1 1936, Tapuscrits divers (1936-1947). [Compte rendu] Henri de Man, L’Idée socialiste (1936)
1 se avec franchise le problème de la culture parmi nous , on conviendra que ces obstacles formels ne sauraient excuser notre p
2 ra que ces obstacles formels ne sauraient excuser notre paresse. D’ailleurs, ou je me trompe fort, ou L’Idée socialiste est p
3 ’explique aussi par la personnalité de M. de Man. Nous n’avons pas affaire ici à un intellectuel détaché — ce qu’était malgr
4 sur la violence n’ont jamais conduit à l’action. Nous sommes au contraire en présence d’un homme dont la pensée est constam
5 ’abord une idée, qui déborde le mouvement, et qui doit désormais lui donner son vrai sens. Il vaut la peine d’insister sur c
6 es idées détachées et gratuites de l’idéalisme de nos pères, — cet illusionnisme généreux qui masquait des complots d’intér
7 n premier chapitre cette phrase de Chesterton : «  Nous ne pouvons réaliser rien de bon sans nous l’être d’abord représenté. 
8 ton : « Nous ne pouvons réaliser rien de bon sans nous l’être d’abord représenté. » Qu’il me permette à mon tour de citer Lé
9 e est vraiment la plus haute vision vers laquelle nos efforts doivent tendre. Le but de chaque individu est-il la société p
10 nt la plus haute vision vers laquelle nos efforts doivent tendre. Le but de chaque individu est-il la société parfaite ? Ou bie
2 1938, Tapuscrits divers (1936-1947). L’esprit totalitaire et les devoirs de la personne (mai 1938)
11 L’esprit totalitaire et les devoirs de la personne (mai 1938)b On parle couramment d’État totalitaire
12 frontières des trois grandes dictatures mais qui nous concerne nous aussi, à l’intérieur de nos démocraties occidentales. L
13 s trois grandes dictatures mais qui nous concerne nous aussi, à l’intérieur de nos démocraties occidentales. L’esprit totali
14 is qui nous concerne nous aussi, à l’intérieur de nos démocraties occidentales. L’esprit totalitaire n’est pas lié aux seul
15 lament ouvertement. Dès maintenant, il agit parmi nous . Sous forme de menace en premier lieu. Mais aussi, j’en suis persuadé
16 st cela que représente l’esprit totalitaire, pour nous , ici et maintenant. Et c’est à cause de cela qu’il n’est pas vain que
17 ns, et je les comprends dans une certaine mesure. Nous sommes las de nous indigner. Les pires excès nous trouvent de plus en
18 ends dans une certaine mesure. Nous sommes las de nous indigner. Les pires excès nous trouvent de plus en plus indifférents.
19 Nous sommes las de nous indigner. Les pires excès nous trouvent de plus en plus indifférents. Et les coups de force périodiq
20 périodiques des dictateurs, on dirait presque que nous les attendons avec une sorte d’impatience sourde, comme les péripétie
21 rde, comme les péripéties d’un roman d’aventures. Nos pensées imitent ces oiseaux qui vont se percher de préférence sur les
22 nce d’un certain humanitarisme, plusieurs d’entre nous réagissent par un optimisme curieux. Après tout, nous disent-ils, tou
23 réagissent par un optimisme curieux. Après tout, nous disent-ils, tout n’est pas mal dans ces régimes. On a rétabli l’ordre
24 iers ont du travail, etc. D’autres s’efforcent de nous persuader — ou de se persuader à eux-mêmes — que le phénomène n’est p
25 te pareillement, se met au service d’intérêts que nous n’avons pas envie de voir triompher. Je sais que tout n’est pas mal,
26 se et mystique, telle qu’il en est passé déjà sur notre Europe, mais celle-ci est la plus puissante. Le Moyen Âge fut une pér
27 s. Ce second cycle est en voie de s’accomplir, et nous assistons aujourd’hui aux prodromes d’une troisième période, retour e
28 sager, c’est voir en face, et voir de près. Or il nous est très difficile d’envisager la menace totalitaire, pour cette rais
29 e totalitaire, pour cette raison qu’entre elle et nous , se dressent les écrans de l’esprit partisan. Depuis vingt ans, le mo
30 s parce que l’histoire la plus récente, celle que nous sommes en train de vivre, nous porte à ressentir déjà la vanité de no
31 récente, celle que nous sommes en train de vivre, nous porte à ressentir déjà la vanité de nos partis pris sociaux et politi
32 e vivre, nous porte à ressentir déjà la vanité de nos partis pris sociaux et politiques. Je le dis parce que je suis frappé
33 politique et en morale ont fini par détruire dans notre civilisation, toute espèce de commune mesure. Voici ce que j’entends
34 se tenaient à la porte. On ne pouvait plus, on ne devait plus penser qu’à cela. C’était la seule question sérieuse. ⁂ Or dans
35 térieurs. La raison profonde d’un mouvement comme le nôtre est irrationnelle. Nous voulions croire à quelque chose, nous voulion
36 d’un mouvement comme le nôtre est irrationnelle. Nous voulions croire à quelque chose, nous voulions vivre pour quelque cho
37 ationnelle. Nous voulions croire à quelque chose, nous voulions vivre pour quelque chose. Nous avons été reconnaissants à ce
38 ue chose, nous voulions vivre pour quelque chose. Nous avons été reconnaissants à celui qui nous apportait cette possibilité
39 chose. Nous avons été reconnaissants à celui qui nous apportait cette possibilité de croire. Le christianisme, probablement
40 mps au besoin de croire de la majorité du peuple. Nous voulons croire à la mission du peuple allemand. Nous voulons croire à
41 s voulons croire à la mission du peuple allemand. Nous voulons croire à l’immortalité du peuple (un arbre dont nous ne somme
42 s croire à l’immortalité du peuple (un arbre dont nous ne sommes que les feuilles qui tombent à chaque génération) et peut-ê
43 bent à chaque génération) et peut-être réussirons- nous à y croire. Je m’en voudrais de commenter ce document. Ruine des cro
44 es des partis, bref toutes les fariboles chères à nos réalistes, et qui passionnent encore notre opinion. Un témoignage tel
45 chères à nos réalistes, et qui passionnent encore notre opinion. Un témoignage tel que celui que je viens de vous lire rejett
46 ens, contient cet article édifiant : Je crois en notre Saint-Père le Fascisme. Au congrès de Nuremberg en 1935, Hitler s’éc
47 e de sa détresse, mais votre foi… Pourquoi sommes- nous ici ? Par ordre ? Non… parce qu’une voix intérieure vous l’a dicté, p
48 n Führer dans le langage même du piétisme : Dans notre profond désespoir, s’écrie-t-il, nous avons trouvé en vous celui qui
49 me : Dans notre profond désespoir, s’écrie-t-il, nous avons trouvé en vous celui qui montre le chemin de la foi. Vous avez
50 ui montre le chemin de la foi. Vous avez été pour nous l’accomplissement d’un mystérieux désir. Et je lis ailleurs, sous la
51 s les questions de religion et de morale, de même nous croyons avec la même conviction profonde que le Führer est infaillibl
52 on. Je crois au génie du Duce. » Et si maintenant nous passons en Russie, nous entendrons et nous lirons partout : « Staline
53 Duce. » Et si maintenant nous passons en Russie, nous entendrons et nous lirons partout : « Staline a toujours raison. » No
54 tenant nous passons en Russie, nous entendrons et nous lirons partout : « Staline a toujours raison. » Nous lirons les poème
55 s lirons partout : « Staline a toujours raison. » Nous lirons les poèmes à la gloire du Père les peuples — le tsar n’était q
56 des paroles qu’il considère comme sacrilèges. Or nous voyons que dans les dictatures, il est permis le blasphémer le Christ
57 lui dont la volonté définit le bien et le mal. Et nous voyons que le bien et le mal, dans les régimes totalitaires, ne sont
58 ant seulement que la pratique du christianisme ne doit gêner en rien les droits absolus de l’État. C’est-à-dire qu’en réalit
59 e et j’ajouterai blasphématoire. « Les athées que nous sommes te tendent la main, catholique », ai-je entendu prononcer par
60 situation réelle et éternelle, et dans le fond de notre cœur, nous savons bien que c’est encore la nôtre. Quant à la protect
61 elle et éternelle, et dans le fond de notre cœur, nous savons bien que c’est encore la nôtre. Quant à la protection qu’Hitl
62 notre cœur, nous savons bien que c’est encore la nôtre . Quant à la protection qu’Hitler entend accorder aux chrétiens, à ce
63 en prison et dont l’exemple sauvera l’honneur de notre époque : c’est le pasteur Martin Niemöller, « incarcéré pour fait de
64 , ou au programme hétéroclite du Führer qu’ils le doivent . Mais bien à une poussée religieuse, inconsciente et désordonnée, que
65 ne des sentiments… Quiconque veut gagner la masse doit connaître la clé qui ouvre la porte de son cœur. Dans tous les temps,
66 ses. Celui qui présenterait un tel programme chez nous serait immédiatement traité de bolchéviste. Ce serait d’ailleurs une
67 résulterait de ces données que les gens de droite devraient appuyer Staline et combattre Hitler, si c’était au nom de la raison e
68 ntimentale. Il n’y a pas de pires utopistes, dans notre monde présent, que les hommes de partis. On dit aussi : le communisme
69 e contre la barbarie des bolchéviques. Il a sauvé notre culture. Mais on pourrait soutenir, preuves en main, la thèse inverse
70 00 000d. La dignité de la nation est rétablie, et nous voici sauvés du communisme. — Même couplet au sujet de l’Italie, où l
71 tion à l’effort de la propagande totalitaire dans nos pays. Ils le font sans malice, et au nom du bon sens. Ils se rappelle
72 ue : Telle solution sera-t-elle avantageuse pour notre peuple, actuellement ou dans l’avenir, ou lui causera-t-elle un domma
73 ondamnent dans la vie d’un particulier devient le devoir sacré de la nation : l’orgueil est glorifié, quand il est national, l
74 tes récents : la morale totalitaire inaugure dans notre histoire le règne du butor armé. Que cela satisfasse les instincts d’
75 a satisfasse les instincts d’un certain nombre de nos contemporains, c’est indéniable. Je dirai plus : la brute sommeille d
76 cet esprit casanier, c’est ce qu’on appelle chez nous  : la volonté de rester dans ses frontières et de ne pas embêter ses v
77 enne. Il est intitulé : La Guerre et la vie comme devoir . Avant tout, le fascisme, en ce qui concerne d’une manière générale
78 ulquer à l’enfant que le jeune citoyen soviétique doit obéir à son maître comme le soldat rouge à son officier, l’ouvrier so
79 ’ingénieur son directeur… Il faut aider de toutes nos forces l’école dans sa lutte pour la discipline. Il faut se féliciter
80 toire d’un uniforme pour les écoliers. Autrefois, nous nous moquions de l’honneur dû à l’uniforme, parce que les classes enn
81 d’un uniforme pour les écoliers. Autrefois, nous nous moquions de l’honneur dû à l’uniforme, parce que les classes ennemies
82 liers. Autrefois, nous nous moquions de l’honneur à l’uniforme, parce que les classes ennemies et exploiteuses s’en ser
83 juguler et exploiter le peuple. Mais aujourd’hui nous défendons l’honneur de l’uniforme de l’Armée rouge qui nous protège e
84 dons l’honneur de l’uniforme de l’Armée rouge qui nous protège et nous savons que nos enfants sont pleins d’amour et de fier
85 e l’uniforme de l’Armée rouge qui nous protège et nous savons que nos enfants sont pleins d’amour et de fierté pour notre Ar
86 l’Armée rouge qui nous protège et nous savons que nos enfants sont pleins d’amour et de fierté pour notre Armée rouge. Je n
87 nos enfants sont pleins d’amour et de fierté pour notre Armée rouge. Je n’ai pas rencontré un seul enfant qui, à la question 
88 servir dans l’Armée rouge ? », répondit non. Que nos enfants sachent donc que le but de l’école est de les préparer au rôl
89 ire dans cette histoire d’uniformes et de respect aux galons. C’est une survivance rhétorique. On sent bien que l’impor
90 et la fierté » qu’éveille l’armée. D’autre part, nous savons aujourd’hui que l’objectif réel du premier plan de 5 ans, déve
91 issance offensive de la Russie nouvelle. Résumons- nous  : la religion de la nation, à défaut d’autre foi réelle, a pour conte
92 -d’œuvre, qui est le poème orchestral de Tristan, nous révèle le dernier secret de la passion sous toutes ses formes. La pas
93 elle sera beaucoup plus brève, rassurez-vous, car nos critiques ont déblayé le terrain pour reconstruire. En face de la men
94 rd les causes du succès des totalitaires. Et cela nous dictera peut-être les moyens de résistance et les vrais buts d’une co
95 nce a été publiée dans les Cahiers protestants . Nous ne reproduisont ici que la première partie. c. Le tapuscrit ne repro
96 endroit, on indique le chiffre le plus probable à notre sens étant donné les connaissances historiques à ce sujet. e. Soulig
3 1939, Tapuscrits divers (1936-1947). Pour une « Suisse chrétienne » (1939)
97 nnels, et même, quoiqu’un peu plus rarement, dans notre presse protestante. Il est donc temps de poser à notre tour la célèbr
98 presse protestante. Il est donc temps de poser à notre tour la célèbre question de Foch : « De quoi s’agit-il ? » Nous n’avo
99 élèbre question de Foch : « De quoi s’agit-il ? » Nous n’avons pas en vue, ici, telle ou telle déclaration précise, telle ou
100 ens moyen et encore flottant de cette expression. Nous pensons que le moment est venu de définir, du point de vue protestant
101 définir, du point de vue protestant, ce que l’on doit entendre par « Suisse chrétienne », si l’on veut éviter que des malen
102 es. ⁂ L’expression « Suisse chrétienne », en soi, nous paraît appeler deux critiques assez graves. 1. À parler rigoureusemen
103 e plus grand nombre, fussent des chrétiens. Et si nous revenons à notre slogan : pour que l’on puisse parler sans abus d’une
104 bre, fussent des chrétiens. Et si nous revenons à notre slogan : pour que l’on puisse parler sans abus d’une « Suisse chrétie
105 r d’une Suisse chrétienne, dans l’état présent de notre pays, c’est faire une anticipation qu’il serait très dangereux de pre
106 tienne » ont en vue la christianisation réelle de notre pays. Ils voudraient que tous les Suisses deviennent chrétiens, et qu
107 la politique ? Telle est la question concrète que nous pose désormais le mouvement vers la « Suisse chrétienne ». Si nous pr
108 is le mouvement vers la « Suisse chrétienne ». Si nous prenons vivement conscience de cette question, nous aurons fait le pr
109 us prenons vivement conscience de cette question, nous aurons fait le principal. Car la réponse est alors évidente : il faut
110 de cela : savoir au nom de quoi ou au nom de qui nous agissons. Et le déclarer en tout temps. f. Édition réalisée sur la
4 1940, Tapuscrits divers (1936-1947). Quelle heure est-il ? (1940)
111 re les grands États qui entouraient la Suisse fut notre garantie d’indépendance. Cet équilibre vient d’être rompu. L’immense
112 mmense révolution totalitaire a refermé autour de nos frontières un cercle sans fissures, qui nous isole du monde. La Suiss
113 ur de nos frontières un cercle sans fissures, qui nous isole du monde. La Suisse est réduite à elle-même. Quelle que soit l’
114 e s’appuie sur des masses qui n’existent pas chez nous . Il est animé d’une volonté impériale qui nous est interdite. Il est
115 ez nous. Il est animé d’une volonté impériale qui nous est interdite. Il est rigoureusement centralisé, et nous sommes une f
116 t interdite. Il est rigoureusement centralisé, et nous sommes une fédération. Il aspire à l’unification de la race, de la la
117 ation de la race, de la langue, de la culture, et nous , nous sommes jaloux de nos diversités dans tous ces domaines. Il est
118 de la race, de la langue, de la culture, et nous, nous sommes jaloux de nos diversités dans tous ces domaines. Il est dictat
119 ue, de la culture, et nous, nous sommes jaloux de nos diversités dans tous ces domaines. Il est dictatorial, et nous sommes
120 és dans tous ces domaines. Il est dictatorial, et nous sommes démocrates. Son industrie et son agriculture sont totalement s
121 sont totalement socialisées ou nationalisées, et les nôtres relèvent encore en grande partie de l’initiative et de la propriété p
122 sitions sont évidentes. Elles ne résultent pas de nos opinions et de nos appréciations. Elles ne résultent pas non plus de
123 tes. Elles ne résultent pas de nos opinions et de nos appréciations. Elles ne résultent pas non plus de la malveillance de
124 s ne résultent pas non plus de la malveillance de nos voisins, qui ont au contraire réaffirmé leur volonté de respecter not
125 au contraire réaffirmé leur volonté de respecter notre pays. Elles sont inscrites dans les faits. Notre régime, notre autono
126 notre pays. Elles sont inscrites dans les faits. Notre régime, notre autonomie, nos libertés traditionnelles, tout cela est
127 lles sont inscrites dans les faits. Notre régime, notre autonomie, nos libertés traditionnelles, tout cela est sérieusement m
128 es dans les faits. Notre régime, notre autonomie, nos libertés traditionnelles, tout cela est sérieusement mis en question
129 uestion par l’organisation de la nouvelle Europe. Nous courons le risque d’être absorbés économiquement, divisés racialement
130 moralement par des influences étrangères. Jamais notre existence indépendante n’a paru plus gravement menacée. Voix défait
131 istes En présence de cette situation, certains nous proposent déjà de capituler sans combat. Si nous sommes attaqués, d’u
132 nous proposent déjà de capituler sans combat. Si nous sommes attaqués, d’une manière ou d’une autre, murmurent-ils, pourquo
133 u d’une autre, murmurent-ils, pourquoi chercher à nous défendre ? Primo, ce n’est pas possible, secundo ce n’est peut-être p
134 peut-être pas avantageux, ni même nécessaire… Si nous nous laissons absorber, nous aurons la vie sauve, du travail et du pa
135 -être pas avantageux, ni même nécessaire… Si nous nous laissons absorber, nous aurons la vie sauve, du travail et du pain. Q
136 même nécessaire… Si nous nous laissons absorber, nous aurons la vie sauve, du travail et du pain. Que veut-on de plus ? D’a
137 il est fatigant de remonter le courant. Adaptons- nous , résignons-nous, tâchons de nous faire une petite place… Et puis, ce
138 de remonter le courant. Adaptons-nous, résignons- nous , tâchons de nous faire une petite place… Et puis, ce régime nouveau,
139 ourant. Adaptons-nous, résignons-nous, tâchons de nous faire une petite place… Et puis, ce régime nouveau, c’est l’ordre ! d
140 que par l’action. Il est évident qu’un pays comme le nôtre , en perdant son indépendance, perdrait tout. Il est évident qu’un peu
141 nt accepter le joug, c’est qu’ils n’ont pas comme nous dans le sang, le besoin et l’antique habitude de gouverner eux-mêmes,
142 umission à l’étranger bouleverserait profondément nos conditions de vie et de travail, et que ceux d’entre nous qui ont le
143 ditions de vie et de travail, et que ceux d’entre nous qui ont le plus à se plaindre de l’état social actuel seraient les pr
144 core au moins un droit : le droit de se plaindre. Nous devons nous défendre, comme nous l’avons juré ; nous devons répéter a
145 au moins un droit : le droit de se plaindre. Nous devons nous défendre, comme nous l’avons juré ; nous devons répéter avec les
146 s un droit : le droit de se plaindre. Nous devons nous défendre, comme nous l’avons juré ; nous devons répéter avec les anci
147 de se plaindre. Nous devons nous défendre, comme nous l’avons juré ; nous devons répéter avec les anciens Suisses : « Plutô
148 s devons nous défendre, comme nous l’avons juré ; nous devons répéter avec les anciens Suisses : « Plutôt la mort que l’escl
149 ons nous défendre, comme nous l’avons juré ; nous devons répéter avec les anciens Suisses : « Plutôt la mort que l’esclavage. 
150 lutôt la mort que l’esclavage. » Et non seulement nous le devons, mais avec l’aide de Dieu, nous le pouvons ! La Suisse est
151 mort que l’esclavage. » Et non seulement nous le devons , mais avec l’aide de Dieu, nous le pouvons ! La Suisse est le pays d’
152 ulement nous le devons, mais avec l’aide de Dieu, nous le pouvons ! La Suisse est le pays d’Europe le mieux fait, par sa nat
153 vallée, village par village, sont connues de tous nos voisins : il n’en est pas qui soient plus favorables aux conditions m
154 e la défense armée. Mais tout cela, dira-t-on, ne nous empêcherait pas de succomber au bout de quelques semaines devant des
155 se peut. Mais une chose est certaine : c’est que nos voisins calculeront la dépense avant de lancer leurs armées. Il dépen
156 e avant de lancer leurs armées. Il dépend donc de nous , de notre volonté et de notre préparation, que cette dépense soit jug
157 e lancer leurs armées. Il dépend donc de nous, de notre volonté et de notre préparation, que cette dépense soit jugée trop fo
158 s. Il dépend donc de nous, de notre volonté et de notre préparation, que cette dépense soit jugée trop forte et que l’opérati
159 as rentable. Une volonté indiscutée et unanime de nous défendre jusqu’au bout et à tout prix, voilà la seule garantie qui no
160 bout et à tout prix, voilà la seule garantie qui nous reste, — mais c’est aussi la plus solide. À l’inverse, le défaitisme
161 ttirer le péril et de préparer la catastrophe. Si nous le voulons, nous pouvons nous défendre : mais si nous en doutons, nou
162 t de préparer la catastrophe. Si nous le voulons, nous pouvons nous défendre : mais si nous en doutons, nous sommes déjà per
163 la catastrophe. Si nous le voulons, nous pouvons nous défendre : mais si nous en doutons, nous sommes déjà perdus. Voilà c
164 le voulons, nous pouvons nous défendre : mais si nous en doutons, nous sommes déjà perdus. Voilà ce qu’il faut répondre au
165 pouvons nous défendre : mais si nous en doutons, nous sommes déjà perdus. Voilà ce qu’il faut répondre aux défaitistes, pa
166 ependant les meilleurs arguments et les appels au devoir les plus impératifs ne serviront de rien, ne seront que des phrases,
167 serviront de rien, ne seront que des phrases, si nous ne savons pas, et si nous ne sentons pas ce qu’est la Suisse que nous
168 ont que des phrases, si nous ne savons pas, et si nous ne sentons pas ce qu’est la Suisse que nous devons défendre, et ce qu
169 et si nous ne sentons pas ce qu’est la Suisse que nous devons défendre, et ce que sont nos libertés. Il est temps que nous l
170 nous ne sentons pas ce qu’est la Suisse que nous devons défendre, et ce que sont nos libertés. Il est temps que nous l’appren
171 a Suisse que nous devons défendre, et ce que sont nos libertés. Il est temps que nous l’apprenions. Qu’avons-nous à défe
172 re, et ce que sont nos libertés. Il est temps que nous l’apprenions. Qu’avons-nous à défendre ? Beaucoup de Suisses ne
173 . Il est temps que nous l’apprenions. Qu’avons- nous à défendre ? Beaucoup de Suisses ne se rendent pas compte de la gr
174 de leur défaitisme. Ils ne savent pas ce que sont nos libertés, parce que la liberté est comme l’air qu’on respire : c’est
175 erdue qu’on s’aperçoit qu’elle est indispensable. Nos héros, nos batailles et nos vertus civiques, ce sont pour nous des so
176 s’aperçoit qu’elle est indispensable. Nos héros, nos batailles et nos vertus civiques, ce sont pour nous des souvenirs sco
177 le est indispensable. Nos héros, nos batailles et nos vertus civiques, ce sont pour nous des souvenirs scolaires, ennuyeux
178 os batailles et nos vertus civiques, ce sont pour nous des souvenirs scolaires, ennuyeux et pâlis. On nous a fait trop de di
179 us des souvenirs scolaires, ennuyeux et pâlis. On nous a fait trop de discours conventionnels dans les cantines de tirs fédé
180 entionnels dans les cantines de tirs fédéraux. On nous a trop parlé du peuple des bergers, de Guillaume Tell et de Sempach :
181 le des bergers, de Guillaume Tell et de Sempach : nous ne voyons plus le rapport entre ces vieux clichés et la situation rée
182 vieux clichés et la situation réelle et dure que nous fait le monde d’aujourd’hui, avec ses crises économiques, son chômage
183 que, sa lutte pour la vie et ses guerres totales. Nous ne voyons plus le rapport entre notre passé glorieux et le présent sé
184 res totales. Nous ne voyons plus le rapport entre notre passé glorieux et le présent sévère et prosaïque. Il est un mot, pour
185 st un mot, pourtant, qui éclaire et vivifie toute notre histoire, et qui la rattache au présent : liberté. Un mot qui fut che
186 attache au présent : liberté. Un mot qui fut chez nos ancêtres bien plus qu’un mot : une raison de vivre et de mourir. Notr
187 lus qu’un mot : une raison de vivre et de mourir. Notre histoire est celle de la liberté. Ajoutons : de la liberté menacée, c
188 t. C’est l’esprit de liberté des communes. […]g Nos ancêtres n’ont pas combattu pour un mot. La liberté, pour eux, avait
189 onner à ses enfants l’éducation qu’on juge bonne. Nous avons conservé ces libertés. Nous y sommes même tellement habitués qu
190 ’on juge bonne. Nous avons conservé ces libertés. Nous y sommes même tellement habitués que nous oublions ce qu’elles représ
191 bertés. Nous y sommes même tellement habitués que nous oublions ce qu’elles représentent. Si jamais l’étranger nous soumet,
192 ns ce qu’elles représentent. Si jamais l’étranger nous soumet, s’il prive un paysan du droit de posséder son champ, de vendr
193 iages et intervient dans la vie intime de chacun, nous comprendrons — trop tard — ce que signifiaient pour nous le bulletin
194 mprendrons — trop tard — ce que signifiaient pour nous le bulletin le vote, arme civique, et le droit pour chaque soldat d’e
195 oldat d’emporter chez lui son fusil. Ces symboles nous apparaîtront alors comme les marques du plus haut état de liberté et
196 ce point-là. Voilà le chef-d’œuvre politique que nous avons à maintenir intact ! Voilà notre œuvre d’art nationale ! Voilà
197 litique que nous avons à maintenir intact ! Voilà notre œuvre d’art nationale ! Voilà notre présent, digne d’un grand passé.
198 ntact ! Voilà notre œuvre d’art nationale ! Voilà notre présent, digne d’un grand passé. Mais il nous reste à voir qu’en défe
199 là notre présent, digne d’un grand passé. Mais il nous reste à voir qu’en défendant tout cela, nous défendons aussi un grand
200 s il nous reste à voir qu’en défendant tout cela, nous défendons aussi un grand avenir. Peut-être l’avenir de l’Europe. L
201 omptent guère. C’est un avenir qu’il faut. Donnez- nous un avenir ! Donnez-nous un grand but commun ! Ils ont raison. Un peup
202 avenir qu’il faut. Donnez-nous un avenir ! Donnez- nous un grand but commun ! Ils ont raison. Un peuple ne fait rien s’il n’a
203 ion de la Suisse ? Le chef-d’œuvre que représente notre démocratie fédérative est à certains égards une survivance, au milieu
204 aire. Si la Suisse a été préservée, jusqu’ici, ne nous faisons pas d’illusions : c’est au titre de parc national des ancienn
205 olérante. Le noyau d’une Europe fédérée. Adaptons- nous à la nouvelle Europe ! disent nos journaux. Oui certes, mais non pas
206 érée. Adaptons-nous à la nouvelle Europe ! disent nos journaux. Oui certes, mais non pas comme des vaincus, des attardés et
207 esse opportuniste est toujours un mauvais calcul. Nous ne pourrions pas, même si nous le voulions, nous transformer en un Ét
208 un mauvais calcul. Nous ne pourrions pas, même si nous le voulions, nous transformer en un État totalitaire. Nos conditions
209 Nous ne pourrions pas, même si nous le voulions, nous transformer en un État totalitaire. Nos conditions physiques nous l’i
210 oulions, nous transformer en un État totalitaire. Nos conditions physiques nous l’interdisent, et toutes nos coutumes y rép
211 en un État totalitaire. Nos conditions physiques nous l’interdisent, et toutes nos coutumes y répugnent. Si nous refusons d
212 onditions physiques nous l’interdisent, et toutes nos coutumes y répugnent. Si nous refusons de devenir une colonie, il ne
213 terdisent, et toutes nos coutumes y répugnent. Si nous refusons de devenir une colonie, il ne nous reste donc qu’une seule i
214 t. Si nous refusons de devenir une colonie, il ne nous reste donc qu’une seule issue : faire de notre statut fédératif les p
215 ne nous reste donc qu’une seule issue : faire de notre statut fédératif les prémisses d’un monde nouveau. Non pas imiter, ma
216  ! Dans l’ère totalitaire qui vient de s’ouvrir, nous ne pourrons subsister en tant qu’État que si nous prouvons par le fai
217 nous ne pourrons subsister en tant qu’État que si nous prouvons par le fait nos capacités créatrices. Notre rôle est dès lor
218 en tant qu’État que si nous prouvons par le fait nos capacités créatrices. Notre rôle est dès lors tout tracé : nous avons
219 us prouvons par le fait nos capacités créatrices. Notre rôle est dès lors tout tracé : nous avons à maintenir sur notre coin
220 créatrices. Notre rôle est dès lors tout tracé : nous avons à maintenir sur notre coin de terre une pratique exemplaire des
221 dès lors tout tracé : nous avons à maintenir sur notre coin de terre une pratique exemplaire des libertés civiques. Jusqu’au
222 s peuples satisfaits de leurs conquêtes viendront nous demander les secrets de notre paix. Cette mission est réalisable, ell
223 conquêtes viendront nous demander les secrets de notre paix. Cette mission est réalisable, elle n’est pas disproportionnée a
224 disproportionnée avec les forces que la nature et notre histoire nous ont données. Un germe, ce n’est jamais grand : l’image
225 e avec les forces que la nature et notre histoire nous ont données. Un germe, ce n’est jamais grand : l’image convient à not
226 germe, ce n’est jamais grand : l’image convient à notre taille. Mais on sait qu’il suffit d’une graine, poussée dans une fiss
227 fécond, ménageons-lui un terrain nourricier. Cela doit signifier pratiquement : essayons de nous rendre dignes, par une disc
228 r. Cela doit signifier pratiquement : essayons de nous rendre dignes, par une discipline personnelle, de l’idéal de liberté,
229 ustre aux yeux des autres peuples. Mais sommes- nous dignes de la Suisse ? Ici, les « réalistes » m’arrêteront. Ils me
230 nre. Je dis seulement qu’un véritable réalisme ne doit pas commencer par là, et surtout ne doit pas en rester là. Les événem
231 lisme ne doit pas commencer par là, et surtout ne doit pas en rester là. Les événements récents nous ont montré que la force
232 ne doit pas en rester là. Les événements récents nous ont montré que la force d’un peuple dépend de sa foi dans ses destiné
233 sont pas des capitaux, ou le confort moderne que nous défendons : car beaucoup d’entre nous n’en ont pas, et ceux qui en on
234 moderne que nous défendons : car beaucoup d’entre nous n’en ont pas, et ceux qui en ont savent bien qu’ils ne les perdraient
235 la Suisse cessait d’être libre. Ce n’est pas pour nos paysages que nous nous ferons tuer : car l’étranger ne pourrait jamai
236 d’être libre. Ce n’est pas pour nos paysages que nous nous ferons tuer : car l’étranger ne pourrait jamais nous les enlever
237 re libre. Ce n’est pas pour nos paysages que nous nous ferons tuer : car l’étranger ne pourrait jamais nous les enlever, et
238 s ferons tuer : car l’étranger ne pourrait jamais nous les enlever, et il les protègerait probablement mieux que nous, s’il
239 ver, et il les protègerait probablement mieux que nous , s’il envahissait notre terre. Seule, la volonté résolue de sauver un
240 ait probablement mieux que nous, s’il envahissait notre terre. Seule, la volonté résolue de sauver un idéal personnel et comm
241 pourrait sérieusement et honnêtement soutenir que nous sommes tous conscients des raisons d’être de la Suisse, et par là mêm
242 aux propagandes étrangères ? Qui oserait dire que nous sommes, dans l’ensemble, à la hauteur de la mission de la Suisse ? Ay
243 e échelle, beaucoup trop courte pour le temps que nous vivons. Si cela dure, nous serons balayés, parce que nous n’aurons pl
244 urte pour le temps que nous vivons. Si cela dure, nous serons balayés, parce que nous n’aurons plus de raisons d’être, à nos
245 ons. Si cela dure, nous serons balayés, parce que nous n’aurons plus de raisons d’être, à nos yeux et aux yeux de l’Europe.
246 parce que nous n’aurons plus de raisons d’être, à nos yeux et aux yeux de l’Europe. Si cela dure, nous ne serons même plus
247 à nos yeux et aux yeux de l’Europe. Si cela dure, nous ne serons même plus capables de nous défendre par les armes. Une Suis
248 i cela dure, nous ne serons même plus capables de nous défendre par les armes. Une Suisse armée et surarmée, mais sans espri
249 mai de cette année un document qui les engage et nous engage sans discussion possible. Nous savons tous, citoyens et soldat
250 s engage et nous engage sans discussion possible. Nous savons tous, citoyens et soldats, que ceux qui mettent en doute la vo
251 sont traîtres au pays. Si le bruit se répand que nos autorités transigent ou capitulent, il s’agira, selon les termes même
252 é ; que seul le message [de] mai fait loi, et que nous lui devons obéissance quoi qu’il arrive. Fortifions-nous dans cette c
253 eul le message [de] mai fait loi, et que nous lui devons obéissance quoi qu’il arrive. Fortifions-nous dans cette conviction,
254 i devons obéissance quoi qu’il arrive. Fortifions- nous dans cette conviction, afin qu’au jour où l’on nous attaquerait par l
255 us dans cette conviction, afin qu’au jour où l’on nous attaquerait par l’intérieur, rien ne puisse ébranler notre moral, et
256 aquerait par l’intérieur, rien ne puisse ébranler notre moral, et créer de la confusion. Mais, quelle que soit la volonté de
257 la confusion. Mais, quelle que soit la volonté de nos chefs, elle ne suffira pas si, à la base, elle n’est pas appuyée par
258 e défendre avec succès, pour subsister, la Suisse doit redevenir une communauté solide et organique. Elle doit se refaire de
259 edevenir une communauté solide et organique. Elle doit se refaire des bases sociales. Elle doit éliminer le poison partisan,
260 ue. Elle doit se refaire des bases sociales. Elle doit éliminer le poison partisan, et les causes séculaires de division du
261 les causes séculaires de division du peuple. Elle doit se rénover dans son esprit, dans ses institutions, dans son rythme d’
262 ses institutions, dans son rythme d’action. Elle doit se recréer et elle doit inventer, mais dans la ligne de son idéal tra
263 son rythme d’action. Elle doit se recréer et elle doit inventer, mais dans la ligne de son idéal traditionnel. Je parle ici
264 m des jeunes gens qui sont encore sous les armes. Nous voulons, en rentrant, faire du neuf. Nous ne voulons pas que le train
265 armes. Nous voulons, en rentrant, faire du neuf. Nous ne voulons pas que le train-train reprenne comme s’il ne s’était rien
266 -train reprenne comme s’il ne s’était rien passé. Nous exigeons, à l’occasion de notre retour, le « grand nettoyage du samed
267 ’était rien passé. Nous exigeons, à l’occasion de notre retour, le « grand nettoyage du samedi » dans toutes les pièces de no
268 d nettoyage du samedi » dans toutes les pièces de notre maison suisse. Mais attention ! Une solution n’est pas forcément bonn
269 bonne du seul fait qu’elle est « neuve ». Méfions- nous du faux neuf ! Méfions-nous des imitations, et des « adaptations » im
270 st « neuve ». Méfions-nous du faux neuf ! Méfions- nous des imitations, et des « adaptations » improvisées ! Méfions-nous sou
271 ons, et des « adaptations » improvisées ! Méfions- nous souvent des politiciens qui sont prêts à utiliser la bonne volonté so
272 onte une révolution que par une autre révolution. Nous serons colonisés par les révolutions étrangères si nous essayons, ave
273 erons colonisés par les révolutions étrangères si nous essayons, avec beaucoup de retard, de les imiter. Nous ne nous sauver
274 essayons, avec beaucoup de retard, de les imiter. Nous ne nous sauverons que par une révolution « à la Suisse », conforme à
275 , avec beaucoup de retard, de les imiter. Nous ne nous sauverons que par une révolution « à la Suisse », conforme à notre am
276 ue par une révolution « à la Suisse », conforme à notre amour de l’ordre humain et de la liberté, à nos traditions et à nos p
277 notre amour de l’ordre humain et de la liberté, à nos traditions et à nos possibilités actuelles. Cette révolution sera spi
278 re humain et de la liberté, à nos traditions et à nos possibilités actuelles. Cette révolution sera spirituelle d’abord ou
279 . Tous ses défauts d’application proviennent chez nous de ce que les uns oublient l’union (régionalistes), et les autres la
280 é (centralistes). Ces défauts seront surmontés si nous renonçons à nos routines intellectuelles, à nos manies locales, à nos
281 Ces défauts seront surmontés si nous renonçons à nos routines intellectuelles, à nos manies locales, à nos méfiances. Ceux
282 nous renonçons à nos routines intellectuelles, à nos manies locales, à nos méfiances. Ceux qui placent la discipline de le
283 routines intellectuelles, à nos manies locales, à nos méfiances. Ceux qui placent la discipline de leur parti au-dessus du
284 r parti au-dessus du bien commun de la fédération doivent être écartés des postes de commande, à tous les degrés. Les journaux
285 de, et hautement inopportunes à l’heure actuelle, doivent être d’abord avertis par leurs lecteurs, puis méthodiquement boycotté
286 boycottés s’ils s’obstinent. Les luttes sociales doivent faire place à une discussion technique des aménagements nécessaires.
287 aires. Les syndicats ouvriers et les corporations doivent s’unir, pour discuter ensemble, et non séparément, avec les organisat
288 s. Les syndicats, les corporations et le patronat doivent s’unir pour discuter ensemble, et non séparément, avec les organes de
289 ème coopératif dans les entreprises de production doit devenir la base de la vitalité et de la résistance d’une économie vra
290 es et le rajeunissement des cadres administratifs doivent permettre à l’État fédéral une adaptation plus souple aux besoins loc
291 aux des entreprises et des communes. Les ouvriers doivent comprendre que syndicat, corporation, coopérative sont synonymes, et
292 celle des communes des Waldstätten, qui créèrent notre État et nos premières libertés. Les patrons doivent comprendre qu’une
293 munes des Waldstätten, qui créèrent notre État et nos premières libertés. Les patrons doivent comprendre qu’une entreprise
294 notre État et nos premières libertés. Les patrons doivent comprendre qu’une entreprise n’est pas une affaire personnelle, mais
295 . Un seul exemple illustrera tout ce qui précède. Nous démobilisons : le problème du chômage se repose. La Suisse se trouve
296 eulement un scandale humain, mais une menace pour notre indépendance. Chaque occasion de travail créée et utilisée comblera u
297 ravail créée et utilisée comblera une lacune dans notre défense nationale. Mais il faut que nous comprenions ce que signifie
298 ne dans notre défense nationale. Mais il faut que nous comprenions ce que signifie pour chacun le mot d’ordre : « Supprimons
299 ns de consentir une réduction de leur profit, qui devra même être totale dans certains cas, si cela peut éviter des débauchag
300 re considéré comme un cas particulier. Je conjure nos gouvernants de gouverner, et de ne plus se contenter d’administrer. J
301 ables. Les sacrifices qu’exige l’heure sévère que nous vivons ne sont pas impossibles. Je n’en veux pour preuve que ceux que
302 mpossibles. Je n’en veux pour preuve que ceux que nous avons accomplis déjà pour notre défense militaire et pour l’aide aux
303 reuve que ceux que nous avons accomplis déjà pour notre défense militaire et pour l’aide aux familles des soldats. Ce que la
304 lles des soldats. Ce que la guerre sut obtenir de nous , il faut que la paix le maintienne, et le développe encore au maximum
305 uillement, refusent cette démission viennent avec nous pour travailler. Nous ne vous promettons qu’un grand effort commun. M
306 tte démission viennent avec nous pour travailler. Nous ne vous promettons qu’un grand effort commun. Mais il vous rendra fie
5 1941, Tapuscrits divers (1936-1947). Blind alley of Europe (1941)
307  » avait coutume de dire le maréchal Foch. Posons- nous la question pendant qu’il en est temps, avant qu’une nouvelle phase d
308 e nouvelle phase du Blitzkrieg ne vienne absorber nos esprits dans l’actualité immédiate, où se perdent les grandes lignes
309 ergh, qui a pourtant traversé l’Océan (et donc il devrait tout savoir…) a échoué jusqu’ici à nous faire entrevoir. Mais d’autre
310 onc il devrait tout savoir…) a échoué jusqu’ici à nous faire entrevoir. Mais d’autre part, que peuvent espérer l’un et l’aut
311 ’il y avait une contradiction insurmontable entre notre économie capitaliste libérale et les souverainetés étatiques ; entre
312 e libérale et les souverainetés étatiques ; entre nos théories sur la justice sociale et notre pratique de la lutte des cla
313 es ; entre nos théories sur la justice sociale et notre pratique de la lutte des classes ; entre notre attachement au droit i
314 et notre pratique de la lutte des classes ; entre notre attachement au droit international et notre politique de l’intérêt na
315 entre notre attachement au droit international et notre politique de l’intérêt national. Il a manœuvré de façon à aggraver ce
316 t mal de mer. Pendant ce temps, heureusement pour nous tous, « Britannia rules the waves » du présent. Mais vers quoi navigu
317 ste, renversez-donc votre tyran et joignez-vous à notre révolution ! Ces paroles ne seraient que trop bien entendues. Il le c
318 emporter une victoire que l’on craint. Là encore, nous allons vers un point mort, vers une mortelle neutralisation des force
319 Churchill paraît croire suffisant. Cette analyse nous conduit à une constatation extrêmement importante : pour la première
6 1941, Tapuscrits divers (1936-1947). Le fédéralisme : un fait et une volonté (1941)
320 clusions pratiques et théoriques faute desquelles nos meilleurs plans d’avenir resteront ce qu’ils sont actuellement : de l
321 est minuscule au regard des tâches qui attendent notre génération. Mais il est concluant. Il peut et doit servir d’avertisse
322 tre génération. Mais il est concluant. Il peut et doit servir d’avertissement par ses échecs non moins que par ses réussites
323 la durée de l’histoire. À tout le moins pourrons- nous en déduire ce qu’il ne faut pas faire si l’on veut réussir une fédéra
324 à partir d’un certain moment. Ce moment est venu. Nous y sommes. Dans la révolution du xx e siècle, ceux qui se taisent n’on
325 ficace, voilà le principe tactique fondamental de notre siècle. Si aucune contre-propagande n’entre en action pour la neutral
326 ssement continental et même mondial. Mais afin de nous mettre en mesure de prêcher le fédéralisme, il nous faut savoir d’où
327 us mettre en mesure de prêcher le fédéralisme, il nous faut savoir d’où il vient, à quoi il tend, et quelle est son essence.
328 péché, tout commence par la nécessité, et tend à nous y enfermer. Dans le monde de l’esprit, tout s’ouvre et se libère, dev
329 la nécessité à celui de la liberté. Cet acte seul nous rend humains et nous maintient à hauteur d’homme. (Pas question de mo
330 de la liberté. Cet acte seul nous rend humains et nous maintient à hauteur d’homme. (Pas question de monter jusqu’à l’ange ;
331 d’homme. (Pas question de monter jusqu’à l’ange ; nous avons bien assez à faire à ne point retomber à la bête.) Ainsi pour l
332 it seul donne un sens aux données dans lesquelles notre histoire prit son départ. Les données matérielles du fédéralisme cond
333 données matérielles du fédéralisme conditionnent notre destinée, mais ne la déterminent pas. À négliger cette distinction, n
334 la déterminent pas. À négliger cette distinction, nous tomberions dans un « géographisme » fort voisin du racisme, et qui ne
335 naïf, avait cru pouvoir négliger. Mais l’abus ne doit pas nous interdire l’usage. La réponse à l’idéalisme déficient ne doi
336 ait cru pouvoir négliger. Mais l’abus ne doit pas nous interdire l’usage. La réponse à l’idéalisme déficient ne doit pas êtr
337 re l’usage. La réponse à l’idéalisme déficient ne doit pas être le matérialisme, mais l’idéalisme efficient : la foi qui œuv
338 lan vers la mer et l’aventure. En vérité, Zwingli nous a sauvés, la Réforme a sauvé la Suisse. Un grand État participant aux
339 ouvoir central. Ou bien ce pouvoir central aurait être improvisé, et c’eût été la fin de notre fédéralisme ; ou bien le
340 aurait dû être improvisé, et c’eût été la fin de notre fédéralisme ; ou bien les provinces annexées auraient pris une trop g
341 ’ambition centralisatrice, chez ceux-là mêmes qui devaient y rêver, les Zurichois et les Bernois, citoyens des deux villes les p
342 ppuis étrangers, et c’est le nouveau fondement de notre neutralité. Ils accommodent leurs exigences aux nécessités de l’union
343 ités de l’union, et c’est le nouveau fondement de notre fédéralisme. Ainsi l’on a passé progressivement d’une alliance avant
344 r pied d’égalité des cantons italiens et romands. Notre fédéralisme actuel ne date légalement que de 1848, et ce n’est même q
345 re Suisses allemands et français eût été comblé.) Nous sommes donc au sommet de notre histoire, si l’on admet que le sens de
346 is eût été comblé.) Nous sommes donc au sommet de notre histoire, si l’on admet que le sens de cette histoire est de créer et
347 rainte de développer pour sa défense une théorie. Nous vivons ce moment de l’histoire où le fédéralisme, s’il veut durer, do
348 de l’histoire où le fédéralisme, s’il veut durer, doit devenir à son tour missionnaire. Telle est sa crise : ou se nier, ou
349 , pour la Suisse, je le vois dans ce fait qu’elle doit se formuler. Elle doit dire ce qui allait sans dire et qui alors n’en
350 ste nécessaire, mais n’est plus suffisant. La vue doit s’élargir ; et le premier horizon qu’il nous soit permis d’embrasser,
351 vue doit s’élargir ; et le premier horizon qu’il nous soit permis d’embrasser, à nous les Suisses, c’est celui de l’Europe
352 ier horizon qu’il nous soit permis d’embrasser, à nous les Suisses, c’est celui de l’Europe entière, non tel groupe de puiss
353 té géographique. (« Cap de l’Asie », dit Valéry…) Notre fédéralisme suisse, par exemple, ne peut durer que si nous lui donnon
354 ralisme suisse, par exemple, ne peut durer que si nous lui donnons pour fin la fédération de l’Occident. Et celle-ci ne pour
355 re vraiment la véritable alternative politique de notre temps — totalitarisme ou fédéralisme (et non point gauche ou droite,
356 la Confédération. Cette confédération primitive, nous l’avons vue s’accroître organiquement par un jeu d’alliances très com
357 oques dans toutes leurs obligations. (Comme si de nos jours, deux pays concluaient un pacte qui pour l’un serait d’assistan
358 e de se voir discuté ; à partir de 1848 — date de notre première constitution centrale — et surtout à partir de 1941. Le prem
359 artir de 1941. Le premier enseignement négatif de notre petite expérience, nous venons de le voir : c’est qu’il faut renoncer
360 enseignement négatif de notre petite expérience, nous venons de le voir : c’est qu’il faut renoncer à tout système pour pro
361 taires. Qu’on ne dise plus : « Renonçons à ce qui nous distingue et soulignons ce qui nous unit. » Car c’est justement sur l
362 çons à ce qui nous distingue et soulignons ce qui nous unit. » Car c’est justement sur la base des distinctions et des diver
363 ème. Le mot « fédéralisme », en Suisse, a pris de nos jours, chez les conservateurs, le sens restreint et inexact d’autonom
364 insiste uniquement sur l’union centrale. Or quand nous parlons de fédéralisme, nous devons entendre à la fois l’union et l’a
365 n centrale. Or quand nous parlons de fédéralisme, nous devons entendre à la fois l’union et l’autonomie des parties qui s’un
366 trale. Or quand nous parlons de fédéralisme, nous devons entendre à la fois l’union et l’autonomie des parties qui s’unissent 
367 un pour tous et tous pour un, les deux membres de notre vieille devise helvétique. IV Le fédéralisme est une éducation
368 ersonne, au sens où je l’ai définie, sait qu’elle doit normalement sacrifier à l’ensemble une part de ses prérogatives, si e
369 es. V Le troisième enseignement négatif que nous devons tirer de l’expérience suisse est d’un ordre plus quotidien et
370 V Le troisième enseignement négatif que nous devons tirer de l’expérience suisse est d’un ordre plus quotidien et intime.
371 prit, rançon de la grandeur matérielle sacrifiée. Nous sommes ici en présence d’une maladie spécifique du fédéralisme. Elle
372 « Suisse international » est un homme qui peut et doit connaître l’Europe par tradition, par goût et par nécessité. Et la co
373 ssion pratique, devenue symbolique. Désormais, il nous appartient d’en proclamer la signification moderne : c’est la défense
374 ire de l’empire. De cet empire, on a bien dit que nous sommes le dernier vestige. Toute la question est de savoir si c’est l
375 tige. Toute la question est de savoir si c’est là notre dernier mot — ou le premier d’un chapitre nouveau ; toute la question
376 germe, ce n’est jamais grand : l’image convient à notre taille. Encore faut-il que le petit grain soit fécondé… Il y a beauco
377 d’un germe d’une Europe nouvelle. Mais il y va de notre indépendance autant que de la paix occidentale. Si nous n’embrassons
378 ndépendance autant que de la paix occidentale. Si nous n’embrassons pas cette mission-là, l’histoire aura tôt fait, n’en dou
379 toire aura tôt fait, n’en doutons pas, d’accepter notre démission — soit volontaire, soit forcée. VII Puissent ces quel
7 1941, Tapuscrits divers (1936-1947). Passion et origine de l’hitlérisme (janvier 1941)
380 . I. La passion et l’Occident Presque toute notre sociologie, en tant que science est fondée sur des présuppositions ra
381 te Comte et Marx. Depuis Lévy-Bruhl, il est vrai, nous avons tenté de décrire et d’interpréter certains phénomènes collectif
382 onnelle. Cependant, il est curieux d’observer que nous les avons localisés chez les peuples soi-disant « primitifs ». L’étud
383 d’expliquer les phénomènes de masse qui dominent notre époque. Car la masse ne réagit pas comme un ensemble d’individus rais
384 n à l’état pur. Le phénomène de la passion en soi doit donc être examiné en premier lieu. J’utiliserai ici certains résultat
385 e la passion mystique en Occident, du Moyen Âge à nos jours. On sait que le xii e siècle a vécu ce que je n’hésite pas à ap
386 rtantes — dans les domaines les plus divers — que nous avons encore aujourd’hui des difficultés à mesurer ou même à concevoi
387 xii e siècle ? Pour répondre à cette question, je devrais trop m’écarter de mon sujet2. Je prendrai ici la passion comme base h
388 le paganisme platonisant. Mais de toute façon ici nous nous intéressons à l’évolution sociologique de la passion, après son
389 ganisme platonisant. Mais de toute façon ici nous nous intéressons à l’évolution sociologique de la passion, après son appar
390 hevalerie réglaient à la même époque la forme que devait observer la passion pour les armes. En fait, nous nous trouvons en fa
391 vait observer la passion pour les armes. En fait, nous nous trouvons en face d’une seule et unique réaction « d’auto-protect
392 observer la passion pour les armes. En fait, nous nous trouvons en face d’une seule et unique réaction « d’auto-protection »
393 réaction « d’auto-protection » de la société, car nous savons que l’amour courtois (cortezia) déterminait d’un seul et même
394 omplète des éléments affectifs et irrationnels de notre vie consciente. (À l’époque de Voltaire, l’amour perd son halo tragiq
395 demment sapée pendant un siècle entier. Dès lors, nous voyons la passion submerger ses digues et atteindre le domaine social
396 uches « basses et obscures » de la population que nous ne voulions pas affronter ou considérer, que nous avons par conséquen
397 nous ne voulions pas affronter ou considérer, que nous avons par conséquent « réprimé » socialement dans les « profondeurs »
398 sses, c’est ce que l’étude du mythe de la passion nous a révélé. C. G. Jung4 a étudié un certain nombre de symboles et de s
399 époques et des religions entièrement différentes. Nous pouvons remarquer qu’il n’est pas nécessaire pour tel ou tel individu
400 ent pas au sérieux ce phénomène très important de notre époque, la plupart des hommes d’État démocratiques se sont trouvés pe
401 ’il se proposait de manipuler. Maintenant, ce qui nous intéresse ici, c’est que ces descriptions correspondent exactement à
402 es descriptions correspondent exactement à ce que nous avons dit plus haut au sujet de la passion. Si un homme désire créer
403 alisation des masses » et il ne se trompe pas, si nous nous rappelons que le nationalisme est la forme la plus vivante et la
404 tion des masses » et il ne se trompe pas, si nous nous rappelons que le nationalisme est la forme la plus vivante et la plus
405 ême […]. Un mouvement qui poursuit de grands buts doit donc veiller anxieusement à ne pas perdre le contact avec la masse. I
406 ment à ne pas perdre le contact avec la masse. Il doit examiner chaque question en premier lieu sous ce point de vue, et ori
407 rice d’une volonté plus puissante.9 Personne ne devrait tenter de convaincre une foule par des arguments d’ordre intellectuel
408 déterminées par la dialectique de l’inconscient. Nous savons avec quel succès Goebbels perfectionna la technique de l’hypno
409 e mise en scène, un véritable théâtre des masses. Nous avons vu que cette hypnose de la passion (déclenchée chez Tristan par
410 les premiers militants dont se composait au début notre mouvement, il fallait vider à fond la question des responsabilités de
411 de Versailles) une victoire de la démocratie, on devait faire front contre cette idée, et nous graver pour toujours dans la c
412 atie, on devait faire front contre cette idée, et nous graver pour toujours dans la cervelle des hommes comme les ennemis de
413 raité, afin que, par la suite […], le souvenir de notre attitude dans cette question nous amène la confiance des masses.12
414 le souvenir de notre attitude dans cette question nous amène la confiance des masses.12 Le traité de Versailles, une nouve
415 Le traité de Versailles, une nouvelle Méduse (« … notre peuple, désarmé sous les mille regards des signataires du traité de V
416 ntellectuels, les Églises. La nationalisation de notre masse ne pourra réussir que si, outre le combat mené pour conquérir l
417 si, outre le combat mené pour conquérir l’âme de notre peuple, on entreprend de détruire ses empoisonneurs internationaux.16
418 ation du pur germanisme : la communauté allemande doit être rendue imperméable à toute « raison », à tout échange, à toute c
419 tion concrète du pays : le travail. (C’est ce que nous voyons en France aujourd’hui.) Mais un peuple passionné doit avoir un
420 en France aujourd’hui.) Mais un peuple passionné doit avoir un autre objectif que le travail : révolte, exigences affective
421 Hitler lui-même : « Le développement étonnant de notre mouvement […] tient à ce que nous ayons compris cette idée et que nou
422 nt étonnant de notre mouvement […] tient à ce que nous ayons compris cette idée et que nous l’avons mise en pratique. »18
423 ent à ce que nous ayons compris cette idée et que nous l’avons mise en pratique. »18 V. Le transfert des passions sur la
424 les autres pays totalitaires. Quelques remarques doivent être faites à propos de ces deux faits. a) La façon générale dont not
425 opos de ces deux faits. a) La façon générale dont notre époque évolue favorise la dépersonnalisation des individus. L’homme m
426 te occasion d’échapper à son individualité. Elles nous prédisposent tous à l’hypnose collective, à être les victimes de la p
427 dépersonnalisation, communs à tous les hommes de notre époque, et les facteurs plus spécifiquement allemands ; loin de les c
428 ci dans la terminologie nazie : « Chaque Allemand doit accepter complètement la loi du parti totalitaire, seul capable de ga
429 de service rendu à la société. Une fois de plus, nous voyons que la démoralisation bourgeoise et le moralisme totalitaire t
430 bjection exprime et illustre l’erreur capitale de nos démocraties. Car l’hitlérisme est en vérité une forme de romantisme,
431 isme est en vérité une forme de romantisme, et si nous refusons d’accepter ce fait, si nous sommes incapables de le comprend
432 tisme, et si nous refusons d’accepter ce fait, si nous sommes incapables de le comprendre, nous sommes condamnés à répéter l
433 fait, si nous sommes incapables de le comprendre, nous sommes condamnés à répéter les erreurs commises depuis plus de quinze
434 oebbels proclamait à Dantzig, le 18 juin 1939 : «  Notre politique est une politique d’artiste ! Le Führer est un artiste en p
435 ch somnambulesque est en train de projeter devant nos yeux. Du romantisme bon marché, le romantisme adopté par ses traditio
436 t de surprise. Cela explique pourquoi certains de nos leaders ont persisté à croire qu’ils pouvaient discuter objectivement
437 ent en une réfutation des doctrines totalitaires. Nous ignorons ou oublions que ces doctrines ne jouent qu’un rôle superfici
438 pnotisation collective présenté par l’hitlérisme. Nous ignorons ou oublions par conséquent qu’en nous entêtant dans cette at
439 e. Nous ignorons ou oublions par conséquent qu’en nous entêtant dans cette attitude négative, dans cette critique stérile de
440 s cette critique stérile de la folie totalitaire, nous risquons de succomber un jour à son influence hypnotique. Rien n’est
441 dans le combat dramatique entre les magiciens de notre époque et les libéraux privés de foi positive, si nombreux encore dan
442 x privés de foi positive, si nombreux encore dans nos démocraties, les magiciens ont un grand avantage : eux seuls connaiss
443 e de véritables communautés. Mais ces communautés devront être fondées sur la vérité universelle, et non sur une vérité étroite
444 he Origin of Hitlerism », The Review of Politics, Notre Dame (Indiana), vol. 3, n° 1, janvier 1941, p. 65-82. L’édition a été
8 1942, Tapuscrits divers (1936-1947). Le miracle suisse (1942)
445 ns de mourir ou de tuer que de reconstruire, pour notre Europe, un ordre humain. On demande parfois : — Comment se fait-il qu
446 onse moins naïve et plus conforme aux réalités de notre siècle. Si la Suisse a été épargnée par la guerre, cela tient à quatr
447 a qualité de l’armée suisse et du terrain qu’elle doit défendre ; l’importance du col du Gothard ; et enfin l’idée suisse, o
448 dée suisse, ou pour reprendre un des mots clés de notre époque, le mythe suisse. ⁂ Depuis 15 ans au moins, la Suisse a prévu
449 ais de pénétrations rapides en profondeur ; toute notre défense reposera donc sur des nids de résistance isolés et autonomes,
450 roverbe. La sécurité de la Suisse jusqu’ici a été due à sa sagesse politique et civique, qui a procédé elle-même de sa fidé
451 a suffisamment éloquent. Il parlera pour elle. Il nous dira deux choses très simples et fondamentales : préférez le divers à
452 se et l’impatience d’esprit. D’où son succès dans notre époque. Broyer ensemble toutes les couleurs de la palette — ou toutes
453 rai que la paix est le contraire de la guerre. Si nos contemporains n’arrivent pas à saisir toute la portée de cette vérité
454 e de la diversité, qui me paraît seule capable de nous guérir de notre goût de l’homogène, de l’uniforme, des simplification
455 té, qui me paraît seule capable de nous guérir de notre goût de l’homogène, de l’uniforme, des simplifications en apparence c
456 e violences intimes, de mille lésions vitales. Si nous voulons une paix vivante, un ordre politique humain, il nous faut tra
457 s une paix vivante, un ordre politique humain, il nous faut transformer profondément notre attitude de pensée. Qu’est-ce en
458 que humain, il nous faut transformer profondément notre attitude de pensée. Qu’est-ce en effet que le totalitarisme ? C’est l
459 hilosophie de l’homogène, laquelle domine en fait nos habitudes intellectuelles. Il est incontestable que le totalitarisme
460 t plus simple que la paix, la mort que la vie. Si nous ne voulons pas devenir totalitaires malgré nous, il faut donc nous pe
461 i nous ne voulons pas devenir totalitaires malgré nous , il faut donc nous persuader, par un renversement complet de nos préj
462 as devenir totalitaires malgré nous, il faut donc nous persuader, par un renversement complet de nos préjugés et de nos maxi
463 nc nous persuader, par un renversement complet de nos préjugés et de nos maximes d’hommes pressés, qu’une solution complexe
464 par un renversement complet de nos préjugés et de nos maximes d’hommes pressés, qu’une solution complexe vaut mieux qu’une
465 me tel que la Suisse l’incarne et tel qu’elle lui doit de subsister. Le fédéralisme est la seule doctrine politique qui s’op
466 it pas les supprimer ou les mélanger. Elle a donc trouver le moyen de les composer. C’est le problème qui se posera dem
467 isse à une hypothétique conférence pour organiser notre Europe. Après avoir rappelé comment la Suisse s’est constituée au cou
468 et comment elle a survécu au cyclone totalitaire, notre délégué s’écrierait : « Messieurs, si vous souhaitez que notre histoi
469 s’écrierait : « Messieurs, si vous souhaitez que notre histoire ait préfiguré, sur une petite échelle, l’histoire de l’Europ
470 e système a fonctionné pendant tout un siècle. Il nous a conduits à ce que vous savez. Seuls, les 25 petits États de notre c
471 ce que vous savez. Seuls, les 25 petits États de notre confédération l’ont toujours refusé. Les frontières de nos cantons so
472 dération l’ont toujours refusé. Les frontières de nos cantons sont ouvertes ; elles ne limitent qu’une administration local
473 mitent qu’une administration locale. Et pourtant, nos cantons ont su garder leur culture et leurs coutumes propres, en mett
474 leurs armées et une bonne part de leur économie. Notre fédéralisme a duré, il a réussi. Le système des frontières rigides a
9 1942, Tapuscrits divers (1936-1947). La grande « stratégie religieuse » de cette guerre (avril-mai 1942)
475 oyants, par prudence, pudeur ou timidité, croient devoir adopter les catégories courantes lorsqu’ils abordent des sujets polit
476 qu’ils abordent des sujets politiques. Cependant, nous vivons dans une ère où les mouvements collectivistes vont nous forcer
477 ans une ère où les mouvements collectivistes vont nous forcer à prendre au sérieux l’aspect sociologique, au moins, du fait
478 l’orthodoxie, le luthéranisme. Mais d’autre part, nous ne constatons aucune forme de totalitarisme qui corresponde au calvin
479 ormaient ensemble le Pouvoir. Ce fait fondamental devait déterminer la forme des révolutions modernes. Car si l’on s’attaquait
480 Allemagne, où Luther pour résister à l’empereur, dut se mettre sous la protection compromettante des princes. La réforme r
481 donc la possibilité de se distinguer normalement. Nous constatons une évolution analogue en Angleterre, où toutes les formes
482 iolentes, d’où la sécession des puritains. Or, de nos jours, un processus exactement pareil se reproduit dans ces mêmes pay
483 cette fois-ci dans l’ordre social et économique. Nous voyons en Suède et en Angleterre une réforme socialiste s’introduire
484 iècle passé. Cette influence protestante libérale devait nécessairement s’orienter vers l’individualisme pur, à mesure que le
485 . Mais l’excès même de l’individualisme américain devait provoquer des phénomènes de compensation. Une certaine tolérance oppo
486 portuniste, voisine de l’indifférence doctrinale, devait venir corriger les tendances à la division qu’introduisait la multipl
487 lus intolérant qu’en nulle autre partie du monde, devait venir corriger l’individualisme foncier. En apparence, les USA sont «
10 1947, Tapuscrits divers (1936-1947). Il y a aussi des gens en Suisse (15 mai 1947)
488 in, qui croyait la nature mauvaise et qui a fondé nos régimes libéraux ; celle de Rousseau, qui croyait la nature bonne, et
489 s s’étaient enfin avancés et l’aidèrent. Ce qu’il nous faut, pour sauver le monde, ce sont quelques naïfs qui n’aient pas pe
11 1947, Tapuscrits divers (1936-1947). Une lettre de Denis de Rougemont (à propos d’Aragon) (21 octobre 1947)
490 ois rééditions clandestines.) Dans le même temps, notre auteur sans prénom publiait librement à Paris. 2°) Mon « passeport su
491 x pensionnaires d’un asile d’aliénés ». Demandons- nous , plus calmement, à son propos, si nous avons à faire à quelqu’un qui
492 Demandons-nous, plus calmement, à son propos, si nous avons à faire à quelqu’un qui sait lire. 4°) M. Aragon « n’a pas souv
493 isme, du vivant de Hitler. Que veut-il prouver en nous faisant part de cet intéressant oubli ? Supposez qu’il n’ait pas souv
494 son propre auteur, pas une seconde contre moi. «  Nous autres, hommes de l’esprit — ose dire ce même auteur — nous mettons d
495 s, hommes de l’esprit — ose dire ce même auteur —  nous mettons de l’ordre dans les rapports humains ». C’est du moins ce que
12 1947, Tapuscrits divers (1936-1947). Idées françaises (décembre 1947)
496 nationalisme a changé tout cela depuis un siècle. Nous voyons triompher aujourd’hui dans le domaine de la culture, et non pl
497 quand ils parlent, ce n’est pas comme Français, —  nous les Français et la main sur le cœur, comme ces Américains qui vous of