1 1948, {Title}. « Cher lecteur britannique, je connais bien votre prudence… » (automne 1948)
1 laisse, et allez parler sur les places. Ce qu’il nous faut, ce sont des saint François, ce sont des apôtres. » À ce dernier
2 s immédiats. Comment sortir de cette impasse ? En nous rappelant d’abord, et en rappelant aux masses les buts lointains et l
3 pelant aux masses les buts lointains et larges de notre action, l’ensemble de la situation. De quoi s’agit-il ? disait Foch.
4 rmes. Voici d’abord les trois menaces : Aucun de nos pays ne peut prétendre, seul, à une défense sérieuse de son indépenda
5 ne défense sérieuse de son indépendance. Aucun de nos pays ne peut résoudre, seul, les problèmes que lui pose l’économie mo
6 oderne. À défaut d’une union librement consentie, notre anarchie présente nous exposera demain à l’unification forcée, soit p
7 nion librement consentie, notre anarchie présente nous exposera demain à l’unification forcée, soit par l’intervention d’un
8 périté et de la liberté : Tous ensemble, demain, nous pouvons édifier avec les peuples d’outre-mer associés à nos destinées
9 s édifier avec les peuples d’outre-mer associés à nos destinées, la plus grande formation politique et le plus vaste ensemb
10 politique et le plus vaste ensemble économique de notre temps. Jamais l’histoire du monde n’aura connu un si puissant rassemb
11 res. Si ce grand but reste constamment présent à notre esprit, cet idéal actif dans notre cœur, les vraies dimensions de la
12 ment présent à notre esprit, cet idéal actif dans notre cœur, les vraies dimensions de la lutte seront rétablies, et les diff
13 fficultés réduites à leurs justes proportions. Si nous comprenons bien « de quoi il s’agit », et que c’est pour nous tous un
14 ons bien « de quoi il s’agit », et que c’est pour nous tous une question de vie ou de mort, nous ne nous laisserons pas arrê
15 st pour nous tous une question de vie ou de mort, nous ne nous laisserons pas arrêter longtemps par d’apparentes impossibili
16 nous tous une question de vie ou de mort, nous ne nous laisserons pas arrêter longtemps par d’apparentes impossibilités prat
17 gtemps par d’apparentes impossibilités pratiques. Nous dirons, comme en temps de guerre : impossible ou non, il le faut. Che
18 drais vous dire ici, c’est qu’à l’heure actuelle, nous ne ferons rien de pratique si nous n’avons pas devant nous une vision
19 eure actuelle, nous ne ferons rien de pratique si nous n’avons pas devant nous une vision nette et puissante de notre but fi
20 erons rien de pratique si nous n’avons pas devant nous une vision nette et puissante de notre but final. C’est cette fin seu
21 pas devant nous une vision nette et puissante de notre but final. C’est cette fin seule qui dictera les moyens de notre acti
22 . C’est cette fin seule qui dictera les moyens de notre action, qui les orientera et qui nous forcera à les découvrir l’un ap
23 moyens de notre action, qui les orientera et qui nous forcera à les découvrir l’un après l’autre. Je voudrais vous conter,
24 et d’illustrer constamment le sens et l’esprit de notre effort vers l’union — de ramener l’attention vers son but. Certes, le
25 tes). Beaucoup d’initiatives ont été prises, dans nos divers pays, qui ne demandent qu’un organe de coordination pour donne
26 maginez alors, quelque part en Europe, un lieu où notre action puisse être méditée, clarifiée, où son orientation morale et s
27 ontinuellement dégagée et formulée… Qu’en pensent nos leaders politiques et nos économistes ? a. Édition réalisée sur la
28 formulée… Qu’en pensent nos leaders politiques et nos économistes ? a. Édition réalisée sur la base d’un tapuscrit conser
2 1949, {Title}. Présentation du Rapport général de la Conférence européenne de la culture à Lausanne (8 décembre 1949)
29 utes les conditions de la ruine sont réunies dans notre ciel et dans nos données immédiates ; mais ce sont les mêmes conditio
30 de la ruine sont réunies dans notre ciel et dans nos données immédiates ; mais ce sont les mêmes conditions qui pourraient
31 ons qui pourraient être celles d’une renaissance. Nos divisions absurdes, par exemple, n’ont cessé de s’aggraver depuis dix
32 , n’ont cessé de s’aggraver depuis dix ans — mais nous prenons conscience de leur absurdité. L’avènement brusque et stupéfia
33 res extraeuropéens décourage des millions d’entre nous , mais il réveille aussi le sentiment d’un destin commun de nos peuple
34 réveille aussi le sentiment d’un destin commun de nos peuples. Enfin, l’indifférence écœurée, l’abandon aux fatalités de l’
35 n vers l’union, vers la fédération, dont témoigne notre Mouvement, l’espoir encore tremblant des masses, l’Assemblée de Stras
36 lus répandu, j’allais dire le plus populaire dans nos pays, c’est, en effet, la peur, une peur souvent voilée par cette ind
37 r d’une guerre que d’autres viendraient faire sur notre sol, et sur le corps de nos enfants, c’est l’angoisse de devenir les
38 endraient faire sur notre sol, et sur le corps de nos enfants, c’est l’angoisse de devenir les objets d’une guerre des autr
39 ts d’une guerre des autres, qui serait perdue par nous , quelle que soit son issue. Mais, il y a, en même temps, une manière
40 oir proprement européen, qui est celui de réussir notre fédération, et de retrouver par là même une puissance capable d’impos
41 lle est la situation contradictoire dans laquelle nous sommes engagés. À son point de crise, où nous sommes, il dépend en pa
42 lle nous sommes engagés. À son point de crise, où nous sommes, il dépend en partie de nous que l’espoir ait raison du désesp
43 de crise, où nous sommes, il dépend en partie de nous que l’espoir ait raison du désespoir. Mais il faut aller vite, et vis
44 communauté européenne. Tel est le but général de notre conférence. Ce qu’on attend de nous ici, c’est d’abord une réponse à
45 t général de notre conférence. Ce qu’on attend de nous ici, c’est d’abord une réponse à la question dangereuse que posent no
46 d une réponse à la question dangereuse que posent nos circonstances historiques : Pourquoi l’Europe ? qu’a-t-elle à dire au
47 ’est l’Europe, de ce qu’elle a été, de ce qu’elle devrait être à son sens. Et ce dialogue à plusieurs voix reste, à tout prendr
48 nt de la communauté européenne, — provisoirement, nous l’espérons. Il est vrai que le terme de culture évoque des réalités h
49 transmission de leurs principes. Je souhaite que notre conférence s’interdise les débats académiques auxquels prêtent ces dé
50 que ce fameux « cap de l’Asie » toujours cité. Si nous faisons du bon travail ici, personne ne perdra plus son temps à se de
51 z, il est tard en Europe. C’est pour agir, mais à notre manière, pour instituer et pour créer, que nous sommes là. Deux mots
52 notre manière, pour instituer et pour créer, que nous sommes là. Deux mots sur ceux qui ne sont pas tenus ici. Quand Dieu v
53 de venir participer au sauvetage de l’Europe. Ils nous répondent qu’ils ont un rhume, qu’ils ont promis une conférence. D’au
54 ns urgentes qui motivaient un rassemblement comme le nôtre . Ils comprendront qu’il est certains moments de l’Histoire où l’on ne
55 sphère des congrès, inconsidérément multipliés de nos jours. Je les comprends, et je comprends surtout ceux d’entre eux qui
56 ns une chambre nocturne, et les institutions dont nous allons parler. « Qu’est-ce que cela peut bien me faire ? dit le poète
57 qu’elle rencontre partout aujourd’hui — et voilà nos problèmes pratiques. Et il n’est pas indifférent — ou c’est un mauvai
58 sont révélés urgents, au terme d’une enquête dans nos divers pays. Chacun des groupes nationaux du mouvement a reçu d’abord
59 e telle enquête n’avait jamais encore été tentée. Nous avons dû l’improviser avec des groupes en pleine période de formation
60 uête n’avait jamais encore été tentée. Nous avons l’improviser avec des groupes en pleine période de formation. Elle no
61 des groupes en pleine période de formation. Elle nous a permis de mieux voir l’intérêt capital qu’il y aurait à dresser sys
62 s études plus détaillées sur des projets concrets nous ont été remises. Enfin, le Bureau d’études de Genève a fourni plusieu
63 e du congrès, siégeant en commission générale. Il nous apparaît aujourd’hui qu’il y a lieu de prévoir une nouvelle commissio
64 tionnistes » qui loin de les protéger, paralysent nos cultures. Par quelle méthode peut-on surmonter ces obstacles ? C’est
65 nter ces obstacles ? C’est tout le problème qu’il nous faudra résoudre. Reste à savoir dans quel esprit. À cet égard, il me
66 ts et aux documents officiels, seraient propres à nous égarer. On parle beaucoup, par exemple, « d’organiser les échanges cu
67 vertes, et l’union fédérale de l’Europe réalisée. Nos cultures, prisonnières des cadres nationaux, ne doivent pas chercher
68 s cultures, prisonnières des cadres nationaux, ne doivent pas chercher des moyens de correspondre un peu plus facilement de pri
69 un peu plus facilement de prison à prison. Elles doivent au contraire exiger leur « élargissement » immédiat, sans conditions.
70 ses bien plates sur l’indispensable solidarité de nos nations. Une hypocrisie ennuyeuse. Prétendre « organiser les échanges
71 pas de simples déplacements de forts en thème — , nous devons, dans notre congrès : 1° abandonner, et au besoin dénoncer la
72 e simples déplacements de forts en thème — , nous devons , dans notre congrès : 1° abandonner, et au besoin dénoncer la méthode
73 lacements de forts en thème — , nous devons, dans notre congrès : 1° abandonner, et au besoin dénoncer la méthode de « l’orga
74 u’on n’essaie pas de créer par décrets l’unité de notre culture : elle existe, elle était aux origines, elle n’a cessé depuis
75 a suppression des obstacles matériels et légaux à nos échanges doit correspondre un effort positif. Il serait insuffisant e
76 des obstacles matériels et légaux à nos échanges doit correspondre un effort positif. Il serait insuffisant et vain de voul
77 r la suite, a succombé devant leurs exigences. Il nous faut aujourd’hui faire un grand pas de plus, et créer des institution
78 utions qui garantissent et manifestent l’unité de nos cultures dans leur diversité. Il faut doter l’Europe unie d’instrumen
79 nt les porteurs de l’idée fédérale, sans laquelle nos réformes techniques et matérielles resteront lettre morte. Sur les in
80 particulière. Pourtant, il est incontestable que nos pays forment un ensemble, un complexe organique de culture, facile à
81 n tout cas, ceux-ci distinguent souvent mieux que nous . Il est étrange que cet ensemble n’ait pas encore été étudié en tant
82 fficultés qu’a rencontrées la préparation même de notre conférence, et que ses insuffisances inévitables dans l’état actuel d
83 s à vous rappeler que, dès le congrès de la Haye, notre Mouvement avait demandé la création d’un Centre européen de la cultur
84 ots seulement, mais importants. La préparation de notre conférence, l’abondance et la qualité des rapports reçus sur les ques
85 ont montré à quel point ce souci est général dans nos pays. Tout le monde se rend parfaitement compte que l’avenir de l’uni
86 européen constituera la meilleure propagande pour notre union, et peut-être la seule acceptable. Toutes ces activités et ces
87 s charges écrasantes ou leurs bénéfices diminués. Nous invoquerons le fait que, si le sentiment d’un destin spirituel commun
88 économie privée courent à leur perte inéluctable. Nous devons mettre nos gouvernements devant un choix. Un ordre de priorité
89 mie privée courent à leur perte inéluctable. Nous devons mettre nos gouvernements devant un choix. Un ordre de priorité doit ê
90 rent à leur perte inéluctable. Nous devons mettre nos gouvernements devant un choix. Un ordre de priorité doit être d’urgen
91 uvernements devant un choix. Un ordre de priorité doit être d’urgence établi. Il est probable que le prix de revient d’une s
92 e largement le budget annuel des institutions que nous venons de proposer. Le prix d’une seule bombe atomique couvrirait don
93 e vaudrait pas mieux être restés barbares, que de nous être aussi mal civilisés. La Conférence européenne de la culture fail
94 nière question. Pour quelles fins réelles voulons- nous ces moyens de culture, et cette éducation d’une conscience commune de
95 ’une conscience commune de l’Europe ? La question doit être posée. Elle est d’ailleurs spécifiquement « européenne ». Qu’il
96 quement « européenne ». Qu’il soit bien clair que nous n’entendons pas substituer aux nationalismes locaux une sorte de nati
97 valeurs universelles. Il ne s’agit donc pas, pour nous , d’opposer une nation européenne aux grandes nations de l’Est et de l
98 « culture européenne » synthétique, valable pour nous seuls et fermée sur elle-même : ce serait trahir le génie de l’Europe
99 lle-même : ce serait trahir le génie de l’Europe, nous couper de ses sources chrétiennes et humanistes. Notre ambition, c’es
100 couper de ses sources chrétiennes et humanistes. Notre ambition, c’est de contribuer à l’union de nos pays, qui sera leur se
101 Notre ambition, c’est de contribuer à l’union de nos pays, qui sera leur seul salut, par le moyen d’une renaissance de leu
102 liberté de l’esprit, qui est leur vraie force. Et notre objet ne sera pas non plus de dénoncer ce qui se pratique ailleurs, c
103 plus de dénoncer ce qui se pratique ailleurs, car nous ne pouvons réformer que nous-mêmes. Nous n’acceptons pas la scission
104 urs, car nous ne pouvons réformer que nous-mêmes. Nous n’acceptons pas la scission que symbolise le rideau de fer ; mais nou
105 la scission que symbolise le rideau de fer ; mais nous pensons que le meilleur moyen de ramener vers l’Occident les peuples
106 vigilance dont les intellectuels des pays libres doivent se sentir plus que jamais responsables. Il leur incombe de rappeler s
107 rde ses droits à l’existence et à l’autonomie. Si nous exerçons, à Lausanne, cette action de vigilance publique, on pourra d
108 de vigilance publique, on pourra dire vraiment de notre conférence qu’elle fut le congrès de la conscience européenne. Une co
109 omme toute conscience, en dernière analyse. C’est notre lot d’Européens, et c’est notre passion profonde, de préférer toujour
110 re analyse. C’est notre lot d’Européens, et c’est notre passion profonde, de préférer toujours la conscience au bonheur. Voca
111 nce au bonheur. Vocation tragique et féconde, qui nous apparaît plus clairement depuis que se dressent à l’Est comme à l’Oue
112 uest deux civilisations plus jeunes, filles de la nôtre , dont l’une qui nous est chère, cultive un idéal eudémonique, l’idéal
113 s plus jeunes, filles de la nôtre, dont l’une qui nous est chère, cultive un idéal eudémonique, l’idéal d’un bonheur assuré.
114 est par la musique seule de Bach ou de Mozart que nous en possédons la substance idéale, que nous en respirons le climat nos
115 rt que nous en possédons la substance idéale, que nous en respirons le climat nostalgique. Et nous ici, nous ne sommes pas r
116 , que nous en respirons le climat nostalgique. Et nous ici, nous ne sommes pas réunis pour tracer des plans d’innocence et d
117 en respirons le climat nostalgique. Et nous ici, nous ne sommes pas réunis pour tracer des plans d’innocence et de prospéri
118 des plans d’innocence et de prospérité organisée. Nous tenterons, sobrement, de trouver les moyens qui permettent le libre e
119 er les moyens qui permettent le libre exercice de nos vocations tourmentées ; des moyens de vivre, oui, mais selon notre fo
120 ourmentées ; des moyens de vivre, oui, mais selon notre foi, sans renier nos raisons de vivre. Sauvons l’Europe tragique, pou
121 de vivre, oui, mais selon notre foi, sans renier nos raisons de vivre. Sauvons l’Europe tragique, pour que nos descendants
122 ons de vivre. Sauvons l’Europe tragique, pour que nos descendants puissent encore habiter en esprit, par la grâce des chefs
3 1950, {Title}. Sixième lettre aux députés européens (décembre 1950)
123 sultats ne sont donc pas nuls, mais négatifs. Ils nous permettent d’y voir plus clair. Sur la base des partis nationaux, qui
124 e ce qui n’y conduit pas. Votre vœu le plus cher, nous n’en doutons point, reste l’union en général. Or les partis ne peuven
125 ises, amenons les hommes à partager petit à petit notre point de vue, mais gardons-nous de citer un nom dont l’usage est prém
126 er petit à petit notre point de vue, mais gardons- nous de citer un nom dont l’usage est prématuré : il nuirait à la cause qu
127 l’usage est prématuré : il nuirait à la cause que nous voulons servir ». Ou bien imaginez Lénine déclarer à ses camarades :
128 bien imaginez Lénine déclarer à ses camarades : «  Notre but est le communisme, mais seuls des excités ou des provocateurs peu
129 excités ou des provocateurs peuvent affirmer que nous trouverons à la Douma — qui est après tout le seul pouvoir réel — la
130 ouvoir réel — la majorité nécessaire pour imposer notre système. Le réalisme nous commande impérieusement… ». Pour la suite d
131 écessaire pour imposer notre système. Le réalisme nous commande impérieusement… ». Pour la suite du discours, voyez les vôtr
132 és qui se sont baptisés « fonctionnalistes ». Ils nous parlent depuis deux ans d’un procédé pour faire l’Europe qu’ils appel
133 lité, dans les limites de votre autorité ! Sinon, nous serons tous, avant longtemps, satellisés ou évaporés. De Ferney-Volta
4 1951, {Title}. Discours au congrès de Bombay (mars 1951)
134 es ont dit, ici et en Europe : — N’essayez pas de nous en faire accroire. Vous êtes tous des antistaliniens, donc votre cong
135 que en attaquant le stalinisme. Je réponds : non, nous sommes d’abord contre le totalitarisme en général, quelle que soit sa
136 en général, quelle que soit sa couleur, parce que nous sommes des intellectuels en premier lieu, et non point parce que nous
137 llectuels en premier lieu, et non point parce que nous pouvons être secondairement des socialistes, des conservateurs, ou de
138 socialistes, des conservateurs, ou des libéraux. Nous sommes contre toute espèce de totalitarisme, pour une raison très sim
139 simple, d’ordre intellectuel et moral : parce que nous refusons de subordonner la culture à la politique, — à n’importe quel
140 ns de la vie humaine et de son sens, la politique doit s’occuper des moyens pratiques de réaliser ces fins. C’est une grave
141 te l’histoire du monde, c’est tout simplement que nous pouvons perdre demain notre liberté de penser. J’avoue que dans mes
142 st tout simplement que nous pouvons perdre demain notre liberté de penser. J’avoue que dans mes jeunes et folles années, je
143 e la pensée. Je disais : rien au monde ne saurait nous en priver. Même en prison, l’homme garde la liberté de penser ce qu’i
144 core compris, vu et senti que tous les droits que nous avons ou revendiquons peuvent être vidés d’un seul coup, si nous ne s
145 evendiquons peuvent être vidés d’un seul coup, si nous ne sommes plus propriétaires ou auteurs de nos propres pensées. Si no
146 i nous ne sommes plus propriétaires ou auteurs de nos propres pensées. Si nous perdons le droit et le pouvoir de penser ce
147 opriétaires ou auteurs de nos propres pensées. Si nous perdons le droit et le pouvoir de penser ce qu’il nous plaît, les aut
148 perdons le droit et le pouvoir de penser ce qu’il nous plaît, les autres droits que nous aurons seront nuls : nous ne les se
149 penser ce qu’il nous plaît, les autres droits que nous aurons seront nuls : nous ne les sentirons plus comme des droits. Or
150 , les autres droits que nous aurons seront nuls : nous ne les sentirons plus comme des droits. Or nous pouvons perdre cette
151 : nous ne les sentirons plus comme des droits. Or nous pouvons perdre cette liberté, voilà ce que j’ignorais il y a dix ans.
152 des produits chimiques (le Penthotal) capables du nous faire penser malgré nous dans le sens voulu par l’État, par le parti
153 e Penthotal) capables du nous faire penser malgré nous dans le sens voulu par l’État, par le parti totalitaire qui s’en empa
154 it de chaque homme à son âme — habeas animam ! et nous pouvons le perdre. Nulle part peut-être plus qu’en Inde, la culture n
155 ace totalitaire contre la liberté de la pensée ne doit être redoutée pour l’âme même de ce pays de très vieille et profonde
156 qu’en fait, le totalitarisme le plus dangereux de nos jours est le stanilisme, variété la plus puissante d’une maladie uniq
157 ice politique, donc à corrompre la source même de notre liberté. Et voilà pourquoi nous sommes antistaliniens. En second lieu
158 a source même de notre liberté. Et voilà pourquoi nous sommes antistaliniens. En second lieu, on a dit que nous sommes ici a
159 mmes antistaliniens. En second lieu, on a dit que nous sommes ici au service des Américains. Soyons bien clairs : nous ne se
160 i au service des Américains. Soyons bien clairs : nous ne serons jamais « pour l’Amérique » de la même manière que les stali
161 la paix, — même si elle fait la guerre. Mais pour nous , l’Amérique ne s’identifie pas avec le bien ni avec le vrai. Même si
162 tre actuellement le défenseur le plus efficace de nos libertés, nous ne sommes pas prêts à souscrire sans condition, une fo
163 nt le défenseur le plus efficace de nos libertés, nous ne sommes pas prêts à souscrire sans condition, une fois pour toutes,
164 r toutes la liberté avec les intérêts américains. Nous sommes amis des Américains, mais plus encore amis de la vérité. Et no
165 méricains, mais plus encore amis de la vérité. Et nous ne confondons pas nos conclusions politiques actuelles avec la vérité
166 core amis de la vérité. Et nous ne confondons pas nos conclusions politiques actuelles avec la vérité sur l’homme en généra
167 avec la vérité sur l’homme en général, qui reste notre but et notre vrai souci. Si demain l’Amérique, ce qu’à Dieu ne plaise
168 té sur l’homme en général, qui reste notre but et notre vrai souci. Si demain l’Amérique, ce qu’à Dieu ne plaise, nous mettai
169 ci. Si demain l’Amérique, ce qu’à Dieu ne plaise, nous mettait en prison au nom de cette même liberté qu’elle représente off
170 e même liberté qu’elle représente officiellement, nous serions aussitôt, pour ce motif et dans cette mesure exacte, antiamér
171 dans cette mesure exacte, antiaméricains. Et tous nos amis américains, ici présents, le seraient aussi, j’en suis absolumen
172 olument sûr. En troisième lieu, on a prétendu que nous étions réunis à Bombay pour condamner la neutralité en général, et ce
173 je suis neutre. » C’est contre ce mensonge-là que nous devons lutter, je veux dire : — contre cette manière de mettre la cul
174 is neutre. » C’est contre ce mensonge-là que nous devons lutter, je veux dire : — contre cette manière de mettre la culture au
175 devenir totalitaire, par un penchant inexorable. Nous devons être ici non pas contre la neutralité de tel ou tel État — ce
176 nir totalitaire, par un penchant inexorable. Nous devons être ici non pas contre la neutralité de tel ou tel État — ce n’est p
177 e la neutralité de tel ou tel État — ce n’est pas notre affaire — mais contre le mensonge neutraliste, parce qu’il est un men
178 des moutons qui désirent secrètement être mangés. Nous devons être ici fidèles à notre vocation d’intellectuels : ce sera no
179 outons qui désirent secrètement être mangés. Nous devons être ici fidèles à notre vocation d’intellectuels : ce sera notre eff
180 ement être mangés. Nous devons être ici fidèles à notre vocation d’intellectuels : ce sera notre efficacité la plus certaine.
181 idèles à notre vocation d’intellectuels : ce sera notre efficacité la plus certaine. Notre manière à nous de défendre la libe
182 uels : ce sera notre efficacité la plus certaine. Notre manière à nous de défendre la liberté, ce sera d’opérer avec rigueur
183 otre efficacité la plus certaine. Notre manière à nous de défendre la liberté, ce sera d’opérer avec rigueur les distinction
184 our combattre la propagande des loups. Ce sera de nous faire les gardiens vigilants du véritable sens des mots. Même si nous
185 ens vigilants du véritable sens des mots. Même si nous ne parvenions pas à nous mettre tous d’accord sur le sens concret du
186 e sens des mots. Même si nous ne parvenions pas à nous mettre tous d’accord sur le sens concret du mot liberté, même si nous
187 ccord sur le sens concret du mot liberté, même si nous ne faisions rien d’autre en trois jours que de nous disputer libremen
188 us ne faisions rien d’autre en trois jours que de nous disputer librement sur ce sens, nous aurions réussi quelque chose qui
189 jours que de nous disputer librement sur ce sens, nous aurions réussi quelque chose qui vaut plus qu’une définition : nous a
190 i quelque chose qui vaut plus qu’une définition : nous aurions démontré par le fait la réalité même de la liberté, réalité q
191 s Preuves et dans la brochure Les Libertés que nous pouvons perdre .
5 1952, {Title}. La vie religieuse aux États-Unis (1942-1945) (1952)
192 nis (1942-1945) (1952)e Parmi les préjugés que nous cultivons, à l’égard des États-Unis, l’un des plus difficiles à corri
193 cependant beaucoup plus vastes que la plupart de nos édifices religieux. La cathédrale anglicane de Saint-Jean, de l’Apoca
194 n’ai jamais lu rien de pareil dans un journal de nos pays. J’achète ensuite un guide de quartier, d’aspect commercial. Une
195 t de l’État. Quoique mêlée, et bien plus que chez nous , à la vie publique et sociale, la religion en Amérique ne dépend en r
196 litique, avec autant de force et d’efficacité que nos syndicats, par exemple. C’est ainsi qu’à l’origine et au premier rang
197 l’attaque japonaise à Pearl Harbour, ce fait est en bonne partie à la résistance que l’Église méthodiste, la plus nomb
198 evant l’opposition des Églises protestantes, il a rapporter sa décision de nommer un ambassadeur au Vatican. De même la
199 ent peu de rôle dans sa piété. Mais en retour, il nous faut reconnaître que cette piété américaine est mieux incarnée que la
200 cette piété américaine est mieux incarnée que la nôtre dans la vie quotidienne et dans la vie publique. Nos Églises d’Europe
201 dans la vie quotidienne et dans la vie publique. Nos Églises d’Europe montrent plus d’exigence dans le domaine de la doctr
6 1952, {Title}. L’Œuvre du xx e siècle (mai 1952)
202 ent suivies d’effet. Il s’agit au contraire, dans notre cas, d’une organisation permanente et mondiale, dotée de secrétariats
203 rmanente et mondiale, dotée de secrétariats, dans nos grandes capitales, et groupant des artistes, des écrivains, des journ
204 anatique qu’est en réalité l’État totalitaire. On nous a souvent dit : « C’est très bien de se défendre, mais la meilleure d
205 ment négatifs, ne soyez pas seulement anti ! » Il nous serait facile de répondre par l’exemple des médecins : ils sont contr
206 Montrer à tous ce que la liberté a su créer dans notre époque tourmentée, voilà la réponse positive, apaisante et libératric
207 t cette réponse qu’espère donner l’exposition que nous avons intitulée l’Œuvre du xx e siècle. Vaste panorama de la musique
208 la conduite de Bruno Walter, de Markevitch, et de notre Ansermet. Exposition des toiles les plus fameuses, de Cézanne et Van
209 eaux, statues, poèmes, rythmes et chœurs : avions- nous oublié ce peuple de beautés transfigurant sans les trahir les angoiss
210 s trahir les angoisses et l’espoir d’un siècle, —  notre siècle ? Mais ce n’est pas tout. Notre époque a créé tant de formes,
211 siècle, — notre siècle ? Mais ce n’est pas tout. Notre époque a créé tant de formes, inventé tant de styles et de techniques
212 est le contraire d’un art, et c’est la preuve que nous sommes en pleine décadence. D’autres lui disent, bien au contraire :
213 it : à l’heure où les grandes dictatures raillent notre « art dégénéré » et lui opposent un idéal de photographies en couleur
214 l de photographies en couleurs, il faut savoir si nous avons raison de préférer la liberté et tous ses risques, ou si la dis
215 ous peine de mort) du « réalisme socialiste » est notre avenir. C’est pourquoi nous avons convoqué les meilleurs écrivains, c
216 sme socialiste » est notre avenir. C’est pourquoi nous avons convoqué les meilleurs écrivains, critiques et philosophes de n
217 meilleurs écrivains, critiques et philosophes de notre temps, à venir commenter dans des débats publics les tendances généra
218 de l’inquiétude… Comment réconcilier l’artiste et notre temps ? Comment rétablir la liaison entre nos idéaux et nos réalités 
219 t notre temps ? Comment rétablir la liaison entre nos idéaux et nos réalités ? Ces questions capitales seront soumises à so
220 ? Comment rétablir la liaison entre nos idéaux et nos réalités ? Ces questions capitales seront soumises à soixante hommes
221 nazio Silone1, et Salvador de Madariaga. Puissent nos compatriotes en très grand nombre assister et participer à cet unique
7 1954, {Title}. L’Europe en crise : décadence ou progrès ? (fin août 1954)
222 ssion non clandestine (mais à peine publique !) à notre volonté d’union. Le congrès de Montreux, un an plus tard, définit les
223 ur du petit noyau fédéraliste les forces vives de nos pays : intellectuels, industriels, syndicalistes, et quelques bonnes
224 luaient l’inauguration du Conseil de l’Europe. Et nous pensions toucher au but… Les difficultés commençaient. Au lieu de con
225 CED, touchant à des réalités plus passionnelles, devait réveiller d’un seul coup l’opposition latente des communistes, des na
226 istes bornés, et de certains groupes économiques. Nous les voyons s’unir contre elle, en France surtout, dans la moins saint
227 blique. Quant au projet d’Autorité politique, qui devait couronner l’édifice — ou lui donner au moins une façade fédérale — bi
228 ne parle que de l’Europe, de sa crise, de la CED. Notre « utopie » d’il y a six ans a pris valeur électorale. Elle met en jeu
229 itique commune, il y a le refus de considérer que nous vivons au xx e siècle ; et que l’Europe a perdu l’hégémonie mondiale 
230 de préjugés et de croyance risible que chacun de nos pays vaut mieux que ses voisins et qu’il peut « s’en tirer » tout seu
231  amour de la patrie ». Derrière les résistances à notre union, il y a donc, en fin de compte, une contre-éducation, une incon
232 chandages politico-nationalistes est morte ? Vive notre chance de commencer l’Europe réelle ! g. Édition réalisée sur la ba
8 1955, {Title}. L’avenir de la liberté (17 septembre 1955)
233 ins par un manifeste. Et pourtant, ce n’était pas notre but cette fois-ci. Nous l’avons expliqué sans équivoque dans la préfa
234 pourtant, ce n’était pas notre but cette fois-ci. Nous l’avons expliqué sans équivoque dans la préface du programme imprimé
235 us relis ces quelques lignes : La conférence que nous organisons n’est pas conçue comme une manifestation, mais plutôt comm
236 rd à détecter les faux problèmes qui empoisonnent nos polémiques, puis à poser les vraies alternatives de la liberté dans c
237 liberté dans ce siècle. Dans quelle mesure avons- nous réussi ? Pour les faux problèmes, ceux qui résultent des slogans habi
238 tion qui dépasse sans nul doute l’objet précis de nos travaux. Une question que nous ne pouvions discuter — car on ne peut
239 e l’objet précis de nos travaux. Une question que nous ne pouvions discuter — car on ne peut pas parler de tout à propos de
240 is qui n’en subsiste pas moins dans la plupart de nos esprits et qui éclaire à la fois les limites et l’horizon lointain de
241 re à la fois les limites et l’horizon lointain de nos efforts. C’est cette question que je voudrais évoquer à l’aide des br
242 ue je vais vous soumettre. On a cité, au début de nos travaux, une pensée de Georges Bernanos dont voici la substance sinon
243 oilà la grande question que je désirais soulever. Notre congrès ne se proposait pas de la discuter : il avait d’autres buts p
244 admettons-le — et l’une des plus fondamentales de notre temps : comment fait-on pour créer des hommes libres ? Je lis dans le
245 es hommes libres ? Je lis dans le rapport d’un de nos amis de l’Inde, Eric da Costa, que la lutte pour la liberté doit s’ap
246 Inde, Eric da Costa, que la lutte pour la liberté doit s’appuyer d’abord sur des individus courageux et que ceux-ci à leur t
247 es individus courageux et que ceux-ci à leur tour doivent puiser leur courage dans une tradition d’indépendance individuelle. F
248 les traditions d’indépendance individuelle vivons- nous actuellement dans le monde libre ? J’en vois deux. La plus apparentée
249 tradition est celle des plus hautes religions de nos différents continents. En elle peuvent communier l’hindou et le boudd
250 suprême garantie de la liberté individuelle dans notre temps. Qu’on ne pense pas pour autant, que je propose au Congrès d’an
251 s constater simplement l’un des faits capitaux de notre époque : nous assistons à la renaissance intellectuelle de quelques-u
252 plement l’un des faits capitaux de notre époque : nous assistons à la renaissance intellectuelle de quelques-unes des plus g
253 ent, et cela au moment précis où se dresse devant nous , contre nos libertés, un système qui se dit purement rationaliste, ma
254 au moment précis où se dresse devant nous, contre nos libertés, un système qui se dit purement rationaliste, mais dont l’ap
255 gieuse, ou au moins simili-religieuse. Je dis que nous serions insensés de ne pas tenir compte, dans notre lutte commune, de
256 ous serions insensés de ne pas tenir compte, dans notre lutte commune, des forces vraiment religieuses, et de cette foi qui p
257 étention totalitaire au gouvernement des esprits. Nous serions insensés de ne pas voir, et de ne pas reconnaître ici, même s
258 e pas voir, et de ne pas reconnaître ici, même si nous sommes des incroyants, que l’avenir de la liberté, s’il dépend vraime
259 quer à leur profit, et de ce que beaucoup d’entre nous , Orientaux et Occidentaux, tiennent pour la forme originelle et le bu
260 recherche de la vérité, — cette vérité qui seule nous rendra libres. Un dernier mot. Parmi les combattants de la liberté,
261 é. Face aux totalitaires, dans le dialogue qu’ils nous offrent (ou feignent en tout cas de nous offrir) et que nous devons a
262 e qu’ils nous offrent (ou feignent en tout cas de nous offrir) et que nous devons accepter avec confiance, — cette passion s
263 t (ou feignent en tout cas de nous offrir) et que nous devons accepter avec confiance, — cette passion sera plus forte que t
264 feignent en tout cas de nous offrir) et que nous devons accepter avec confiance, — cette passion sera plus forte que tous les
265 rtes, les arguments de la raison et de la science nous sont absolument indispensables, et nous n’en manquerons pas — surtout
266 a science nous sont absolument indispensables, et nous n’en manquerons pas — surtout après ce congrès. Mais rappelons-nous q
267 ns pas — surtout après ce congrès. Mais rappelons- nous que les Grecs n’en manquaient pas non plus devant les Romains et les
9 1955, {Title}. Le vrai sens de nos vœux (décembre 1955)
268 Le vrai sens de nos vœux (décembre 1955)j Au début de l’an nous échangeons des vœux. P
269 de nos vœux (décembre 1955)j Au début de l’an nous échangeons des vœux. Pure politesse, dites-vous ? Hé ! quand ce ne se
270 as si mal. La courtoisie n’est pas fréquente dans notre monde du xx e siècle. Elle est tout aussi nécessaire à la vie en comm
271 nnais. C’est sans doute un mystère pour chacun de nous , et pourtant nous essayons tous… Il y a des hommes, je le sais et vou
272 doute un mystère pour chacun de nous, et pourtant nous essayons tous… Il y a des hommes, je le sais et vous en connaissez, p
273 ut faire. Et plus de confiance en soi-même. Ainsi nous cherchons tous. Mais si l’on nous demandait : que cherches-tu, qu’att
274 soi-même. Ainsi nous cherchons tous. Mais si l’on nous demandait : que cherches-tu, qu’attends-tu de la vie ? Peu, très peu
275 , qu’attends-tu de la vie ? Peu, très peu d’entre nous sauraient répondre. C’est pourquoi la plupart ne trouvent à exprimer
276 vahissant ». Mais comment faire pour y échapper ? Nous avons un corps à nourrir, et des instincts à satisfaire. Et c’est le
277 civilisation qui multiplie sans relâche autour de nous les objets matériels, les appareils luisants et les machines fascinan
278 ascinantes, qui deviennent aussitôt nécessaires à notre bonheur… Peut-on se forcer à n’avoir pas envie de toutes ces choses ?
279 qu’as-tu ? Elle dit : j’ai faim. Ils lui dirent : nous t’avons donné toute la nourriture du pays. Elle dit : quand vous m’au
280 qu’on peut avoir ou même savoir ; au-delà même de notre angoisse fondamentale devant la vie, le monde et l’inconnu. Et c’est
281 et le reste, comme on dit. Mais elle a beaucoup à nous dire, à nous les hommes, et spécialement à nous les Suisses. Et d’abo
282 comme on dit. Mais elle a beaucoup à nous dire, à nous les hommes, et spécialement à nous les Suisses. Et d’abord, elle peut
283 à nous dire, à nous les hommes, et spécialement à nous les Suisses. Et d’abord, elle peut nous apprendre à oser vouloir plus
284 alement à nous les Suisses. Et d’abord, elle peut nous apprendre à oser vouloir plus, à voir grand, à ne pas nous borner dan
285 endre à oser vouloir plus, à voir grand, à ne pas nous borner dans nos souhaits. (Ils sont déjà suffisamment déçus ou limité
286 oir plus, à voir grand, à ne pas nous borner dans nos souhaits. (Ils sont déjà suffisamment déçus ou limités par la réalité
287 la réalité !) « Demandez, et l’on vous donnera. » Nous demandons toujours trop peu. Nous demandons des choses trop faciles o
288 vous donnera. » Nous demandons toujours trop peu. Nous demandons des choses trop faciles ou trop petites. C’est malsain pour
289 alsain pour l’économie mais bien plus encore pour nos âmes. Cela tient peut-être au fait que nous sommes trop serrés dans u
290 e pour nos âmes. Cela tient peut-être au fait que nous sommes trop serrés dans un pays où tout se touche, et par suite, trop
291 jugement. Cela tient peut-être aussi au fait que nous sommes neutres. Saisissons l’occasion de le répéter ici : la neutrali
292 on de le répéter ici : la neutralité militaire ne doit jamais se traduire par une neutralité morale, sentimentale ou spiritu
293 u spirituelle. Prenons garde qu’elle ne contamine nos jugements et nos préférences, et qu’elle ne rende nos souhaits trop c
294 enons garde qu’elle ne contamine nos jugements et nos préférences, et qu’elle ne rende nos souhaits trop courts et trop mes
295 jugements et nos préférences, et qu’elle ne rende nos souhaits trop courts et trop mesquins. Ah ! ce n’est pas le rouge du
296 pas le rouge du sang et de la violence qui figure notre tentation ! Ce n’est pas le rouge, c’est le gris ! Nous autres hommes
297 entation ! Ce n’est pas le rouge, c’est le gris ! Nous autres hommes de l’Occident — nous autres Suisses déjà trop bien nour
298 ’est le gris ! Nous autres hommes de l’Occident —  nous autres Suisses déjà trop bien nourris, à ce qu’il paraît, nous n’auro
299 uisses déjà trop bien nourris, à ce qu’il paraît, nous n’aurons jamais assez faim ! La faim est un tyran pour l’Asiatique, m
300 La faim est un tyran pour l’Asiatique, mais pour nous , ce doit être une vocation. Mais de quelle faim parlez-vous ? me dira
301 est un tyran pour l’Asiatique, mais pour nous, ce doit être une vocation. Mais de quelle faim parlez-vous ? me dira-t-on. Je
302 réalité ! Était-elle donc assez « matérialiste » notre baleine, qui ne pensait qu’à manger toujours plus ! On peut le croire
303 démasque ! Et avec lui, le sens dernier de toutes nos faims, le but final de tous nos souhaits grands ou petits. Il ne s’ag
304 dernier de toutes nos faims, le but final de tous nos souhaits grands ou petits. Il ne s’agit plus d’essayer — toujours en
305 s’agit de comprendre vers quoi tendent en réalité nos désirs jamais satisfaits. Il s’agit de ne jamais s’arrêter à l’appare
306 Il s’agit de ne jamais s’arrêter à l’apparence de nos satisfactions, et de vouloir toujours plus sans fin, jusqu’au vrai te
307 e de toute l’histoire des hommes et de chacune de nos vies. ⁂ Dès qu’un homme attend de sa vie autre chose que sa seule sub
308 se en bois avec des bouts de métal dedans. Ce que notre homme veut donc vraiment, c’est ce qui passe au travers : nouvelles,
309 d je pense aux années qui viennent, je me dis que nous allons assister aux plus extraordinaires transformations de la vie qu
310 espèce humaine aura jamais connues. La science va nous donner des moyens inouïs de maîtriser la nature et la matière. Énergi
311 Tout cela qui est presque mûr, et va se réaliser, nous promet un avenir où l’homme, enfin, pourra se voir délivré du travail
312 culé que les quantités énormes d’énergie, mises à notre disposition grâce aux plus récentes découvertes, permettraient par an
313 rs d’esprits à pénétrer les secrets de la matière doit aboutir un jour, peut-être assez prochain, à nous libérer de la matiè
314 doit aboutir un jour, peut-être assez prochain, à nous libérer de la matière. Alors, la faim des hommes, physiquement rassas
315 isé. À une seule condition, toutefois : c’est que nous sauvions la paix pendant le reste du siècle. Nous voulons tous la pai
316 nous sauvions la paix pendant le reste du siècle. Nous voulons tous la paix, nous avons faim de paix, et la paix est le vœu
317 nt le reste du siècle. Nous voulons tous la paix, nous avons faim de paix, et la paix est le vœu que le plus grand nombre d’
318 me pendant la nuit de la Saint-Sylvestre. Mais il nous faut vouloir les conditions pratiques de ce que nous souhaitons dans
319 s faut vouloir les conditions pratiques de ce que nous souhaitons dans nos cœurs. L’une de ces conditions, la principale peu
320 nditions pratiques de ce que nous souhaitons dans nos cœurs. L’une de ces conditions, la principale peut-être, pour préveni
321 ais tout à l’heure : osons plus, voulons plus, ne nous limitons pas à des souhaits faciles et à des ambitions mesquines. L’E
322 . Pourquoi les Suisses se diraient-ils toujours : nous sommes trop petits, nous ne pouvons rien y faire ? Oui, je le sais, n
323 diraient-ils toujours : nous sommes trop petits, nous ne pouvons rien y faire ? Oui, je le sais, nous sommes neutres. Mais
324 , nous ne pouvons rien y faire ? Oui, je le sais, nous sommes neutres. Mais nous n’en faisons pas moins partie du genre huma
325 aire ? Oui, je le sais, nous sommes neutres. Mais nous n’en faisons pas moins partie du genre humain, et de l’Europe. Commen
326 u genre humain, et de l’Europe. Comment pourrions- nous rester neutres entre le danger de la guerre et les moyens de la paix 
327 a guerre et les moyens de la paix ? Pensons-y. Ne nous bornons pas à des souhaits un peu courts, et par là-même indignes de
328 ouhaits un peu courts, et par là-même indignes de nos grands privilèges dans ce siècle tragique. L’Europe se fera quand tou
10 1957, {Title}. [Préface] Europe and the Europeans, édité par Max Beloff (21 février 1957)
329 février 1957)k Il m’arrivait de penser, durant nos tables rondes, sous les plafonds dorés de l’Aldobrandini, autour des
330 ropéistes convaincus et chevronnés, je pouvais et devais m’attendre que chacun apporte à l’envi de nouvelles et frappantes ill
331 trations de cette communauté de culture qui était notre thème général. Je guettais, le crayon lové, les propositions ingénieu
332 voquer cette grande prise de conscience de ce qui nous est commun, de ce qui se voit menacé, de ce qu’il faut sans délai déf
333 cieux de faire voir qu’il ne s’agissait pas, dans notre affaire, de propagande mais de science ; était-ce l’atmosphère offici
334 surprenant se déroulait sous mes yeux, et gagnait notre groupe, à deux ou trois exceptions près. La plupart de ces « Européen
335 d’en examiner la base la plus ferme à mon sens —  notre fonds commun de culture — , multipliaient les objections, d’ailleurs
336 en garde contre les « mystiques de l’union ». Ils nous adjuraient de respecter nos valeurs nationales et locales, qui leur p
337 es de l’union ». Ils nous adjuraient de respecter nos valeurs nationales et locales, qui leur paraissaient les plus sûres ;
338 dences communes qu’il s’agissait précisément pour nous de dégager, de souligner, de dire… Rien de plus européen, je le répèt
339 atique et de l’Africain magique ? Vers la fin de nos entretiens, je notai cette définition : l’Européen ne serait-il pas c
340 l’humeur jalousement objective qui prévalent dans nos derniers débats, et du tempérament de l’auteur : ce dernier déclara d
341 t de culture, mis ensemble, pouvaient make sense. Nous fûmes assez sportifs pour nous féliciter d’un tel challenge, et l’on
342 vaient make sense. Nous fûmes assez sportifs pour nous féliciter d’un tel challenge, et l’on va voir, je crois que nous n’eû
343 d’un tel challenge, et l’on va voir, je crois que nous n’eûmes pas tort. Ce qui fera la faiblesse du livre aux yeux des mili
344 aux yeux des militants dès longtemps convaincus, doit faire sa force aux yeux des autres. Nul parti pris « européen », bien
345 c assez de partialité pendant les dix journées de nos débats. Je voudrais dénoncer les chicanes inutiles et les objections
346 ue multiplient les adversaires, avoués ou non, de notre union, partisans d’un nationalisme qui se déguise souvent en mondiali
347 mporte quelle direction pour sentir la réalité de notre unité de culture. Aux USA déjà, en URSS sans hésiter, en Asie au-delà
348 les Castillans sont vus comme des Européens : il doit y avoir à cela quelque raison. Tout bien considéré, je n’en trouve pa
349 communauté de culture qui échappe si facilement à nos définitions, mais si difficilement au regard des autres. Vue du dehor
350 du dehors, l’Europe est évidente. L’histoire que nous vivons la définit avec une précision qui ne pardonne pas : celle du r
351 ec le plus d’emphase sur la nature universelle de nos problèmes, et partant de là, dénient toute personnalité économique, s
352 , faisant demi-tour, déclarent qu’on ne peut unir notre vieux continent à cause des profondes différences qui séparent nos na
353 nt à cause des profondes différences qui séparent nos nations depuis des siècles. Il n’y aurait donc, à les en croire, pas
354 alités nationalistes, mais on sacrifie en passant notre tâche créatrice dans l’histoire, qui est l’union nécessaire de l’Euro
355 e serait-il donc au plan de l’Europe entière ? On nous dit que les contrastes entre Allemande et Français, Insulaires et Con
356 ela n’a de sens que pour les professeurs. Ceux-ci doivent circonscrire exactement l’objet d’un éventuel enseignement ; s’ils n’
357 ébat sur l’avenir immédiat de l’Europe, fournit à nos intellectuels l’équivalent du procédé parlementaire connu sous le nom
358 te l’Europe de l’Est. La naissance de l’Europe ne nous est pas mieux connue que ses limites ». L’Europe ne serait-elle donc
359 vention de Victor Hugo, voire des fédéralistes de notre temps, comme certains l’ont finement supposé ? Une cantate peu connue
360 v e et xv e siècles, époque où la chrétienté perd nos prolongements proche-orientaux, occupés par les Turcs, et tend ainsi
361 e Rome et de la Grèce. Chacun sait la fortune que devait connaître cette définition de l’Europe par ses trois sources principa
362 ues se constituer, à partir du xviii e siècle. On nous rappelle, non sans aigreur ni sans dédain, qu’elles sont la vraie réa
363 des Européens est tout de même plus ancienne que notre découpage en 26 ou 27 États-nations, dont on attend encore qu’ils déf
364 es accidentelles et souvent fort récentes d’un de nos États. Mais sur les autres plans, qui ne voit du premier coup que les
365 ont cessé d’être « nationales » au xx e siècle ? Notre économie, nos techniques, se développent en dépit des nations, qui on
366 « nationales » au xx e siècle ? Notre économie, nos techniques, se développent en dépit des nations, qui ont au plus le p
367 nt à l’épreuve les fameuses « souverainetés » que nos ci-devant grandes puissances refusaient de sacrifier sur l’autel de l
368 n sauver, mais elle pourrait tout perdre. Gardons- nous de la sous-estimer ! Mais gardons-nous aussi de confondre plus longte
369 e. Gardons-nous de la sous-estimer ! Mais gardons- nous aussi de confondre plus longtemps ce mélange de lyrisme et d’émouvant
370 ée serait seule on mesure de sauver le concret de nos vies nationales, et n’en « sacrifierait » que l’illusoire, j’entends
371 éveil d’un sentiment trop faible encore dans tous nos peuples : celui d’appartenir à un ensemble humain plus vaste, plus an
372 en, et plus fort désormais que ne l’est aucune de nos nations. Or cet ensemble humain n’est encore, aujourd’hui, qu’un fait
373 « culture » au sens large. Prendre conscience de notre appartenance à cette communauté de culture, c’est la condition nécess
374 n suffisante sera donnée par d’autres efforts. 9. Nous débouchons ici dans le domaine politique, qui n’est autre, à mon sens
375 conçues comme on vient de l’indiquer, le rapport devrait être analogue au rapport entre forme et contenu. Une politique d’unio
376 mmunauté. J’en conclus que la forme politique que devrait revêtir une union authentiquement européenne, ne saurait être que féd
377 éenne, ne saurait être que fédéraliste. En effet, nos diversités constituant le ressort principal de notre créativité, dans
378 os diversités constituant le ressort principal de notre créativité, dans la mesure toutefois où elles ne s’isolent pas ni ne
379 la seule et même exigence d’une union fédérale de nos peuples. ⁂ J’osais me qualifier au début d’Européen partial : faut-il
380 enir le propos que voici : On compare volontiers notre Europe à Byzance. Cet empire qui sombra pour toujours il y a cinq siè
381 il dépend d’efforts comme le vôtre, il dépend de nous tous Européens, d’écrire une autre Histoire pour une Europe nouvelle.
382 identifiant 371. La page 3 du tapuscrit manquant, nous avons repris le texte du manuscrit également présent dans le dossier
11 1958, {Title}. Liberté et littérature (août 1958)
383 lus hautes de la littérature. Je mets en fait que notre époque connaît un degré de liberté politique et sociale jamais connu
384 e. Et ils le font. Cependant, ces mêmes écrivains nous parlent d’une crise de la littérature, d’un épuisement du roman (qui
385 tandis que la Dame aimée représente la divinité. Notre poésie est née de cet ensemble de procédés rhétoriques inventés pour
386 mbat libérateur. Je constate qu’aujourd’hui, dans nos pays de l’Ouest, il n’y a plus de résistances extérieures sérieuses à
387 plus de savoir quelles résistances la littérature doit abattre, mais quelles résistances elle doit se refaire, ou se choisir
388 ature doit abattre, mais quelles résistances elle doit se refaire, ou se choisir pour les combattre, dans nos sociétés polit
389 e refaire, ou se choisir pour les combattre, dans nos sociétés politiquement très libres. La lutte contre les résistances t
390 la création, et qui la stimulent, sont nouvelles. Nous devons d’abord les déceler et les définir, et c’est sur elles, contre
391 éation, et qui la stimulent, sont nouvelles. Nous devons d’abord les déceler et les définir, et c’est sur elles, contre elles,
392 et c’est sur elles, contre elles, que l’écrivain doit et peut s’appuyer. La plus immédiatement visible est de nature économ
393 s immédiatement visible est de nature économique. Nous autres écrivains modernes, nous pouvons tout dire, c’est entendu ; ma
394 ature économique. Nous autres écrivains modernes, nous pouvons tout dire, c’est entendu ; mais tout ne se vendra pas, nous r
395 dire, c’est entendu ; mais tout ne se vendra pas, nous rappellent nos éditeurs. Ils nous conseillent d’écrire un roman, si n
396 ndu ; mais tout ne se vendra pas, nous rappellent nos éditeurs. Ils nous conseillent d’écrire un roman, si nous sommes essa
397 se vendra pas, nous rappellent nos éditeurs. Ils nous conseillent d’écrire un roman, si nous sommes essayistes, ou d’écrire
398 teurs. Ils nous conseillent d’écrire un roman, si nous sommes essayistes, ou d’écrire un roman du genre qui est censé se ven
399 ire un roman du genre qui est censé se vendre, si nous sommes romanciers. Or nous avons d’autres sujets en tête et un autre
400 st censé se vendre, si nous sommes romanciers. Or nous avons d’autres sujets en tête et un autre style. Ici, le courage rede
401 marqué les grandes époques. Écrivons donc ce que nous sommes le seul à pouvoir dire : ce sera notre engagement le plus vala
402 que nous sommes le seul à pouvoir dire : ce sera notre engagement le plus valable, et le meilleur service que nous aurons pu
403 ement le plus valable, et le meilleur service que nous aurons pu rendre à la communauté locale ou idéologique sans laquelle
404 la communauté locale ou idéologique sans laquelle nous ne serions pas, mais qui, sans notre action tantôt ordonnatrice, tant
405 sans laquelle nous ne serions pas, mais qui, sans notre action tantôt ordonnatrice, tantôt libératrice, aurait vite fait de n
406 nnatrice, tantôt libératrice, aurait vite fait de nous écraser sous le poids de sa propre décadence. l. Édition réalisée s
12 1959, {Title}. La Suisse, microcosme culturel de l’Europe (1959)
407 ce de ces soi-disant « cultures nationales » dont nous parlaient nos manuels scolaires et dont parlent encore les journaux.
408 isant « cultures nationales » dont nous parlaient nos manuels scolaires et dont parlent encore les journaux. Je ne crois pa
409 e, laquelle est beaucoup plus ancienne que toutes nos nations, sans exception, étant l’œuvre commune de tous les Européens,
410 oute l’Europe, et aucune de ces histoires d’un de nos arts, prise en soi, ne coïncide avec les frontières d’aucune de nos n
411 soi, ne coïncide avec les frontières d’aucune de nos nations d’aujourd’hui. Si vous prenez, par exemple, l’histoire de la
412 ui reviennent apporter un nouveau style musical à notre Europe de l’Ouest. Le périple de la peinture est à peu près le même.
413 Vous voyez que, dans ces deux cas, l’histoire de nos arts ne coïncide nullement avec l’histoire de la nation, et qu’aucune
414 ent avec l’histoire de la nation, et qu’aucune de nos nations actuelles n’a le droit de dire : « La peinture, c’est à moi,
415 niverselles. Mais, me direz-vous, qu’en est-il de nos langues ? Ne définissent-elles pas des ensembles culturels nationaux 
416 onaux ? Beaucoup de gens s’imaginent en effet que nous parlons, nous les Européens, autant de langues que nous avons de nati
417 up de gens s’imaginent en effet que nous parlons, nous les Européens, autant de langues que nous avons de nations, ou à peu
418 arlons, nous les Européens, autant de langues que nous avons de nations, ou à peu près ; que la nation est définie d’abord p
419 et auxquelles se sont mêlés plus tard, dès avant notre Moyen Âge, des éléments celtes, germaniques, slaves et même arabes. U
420 e selon les régions et selon les époques, et dont nous sommes tous nourris, et dans laquelle nous pouvons tous puiser librem
421 t dont nous sommes tous nourris, et dans laquelle nous pouvons tous puiser librement ce qui convient à nos goûts personnels
422 s pouvons tous puiser librement ce qui convient à nos goûts personnels et à nos traditions locales. Or, voici l’idée qui me
423 ement ce qui convient à nos goûts personnels et à nos traditions locales. Or, voici l’idée qui me vient : si, moi qui vous
424 j’ai commencé à découvrir la culture ? En effet, nous autres Suisses, nous savons bien qu’il n’existe pas une culture suiss
425 vrir la culture ? En effet, nous autres Suisses, nous savons bien qu’il n’existe pas une culture suisse définie par les fro
426 une culture suisse définie par les frontières de notre Confédération, telles qu’elles ont été établies en 1848. Nous savons
427 ration, telles qu’elles ont été établies en 1848. Nous savons bien que la culture que nous avons reçue et dans laquelle nous
428 lies en 1848. Nous savons bien que la culture que nous avons reçue et dans laquelle nous vivons, est beaucoup plus ancienne
429 la culture que nous avons reçue et dans laquelle nous vivons, est beaucoup plus ancienne que notre État fédéral, qui n’a qu
430 uelle nous vivons, est beaucoup plus ancienne que notre État fédéral, qui n’a que 111 ans. Politiquement, nous relevons d’un
431 État fédéral, qui n’a que 111 ans. Politiquement, nous relevons d’un même État suisse, quelle que soit notre langue. Culture
432 s relevons d’un même État suisse, quelle que soit notre langue. Culturellement, nous relevons directement de cet ensemble var
433 se, quelle que soit notre langue. Culturellement, nous relevons directement de cet ensemble varié qui constitue la culture e
434 européenne. On ne peut donc pas dire — et ici je dois corriger d’une manière importante le titre qu’on m’a proposé — on ne
435 les héritages variés qui composent la culture de notre continent. Je dis bien : chaque Suisse, en tant qu’homme de culture,
436 tant qu’homme de culture, — ce que chaque Suisse doit être, bien entendu ! Je devrais ici vous donner des exemples pris dan
437 ce que chaque Suisse doit être, bien entendu ! Je devrais ici vous donner des exemples pris dans nos divers cantons, ou en tout
438 Je devrais ici vous donner des exemples pris dans nos divers cantons, ou en tout cas dans nos diverses régions linguistique
439 pris dans nos divers cantons, ou en tout cas dans nos diverses régions linguistiques, l’alémanique, la romande, la tessinoi
440 ques, l’alémanique, la romande, la tessinoise. Je devrais vous montrer comment un Paracelse, un Lavater, un Gottfried Keller, u
441 cisément, l’un des grands privilèges des Suisses. Nous nous trouvons être, dans ce pays, quel que soit notre canton d’origin
442 ent, l’un des grands privilèges des Suisses. Nous nous trouvons être, dans ce pays, quel que soit notre canton d’origine, ou
443 s nous trouvons être, dans ce pays, quel que soit notre canton d’origine, ou notre langue, directement liés à l’Europe tout e
444 ce pays, quel que soit notre canton d’origine, ou notre langue, directement liés à l’Europe tout entière. Les premiers canton
445 bien, il en va de même dans le domaine culturel. Nous sommes, nous Suisses, immédiats à l’Europe, nous ne pouvons être que
446 va de même dans le domaine culturel. Nous sommes, nous Suisses, immédiats à l’Europe, nous ne pouvons être que des Européens
447 Nous sommes, nous Suisses, immédiats à l’Europe, nous ne pouvons être que des Européens, quand il s’agit de culture et non
448 t de politique, de droit de vote ou de passeport. Nous sommes immédiatement européens, et comme condamnés à l’Europe, n’étan
449 leurs une « culture nationale ». Et dans ce sens, nous autres Suisses, nous sommes vraiment des microcosmes de la culture eu
450 ationale ». Et dans ce sens, nous autres Suisses, nous sommes vraiment des microcosmes de la culture européenne — de même qu
451 icrocosmes de la culture européenne — de même que nous pouvons et devons espérer qu’un jour prochain, notre État fédéral, av
452 culture européenne — de même que nous pouvons et devons espérer qu’un jour prochain, notre État fédéral, avec ses 25 petits É
453 us pouvons et devons espérer qu’un jour prochain, notre État fédéral, avec ses 25 petits États souverains, mais unis sous les
13 1961, {Title}. L’automation et l’avenir de l’Europe (juin 1961)
454 , à la suppression de la condition prolétarienne. Nous voyons que c’est au contraire la technique elle-même, par son progrès
455 dont les révolutions faites au nom du marxisme ne nous ont jamais rapprochés. C’est au pays du capitalisme le plus vivant qu
456 s sources vives de l’invention et le dynamisme de notre civilisation. Car l’invention technique est moins le fait des technic
457 leur tour par l’ensemble des forces créatrices de notre culture. Verrons-nous entrer en œuvre, de la sorte, un mécanisme d’au
458 e des forces créatrices de notre culture. Verrons- nous entrer en œuvre, de la sorte, un mécanisme d’auto-neutralisation de l
459 jeur à la solution raisonnable de ces problèmes : nos habitudes de pensée morales, sociales, économiques et éducatives, con
460 étant le produit le plus facilement exportable de notre civilisation, va modifier les rapports mondiaux d’une manière telle q
461 té très haute, en sautant le stade ouvriériste de notre xix e siècle (grandes villes aux banlieues insalubres, corons des pay
462 eurs occidentaux durant des siècles, et n’ont pas notre morale de travail. Il semble que leur adaptation au monde technique n
463 athos traditionnels, avant d’avoir pu s’assimiler les nôtres . Un chaos barbare peut en résulter. Si l’Europe ne se préoccupe pas d
464 moins d’atténuer les crises profondes créées par notre technique, sera perdue. IV. L’Europe, qui a créé la technique grâce à
465 grâce à son éthique du travail et de l’aventure, doit créer maintenant une éthique nouvelle intégrant travail et loisir, pr
466 ivité et art de vivre (ou consommation). Elle le doit d’abord à elle-même et à ses peuples. Pour retrouver et maintenir un
467 maintenir un équilibre psychologique, l’Européen doit apprendre à ne plus dissocier travail et loisir. Plus le travail est
468 sur table rase, comme en URSS et aux USA. Elle a surmonter beaucoup de résistances, et s’est donc intégrée lentement a
469 de toutes les autres régions de la planète ; — et doit permettre à l’Europe de trouver la première la formule d’équilibre hu
470 ux placée pour intégrer la technique et ses dons, doit au monde d’illustrer pour lui cette formule d’équilibre humain. Nous
471 ustrer pour lui cette formule d’équilibre humain. Nous avons donné au monde le nationalisme, l’esprit de révolution, l’idéal
472 volution, l’idéal libertaire, et la technique. Il nous reste à donner au monde les « modes d’emploi » de ces produits danger
14 1961, {Title}. Découvrons l’Europe (août 1961)
473 nne n’est venu le découvrir. Il est donc temps de nous mettre à sa recherche, dans le temps de l’histoire comme dans l’espac
474 l’histoire comme dans l’espace. ⁂ L’histoire de notre Europe, depuis trois millénaires, est celle d’un mythe devenu réalité
475 u Nord, des Pays-Bas et de la France actuelle. Et nous sommes à la fin du viii e siècle. Peu après, Charlemagne se fait sacr
476 étendra sur plus de quatre-cents ans. Au début de notre xx e siècle, les hommes venus d’Europe dominent sur toute l’Afrique,
477 sus de la Résistance. Objectif immédiat : fédérer nos patries, éliminer le virus nationaliste qui a fait de nos fécondes di
478 ies, éliminer le virus nationaliste qui a fait de nos fécondes diversités des divisions ruineuses pour la santé de l’ensemb
479 création d’une Assemblée et la mise en commun de nos ressources. Grâce à l’action prudente de quelques hommes d’État et de
480 mmunauté. L’élan est pris, la marche vers l’union doit nous conduire, sans guerre, à refaire une Europe capable d’assumer sa
481 uté. L’élan est pris, la marche vers l’union doit nous conduire, sans guerre, à refaire une Europe capable d’assumer sa fonc
482 toire, étend son influence à toute la Terre. Elle doit au monde de lui donner les modes d’emploi de ses découvertes techniqu
483 r des cultures mal préparées à les recevoir. Elle doit au monde d’animer les échanges économiques et culturels dont elle fut
484 t, dès la Renaissance, l’initiatrice. Enfin, elle doit au monde de tenir son rang de grande puissance intellectuelle et libé
15 1961, {Title}. Imagination de New York (novembre 1961)
485 oire commence avec les villes. Mais les villes en nous sont l’histoire d’une vision, d’une approche, d’un usage, et d’un amo
486 es découpent l’espace aussi haut qu’on peut voir. Nous défilons lentement près de leur base. Des pans de brique rosée, ocrée
487 sont les réalités d’un monde tout artificiel que nous , les hommes, avons bâti selon nos caprices, nos passions et nos raiso
488 artificiel que nous, les hommes, avons bâti selon nos caprices, nos passions et nos raisons folles. Si nous changions un jo
489 nous, les hommes, avons bâti selon nos caprices, nos passions et nos raisons folles. Si nous changions un jour de goûts et
490 s, avons bâti selon nos caprices, nos passions et nos raisons folles. Si nous changions un jour de goûts et d’ambition, ce
491 caprices, nos passions et nos raisons folles. Si nous changions un jour de goûts et d’ambition, ce paysage se transformerai
492 Corbusier (note de 1953) — Que pensez-vous de notre ville ? demandèrent à Le Corbusier les journalistes et les architecte