mais, quelle que soit la volonté de nos chefs, elle ne

740 de la confusion. Mais, quelle que soit la volonté de nos chefs, elle ne suffira pas si, à la base, elle n’est pas appuyée

741 elle n’est pas appuyée par l’unanimité des hommes de cœur, par l’initiative de tous ceux qui ont un commandement local, pa

742 l’unanimité des hommes de cœur, par l’initiative de tous ceux qui ont un commandement local, par l’action immédiate de to

743 ont un commandement local, par l’action immédiate de tous ceux qui ont leur tâche fixe, si minime soit-elle. Pour se défen

744 iner le poison partisan, et les causes séculaires de division du peuple. Elle doit se rénover dans son esprit, dans ses in

745 on esprit, dans ses institutions, dans son rythme d’ action. Elle doit se recréer et elle doit inventer, mais dans la ligne

746 recréer et elle doit inventer, mais dans la ligne de son idéal traditionnel. Je parle ici au nom des hommes qui ont été mo

747 e s’était rien passé. Nous exigeons, à l’occasion de notre retour, le « grand nettoyage du samedi » dans toutes les pièces

748 rand nettoyage du samedi » dans toutes les pièces de notre maison suisse. Mais attention ! Une solution n’est pas forcémen

749 s générations, afin de la détourner sur des voies de garage. On ne surmonte une révolution que par une autre révolution. N

750 ngères si nous essayons, avec beaucoup de retard, de les imiter. Nous ne nous sauverons que par une révolution « à la Suis

751 évolution « à la Suisse », conforme à notre amour de l’ordre humain et de la liberté, à nos traditions et à nos possibilit

752 se », conforme à notre amour de l’ordre humain et de la liberté, à nos traditions et à nos possibilités actuelles. Cette r

753 rte pas. Ce qui importe, c’est un changement réel d’ état d’esprit. Il sera réel s’il a des conséquences pratiques. La révo

754 que est essentiellement suisse, et que la mission de la Suisse consiste justement à l’illustrer, à la réaliser d’une maniè

755 e consiste justement à l’illustrer, à la réaliser d’ une manière exemplaire. Seul le fédéralisme bien compris échappe à la

756 es totalitaires et impérialistes. C’est le régime de l’avenir européen. Le fédéralisme bien compris n’est pas l’égoïsme de

757 res et impérialistes. C’est le régime de l’avenir européen . Le fédéralisme bien compris n’est pas l’égoïsme de la région isolée,

758 . Le fédéralisme bien compris n’est pas l’égoïsme de la région isolée, mais la solidarité des régions autonomes. Il n’est

759 l est l’union dans la diversité. Tous ses défauts d’ application proviennent chez nous de ce que les uns oublient l’union (

760 s ses défauts d’application proviennent chez nous de ce que les uns oublient l’union (régionalistes), et les autres la div

761 , à nos méfiances. Ceux qui placent la discipline de leur parti au-dessus du bien commun de la fédération doivent être éca

762 discipline de leur parti au-dessus du bien commun de la fédération doivent être écartés des postes de commande, à tous les

763 de la fédération doivent être écartés des postes de commande, à tous les degrés. Les journaux qui perpétuent des polémiqu

764 rtisanes monotones, prolongées par la seule force de l’habitude, et hautement inopportunes à l’heure actuelle, doivent êtr

765 ter ensemble, et non séparément, avec les organes de l’État. Le développement du système coopératif dans les entreprises d

766 pement du système coopératif dans les entreprises de production doit devenir la base de la vitalité et de la résistance d’

767 es entreprises de production doit devenir la base de la vitalité et de la résistance d’une économie vraiment fédéraliste.

768 production doit devenir la base de la vitalité et de la résistance d’une économie vraiment fédéraliste. La réduction du no

769 evenir la base de la vitalité et de la résistance d’ une économie vraiment fédéraliste. La réduction du nombre des fonction

770 lors ils renoueront la tradition la plus ancienne de la Suisse : celle des communes des Waldstätten, qui créèrent notre Ét

771 ne affaire personnelle, mais la cellule organique d’ un ensemble, tant social qu’économique. Le seul moyen de sauvegarder l

772 nsemble, tant social qu’économique. Le seul moyen de sauvegarder l’initiative nécessaire du chef, c’est de renforcer le se

773 auvegarder l’initiative nécessaire du chef, c’est de renforcer le sens de sa responsabilité sociale. L’étatisme abusif est

774 ve nécessaire du chef, c’est de renforcer le sens de sa responsabilité sociale. L’étatisme abusif est toujours le résultat

775 ciale. L’étatisme abusif est toujours le résultat de l’égoïsme des chefs, tant patronaux que syndicaux. Un seul exemple il

776 ourd’hui, ce mois-ci, en présence d’une « épreuve de force » qui sera décisive pour le régime fédéraliste. Si elle parvien

777 e menace pour notre indépendance. Chaque occasion de travail créée et utilisée comblera une lacune dans notre défense nati

778 chômage à tout, prix ! » Je conjure les ouvriers de consentir à des réductions de salaire, si cela peut permettre de donn

779 onjure les ouvriers de consentir à des réductions de salaire, si cela peut permettre de donner du travail à leurs camarade

780 des réductions de salaire, si cela peut permettre de donner du travail à leurs camarades : il y va de la liberté des trava

781 de donner du travail à leurs camarades : il y va de la liberté des travailleurs. Je conjure les patrons de consentir une

782 liberté des travailleurs. Je conjure les patrons de consentir une réduction de leur profit, qui devra même être totale da

783 Je conjure les patrons de consentir une réduction de leur profit, qui devra même être totale dans certains cas, si cela pe

784 as, si cela peut éviter des débauchages : il y va de la liberté des entreprises. Je conjure les paysans de s’unir en coopé

785 a liberté des entreprises. Je conjure les paysans de s’unir en coopératives agricoles de production, sur le modèle des com

786 e les paysans de s’unir en coopératives agricoles de production, sur le modèle des communautés de la Suisse primitive, au

787 oles de production, sur le modèle des communautés de la Suisse primitive, au lieu de s’épuiser en concurrence mesquine et

788 s’épuiser en concurrence mesquine et en demandes de subventions. Je conjure les fonctionnaires de faire un effort maximum

789 des de subventions. Je conjure les fonctionnaires de faire un effort maximum d’humanité dans l’accomplissement de leur ser

790 ure les fonctionnaires de faire un effort maximum d’ humanité dans l’accomplissement de leur service ; chaque citoyen a le

791 effort maximum d’humanité dans l’accomplissement de leur service ; chaque citoyen a le droit d’être considéré comme un ca

792 ement de leur service ; chaque citoyen a le droit d’ être considéré comme un cas particulier. Je conjure nos gouvernants de

793 me un cas particulier. Je conjure nos gouvernants de gouverner, et de ne plus se contenter d’administrer. Je les conjure d

794 lier. Je conjure nos gouvernants de gouverner, et de ne plus se contenter d’administrer. Je les conjure de se retirer s’il

795 vernants de gouverner, et de ne plus se contenter d’ administrer. Je les conjure de se retirer s’ils ne se sentent plus la

796 e plus se contenter d’administrer. Je les conjure de se retirer s’ils ne se sentent plus la force d’innover : ils feront u

797 e de se retirer s’ils ne se sentent plus la force d’ innover : ils feront un acte de patriotisme, ils épargneront au pays d

798 tent plus la force d’innover : ils feront un acte de patriotisme, ils épargneront au pays des désordres autrement inévitab

799 amilles des soldats. Ce que la guerre sut obtenir de nous, il faut que la paix le maintienne, et le développe encore au ma

800 ou bien mourir ; ou bien donner un grand exemple de solidarité, ou bien se faire coloniser et disparaître sans honneur, a

801 et disparaître sans honneur, avec tout son trésor de libertés. Petit peuple chargé d’une grande mission : s’il la reconnaî

802 tout son trésor de libertés. Petit peuple chargé d’ une grande mission : s’il la reconnaît, il sauve son avenir, et crée d

803 : s’il la reconnaît, il sauve son avenir, et crée de l’espoir en Europe. S’il la néglige ou la trahit, il démissionne de s

804 naît, il sauve son avenir, et crée de l’espoir en Europe . S’il la néglige ou la trahit, il démissionne de son indépendance. Qu

805 ope. S’il la néglige ou la trahit, il démissionne de son indépendance. Que ceux qui, tranquillement, refusent cette démiss

806 un grand effort commun. Mais il vous rendra fiers d’ être hommes, et d’être Suisses. 1. Édition réalisée sur la base d’u

807 mmun. Mais il vous rendra fiers d’être hommes, et d’ être Suisses. 1. Édition réalisée sur la base d’un tapuscrit conser

808 ’être Suisses. 1. Édition réalisée sur la base d’ un tapuscrit conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de N

809 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 970. g. Il manque ici la page 5 du tapu

810 Blind alley of Europe (1941)k « De quoi s’agit-il ? » avait coutume de dire le maréchal

811 Blind alley of Europe (1941)k «  De quoi s’agit-il ? » avait coutume de dire le maréchal Foch. Posons-nou

812 (1941)k « De quoi s’agit-il ? » avait coutume de dire le maréchal Foch. Posons-nous la question pendant qu’il en est t

813 alité immédiate, où se perdent les grandes lignes de l’histoire. Les causes directes de la guerre sont le problème nationa

814 grandes lignes de l’histoire. Les causes directes de la guerre sont le problème national des minorités (Sudètes, Dantzig,

815 Sudètes, Dantzig, etc.) et le problème économique de la répartition des matières premières (pétrole, acier, blé, colonies,

816 cier, blé, colonies, etc.). La solution pacifique de ces questions ne pouvait être trouvée que dans le fédéralisme. L’Euro

817 e pouvait être trouvée que dans le fédéralisme. L’ Europe ayant refusé de se fédérer, les totalitaires ont essayé d’imposer leu

818 ée que dans le fédéralisme. L’Europe ayant refusé de se fédérer, les totalitaires ont essayé d’imposer leur solution, qui

819 refusé de se fédérer, les totalitaires ont essayé d’ imposer leur solution, qui est l’unification forcée. Pour y parvenir,

820 et leurs pouvoirs, c’est-à-dire que du seul fait de leur déclarer la guerre, ils allaient forcer les démocraties à adopte

821 des méthodes totalitaires. Et cela n’a pas manqué de se produire : mobilisation de l’industrie et de la main-d’œuvre, plei

822 cela n’a pas manqué de se produire : mobilisation de l’industrie et de la main-d’œuvre, pleins pouvoirs politiques en Fran

823 é de se produire : mobilisation de l’industrie et de la main-d’œuvre, pleins pouvoirs politiques en France et en Angleterr

824 listes déclaraient impossible et funeste en temps de paix est devenu possible et désirable du seul fait de la guerre. Mais

825 aix est devenu possible et désirable du seul fait de la guerre. Mais les totalitaires ne sont pas en meilleure posture : a

826 les cadres nationaux, sapant ainsi les fondements de leur doctrine. Leur triomphe même les prive de l’avantage d’être les

827 ts de leur doctrine. Leur triomphe même les prive de l’avantage d’être les seuls États centralisés et capables de mener un

828 trine. Leur triomphe même les prive de l’avantage d’ être les seuls États centralisés et capables de mener une guerre ; d’a

829 ge d’être les seuls États centralisés et capables de mener une guerre ; d’autre part, il les prive de l’appui dynamique de

830 de mener une guerre ; d’autre part, il les prive de l’appui dynamique des revendications raciales et minoritaires. Ainsi,

831 valant à une défaite : ils détruisent la pratique de la démocratie chez leurs ennemis, mais ils détruisent aussi leur prop

832 ationaliste. Et plus la guerre dure, moins il y a de chances de restaurer soit cette pratique, soit cette mystique. Dès ma

833 . Et plus la guerre dure, moins il y a de chances de restaurer soit cette pratique, soit cette mystique. Dès maintenant, d

834 rgeois pourra redevenir la morale civique admise. De l’autre côté, l’annexion des Tchèques et des Polonais, ou certains tr

835 Tchèques et des Polonais, ou certains transferts de populations comme celui qui est train de s’opérer de Bessarabie en Lo

836 ansferts de populations comme celui qui est train de s’opérer de Bessarabie en Lorraine française, réduisent à néant les d

837 populations comme celui qui est train de s’opérer de Bessarabie en Lorraine française, réduisent à néant les dernières ill

838 e part, que peuvent espérer l’un et l’autre parti de leur victoire, s’ils l’obtiennent ? Et que peuvent souhaiter les peup

839 obtiennent ? Et que peuvent souhaiter les peuples de l’Europe actuellement soumis ou occupés ? 1. Hitler Sa force se

840 nnent ? Et que peuvent souhaiter les peuples de l’ Europe actuellement soumis ou occupés ? 1. Hitler Sa force se nourrit d

841 Hitler Sa force se nourrit des contradictions de l’Europe et des défauts de la démocratie. Il a compris, ou plutôt sen

842 er Sa force se nourrit des contradictions de l’ Europe et des défauts de la démocratie. Il a compris, ou plutôt senti, qu’il

843 rit des contradictions de l’Europe et des défauts de la démocratie. Il a compris, ou plutôt senti, qu’il y avait une contr

844 théories sur la justice sociale et notre pratique de la lutte des classes ; entre notre attachement au droit international

845 chement au droit international et notre politique de l’intérêt national. Il a manœuvré de façon à aggraver ces antagonisme

846 t à l’intérieur du Reich, c’est-à-dire en faisant de sa nation tout entière une classe prolétarienne. À l’individualisme i

847 intenable des démocraties, il a opposé l’exemple d’ une communauté militaire que beaucoup ont pris pour une vraie communau

848 sa combinaison instable et explosive des notions de classe et de nation, il a fait sauter les vieilles structures de l’Eu

849 on instable et explosive des notions de classe et de nation, il a fait sauter les vieilles structures de l’Europe, les vie

850 nation, il a fait sauter les vieilles structures de l’Europe, les vieilles barrières qui s’opposaient à l’union des peupl

851 on, il a fait sauter les vieilles structures de l’ Europe , les vieilles barrières qui s’opposaient à l’union des peuples. Mais

852 en même temps, il détruit tous les germes vivants d’ une union future : valeurs universelles de culture, de droit, de raiso

853 vivants d’une union future : valeurs universelles de culture, de droit, de raison, de religion. Il a détruit les internati

854 e union future : valeurs universelles de culture, de droit, de raison, de religion. Il a détruit les internationales, mais

855 ture : valeurs universelles de culture, de droit, de raison, de religion. Il a détruit les internationales, mais il détrui

856 urs universelles de culture, de droit, de raison, de religion. Il a détruit les internationales, mais il détruit maintenan

857 , mais il détruit maintenant les bases nationales de sa mystique. Que reste-t-il du national-socialisme ? Un socialisme sa

858 e, un système purement technique et pénitentiaire de répartition du travail et des biens matériels. Cette machinerie sans

859 tait plus Paris… Car voici l’impuissance tragique de ce conquérant victorieux : tout ce qu’il veut saisir se change à son

860 u’il veut saisir se change à son approche — Midas de l’ère prolétarienne — en fer tordu, en pierraille lépreuse. Et telle

861 devant le sentiment, devant ce qui fait la valeur de la vie, et qui permet à la vie de durer. Qu’il fasse dix fois le tour

862 fait la valeur de la vie, et qui permet à la vie de durer. Qu’il fasse dix fois le tour du monde ! Il ne rencontrera jama

863 du néant mécanique. Quand il aura fait table rase de l’Europe et de ses traditions, ce magicien sera sans force, et son mo

864 ant mécanique. Quand il aura fait table rase de l’ Europe et de ses traditions, ce magicien sera sans force, et son mouvement m

865 que. Quand il aura fait table rase de l’Europe et de ses traditions, ce magicien sera sans force, et son mouvement mourra

866 e laisser porter, n’en retirera qu’un violent mal de mer. Pendant ce temps, heureusement pour nous tous, « Britannia rules

867 ais la guerre. Ne me parlez pas d’autres buts que de la gagner, c’est mon job. Cette simplification n’est qu’un sophisme.

868 ne s’intéressent qu’à la paix. Le meilleur moyen de perdre la guerre actuelle, c’est de n’avoir aucune autre idée que de

869 eilleur moyen de perdre la guerre actuelle, c’est de n’avoir aucune autre idée que de la gagner d’abord. Car c’est n’avoir

870 actuelle, c’est de n’avoir aucune autre idée que de la gagner d’abord. Car c’est n’avoir aucune idée de ce que peut signi

871 la gagner d’abord. Car c’est n’avoir aucune idée de ce que peut signifier humainement l’expression « gagner la guerre ».

872 ement l’expression « gagner la guerre ». La force de Churchill est ambiguë. Elle est faite d’une part de l’attachement de

873 Churchill est ambiguë. Elle est faite d’une part de l’attachement de la bourgeoisie à l’ordre ancien — déjà détruit dans

874 biguë. Elle est faite d’une part de l’attachement de la bourgeoisie à l’ordre ancien — déjà détruit dans ses assises par l

875 dans ses assises par la guerre — et d’autre part de l’attachement des peuples à certains espoirs que permettait l’ordre a

876 mettait l’ordre ancien, malgré lui. Le seul moyen de rendre ces espoirs dynamiques et efficaces, serait de les désolidaris

877 endre ces espoirs dynamiques et efficaces, serait de les désolidariser nettement de ce qui, dans l’ordre ancien, est déjà

878 efficaces, serait de les désolidariser nettement de ce qui, dans l’ordre ancien, est déjà condamné. Mais Churchill paraît

879 . Mais Churchill paraît redouter les conséquences de cette déclaration. Il voit mal, ou craint de voir, la réalisation de

880 nces de cette déclaration. Il voit mal, ou craint de voir, la réalisation de ces espoirs. C’est pourquoi il voit mal, ou r

881 n. Il voit mal, ou craint de voir, la réalisation de ces espoirs. C’est pourquoi il voit mal, ou refuse de montrer ce que

882 es espoirs. C’est pourquoi il voit mal, ou refuse de montrer ce que signifierait la victoire. D’où les erreurs de sa polit

883 efuse de montrer ce que signifierait la victoire. D’ où les erreurs de sa politique et l’inefficacité de sa propagande. Il

884 ce que signifierait la victoire. D’où les erreurs de sa politique et l’inefficacité de sa propagande. Il parle aux Italien

885 ’où les erreurs de sa politique et l’inefficacité de sa propagande. Il parle aux Italiens de leur roi, qui n’est plus rien

886 fficacité de sa propagande. Il parle aux Italiens de leur roi, qui n’est plus rien, de Mazzini et de Garibaldi, qu’ils ont

887 le aux Italiens de leur roi, qui n’est plus rien, de Mazzini et de Garibaldi, qu’ils ont oubliés, et il leur demande de re

888 s de leur roi, qui n’est plus rien, de Mazzini et de Garibaldi, qu’ils ont oubliés, et il leur demande de revenir à l’« or

889 Garibaldi, qu’ils ont oubliés, et il leur demande de revenir à l’« ordre » de 1919, qu’ils méprisent. Il n’ose pas leur di

890 liés, et il leur demande de revenir à l’« ordre » de 1919, qu’ils méprisent. Il n’ose pas leur dire franchement : vous ête

891 ranchement : vous êtes affamés et battus, le prix de la vie a augmenté chez vous de 42 %, l’Angleterre devient socialiste,

892 et battus, le prix de la vie a augmenté chez vous de 42 %, l’Angleterre devient socialiste, renversez-donc votre tyran et

893 eutralisation des forces, qui n’est pas un espoir de paix réelle. 3. Les peuples de l’Europe Je ne pense pas qu’il s

894 t pas un espoir de paix réelle. 3. Les peuples de l’Europe Je ne pense pas qu’il soit utile de multiplier les enquêt

895 un espoir de paix réelle. 3. Les peuples de l’ Europe Je ne pense pas qu’il soit utile de multiplier les enquêtes pour s

896 s de l’Europe Je ne pense pas qu’il soit utile de multiplier les enquêtes pour savoir ce que pensent les peuples envahi

897 ahisseurs. Mais ils ne croient plus à la victoire de la « démocratie » telle qu’ils l’ont connue. Certes, la présence des

898 leur fait sentir durement ce qu’est la privation de liberté, mais ils ne peuvent plus lier leur espoir de liberté aux ins

899 iberté, mais ils ne peuvent plus lier leur espoir de liberté aux institutions parlementaires, à la lutte des partis, au je

900 erbal, à tout ce qui faisait naguère la substance de la vie politique dite démocratique. Le mot démocratie a perdu pour eu

901 e, elle a été avortée par la guerre et la défaite de son contenu d’espérance). Ils ne veulent plus d’un régime qui les a m

902 vortée par la guerre et la défaite de son contenu d’ espérance). Ils ne veulent plus d’un régime qui les a menés où ils en

903 de son contenu d’espérance). Ils ne veulent plus d’ un régime qui les a menés où ils en sont. Ils ne veulent pas davantage

904 les Anglais. Mais les Anglais ne seront capables de triompher militairement que si les peuples vaincus se soulèvent contr

905 te : pour la première fois, depuis des siècles, l’ Europe ne possède plus d’utopie vivante, de mythe du futur. En 1918, les peu

906 ois, depuis des siècles, l’Europe ne possède plus d’ utopie vivante, de mythe du futur. En 1918, les peuples pouvaient rêve

907 ècles, l’Europe ne possède plus d’utopie vivante, de mythe du futur. En 1918, les peuples pouvaient rêver un avenir social

908 e. En 1941, on ne leur offre rien que du vieux ou de l’inhumain. Marxisme, capitalisme, internationales et nationalisme, o

909 , ont clairement fait faillite. Il ne subsiste en Europe qu’un seul État qui représente une démocratie réelle et acceptable :

910  : la confédération des cantons suisses ; au-delà de l’Europe, qu’un seul État qui représente un espoir de force libérale 

911 confédération des cantons suisses ; au-delà de l’ Europe , qu’un seul État qui représente un espoir de force libérale : la conf

912 ’Europe, qu’un seul État qui représente un espoir de force libérale : la confédération des USA. Blind alley. Tout est remi

913 alley. Tout est remis en question. Dans les camps d’ internés et de démobilisés, en France, les hommes découvrent et discut

914 t remis en question. Dans les camps d’internés et de démobilisés, en France, les hommes découvrent et discutent les problè

915 adres nationaux craquent. Les idéologies meurent. De toutes ces négations, que pourrait-il sortir ? Un appel aux États-Uni

916 nt utilisable… k. Édition réalisée sur la base d’ un tapuscrit conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de N

917 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 901. Une note manuscrite indique : « Iné

918 alisme se confond aujourd’hui avec celle des buts de guerre. Elle n’est plus seulement un problème intérieur pour des État

919 ritannique et la Suisse, mais un problème mondial d’ extrême urgence. Jusqu’ici le fédéralisme n’était qu’un héritage tradi

920 rnative au totalitarisme, le seul avenir possible d’ un monde pacifié. De là les plans, plus ou moins vagues ou utopiques,

921 isme, le seul avenir possible d’un monde pacifié. De là les plans, plus ou moins vagues ou utopiques, proposés et soutenus

922 it (Union Now) et Coudenhove-Kalergi (Paneuropa). De là les souhaits réitérés par certains leaders politiques, chefs d’Égl

923 s réitérés par certains leaders politiques, chefs d’ Églises, ou directeurs de conscience de l’opinion publique. Il n’est p

924 eaders politiques, chefs d’Églises, ou directeurs de conscience de l’opinion publique. Il n’est pas jusqu’aux totalitaires

925 ues, chefs d’Églises, ou directeurs de conscience de l’opinion publique. Il n’est pas jusqu’aux totalitaires, staliniens o

926 ens ou hitlériens, qui n’aient parlé à l’occasion de fédération mondiale. En opposant dans les pages qui suivent le fédéra

927 pages qui suivent le fédéralisme traditionnel, né de nécessités historiques et géographiques, au fédéralisme utopique, né

928 ues et géographiques, au fédéralisme utopique, né de désirs moraux et d’idéologies pacifistes ou utilitaires, je n’ai pas

929 , au fédéralisme utopique, né de désirs moraux et d’ idéologies pacifistes ou utilitaires, je n’ai pas l’intention d’exalte

930 acifistes ou utilitaires, je n’ai pas l’intention d’ exalter le premier aux dépens du second. Je voudrais simplement tirer

931 ux dépens du second. Je voudrais simplement tirer de l’histoire certaines conclusions pratiques et théoriques faute desque

932 t théoriques faute desquelles nos meilleurs plans d’ avenir resteront ce qu’ils sont actuellement : de l’utopie. Enfin, com

933 d’avenir resteront ce qu’ils sont actuellement : de l’utopie. Enfin, comme Suisse, héritier de la plus ancienne tradition

934 ment : de l’utopie. Enfin, comme Suisse, héritier de la plus ancienne tradition fédéraliste — six siècles et demi cette an

935 ler qu’un certain empirisme est la condition même de tout effort fédérateur. L’exemple suisse est minuscule au regard des

936 on. Mais il est concluant. Il peut et doit servir d’ avertissement par ses échecs non moins que par ses réussites. Il repré

937 ience-témoin » opérée dans le concret et la durée de l’histoire. À tout le moins pourrons-nous en déduire ce qu’il ne faut

938 praxis ne peut rayonner et créer qu’avec l’appui d’ une theoria, à partir d’un certain moment. Ce moment est venu. Nous y

939 et créer qu’avec l’appui d’une theoria, à partir d’ un certain moment. Ce moment est venu. Nous y sommes. Dans la révoluti

940 efficace, voilà le principe tactique fondamental de notre siècle. Si aucune contre-propagande n’entre en action pour la n

941 tain rendement qui varie entre 5 % (dans les pays d’ opinion « libre ») et 98 % (d’autres pays). Il y a donc aujourd’hui po

942 onc aujourd’hui pour le fédéralisme une nécessité de s’exprimer, quand ce ne serait que pour se défendre. En même temps, u

943 fendre. En même temps, une possibilité se révèle, d’ élargissement continental et même mondial. Mais afin de nous mettre en

944 même mondial. Mais afin de nous mettre en mesure de prêcher le fédéralisme, il nous faut savoir d’où il vient, à quoi il

945 re de prêcher le fédéralisme, il nous faut savoir d’ où il vient, à quoi il tend, et quelle est son essence. Dans le temps,

946 cessité, et tend à nous y enfermer. Dans le monde de l’esprit, tout s’ouvre et se libère, devient grâce et devient nouveau

947 râce et devient nouveauté. L’action réelle, c’est de passer du monde de la nécessité à celui de la liberté. Cet acte seul

948 veauté. L’action réelle, c’est de passer du monde de la nécessité à celui de la liberté. Cet acte seul nous rend humains e

949 c’est de passer du monde de la nécessité à celui de la liberté. Cet acte seul nous rend humains et nous maintient à haute

950 eul nous rend humains et nous maintient à hauteur d’ homme. (Pas question de monter jusqu’à l’ange ; nous avons bien assez

951 t nous maintient à hauteur d’homme. (Pas question de monter jusqu’à l’ange ; nous avons bien assez à faire à ne point reto

952 a bête.) Ainsi pour le fédéralisme. Qu’il soit né de la géographie, c’est un fait dont il faut partir sous peine d’utopie

953 hie, c’est un fait dont il faut partir sous peine d’ utopie pernicieuse. Mais il faut en « partir » justement, si l’on veut

954 i l’on veut qu’il révèle son sens. Aucun fait n’a de sens en soi. L’esprit seul donne un sens aux données dans lesquelles

955 s artificiel, plus utopique, que le matérialisme, d’ où qu’il vienne. Cette doctrine n’est en fait qu’un ressentiment. Elle

956 n ressentiment. Elle naît toujours des déceptions de l’idéalisme et de ses lacunes. Elle est toujours une revanche des ins

957 le naît toujours des déceptions de l’idéalisme et de ses lacunes. Elle est toujours une revanche des instincts, une nostal

958 dans ce dernier cas, il est particulièrement aisé de les illustrer avec précision. La position géographique de la Suisse s

959 llustrer avec précision. La position géographique de la Suisse semble l’avoir prédestinée à un statut fédéraliste. Le comp

960 sée à celle qui règne normalement dans les landes de Prusse ou les steppes de l’Asie. Le fait géographique que le massif d

961 malement dans les landes de Prusse ou les steppes de l’Asie. Le fait géographique que le massif du Gothard est le seul poi

962 Gothard est le seul point où un seul col permette de traverser les Alpes suffit à expliquer ce grand fait historique : « l

963  l’immédiateté impériale » (c’est-à-dire le droit de ne rendre de comptes qu’au chef du Saint-Empire, et non pas aux seign

964 é impériale » (c’est-à-dire le droit de ne rendre de comptes qu’au chef du Saint-Empire, et non pas aux seigneurs locaux)

965 e la nature, qui se borne à leur fournir un point de fixation. C’est l’esprit des communes italiennes qui donne l’impulsio

966 uis, sur l’autre versant du Gothard, aux environs de 1291. En vérité, dès ce début, c’est la mission spéciale confiée aux

967 moitiés du Saint-Empire — qui définit l’existence de la Suisse et assure son indépendance. La nécessité de s’entraider et

968 a Suisse et assure son indépendance. La nécessité de s’entraider et le besoin d’indépendance des montagnards existaient au

969 endance. La nécessité de s’entraider et le besoin d’ indépendance des montagnards existaient aussi bien dans le reste des A

970 en dans le reste des Alpes : ce qui leur a permis de se réaliser en ce point très précis de l’espace et du temps, ce n’est

971 r a permis de se réaliser en ce point très précis de l’espace et du temps, ce n’est pas seulement le fait physique de l’ou

972 du temps, ce n’est pas seulement le fait physique de l’ouverture du col du Gothard, mais c’est aussi le fait sociologique

973 a l’idée et l’idéal du Saint-Empire, c’est-à-dire de l’Europe unie, dont il faut protéger le cœur. Toute l’histoire suisse

974 dée et l’idéal du Saint-Empire, c’est-à-dire de l’ Europe unie, dont il faut protéger le cœur. Toute l’histoire suisse, à parti

975 , illustre ce même équilibre entre les conditions de fait et les volontés de l’esprit. C’est une interminable interaction

976 ibre entre les conditions de fait et les volontés de l’esprit. C’est une interminable interaction de l’idéal et de la néce

977 s de l’esprit. C’est une interminable interaction de l’idéal et de la nécessité, de l’intérêt local et de l’intérêt commun

978 C’est une interminable interaction de l’idéal et de la nécessité, de l’intérêt local et de l’intérêt commun, de la petite

979 inable interaction de l’idéal et de la nécessité, de l’intérêt local et de l’intérêt commun, de la petite patrie et de l’E

980 l’idéal et de la nécessité, de l’intérêt local et de l’intérêt commun, de la petite patrie et de l’Empire. Peu à peu, le G

981 ssité, de l’intérêt local et de l’intérêt commun, de la petite patrie et de l’Empire. Peu à peu, le Gothard perdra son imp

982 al et de l’intérêt commun, de la petite patrie et de l’Empire. Peu à peu, le Gothard perdra son importance économique, mai

983 importance économique, mais il prendra la valeur d’ un symbole, et la mission des Suisses s’élargira. Peu à peu, de nouvea

984 et la mission des Suisses s’élargira. Peu à peu, de nouveaux cantons s’allieront aux communes du Gothard. Un réseau compl

985 ront aux communes du Gothard. Un réseau compliqué de pactes reliera les villes aux campagnes. Et chaque fois que l’un des

986 fois que l’un des cantons voudra prendre la tête de la Ligue, il trouvera tous les autres unis contre sa volonté d’hégémo

987 l trouvera tous les autres unis contre sa volonté d’ hégémonie. Ainsi jusqu’à la fin du xv e siècle. À ce moment, la puissa

988 viendront tenter les Suisses, « premiers soldats de l’Europe ». L’Italie s’ouvre à eux, la Souabe et la Bourgogne… Vont-i

989 dront tenter les Suisses, « premiers soldats de l’ Europe  ». L’Italie s’ouvre à eux, la Souabe et la Bourgogne… Vont-ils failli

990 gogne… Vont-ils faillir à leur mission ? La Garde de l’Europe sera-t-elle un coup d’État, et trahissant l’Empire, deviendr

991 … Vont-ils faillir à leur mission ? La Garde de l’ Europe sera-t-elle un coup d’État, et trahissant l’Empire, deviendra-t-elle

992 ission ? La Garde de l’Europe sera-t-elle un coup d’ État, et trahissant l’Empire, deviendra-t-elle impérialiste pour son c

993 Les historiens modernes accusent parfois Zwingli d’ avoir brisé l’essor guerrier des Suisses, leur élan vers la mer et l’a

994 e pouvait être gouverné par les cantons dépourvus de pouvoir central. Ou bien ce pouvoir central aurait dû être improvisé,

995 ral aurait dû être improvisé, et c’eût été la fin de notre fédéralisme ; ou bien les provinces annexées auraient pris une

996 s en deux camps religieux eut au moins pour effet de tuer en germe l’ambition centralisatrice, chez ceux-là mêmes qui deva

997 ois, citoyens des deux villes les plus puissantes de la Ligue. Dès lors, la Suisse est ramenée à sa mission exceptionnelle

998 x appuis étrangers, et c’est le nouveau fondement de notre neutralité. Ils accommodent leurs exigences aux nécessités de l

999 é. Ils accommodent leurs exigences aux nécessités de l’union, et c’est le nouveau fondement de notre fédéralisme. Ainsi l’

1000 essités de l’union, et c’est le nouveau fondement de notre fédéralisme. Ainsi l’on a passé progressivement d’une alliance

1001 e fédéralisme. Ainsi l’on a passé progressivement d’ une alliance avant tout nécessaire à une alliance beaucoup plus spirit

1002 du xviii e siècle, la Confédération sera capable d’ intégrer et des races et des langues nouvelles : c’est ce qui se produ

1003 t du siècle suivant. Par le rattachement sur pied d’ égalité des cantons italiens et romands. Notre fédéralisme actuel ne d

1004 . Notre fédéralisme actuel ne date légalement que de 1848, et ce n’est même qu’à partir de 1919 que son statut légal a pri

1005 partir de 1919 que son statut légal a pris force de vie. (Quand le « fossé » entre Suisses allemands et français eût été

1006 nçais eût été comblé.) Nous sommes donc au sommet de notre histoire, si l’on admet que le sens de cette histoire est de cr

1007 mmet de notre histoire, si l’on admet que le sens de cette histoire est de créer et d’illustrer la réalité fédérale. Cepen

1008 , si l’on admet que le sens de cette histoire est de créer et d’illustrer la réalité fédérale. Cependant, de nouveaux prob

1009 met que le sens de cette histoire est de créer et d’ illustrer la réalité fédérale. Cependant, de nouveaux problèmes, et de

1010 er et d’illustrer la réalité fédérale. Cependant, de nouveaux problèmes, et des plus graves, sollicitent un progrès nouvea

1011 utres plans. La Suisse, moins que tout autre pays d’ Europe, peut rêver d’autarchie. Elle ne produit pas de matières premiè

1012 res plans. La Suisse, moins que tout autre pays d’ Europe , peut rêver d’autarchie. Elle ne produit pas de matières premières, e

1013 e, moins que tout autre pays d’Europe, peut rêver d’ autarchie. Elle ne produit pas de matières premières, et dépend entièr

1014 rope, peut rêver d’autarchie. Elle ne produit pas de matières premières, et dépend entièrement du complexe industriel des

1015 s’il peut s’intégrer à un fédéralisme économique européen . II La force des choses — qui n’est qu’une traduction automatiq

1016 choses — qui n’est qu’une traduction automatique de la faiblesse des hommes — fait aujourd’hui de la politique traditionn

1017 que de la faiblesse des hommes — fait aujourd’hui de la politique traditionnelle du fédéralisme helvétique une sorte de pr

1018 raditionnelle du fédéralisme helvétique une sorte de programme et même de manifeste nettement antitotalitaire. Par la forc

1019 ralisme helvétique une sorte de programme et même de manifeste nettement antitotalitaire. Par la force des choses, l’union

1020 itaire. Par la force des choses, l’union paisible de deux religions, de quatre langues, de 22 républiques, et de je ne sai

1021 e des choses, l’union paisible de deux religions, de quatre langues, de 22 républiques, et de je ne sais combien de races

1022 on paisible de deux religions, de quatre langues, de 22 républiques, et de je ne sais combien de races en un État qui les

1023 ligions, de quatre langues, de 22 républiques, et de je ne sais combien de races en un État qui les respecte, cette union

1024 gues, de 22 républiques, et de je ne sais combien de races en un État qui les respecte, cette union prend l’allure à la fo

1025 es respecte, cette union prend l’allure à la fois d’ un antiracisme déclaré et d’un antinationalisme. Par la force des chos

1026 nd l’allure à la fois d’un antiracisme déclaré et d’ un antinationalisme. Par la force des choses, la pratique séculaire et

1027 des choses, la pratique séculaire et instructive d’ une méthode d’arrangements empiriques, c’est-à-dire non rationalistes,

1028 a pratique séculaire et instructive d’une méthode d’ arrangements empiriques, c’est-à-dire non rationalistes, prend l’allur

1029 s, c’est-à-dire non rationalistes, prend l’allure d’ un antijacobinisme, ou d’un antimarxisme. Par la force des choses enfi

1030 nalistes, prend l’allure d’un antijacobinisme, ou d’ un antimarxisme. Par la force des choses enfin, la préférence accordée

1031 r les Suisses à la coutume sur la loi ; leur goût d’ utiliser ce qui existe plutôt que de décréter sur table rase ; leur re

1032 i ; leur goût d’utiliser ce qui existe plutôt que de décréter sur table rase ; leur refus d’opposer pathétiquement la trad

1033 lutôt que de décréter sur table rase ; leur refus d’ opposer pathétiquement la tradition et le progrès, tout cela prend l’a

1034 tradition et le progrès, tout cela prend l’allure d’ une réaction contre les « mystiques » et les mythes, apparemment contr

1035 ues » et les mythes, apparemment contradictoires, de la révolution européenne.19 L’instinct contrecarré devient conscienc

1036 es, apparemment contradictoires, de la révolution européenne .19 L’instinct contrecarré devient conscience ; la coutume attaquée d

1037 n par une propagande agressive se voit contrainte de développer pour sa défense une théorie. Nous vivons ce moment de l’hi

1038 our sa défense une théorie. Nous vivons ce moment de l’histoire où le fédéralisme, s’il veut durer, doit devenir à son tou

1039 rise : ou se nier, ou triompher, mais sur le plan de l’Europe entière, puis du globe. Le grand danger de l’heure présente,

1040 : ou se nier, ou triompher, mais sur le plan de l’ Europe entière, puis du globe. Le grand danger de l’heure présente, pour la

1041 l’Europe entière, puis du globe. Le grand danger de l’heure présente, pour la Suisse, je le vois dans ce fait qu’elle doi

1042 mieux. Elle s’expose à son risque maximum : celui de décoller de ses bases concrètes, perdant ainsi en force originelle ce

1043 s’expose à son risque maximum : celui de décoller de ses bases concrètes, perdant ainsi en force originelle ce qu’elle pou

1044 iginelle ce qu’elle pourrait gagner en conscience de ses fins. De même pour le fédéralisme européen. Un sentiment commun s

1045 nscience de ses fins. De même pour le fédéralisme européen . Un sentiment commun se formait peu à peu, depuis la guerre de 1914-1

1046 ent commun se formait peu à peu, depuis la guerre de 1914-1918. La SDN fut l’un de ses symptômes, bien faible encore. L’id

1047 u, depuis la guerre de 1914-1918. La SDN fut l’un de ses symptômes, bien faible encore. L’idée d’un réseau de pactes bilat

1048 l’un de ses symptômes, bien faible encore. L’idée d’ un réseau de pactes bilatéraux, ou à trois, ou à quatre, en fut un aut

1049 symptômes, bien faible encore. L’idée d’un réseau de pactes bilatéraux, ou à trois, ou à quatre, en fut un autre. Dans les

1050 nt fédéraliste fut promptement détourné au profit de politiques d’hégémonie. Toutefois ce sentiment ne cessait pas de croî

1051 fut promptement détourné au profit de politiques d’ hégémonie. Toutefois ce sentiment ne cessait pas de croître et de se r

1052 ’hégémonie. Toutefois ce sentiment ne cessait pas de croître et de se renforcer dans la plupart des peuples. La guerre act

1053 utefois ce sentiment ne cessait pas de croître et de se renforcer dans la plupart des peuples. La guerre actuelle est venu

1054 enue le fouetter. Brusquement la question se pose de fédérer l’Europe dès la paix rétablie. Mais parce qu’elle se pose bru

1055 ter. Brusquement la question se pose de fédérer l’ Europe dès la paix rétablie. Mais parce qu’elle se pose brusquement, elle ri

1056 is parce qu’elle se pose brusquement, elle risque d’ être mal posée. J’entends qu’elle risque de ne susciter que des plans

1057 risque d’être mal posée. J’entends qu’elle risque de ne susciter que des plans rationnels et des systèmes. Or tout système

1058 tion. Le fédéralisme réel est le contraire absolu d’ un système, toujours conçu par un cerveau et à partir d’une seule idée

1059 ystème, toujours conçu par un cerveau et à partir d’ une seule idée, d’un centre abstrait. Je définirais même le fédéralism

1060 onçu par un cerveau et à partir d’une seule idée, d’ un centre abstrait. Je définirais même le fédéralisme comme un refus c

1061 fédéralisme comme un refus constant et instinctif de recourir aux solutions systématiques. Ceci ne signifie pas d’ailleurs

1062 leurs que la fédération mondiale puisse se passer d’ une philosophie de la cité, laquelle suppose nécessairement une certai

1063 ation mondiale puisse se passer d’une philosophie de la cité, laquelle suppose nécessairement une certaine définition de l

1064 le suppose nécessairement une certaine définition de l’homme et de son destin, terrestre ou divin. Essayons d’en esquisser

1065 essairement une certaine définition de l’homme et de son destin, terrestre ou divin. Essayons d’en esquisser les bases.

1066 me et de son destin, terrestre ou divin. Essayons d’ en esquisser les bases. III Aujourd’hui apparaît au concret le p

1067 apparaît au concret le problème, ou la nécessité d’ une philosophie fédéraliste. Car lorsqu’il s’agit de prévoir, l’empiri

1068 une philosophie fédéraliste. Car lorsqu’il s’agit de prévoir, l’empirisme reste nécessaire, mais n’est plus suffisant. La

1069 ir ; et le premier horizon qu’il nous soit permis d’ embrasser, à nous les Suisses, c’est celui de l’Europe entière, non te

1070 rmis d’embrasser, à nous les Suisses, c’est celui de l’Europe entière, non tel groupe de puissances voisines. Or l’Europe

1071 d’embrasser, à nous les Suisses, c’est celui de l’ Europe entière, non tel groupe de puissances voisines. Or l’Europe est un id

1072 , c’est celui de l’Europe entière, non tel groupe de puissances voisines. Or l’Europe est un idéal, une civilisation et un

1073 ière, non tel groupe de puissances voisines. Or l’ Europe est un idéal, une civilisation et un esprit, bien plus qu’une entité

1074 er que si nous lui donnons pour fin la fédération de l’Occident. Et celle-ci ne pourra prendre forme qu’au sein d’une fédé

1075 ne conception universaliste et concrète du destin de l’homme. Promouvoir une fédération, ce n’est pas créer un nouvel ordr

1076 st pas créer un nouvel ordre systématique, simple de lignes, clair et satisfaisant pour la logique. Fédérer, c’est tout si

1077 emble des réalités concrètes. Pour être en mesure de comprendre vraiment la véritable alternative politique de notre temps

1078 endre vraiment la véritable alternative politique de notre temps — totalitarisme ou fédéralisme (et non point gauche ou dr

1079 i existe entre « faire le l’ordre » sur une table de travail et « arranger » des papiers. Il arrive que ma femme de ménage

1080 « arranger » des papiers. Il arrive que ma femme de ménage fasse de l’ordre à son idée dans mon bureau : c’est une petite

1081 s papiers. Il arrive que ma femme de ménage fasse de l’ordre à son idée dans mon bureau : c’est une petite catastrophe tot

1082 ur moi, quand j’arrange mes feuilles en une série de liasses ou d’éventails, je ne tiens pas compte de leur format ou de l

1083 j’arrange mes feuilles en une série de liasses ou d’ éventails, je ne tiens pas compte de leur format ou de leur couleur, m

1084 de liasses ou d’éventails, je ne tiens pas compte de leur format ou de leur couleur, mais de ce que j’ai écrit dessus. Et

1085 entails, je ne tiens pas compte de leur format ou de leur couleur, mais de ce que j’ai écrit dessus. Et c’est pourquoi je

1086 as compte de leur format ou de leur couleur, mais de ce que j’ai écrit dessus. Et c’est pourquoi je m’y retrouve avec aisa

1087 conforme au sens et aux qualités propres à chacun de ces feuillets, conforme aussi à mon usage pratique ; tenant compte de

1088 i à mon usage pratique ; tenant compte des uns et de l’autre, dans une mesure que je ne songe pas définir, mais que m’indi

1089 entends l’œuvre que j’ai en train. (Il n’y a pas de petits exemples pour qui sait lire le réel dans le texte original, et

1090 éel dans le texte original, et ne se contente pas de résumés traduits.) Prenons maintenant l’exemple de la fédération suis

1091 e résumés traduits.) Prenons maintenant l’exemple de la fédération suisse. En vérité ce ne sont ni les idées qui ont « ins

1092 nature qui l’a « dicté » ; mais ce statut est né de l’arrangement tout empirique de réalités très diverses, voire même tr

1093 ce statut est né de l’arrangement tout empirique de réalités très diverses, voire même très hétéroclites : la nature comp

1094 nt des communes italiennes, l’instinct germanique de la liberté armée, la rivalité entre l’empereur et les grands vassaux,

1095 e plus ou moins consciemment dans le pacte fameux de 1291, qui fonde officiellement la Confédération. Cette confédération

1096 l’avons vue s’accroître organiquement par un jeu d’ alliances très complexes, qui se chevauchent sans jamais se recouvrir

1097 rimitif des cantons forestiers s’allie aux villes de Lucerne et Zurich ; puis conquiert avec l’aide de Zurich les pays de

1098 de Lucerne et Zurich ; puis conquiert avec l’aide de Zurich les pays de Glaris et de Zoug ; puis les libère et s’allie ave

1099 h ; puis conquiert avec l’aide de Zurich les pays de Glaris et de Zoug ; puis les libère et s’allie avec eux ; puis s’alli

1100 uiert avec l’aide de Zurich les pays de Glaris et de Zoug ; puis les libère et s’allie avec eux ; puis s’allie avec Berne,

1101 dant des siècles, la Confédération n’a donc point de centre légal, de capitale, ni de constitution. Elle ne connaît et ne

1102 la Confédération n’a donc point de centre légal, de capitale, ni de constitution. Elle ne connaît et ne tolère nulle hégé

1103 n n’a donc point de centre légal, de capitale, ni de constitution. Elle ne connaît et ne tolère nulle hégémonie dans son s

1104 réunit comme spontanément, ici ou là, et n’a pas de pouvoirs bien définis, mais seulement une autorité, souvent décisive

1105 ns se trouvent appartenir à deux ou trois réseaux d’ alliances, lesquelles ne sont pas toujours réciproques dans toutes leu

1106 iproques dans toutes leurs obligations. (Comme si de nos jours, deux pays concluaient un pacte qui pour l’un serait d’assi

1107 ux pays concluaient un pacte qui pour l’un serait d’ assistance obligatoire, pour l’autre seulement de non-agression.) D’où

1108 d’assistance obligatoire, pour l’autre seulement de non-agression.) D’où vient que cette fédération ait triomphé de toute

1109 atoire, pour l’autre seulement de non-agression.) D’ où vient que cette fédération ait triomphé de toutes les crises d’une

1110 on.) D’où vient que cette fédération ait triomphé de toutes les crises d’une histoire violente et complexe ? Le secret de

1111 ette fédération ait triomphé de toutes les crises d’ une histoire violente et complexe ? Le secret de sa force est à peine

1112 s d’une histoire violente et complexe ? Le secret de sa force est à peine formulable : il est de l’ordre du sentiment. Oui

1113 ecret de sa force est à peine formulable : il est de l’ordre du sentiment. Oui, ce n’est guère qu’un sentiment communautai

1114 sque de se voir discuté ; à partir de 1848 — date de notre première constitution centrale — et surtout à partir de 1941. L

1115 à partir de 1941. Le premier enseignement négatif de notre petite expérience, nous venons de le voir : c’est qu’il faut re

1116 me pour promouvoir une fédération. Il faut partir d’ une connaissance aussi intime que possible des diversités nationales,

1117 intime que possible des diversités nationales, et de leurs aspects les plus originaux. On ne fédère pas des ressemblances

1118 ement négatif, c’est qu’il faut renoncer à l’idée d’ une hégémonie éducatrice et organisatrice de la future fédération. Be

1119 ’idée d’une hégémonie éducatrice et organisatrice de la future fédération. Beaucoup de gens s’imaginent que l’Europe ne p

1120 e fédération. Beaucoup de gens s’imaginent que l’ Europe ne peut être fédérée que par l’action d’une grande puissance. Ce fut

1121 ue l’Europe ne peut être fédérée que par l’action d’ une grande puissance. Ce fut l’idée de Napoléon. C’est peut-être l’idé

1122 ar l’action d’une grande puissance. Ce fut l’idée de Napoléon. C’est peut-être l’idée d’Hitler. C’est aussi celle de certa

1123 Ce fut l’idée de Napoléon. C’est peut-être l’idée d’ Hitler. C’est aussi celle de certains neutres admirateurs de l’Anglete

1124 ’est peut-être l’idée d’Hitler. C’est aussi celle de certains neutres admirateurs de l’Angleterre, et je le pressens, de U

1125 C’est aussi celle de certains neutres admirateurs de l’Angleterre, et je le pressens, de Union Now. Ici, la Suisse peut di

1126 s admirateurs de l’Angleterre, et je le pressens, de Union Now. Ici, la Suisse peut dire : regardez-moi ! Je n’ai réussi à

1127 jetée entre les USA et l’Angleterre soit le germe d’ une fédération, il est certain que ce germe sera tué si l’un de ces Ét

1128 ion, il est certain que ce germe sera tué si l’un de ces États, ou tous les deux ensemble, conçoivent la fédération mondia

1129 raient la tête. C’est le renoncement à toute idée d’ hégémonie qui est créateur de la fédération. Introduisons ici une noti

1130 ncement à toute idée d’hégémonie qui est créateur de la fédération. Introduisons ici une notion nouvelle : le paradoxe ess

1131 ntiel du fédéralisme, qui est la prise au sérieux de l’expression s’unir dans la diversité. Les systèmes unitaires ou tota

1132 ont faciles à concevoir et à réaliser : il suffit de dompter l’opposition. Mais le fédéralisme implique la vitalité d’un g

1133 osition. Mais le fédéralisme implique la vitalité d’ un grand nombre d’éléments opposés, et leur harmonisation. C’est là to

1134 édéralisme implique la vitalité d’un grand nombre d’ éléments opposés, et leur harmonisation. C’est là tout le problème. Le

1135 oblème. Le mot « fédéralisme », en Suisse, a pris de nos jours, chez les conservateurs, le sens restreint et inexact d’aut

1136 z les conservateurs, le sens restreint et inexact d’ autonomie de la région ou du canton, et d’opposition systématique au c

1137 vateurs, le sens restreint et inexact d’autonomie de la région ou du canton, et d’opposition systématique au centre. Être

1138 inexact d’autonomie de la région ou du canton, et d’ opposition systématique au centre. Être « fédéraliste », en Suisse fra

1139 par principe tout ce qui vient de Berne, capitale de la fédération. Cela revient à une sorte de nationalisme local. Au con

1140 pitale de la fédération. Cela revient à une sorte de nationalisme local. Au contraire, le mot allemand qui correspond à fé

1141 ement sur l’union centrale. Or quand nous parlons de fédéralisme, nous devons entendre à la fois l’union et l’autonomie de

1142 is un pour tous et tous pour un, les deux membres de notre vieille devise helvétique. IV Le fédéralisme est une édu

1143 l est véritablement personnaliste. La philosophie de la personne est à mon sens la seule philosophie acceptable pour le fé

1144 a fois autonome et solidaire, à la fois conscient de sa vocation unique et des implications sociales de cette vocation. Le

1145 e sa vocation unique et des implications sociales de cette vocation. Le personnalisme n’est pas une moyenne, un « parti du

1146 bides. Quand l’homme oublie qu’il est responsable de sa vocation devant la communauté, il devient individualiste. Quand il

1147 vidualiste. Quand il oublie qu’il est responsable de sa vocation devant Dieu et devant lui-même, il devient collectiviste.

1148 sques et abstraits, sur lesquels l’homme n’a plus de prises, et qui n’ont plus d’autre moteur que l’inhumaine « force les

1149 els l’homme n’a plus de prises, et qui n’ont plus d’ autre moteur que l’inhumaine « force les choses ». La méthode, ou mieu

1150 doit normalement sacrifier à l’ensemble une part de ses prérogatives, si elle veut rester en mesure d’exercer concrètemen

1151 e ses prérogatives, si elle veut rester en mesure d’ exercer concrètement sa vocation. Mais d’autre part, elle sait aussi q

1152 ussi que l’ensemble — ou le pouvoir central — n’a d’ autre fin que de sauvegarder les libertés individuelles, par où j’ente

1153 ble — ou le pouvoir central — n’a d’autre fin que de sauvegarder les libertés individuelles, par où j’entends l’exercice l

1154 cice libre des vocations. Pour la personne, point de contradiction de principe entre ces deux nécessités vitales : central

1155 cations. Pour la personne, point de contradiction de principe entre ces deux nécessités vitales : centralisation et autono

1156 utonomie. Reste à résoudre la difficulté pratique de leur dosage dans les institutions. À cet égard, le mouvement personna

1157 uvement personnaliste français (surtout le groupe de l’Ordre nouveau) me paraît avoir indiqué la seule méthode praticable.

1158 la seule méthode praticable. Il s’agit selon lui de reconnaître par une enquête technique, en tous domaines, quelles sont

1159 est alors celle-ci : centraliser tout ce qui est de l’ordre du travail « indifférencié » ou parcellaire, afin de permettr

1160 qualifiées. L’Ordre nouveau proposait par exemple d’ instituer un service civil industriel de quelques mois, assurant à cha

1161 r exemple d’instituer un service civil industriel de quelques mois, assurant à chaque entreprise libre une main-d’œuvre à

1162 se libre une main-d’œuvre à bas prix ou gratuite. D’ où la possibilité de supprimer la condition prolétarienne ; la suppres

1163 œuvre à bas prix ou gratuite. D’où la possibilité de supprimer la condition prolétarienne ; la suppression du chômage péri

1164 mage périodique et technologique ; la possibilité d’ adapter la production à la consommation sans créer de troubles sociaux

1165 dapter la production à la consommation sans créer de troubles sociaux ou de nomadisme ; et une éducation sociale et morale

1166 la consommation sans créer de troubles sociaux ou de nomadisme ; et une éducation sociale et morale des participants (anal

1167 Suisse). Je ne puis indiquer ici que le principe de cette solution. Mais cela suffit à faire voir comment une attitude pe

1168 nt dans tous les plans — et jusque dans le détail de la « pratique » — par un dépassement des vieux conflits. Au lieu de l

1169 le personnaliste envisage la recherche en commun d’ un arrangement technique orienté par une conscience vigilante des buts

1170 té par une conscience vigilante des buts derniers de toute fédération. Faute d’une conscience claire de ces buts, les mesu

1171 ante des buts derniers de toute fédération. Faute d’ une conscience claire de ces buts, les mesures pratiques que l’on pren

1172 e toute fédération. Faute d’une conscience claire de ces buts, les mesures pratiques que l’on prendra seront toujours, de

1173 sures pratiques que l’on prendra seront toujours, de fait, antifédéralistes. V Le troisième enseignement négatif que

1174 isième enseignement négatif que nous devons tirer de l’expérience suisse est d’un ordre plus quotidien et intime. Le morce

1175 que nous devons tirer de l’expérience suisse est d’ un ordre plus quotidien et intime. Le morcellement d’un pays — ou dema

1176 n ordre plus quotidien et intime. Le morcellement d’ un pays — ou demain de l’Europe et du monde — en régions autonomes et

1177 et intime. Le morcellement d’un pays — ou demain de l’Europe et du monde — en régions autonomes et de faible étendue, a p

1178 ntime. Le morcellement d’un pays — ou demain de l’ Europe et du monde — en régions autonomes et de faible étendue, a pour avant

1179 de l’Europe et du monde — en régions autonomes et de faible étendue, a pour avantage d’écarter toute possibilité d’impéria

1180 s autonomes et de faible étendue, a pour avantage d’ écarter toute possibilité d’impérialisme, tout gigantisme inhumain, to

1181 ndue, a pour avantage d’écarter toute possibilité d’ impérialisme, tout gigantisme inhumain, tout délire de puissance. Mais

1182 périalisme, tout gigantisme inhumain, tout délire de puissance. Mais il peut avoir pour inconvénient de restreindre les ho

1183 e puissance. Mais il peut avoir pour inconvénient de restreindre les horizons, et de créer une certaine médiocrité d’espri

1184 pour inconvénient de restreindre les horizons, et de créer une certaine médiocrité d’esprit, rançon de la grandeur matérie

1185 les horizons, et de créer une certaine médiocrité d’ esprit, rançon de la grandeur matérielle sacrifiée. Nous sommes ici en

1186 de créer une certaine médiocrité d’esprit, rançon de la grandeur matérielle sacrifiée. Nous sommes ici en présence d’une m

1187 dité intellectuelle, méfiance à l’égard du voisin de langue ou de confession, crainte perpétuelle d’être majorisé. Notons

1188 tuelle, méfiance à l’égard du voisin de langue ou de confession, crainte perpétuelle d’être majorisé. Notons que cette mal

1189 n de langue ou de confession, crainte perpétuelle d’ être majorisé. Notons que cette maladie a fait son apparition en Suiss

1190 orme, au lieu qu’auparavant chacun faisait partie de plusieurs réseaux d’alliances superposées. Ainsi chacun s’est refermé

1191 ravant chacun faisait partie de plusieurs réseaux d’ alliances superposées. Ainsi chacun s’est refermé sur soi, tendant à u

1192 st refermé sur soi, tendant à une espèce boiteuse d’ autarcie. Chacun s’est trouvé isolé en présence de tous les autres. D’

1193 ’est trouvé isolé en présence de tous les autres. D’ où sa timidité déguisée en prudence et tolérance, par gain de paix ou

1194 idité déguisée en prudence et tolérance, par gain de paix ou par faiblesse. D’où sa crainte de s’affirmer trop nettement d

1195 et tolérance, par gain de paix ou par faiblesse. D’ où sa crainte de s’affirmer trop nettement différent. D’où finalement

1196 ar gain de paix ou par faiblesse. D’où sa crainte de s’affirmer trop nettement différent. D’où finalement l’espèce de gêne

1197 a crainte de s’affirmer trop nettement différent. D’ où finalement l’espèce de gêne morale, puis d’intolérance sourde et la

1198 rop nettement différent. D’où finalement l’espèce de gêne morale, puis d’intolérance sourde et larvée qui paralyse les esp

1199 nt. D’où finalement l’espèce de gêne morale, puis d’ intolérance sourde et larvée qui paralyse les esprits « trop » entrepr

1200 ts. Pour prévenir cette maladie, il est essentiel d’ insister sur le caractère non systématique et non unitaire du fédérali

1201 composent, gardent le droit, le souci et le goût de se rattacher à plusieurs organismes supra-régionaux. Je préciserai pa

1202 e, et c’est par là seulement qu’ils sont citoyens de l’État suisse ; religieusement à une Église dont les frontières sont

1203 t les frontières sont bien plus vastes que celles de l’État ; intellectuellement, à l’une des grandes cultures voisines ;

1204 plusieurs grandes dimensions, au-delà des limites de leur canton natal, et sans nul détriment pour ce dernier, bien au con

1205 que sous la forme du Kantönligeist, c’est-à-dire d’ un patriotisme autarcique et totalitaire en miniature ; ceux qui veule

1206 totalitaire en miniature ; ceux qui veulent être de leur canton d’abord ou uniquement, et appellent cela « fédéralisme »,

1207 ruinent le principe même dont ils forment le nom de leur parti. La formule de la tyrannie maxima est celle de l’État qui

1208 dont ils forment le nom de leur parti. La formule de la tyrannie maxima est celle de l’État qui prétend que ses frontières

1209 parti. La formule de la tyrannie maxima est celle de l’État qui prétend que ses frontières douanières et politiques soient

1210 anières et politiques soient en même temps celles de la religion des citoyens, de leur culture, de leur honneur, de leur a

1211 en même temps celles de la religion des citoyens, de leur culture, de leur honneur, de leur amour… sinon de leur avidité.

1212 les de la religion des citoyens, de leur culture, de leur honneur, de leur amour… sinon de leur avidité. C’est la formule

1213 n des citoyens, de leur culture, de leur honneur, de leur amour… sinon de leur avidité. C’est la formule même du totalitar

1214 ur culture, de leur honneur, de leur amour… sinon de leur avidité. C’est la formule même du totalitarisme. Construire la f

1215 e même du totalitarisme. Construire la fédération européenne , ce sera peut-être simplement développer tout d’abord, et affirmer, u

1216 velopper tout d’abord, et affirmer, une pluralité d’ organismes déjà existants, religieux, culturels, linguistiques, idéolo

1217 ues ou économiques, à condition qu’ils aient ceci de commun : l’œcuménicité, la volonté de relativiser les frontières poli

1218 aient ceci de commun : l’œcuménicité, la volonté de relativiser les frontières politiques. (Nul besoin d’abolir celles-ci

1219 elativiser les frontières politiques. (Nul besoin d’ abolir celles-ci, comme le voulaient les Internationales : si l’on gar

1220 ient les Internationales : si l’on garde le droit de les déborder dans plusieurs domaines, elles gardent aussi leur légiti

1221 l » plus apte qu’aucun autre à préparer les bases de la fédération. C’est le charisme de la Suisse que de produire des hom

1222 rer les bases de la fédération. C’est le charisme de la Suisse que de produire des hommes dont la fonction est avant tout

1223 la fédération. C’est le charisme de la Suisse que de produire des hommes dont la fonction est avant tout de connaître l’Eu

1224 oduire des hommes dont la fonction est avant tout de connaître l’Europe et le monde : juges et négociateurs d’accords inte

1225 es dont la fonction est avant tout de connaître l’ Europe et le monde : juges et négociateurs d’accords internationaux, cosmopo

1226 ître l’Europe et le monde : juges et négociateurs d’ accords internationaux, cosmopolites ou Suisses de l’étranger (il y a

1227 d’accords internationaux, cosmopolites ou Suisses de l’étranger (il y a aujourd’hui 5 millions de citoyens suisses, dont 5

1228 sses de l’étranger (il y a aujourd’hui 5 millions de citoyens suisses, dont 500 000 habitent à l’étranger), directeurs d’u

1229 , dont 500 000 habitent à l’étranger), directeurs d’ unions universelles, secrétaires d’alliances œcuméniques, membres du C

1230 r), directeurs d’unions universelles, secrétaires d’ alliances œcuméniques, membres du Comité international de la Croix-Rou

1231 nces œcuméniques, membres du Comité international de la Croix-Rouge, etc. Le « Suisse international » est un homme qui peu

1232 ional » est un homme qui peut et doit connaître l’ Europe par tradition, par goût et par nécessité. Et la connaître non pour l’

1233 . Et la connaître non pour l’utiliser au bénéfice de quelque impérialisme, mais la connaître pour la faire. Pour la servir

1234 r, et non pour s’en servir. La mission historique de la Suisse fut, à partir du xiii e siècle, de garder libres pour les p

1235 ique de la Suisse fut, à partir du xiii e siècle, de garder libres pour les peuples et les princes les cols du centre de l

1236 our les peuples et les princes les cols du centre de l’Europe. Mission pratique, devenue symbolique. Désormais, il nous ap

1237 es peuples et les princes les cols du centre de l’ Europe . Mission pratique, devenue symbolique. Désormais, il nous appartient

1238 devenue symbolique. Désormais, il nous appartient d’ en proclamer la signification moderne : c’est la défense du cœur spiri

1239 tion moderne : c’est la défense du cœur spirituel de l’Europe, la garde montée autour du drapeau rouge à la croix blanche,

1240 moderne : c’est la défense du cœur spirituel de l’ Europe , la garde montée autour du drapeau rouge à la croix blanche, où le ro

1241 rouge à la croix blanche, où le rouge est couleur d’ empire, c’est-à-dire d’union des nations, et la croix signe de salut,

1242 e, où le rouge est couleur d’empire, c’est-à-dire d’ union des nations, et la croix signe de salut, de sacrifice de soi, et

1243 est-à-dire d’union des nations, et la croix signe de salut, de sacrifice de soi, et d’espérance. Gardienne des cols par où

1244 d’union des nations, et la croix signe de salut, de sacrifice de soi, et d’espérance. Gardienne des cols par où s’échange

1245 nations, et la croix signe de salut, de sacrifice de soi, et d’espérance. Gardienne des cols par où s’échangent les riches

1246 la croix signe de salut, de sacrifice de soi, et d’ espérance. Gardienne des cols par où s’échangent les richesses, gardie

1247 cols par où s’échangent les richesses, gardienne de l’idéal d’où renaîtra la paix si Dieu le veut, la Suisse tient les cl

1248 ù s’échangent les richesses, gardienne de l’idéal d’ où renaîtra la paix si Dieu le veut, la Suisse tient les clés de l’Eur

1249 la paix si Dieu le veut, la Suisse tient les clés de l’Europe, et c’est là sa vraie vocation. Elle est le lieu et la formu

1250 ix si Dieu le veut, la Suisse tient les clés de l’ Europe , et c’est là sa vraie vocation. Elle est le lieu et la formule, le gé

1251 lle est le lieu et la formule, le génie tutélaire de l’empire. De cet empire, on a bien dit que nous sommes le dernier ves

1252 eu et la formule, le génie tutélaire de l’empire. De cet empire, on a bien dit que nous sommes le dernier vestige. Toute l

1253 sommes le dernier vestige. Toute la question est de savoir si c’est là notre dernier mot — ou le premier d’un chapitre no

1254 oir si c’est là notre dernier mot — ou le premier d’ un chapitre nouveau ; toute la question est de savoir si ce vestige ne

1255 ier d’un chapitre nouveau ; toute la question est de savoir si ce vestige ne va pas devenir un germe ! Un germe, ce n’est

1256 ur que la Suisse puisse prétendre à jouer le rôle d’ un germe d’une Europe nouvelle. Mais il y va de notre indépendance aut

1257 uisse puisse prétendre à jouer le rôle d’un germe d’ une Europe nouvelle. Mais il y va de notre indépendance autant que de

1258 puisse prétendre à jouer le rôle d’un germe d’une Europe nouvelle. Mais il y va de notre indépendance autant que de la paix oc

1259 le d’un germe d’une Europe nouvelle. Mais il y va de notre indépendance autant que de la paix occidentale. Si nous n’embra

1260 le. Mais il y va de notre indépendance autant que de la paix occidentale. Si nous n’embrassons pas cette mission-là, l’his

1261 n-là, l’histoire aura tôt fait, n’en doutons pas, d’ accepter notre démission — soit volontaire, soit forcée. VII Pui

1262 érique un écho fraternel, et davantage : le désir de traduire en termes proprement américains — et c’est facile — les leço

1263 ns — et c’est facile — les leçons qui se dégagent de l’expérience suisse, si petite, mais en même temps si chargée de sign

1264 suisse, si petite, mais en même temps si chargée de significations séculaires. Beaucoup de choses dépendent en Europe du

1265 tions séculaires. Beaucoup de choses dépendent en Europe du fait suisse, de ce paradoxe miraculeusement maintenu au cœur du co

1266 oup de choses dépendent en Europe du fait suisse, de ce paradoxe miraculeusement maintenu au cœur du continent. Mais presq

1267 . Mais presque tout dépend, dans le monde actuel, de la volonté américaine. Que ce fait puisse contribuer à éclairer cette

1268 à éclairer cette volonté, c’est toute l’ambition de ces pages. 19. Laquelle est à la fois ou alternativement jacobine,

1269 ons historiques. j. Édition réalisée sur la base d’ un tapuscrit conservé à la Bibliothèque publique et universitaire de N

1270 servé à la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel sous l’identifiant 927.

1271 Passion et origine de l’hitlérisme (janvier 1941)h L’hitlérisme n’est pas la création d’

1272 vier 1941)h L’hitlérisme n’est pas la création d’ un individu isolé, la création personnelle d’Hitler : c’est un phénomè

1273 tion d’un individu isolé, la création personnelle d’ Hitler : c’est un phénomène de masse. Ce n’est pas non plus le résulta

1274 réation personnelle d’Hitler : c’est un phénomène de masse. Ce n’est pas non plus le résultat nécessaire d’un système écon

1275 sse. Ce n’est pas non plus le résultat nécessaire d’ un système économique déterminé : ses « convertis » se trouvent aussi

1276 es historiques plus ou moins immédiates du succès d’ Hitler — le germanisme éternel, le traité de Versailles, l’inflation,

1277 uccès d’Hitler — le germanisme éternel, le traité de Versailles, l’inflation, la crainte du bolchevisme, la personnalité d

1278 ue ces causes hétérogènes n’aient joué qu’un rôle de prétextes, d’agents catalyseurs, déterminés, orientés, portés par le

1279 hétérogènes n’aient joué qu’un rôle de prétextes, d’ agents catalyseurs, déterminés, orientés, portés par le phénomène lui-

1280 ste encore à expliquer. Quel est donc le principe de cohésion du mouvement hitlérien ? Quel est le secret de son pouvoir c

1281 ésion du mouvement hitlérien ? Quel est le secret de son pouvoir contagieux ? Ils me semblent résider dans les deux faits

1282 comme un remède à la décomposition individualiste de la société moderne. 2° L’hitlérisme réalise un transfert gigantesque

1283 entée par le Führer et le Parti. C’est à l’examen de la seconde thèse que je voudrais consacrer cet essai. I. La passio

1284 ons rationalistes ou matérialistes. Qu’il suffise de mentionner ses fondateurs : Hegel, Auguste Comte et Marx. Depuis Lévy

1285 Depuis Lévy-Bruhl, il est vrai, nous avons tenté de décrire et d’interpréter certains phénomènes collectifs de nature irr

1286 ruhl, il est vrai, nous avons tenté de décrire et d’ interpréter certains phénomènes collectifs de nature irrationnelle. Ce

1287 e et d’interpréter certains phénomènes collectifs de nature irrationnelle. Cependant, il est curieux d’observer que nous l

1288 e nature irrationnelle. Cependant, il est curieux d’ observer que nous les avons localisés chez les peuples soi-disant « pr

1289 hez les peuples soi-disant « primitifs ». L’étude de la passion dans les sociétés civilisées n’a été qu’à peine entamée pa

1290 les peuvent être également trouvés dans l’analyse de l’Inconscient collectif, élaborée par C. G. Jung. Quant à moi, il me

1291 tude, poursuivie systématiquement, serait capable d’ expliquer les phénomènes de masse qui dominent notre époque. Car la ma

1292 uement, serait capable d’expliquer les phénomènes de masse qui dominent notre époque. Car la masse ne réagit pas comme un

1293 que. Car la masse ne réagit pas comme un ensemble d’ individus raisonnables ; la masse réagit selon la dialectique de l’Inc

1294 isonnables ; la masse réagit selon la dialectique de l’Inconscient et, en particulier, de la passion à l’état pur. Le phén

1295 dialectique de l’Inconscient et, en particulier, de la passion à l’état pur. Le phénomène de la passion en soi doit donc

1296 iculier, de la passion à l’état pur. Le phénomène de la passion en soi doit donc être examiné en premier lieu. J’utilisera

1297 premier lieu. J’utiliserai ici certains résultats d’ une étude que j’ai consacrée à l’évolution de l’amour-passion et de la

1298 tats d’une étude que j’ai consacrée à l’évolution de l’amour-passion et de la passion mystique en Occident, du Moyen Âge à

1299 ’ai consacrée à l’évolution de l’amour-passion et de la passion mystique en Occident, du Moyen Âge à nos jours. On sait qu

1300 cle ne vit-il pas l’apparition presque simultanée de la première mystique chrétienne de l’Amour Divin : Saint Bernard de C

1301 que simultanée de la première mystique chrétienne de l’Amour Divin : Saint Bernard de Clairvaux ; de la première histoire

1302 e de l’Amour Divin : Saint Bernard de Clairvaux ; de la première histoire d’amour-passion : Tristan et Iseult ; des premie

1303 nt Bernard de Clairvaux ; de la première histoire d’ amour-passion : Tristan et Iseult ; des premiers poètes de l’amour pur

1304 passion : Tristan et Iseult ; des premiers poètes de l’amour pur : les troubadours ; et du premier couple d’amants célèbre

1305 mour pur : les troubadours ; et du premier couple d’ amants célèbres pour leur passion désespérée : Abélard et Héloïse ? L

1306 sespérée : Abélard et Héloïse ? Les conséquences de cette révolution affective ont été si nombreuses et importantes — dan

1307 passion est devenue la seconde nature des peuples de l’Occident (Américains compris) : ils ont donc une difficulté quasi i

1308 presqu’entièrement ignoré en Orient. Les peuples de l’Antiquité et ceux de l’Orient ont certes connu certaines formes de

1309 oré en Orient. Les peuples de l’Antiquité et ceux de l’Orient ont certes connu certaines formes de passion. Mais ils n’ont

1310 eux de l’Orient ont certes connu certaines formes de passion. Mais ils n’ont jamais admis, cultivé et admiré la passion po

1311 miré la passion pour elle-même comme le font ceux d’ Occident. Ils l’ont considéré comme un excès soit morbide (Plutarque),

1312 cule (Ménandre). Il est possible, par conséquent, d’ affirmer que la passion est l’une des caractéristiques de l’Occident m

1313 mer que la passion est l’une des caractéristiques de l’Occident moderne. Analyser la passion, telle qu’elle s’exprime orig

1314 le qu’elle s’exprime originellement dans le mythe de Tristan et Iseult, c’est analyser du même coup certains aspects de l’

1315 ult, c’est analyser du même coup certains aspects de l’évolution récente du monde occidental — ceux qui sont du ressort de

1316 te du monde occidental — ceux qui sont du ressort de l’Inconscient collectif et ceux qui sont intimement liés au phénomène

1317 ntimement liés au phénomène totalitaire. Le récit de l’amour de Tristan et Iseult est la première description connue d’une

1318 iés au phénomène totalitaire. Le récit de l’amour de Tristan et Iseult est la première description connue d’une passion co

1319 stan et Iseult est la première description connue d’ une passion complètement triomphante. De même, c’est le modèle univers

1320 modèle universellement admiré et toujours répété de toutes les histoires d’amour. Il concerne, il est vrai, seulement une

1321 admiré et toujours répété de toutes les histoires d’ amour. Il concerne, il est vrai, seulement une forme de la passion, la

1322 ur. Il concerne, il est vrai, seulement une forme de la passion, la passion concentrée dans l’amour d’un homme pour une fe

1323 de la passion, la passion concentrée dans l’amour d’ un homme pour une femme. Mais il en donne les caractéristiques avec un

1324 venu l’illustration classique des traits éternels de toute passion, en général. Énumérons-les ici brièvement. Il faut se s

1325 s ici brièvement. Il faut se souvenir que l’amour de Tristan pour Iseult est décrit comme une fatalité, dans tous les sens

1326 es amants s’aiment parce qu’ils ont bu le philtre d’ amour par erreur. Leur amour est donc né en vertu d’un pouvoir extérie

1327 u d’un pouvoir extérieur à eux-mêmes, indépendant de leur volonté et de leurs qualités individuelles. Leur amour n’est pas

1328 rieur à eux-mêmes, indépendant de leur volonté et de leurs qualités individuelles. Leur amour n’est pas un choix, mais une

1329 , mais une destinée qui les subjugue et les prive de tout sentiment de responsabilité. Or celui qui n’est pas responsable

1330 e qui les subjugue et les prive de tout sentiment de responsabilité. Or celui qui n’est pas responsable des actes de son c

1331 ité. Or celui qui n’est pas responsable des actes de son coeur se sent pour cette raison même libre de tout sentiment de c

1332 de son coeur se sent pour cette raison même libre de tout sentiment de culpabilité. La destinée a conduit les amants à boi

1333 nt pour cette raison même libre de tout sentiment de culpabilité. La destinée a conduit les amants à boire le philtre d’am

1334 destinée a conduit les amants à boire le philtre d’ amour. Le pouvoir magique du philtre les contraint à commettre l’adult

1335 erdu leur réalité. Ceux qui ont fait l’expérience d’ une passion intense savent que son premier effet est d’obscurcir le se

1336 passion intense savent que son premier effet est d’ obscurcir le sens de la réalité. Bientôt c’est l’intensité même de la

1337 ent que son premier effet est d’obscurcir le sens de la réalité. Bientôt c’est l’intensité même de la passion qui devient

1338 ens de la réalité. Bientôt c’est l’intensité même de la passion qui devient la preuve de la « réalité » de leur amour. La

1339 ntensité même de la passion qui devient la preuve de la « réalité » de leur amour. La passion ne transporte pas seulement

1340 a passion qui devient la preuve de la « réalité » de leur amour. La passion ne transporte pas seulement les amants au-delà

1341 n univers quasi transcendant par rapport à la vie de tous les jours. Ils ne peuvent plus s’expliquer et bientôt ils ne le

1342 le désirent même plus. Ils vivent dans une sorte d’ autarcie psychologique. Ils ne se sentent pas obligés d’expliquer une

1343 rcie psychologique. Ils ne se sentent pas obligés d’ expliquer une conduite que les autres ne sont de toute façon pas susce

1344 s d’expliquer une conduite que les autres ne sont de toute façon pas susceptibles de comprendre. Cet état d’aveuglement et

1345 es autres ne sont de toute façon pas susceptibles de comprendre. Cet état d’aveuglement et de négation des normes ne peut

1346 te façon pas susceptibles de comprendre. Cet état d’ aveuglement et de négation des normes ne peut être obtenu sans la créa

1347 eptibles de comprendre. Cet état d’aveuglement et de négation des normes ne peut être obtenu sans la création de tourments

1348 n des normes ne peut être obtenu sans la création de tourments grandissants. Mais les obstacles que les lois divines et hu

1349 tacles (séparations, épreuves diverses, existence d’ un époux légitime : le roi Marc, etc.). L’amour les invente quand ils

1350 ur les invente quand ils n’existent plus (épisode de l’épée nue placée par Tristan entre sa maîtresse et lui, alors qu’ils

1351 ues et morales, devient le seul obstacle au désir d’ infini de leur passion. La passion donne un démenti à la vie. De là le

1352 rales, devient le seul obstacle au désir d’infini de leur passion. La passion donne un démenti à la vie. De là le désir de

1353 ur passion. La passion donne un démenti à la vie. De là le désir de la mort, la caractéristique de la passion pure. Wagner

1354 passion donne un démenti à la vie. De là le désir de la mort, la caractéristique de la passion pure. Wagner comprit si bie

1355 ie. De là le désir de la mort, la caractéristique de la passion pure. Wagner comprit si bien cela qu’il en fit le véritabl

1356 prit si bien cela qu’il en fit le véritable sujet de son Tristan. Dans la mort, l’obstacle suprême, les amants voient l’ém

1357 amants voient l’émancipation finale et déifiante de toutes les barrières du monde créé. Dans la mort, comme l’a si bien d

1358 t le philosophe allemand Karl Jaspers, la Passion de la Nuit triomphe sur toutes les Lois du Jour. Par conséquent, l’essen

1359 outes les Lois du Jour. Par conséquent, l’essence de la passion paraît être le choix d’un tourment intense et même mortel

1360 ent, l’essence de la passion paraît être le choix d’ un tourment intense et même mortel de préférence à celui des joies et

1361 tel de préférence à celui des joies et des peines de la vie quotidienne. D’ailleurs, la passion agit précisément comme l’h

1362 ément comme l’hypnose : elle dépossède l’individu de son libre arbitre et l’enferme dans un monde sans contact avec l’exté

1363 orales, légales et rationnelles. II. Évolution de la passion en Occident Pourquoi la Passion fit-elle irruption en O

1364 ondre à cette question, je devrais trop m’écarter de mon sujet2. Je prendrai ici la passion comme base historique de dépar

1365 Je prendrai ici la passion comme base historique de départ en indiquant seulement qu’elle est sans aucun doute le résulta

1366 eulement qu’elle est sans aucun doute le résultat d’ une déviation hérétique et paganisante de l’aspiration chrétienne prim

1367 résultat d’une déviation hérétique et paganisante de l’aspiration chrétienne primitive : l’amour pour les choses de l’Éter

1368 on chrétienne primitive : l’amour pour les choses de l’Éternité, l’acte de foi paulien (« pour moi … mourir est un gain »)

1369 e : l’amour pour les choses de l’Éternité, l’acte de foi paulien (« pour moi … mourir est un gain »). Passion et christian

1370 ’hérésie et orthodoxie. En somme, il est possible de définir la passion comme la réaction d’une âme païenne contre le chri

1371 possible de définir la passion comme la réaction d’ une âme païenne contre le christianisme. De fait, le phénomène de la p

1372 action d’une âme païenne contre le christianisme. De fait, le phénomène de la passion se développe au xii e siècle dans le

1373 ne contre le christianisme. De fait, le phénomène de la passion se développe au xii e siècle dans les zones d’hérésie situ

1374 ssion se développe au xii e siècle dans les zones d’ hérésie situées entre le gnosticisme chrétien et le paganisme platonis

1375 icisme chrétien et le paganisme platonisant. Mais de toute façon ici nous nous intéressons à l’évolution sociologique de l

1376 nous nous intéressons à l’évolution sociologique de la passion, après son apparition (comme à une maladie qui après être

1377 une maladie qui après être passée par la période d’ incubation, apparaîtrait enfin au grand jour). La mystique d’un Saint

1378 n, apparaîtrait enfin au grand jour). La mystique d’ un Saint Bernard ou d’un Saint François d’Assise « canalisait » la pas

1379 au grand jour). La mystique d’un Saint Bernard ou d’ un Saint François d’Assise « canalisait » la passion naissante dans le

1380 ulaire qui n’étaient applicables qu’aux histoires d’ amour. C’est pourquoi cette littérature devint un moyen de défense de

1381 C’est pourquoi cette littérature devint un moyen de défense de la société contre la passion anarchique et antisociale. El

1382 es sentiments individuels. D’autre part, les lois de la chevalerie réglaient à la même époque la forme que devait observer

1383 trouvons en face d’une seule et unique réaction «  d’ auto-protection » de la société, car nous savons que l’amour courtois

1384 ne seule et unique réaction « d’auto-protection » de la société, car nous savons que l’amour courtois (cortezia) détermina

1385 avons que l’amour courtois (cortezia) déterminait d’ un seul et même coup les rituels de l’amour, idéalisés par la poésie,

1386 a) déterminait d’un seul et même coup les rituels de l’amour, idéalisés par la poésie, et l’art militaire dans ses plus pe

1387 du Moyen Âge, comme l’a montré J. Huizinga3, est d’ avoir fixé la forme d’amour et de l’avoir enfermé dans le cadre d’un r

1388 ’a montré J. Huizinga3, est d’avoir fixé la forme d’ amour et de l’avoir enfermé dans le cadre d’un rite pour sublimer la v

1389 . Huizinga3, est d’avoir fixé la forme d’amour et de l’avoir enfermé dans le cadre d’un rite pour sublimer la violence irr

1390 forme d’amour et de l’avoir enfermé dans le cadre d’ un rite pour sublimer la violence irrésistible de la passion. Cependan

1391 d’un rite pour sublimer la violence irrésistible de la passion. Cependant, ce succès réel contenait certains risques. La

1392 s réel contenait certains risques. La littérature de l’amour courtois idéalisait la passion, certes, mais en même temps el

1393 rolongeait la tradition et donnait à des milliers d’ auditeurs, plus tard de lecteurs, la nostalgie de sa jouissance. Les s

1394 et donnait à des milliers d’auditeurs, plus tard de lecteurs, la nostalgie de sa jouissance. Les siècles suivants de pens

1395 d’auditeurs, plus tard de lecteurs, la nostalgie de sa jouissance. Les siècles suivants de pensée classique tentèrent une

1396 nostalgie de sa jouissance. Les siècles suivants de pensée classique tentèrent une analyse rationnelle de la passion (Cor

1397 ensée classique tentèrent une analyse rationnelle de la passion (Corneille, Racine). Le xviii e siècle porta même cette an

1398 i complète des éléments affectifs et irrationnels de notre vie consciente. (À l’époque de Voltaire, l’amour perd son halo

1399 irrationnels de notre vie consciente. (À l’époque de Voltaire, l’amour perd son halo tragique ou sentimental. La guerre pe

1400 ns redoutables qui étaient déjà visibles à l’état d’ embryon dans les oeuvres de Rousseau comme dans celles du Marquis de S

1401 déjà visibles à l’état d’embryon dans les oeuvres de Rousseau comme dans celles du Marquis de Sade. La Révolution français

1402 on française explosa comme un souffle destructeur de passion. Étant tout à la fois sentimentale et sanglante — rousseauist

1403 — elle détruisit immédiatement toute la charpente de règles et de conventions que le Moyen Âge avait établie pour tenter d

1404 sit immédiatement toute la charpente de règles et de conventions que le Moyen Âge avait établie pour tenter de contenir la

1405 ntions que le Moyen Âge avait établie pour tenter de contenir la passion et que le rationalisme avait imprudemment sapée p

1406 isme. Le nationalisme est l’expression collective de la résurgence de la passion trop longtemps réprimée dans l’inconscien

1407 isme est l’expression collective de la résurgence de la passion trop longtemps réprimée dans l’inconscient, les aspects in

1408 rimée dans l’inconscient, les aspects individuels de cette résurgence étant décrits dans le romantisme. Pendant tout le xi

1409 e domaine des morales individuelles des obstacles de moins en moins sérieux, la passion popularisée tombera dans le sentim

1410 ra dans le sentimentalisme et ne rencontrera plus de réelle intensité exceptée au niveau collectif. C’est si vrai qu’au xx

1411 ’au xx e siècle les traits originaux et virulents de la passion se retrouvent davantage dans le comportement des masses qu

1412 nconscient Le xx e siècle est devenu conscient de l’inconscient. En même temps il a vu l’organisation des masses. Ces d

1413 nisation des masses. Ces deux faits sont plus que de simples coïncidences. Le comportement de la masse n’a rien de commun

1414 lus que de simples coïncidences. Le comportement de la masse n’a rien de commun avec celui d’un individu raisonnable. Mai

1415 ïncidences. Le comportement de la masse n’a rien de commun avec celui d’un individu raisonnable. Mais, pour moi, il resse

1416 rtement de la masse n’a rien de commun avec celui d’ un individu raisonnable. Mais, pour moi, il ressemble suffisamment au

1417 ur moi, il ressemble suffisamment au comportement de l’inconscient dans un individu. La masse précisément est composée d’i

1418 ns un individu. La masse précisément est composée d’ individus privés momentanément de leur jugement rationnel et de leur c

1419 ent est composée d’individus privés momentanément de leur jugement rationnel et de leur conscience normale. L’irruption de

1420 rivés momentanément de leur jugement rationnel et de leur conscience normale. L’irruption des masses ainsi définies dans l

1421 et sociale contemporaine ressemble à l’irruption de l’inconscient dans la vie d’un individu : c’est une sorte de névrose

1422 semble à l’irruption de l’inconscient dans la vie d’ un individu : c’est une sorte de névrose collective. On sait qu’un név

1423 cient dans la vie d’un individu : c’est une sorte de névrose collective. On sait qu’un névrosé est un homme qui est soudai

1424 par sa raison. Dans un esprit sain, ces attaques de l’inconscient ont lieu généralement durant le sommeil, sous la forme

1425 ieu généralement durant le sommeil, sous la forme de cauchemars. L’irruption du Prolétariat dans la vie moderne est un phé

1426 u même ordre : les couches « basses et obscures » de la population que nous ne voulions pas affronter ou considérer, que n

1427 « réprimé » socialement dans les « profondeurs » de l’Inconscient collectif — explosent soudain maintenant et se font ent

1428 t pas seulement métaphoriquement le « cauchemar » de la bourgeoisie. Les exigences des masses rendues « conscientes et org

1429 sme, ressemblent formellement à ces compensations de l’inconscient qui tente de bousculer l’équilibre superficiel d’un hom

1430 nt à ces compensations de l’inconscient qui tente de bousculer l’équilibre superficiel d’un homme qui est trop étroitement

1431 nt qui tente de bousculer l’équilibre superficiel d’ un homme qui est trop étroitement raisonnable. Et quand elles se sont

1432 s social et dans la conscience politique, sources de déséquilibre permanent, elles deviennent à proprement parler une névr

1433 elles deviennent à proprement parler une névrose de la société. Indiquons que le contenu rationnel de ces exigences est m

1434 de la société. Indiquons que le contenu rationnel de ces exigences est moins important que la forme dynamique dans laquell

1435 re différents ou opposés comme, par exemple, ceux de Hitler et de Lénine, sans que le schéma dynamique de l’apparition des

1436 ou opposés comme, par exemple, ceux de Hitler et de Lénine, sans que le schéma dynamique de l’apparition des masses soit

1437 Hitler et de Lénine, sans que le schéma dynamique de l’apparition des masses soit sensiblement chargé. Eh bien, cette tech

1438 réveil des masses, c’est ce que l’étude du mythe de la passion nous a révélé. C. G. Jung4 a étudié un certain nombre de

1439 a révélé. C. G. Jung4 a étudié un certain nombre de symboles et de schémas psychiques qui réapparaissent identiques, soit

1440 . Jung4 a étudié un certain nombre de symboles et de schémas psychiques qui réapparaissent identiques, soit dans la consci

1441 éapparaissent identiques, soit dans la conscience d’ une époque et dans ses rites religieux, soit dans l’inconscience d’ind

1442 ans ses rites religieux, soit dans l’inconscience d’ individus vivant dans des époques et des religions entièrement différe

1443 ’il n’est pas nécessaire pour tel ou tel individu d’ avoir entendu parler de ces symboles pour les voir apparaître dans ses

1444 e pour tel ou tel individu d’avoir entendu parler de ces symboles pour les voir apparaître dans ses rêves : les symboles n

1445 qu’à ce qu’ils réapparaissent à nouveau. Le mythe de la passion, tel qu’il fut exprimé longtemps auparavant dans l’histoir

1446 fut exprimé longtemps auparavant dans l’histoire de Tristan, me semble fournir une excellente illustration de la théorie

1447 an, me semble fournir une excellente illustration de la théorie jungienne. Réprimée par la conscience rationaliste, déprim

1448 s dans la mesure où ils sont fondés sur une perte de la conscience individuelle, dans la mesure donc où ils constituent de

1449 rirent pas au sérieux ce phénomène très important de notre époque, la plupart des hommes d’État démocratiques se sont trou

1450 dernières années dans une position psychologique d’ infériorité dans leurs rapports avec les dictateurs. Tout le succès de

1451 liser cyniquement ce que Jung appelle « l’énergie de l’âme collective », c’est-à-dire les forces latentes de l’inconscient

1452 me collective », c’est-à-dire les forces latentes de l’inconscient. Les masses modernes ont choisi de véritables « directe

1453 de l’inconscient. Les masses modernes ont choisi de véritables « directeurs d’inconscience ». Hitler, à mon avis, est le

1454 es modernes ont choisi de véritables « directeurs d’ inconscience ». Hitler, à mon avis, est le plus doué de tous. Dès 1924

1455 onscience ». Hitler, à mon avis, est le plus doué de tous. Dès 1924, il donna des descriptions étonnamment exactes du réve

1456 il des puissances souterraines qu’il se proposait de manipuler. Maintenant, ce qui nous intéresse ici, c’est que ces descr

1457 désire créer une force dynamique, le problème est de susciter la passion, Hitler l’a répété vingt fois, « la passion hysté

1458 est la forme la plus vivante et la plus virulente de la passion en Occident. IV. « La nationalisation des masses » selo

1459 mouvements populaires, des éruptions volcaniques de passions humaines et d’états d’âme [sic !] soulevées ou bien par la c

1460 des éruptions volcaniques de passions humaines et d’ états d’âme [sic !] soulevées ou bien par la cruelle Déesse de la Misè

1461 tions volcaniques de passions humaines et d’états d’ âme [sic !] soulevées ou bien par la cruelle Déesse de la Misère ou bi

1462 e [sic !] soulevées ou bien par la cruelle Déesse de la Misère ou bien par les torches de la parole jetée au sein des mass

1463 uelle Déesse de la Misère ou bien par les torches de la parole jetée au sein des masses, — jamais par les jets de limonade

1464 e jetée au sein des masses, — jamais par les jets de limonade de littérateurs esthétisants et de héros de salon. Seule, un

1465 ein des masses, — jamais par les jets de limonade de littérateurs esthétisants et de héros de salon. Seule, une tempête de

1466 jets de limonade de littérateurs esthétisants et de héros de salon. Seule, une tempête de passion brûlante peut changer l

1467 limonade de littérateurs esthétisants et de héros de salon. Seule, une tempête de passion brûlante peut changer le destin

1468 étisants et de héros de salon. Seule, une tempête de passion brûlante peut changer le destin des peuples ; mais seul peut

1469 porte en lui-même […]. Un mouvement qui poursuit de grands buts doit donc veiller anxieusement à ne pas perdre le contact

1470 peut […] être obtenue [que] par une concentration d’ efforts poussés à fond, avec fanatisme, jusqu’au but qu’il importe d’a

1471 fond, avec fanatisme, jusqu’au but qu’il importe d’ atteindre. […]. La grande masse d’un peuple ne se compose ni de profes

1472 t qu’il importe d’atteindre. […]. La grande masse d’ un peuple ne se compose ni de professeurs ni de diplomates. Elle est p

1473 […]. La grande masse d’un peuple ne se compose ni de professeurs ni de diplomates. Elle est peu accessible aux idées abstr

1474 se d’un peuple ne se compose ni de professeurs ni de diplomates. Elle est peu accessible aux idées abstraites. Par contre,

1475 iolentes a résidé bien moins dans la proclamation d’ une idée scientifique qui s’emparait des foules que dans un fanatisme

1476 hystérie, il faut d’abord écarter les objections de l’intelligence, puis l’opposition des sentiments, Cette seconde opéra

1477 ition des sentiments, Cette seconde opération est de loin la plus importante et la plus difficile. « Seul, un appel à ces

1478 ul, un appel à ces forces mystérieuses peut avoir de l’effet. »7 Quelle sera la technique de cet appel aux forces mystéri

1479 ut avoir de l’effet. »7 Quelle sera la technique de cet appel aux forces mystérieuses ? La technique de l’hypnose collect

1480 cet appel aux forces mystérieuses ? La technique de l’hypnose collective. Pour les meetings de masse, on fixera l’heure l

1481 hnique de l’hypnose collective. Pour les meetings de masse, on fixera l’heure la plus favorable, c’est-à-dire l’heure où l

1482 est-à-dire l’heure où l’individu offrira le moins de résistance consciente. L’orateur choisira aussi un endroit où il aura

1483 teur choisira aussi un endroit où il aura le plus de chance de créer l’atmosphère favorable.8 Dans tous ces cas, il s’ag

1484 ira aussi un endroit où il aura le plus de chance de créer l’atmosphère favorable.8 Dans tous ces cas, il s’agit de l’af

1485 sphère favorable.8 Dans tous ces cas, il s’agit de l’affaiblissement du libre arbitre de l’homme. […] Le matin et encore

1486 , il s’agit de l’affaiblissement du libre arbitre de l’homme. […] Le matin et encore pendant la journée, les forces de la

1487 Le matin et encore pendant la journée, les forces de la volonté des hommes s’opposent avec la plus grande énergie aux tent

1488 posent avec la plus grande énergie aux tentatives de leur suggérer une volonté étrangère, une opinion étrangère. Mais le s

1489 succombent plus facilement à la force dominatrice d’ une volonté plus puissante.9 Personne ne devrait tenter de convaincr

1490 nté plus puissante.9 Personne ne devrait tenter de convaincre une foule par des arguments d’ordre intellectuel, il faudr

1491 tenter de convaincre une foule par des arguments d’ ordre intellectuel, il faudrait plutôt essayer de la priver de ses sch

1492 d’ordre intellectuel, il faudrait plutôt essayer de la priver de ses schémas de réflexions et de la mettre en face d’un f

1493 llectuel, il faudrait plutôt essayer de la priver de ses schémas de réflexions et de la mettre en face d’un fait accompli

1494 udrait plutôt essayer de la priver de ses schémas de réflexions et de la mettre en face d’un fait accompli affectif.10 Ain

1495 ayer de la priver de ses schémas de réflexions et de la mettre en face d’un fait accompli affectif.10 Ainsi on parvient à

1496 tif.10 Ainsi on parvient à déposséder les membres de la foule de tous leurs sentiments de responsabilité et à les réduire

1497 on parvient à déposséder les membres de la foule de tous leurs sentiments de responsabilité et à les réduire à l’état de

1498 les membres de la foule de tous leurs sentiments de responsabilité et à les réduire à l’état de « masse ». Or, une masse

1499 ments de responsabilité et à les réduire à l’état de « masse ». Or, une masse « n’est qu’une partie de la nature »11, c’es

1500 de « masse ». Or, une masse « n’est qu’une partie de la nature »11, c’est-à-dire qu’elle n’a pas d’autres réactions que ce

1501 ue celles qui sont déterminées par la dialectique de l’inconscient. Nous savons avec quel succès Goebbels perfectionna la

1502 ec quel succès Goebbels perfectionna la technique de l’hypnose collective ; à l’époque où le Führer tint ses discours les

1503 urs les plus importants, il créa un nouveau genre de mise en scène, un véritable théâtre des masses. Nous avons vu que cet

1504 éâtre des masses. Nous avons vu que cette hypnose de la passion (déclenchée chez Tristan par le philtre d’amour) prive l’h

1505 a passion (déclenchée chez Tristan par le philtre d’ amour) prive l’homme de son libre arbitre, mais le libère aussi simult

1506 hez Tristan par le philtre d’amour) prive l’homme de son libre arbitre, mais le libère aussi simultanément de son sens de

1507 libre arbitre, mais le libère aussi simultanément de son sens de culpabilité. Hitler était bien conscient de ce qu’il accé

1508 e, mais le libère aussi simultanément de son sens de culpabilité. Hitler était bien conscient de ce qu’il accélérerait l’a

1509 sens de culpabilité. Hitler était bien conscient de ce qu’il accélérerait l’action hypnotique en supprimant le complexe d

1510 ait l’action hypnotique en supprimant le complexe de culpabilité que les Allemands subissaient durant l’après-guerre. Pour

1511 jet, l’opérateur d’une part contraint sa volonté, de l’autre exerce une séduction sur ses émotions. Or, rien ne séduit dav

1512 . Or, rien ne séduit davantage que la perspective d’ être libéré d’une conscience chargée. Peu importe celui qui promet cet

1513 séduit davantage que la perspective d’être libéré d’ une conscience chargée. Peu importe celui qui promet cette libération,

1514 importe celui qui promet cette libération, il met de son côté toutes les chances d’être « cru ». Il m’était clair alors q

1515 libération, il met de son côté toutes les chances d’ être « cru ». Il m’était clair alors que pour les premiers militants

1516 lait vider à fond la question des responsabilités de guerre […]. À cette époque, où tous voyaient encore dans cette paix (

1517 ù tous voyaient encore dans cette paix (le traité de Versailles) une victoire de la démocratie, on devait faire front cont

1518 cette paix (le traité de Versailles) une victoire de la démocratie, on devait faire front contre cette idée, et nous grave

1519 urs dans la cervelle des hommes comme les ennemis de ce traité, afin que, par la suite […], le souvenir de notre attitude

1520 e traité, afin que, par la suite […], le souvenir de notre attitude dans cette question nous amène la confiance des masses

1521 nous amène la confiance des masses.12 Le traité de Versailles, une nouvelle Méduse (« … notre peuple, désarmé sous les m

1522 sous les mille regards des signataires du traité de Versailles »)13 symbolise toutes les fautes individuelles et collecti

1523 lus monstrueuse et la plus inhumaine des cruautés de tous les temps, par opposition au traité de Brest-Litowsk, décrit com

1524 autés de tous les temps, par opposition au traité de Brest-Litowsk, décrit comme un acte d’humanité infinie.14 Ainsi, la

1525 au traité de Brest-Litowsk, décrit comme un acte d’ humanité infinie.14 Ainsi, la masse irresponsable et blanchie comme

1526 comme neige est prête à atteindre le stade final de la passion. Elle acceptera dorénavant comme « vérité » ce qui « inten

1527 temps, le peuple a considéré l’attaque sans merci de ses adversaires comme la preuve de son bon droit ; pour lui, renoncer

1528 que sans merci de ses adversaires comme la preuve de son bon droit ; pour lui, renoncer à les détruire c’est douter de ce

1529  ; pour lui, renoncer à les détruire c’est douter de ce bon droit : c’est même nier qu’il existe.15 Les masses frénétiqu

1530 aux lois romaines, par exemple, qu’Hitler propose de supprimer, à la morale chrétienne, à « l’intellectualisme » et à la r

1531 e tout ce qui rendrait capable la masse allemande de communiquer avec l’extérieur contre chaque conception universaliste :

1532 s intellectuels, les Églises. La nationalisation de notre masse ne pourra réussir que si, outre le combat mené pour conqu

1533 que si, outre le combat mené pour conquérir l’âme de notre peuple, on entreprend de détruire ses empoisonneurs internation

1534 ur conquérir l’âme de notre peuple, on entreprend de détruire ses empoisonneurs internationaux.16 D’où le racisme et l’e

1535 de détruire ses empoisonneurs internationaux.16 D’ où le racisme et l’exaltation du pur germanisme : la communauté allema

1536 e compréhension du monde extérieur qui menacerait d’ affaiblir sa passion. Or, le racisme est la religion la plus imperméab

1537 pourrez jamais comprendre les mystères créateurs de l’esprit allemand…). Une autre caractéristique de la passion, c’est :

1538 de l’esprit allemand…). Une autre caractéristique de la passion, c’est : le besoin de produire sans cesse des obstacles, d

1539 caractéristique de la passion, c’est : le besoin de produire sans cesse des obstacles, de plus en plus insurmontables à m

1540 ans aucun doute, on peut dire que sa force (celle d’ un mouvement) et, avec elle, son droit à la vie ne se développent qu’a

1541 développent qu’autant qu’il admet comme condition d’ extension l’idée de se battre ; on peut dire aussi que le moment où un

1542 nt qu’il admet comme condition d’extension l’idée de se battre ; on peut dire aussi que le moment où un mouvement aura att

1543 mais momentanés, lui imposera une longue période de croissance et de longs combats provoqués par son intolérance absolue

1544 lui imposera une longue période de croissance et de longs combats provoqués par son intolérance absolue vis-à-vis des aut

1545 rès, comme chacun sait, Hitler adopta la tactique d’ une multiplication systématique des obstacles : chaque fois qu’il obte

1546 toire, qu’il avait précédemment qualifié du signe d’ « aboliton finale du Diktat infamant », il découvrait immédiatement de

1547 du Diktat infamant », il découvrait immédiatement de nouveaux articles dans le traité contre lesquels il fallait combattre

1548 e pour les exigences territoriales, car l’essence de la passion est de se nourrir d’obstacle et d’aspirer non pas à telle

1549 es territoriales, car l’essence de la passion est de se nourrir d’obstacle et d’aspirer non pas à telle ou telle réalisati

1550 es, car l’essence de la passion est de se nourrir d’ obstacle et d’aspirer non pas à telle ou telle réalisation concrète, m

1551 nce de la passion est de se nourrir d’obstacle et d’ aspirer non pas à telle ou telle réalisation concrète, mais à un objec

1552 des possibilités matérielles ou humaines, au-delà de la vie et de ses lois, dans la guerre, qui est considérée comme glori

1553 tés matérielles ou humaines, au-delà de la vie et de ses lois, dans la guerre, qui est considérée comme glorieuse, bref, d

1554 peuple raisonnable, se trouvant dans la position de l’Allemagne après la Première Guerre mondiale, aurait choisi pour obj

1555 tives, conquête infinie. Il ne se sent pas obligé de rétablir un certain mode de conduite, il se sent plutôt contraint de

1556 ne se sent pas obligé de rétablir un certain mode de conduite, il se sent plutôt contraint de solliciter et de préférer le

1557 ain mode de conduite, il se sent plutôt contraint de solliciter et de préférer les épreuves et les difficultés au lieu des

1558 ite, il se sent plutôt contraint de solliciter et de préférer les épreuves et les difficultés au lieu des plaisirs et des

1559 fficultés au lieu des plaisirs et des souffrances de la vie de tous les jours. Dans une des comédies de Somerset Maugham,

1560 au lieu des plaisirs et des souffrances de la vie de tous les jours. Dans une des comédies de Somerset Maugham, une femme

1561 la vie de tous les jours. Dans une des comédies de Somerset Maugham, une femme amoureuse hésite entre son mari et son am

1562 ce que je peux vous promettre, ce sont des peines de cœur et un drame. » (« All I can promise you is drama and the torment

1563  ») La femme se jette immédiatement dans les bras de son amant. Cette réaction élémentaire de la passion explique le plébi

1564 les bras de son amant. Cette réaction élémentaire de la passion explique le plébiscite sarrois : les Sarrois ont préféré e

1565 éféré en 1935 à une écrasante majorité le malheur de devenir nazis au bonheur d’être des hommes libres. Hitler avait réuss

1566 e majorité le malheur de devenir nazis au bonheur d’ être des hommes libres. Hitler avait réussi à enflammer leur « passion

1567 ler Hitler lui-même : « Le développement étonnant de notre mouvement […] tient à ce que nous ayons compris cette idée et q

1568 nalisation des masses » est un fait accompli dans de nombreux pays d’Europe et se poursuit dès maintenant dans le reste du

1569 sses » est un fait accompli dans de nombreux pays d’ Europe et se poursuit dès maintenant dans le reste du monde, bien qu’à

1570 es » est un fait accompli dans de nombreux pays d’ Europe et se poursuit dès maintenant dans le reste du monde, bien qu’à un ry

1571 L’homme moderne vit de plus en plus dans un monde d’ affolement collectif, où il ne participe que par des manières étrangèr

1572 nions-monstre » permettent également à l’individu de s’unir par l’imagination et l’émotion aux grands événements qui affec

1573 aders). Tout ceci contribue à éloigner l’individu de son propre environnement, dans lequel rien de similaire ne pourrait j

1574 idu de son propre environnement, dans lequel rien de similaire ne pourrait jamais se passer. Les inconvénients de la vie d

1575 e ne pourrait jamais se passer. Les inconvénients de la vie de tous les jours, autrefois considérés comme normaux, devienn

1576 ait jamais se passer. Les inconvénients de la vie de tous les jours, autrefois considérés comme normaux, deviennent de plu

1577 — ceux qui rendaient autrefois l’individu capable d’ accepter patiemment son sort. D’une part, l’individu est exaspéré au p

1578 ort. D’une part, l’individu est exaspéré au point de chercher à échapper à son existence mesquine, d’autre part il est sai

1579 mesquine, d’autre part il est saisi par la flamme de l’émotion collective. Cette répulsion et cette attraction aboutissent

1580 elles amènent l’homme à rechercher toute occasion d’ échapper à son individualité. Elles nous prédisposent tous à l’hypnose

1581 tous à l’hypnose collective, à être les victimes de la passion de la masse. b) Les Allemands en général, et plus particul

1582 ose collective, à être les victimes de la passion de la masse. b) Les Allemands en général, et plus particulièrement ceux

1583 lemands en général, et plus particulièrement ceux de l’entre-deux-guerres, ont montré des dispositions spéciales pour cett

1584 ontré des dispositions spéciales pour cette sorte de fuite collective, d’abandon de soi. Qu’il soit suffisant de rappeler

1585 s spéciales pour cette sorte de fuite collective, d’ abandon de soi. Qu’il soit suffisant de rappeler l’existence de leur p

1586 s pour cette sorte de fuite collective, d’abandon de soi. Qu’il soit suffisant de rappeler l’existence de leur perpétuel c

1587 ollective, d’abandon de soi. Qu’il soit suffisant de rappeler l’existence de leur perpétuel complexe d’infériorité, aggrav

1588 soi. Qu’il soit suffisant de rappeler l’existence de leur perpétuel complexe d’infériorité, aggravé par leur sentiment aig

1589 e rappeler l’existence de leur perpétuel complexe d’ infériorité, aggravé par leur sentiment aigu de culpabilité et de dépr

1590 xe d’infériorité, aggravé par leur sentiment aigu de culpabilité et de dépréciation après Versailles. Les auteurs du trait

1591 aggravé par leur sentiment aigu de culpabilité et de dépréciation après Versailles. Les auteurs du traité oublièrent que l

1592 bolique du désarmement : pour eux c’est une sorte de castration. Être sans armes, dans l’univers allemand, c’est cesser d’

1593 sans armes, dans l’univers allemand, c’est cesser d’ être un homme libre. Pour cette raison, la célébration de Nuremberg po

1594 un homme libre. Pour cette raison, la célébration de Nuremberg pour le rétablissement de la Reichswehr fut baptisée par Hi