1
laisse, et allez parler sur les places. Ce qu’il
nous
faut, ce sont des saint François, ce sont des apôtres. » À ce dernier
2
s immédiats. Comment sortir de cette impasse ? En
nous
rappelant d’abord, et en rappelant aux masses les buts lointains et l
3
pelant aux masses les buts lointains et larges de
notre
action, l’ensemble de la situation. De quoi s’agit-il ? disait Foch.
4
rmes. Voici d’abord les trois menaces : Aucun de
nos
pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépenda
5
ne défense sérieuse de son indépendance. Aucun de
nos
pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économie mo
6
oderne. À défaut d’une union librement consentie,
notre
anarchie présente nous exposera demain à l’unification forcée, soit p
7
nion librement consentie, notre anarchie présente
nous
exposera demain à l’unification forcée, soit par l’intervention d’un
8
périté et de la liberté : Tous ensemble, demain,
nous
pouvons édifier avec les peuples d’outre-mer associés à nos destinées
9
s édifier avec les peuples d’outre-mer associés à
nos
destinées, la plus grande formation politique et le plus vaste ensemb
10
politique et le plus vaste ensemble économique de
notre
temps. Jamais l’histoire du monde n’aura connu un si puissant rassemb
11
res. Si ce grand but reste constamment présent à
notre
esprit, cet idéal actif dans notre cœur, les vraies dimensions de la
12
ment présent à notre esprit, cet idéal actif dans
notre
cœur, les vraies dimensions de la lutte seront rétablies, et les diff
13
fficultés réduites à leurs justes proportions. Si
nous
comprenons bien « de quoi il s’agit », et que c’est pour nous tous un
14
ons bien « de quoi il s’agit », et que c’est pour
nous
tous une question de vie ou de mort, nous ne nous laisserons pas arrê
15
st pour nous tous une question de vie ou de mort,
nous
ne nous laisserons pas arrêter longtemps par d’apparentes impossibili
16
nous tous une question de vie ou de mort, nous ne
nous
laisserons pas arrêter longtemps par d’apparentes impossibilités prat
17
gtemps par d’apparentes impossibilités pratiques.
Nous
dirons, comme en temps de guerre : impossible ou non, il le faut. Che
18
drais vous dire ici, c’est qu’à l’heure actuelle,
nous
ne ferons rien de pratique si nous n’avons pas devant nous une vision
19
eure actuelle, nous ne ferons rien de pratique si
nous
n’avons pas devant nous une vision nette et puissante de notre but fi
20
erons rien de pratique si nous n’avons pas devant
nous
une vision nette et puissante de notre but final. C’est cette fin seu
21
pas devant nous une vision nette et puissante de
notre
but final. C’est cette fin seule qui dictera les moyens de notre acti
22
. C’est cette fin seule qui dictera les moyens de
notre
action, qui les orientera et qui nous forcera à les découvrir l’un ap
23
moyens de notre action, qui les orientera et qui
nous
forcera à les découvrir l’un après l’autre. Je voudrais vous conter,
24
et d’illustrer constamment le sens et l’esprit de
notre
effort vers l’union — de ramener l’attention vers son but. Certes, le
25
tes). Beaucoup d’initiatives ont été prises, dans
nos
divers pays, qui ne demandent qu’un organe de coordination pour donne
26
maginez alors, quelque part en Europe, un lieu où
notre
action puisse être méditée, clarifiée, où son orientation morale et s
27
ontinuellement dégagée et formulée… Qu’en pensent
nos
leaders politiques et nos économistes ? a. Édition réalisée sur la
28
formulée… Qu’en pensent nos leaders politiques et
nos
économistes ? a. Édition réalisée sur la base d’un tapuscrit conser
29
utes les conditions de la ruine sont réunies dans
notre
ciel et dans nos données immédiates ; mais ce sont les mêmes conditio
30
de la ruine sont réunies dans notre ciel et dans
nos
données immédiates ; mais ce sont les mêmes conditions qui pourraient
31
ons qui pourraient être celles d’une renaissance.
Nos
divisions absurdes, par exemple, n’ont cessé de s’aggraver depuis dix
32
, n’ont cessé de s’aggraver depuis dix ans — mais
nous
prenons conscience de leur absurdité. L’avènement brusque et stupéfia
33
res extraeuropéens décourage des millions d’entre
nous
, mais il réveille aussi le sentiment d’un destin commun de nos peuple
34
réveille aussi le sentiment d’un destin commun de
nos
peuples. Enfin, l’indifférence écœurée, l’abandon aux fatalités de l’
35
n vers l’union, vers la fédération, dont témoigne
notre
Mouvement, l’espoir encore tremblant des masses, l’Assemblée de Stras
36
lus répandu, j’allais dire le plus populaire dans
nos
pays, c’est, en effet, la peur, une peur souvent voilée par cette ind
37
r d’une guerre que d’autres viendraient faire sur
notre
sol, et sur le corps de nos enfants, c’est l’angoisse de devenir les
38
endraient faire sur notre sol, et sur le corps de
nos
enfants, c’est l’angoisse de devenir les objets d’une guerre des autr
39
ts d’une guerre des autres, qui serait perdue par
nous
, quelle que soit son issue. Mais, il y a, en même temps, une manière
40
oir proprement européen, qui est celui de réussir
notre
fédération, et de retrouver par là même une puissance capable d’impos
41
lle est la situation contradictoire dans laquelle
nous
sommes engagés. À son point de crise, où nous sommes, il dépend en pa
42
lle nous sommes engagés. À son point de crise, où
nous
sommes, il dépend en partie de nous que l’espoir ait raison du désesp
43
de crise, où nous sommes, il dépend en partie de
nous
que l’espoir ait raison du désespoir. Mais il faut aller vite, et vis
44
communauté européenne. Tel est le but général de
notre
conférence. Ce qu’on attend de nous ici, c’est d’abord une réponse à
45
t général de notre conférence. Ce qu’on attend de
nous
ici, c’est d’abord une réponse à la question dangereuse que posent no
46
d une réponse à la question dangereuse que posent
nos
circonstances historiques : Pourquoi l’Europe ? qu’a-t-elle à dire au
47
’est l’Europe, de ce qu’elle a été, de ce qu’elle
devrait
être à son sens. Et ce dialogue à plusieurs voix reste, à tout prendr
48
nt de la communauté européenne, — provisoirement,
nous
l’espérons. Il est vrai que le terme de culture évoque des réalités h
49
transmission de leurs principes. Je souhaite que
notre
conférence s’interdise les débats académiques auxquels prêtent ces dé
50
que ce fameux « cap de l’Asie » toujours cité. Si
nous
faisons du bon travail ici, personne ne perdra plus son temps à se de
51
z, il est tard en Europe. C’est pour agir, mais à
notre
manière, pour instituer et pour créer, que nous sommes là. Deux mots
52
notre manière, pour instituer et pour créer, que
nous
sommes là. Deux mots sur ceux qui ne sont pas tenus ici. Quand Dieu v
53
de venir participer au sauvetage de l’Europe. Ils
nous
répondent qu’ils ont un rhume, qu’ils ont promis une conférence. D’au
54
ns urgentes qui motivaient un rassemblement comme
le nôtre
. Ils comprendront qu’il est certains moments de l’Histoire où l’on ne
55
sphère des congrès, inconsidérément multipliés de
nos
jours. Je les comprends, et je comprends surtout ceux d’entre eux qui
56
ns une chambre nocturne, et les institutions dont
nous
allons parler. « Qu’est-ce que cela peut bien me faire ? dit le poète
57
qu’elle rencontre partout aujourd’hui — et voilà
nos
problèmes pratiques. Et il n’est pas indifférent — ou c’est un mauvai
58
sont révélés urgents, au terme d’une enquête dans
nos
divers pays. Chacun des groupes nationaux du mouvement a reçu d’abord
59
e telle enquête n’avait jamais encore été tentée.
Nous
avons dû l’improviser avec des groupes en pleine période de formation
60
uête n’avait jamais encore été tentée. Nous avons
dû
l’improviser avec des groupes en pleine période de formation. Elle no
61
des groupes en pleine période de formation. Elle
nous
a permis de mieux voir l’intérêt capital qu’il y aurait à dresser sys
62
s études plus détaillées sur des projets concrets
nous
ont été remises. Enfin, le Bureau d’études de Genève a fourni plusieu
63
e du congrès, siégeant en commission générale. Il
nous
apparaît aujourd’hui qu’il y a lieu de prévoir une nouvelle commissio
64
tionnistes » qui loin de les protéger, paralysent
nos
cultures. Par quelle méthode peut-on surmonter ces obstacles ? C’est
65
nter ces obstacles ? C’est tout le problème qu’il
nous
faudra résoudre. Reste à savoir dans quel esprit. À cet égard, il me
66
ts et aux documents officiels, seraient propres à
nous
égarer. On parle beaucoup, par exemple, « d’organiser les échanges cu
67
vertes, et l’union fédérale de l’Europe réalisée.
Nos
cultures, prisonnières des cadres nationaux, ne doivent pas chercher
68
s cultures, prisonnières des cadres nationaux, ne
doivent
pas chercher des moyens de correspondre un peu plus facilement de pri
69
un peu plus facilement de prison à prison. Elles
doivent
au contraire exiger leur « élargissement » immédiat, sans conditions.
70
ses bien plates sur l’indispensable solidarité de
nos
nations. Une hypocrisie ennuyeuse. Prétendre « organiser les échanges
71
pas de simples déplacements de forts en thème — ,
nous
devons, dans notre congrès : 1° abandonner, et au besoin dénoncer la
72
e simples déplacements de forts en thème — , nous
devons
, dans notre congrès : 1° abandonner, et au besoin dénoncer la méthode
73
lacements de forts en thème — , nous devons, dans
notre
congrès : 1° abandonner, et au besoin dénoncer la méthode de « l’orga
74
u’on n’essaie pas de créer par décrets l’unité de
notre
culture : elle existe, elle était aux origines, elle n’a cessé depuis
75
a suppression des obstacles matériels et légaux à
nos
échanges doit correspondre un effort positif. Il serait insuffisant e
76
des obstacles matériels et légaux à nos échanges
doit
correspondre un effort positif. Il serait insuffisant et vain de voul
77
r la suite, a succombé devant leurs exigences. Il
nous
faut aujourd’hui faire un grand pas de plus, et créer des institution
78
utions qui garantissent et manifestent l’unité de
nos
cultures dans leur diversité. Il faut doter l’Europe unie d’instrumen
79
nt les porteurs de l’idée fédérale, sans laquelle
nos
réformes techniques et matérielles resteront lettre morte. Sur les in
80
particulière. Pourtant, il est incontestable que
nos
pays forment un ensemble, un complexe organique de culture, facile à
81
n tout cas, ceux-ci distinguent souvent mieux que
nous
. Il est étrange que cet ensemble n’ait pas encore été étudié en tant
82
fficultés qu’a rencontrées la préparation même de
notre
conférence, et que ses insuffisances inévitables dans l’état actuel d
83
s à vous rappeler que, dès le congrès de la Haye,
notre
Mouvement avait demandé la création d’un Centre européen de la cultur
84
ots seulement, mais importants. La préparation de
notre
conférence, l’abondance et la qualité des rapports reçus sur les ques
85
ont montré à quel point ce souci est général dans
nos
pays. Tout le monde se rend parfaitement compte que l’avenir de l’uni
86
européen constituera la meilleure propagande pour
notre
union, et peut-être la seule acceptable. Toutes ces activités et ces
87
s charges écrasantes ou leurs bénéfices diminués.
Nous
invoquerons le fait que, si le sentiment d’un destin spirituel commun
88
économie privée courent à leur perte inéluctable.
Nous
devons mettre nos gouvernements devant un choix. Un ordre de priorité
89
mie privée courent à leur perte inéluctable. Nous
devons
mettre nos gouvernements devant un choix. Un ordre de priorité doit ê
90
rent à leur perte inéluctable. Nous devons mettre
nos
gouvernements devant un choix. Un ordre de priorité doit être d’urgen
91
uvernements devant un choix. Un ordre de priorité
doit
être d’urgence établi. Il est probable que le prix de revient d’une s
92
e largement le budget annuel des institutions que
nous
venons de proposer. Le prix d’une seule bombe atomique couvrirait don
93
e vaudrait pas mieux être restés barbares, que de
nous
être aussi mal civilisés. La Conférence européenne de la culture fail
94
nière question. Pour quelles fins réelles voulons-
nous
ces moyens de culture, et cette éducation d’une conscience commune de
95
’une conscience commune de l’Europe ? La question
doit
être posée. Elle est d’ailleurs spécifiquement « européenne ». Qu’il
96
quement « européenne ». Qu’il soit bien clair que
nous
n’entendons pas substituer aux nationalismes locaux une sorte de nati
97
valeurs universelles. Il ne s’agit donc pas, pour
nous
, d’opposer une nation européenne aux grandes nations de l’Est et de l
98
« culture européenne » synthétique, valable pour
nous
seuls et fermée sur elle-même : ce serait trahir le génie de l’Europe
99
lle-même : ce serait trahir le génie de l’Europe,
nous
couper de ses sources chrétiennes et humanistes. Notre ambition, c’es
100
couper de ses sources chrétiennes et humanistes.
Notre
ambition, c’est de contribuer à l’union de nos pays, qui sera leur se
101
Notre ambition, c’est de contribuer à l’union de
nos
pays, qui sera leur seul salut, par le moyen d’une renaissance de leu
102
liberté de l’esprit, qui est leur vraie force. Et
notre
objet ne sera pas non plus de dénoncer ce qui se pratique ailleurs, c
103
plus de dénoncer ce qui se pratique ailleurs, car
nous
ne pouvons réformer que nous-mêmes. Nous n’acceptons pas la scission
104
urs, car nous ne pouvons réformer que nous-mêmes.
Nous
n’acceptons pas la scission que symbolise le rideau de fer ; mais nou
105
la scission que symbolise le rideau de fer ; mais
nous
pensons que le meilleur moyen de ramener vers l’Occident les peuples
106
vigilance dont les intellectuels des pays libres
doivent
se sentir plus que jamais responsables. Il leur incombe de rappeler s
107
rde ses droits à l’existence et à l’autonomie. Si
nous
exerçons, à Lausanne, cette action de vigilance publique, on pourra d
108
de vigilance publique, on pourra dire vraiment de
notre
conférence qu’elle fut le congrès de la conscience européenne. Une co
109
omme toute conscience, en dernière analyse. C’est
notre
lot d’Européens, et c’est notre passion profonde, de préférer toujour
110
re analyse. C’est notre lot d’Européens, et c’est
notre
passion profonde, de préférer toujours la conscience au bonheur. Voca
111
nce au bonheur. Vocation tragique et féconde, qui
nous
apparaît plus clairement depuis que se dressent à l’Est comme à l’Oue
112
uest deux civilisations plus jeunes, filles de la
nôtre
, dont l’une qui nous est chère, cultive un idéal eudémonique, l’idéal
113
s plus jeunes, filles de la nôtre, dont l’une qui
nous
est chère, cultive un idéal eudémonique, l’idéal d’un bonheur assuré.
114
est par la musique seule de Bach ou de Mozart que
nous
en possédons la substance idéale, que nous en respirons le climat nos
115
rt que nous en possédons la substance idéale, que
nous
en respirons le climat nostalgique. Et nous ici, nous ne sommes pas r
116
, que nous en respirons le climat nostalgique. Et
nous
ici, nous ne sommes pas réunis pour tracer des plans d’innocence et d
117
en respirons le climat nostalgique. Et nous ici,
nous
ne sommes pas réunis pour tracer des plans d’innocence et de prospéri
118
des plans d’innocence et de prospérité organisée.
Nous
tenterons, sobrement, de trouver les moyens qui permettent le libre e
119
er les moyens qui permettent le libre exercice de
nos
vocations tourmentées ; des moyens de vivre, oui, mais selon notre fo
120
ourmentées ; des moyens de vivre, oui, mais selon
notre
foi, sans renier nos raisons de vivre. Sauvons l’Europe tragique, pou
121
de vivre, oui, mais selon notre foi, sans renier
nos
raisons de vivre. Sauvons l’Europe tragique, pour que nos descendants
122
ons de vivre. Sauvons l’Europe tragique, pour que
nos
descendants puissent encore habiter en esprit, par la grâce des chefs
123
sultats ne sont donc pas nuls, mais négatifs. Ils
nous
permettent d’y voir plus clair. Sur la base des partis nationaux, qui
124
e ce qui n’y conduit pas. Votre vœu le plus cher,
nous
n’en doutons point, reste l’union en général. Or les partis ne peuven
125
ises, amenons les hommes à partager petit à petit
notre
point de vue, mais gardons-nous de citer un nom dont l’usage est prém
126
er petit à petit notre point de vue, mais gardons-
nous
de citer un nom dont l’usage est prématuré : il nuirait à la cause qu
127
l’usage est prématuré : il nuirait à la cause que
nous
voulons servir ». Ou bien imaginez Lénine déclarer à ses camarades :
128
bien imaginez Lénine déclarer à ses camarades : «
Notre
but est le communisme, mais seuls des excités ou des provocateurs peu
129
excités ou des provocateurs peuvent affirmer que
nous
trouverons à la Douma — qui est après tout le seul pouvoir réel — la
130
ouvoir réel — la majorité nécessaire pour imposer
notre
système. Le réalisme nous commande impérieusement… ». Pour la suite d
131
écessaire pour imposer notre système. Le réalisme
nous
commande impérieusement… ». Pour la suite du discours, voyez les vôtr
132
és qui se sont baptisés « fonctionnalistes ». Ils
nous
parlent depuis deux ans d’un procédé pour faire l’Europe qu’ils appel
133
lité, dans les limites de votre autorité ! Sinon,
nous
serons tous, avant longtemps, satellisés ou évaporés. De Ferney-Volta
134
es ont dit, ici et en Europe : — N’essayez pas de
nous
en faire accroire. Vous êtes tous des antistaliniens, donc votre cong
135
que en attaquant le stalinisme. Je réponds : non,
nous
sommes d’abord contre le totalitarisme en général, quelle que soit sa
136
en général, quelle que soit sa couleur, parce que
nous
sommes des intellectuels en premier lieu, et non point parce que nous
137
llectuels en premier lieu, et non point parce que
nous
pouvons être secondairement des socialistes, des conservateurs, ou de
138
socialistes, des conservateurs, ou des libéraux.
Nous
sommes contre toute espèce de totalitarisme, pour une raison très sim
139
simple, d’ordre intellectuel et moral : parce que
nous
refusons de subordonner la culture à la politique, — à n’importe quel
140
ns de la vie humaine et de son sens, la politique
doit
s’occuper des moyens pratiques de réaliser ces fins. C’est une grave
141
te l’histoire du monde, c’est tout simplement que
nous
pouvons perdre demain notre liberté de penser. J’avoue que dans mes
142
st tout simplement que nous pouvons perdre demain
notre
liberté de penser. J’avoue que dans mes jeunes et folles années, je
143
e la pensée. Je disais : rien au monde ne saurait
nous
en priver. Même en prison, l’homme garde la liberté de penser ce qu’i
144
core compris, vu et senti que tous les droits que
nous
avons ou revendiquons peuvent être vidés d’un seul coup, si nous ne s
145
evendiquons peuvent être vidés d’un seul coup, si
nous
ne sommes plus propriétaires ou auteurs de nos propres pensées. Si no
146
i nous ne sommes plus propriétaires ou auteurs de
nos
propres pensées. Si nous perdons le droit et le pouvoir de penser ce
147
opriétaires ou auteurs de nos propres pensées. Si
nous
perdons le droit et le pouvoir de penser ce qu’il nous plaît, les aut
148
perdons le droit et le pouvoir de penser ce qu’il
nous
plaît, les autres droits que nous aurons seront nuls : nous ne les se
149
penser ce qu’il nous plaît, les autres droits que
nous
aurons seront nuls : nous ne les sentirons plus comme des droits. Or
150
, les autres droits que nous aurons seront nuls :
nous
ne les sentirons plus comme des droits. Or nous pouvons perdre cette
151
: nous ne les sentirons plus comme des droits. Or
nous
pouvons perdre cette liberté, voilà ce que j’ignorais il y a dix ans.
152
des produits chimiques (le Penthotal) capables du
nous
faire penser malgré nous dans le sens voulu par l’État, par le parti
153
e Penthotal) capables du nous faire penser malgré
nous
dans le sens voulu par l’État, par le parti totalitaire qui s’en empa
154
it de chaque homme à son âme — habeas animam ! et
nous
pouvons le perdre. Nulle part peut-être plus qu’en Inde, la culture n
155
ace totalitaire contre la liberté de la pensée ne
doit
être redoutée pour l’âme même de ce pays de très vieille et profonde
156
qu’en fait, le totalitarisme le plus dangereux de
nos
jours est le stanilisme, variété la plus puissante d’une maladie uniq
157
ice politique, donc à corrompre la source même de
notre
liberté. Et voilà pourquoi nous sommes antistaliniens. En second lieu
158
a source même de notre liberté. Et voilà pourquoi
nous
sommes antistaliniens. En second lieu, on a dit que nous sommes ici a
159
mmes antistaliniens. En second lieu, on a dit que
nous
sommes ici au service des Américains. Soyons bien clairs : nous ne se
160
i au service des Américains. Soyons bien clairs :
nous
ne serons jamais « pour l’Amérique » de la même manière que les stali
161
la paix, — même si elle fait la guerre. Mais pour
nous
, l’Amérique ne s’identifie pas avec le bien ni avec le vrai. Même si
162
tre actuellement le défenseur le plus efficace de
nos
libertés, nous ne sommes pas prêts à souscrire sans condition, une fo
163
nt le défenseur le plus efficace de nos libertés,
nous
ne sommes pas prêts à souscrire sans condition, une fois pour toutes,
164
r toutes la liberté avec les intérêts américains.
Nous
sommes amis des Américains, mais plus encore amis de la vérité. Et no
165
méricains, mais plus encore amis de la vérité. Et
nous
ne confondons pas nos conclusions politiques actuelles avec la vérité
166
core amis de la vérité. Et nous ne confondons pas
nos
conclusions politiques actuelles avec la vérité sur l’homme en généra
167
avec la vérité sur l’homme en général, qui reste
notre
but et notre vrai souci. Si demain l’Amérique, ce qu’à Dieu ne plaise
168
té sur l’homme en général, qui reste notre but et
notre
vrai souci. Si demain l’Amérique, ce qu’à Dieu ne plaise, nous mettai
169
ci. Si demain l’Amérique, ce qu’à Dieu ne plaise,
nous
mettait en prison au nom de cette même liberté qu’elle représente off
170
e même liberté qu’elle représente officiellement,
nous
serions aussitôt, pour ce motif et dans cette mesure exacte, antiamér
171
dans cette mesure exacte, antiaméricains. Et tous
nos
amis américains, ici présents, le seraient aussi, j’en suis absolumen
172
olument sûr. En troisième lieu, on a prétendu que
nous
étions réunis à Bombay pour condamner la neutralité en général, et ce
173
je suis neutre. » C’est contre ce mensonge-là que
nous
devons lutter, je veux dire : — contre cette manière de mettre la cul
174
is neutre. » C’est contre ce mensonge-là que nous
devons
lutter, je veux dire : — contre cette manière de mettre la culture au
175
devenir totalitaire, par un penchant inexorable.
Nous
devons être ici non pas contre la neutralité de tel ou tel État — ce
176
nir totalitaire, par un penchant inexorable. Nous
devons
être ici non pas contre la neutralité de tel ou tel État — ce n’est p
177
e la neutralité de tel ou tel État — ce n’est pas
notre
affaire — mais contre le mensonge neutraliste, parce qu’il est un men
178
des moutons qui désirent secrètement être mangés.
Nous
devons être ici fidèles à notre vocation d’intellectuels : ce sera no
179
outons qui désirent secrètement être mangés. Nous
devons
être ici fidèles à notre vocation d’intellectuels : ce sera notre eff
180
ement être mangés. Nous devons être ici fidèles à
notre
vocation d’intellectuels : ce sera notre efficacité la plus certaine.
181
idèles à notre vocation d’intellectuels : ce sera
notre
efficacité la plus certaine. Notre manière à nous de défendre la libe
182
uels : ce sera notre efficacité la plus certaine.
Notre
manière à nous de défendre la liberté, ce sera d’opérer avec rigueur
183
otre efficacité la plus certaine. Notre manière à
nous
de défendre la liberté, ce sera d’opérer avec rigueur les distinction
184
our combattre la propagande des loups. Ce sera de
nous
faire les gardiens vigilants du véritable sens des mots. Même si nous
185
ens vigilants du véritable sens des mots. Même si
nous
ne parvenions pas à nous mettre tous d’accord sur le sens concret du
186
e sens des mots. Même si nous ne parvenions pas à
nous
mettre tous d’accord sur le sens concret du mot liberté, même si nous
187
ccord sur le sens concret du mot liberté, même si
nous
ne faisions rien d’autre en trois jours que de nous disputer libremen
188
us ne faisions rien d’autre en trois jours que de
nous
disputer librement sur ce sens, nous aurions réussi quelque chose qui
189
jours que de nous disputer librement sur ce sens,
nous
aurions réussi quelque chose qui vaut plus qu’une définition : nous a
190
i quelque chose qui vaut plus qu’une définition :
nous
aurions démontré par le fait la réalité même de la liberté, réalité q
191
s Preuves et dans la brochure Les Libertés que
nous
pouvons perdre .
192
nis (1942-1945) (1952)e Parmi les préjugés que
nous
cultivons, à l’égard des États-Unis, l’un des plus difficiles à corri
193
cependant beaucoup plus vastes que la plupart de
nos
édifices religieux. La cathédrale anglicane de Saint-Jean, de l’Apoca
194
n’ai jamais lu rien de pareil dans un journal de
nos
pays. J’achète ensuite un guide de quartier, d’aspect commercial. Une
195
t de l’État. Quoique mêlée, et bien plus que chez
nous
, à la vie publique et sociale, la religion en Amérique ne dépend en r
196
litique, avec autant de force et d’efficacité que
nos
syndicats, par exemple. C’est ainsi qu’à l’origine et au premier rang
197
l’attaque japonaise à Pearl Harbour, ce fait est
dû
en bonne partie à la résistance que l’Église méthodiste, la plus nomb
198
evant l’opposition des Églises protestantes, il a
dû
rapporter sa décision de nommer un ambassadeur au Vatican. De même la
199
ent peu de rôle dans sa piété. Mais en retour, il
nous
faut reconnaître que cette piété américaine est mieux incarnée que la
200
cette piété américaine est mieux incarnée que la
nôtre
dans la vie quotidienne et dans la vie publique. Nos Églises d’Europe
201
dans la vie quotidienne et dans la vie publique.
Nos
Églises d’Europe montrent plus d’exigence dans le domaine de la doctr
202
ent suivies d’effet. Il s’agit au contraire, dans
notre
cas, d’une organisation permanente et mondiale, dotée de secrétariats
203
rmanente et mondiale, dotée de secrétariats, dans
nos
grandes capitales, et groupant des artistes, des écrivains, des journ
204
anatique qu’est en réalité l’État totalitaire. On
nous
a souvent dit : « C’est très bien de se défendre, mais la meilleure d
205
ment négatifs, ne soyez pas seulement anti ! » Il
nous
serait facile de répondre par l’exemple des médecins : ils sont contr
206
Montrer à tous ce que la liberté a su créer dans
notre
époque tourmentée, voilà la réponse positive, apaisante et libératric
207
t cette réponse qu’espère donner l’exposition que
nous
avons intitulée l’Œuvre du xx e siècle. Vaste panorama de la musique
208
la conduite de Bruno Walter, de Markevitch, et de
notre
Ansermet. Exposition des toiles les plus fameuses, de Cézanne et Van
209
eaux, statues, poèmes, rythmes et chœurs : avions-
nous
oublié ce peuple de beautés transfigurant sans les trahir les angoiss
210
s trahir les angoisses et l’espoir d’un siècle, —
notre
siècle ? Mais ce n’est pas tout. Notre époque a créé tant de formes,
211
siècle, — notre siècle ? Mais ce n’est pas tout.
Notre
époque a créé tant de formes, inventé tant de styles et de techniques
212
est le contraire d’un art, et c’est la preuve que
nous
sommes en pleine décadence. D’autres lui disent, bien au contraire :
213
it : à l’heure où les grandes dictatures raillent
notre
« art dégénéré » et lui opposent un idéal de photographies en couleur
214
l de photographies en couleurs, il faut savoir si
nous
avons raison de préférer la liberté et tous ses risques, ou si la dis
215
ous peine de mort) du « réalisme socialiste » est
notre
avenir. C’est pourquoi nous avons convoqué les meilleurs écrivains, c
216
sme socialiste » est notre avenir. C’est pourquoi
nous
avons convoqué les meilleurs écrivains, critiques et philosophes de n
217
meilleurs écrivains, critiques et philosophes de
notre
temps, à venir commenter dans des débats publics les tendances généra
218
de l’inquiétude… Comment réconcilier l’artiste et
notre
temps ? Comment rétablir la liaison entre nos idéaux et nos réalités
219
t notre temps ? Comment rétablir la liaison entre
nos
idéaux et nos réalités ? Ces questions capitales seront soumises à so
220
? Comment rétablir la liaison entre nos idéaux et
nos
réalités ? Ces questions capitales seront soumises à soixante hommes
221
nazio Silone1, et Salvador de Madariaga. Puissent
nos
compatriotes en très grand nombre assister et participer à cet unique
222
ssion non clandestine (mais à peine publique !) à
notre
volonté d’union. Le congrès de Montreux, un an plus tard, définit les
223
ur du petit noyau fédéraliste les forces vives de
nos
pays : intellectuels, industriels, syndicalistes, et quelques bonnes
224
luaient l’inauguration du Conseil de l’Europe. Et
nous
pensions toucher au but… Les difficultés commençaient. Au lieu de con
225
CED, touchant à des réalités plus passionnelles,
devait
réveiller d’un seul coup l’opposition latente des communistes, des na
226
istes bornés, et de certains groupes économiques.
Nous
les voyons s’unir contre elle, en France surtout, dans la moins saint
227
blique. Quant au projet d’Autorité politique, qui
devait
couronner l’édifice — ou lui donner au moins une façade fédérale — bi
228
ne parle que de l’Europe, de sa crise, de la CED.
Notre
« utopie » d’il y a six ans a pris valeur électorale. Elle met en jeu
229
itique commune, il y a le refus de considérer que
nous
vivons au xx e siècle ; et que l’Europe a perdu l’hégémonie mondiale
230
de préjugés et de croyance risible que chacun de
nos
pays vaut mieux que ses voisins et qu’il peut « s’en tirer » tout seu
231
amour de la patrie ». Derrière les résistances à
notre
union, il y a donc, en fin de compte, une contre-éducation, une incon
232
chandages politico-nationalistes est morte ? Vive
notre
chance de commencer l’Europe réelle ! g. Édition réalisée sur la ba
233
ins par un manifeste. Et pourtant, ce n’était pas
notre
but cette fois-ci. Nous l’avons expliqué sans équivoque dans la préfa
234
pourtant, ce n’était pas notre but cette fois-ci.
Nous
l’avons expliqué sans équivoque dans la préface du programme imprimé
235
us relis ces quelques lignes : La conférence que
nous
organisons n’est pas conçue comme une manifestation, mais plutôt comm
236
rd à détecter les faux problèmes qui empoisonnent
nos
polémiques, puis à poser les vraies alternatives de la liberté dans c
237
liberté dans ce siècle. Dans quelle mesure avons-
nous
réussi ? Pour les faux problèmes, ceux qui résultent des slogans habi
238
tion qui dépasse sans nul doute l’objet précis de
nos
travaux. Une question que nous ne pouvions discuter — car on ne peut
239
e l’objet précis de nos travaux. Une question que
nous
ne pouvions discuter — car on ne peut pas parler de tout à propos de
240
is qui n’en subsiste pas moins dans la plupart de
nos
esprits et qui éclaire à la fois les limites et l’horizon lointain de
241
re à la fois les limites et l’horizon lointain de
nos
efforts. C’est cette question que je voudrais évoquer à l’aide des br
242
ue je vais vous soumettre. On a cité, au début de
nos
travaux, une pensée de Georges Bernanos dont voici la substance sinon
243
oilà la grande question que je désirais soulever.
Notre
congrès ne se proposait pas de la discuter : il avait d’autres buts p
244
admettons-le — et l’une des plus fondamentales de
notre
temps : comment fait-on pour créer des hommes libres ? Je lis dans le
245
es hommes libres ? Je lis dans le rapport d’un de
nos
amis de l’Inde, Eric da Costa, que la lutte pour la liberté doit s’ap
246
Inde, Eric da Costa, que la lutte pour la liberté
doit
s’appuyer d’abord sur des individus courageux et que ceux-ci à leur t
247
es individus courageux et que ceux-ci à leur tour
doivent
puiser leur courage dans une tradition d’indépendance individuelle. F
248
les traditions d’indépendance individuelle vivons-
nous
actuellement dans le monde libre ? J’en vois deux. La plus apparentée
249
tradition est celle des plus hautes religions de
nos
différents continents. En elle peuvent communier l’hindou et le boudd
250
suprême garantie de la liberté individuelle dans
notre
temps. Qu’on ne pense pas pour autant, que je propose au Congrès d’an
251
s constater simplement l’un des faits capitaux de
notre
époque : nous assistons à la renaissance intellectuelle de quelques-u
252
plement l’un des faits capitaux de notre époque :
nous
assistons à la renaissance intellectuelle de quelques-unes des plus g
253
ent, et cela au moment précis où se dresse devant
nous
, contre nos libertés, un système qui se dit purement rationaliste, ma
254
au moment précis où se dresse devant nous, contre
nos
libertés, un système qui se dit purement rationaliste, mais dont l’ap
255
gieuse, ou au moins simili-religieuse. Je dis que
nous
serions insensés de ne pas tenir compte, dans notre lutte commune, de
256
ous serions insensés de ne pas tenir compte, dans
notre
lutte commune, des forces vraiment religieuses, et de cette foi qui p
257
étention totalitaire au gouvernement des esprits.
Nous
serions insensés de ne pas voir, et de ne pas reconnaître ici, même s
258
e pas voir, et de ne pas reconnaître ici, même si
nous
sommes des incroyants, que l’avenir de la liberté, s’il dépend vraime
259
quer à leur profit, et de ce que beaucoup d’entre
nous
, Orientaux et Occidentaux, tiennent pour la forme originelle et le bu
260
recherche de la vérité, — cette vérité qui seule
nous
rendra libres. Un dernier mot. Parmi les combattants de la liberté,
261
é. Face aux totalitaires, dans le dialogue qu’ils
nous
offrent (ou feignent en tout cas de nous offrir) et que nous devons a
262
e qu’ils nous offrent (ou feignent en tout cas de
nous
offrir) et que nous devons accepter avec confiance, — cette passion s
263
t (ou feignent en tout cas de nous offrir) et que
nous
devons accepter avec confiance, — cette passion sera plus forte que t
264
feignent en tout cas de nous offrir) et que nous
devons
accepter avec confiance, — cette passion sera plus forte que tous les
265
rtes, les arguments de la raison et de la science
nous
sont absolument indispensables, et nous n’en manquerons pas — surtout
266
a science nous sont absolument indispensables, et
nous
n’en manquerons pas — surtout après ce congrès. Mais rappelons-nous q
267
ns pas — surtout après ce congrès. Mais rappelons-
nous
que les Grecs n’en manquaient pas non plus devant les Romains et les
268
Le vrai sens de
nos
vœux (décembre 1955)j Au début de l’an nous échangeons des vœux. P
269
de nos vœux (décembre 1955)j Au début de l’an
nous
échangeons des vœux. Pure politesse, dites-vous ? Hé ! quand ce ne se
270
as si mal. La courtoisie n’est pas fréquente dans
notre
monde du xx e siècle. Elle est tout aussi nécessaire à la vie en comm
271
nnais. C’est sans doute un mystère pour chacun de
nous
, et pourtant nous essayons tous… Il y a des hommes, je le sais et vou
272
doute un mystère pour chacun de nous, et pourtant
nous
essayons tous… Il y a des hommes, je le sais et vous en connaissez, p
273
ut faire. Et plus de confiance en soi-même. Ainsi
nous
cherchons tous. Mais si l’on nous demandait : que cherches-tu, qu’att
274
soi-même. Ainsi nous cherchons tous. Mais si l’on
nous
demandait : que cherches-tu, qu’attends-tu de la vie ? Peu, très peu
275
, qu’attends-tu de la vie ? Peu, très peu d’entre
nous
sauraient répondre. C’est pourquoi la plupart ne trouvent à exprimer
276
vahissant ». Mais comment faire pour y échapper ?
Nous
avons un corps à nourrir, et des instincts à satisfaire. Et c’est le
277
civilisation qui multiplie sans relâche autour de
nous
les objets matériels, les appareils luisants et les machines fascinan
278
ascinantes, qui deviennent aussitôt nécessaires à
notre
bonheur… Peut-on se forcer à n’avoir pas envie de toutes ces choses ?
279
qu’as-tu ? Elle dit : j’ai faim. Ils lui dirent :
nous
t’avons donné toute la nourriture du pays. Elle dit : quand vous m’au
280
qu’on peut avoir ou même savoir ; au-delà même de
notre
angoisse fondamentale devant la vie, le monde et l’inconnu. Et c’est
281
et le reste, comme on dit. Mais elle a beaucoup à
nous
dire, à nous les hommes, et spécialement à nous les Suisses. Et d’abo
282
comme on dit. Mais elle a beaucoup à nous dire, à
nous
les hommes, et spécialement à nous les Suisses. Et d’abord, elle peut
283
à nous dire, à nous les hommes, et spécialement à
nous
les Suisses. Et d’abord, elle peut nous apprendre à oser vouloir plus
284
alement à nous les Suisses. Et d’abord, elle peut
nous
apprendre à oser vouloir plus, à voir grand, à ne pas nous borner dan
285
endre à oser vouloir plus, à voir grand, à ne pas
nous
borner dans nos souhaits. (Ils sont déjà suffisamment déçus ou limité
286
oir plus, à voir grand, à ne pas nous borner dans
nos
souhaits. (Ils sont déjà suffisamment déçus ou limités par la réalité
287
la réalité !) « Demandez, et l’on vous donnera. »
Nous
demandons toujours trop peu. Nous demandons des choses trop faciles o
288
vous donnera. » Nous demandons toujours trop peu.
Nous
demandons des choses trop faciles ou trop petites. C’est malsain pour
289
alsain pour l’économie mais bien plus encore pour
nos
âmes. Cela tient peut-être au fait que nous sommes trop serrés dans u
290
e pour nos âmes. Cela tient peut-être au fait que
nous
sommes trop serrés dans un pays où tout se touche, et par suite, trop
291
jugement. Cela tient peut-être aussi au fait que
nous
sommes neutres. Saisissons l’occasion de le répéter ici : la neutrali
292
on de le répéter ici : la neutralité militaire ne
doit
jamais se traduire par une neutralité morale, sentimentale ou spiritu
293
u spirituelle. Prenons garde qu’elle ne contamine
nos
jugements et nos préférences, et qu’elle ne rende nos souhaits trop c
294
enons garde qu’elle ne contamine nos jugements et
nos
préférences, et qu’elle ne rende nos souhaits trop courts et trop mes
295
jugements et nos préférences, et qu’elle ne rende
nos
souhaits trop courts et trop mesquins. Ah ! ce n’est pas le rouge du
296
pas le rouge du sang et de la violence qui figure
notre
tentation ! Ce n’est pas le rouge, c’est le gris ! Nous autres hommes
297
entation ! Ce n’est pas le rouge, c’est le gris !
Nous
autres hommes de l’Occident — nous autres Suisses déjà trop bien nour
298
’est le gris ! Nous autres hommes de l’Occident —
nous
autres Suisses déjà trop bien nourris, à ce qu’il paraît, nous n’auro
299
uisses déjà trop bien nourris, à ce qu’il paraît,
nous
n’aurons jamais assez faim ! La faim est un tyran pour l’Asiatique, m
300
La faim est un tyran pour l’Asiatique, mais pour
nous
, ce doit être une vocation. Mais de quelle faim parlez-vous ? me dira
301
est un tyran pour l’Asiatique, mais pour nous, ce
doit
être une vocation. Mais de quelle faim parlez-vous ? me dira-t-on. Je
302
réalité ! Était-elle donc assez « matérialiste »
notre
baleine, qui ne pensait qu’à manger toujours plus ! On peut le croire
303
démasque ! Et avec lui, le sens dernier de toutes
nos
faims, le but final de tous nos souhaits grands ou petits. Il ne s’ag
304
dernier de toutes nos faims, le but final de tous
nos
souhaits grands ou petits. Il ne s’agit plus d’essayer — toujours en
305
s’agit de comprendre vers quoi tendent en réalité
nos
désirs jamais satisfaits. Il s’agit de ne jamais s’arrêter à l’appare
306
Il s’agit de ne jamais s’arrêter à l’apparence de
nos
satisfactions, et de vouloir toujours plus sans fin, jusqu’au vrai te
307
e de toute l’histoire des hommes et de chacune de
nos
vies. ⁂ Dès qu’un homme attend de sa vie autre chose que sa seule sub
308
se en bois avec des bouts de métal dedans. Ce que
notre
homme veut donc vraiment, c’est ce qui passe au travers : nouvelles,
309
d je pense aux années qui viennent, je me dis que
nous
allons assister aux plus extraordinaires transformations de la vie qu
310
espèce humaine aura jamais connues. La science va
nous
donner des moyens inouïs de maîtriser la nature et la matière. Énergi
311
Tout cela qui est presque mûr, et va se réaliser,
nous
promet un avenir où l’homme, enfin, pourra se voir délivré du travail
312
culé que les quantités énormes d’énergie, mises à
notre
disposition grâce aux plus récentes découvertes, permettraient par an
313
rs d’esprits à pénétrer les secrets de la matière
doit
aboutir un jour, peut-être assez prochain, à nous libérer de la matiè
314
doit aboutir un jour, peut-être assez prochain, à
nous
libérer de la matière. Alors, la faim des hommes, physiquement rassas
315
isé. À une seule condition, toutefois : c’est que
nous
sauvions la paix pendant le reste du siècle. Nous voulons tous la pai
316
nous sauvions la paix pendant le reste du siècle.
Nous
voulons tous la paix, nous avons faim de paix, et la paix est le vœu
317
nt le reste du siècle. Nous voulons tous la paix,
nous
avons faim de paix, et la paix est le vœu que le plus grand nombre d’
318
me pendant la nuit de la Saint-Sylvestre. Mais il
nous
faut vouloir les conditions pratiques de ce que nous souhaitons dans
319
s faut vouloir les conditions pratiques de ce que
nous
souhaitons dans nos cœurs. L’une de ces conditions, la principale peu
320
nditions pratiques de ce que nous souhaitons dans
nos
cœurs. L’une de ces conditions, la principale peut-être, pour préveni
321
ais tout à l’heure : osons plus, voulons plus, ne
nous
limitons pas à des souhaits faciles et à des ambitions mesquines. L’E
322
. Pourquoi les Suisses se diraient-ils toujours :
nous
sommes trop petits, nous ne pouvons rien y faire ? Oui, je le sais, n
323
diraient-ils toujours : nous sommes trop petits,
nous
ne pouvons rien y faire ? Oui, je le sais, nous sommes neutres. Mais
324
, nous ne pouvons rien y faire ? Oui, je le sais,
nous
sommes neutres. Mais nous n’en faisons pas moins partie du genre huma
325
aire ? Oui, je le sais, nous sommes neutres. Mais
nous
n’en faisons pas moins partie du genre humain, et de l’Europe. Commen
326
u genre humain, et de l’Europe. Comment pourrions-
nous
rester neutres entre le danger de la guerre et les moyens de la paix
327
a guerre et les moyens de la paix ? Pensons-y. Ne
nous
bornons pas à des souhaits un peu courts, et par là-même indignes de
328
ouhaits un peu courts, et par là-même indignes de
nos
grands privilèges dans ce siècle tragique. L’Europe se fera quand tou
329
février 1957)k Il m’arrivait de penser, durant
nos
tables rondes, sous les plafonds dorés de l’Aldobrandini, autour des
330
ropéistes convaincus et chevronnés, je pouvais et
devais
m’attendre que chacun apporte à l’envi de nouvelles et frappantes ill
331
trations de cette communauté de culture qui était
notre
thème général. Je guettais, le crayon lové, les propositions ingénieu
332
voquer cette grande prise de conscience de ce qui
nous
est commun, de ce qui se voit menacé, de ce qu’il faut sans délai déf
333
cieux de faire voir qu’il ne s’agissait pas, dans
notre
affaire, de propagande mais de science ; était-ce l’atmosphère offici
334
surprenant se déroulait sous mes yeux, et gagnait
notre
groupe, à deux ou trois exceptions près. La plupart de ces « Européen
335
d’en examiner la base la plus ferme à mon sens —
notre
fonds commun de culture — , multipliaient les objections, d’ailleurs
336
en garde contre les « mystiques de l’union ». Ils
nous
adjuraient de respecter nos valeurs nationales et locales, qui leur p
337
es de l’union ». Ils nous adjuraient de respecter
nos
valeurs nationales et locales, qui leur paraissaient les plus sûres ;
338
dences communes qu’il s’agissait précisément pour
nous
de dégager, de souligner, de dire… Rien de plus européen, je le répèt
339
atique et de l’Africain magique ? Vers la fin de
nos
entretiens, je notai cette définition : l’Européen ne serait-il pas c
340
l’humeur jalousement objective qui prévalent dans
nos
derniers débats, et du tempérament de l’auteur : ce dernier déclara d
341
t de culture, mis ensemble, pouvaient make sense.
Nous
fûmes assez sportifs pour nous féliciter d’un tel challenge, et l’on
342
vaient make sense. Nous fûmes assez sportifs pour
nous
féliciter d’un tel challenge, et l’on va voir, je crois que nous n’eû
343
d’un tel challenge, et l’on va voir, je crois que
nous
n’eûmes pas tort. Ce qui fera la faiblesse du livre aux yeux des mili
344
aux yeux des militants dès longtemps convaincus,
doit
faire sa force aux yeux des autres. Nul parti pris « européen », bien
345
c assez de partialité pendant les dix journées de
nos
débats. Je voudrais dénoncer les chicanes inutiles et les objections
346
ue multiplient les adversaires, avoués ou non, de
notre
union, partisans d’un nationalisme qui se déguise souvent en mondiali
347
mporte quelle direction pour sentir la réalité de
notre
unité de culture. Aux USA déjà, en URSS sans hésiter, en Asie au-delà
348
les Castillans sont vus comme des Européens : il
doit
y avoir à cela quelque raison. Tout bien considéré, je n’en trouve pa
349
communauté de culture qui échappe si facilement à
nos
définitions, mais si difficilement au regard des autres. Vue du dehor
350
du dehors, l’Europe est évidente. L’histoire que
nous
vivons la définit avec une précision qui ne pardonne pas : celle du r
351
ec le plus d’emphase sur la nature universelle de
nos
problèmes, et partant de là, dénient toute personnalité économique, s
352
, faisant demi-tour, déclarent qu’on ne peut unir
notre
vieux continent à cause des profondes différences qui séparent nos na
353
nt à cause des profondes différences qui séparent
nos
nations depuis des siècles. Il n’y aurait donc, à les en croire, pas
354
alités nationalistes, mais on sacrifie en passant
notre
tâche créatrice dans l’histoire, qui est l’union nécessaire de l’Euro
355
e serait-il donc au plan de l’Europe entière ? On
nous
dit que les contrastes entre Allemande et Français, Insulaires et Con
356
ela n’a de sens que pour les professeurs. Ceux-ci
doivent
circonscrire exactement l’objet d’un éventuel enseignement ; s’ils n’
357
ébat sur l’avenir immédiat de l’Europe, fournit à
nos
intellectuels l’équivalent du procédé parlementaire connu sous le nom
358
te l’Europe de l’Est. La naissance de l’Europe ne
nous
est pas mieux connue que ses limites ». L’Europe ne serait-elle donc
359
vention de Victor Hugo, voire des fédéralistes de
notre
temps, comme certains l’ont finement supposé ? Une cantate peu connue
360
v e et xv e siècles, époque où la chrétienté perd
nos
prolongements proche-orientaux, occupés par les Turcs, et tend ainsi
361
e Rome et de la Grèce. Chacun sait la fortune que
devait
connaître cette définition de l’Europe par ses trois sources principa
362
ues se constituer, à partir du xviii e siècle. On
nous
rappelle, non sans aigreur ni sans dédain, qu’elles sont la vraie réa
363
des Européens est tout de même plus ancienne que
notre
découpage en 26 ou 27 États-nations, dont on attend encore qu’ils déf
364
es accidentelles et souvent fort récentes d’un de
nos
États. Mais sur les autres plans, qui ne voit du premier coup que les
365
ont cessé d’être « nationales » au xx e siècle ?
Notre
économie, nos techniques, se développent en dépit des nations, qui on
366
« nationales » au xx e siècle ? Notre économie,
nos
techniques, se développent en dépit des nations, qui ont au plus le p
367
nt à l’épreuve les fameuses « souverainetés » que
nos
ci-devant grandes puissances refusaient de sacrifier sur l’autel de l
368
n sauver, mais elle pourrait tout perdre. Gardons-
nous
de la sous-estimer ! Mais gardons-nous aussi de confondre plus longte
369
e. Gardons-nous de la sous-estimer ! Mais gardons-
nous
aussi de confondre plus longtemps ce mélange de lyrisme et d’émouvant
370
ée serait seule on mesure de sauver le concret de
nos
vies nationales, et n’en « sacrifierait » que l’illusoire, j’entends
371
éveil d’un sentiment trop faible encore dans tous
nos
peuples : celui d’appartenir à un ensemble humain plus vaste, plus an
372
en, et plus fort désormais que ne l’est aucune de
nos
nations. Or cet ensemble humain n’est encore, aujourd’hui, qu’un fait
373
« culture » au sens large. Prendre conscience de
notre
appartenance à cette communauté de culture, c’est la condition nécess
374
n suffisante sera donnée par d’autres efforts. 9.
Nous
débouchons ici dans le domaine politique, qui n’est autre, à mon sens
375
conçues comme on vient de l’indiquer, le rapport
devrait
être analogue au rapport entre forme et contenu. Une politique d’unio
376
mmunauté. J’en conclus que la forme politique que
devrait
revêtir une union authentiquement européenne, ne saurait être que féd
377
éenne, ne saurait être que fédéraliste. En effet,
nos
diversités constituant le ressort principal de notre créativité, dans
378
os diversités constituant le ressort principal de
notre
créativité, dans la mesure toutefois où elles ne s’isolent pas ni ne
379
la seule et même exigence d’une union fédérale de
nos
peuples. ⁂ J’osais me qualifier au début d’Européen partial : faut-il
380
enir le propos que voici : On compare volontiers
notre
Europe à Byzance. Cet empire qui sombra pour toujours il y a cinq siè
381
il dépend d’efforts comme le vôtre, il dépend de
nous
tous Européens, d’écrire une autre Histoire pour une Europe nouvelle.
382
identifiant 371. La page 3 du tapuscrit manquant,
nous
avons repris le texte du manuscrit également présent dans le dossier
383
lus hautes de la littérature. Je mets en fait que
notre
époque connaît un degré de liberté politique et sociale jamais connu
384
e. Et ils le font. Cependant, ces mêmes écrivains
nous
parlent d’une crise de la littérature, d’un épuisement du roman (qui
385
tandis que la Dame aimée représente la divinité.
Notre
poésie est née de cet ensemble de procédés rhétoriques inventés pour
386
mbat libérateur. Je constate qu’aujourd’hui, dans
nos
pays de l’Ouest, il n’y a plus de résistances extérieures sérieuses à
387
plus de savoir quelles résistances la littérature
doit
abattre, mais quelles résistances elle doit se refaire, ou se choisir
388
ature doit abattre, mais quelles résistances elle
doit
se refaire, ou se choisir pour les combattre, dans nos sociétés polit
389
e refaire, ou se choisir pour les combattre, dans
nos
sociétés politiquement très libres. La lutte contre les résistances t
390
la création, et qui la stimulent, sont nouvelles.
Nous
devons d’abord les déceler et les définir, et c’est sur elles, contre
391
éation, et qui la stimulent, sont nouvelles. Nous
devons
d’abord les déceler et les définir, et c’est sur elles, contre elles,
392
et c’est sur elles, contre elles, que l’écrivain
doit
et peut s’appuyer. La plus immédiatement visible est de nature économ
393
s immédiatement visible est de nature économique.
Nous
autres écrivains modernes, nous pouvons tout dire, c’est entendu ; ma
394
ature économique. Nous autres écrivains modernes,
nous
pouvons tout dire, c’est entendu ; mais tout ne se vendra pas, nous r
395
dire, c’est entendu ; mais tout ne se vendra pas,
nous
rappellent nos éditeurs. Ils nous conseillent d’écrire un roman, si n
396
ndu ; mais tout ne se vendra pas, nous rappellent
nos
éditeurs. Ils nous conseillent d’écrire un roman, si nous sommes essa
397
se vendra pas, nous rappellent nos éditeurs. Ils
nous
conseillent d’écrire un roman, si nous sommes essayistes, ou d’écrire
398
teurs. Ils nous conseillent d’écrire un roman, si
nous
sommes essayistes, ou d’écrire un roman du genre qui est censé se ven
399
ire un roman du genre qui est censé se vendre, si
nous
sommes romanciers. Or nous avons d’autres sujets en tête et un autre
400
st censé se vendre, si nous sommes romanciers. Or
nous
avons d’autres sujets en tête et un autre style. Ici, le courage rede
401
marqué les grandes époques. Écrivons donc ce que
nous
sommes le seul à pouvoir dire : ce sera notre engagement le plus vala
402
que nous sommes le seul à pouvoir dire : ce sera
notre
engagement le plus valable, et le meilleur service que nous aurons pu
403
ement le plus valable, et le meilleur service que
nous
aurons pu rendre à la communauté locale ou idéologique sans laquelle
404
la communauté locale ou idéologique sans laquelle
nous
ne serions pas, mais qui, sans notre action tantôt ordonnatrice, tant
405
sans laquelle nous ne serions pas, mais qui, sans
notre
action tantôt ordonnatrice, tantôt libératrice, aurait vite fait de n
406
nnatrice, tantôt libératrice, aurait vite fait de
nous
écraser sous le poids de sa propre décadence. l. Édition réalisée s
407
ce de ces soi-disant « cultures nationales » dont
nous
parlaient nos manuels scolaires et dont parlent encore les journaux.
408
isant « cultures nationales » dont nous parlaient
nos
manuels scolaires et dont parlent encore les journaux. Je ne crois pa
409
e, laquelle est beaucoup plus ancienne que toutes
nos
nations, sans exception, étant l’œuvre commune de tous les Européens,
410
oute l’Europe, et aucune de ces histoires d’un de
nos
arts, prise en soi, ne coïncide avec les frontières d’aucune de nos n
411
soi, ne coïncide avec les frontières d’aucune de
nos
nations d’aujourd’hui. Si vous prenez, par exemple, l’histoire de la
412
ui reviennent apporter un nouveau style musical à
notre
Europe de l’Ouest. Le périple de la peinture est à peu près le même.
413
Vous voyez que, dans ces deux cas, l’histoire de
nos
arts ne coïncide nullement avec l’histoire de la nation, et qu’aucune
414
ent avec l’histoire de la nation, et qu’aucune de
nos
nations actuelles n’a le droit de dire : « La peinture, c’est à moi,
415
niverselles. Mais, me direz-vous, qu’en est-il de
nos
langues ? Ne définissent-elles pas des ensembles culturels nationaux
416
onaux ? Beaucoup de gens s’imaginent en effet que
nous
parlons, nous les Européens, autant de langues que nous avons de nati
417
up de gens s’imaginent en effet que nous parlons,
nous
les Européens, autant de langues que nous avons de nations, ou à peu
418
arlons, nous les Européens, autant de langues que
nous
avons de nations, ou à peu près ; que la nation est définie d’abord p
419
et auxquelles se sont mêlés plus tard, dès avant
notre
Moyen Âge, des éléments celtes, germaniques, slaves et même arabes. U
420
e selon les régions et selon les époques, et dont
nous
sommes tous nourris, et dans laquelle nous pouvons tous puiser librem
421
t dont nous sommes tous nourris, et dans laquelle
nous
pouvons tous puiser librement ce qui convient à nos goûts personnels
422
s pouvons tous puiser librement ce qui convient à
nos
goûts personnels et à nos traditions locales. Or, voici l’idée qui me
423
ement ce qui convient à nos goûts personnels et à
nos
traditions locales. Or, voici l’idée qui me vient : si, moi qui vous
424
j’ai commencé à découvrir la culture ? En effet,
nous
autres Suisses, nous savons bien qu’il n’existe pas une culture suiss
425
vrir la culture ? En effet, nous autres Suisses,
nous
savons bien qu’il n’existe pas une culture suisse définie par les fro
426
une culture suisse définie par les frontières de
notre
Confédération, telles qu’elles ont été établies en 1848. Nous savons
427
ration, telles qu’elles ont été établies en 1848.
Nous
savons bien que la culture que nous avons reçue et dans laquelle nous
428
lies en 1848. Nous savons bien que la culture que
nous
avons reçue et dans laquelle nous vivons, est beaucoup plus ancienne
429
la culture que nous avons reçue et dans laquelle
nous
vivons, est beaucoup plus ancienne que notre État fédéral, qui n’a qu
430
uelle nous vivons, est beaucoup plus ancienne que
notre
État fédéral, qui n’a que 111 ans. Politiquement, nous relevons d’un
431
État fédéral, qui n’a que 111 ans. Politiquement,
nous
relevons d’un même État suisse, quelle que soit notre langue. Culture
432
s relevons d’un même État suisse, quelle que soit
notre
langue. Culturellement, nous relevons directement de cet ensemble var
433
se, quelle que soit notre langue. Culturellement,
nous
relevons directement de cet ensemble varié qui constitue la culture e
434
européenne. On ne peut donc pas dire — et ici je
dois
corriger d’une manière importante le titre qu’on m’a proposé — on ne
435
les héritages variés qui composent la culture de
notre
continent. Je dis bien : chaque Suisse, en tant qu’homme de culture,
436
tant qu’homme de culture, — ce que chaque Suisse
doit
être, bien entendu ! Je devrais ici vous donner des exemples pris dan
437
ce que chaque Suisse doit être, bien entendu ! Je
devrais
ici vous donner des exemples pris dans nos divers cantons, ou en tout
438
Je devrais ici vous donner des exemples pris dans
nos
divers cantons, ou en tout cas dans nos diverses régions linguistique
439
pris dans nos divers cantons, ou en tout cas dans
nos
diverses régions linguistiques, l’alémanique, la romande, la tessinoi
440
ques, l’alémanique, la romande, la tessinoise. Je
devrais
vous montrer comment un Paracelse, un Lavater, un Gottfried Keller, u
441
cisément, l’un des grands privilèges des Suisses.
Nous
nous trouvons être, dans ce pays, quel que soit notre canton d’origin
442
ent, l’un des grands privilèges des Suisses. Nous
nous
trouvons être, dans ce pays, quel que soit notre canton d’origine, ou
443
s nous trouvons être, dans ce pays, quel que soit
notre
canton d’origine, ou notre langue, directement liés à l’Europe tout e
444
ce pays, quel que soit notre canton d’origine, ou
notre
langue, directement liés à l’Europe tout entière. Les premiers canton
445
bien, il en va de même dans le domaine culturel.
Nous
sommes, nous Suisses, immédiats à l’Europe, nous ne pouvons être que
446
va de même dans le domaine culturel. Nous sommes,
nous
Suisses, immédiats à l’Europe, nous ne pouvons être que des Européens
447
Nous sommes, nous Suisses, immédiats à l’Europe,
nous
ne pouvons être que des Européens, quand il s’agit de culture et non
448
t de politique, de droit de vote ou de passeport.
Nous
sommes immédiatement européens, et comme condamnés à l’Europe, n’étan
449
leurs une « culture nationale ». Et dans ce sens,
nous
autres Suisses, nous sommes vraiment des microcosmes de la culture eu
450
ationale ». Et dans ce sens, nous autres Suisses,
nous
sommes vraiment des microcosmes de la culture européenne — de même qu
451
icrocosmes de la culture européenne — de même que
nous
pouvons et devons espérer qu’un jour prochain, notre État fédéral, av
452
culture européenne — de même que nous pouvons et
devons
espérer qu’un jour prochain, notre État fédéral, avec ses 25 petits É
453
us pouvons et devons espérer qu’un jour prochain,
notre
État fédéral, avec ses 25 petits États souverains, mais unis sous les
454
, à la suppression de la condition prolétarienne.
Nous
voyons que c’est au contraire la technique elle-même, par son progrès
455
dont les révolutions faites au nom du marxisme ne
nous
ont jamais rapprochés. C’est au pays du capitalisme le plus vivant qu
456
s sources vives de l’invention et le dynamisme de
notre
civilisation. Car l’invention technique est moins le fait des technic
457
leur tour par l’ensemble des forces créatrices de
notre
culture. Verrons-nous entrer en œuvre, de la sorte, un mécanisme d’au
458
e des forces créatrices de notre culture. Verrons-
nous
entrer en œuvre, de la sorte, un mécanisme d’auto-neutralisation de l
459
jeur à la solution raisonnable de ces problèmes :
nos
habitudes de pensée morales, sociales, économiques et éducatives, con
460
étant le produit le plus facilement exportable de
notre
civilisation, va modifier les rapports mondiaux d’une manière telle q
461
té très haute, en sautant le stade ouvriériste de
notre
xix e siècle (grandes villes aux banlieues insalubres, corons des pay
462
eurs occidentaux durant des siècles, et n’ont pas
notre
morale de travail. Il semble que leur adaptation au monde technique n
463
athos traditionnels, avant d’avoir pu s’assimiler
les nôtres
. Un chaos barbare peut en résulter. Si l’Europe ne se préoccupe pas d
464
moins d’atténuer les crises profondes créées par
notre
technique, sera perdue. IV. L’Europe, qui a créé la technique grâce à
465
grâce à son éthique du travail et de l’aventure,
doit
créer maintenant une éthique nouvelle intégrant travail et loisir, pr
466
ivité et art de vivre (ou consommation). Elle le
doit
d’abord à elle-même et à ses peuples. Pour retrouver et maintenir un
467
maintenir un équilibre psychologique, l’Européen
doit
apprendre à ne plus dissocier travail et loisir. Plus le travail est
468
sur table rase, comme en URSS et aux USA. Elle a
dû
surmonter beaucoup de résistances, et s’est donc intégrée lentement a
469
de toutes les autres régions de la planète ; — et
doit
permettre à l’Europe de trouver la première la formule d’équilibre hu
470
ux placée pour intégrer la technique et ses dons,
doit
au monde d’illustrer pour lui cette formule d’équilibre humain. Nous
471
ustrer pour lui cette formule d’équilibre humain.
Nous
avons donné au monde le nationalisme, l’esprit de révolution, l’idéal
472
volution, l’idéal libertaire, et la technique. Il
nous
reste à donner au monde les « modes d’emploi » de ces produits danger
473
nne n’est venu le découvrir. Il est donc temps de
nous
mettre à sa recherche, dans le temps de l’histoire comme dans l’espac
474
l’histoire comme dans l’espace. ⁂ L’histoire de
notre
Europe, depuis trois millénaires, est celle d’un mythe devenu réalité
475
u Nord, des Pays-Bas et de la France actuelle. Et
nous
sommes à la fin du viii e siècle. Peu après, Charlemagne se fait sacr
476
étendra sur plus de quatre-cents ans. Au début de
notre
xx e siècle, les hommes venus d’Europe dominent sur toute l’Afrique,
477
sus de la Résistance. Objectif immédiat : fédérer
nos
patries, éliminer le virus nationaliste qui a fait de nos fécondes di
478
ies, éliminer le virus nationaliste qui a fait de
nos
fécondes diversités des divisions ruineuses pour la santé de l’ensemb
479
création d’une Assemblée et la mise en commun de
nos
ressources. Grâce à l’action prudente de quelques hommes d’État et de
480
mmunauté. L’élan est pris, la marche vers l’union
doit
nous conduire, sans guerre, à refaire une Europe capable d’assumer sa
481
uté. L’élan est pris, la marche vers l’union doit
nous
conduire, sans guerre, à refaire une Europe capable d’assumer sa fonc
482
toire, étend son influence à toute la Terre. Elle
doit
au monde de lui donner les modes d’emploi de ses découvertes techniqu
483
r des cultures mal préparées à les recevoir. Elle
doit
au monde d’animer les échanges économiques et culturels dont elle fut
484
t, dès la Renaissance, l’initiatrice. Enfin, elle
doit
au monde de tenir son rang de grande puissance intellectuelle et libé
485
oire commence avec les villes. Mais les villes en
nous
sont l’histoire d’une vision, d’une approche, d’un usage, et d’un amo
486
es découpent l’espace aussi haut qu’on peut voir.
Nous
défilons lentement près de leur base. Des pans de brique rosée, ocrée
487
sont les réalités d’un monde tout artificiel que
nous
, les hommes, avons bâti selon nos caprices, nos passions et nos raiso
488
artificiel que nous, les hommes, avons bâti selon
nos
caprices, nos passions et nos raisons folles. Si nous changions un jo
489
nous, les hommes, avons bâti selon nos caprices,
nos
passions et nos raisons folles. Si nous changions un jour de goûts et
490
s, avons bâti selon nos caprices, nos passions et
nos
raisons folles. Si nous changions un jour de goûts et d’ambition, ce
491
caprices, nos passions et nos raisons folles. Si
nous
changions un jour de goûts et d’ambition, ce paysage se transformerai
492
Corbusier (note de 1953) — Que pensez-vous de
notre
ville ? demandèrent à Le Corbusier les journalistes et les architecte